Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
UFR de Mathématiques
Copyright
c 2015 Université de Rennes 1
Table des matières
I Première partie
2 Suites numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
2.1 Définitions 29
2.2 Définition de la convergence d’une suite 30
2.3 Premières propriétés 33
2.4 Limites et inégalités 33
2.5 Limites et opérations 35
2.6 Utilisation des sous-suites 36
2.7 Exercices 37
4 Limites infinies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
4.1 Définitions 57
4.2 Premières propriétés 58
4.3 Suites monotones divergentes 58
4.4 Limites et inégalités 59
4.5 Limites et opérations 59
4.6 Suites équivalentes 61
4.7 Quelques suites classiques 62
Suites géométriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
Comparaison des suites géométriques et des suites de puissances . . . . . . . . . 63
Racine n-ième . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
4.8 Critères de d’Alembert et Cauchy pour les suites 64
4.9 Exercices 64
II Seconde partie
5 Suites complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
5.1 Les nombres complexes 73
5.2 Suites complexes 74
Définition d’une suite complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
Convergence d’une suite complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
Un critère de convergence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
Propriétés des suites complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
5.3 Suites géométriques complexes 76
5.4 Exercices 77
6.3 Exemples 87
Fonctions puissances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
Comparaison des exponentielles et des puissances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
6.4 Théorème des valeurs intermédiaires 88
6.5 Complément : quelques propriétés des limites de fonctions 90
6.6 Complément : remarque sur la définition des limites de fonctions 90
6.7 Exercices 91
2 Suites numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
2.1 Définitions
2.2 Définition de la convergence d’une suite
2.3 Premières propriétés
2.4 Limites et inégalités
2.5 Limites et opérations
2.6 Utilisation des sous-suites
2.7 Exercices
4 Limites infinies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
4.1 Définitions
4.2 Premières propriétés
4.3 Suites monotones divergentes
4.4 Limites et inégalités
4.5 Limites et opérations
4.6 Suites équivalentes
4.7 Quelques suites classiques
4.8 Critères de d’Alembert et Cauchy pour les suites
4.9 Exercices
1. Les nombres réels
1.1 Introduction
Dans ce cours, nous supposons connus les ensembles de nombres suivants :
— l’ensemble N des entiers naturels
— l’ensemble Z des entiers relatifs
— l’ensemble Q des nombres rationnels
— l’ensemble R des nombres réels
— l’ensemble C des nombres complexes,
ainsi que leurs propriétés usuelles concernant l’addition, la multiplication et l’ordre.
Nous rappellerons celles-ci dans le cas des nombres réels et nous mettrons en évidence la
« propriété de la borne supérieure » qui distingue les nombres réels des nombres rationnels. Le but
est d’affiner notre perception des nombres réels sans pour autant donner une construction formelle
de cet ensemble. Cette construction des nombres réels ainsi que leur caractérisation axiomatique
sera fait dans le module Analyse 3.
On admet aussi des notions élémentaires sur :
— les ensembles (inclusion, union, intersection, complémentaire. . .),
— les applications (composition. . .)
— la logique (implication, négation, contraposée, démonstration par l’absurde. . .)
et le principe de récurrence. Ces notions étaient introduites d’une façon rigoureuse dans le module
Arithmétique 1.
Avec ces prérequis, le cours est construit sans supposer connu aucun autre résultat avec les
exceptions suivantes :
— Dans la section 9.6 nous utilisons la notion d’intégrale (sans la définir) pour donner une
deuxième démonstration du critère de convergence pour les séries de Riemann. Cette section
n’est pas utilisée dans la suite. Une démonstration élémentaire de ce critère de convergence
est donnée dans la section 9.4.
— Pour les exercices, nous serons moins stricts : afin d’avoir des exercices « intéressants », nous
utiliserons les fonctions classiques (trigonométriques, exponentielle et logarithme), quelques
limites classiques (section 6.3) et, pour établir la monotonie des fonctions classiques, la
10 Chapitre 1. Les nombres réels
dérivée de ces fonctions, surtout pour les suites définies par une formule de récurrence
(chapitre 7) et les séries alternées (chapitre 10).
Notons que Q est également un corps totalement ordonné donc ces notions ne permettent pas
de distinguer R et Q.
Pour ce cours il n’est pas essentiel de connaître plus de détails sur la notion de corps totalement
ordonné. Celle-ci (qui fait partie de la caractérisation des nombres réels) va être étudiée dans le
module Analyse 3. Pour être complet, nous donnons tout de même les définitions en complément et
nous énonçons les propriétés essentielles :
Complément : corps
L’ensemble R, muni de l’addition et de la multiplication, est un corps, ce qui signifie que :
(C1) L’addition dans R est associative : ∀x, y, z ∈ R, (x + y) + z = x + (y + z) ; on écrit alors
simplement x + y + z.
(C2) Elle est commutative : ∀x, y ∈ R, x + y = y + x.
(C3) Elle admet un élément neutre, noté 0, caractérisé par la propriété suivante : ∀x ∈ R, x + 0 = x.
(C4) Tout élément x de R possède un opposé, noté −x, caractérisé par la propriété suivante
x + (−x) = 0 ; on abrège l’écriture x + (−y) en x − y.
(C5) La multiplication dans R est associative : ∀x, y, z ∈ R, (x × y) × z = x × (y × z).
(C6) Elle est commutative : ∀x, y ∈ R, x × y = y × x.
(C7) Elle admet un élément neutre distinct de 0, noté 1, caractérisé par la propriété suivante :
∀x ∈ R, x × 1 = 1 × x = x.
(C8) Tout réel non nul x admet un inverse, noté x−1 caractérisé par la propriété : x × x−1 = 1 ; on
abrège l’écriture x × y−1 en xy .
(C9) La multiplication est distributive par rapport à l’addition : ∀x, y, z ∈ R, x × (y + z) = (x × y) +
(x × z).
Notations 1.2.2 On note R∗ = R \ {0}.
Preuve. Exercice.
Remarque Soit (K, +, ×) un corps. Pour ordonner totalement (K, +, ×), il faut (et il suffit de) se
donner un sous-ensemble K + de K tel que, si on pose K − = {−a : a ∈ K + }, on ait
1. K + ∪ K − = K ;
2. K + ∩ K − = {0} ;
3. x, y ∈ K + implique x + y ∈ K + ;
4. x, y ∈ K + implique x × y ∈ K + .
Preuve. (1) (⇒) Supposons que a < b. On va montrer par récurrence que l’énoncé
P(N) : aN < bN
est vrai pour tout N ∈ N \ {0} (voir la section 1.8 pour un rappel sur le principe de récurrence).
Pour N = 1, il n’y a rien à démontrer. En général, supposons que P(N) est vrai : aN < bN . Comme
a > 0 on a aN a < bN a. Comme a < b et bN > 0 (ce qui se démontre aussi par récurrence), on
obtient bN a < bN b. On a donc aN+1 = aN a < bN a < bN b = bN+1 . Donc P(N + 1) est vrai. On a
montré que P(1) est vrai et que pour tout N ∈ N \ {0}, si P(N) est vrai alors P(N + 1) est vrai.
On déduit par le principe de récurrence que P(N) est vrai pour tout N ∈ N \ {0}.
(1) (⇐) On suppose qu’on a aN < bN mais, pour arriver à une contradiction, qu’on n’a pas
a < b. Donc on a soit a = b auquel cas on aurait aN = bN , ou bien b < a auquel cas on aurait,
d’après (⇒), bN < aN . Dans les deux cas on arrive à une contradiction, donc on a bien a < b.
(2) Il s’agit de la contraposée de (1) (en échangeant les rôles de a et b).
Preuve. Exercice.
|x + y| = x + y ≤ |x| + |y|.
Dans les deux cas on a |x + y| ≤ |x| + |y|. En remplaçant y par −y, on obtient |x − y| ≤ |x| + |y|.
(2) Supposons que |x| ≥ |y|. Alors
|x| = |x + y − y| ≤ |x + y| + |y|, donc |x| − |y| = |x| − |y| ≤ |x + y|.
Notations 1.4.2 Dans les quatre premiers cas, si l’intervalle n’est pas vide, alors a et b sont les
a+b
bords (ou extrémités) de l’intervalle, b − a est sa longueur et 2 son centre (ou milieu). Dans
les cas 5 à 8, on parle aussi de demi-droites de bord a ou b.
1.5 Majorant, borne supérieure 13
Remarque 1. Noter que si a = b, on a [a, b] = {a} et ]a, b[ = ]a, b] = [a, b[ = 0/ et que si a > b,
on a [a, b] = ]a, b[ = ]a, b] = [a, b[ = 0/ (de sorte que l’ensemble vide est un intervalle). En
général on prend soin de supposer a ≤ b dans le cas 1 et que a < b dans les cas 2 à 4. Un tel
intervalle est alors non-vide car il contient son centre.
2. On peut montrer qu’un intervalle I non vide appartient à un seul des types 1 à 9, et que les
réels a et b sont alors (le cas échéant) uniquement déterminés par I (la démonstration sera
plus simple lorsque nous aurons vu les notions de borne inférieure et de borne supérieure).
∃M ∈ R, ∀x ∈ S, x ≤ M.
M ∈ S, ∀x ∈ S, x ≤ M.
∃m ∈ R, ∀x ∈ S, m ≤ x.
6. On dit que m est le plus petit élément ou le minimum de S, et on note m = min S, si M est
un minorant de S et si m ∈ S :
m ∈ S, ∀x ∈ S, m ≤ x.
∃m ∈ R, ∃M ∈ R, ∀x ∈ S, m ≤ x ≤ M.
Borne supérieure
14 Chapitre 1. Les nombres réels
Axiome 1.5.3 — Propriété de la borne supérieure. Tout sous-ensemble non vide de R qui
est majoré possède une borne supérieure.
Preuve. (⇒) Supposons que S ait un maximum M. Alors, M est un majorant de S. De plus, si L est
un majorant de S, alors M ≥ L car M ∈ S. Donc M est le plus petit majorant de S.
(⇐) Supposons que M ait une borne supérieure de S et que M ∈ S. Comme M est un majorant de S
et qu’il est dans S, c’est bien le maximum.
Borne inférieure
On définit d’une façon analogue la borne inférieure (qui si elle existe est unique) :
Définition 1.5.5 Soit S un sous-ensemble de R. On dit que m ∈ R est la borne inférieure de S,
et on écrit m = inf(S) si m est le plus grand des minorants de S :
1. m est un minorant de S ;
2. Si l est un minorant de S, alors l ≤ m.
Corollaire 1.5.7 Tout sous-ensemble non vide S de R qui est minoré possède une borne infé-
rieure.
Preuve. D’après la proposition 1.5.6, l’ensemble −S est majoré. Comme il est aussi non vide,
l’axiome 1.5.3 nous dit qu’il admet une borne supérieure. En appliquant maintenant la proposi-
tion 1.5.6 à −S, on voit que l’ensemble S admet une borne inférieure.
Exemple 1. L’intervalle ] − 2, 1[ est borné non vide et possède donc une borne supérieure ainsi
qu’une borne inférieure. Mais il n’admet ni maximum, ni minimum.
2. L’intervalle [−2, 1[ est aussi borné non vide. Il possède un minimum qui est donc aussi sa
borne inférieure ainsi qu’une borne supérieure. Mais il n’admet pas de maximum.
3. L’ensemble vide est minoré et majoré (par n’importe quel élément de R) et donc borné ; Mais
il n’a ni plus grand élément ni plus petit élément (et pour cause : il n’a pas d’élément du tout).
En fait, il n’a ni borne inférieure ni borne supérieure.
Théoreme 1.5.8 — Propriété d’Archimède. Pour tout réel x, il existe un entier naturel n tel
que x ≤ n.
Preuve. Supposons que N admette une borne supérieure M. Comme M − 1 < M, on voit que M − 1
n’est pas un majorant de N. Il existe donc n ∈ N tel que M − 1 < n si bien que M < n + 1. Comme
n + 1 ∈ N, c’est une contradiction avec le fait que M est un majorant de N. Comme N est un
ensemble non-vide, l’axiome 1.5.3 implique que N n’est pas majoré.
Proposition 1.5.9 — Racine carrée. Soit a un réel positif, alors il existe un unique réel positif,
√ √
que l’on note a tel que ( a)2 = a.
On montre que E est non vide et majoré, donc (axiome 1.5.3) admet une borne supérieure, notons
la par l : l = sup(E). On montre alors par l’absurde que l 2 = a :
— Si on avait l 2 < a alors en prenant ε > 0 suffisamment petit, on aurait encore (l + ε)2 < a, ce
qui impliquerait que l + ε ∈ E, en contradiction avec le fait que l est un majorant de E ;
— Si on avait a < l 2 alors en prenant ε > 0 suffisamment petit on aurait encore a < (l − ε)2 , ce
qui impliquerait que l − ε est un majorant de E, en contradiction avec le fait que l est le plus
petit majorant de E.
16 Chapitre 1. Les nombres réels
On a donc bien l 2 = a.
Voici les détails de la démonstration : soit donc E = {x ∈ ]0, +∞[ : x2 ≤ a}.
a
(1) On montre que E est non-vide : y = a+1 vérifie 0 < y < 1 et donc (en multipliant l’inégalité par
2
y) y < y. On a donc
2
a a a
< < = a,
a+1 a+1 1
ce qui implique que y ∈ E.
(2) On montre que E est majoré par a + 1 : (a + 1)2 = a2 + 2a + 1 > a, donc pour tout y ∈ E, on a
y2 < a < (a + 1)2 , ce qui implique (proposition 1.2.5) que y < (a + 1). D’après l’axiome 1.5.3, E
admet une borne supérieure. Notons la par l : l = sup(E).
(3) Supposons pour arriver à une contradiction que l 2 < a et posons δ = a − l 2 > 0. Soit ε > 0 qui
δ
vérifie ε < 1 et ε < 2l+1 . On a alors
On a montré que (l + ε)2 < a, ce qui implique que l + ε ∈ E. Ceci est en contradiction avec le fait
que l est un majorant de E. Donc l 2 < a est impossible.
(4) Supposons pour arriver à une contradiction que l 2 > a et posons δ = l 2 − a > 0. Soit ε > 0 tel
que ε < 2lδ . On a alors
On a montré que a < (l − ε)2 . Comme pour tout x ∈ E on a x2 ≤ a < (l − ε)2 on a x < l − ε
(proposition 1.2.5). On déduit que l − ε est un majorant de E, en contradiction avec le fait que l est
le plus petit majorant de E. Donc l 2 > a est impossible. (3) et (4) montrent donc que l 2 = a et il
√
suffit donc de poser a = l pour conclure.
Remarque Soient N ∈ N, N ≥ 2 et a ∈]0, +∞[. On pourrait sans grand effort généraliser cette
démonstration pour montrer l’existence d’une unique racine N-ième de a. On a préféré donner une
autre démonstration de ce fait en utilisant des suites (adjacentes) : voir la proposition 3.3.1.
√ 1
Notations 1.5.10 On écrit aussi a = a2 .
Remarque La définition d’un ensemble fermé n’est pas très intuitive. On donnera plus loin deux
autres interprétations, une qui utilise la notion de « point d’adhérence » et une autre en termes de
suites numériques.
Exemple Soit a ∈ R.
1. Montrons que l’intervalle I = ]a, +∞[ est ouvert. On fixe un x0 ∈]a, +∞[ (arbitraire) et on
pose ε := x0 − a. Notons qu’on a alors Uε (x0 ) = ]x0 − ε, x0 + ε[ = ]a, x0 + ε[⊂]a, +∞[ = I.
On a trouvé pour tout x0 ∈ I un intervalle ouvert centré en x0 qui est contenu dans I. Donc,
par définition, I est ouvert.
2. On en déduit que ] − ∞, a] est fermé puisqu’on vient de montrer que son complémentaire est
ouvert.
3. L’intervalle ] − ∞, a] n’est pas ouvert puisque pour aucun ε > 0, l’intervalle Uε (x0 ) = ]a −
ε, a + ε[ n’est inclus dans ] − ∞, a] (par exemple, le réel a + ε2 est bien dans ]a − ε, a + ε[
mais pas dans ] − ∞, a]).
4. On en déduit que l’intervalle ]a, +∞[ n’est pas fermé puisqu’on vient de montrer que son
complémentaire n’est pas ouvert.
5. L’intervalle fermé ] − ∞, a] n’est pas borné, donc pas compact.
6. Soit b ∈ R. On montre de même (Exercice 1.15) que l’intervalle ] − ∞, b[ est ouvert (mais
pas fermé) et que l’intervalle [b, +∞[ est fermé (mais pas ouvert).
Pour construire d’autres ensembles ouverts et fermés la proposition suivante est utile :
18 Chapitre 1. Les nombres réels
Adhérence
Définition 1.6.4 Soit S un sous-ensemble de R.
1. On dit que x0 ∈ R est un point d’adhérence de S si tout intervalle ouvert centré en x0
contient au moins un point de S (qui peut être x0 ). Autrement dit,
2. L’adhérence de S est l’ensemble des points d’adhérence de S. On note cet ensemble par S.
Remarque Si x0 ∈ S alors tout intervalle ouvert centré en x0 contient l’élément x0 qui est déjà un
élément de S. Donc x0 est un point d’adhérence de S. Autrement dit : S ⊂ S.
Remarque D’une façon imagée, on obtient I¯ en rajoutant à I les points « arbitrairement proches »
de I.
Proposition 1.6.5 1. Les intervalles ouverts sont de la forme ]a, b[, ] − ∞, a[, ]a, +∞[, R et 0.
/
2. Les intervalles fermés sont de la forme [a, b], ] − ∞, a], [a, +∞[, R et 0.
/
3. Soit I un intervalle. Si I = 0/ ou I = ] − ∞, +∞[, alors I = I.
Si I = ]a, b[, I = [a, b[, I = ]a, b], ou I = [a, b], alors I = [a, b].
Si I = ] − ∞, a[ ou I = ] − ∞, a], alors I = ] − ∞, a].
Si I = ]a, +∞[ ou I = [a, +∞[, alors I = [a, +∞[.
4. Les intervalles compacts sont de la forme [a, b] et 0. /
Preuve. On a déjà traité plusieurs cas. Les autres cas sont laissés comme exercice.
1.7 La droite réelle complétée R
e 19
Soient a, b ∈ R. On résume le résultat précédent sous la forme d’un tableau (les cases vides
correspondent a « Non ») :
— Sc est ouvert.
— S est fermé.
Calcul dans R e
On étend l’addition et la multiplication usuelles de R en deux opérations de même nom dans R.
e
Ces opérations ne sont que partiellement définies : voir les tableaux suivants, dans lesquels ND
signifie « non défini » (on parle aussi de « formes indéterminées ») :
a+b? a = −∞ a∈R a = +∞
b = −∞ −∞ −∞ ND
b = +∞ ND +∞ +∞
b = +∞ −∞ ND +∞
1 1
= =0
+∞ −∞
(attention : l’inverse de 0 n’est toujours pas défini !)
Ordre dans R. e
Si a, b ∈ R ⊂ R
e la relation a < b a la signification usuelle dans R. On étend cette relation
d’ordre en une relation d’ordre dans Re en définissant −∞ < +∞ et, pour tout a ∈ R, −∞ < a et
a < +∞. On voit tout de suite que c’est une relation d’ordre total sur R,
e qui admet +∞ comme plus
grand élément et −∞ comme plus petit élément.
Définition 1.7.1 Soit S un sous-ensemble non vide de R. Si S n’est pas majoré, alors on dit que
+∞ est la borne supérieure de S et on écrit sup(S) = +∞. De même si S n’est pas minoré, alors
on dit que −∞ est la borne inférieure de S et on écrit inf(S) = −∞.
Avec cette convention la borne supérieure et la borne inférieure sont définies (dans R)
e pour tout
sous-ensemble non vide S de R. Si nécessaire, on dira que la borne supérieure de l’ensemble vide
est −∞ et sa borne inférieure est +∞.
alors on peut conclure que P(n) est vraie pour tous les entiers n (on dit par le principe de
récurrence). Pour voir cela on pose
∀x ∈ S, f (x) ≤ M.
22 Chapitre 1. Les nombres réels
Avec cette convention, on prendra garde que la notation « f > 0 » signifie que f (x) > 0 pour
tout x dans S, ce qui n’est pas la même chose que « f ≥ 0 et f 6= 0 ».
On dit qu’une fonction f sur S est majorée s’il existe un réel M tel que f ≤ M. Un tel M est
appelé majorant de f .
Dire que f est majorée par M équivaut à dire que l’image de f , c’est-à-dire la partie de R
définie par
est majorée par M. On définit de même les fonctions minorées et les fonctions bornées.
La somme de deux fonctions majorées (resp. minorées, resp. bornées) a la même propriété. Le
produit et la différence de deux fonctions bornées sont des fonctions bornées. Enfin, f est majorée
(minorée, bornée) si et seulement si − f est minorée (resp. majorée, bornée) (exercice).
Définition 1.10.2 Si x ∈ R, l’unique entier relatif k tel que k ≤ x < k + 1 est appelé partie
entière de x et noté E[x]. L’application R → Z, x 7→ E[x] est appelée fonction partie entière.
Remarque On rencontre aussi les notations [x] et bxc pour la partie entière d’un réel x (et aussi la
notation dxe pour le plus petit entier ≥ x).
Définition 1.10.3 Un ensemble S est fini s’il est vide ou s’il existe un entier n non nul et une
bijection u : {1, 2 . . . , n} → S (ceci revient à dire que S = {u1 , . . . , un } où les éléments ui sont
deux à deux distincts ; on peut alors montrer qu’un tel entier n est unique et on l’appelle le
cardinal de S).
Proposition 1.10.4 Un sous-ensemble de R qui est fini et non vide a un plus petit et un plus
grand élément.
Preuve. (1) Exercice (on pourrait faire une récurrence sur le cardinal de S).
/ on a S ⊂ {0}. Sinon, S a un plus grand élément n, donc on a
(2) (⇒) Supposons S fini. Si S = 0,
S ⊂ {0, . . . , n}.
(⇐) Pour n ∈ N, notons P(n) la propriété :
si S est un sous-ensemble non vide de {0, . . . , n}, alors S est fini.
1. Pour n = 0, soit S un sous-ensemble non vide de {0} ; on a S = {0} ; donc S est fini.
2. Soit n un entier tel que P(n) soit vérifiée et soit S un sous-ensemble non vide de {0, . . . , n +
1}. Si n + 1 ∈ / S, on a S ⊂ {0, . . . , n} et par hypothèse S est fini. Si n + 1 ∈ S, on pose
S0 = S {0, . . . , n} ; cet ensemble est fini par hypothèse. Si S0 = 0,
/ on a S = {n + 1}, donc S
T
est en bijection avec {1}. Sinon, il existe une bijection u : {1, . . . , m} → S0 où m ∈ N \ {0}.
On peut alors prolonger u en une bijection (encore notée u) de {1, . . . , m, m + 1} sur S telle
que u(m + 1) = n + 1. Donc S est fini.
Par récurrence sur n, P(n) est vérifiée pour tout n ∈ N \ {0}.
Preuve. (1) Soit n ∈ S et S0 = {0, . . . , n} S. On a S0 ⊂ {0, . . . , n}, donc S0 est fini et comme il
T
contient n, il est non vide ; il a un plus petit élément m, qui est aussi un plus petit élément de S.
(2) Si A ∈ R majore S, il existe un entier n tel que A ≤ n et qui majore donc S. On a S ⊂ {0, . . . , n},
donc S est fini et a un plus grand élément.
1.11 Exercices
Relation d’ordre
Exercice 1.1 Soient x et y des réels tels que −2 ≤ x ≤ 3 et −7 ≤ y ≤ −5. Encadrer les réels x2
x2
et 2 .
y − x2
24 Chapitre 1. Les nombres réels
Exercice 1.2 Déterminer les ensembles suivants :
1 1
x ∈ R : ∃n ∈ N \ {0}, ≤ x ≤ 1 x ∈ R : ∀n ∈ N \ {0}, ≤ x ≤ 1 .
n n
Valeur absolue
Exercice 1.3 Soient x et y des réels tels que |x − 1| ≤ 2 et −5 ≤ y ≤ −4. Encadrer les réels
x
x + y, x − y, xy, et |x| − |y|.
y
Majorant, minorant
Exercice 1.5 (Extrait d’un contrôle continu.) Soient e, m, M des nombres réels qui vérifient
m < e < M. Montrer qu’on a
10n3 − 2n + exp(−n)
A(n) = .
−n5 + n2 + (−1)n
Déterminer un entier N tel que pour tout n supérieur à N on ait |A(n)| < 10−5 .
Récurrence
Exercice 1.11 Démontrer la proposition 1.8.1 :
n
n(n + 1)
∀n ∈ N \ {0}, ∑k= .
k=1 2
(1 + a)n ≥ 1 + na
n(n − 1) 2
(1 + a)n ≥ a
2
Exercice 1.14 (Extrait d’un contrôle continu de 2011/2012.) Démontrer par récurrence que
pour tout n ∈ N \ {0} et x > −1 on a (1 + x)n ≥ 1 + nx.
Un peu de topologie
Exercice 1.15 (on imitera l’exemple qui suit la définition 1.6.2 de la page 17.) Soit b ∈ R.
