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Pirart - Avestique Yašta - 47527
Pirart - Avestique Yašta - 47527
PAR
É. PIRART*
RESUME
L'article discute les interprétations proposées par A. Panaino d'av. yasta- et
apporte, à partir de l'analyse de textes védiques et avestiques, une contribution
nouvelle à la définition technique d'un Yast.
Mots-clés: avestique, védique, philologie, yasta-, Yast.
ABSTRACT
The article is a discussion of A. Panaino's interpretations of av. yasta- and,
through the analysis of vedic and avestic texts, contributes to a new technical
definition of a Yast.
Key words: Avestan, Vedic, philology, yasta-, Yast.
Yt 15.56
yezi m∏m xyast¢m xk¢r¢nauuahi az¢m te xvacÇ framrauuani mazdadata…
«Si tu faisais (de) moi (un qui a été) honoré, je prononcerai[s] pour toi les
mots créés par Mazda…».
* Professeur. Langues et littératures orientales. Université de Liège. Place du 20-
Août, 32, bâtiment A8. B-4000 Liège.
1
Abréviations textuelles: F = Farhang i Oim, FrW = Fragments Westergaard, G =
Gah, H = Fragment du Hadoxt Nask, RS = ¤gvedasamhita de Sakalya, SBK = Satapa-
thabrahma∞a des Ka∞viya, V = Videvdad, Vr = Visprad, Vyt = Vistasp Yast, Y = Yasna,
Yt = Yast.
2
«Philologica avestica IV. Av. yastay- / yesti-; yasta-; phl. yast. Quelques rélexions
sur les titres des hymnes de l'Avesta», Studia Iranica 23, 1994, 163-185.
ista- est analysé comme l'adj. verbal de √yaz pour isto Y 56.1 (1275
sq.), istÇ Y 56.2 (1276)4, istasca Yt 13.152 (1276), mais cette analyse est
écartée pour ist≠m Y 40.4 (28) et istauuan†- Yt 7.5 (337) qui s'explique-
raient respectivement par √1is et √is.
yasta- est analysé comme l'adj. verbal de √yaz pour yasto Yt 8.43 et
V 19.40 (1276), yastÇ FrW 1.2 (1276), yastÇ Yt 10.32 (1277),
a+auua.fraiiasta- Y 71.6 (246), dar¢go.yasta-5 H 2.14 = Vyt 60 (absol.
o¢m 695), hufraiiasta- Vr 1.3,3,4, 2.6, Y 21.5, 61.1 (1278, 1830),
3
Altiranischen Wörterbuch, K. J. Trübner, Strassburg, 1904 [zusammen mit den
Nacharbeiten und Vorarbeiten, W. de Gruyter, Berlin — New York, 1979].
4
Passages étudiés par É. PIRART, Münchener Studien zur Sprachwissenschaft 52,
1991, 127-135.
5
J. DUCHESNE-GUILLEMIN, Études de morphologie iranienne I. Les composés de
l'Avesta, Bibliothèque de la Faculté de Philosophie et Lettres de l'Université de Liège,
1936 [abréviation utilisée: CA], 122.
6
Depuis la vérification entreprise par É. BENVENISTE, Mémoires de la Société de Lin-
guistique de Paris 23, 1935, 396.
yesti- est analysé comme le dérivé en -ti- de √yaz pour yasto Yt 15.56
(1280), as.fraiiesti- Yt 10.77 (264), as.yesti- Y 68.9 (265), duziiesti- Yt
10.108 (759), fraiiesti- Vr 3.7, 13.3, Y 19.21 (1018), hufraiiesti- Yt
10.77 (1830), hufraiiastaiiaeca Vr 9.37 (1830), huiiesti- Y 68.9,14, Yt
10.108 (1836). On y joindra yesti du syntagme aiiese yesti Y 2.1, etc.8
(1298).
7
Depuis la vérification entreprise par É. BENVENISTE, Les infinitifs avestiques, A.
Maisonneuve, Paris, 1935, 52.
8
Depuis la vérification entreprise par É. BENVENISTE, Les infinitifs avestiques, A.
Maisonneuve, Paris, 1935, 31.
9
Etymologisches Wörterbuch des Altindischen, Carl Winter-Universitätsverlag, Hei-
delberg, I. Band, 1986-1992; II. Band, 1992-1997 [abréviation utilisée: EWA].
10
Les textes vieil-avestiques, L. Reichert, Wiesbaden [abréviation utilisée: TVA], Vol.
