Vous êtes sur la page 1sur 14

Volume !

La revue des musiques populaires


10 : 1 | 2013
Écoutes

Consommer la musique à l’ère du numérique : vers


une analyse des environnements sonores
Consuming Music in the Digital Age: Towards an Analysis of Sound
Environments

Raphaël Nowak

Édition électronique
URL : http://journals.openedition.org/volume/3808
DOI : 10.4000/volume.3808
ISSN : 1950-568X

Éditeur
Association Mélanie Seteun

Édition imprimée
Date de publication : 30 décembre 2013
Pagination : 227-228
ISBN : 978-2-913169-34-0
ISSN : 1634-5495

Référence électronique
Raphaël Nowak, « Consommer la musique à l’ère du numérique : vers une analyse des
environnements sonores », Volume ! [En ligne], 10 : 1 | 2013, mis en ligne le 30 novembre 2013,
consulté le 01 mai 2019. URL : http://journals.openedition.org/volume/3808 ; DOI : 10.4000/
volume.3808

L'auteur & les Éd. Mélanie Seteun


1

Consommer la musique
à l’ère du numérique :
vers une analyse des environnements sonores

par

Raphaël Nowak
Griffith Center for Cultural Research, Australie

Résumé  : Cette note de recherche porte sur l’ana- Abstract: his review article develops a qualitative
lyse qualitative de la consommation musicale à l’ère sociological analysis of the consumption of music
du numérique. À travers l’examen des interactions in the digital age. hrough a scrutiny of everyday
entre les individus et la musique, j’argue que les ana- sound environments, I argue that both ‘ecologi-
lyses « écologiques » et « constructivistes » sont trop cal’ and ‘constructivist’ analyses are limited in the
restreintes, en ce qu’elles ne tiennent pas compte age of contemporary technological eclecticism that
de l’éclectisme grandissant des pratiques technolo- deines the reception of music. Indeed, heterogene-
giques. En efet, les modes de consommation hétéro- ous modes of consumption place music technolo-
gènes remettent la matérialité des supports d’écoute gies’ materiality at the core of individuals’ decisions
au centre des questions de réception de la musique. to engage in listening practices. Hence this article
En conséquence, il convient d’introduire la maté- seeks the means to locate issues of materiality within
rialité des objets ain de comprendre les modes de the problematic of music consumption.
consommation contemporains ainsi que les afects
musicaux. Keywords: listening / auditors – everyday life – envi-

Volume ! n° 10-1
ronment / soundscape – public spaces
Mots-clés : écoute / auditeurs – quotidien / ordinaire
– environnement (sonore) / soundscape – espaces / lieux
publics
2
Raphaël Nowak

À l’ère du numérique, la réception


de la musique est sujette à un
tournant marqué par l’hétérogénéité des pratiques
la musique en trois parties. Tout d’abord, j’aborde
les approches interactionnistes de la réception
de la musique ain de montrer quelles sont leurs
de consommation des individus. En efet, plus de limites et comment il est possible de les dépasser.
14 ans après l’émergence du téléchargement de La seconde section de l’article porte sur la parti-
musique en ligne, il existe de multiples façons d’in- cularité de l’ère numérique, à savoir la multiplicité
teragir avec la musique. Le CD, dont l’existence a des objets mobilisés pour écouter de la musique
pourtant été menacée par les ichiers numériques,
que je nomme « éclectisme technologique ». Enin,
demeure l’objet standard d’écoute. Le MP3 – et
la dernière partie défendra une approche de la
autres ichiers numériques – continue de prospérer
consommation musicale par les « environnements
et de se difuser à travers de nombreux supports. La
cassette à bande magnétique refait même surface sonores » ain de rendre compte des interactions
dans des marchés de niche (musiques punks, élec- diférenciées et des dimensions spatiales et tempo-
tronique, métal) ; et le disque vinyle vit une renais- relles qui caractérisent les pratiques d’écoute.
sance impressionnante en ce début de xxie siècle.
Ces pratiques diverses posent un certain nombre
Les interactions entre
de questions en rapport avec l’analyse sociologique
des pratiques de consommation musicale. En pre- individus et musique :
mier lieu, comment est-il possible de saisir la signi- de l’approche écologique
ication des ces formes d’interactions diverses ? à l’approche constructiviste
En efet, la multiplicité des supports et formats
d’écoutes s’inscrit dans les pratiques quotidiennes. Les analyses interactionnistes de la relation entre
J’argue donc qu’une analyse de la consommation les individus et la musique ont connu une émer-
musicale se doit de prendre en compte l’aspect gence fulgurante au cours des vingt dernières
matériel des objets utilisés. La seconde piste de années. Malgré une mise en abîme de l’indivi-
recherche en lien avec ces changements culturels dualisation des rapports à la musique au proit de
importants tient à la signiication de la difusion son aspect socialisateur, ces analyses apportent
croissante de la musique dans la vie quotidienne une explication très concrète des mécanismes de
des individus. difusion de la musique dans la vie quotidienne
Volume ! n° 10-1

