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• Les étrangleurs du CNRS

Suite de la page 55
d'augmentation. Elles ne se remettront jamais
de cette invasion. Les personnes engagées
n'avaient bien souvent aucune véritable for-
mation et, depuis des années, s'étaient spéciali-
sées dans des tâches de routine. Incapables de
se reconvertir, elles vont continuer à faire la
même chose. Les études sur la population im-
migrée étant fort à la mode dans les années 70,
la sociologie se retrouve avec vingt-cinq OS de
la condition immigrée et va continuer à pro-
duire, utiles ou pas, des recherches sur le même
thème. En outre, le rigorisme a succédé au
laxisme. Le recrutement, qui s'est fait hier par
pleins camions s'effectue désormais à l'unité.
Une ou deux pla ces chaque année. Pas plus. La
pyramide des âges est devenue aberrante, avec
des générations squelettiques succédant aux
générations pléthoriques. Tous les chercheurs
ont le même âge, la même ancienneté, c'est dire
qu'ils n'ont aucune possibilité de promotion.
C'est dire que l'on va assister à un vieillisse-
ment dramatique. Dans la section de sociologie
du CNRS, les moins de 40 ans ne devraient pas
dépasser 10 % en 1988. Une telle population,
sans avenir et sans créativité constitue une
clientèle pour le syndicalisme. (...] -
Le pluralisme règne encore au CNRS, c'est
fort heureux. Les deux syndicats dominants,
SNCS — prolongé par le SNESup pour les
« enseignants-chercheurs » et la CGT pour les undi-14 et Mardi 15 r; ioûrnées profeSSionnelles.
ingénieurs, techniciens, administratifs. (ITA) O uvert tous les jours de 10h à 19 h.
— et SGEN, ne s'opposent pas seulement entre d'urnes: Lundi 14 et Jeudi 17 jusqu'à 22 h. AIR AI
eux, ils doivent aussi compter avec la CGC, FO
et surtout les autonomes, les indépendants et,
depuis trois ans, le mouvement Qualité de la
Science, lancé en réaction contre la syndicratie
scientifique. [...] Bien que la syndicratie ait
perdu des points au cours des dernières années,
que ses adversaires aient fait une percée avec
Qualité de la Science, et que la séparation des
deux corps freine encore sa domination, c'est
Benedito
bien elle qui fait la loi dans la maison.
Ce pouvoir s'exerce d'abord au niveau du
recrutement, où les titres scientifiques sont de
plus en plus contrebalancés par les critères
syndicaux. Parmi ceux-ci, il en est qui ne
s'avouent pas : la couleur politique et l'appar-
tenance syndicale en particulier. Comment
pourraient-ils ne pas jouer dans des commis-
sions — rebaptisées « jury » — que domine
souvent une organisation politisée ? Un
conseiller de Maurice . Godelier, le directeur
des Sciences de l'Homme, déclara tout de go à
une candidate : se Pourquoi voulez-vous entrer
au CNRS alors que vous êtes catholique et de
droite ? » Le iropôs rapporté souleva une belle
indignation. Le conseiller fut renvoyé à ses
fouilles préhistoriqus.., mais il n'avait fait que
dire à haute voix une vérité connue de tous.
D'autres critères syndicaux s'affichent sans
gêne : les considérations sociales notamment.
Lorsque deux candidats sont en lice, on donne
le poste à « celui qui en a le plus besoin ». Au
cours de ces dernières années, les femmes au-
delà de 40 ans bénéficièrent ainsi d'une cote de expose du 15 octobre au 9 novembre 1985 à
faveur. Pour peu qu'elles soient divorcées avec
La Galerie du Prévôt
.

des enfants à charge, le concurrent masculin


devrait présenter un prix Nobel pour avoir la 8, rue du Prévôt - 75004 Paris
préférence. Pour la même raison, les agrégés
AMMn1n1n11.
(Tous les jours de 15h à 19h, sauf dimanche)
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