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Présentation

On embarque
Ça y est, Romain va prendre l'avion ! Pas l'airbus 360
qui fait le vol intercontinental Paris-Saint-Domingue,
mais le petit avion de la compagnie Caribair qui traverse
l'île d'Hispaniola et va de Saint-Domingue à Port-au-
Prince, en Haïti.
Cécile Duparc :
il a 23 ans et i l est lyonnais.
En effet, Romain est arrivé hier à Saint-Domingue.
elle a 23 ans et elle est lyonnaise.
I l a t e r m i n é ses é t u d e s Elle a fait des é t u d e s I l a dormi dans le petit hôtel que l u i a recommandé sa
de c o m m e r c e et va travailler de c o m m e r c e et v i t a c t u e l l e m e n t copine, Cécile. Enfin, dormir, c'est beaucoup dire... Trop
six m o i s dans en H a ï t i .
de bruit toute la nuit : les touristes qui font la fête, les
une O N G , en H a ï t i .
voitures... mais i l s'est un peu reposé !
Terminer des études de commerce, se destiner à la
haute finance... et commencer sa carrière par une action
humanitaire en Haïti, c'est original !
C'est le choix de Romain Bulot, jeune homme brillant
qui a terminé ses études à Lyon, le mois dernier. C'est un
choix un peu intéressé : avant de travailler à la Bank of
New York, son rêve, i l doit faire un stage de fin d'études.

trop (de) : pour exprimer une quantité excessive,


faire la fête : s'amuser avec des amis.
une carrière : profession qui présente une progression. // a fait une bonne
carrière : il a commencé petit employé et a fini directeur de l'entreprise.

Auguste Laguerre : Islande Laguerre : un choix : action de choisir, de prendre une décision.
il est avocat. 11 a 63 ans. c'est la fille un rêve : chose qu'on veut absokiment réaliser. Petit, j'avais un rêve : être
pilote.
C'est le f o n d a t e u r de l ' O N G d ' A u g u s t e Laguerre.
un stage : pour un étudiant, expérience pratique dans une entreprise pour
La Maison du petit crédit. Elle a 25 ans. Elle est avocate. se perfectionner.
CHAPITRE 1

I l a choisi de le faire comme volontaire en Haïti, à


l'association La Maison du petit crédit.
Cette ONG haïtienne de micro-crédit est en relation
avec de nombreuses ONG plus importantes, et aussi avec
des entreprises et des écoles de commerce qui peuvent
l'aider. Son objectif ? Proposer des petits crédits aux
habitants du quartier de Delmas, à Port-au-Prince. Ainsi,
ils peuvent mettre en marche un petit commerce comme,
par exemple, la vente de fruits dans la rue.
^ * >h

Il a beaucoup plu sur Saint-Domingue, cette nuit.


« L'avion pourra partir ? », se demande Romain, un
peu inquiet.
Dans le petit aéroport de La Isabela, à 50 k m de la
capitale, i l observe les passagers : des Haïtiens avec
attaché-case, mais surtout des Européens, et pas des
touristes comme dans le vol Paris-Saint-Domingue !
Discrètement, i l écoute les conversations : tous
travaillent pour des organisations internationales en
relation avec l'ONU.
Romain parle avec un Canadien qui travaille pour les
services de douane. I l vit en Haïti depuis deux ans. I l aime

u n q u a r t i e r : partie d'une ville (quartier pauvre, résidentiel...).


b e a u c o u p (de) : é n o r m é m e n t , une grande q u a n t i t é (de), u n g r a n d n o m b r e
(de).
inquiet : préoccupé.
u n a t t a c h é - c a s e : mallette plate et rectangulaire q u i sert à transporter des
documents, des dossiers.
la d o u a n e : service a d m i n i s t r a t i f c h a r g é de contrôler les marchandises q u i
passent la Ironticrc d'un pays,
d e p u i s : à parlir de. /)(//;,'; k petit aéroport de la Isabela, Romain observe les passay,ers.