Cette note de recherche s’attache donc à répondre à des individus, et ce qu’elle apporte en termes de
l’interrogation suivante : comment analyser socio- réponse émotionnelle ou de projet de soi. Par souci
logiquement la consommation musicale à l’ère de clarté, je vais m’intéresser à deux types d’ap-
du numérique ? Pour répondre à cette question, proches interactionnistes, celle dite « écologique »
je discuterai de diférentes approches qualitatives dans un premier temps, puis celle dite « construc-
portant sur les interactions entre les individus et tiviste ».
3
Consommer la musique à l’ère du numérique

Tout d’abord, l’approche écologique de la musique Le développement théorique de Clarke est inté-
est incarnée principalement par la musicologie ou ressant pour penser la manière dont la musique
la psychologie de la musique, mais a également été se difuse dans des environnements. Dans ce qui
adoptée par la sociologie de la musique. L’approche suit, je compte utiliser la notion d’environnement
écologique repose sur une analyse des propriétés mais dans un sens plus malléable que celui de
textuelles de la musique comme point de départ Clarke, qui insiste sur ses « invariants », alors que
des interactions entre les individus et la musique. la perception des environnements est elle-même
Comme le note Eric Clarke (2005 : 5), « l’écolo- « variante ». Une seconde conclusion que j’établis
gie » est l’étude des organismes en relation avec par rapport à ce travail peut se formuler comme
leur environnement. En se basant sur la notion une critique. En efet, son approche méthodo-
des « afordances », développée par le psychologue logique pose problème dans la mesure où il ne
interactionniste James Gibson (1979 1), l’approche fournit que sa propre interprétation des œuvres
écologique énonce la perception comme élément musicales et ne fait jamais appel à une recherche
empirique. Au fur et à mesure des développements
déterminant des interactions entre les individus et
de son livre, la promesse théorique de l’approche
leurs environnements.
écologique s’étiole pour laisser la place à une ana-
Clarke a récemment apporté une contribution lyse textuelle des œuvres musicales. Les modes
importante à la théorie écologique. Ce professeur diférenciés de la perception de la musique ne sont
de musicologie a publié un livre intitulé Ways of qu’introduits, mais jamais exempliiés.
Listening (2005), il établit les fondements théo- Bien que récemment théoriquement fondée par
riques de l’approche écologique. Selon lui, il est Clarke, l’approche écologique de la musique est
essential d’analyser les interactions entre les indivi- implicitement disséminée dans des analyses psy-
dus et la musique en se basant sur deux principes : chologiques, musicologiques et même sociolo-
tout d’abord, il existe un certain nombre d’inva- giques de la réception de la musique. La sociologue
riants dans l’interaction, comme par exemple, les américaine Tia DeNora souscrit à l’approche éco-
caractéristiques sonores de la musique, ainsi que logique, même si c’est à un degré moindre que
les éléments « environnementaux ». En second Clarke, dans la mesure où elle ne fournit pas de
lieu, l’auditeur possède une capacité de perception cadre théorique déini. Cependant, DeNora fait
qui lui est propre. La consommation quotidienne référence à la notion « d’afordances » et cite le

Volume ! n° 10-1
de musique dépend donc de l’interaction entre les travail de Gibson (1966) à plusieurs reprises dans
« invariants » et la subjectivité des auditeurs : son livre Music and Everyday Life (2000 3). Son
Le principe de l’approche écologique […] est que la but est de rendre compte des usages variés de la
perception est une relation réciproque entre les observa- musique dans la vie quotidienne des individus
teurs et leurs environnements, spécifiés par les attributs en se basant sur une enquête empirique unique-
des deux 2. (2005 : 123). ment menée auprès de femmes. Elle décrit ainsi
4
Raphaël Nowak