1. Montrer (en utilisant la définition d’un ensemble ouvert) que l’intervalle ] − ∞, b[ est
ouvert.
2. En déduire que l’intervalle [b, +∞[ est fermé.
3. Montrer que l’intervalle [b, +∞[ n’est pas ouvert.
4. En déduire que l’intervalle ] − ∞, b[ n’est pas fermé.
5. L’intervalle ] − ∞, b] est-il compact ?
Exercice 1.18 Décider pour chaque ensemble s’il est ouvert, fermé et déterminer son adhé-
rence :
1. S1 = ] − ∞, 2]
2. S2 = [0, 1] ∪ {2}
3. [−5, 3] \ {0}
4. ]1, 2[ ∪ ]3, +∞[
5. ]1, 2[ ∪ [3, 4]
Vrai/Faux ?
Exercice 1.20 Décider pour chaque énoncé s’il est vrai ou faux. Justifier votre réponse par un
court argument ou un contre exemple.
1. Un ensemble S ⊂ R est majoré si pour tout x ∈ S il existe un M ∈ R tel que x ≤ M.
2. Tout sous-ensemble de R qui est majoré admet un maximum.
3. Tout sous-ensemble de R qui est majoré admet une borne supérieure.
4. Si un sous-ensemble S de R admet un maximum M alors M = sup(S).
5. [1, +∞[ est une partie fermée de R.
6. Le maximum de l’ensemble [1, 2[ est 2.
7. 3 est un majorant de l’ensemble [1, 2[.
8. Un ensemble S est ouvert s’il existe ε > 0 tel que pour tout x ∈ S, Uε (x) ⊂ S.
9. Un ensemble qui n’est pas ouvert est fermé.
10. R est à la fois ouvert et fermé.
11. Soit S ⊂ R un ensemble dont le complémentaire est fermé, alors S est ouvert.
12. 0 et 1 sont des points d’adhérence de l’ensemble { 1n : n ∈ N \ {0}}.
Exercices supplémentaires
Exercice 1.21 Montrer que pour tout n ∈ N \ {0} on a
n
n(n + 1)(2n + 1)
∑ k2 =
6
k=1
n
n(n + 1) 2
∑ k3 =
2
k=1
|x| ≤ 1 et |x − `| ≤ 1
Exercice 1.24 On considère deux parties quelconques A et B de R. On suppose que A est borné
et que B est majoré. Pour chacun des ensembles suivants, on dira s’il est automatiquement borné
(ou majoré) :
1. un sous-ensemble quelconque de A (de B) ;
2. pour c réel donné, l’ensemble cA = {ca | a ∈ A} ;
3. pour c réel donné, l’ensemble cB ;
4. l’ensemble {ca | a ∈ A, c ∈ R} ;
5. A ∩ B ;
6. A ∪ B ;
7. A + B = {a + b | a ∈ A, b ∈ B} ;
8. {a/b | a ∈ A, b ∈ B non nul} ;
9. {x ∈ R | x2 ∈ B} ;
1.11 Exercices 27
−S = {−s : s ∈ S}.
S + T = {s + t : s ∈ R,t ∈ R}.
S − T = {s − t : s ∈ R,t ∈ R}.
1. Montrer que si S et T sont bornés et non vides, alors sup(S − T ) = sup(S) − inf(T ) et
inf(S − T ) = inf(S) − sup(T ).
2. Montrer que les deux formules sont valables pour des sous-ensembles non vides arbitraires
de R en prenant inf(S) ∈ R̃ et sup(S) ∈ R̃.
Exercice 1.28 Soient, pour tout n ∈ N, An un sous-ensemble de R. Soient N un entier tel que
N ≥ 2 et B1 , . . . , BN des sous-ensembles de R.
S
1. Montrer que si chaque An est ouvert alors leur union n∈N An est ouverte et si chaque An
T
est fermé alors leur intersection n∈N An est fermée.
T
2. Montrer que si chaque Bn est ouvert alors leur intersection 1≤n≤N Bn est ouverte et si
S
chaque Bn est fermé alors leur union 1≤n≤N Bn est fermée.
3. Montrer que N est un sous-ensemble fermé de R.
Exercice 1.30 Soit f : R → R la fonction définie par f (x) = x − E[x] pour x réel.
1. Montrer que pour tout x ∈ R, on a 0 ≤ f (x) < 1.
2. Montrer que la fonction f est périodique de période 1.
3. Tracer le graphe de f .
2. Suites numériques
Dans ce chapitre, on étudie les premières propriétés de convergence des suites réelles.
2.1 Définitions
Définition 2.1.1 1. On appelle suite réelle toute application u : n 7→ u(n) de N dans R. Pour
n ∈ N on écrit souvent un au lieu de u(n) et on dit que un est le terme d’indice n de la
suite. On note la suite u aussi par (un )n∈N .
2. Soit n0 ∈ N. Par extension, on appelle suite réelle toute application u : n 7→ u(n) de
l’ensemble {n ∈ N | n ≥ n0 } dans R. On notera (un )n≥n0 une telle suite.
3. Si tous les termes d’une suite réelle (un )n≥n0 sont dans un sous-ensemble S de R alors on
dit que u est une suite à valeurs dans S (donc ∀n ∈ N, n ≥ n0 , on a un ∈ S).
Remarque 1. Une suite est donc une fonction comme une autres. La notation (un )n≥n0 (plutôt
que « n 7→ u(n) », ou simplement u n’a aucune justification autre que la tradition. On va aussi
se permettre d’utiliser la notation (un ) si la valeur de n0 n’a pas d’importance.
2. Soient u = (un )n≥n0 et v = (vn )n≥n0 deux suites et α, β ∈ R. Comme u et v sont des fonctions
de T = {n ∈ N | n ≥ n0 } dans R, αu + β v, u · v et (si ∀n ∈ T , vn 6= 0) u/v sont des fonctions
de T dans R, donc des suites. Par exemple, la suite αu + β v est définie par (αu + β v)n =
αun + β vn , ∀n ∈ N, n ≥ n0 . La suite u + α est la somme de la suite (fonction) u et la suite
(fonction) constante qui ne prend que la valeur α.
3. Les propriétés (C1) à (C9) de 1.2 sont encore valables, à l’exception de (C8) : dire qu’une
suite n’est pas nulle (u 6= 0) signifie qu’il existe n ∈ N tel que un 6= 0) ; dire qu’elle est
inversible équivaut à dire que l’on a pour tout n ∈ N un 6= 0 ).
4. On dit que u ≤ v si l’on a un ≤ vn pour tout n ∈ N. Cette relation vérifie les propriétés (01) à
(06) de la section 1.2, à l’exception de (04) : par exemple la suite un = (−1)n n’est ni positive,
ni négative.
30 Chapitre 2. Suites numériques
Définition 2.1.2 Soit (un ) une suite réelle. On dit que u est
1. constante si tous les termes de la suite sont égaux : pour tout n ∈ N, un = u0 .
2. majorée, (respectivement minorée, bornée) si l’ensemble {un | n ∈ N} est majoré (respec-
tivement minorée, bornée).
Remarque La notion de suite majorée, minorée, bornée sont des cas particuliers de la notion de
fonction majorée, minorée, bornée.
Comme exercice on écrira à l’aide de quantificateurs la définition d’une suite non majorée, non
minorée, non bornée (exercice 2.1).
2. On dit que u converge s’il existe un réel ` tel que u tend vers `.
3. Si u ne converge pas on dit que u diverge.
Remarque D’une façon moins formelle, mais moins précise, dire qu’une suite u tend vers `
signifie : « un intervalle ouvert arbitrairement petit centré en ` contient tous les termes de la suite à
partir d’un certain rang », autrement dit, contient tous les termes de la suite sauf un nombre fini.
Exemple Dans la figure 2.1 on a représenté les termes de la suite un = 1 + 1n cos(n), pour n =
3, . . . , 150 en reliant deux termes successifs par un segment. En regardant cette tranche de la suite
on conjecture que la suite tend vers 1. On conjecture aussi qu’à partir du terme u34 tous les termes
de la suite sont entre les deux droites y = 0.97 et y = 1.03, ce qui signifie que pour n ≥ 34 on a
0.97 < un < 1.03 et donc |un − 1| < 0.03. Donc pour ε = 0.03 on conjecture que le rang N = 34
vérifie la condition de la définition de convergence de la suite (un ) vers 1 : n ≥ N = 34 implique
que |un − 1| < ε = 0.03.
Si pour ε = 0.03 on veut déterminer un rang N par un calcul on utilise la majoration suivante :
1 1 1
|un − 1| = |1 + cos(n) − 1| = | cos(n)| ≤ .
n n n
On veut 1/n < 0.03, ce qui ce traduit par n > 1/0.03 = 33.3, et donc le rang N = 34 (ou tout autre
rang qui vérifie N ≥ 34) convient. (Le fait que ce calcul nous donne le rang minimal est dû au
fait que la majoration qu’on a utilisé est très bonne, mais pour la définition on n’a pas besoin de
déterminer un rang « optimal ».)
Dans la figure 2.2 on a représenté les termes de la suite un = 1 + n1 cos(n) pour n = 33, . . . , 150.
On conjecture qu’à partir du terme u100 tous les termes de la suite sont entre les deux droites y = 0.99
et y = 1.01, ce qui signifie que pour n ≥ 100 on a 0.99 < un < 1.01 et donc |un − 1| < 0.01. Donc
pour ε = 0.01 on conjecture que le rang N = 100 vérifie la condition de la définition de convergence
de la suite (un ) vers 1.
Pour déterminer un rang N associé à ε = 0.01 par un calcul on procède comme pour ε = 0.03 :
On veut 1/n < 0.01, ce qui ce traduit par n > 1/0.01 = 100, et donc le rang N = 101 (ou tout autre
rang qui vérifie N ≥ 101) convient.
On généralise pour un ε > 0 arbitraire (mais fixé). On veut 1/n < ε, ce qui ce traduit par
n > 1/ε. Posons N = ε1 + 1, où [ ε1 ] est la partie entière de 1/ε, c’est-à-dire le plus grand entier qui
2.2 Définition de la convergence d’une suite 31
est inférieur ou égal à 1/ε. N est donc (le plus petit entier qui est) supérieur à 1/ε. Mais N > 1/ε
implique que 1/N < ε et donc
1 1 1 1
n≥N ⇒ |un − 1| = |1 + cos(n) − 1| = | cos(n)| ≤ ≤ < ε.
n n n N
Par définition (un ) converge vers 1. (Notons que pour ε > 0 donné on aurait pu prendre
n’importe quel entier N supérieur à 1/ε).
un
n =34
1.1
1.05 y =1.03
y =0.97
0.95
0.9
0.85
n
0 20 40 60 80 100 120 140
un
1.04 n =34
y =1.03
1.03
1.02 n =100
y =1.01
1.01
0.99 y =0.99
0.98
y =0.97
0.97
n
40 60 80 100 120 140
Remarque 1. Pour les démonstrations, la terminologie suivante est utile : la convergence d’une
suite u vers un réel ` nous permet de construire une fonction N :]0, +∞[→ N, ε 7→ N(ε) telle
que
∀ε > 0, ∀n ∈ N, (n ≥ N(ε) ⇒ |un − `| < ε).
32 Chapitre 2. Suites numériques
2. Quand on travaille avec les suites, les variables n et N désignent toujours des entiers, donc
on se permet d’utiliser comme définition de convergence :
3. En explicitant la « variable » n, on dit aussi que « un tend vers ` lorsque n tend vers +∞ ».
L’expression « u tend vers ` » est en fait une abréviation justifiée par le fait que pour les suites
(contrairement à d’autres fonctions), la seule notion de convergence intéressante est celle-ci.
4. Pour ` = 0 on obtient : u tend vers 0 si
donc un intervalle ouvert arbitrairement petit centré en 0 contient tous les termes de la suite
à partir d’un certain rang. On en déduit qu’une suite u converge vers un réel ` si la suite
u0 = u − ` tend vers 0. Ceci permet de se ramener au cas d’une limite nulle, souvent plus
simple à manipuler.
5. On peut remplacer l’inégalité stricte |un − `| < ε de la définition de la convergence vers l par
une inégalité large :
En effet, supposons cette formule vraie et fixons ε > 0 ; Si on pose N 0 (ε) = N(ε/2), alors
n ≥ N 0 (ε) ⇒ |un − `| ≤ ε2 < ε. On en déduit que u vérifie la condition de la définition 2.2.1
de convergence. La réciproque est immédiate.
6. On peut aussi remplacer les intervalles ouverts centrés en ` par les intervalles ouverts
contenant ` (exercice).
Pour s’entraîner avec la définition de suite convergente on utilise cette définition pour établir la
limite des suites de la proposition suivante.
Proposition 2.2.2
1
1. La suite converge vers 0.
n n∈N ∗
1
2. Soit k ∈ N \ {0}, alors la suite converge vers 0.
nk n∈N ∗
1
3. La suite √ converge vers 0.
n n∈N ∗
Preuve. (1) On veut montrer en utilisant la définition d’une suite convergente que la suite définie
par un = n1 , ∀n ∈ N \ {0}, tend vers la limite l = 0.
Soit ε > 0. La propriété d’Archimède dit qu’il existe un entier N0 tel que ε1 < N0 . On a alors
1 1
n ≥ N0 ⇒ ≤ < ε.
n N0
On a donc montré que pour tout ε > 0 il existe N0 ∈ N tel que
1 1
n ≥ N0 ⇒ |un − l| = − 0 = < ε.
n n
Par définition de convergence d’une suite, la suite (un ) tend bien vers l = 0.
(2) Notons que pour le même N0 on a
1 1 1
n ≥ N0 ⇒ ≤ ≤ < ε,
nk n N0
2.3 Premières propriétés 33
d’où le résultat. (on a utilisé que pour n ∈ N \ {0} et pour k ∈ N \ {0} on a nk ≥ n.)
(3) Exercice 2.5.
Remarque Notons que (1) est un cas particulier de (2). On a démontré (1) séparément vu l’impor-
tance de la suite ( 1n )n∈N ∗ . Notons que le fait qu’elle converge vers 0 est équivalente à la propriété
d’Archimède.
Preuve. Supposons pour arriver a une contradiction que `1 6= `2 . Pour ε = |`1 − `2 |/2 (qui est
strictement positif) on peut trouver N1 , N2 ∈ N tel que
n ≥ N1 ⇒ |un − `1 | < ε,
n ≥ N2 ⇒ |un − `2 | < ε.
Notations 2.3.2 Si u est une suite qui converge vers un ` ∈ R on dit que ` est la limite de la
suite et on note :
` = lim un .
n→+∞
La proposition suivante montre que la convergence et la limite d’une suite ne dépend pas des
premiers termes de la suite :
Proposition 2.3.3 Soient u et v deux suites. On suppose qu’il existe un rang R ∈ N tel que
n ≥ R ⇒ un = vn . Si la suite u converge vers un ` ∈ R alors la suite v converge vers `.
Preuve. Soit ε > 0. Il existe N > 0 tel que n ≥ N implique que |un − `| < ε, donc si on pose
N 0 = max(R, N) alors :
n ≥ N 0 ⇒ |vn − `| = |un − `| < ε.
(2) Soit ε > 0. On peut trouver N ∈ N tel que n ≥ N implique que |vn | < ε et donc
|un | = |un | = |vn | < ε.
Preuve. (1) Pour ε = λ − ` > 0 on peut trouver N0 ∈ N tel que n ≥ N0 implique que |un − `| < ε.
On déduit que
un < ` + ε = λ .
La démonstration de (2) est analogue et laissée comme exercice (exercice 2.10).
Proposition 2.4.2 Soient u et u0 deux suites réelles qui convergent respectivement vers ` et `0 .
1. Si ` < `0 , alors on a un < u0n à partir d’un certain rang.
2. Si on a un ≤ u0n à partir d’un certain rang, alors on a ` ≤ `0 .
3. Si c ∈ R est tel qu’on a un ≤ c (respectivement un ≥ c) à partir d’un certain rang, alors on
a ` ≤ c (respectivement ` ≥ c).
0
Preuve. (1) Choisissons un réel λ ∈]`, `0 [ (par exemple λ = `+` 2 ) et appliquons 2.4.1 : comme u
tend vers ` et que ` < λ , il existe N0 tel que un < λ pour tout n ≥ N0 . De même, il existe N1 tel que
u0n > λ pour tout n ≥ N1 . Pour tout n ≥ max(N0 , N1 ) on a donc un < λ < u0n , d’où la conclusion.
(2) Sinon, on aurait `0 < ` d’où une contradiction d’après (1).
(3) Il suffit d’appliquer (2) en prenant pour l’une des deux suites la suite constante (c)n∈N .
Remarque De façon imagée, on exprime 2.4.2 (2) et (3) en disant que « les inégalités larges passent
à la limite ». Il n’en est pas de même des inégalités strictes : par exemple les suites (un ) = (0) et
1
(vn ) = ( n+1 ) vérifient :
u < v, mais lim un = lim vn .
n→+∞ n→+∞
Preuve. Soit ` la limite d’une suite convergente u. En appliquant la définition de convergence pour
ε = 1 (par exemple), on obtient un rang N tel que ` − 1 < un < ` + 1 pour tout n ≥ N. (On pourrait
aussi utiliser la proposition 2.4.1.) Donc la suite u est majorée par max{u0 , u1 , . . . , uN−1 , ` + 1} et
minorée par min{u0 , u1 , . . . , uN−1 , ` − 1}.
` − ε < un < ` + ε
` − ε < wn < ` + ε,
2.5 Limites et opérations 35
et donc
` − ε < un ≤ vn ≤ wn < ` + ε.
On en déduit que |vn − `| < ε.
(2) L’hypothèse |v| ≤ w se traduit par −w ≤ v ≤ w. Il est facile de voir que si w converge vers
0 alors −w converge aussi vers 0. Il suffit alors d’appliquer (1) pour conclure.
Variante : soit ε > 0. On peut trouver N ∈ N tel que n ≥ N implique que |wn | < ε, et donc
|vn | ≤ wn < ε ce qui veut dire que v tend vers 0.
Proposition 2.4.5
1. Si u = (un )n∈N est une suite à valeurs dans un intervalle I qui converge vers un réel `, alors
` ∈ I.
2. Si u = (un )n∈N est une suite à valeur dans un intervalle fermé F ⊂ R qui converge vers un
réel `, alors ` ∈ F.
ε
n≥N ⇒ |λ un − λ `| = |λ | |un − `| < |λ | = ε.
|λ |
ε
n≥N ⇒ |un − `| < ε 0 = ,
2
ε
n ≥ N0 ⇒ 0 0
|vn − ` | < ε = .
2
36 Chapitre 2. Suites numériques
|un vn | < ε · 1 = ε,
Les suites `v0 et `0 u0 tendent vers 0 en vertu de (1) et la suite u0 v0 tend vers 0 en vertu du cas
particulier que nous avons déjà traité.
On a montré que uv − ``0 est la somme de trois suites qui convergent chacune vers 0, donc en
appliquant (2) deux fois on déduit que uv − ``0 tend vers 0.
(4) Supposons pour fixer les idées que ` > 0. Alors 0 < `/2 < `, eton déduit de 2.4.1 qu’il
1
existe un rang R tel que n ≥ R implique que un > `/2 > 0. Donc la suite un est bien définie.
n≥R
On suppose pour la suite que n ≥ R, donc on a en particulier 0 < 1/un < 2/`, et donc
1 1
− = ` − un × 1 ≤ ` − un × 2 .
un ` `un `2
l2
Soit ε > 0. Pour ε 0 = ε il existe N ∈ N tel que n ≥ N implique que
2
l2 1 1 2 `2 2
|un − `| < ε , et donc | − | ≤ |` − un | × 2 ≤ ε = ε.
2 un ` ` 2 `2
On peut généraliser la proposition précédente pour la somme et le produit de plus de deux
suites : exercice 2.13.
Notations 2.6.2 Soit (un )n∈N une suite réelle. En prenant ϕ(n) = 2n dans la définition précé-
dente on obtient la sous-suite (vn )n∈N = (u2n )n∈N de (un )n∈N qu’on appelle sous-suite des termes
d’indices pairs de (un ). On définit d’une manière similaire la sous-suite des termes d’indices
impairs de (un ) par (wn )n∈N = (u2n+1 )n∈N en prenant ϕ(n) = 2n + 1.
Exemple Considérons la suite (un ) = ((−1)n ). La sous-suite des termes d’indices pairs est la suite
(vn ) constante, égale à (1), et celle des termes d’indices impairs est la suite (wn ) constante, égale à
(−1).
2.7 Exercices 37
Lemme 2.6.3 Soit ϕ : N → N une application strictement croissante. Alors on a ϕ(n) ≥ n pour
tout n ∈ N.
La démonstration, laissée en exercice, est immédiate par récurrence sur n. (On notera cependant
que l’analogue pour les applications de R+ dans R+ est faux !)
Proposition 2.6.4 Soit u une suite réelle admettant une limite `. Alors toute sous-suite de u
converge et tend aussi vers `.
Preuve. Soit v une sous-suite de u, donc il existe une fonction ϕ : N → N strictement croissante tel
que vn = uϕ(n) pour tout n ∈ N. Soit ε > 0. Il existe N ∈ N tel que n ≥ N implique que |un − `| < ε.
Or, n ≥ N implique que ϕ(n) ≥ n ≥ N (lemme 2.6.3) et donc |uϕ(n) − `| < ε.
Exemple On déduit de cette proposition (et de l’unicité de la limite) que la suite n 7→ (−1)n vue
plus haut ne converge pas, puisqu’elle admet deux sous-suites n’ayant pas la même limite.
Dans le cas particulier des sous-suites des termes de rang pair et impair, on a une sorte de
réciproque :
Proposition 2.6.5 Soit (un ) une suite réelle et ` ∈ R. Il y a équivalence entre les deux propositions
suivantes :
1. La suite (un ) converge vers `.
2. Les deux sous-suites (u2n ) et (u2n+1 ) convergent vers `.
n ≥ N0 ⇒ |vn − `| < ε
n ≥ N1 ⇒ |wn − `| < ε.
Dans les deux cas, on a montré |un0 − `| < ε et on déduit que la suite u converge vers `.
2.7 Exercices
Définition d’une suite numérique
38 Chapitre 2. Suites numériques
Exercice 2.1 Écrire à l’aide de quantificateurs la définition d’une suite non majorée, non
minorée, non bornée.
2n − 7
∀n ∈ N, un =
3n + 2
est majorée par 2/3, et minorée par −7/2.
Exercice 2.4 1. Soit l ∈ R. Écrire à l’aide de quantificateurs la définition d’une suite qui ne
converge pas vers l. Écrire à l’aide de quantificateurs la définition d’une suite qui diverge.
2. Montrer en utilisant la définition d’une suite qui diverge donnée en 1) que la suite ((−1)n )
diverge.
Exercice 2.5 On considère la suite a = (an )n∈N\{0} définie pour tout n ∈ N \ {0} par
1
an = √ .
n
1. Trouver un entier N à partir duquel la valeur absolue du terme général est inférieure à
10−2 . Même question pour 10−3 et 10−4 .
2. Montrer en utilisant la définition de convergence d’une suite que la suite a converge vers
0.
Exercice 2.6 Trouver la limite des suites numériques (an )n∈N\{0} , (bn )n∈N\{0} , (cn )n∈N\{0} ,
définies ∀n ∈ N \ {0} par
√ √ 3n2 − 2n + 1 n2 + (−1)n
an = n+1− n bn = cn =
n2 + 1 n2 − 1
Justifier la réponse en n’utilisant que la définition de convergence d’une suite. (La suite
(cn )n∈N\{0} est extraite de l’examen de l’année 2011/2012.)
Exercice 2.7 Montrer en utilisant la définition que si u est une suite qui converge vers 0 et v
une suite bornée alors la suite uv converge vers 0.
Exercice 2.8 Soit (un ) une suite qui converge vers un nombre réel l. Soit (vn ) une suite qui
vérifie :
∀ε > 0, ∃N ∈ N, (n ≥ N ⇒ |un − vn | < ε).
Montrer que la suite (vn ) converge vers l.
Limites et inégalités
2.7 Exercices 39
Exercice 2.9 Voici une « démonstration fausse » du théorème des gendarmes : « Puisque les
inégalités larges passent à la limite, on a ` ≤ lim un ≤ `, donc lim un = `. » Où est l’erreur ?
n→+∞ n→+∞
Exercice 2.10 Compléter la démonstration de la proposition 2.4.1 : Soient u une suite qui
converge vers ` ∈ R et µ un réel tel que µ < `. Montrer (en utilisant la définition de convergence
d’une suite) qu’on a un > µ pour tout n assez grand.
Exercice 2.12 Soit u = (un )n∈N une suite à valeurs dans N. Montrer que si u converge alors sa
limite est un entier et la suite est stationnaire. (Indication : N est un ensemble fermé.)
Limites et opérations
Exercice 2.13 Un résultat du cours (théorème 2.5.1) dit que la somme (produit) de deux suites
convergentes converge et que la limite est la somme (produit) des limites des deux suites. Le but
de l’exercice est de généraliser ce résultat pour k suites, k ≥ 2. Soient donc k ∈ N, k ≥ 2, et u(i)
une suite pour tout i ∈ {1, . . . , k}.
