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L'
opérateur hamiltonien d’une molécule diatomique A-B est fonction des coordonnées des 2
noyaux et des coordonnées des n électrons ainsi que de la distance dAB entre les 2 noyaux.
Dans le référentiel barycentrique du système, il s'
exprime par :
= − ∆ − + − ∆ +
πε
>
πε πε
Born et Oppenheimer ont proposé une hypothèse simplificatrice qui consiste à considérer que
les noyaux, beaucoup plus lourds que les électrons, peuvent être supposés immobiles pendant
que les électrons se déplacent autour d’eux.
Pour l’ion H2+, comprenant deux noyaux et un électron, les calculs montrent que les noyaux
d’hydrogène se déplacent de 1 pm quand le déplacement de l’électron atteint 1000 pm.
32
Dans cette approximation, l’hamiltonien du système peut se décomposer en la somme de deux
termes : un hamiltonien électronique Hel et un hamiltonien nucléaire Hnu :
= +
avec = − ∆ − +
πε
>
πε
expression dans laquelle la position des noyaux est fixée. A ce premier opérateur sera associée
énergie électronique Eel du système.
l'
et =− ∆ +
πε
A ce deuxième opérateur sera associée l'
énergie de répulsion internucléaire ENu constante si la
φ( ) =ξ ( )× χ ( )
De même qu’il n’était pas possible de résoudre exactement l’équation de Schrödinger pour un
atome polyélectronique, il est impossible de trouver une expression analytique de la fonction
d’onde électronique χ(r) dès que la molécule étudiée a plus d’un électron.
Comme dans le cas de l’atome polyélectronique, les répulsions interélectroniques seront
modélisées par un champ moyen. Chaque électron voit alors un potentiel qui ne dépend que
de sa position. L’hamiltonien électronique du système peut alors s’écrire sous la forme d’une
1
Le mouvement de vibration des noyaux permet d’accéder à des informations très importantes sur les fonctions
présentes dans la molécule grâce à la spectroscopie infra-rouge.
33
somme d’hamiltoniens monoélectroniques. Les variables électroniques ainsi séparées
écrire χ(r), fonction des coordonnées des n électrons (e1, …en), sous la forme
permettent d'
d’un produit de fonctions monoélectroniques ψi(ei), chacune fonction des coordonnées du seul
électron i :
χ(e1, ..en) = ψ1(e1)×…×ψn(en)
! "#
Comme nous l’avons précédemment vu, les orbitales atomiques forment une base de l’espace
des fonctions d’onde. Dans le cas des molécules, l’ensemble des orbitales atomiques de
chaque atome de la molécule forme par conséquent une base de l’espace des orbitales
moléculaires. Toute orbitale moléculaire peut ainsi s’écrire sous la forme d'
une Combinaison
Linéaire d'
Orbitales Atomiques (C.L.O.A.) :
ψi = c Ajϕ jA + c kBϕ kB
j k
Cette base est infinie, et ainsi difficilement utilisable. C’est pourquoi, nous ne retiendrons que
les orbitales atomiques qui sont, dans les atomes isolés situés à l’infini, peuplées par des
électrons, et celles qui leur sont proches en énergie.
Une justification simple de cette théorie est qu’à l’intérieur d’une molécule, un atome ne perd
pas totalement son identité et conserve certaines caractéristiques de l’état isolé. Dire qu’une
34
OM est combinaison linéaire des OA des atomes constitutifs de la molécule, c’est dire qu’au
voisinage de l’atome A, l’OM se confond pratiquement avec l’OA de A. C'
est aussi dire que
lors de l'
approche de 2 atomes, la formation d'
une liaison n' une perturbation des
est qu'
orbitales atomiques de ces atomes.
Muni de ces bases, nous allons à présent voir comment il est possible de construire les
orbitales moléculaires de divers systèmes.
"
# $ %
Nous considèrerons le système formé de deux atomes d’hydrogène HA et HB, chaque atome
étant décrit par une orbitale 1s (notée ϕ pour l'atome HA et ϕ pour l'atome HB).
2
La signification physique de ces paramètres sera discutée à la fin de ce chapitre.
35
Afin de résoudre ce système, et seront considérés comme des variables ; α, β et S étant
des paramètres fixés. Nous chercherons les valeurs de et qui permettent d’obtenir une
énergie minimale. Une condition nécessaire pour cela s’écrit :
∂ ∂
= =
∂ ∂
α − β−
= (5)
β− α −
(5) conduit à une équation du second degré en E, dont les solutions E1 et E2 correspondent aux
2 énergies que peut prendre un électron de la molécule H2.
& $ '
L’écriture du déterminant séculaire (5) se simplifie en considérant que A = B (car les deux
atomes de la molécule sont identiques).
