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1.

Problématique :

« Il n'y a pas de planète B », affirmait l'astronaute Thomas Pesquet dans La Tribune, en


réponse à une question sur l'épuisement des ressources naturelles. En effet, si l'humanité ne
modifie pas son modèle économique, la survie même de notre espèce n'est pas garantie à
long terme.

Voici quelques chiffres pour illustrer la situation actuelle :

 Ces 40 dernières années, l’extraction de matières premières a plus que triplé dans le monde :
C'est la conséquence de l'augmentation de la population mondiale et d'une classe moyenne de
plus en plus nombreuse.
 Les prix des matières premières ont augmenté de près de 6% par an en termes réels depuis 2000,
et sont devenus de plus en plus volatils.
 Malgré cette problématique de plus en plus aiguë des matières premières, pas moins de 80%
des produits manufacturés seront jetés dans les 6 premiers mois de leur vie.

La plupart des pays y compris le Maroc ont actuellement basé leur économie sur l’économie
linéaire qui est à son tour fondée sur le principe « extraire, produire, consommer et jeter
». Malheureusement, ce modèle n’est pas viable à long terme car il exerce une pression
immense sur les ressources naturelles et entraîne inévitablement une mauvaise gestion et
utilisation de celles-ci.

2. Qu'est-ce que l'économie circulaire ?

L’émergence de la notion d’économie circulaire fait suite à la prise de conscience des


ressources limitées de la planète et du besoin de les économiser. Elle désigne un modèle
économique dont l’objectif est de produire des biens et des services de manière durable, en
limitant la consommation et les gaspillages de ressources (matières premières, eau, énergie)
ainsi que la production des déchets.
3. Avantages de l’économie circulaire :

L'économie circulaire permet d'épargner des matières premières coûteuses : Par


exemple, pour produire une boîte de vitesses remise à neuf à partir d'un exemplaire déjà
utilisé, il faut 80% de matériaux en moins que pour en fabriquer une neuve.

L'économie circulaire est bonne pour le climat : En prolongeant la durée de vie des
imprimantes, PC portables ou machines à laver, nous pourrions atteindre, en Europe, une
réduction des émissions de CO2 équivalente à celles de 477.000 voitures.

L'économie circulaire peut représenter une occasion en or pour les entreprises : Rien que
dans les entreprises manufacturières de l'industrie technologique belge, des mesures
d'économie circulaire comme la prévention des déchets, la réutilisation et l'écoconception
pourraient entraîner une croissance de 6,4%.

Sources des chiffres :


 UN International Resource Panel, Gobal Material Flows and Resource Productivity
 McKinsey Commodity Price Index
 Richard Girling, Rubbish!
 European Environmental Bureau, Why design matters
 Calculs propres sur base d'une méthodologie développée par TNO (voir TNO, Kansen voor
een circulaire economie in Nederland).
 Bottom of Form

4. Comparaison entre l’économie circulaire et l’économie linéaire :

L’économie linéaire s’oppose fondamentalement à l’économie circulaire à travers


plusieurs points : le principe, le cycle de vie des produits, le but premier…
En effet, dans l’économie circulaire, il s’agit de créer des produits grâce aux matières
premières secondaires. Produits qui seront utilisés, réutilisés et recyclés. Dans une
économie linéaire, il s’agira d’extraire les matières premières, les utiliser pour ensuite
les jeter.

5. La transition de l’économie linéaire vers l’économie circulaire :


L’économie circulaire est souvent associée à la valorisation des déchets. En réalité, ce n’est
qu’un des trois domaines d’actions. La transition vers l’économie circulaire nécessite de
progresser dans plusieurs domaines :

a. Production durable

 L'approvisionnement durable : Prendre en compte les impacts environnementaux et


sociaux des ressources utilisées, en particulier ceux associés à leur extraction et
exploitation. : Les entreprises engagées dans une démarche d’économie circulaire
privilégient des ressources durables, exploitées dans des conditions qui préservent
l’environnement et les personnes.

 L'éco-conception : Prendre en compte des impacts environnementaux sur l’ensemble


du cycle de vie d’un produit et les intégrer dès sa conception. C’est une manière de
produire un bien ou un service en s’interrogeant sur ses effets négatifs sur
l’environnement tout au long de son cycle de vie, dans l’optique de les réduire. Par
exemple, un produit éco-conçu peut être prévu pour être démonté, ou réparé.
 L’écologie industrielle et territoriale (EIT): Mettre en synergie et mutualiser entre
plusieurs acteurs économiques les flux de matières, d’énergie, d’eau, les
infrastructures, les biens ou encore les services afin d’optimiser l’utilisation des
ressources sur un territoire. Au sein d’un même territoire, les entreprises peuvent
s’organiser pour échanger des flux : les déchets de l’une deviennent les ressources de
l’autre.