6
CHAPITRE 1

H 1 S ? F\ 1 o LA

ce pays avec ses contrastes, ses vendeurs ambulants, ses


rues en mauvais état et pleines de boue les jours de pluie !
î\EPUBLl<
- Tu verras, ici, pour se déplacer, i l faut absolument un
POHtN\CAlN|
4 X 4 ! dit le jeune homme.
- Et les gens ? demande Romain. Comment sont-ils ?
- S p é c i a u x , dit son compagnon... Fiers, réservés...
SAiNT-ooMi Mec
mais très attachants ! Et t u verras, les filles sont
magnifiques. Surtout ma copine !
L'embarquement commence avec une demi-heure de P E
retard. I l pleut à nouveau. Romain monte dans l'avion et
s'installe à l'avant, à côté du Canadien. I l est un peu - Ça, c'est Savnt-Dornuigue. Haïti, c'est différent !
inquiet : son siège est vieux et le moteur de l'avion fait
beaucoup de bruit, mais la ceinture de sécurité fonctionne
correctement, ouf !
- Désertification ? en zone tropicale ?
*^
- Oui, c'est ainsi. I l n'y a pas beaucoup de forêts ;
L'avion décolle enfin. Romain regarde par la fenêtre. d'abord, à cause des cultures intensives puis à cause du
- C'est vraiment beau les Tropiques ! Tout ce vert ! combustible : les gens utilisent le bois pour faire du
s'exclame-t-il. charbon. Dans les campagnes, ils n'ont pas l'électricité, et
- Oui, mais ça, c'est Saint-Domingue. Haïti, c'est en ville, ça dépend ! I l y a toujours des pannes ! Sans
différent ! commente son voisin. générateur, on ne peut pas vivre !
- Différent ? C'est la même île ! - Et les plages ?
- Oui, mais pas la même histoire, pas les mêmes - Oh, elles ne sont pas sûres ! El puis elles sont sales.
politiques... En Haïti, i l y a eu une désertification, et
maintenant, c'est un pays sec ! le bois : l'arbre est fait de bois, m a t i è r e p r e m i è r e q u i p e r m e t de faire d u feu,
des meubles...
; j la b o u e : terre mouillée par la pluie : elle est grasse et molle (contraire dtdure). le c h a r b o n : c o m b u s t i b l e solitic noir, d ' o r i g i n e v é g é t a l e .
fier : orgueilleux. u n e p a n n e : il y a une panne q u a n d un m é c a n i s m e ne f o n c t i o n n e pas.
a t t a c h a n t : qui attire la sympathie. L'ascenseur est en panne. Je prends les escaliers.
u n s i è g e : meuble q u i permet de s'asseoir. sûr : i c i , cela signifie q u ' o n n'est pas en s é c u r i t é , q u ' o n peut avoir des
o u f ! : exprime qu'on est maintenant tranquille après une grande p r é o c c u p a t i o n , p r o b l è m e s (sur les plages).
d é c o l l e r : p o u r u n a v i o n , s'élever dans l'air ; c o n t r a i r e de atterrir. sale : q u i n'est pas p r o p r e . Ne touche pas ma veste avec tes mains sales !
Il iTy a |>as de service de poubelles très efficace ici ! Toiil
e%l clans la rue ! et cjuand il pleut beaucoup, t o u l arrive
dans les b i d o n v i l l e s des bords de mer... et ça sent très
mauvais, c r o i s - m o i ! Naturellement, les gens riches vivent
sur les collines !
« U n pays t r o p i c a l sans végétation, des gens réservés et
fiers, des plages avec des bidonvilles et des détritus ! Tout
cela, ce n'est pas très agréable. Mais, b o n , o n verra... »,
pense R o m a i n .
- Tu vas dans quel quartier ? l u i demande le Canadien.
- À Delmas.
- B o n , ça va, ce n'est pas la Cité du Soleil, le quartier le
plus pauvre et le m o i n s sûr ; et t u n'es pas à côté des
plages. O r i exactement ?
- À I f l Maison du petit crédit.
- A h , t u vas à La Maison du petit crédit..., d i t le
Canadien.
Mais i l ne fait pas d'autre commentaire. Qu'est-ce que
ça veut dire ?
L'avion vole m a i n t e n a n t au-dessus d'Haïti : c'est v r a i , la
couleur change ; le vert de S a i n t - D o m i n g u e a disparu ;
t o u t est plus gris. Ce pays paraît plus habité et plus triste.
R o m a i n se demande, mélancolique : « Qu'est-ce que je
suis venu faire i c i ? »

une p o u b e l l e : e n d r o i t , récipient o ù o n jette les détritus : pelures de fruits


et l é g u m e s , plastiques..., toutes les choses à éliminer,
très : e x t r ê m e m e n t .
u n bidonville : q u a r t i e r formé de baraques faites avec des vieilles planches en
bois, de la tôle (feuille métallique)... ; il est habité par des gens très pauvres,
a u - d e s s u s de : plus ha ut que.
La Maison
du petit crédit
Romain a un peu dormi. I l se réveille à l'atterrissage.
Le petit avion de la compagnie Carihair se trouve près
d'un gros avion de la Pan Am. Les passagers descendent sur
la piste et vont à pied jusqu'à l'aéroport.
Romain avance avec difficulté au milieu d'une foule
bigarée. I l voit tout à coup son amie Cécile, une jeune fille
pas très grande, avec des cheveux bouclés roux et des
lunettes carrées vertes, comme ses yeux. Elle l u i fait de
grands signes.
- Ça va, tu as fait bon voyage ? demande-t-elle à Romain.
Romain récupère sa valise puis i l suit Cécile jusqu'à un
4 x 4 Nissan bleu.
- Je te présente Casimir, dit Cécile. C'est le concierge et
le chauffeur de La Maison du petit crédit.

un peu : pas énormément, pas beaucoup.


aller j u s q u ' à : ici, faire (à pied) la dislance qui sépare de l'aéroport,
bigaré : qui a des couleurs vives et variées,
tout à coup : brusquement.
faire de grands signes : faire des mouvements avec les bras pour signaler sa
présence.
suivre (quelqu'un) : aller derrière (quelqu'un).
CHAPITRE 2

Romain l u i serre la m a i n .
Casimir est plus grand que Romain. I l a les cheveux u n
peu gris et porte une belle chemise bleu clair et u n
pantalon gris. Romain se sent sale et m a l habillé à côté de
lui.
- Wanfdm ? l u i demande Casimir avec u n beau sourire.
Ç a veut dire tu es en forme ? ça va ? en créole.
- Ça va, répond Romain t i m i d e m e n t .
^ ^ ^

Romain serre la main de Casimir.