III, 1991, ad Y 46.16, 48.8, 51.18.
l'étymologie de isti- par √is et lui avons préféré celle par √yaz. Je crois
que nous avons eu raison, mais cela ne veut pas dire que tous les iÒ†i-
védiques doivent suivre le même chemin: il est clair que certaines occur-
rences relèvent de 1I∑11. Je pense donc qu'il conviendrait de réexaminer
toutes les occurrences védiques de iÒ†i- et de iÒ†i-, mais le résultat de
pareille recherche ne devrait pas avoir d'influence sur le problème qui
nous occupe dans la mesure où l'existence de isti- dérivé de √yaz est
d'ores et déjà garantie par certains parallélismes.
11
É. PIRART, Les Nasatya. Volume I: Les noms des Asvin. Traduction commentée des
strophes consacrées aux Asvin dans le premier ma∞∂ala de la ¤gvedasamhita, Biblio-
thèque de la Faculté de Philosophie et Lettres de l'Université de Liège, 1995, 126, 282,
335 sqq.
12
Journal Asiatique 284, 1996, 37-108, p. 40 sq.
13
H. HUMBACH, Münchener Studien zur Sprachwissenschaft 9, 1956, 71 sqq.
Yt 1.9
yazaesa m∏m zaraqustra paiti +asne paiti xsafne yaso.b¢r¢tabiio zaoqra-
biio ... jasani te auua±haeca rafna±haeca az¢m yo ahuro mazdÇ…
«Il convient que tu m'offres le sacrifice, ô Zarat-ushtra, de jour comme de
nuit, au moyen de libations apportées en grande pompe. (C'est à cette
condition que) je viendrai à ton secours et à ton aide, moi Ahura Mazdâ»14;
Y 2.1
… im∏m zaoqr∏m aiiese yesti…
«je donne à cette libation toute sa pompe sacrificielle».
Y 68.9
… ... aca no jamiiÇ auua±´he as.yestica huiiestica hufrab¢r¢tica zaoqra-
n∏m ...
14
Cf. F 4, G 3.7. ||| asni est à corriger en +asne. ||| Les deux locatifs +asne et xsafne
sont du même type morphologique. Ce type ne convenant que pour les genres animés —
on attendait le correspondant du loc. véd. áhan —, il faut admettre qu'il y a eu alignement
générique du nt. azan- sur le fém. xsapan-. Semblable phénomène peut être constaté au
Yt 5.26 où v∏qba-, mot nt., devient fém. à cause de fsaoni-:… uiie fsaonisca v∏qbaca…
«deux choses: prairie et bétail».
«Puisses-tu venir à notre aide! Les libations qui vont être offertes n'ont-
elles pas été préparées en grande pompe, avec toute la pompe requise et
apportées très correctement?»;
Yt 10.77
aca qba zbaiiai auua±´he ... aca no jamiia† auua±´he as.fraiiastica zaoq-
ran∏m hufraiiastica xas.frab¢r¢tica zaoqran∏m xhufrab¢r¢tica… ...
«En disant «je t'appelle à l'aide», puissé-je faire en sorte qu'il vienne à
notre aide: les libations n'ont-elles pas fait l'objet d'une grande pompe, de
toute la pompe requise, d'une grande procession, de la procession requise
pour leur transport?»15;
Yt 10.108
ko m∏m yazaite ko druza† ko huiiesti ko duziiesti…
«Qui est prêt à m'offrir le sacrifice et qui à me tromper? Qui (à m'offrir
des libations) exemplaires? Qui (à me tromper) au moyen de (libations)
sans éclats?»16.
Il est possible que la racine √yas fasse allusion au coupage qui a pour
but de donner un aspect plus éclatant au liquide dont la libation va être
effectuée. C'est ce qui pourrait découler du Y 68.14:
… huiiesti tauua +ahurani afrinami ...
«Je fais la propitiation, ô (déesse rivière) femme d'Ahura, au moyen du
bon éclat que tu accordes (aux libations)»18.
§ 8. Quelques passages sont pourtant d'un autre type et font penser que
l'action de fra+√yas dénote une façon de produire le texte sacré:
Y 19.21
… ... ahunahe vairiiehe… frasraoqr¢mca framar¢qr¢mca fragaqr¢mca
fraiiastimca ... …
«la prononciation, la récitation, le chant et la Frayashti de l'Ahuna
Variya»;
Vr 3.7
… ... … staotan∏m yesniian∏m frasraoqr¢mca framar¢qr¢mca
fragaqr¢mca fraiiastimca ... …
«la prononciation, la récitation, le chant et la Frayashti des Stauta Yas-
niya»;
Vr 13.3
… ... tisran∏m hauruua.paoiriian∏m… frasraoqr¢mca framar¢qr¢mca fra-
gaqr¢mca fraiiastimca ... …
«la prononciation, la récitation, le chant et la Frayashti des trois…».
