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cette allergie peut être très sévère, avec des lésions
Risques pour la santé liés
à l’utilisation
des ciments
xiste-t-il des données nouvelles publiées sur
E l’impact cutané des ciments, notamment dû à la
présence de chrome ? C’est une question posée
fréquemment par les utilisateurs et les médecins du
travail, confrontés aux risques pour la santé liés à l’uti-
lisation des ciments, risques connus depuis longtemps.
Depuis 1817, date d’invention par le français Louis
Vicat, les ciments sont largement utilisés, notamment
dans le BTP. Le principe de fabrication est à peu près
toujours le même : 80 % de calcaire, 20 % d’argile, le
tout cuit à environ 1 450 °C. On y retrouve du cal-
cium, du silicium, de l’aluminium et du fer, combinés
sous forme de silicates et d’aluminates qui se dissol-
vent dans l’eau et précipitent sous forme de silicate de
calcium hydraté. On trouve également des traces de
nickel, de cobalt et de chrome dans les ciments. Leur
pH est basique (12 à 13).
Les effets sur la peau peuvent être regroupés
en deux catégories
Les principaux risques pour la santé liés à l’utilisa-
tion des ciments sont leurs effets sur la peau, regrou-
pés en deux catégories : les phénomènes irritatifs liés
essentiellement au caractère basique du ciment et les
phénomènes allergiques. La peau est abrasée par l’ef-
fet mécanique des particules de ciment, desséchée par
son caractère hygroscopique et irritée par son caractè-
re basique. Ces effets sont souvent aggravés par les
conditions d’utilisation du ciment au froid, à l’exté-
rieur et par l’utilisation concomitante d’autres produits
agressifs pour la peau (huiles de décoffrage, savons,
solvants…). On observe classiquement une peau
rouge, œdémateuse, moite, chaude, hyperkératosique,
avec des érosions ou des crevasses.
Les effets sensibilisants classiques sont, en
revanche, moins souvent connus des utilisateurs. Ils
sont d’autant plus fréquents que la peau a été rendue
fragile par l’irritation préalable. Parmi les allergènes
reconnus (chrome, cobalt, nickel…), le chrome est le
plus souvent incriminé. Le responsable est en fait le
chrome VI. Ce dernier solubilisé dans l’eau au contact
du ciment pénètre très facilement la barrière cutanée.
Inversement, le chrome III arrêté par cette dernière,
est très peu sensibilisant. Dans l’organisme, le
Documents chromeVI est réduit en chrome trivalent qui joue le
pour le médecin
du travail rôle d’haptène. En se fixant à une protéine, il donne
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er
1 trimestre 2001 naissance à un antigène complet. Une fois installée,
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cutanées majeures persistant même après interruption
de l’exposition au ciment. D’autres atteintes de la
santé ont été décrites, telles que des atteintes oculaires
(irritations des paupières, conjonctivites), des rhinites
et des cas exceptionnels d’asthme.
La fiche dermatologie-allergologie publiée dans le
prochain numéro de Documents pour le Médecin du
Travail sera consacrée aux ciments.
Les études consacrées au risque cancérogène
des ciments restent rares et leurs résultats
contradictoires
Une analyse critique de ces dernières est en cours
au sein du département études épidémiologiques de
l’INRS et sera publiée ultérieurement dans les
Documents pour le Médecin duravTail. Il semble qu’il
n’ait jamais été rapporté de fréquence accrue de can-
cers cutanés que ce soit dans les études épidémiolo-
giques, ou à travers l’expérience des consultations de
dermatologie professionnelle, un constat qui peut sur-
prendre, compte tenu du caractère cancérogène et
mutagène des composés à base de chrome VI, classés
cancérogènes de classe 2 par la Communauté euro-
péenne.
L’information sur la présence du chrome
VI dans les ciments et l’amplification des efforts
de prévention sont nécessaires
L’actualité sur ce thème est essentiellement liée aux
discussions en cours entre les différentes administra-
tions françaises et européennes sur la présence du
chrome dans le ciment, et à la prise de conscience du
manque d’information de certains utilisateurs, notam-
ment non professionnels, sur les risques liés au ciment.