comment certaines de ses participantes mobi- Le goût n’est pas un objet, un état, une propriété, mais
lisent la musique pour se concentrer, se relaxer, une saisie, un engagement incertain, il porte sur ce qui
se passe avec des objets, il ne se déduit pas d’eux : loin
se détendre ou faire la fête. Cependant, le cadre
que les déterminismes en rendent compte, c’est précisé-
situationnel des interactions manque, ce qui laisse ment parce que les déterminismes sont toujours insuffi-
planer le doute sur les conditions de la réception sants qu’il faut goûter. (2000 : 243)
des œuvres. DeNora décrit la musique comme
ayant des afordances propres mais écrit peu sur Contrairement à Clarke (2005) ou DeNora
ce qui permet la mise en œuvre de ces afordances, (2000), Hennion parle de « prises » musicales,
en ce qui concerne les conditions des interactions. ce qui induit un rapport plus interactionniste et
moins déterminant. La musique est au inal une
En résumé, l’approche écologique met l’accent variable qu’il faut atteindre et saisir, ain d’en être
sur les caractéristiques textuelles de la musique afectée.
comme étant l’élément principal des interactions
quotidiennes, et donc de la consommation de la Les analyses de Clarke, DeNora et Hennion sont
musique. Cette théorisation de la réception de la essentielles pour comprendre les interactions entre
musique est contredite par l’approche constructi- les individus et la musique au quotidien. Elles
viste, principalement représentée par Antoine Hen- apportent toutes une représentation distincte de
nion. Bien que DeNora et Hennion soient souvent ce qu’est la musique pour les individus. Les ana-
cités comme développant une approche similaire, lyses sociologiques que je développe dans la suite
j’avance qu’il existe des diférences importantes de cette note de recherche sont directement ins-
dans leur manière d’analyser ces interactions. pirées de ces notions interactionnistes, et parti-
culièrement des travaux de DeNora et Hennion.
Alors que DeNora insiste sur les afordances de Néanmoins, j’apporte une nuance en rapport
la musique, Hennion considère les individus (les avec les innovations technologiques récentes de la
« amateurs ») comme point de départ. Écouter de la musique enregistrée. La prochaine section porte
musique consiste en un assemblage de médiations donc sur la notion de matérialité en rapport avec
tant environnementales que matérielles ou cogni- les modes hétérogènes de consommation musi-
tives. Les individus empruntent un chemin fait de cale, que je catégorise sous l’appellation « d’éclec-
médiations musicales auxquelles ils répondent en tisme technologique ».
adoptant des postures corporelles particulières. Et
Volume ! n° 10-1

comme le note Hennion, « parfois, de cet assem-


blage, quelque chose peut arriver » (Hennion, Mai- Réintroduire la matérialité des objets
sonneuve, Gomart, 2000 : 178). Le but ultime des
amateurs est d’éprouver ce qu’il nomme le « plai-
à l’ère de l’éclectisme technologique
sir musical » et l’abandon de soi. Ce qui résulte Au cours des trois dernières décennies, la musique
de l’approche constructiviste de Hennion est une enregistrée a connu un certain nombre de bou-
conception dynamique du goût : leversements qui ont eu des conséquences sur
5
Consommer la musique à l’ère du numérique

la manière dont les individus consomment la rencié à la musique, j’introduis l’idée que les sup-
musique. En efet, depuis la portabilité privative ports d’écoute ne doivent pas être pensés dans
du Walkman (cf. Hosokawa 1984) et l’ère du une logique exclusive et antagoniste, mais plutôt
numérique ouverte par le Compact Disc en 1982, comme complémentaire les uns des autres. Les
les modes de consommation ont beaucoup luctué auditeurs écoutent de la musique en utilisant des
et rendu les analyses sur les interactions musicales ichiers numériques, des CDs, des vinyles, voire
plus temporaires et incertaines. même des cassettes à bande magnétique, car tous
ces supports possèdent des qualités intrinsèques
À la in du siècle dernier, le boom du télécharge-
qui contribuent au plaisir musical.
ment illégal, symbolisé en premier lieu par l’ap-
plication Napster, développée par un étudiant Les chifres communiqués par l’institut IFPI
américain de 19 ans, remet en question les modes (International Federation of the Phonographic
traditionnels de difusion. Le CD menace de dis- Industry) montrent que le téléchargement illégal
paraître, les industries musicales pointent du doigt de musique baisse, que les ventes de CDs baissent
les jeunes « pirates » et mettent en garde sur la in désormais moins rapidement, et surtout que les
de la production musicale à grande échelle. Après ventes de ichiers numériques augmentent, tout
cette période initiale de tourments et d’excès, la comme les ventes de disques vinyles (IFPI 2011,
maturation de l’ère du numérique donne lieu à 2012). La baisse du téléchargement illégal s’ex-
des pratiques de consommation surprenantes. plique par plusieurs facteurs : il y a tout d’abord
En efet, les dernières études quantitatives de une usure de la nouveauté liée à l’accès gratuit.
consommation musicale suggèrent des modes de Les auditeurs possèdent en général une biblio-
consommation diférenciés, hétérogènes et éclec- thèque musicale importante, ce qui explique qu’ils
tiques. C’est tout d’abord l’institut anglais UK peuvent utiliser le téléchargement illégal avec par-
Music qui arguait en 2009 que les individus qui cimonie. Ensuite, le renforcement des méthodes
téléchargent le plus de musique sont aussi ceux qui répressives et les alternatives légales de vente et de
en achètent le plus (UK Music 2009). Ce résul- streaming contribuent également à dissuader de
tat contredisait alors l’idée reçue selon laquelle l’usage du peer-to-peer ou du direct downloading. Le
les plus gros « pirates » étaient également ceux téléchargement illégal n’a donc pas tout écrasé sur
qui faisaient le plus de mal à l’industrie musicale. son passage. Il n’en reste pas moins que les ichiers
Dans cette étude, le lien entre l’accès et la musique numériques sont pratiques pour les auditeurs, parce

