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Alphabet cyrillique - Lettres

L'alphabet cyrillique utilisé pour le russe compte trente-deux lettres depuis 1917. Avant cette date,
l'alphabet dit « prérévolutionnaire » en comprenait quatre de plus. Celles-ci sont repérées dans le
tableau par un fond coloré.

Cette écriture étant bicamérale, il existe deux variantes pour chaque lettre, capitale et minuscule. Le
tableau suivant détaille l'alphabet actuel ; il se lit comme suit :

• Capitales et minuscules ;

• nom de la lettre telle que prononcée lorsque on l'épelle ; on a adopté ici une transcription et
non une translittération afin de rendre explicite le nom en question ;

• translittération : le premier signe indiqué suit la norme ISO 9 de 1995 ; les suivants si les
usages divergent, proviennent d'autres systèmes fréquemment utilisés ;

• prononciation phonétique selon l'API ;

• prononciation imagée orthographiée selon les usages français.

Prononciation Prononciation
Capitale Minuscule Nom Translittération
(API) (français)
А а a a [a] a
Б б be b [b] ~ [b ] b
В в ve v [v] ~ [v ] v
Г г ge g [g] ~ [g ] g dur
Д д de d [d] ~ [d ] d
Е е je e, è, ye [ ] yè
Ё ё jo o, yo [ o] yo
Ж ж že ž, j, zh [ ] j
З з ze z [z] ~ [z ] z
И и i i [i] i
i kratkoe
Й й j, y, ĭ [j] y
и краткое
i s točkoj
І і ì [i] i
и с точкой
К к ka k [k] ~ [k ] k
Л л el l [ ]~[ ] l
М м em m [m] ~ [m ] m
Н н en n [n] ~ [n ] n

1
О о o o [o] o
П п pe p [p] ~ [p ] p
Р р er r [r] ~ [r ] r roulé
С с es s [s] ~ [s ] s dur
Т т te t [t] ~ [t ] t
У у u u [u] ou
Ф ф ef f [f] ~ [f ] f
Х х ha h, kh [x] ~ [x ] kh arabe, jota
Ц ц ce c, ts [ ] ts
Ч ч če č, tch [ ] tch
Ш ш ša š, ch [] ch
Щ щ šča ŝ, šč, chtch [ ] chtch
tvjordyj znak
Ъ ъ ”, " - [palat.] muet
твёрдый знак
y
Ы ы y [] i tendu
(jery, еры)
mjahkij znak
Ь ь ’, ' + [palat.] y
мягкий знак
yat’
ě [ ] yè
Ѣ ѣ ять
è oborotnoje
Э э è, ė, e [ ] è
э оборотное
Ю ю ju û, you, iu, iuu͡ [ u] you
Я я ja â, ya, ia, iaa͡ [ a] ya
f ̀ita
Ѳ ѳ f ̀, ḟ [f] ~ [f ] f
Ѳита
ižica
ỳ, ẏ [i] i
Ѵ ѵ ижица
.

Graphie manuscrite et cursive


La graphie manuscrite cursive des lettres cyrilliques diffère autant de la graphie imprimée que le font
nos lettres latines. De plus, dans certaines éditions l'italique imprimée minuscule suit le tracé des
lettres cursives (ce qui, typographiquement, montre la différence entre des obliques et des italiques).
Certaines cursives ne sont cependant pas identiques selon qu'elles sont manuscrites ou imprimées (ces
lettres sont repérées par la couleur bleue) :

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Légende
Rangée 1 : caractères d'imprimerie en romaine ; rangée 2 : caractères d'imprimerie en italique ; rangée 3 :
caractères manuscrits cursifs.

Fonctionnement de l'alphabet et orthographe [modifier]


La notation du russe au moyen du cyrillique est relativement claire et facilitée par la basse fréquence
de mots prononcés autrement qu'ils sont écrits, si du moins l'on ne regarde que les consonnes. Bien
qu'il existe de nombreux archaïsmes dans la prononciation (les consonnes finales, par exemple, sont
toutes dévoisées mais l'orthographe ne l'indique pas, non plus que les autres assimilations comme le
dévoisement des consonnes les unes au contact des autres), l'orthographe du russe n'a rien de
comparable avec celles, très complexes et peu régulières, de langues comme l'anglais ou le français.
L'histoire de l'alphabet cyrillique, pourtant, est aussi longue que celle des lettres latines telles
qu'utilisées pour noter les langues modernes. Cependant, la notation du russe a, au cours du temps, été
simplifiée, de sorte que sa lecture et son orthographe soient aisées à un russophone moyen.

