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The fight against a sedentary lifestyle

Article  in  Santé Publique · June 2016

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Irene Margaritis
French Agency for Food, Environmental and Occupational Health Safety (Anses)
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Éditorial

S’activer contre la sédentarité

U ne mobilité toujours accrue et le plus souvent motorisée, une aspiration généralisée à produire plus en
« s’inactivant » plus, le manque relatif de temps libre conduisent l’homme à adopter, avant tout par confort, par
nécessité perçue, puis par habitude, des comportements sédentaires. Oubliée la sagesse antique associant étroitement
le corps et l’esprit, nos comportements d’inactivité, non innés, sont acquis parfois dès le plus jeune âge. Si l’activité
physique conduit généralement à un bénéfice sanitaire, l’inactivité quant à elle expose assurément à un risque.

L’Agence nationale de la sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a publié


récemment un travail d’expertise collective portant sur la révision des repères relatifs à l’activité physique et la
sédentarité [1] dans le cadre de l’élaboration du fonds scientifique des recommandations du Programme National
Nutrition Santé. Il est acquis que les comportements sédentaires et l’insuffisance d’activité physique font le lit de
pathologies chroniques avec une étiologie certaine. L’analyse des données scientifiques les plus récentes a permis de
mettre en lumière les mécanismes, jusqu’au niveau moléculaire, à l’origine des bénéfices sanitaires de l’activité
physique et des risques liés à la sédentarité. Des recommandations adaptées ont été élaborées pour des populations
cibles en référence à leur situation physiologique ; elles dépassent la simple approche hygiéniste pour être intégrées
aux cadres et aux modes de vie.

En France, hors activité professionnelle, les adultes passent entre 3 h 20 et 4 h 40 par jour assis devant un écran, les
enfants et les adolescents plus de deux heures. En Europe, un million de décès par an serait attribuable à l’inactivité
physique : 8,3 millions d’années de vie corrigées de l’incapacité sont ainsi perdues en Europe [2]. Au-delà, l’activité
physique contribue à une plus longue durée de vie en bonne santé : être actif permet de vivre plus longtemps, sans
aucun doute, mais vivre mieux aussi.

Les données scientifiques sont suffisamment robustes pour considérer avec attention les effets de l’activité en
matière de prévention de pathologies chroniques, parmi lesquelles certains cancers. Les bénéfices s’étendent bien
au-delà du simple intérêt de l’augmentation de la dépense énergétique. Les effets systémiques, hormonaux ou
métaboliques de l’activité physique, ses effets sur les rythmes circadiens et la qualité du sommeil en tant que facteurs
préventifs sont insuffisamment évoqués alors même qu’ils sont parfaitement documentés [1]. En ce sens, l’approche
calorique comptable est réductrice.

Certaines idées préconçues ainsi que des choix d’aménagement et organisationnels constituent des freins à l’évolution
des comportements. Cesser d’adopter des comportements sédentaires, être « actif » n’est pas seulement « faire du
sport ». L’activité physique recouvre à tort, dans son acception la plus courante, la seule pratique sportive, alors que
l’activité physique inclut l’exercice et le sport. Cette acception fait aujourd’hui consensus [3]. C’est ainsi dans une
multitude de contextes tels que ceux de la vie professionnelle, les transports, les activités domestiques et de loisirs
que le temps potentiel d’activité cumulé est le plus grand. Toute occasion peut et doit être saisie pour s’« activer ».
L’activité physique n’est pas liée à la seule activité sportive codifiée ou de dépense énergétique élevée. Elle doit
s’entendre comme intégrée à toutes les activités sociales et individuelles pour espérer en tirer les plus grands
bénéfices.

Et pourtant, moins de la moitié de la population peut être considérée comme active et chez les plus jeunes, un tiers
seulement atteint les recommandations. Par ailleurs, le comportement sédentaire a pu être considéré dans le rapport
de l’Anses distinctement de l’inactivité physique, avec ses effets propres sur la santé. L’évolution des recommandations
tient aussi à cette distinction. Ces deux leviers sont ainsi à considérer : augmenter l’activité physique et réduire les
comportements sédentaires. Les recommandations adressées à des populations spécifiques (enfants, personnes
âgées ou présentant une limitation fonctionnelle d’activité) sont à présent appuyées sur des connaissances ayant
gagné en robustesse [1] et font référence à des modalités plus encore qualitatives que quantitatives.