Au plan européen, dans le cadre du groupe « prépa-
rations dangereuses », l’Allemagne a proposé d’établir
des règles d’étiquetage spécifiques pour les ciments,
comportant une indication de la teneur du chrome VI.
●●●
Pour en savoir plus sur la toxicité
des ciments
- COLLET A. : Ciment, Fiches Actualisées de
Nuisances, Paris, Groupement national des médecins
du travail du BTP, 2000
- Fiche de sécurité, OPPBTP, 1999, H2 F 14 99, 8p.
- CAVELIER C, FOUSSEREAU J. : Allergie de
contact aux métaux et à leurs sels. Documents pour le
Médecin du Travail, 1996, 67, pp. 199-238 (TA 57).
- Tableau des maladies professionnelles n°8 : affec -
tions causées par les ciments (alumino-silicates de
calcium).
Informations

●●● Un étiquetage sur le danger de sensibilisa- diminution depuis 40 ans (cf. tableau).
tion pour les ciments renfermant plus de 2 ppm de
chrome VI a été retenu (directive à paraître). Par Année Professions Toutes
ailleurs, un certain nombre de pays ont d’ores et déjà du BTP professions
interdit l’usage de ciments contenant plus d’une cer- 1960 1980 2355
taine concentration de chrome VI (Danemark, Suède, 1970 1669 1983
Finlande). 1980 647 784
En France, des discussions ont lieu sur la possibili- 1990 275 365
té de diminuer la concentration de chrome VI dans le 1994 183 232
ciment en ajoutant du sulfate de fer qui transforme le 1995 183 251
chrome VI en chrome III ; une technique déjà utilisée
par des industriels des pays nordiques, également à En revanche, leur nombre reste stable depuis 7 ans
l’étude au niveau européen. Même si l’efficacité d’une et près de 250 cas sont encore reconnus chaque année
telle mesure sur l’incidence des cas d’allergie reste dif- en France, au titre du tableau n° 8 des maladies pro-
ficile à démontrer sur le terrain, diminuer le pourcen- fessionnelles. Ces pathologies toujours d’actualité
tage d’un allergène dans un produit ne peut être que montrent qu’il faut maintenir les efforts de prévention,
positif, d’autant que le chrome est un cancérogène voir les amplifier.
possible chez l’homme. Cette action va dans le sens du Au niveau des pouvoirs publics et des fabricants,
premier principe de prévention qui est de remplacer, une réflexion est engagée afin de diminuer les concen-
chaque fois que cela est possible, un produit toxique trations de chrome, améliorer l’étiquetage et dévelop-
par un produit qui l’est moins ou pas du tout. per l’information.
La baisse de la teneur en allergène paraît être, en Pour les préventeurs, il est nécessaire de continuer
théorie, un des facteurs de prévention susceptible de d’informer sur les risques et de favoriser les méthodes
faire diminuer le nombre de cas d’allergie. Un certain de prévention permettant de réduire le risque : auto-
nombre d’études, en effet, semblent montrer qu’une matisation des tâches afin de limiter le contact avec le
concentration inférieure à 5 ppm de chrome dans ciment, port de protections individuelles adéquates
divers produits diminue le risque d’allergie ; le seuil de (gants en nitrile doublé de coton, vêtements de pro-
1 ppm étant cité comme seuil de sécurité par plusieurs tection, masques anti-poussières si des aérosols peu-
auteurs. vent être créés), hygiène rigoureuse (lavage des mains,
Le nombre de dermatoses professionnelles dues savon neutre, crèmes de protection et de régénération,
aux ciments et reconnues en maladies profession- se laver en cas de projection, vêtements propres sou-
nelles (tableau n°8 du régime général) est en nette vent renouvelés,…).

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pour le médecin
du travail
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