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ASIAN AND AFRICAN STUDIES, 19, 2010, 2, 351-366

ALCI-IIM IE5 rI A L I S M A N ET S A V O IR M Y S T IQ U E EN
A F R IQ U E DE IT O U E S T

Seym MOUMOUNI
U niversité Abdou M oumouni de Niam ey,
IRSFI Bp 318 N ia m e y -N ig e r
seynim @ aol.com

L'alchim ie est donc I’cxprcssion d ’unc culture «populaire» et «informelle», pratiquée dans des
milieux dc gens de métier (artisans, magiciens, guérisseurs, pharmaciens, etc.) qui n ’a pas
beaucoup attiré I’attention des chercheurs africanistes. Dans cette perspective seront analysee ici
des résultats dcs recherches entreprises á partir des sources écrites et Ies informations recueillies
sur Ie savoir mystique, Ia pratique de l ’alchimie et Ies techniques d ’elaboration des recettes
magiques. Le propos est de montrer ä travers des données disponibles m êm e partielles,
l'im portance de l ’alchimie dans l’histoirc de l ’Afriquc au Sud du Sahara. A Ia source de Ia
doctrine il ya cette certitude que l’alchimie, étant d ’essence divine, procéde de Ia connaissance
des prophétes qui en dctiennent Ies clefs et Ies comm uniquent ä leurs adeptes. Les alchimistes
ouest-africains tout c om m e Ieur collegues orientaux et ntaghrébins, en s ’islamisant et s ’arabisant
avaient apportc á Ia pratique de l’alchimie un nouveau souffle issu de plusieurs civilisations. Ce
travail vise á identifier á travers Ies pratiques anciennes et actuelles Ies perspectives spirituelles de
ces pratiques magico-syncrétistes qui constituaient I’héritage comm un de Ia culture religieuse.

M o ts clés : Alchimie, Islam, Mystique, Talisman, Afrique, Manuscrits arabes, Géom ancie

Alchemy, as an expression o f an “ abstract” and “popular” culture, practised in the underworlds of


professionals (craftsmen, magicians, healers, pharmacists, etc.), has not as yet drawn much
attention o f Africanist scholars. Making use o f hitherto available data, the aint is to show the
importance o f alc hem y in the history o f Africa to the South o f the Sahara. Data from written
sources and information collected on the mystical knowledge will be analysed to show the
practice o f alchem y and the techniques o f de velopm ent o f the magic formulas.
As to the source o f the doctrines it is certain that alchemy, being o f divine essence, proceeds from
the knowledge o f the prophets w ho Iiold the keys to them and com m unicate them to thcir
followers. Like their Eastern and Maghrebian colleagues, W est African alchemists, while
islamising and arabising themselves, enriched the practice o f alchem y with knowledge coming
from different civilisations. The aim is to identify old and current spiritual perspectives for these
magico-syncretistic practices constituting the comm on heritage o f the religious culture.

Key words: Alchemy, Islam, Mystic, Talisman, Africa, Manuscripts Arab, G e o m anc y