Dans la voiture q u i les conduit à La Maison du petit
crédit, Cécile parle t o u t le temps. Romain a u n peu m a l à la - Je n'aurai pas de contact avec les clients de
tête et ne suit pas v r a i m e n t son monologue. l'association ?
- . . . t u vas partager ta chambre avec u n volontaire - N o n , les clients sont reçus par deux employés haïtiens.
québécois. T u verras, i l est très sympa. Tout le monde - Et t o i , qu'est-ce que t u fais ?
t'attend à La Maison du petit crédit. Le fondateur est là. Tu
- La m ê m e chose que t o i ; mais avec la femme de
verras peut-être Islande, a u j o u r d ' h u i ; c'est sa fille. Elle est
Casimir, j'accueille les femmes q u i passent une n u i t à La
avocate, comme l u i .
Maison du petit crédit, o u q u i laissent leurs produits u n
- Quel sera m o n travail ? demande enfin Romain. j o u r o u deux. I l y a u n d o r t o i r et u n entrepôt au sous-sol.
- T u demanderas des subventions aux i n s t i t u t i o n s - Les femmes d o r m e n t ici ?
internationales. La Maison du petit crédit, q u ' o n appelle
- Pas toutes. Beaucoup vivent à la campagne et restent
aussi Tikredi, est financée en partie par ces subventions et
deux jours p o u r vendre leurs produits. Alors, elles passent
en partie par sa coopérative d'artisanat naïf. Les artistes et
la n u i t i c i . D'autres viennent parce que leur m a r i a b u et
artisans o n t u n magasin à Pétionville, près des grands
veut les frapper. Tu sais, La Maison du petit crédit est une
hôtels. Ils ont tous eu des micro-crédits de l'association !
accueillir : recevoir.
serrer la main : p r e n d r e la m a i n de q u e l q u ' u n et la presser d o u c e m e n t p o u r un dortoir : grande salle o ù d o r m e n t u n certain n o m b r e de personnes :
saluer, d i r e b o n j o u r . d o r t o i r d ' u n m o n a s t è r e , d ' u n collège...
partager : avoir en c o m m u n ( u n e c h a m b r e ) . un e n t r e p ô t ; lieu (édifice, magasin...) o ù o n m e t , d é p o s e des p r o d u i t s ,
un(e) avocat{e) : sa profession est d'aider les gens à c o m p r e n d r e la loi et à un sous-sol : étage s o u t e r r a i n d ' u n e c o n s t r u c t i o n .
se d é f e n d r e devant u n t r i b u n a l . frapper (quelqu'un) : d o n n e r des coups v i o l e n t s , taper, battre. Cet homiiie
l'artisanat n a ï f : artisanat p o p u l a i r e , f o l k l o r i q u e ; o n parle aussi d ' a r t n a ï f brutal frappe ses enfants.
CHAPITRE 2

O N G très spéciale : c'est une maison chaleureuse, humaine.


- Les clients de Tikredi sont u n i q u e m e n t des femmes ?
- N o n . Les femmes vendent des produits de la terre o u
des vêtements, mais i l y a aussi des hommes, des petits
réparateurs de rue. Ils réparent les téléphones, les radios...
Et, bien sûr, i l y a les artisans et les artistes naïfs.
jf * >f

Romain regarde le paysage. Les routes sont en mauvais


état et i l y a des détritus sur le b o r d mais i l voit aussi les - Pour le moment, observez, écoutez.
marchands ambulants q u i vendent de tout : des tableaux - M m m . . . m o i aussi ! répond R o m a i n t i m i d e m e n t .
naïfs, des radios, des fruits frais o u en j u s . . . m i a m !
Auguste Laguerre est u n h o m m e grand et maigre, à la
« Quelle vie dans ces rues ! et t o u t ça sous u n soleil barbe blanche. I l porte une chevalière au p e t i t d o i g t et
brillant ! », pense Romain, content.
fume u n cigare.
- Nous sommes dans Delmas, maintenant, d i t Cécile. - Vous voulez u n jus de f r u i t frais ? Notre Maison du
La voiture entre dans la cour arrière d'une vieille maison petit crédit n'est pas u n hôtel quatre étoiles, mais o n v i t très
coloniale. bien i c i . D'autre part, la femme de Casimir est une
- Voilà, c'est là ! d i t Casimir. excellente cuisinière et nos volontaires sont adorables. Je
pense que vous serez heureux chez nous !
Romain descend de la voiture et voit, à côté de deux
vieilles voitures -une autre Nissan et une vieille Mercedes - Et p o u r m o n travail ? demande t i m i d e m e n t Romain.
beige- un gros générateur d'électricité, très rouillé. - O h . . . chaque chose en son temps, jeune homme...
X- >f x- D'abord, vous allez visiter la maison : les bureaux et la salle
commune sont au rez-de-chaussée et les chambres à l'étage.
Peu après, les deux amis v o n t dans le bureau du
Ensuite, Cécile vous présentera les employés. Pour le
président de Tikredi, q u i se trouve au rez-de-chaussée.
m o m e n t , observez, écoutez. Bon, nous nous verrons à
- Cher a m i , enchanté de vous connaître ! d i t Auguste
l'heure du dîner. Je vais en ville car j ' a i une série de réunions,
Laguerre d ' u n t o n très aimable.
mais je serai de retour ce soir !... Bonne journée !!!
u n e c o u r : espace en p l e i n air ( i c i , situé d e r r i è r e la m a i s o n ) ,
rouillé : q u i est o x y d é et a pris une c o u l e u r rousse. u n e chevalière : bague avec u n dessus plat o ù sont gravées des initiales,