1. Montrer (par récurrence) que la suite u(1) + · · · + u(k) converge et que sa limite est la
somme des limites des suites u(1) , . . . , u(k) .
2. Montrer que la suite u(1) · · · u(k) converge et que sa limite est le produit des limites des
suites u(1) , . . . , u(k) .
3. En déduire que la suite n1k converge vers 0.
Exercice 2.14 Soit u une suite réelle qui converge vers 0. On définit une suite v par
vn = n un = un + · · · + un .
| {z }
n termes
Le raisonnement suivant est il vrai ou faux ? « vn est la somme de n suites tendant vers 0, donc
limn (vn ) = 0. »
n2 + 1 1 − (−1)n
(1) un = (−1)n ; (2) un = ;
n2 − 1 n2
1 (−1)n
(3) un = cos n; (4) un = ;
n 2 + 4 + 6 + · · · + 2(n + 1)
n2 − n + 1 n3 + sin(cos(n))
(5) un = ; (6) un = ;
n3 + 2n + 1 n3 + cos(sin(n))
√
n−n+1 √ √
(7) un = ; (8) un = n + 1 − n;
1 + 3n
√ " 1
# 100
n
1 100
n
(9) un = ∑ √ √ ; (10) un = 1+ −1 ;
k=1 2n n + k n
an n3 − 2n2 n3 + 2n
(11) un = a ∈ R; (12) un = − ;
nn n−1 n+1
n7 + 3n5 n6 − 7n4
(13) un = √ − .
n5 + n3 + n n4 + (sin n)8
Chaque fois que vous utilisez une propriété des suites numériques citez le résultat du cours qui
énonce cette propriété. (Les suites (7) à (10) sont extraits de contrôles continus.)
Utilisation de sous-suites
Exercice 2.16 Soient u = (un )n≥0 une suite et p ∈ N \ {0}.
1. Montrer que la suite v = (vn )n≥0 définie par vn = un+p , n ∈ N est une sous-suite de u.
2. Montrer en utilisant la définition de la convergence d’une suite que si u converge alors v
converge vers la même limite.
Exercice 2.17 Le but de l’exercice est de montrer que la suite v = (cos(n))n∈N diverge. Suppo-
sons pour arriver à une contradiction que la suite v converge et notons sa limite par `.
1. Démontrer les relations
Vrai/Faux ?
Exercice 2.18 Décider pour chaque énoncé s’il est vrai ou faux. Justifier votre réponse par un
court argument ou un contre exemple.
1. (Extrait d’un examen) Soient (un )n∈N et (vn )n∈N deux suites convergentes telles qu’on ait
∀n ∈ N, un < vn , alors on a limn→+∞ un < limn→+∞ vn .
2.7 Exercices 41
2. (Extrait d’un examen) Soit (un )n∈N une suite qui converge vers 0, alors on a un ≤ 1 pour
tout n assez grand.
3. (Extrait d’un examen) Soit (un )n∈N une suite qui vérifie un < 0 pour tout n assez grand,
alors (un )n∈N ne converge pas vers 0.
4. (Extrait d’un examen) Soient (un )n∈N une suite qui converge vers 0, et (vn )n∈N une suite
arbitraire, alors la suite (un vn )n∈N converge vers 0.
5. (Extrait d’un examen) Une suite (un )n∈N est convergente si et seulement si toute sous-suite
de (un )n∈N est convergente.
6. (Extrait d’un examen) Soit (un )n∈N une suite convergente, alors la suite de terme général
vn = un − u2n converge vers 0.
7. Si (un )n∈N est une suite telle que (|un |)n∈N converge vers une limite ` ∈ R alors la suite
(un )n∈N converge vers ` ou −`.
8. Si (un )n∈N est une suite qui converge vers une limite ` ∈ R alors la suite (|un |)n∈N converge
vers |`|.
9. Si u est une suite bornée et v est une suite qui tend vers 0 alors la suite uv tend vers 0.
10. La suite
1 1 1 1 1 1
1, , , , , , , . . .
4 3 8 7 16 15
1
est une sous suite de la suite n .
Exercices supplémentaires
Exercice 2.19
1. Soit u une suite à valeurs dans un sous-ensemble S de R. Si u converge, disons vers l ∈ R,
alors on a l ∈ S̄.
2. Soit u une suite à valeurs dans un sous-ensemble fermé F de R. Si u converge, disons
vers l ∈ R, alors on a l ∈ F.
k−1 k+1
Montrer, en écrivant chaque facteur sous la forme , que ce produit se simplifie
k k
considérablement. En déduire que u converge et préciser sa limite.
Exercice 2.21 Soit (un )n∈N\{0} une suite qui converge vers un nombre réel l. Pour tout n ∈
N \ {0} on pose
u1 + · · · + un 1 n
Tn = = ∑ uk .
n n k=1
Montrer que la suite (Tn )n∈N\{0} converge vers l.
Exercice 2.22 Pour étudier la convergence de la suite u = (sin(n))n∈N , on pose pour tout n ∈ N,
h π πi h π i
An = 2πn + , 2πn + , Bn = 2πn − , 2πn .
6 2 3
1. Montrer que pour tout n ∈ N, l’intervalle An contient au moins un entier et notons par an
un de ces entiers, disons le plus petit des entiers dans An .
2. Montrer que (sin(an ))n∈N est une sous-suite de u.
42 Chapitre 2. Suites numériques
Proposition 3.1.2 Soit u = (un ) une suite réelle. La suite u est croissante (resp. décroissante,
strictement croissante, strictement décroissante), si et seulement si pour tout n, m ∈ N tels que
n < m on ait un ≤ um , (resp. um ≤ un , un < um , um < un ).
Preuve. On se restreint au cas d’une suite strictement croissante. Les autres cas sont analogues.
(⇐) C’est trivial puisque l’on a toujours n < n + 1.
(⇒) Supposons que
et montrons que u est strictement croissante. Soient donc p et q deux entiers naturels tels que p < q :
il s’agit de voir que u p < uq . On peut écrire q = p + 1 + k, où k ∈ N : montrons alors par récurrence
sur k la propriété
Initialisation : la propriété P(0) n’est autre que (∗), elle est donc vérifiée.
Hérédité : supposons que k > 0 et que P(k − 1) soit vérifiée. Pour tout p ∈ N, on a alors u p < u p+k
d’après P(k − 1), et d’autre part u p+k < u p+k+1 d’après (∗), d’où u p < u p+1+k par transitivité.
Ainsi P(k) est démontrée.
44 Chapitre 3. Suites réelles monotones
Comme exercice, on écrira à l’aide de quantificateurs la définition d’une suite non croissante,
décroissante (exercice 3.1).
1
Exemple La suite √n+(−1) n est positive, tend vers 0 mais n’est pas décroissante (même pas à
partir d’un certain rang). Voir la figure 3.1.
un
0.8
0.7
0.6
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
n
10 20 30 40 50 60 70 80
1
F IGURE 3.1 – La suite un = √ pour n = 4, . . . , 80
n + (−1)n
Proposition 3.1.3 1. Soit (un )n∈N une suite réelle croissante qui converge vers un réel `,
alors elle est majorée par ` et on a ` = sup{un : n ∈ N}.
2. De même, si (un )n∈N est une suite réelle décroissante qui converge vers un réel `, alors
elle est minorée par ` et on a ` = inf{un : n ∈ N}.
Preuve. (1) Supposons que u soit une suite croissante qui converge vers ` ∈ R et montrons par
l’absurde que ` est un majorant de (un ). Pour arriver à une contradiction on suppose qu’il existe
un entier n0 tel que ` < un0 . Pour tout n ≥ n0 on aurait un ≥ un0 > `, ce qui impliquerait (propo-
sition 2.4.2) que ` = lim un ≥ un0 > `, ce qui est impossible. Donc ` est bien un majorant de
n→+∞
(un ).
3.2 Suites adjacentes 45
On a montré que ` est un majorant de l’ensemble S = {un : n ∈ N}. Pour montrer que ` est
le plus petit majorant de S prenons ε > 0 arbitraire et montrons que ` − ε n’est pas un majorant
de S. La définition de convergence d’une suite nous donne un N ∈ N tel que n ≥ N implique que
|un − `| < ε, donc en particulier uN > ` − ε ce qui montre que ` − ε n’est pas un majorant. Donc `
est le plus petit majorant de S : ` = sup{un : n ∈ N}.
(2) Le cas décroissant est laissé comme exercice 3.3.
Un critère de convergence
Théoreme 3.1.4 Soit u une suite réelle. On a :
1. Si u est croissante et majorée alors u est convergente (et sa limite est sup{un : n ∈ N}).
2. Si u est décroissante et minorée alors u est convergente (et sa limite est inf{un : n ∈ N}).
Preuve. (1) Soit u = (un )n∈N une suite croissante et majorée. Posons S = {un : n ∈ N}. Comme S
est majorée et non vide, S admet une borne supérieure que l’on note par ` : ` = sup{un : n ∈ N}.
On montre que u converge vers ` :
(i) ` est un majorant de S, donc ∀n ∈ N, un ≤ `.
(ii) Soit ε > 0. Comme ` est le plus petit majorant de S, ` − ε n’est plus un majorant de S, donc il
existe un N ∈ N tel que ` − ε < uN . En utilisant en plus le fait que u est croissante on obtient
n ≥ N ⇒ ` − ε < uN ≤ un ≤ `.
Remarque Pour la démonstration du théorème 3.1.4 (1) on utilise la propriété de la borne su-
périeure (axiome 1.5.3) qui est valable dans R mais pas dans Q. Le théorème 3.1.4 (1) n’est
pas vrai dans Q. Soit par exemple a la suite dont le n-ième terme est le nombre rationnel
qu’on obtient en n’utilisant que n chiffres après la virgule du développement décimal de π :
3, 3.1, 3.14, 3.141, 3.1415, . . .. La suite a est rationnelle et croissante mais tend vers π, donc ne
converge pas dans Q. Voir aussi (2) de la remarque qui suit la proposition 3.3.1.
Remarque Quitte à renommer les suites, on peut supposer que (an ) est croissante et (bn ) décrois-
sante.
∀p ∈ N, ∀q ∈ N, a p ≤ ` ≤ bq .
Preuve. Quitte à renommer les suites, on peut supposer que a est croissante et b décroissante.
46 Chapitre 3. Suites réelles monotones
3.3 Applications
Racine n-ième, Dichotomie
√
Dichotomie Soit r = 3, donc r vérifie r2 = 3. On va construire (par « dichotomie », ce qui signifie
« couper en deux ») deux suites adjacentes (an ) et (bn ) qui approchent r, une par défaut, l’autre par
excès.
Comme 12 < 3 = r2 < 22 on sait (proposition 1.2.5) que r ∈ [1, 2]. Posons a0 = 1 et b0 = 2.
(Voir Figure 3.2.)
Divisons alors l’intervalle [a0 , b0 ] = [1, 2] en deux et notons c0 = 1.5 son milieu. On a c20 < 3
et comme on a toujours b20 > 3 on déduit comme avant que r ∈ [c0 , b0 ]. Posons a1 = c0 = 1.5 et
b1 = b0 = 2. (Voir Figure 3.2.)
Le milieu c1 = 1.75 de l’intervalle [a1 , b1 ] = [1.5, 2] vérifie c21 = 3.063 > 3, donc si on pose
a2 = a1 = 1.5 et b2 = c1 = 1.75 alors r ∈ [a2 , b2 ]. (Voir Figure 3.2.)
Le milieu c2 = 1.625 de l’intervalle [a2 , b2 ] = [1.5, 1, 75] vérifie c22 = 2.641 < 3, donc si on
pose a3 = c2 et b3 = b2 alors r ∈ [a3 , b3 ]. (Voir Figure 3.2.) √
En répétant cette procédure on obtient deux suites (an ) et (bn ) qui approchent 3 par défaut et
par excès.
La démonstration de la proposition √ suivante (appliqué à cet exemple) montre que les deux
suites sont adjacentes et convergent vers 3. Cette démonstration
√ montre aussi qu’on peut utiliser
la méthode de dichotomie pour montrer l’existence de 3, et en général l’existence de la racine
N-ième d’un nombre réel positif.
Preuve. Unicité : Pour arriver à une contradiction on suppose que r1 et r2 sont des nombres réels
positifs distincts qui vérifient r1N = r2N = x0 . Quitte a renommer r1 et r2 on peut supposer qu’on a
r1 < r2 , mais la proposition 1.2.5 impliquera alors que r1N < r2N , ce qui est impossible. Donc on a
bien l’unicité.
Existence : On va construire par récurrence deux suites a = (an )n∈N et b = (bn )n∈N (à valeurs
dans ]0, +∞[) qui vérifient aNn ≤ x0 < bNn :
n = 0 : la propriété d’Archimède assure l’existence d’un B ∈ N tel que B > x0 . Comme B ≥ 1
on a BN−1 ≥ 1 (proposition 1.2.5), donc BN ≥ B > x0 . On a aussi 0N = 0 < x0 , donc a0 = 0 et
b0 = B conviennent.
Supposons qu’on a construit pour un n ∈ N an et bn tels que aNn ≤ x0 < bNn . On pose cn = an +b
2
n
√
F IGURE 3.2 – Approximation de 3 par dichotomie
Donc on a dans les deux cas aNn+1 ≤ x0 < bNn+1 et la suite est définie au rang n + 1.
On va montrer que les deux suites (an ) et (bn ) sont adjacentes.
Notons que la proposition 1.2.5 implique que an < bn , donc cn est le milieu de l’intervalle
[an , bn ], en particulier an < cn < bn .
Notons qu’au cas 1 on a an < cn = an+1 et bn+1 = bn et au cas 2 on a an = an+1 et bn+1 = cn < bn ,
donc la suite a est croissante et la suite b est décroissante.
Comme l’intervalle [an+1 , bn+1 ] est dans les deux cas un des deux moitiés de l’intervalle [an , bn ]
bn − an
on a bn+1 − an+1 = . Il est facile de montrer (par récurrence) que
2
1
bn − an = (b0 − a0 ), donc lim (bn − an ) = 0.
2n n→+∞
On sait donc (a est croissante et b est décroissante) que les deux suites a et b sont adjacentes.
D’après le théorème 3.2.2 elles convergent vers une même limite qu’on note par `.
Les suites (aNn ) et (bNn ) convergent aussi (comme produit d’un nombre fini de suites conver-
gentes) et leur limite commune est `N . Comme on a pour tout n ∈ N, aNn ≤ x0 < bNn , on déduit
que `N = lim aNn ≤ x0 et `N = lim bNn ≥ x0 (on utilise la proposition 2.4.2). Ceci implique que
n→+∞ n→+∞
`N = x0 , donc il suffit de poser r = ` pour terminer la démonstration.
S est non vide car 0 ∈ S. On utilise comme avant la propriété d’Archimède pour démontrer
l’existence d’un B ∈ N tel que BN > x0 . Comme tout élément k ∈ S vérifie kN ≤ x0 on déduit que
S est majoré par B. On déduit que S est contenu dans {0, . . . , B} ⊂ N, et est donc fini. Soit M le
maximum de S. Comme M est dans S mais pas M + 1 on obtient : M N ≤ x0 < (M + 1)N .
Définition 3.3.2 Soient N ∈ N, N ≥ 2 et x ∈]0, +∞[. L’unique réel positif r qui vérifie rN = x
√ 1
est appelé racine N-ième de x0 et on écrit r = N x = x N . On peut alors définir la puissance de x
pour tout q ∈ Q : on écrit q = ba , avec a ∈ Z et b ∈ N∗ premier entre eux et on pose
1 a
xq = x b .
Remarque 1. La méthode que nous avons employée pour démontrer la proposition 3.3.1
s’appelle la dichotomie (« couper en deux ») : il s’agit d’un algorithme récursif où on
commence avec un intervalle qui contient une valeur recherchée (la racine N-ième dans notre
cas) et ou, à chaque étape, on coupe l’intervalle en deux parties (de longueur égales dans
notre cas) et on dispose d’un test pour savoir dans quelle partie se trouve la valeur recherchée.
2. Dans la démonstration de la proposition 3.3.1 on a construit pour tout x0 > 0 deux suites
√
adjacentes (an ) et (bn ) qui convergent vers r = N x0 . Par construction, ces deux suites (an ) et
√
(bn ) sont des suites rationnelles (cet à dire à valeurs dans Q). Donc si r = N x0 est irrationnel
on a approché un nombre irrationnel par deux suite rationnelles adjacentes.
Théoreme 3.3.3 — Théorème des segments emboîtés.. Soit (In )n∈N = ( [an , bn ] )n∈N une
suite d’intervalles, tels que
1. ∀n ∈ N, In+1 ⊂ In ;
2. la longueur de cette suite d’intervalles tend vers 0 : lim (bn − an ) = 0.
n→+∞
Il existe alors un unique ` ∈ R tel que
\
In = {`}.
n∈N
(Autrement dit, ` est l’unique réel qui vérifie ∀n ∈ N, an ≤ ` ≤ bn .) De plus, les suites a = (an )n∈N
et b = (bn )n∈N sont adjacentes et que leur limite commune est `.
Preuve. La démonstration de ce théorème est laissée comme exercice 3.12 : on montre que la
condition (1) implique que la suite a = (an )n∈N est croissante et la suite b = (bn )n∈N est décroissante
et comme on a aussi la condition (2) on déduit que les suites a et b sont adjacentes. Si on note leur
limite commune ` alors on bien ∀n ∈ N, an ≤ ` ≤ bn .
Remarque 1. On dit qu’une suite d’intervalle (In )n∈N qui satisfait aux hypothèses du théorème
des segments emboîtés est une suite de segments emboîtés.
3.3 Applications 49
Suite de Cauchy
Soit (un ) une suite réelle qui converge vers ` ∈ R. Soit ε > 0. En utilisant la définition de
la convergence d’une suite pour ε 0 = ε/2 on trouve un rang N ∈ N tel que n ≥ N implique que
|un − l| < ε 0 = ε/2. On a donc
ε ε
∀n, m ≥ N, |un − um | = |un − ` + ` − um | ≤ |un − `| + |um − `| < + = ε.
2 2
Ceci nous amène à définir
Définition 3.3.4 Soit u = (un ) une suite réelle. On dit que u est une suite de Cauchy si
On a montré :
Proposition 3.3.5 Toute suite réelle convergente est une suite de Cauchy.
Preuve. Soit (un ) une suite de Cauchy. La définition d’une suite de Cauchy nous donne, pour ε = 1
(par exemple) un rang N tel que n, m ≥ N implique que |un − um | < 1. Si on pose m = N alors
n ≥ N implique que |un − uN | < 1 et donc
On en déduit que
Pour démontrer que toute suite de Cauchy converge il est utile de définir deux suites :
Soit u = (uk )k∈N une suite réelle. On pose pour tout n ∈ N,
1 1 1
Sn = {1 + , 1 + ,1+ , . . .},
n n+1 n+2
αn = 1 et βn = 1 + n1 , pour tout n ∈ N.
Proposition 3.3.7 Soit u = (uk )k∈N une suite réelle majorée par M ∈ R et minorée par m ∈ R,
alors on a
1. αn ≤ un ≤ βn , pour tout n ∈ N.
2. m ≤ αn ≤ βn ≤ M, pour tout n ∈ N.
3. (αn ) est une suite réelle croissante et (βn ) est une suite réelle décroissante.
4. Les suites réelle (αn ) et (βn ) convergent.
Preuve. Soit u = (un ) une suite de Cauchy. D’après le lemme 3.3.6, la suite u est bornée, et on
peut donc appliquer la proposition 3.3.7 à Sn , (αn ) et (βn ).
Montrons que lim (βn − αn ) = 0 : soit ε > 0. Si on utilise la définition de suite de Cauchy
n→+∞
pour ε 0 = ε/2 on obtient un rang N ∈ N tel que
ε
n, m ≥ N ⇒ |un − um | < ε 0 = ,
2
donc en particulier
ε
n≥N ⇒ |un − uN | < .
2
Si on écrit cette relation par
ε ε
n≥N ⇒ uN − < un < uN +
2 2
on déduit que Sn est contenu dans l’intervalle ]uN − ε2 , uN + ε2 [, pour tout n ≥ N. On en déduit que
pour tout n ≥ N, αn (étant le plus grand des minorants de Sn ) et βn (étant le plus petit des majorant
de Sn ) vérifient
ε ε
uN − ≤ αn ≤ βn ≤ uN + .
2 2
3.3 Applications 51
On a donc
n≥N ⇒ |βn − αn | ≤ ε,
ce qui implique que lim (βn − αn ) = 0.
n→+∞
Comme la suite (αn ) est croissante et la suite (βn ) décroissante (proposition 3.3.7), les deux
suites sont adjacentes, donc convergent vers la même limite. Comme on a αn ≤ un ≤ βn (proposi-
tion 3.3.7), le théorème 2.4.4 des gendarmes implique que la suite (un ) converge aussi.
Remarque 1. Si on montre qu’une suite u est une suite de Cauchy on a montré qu’elle converge
sans parler de sa limite.
2. Dans la démonstration du théorème précédent on a montré que si (un ) est une suite de Cauchy
alors sa limite vérifie
lim un = lim αn = lim βn .
n→+∞ n→+∞ n
On donnera un nom aux limites des suites (αn ) et (βn ) dans la section suivante.
3. Comme toute suite de Cauchy réelle converge dans R, on dit que R est complet.
4. Soit (un ) est une suite rationnelle qui converge vers un nombre irrationnel r (voir par exemple
la remarque 3.1 de la page 45). La suite (un ) est donc une suite de Cauchy qui ne converge
pas dans Q. Le corps Q n’est donc pas complet et on a encore trouvé une propriété qui
distingue Q de R.
La limite inférieure (limite supérieure) de la suite u, noté lim inf un (respectivement lim sup un )
n→+∞ n→+∞
est définie par
Exemple (suite)
1. Pour la suite u = ((−1)n ) on trouve αn = −1 et βn = 1, pour tout n ∈ N, donc lim inf un = −1
n→+∞
et lim sup un = 1.
n→+∞
2. Pour la suite (1 + n1 ) on trouve αn = 1 et βn = 1 + 1n , pour tout n ∈ N, donc lim inf un = 1 =
n→+∞
lim sup un .
n→+∞
Proposition 3.3.10 Soit u = (uk )k∈N une suite réelle bornée. La suite u converge si et seulement
si lim inf un = lim sup un . On a alors lim un = lim inf un = lim sup un .
n→+∞ n→+∞ n→+∞ n→+∞ n→+∞
Preuve. Si on a lim inf un = lim sup un , alors on déduit de la proposition 3.3.7 (1) et du théo-
n→+∞ n→+∞
rème 2.4.4 des gendarmes que la suite (un ) converge vers lim inf un = lim sup un .
n→+∞ n→+∞
52 Chapitre 3. Suites réelles monotones
Supposons que la suite (un ) converge et notons sa limite par l ∈ R. Soit ε > 0. La définition de
convergence de la suite u vers l nous donne un rang N ∈ N tel que n ≥ N implique l − ε < un < l + ε.
Donc Sn est inclus dans l’intervalle ]l − ε, l + ε[, pour tout n ≥ N. Les réels αn (étant le plus grand
des minorants de Sn ) et βn (étant le plus petit des majorant de Sn ) vérifient
∀n ≥ N, l − ε ≤ αn ≤ βn < l + ε.
Remarque 1. On a vu que, pour la suite (1+ 1n ), on trouve lim infn→+∞ un = 1 = lim supn→+∞ un .
Cette notion ne nous donne donc rien de nouveau pour cette suite convergente.
2. Par contre, pour la suite u = ((−1)n ) on trouve lim infn→+∞ un = −1 et lim supn→+∞ un = 1.
Notons que cette suite contient une sous-suite qui converge vers −1 et une autre qui converge
vers +1.
3. On peut voir que si pour une suite bornée arbitraire (un ) on considère toutes les sous-suites
convergentes, alors la limite minimale (maximale) qu’on peut obtenir est lim infn→+∞ un
(respectivement lim supn→+∞ un ).
un nombre irrationnel, le « trou » dans la « droite réelle » vers laquelle la suite u tend. Bien
sur, deux suites de Cauchy différentes peuvent tendre vers la même limite rationnelle ou vers
le même « trou », donc il faut identifier ces suites. Pour faire cela on identifie deux suites de
Cauchy u et v si la suite u − v tend vers 0.
3.4 Exercices
Définition et première propriété
Exercice 3.1 Écrire à l’aide de quantificateurs la définition d’une suite non croissante, non
décroissante.
Exercice 3.3 Démontrer la proposition 3.1.3 (2) : si (un )n∈N est une suite réelle décroissante
qui converge vers un réel `, alors elle est minorée par ` et on a ` = inf{un : n ∈ N}.