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L ’alchim ie désigne Ia science ayant pour objet Ies proportions et Ies mesures
im parties parm i Ies corps physiques et Ies concepts m étaphysiques, dans l ’ordre
sensible et dans Pordre intelligible. Son pouvoir souverain réside dans Ia
transm utation, c'est-á-dire Ie changem ent ď états q u ’affecte Ia «source unique»
(al-Layn al-w ähida). L ’alchim ie est donc une science naturelle, spirituelle et
divine. Elle apporte Ia stable harm onie soit par Ia production com m e <<Por
m ineral» (,Dhahab ma 'dini) ; soit par Ia suppression d ’un mal et d 'u n e m aladie,
com m e Ie fait de « l’or Poeuvre» (Dhaluib S in a ’i), qui est rattache ā POr
m inéral, com m e Ie sont Ia constitution de Pautre monde et celle de ce monde
dans Ieur com m une aspiration a u ju ste équilibre. Tous Ies m inéraux se ram ěnent
donc ā un archétype unique (Asl wähicf). Alchim ie ‘ilm al-khaym iyä ’: est selon
P. Lorry: «Une discipline concrete et universelle, qui n 'est pas m a rq u éep a r une
m entalitě particuliěre ä un peuple ou ä une religion. EIle ne requiert pas,
comme Ia philosophic, tout un appareillage conceptuel difficile a traduire:
essentiellem ent descriptive, elle s ’exprim e en outre plus p a r des images et des
sym boles que p a r raisonnement. Elle peut aussi attirer p a r son utilité
immédiate, réelle ou supposée, notamment p our Ia pharm acopée. Enfin, sa
dimension gnostique et m ystique p o u va itfa scin er tons ceux qui selon Ia vision
archaique qui recherchaient une voie que l'islam officiel ne pouvait pas Ieur
apporter... '». D ’apres Ie propos rapporté par Imam Ali b. Abi Talib qui,
interrogé par des disciples sur Ia nature de l ’alchim ie, il répondit: «C ’est Ia sceur
de Ia Prophétie». L ’alchim ie est donc l’expression d ’une culture «populaire» et
«inform elle», pratiquée dans des m ilieux de gens de m étier (artisans, m agiciens,
guérisseurs, pharm aciens, etc.) qui n ’a pas beaucoup attiré Pattention des
chercheurs africanistes. Dans cette perspective seront analysée ici des résultats
des recherches entreprises á partir des sources écrites et Ies inform ations
recueilhes sur Ie savoir m ystique, Ia pratique de Palchim ie et Ies techniques
ď élaboration des recettes m agiques. Le propos est de m ontrer á travers des
données disponibles mêm e partielles, Pim portance de Palchim ie dans Phistoire
de PA frique au Sud du Sahara. A Ia source de Ia doctrm e il ya cette certitude
que Palchim ie, étant d ’essence divine, procede de Ia connaissance des prophctes
qui en détiennent Ies clefs et Ies com m uniquent á leurs adeptes. Les alchim istes
ouest-africains tout com m e Ieur collěgues orientaux et m aghrébm s, en
s ’islam isant el s ’arabisant avaient apporté á Ia pratique de Palchim ie un
nouveau souffle issu de plusieurs civilisations. Ce travail vise á identifier á
travers Ies pratiques anciennes et actuelles Ies perspectives spirituelles de ces
pratiques m agico-syncrétistes qui constituaient P héntage com m un de Ia culture
religieuse.