α − E β − ES
=0
β − ES α − E
soit (α − E ) 2 − ( β − ES ) 2 = 0
α − E = ±( β − ES )
On obtient ainsi deux solutions réelles pour E, notées E+ et E-.
36
+ α+β
=
+
α −β
=
−
& '
α +β α +β
α− +
+ β− +
=
+ +
α +β α +β
β− +
+ α− +
=
+ +
Outre la solution triviale, ce système de deux équations à deux inconnues est vérifié par
c A+ = cB+ .
or c A+ = cB+
37
1
c A+ = cB+ =
ainsi 2(1 + S )
expression suivante pour ψ + :
On obtient ainsi l'
ψ+ = ϕ +ϕ
+
α −β
Un calcul analogue permet de déterminer ψ − d'
énergie = :
−
ψ− = ϕ −ϕ
−
Vous reverrez cette méthode de manière plus détaillée au cours des PC…
( $ ) '
Ces résultats sont traditionnellement représentés sur un diagramme d’énergie ayant l’allure
suivante :
HA HB 1
ψ− = (ϕ A − ϕ B )
2(1 − S )
E-
ϕΑ ∆E − ϕΒ
α α
∆E + 1
ψ+ = (ϕ1 + ϕ2 )
2(1 + S )
E+
* $ + ) $
Une fois l’énergie et l’expression des orbitales moléculaires connues, il reste à voir comment
se répartissent les électrons dans ces orbitales. Comme dans le cas des OA, ce remplissage se
fait par énergie croissante en plaçant au maximum deux électrons dans chaque OM
(correspondant aux 2 états de spin).
38
La configuration électronique de la molécule de dihydrogène H2 est donc (ψ + )2. Les deux
σ σ σ σ
Quand un électron occupe l’orbitale ψ+, il stabilise la molécule par rapport aux atomes
constitutifs. En effet, pour dissocier H2, il faut fournir de l’énergie pour ramener les électrons
au niveau . ψ + est appelée orbitale moléculaire liante. En revanche, si un électron occupe
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ψ − , il a tendance à couper la liaison puisque la dissociation sera exothermique. ψ − est
appelée orbitale moléculaire antiliante.
La stabilisation de l'
OM liante par rapport à l'
OA la plus basse en énergie est toujours plus
faible que la déstabilisation de l'
OM antiliante par rapport à l'
OA la plus haute en énergie
( | ∆E + |<| ∆E − | ).
, - , )
l'
OM de plus basse énergie par
l'
OM de plus haute énergie par
A B
Cette représentation fait clairement apparaître que l’obitale moléculaire ψ + accumule les
électrons entre les deux noyaux. Cette OM assure donc la cohésion de la molécule. Alors que
l'
allure suivante :
A B
40
L’orbitale moléculaire ψ − « repousse » les électrons à l'
extérieur du segment joignant les
noyaux : si elle est occupée, elle a tendance à éloigner les noyaux.
! ψ+ ! ψ−"
$ α . / ϕ 0 0 ϕ 1 $
|αA| est voisine du potentiel d’ionisation de l’atome A, c’est-à-dire l’énergie qu’il faut fournir
pour arracher un électron à ϕA et l’envoyer à l’infini (E = 0).
E
E.I.A
αA
$ 2 . / ϕ 0 0 ϕ 1 $
3
On considère qu’au voisinage de A, ϕ A h i ϕ A = ϕ A h A ϕ A .
41
Au départ, chaque atome est porteur d'
un électron. Après formation de la molécule H2, les
deux électrons vont se trouver dans le niveau le plus stable afin de constituer l'
état
fondamental de la molécule. Le bilan thermodynamique est donc :
α+β
∆E = 2 E + − 2α = 2 − 2α
1+ S
Or S est petit devant 1 (cf paragraphe suivant), ∆E ≈ 2 β .
En première approximation, est égal à la moitié de l'
énergie de liaison H-H. est donc une
mesure de force de la liaison H-H.
Notons que, puisque kS, seules 2 OA ayant un recouvrement non nul entre elles
peuvent former une orbitale moléculaire.
$ - . / ϕ 0ϕ
ϕ 1 $ +
Les orbitales atomiques étant normées, la valeur absolue de l’intégrale de recouvrement S est
toujours inférieure à 1.4
Le recouvrement entre deux orbitales atomiques correspond à la zone d'
espace dans laquelle
les deux orbitales atomiques sont en interaction. Considérons deux atomes HA et HB
possédant chacun une orbitale atomique de valence respectivement notée ϕ et ϕ se
recouvrant partiellement, elles définissent ainsi 4 régions de l'
espace :
ϕA I ϕB
II IV III
4
Attention à ne pas confondre :
recouvrement entre 2 OA d'un même atome (rappelons que 2 OA d' un même atome ont toujours un
recouvrement nul entre elles).
recouvrement entre 2 OA appartenant à 2 atomes différents. Ici, ϕ et ϕ correspondent aux atomes
HA et HB.