On utilisera deux méthodes différentes :
1. Imiter la démonstration de la proposition 3.1.3 (1).
2. Utiliser la proposition 3.1.3 (1) pour v = −u.
Suites adjacentes
Exercice 3.5 Pour n ∈ N \ {0}, on pose
n
1 1 1 1
un = ∑ k 3 = 1 + 23 + · · · + n3 et vn = un +
n2
.
k=1
n
1 1 1 1
∀n ∈ N \ {0, 1}, Sn = ∑ (−1) p p = 2 − 3 + · · · + (−1)n n .
p=2
54 Chapitre 3. Suites réelles monotones
1. Montrer que les deux suites U = (Un )n∈N\{0} et V = (Vn )n∈N\{0} définies par
sont adjacentes.
2. En déduire que la suite S = (Sn )∞
n=2 est convergente.
Vrai ou faux ?
3.4 Exercices 55
Exercice 3.11 Décider pour chaque énoncé s’il est vrai ou faux. Justifier votre réponse par un
court argument ou un contre exemple.
1. (Extrait d’un examen de 2011/2012) Si (un ) est une suite croissante et majorée par un réel
`, alors elle converge vers `.
2. (Extrait d’un examen de 2011/2012) Si (un )n∈N est une suite à termes strictement positifs
qui converge vers 0, alors la suite (un )n∈N est décroissante à partir d’un certain rang.
3. Si (un )n∈N et (vn )n∈N sont deux suites telles que
∀n ∈ N, un ≤ un+1 ≤ vn+1 ≤ vn ,
Exercices supplémentaires
Exercice 3.12 (Démonstration du théorème 3.3.3 des segments emboîtés.) Soient a = (an )n∈N
et b = (bn )n∈N deux suites de réels telles que ∀n ∈ N, an ≤ bn . On suppose que ∀n ∈ N, les
intervalles In = [an , bn ] vérifient In+1 ⊂ In et que la longueur de cette suite d’intervalles tend vers
0 : lim (bn − an ) = 0. (On dit alors que la suite ([an , bn ]) est une suite de segments (fermés)
n→+∞
emboîtés).
1. Montrer que les suites a et b sont adjacentes, et donc convergentes. Notons leur limite
commune par `.
2. Montrer que ∩n∈N In = {`} (autrement dit : ` est l’unique réel qui vérifie ∀n ∈ N, an ≤
` ≤ bn ).
3. Trouver une suite Jn = ]an , bn [ d’intervalles qui vérifient Jn+1 ⊂ Jn , lim (bn − un ) = 0
n→+∞
et tel que ∩n∈N Jn = 0.
/ (Donc le théorème des segments emboîtés n’est pas valable en
général pour les segments ouverts.)
∀n ∈ N, an ≤ an+1 ≤ bn+1 ≤ bn .
2. Montrer que les suites a et b convergent et que leurs limites vérifient ` = lim an ≤
n→+∞
lim bn = `0 .
n→+∞
3. Montrer que ∩n∈N In = [`, `0 ].
4. Limites infinies
4.1 Définitions
Définition 4.1.1 Une suite réelle (un )n∈N a pour limite (ou tend vers) +∞ si
∀M ∈ R+ , ∃N ∈ N, n ≥ N ⇒ un > M.
∀M ∈ R+ , ∃N ∈ N, n ≥ N ⇒ un < −M.
On écrit dans le premier cas lim un = +∞, et dans le deuxième, lim un = −∞.
n→+∞ n→+∞
Remarque 1. Autrement dit, pour M > 0 arbitrairement grand, tous les un à partir d’un certain
rang N (qui dépend de M) sont dans la demi-droite ]M, +∞[ (resp. dans ] − ∞, −M[).
2. Une suite qui tend vers +∞ (resp. −∞) n’est pas majorée (resp. n’est pas minorée) : elle n’est
donc pas convergente. On dit parfois qu’elle diverge vers +∞ (ou vers −∞).
3. Dans la définition de ce que signifie « la suite u tend vers +∞ », on n’a pas besoin du symbole
+∞ et on peut considérer la phrase « la suite u tend vers +∞ » comme une expression
toute faite sans donner un sens à +∞. Nous avons fait un choix différent pour ce cours en
introduisant les symboles +∞ et −∞ et de poser R e = R ∪ {+∞, −∞} dans le chapitre 1.7. Il
est alors possible de parler de « la limite d’une suite dans Re », sans avoir à distinguer les cas.
Notons cependant qu’une suite convergente a, par définition, une limite finie
4. Comme pour la définition 2.2.1 d’une suite convergente, on peut remplacer dans les définitions
précédentes, les inégalités n ≥ N et/ou un < −M par des inégalités n > N et/ou un ≤ −M.
On peut aussi prendre M ∈ R au lieu de M ∈ R+ . (Exercice.)
5. Pour voir l’analogie entre une suite qui tend vers un ` ∈ R et une suite qui tend vers
` = +∞ ∈ R e utilisons n > N dans la définition 4.1.1 et utilisons la terminologie suivante :
Si ` ∈ R on dit qu’un intervalle de la forme ]` − ε, ` + ε[ est un voisinage ouvert de ` et si
` = +∞ on dit qu’un intervalle de la forme ]a, +∞[ est un voisinage ouvert de ` = +∞. Dans
les deux cas on a alors qu’une suite (un ) tend vers ` si pour tout voisinage ouvert de ` il
58 Chapitre 4. Limites infinies
Remarque 1. Une suite réelle (un )n∈N admet au plus une limite dans R e (Exercice). On peut
donc parler de la limite et écrire limn→+∞ un = `.
2. On peut généraliser la proposition 2.6.4 (limite d’une sous-suite) au cas où ` ∈ R ∪ {+∞, −∞}
(voir exercice 4.4).
Proposition 4.1.2
1. Soit k ∈ N \ {0}, alors la suite (nk )n∈N tend vers +∞.
√
2. La suite ( n)n∈N tend vers +∞.
Preuve. (1) Soit M ∈ R+ . La propriété d’Archimède dit qu’il existe un entier N tel que M < N. On
a alors
n ≥ N ⇒ un = nk ≥ n ≥ N0 ≥ M,
d’où le résultat.
(2) Exercice 4.1.
Exemple La suite de terme général un = 1 + [1 + (−1)n ]n, n ∈ N \ {0} est strictement positive,
n’est pas majorée mais ne tend pas vers +∞. (Exercice 4.3.)
Preuve. On ne démontre que le cas ou la suite u tend vers +∞. L’autre cas est laissé comme
exercice 4.6.
(1) Pour M = 1, la définition 4.1.1 nous donne un rang N ∈ N tel que n ≥ N implique que un > 1.
On a alors un ≥ min(1, u0 , u1 , . . . , uN−1 ), donc la suite est minorée.
(2) On note la suite −u par v et on se donne M ∈ R+ . La définition 4.1.1 nous donne un rang
N ∈ N tel que n ≥ N implique que un > M. Mais on a alors vn = −un < −M et donc par définition
la suite v tend vers −∞.
(3) On note la suite a + u par v et on se donne M 0 ∈ R+ . La définition 4.1.1 nous donne
pour M = M 0 − a un rang N ∈ N tel que n ≥ N implique que un > M = M 0 − a. Mais on a alors
vn = a + un > M 0 et donc par définition la suite v tend vers +∞.
(4) On note la suite cu par v et on se donne M 0 ∈ R+ . La définition 4.1.1 nous donne pour
M = M 0 /c un rang N ∈ N tel que n ≥ N implique que un > M = M 0 /c. Mais on a alors vn = cun > M 0 ,
et donc, par définition, la suite v tend vers +∞.
Preuve. (1) Soit u = (un )n∈N une suite croissante non majorée. Soit M un réel positif ; puisque M
ne majore pas la suite, on peut choisir un entier N tel que uN > M ; la suite étant croissante, on a
alors :
∀n ≥ N, un ≥ uN > M.
Ceci est vrai pour M arbitraire, donc lim un = +∞.
n→+∞
(2) Le cas décroissant est conséquence du cas croissant en remplaçant u par −u.
Preuve. Si u est croissante et majorée (ou décroissante et minorée) alors l’énoncé du corollaire est
le théorème 3.1.4. Si u est croissante et non majorée alors la proposition 4.3.1 dit que u tend vers
+∞. Il suffit alors de remarquer que dans ce cas on a sup{un : n ∈ N} = +∞. Le cas d’une suite
décroissante et non minorée est analogue.
Remarque 1. On sait déjà qu’une suite qui n’est pas majorée (ou minorée) est divergente. Mais
le corollaire 4.3.2 est plus précis : elle dit que la seule façon dont une suite monotone peut
être divergente est qu’elle tend vers +∞ ou −∞.
2. Ce résultat est faux pour des suites non monotones : la suite ((−1)n )n∈N n’a pas de limite
dans R.
e Cette suite est bornée et divergente.
3. Notons aussi qu’une suite non-monotone (positive) peut ne pas être majorée sans pour autant
n
tendre vers +∞ : par exemple la suite 1 + [1 + (−1) ]n , n ∈ N \ {0} de l’exemple 4.3 est
strictement positive, mon majorée mais ne tend pas vers +∞. Voir la figure 4.1 ou on a relié
deux termes consécutifs de la suite par un segment en pointillés. On a aussi tracé la courbe
représentative de la fonction x 7→ 2x + 1 ainsi que la droite d’équation y = 1.
Proposition 4.5.1 1. Soit u = (un )n∈N une suite qui tend vers +∞ ou −∞. Alors il existe un
rang R ∈ N tel que n ≥ R implique que un 6= 0, et la suite (1/un )n≥R est donc bien définie.
Cette suite tend vers 0.
60 Chapitre 4. Limites infinies
un
60
50
y =2x +1
40
30
20 u8
u6
10
y =1
0 5 u7 u9 10 15 20 25 30
n
30
F IGURE 4.1 – La suite 1 + [1 + (−1)n ]n n=1
, et les courbes représentatives de x 7→ 2x + 1 et x 7→ 1.
2. Soit u une suite réelle tendant vers 0 et strictement positive (resp. strictement négative).
Alors on a lim (1/un ) = +∞ (resp. −∞).
n→+∞
Preuve. (1) Prenons le cas ou u tend vers +∞. Pour M = 1, la définition 4.1.1 nous donne un
rang R ∈ N tel que n ≥ R implique que un > 1 donc en particulier un > 0. La suite v = (1/un )n≥R
est donc bien définie. Soit ε > 0. Si on utilise la définition 4.1.1 avec M = 1/ε on obtient un
rang N ∈ N tel que pour tout n ≥ N on ait un > 1/ε. On déduit que pour tout n ≥ max(N, R) on a
|vn | = |1/un | = 1/un < ε ce qui montre que la suite v tend vers 0. Dans le cas ou u tend vers −∞
on pose w = −u et on applique le cas précédent à w.
(2) Traitons le cas u > 0. Soit M > 0. Comme la suite u tend vers 0 on peut trouver pour ε = 1/M
un rang N ∈ N tel que n ≥ N implique que |un | < 1/M. On en déduit que 1/un = 1/|un | > M ce qui
montre par définition que la suite 1/u tend vers 0. Dans le cas ou u tend vers −∞ on pose w = −u
et on applique le cas précédent à w.
Remarque La condition de signe est évidemment essentielle. D’abord, pour que 1/u ait un sens il
faut bien supposer que un 6= 0, au moins pour n assez grand. Même dans ce cas, la suite u définie
par un = (−1)n /(n + 1) tend vers 0 et est à termes non nuls, mais la suite 1/u n’a pas de limite
dans R.
e
Preuve. Si `u et `v sont finies, ce n’est pas nouveau. On supposera donc désormais que `u ou `v est
infinie. On peut supposer, quitte à passer aux suites opposées, que `u ou `v vaut +∞ ; par symétrie
on supposera même que `u = +∞.
(1) : le cas `v = −∞ est exclu (forme indéterminée), et donc la suite v est minorée (par 2.4.3
si `v ∈ R, et par 4.2.1 (1) si `v = +∞). Il existe donc une constante a telle que v ≥ a. Comme la
suite u + a tend vers +∞ par 4.2.1 (3), la suite u + v qui vérifie u + v > u + a tend aussi vers +∞
par 4.4.1 (1).
(2) : le cas `v = 0 est exclu (forme indéterminée), donc quitte à changer v en −v on peut
supposer que `v > 0. Choisissons un réel c tel que 0 < c < `v . Alors, pour n assez grand, on a
vn > c et un > 0, donc un vn > cun . D’après 4.2.1 (4), la suite cun tend vers +∞, on conclut donc par
4.4.1 (1).
(3) : comme on suppose que `u = +∞ c’est la proposition 4.5.1 (1).
Exemples 1. La suite u = (n) tend vers +∞, la suite v = (−n + (−1)n ) tend vers −∞ et la suite
u + v n’a pas de limite.
2. La suite u = (n2 ) tend vers +∞, la suite v = (−n) tend vers −∞ et la suite u + v tend vers +∞
3. La suite u = (n) tend vers +∞, la suite v = (−n2 ) tend vers −∞ et la suite u + v tend vers −∞
4. Soit a ∈ R. La suite u = (n) tend vers +∞, la suite v = (a − n) tend vers −∞ et la suite u + v
tend vers a ∈ R
Remarque 1. Comme la relation ∼ est symétrique on peut dire que deux suites u et v sont
équivalentes.
2. Souvent la condition d’équivalence de deux suites u = (un )n∈N et v = (vn )n∈N est donnée
sous la forme suivante : il existe une suite ε = (εn )n∈N qui converge vers 0 et qui vérifie
u = v(1 + ε) :
∀n ∈ N, un = vn (1 + εn ).
Parfois le critère suivant est utile pour montrer l’équivalence entre deux suites :
Proposition 4.6.3 Soient u = (un )n∈N et v = (vn )n∈N deux suites telles que vn 6= 0 à partir d’un
certain rang. Alors u ∼ v si et seulement si u/v converge vers 1 :
un
lim = 1.
n→+∞ vn
Proposition 4.6.4 Soient u et v deux suites équivalentes, alors u admet une limite (dans R)
e si et
e et on a alors lim un = lim vn .
seulement si v admet une limite (dans R)
n→+∞ n→+∞
Preuve. On a u = v · e avec e une suite qui converge vers 1. Donc si u converge vers un réel ` (resp.
si u tend vers +∞, −∞), alors la proposition 4.5.2 implique que v converge vers le même réel `
(resp. v tend vers +∞, −∞). Par symétrie, on voit que si v tend vers ` alors u tend vers `.
Il est facile de voir (exercice 4.14) que (un ) est une suite géométrique de raison q si et seulement
si elle vérifie ∀n ∈ N, un+1 = qun .
On en déduit que ∀n ∈ N, qn ≥ na, d’où lim qn = +∞. (Au lieu d’utiliser la formule du binôme,
n→+∞
n
≥ 1 + na par récurrence sur n. Voir l’exercice 1.14.)
on aurait pu aussi démontrer l’inégalité (1 + a)
(3) Pour se ramener à (2) on pose q0 = 1q . Comme q0 > 1 on a lim q0n = +∞, d’après (ii).
n→+∞
1
Comme ∀n ∈ N, |qn | = q0n , on utilise proposition 4.5.1 pour déduire que lim |qn | = 0, c’est-à-dire
n→+∞
lim qn = 0.
n→+∞
(4) Cas q = −1 : la sous-suite des termes d’indice pairs (q2n ) = (1) a comme limite 1 et la sous-
suite des termes d’indice impairs (q2n+1 ) = (−1) a pour limite −1. Comme ces deux sous-suites
ont des limites différentes on déduit que la suite (qn ) = ((−1)n ) diverge (proposition 2.6.5).
Cas q < −1 : on utilise (2) pour voir que la sous-suite des termes d’indice pairs (q2n ) = (|q|2n )
tend vers +∞ et la sous-suite des termes d’indices impairs (q2n+1 ) = (−|q|2n ) tend vers −∞ (comme
|q| > 1). Les deux sous-suites tendent donc vers des limites (de R)
e différentes et on conclut comme
n
avant que la suite (q ) diverge.
4.7 Quelques suites classiques 63
Sn = 1 + q + · · · + qn
qSn = q + ··· + qn + qn+1
Sn − qSn = 1 + 0 + · · · + 0 − qn+1 ,
donc (1 − q)Sn = 1 − qn+1 ce qui termine la démonstration. (Exercice : donner une démonstration
par récurrence.)
Voir l’exercice 4.15 pour une application des suites géométriques : soit u = (un )n∈N une suite
réelle pour laquelle il existent l ∈ R et λ ∈]0, 1[ tels que ∀n ∈ N, |un+1 − l| ≤ λ |un − l|, alors la
suite u converge vers `.
Preuve. Si p = 0, alors (1) et (2) se déduisent de la proposition 4.7.2. Si p < 0, on utilise les
propositions 4.7.2 et 4.1.2 pour voir que la suite du (1) est le produit de deux suites qui tendent vers
+∞, donc (proposition 4.5.2) tend vers +∞. On voit de même que la suite du (2) est le produit de
deux suites qui tendent vers 0, donc tend vers 0). Il n’y a donc pas de forme indéterminée. Il suffit
donc d’étudier le cas p ∈ N \ {0}.
(1) On suppose donc q > 1 et p ∈ N \ {0}.
Cas p = 1. Comme dans la démonstration de la proposition 4.7.2, si l’on écrit q = 1 + a (donc
a > 0) et si l’on utilise la formule du binôme, on obtient pour tout entier n ≥ 2 :
n(n − 1) 2 n(n − 1) 2
qn = 1 + na + a + . . . + an > a
2 2
qn n−1 2 qn
donc n > 2 a . On en déduit lim = +∞.
n→+∞ n
Cas p > 1. On se ramène au cas précédent en « sortant l’exposant p » : on remarque que
!p
qn qn/p rn p
= =
np n n
n
où l’on a posé r = q1/p . Puisque r > 1, le cas précédent montre que rn tend vers +∞, et il en est
n p
donc de même de rn (les résultats sur le produit de deux suites s’étendent au produit de p suites).
0n
(2) On suppose donc 0 < q < 1 et p ∈ N \ {0}. Si on pose q0 = q1 alors 1 < q0 . On a lim qn p = +∞,
n→+∞
c-à-d. lim qn1n p = +∞. Donc lim qn n p = 0, d’après la proposition 4.5.1.
n→+∞
Racine n-ième
64 Chapitre 4. Limites infinies
1
Proposition 4.7.4 1. Soit a ∈]0, +∞[, alors la suite (a n )n∈N\{0} converge vers 1.
1
2. La suite (n n )n∈N\{0} converge vers 1.
Preuve. (1) Supposons ` < 1 et choisissons un réel q tel que ` < q < 1 (par exemple q = `+1 2 ). Il
existe un entier n0 tel que pour n ≥ n0 , on a uun+1
n
≤ q (proposition 2.4.1), soit (puisque un > 0),
un+1 ≤ qun . On en déduit ∀n ≥ n0 , un ≤ q n−n0 un0 , et donc
un0
∀n ≥ n0 , 0 < un ≤ qn .
qn0
La suite géométrique qn (avec 0 ≤ q < 1) tend vers 0 et il suffit alors d’appliquer le théorème des
gendarmes (2.4.4) pour conclure que la suite (un ) converge vers 0.
(2) Supposons ` > 1 et choisissons un réel q tel que 1 < q < `. On montre comme ci-dessus qu’il
existe un entier n0 tel que pour tout n ≥ n0 on ait un ≥ c qn , où c > 0 est une constante. Comme
q > 1, on peut appliquer le théorème des gendarmes à l’infini (4.4.1) pour conclure.
Remarque Comme on le voit dans la démonstration, on a un résultat plus général : s’il existe
q ∈]0; 1[ tel que un+1 ≤ q un pour n assez grand, la suite (un ) converge vers 0. S’il existe q > 1 tel
que un+1 ≥ q un pour n assez grand, la suite (un ) tend vers +∞.
Proposition 4.8.2 — Critère de Cauchy pour les suites. Soit (un ) une suite réelle à termes
positifs pour laquelle il existe ` ∈ R+ ∪ {+∞} qui vérifie
1
lim (un ) n = `.
n→+∞
La démonstration se fait comme celle du critère de d’Alembert pour les suites et est donnée
comme exercice 4.24.
4.9 Exercices
Définitions
4.9 Exercices 65
un
1.6
1.4
1.2 q =3
y =1
1
q =1/2
0.8
n
0 10 20 30 40
1 40
F IGURE 4.2 – La suite q n , pour q = 1/2 et q = 3.
n=2
un
1.4
1.3
1.2
1.1
y =1
1
n
0 10 20 30 40 50 60 70 80
1 80
F IGURE 4.3 – La suite n n .
n=1
66 Chapitre 4. Limites infinies
Exercice 4.1 Montrer en utilisant la définition d’une suite qui tend vers +∞ que la suite
√
( n)n∈N tend vers +∞.
Exercice 4.2 Pour la suite (un ) = (n2 − n), trouver un entier N à partir duquel on a un > 100.
Montrer que la suite (n2 − n) tend vers +∞. (On justifiera la réponse en utilisant la définition
d’une suite qui tend vers +∞.)
Exercice 4.3
1. Écrire à l’aide de quantificateurs la définition d’une suite qui ne tend pas vers +∞.
2. Montrer que la suite de terme général un = 1 + [1 + (−1)n ]n, n ∈ N \ {0} est strictement
positive, n’est pas majorée mais ne tend pas vers +∞. Voir la figure 4.1.
Exercice 4.4 Montrer que si (un ) est une suite qui tend vers +∞, alors toute sous-suite de (un )
tend vers +∞.
Exercice 4.5 Montrer que si (un ) est une suite qui n’est pas majorée, alors il existe une
sous-suite de (un ) qui tend vers +∞.
Premières propriétés
Exercice 4.6 Démontrer la proposition 4.2.1 pour une suite u = (un )n∈N qui tend vers −∞ :
montrer que si u tend vers −∞ alors,
1. la suite u est majorée,
2. la suite −u tend vers +∞,
3. pour tout réel a, la suite (a + un )n∈N tend vers −∞,
4. pour tout c > 0, la suite cu tend −∞.
Exercice 4.7 Démontrer le théorème des gendarmes à l’infini (proposition 4.4.1 (1)) : soient
u = (un )n∈N et v = (vn )n∈N deux suites réelles tel que u ≤ v. Montrer que si u tend vers +∞
alors v tend vers +∞ et si v tend vers −∞ alors u tend vers −∞.
n
1 1 1 1
Sn = ∑ k = 1+ 2 + 3 +...+ n.
k=1
Suites équivalentes
4.9 Exercices 67
Exercice 4.10 Démontrer la proposition 4.6.2 : montrer que ∼ est une relation d’équivalence :
1. (∼ est réflexive) u ∼ u ;
2. (∼ est transitive) u ∼ v, v ∼ w implique u ∼ w ;
3. (∼ est symétrique) u ∼ v implique u ∼ v.
Exercice 4.11 Démontrer la proposition 4.6.3 : soient (un )n∈N et (vn )n∈N deux suites tels que
un
vn 6= 0, ∀n ≥ R. Alors u ∼ v si et seulement si u/v converge vers 1 : lim = 1.
n→+∞ vn
Exercice 4.12 Démontrer la proposition 4.6.5 : si u, u0 , v, v0 sont des suites telles que u ∼ u0 et
v ∼ v0 , alors on a uv ∼ u0 v0 .
n2 − 2n + 1 n2 − 1
un = , vn = , n≥2
n−1 n−1
sont équivalentes, mais que la suite u − v ne tend pas vers 0.
Suites géométriques
Exercice 4.14 Montrer qu’une suite (un ) est une suite géométrique de raison q si et seulement
si elle vérifie
∀n ∈ N, un+1 = qun .
Exercice 4.15 Soient l un nombre réel et λ un nombre réel qui vérifie λ ∈]0, 1[. Soit u =
(un )n∈N une suite réelle qui vérifie
n3 + 2n nn nn
(1) un = (2) un = (3) un =
3n n! 4n
1 2n
(4) un = (2n + 3n ) n (5) un =
n!
Exercice 4.17 — Extrait d’un examen de 2010/11. Étudier la convergence, et le cas échéant
donner la limite, des suites réelles a, b, c ci-dessous (définies pour n entier ≥ 2) :
n 3 n
n 4 43
n 10 11
an = (−1) ; bn = n sin ;
4 cn = .
11 n ln (n)
68 Chapitre 4. Limites infinies
Exercice 4.18 On considère la suite définie par :
1 1·3 1 · 3 · 5 · · · (2n − 1)
u1 = , u2 = , ... un = .
4 42 · 2 ! 4n · n !
Démontrer que
un 1
< .
un−1 2
En déduire la limite de la suite (un ).
Exercice 4.20 1. Étudier (par encadrement) la convergence de la suite (un ) telle que
1 1 1 1 1
∀n ∈ N \ {0}, un = + √ + √ + √ +···+ √ .
n n+ 1 n+ 2 n+ 3 n+ n
Exercice 4.21 Étudier selon la valeur de θ ∈ [0, 2π[ la convergence des suites (un )n∈N et
(Sn )n∈N définies par
∀n ∈ N, un = (sin θ )n ,
n
∀n ∈ N, Sn = 1 + sin θ + (sin θ )2 + · · · + (sin θ )n = ∑ (sin θ ) p ,
p=0
(a + 1)n − 1
∀n ∈ N, un = ,
(a + 1)n + 1
25n + 52n
∀n ∈ N, un = ,
an
admet une limite dans R̃ = R ∪ {+∞, ∞} et, le cas échéant, déterminer cette limite.