1 Pierre, L. A lchvnie et m ystique en terre ď isla m , éd. G allim ard, 2003, p .l9 .

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L’aKhimie: entre savoir traditionnel et islam iquc
Dans Ies pratiques locales, Ia relation rituelle á un fétiche se laisse sans doute
m terpréter comme un moyen de relier Ies individus aux idées-forces ď u n e
collectivité mais n ’en a pas moins en vue l'au-delá de celles-ci. A Ia différence
du culte des ancétres et de certaines divinités lignagěres, elle a vocation ď aid er
chacun á surm onter sa sujétion aux moděles traditionnels de com portem ents, á
1’idéologte et aux representations m entales que son groupe Iui im pose. Les
pratiques des féticheurs ne sont pas nettem ent differentes de celles des adeptes
d'autres religions. Des recettes et ingrédients de toutes sortes se retrouvent dans
toutes Ies pratiques: objet naturel, crčature vivante, objet fabnqué, texte écrit ou
fixé par Ia tradition, image concrete ou représentation m entale conform e á des
norm es culturelles, etc. M aintes equivalences et substitutions entre Ies
com posants traditionnels des fétiches et Ies écritures islam iques. Dans Ia magie
songhay Ies objets rituels de Gangi koaré (génie des m arabouts) sont des versets
coram ques et de tapis de priěre ou des formules islam iques com m e Ia basmala:
«bismillah» que Lon trouve dans Ia plupart des paroles des gémes.
Il apparait par ailleurs q u ’en m agie islam ique une transition s ’est produite entre
un systém e de référence essentiellem ent islamique. 11 n ’ya pas de différence
essentielle entre un hom m e qui cherche á opérer en profitant de Linfluence des
astres et celui qui s ’entoure dans Ie même but de signes ou objets appropriés.
L ’univers est un réservoir de signes ( ‘ayät) qui m anifestent Ia puissance
créatrice de Dieu et Ia Sollicitude du C réateur pour Lhom m e. Les cieux, Ie
soleil, Ia lune, Ies étoiles, Ia terre, Ie tonnerre, Ia pluie, Ies m ontagnes, Ia mer, Ia
végétation, Ies anim aux, etc.: tout est donné á percevoir non com m e des étres et
des phénom ěnes physiques concrets, rnais com m e des tém oignages. Il s ’agit de
faire m esurer á Lhom m e Linflnie distance entre son incapacité á produire aucun
de ces étres et Ia Puissance ordonnatrice qui, seule, fait exister LU nivers tel
q u ’il est. Le discours coranique instaure, donc, un regard de Ia conscience sur Ie
monde extérieur. Hn effet, Lhomme est rehaussé dans Ia conscience de soi en
même tem ps qiLil Iui est donné de découvrir sa faiblesse face á LUnivers.
ILhomme est désignč com m e «Is vicaire de Dieu sur terre» (II, 28) ; LU m vers
entier est, d ’une certaine fa90n, «mis á son service» (XIV, 37). Ce privilége
traduit une grace {Jad'l) qui, en re to u r, ex ig e u n e re c o n n a is sa n c e (clntkr). La
vision du temps de LH istoire spirituelle vient donner un sens á cette perception
de Lespace. Tout Ie discours c0ran1que référe á trois tem ps hiérarchisés: Ie
temps de cette vie im m édiate, ou temps court de Ia m ise á Lépreuve de Lhomme
par Dieu; Ie tcm ps de Ia m ort dont Ia durée est déterm inée; Ie tem ps de Ia Vie
éternelle vers lequel est tendue toute Ia création. La valeur du passé et du
présent de Lhom m e dépend strictem ent de Ieur lien avec Ie temps
eschatologique.

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Chez Ies Songhay, c ’est á travers Ie nom q u ’il serait plus facile ď appréhender
l ’äme et de nuire. La possession: «biya» l’äme d ’un hom m e peut étre rem placée
par d ’autres principes. Ainsi s ’explique: Ies Holey ont Ia possibilité de
«pousser» Ie biya hors de certains hommes et de Ia m ettre á Ieur place.
L ’hom m e est alors dans une sorte de som m eil, et Ie Iloley est si puissant que Ie
corps de Lhom m e agit sous Ie com m andement de ce m aitre tem poraire. A Ia
mort, Ie biya ne quitte pas tout de suite Ie corps. Il reste aupres du corps «en se
lam entant Iui-même sur sa propre m ort».' L ’äme ou biya est un véritable
principe spirituel de Ia personne, c'est-ä-dire Ia base de toutes dém arches
religieuses, m ystiques ou magiques.

Tres peu d ’aspects de Ia vie quotidienne échappent aux recours aux pratiques
m agico-thérapeutiques. Il y a une certaine interaction entre Ia tradition africaine
et Ies pratiques m usulm anes. Les rapports entre pratique locale et pratique
islam ique ont conduit á terme á l ’adoption de pratiques qui ont été considérées
com m e des b id ’a (innovation) par certains musulmans. C ela est dü certainem ent
á Lhéntage anim iste. Certaines de ces pratiques ont été adoptées et font partie
intégrante de Ia tradition m agico-thérapeutique m usulm ane locale. En Afrique,
il n ’ya pas de frontiére entre Ie savoir m agico-thérapeutique et Ie m ysticisme.
Les sciences spirituelles (al-ulúm ar-ruhámiyya) sont Ia source á laquelle
s ’abreuvent Ies praticiens m agico-thérapeutiques. Une vie m ystique est
com patible avec Lacquisition et Lexercice de pouvoirs m agiques ou
miraculeux. De cc fait il sc produit en islam une jonction entre soufism e et
pratiques m agico-thérapeutiques. Le m agicien y cntend seulem ent faire usage
de moyens d ’agir qui Iui ont été accordés par Lassem blée des saints relayant Ia
volonté du Créateur. Il se donne un pouvoir prolongeant celui de Dieu et don Ie
bon usage Lum t en acte á Dieu. Mallam: Haussa, Alfa: Zarma, Ie m arabout, est
aussi un korte-kom «m agicien», et même s ’il n ’adm et pas Ies danses de
possession, il Ies toIêre et cherche á découvrir dans Ie Coran quelque verset qui
reconnait Lexistence des g én ies. Am si, Ie zim a travaille avec ses gém es et ne
refuse pas de faire appel aux Zin, á Ndebi ou á Tblis, tout en suivant certam s
rituels islam iques.