u n r e z - d e - c h a u s s é e : partie d ' u n i m m e u b l e , d ' u n e m a i s o n , q u i est au le petit doigt : d o i g t le plus petit de la m a i n ( a u r i c u l a i r e ) ,


niveau de la rue. u n cigare : r o u l e a u de feuilles de tabac.
Disparu !
C'est la nuit.
Romain est seul dans sa chambre. Il s'est couché et a dormi
un peu. I l a mal à la tête et se sent fatigué : le voyage ? les
explications de Cécile ? le rhum haïtien qu'il a bu au dîner ?
I l pense à sa journée.
>«- X- *

Quand Auguste Laguerre est parti, Romain a visité la


maison avec Cécile. I l a connu Francelise, la femme de
Casimir, qui lui a donné de délicieux beignets puis i l a vu
des marchandes mettre leurs produits au sous-sol.
Finalement, Cécile lui a présenté les employés.
Pendant toute la visite, elle lui a expliqué beaucoup de
choses... trop sans doute car il a tout oublié, ou presque !
Le soir, i l a dîné avec Cécile et le volontaire québécois,
Fabien. Auguste Laguerre et Casimir n'étaient pas là.
Francelise était un peu inquiète. Cécile et Fabien ont parlé
des micro-crédits offerts par les banques locales :
« des taux d'intérêt trop élevés ! un scandale ! », disaient-ils.

le r h u m : alcool très f o r t fait avec d u j u s de canne à sucre,


u n b e i g n e t : p â t e cuite dans de l ' h u i l e (beignets a u x p o m m e s ) ,
presque : quasiment.
u n t a u x d ' i n t é r ê t : r a p p o r t entre la s o m m e p r ê t é e par une banque et
l'intérêt a n n u e l à payer ; il peut être bas o u élevé.
Disparu !
C'est la nuit.
Romain est seul dans sa chambre. Il s'est couché et a dormi
un peu. I l a mal à la tête et se sent fatigué : le voyage ? les
explications de Cécile ? le rhum haïtien qu'il a bu au dîner ?
I l pense à sa journée.
>«- X- *

Quand Auguste Laguerre est parti, Romain a visité la


maison avec Cécile. I l a connu Francelise, la femme de
Casimir, qui lui a donné de délicieux beignets puis i l a vu
des marchandes mettre leurs produits au sous-sol.
Finalement, Cécile lui a présenté les employés.
Pendant toute la visite, elle lui a expliqué beaucoup de
choses... trop sans doute car il a tout oublié, ou presque !
Le soir, i l a dîné avec Cécile et le volontaire québécois,
Fabien. Auguste Laguerre et Casimir n'étaient pas là.
Francelise était un peu inquiète. Cécile et Fabien ont parlé
des micro-crédits offerts par les banques locales :
« des taux d'intérêt trop élevés ! un scandale ! », disaient-ils.

le r h u m : alcool très f o r t fait avec d u j u s de canne à sucre,


u n b e i g n e t : p â t e cuite dans de l ' h u i l e (beignets a u x p o m m e s ) ,
presque : quasiment.
u n t a u x d ' i n t é r ê t : r a p p o r t entre la s o m m e p r ê t é e par une banque et
l'intérêt a n n u e l à payer ; il peut être bas o u élevé.
CHAPITRE 3

Il se lève pour regarder par la fenêtre de sa chambre. I l


essaie de l'ouvrir : impossible !
Puis il entend le bruit d'un moteur qui se met en marche
et s'arrête tout le temps et un homme qui dit, d'une voix
sourde : Entrez !
Des portes de voiture se ferment et une voiture part.
Mais le bruit de moteur continue, puis s'arrête à nouveau !
Romain ouvre enfin la fenêtre. I l se penche et voit
Fabien à côté du générateur.
- Que se passe-t-il ? demande-t-il.
- C'est le générateur qui ne veut pas fonctionner !
Le bruit de moteur recommence, suivi d'une horrible
Et la lumière revient !
odeur de gasoil !
- Ça y est ! dit Fabien, triomphant. - Il est rentré ? dit Romain.
Et la lumière revient ! - Oui, un peu avant la panne, dit la femme.
Casimir sort de derrière le générateur. - Allons voir dans son bureau ! dit Casimir.
Romain leur demande :