Des voyelles ambiguës [modifier]

Malgré une efficacité avérée de la notation des consonnes, la lecture directe d'un texte n'est cependant
pas possible : le lecteur doit connaître pour chaque mot de plus de deux syllabes la place de l'accent
tonique afin d'interpréter correctement les voyelles : celles-ci, en effet, connaissent une apophonie par
atonie comparable à celle du portugais, du catalan ou de l'occitan et autres langues, parmi lesquelles
encore les langues germaniques : les voyelles atones tendent à être neutralisées et perdent leur timbre

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initial. L'alphabet cyrillique, cependant, hormis dans les ouvrages didactiques, ne note pas la place de
cet accent. À titre d'illustration, prenons le mot хорошо ; selon la place de l'accent, il sera réalisé :

• хорошо́ = [x r ' ] ;

• хоро́шо = [x 'r ];

• хо́рошо = ['x r ].

Note : à l'imitation de la marche suivie dans les ouvrages didactiques, les voyelles accentuées seront
dans cet article marquées d'un accent aigu.

Seul le premier signifiant renvoie au signifié de « bon ». Ces mécanismes sont traités en détail dans
Apophonie accentuelle en russe.

Cette apophonie existe en soi aussi en bulgare ou en ukrainien, mais est moins marquée qu'en russe.

Notation de la palatalisation [modifier]

L'on traite ici de phonologie du russe pour expliquer certains mécanismes orthographiques. Le détail
des explications se trouve cependant dans l'article consacré à ce sujet.

Écriture syllabique [modifier]

Une des caractéristiques principales des langues slaves, à savoir la palatalisation des consonnes
(réparties entre consonnes « dures » non palatalisées, et « mouillées »), est notée dans cet alphabet
d'une manière originale. Dans la majorité des cas, c'est la voyelle suivant une consonne qui indique la
présence ou non de la palatalisation et il n'existe pas de signe notant le yod (phonème [j] de yaourt)
dans toutes les positions. La lecture est donc relativement syllabique : il faut, pour lire la consonne,
lire aussi la voyelle suivante. On retrouve ce procédé avec certaines lettres de l'alphabet latin utilisé en
français, comme c ou g dont la réalisation (résultant d'ailleurs d'une ancienne palatalisation dans les
langues romanes) devant des voyelles d'avant vaut [s] et [ ] au lieu de [k] et [g]. Seule la valeur de la
voyelle suivante (ou l'absence de voyelle, du reste) permet de lire la consonne. En russe, le mécanisme
est utilisé pour presque toutes les consonnes.
Timbre /a/ /e/ /o/ /u/ /i/
Dur а [a] э[ ] о[ ] у [u] ы[]
Mou я [ a] е[ ] ё[ ] ю [ u] и [i]

Chaque timbre vocalique fondamental peut-être écrit de deux façons (tableau ci-contre). Chacune
indique si la consonne précédente est dure (devant voyelle de première série) ou mouillée (devant
voyelle de deuxième série). Si aucune consonne écrite ne précède dans la syllabe (en début de mot ou
après une autre voyelle : Плеяды Pleâdy « Pléiades »), il faut suppléer un yod devant une voyelle de
deuxième série(sauf pour /i/ и, qui ne conserve un yod à l'initiale que dans les dérivés du pronom de 3e
personne, soient им [ im], их [ ix] et ими [' imi]), rien devant une voyelle de première série. Le
phonème /i/ est notable : les deux variantes constituent deux allophones réalisés /i/ après consonne
mouillée, / / après dure. Les autres voyelles subissent un changement de timbre conditionné analogue
bien que, de loin, moins important. De plus, les voyelles de deuxième série se divisent en deux
catégories : les voyelles naturellement palatales(е et и) et les « yodisées », c'est-à-dire des voyelles
non palatales étant le résultat d'une palatalisation secondaire (я, variante de а après consonne mouillée,
et ю, celle de у).

