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La Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen n'a pas toujours une réelle source de
droit. C'est également le cas du préambule de la Constitution. Si le législateur puisait parfois son
inspiration dans les principes qui y étaient énoncés, ces textes ne pouvait être évoqué comme
fondement juridique à l'occasion d'un litige. C'est dans une décision du Conseil constitutionnel
datant du 16 juillet 1971 que la préambule de la Constitution devint une norme de référence, puis
dans une décision du 27 décembre 1973, le Conseil s'est appuyé sur la Déclaration des Droits de
l'Homme et du Citoyen pour la première fois, en faisant une source du droit constitutionnel. Il
s'agissait, à l'époque, d'une consécration du principe d'égalité devant la loi. Cependant, le principe
de fraternité, consacré dans la devise de notre nation, reste délicat à définir et à délimiter. Jusqu'à
récemment, il n'avait jamais servi de fondement à une décision du Conseil constitutionnel. Dans une
décision du 6 juillet 2018, le Conseil constitutionnel va pourtant y faire référence.
L'apparition dans le droit constitutionnel du principe de fraternité pose-t-il certaines difficultés ?
L'introduction naissante du principe de fraternité nécessite d'être concilié avec l'ordre public, ce qui
constitue un certain risque.
A) Le principe de fraternité
Le considérant 7 rappelle la devise de la République : "Liberté, Égalité, Fraternité". Cette
devise figure notamment dans l'article 2 de la Constitution. Cependant, le principe de fraternité,
même s'il était revendiqué par les révolutionnaires, n'est pas mentionné explicitement dans la
Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. S'il existait déjà au sein de l'article 1er de la
Déclaration universelle des droits de l'Homme. En France, la consécration juridique de ce principe
est apparue avec la Constitution de 1958, à travers son article 2. Il n'avait toutefois jusqu'alors
jamais servi de fondement à une décision du Conseil constitutionnel, car celui-ci demeure difficile à
définir. La fraternité, c'est le lien fraternel et naturel ainsi que le sentiment de solidarité et d'amitié
qui devraient unir les membres de l'espèce humaine. Elle implique la tolérance et le respect mutuel
des différences, contribuant à la paix. De ce principe devrait logiquement découler "la liberté d'aider
autrui, dans un but humanitaire, sans considération de la régularité de son séjour sur le territoire
national", ce qu'explique le considérant 8. Pourtant, le législateur réprime cet acte. De telles actions
peuvent en effet faire obstacle à un autre principe de valeur constitutionnelle, dans quel cas, il
faudra déterminer un moyen de concilier le respect des principes constitutionnels qui s'opposent.