Racine n-ième
Exercice 4.23 (Démonstration de la proposition 4.7.4). Pour a ∈]0, +∞[ on définit la suite u
4.9 Exercices 69
1
dont le terme général est un = a n , n ∈ N \ {0}.
1. Soit a ∈]1, +∞[. Montrer que un ∈]1, +∞[ pour tout n ∈ N \ {0}.
2. Soient x ∈]0, ∞[ et n ∈ N \ {0}. Utiliser la formule du binôme pour montrer que (1 + x)n ≥
nx.
3. On pose εn = un − 1, donc un = 1 + εn . Utiliser la relation du (2) pour montrer que εn
1
tend vers 0. En déduire que la suite (a n ) converge vers 1.
4. En déduire la convergence de la suite u pour a ∈]0, 1[.
1
5. Généraliser ce qui précède pour étudier la convergence de (n n )n∈N\{0} . (Indication :
n(n−1)
(1 + x)n ≥ 2 x, pour tout n ∈ N et x ∈]0, ∞[.)
Vrai ou faux
Exercice 4.25 Décider pour chaque énoncé s’il est vrai ou faux. Justifier votre réponse par un
court argument, un résultat du cours ou un contre exemple. Soient u = (un )n∈N et v = (vn )n∈N
deux suites réelles.
1. Si (un ) converge, alors (un+1 − un ) tend vers 0.
2. Si la suite (un+1 − un ) tend vers 0, alors la suite (un ) converge.
3. (Extrait d’un examen de 2011-2012.) Si u et v sont deux suites réelles telles que la suite u
converge et la suite u + v diverge, alors la suite v diverge.
4. Si la suite (u2n ) converge, alors (un ) converge.
5. Une suite qui n’est pas bornée diverge.
6. Une suite qui diverge ne peut pas être bornée.
7. Une suite monotone qui diverge ne peut pas être bornée.
8. Une suite strictement négative qui n’est pas bornée tend vers −∞.
9. Soit (un ) une suite décroissante pour laquelle il existe une sous-suite qui tend vers −∞
alors (un ) tend vers −∞.
10. Soit (un ) une suite réelle pour laquelle il existe une sous-suite (vn ) qui tend vers −∞ alors
(un ) tend vers −∞.
11. Si u converge vers l ∈ R et si v diverge alors uv diverge.
12. Si u converge vers l ∈ R∗ et si v diverge alors uv diverge.
13. Soit u une suite qui n’est pas majorée, alors elle tend vers +∞.
14. Si u tend vers −∞ alors u2 tend vers +∞.
15. Soient u et v deux suites tels que leur produit uv converge alors les deux suites u et v
convergent.
16. Soit u une suite qui tend vers −∞ alors elle est décroissante à partir d’un certain rang.
17. Soit (un ) une suite tel que un 6= 0, pour tout n ∈ N. Si la suite (un ) tend vers 0 alors la
suite ( u1n ) tend vers +∞ ou −∞.
18. Soient u et u0 deux suites équivalentes alors la suite u − u0 tend vers 0.
19. Si u et u0 sont deux suites équivalentes et si v et v0 sont deux suites équivalentes alors
70 Chapitre 4. Limites infinies
u + v et u0 + v0 sont équivalentes.
20. Si u et u0 sont deux suites équivalentes et si v et v0 sont deux suites équivalentes alors uv
et u0 v0 sont équivalentes.
21. La suite définie par
1 n
∀n ∈ N \ {0}, 1−
n
est une suite géométrique.
22. un ∼ vn implique que unn ∼ vnn .
1
23. La suite (n n )n∈N\{0} tend vers +∞.
1
24. Soient B > 1 un nombre réel et (un ) une suite à valeurs dans ]1, B[, alors la suite (unn )
converge.
Exercices supplémentaires
Exercice 4.26 Pour tout entier n ≥ 1, on pose
√ √ 2n √
vn = n + 1 + · · · + 2n = ∑ k.
k=n+1
Exercice 4.27 1. Que peut-on dire d’une suite qui vérifie limn→∞ nun = 0 ?
2. Que peut-on dire d’une suite qui vérifie limn→∞ nun = 1 ?
3. Que peut-on dire d’une suite qui vérifie limn→∞ nun = +∞ ?
Exercice 4.28 Soit (un )n∈N une suite vérifiant : ∀n ∈ N, un+1 = 2un + 1.
1. Exprimer un en fonction de n et de u0 .
2. Montrer qu’il existe une valeur ` telle que pour u0 = `, la suite (un ) soit constante.
3. Retrouver le résultat du 1) en étudiant la suite (un − `).
Exercice 4.29 Vous empruntez une somme S0 pour une période de N années, à un taux annuel
de τ, à intérêts composés (au bout d’un an, vous devez donc la somme S0 (1 + τ)). A la fin de
chaque année, vous devrez rembourser une annuité A, fixée au départ. On cherche à calculer A.
Pour n ∈ {1, . . . , N} on note Sn la somme encore due au bout de n années.
1. Pour 0 ≤ n < N, exprimer Sn+1 en fonction de Sn ; en déduire une expression de Sn en
fonction de n.
2. En déduire A.
3. Quelle annuité doit-on verser pour un prêt à 3% sur 10 ans ?
n n
Exercice 4.30 Pour n ∈ N \ {0}, on pose un = ∑ k, vn = ∑ k2 et wn = uvnn .
k=0 k=0
1. Exprimer un en fonction de n.
2. Étudier les premiers termes de la suite (wn ) et conjecturer une expression de wn puis de
vn en fonction de n.
3. Vérifier si votre conjecture sur (vn ) est correcte.
II
Seconde partie
5 Suites complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
5.1 Les nombres complexes
5.2 Suites complexes
5.3 Suites géométriques complexes
5.4 Exercices
z + w = z + w, zw = z w, z + z = 2 Re(z), z − z = 2i Im(z)
(2) Il suffit d’appliquer (1) : |Re(z) − Re(w)| = |Re(z − w)| ≤ |z − w|. De même pour la deuxième
inégalité.
(3) On va utiliser
(1)
zw̄ + z̄w = zw̄ + zw̄ = 2Re(zw̄) ≤ 2|Re(zw̄)| ≤ 2|zw̄| = 2|z| |w̄| = 2|z| |w|.
Donc
|z + w|2 = |z|2 + zw̄ + z̄w + |w|2 ≤ |z|2 + 2|z| |w| + |w|2 = (|z| + |w|)2 .
(4) Comme dans le cas réel.
(5)
(4)
|z| = |a + ib| ≤ |a| + |ib| = |a| + |b| = |Re(z)| + |Im(z)|.
Soit P un plan muni d’un repère orthonormée direct (O,~u,~v). On peut alors représenter un
−−−−→
nombre réel z = a + ib, a, b ∈ R par le point M(z) qui vérifie OM(z) = a~u + b~v. On dit que z est
l’affixe du point M(z). On dit aussi que P est un plan complexe, car tout point de P représente un
(unique) nombre complexe.
√
Notons que |z| = a2 + b2 est alors la distance (euclidienne) de M(z) à l’origine O. De même, si
−−−−→
on représente un autre nombre complexe w p= c + id par le point M(w) qui vérifie OM(w) = c~u + d~v,
alors la distance entre M(w) et M(z) est (c − a)2 + (d − b)2 ce qui est égal à |w − z|.
Notons que l’ensemble {z ∈ C : |z − z0 | < r} correspond à un disque ouvert centré en M(z0 )
de rayon r dans le plan P.
Si M est un point de P contenu dans le cercle de centre O et de rayon 1 alors il existe θ ∈ R tel
−−→
que OM = cos(θ )~u + sin(θ )~v. L’affixe du point M est alors cos(θ ) + i sin(θ ).
En posant eiθ = cos(θ ) + i sin(θ ) on voit que l’ensemble {eiθ : θ ∈ [0, 2π[} correspond au
cercle de centre O et de rayon 1 du plan P.
Si z 6= 0 est un nombre complexe alors le module de |z|z est 1, donc |z|z peut être écrit comme
cos(θ ) + i sin(θ ), et donc z peut être écrit comme z = |z|(cos(θ ) + i sin(θ )) = |z|eiθ . On dit que
|z|eiθ est l’écriture exponentielle du nombre complexe z.
On a aussi pour tout k ∈ Z, z = |z|ei(θ +2kπ) ; les nombres θ + 2kπ sont appelés arguments de z.
π √ π √ 5π
Exemples i = ei 2 , 1 + i = 2 ei 4 = − 2 ei 4 .
Remarque On utilise le même type de notations (n 7→ un , etc.) que pour les suites réelles. On dit
aussi que u est une suite complexe s’il existe n0 ∈ N tel que u soit une application de {n ∈ N : n ≥
n0 } dans C.
Les notions de suite réelle majorée, minorée, croissante, décroissante n’ont pas d’analogue pour
les suites complexes. On dit, en revanche :
Définition 5.2.2 Une suite complexe u = (un )n∈N est bornée s’il existe un réel R tel que |un | ≤ R
pour tout n ∈ N.
Notons qu’une suite complexe est bornée si et seulement si {un : n ∈ N} (représenté dans le
plan complexe) est contenu dans un disque du plan complexe centré en 0 et de rayon R.
En utilisant les inégalités de la proposition 5.1.1 on peut voir qu’une suite complexe u est
bornée si et seulement si les suites réelles Re(u) et Im(u) sont bornées. (Exercice 5.6.)
5.2 Suites complexes 75
Remarque 1. Notons que la convergence d’une suite complexe u vers une limite ` ∈ C est
définie par la convergence de la suite réelle |u − `|
2. Représentons les termes un d’une suite complexe convergente par des points Mn de P et la
limite ` par un point M. L’inégalité |un − `| < ε veut alors dire que la distance (euclidienne)
entre le point Mn et L est plus petit que ε.
3. Donc dire que la suite complexe u tend vers ` veut dire que si on se donne un disque centré
en L et de rayon ε, alors à partir d’un certain rang tous les termes Mn sont dans ce disque.
4. Il est facile de voir que si la suite u est réelle et si ` est réel, la phrase « u converge vers ` » a
le même sens dans R et dans C. (Autrement dit, la définition 5.2.3 ne contredit pas 2.2.1).
− 23
nπ nπ
un = 1 + i + n cos( + i sin( ) ,
8 10
pour n = 10, . . . , 100. La suite « semble » aussi tendre vers 1 + i.
3. Notons que dans les deux cas on a
1
|un − (1 + i)| = 3 → 0,
n2
2
lorsque n → +∞. Pour avoir |un − (1 + i)| < 0.01 il faut choisir n > 100 3 ∼ 21.544, donc le
rang N = 22 (ou tout autre rang plus grand que 22) convient.
Un critère de convergence
Proposition 5.2.4 Soient u une suite complexe et ` ∈ C. Les conditions suivantes sont équiva-
lentes :
1. la suite u converge vers ` ;
2. la suite Re(u) converge vers Re(`) et la suite Im(u) converge vers Im(`).
76 Chapitre 5. Suites complexes
Preuve. (⇒) Supposons que u converge vers `. Soit ε > 0. Il existe alors N ∈ N tel que n ≥ N
implique que |un − l| < ε et donc (Proposition 5.1.1)
Donc la suite Re(u) converge vers Re(`). On montre de même que la suite Im(u) converge vers
Im(`).
(⇐) Supposons que la suite Re(u) converge vers Re(`) et la suite Im(u) converge vers Im(`).
Soit ε > 0. La définition de la convergence (pour ε/2) nous donne N1 ∈ N et N2 ∈ N tel que
Théoreme 5.2.5 — C est complet. Toute suite de Cauchy complexe converge (dans C).
Preuve. Soit u une suite de Cauchy complexe. Soit ε > 0 donné. Il existe alors un N > 0 tel que
n, m ≥ N implique que |un − um | < ε. Donc n, m ≥ N implique que
où on a utilisé Proposition 5.1.1. La suite (Re(un )) est donc une suite de Cauchy et comme cette
suite est réelle, cette suite converge. On montre de même que la suite (Im(un )) converge. Il suffit
alors d’utiliser la proposition 5.2.4.
Preuve. Pour (ii) et (iii), il suffit de remarquer que |qn | = |q|n . Pour (iv), supposons que |q| = 1 et
que (qn ) converge vers un complexe `. Comme lim qn+1 = lim qn et lim qn+1 = q lim qn , on
n→+∞ n→+∞ n→+∞ n→+∞
a q` = `, soit q = 1 ou ` = 0. Mais le cas ` = 0 est exclu car la suite |qn | est égale à 1 donc ne tend
pas vers 0. Donc q = 1. La propriété (v) se démontre comme dans le cas réel.
5.4 Exercices
Définition d’une suite complexe
Exercice 5.1 Tracer dans le plan complexe les premiers 10 termes de la suite complexe (un )
définie par
1 π
un = eni 2 , n ∈ N \ {0}.
n
Représenter dans le même plan les ensembles
Uε = {z ∈ C | : |z| < ε}
pour ε = 1/2, 1/4. Pour ε > 0 (arbitraire) déterminer le rang N ∈ N à partir duquel on a |un | < ε.
Exercice 5.2 Soit q ∈ C. En utilisant l’écriture exponentielle de q tracer dans le plan complexe
quelques termes de la suite géométrique (qn ). Faire une conjecture quand au comportement
(pour n grand) de cette suite en distinguant les cas |q| < 1 et |q| > 1. Que pensez-vous est son
comportement si |q| = 1 ?
Un critère de convergence
78 Chapitre 5. Suites complexes
Exercice 5.3 Soit a un nombre réel non nul. On pose
1 + ina
∀n ∈ N, un = .
|1 + in|
1. Construire géométriquement les premiers 5 termes de la suite (un ) pour a = 1 et faire une
conjecture quant à la convergence de la suite.
2. Étudier la convergence de la suite (un ) (pour a 6= 0 arbitraire).
n 1 + 2in
(1) un = (2) un = ,
(1 + ni)2 1 + ni
einθ n+1
(3) un = ,θ ∈ R (4) un = (−1)n
n2 + i cos n n − 3i
1+i n
(5) un =
2−i
et, le cas échéant, déterminer sa limite. (Le (3) est extraite d’un contrôle continu de 2011/2012.)
Exercice 5.6 Montrer qu’une suite complexe u est convergente si et seulement si les suites
réelles Re(u) et Im(u) sont convergentes.
Exercice 5.9 Frai ou faux : si θ < 0 alors la suite einθ tend vers 0 ?
Exercices supplémentaires
Exercice 5.10 Soit θ ∈ [0, 2π[. Le but de l’exercice est de montrer que la suite w = (einθ )n∈N
converge pour θ = 0 et diverge sinon. La méthode utilisée est une adaptation de celle de
l’exercice 2.17.
1. Vérifier que la suite u converge pour θ = 0.
On suppose maintenant que θ ∈]0, 2π[ et on veut montrer que la suite w diverge.
2. Dire pourquoi il est suffisant de montrer que la suite u = (cos(nθ ))n∈N diverge.
Supposons pour arriver à une contradiction que la suite u converge et notons sa limite par `.
5.4 Exercices 79
4. Déduire de (i) que la suite v = (sin(nθ ))n∈N converge et que sa limite est 0.
5. Déduire de (ii) qu’on aurait alors ` = 0.
6. Montrer qu’on arriverait alors à une contradiction.
Exercice 5.11 En imitant les définitions données dans la section 1.6 pour les sous-ensembles
de R, proposez pour un sous-ensemble S de C une définition de ce que signifie d’être ouvert,
fermé, borné, compact et donner une définition de l’adhérence de S.
80 Chapitre 5. Suites complexes
1.005 u22
1 u10
0.995
0.99
0.985
3
F IGURE 5.1 – La suite un = 1 + i + n− 2 cos( nπ nπ
10 + i sin( 10 ) , pour n = 9, . . . , 100
1.005
u10
1
0.995
u11
0.99
0.985
3
F IGURE 5.2 – La suite un = 1 + i + n− 2 cos( nπ nπ
8 + i sin( 10 ) , pour n = 10, . . . , 100
5.4 Exercices 81
0.6
u1
0.4
0.2
u0
-0.4 -0.2 0.2 0.4 0.6 0.8 1
-0.2
-0.4
10
u25
-10 -5 u0 5 10
-5
-10
0.5
-1 -0.5 0.5 1
-0.5
-1
0.5
-1 -0.5 0.5 1
-0.5
-1
√
F IGURE 5.6 – La suite (qn )120
n=0 , pour q = e
πi 2.
6. Limites de suites et limites de fonctions
` = lim f (x).
x→a
On va aussi dire que f admet une limite en a s’il existe ` ∈ R tel que f a pour limite ` en a.
Remarque 1. Avec les notations de la définition, on peut dire que ` est la limite de f en a car
la proposition 6.1.2 établit que si une limite existe elle est unique. Ceci justifie la notation
` = lim f (x).
x→a
2. D’une façon moins formelle (mais moins précise) : f a pour limite ` en a si les valeurs f (x)
sont arbitrairement proches de ` quand x est suffisamment proche de a, ou encore qu’un
intervalle ouvert arbitrairement petit centré en ` contient tous les f (x) dès que x est dans un
intervalle ouvert centré en a suffisamment petit.
3. Pour la définition on s’est restreint aux fonctions définies sur un intervalle I. On pourrait
utiliser la même définition en remplaçant I par un sous-ensemble quelconque S de R. Pour ce
cours on ne considère que les fonctions qui sont définies sur un intervalle, ou éventuellement
sur l’union de plusieurs intervalles.
4. Comme pour la définition 2.2.1 d’une suite convergente et la définition 4.1.1 d’une suite qui
tend vers +∞ ou −∞, on peut remplacer les inégalités strictes |x − a| < δ et/ou | f (x) − `| < ε
par les inégalités larges |x − a| ≤ δ et/ou | f (x) − `| ≤ ε.
5. On rappelle qu’une suite est un cas particulier d’une fonction. Si on compare la définition 2.2.1
de la convergence d’une suite avec la définition 6.1.1 de la convergence d’une fonction, on
84 Chapitre 6. Limites de suites et limites de fonctions
voit qu’on a remplacé « n tend vers +∞ » par « x tend vers ` », ce qui se traduit par un
remplacement de la condition « n ≥ N » par « |x − a| < δ ». En utilisant la terminologie de
la remarque qui suit la définition 4.1.1 on a remplacé la condition « n est dans un voisinage
ouvert de +∞ » par la condition « x est dans un voisinage ouvert de a ».
6. Comme exemple de ce qu’on vient de dire, on peut comparer la démonstration de l’unicité de
la limite d’une suite (proposition 2.3.1) avec la démonstration de l’unicité de la limite d’une
fonction (proposition suivante).
Preuve. Supposons pour arriver a une contradiction que ` 6= `0 . Pour ε = |`1 − `2 |/2 (qui est
strictement positif) on peut trouver δ1 , δ2 > 0 tel que
Remarque Comme on l’a déjà remarqué, la démonstration précédente sur l’unicité de la limite
d’une fonction est une « traduction » de la démonstration de la proposition 2.3.1 sur l’unicité de la
limite d’une suite convergente. On peut de cette manière « traduire » les résultats sur la somme,
produit et quotient de suites convergentes pour obtenir des résultats analogues à ceux obtenus plus
haut pour les limites de suites. Comme ces résultats, bien que importants, ne sont pas l’objet de ce
cours et ne seront pas utilisés, ils sont donnés comme exercices dans la section 6.5. (Ils seront par
contre étudiés dans le module Analyse 3).
Preuve. Supposons pour arriver a une contradiction que ` 6= f (a), alors ε = | f (a) − `| > 0. On
peut alors trouver un δ > 0 tel que ∀x ∈ I, |x − a| < δ implique que | f (x) − `| < ε. En prenant
x = a on obtient | f (a) − `| < ε qui contredit le fait que ε = | f (a) − l|.
Fonction continue
Définition 6.1.4 — Fonction continue. Soient I un intervalle réel et f : I → R une fonction.
1. Soit a ∈ I. On dit que f est continue en a si f admet une limite en a (et celle-ci est alors
nécessairement f (a) :
lim f (x) = f (a)).
x→a
6.1 Utilisation des fonctions continues 85
2. On dit que f est continue sur I si elle est continue en tout point de I.
∀n ≥ N, |un − a| < δ .
Remarque La proposition 2.4.5 implique que dans l’énoncé de 6.1.5, l’hypothèse que a ∈ I est en
fait une conséquence du fait que u converge vers a et est à valeurs dans I.
Proposition 6.1.6 — Les limites de fonctions se testent avec des suites. Soient I un inter-
valle de R, a ∈ I, f : I → R une fonction, et ` ∈ R.
Si pour toute suite (un )n∈N à valeurs dans I telle que lim un = a, on a lim f (un ) = `, alors
n→+∞ n→+∞
on a lim f (x) = `.
x→a
Preuve. On montre la proposition contraposée de celle annoncée. Supposons donc que f ne tend
pas vers ` en a. Nous allons construire une suite (un )n∈N qui converge vers a, mais telle que ( f (un ))
ne converge pas vers `. L’hypothèse sur f nous dit qu’il existe ε0 > 0 tel que pour tout δ > 0, il
existe x ∈ I (qui dépend de δ ) tel que
|x − a| < δ et | f (x) − `| ≥ ε0 .
1
Pour tout n ∈ N on utilise la propriété précédente avec δ = n+1 et on note le x correspondant par
un , donc on obtient :
1
∀n ∈ N, ∃un |un − a| < et | f (un ) − `| ≥ ε0 .
n+1
La suite (un ) converge donc vers a, mais la suite (| f (un ) − `|) ne tend pas vers 0 (elle est minorée
par ε0 > 0), donc ( f (un )) ne tend pas vers `.
Corollaire 6.1.7 Soient I un intervalle, f : I → R une fonction et a ∈ I. Alors les deux énoncés
suivants sont équivalents :
1. f est continue en a.
2. Pour toute suite (un )n∈N à valeurs dans I telle que lim un = a, on a lim f (un ) = f (a).
n→+∞ n→+∞
Preuve. (⇒) : Si f est continue en a alors limx→a f (x) = f (a). Donc si u est une suite tel que
limn→+∞ un = a alors 6.1.5 implique que lim f (un ) = f (a).
n→+∞
(⇐) : 6.1.6 implique que lim f (x) = f (a), donc f est continue en a.
x→a
Remarque Dans tous les cas, si f (x) admet une limite L quand x tend vers a, on peut montrer que
cette limite est unique et ceci justifie la notation lim f (x) = L.
x→a
La proposition 6.1.5 se généralise (avec une démonstration analogue), ainsi que sa réciproque
6.1.6 :
6.3 Exemples 87
6.3 Exemples
On donne dans cette section des résultats qui pourront être utilisés pour faire les exercices. Ils
ne seront pas utilisés dans le cours. On admet donc que :
1. les fonctions sin, cos, et la fonction exponentielle sont continues sur R ;
2. La fonction logarithme est continue sur R∗+ ;
On admet également les limites suivantes :
sin x ln(1 + x) ln x
lim =1 lim =1 lim =0
x→0,x6=0 x x→0,x6=0 x x→+∞ x
ex ex − 1
lim = +∞ lim =1
x→+∞ x x→0 x
Remarque Pour se rappeler de ces limites on peut utiliser la règle de l’Hôpital ou (mieux) un
développement limité.
ln x ln n exp n
Exemple lim = 0, donc lim = 0. De même, lim = +∞.
x→+∞ x n→+∞ n n→+∞ n
Fonctions puissances
Soit α ∈ R. Pour tout x ∈ R∗+ , on définit xα = exp (α ln x). En utilisant les limites des fonctions
ln et exp à l’infini, on obtient :
1 si α = 0,
lim nα = +∞, si α > 0
n→+∞
0, si α < 0.
Preuve. Quitte à remplacer α par −α le terme général de la suite (1) et (2) est nα qn .
ln n
nα qn = exp[α ln n] · exp[n ln q] = exp[α ln n + n ln q] = exp[n(α + ln q)].
n
ln n
En utilisant lim = 0, on obtient le résultat.
n→+∞ n
ln (1 + hn )
vn = n ln (1 + hn ) = x .
hn
ln(1+hn )
Comme lim ln(1+x)
x = 1 et lim hn = 0 on déduit (proposition 6.1.5) que lim hn = 1, donc
x→0 n→+∞ n→+∞
lim vn = x.
n→+∞
La continuité de l’exponentielle nous donne alors (proposition 6.1.7) lim un = lim evn =
n→+∞ n→+∞
ex .
Preuve. Supposons que f (a) < 0 et f (b) > 0 (sinon on remplace f par − f ).
Analyse. Supposons que le théorème soit vrai, donc on sait que l’intervalle ]a, b[ contient une
solution de f (x) = 0. Soit c le milieu de l’intervalle ]a, b[, donc c = (b − a)/2. Si jamais f (c) = 0
on a gagné. Sinon on a deux cas. Si f (c) < 0 on peut appliquer le théorème sur l’intervalle ]c, b[ :
Comme f (c) < 0 et f (b) > 0, l’intervalle ]c, b[ contient une solution de f (x) = 0. Si f (c) > 0 on
peut appliquer le théorème sur l’intervalle ]a, c[ : comme f (a) < 0 et f (c) > 0, l’intervalle ]a, c[
contient une solution de f (x) = 0. Dans les deux cas on a trouvé un intervalle de longueur la moitié
de celle de ]a, b[ qui contient une solution de f (x) = 0. Appelons cet intervalle ]a1 , b1 [.