42
Régions II et III : faible contribution à S puisque l’un des facteurs est infiniment petit (par
exemple, dans la région II, ϕ prend des valeurs très faibles puisque cette portion de l'
espace
est située en "dehors" de l'
orbitale B).
Région IV : principale contribution à S puisque c'est la partie "commune" à ϕ et
ϕ …d’où le nom de recouvrement.
# 3 #%
& $ '
β −α
+
≈α +
α −α
β −α
≈α +
α −α
Or H = -13,6 eV et Li = -5,4eV, le terme ( H - Li) est négatif. On trouve donc que E+< H.
de départ.
énergie de déstabilisation |∆ E − | = | E − -
L' Li| est, en valeur absolue, supérieure à l'
énergie de
stabilisation |∆E+| = |E+ - H| comme dans le cas de l'
interaction de deux orbitales de même
énergie.
43
D' expression donnée ci-dessus, on remarque que E+ est proportionnelle au carré de
après l'
et donc au carré du recouvrement S (d’après l’approximation de Mulliken), et inversement
énergie ∆ε entre les deux niveaux de départ
proportionnelle à la différence d' H et Li.
+
∆ ∝
∆ε
Cela permet de justifier a posteriori l'
approximation qui consiste à négliger la participation
des OA de cœur (1s du lithium) dans la construction des OM. Ces orbitales, très profondes en
énergie interagissent peu avec les orbitales de valence car est grand. Elles sont, de plus,
fortement contractées dans la région nucléaire et ont, par conséquent, un faible recouvrement
avec les OA des atomes voisins (faible S). Ces deux facteurs contribuent au fait que l'
on peut
négliger les interactions entre les OA de cœur d'
un atome et les OA de valence d'
un atome
voisin. Cela justifie également que l'
on néglige les OA 2p du lithium trop hautes en énergie
pour interagir significativement avec l'
OA 1s de l'
atome H.
'
la molécule de Li-H : .
*
De la même manière, l'
OM antiliante est proche en énergie et en structure de l'
OA 2s du Li.
*
L'
OM antiliante ressemble donc à l'
OA 2s du Li à laquelle on ajoute une petite contribution
de l'
OA 1s de l'
atome d'
hydrogène. Cette interaction étant antiliante, les deux lobes sont en
opposition de phase. On obtient ainsi de manière qualitative l'
allure de l'
OM antiliante de la
molécule de Li-H : .
44
# $ %&
H
Li
'
H
Li
'(
45
") * !
σ∗
∆E-
αLi
αH
+
∆E
σ
Le remplissage de ce diagramme montre que les électrons se retrouvent dans une orbitale
proche en énergie de l'
hydrogène et essentiellement développée sur l'
orbitale 1s de H. Lors de
la constitution de la liaison, un électron situé initialement au voisinage du Li (électron 2s) va
occuper une orbitale moléculaire essentiellement développée sur H. La liaison est donc
fortement polarisée (Li(δ+)-H(δ-)).
# , 3 $ %4
L'
atome F (Z = 9) comporte 4 orbitales de valence : 1 OA 2s située à -40,4 eV, et les 3 OA 2p
dégénérées : 2px, 2py et 2pz situées à -18,6 eV.
F H
y
z z z z
y y y y
x + x + x + ,
x + -
46
Toutefois, toutes ces orbitales ne peuvent interagir avec la 1s de l'
atome H. En effet, comme
nous l’avons précédemment montré, pour que deux orbitales interagissent, il faut que le
recouvrement de ces deux orbitales soit non-nul.
"
x Sblanc
L'
OA 1s est symétrique par rapport au plan x0y alors que l'
OA 2pz est antisymétrique par
rapport à ce même plan. La partie négative du recouvrement, notée Sblanc, est contrebalancée
par une contribution positive, notée Snoir, de même valeur absolue en raison de la symétrie du
système par rapport au plan x0y. L’intégrale de recouvrement entre une orbitale atomique 2pz
d’un atome et une orbitale atomique 1s d’un deuxième atome est nul. Ce résultat est général :
Le recouvrement S est non nul si les deux OA sont de même symétrie par rapport à tout
élément de symétrie de la molécule (plan contenant les atomes H et F ou l’axe de liaison
H-F). S = 0 si les deux OA sont de symétries différentes (l'une symétrique, l'autre
antisymétrique par rapport à un élément de symétrie de la molécule).
En phase S ≥0
≠
En opposition de phase S ≤0
47
Avec le choix d’axes effectué précédemment, le recouvrement entre l’orbitale 1s de H et
l’orbitale 2px ou 2pz de F est nul5 ; seules les OA 2s et 2py ont un recouvrement non nul avec
l'
OA 1s.
z z
2pzF
1sH 2pyF 1sH 2pxF 1sH
y y
S>0 S=0
De plus, l'
OA 2s de F (d'
énergie -40,4 eV) étant beaucoup plus basse en énergie que l'
orbitale
1s de H (-13,6 eV), on pourra négliger cette interaction ( grand).