§ 9. Il est donc assez clair qu'il y a une yashti de certains textes comme
il en est une des autres ingrédients de la cérémonie sacrificielle dont les
libations sont l'exemple fréquent. Comme on va le voir, l'emploi de
l'adjectif verbal yasta- correspond parfaitement à cette situation, mais il
se dit aussi de quelques Yazata.
Dès lors, yasta-19 et ses composés ont toute chance de dériver de la
même racine √yas.
18
ahurane, en tant que vocatif de ahurani-, est à corriger en +ahurani.
19
L'occurrence du FrW 1.2 est probablement à écarter, yastÇ y étant apparemment la
corruption de yÇsca: mruidi vaco zaraqustra ahmak¢m yasnaica vahmaica ya† am¢+an∏m
sp¢n†an∏m yaqa te a±h¢n yastÇ apo yastÇ uruuarÇ yastÇ a+aon∏m frauua+aiio yastÇ mai-
niiauuaca yazata yaeca gaeiqiia fraqbarsta va±´hazdÇ a+auuano ... «Prononce les mots
pour le sacrifice et la mélodie que nous les Amrta Spanta nous offrons afin que t'appar-
tiennent les rivières, les plantes, les Fravrti des Rtavan, les Yazata Mânyava et les Yazata
Gaithiya qu'(Ahura Mazdâ) a déterminés sous forme de donneurs de richesses et qui
sont Rtavan!». Je corrige yastÇ apo yastÇ uruuarÇ yastÇ a+aon∏m frauua+aiio yastÇ
mainiiauuaca yazata yaeca gaeiqiia fraqbarsta en xxyÇsca apo yÇsca uruuarÇ yÇsca
a+aon∏m frauua+is mainiiauuaca yazata yaeca gaeiqiia mazdo.fraqbarsta.
20
La traduction qu'en donne PANAINO ne me semble guère acceptable: … paiti his
yastÇ visa±vha… «à ces (offrandes qui ont été) sacrifiées, viens!».
21
Sur l'emploi votif de l'opt. aor. de bu, KELLENS, Le verbe avestique, L. Reichert,
Wiesbaden, 1984 [abréviation utilisée: VA], 391, 392 n. 3. En védique, bhuy0Ì votif est
flanqué de la particule hi (RS 1.164.40, 6.47.26).
22
DUCHESNE-GUILLEMIN, CA 124: «instruit par l'appel».
23
BARTHOLOMAE admet un couple «Nahrung und Kleidung» (1868) pour ce passage
et plusieurs autres (1385). Il s'agit bien évidemment de la nourriture et du vêtement au V
3.19 (… aetÇ xvar¢qÇ xvaratu aetÇ vastrÇ va±hatu…) et dans tous les passages où il est
question d'un homme, mais, me semble-t-il, si la vache est présente (Y 10.20 et ici), il
vaut mieux considérer que vastra- est une variante graphique de vastra- «fourrage»
comme le suggère le V 5.20… xvar¢q¢mca naire a+aone vastr¢mca gauue hudDZ´he ... …
Au V 17.3, je pense aussi que vastra- est le fourrage: la vermine ne dévore pas les vête-
ments dans les garde-robes, mais le foin dans les fenils comme le grain dans les gre-
niers:… xrafstra… yaom yauuo.huua nizga±h¢n†i vastra vastrahuua .... Ici, la vache
pourrait être présente si l'on prête attention à la combinaison bizarre du singulier urune
avec le pluriel no. Je fais l'hypothèse que no est un duel (*nau) et que urune uuaem est
la réinterprétation du datif duel de uruuan-: *ruºa+bhîa > xuruuaeuue > xuruue.uuae(m)
> urune uuaem «pour nos deux âmes, la mienne et celle de la vache». ||| Je fais de
paro.asnai a±vhe un datif de temps «pour quand ce sera…». ||| paro.asna- est, pour moi,
l'adjectif tiré de l'avyayibhava de paro «au-delà de» et de astan- «os»: «pour quand ce
sera l'existence située au-delà de l'os». La morphologie de paro.asna- est exactement
parallèle à celle de véd. *paro'kÒ∞a-, doublet de paro'kÒa-, indirectement attesté par
parokÒ∞ay0 (SBK 4.5.4.11) «de façon que ce soit au-delà des yeux».