Notons qu’on a f (a1 ) < 0 et f (b1 ) > 0 donc on peut appliquer la même procédure à l’intervalle
]a1 , b1 [ pour obtenir un intervalle ]a2 , b2 [ qui contient une solution de f (x) = 0 et dont la longueur
est la moitié de celle de ]a1 , b1 [, donc un quart de celle de ]a, b[.
En itérant ce procédé on obtient une suite d’intervalles emboîtés ]an , bn [ qui contiennent une
solution de f (x) = 0. Ce qu’on va montrer est que les deux suites (an ) et (bn ) sont des suites
adjacentes et que leur limite commune est une solution de f (x) = 0.
Synthèse. On construit par récurrence deux suites a = (an )n≥0 et b = (bn )n≥0 à valeur dans I
telles que
∀n ∈ N, f (an ) ≤ 0 < f (bn ) (∗).
Pour n = 0, on pose a0 = a et b0 = b. Supposons qu’on ait construit pour un n ∈ N, an ∈ I et bn ∈ I
tels que f (an ) ≤ 0 < f (bn ). On pose cn = an +b
2
n
∈ I et on considère deux cas :
Cas 1 : si f (cn ) ≤ 0 alors on pose an+1 = cn et bn+1 = bn . On a alors
Donc on a dans les deux cas f (an+1 ) ≤ 0 < f (bn+1 ) et la suite est définie au rang n + 1. On va
montrer que les deux suites a = (an )n≥0 et b = (bn )n≥0 sont adjacentes.
Pour tout n ∈ N, an < bn , donc cn est le milieu de l’intervalle [an , bn ], en particulier an < cn < bn .
Dans le cas 1, on a an < cn = an+1 et bn+1 = bn , et dans le cas 2, on a an = an+1 et bn+1 = cn < bn .
La suite a est donc croissante et la suite b est décroissante. Comme l’intervalle [an+1 , bn+1 ] est dans
bn − an
les deux cas une des deux moitiés de l’intervalle [an , bn ] on a bn+1 − an+1 = . Il est facile
2
de montrer (par récurrence) que
1
bn − an = (b0 − a0 ), donc lim (bn − an ) = 0.
2n n→+∞
On sait donc (a est croissante et b est décroissante) que les deux suites a et b sont adjacentes.
D’après le théorème 3.2.2 elles convergent vers une même limite qu’on note par `.
Il suffit alors de montrer que f (l) = 0 : comme f est continue en l ∈]a, b] on a
D’après (*) on a ∀n ∈ N, f (an ) ≤ 0, donc la proposition 2.4.2 implique que f (l) ≤ 0. De même,
f (bn ) > 0 implique que f (l) ≥ 0. On déduite que f (l) = 0. On pose ξ = ` et on a bien ξ ∈]a, b[
(car f (ξ ) = 0 6= f (a), f (b)), et f (ξ ) = 0, ce qu’il fallait démontrer.
Remarque Si aux hypothèses du théorème 6.4.1, on rajoute que f est strictement monotone sur
I alors le c du théorème est unique. Pour le voir supposons qu’on a deux solutions distinctes :
c1 , c2 ∈]a, b[ tel que c1 < c2 et f (c1 ) = f (c2 ) = 0. La monotonie de f implique que f (c1 ) < f (c2 )
(ou le contraire), ce qui est impossible.
Remarque 1. La méthode que nous avons employée pour démontrer le théorème des va-
leurs intermédiaires s’appelle dichotomie (« couper en deux »). Voir la remarque qui suit la
proposition 3.3.1 sur l’existence de la racine n-ième.
2. La proposition 3.3.1 sur l’existence d’une racine N-ième est un cas particulier du théorème
des valeurs intermédiaires et les démonstrations qu’on a donnés pour ces deux résultats sont
similaires. Notons qu’on a utilisé dans la démonstration de la proposition 3.3.1 la continuité
de la fonction x → xN d’une façon implicite. Savez-vous où ?
3. On peut obtenir la proposition 3.3.1 de l’existence d’une racine N-ième comme corollaire du
théorème des valeurs intermédiaires :
Corollaire 6.4.2 Soient N ∈ N, N ≥ 2 et x0 ∈]0, +∞[, alors il existe un unique réel r tel que
rN = x0 .
Preuve. Exercice.
Le résultat suivant sur la composition des limites n’a pas d’analogue pour les suites :
Proposition 6.5.2 Soit f : I → J une fonction réelle définie sur un intervalle I à valeurs dans un
intervalle J et g : J → R une fonction définie sur J. Soient a ∈ I et b ∈ J. Si f a comme limite b
en a et si g a comme limite l en b, alors la fonction composée g ◦ f a comme limite l en a :
lim f (x) = b
x→a
⇒ lim g( f (x)) = `.
lim g(y) = ` x→a
y→b
Preuve. Exercice.
Preuve. Exercice. Pour (1) on peut utiliser la proposition 6.5.1. On pourrait aussi utiliser les suites
(voir exercice 6.4). Pour (2) on peut utiliser (1)
Bien sur, si a 6∈ I ces deux définitions sont équivalentes, mais au cas ou a ∈ I il y a une différence :
6.7 Exercices 91
1. Dire que f admet une limite en un point a ∈ I au sens de la définition (∗) est équivalent à dire
que f admet une limite au point a ∈ I au sens de la définition (∗∗) et que cette limite vaut
f (a). En effet, la proposition 6.1.3 montre que si la limite en a existe au sens de la définition
(∗) alors cette limite ne peut être que f (a). Si on adopte la définition (∗∗) on peut avoir une
fonction f dont la limite en a existe mais est différente de f (a) comme le montre l’exemple
suivant :
2. Soit f : R → R la fonction définie par
(
0 si x 6= 0
f (x) := .
1 si x = 0
de l’exercice 6.2. On a vu que, avec notre définition (∗), la limite n’existe pas en 0. Si par
contre on avait adopté la définition (∗∗) alors on aurait dit que la limite existe et est égale à 0.
3. Pour que la définition de la continuité d’une fonction f : I → R en un point a ∈ I soit indépen-
dante du choix de la définition de la limite d’une fonction, il faut modifier la définition 6.1.4 :
une fonction f est continue en a si f admet une limite en a et si cette limite est f (a).
4. Considérons encore une fois la fonction de l’exercice 6.2 qui n’est pas continue en 0. Si on
utilise la définition (∗) on dit qu’elle n’est pas continue en 0 car la limite en 0 n’existe pas et
si on utilise la définition (∗∗) on dit qu’elle n’est pas continue en 0 car bien que la limite en 0
existe, cette limite ne vaut pas f (0).
5. Pour que les résultats énoncés dans ce chapitre restent valides, il faut remplacer une hypothèse
comme « f a une limite ` en a ∈ I » par « f a une limite ` en a ∈ I et si a ∈ I cette limite est
f (a) » (c’est-à-dire que f est continue en a).
6.7 Exercices
Exercice 6.1 Soient I un intervalle, f : I → R une fonction définie sur I, a ∈ I et ` ∈ R. Dire
ce que signifie que f ne tend pas vers ` lorsque x tend vers a. Dire ce que signifie que f n’admet
pas de limite en a.
Exercice 6.3 1. Montrer en utilisant une étude de fonction que ln(x) ≤ x pour x > 0.
√
2. En déduire que ln(x) ≤ 2 x, pour x ≥ 1.
ln(x)
3. En déduire que lim = 0.
x→+∞ x
ln(n) n
4. En déduire que lim = 0 et lim n = 0.
n→+∞ n n→+∞ e
Exercice 6.4
1. Montrer en utilisant une propriété des suites convergentes du chapitre 2 que si la suite
(un ) converge vers un réel ` alors la suite (u2n ) converge vers `2 .
2. En déduire que la fonction f2 : R → R définie par x 7→ x2 est continue.
3. Montrer avec la même méthode que pour tout N ∈ N \ {0} la fonction fN : R → R définie
par x 7→ xN est continue.
(La même méthode montre que les polynômes sont continues sur R ainsi que les fractions
92 Chapitre 6. Limites de suites et limites de fonctions
Exercice 6.5 Soit a ≥ 0. Étudier (en utilisant le logarithme) la convergence de la suite (un )
définie par :
1 1
(a) ∀n ∈ N \ {0}, un = a n ; (b) ∀n ∈ N \ {0}, un = n n .
Exercice 6.6 Étudier la convergence de la suite (un ) définie pour tout n ∈ N, n ≥ 2 par :
nn 1
(1) un = (2) un = 3 − sin2 (n) n
en
n2 1 n
(3) un = exp (4) un = 1 +
−2 + cos n n
1 2n
(5) un = (3n + en ) n (6) un = cos ;
n!
(−1)n
1
(7) un = (ln(n)) n (8) un = cos(n) sin √
n
n3 + 3n n2
(9) un = (10) un = 1 + e−n
5n + n ln n
Exercice 6.7 Soit α un réel > 0. Trouver en fonction de α la limite éventuelle de la suite de
terme général
1 n
un = 1 + α .
n
Exercice 6.8 Soit u une suite réelle quelconque. Montrer que les suites (an ), (bn ) et (cn )
définies pour n ≥ 1 par
1 un 1
an = un ln 1 + , bn = , cn = un sin
n n n
Exercice 6.9 Soit u une suite réelle strictement positive qui converge vers 0, et soit f :]0; +∞[→
R une fonction vérifiant limx→0 f (x) = +∞. Montrer « à la main » (c’est-à-dire à partir des
définitions) que limn→+∞ f (un ) = +∞.
Vrai ou faux
Exercice 6.10 Décider pour chaque énoncé s’il est vrai ou faux. Justifier votre réponse par un
court argument ou un contre exemple.
1. La suite (un ) définie par
1 n
∀n ∈ N \ {0}, un = 1 −
n
tend vers 1.
9
2. (Extrait d’un examen de 2011/2012.) Soit (un )n∈N une suite à valeurs dans [0, 10 ], alors la
6.7 Exercices 93
Exercices supplémentaires
Exercice 6.11 Soit f une fonction réelle définie sur R+ . On suppose que la fonction f (x) sin(x)
a une limite (finie ou infinie) lorsque x tend vers +∞.
1. Montrer que cette limite est nulle.
2. Peut-on en déduire que f tend vers 0 en +∞ ?
3. Même question en supposant f continue.
4. Même question en supposant que f a une limite (finie ou infinie) en +∞.
(Suggestion : utiliser des suites).
L’étude de cette suite, qui est aussi connue sous le nom de suite de Héron, est proposé dans
l’exercice 7.9.
Intervalles stables
Définition 7.2.1 Soit I ⊂ R un intervalle contenu dans le domaine de définition d’une fonction
f réelle (donc f est définie pour tout x ∈ I). On dit que I est un intervalle stable par f si on a
f (x) ∈ I pour tout x ∈ I.
Remarque Dire que I est un intervalle stable par f signifie tout simplement que f définit (par
restriction) une application de I dans I. On pourrait remplacer I par un sous-ensemble quelconque
de R, mais pour les applications, nous n’aurons besoin que d’intervalles stables par f .
√
Exemple 1. Soit f : R+ → R la fonction +
√par f (x) = 3x, pour tout x ∈ R . 0 < x < 3
√ définie
implique que 0 < 3x < 9, donc 0 < 3x < 9 = 3 (proposition 1.2.5), donc ]0, 3[ est un
intervalle stable par f . Notons qu’on peut même montrer que f (]0, 3[) = ]0, 3[, mais cela
n’est pas nécessaire pour nos besoins. Les intervalles [0, 3[, ]0, 3] et [0, 3] sont aussi des
intervalles stables. De même, [3, +∞[ et ]3, +∞[ sont des intervalles stables. Les intervalles
[0, 0] = {0} et [3, 3] = {3} sont aussi stables puisque f (0) = 0 et f (3) = 3 mais on parlera
alors plutôt de points fixes de f (voir définition 7.2.3).
2. Soit f : R → R la fonction définie par f (x) = x − x2 , pour tout x ∈ R. Le tableau de variations
montre que f est croissante sur [0, 1/2], décroissante sur [1/2, 1] avec f (0) = f (1) = 0 et
f (1/2) = 1/4, donc f ([0, 1]) = [0, 1/4] ⊂ [0, 1], donc [0, 1] est un intervalle stable par f .
Preuve. L’unicité est facile à montrer : si (un )n∈N et (u0n )n∈N vérifient les conditions voulues, alors
on voit tout de suite, par récurrence sur p, que u p = u0p pour tout p.
Esquissons la preuve de l’existence, qui est un peu plus subtile qu’il n’y paraît. Pour chaque
entier p ∈ N, notons Σ p l’ensemble des « solutions partielles de rang p » du problème, c’est-à-dire
7.2 Intervalles stables, points fixes 97
l’ensemble des suites finies s = (s(0), . . . , s(p)) vérifiant s(0) = a et s(k +1) = f (s(k)) pour tout k <
p (ce sont les conditions 1 et 2 limitées aux entiers < p). On montre alors (facilement) par récurrence
sur p que Σ p a un unique élément, que l’on peut donc nommer, disons s p = (s p (0), . . . , s p (p)). De
plus, il est clair que pour tout k ≤ p, la suite (s p (0), . . . , s p (k)) appartient à Σk et est donc égale à
(sk (0), . . . , sk (k)). Autrement dit, s p (k) (qui a un sens dès que p ≥ k) est indépendant de p. Si l’on
pose un := sn (n) pour tout n ∈ N, on vérifie alors que la suite (un )n∈N vérifie les conditions 1 et 2
de l’énoncé.
Points fixes
Définition 7.2.3 Soient I un intervalle de R, f : I → I une application et x0 ∈ I tel que f (x0 ) = x0 .
On dit alors que x0 est un point fixe de f .
Remarque La proposition dit que les seules limites possibles pour (un ) sont les points fixes de
f . Elle ne dit rien sur la convergence de la suite (un ). En revanche, on a vu (lemme 2.4.5) que la
condition que ` ∈ I est automatique si I est un intervalle fermé.
Preuve. Supposons que (un ) converge vers ` ∈ I. On calcule la limite de la suite (vn ) = (un+1 )
de deux manières différentes : d’une part on a que (vn ) = (un+1 ) est une sous-suite de (un ) et
donc converge aussi vers `. D’autre part on observe que (vn ) = (un+1 ) = ( f (un )), et comme f est
continue en `, le corollaire 6.1.7 implique que lim f (un ) = f (`), donc la suite (vn ) converge vers
n→+∞
f (`). On a donc bien f (`) = `.
L’exercice 7.2 a pour objet de montrer que si une fonction f est monotone sur un intervalle
dont les extrémités sont des points fixes de f alors cet intervalle est stable par f .
Un exemple « type »
Exemple (Nous allons utiliser cet exemple plusieurs fois dans ce chapitre.) Soit f : R → R
la fonction définie par f (x) = − x2 + 2x. Notons que les points fixes de f sont les solutions de
0 = f (x) − x = − x2 + x = −x(x − 1), donc 0 et 1. Nous allons montrer que l’intervalle I1 = ]0, 1[
est stable par f :
Version 1 : on peut écrire f (x) = −(x − 1)2 + 1, donc la courbe représentative est une parabole
de sommet (1, 1). Ceci implique que f est croissante sur ] − ∞, 1[ et donc sur I1 (ce qu’on peut
aussi voir avec un tableau de variation). Comme on a f (0) = 0 et f (1) = 1 on déduit que I1 est un
intervalle stable par f . (voir aussi exercice 7.2.)
Version 2 : tableau de variations.
Version 3 : calcul direct.
0<x<y<1 ⇒ −1 < x − 1 < y − 1 < 0
⇒ 0 < −(y − 1) < −(x − 1) < 1
⇒ 0 < (y − 1)2 < (x − 1)2 < 1
⇒ −1 < −(x − 1)2 < −(y − 1)2 < 0
⇒ 0 < −(y − 1)2 + 1 < −(x − 1)2 + 1 < 1
Nous avons montré que 0 < x < y < 1 implique que 0 < f (x) < f (y) < 1, et donc que f est
(strictement) croissant sur I1 = ]0, 1[, et que I1 est stable par f .
98 Chapitre 7. Suites définies par une formule de récurrence
On montre de même que f est croissant sur I2 = ] − ∞, 0[ et que I2 est stable par f . On sait
alors (proposition 7.2.2) que pour tout choix de u0 ∈ I1 (resp. u0 ∈ I2 ), la relation de récurrence
∀n ∈ N, un+1 = f (un ) définit une suite à valeurs dans I1 (resp. I2 ) et que si la suite converge alors
les seules limites possibles sont 0 et 1 (proposition 7.2.4). Par contre on ne sait encore rien sur la
convergence d’une telle suite.
Preuve. Considérons le cas u0 ≤ u1 (le cas u0 ≥ u1 est analogue) et démontrons par récurrence
que ∀n ∈ N, l’énoncé un ≤ un+1 (qu’on note par P(n)) est vrai : P(0) est vrai par hypothèse.
Supposons que pour un n ∈ N, P(n) est vrai : un ≤ un+1 . Le fait que f est croissant implique alors
que f (un ) ≤ f (un+1 ), cet à dire un+1 ≤ un+2 et donc P(n + 1) est vrai. On a donc établi (par le
principe de récurrence) que un ≤ un+1 , pour tout n ∈ N, ce qui veut dire que u est croissante.
2 y =x
y = −x2 +2x
-1 -0.5 0.5 1 1.5 2 2.5
-1
-2
-3
Preuve. Notons d’abord que si f est décroissante alors g = f ◦ f est croissante : pour tout x, y ∈ I
tel que x < y on a f (x) ≥ f (y), donc f ( f (x)) ≤ f ( f (y)), cet à dire f ◦ f (x) ≤ f ◦ f (y).
On pose (vn ) = (u2n ) et (wn ) = (u2n+1 ). On a
Dans le cas u0 ≤ u2 , on a v0 < v1 . On déduit de la proposition 7.3.1) que la suite des termes d’indice
pairs (vn ) est croissante. D’autre part, u0 ≤ u2 implique ( f est décroissante) que f (u0 ) ≥ f (u2 ),
c’est-à-dire u1 ≥ u3 , c’est-à-dire w0 ≥ w1 . On déduit de la proposition 7.3.1 que la suite des termes
d’indice impairs (wn ) est décroissante. Le cas u0 ≥ u2 est analogue.
Remarque Si f est continue, les limites éventuelles de (u2n ) et de (u2n+1 ) sont des points fixes de
f ◦ f et non de f : regarder l’exemple où u0 est un réel quelconque et où un+1 = −un .
Preuve. On sait (proposition 7.2.2) que ∀n ∈ N, un ∈ I. Notons que g(un ) = f (un ) − un = un+1 − un ,
donc si g est positive (resp. négative) sur I alors un+1 − un est positive (resp. négative) et donc u est
croissante (resp. décroissante).
Méthode quantitative
Parfois on arrive à estimer |un+1 − `| en fonction de |un − `|, où ` est un candidat limite, puis
par récurrence, en fonction de |u0 − `|. Supposons par exemple qu’il existe λ ∈ [0, 1[ tel que
Preuve. On a |un+1 − `| = | f (un ) − f (`)| ≤ λ |un − `|. On en déduit (exercice 4.15) que |un − `| ≤
λ n |u0 − `|, et la suite u tend donc vers `.
7.4 Exercices 101
Remarque 1. Cette méthode ne dit rien sur la monotonie éventuelle de (un ), mais permet par
exemple de déterminer n pour que l’erreur |un − `| soit inférieure à un ε donné.
2. Dans un cours sur les fonctions dérivables on montre l’inégalité dite des accroissements finis
(qui est hors programme pour ce cours) : si f est dérivable sur I et ∀x ∈ I, | f 0 (x)| ≤ M, on
a pour tous x, y ∈ I : | f (x) − f (y)| ≤ M|x − y|. Si M < 1 les hypothèses de la proposition
précédente sont satisfaites.
On conjecture que ∀n ∈ N,
n
un − 1 = − (u0 − 1)2 . (∗)
Il est facile (et laissé comme exercice) de démontrer cette formule par récurrence.
Si u0 ∈ I1 = ]0, 1[, alors |u0 − 1| < 1 et on déduit de (∗) que la suite u tend vers 1. Cette
convergence est très rapide : si par exemple |un − 1| ≤ 10−p avec p ∈ N, alors |un+1 − 1| ≤ 10−2p .
On dit que la convergence est quadratique (en gros, le nombre de décimales exactes double à chaque
itération). De même, si u0 ∈ I2 = ] − ∞, 0[, on a |u0 − 1| > 1 et on déduit de (∗) que la suite u tend
(très rapidement) vers −∞.
7.4 Exercices
Exercice 7.1 On considère la suite u définie par un choix de u0 ∈]0, 3[ et la formule de
récurrence suivante : p
∀n ∈ N, un+1 = 3 · un .
1. Montrer par récurrence que un est bien définie et vérifie un > 0 pour tout n ∈ N.
2. Montrer que, pour tout n ∈ N, on a un < 3.
3. Montrer que u est une suite croissante.
4. En déduire que u converge. Déterminer sa limite.
Exercice 7.2 Soient I un intervalle et f : I → R une application qui a deux points fixes distincts
` et `0 dans I. Disons que ` < `0 . Si la restriction de f à l’intervalle [`, `0 ] est croissante alors cet
intervalle est stable par f . Si la fonction est strictement croissante sur [`, `0 ] alors l’intervalle
]`, `0 [ est stable par f .
2x + 3
f (x) = , x ∈ [0, +∞[.
x+4
On définit une suite u = (un )n∈N par u0 = 0 et la relation de récurrence un+1 = f (un ).
1. Déterminer les points fixes de f .
2. Calculer u1 et montrer par récurrence que ∀n ∈ N \ {0}, 0 < un < 1.
102 Chapitre 7. Suites définies par une formule de récurrence
Exercice 7.6 On considère la suite complexe (zn ) définie par une valeur initiale z0 ∈ C et pour
n ∈ N la relation de récurrence
1
zn+1 = (1 + i)zn + 2 − i.
2
1. En supposant que la suite z converge déterminer sa limite éventuelle qu’on note l.
2. On considère la suite w dont le terme général est wn = zn − l, n ∈ N. Montrer que la suite
w est une suite géométrique dont on déterminera la raison.
3. Étudier la convergence des suites w et z.
4. Soient α, β des nombres complexes avec |α| < 1. En généralisant ce qui précède, montrer
que la suite complexe définie par un choix arbitraire de point initial z0 ∈ C et pour n ∈ N
la relation de récurrence zn+1 = αzn + β converge.
Exercice 7.7 Soient f la fonction de R dans R définie par f (x) = (1 − x)2 et (un )n∈N la suite
1
définie par u0 = et la relation de récurrence un+1 = (1 − un )2 .
2
1. Tracer soigneusement sur l’intervalle [0 , 1] le graphe de f et la droite d’équation y = x.
2. Calculer les six premiers termes de la suite et visualiser le début d’un colimaçon.
3. Montrer que [0 , 1] est un intervalle stable par f et que f est décroissante sur [0 , 1].
4. On pose g = f ◦ f . Montrer que [0 , 1] est un intervalle stable par g et que g est croissante
7.4 Exercices 103
sur [0 , 1].
5. Que peut-on en déduire pour les suites extraites (u2n )n∈N et (u2n+1 )n∈N ?
6. La suite (un )n∈N converge-t-elle ?
Exercices supplémentaires
Exercice 7.9 — Algorithme de Héron. Pour x ∈]0, ∞[, on pose
1 2
f (x) = x+ et g(x) = f (x) − x.
2 x
1. Déterminer le tableau de variation de f ainsi que le signe de g sur l’intervalle ]0, ∞[. Tracer
dans le même √ dessin les graphes de f et de la droite d’équation y = x.
2. Montrer
√ que ] 2, +∞[ est un intervalle stable par f . En déduire que pour tout choix de
u0 ∈] 2, ∞[ la relation de récurrence un+1 = f (un ) définit une suite u = (un )n∈N .
3. Montrer que la suite u est décroissante et convergente. Déterminer sa limite.
4. Montrer que, pour tout x > 0, on a
√
√ (x − 2)2
f (x) − 2 = ,
2x
et en déduire, pour tout n ∈ N, la majoration
√
√ (un − 2)2
|un+1 − 2| ≤ .
2
5. On choisit u0 = 2. Montrer par récurrence que, pour tout n ∈ N, on a
√ 1
|un − 2| ≤ n .
22 −1
(On note que cette majoration implique aussi la convergence de u.)
104 Chapitre 7. Suites définies par une formule de récurrence
√
6. Déterminer un entier N tel que pour n ≥ N, on ait |un − 2| < 10−4 . Même question pour
10−8 . √
7. Quel est le comportement de la suite si on choisit u0 ∈]0, 2[ ?
Exercice 7.10 À l’aide de la méthode de Newton, déterminer à 10−4 près la plus petite solution
strictement positive de l’équation tan(x) = x. (Utiliser une calculatrice pour le calcul de la
fonction tangente).