- Vous avez entendu des cris ? Romain retrouve Cécile, Fabien, Casimir et sa femme
- Des cris ? demande Casimir. devant le bureau du président. Le bureau est ouvert mais...
- Oui ! Quelqu'un a crié « Au secours ! », i l me semble, le président n'est pas là !
dit Fabien. La lampe du bureau est tombée par terre et s'est cassée.
- M o n Dieu ! le président ! dit la femme de Casimir, qui La fenêtre est ouverte.
apparaît alors à la porte de la cuisine.

se pencher : s'incliner.
I - Dans sa chambre, peut-être ?
Romain monte rapidement l'escalier, suivi de Cécile. Pas
de président !!!
recommencer: commencer à nouveau. En français, pour indiquer la répétition Ils redescendent.
d'une action {relire, refaire...), le retour à un état antérieur (refermer), on ajoute
l'élément re- au début du verbe. Quand le verbe commence par une voyelle ou
un h muet, on retire le e = s'habiller, se rhabiller. • redescendre : voir note recommencer page 22.

22
I
CHAPITRE 3

- J'ai entendu des cris et aussi « Au secours ! ». C'était


une voix de femme ! Je me rappelle très bien, maintenant,
dit Romain. Tu as crié, Cécile ?
- M o i ? non ! pourquoi ?
- M o i non plus ! dit Francelise, et cette nuit, i l n'y a pas
de clientes dans le dortoir... Ah, la fille du président !
s'écrie-t-elle.
- Quelle fille ?
- Islande, vous ne l'avez pas vue ? Elle est venue le voir
et elle est allée dans son bureau ! Mais où est-elle ?
- Disparue, elle aussi ! dit le Québécois.
- Non, la voilà, dit Cécile avec un sourire.
Romain regarde du côté de l'entrée principale. Une
jeune femme très grande, et qui a un air de famille avec le
président, arrive. Elle est vraiment très belle. Elle paraît
inquiète et un peu effrayée.
- M o n Dieu, Islande, mais où étais-tu ? demande
Francelise.
- Mon père, ils l'ont enlevé, j'en suis sûre ! répond-elle.
Les yeux de la jeune fille s'emplissent de larmes. Elle
prend son portable et compose un numéro : elle appelle la
police.
Cécile s'approche de Romain et lui prend la main. La
nuit va être longue !

I
effrayé : q u i a peur,
e n l e v e r ( q u e l q u ' u n ) : l ' e m m e n e r de force, le k i d n a p p e r ,
s ' e m p l i r de l a r m e s : être pleins de larmes (gouttes q u i apparaissent dans les
yeux q u a n d o n est t r i s t e ) .
)itre 4

Soupçons
Peu après, la police arrive. Ils sont deux, u n commissaire
et u n inspecteur, plus jeune.
Ils observent les lieux et découvrent que les vitres de la
fenêtre d u bureau de Laguerre sont cassées. Ils réunissent
toutes les personnes présentes dans la maison et les
interrogent les unes après les autres.
X- >f X-

Ils commencent par Romain.


Romain raconte tout ce qu'il a entendu mais son discours
paraît confus.
Les policiers, très froids, se regardent de temps en temps
et font des commentaires en créole. Romain est m a l à l'aise.
« Ils m'accusent o u q u o i ??? c'est absurde... je connais à peine
le président !!! », se d i t - i l .
Jf *

- Et vous ? demande l'inspecteur à la femme de Casimir.


- J'étais dans la cuisine. I l faut mettre de l'ordre le soir,
après dîner. J'ai entendu monter Cécile et Fabien. Q u a n d i l

I u n s o u p ç o n ; idée, conjecture q u i fait a t t r i b u e r à q u e l q u ' u n des actes o u des


i n t e n t i o n s mauvaises, c o n d a m n a b l e s ; suspicion,
m a l à l ' a i s e : i c i , i n t i m i d é , perplexe, u n peu i n q u i e t .

21
CHAPITRE 4

y a eu la panne, j'ai appelé Casimir. I l était là depuis cinq


minutes. I l est allé s'occuper du générateur. À ce moment-
là, j'ai entendu du bruit, au premier étage. Je suis allée voir.
C'étaient Fabien et Cécile. Ils sont allés aider mon mari.
Plus tard, le nouveau est arrivé. I l était un peu désorienté.
- Et la fille du président, vous l'avez vue ?
- Avant la panne, oui. Elle m'a saluée et puis elle est allée
attendre son père dans son bureau.
- Et le président ?
- Le président ? I l est rentré en voiture avec Casimir mais
je ne l'ai pas vu. Quand Islande parle, Romain la dévore des yeux.
- Quelle voiture ? demande l'inspecteur.
- La Mercedes, répond Casimir. compris que mon père n'était pas seul. J'ai dit : « Papa ? » mais
il ne m'a pas répondu. Tout s'est passé très vite. J'entendais
- Elle n'est pas dans la cour. Elle a disparu, elle aussi, dit
marcher. Ils ont dû sortir avec mon père par la fenêtre du
l'inspecteur, d'un ton un peu ironique.
bureau : elle donne sur la cour. J'ai eu peur et j'ai crié : « Au
Casimir et sa femme se regardent un instant, surpris, secours ! » Et puis j'ai entendu la voiture démarrer. J'ai couru
mais ne disent pas un mot. dehors ! Il était trop tard pour intervenir !
>f )<- )f
Quand Islande parle, Romain la dévore des yeux. Elle est si
Le commissaire interroge enfin Islande. belle avec son regard noir et profond ; il a envie de la prendre
- Mon père est arrivé un peu avant la panne, dit-elle. dans ses bras, de la consoler !
J'étais dans son bureau. I l m'a demandé d'aller chercher ses Le commissaire dit alors :
médicaments dans sa chambre. Je suis montée, et j'ai - Je résume : i l y a eu une panne d'électricité et une ou
entendu d'autres personnes monter. C'étaient les plusieurs personnes sont entrées par la fenêtre dans le bureau
volontaires. Ensuite, il y a eu la panne. Je suis sortie à tâtons du président. Avec la mise en marche du générateur, on ne les
et je suis descendue, comme j'ai pu, jusqu'au bureau de mon a pas entendus. Ils avaient peut-être des compUces ici...
père. Là, on m'a bousculée. Qui ? je l'ignore mais j'ai