2 RO U CH , J. La religion et Ia M agie Songhay, p. 37.

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F ig I : Pratique Iiatl al-ram l (trait sur Ie sable)

E sotcrism e alchim ique Chez Uthman Dan Fodio

Uthman dan Fodio recom m ande aux disciples Ia pratique du ta 'w i : dégager Ie
bätin d ’un texte Z ähir était donc fondamental au t a ’wil. (la révélation du texte
sacré littéral), et était égalem ent soumis á Finlervention divine. Le manifeste
«al-Záhir» défim t Fensem ble de ce qui est perceptible aux sens et á
Fim agination. Le caché «al-bätin» recouvre Ies réalités perceptibles uniquem ent
á travers une áme libérée des contraintes du corps. Le systěm e bätin est régi par
quatre notions essentielles: bátin, ta 'wil, Khäss, ‘amin, et takiyya. Le Cheikh
utilisa Ia batiniyya dans son ceuvre, comme pom t de départ de son analyse des
limites légitim es du ta 'wil en général. Pour Iui Ie bätin représentait un monde
ésotérique de réalités spirituelles cachées, paralléle á Ia réalité du Zähir, Ie
monde ordinaire visible, qui Ie m asquait et Ie dissim ulait. De ce fait, Ie sens
apparent (Zähir) n ’cst que Ie voile du sens caché (bätin). La véritable fonction
de Fécriture était ď attirer Fattention sur ce m onde caché, tout en Ie voilant de
sym boles. La position du Cheikh par rapport au sens caché rejoint celle des
écrivains sunnites qui utilisent Ie sens apparent des textes dans des analyses
théologiques.

Le Cheikh soutenait que Ie sens propre du bátin se trouve dans Ie Coran,


accessible á un esprit contem platifapproprié; il reste prudent sur cette question
pour ne pas tom bcr dans Ia bátiniyya isiná 'ilienne. Il adm et que tout texte sacré
possédait un sens caché, Ie bátin, qui était mis en opposition avec Ie Zähir, non
seulem ent dans des passages parfois m étaphoriques, m ais égalem ent dans de
sym boliques passages historiques, Ies exhortations m orales, Ies prescriptions
légales ou rituelles. Dans Fceuvre du cheikh dan Fodio, des élém ents relevant de
Funivers et du corps, sont présentés comme Ie résultat d ’une intervention

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divine. L ’um vers et Ie corps n ’ont de sens que s ’lls sont en connexion avec
Lame. Ici, on entend par äme, Lentité spirituelle existant en potentialité, c ’est-á-
dire susceptible ď év o lu er ou de se développer á travers différents niveaux. La
religion m usulm ane com m e toute religion fondatrice repose sur ce concept, ou
plus bas correspond Ia perception par Ies sens physiques et l ’im agination Ie plus
élevé sym bolise l ’am e, code ď accés á Ia réalité inaccessible, sorte ď intuition
réservée á une m inonté ď hom m es (al-mahdi, al-m ujaddid...).