Santé publique volume 28 / N° 1 Supplément - mars-avril 2016 s7


I. Margaritis

Ainsi, de forts enjeux apparaissent en tout contexte (milieu de travail, scolaire, domestique, loisirs et transports) et à
tout âge. Les recommandations considèrent tous les types de sollicitation (cardio-respiratoire, renforcement
musculaire, souplesse…) en identifiant toute occasion de pratique dans tous les temps de la journée. La réduction du
temps total passé assis est visée en veillant de plus à écourter les temps de sédentarité continus par des ruptures
fréquentes – recommandations récentes dont les effets sont aujourd’hui bien documentés. Les jeunes populations
doivent faire l’objet d’une attention particulière à la fois pour des raisons physiologiques et éducatives. Créer un
environnement favorable permettant à l’enfant d’atteindre a minima son niveau d’activité physique spontanée
contribuera à éviter de faire du comportement sédentaire un comportement acquis.
Afin d’atteindre les objectifs individuels, de façon complémentaire, et parfois déterminante, il relève d’une
responsabilité collective de proposer un environnement propice au mouvement – dans l’espace et le temps. Parmi les
facteurs liés à l’environnement physique, le potentiel piétonnier comme l’aménagement de pistes cyclables, influencent
sans aucun doute aujourd’hui favorablement les comportements. Certaines actions locales récentes en ont fait la
preuve. Les modalités de prise en compte d’autres facteurs liés à l’environnement physique nécessitent d’être encore
documentés : aménagements urbains, accessibilité et disponibilité des équipements… De même, la qualité de l’air et
le bruit pourraient influencer les comportements : l’étude de ces effets combinés a été initiée par certains chercheurs
et doit être encouragée. Conjointement, l’évaluation des actions en ce sens permettra également de tirer des
enseignements en en facilitant la transposition des plus concluantes aux différentes zones géographiques et diminuant
ainsi les inégalités géographiques, climatiques, et sociales observées [4].
Ce n’est donc plus uniquement un temps exclusivement dédié à l’activité physique qu’il faut viser mais toute occasion
d’activité. Ainsi, nombre de recommandations ciblant des actions portant sur le cadre de vie sont adressées par
l’Anses à chaque secteur d’activités concerné. Les bénéfices sanitaires du mouvement ne sont plus la préoccupation
des seuls professionnels de santé ou de l’activité physique, mais, en synergie, de tous les acteurs de nos contextes de
vie. Dès lors, la formation initiale et continue des professionnels concernés gagnerait à être décloisonnée.
C’est de toute évidence une approche nouvelle qui permettra de mettre en œuvre les recommandations de l’Anses.
Une approche qui donne une valeur sociale à l’activité physique et se traduit par une volonté collective et partagée
de créer un environnement propice au mouvement. Penser l’activité physique comme les conditions de la relation du
corps à son environnement renvoie, de fait, à une approche intégrative. À ce titre, les objectifs ciblent à la fois une
modification des comportements individuels et l’orientation des politiques d’aménagement du territoire, des
conditions de travail et d’organisation des transports. C’est en ce sens qu’ils ont été formulés par l’Anses dans ses
recommandations, à ce jour les plus récentes sur le sujet.

Irène Margaritis
Chef d’unité d’évaluation des risques liés à la nutrition
Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation,
de l’environnement et du travail

Références

1. Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES). Actualisation des repères du PNNS : révisions
des repères relatifs à l’activité physique et à la sédentarité. Maisons-Alfort : ANSES; 2016. 584 p. (Avis de l’Anses-Rapport d’expertise collective).
[Visité le 03/04/2016]. En ligne : https://www.anses.fr/fr/system/files/NUT2012SA0155Ra.pdf.
2. World health organization (WHO). Global recommendations on physical activity for health. Genève: WHO 2010. 60 p. [Visité le 03/04/2016].
En ligne http://apps.who.int/iris/bitstream/10665/44399/1/9789241599979_eng.pdf.
3. Khan KM, Thompson AM, Blair SN, Sallis JF, Powell KE, Bull FC, et al. Sport and exercise as contributors to the health of nations. Lancet. 2012;
380 (9836]:59-64. doi : 10.1016/50140-6736(12)60865-4.
4. Caillavet F, Castetbon K, César C, Chaix B, Charrière H, Darmon N, et al. Inégalités sociales de santé en lien avec l’alimentation et l’activité physique.
Paris : Inserm ; 2014. 750 p. (Expertise collective). [Visité le 03/04/2016]. En ligne : http://www.inserm.fr/mediatheque/infr-grand¬public/
fichiers/thematiques/sante-publique/expertises-collectives/rapport-complet-ec-inegalites-sociales-de-sante-en-lien-avec-I-alimentation
-et-I-activite-physique-mai-2014.

s8 Santé publique volume 28 / N° 1 Supplément - mars-avril 2016

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