I
d é m a r r e r : se m e t t r e en mar c i i e.

I à t â t o n s : v o i r note, page 20. d e h o r s : à l'extérieur.


s i (belle) : si i n d i q u e l'intensité ; à u n tel d e g r é , à u n tel p o i n t .
b o u s c u l e r : pousser, c h o q u e r avec une certaine violence.

28
CHAITTRE 4

I l regarde t o u t le m o n d e d ' u n air de suspicion. Puis i l


continue :
- O n sait u n i q u e m e n t qu'une fenêtre est cassée et que le
président n'est pas à La Maison du petit crédit ! Enlevé ?,
comme le suggère mademoiselle, p a r t i volontairement ?
- En pleine nuit ? Impossible ! dit Casimir. Le président
conduit très peu et jamais la nuit, car i l n'a pas une bonne Aaie.
- Le président a des ennemis ? demande le commissaire
à Islande.
- Naturellement ! répond-elle. Q u a n d on veut aider les
- Tu la connais bien, Islande ?
pauvres, on a toujours des ennemis. D'autre part, m o n père
reproche aux banques de proposer des micro-crédits à des
taux très élevés. Et i l le d i t haut et f o r t ! - Tu la connais bien, Islande ?

- Votre père préfère sans doute collaborer avec les - Pas beaucoup. Elle vient aider de temps en temps. C'est
trafiquants de drogue... avec les frères M a r c e l l i n , par la fille aînée de Laguerre, de son premier mariage.
exemple ! d i t l'inspecteur, d ' u n t o n provocateur. - Tu sais p o u r q u o i elle est venue hier ?
- Ce que vous dites est odieux ! s'écrie Islande, indignée. - Pour demander de l'argent à son père, p o u r sa mère et
Vous savez parfaitement que ce sont d'horribles rumeurs, ses sœurs. Mais Laguerre n'en a pas.
que mon père n'a jamais demandé l'aide des trafiquants ! - C o m m e n t t u sais ça ?
D'un signe de la m a i n , le commissaire stoppe la - O n v i t tous i c i , alors on est au courant de certaines
conversation. I l se lève, salue, et les deux hommes partent. choses... Je sais, par exemple, que la mère d'Islande a des
Les habitants de La Maison du petit crédit décident difficultés financières et qu'elle reproche à son ex-mari de
d'aller d o r m i r un peu. I l faut attendre, c'est la seule chose à ne pas s'occuper de ses filles... Islande aime beaucoup sa
faire, maintenant. mère et veut l'aider... Je ne sais pas p o u r q u o i , mais je suis
>f X- >f sûre qu'elle sait quelque chose...

Le lendemain matin, au petit-déjeuner, Romain - Tu crois ? Et qu'est-ce que t u veux faire ? la suivre ?
demande à Cécile : - Pourquoi pas ?

I le lendemain matin : le m a t i n suivant. I le mariage ; u n i o n légale de d e u x personnes. Se marier, c'est s ' u n i r par le
mariage.

30
L'ouragan
Romain et Cécile décident alors de mener leur propre
enquête.
- I l faut être discret et naturel, dit Cécile. Ce matin, tu
vas parler avec les employés, comme prévu. Ensuite, tu
regarderas les journaux haïtiens pour savoir ce qu'ils disent
sur le président. On trouvera peut-être une piste.
>»->«->(-