Au XVIIIe siěcle, Ia géom ancie était largem ent pratiquée en Afrique. Les gens
du peuple «a l-'ä m m » tout com m e Lélite «al-khássa» y voyaient une réponse
aux problém es de Ia vie quotidienne. Dans Ie lcitáb: m ů r al-albáb», Ie Cheikh
désapprouve cette pratique q u ’il estim ait contraire á Ia Charia, il tolěre
néanm oins ceux qui s ’y adonnent dans Ia cite. En dépit de cette condam nation,
nous avons trouvé des traces concem ant Lart divinatoire dans ses textes. La
science des lettres perm et ď analyser Ie pouvoir réel dcs m ots en rapport avec
Lobjet ou Ia personne nommée. C ’est une pratique trés répandue, que Ia
diffusion ou Ia connaissance du nom ď u n tiers peut exercer une influence sur Ic
nom m é, Ie nom donnant en quelque sorte Lessence.

Le cheikh quant á lui, faisait appe! pour trouver une réponse á des questions
liées á son avenir spirituel notam m ent á propos de Larrivée de 1 7mám al-M ahdi
attendu et celle du m ujaddid rapporté par ce haditL «D ieu envoie á cette
comniunauté, au tournant de chaque siecle, un hoinnie chargé de rénover Ia
religionu.

Dans Ie m anuscrit «al-mcihzůrát min ‘alániál hurúj a l-m a h d i» (faits et


signes liés ä Larrivée ď A l-m ahdi) ou Ie cheikh tente de découvrir ce secret á
partir de cette figure:

■’ Ce hadith ouvre Ie kitcib al-m aláhín, dans Ie siinna d'A bii D ď u d , dout L authenticité
est contestée par certains auteurs V oir, L A N D E A U -T A SSE R O N Ella «The cyclical
reform: a study o f the m u°addid tradition», in E ./, LXXX, p. 79.
J je ,U ^ I ^ ll Ukaj^5

Af&5^*
Jß 4 jd ^ i § J“

f > 'j i ] 4U ßJ

Tableau n°l
Dans Ie même ouvrage, Ie cheikh aborde Ia question de savoir qui sera Ie
réform ateur «m ujaddid» du siécle lá encore pour expliquer ce m ystére, il a
dessiné Ia figure suivante:

Tableau n°2

j * J á T ^ s^ s
i j | &Ě,
_____ O___

J J l s Ji ^ jjii! J & l liU• 3 & ,

jL w e .
ja jd Jos^ D i h
J a
DU k. Di

>*J“* O iaA s
J j& jll f ů j
O B ja tfJ * '

< 3 W jk
I f e jA &

357
Nous allons essayer d ’analyser ces deux tableaux de fagon analogique et suivant
Ia science des lettres et des chiffres. A chaque lettre de l ’alphabet correspond un
chiffre.

Tableau 1

11 - A i J t I l = J c-l l t I l = B j c i l 8 = J ^ ^ , M l = j ^ j ^ M 8 = ^A ^ji
15 = fj*' ji! 1 15 =jh^ ji'1 1

I ableau 2
Niveau A
13 :::: y^£* 113 —j*c- t 25 -- ijlAc. i25 = ch v^Q

N iveau B
Jj£^ll jX*jj iJil 1iu^rfc. -

(Dieu Est notre suffisance, á Lui on doit se rem ettre)

Aül ^5Jl ^yiI ^ja^si -

1 l = yj>j^ \ i 1 1 = B j t - (Je m ’en rem ets á Dieu)

L ’interprdtation des relations qui existe entre ces élém ents précisera l ’aspect
ésotérique de Ia chose et perm ettra de sav01r Ia signification des choses cachées
avec exactitude, amsi dans Ie tableau 1:

] 8 - *—tt^Jji ^ " 18= Jjt-t^D

11=J c "

11 = B J c al-M ahc Ii___________________ 11

11 = A j

1 5 = ^ * 'j J ^ ----------------------------------- 15—j ^ j j j i

358
T ableau n° 2

Niveau A

2 5 - J j ^^_* ] 3 = y*z-

Uhmän

U = jAz. 25 AT^

Niveau B

AÜl t J l I 1 — ^ X A J ^ jj)l íÓ ll 1 1 lx il ^ w

Ithu ten

11

Ces schém as représentent une circonférence et des rayons. Dans Ie prem ier cas,
Ie centre représente «Al-M ahdi» et Ies personnages Ies form ules qui Bentourent
sont Ies rayons. Toutes prennent appui sur Ia circonférence sans jam ais se
séparer ď elle. Le second tableau, c ’est identique sauť que lá, Ie Cheikh
‘Uthm an dan Fodio représente Ie centre sur lequel s ’appuient Ies personnages
représentés par Ie m veau A, ensuite par des formules pieuses désignées par Ie