7.4 Exercices 105
0.8
y = −x2 +2x
0.6
y =x
0.4
0.2
F IGURE 7.2 – La suite un+1 = f (un ), avec f (x) = −(x − 1)2 + 1 et u0 = 0.1.
u2 u0
-10 -8 -6 -4 -2
y =x
-5
-10
-15
y = −x2 +2x
-20
F IGURE 7.3 – La suite un+1 = f (un ), avec f (x) = −(x − 1)2 + 1 et u0 = −0.8.
106 Chapitre 7. Suites définies par une formule de récurrence
1.4
y =x
1.2
1
y = −x2 +2x
0.8
0.6
0.4
0.2
0.5 1 1.5 2
u4 u0
F IGURE 7.4 – La suite un+1 = f (un ), avec f (x) = −(x − 1)2 + 1 et u0 = 1.8.
1.5
y =x
1
y = −x2 +2x
0.5
u1 u0
-2 -1 1 2 3
-0.5
-1
-1.5
-2
F IGURE 7.5 – La suite un+1 = f (un ), avec f (x) = −(x − 1)2 + 1 et u0 = 2.5.
III
Troisième partie
8.0 Motivation
Un exemple de développement décimal
Quel est le sens de 10/3 = 3, 3333 · · · ? Si on divise 10 par 3, on obtient à la première étape
10 1
= 3+ . (1)
3 3
En divisant les deux membres par 10, on obtient
1 3 1
= + , (2)
3 10 30
et donc
10 (1) 1 (2) 3 1 1
= 3+ = 3+ + = 3, 3 + . (3)
3 3 10 30 30
(C’est le résultat d’une division de 10 par 3 après deux étapes.) De même, si on divise (2) par 10,
on obtient
1 3 1
= + , (4)
30 100 300
et donc
10 (3) 3 1 (4) 3 3 1 1
= 3+ + = 3+ + + = 3, 33 + .
3 10 30 10 100 300 300
(C’est le résultat d’une division de 10 par 3 après trois étapes.) Si on itère ce procédé, on obtient
pour tout n ∈ N,
10 3 3 1
= 3+ +···+ n + .
3 10 10 3 · 10n
Posons pour tout n ∈ N,
n
3 3 3
Sn = 3 + + · · · + n = ∑ k = 3, 3| ·{z
· · 3} .
10 10 k=0 10 n fois
110 Chapitre 8. Séries numériques
10 1 1
Comme 3 − Sn = 3·10n et lim n = 0, on obtient
n→+∞ 3·10
n
10 3
= lim Sn = lim ∑ k .
3 n→+∞ n→+∞
k=0 10
Si on pose
∞ n
3 3
3, 3333 · · · = lim 3, 3| ·{z
· · 3} et ∑ 10k n→+∞ ∑ 10k ,
= lim
n→+∞
n fois k=0 k=0
alors on a ∞
10 3
= 3, 3333 · · · = ∑ k .
3 k=0 10
Notons qu’en partant de la suite ( 103 k )n∈N , nous avons construit la nouvelle suite (Sn )n∈N des
« sommes partielles », où Sn est la somme des n + 1 premier termes de la suite ( 103 k )k∈N . Nous
vérifierons ce calcul une fois que nous aurons introduit les séries géométriques (proposition 8.2.1).
Si on pose !
+∞ N
(−1)n xn+1 (−1)n xn+1
∑ n + 1 = n→+∞ lim ∑ n+1 ,
n=0 n=0
alors on peut écrire
+∞
(−1)n xn+1
∑ = ln (1 + x),
n=0 n+1
et on dit que le terme de gauche est un développement en série entière de ln (1 + x). Notons que l’on
peut aussi utiliser cette dernière égalité pour définir le logarithme népérien d’une façon relativement
élémentaire (on n’utilise que la notion de limite). La plupart des fonctions élémentaires permettent
une telle représentation.
converge (resp. diverge, tend vers +∞, tend vers −∞). On dit que (SN ) est la suite des
sommes partielles de la suite (un )n∈N .
2. Si la série converge on note sa limite par ∑+∞
n=0 un :
!
+∞ N
∑ un = N→+∞
lim SN = lim
N→+∞
∑ un .
n=0 n=0
8.1 Définition d’une série 111
+∞
On appelle alors ∑ un la somme de la série.
n=0
3. Si la série tend vers +∞ (resp. −∞) alors on écrit
+∞ +∞
∑ un = +∞ (resp. ∑ un = −∞)
n=0 n=0
Exemple d’une série télescopique Soit (un )n∈N\{0} la suite définie par
1
∀n ∈ N \ {0}, un = .
n(n + 1)
On observe que
1 1 1
∀n ∈ N \ {0}, = − ,
n(n + 1) n n + 1
si bien que
1 1 1 1 1 1 1 1 1
∀n ∈ N∗ , SN = 1 − + − + − + · · · + − + − .
2 2 3 3 4 N −1 N N N +1
Tous les termes de la somme disparaissent sauf le premier et le dernier (d’ou le nom de série
télescopique) ce qui nous donne
N
1 1
SN = ∑ n(n + 1) = 1 − N + 1 . (*)
n=1
On a limN→+∞ SN = 1, donc par définition la série de terme général un converge et sa somme est 1 :
+∞
1
∑ n(n + 1) = N→+∞
lim SN = 1.
n=1
(Voir la figure 8.1.) Pour démontrer rigoureusement la relation (∗) on peut procéder par récurrence,
mais on peut aussi utiliser un « changement d’indice » :
N N N N
1 1 1 1 1
SN = ∑ n(n + 1) ∑ n n + 1 = ∑ n − ∑ n + 1 .
= −
n=1 n=1 n=1 n=1
N N+1 N N
1 1 1 1 1 1
SN = ∑ n− ∑ m
= 1+ ∑ − ∑ −
n m N + 1
= 1−
N + 1
.
n=1 m=2 n=2 m=2
Remarque 1. Si deux suites ont tous leurs termes égaux à partir d’un certain rang n0 , les
sommes partielles des deux séries correspondantes diffèrent d’une constante C à partir du
rang n0 . Les deux séries sont donc de même nature (convergentes/divergentes). Autrement
dit la nature d’une série de terme général un ne dépend pas des premiers termes de la suite
(un ). (En revanche, si les deux séries convergent, leurs sommes diffèrent de la constante C.)
112 Chapitre 8. Séries numériques
SN
1
y =1
0.9
0.8
S4 = u2 + + u4
0.7
S3 = u2 + u3
0.6
0.5 S2 = u2
N
20 40 60 80
N
1
F IGURE 8.1 – La suite des sommes partielles SN = ∑ n(n − 1) , pour N = 2, . . . 90.
n=2
2. Une série (numérique – réelle ou complexe) est donc la donnée de deux suites u = (un )n∈N et
S = (SN )N∈N , liées par la relation
N
∀N ∈ N, SN = ∑ un .
n=0
3. En cas de convergence d’une série, la notion de « somme de la série » est une généralisation
de la notion de somme d’un nombre fini de termes. L’écriture ∑+∞ n=0 un n’est qu’une notation
et sa définition est bien la limite d’une suite de sommes partielles, c’est-à-dire d’une suite
dont le terme général est la somme d’un nombre fini (bien que de plus en plus grand) de
termes.
4. Dans les énoncés, la série est désignée par son terme général, alors que la suite des sommes
partielles est celle dont on étudie la convergence.
5. Par abus de notation on désigne parfois « la série de terme général un » par « la série ∑ un ».
On utilise donc le même symbole pour désigner la série et sa somme.
6. On peut aussi associer une série à une suite qui n’est définie que à partir d’un rang n0 ∈ N :
(un )n≥n0 . Dans ce cas la suite des sommes partielles est définie par
N
∀N ∈ N, N ≥ n0 , SN = ∑ un = un 0 + un0 +1 + · · · + uN .
n=n0
Exemples 1. Pour la suite (un )n∈N = (n)n∈N , on obtient (en utilisant l’exercice 1.11)
N
N(N + 1)
∀N ∈ N, SN = ∑ n = 0+1+...+N = ,
n=0 2
Nous vérifierons ce calcul une fois que nous auront introduit les séries géométriques (propo-
sition 8.2.1).
4. Soit (un )n∈N\{0} la suite
1 1 1 1 1 1 1 1 1
1, , , , ,··· , , ,··· , , ··· , n ,··· , n , ···
2 |{z}
4 4 |8 {z 8} |16 {z 16} |2 {z 2 }
2 fois 4 fois 8 fois 2n−1 fois
On a
1 1 1 1
S1 = 1, S2 = 1 + , S4 = 1 + + 2 = 1 + 2 ,
2 2 4 2
114 Chapitre 8. Séries numériques
1 1 1 1 1 1 1 1 1
S8 = 1 + + 2 + 4 = 1 + 3 , S16 = 1 + + 2 + 4 + 8 = 1 + 4 ,
2 4 8 2 2 4 8 16 2
et en général
1
∀n ∈ N, S2n = 1 + n .
2
La sous-suite (S2n )n∈N de la suite des sommes partielles (SN )N∈N tend donc vers +∞ ce qui
implique que la suite (SN )N∈N n’est pas majorée. Comme (SN )N∈N est une suite croissante
on déduit qu’elle tend vers +∞. Par définition, on aura donc ∑+∞ n=1 un = +∞. Notons que la
série de terme général un tend vers +∞ bien que la suite de terme général un tend vers 0.
5. Soit u la suite ((−1)n )n∈N . La suite (SN )N∈N vérifie
(
N
n N 1, si N pair
∀N ∈ N, SN = ∑ (−1) = 1 − 1 ± · · · ± (−1) =
n=0
| {z } 0, si N impair.
N+1 termes
La suite (SN ) diverge, donc par définition la série de terme général (−1)n n’est pas conver-
gente.
Dans le tableau suivant on a fait la liste des cinq des exemples considérés en comparant la
convergence (et la limite) de la suite (un ) et de la série correspondante. Pouvez-vous conjecturer un
rapport entre les deux ? Nous donnerons plus loin une réponse a cette question.
1 1 1 1 1 1 1 +∞
, , , , , , , ··· lim un = 0 ∑ un = +∞
2 4 4 8 8 8 8 n→+∞ n=1
1 1 1 1 1 1 +∞
, , , , , , ··· lim un = 0 ∑ un = 1
2 4 8 16 32 64 n→+∞ n=1
Série géométrique
Un autre exemple de série où l’on peut utiliser la définition de la convergence d’une série pour
établir sa convergence/divergence est le suivant :
Proposition 8.2.1 — Série géométrique. Soient q ∈ C et (un )n∈N = (qn )n∈N la suite géomé-
trique de raison q. Alors la série de terme général qn , n ∈ N converge si et seulement si |q| < 1 et
on a
+∞
1
∑ qn = 1 − q , si |q| < 1.
n=0
Preuve. Par définition, la série de terme général qn converge si et seulement si la suite des sommes
partielles dont le terme général est SN = ∑Nn=0 qn converge. Pour q = 1 on obtient SN = N + 1 (voir
8.3 Un critère de divergence d’une série. 115
(2) de l’exemple 8.2), donc la série diverge dans ce cas. Pour q 6= 1 on rappelle (proposition 4.7.2,
(5)) la relation suivante : si q ∈ C, q 6= 1, alors
1 − qN+1
∀N ∈ N, SN = 1 + q + . . . + qN = .
1−q
On en déduit que la suite (SN )n∈N converge si et seulement si |q| < 1 et dans ce cas on a
+∞
1 − qN+1 1
∑ qn = N→+∞
lim
1−q
=
1−q
.
n=0
ce qui confirme notre calcul du chapitre 8.0. (Pour la première égalité on a utilisé une
propriété de la limite : laquelle ?)
2. En utilisant la proposition 8.2.1 avec q = 1/2 on obtient
+∞ +∞
1 1 1
∑ 2k = ∑ 2k − 1 = 1 − 1 − 1 = 1,
k=1 k=0 2
Preuve. On démontre le contraposé. On suppose donc que la série converge, ce qui veut dire que
la suite des sommes partielles (SN )N∈N converge. Notons sa limite (la « somme » de la série) par
S : S = lim SN . Pour tout entier n, on a un = Sn − Sn−1 , donc la suite (un ) converge et sa limite est
N→∞
S − S = 0.
de l’exemple 8.2 (4) tend vers 0 alors que la série correspondante diverge (tend vers +∞).
Proposition 8.4.1 Soient λ un réel (ou un complexe) et (un ) et (vn ) deux suites de nombres
réels (ou complexes).
1. Si la série de terme général un converge, alors la série de terme général λ un converge et on
a
+∞ +∞
∑ (λ un ) = λ ( ∑ un ).
n=0 n=0
2. Si les deux séries de terme général un et vn convergent, alors la série de terme général
un + vn converge et on a
+∞ +∞ +∞
∑ (un + vn ) = ∑ un + ∑ vn .
n=0 n=0 n=0
8.5 Exercices
Exercice 8.1 Utiliser la définition de convergence d’une série pour décider si la série de terme
général un converge ou diverge, lorsque la suite (un ) est donnée par
Exercice 8.2 (Extrait d’un contrôle continu de 2011/2012.) Soit u = (un )n∈N une suite réelle
ou complexe.
1. Donner la définition de convergence de la série de terme général un .
2. On suppose maintenant que u est une suite complexe. Montrer que si la série de terme
général un converge alors la série de terme général Re(un ) converge, ou Re(un ) est la
partie réelle de un .
Exercice 8.3 Dans les deux cas suivants, montrer que la série de terme général (un )n∈N diverge :
n 1
(a) un = (−1) , n ≥ 0 (b) un = cos 2 , n ≥ 1.
n
Exercice 8.4 Dans chacun des cas suivants, montrer que la série de terme général (un )n∈N
converge et calculer sa somme :
1 1 1
(a) un = √ − √ , n≥1 (b) un = , n≥2
n n+1 n2 − 1
1
(c) un = ln 1 − 2 , n ≥ 2
n
(n−1)(n+1)
(Indication pour (c) : 1 − n12 = n2
.)
8.5 Exercices 117
Exercice 8.5 Pour quelles valeurs du nombre réel a la série de terme général (ena )n∈N est-elle
convergente ? Peut-on alors calculer sa somme ?
Exercice 8.6 Dans chacun des cas suivants, montrer que la série de terme général (un )n∈N
converge et calculer sa somme :
(−1)n+1 2n + 3n
(a) un = , (b) un =
5n 4n
Exercice 8.7 Étudier selon la valeur de θ ∈ [0, 2π[ la convergence et, le cas échéant, déterminer
la somme de la série de terme général
einθ
(a) ∀n ∈ N, un = .
2n
cos(nθ ) sin(nθ )
(b) ∀n ∈ N, vn = ; (c) ∀n ∈ N, wn = .
2n 2n
Exercice 8.8 Soient (un ) et (vn ) deux suites à termes quelconques. Montrer que si la série
∑(un + vn ) converge et si la série ∑(un − vn ) diverge alors les séries ∑ un et ∑ vn divergent.
(Indication : supposer pour arriver à une contradiction que une des deux séries converge, disons
∑ un . Montrer qu’on aurait alors que ∑ vn converge. Conclure.)
Vrai ou faux
Exercice 8.10 Décider pour chaque énoncé s’il est vrai ou faux. Justifier votre réponse par un
court argument ou un contre exemple. Soit (un ) une suite numérique réelle.
1. La série de terme général 1 converge.
2. Si un → 0 alors la série ∑ un converge.
3. Si un 6→ 0 alors la série ∑ un diverge.
4. Si la série ∑ un diverge alors la suite (un ) ne tend pas vers 0.
5. On suppose que un 6= 0, pour tout n. Si la série ∑ un converge alors la série ∑ 1/un diverge.
6. Si la série ∑ an et la série ∑ bn divergent alors la série ∑(an + bn ) diverge.
7. Si la série ∑ an converge et si la série ∑ bn diverge alors la série ∑(an + bn ) diverge.
8. Soit q un réel. Si q < 1 alors la série géométrique ∑ qn converge.
+∞
1
9. ∑ n = 2.
n=1 2
+∞
1
10. ∑ 3−n = .
n=1 2
n n−1
11. ∑ uk = ∑ uk+1 .
k=1 k=0
+∞ +∞
1 n
12. ∑ =∑ .
n=0 n! n=0 n!
Exercices supplémentaires
118 Chapitre 8. Séries numériques
Exercice 8.11 Soit u une suite réelle. On définit une nouvelle suite v par
(
0 si n est impair
n∈N −
7 → vn =
un/2 si n est pair.
Montrer que les séries ∑n un et ∑n vn sont de même nature et ont, le cas échéant, la même somme.
Exercice 8.12 Dans chacun des cas suivants, montrer que la série de terme général (un )n∈N
converge et calculer sa somme :
(−1)n 1
(a) un = , n≥2 (b) un = , n≥1
n2 − 1 n(n + 1)(n + 2)
1 1 n2 + 2n + 1
(c) un = (n + 1) n+1 − n n , n ≥ 1 (d) un = ln , n≥1
n2 + 2n
9. Séries numériques à termes réels positifs
Proposition 9.1.1 Une série à termes réels positifs converge si et seulement si la suite (SN ) de
ses sommes partielles est majorée. Si elle ne converge pas elle tend vers +∞.
Preuve. Par hypothèse, on a SN+1 − SN = uN ≥ 0, pour tout N ∈ N, donc la suite des sommes
partielles (SN ) est croissante. Le corollaire 4.3.2 dit que si la suite (SN ) est majorée alors cette
suite converge, et si la suite (SN ) n’est pas majorée alors cette suite tend vers +∞. Par définition
de la convergence d’une série, la série converge dans le premier cas et tend vers +∞ dans le
deuxième.
∀n ∈ N, n ≥ R, 0 ≤ un ≤ vn .
Preuve. (1) En remplaçant les premiers R termes des suites (un ) et (vn ) par 0, on obtient deux
nouvelles suites mais la nature (convergence/divergence) des séries correspondantes n’est pas
affectée par ce changement (voir la remarque après la définition 8.1.1). En faisant ce changement
(et en notant les nouvelles suites encore par (un ) et (vn )) on peut donc supposer qu’on a R = 0,
c’est-à-dire 0 ≤ un ≤ vn pour tout n ∈ N.
120 Chapitre 9. Séries numériques à termes réels positifs
On pose
N N
∀N ∈ N, SN = ∑ un ; SN0 = ∑ vn .
n=0 n=0
En vue de la proposition 9.1.1 il suffit de montrer que si la suite (SN0 ) est majorée, alors la suite
(SN ) est majorée. Or, cela se déduit de la relation
N N
∀N ∈ N, SN = ∑ un ≤ ∑ vn = SN0 .
n=0 n=0
(2) C’est la contraposée de (1).
Proposition 9.2.2 — Critère d’équivalence. Soient u et v deux suites à termes réels positifs.
Si les deux suites u et v sont équivalentes alors les deux séries de termes généraux un et vn sont
de même nature : l’une converge (resp. diverge, tend vers +∞, tend vers −∞) si et seulement
l’autre converge (resp. diverge, tend vers +∞, tend vers −∞).
Preuve. Par définition de l’équivalence de deux suites il existe une suite e = (en )n∈N qui converge
vers 1 tel que ∀n ∈ N, un = vn · en . En utilisant la proposition 2.4.1 avec λ = 3/2 et µ = 1/2, on
obtient l’existence d’un rang N0 ∈ N tel que pour n ≥ N0 on ait
1 3 1 3
≤ en ≤ , donc vn ≤ un ≤ vn .
2 2 2 2
Il suffit d’appliquer le critère de comparaison (proposition 9.2.1) pour conclure (u et v sont des
suites à termes réels positifs).
Exemples 1. Soit
2n − 1
un = n , ∀n ∈ N.
3 +1
n
Pour tout n ∈ N, on a 0 6 un 6 32 . Le terme de droite est le terme général d’une série
géométrique de raison 23 qui converge d’après la proposition 8.2.1 car | 23 | < 1. On utilise
alors le critère de comparaison (proposition 9.2.1) pour déduire que la série de terme général
un (positif) converge aussi.
2. Soit
2n + n
un = n , ∀n ∈ N.
3 −1
On a n
2n + n 2 1 + 2nn
un = n = , ∀n ∈ N.
3 −1 3 1 − 31n
Comme la suite (un ) est le produit d’une suite géométrique (de raison 23 ) et d’une suite
qui converge vers 1, elle est équivalente à cette suite géométrique. On utilise le critère
d’équivalence (proposition 9.2.2) pour déduire que la série de terme général un est de même
nature que la série géométrique de raison 23 . Comme 23 < 1 la série géométrique converge
(proposition 8.2.1) et donc a série de terme général un (positif) converge aussi.
3. La série (dite série de Riemann) de terme général
1
un = , ∀n ∈ N \ {0}
n
diverge. Pour le voir on peut comparer cette série à la série de l’exemple 4 de la page 113. En
utilisant à nouveau le critère de comparaison on peut voir que la série de terme général
1
vn = α , ∀n ∈ N \ {0}
n
diverge si α ≤ 1. Ce résultat fait partie du théorème 9.4.2 qui sera démontré plus loin.
9.3 Un critère de convergence : ∑ 2n u2n 121
Théoreme 9.3.1 Soit (un )n≥0 une suite à termes positifs. Si la suite (un )n≥0 est décroissante,
alors : ∞ ∞
∑ un converge ⇐⇒ ∑ 2n u2n converge
n=1 n=0
Preuve. On pose
N N
∀N ∈ N \ {0}, SN = ∑ un , ∀N ∈ N, TN = ∑ 2n u2 . n
n=1 n=0
D’après la proposition 9.1.1 il suffit de démontrer que la suite (Sn ) est majorée si et seulement si la
suite (Tn ) est majorée.
On a
S2k −1
= u1 + u2 + u3 + u4 + · · · + u7 + · · · + u2k−1 + · · · + u2k −1
|{z} | {z } | {z } | {z }
20 termes 21 termes 22 termes 2k−1 termes
= Tk−1 .
et
S2k
= u1 + u2 + u3 + u4 + u5 + · · · + u8 + · · · + u2k−1 +1 + · · · + u2k
|{z} | {z } | {z } | {z }
20 termes 21 termes 22 termes 2k−1 termes
u1
≥ 2 + u2 + 2u4 + 4u8 +···+ 2k−1 u2k
1
= 2 Tk .
(1) Supposons que la suite T soit majorée, disons par L. Soit n ∈ N \ {0} arbitraire. On choisit
k ∈ N tel que n ≤ 2k − 1, donc Sn ≤ S2k −1 ≤ Tk−1 ≤ L et la suite S est majorée.
(2) Supposons que la suite S est majorée, disons par L0 . Soit n ∈ N \ {0} arbitraire. On a
Tn ≤ 2S2n ≤ 2L0 et la suite T est majorée.
Preuve. Dans le cas α ≤ 0, le terme général n1α ne converge pas vers 0, et la série est donc
grossièrement divergente. Si α > 0 on applique le théorème 9.3.1 : la série de Riemann de terme
122 Chapitre 9. Séries numériques à termes réels positifs
1
général un = converge si et seulement si la série
nα
∞ ∞ ∞ ∞ ∞
1 n 1
n
∑ 2n u2n = ∑ 2n n α = ∑ 2 nα
= ∑ 2n(1−α)
= ∑ 21−α
n=0 n=0 (2 ) n=0 2 n=0 n=0
converge. Or, il s’agit d’une série géométrique de raison 21−α qui converge si et seulement si
21−α < 1, c’est-à-dire si et seulement si α > 1.
Remarque Dans la section suivante, nous donnerons une autre démonstration de ce théorème, qui
utilise une comparaison avec une intégrale.
Exemples 1. Soit
ln(n + 3)
un = , ∀n ∈ N \ {0}.
n
Pour tout n ∈ N \ {0}, on a un ≥ 1n ≥ 0. Comme la série harmonique est divergente (théo-
rème 9.4.2), le critère de comparaison (proposition 9.2.1) implique que la série de terme
général un est aussi divergente.
2. Soient α > 0 et
n
un = , ∀n ∈ N.
(n + 1) + (−1)n
α
En écrivant
n 1
un = α (−1)n ,
n 1+
α 1
+ nα
n
1
on voit que la suite (un ) est le produit de la suite v = nα−1 n∈N
et d’une suite qui converge
vers 1, et est donc équivalente à la suite v. Le critère d’équivalence (proposition 9.2.2)
implique (les deux suites sont à termes positifs) que la série de terme général un est de même
nature que la série de Riemann d’exposant α − 1. D’après le théorème 9.4.2, elle converge si
et seulement si α − 1 > 1, c’est-à-dire si et seulement si α > 2.
3. Soit
ln(n + 1)
un = , ∀n ∈ N.
(n + 1)2
Le problème ici est que le logarithme n’est équivalent à aucune puissance. On utilise alors le
fait que le logarithme tend vers +∞ moins vite que toute puissance positive, en particulier la
puissance α = 12 . On écrit
ln(n + 1) ln(n + 1) 1
un = 2
= 1 3 .