5
L’intégrale de recouvrement sur le demi-espace z>0 est exactement opposée à celle sur le demi-espace z<0. Le
plan z=0 étant plan d’antisymétrie pour l’orbitale 2pz.
48
Un recouvrement axial en opposition de phase conduit à une orbitale moléculaire antiliante
notée *.
( $ ) '
H F
E
σ∗
1sH
2pF
2sF
Le remplissage des OM indique que 3 paires d’électrons sont situées dans des OM
uniquement développées sur le fluor. Les électrons engagés dans la liaison sont portés par une
OM σ dissymétrique fortement développée (gros coefficient) sur F. La liaison est donc
fortement polarisée.
49
# $ &.
H
F
'
H
F
'(
50
6 ' $
Pour construire le diagramme orbitalaire de O2, on se limitera aux seules interactions des OA
de valence 2s (E2s = -32,4 eV) et 2p (E2p = -15,9 eV).
O O
y
x
Les recouvrements entre les OA 2px/2py, 2px/2pz, 2py/2pz, 2pz/2s et 2px/2s, sont nuls car ces
OA sont orthogonales entre elles (OA de symétries différentes par rapport à un plan contenant
l'
axe de la liaison O-O).
Toutefois, le recouvrement est non nul entre deux OA de même symétrie par rapport à tout
plan contenant l’axe de la liaison. Ainsi, deux orbitales 2pz ont un recouvrement latéral non
nul, elles peuvent interagir ensemble pour former une orbitale moléculaire de type z.
pz-pz px-px
pz-pz px-px
6
En toute rigueur, il faudrait considérer les interactions 2py/2s. Toutefois, par souci de simplification, nous
négligerons ici les interactions s-p et ne considérerons que les interactions s-s et p-p. Cette approximation peut se
justifier en remarquant qu' une interaction entre orbitales de même énergie ( = 0) est plus forte qu'une
interaction entre orbitales d'énergies différentes ( ε = 16,5 eV).
51
*
De même, la combinaison des 2 OA 2px va donner 2 OM notées x et x . Les deux OM x et
* *
z (resp. x et z ) provenant de l'
interaction d'
OA dégénérées ayant des recouvrements
identiques sont elles-mêmes dégénérées.
Nous avons vu que la stabilisation ( ∆E + ) d'
une orbitale moléculaire est d'
autant plus
importante, que le recouvrement entre les deux orbitales atomiques est grand. Or un
recouvrement axial (liaison de type ) est plus fort qu'
un recouvrement latéral (liaison de type
).
*
La stabilisation des OM (resp. la déstabilisation des OM ) est par conséquent plus faible
*
que la stabilisation des OM (resp. la déstabilisation des OM ).
Munis de l'
ensemble de ces considérations, on peut donc tracer le diagramme orbitalaire de
O2.
( $ ) '
z
σy*
y
x O O πx* πz*
2p 2p
πx πz
σy
σs*
2s 2s
σs
L'
oxygène (Z = 8) possède 6 électrons de valence. Le remplissage des OM avec douze
2 *2 2 2 2 *1 *1
électrons conduit à la configuration suivante : s , s , y , x , z , x et z . En effet, en
accord avec la règle de Hund, cette configuration sera plus stable que celle dans laquelle les
52
*
deux derniers électrons s'
apparient sur une des deux . On constate que la molécule de
dioxygène possède deux électrons célibataires. C'
est une molécule paramagnétique, ce que
l'
on vérifie expérimentalement. Cette propriété ne peut être déduite de la seule représentation
de Lewis de la molécule.
Même si l'
étude de la configuration électronique de quelques molécules diatomiques est
"relativement simple", on comprend facilement que le problème va rapidement se compliquer
dès que la molécule contient plus de deux atomes. On va donc chercher à simplifier le
problème en se contentant notamment de regarder les OM dont les électrons sont responsables
de la réactivité de la molécule puisque, rappelons-le, le but de ces calculs est de parvenir
rapidement à des conclusions quant à la réactivité de la molécule.
53
# $ +
' '(
/- /-(
54
Lorsque des électrons occupent une OM liante, ils contribuent à former une liaison entre les
deux atomes. Au contraire, quand ils occupent une OM antiliante, ils contribuent à la rupture
de la liaison.
On définit l'
indice de liaison comme la différence entre le nombre d'
électrons liants (électrons
occupant une orbitale liante, nl) et le nombre d'
électrons antiliants (na) divisée par 2 (il faut
deux électrons pour une liaison).
−
!=
55