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niveau B. Le recours á Ia géom ancie serait pour Ie cheikh un moyen dc
dém ontrer l ’exactitude de ses propos. Cette m anipulation num érologique établie
non seulem ent Ies relations entre différents élém ents internes á un tableau donné
mais surtout entre Ies deux tableaux, Ies deux centres U thm an dan Fodio - al-
Mahdi.
Le trait d ’union désigne sa connivence avec m algré tout ses disciples «ceux qui
ignorent Ies hadit..j>. A prěs tout. Ie titre de miijaddid serait indispensable (peut-
être même plus que Ie critěre filial) pour être ou prétendre être al-M ahdi. Dans
tous Ies cas, ici il est question de Ia quéte d 'u n e prom otion spirituelle, c ’est Ia
réalité essentielle, Ia finalité de toute voie spirituelle. Ceux qui y parviennent
ticnnent un même langage, celui de Ia perfection, de l’am our et de 1'um té.

Lc talism an
Le talism an a pour vertu prem iere de protéger Lindividu des dem ons ou ď étres
hum ains m alfaisants; il peut être porté sur soi (am ulettes, croissants de lune.
gris-gris, etc.) ou bu sous Ia forme d ’encre ayant servi á Lécriture, cLun verset
(accom pagné de m iel). C ’est Lexpression d ’une tradition qui reléve de Ia
m ythologie et q u 'o n trouve sous différentes formes dans Ies cultures africaines.
A Ia recherche de satisfaction á leurs problém es, Ies croyants ont eu recours á
plusieurs reccttes qui changent cn fonction de Lefficacité Iieu á Ieur mode
ď em ploi. A chaque problém e particulier correspond une ou plusieurs
formules, avec plusieurs m aniéres différentes de Ies exécuter. Parnu Ies
formulcs, on peut citer: D o itu '; Zikr, Wird, khahva retraite spirituelle, istikära
Ia p riêre; Talisman: am ulette ou gris-gris: écriture á Teau bénite; etc. Dans Ia
fabrication Au talism an rentre plusieurs objets: Ie sang, Ie ciiir, Ie papier, Ies
feu illes des plantes vÉgétales, Ie mětal, etc.
Il se met á consulter Ie ciel á travers hatt ram l (traits sur Ie sable: fig ...) et
cherche Ia position des planétes. Il s'apeipoit que tantňt Ia planéte dont dépends
Ic métal considéré occupe sa position norm ale tantôt s ’cn écarte, dérivant en
de9a 011 delá de son point orbital. Il constate Ie lien alchim ique entre l ’homme
et Ie minéral á travers Ia com position de ce dernier. Le corps m étallique est
devenu fer dans Ia masse du m m erai que par Leffet d ’une proportion
défectueuse entrant dans sa com position. Le lien est tout fait avec Lhom me
m alade ou m alchanceux; Ia recherche de pureté des ämes individuelles dont Ieur
essence se m anifeste par truchem ent des corps naturels, car selon Ibn Arabi, Ia
nature est Ie «second pêre» dont Ies ämes sont issues á Létat de mélange. Car Ia
nature « TahVa» s ’apparente á Ia mine et l ’äme universelle s ’apparente aux
sphéres célestes ayant Ia puissance d ’agir et de m ouvem ent desquelles rés.ulte Ia
mise en action de Ia substance au sein des éléments. Le corps m étallique occupe
Ia mémc position que Ie corps hum ain, Ia vertu spécifique «khcissiya» qui
constitue Lesprit de ce corps m étallique occupe Ia m êm e position que l ’äme