Volume ! n° 10-1
dépend de l’intérêt de posséder les œuvres, plutôt qu’ils sont malléables, immatériels, reproductibles
que d’une appartenance ou d’une origine sociale. et échangeables à souhait. À ce propos, Clément
Des résultats similaires ont récemment été avan- Combes et Fabien Granjon (2007) exposent les
cés par une étude américaine cette fois (American raisons pour lesquels les auditeurs sont intéressés
Assembly 2012). En me basant sur ces études qui par les ichiers numériques, et explorent les usages
posent le goût comme variable de l’accès difé- qu’ils en font. Néanmoins, leur conclusion sur
6
Raphaël Nowak

la « numérimorphose » paraît exagérée eu égard Les résultats de ces enquêtes quantitatives (Ameri-
au retour d’objets matériels et plus anciens. Les can Assembly 2012, IFPI 2011, 2012, UK Music
modes de consommation numériques semblent en 2009) sont conirmés par l’approche qualitative
efet se diluer dans un cadre plus général d’interac- que j’ai menée, en 2010 et 2011 dans le Queens-
tions éclectiques avec la musique. land (Australie), auprès de 24 auditeurs, âgés de 21
Le cas du disque vinyle est particulièrement inté- à 32 ans. Tous ceux qui sont cités dans cet article
ressant. Le support connait une véritable renais- sont des étudiants. Le premier exemple est celui
sance en ce début de xxie siècle, ses ventes ont en de Jonathan (23 ans, étudiant en Master), qui
efet doublé entre 2005 et 2010 (cf. IFPI 2011, souligne la multiplicité de ses interactions avec la
2012). David Hayes (2006) s’intéresse à l’attrac- musique :
tion des adolescents pour le vinyle. Il conclut que J : Si je ne veux qu’une chanson, je la télécharge sur
ce mode de consommation particulier relève d’une iTunes. Si c’est un album qui a une signification par-
volonté de résister aux industries musicales et aux ticulière pour moi, ou une édition avec des bonus,
comme par exemple lorsqu’ils ont sorti ces albums des
principes postmodernes de consommation. Bien
Beatles remasterisés, dans ce cas j’achète le CD… Mais
que ces conclusions soient sans sous doute sures- la plupart du temps, je ne veux que des albums et donc
timées par rapport à l’efort commercial consenti je les télécharge en torrent.
par l’industries pour commercialiser des albums
R.N. : Donc tu as des sources d’obtention différente en
en format vinyle, l’apport de Hayes est important
fonction de ce que tu veux ?
pour montrer que cet intérêt pour le vinyle n’est
pas qu’une question générationnelle. Plus récem- J : Oui, selon ce que je veux obtenir. Si je ne suis
pas sûr d’un artiste, ou si je n’ai pas entendu l’album
ment, Dominique Bartmanski et Ian Woodward
auparavant, je le télécharge [illégalement]. Mais il y a
(2013) ont souligné que cette renaissance est liée également eu beaucoup d’autres fois dans le passé où
à son « iconicité » et sa « performativité ». Le son télécharger n’était pas une option et j’avais dû acheter
caractéristique du vinyle, la taille et l’esthétique un album entier quand je ne voulais qu’une seule chan-
des pochettes, ainsi que les gestes requis pour le son et que le reste de l’album ne serait pas bon… Mais
jouer sont autant de facteurs qui expliquent l’at- ça tu ne le sais pas avant de l’avoir écouté.
trait des auditeurs pour ce format. Jonathan obtient la musique qu’il veut écouter
Cet intérêt grandissant pour les objets démontré par diférents procédés : téléchargement légal (sur
Volume ! n° 10-1

par les études quantitatives se doit d’être analysé iTunes), téléchargement illégal (sur Torrent) et
en rapport avec la variable de la vie quotidienne. par achat de CDs, selon son intérêt pour certains
En efet, quelles sont les raisons de la multiplica- artistes ou albums. La profusion des options lui
tion des interactions matérielles avec les supports permet d’opérer des accès à la musique diférenciés
et formats musicaux ? Ces questions ne peuvent et de limiter le risque de devoir payer pour de la
trouver des réponses que par le développement musique qu’il n’aime pas. Ses pratiques d’obten-
d’une étude qualitative. tion sont donc graduelles (téléchargement d’une
7
Consommer la musique à l’ère du numérique