Y 61.1
… ye±´he.hat∏mca hufraiiast∏m fraesiiamahi †an†ar¢ca z∏m antar¢ca
asman¢m†…
24
La restitution de yim s'impose d'après H 1.3. ||| <dar¢go.>h∏m.parst¢mca avec BAR-
THOLOMAE (1809).
25
Voir J. KELLENS & É. PIRART, TVA II, 1990, 6.
«et nous envoyons entre ciel et terre la Ye±´he.hata qui est hufraiiasta»26.
Pas plus que les occurrences de hufraiiesti- + gén. d'un nom de texte,
celles de hufraiiasta- dit de textes ne sont guère utiles dans la détermi-
nation du sens exact de la racine √yas.
Y 71.6
vispaca dama mazdadata a+aonis yazamaide ya a+auua.data a+auua.fraq-
barsta a+auua.†kaesa a+auua.fraiiasta a+aoni a+auuabiio yahmiiaca
a+auuabiio ... …
«Nous offrons le sacrifice à tous les textes harmonieux que Mazdâ a com-
posés, textes composés pour les Rtavan, qui leur sont destinés, qui consti-
tuent la doctrine des Rtavan et qui sont fraiiasta par les Rtavan, des textes
harmonieux pour les Rtavan et pour les Rtavnî»27.
§ 13. Par contre, lorsque c'est un Yazata qui reçoit yasta- comme épi-
thète, les choses sont bien différentes. Deux passages rangent yasta-
dans une liste d'adjectifs verbaux en -ta- se rapportant au nom de la divi-
nité:
26
Le syntagme an†ar¢ca z∏m antar¢ca asman¢m, avec la double bizarrerie que consti-
tuent, d'une part, la coordination par oca de la préposition au lieu de celle de ses régimes
et, d'autre part, la répétition de cette préposition, se retrouvant au H 1.16, ne peut être
corrigé en an†ar¢ z∏m asman¢mca d'après le Y 68.15, Yt 8.8, 10.95, 13.13,43,44. La
solution proposée par BARTHOLOMAE (133) qui invente un adjectif an†ar¢ca- employé ici
à l'instr. adverbial est désespérée: sa seule valeur est de signaler le problème. ||| Jeu de
mots hufraiiast∏m fraesiiamahi.
27
Plusieurs incorrections et corruptions grevent ce passage dont j'ai renoncé à rétablir
directement l'allure, mais elle devait être, me semble-t-il, grosso modo celle-ci: vispaca
xdam∏n mazdadata a+aonis yazamaide ya a+auua.data a+auua.fraqbarsta a+auua.†kaesa
V 19.40
yasto xsnuto friqo paiti.zan†o sraoso a+iio…
«(Nous avons) yasta, satisfait, propitié et gagné à notre cause le pieux
Srausha»28;
Yt 8.43
tistrim star¢m… yazamaide yo vispais xnaenizaite simÇ… yezi aem bauuaiti
yasto xsnuto friqo paiti.zan†o ... …
«Nous sacrifions à l'astre Tishtriya, lui qui lave toutes les souillures pour
autant que, par ce sacrifice, nous l'ayons yasta, satisfait, propitié et gagné
à notre cause»29.
Il est ainsi assez clair que yasto, constituant une sorte de discours
direct tronqué, est à mettre entre guillemets:
«Si tu parviens à faire en sorte que je sois yasta, (satisfait [ou non
contrarié], propitié et gagné à ta cause), moi (Vrthragna), je prononcerai
pour toi les deux32 paroles composées par Mazdâ, qui apportent la féli-
cité et la guérison, afin que ne puissent plus te tenir tête ni Ahra Manyu
qui est capable de nombreuses destructions, ni le Yâtu, ni le Yâtumant,
ni le Daiva, ni le Martiya», littéralement: «Si tu me traites (en pensant
«Puisse-t-il être) yashta!», moi, je prononcerai…».
32
La correction proposée par KELLENS (Les noms-racines de l'Avesta, L. Reichert,
Wiesbaden, 1974, 271) est inutile si on fait de vaca l'acc. duel de vac- comme le suggère
la leçon vaca du ms. Pt1, quoique ce soit la copie de F1 sans l'aide du Khorde Avesta. La
graphie des adjectifs qui suivent est dès lors impeccable, elle aussi.
33
Études védiques et pa∞inéennes, Institut de Civilisation Indienne, Paris, [abréviation
utilisée EVP] Tome IX, 1961, 28.