 L’économie de la fonctionnalité : Privilégier l’usage à la possession, vendre un


service plutôt qu’un bien. Par exemple, un fabricant d’imprimante vend aux entreprises
une solution d’impression et non une imprimante. Ces systèmes incitent les producteurs à
concevoir des produits durables et résistants.

b. Consommation responsable

Pour s’inscrire dans une démarche d’économie circulaire, les consommateurs doivent
prendre en compte les impacts de leurs achats sur l’environnement pour les
réduire : c’est la consommation durable.

 La consommation responsable : Prendre en compte les impacts environnementaux et


sociaux à toutes les étapes du cycle de vie du produit dans les choix d’achat, que
l’acheteur soit public ou privé. Pour permettre à un consommateur d’avoir une
consommation responsable, il s’avère impératif de suivre des labels ou des indices
environnementaux.

 L’allongement de la durée d’usage des produits par le recours à la réparation, à la


vente ou à l’achat d’occasion, par le don, dans le cadre du réemploi et de la
réutilisation. Pour effectuer un choix éclairé, le consommateur doit être informé des
qualités et défauts d’un produit ce qui lui permettra de privilégier les produits à
longue durée d’usage et qui peuvent être réparés.

c. Fin de vie et renaissance

 L’amélioration de la prévention, de la gestion et du recyclage des déchets, y


compris en réinjectant et réutilisant les matières issues des déchets dans le cycle
économique.

La valorisation des déchets est la transformation des déchets dans l’optique d’en faire un
usage spécifique :
 La réutilisation est une opération qui permet à un déchet d’être utilisé à nouveau en
détournant éventuellement son usage initial : Par exemple, les pneus qui peuvent servir
de balançoires ou de fauteuils.
 Le recyclage est l’opération par laquelle la matière première d’un déchet est utilisée
pour fabriquer un nouvel objet : Par exemple, le plastique des bouteilles peut être
transformé en fibres polaires pour la production de pulls
 Le compostage est le recyclage des déchets organiques pour produire naturellement
un fertilisant, le compost.
 La récupération de chaleur…

Certes, le Maroc a un cadre juridique assez présent, mais dans cette nouvelle
économie, le changement de mentalité des consommateurs est capital, et il devra
se faire progressivement.

La réflexion autour de l’économie circulaire est l’occasion de rassembler les


parties prenantes du territoire (collectivités, administrations, entreprises, acteurs
de l’économie sociale et solidaire, associations et citoyens) autour d’enjeux
mobilisateurs pour chacun. Il faudra :

- Sensibiliser les consommateurs au tri des déchets : Pour les citoyens et les
réseaux associatifs, elle permet le passage à l’acte (éco-consommation), et se
traduit notamment à travers des partenariats.

- La même opération doit être menée auprès des producteurs, en les incitants à
une production durable, qui engage leur responsabilité. Et enfin parce que
l’économie circulaire est le seul modèle soutenable, il n’y a pas d’autres
alternatives viables pour notre planète.

Suivi du changement de mentalité, l’exécution sur le terrain est aussi importante.


Il existe plusieurs possibilités d’améliorer la collecte en incitant le tri à domicile
pour qu’elle devienne une collecte séparée de déchets (verre, métal, papier,
plastique). C’est de cette manière que l’on peut aider à l’émergence du marché
de produits secondaires. C’est aussi moins cher de cette façon que de recueillir
des déchets mélangés et souillés.

Autres conseils clés pour améliorer la stratégie d’économie circulaire :

• Partir des richesses du territoire : cela passera par une phase préalable d’identification des
dynamiques, des secteurs à enjeux stratégiques, des acteurs pionniers et projets
prometteurs. Il faudra ensuite croiser ces potentialités avec les politiques publiques déjà en
place, afin d’optimiser, enrichir, ou réorienter les dispositifs existants vers l’économie
circulaire.

• Déployer une gouvernance partenariale avec les acteurs du territoire.

• Définir des objectifs et priorités pour le territoire, et déployer une grille d’analyse «
économie circulaire » des projets.

• Penser à cette stratégie comme étant un projet de territoire, contribuant à sa transition


écologique, économique et sociale, à travers l’innovation et l’intelligence collective.

• Mettre en place dès l’amont une démarche de progrès continu : indicateurs et dispositifs
de suivi et d’évaluation.