chanson, d’un album, puis achat d’un objet) ; Chacune des pratiques d’écoute de Jonathan se
son éclectisme technologique dépend de ses goûts trouve donc associée à diférents éléments qui
musicaux mais également de la contextualisation déinissent la musique autant qu’ils sont déinis
de la musique. par la musique. L’approche écologique qui sou-
ligne la perception musicale des individus tend
En efet, le second élément à prendre en considé-
donc à négliger la multiplication des contextes
ration est la somme des contextes d’écoute, qui
d’écoute en premier lieu, ainsi que l’importance
explique la mobilisation d’un objet plutôt qu’un de la technologie qui met en action ces pratiques.
autre : Les pratiques d’écoute représentent donc bien un
J. : D’habitude, c’est une distinction très fonctionnelle assemblage, dans lequel les objets technologiques
que je fais : si j’utilise mon ordinateur, je vais écouter sont plus que de simples « médiations ».
de la musique parce que je n’ai pas envie de la recher-
cher sur mon téléphone. Si je suis en voiture, j’utilise Enin, l’éclectisme technologique et la multiplica-
mon iPhone parce qu’il y a une prise pour le recharger tion des contextes d’écoute qui en résulte donnent
en même temps. Si je suis au travail, je n’ai pas mon lieu à des écoutes diférenciées, comme c’est le cas
ordinateur et je ne vais pas m’embarrasser avec mon pour hom (32 ans, étudiant en thèse et musicien)
téléphone, mais il y a la radio. Donc oui c’est très fonc- dans l’exemple suivant :
tionnel.
R.N. : Concrètement, dans ta vie quotidienne, quand et
Chaque activité quotidienne est régulée par un comment écoutes-tu de la musique ?
ensemble de pratiques dans lesquelles la musique T. : Dans les transports, c’est assez important d’avoir de
se dissémine, grâce aux objets. Les supports musi- la musique, donc j’en ai toujours. J’écoute souvent de
caux que Jonathan utilise sont tous associés à un la musique quand j’écris. J’écoute ma propre musique,
lieu, un moment et une activité particuliers. Ils forcément quand je la joue ou travaille dessus. J’essaie
prennent sens dans leur fonction accompagnatrice également de m’asseoir et d’écouter de la musique
comme une activité en tant que telle, genre m’asseoir
du quotidien. C’est ce que Jonathan conirme dans
et écouter, surtout quand je suis excité parce que c’est
l’extrait suivant : un nouvel album. J’adore aussi écouter de la musique
J’écoute la musique dans la salle de bain, généralement quand je lis des magazines ou des journaux. L’idée de
via mon Mac Book… Aussi dans la voiture, le trans- pouvoir m’asseoir ou m’allonger sur mon lit, de mettre
port public, j’aime avoir mes écouteurs parce que les un disque et de lire un magazine, c’est comme ça que la
gens sont irritants. Quand j’étudie également, parce musique peut devenir aussi agréable que possible.

Volume ! n° 10-1
que je suis facilement distrait, donc quelque chose doit Selon les pratiques d’écoute et leur contexte, hom
m’enfermer dans le travail, c’est pourquoi j’écoute des
porte diférents niveaux d’attention à la musique.
choses comme la bande originale de « Battlestar Gal-
lactica », parce qu’il n’y pas de mots qui vont me dis- Les médiations musicales ont par conséquent un
traire. J’écoute la musique au travail, généralement la apport qui est également incertain et dépendent de
radio […], quand je suis en train de faire quelque chose l’attention et de la perception des individus. Bien
qui attire ma concentration, ou encore quand je voyage. que ce dernier point soit en accord avec l’approche
8
Raphaël Nowak

écologique, il s’agit ici de mettre en avant le fait En m’appuyant sur les apports de ces trois cher-
que ces médiations musicales sont « variantes », cheurs, je m’attache à montrer comment la notion
elles ne font pas partie de ce que Clarke nomme d’environnement sonore peut servir de modèle
les « invariants » des interactions musicales. théorique pour rendre compte des interactions
quotidiennes entre les individus et la musique.
En résumé, les pratiques quotidiennes d’écoute de
la musique sont en rapport avec les objets techno- Ma déinition de l’environnement sonore prend en
logiques utilisés et leur matérialité propre ; avec considération les notions de contrôle, de sons qui
l’ensemble des médiations perçues par les indi- composent un espace, mais également les média-
vidus au cours de l’interaction et avec les formes tions liées à ces espaces quotidiens, qu’il s’agisse
d’attention portée à la musique. L’assemblage de de lieux publics ou de coninements individuels.
ces variables prend part à l’environnement sonore. Ainsi, une chambre ou un parc possèdent des
La prochaine et dernière partie de cette note de médiations diférentes. La musique, à travers les
recherche porte sur la déinition de ce concept supports et formats d’écoute, accompagne les
comme cadre théorique qui rend compte de ces individus dans l’espace mais aussi dans le temps.
Cela dit, la musique n’est ni cause, ni conséquence,
interactions diférenciées au quotidien.
mais simplement médiation interactionnelle. Véri-
table vecteur de régulation des états émotionnels
(voir DeNora 2000), la musique se difuse par les
Les environnements sonores technologies qui permettent aux individus d’em-
comme cadre théorique mener les contenus avec eux et de les inscrire dans
des pratiques d’écoute le temps et les espaces.
Le sociologue anglais Peter Martin (1995) parle du En premier lieu, il convient de poser la notion
concept d’environnement sonore en rapport avec d’environnement sonore comme étant inhérente
les évolutions technologiques de la musique enre- à la vie quotidienne, et incertaine par déinition.
gistrée et le contrôle grandissant que les individus L’incertitude des interactions entre individus et
possèdent sur leurs pratiques d’écoute. Plus récem- musique est le fait d’une tension permanente entre
ment, Trevor Pinch et Karin Bijsterveld ont intro- le contrôle sur le contenu et les supports d’une
duit la notion « d’environnement sonique » dont ils part, et les afects musicaux résultant de la percep-
Volume ! n° 10-1