§ 18. Ceci ne ruine pourtant pas l'analyse que PANAINO propose des
données moyen-iraniennes: il a tout à fait raison de souligner l'inter-
changeabilité des mots moyen-perses yast et yasn dans les titres donnés
aux textes34 qui devaient appartenir au livre de l'Avesta sassanide connu
sous le nom de Bagan Yast Nask et je partage son avis quand il distingue
yast de yasn comme étant en quelque sorte le contenant et le contenu: le
yast est le texte hymnique et le yasn l'acte rituel dont ce texte est l'ex-
pression ou la composante verbale. Pareille interchangeabilité impose de
voir dans le mot yast, que ce soit ou non via le supplétisme avec √yas, le
descendant d'un dérivé de la racine √yaz qui, phonétiquement, ainsi que
PANAINO le démontre, ne peut être que *yasta-. La contradiction entre le
recours à √yas pour l'explication de yasta- et à √yaz dans celle de
*yasta- > yast n'est ainsi guère gênante. Certes, *yasta- au sens de
«texte sacrificiel» n'est pas attesté dans l'Avesta, mais il faut tenir
compte de l'existence d'une autre paire de termes interchangeables que
yast et yasn, les étymons avestiques de laquelle sont attestés: stot <
staota- «texte de la louange de la divinité» et stom < staoma-35
«séquence rituelle consistant à louer la divinité», dans les titres de Hom
Stot et de Hom Stom que la tradition donne à l'ensemble des sections 9-
11 du Yasna36. Le fait que stot soit à stom ce que yast est à yasn garan-
34
Par exemple le Yt 10 appelé Mihr Yast et Mihr Yasn.
35
Attesté par le Yt 13.157 et aussi, mais indirectement, par a+a.staomiia- «relatif à la
louange de Rta» (Y 33.9) et staomaiiu- «qui convient pour la louange» (Y 10.18).
36
À distinguer soigneusement du Hom Yast qui est le Yt 20.
tit l'analyse sémantique que PANAINO donne de ces derniers mots, mais,
pour ce qui est de la morphologie, si *yasta- est formé comme staota-, il
n'est plus nécessaire de se demander comment on est passé du sens
adjectif «vénéré» du dérivé en -ta- au sens substantif «vénération»:
*yasta- est d'emblée un substantif dont le type morphologique est indi-
qué par la comparaison avec staota-. Tout comme kar¢ta- est l'instru-
ment servant à couper, *yasta- est celui servant à honorer la divinité.
§ 19. PANAINO s'interroge avec raison sur la syntaxe des titres des
Yast: «Sros Yast» est-il un composé si les zoroastriens d'Iran l'appel-
lent «Yast-e Sros»? D'autre part, s'il faut au contraire admettre deux
mots, a-t-on affaire au «Srausha vénéré» ou à la «vénération de Srau-
sha»? PANAINO montre que, malgré la graphie habituelle en deux mots,
le composé est préférable et que le second terme fait plus exactement
référence au texte qu'à la vénération: «texte servant à la vénération de
Srausha».
37
Quoiqu'en ignorant la discussion que j'ai consacrée à ce composé lors du congrès
de Bamberg (in B. F. Fragner et alii [edd.], Proceedings of the Second European Confe-
rence of Iranian Studies, Is.M.E.O., Roma, 1995, 556).
38
Sur le «cas de coïncidence», voir J. KELLENS, VA 219 sq., 221 nn. 1 et 2; in KEL-
LENS & PIRART, TVA II 68 sqq.
de Yast qui honore Mazdâ ou suite à la perte de celui qui avait dû exis-
ter39, il a été recouru à un texte relatant une conversation que Mazdâ et
Zarat-ushtra ont eue sur le pouvoir des noms du grand dieu: l'Ohrmazd
Yast.
§ 21. Ceci dit, la discussion devrait sans doute être étendue à d'autres
séries de titres de textes avestiques, mais je laisse cela pour une autre
occasion: à côté du Hom Stot et des Yast, je pense par exemple à ces
textes qui, parfois depuis l'Avesta lui-même, portent un nom formé sur
la racine √1da «instaurer»: le Videvdad ou data- vidaeuua- qui est le
cinquième dadig de l'Avesta sassanide, le Cihrdad qui en est le sixième
et le Damdad qui est le premier hadamansarig. Comment faut-il exacte-
ment analyser ces titres?
39
Voir P. O. SKJÆRVØ, Die Sprache 36, 1994, 234.