(n + 1) (n + 1) 2 (n + 1) 2
Le fait que
ln(n + 1)
lim 1 =0
n→+∞ (n + 1) 2
implique qu’à partir d’un certain rang on a
ln(n + 1) 1
1 <1 et donc 0 < un < 3 .
(n + 1) 2 (n + 1) 2
La série de Riemann d’exposant 32 converge ( 32 > 1, théorème 9.4.2) et majore celle de terme
général un , donc celle-ci converge aussi (critère de comparaison : proposition 9.2.1.)
9.5 Critères de Cauchy et de d’Alembert 123
4. Soit
1
un = √ , ∀n ∈ N.
n + 1 ln(n + 2)
Le fait que
ln(n + 2)
lim√ =0
n→+∞ n+2
implique qu’à partir d’un certain rang on a
ln(n + 2) 1 1
√ < 1, et donc >√ .
n+2 ln(n + 2) n+2
On déduit que
1 1 1 1 1
un = √ >√ √ = q q ∼ .
n + 1 ln(n + 2) n+1 n+2 n 1+ 1 1+ 2 n
n n
Preuve. (1) Supposons ` < 1 et choisissons un réel q tel que ` < q < 1 (par exemple q = `+1 2 ). La
proposition 2.4.1 montre qu’il existe un entier n0 tel que pour n ≥ n0 , on a uun+1
n
≤ q, soit un+1 ≤ qun .
On en déduit que
un
∀n ≥ n0 , un ≤ qn−n0 un0 = qn n0 .
q0
La série géométrique de terme général qn converge puisque 0 ≤ q < 1. Le critère de comparaison
(proposition 9.2.1) montre que la série de terme général un converge.
(2) Supposons ` > 1 et choisissons un réel q tel que 1 < q < `. On montre comme ci-dessus
qu’il existe un entier n0 tel que pour tout n ≥ n0 on ait un ≥ c qn , où c est une constante > 0. Comme
q > 1, on en déduit le résultat.
Remarque Comme on peut le voir lors de la démonstration, on dispose d’un résultat plus général :
s’il existe q ∈]0, 1[ tel que uun+1
n
≤ q, pour n assez grand, la série converge. Notons que si on a
un+1
un ≥ 1, pour n assez grand, alors alors la suite (un ) est croissante et donc ne peut pas tendre vers
0, donc la série diverge (grossièrement).
124 Chapitre 9. Séries numériques à termes réels positifs
Proposition 9.5.2 — Critère de Cauchy. Soit (un ) une suite à termes réels positifs. Supposons
qu’il existe ` ∈ R+ ∪ {+∞} tel que
√
lim n
un = `.
n→+∞
Alors
1. Si ` < 1, la série converge.
2. Si ` > 1, on a lim un = +∞ et la série diverge grossièrement.
n→+∞
Preuve. La démonstration se fait comme celle du critère de d’Alembert et est laissée comme
exercice (exercice 9.11)
Remarque Comme pour le critère de d’Alembert, on dispose d’un résultat plus général : s’il existe
√ √
q ∈]0, 1[ tel que n un ≤ q, pour n assez grand, alors la série converge. Si on a n un ≥ 1, pour n assez
grand, alors la suite (un ) diverge (grossièrement).
3n un+1 n un+1
Exemples 1. Si (un ) = ( n+1 ), on a ∀n ∈ N, un > 0 et un = 3 n+1 , donc lim = 3 > 1 ; la
n→+∞ un
série de terme général un diverge d’après le critère de d’Alembert. Notons qu’on peut aussi
observer que un 6→ 0 lorsque n → +∞, et donc la série diverge (grossièrement).
1 1 1 1
2. Si (un ) = ( (n+1)n ), on a ∀n ∈ N, un > 0 et (un ) n = n+1 , donc lim (un ) n = 0 ; la série de
n→+∞
terme général un converge d’après le critère de Cauchy.
1
Remarque 1. Il peut arriver que ( uun+1
n
) ou (un ) n n’ait pas de limite.
un+1 1
2. Lorsque lim = 1 (resp. lim (un ) n = 1), le critère de d’Alembert (resp. de Cauchy) ne
n→+∞ un n→+∞
permet pas de conclure. Voir par exemple le cas des séries de Riemann.
N
1
SN = ∑ nα , N ∈ N \ {0}
n=1
est majorée.
(ii) On va comparer la suite (SN )N∈N\{0} à la suite (IN )N∈N\{0} définie par
Z N
1
IN = dx, N ∈ N \ {0}.
1 xα
9.6 Comparaison avec une intégrale 125
(Notons en passant que l’existence de IN est assurée par le fait que la fonction fα : x 7→ x1α est
1
continue et donc intégrable.) La fonction fα : x 7→ α est décroissante sur R+ (parce que α > 0),
x
donc
1 1 1
≥ α ≥ , pour x ∈ [n, n + 1], ∀n ∈ N \ {0}.
nα x (n + 1)α
En intégrant on obtient
Z n+1 Z n+1 Z n+1
1 1 1
dx ≥ dx ≥ dx, ∀n ∈ N \ {0}.
n nα n xα n (n + 1)α
| {z } | {z }
1 1
nα (n + 1)α
Notons que le terme de gauche est SN−1 , le terme du milieu est IN et le terme de droite est
N−1 N
1 1
∑ = ∑ = SN − 1,
n=1 (n + 1)α
m=2 m
α
On voit donc que la suite (SN ) est majorée si et seulement si la suite (IN ) l’est.
(iii) On va évaluer IN . Notons que
1
N 1−α − 1 , si α 6= 1;
Z N
IN = x−α dx = 1 − α
1
ln(N), si α = 1.
On en déduit que
+∞,
si α ≤ 1;
lim IN =
N→+∞ 1 , si α > 1.
α −1
Si 0 < α ≤ 1, alors la suite (IN ) tend vers +∞, donc n’est pas majorée. Si α > 1 la suite (IN )
converge, donc elle est majorée. Ainsi, la suite (IN ) est majorée si et seulement si α > 1.
(iv) Conclusion. On a vu en (iii) que la suite (IN ) est majorée si et seulement si α > 1, donc
d’après (ii) la suite (SN ) est majorée si et seulement si α > 1, donc d’après (i) la série de Riemann
d’exposant α converge si et seulement si α > 1.
Remarque Pour α > 1, on obtient (par passage à la limite dans (9.1)) l’encadrement
+∞
1 1 1
≤ ∑ nα ≤ 1+ .
α −1 n=1 α −1
La démonstration précédente peut être adaptée pour donner une démonstration de l’énoncé
suivant :
126 Chapitre 9. Séries numériques à termes réels positifs
Théoreme 9.6.1 — Comparaison avec une intégrale. Soit f : [1; +∞[→ R une fonction
continue, décroissante, et positive. La série de terme général f (n) converge si et seulement si la
suite des intégrales Z N
IN := f (x) dx
1
a une limite finie lorsque N tend vers +∞.
1
, n≥2
nα (ln n)β
(dite série de Bertrand) converge si α > 1 (β arbitraire) et si α = 1 et β > 1. Sinon, elle diverge.
(Voir les exercices 9.6 et 9.9 pour le cas α = 1.)
9.7 Exercices
Critères de comparaison et d’équivalence
Exercice 9.1 Soient (un ), (vn ) et (wn ) trois suites réelles telles que
∀n ∈ N, un ≤ vn ≤ wn .
1. Montrer qu’on a
∀n ∈ N, 0 ≤ vn − un ≤ wn − un .
2. Montrer que si les séries ∑ un et ∑ wn convergent alors la série ∑ vn converge.
Exercice 9.6 — Série de Bertrand. Soit β ∈]0, +∞[. Montrer que la série de terme général
1
, n≥2
n(ln n)β
nn a n2 nln(n)
(d) (e) 1 + (f)
4n n! n (ln(n))n
en + e−n √ √
n
(g) (h) un = n ln √n+1
an
Exercice 9.8 Étudier la nature des séries dont le terme général est :
r
n + cos n 1 ln(n)
(a) 3 (b) ln 1 + 2 (c)
n +1 n n
(sin(n))2 1 nn
(d) (e) 1 (f)
n2 n×n n (n + 1)(n + 2) . . . (n + n)
√
n − 1 2n
1
n ln(n) dt
Z
n
(g) (h) 2 (i)
n+1 n +1 0 1 + tn
un+1 1
∀n ∈ N, ≤ .
un 2
Montrer en adaptant la démonstration du critère de d’Alembert (proposition 9.5.1) que la série
de terme général un converge.
Exercice 9.11 Donner une démonstration du critère de Cauchy (proposition 9.5.2) en adaptant
la démonstration du critère de d’Alembert (proposition 9.5.1).
Exercice 9.12 Soit a un réel strictement positif. On définit une suite u par : u0 = a, un+1 =
un
un − 1+u n
pour tout n ∈ N.
1. Montrer que la suite u est bien définie, strictement positive et strictement décroissante.
2. Montrer que la suite u est convergente et déterminer sa limite.
3. En déduire que la série de terme général un est convergente.
Vrai ou faux ?
128 Chapitre 9. Séries numériques à termes réels positifs
Exercice 9.13 Décider pour chaque énoncé s’il est vrai ou faux. Justifier votre réponse par un
court argument ou un contre exemple.
1. Une série numérique qui ne converge pas diverge vers l’infini.
2. Une série à termes positifs qui ne converge pas diverge vers l’infini.
3. (Extrait de l’examen de l’année 2011/2012.) Soit (un )n∈N une suite à termes strictement
positifs telle que
un+1
∀n ∈ N, < 1,
un
alors la série de terme général un converge.
4. Soit (un )n∈N une suite à termes strictement positifs telle que
un+1 1
∀n ∈ N, < ,
un 2
alors la série de terme général un converge.
5. (Extrait de l’examen de l’année 2011/2012.) Soient (un )n∈N et (vn )n∈N deux suites réelles
à termes strictement positifs telles que
un
lim = 2,
n→+∞ vn
alors la série de terme général un et la série de terme général vn sont de même nature.
1
6. La série ∑ 1 est une série de Riemann qui converge.
n1+ n
7. Soient (un ) et (vn ) deux suites à termes positifs tels que à partir d’un certain rang 0 ≤
un ≤ vn . Si la série ∑ vn diverge alors la série ∑ un diverge.
8. Soient (un ) et (vn ) deux suites a termes négatifs tels que à partir d’un certain rang
un ≤ vn ≤ 0. Si la série ∑ un converge, alors la série ∑ vn converge.
9. Soit (un ) une suite à termes positifs. Si la série ∑ un diverge, alors la série ∑ u2n diverge.
√
10. Soit (un ) une suite à termes positifs telle que la suite ( n un ) tend vers 3/4. Alors la série
∑ n3 un converge.
11. Soit (un ) une suite à termes positifs telle que la suite (n2 un ) tend vers 1, alors la série ∑ un
converge.
Exercices supplémentaires
Exercice 9.14 Soient a et b des nombres réels strictement positifs. On pose u1 = b, u2 = ab et,
plus généralement, u2n = an bn et u2n+1 = n n+1
a b .
un+1
1. À quelle condition la suite a-t-elle une limite ?
un
1
2. Calculer la limite de (un ) n . Montrer que si ab 6= 1, alors la règle de Cauchy permet
d’étudier la série de terme général un . Pour quelles valeurs de a et de b, la règle de
d’Alembert permet-elle d’étudier cette série ?
3. On suppose ab = 1. La série de terme général un est-elle convergente ?
Exercice 9.15 Le but de cet exercice est de démontrer le théorème 9.6.1 en adaptant la dé-
monstration du théorème 9.4.2 donnée dans la section 9.6. Soit f : [1; +∞[→ R une fonction
continue, décroissante, et positive. On pose
N Z N
SN = ∑ f (n), et IN = f (x) dx, N ∈ N \ {0}.
n=1 1
9.7 Exercices 129
1. Montrer (en adaptant la démonstration du théorème 9.4.2 donnée dans la section 9.6) que
∀n ∈ N \ {0}, SN ≤ IN ≤ SN+1 − 1.
2. Montrer que la série de terme général f (n) converge si et seulement si la suite des
intégrales Z N
IN := f (x) dx
1
a une limite finie lorsque N tend vers +∞.
Exercice 9.16 1. Soient ∑n un et ∑n vn deux séries à termes positifs. Montrer que la série
∑n max(un , vn ) converge si et seulement si les deux séries ∑n un et ∑n vn sont convergentes.
2. Trouver deux séries divergentes ∑n un et ∑n vn , à termes positifs, telles que min(un , vn ) = 0
pour tout n.
Exercice 9.17 Soit f : [1, +∞[→ R une fonction décroissante et positive. Pour tout entier n ≥ 1
Z n+1
on pose un = f (n) − f (t)dt.
n
1. Montrer que l’on a 0 ≤ un ≤ f (n) − f (n + 1) pour tout entier n ≥ 1. En déduire que la
série de terme général un est convergente.
2. Montrer que la suite de terme général (∑np=1 1p ) − ln(n) est convergente. En déduire que
l’on a
∑np=1 1p
lim = 1.
n→∞ ln(n)
10. Convergence absolue ; Séries alternées
Remarque Si l’on veut appuyer sur le fait que l’on parle de la convergence d’une série (comme
définie dans la section 8) et non de la convergence absolue, alors on utilise l’expression convergence
simple au lieu de convergence.
Proposition 10.1.2 Soit (un ) une suite complexe (ou réelle). Si la série de terme général un
converge absolument alors elle converge (simplement) et l’on a
+∞ +∞
∑ un ≤ ∑ |un | .
n=0 n=0
Preuve. Supposons d’abord que la suite u est réelle. Pour tout entier n, on note alors u+ n =
−
max(un , 0) la « partie positive » et un = max(−un , 0) la « partie négative » de un ; on a alors
0 ≤ u+ − + −
n ≤ |un | et 0 ≤ un ≤ |un |. Les séries ayant respectivement pour terme général un et un sont
donc convergentes d’après le critère de comparaison (proposition 9.2.1). Comme un = u+ −
n − un
pour tout n, le résultat s’obtient par la proposition 8.4.1.
Dans le cas général, on remarque que, pour tout n ∈ N, on a |Re(un )| ≤ |un | et |Im(un )| ≤ |un |
(proposition 5.1.1). Le critère de comparaison 9.2.1 entraîne donc que les séries de terme général
(réel) Re(un ) et Im(un )) sont absolument convergentes, donc convergentes d’après le cas réel établi
ci-dessus. Donc la série de terme général Re(un ) + i Im(un ) = un converge (proposition 8.4.1).
L’inégalité sur les sommes s’obtient en remarquant l’inégalité analogue pour les sommes
partielles
N N
∑ un ≤ ∑ |un |
n=0 n=0
132 Chapitre 10. Convergence absolue ; Séries alternées
qui est toujours vérifiée (inégalité triangulaire), puis en prenant les limites lorsque N tend vers
+∞.
Remarque 1. Notons que la convergence absolue d’une série de terme général un est définie
par la convergence (simple) d’une autre série, celle de terme général |un |.
2. La proposition précédente dit que si la série de terme général |un | converge, alors la série de
terme général un converge aussi.
(−1)n
3. La réciproque est fausse. La série harmonique alternée ∑ n’est pas absolument
n
convergente, mais on a déjà vu (exercice 3.6) qu’elle converge. Voir aussi exercice 1 de la
page 134.
Définition 10.1.3 Une série qui converge mais n’est pas absolument convergente est dite semi-
convergente.
un = (−1)n an , ∀n ∈ N,
ou bien
un = (−1)n+1 an , ∀n ∈ N.
La suite (an ) vérifie an = |un |, ∀n ∈ N.
Remarque Pour énoncer des propriétés sur les séries alternées, on peut se restreindre au cas d’une
série dont le terme général est (par exemple) un = (−1)n an , puisqu’une série alternée dont le terme
général est un = (−1)n+1 an vérifie (−1)n+1 an = − [(−1)n an ], ∀n ∈ N.
(−1)n
1. La série de terme général ln(1 + ).
n+1
(−1)n
2. La série harmonique alternée de terme général .
n
(−1)n
3. La série de terme général √ .
n + 1 ln(n + 2)
Proposition 10.2.2 — Critère spécial des séries alternées. Soit (an ) une suite réelle qui est
décroissante et qui converge vers 0, alors :
1. La série alternée de terme général (−1)n an converge.
2. Si on désigne sa somme par S, on a
N
|S − ∑ (−1)n an | ≤ aN+1 .
n=0
Preuve. (1) Notons que la démonstration suit la méthode de l’exemple 3.6. Par définition, la série
de terme général (−1)n an converge si et seulement si la suite des sommes partielles (SN ) définie
par
N
SN = ∑ (−1)n an , ∀N ∈ N
n=0
converge. En utilisant le fait que la suite (an ) est décroissante on obtient pour tout entier N ∈ N :
S2N+2 − S2N = a2N+2 − a2N+1 ≤ 0,
S2N+3 − S2N+1 = −a2N+3 + a2N+2 ≥ 0.
Donc la suite (S2N ) est décroissante et la suite (S2N+1 ) est croissante. Comme on a en plus
lim (S2N+1 − S2N ) = lim −a2N+1 = 0,
n→+∞ n→+∞
on constate que les deux sous-suites (S2N ) et (S2N+1 ) de (SN ) sont adjacentes. Elles ont donc
(théorème 3.2.2 des suites adjacentes) une limite commune S et on a vu (proposition 2.6.5) que
dans ce cas, la suite (SN ) converge aussi vers S.
(2) On a de plus
S2N+1 ≤ S2N+3 ≤ S ≤ S2N+2 ≤ S2N , ∀n ∈ N
d’où les inégalités
|S − S2N+1 | = S − S2N+1 ≤ S2N+2 − S2N+1 = (−1)2N+2 a2N+2 = a2N+2 ;
|S − S2N | = S2N − S ≤ S2N − S2N+1 = −(−1)2N+1 a2N+1 = a2N+1 .
Donc dans tous les cas on a
|S − SN | ≤ aN+1 ,
d’où le résultat.
+∞ N
Remarque 1. Si on approche la somme S = ∑ (−1)n an par SN = ∑ (−1)n an (le N-ième
n=0 n=0
terme de la suite des sommes partielles), la proposition précédente dit que l’erreur commise
est
+∞
n
|S − SN | = ∑ (−1) an ≤ aN+1 .
k=N+1
On dit que |S − SN | est le reste d’ordre N de la série.
134 Chapitre 10. Convergence absolue ; Séries alternées
2. Dans la proposition précédente il suffit d’assumer que la suite (an ) tend vers 0 et est dé-
croissante à partir d’un certain rang pour pouvoir conclure que la série alternée ∑(−1)n an
converge. Pour voir cela il suffit de remplacer les termes de la suite (an ) par un réel suffisam-
ment grand jusqu’au rang à partir duquel elle devient décroissante. On obtient alors une suite
qui est décroissante, mais la convergence de la série correspondante n’est pas modifiée.
Exemple Posons
(−1)n (−1)n
∀n ∈ N, n ≥ 2, vn = √ , wn = √ .
n + (−1)n n
1
1. La suite √ décroît vers 0, donc la série alternée de terme général wn converge.
n
1
2. La suite v = √ tend vers 0 mais n’est pas décroissante. Le critère spécial des
n + (−1)n
séries alternées (proposition 10.2.2) ne s’applique donc pas. On peut voir (exercice 10.4)
que la série de terme général vn ne converge pas. Il ne faut donc pas oublier l’hypothèse de
décroissance du critère spécial des séries alternées (proposition 10.2.2).
3. Dans le même exercice on montre que les deux suites (vn ) et (wn ) sont équivalentes mais
que les séries de termes généraux vn et wn ne sont pas de même nature. On voit donc que le
critère d’équivalence de la proposition 9.2.2 ne peut pas s’appliquer pour des séries à termes
généraux arbitraires.
et Z 1
SN = fN (t) dt.
0
1. Comme
N
1 − (−t)N+1
fN (t) = ∑ (−t)n = 1 − (−t)
n=0
on obtient
Z 1 Z 1 N+1
1 t
SN = dt + (−1)N dt =
0 1+t 0 1+t
Z 1 N+1
t
= ln 2 + (−1)N dt.
0 1+t
Comme
1 t N+1
Z 1 N+1 Z 1
t 1
Z
|(−1)N t N+1 dt =
dt = dt ≤ ,
0 1+t 0 1+t 0 N +2
on obtient
1
|SN − ln 2| ≤
.
N +2
On en déduit que la suite (SN ) converge vers ln 2.
2. On va évaluer SN d’une autre manière :
!
N N N
1 1 (−1)n
Z Z
SN = ∑ (−1)nt n dt = ∑ (−1)n t n dt = ∑ .
0 n=0 n=0 0 n=0 n + 1
L’exemple précédent peut être généralisé : pour N ∈ N, on pose (comme dans l’exemple)
N
fN (t) = ∑ (−1)nt n = 1 − t + t 2 + · · · + (−1)N t N ,
n=0
10.4 Exercices
Convergence absolue
136 Chapitre 10. Convergence absolue ; Séries alternées
Exercice 10.1 Le but de cet exercice est de réécrire la démonstration de la proposition 10.1.2
(la convergence absolue entraîne la convergence simple) dans le cas particulier de la série de
terme général
(−1)n
un = , n ∈ N \ {0}.
n2
1. Montrer que la série de terme général un est absolument convergente.
2. Déterminer, dans ce cas, u+ −
n = sup(un , 0) et un = sup(−un , 0).
3. Vérifier, dans ce cas, qu’on a 0 ≤ un ≤ |un |, 0 ≤ u−
+ + −
n ≤ |un |, et un = un − un , pour tout
n ∈ N \ {0}.
4. Montrer (en utilisant l’argument de la démonstration de la proposition 10.1.2) que la série
de terme général un converge (simplement).
(−1)n
Exercice 10.2 Soit (un ) une suite à termes quelconques qui est équivalente à la suite .
n2
Montrer que la série de terme général un converge absolument, et donc simplement.
Séries alternées
Exercice 10.3 Étudier la convergence et la convergence absolue des séries dont le terme général
est :
√
(−1)n n ln(n) (−1)n n + 1
(a) 2 (b) (−1) (c)
n + sin(n2 ) n n
√
(−1)n
n 1 sin( n)
(d) (−1) cos 2 (e) √ (f) sin
n n n n
1
Exercice 10.5 Montrer que la série alternée de terme général (−1)n √ converge en réécrivant
n
la démonstration du critère spécial des séries alternées (proposition 10.2.2) dans ce cas particulier.
(Voir aussi l’exercice 3.6.)
2. Utiliser le critère spécial des séries alternées pour démontrer la convergence de la série de
10.4 Exercices 137
terme général
n
(−1)n 1
un = ∑ .
n p=2 p
n an 1
(d) (−1)n (e) (−1)n , (a > 0) (f) √
ln n n! 2
n −n+5
√n n
2n + 3n 1 nn
(g) (−1)n √ n (h) (i)
n3 2 n!
1 · 3 · 5 · · · (2n − 1) 1 1
(j) (k) (l) n ln(1 + )
nn (1 + ln n)n n2
(−1)n √ √ 1
(m) (n) n+1− n (o) p
n2 + (−1)n 2
n + (−1)n n
n2
n−1 1
(p) (q) (sin θ )n (θ ∈ R) (r)
n 2+ 1n
n
n+3 1 2n + n2 + 3
(s) √ cos(n) (t) √ (u)
n5 + 1 n( n + ln n) en + n
sin(nθ )
(v) (θ ∈ R)
2n
Vrai ou faux ?
Exercice 10.8 Décider pour chaque énoncé s’il est vrai ou faux. Justifier votre réponse par un
court argument, un résultat du cours ou un contre exemple. Soit u une suite réelle.
1. Soit (un ) une suite équivalente à la suite ((−1)n √1n ), alors la série de terme général un
converge.
2. Soit (un ) une suite équivalente à la suite ((−1)n n12 ), alors la série de terme général un
converge.
3. Si la suite (an ) tend vers 0 mais n’est pas décroissante (à partir d’un certain rang) alors la
série alternée de terme général (−1)n an ne converge pas.
138 Chapitre 10. Convergence absolue ; Séries alternées
4. Soit (un ) une suite à termes positifs. Si la série ∑ un converge alors la série ∑ u2n converge.
5. Soit (un ) une suite à termes quelconques. Si la série ∑ un converge alors la série ∑ u2n
converge.
6. Soit (un ) une suite à termes positifs. Si la série ∑ un converge alors la série ∑ u2n converge.
7. Soit (un ) une suite à termes quelconques. Si la série ∑ un converge alors la série ∑ u2n
converge.
un+1
8. Si un 6= 0 pour tout n et si la série ∑ un converge, alors la suite a une limite
un
strictement plus petite que 1.
9. Soit (un ) une suite à termes quelconques. Si la suite (un ) est bornée, alors la série ∑ n12 un
converge.
10. Si la série ∑ un converge absolument, alors la série ∑ un sin(n) converge.
11. Soit (un ) une suite à termes positifs. Si la suite (un ) est équivalente à la suite ( n12 ) alors la
série ∑ sin(n)un converge.
Exercices supplémentaires
Exercice 10.9 Pour N ∈ N, on pose
N
fN (t) = ∑ (−1)nt n = 1 − t + t 2 + · · · + (−1)N t N ,
n=0