donnent la déinition suivante : tion des médiations musicales d’autre part. Ainsi,
un individu peut changer de contenu et/ou de
[L’environnement sonique] inclut l’environnement
support d’écoute en un geste et ainsi redéinir son
« naturel » des sons, comme le bruit des vagues sur
une plage, mais aussi les compositions et les sculptures environnement sonore, ce qui change ensuite la
sonores qui emplissent les jardins avec des sons qui nature des médiations et leur perception. La déi-
invitent les individus à écouter. (2004 : 642) (Traduc- nition mutuelle de la musique et de l’environne-
tion libre.) ment construit un rapport indissociable entre son
9
Consommer la musique à l’ère du numérique

et perception. L’afect musical surgit de cette inte- tion de la musique qu’il est possible de retranscrire
raction multidimensionnelle entre les individus, le la nature de l’afect musical. Evidemment les indi-
contenant technologique et le contenu musical, et vidus ont une perception limitée de leurs environ-
l’environnement. nements, mais ce qu’ils perçoivent rentre en ligne
L’éclectisme technologique des individus est un de compte de la même manière que l’objet techno-
moyen d’inscrire la musique dans diférents envi- logique utilisé et la musique écoutée.
ronnements et de donner du sens aux espaces. En mobilisant l’apport de Tim Dant (2008) sur
Par exemple, dans l’extrait suivant (Christophe, la nature pragmatique des interactions avec des
21 ans, étudiant en licence), la musique est mobi- objets matériels, j’énonce que les interactions
lisée dans le but précis d’atteindre un état émo- musicales prennent également leur sens dans l’ins-
tionnel particulier et donc de déinir l’espace en tant même de l’interaction. Autrement dit, bien
conséquence : que la musique puisse avoir une signiication plus
Il y a une chanson que j’écoute toujours avant d’aller globale et notamment en rapport avec des souve-
passer un examen. J’ai quatre ou cinq examens par nirs ou des personnes, les pratiques d’écoute sont
semestre, parfois jusqu’à huit. Et j’écoute « And the toujours une question d’instant. La notion d’envi-
Boys » d’Angus et Julia Stone avant chaque examen, ronnement sonore comprend et confond toujours
d’habitude trois ou quatre fois… Je fume, j’écoute, du
l’espace et le temps, car ce sont ces deux variables
pied je bats la mesure, histoire de faire monter mon
niveau d’anxiété avant de commencer l’examen. Je dois qui forment le moment de l’écoute et donc altèrent
me trouver à un niveau d’anxiété afin d’être meilleur au l’afect esthétique de la pratique. En inversant le
moment de l’exam’. Je peux aussi écouter cette chanson point d’analyse vers la musique, il est clair que
à d’autres moments et me sentir bien, mais avant un celle-ci constitue un outil dont les individus se
examen, ca va me faire sentir anxieux. servent pour faire sens des environnements et plus
Christophe précise qu’il doit atteindre un certain largement du quotidien. La musique assure donc
niveau d’anxiété ain de pouvoir réussir ses exa- la continuité et la cohérence de l’état émotion-
mens comme il l’entend. L’anxiété lui permet en nel des individus. L’éclectisme technologique et
efet de prêter attention à tous les détails et de réus- la difusion de la musique à travers les pratiques
sir ses examens au mieux. Il déinit son environ- quotidiennes soulignent la nature sémantique des
nement sonore en utilisant son iPod, en écoutant espaces (cf. les analyses de Schatzki 1996, hrift
2006). En efet, le sens et la déinition des espaces