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Contrairement aux apparences, ё /Ȼo/ n'est pas la variante de /o/. Il s'agit du résultat de la vélarisation
de / e/ tonique devant une ancienne consonne dure. L'orthographe ne note généralement pas cette
modification secondaire : Горбачёв Gorbačëv [g rb ' f] est le plus souvent écrit Горбачев. Le
tréma, cependant, est utilisé pour lever des ambiguïtés, comme dans la paire все [fs ] « tout » (pluriel)
~ всё [fs ] (neutre singulier). Pour être prononcé ainsi, un е doit de toute manière être tonique.

Cette notation ne doit pas laisser croire qu'il existe dix voyelles en russe ; en fait, la langue ne possède
que six timbres [a, , i, , u, ], (sachant que le sixème, [ ], est secondaire et provient d'une
centralisation de /i/ devant consonne dure). C'est l'écriture de ces voyelles qui est double et complexe.
Dans certains cas, la variante de deuxième série indique la présence d'une consonne palatalisée
précédente voire, quand la voyelle est en début de mot, celle d'une consonne [j]. Dans d'autres, elle n'a
qu'un rôle orthographique, principalement quand la consonne qui précède n'existe pas sous les des
deux variantes, molle ou mouillée. Les consonnes viennent donc par paire d'allophones : dure ~ molle,
sauf ш š, ж ž, et ц c, qui sont toujours dures ; щ ŝ et ч č, qui sont toujours molles (mais pas mouillées).
L'alphabet ne l'écrit cependant pas au moyen d'un signe de mouillure externe (sauf dans quelques cas
recquérant l'emploi du jer ь, dont l'emploi est décrit ci-après) mais l'indique par la graphie voulue de la
voyelle suivante : [t] est noté par т devant voyelle de première série (та, тэ, ты, то, ту), [t ] par la
même lettre devant voyelle de deuxième série (тя, те, ти, тё, тю).

Utilisation des jer [modifier]

Quand aucune voyelle ne suit une consonne mouillée, on écrit un « signe mou » ь après elle : ть [t ], si
la consonne est dure, un « signe dur » ъ : тъ [t], sauf en fin de mot où tous les signes durs ont été
éliminés depuis la réforme de 1917. Ces deux signes, anciennement des voyelles (en vieux slave et,
encore, en bulgare), sont nommés jer. On note que la voyelle ы y est constituée de l'union des deux
jers, lesquels, à la différence de ы, ne pouvant pas être employés à l'initiale d'un mot, ne possèdent pas
de majuscule ; dans un texte en capitales au long, cependant, on écrira bien Ь et Ъ : ШЕСТЬ šest’
[ st ] « six », СЪЕЗД s”ezd [s st] « congrès ».

Le passé vocalique de ces deux signes (ь ǐ valait [ĩ], ъ ǔ [ŭ]) est décelable dans des mots où leur
utilisation semble superflue, surtout pour ь.

Leur élimination en tant que phonèmes vocaliques est ancienne et s'est manifestée par un amuïssement
(principalement quand ces deux voyelles étaient faibles, c'est-à-dire atones ou après un jer en position
forte dans la syllabe précédente) ; l'ancienne voyelle molle ь, cependant, a laissé une trace en
mouillant, si possible, la consonne précédente : возьму́ voz’mu. L'amuïssement est de règle en fin de
mots : щипа́ть ŝipátǐ > ŝipat’ « pincer ». De fait, la lettre ь est devenue un signe auxiliaire sans valeur
phonétique propre. Le jer dur ъ, quant à lui, n'a, en fin de mot, laissé aucune trace décelable outre le
caractère non mou (donc dur) de la consonne précédente. Encore utilisé comme signe auxiliaire avant
1917, son usage a été oblitéré par celui d'une nouvelle règle orthographique prévoyant que toute
consonne finale non suivie d'une voyelle est dure. Il est donc devenu inutile dans cette position : домъ
domǔ > домъ dom” > дом dom « maison ». À l'intérieur d'un mot, cependant, il continue à noter le
caractère dur de la consonne qui le précède : объя́ть ob”ât’ « embrasser ».