Le grand apport de la GIZ

De son côté, Lorenz Peterson, directeur résident de la GIZ (Agence de coopération internationale
allemande pour le développement) au Maroc, met en avant le travail mené par sa structure sur la
gestion des déchets dans le Royaume avec d’autres partenaires.

Dans ce sens, il cite l’exemple du Projet «Gouvernance environnementale et


climatique» (ProGEC) qui, selon ses dires, possède une composante entièrement liée à la gestion
et à la valorisation des déchets. Cette composante a, comme il le précise, pour rôle de «soutenir le
secrétariat d’Etat à développer les filières de valorisation de déchets, renforcer le cadre juridique
et institutionnel relatif aux déchets et à renforcer les capacités des parties prenantes en matière
de gestion et valorisation des déchets». En détail, cette coopération a, selon ses dires, permis le
développement de deux filières de valorisation de déchets, notamment pour les déchets de
construction et de démolition (DCD) et pour les déchets des équipements informatiques et de
télécommunications (DEIT). Aussi, le ProGEC a, comme il le précise, contribué au renforcement
du cadre juridique relatif à la gestion des déchets. L’objectif ultime étant, selon ses dires, «la
transition vers une économie circulaire».

Le gisement des déchets augmentera de 45% à l’horizon 2030


Gisement potentiellement recyclable et quantités recyclées des HU, PU, DEEE et BU,
année 2015 (en tonne)

Pour les déchets générés par les activités économiques, le gisement total brut est de 5.467.508
tonnes en 2015. La quantité de la fraction potentiellement recyclable est de 1.667.415 tonnes dont
la part recyclée n’est que de 640.954 tonnes (soit un taux de recyclage moyen de 11,7% par
rapport au total des déchets industriels produits). Déjà, les activités économiques au Maroc sont
dominées par le secteur tertiaire qui a atteint en 2014 une valeur ajoutée de 55,8% du PIB suivie
de 29,6% pour l’industrie et 13,6% pour l’agriculture. Par région, c’est celle de Casablanca-Settat
qui occupe le premier rang en 2015 en termes de gisement des déchets qu’ils soient industriels ou
ménagers. Quant au taux de recyclage des déchets industriels, il est de 12% en 2015. En 2030, il
sera de 25 et de 20% en 2025. Cependant, celui des déchets ménagers et assimilés (DMA) est de
6% en 2015 pour être de 15% en 2025 et de 20% en 2030. Aussi, le taux de valorisation
énergétique des déchets sera de 10% en 2030.

Le même taux sera atteint en termes de valorisation de la matière organique des DMA. Par
filières, le plastique sera, entre autres, recyclé à hauteur de 70% en 2030.

Filière Cadre Arrangement Etat de Objectifs Gisement


juridique institutionnel recyclage stratégiques total
Plastique Aucune Ecotaxe 2015 : 2025 : 50% 2015 :
réglementation plastique 25% 794 168 t.
spécifique au 2030 : 70%
tri- instituée en 2030 :
valorisation- 2014. 1 339 275
recyclage. t.
Papier- Aucune Convention 2015 : 2025 : 50% 2015 :
Carton réglementation signée en 27% 941 903 t.
spécifique au 2015. 2030 : 80%
tri- 2030 :
valorisation- 1 596 482
recyclage. t.
Métaux Aucune 2015 : 2025 : 60% 2015 :
réglementation 46% 791 780 t.
spécifique au 2030 : 80%
tri- 2030 :
valorisation- 2 314 840
recyclage. t.
Huiles Décret déchets Convention 2015 : 2025 : 50% 2015 :
lubrifiantes dangereux signée en 36% 173 704 t.
usagées (2015) 2015. 2030 : 70%
2030 :
339 325 t.

Conclusion :

Au fur et à mesure que les régions se développent et que la population prend de plus en plus
conscience des relations entre la qualité de la vie et celle de l’environnement, les gestionnaires
de ces secteurs sont devenus contraints à fournir un cadre environnemental meilleur pour les
générations actuelles et futures.

Ce qui a amené le Maroc a intégré dans sa stratégie la notion d’économie circulaire qui se
réduit, en synthèse, à :2 objectifs globaux fondamentaux :

• Réduire la consommation de ressources en valeur absolue

• Réduire les impacts environnementaux

3 temporalités pour un raisonnement « cycle de vie » :

• Amont : modes de production

• Durée de vie : modes de consommation

• Aval : recyclage

4 bénéfices « gagnant-gagnant » pour les entreprises comme pour les collectivités :

• Emplois & attractivité

• Pouvoir d’achat & réduction des coûts


• Résilience du territoire & maîtrise des risques

• Innovation & développement

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