Volume ! n° 10-1
une chanson et en adoptant des gestes corporels
particuliers. Néanmoins, les aspirations origi- sont inhérents à l’afect des interactions entre indi-
nelles et les attentes placées dans l’écoute ne sont vidus et musiques. À travers ce qui est souvent
concluantes que si les médiations sont en adéqua- décrit comme une pratique isolatrice (cf. Simun
tion avec celles-ci et permettent donc l’émergence 2009), l’écoute personnelle de musique est plutôt
de l’afect. C’est en considérant toutes formes de une pratique de déinition des environnements
médiations qui entrent en compte dans l’interac- quotidiens. Dans les discours des auditeurs de
10
Raphaël Nowak

musique, l’emphase se porte sur l’afect cognitif de musique lui permettant de déinir sa pratique. Par
la musique plutôt que sur la négation de l’aspect habitude, elle sait avec quelles musiques elle étudie
social des espaces. le mieux, encore faut-il que ces musiques fassent
L’intérêt de saisir les interactions avec la musique sens et soient adéquates dans le moment même de
à travers la notion d’environnement sonore réside l’écoute.
dans la vision compréhensive que ce cadre théo- Au inal, toutes les pratiques d’écoute du quoti-
rique permet. Anahid Kassabian (2002, 2013 4) dien se déinissent par le contrôle (des objets et du
remarque en efet que les sociétés contemporaines contenu) et l’incertitude (des environnements). Les
sont caractérisées par l’ubiquité de la musique. Si individus développent des usages de la musique en
les individus sont confrontés en permanence à des rapport avec les médiations qu’ils rencontrent et
sons et à de la musique qui déinissent les envi-
avec leurs activités quotidiennes. Ainsi, écouter
ronnements qu’ils traversent et occupent dans leur
de la musique énergétique le matin sur l’iPod sur
vie quotidienne, alors les objets technologiques
le trajet du travail, ou de la musique plus calme
sont logiquement mis en abîme comme étant des
le soir sur disque vinyle dans le salon sont deux
possibilités de contrôle sur ces mêmes environ-
exemples de pratiques d’écoute qui correspondent
nements sonores. La tension permanente entre
contrôle et incertitude est déinie par la volonté à diférents niveaux de contrôle et d’incertitude, et
de saisir ce qu’Ola Stockfelt appelle la « musique à la volonté de déinir l’environnement sonore par
adéquate » (1997). En efet, le choix de la musique la musique adéquate.
et le contrôle sur les objets permettent d’identi- Par conséquent, analyser les interactions quo-
ier la musique qui convient au contexte et à l’état tidiennes avec la musique à l’aide de la notion
émotionnel, comme le montre l’exemple de Laura d’environnements sonores construit la musique
(23 ans, étudiante en médecine) : non pas comme un langage à interpréter (et donc
Il y a certaines musiques avec lesquelles j’étudie mieux. susceptible de mauvaises interprétations), mais
Je ne choisis pas des chansons sur lesquelles je vais me plutôt comme un événement en rapport avec les
mettre à chanter parce que ça me distrait. La musique
médiations qui déinissent les pratiques d’écoute.
avec laquelle j’étudie est surtout instrumentale. Ensuite,
j’écoute de la musique quand je prends le train… Mais Contrairement à l’approche écologique, l’approche
sociologique des environnements sonores est phé-
Volume ! n° 10-1

tout dépend de ce que je fais dans le train, si j’étudie ou


non. Si ce n’est pas le cas, j’écoute de la musique plus noménologique dans la mesure où la déinition
excitante. de la musique est en rapport avec sa situation.
L’exemple de Laura révèle que la recherche de la Le projet situationniste de ce cadre théorique est
« musique adéquate » émane d’une stratégie de par essence relativiste mais ne demeure pas moins
contrôle et d’une volonté de déinir son environne- attaché à saisir la dimension esthétique de l’écoute,
ment sonore, dans le but de s’accompagner d’une dans son adéquation à un temps et un espace.
11
Consommer la musique à l’ère du numérique

Conclusion À travers cette note de recherche, j’ai développé


la notion d’environnement sonore ain de rendre
L’étude des interactions quotidiennes entre les
compte de la complexité des rapports quotidiens
individus et la musique demeure un déi théorique
qu’entretiennent les individus avec la musique. En
important pour la sociologie de la culture ain de
ofrant une perspective compréhensive et interac-
comprendre le rôle de la musique dans la vie quoti-
tionniste, je démontre que la musique se doit d’être
dienne et dans nos sociétés contemporaines. Alors
considérée comme un objet esthétique qui existe
que l’approche écologique, favorisée notamment
par la musicologie, ne permet pas de rentre compte en rapport avec son environnement d’écoute.
de la multiplicité des subjectivités individuelles, la Autrement dit, les propriétés sonores de la musique
sociologie a un terrain à occuper et un discours ne se révèlent que dans un contexte d’écoute et
pertinent à ofrir sur la réception de la musique. une situation précise. La tension qui existe entre
contrôle de l’environnement sonore et incertitude
En adoptant une perspective interactionniste qui des médiations et afects altère la perception des
considère les objets, il est possible de prendre en individus sur la musique qu’ils écoutent.
compte l’assemblage des contenus musicaux, des
objets qui les jouent et des médiations des envi- Le cadre théorique des environnements sonores
ronnements sonores. À l’ère du numérique et de permet de rendre compte de la complexité des
l’éclectisme technologique, la question de l’écoute interactions, autant que des évolutions technolo-
de la musique devient également une question giques des objets musicaux et des pratiques des
matérielle. La mobilisation de diférents supports individus. Le glissement sémantique vers la notion
et formats d’écoute témoignent de la volonté des d’environnement révèle un intérêt croissant pour
individus de s’accompagner de la musique à tra- les dimensions spatio-temporelles qui contribuent
vers leurs activités quotidiennes, et de diférencier à la déinition de la musique. Evidemment cette
leurs interactions avec celle-ci. Il est donc essentiel note de recherche est principalement introductive
de placer ces questions de matérialité au cœur des et la notion des environnements sonores se devra
interactions et assemblages musicaux. d’être développée et exempliiée ailleurs.