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individuelle assignée au corps humain. De mêm e que Ies m étaux présentent des
degrés distincts en raison des vicissitudes qui Ieur sont survenues au cours de
Ieur genése, de mém e Phom m e a été créé en vue de Ia Perfection. O r seuls Ies
maux et Ies m aladies survenus soit par suite d ’accident, soit á Porigine même
de son essence Péloignent de cette Perfection.
M allam Ilabibou né en 1950 originaire de Tahoua. Artisan bijoutier traditionnel
depuis 1972, a appris Ie m étier d ’artisan au sein de sa famille. Le travail du fer
est une tradition hérité de plusieurs générations et se conjugue avec Ia religion
islamique. L 'im tiation se fait dans Ie tem ps ā partir de quarante ans. Selon
M allam IIabibou4 dans Pesprit de Ia tradition en principe deux personnes
interviennent dans Ia fabrication du talisman: Ie m arabout et Partisan.
- Le m arabout détient Ie savoir m agico m ystique, il est consulté par Ies clients,
il reqoit Ies clients et cherchent á trouver á travers des form ules de pněre
m ystique et recettes m agiques des remédes á leurs angoisses. Il prépare Ia
recette et déterm íne dans quelle m atiére (cuir ou métal) et sous quelle from e elle
doit étre fabriquée. C ’est lā q u ’intervient Ie travail de Partisan (cordonnier pour
Ie cuir et forgeron pour Ie métal). Le m arabout confie Ia recette á Partisan.
- LPartisan recoit Ia recette de faqon anonyme, il ne doit connaitre ni Ie nom du
client m Ie problém e auquel, il est censé apporter reméde. Il confectionne Ie
talism an en fonction de Ia dem ande du m arabout. Le m arabout suit de prés Ia
fabrication du talism an jusqíP á Ia finition. Il faut signaler durant tout ce
processus de fabrication Partisan ne doit avoir aucun contact avec Ie client. Il y
a une relation de confiance entre Ie m arabout Partisan. Il appartient enfin au
m arabout de rem ettre Ie talism an au client.
Alfa Saadou nous explique qu'<<aitjourd 'hui Ia tradition n ’est p a s respectée,
tout est mólangé et on ne se retrouve plus dans Ie m étier d ’artisan. On trouve
des M alam Garassa et des forgerons marabouts, Hs font d Ia fois Ies recettes
magiques et Ia fa brication du Talisman. Cela est arrivé depuis qu 'unforgeron a
tralii Ia confiance d ’ttn grand Alfa en clierchant ä récupérer Ie sp rie res et Ies
sym boles qui Iui ont été confiés p a r ce dernier. Toute Ia fam ille d u fo rg e ro n a
p éri dans iin tragique incendie provoqué p a r cette trahison... » . C ’est une
histoire qui est sans cesse rappelé par Ies m arabouts afin de m ettre en garde Ies
forgerons et cordonniers. On trouve encore beaucoup des ces artisans qui
pratiqucnt á Ia fois Ie m araboutage et Ia fabrication des Talism ans. D ans Ia
tradition Songhai, Ies fondeurs sont appelés zam et ils doivent être distingués
des forgerons ordinaires, appelés garassa. Pour devenir za m , il faut être Ie fils
d ’un zam, ou éventuellem ent son neveu. Les fondeurs ont un génie propre á Ieur
métier; ils Pinvoquent quand c ’est nécessaire; il Ies protége et fait fondre Ie

4 Un de nos inform ateiirs.


’ Alfa Saadou interrogé au cours de notre enquéte.

361
minerai de fer. Tous Ies fondeurs sont initiés aux croyances en relation avec Ieur
métier. Dans Ie m anuscrit intitulé «m aktüb ß sw ibägat » f’, Tauteur nous décrit
Ies techniques m étallurgiques: «Le Jbndeur se sert du bois p o u r obtenir du
cendre qui sera m élangé avec d esp ro d u its tels que: Ie inieI et Ie p lom b...». Ce
même m anuscrit évoque dans un autre chapitre de Ia teinture; dcs produits avec
lesquels on fabrique Ies différentes couleurs ct indique avec précission Ia
com binaison de chaque couleur.