Romain reste un long moment avec les employés. I l


apprend comment fonctionne l'ONG et quel sera son
travail. Puis i l se met sur l'ordinateur.
Il envoie d'abord un mail à sa famille pour dire que tout
va bien (il ne veut pas les préoccuper !), puis i l trouve sur
Internet des articles qui parlent de la disparition de
Laguerre.
La police croit, apparemment, que l'enlèvement du
président a une relation avec les trafiquants de drogue, en
particulier avec les frères Marcellin.
Romain pense à sa conversation avec Cécile ce matin et
se dit : « Si ces hommes veulent de l'argent... nous n'allons
jamais retrouver le président !!! »

mener sa propre enquête : ici, ciieiciier des informations, découvrir seuls


ce qui s'est passé.
CHAPITRE 5

Sur u n des sites web, i l y a un long article sur la vie


d'Auguste Laguerre :
Né en 1947, à Montrouis, sur la côte des Arcadins, septième
fus d'un épicier et d'une marchande de poisson, Auguste
Laguerre fait de bonnes études secondaires. Après son
baccalauréat, il obtient une bourse pour aller étudier le droit
à Pans. Il revient en Haïti. Pendant la dictature, il va en
prison. Puis il est exilé aux États- Unis où il défend les migrants
haïtiens. Il se marie aux États-Unis avec une Haïtienne. Ils ont
trois filles : Islande, Guerlande et Yolande.
A la fin de la dictature, il rentre dans son pays et fonde la
première association de micro-crédit haïtienne.
Ensuite, plusieurs ONG de micro-crédit sont créées et les Nos deux amis sont sur la route de Montrouis.

banques commencent à proposer les mêmes services, mais à des


taux d'intérêt plus élevés. L'association est obligée d'élever ses racheter la maison de ses parents, à Montrouis, et veut fonder
taux pour survivre, et finalement, ferme ses portes. une autre M a i s o n d u petit crédit dans cette ville.

Auguste Laguerre est de nouveau un simple avocat et divorce


de sa première femme. Tout à coup, Cécile entre dans le bureau, très excitée :

Il se remarie avec la jeune Annelise, de Delmas. Avec elle, il - Islande est partie p o u r M o n t r o u i s . Elle a demandé à
fonde, en 1998, La Maison d u petit crédit dans le quartier de Casimir de l'accompagner !
Delmas, une association qui accueille les clients du micro- - M o n t r o u i s , c'est la ville natale de Laguerre ! I l veut
crédit et leur offre parfois un lit. racheter la maison de ses parents ! d i t Romain.
Il se sépare de sa deuxième femme en 2005 et s'installe seul - O n y va aussi ! O n peut prendre la Nissan grise. J'ai
à La Maison d u petit crédit, à Delmas. Il a l'intention de demandé la permission à Francelise. C'est O K . Je veux
montrer la région à Romain... c'est l'explication que j ' a i
donnée.
le baccalauréat : en France, examen qu'on passe <à la fin des études
>f >«- X-
secondaires, avant de rentrer à l'université.
une bourse : argent que l'Etat d o n n e à u n élève p o u r l'aider à payer ses
Nos deux amis sont sur la route de M o n t r o u i s . Cécile
études.

I
se remarier, racheter : v o i r note recommencer page 22. conduit. Le voyage est long et la voiture avance lentement à
CHAPITRE 5

cause du trafic : des voitures, des taxis locaux, des tap-taps,


des gens, avec des charrettes, qui vendent leurs produits...
- Cette route est comme un grand village ! dit Romain.
- C'est vrai, dit Cécile. Les gens des villages cherchent
toutes les occasions pour vendre...
- Ce sont des clients de La Maison du petit crédit ?
- Peut-être...
- Laguerre veut fonder une autre maison à Montrouis.
J'ai lu ça sur Internet !
- C'est possible...
Ils prennent ensuite la route de la côte. Cécile parle en créole avec une femme qui met des poissons
Finalement, ils arrivent à Montrouis. I l est 16 heures. dans des caisses.

- Allons au port demander où se trouve la maison des - I l y a une alerte de cyclone. I l va arriver dans deux ou
parents de Laguerre, suggère Romain. trois heures. Les gens ne doivent pas sortir de chez eux.
Au port, tous les bateaux sont rentrés et les gens sont très - Et nous, qu'est-ce qu'on va faire ? demande Romain.
occupés.
- Trouver très vite un hôtel !
Le temps a changé. Le vent commence à souffler très fort A- * *

et de gros nuages noirs arrivent de la mer.


Ils trouvent un hôtel derrière le port.
- Que se passe-t-il ?
Cécile demande au gérant :
- Je ne sais pas, je vais demander, répond Cécile.
- Est-ce que vous avez vu Islande Laguerre ?
Elle parle en créole avec une femme qui met des poissons
L'homme répond « non » d'un ton très désagréable.
dans des caisses.
Cécile n'insiste pas.
Romain ne comprend pas un mot. Cécile lui explique :
Une jeune fille les conduit à leur chambre. Devant la
porte, elle leur dit, tout bas :
un tap-tap : v é h i c u l e t y p i q u e d ' H a ï t i ; souvent, c'est u n c a m i o n t r a n s f o r m é

I
en bus ( m o y e n de l o c o m o t i o n peu s û r ) .
une charrette : v o i t u r e à d e u x roues tirée par u n cheval o u u n tracteur, un cyclone : forte t e m p ê t e a c c o m p a g n é e d ' u n vent v i o l e n t , o u r a g a n ,
une caisse : g r a n d e boîte en bois o u en plastique q u i sert à transporter un g é r a n t : i c i , p e r s o n n e q u i d i r i g e l'hôtel,
des p r o d u i t s ( l é g u m e s , poissons...). tout bas : très d o u c e m e n t , d ' u n e v o i x faible p o u r ne pas être entendue.

36
CHAPITRE 5

- Je l'ai vue, elle était avec un monsieur.