Volume ! n° 10-1
12
Raphaël Nowak

Bibliographie

American Assembly (2012), Copyright Infringement Hennion Antoine (2000), Les Figures de l’Amateur.
and Enforcement in the US, Columbia University, Formes, Objets, Pratiques de l’Amour de la Musique
en ligne : http://piracy.ssrc.org/wp-content/ Aujourd’hui, La Documentation Française, Paris.
uploads/2011/11/AA-Research-Note
Hosokawa Shuhei (1984), « he Walkman Efect »,
-Infringement-and-Enforcement-November-
2011.pdf, [consulté le 26 octobre 2012]. Popular Music, 4, p. 165–80.

Bartmanski Dominique, Woodward Ian (2013), IFPI (2011), Digital Music Report 2011: Music at
« he Analog Record in the Age of Digital the Touch of a Button, en ligne : http://www.ifpi.
Reproduction: Locating the Sacred Aura of org/content/library/DMR2011.pdf [consulté le
Vinyl », Journal of Consumer Culture, en cours de 28 janvier 2012].
publication. IFPI (2012), Digital Music Report 2012: Expanding
Clarke Eric (2005), Ways of Listening. An Approch Choice, Going Global, en ligne : http://www.ifpi.
to the Perception of Musical Meaning, Oxford org/content/library/DMR2012.pdf [consulté le
University Press, New York. 24 mai 2012].
Combes Clément, Granjon Fabien (2007), Kassabian Anahid (2013), « Ubiquitous
« La Numérimorphose des Pratiques de Listening », in Hesmondhalgh David &
Consommation Musicale. Le Cas des Jeunes Negus Keith (eds.), Popular Music Studies,
Amateurs », Réseaux, 5(145–46), p. 291–333 Arnold, Londres.
Dant Tim (2008), « he ‘Pragmatics’ of Material Martin Peter (1995), Sounds and Society: hemes
Interaction », Journal of Consumer Culture, 8(1), in the Sociology of Music, Manchester, University
p. 11–33. Press Manchester.
DeNora Tia (2000), Music in Everyday Life, Pinch Trevor, Bijsterveld Karin (2004), « Sound
Cambridge University Press, New York. Studies: New Technologies and Music », Social
Gibson James (1966), he Senses Considered as Studies of Science, 34(5), p. 635-648
Perceptual Systems, Houghton Milin, Boston. Schatzki heodor (1996), Social Practices: A
Volume ! n° 10-1

— (1979), he Ecological Approach to Visual Wittgensteinian Approach to Human Activity and


Perception, Houghton Milin, Boston. the Social, Cambridge, Cambridge University
Press.
Hayes David (2006), « “Take hose Old Records Of
the Shelf ”: Youth and Music Consumption in Simun Miriam (2009), « My Music, My World: Using
the Postmodern Age », Popular Music and Society, the MP3 Player to Shape Experience in London »,
29(1), p. 51–68. New Media and Society, 11(6), p. 921–41.
13
Consommer la musique à l’ère du numérique

Stockfelt Ola (1997), « Adequate Modes of UK Music (2009), Digital Music Attitudes and
Listening », in Schwarz D., Kassabian A., Behaviour Report, he Leading Question, en
Siegel L. (eds.), Keeping Score: Music, Disciplinarity,
Culture, University Press of Virginia. ligne : http://www.ukmusic.org/assets/media/

Thrift Nigel (2006), « Space », heory, Culture and uk_music_musically_09.pdf


Society, 22(2-3), p. 139-155. [consulté le 20/07/2010].

Notes

1. Le psychologue interactionniste américain Gibson a mis 2. Traduction libre.


en évidence la théorie des « affordances » pour décrire 3. Cf. la note de lecture de Michael Siciliano, dans ce dos-
les propriétés que les objets « offrent ». Un exemple qu’il sier [NdE].
cite régulièrement est celui de l’arbre qui offre globale-
4. Cf. les recensions que l’auteur a faites de ses deux der-
ment un foyer pour les oiseaux pour y établir leur nid ou
niers ouvrages, dans ce numéro [NdE].
encore une ressource naturelle pour les humains (trans-
formation en papier, meuble etc.).

Volume ! n° 10-1

Vous aimerez peut-être aussi