La fabrication du talism an
La com position du talism an par Ie m arabout (Alfa Zim m a) com m ence par une
longue m éditation. Cette m čditation prendra appui sur des spéculations
arithm ologiques cherchant á traduire Ies lettres considérées en nom bres Ie
nom bre étant Tesprit de Ia lettre. Les purifications rituelles sont reprises dans Ia
préparation de Ia bague Talism anique. Les bagues talism aniques (appelés
zoobé: H aoussa et Korbay: Zarm a) se portent aux doigts.

F ig 2: Le M arabout prépare Ie talism an

0 M anuscrit n° 2304 de Ia bibliotheque des m anuscrits M am m a H aidara de Tom bouctou.

362
Fig 3: L ’artisan fabrique Ie talism an

La bague talism anique est fabriquée á partir du bronze, sa surface supérieure


est revétue d ’inscription en caracteres arabes, de chiffres, de dessms
cabalistiques et de signes m ystérieux. Tres répandue en Afrique de l ’Ouest, elle
est confectionnče par Ie m arabout et utilisée par Ia clientěle pour assurer sa
protection ou pour atteindre une réussite secrete. Elles sont censées être
capables de protéger contre des maux tels que Ies m aladies ou Ies forces
m alveillantes et peuvent perm ettre d ’obtenir Ia richesse ou Ie pouvoir. De nos
jours, elle est utilisée á grande échelle pour réellem ent ou prétendum ent
préventr toutes form es de danger, toutes formes de risques. Elle consiste aussi á
écrire des form ules de priére avec leurs nom bres m ystiques sur une plaquette
métallique. L ’engouem ent pour Ia bague talism am que s ’explique par Ie fait que
Ie métal est réputé plus propre á conserver Ia vertu des charm es. La plupart des
rites m araboutiques font appel aux fum igations. Les parfum s traditionnels de
toute sorte accom pagnent Ies recettes de fabrications des talismans.

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Fig 4: bague talism anique Fig 5: bague talism anique

363
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C Ja iS LÍ "~ ~ Y . YY Y i

i_i C Ü L$

L5
iJ C Ji Y~ ā '"Ā Yr

Tableau 1 Tableau 2

Le tableau 1 contient l ’ensem ble des lettres qui forment Ie nom «Hafiz» (le
protecteur); Tun des quatre vingt dix n eu f nom s de Dieu. Le tableau 2 est un
carré m agique dc chifffes (18 ā 25) par groupe de trois cases en lignes, en
colonncs, et en diagonales.

Conclusion
Les origines précises de Talchim ie en terre d ’islam sont fort mal connues.8 Les
sources archéologiques, écrites et orales perm ettant de Ie situer dans Ie tempts
sont rares. Si en ce qui concerne Ie monde arabe Ia recherche contem poraine a
pu foum ir un cerain nom bre de repěres considérés par Ies spécialistes com m e
une avancée substantielle et un acquis. L ’exploitation des sources dans ce
dom aine ne fait que com m encer en Afrique avec tout d ’abord, Ies m anuscrits
aíricains en écrire arabe et ajami mais égalem ent avec Ies sources archělogiques
et orales. Cette étude est une m odeste contribution qui s ’appuie á Ia fois sur Ies
sources anciennes et contem poraines. En Afrique, Ia pratique de T alchim ie est
ancienne. C ’est Ia rencontre et Tinterprétation, des pratiques ď artisans
m étallurgistes, des praticiens de sciences occultes et des forgerons qui se
transm ettaient des procédés et recettes techniques. Il ressort de cette analyse que
Talchim ie est une pratique qui s ’appuie sur une logique, un system e intellectuel
ordonné et exprim é par une pensée. Les signes et Ies sujets présentés sont Ie
sym bole des m essages codés provenant du m onde caché. La faculté
ď in terp réter ces signes sym bolise Ie savoir du divin et son pouvoir, qui
répondait aux besom s et aux conditions sociales africaines et qui explique
Tinfluence et Ia diffusion de Talchim ie partout en Afrique.

A l-Asm ä ' al-lm snä, regroupe Ies 99 «plus beaux N om s» de Dieu, á m éditer et á réciter
aux grains d ’un chapelet.
8 Lire, Pierrc, op. cit., p.lO.

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