- Où est-elle ? demande Cécile.
- Elle est partie en direction de La Tour Forban.
Malheureusement, les deux amis ne peuvent pas sortir à
cause de l'alerte. Le vent souffle de plus en plus fort et la
pluie est dense. I l est 17 heures, la nuit va bientôt tomber...
Cécile et Romain ont immédiatement fermé les^
persiennes et les fenêtres de la chambre. Précaution peu
utile car le vent pénètre partout.
Cécile allume une petite télé. En créole, un présentateur
donne des consignes en prévision de l'ouragan. Mais il est
interrompu par une information de dernière minute : ,
« La jeune Islande Laguerre, fille d'Auguste Laguerre, a
été enlevée sur la route de Montrouis... »
Cécile écoute attentivement puis explique à Romain :
- Islande a aussi été enlevée. L'homme qui était avec elle
-Casimir, naturellement- s'est arrêté pour acheter un jus de ' /
fruits. Deux hommes armés sont arrivés, ont fait sortir de
force Islande de la voiture et l'ont fait entrer dans un 4 x 4
noir. C'est le type de véhicule utilisé par les mafieux. On
parle des frères Marcellin, les terribles trafiquants de la Cité
du Soleil...
Cécile et Romain sont très inquiets. Mais que faire ?

I
de plus en plus : à chaque instant plus (fort),
partout : de tous les côtés.

38
Retrouvés !
Le jour se lève, mais i l fait encore sombre. Le vent souffle
un peu moins fort, et la pluie s'est presque arrêtée.
Cécile ouvre les persiennes.
- Romain, réveille-toi, i l faut aller chez M a m a n Louison !
Elle sait tout, j'en suis sûre !
- M a m a n Louison ? Q u i c'est ?
- À la Tour Forban, i l y a une centenaire vénérée. Maman
Louison. Elle va mourir. Et devine quel est son nom de famille ?
Louison Laguerre !
- Comment t u sais tout ça ?
- Hier soir, quand t u t'es endormi, je suis descendue et j'ai
pris quelques verres avec les gens de l'hôtel... C'est utile de
parler créole !
- Ce n'est pas bon de boire comme ça ! dit Romain, d'un
ton sec.
En réalité, i l se sent ridicule : lui, i l a d o r m i tranquillement
et Cécile, elle, a continué à chercher des informations !
- Ça suffit ! Lève-toi, on part ! s'écrie Cécile.
M- * >f

e n c o r e : i n d i q u e q u ' u n e a c t i o n , u n état c o n t i n u e ,
s o m b r e : obscur.
u n ( e ) c e n t e n a i r e : personne q u i a cent ans o u plus,
v é n é r é : très a i m é et respecté.
CHAPITRE 6

Les deux amis roulent sous une pluie fine.


Ils observent les dégâts de l'ouragan : des rues inondées,
des arbres cassés, de la tôle sur la route...
Cet ouragan est un véritable drame pour les Haïtiens.
Cécile et Romain sont tristes.
Ils arrivent dans un petit village de bord de mer.
- C'est la Tour Forban, dit Cécile.
Ils se garent sous des arbres.
Un des hommes se retourne. Il a une grande cicatrice sur le visage.
Une femme, qui porte une blouse d'école -sans doute une
institutrice- s'approche et leur demande en français : - Qu'est-ce que vous voulez ? demande-t-il en créole.
- Bonjour, vous êtes perdus ? Cécile ne répond pas, elle a peur.
- Non, nous voulons voir Maman Louison. - Nous venons voir Maman Louison, dit Romain en
- A h , vous aussi ! dit la femme, c'est par là. Mais il faut aller français. Nous sommes de La Maison du petit crédit !
à pied. Suivez les gens que vous voyez sur le chemin, ils vont L'homme les observe, les fouille et, son arme à la main, i l
aussi la voir. les conduit jusqu'à une cabane.
Cécile prend le bras de Romain et ils avancent sur un Un grand nombre d'Haïtiens bloquent l'entrée. I l y a des
chemin bordé de flamboyants. hommes avec des armes.
Devant eux, les gens marchent en silence. Des femmes habillées en blanc pleurent.
Cécile et Romain marchent d'un bon pas et arrivent près L'homme à la cicatrice s'arrête.
de deux hommes. - Surveille-les, dit-il à un de ses compagnons.
- Mon Dieu, ils sont armés ! murmure Cécile.
Et il entre dans la cabane.
Et elle serre le bras de Romain.
Il revient peu après et leur dit :
Un des hommes se retourne. I l a une grande cicatrice sur le
- Vous pouvez entrer.
visage.
* )«- >f

I les dégâts : détérioration, destruction causées par l'ouragan (arbres cassés, Dans la cabane, un étrange spectacle les attend.
I rues inondées...)

I
I une blouse : vêtement long qu'on met sur ses habits « normaux » pour les fouiller (quelqu'un) : ici, chercher dans ses poches, son sac... pour voir s'il
• protéger quand on travaille (les médecins, instituteurs portent une blouse). n'a pas d'arme,
• un flamboyant : arbre tropical à fleurs rouge vif. surveiller : contrôler.

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