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ÉDITORIAL

Pierre Gibert

Centre Sèvres | Recherches de Science Religieuse

2005/4 - Tome 93
pages 491 à 492

ISSN 0034-1258

Article disponible en ligne à l'adresse:


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http://www.cairn.info/revue-recherches-de-science-religieuse-2005-4-page-491.htm
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Pour citer cet article :
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Gibert Pierre, « Éditorial »,
Recherches de Science Religieuse, 2005/4 Tome 93, p. 491-492.
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ÉDITORIAL

Retour sur un colloque :


La réception des Écritures inspirées
(28-30 juin 2004)
REVUE TRIMESTRIELLE
Recherches de Science Religieuse
14, rue d’Assas F-75006 Paris
Publiée avec le concours
S elon une tradition maintenant établie, le collo-
que biennal des RSR est préparé par un dossier
publié dans le premier numéro de l’année où il a
du Centre national du Livre lieu. Ainsi, nos lecteurs trouveront-ils dans la pre-
mière livraison de l’année 2006, numéro à paraître
Pierre Gibert,
rédacteur en Chef au mois de mars, ce dossier préparatoire au pro-
Christoph Theobald, chain colloque qui se tiendra à Paris les 28-30 juin
adjoint prochains, et qui aura pour thème « Le statut des
D. de Nanteuil,
secrétaire de rédaction énoncés dogmatiques hier et aujourd’hui ». Comme
nos lecteurs auront tout loisir d’en découvrir les
CONSEIL DE REDACTION propositions et directions de réflexion dans ce pre-
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Jean-Marc Aveline, mier numéro de 2006, nous réservons la présenta-

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Paul Corset, tion d’ensemble du colloque pour ce numéro.
François Euvé,
Michel Fédou, Mais tout colloque, aussi bien préparé soit-il, ne
Vincent Holzer, se réduit évidemment pas à une simple répétition
Jean Joncheray, orale des contributions du numéro préparatoire,
Bernard Sesboüé
même si ces contributions provoquent la réflexion à
BULLETINS CRITIQUES la fois des conférenciers et des participants dans les
Ecritures travaux de groupe ou les débats publics. Une autre
Ph. Abadie (Prophètes et Ecrits) lecture de ce numéro préparatoire, des points de vue
J.-N. Aletti (Paul), nouveaux, voire des accents originaux manifestent
O. Artus (Pentateuque), la réussite d’un colloque et les légitimes prétentions
P. Gibert (Livres historiques
et histoire de l’exégèse), qu’il a pu avoir d’apporter quelque chose à l’impor-
J. Miler (Synoptiques-Actes), tante question dont il avait à traiter.
M. Morgen (Jean), C’est sans aucun doute ce qui s’est produit en
A. Paul et K. Berthelot
(Judaïsme ancien)
juin 2004 à propos de « la réception des Écritures
inspirées ». Le numéro préparatoire (Tome 92/1,
Histoire de la théologie et des idées
janvier-mars 2004) avait rappelé en deux articles
M. Dulaey (Patristique latine),
Ph. Lécrivain (Moyen Age), historico-théologiques comment les Écritures
P. Olivier (Philosophie avaient été reçues comme inspirées des origines
et Christianisme), jusqu’à la fin du Moyen-Âge. Les deux articles
B. Sesboüé (Patristique grecque),
P. Vallin (Ecclésiologie)
honoraient ces origines et une tradition qui avaient
en quelque sorte lesté les Écritures d’un poids consi-
Théologies systématiques
dérable de légitimation et d’autorité, ce qui, avec
N... (Théologie des religions),
A. Ganoczy (Th. sacramentaire), des attendus différents, ferait aussi la réception
V. Holzer et J.-L. Souletie particulière sinon exclusive des Écritures au temps
(Théologie fondamentale), de l’Humanisme et de la Réforme protestante. Et en
G. Médevielle, Ph. Bordeyne et
A. Thomasset (Théologie morale),
termes contemporains, un philosophe, J.-L. Chré-
C. Theobald (Dieu-Christologie) tien, n’hésitait pas dans sa propre contribution à ce
même numéro à proposer, largement en écho de ces

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origines et de cette tradition, de « se laisser lire avec autorité par les Saintes
Écritures ».
Quelques rappels historiques marquaient cependant certaines ruptures, notam-
ment dans les thèses de théologiens contemporains, tel Karl Rahner. Mais l’essentiel
du propos restait à une tradition de réception et d’inspiration qui, tout en étant
reprise au cours du colloque, ne manquerait pas de solliciter le rappel d’autres
aspects des choses, résolument contemporains.
Ce sont ces autres accents et points de vue qui sont repris dans ce nouveau dossier
qui se veut certes en écho direct du numéro préparatoire, mais tout autant en écho
des débats et compléments qu’il inspira au cours du colloque.
Si Y.-M. Blanchard repart de la référence fameuse à 2 Tm 3,16 selon laquelle
« Toute Écriture est inspirée » non sans faire le détour par l’analyse linguistique,
J.-P. Sonnet rappelle les effets de la « perspective critique » qui paradoxalement
tendrait à étendre l’inspiration à une multitude d’intervenants, le plus souvent
anonymes. Richard Simon l’avait noté dès la seconde moitié du XVIIe siècle, posant
des problèmes à la réflexion théologique.
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Faut-il parler ici d’effets culturels nouveaux, voire de sécularisation de l’intelligence

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des Écritures ? Sans doute y a-t-il à prendre acte d’une tradition qui a déjà quatre
siècles d’exercice, et ne pas trop s’en tenir aux dernières décennies du XXe siècle. En
tout cas, selon Chr. Theobald, c’est bien « d’un nouveau positionnement de la Bible
dans la culture dont il s’agit aujourd’hui, et pas seulement d’une nouvelle manière de
la recevoir et de la lire », la « pratique ecclésiale de lecture... » devenant « une
pratique parmi d’autres ». Avec P. Gisel, ce sont donc deux théologiens qui prennent
acte de ce donné post-médiéval qui oblige à situer autrement les concepts de réception
et d’inspiration : dans un contexte culturel qui fait entrer le corpus biblique dans la
variété et la liberté d’une réception déconfessionnalisée des Écritures. Ainsi soumises à
toutes les lectures, et pas seulement à la seule qu’autoriserait ou légitimerait l’autorité
exercée sur les croyants et sur les communautés dont ils se réclament, s’imposerait
désormais, selon P. Gisel, « l’ordre ‘tiers’ d’une symbolisation religieuse » qui devrait
laisser toute liberté d’intelligence, d’étude et d’analyse dont devraient profiter tout
autant les croyants eux-mêmes que les autres lecteurs.
Ainsi, le corpus biblique se trouve-t-il dans une situation relativement nouvelle
pour la pratique même du croyant et des Églises par rapport auxquels l’Écriture se
trouverait dans une certaine distance. On peut voir là parfois une « situation »
qui se prêterait d’abord « à une analyse de crise », ainsi que le rappelle Chr.
Theobald, mais pour rappeler aussitôt que, dans la distanciation ainsi prise entre
Église et Écriture, il y a une « chance » qui ne se réduit pas à une vague espérance :
« Plus le lecteur entre dans la Bible, plus il perçoit désormais ‘la largeur, la
longueur, la hauteur, la profondeur’ (Éph 3,18) de l’espace qui s’ouvre devant
lui », lui permettant d’approcher progressivement à ce que la tradition chrétienne
entend par « Inspiration ».
Pierre GIBERT

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