D'autre part, ces deux voyelles en position forte (tonique ou dans la syllabe précédent un jer en
position faible) ont pu se vocaliser en е pour la molle, о pour la dure :

• дьнь dǐnǐ > день den’ « jour » ;

• плъть plǔtǐ > плоть plot’ « chair ».

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Enfin, le jer mou peut remplacer un ancien [ĩ] devant voyelle yodisée ; il se prononce alors [j] après la
consonne molle : судья́ sud’â [su'd ja] « juge », пью p’û [p ju] « je bois ».

Incompatibilités [modifier]

On l'a dit, ш š, ж ž, et ц c sont toujours dures ; щ ŝ et ч č toujours molles. Les raisons en sont que ces
consonnes sont déjà le résultat d'une palatalisation : le yod non écrit s'est mêlé à une première
consonne pour donner l'une des cinq consonnes en question. Ainsi, il n'existe pas de щ ŝ dur ou de ž
mouillé.

Puisque ces consonnes n'ont qu'un seul allophone, la notation au moyen des deux séries de voyelles est
superflue. Elle obéit en effet à des règles dépendant de la grammaire, qui précisent quelle graphie
utiliser pour un même phonème vocalique (voire pour l'absence de voyelle qui peut, en fin de mot, être
notée par un signe doux ь muet). Il existe une incompatibilité remarquable entre les voyelles yodisées
(dont la mouillure est moins stable que celle des autres voyelles molles) я â et ю û et les chuintantes ш
š, ж ž, ч č et щ ŝ. Pour chaque consonne concernée, il existe deux graphies ambiguës : devant /o/ (on
peut écrire le phonème au moyen de о ou ё), en fin de mot (consonne seule ou avec signe doux ь) :

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Syllabe ʃa ʃɛ ʃɨ ʃɔ ʃu ʃ# ʒa ʒɛ ʒɨ ʒɔ ʒu ʒ#
Graphie
1 ша — — шо шу ш жа — — жо жу ж
Graphie
2 — ше ши шё — шь — же жи жё — жь

Syllabe ʧȻa ʧȻɛ ʧȻi ʧȻɔ ʧȻu ʧȻ# ʃȻȷȻa ʃȻȷȻɛ ʃȻȷȻi ʃȻȷȻɔ ʃȻȷȻu ʃȻȷȻ#
Graphie
1 ча — — чо чу ч ща — — що щу щ
Graphie
2 — че чи чё — чь — ще щи щё — щь
La consonne ц c quant à elle n'est suivie que par des voyelles dures (et jamais par le signe
doux ь) sauf pour /e/, écrit е et non э. Il existe aussi quelques graphies étymologiques avec un
и au lieu de ы ; on prononce cependant bien [ɨ] : цифра ['ʦɨfrƽ]. Le tableau ci-dessous
récapitule les orthographes possibles :
Syllabe ʦа ʦɛ ʦɨ ʦɔ ʦu ʦ#
Graphie 1 ца — цы цо цу ц
Graphie 2 — це (ци) — — —
Légende :
L'ensemble « [x]# » se lit « le phomène [x] en fin de mot ».

Il faut noter que la notation de i après ш, ж et ц est complexe : on emploie и après les deux
premières mais ы après la troisième. Dans tous les cas, ces consonnes étant dures, le phonème
est réalisé [ɨ]. Toujours pour des raisons liées à la palatalisation, les incompatibilités
suivantes sont notables :
• le phonème /o/ atone ne peut pas suivre ж, ц, ч, ш
et щ dans les seules désinences ; il est remplacé par е ;

• le graphème ы (mais non le phonème [ɨ]) ne peut


suivre к, г, х, ж, ч, ш et щ ; il est remplacé par и, notant
[i] ou [ɨ] après les consonnes nécessairement dures ;
• les graphèmes я et ю ne peuvent suivre к, г, х, ц
ж, ч, ш et щ ; ils sont remplacés par а et у.

Divers [modifier]
• Code ISO 15924 : Cyrl
• extension Firefox pour écrire en cyrillique sur un
clavier européen : ici

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