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La paresse. Cette forte tendance à négliger nos devoirs et à se laisser aller à l'oisiveté.

Vous
connaissez ? Pour l'Église, c'est toujours péché et même, péché capital ! Mais selon les scientifiques, la
paresse serait inscrite dans nos gènes. Elle serait même signe de productivité et d'intelligence. De quoi
nous donner bonne conscience quand arrive l'heure de la sieste...

Dans la tradition catholique, les péchés capitaux ne correspondent pas nécessairement aux péchés les
plus graves qui puissent être commis. En revanche, ils sont à l'origine de tous les autres péchés. Et ils
sont des péchés que l'on commet pour eux-mêmes. Le catéchisme en liste sept : l'orgueil, l'avarice,
l'envie, la colère, la luxure, la gourmandise et la paresse.

Nous vous proposons aujourd'hui de porter sur l'un d'entre eux, la paresse, un regard décalé. Un regard
éclairé de quelques considérations scientifiques qui aideront peut-être certains d'entre vous à
déculpabiliser un peu...

Paresse : ce que nous apprend la science

Car nombreux sont les chercheurs qui, contrairement aux flemmards, s'activent pour débusquer les
origines de la paresse. Tout est dans la tête, pensent probablement les plus dynamiques d'entre vous. Et
bien il semblerait que vous n'ayez pas tout à fait tort. Mais peut-être pas de la manière dont vous
l'imaginez. Ainsi une étude soutient que le manque de motivation à se mettre au sport, par exemple,
résulterait d'un déficit du récepteur D2 situé dans notre cerveau. Un récepteur de la dopamine qui joue
un rôle important dans notre motivation.

D'autres chercheurs pensent que la structure même du cerveau -- liaisons entre le cortex cingulaire
antérieur, impliqué dans la prise de décisions et l'anticipation des récompenses, et l'aire motrice
supplémentaire, impliquée dans le contrôle du mouvement -- des personnes les plus paresseuses est
moins efficace que celle des personnes les plus dynamiques. Les flemmards auraient besoin de mobiliser
plus d'énergie pour prendre une décision ou planifier une action, par exemple. Or chaque jour, notre
cerveau utilise déjà un cinquième de l'énergie que nous brûlons alors, nous aurions naturellement
tendance à ne pas faire d'excès de zèle en la matière.

D'autres chercheurs encore vont plus loin. Pour eux, la paresse serait génétique. Une conclusion qu'ils
tirent d'études menées sur des lignées de rats actifs et de rats paresseux. Dix générations de rats n'y ont
rien fait. Les plus actifs ont continué à se montrer jusqu'à dix fois plus motivés que les plus paresseux.
Les chercheurs auraient même identifié 36 gènes qui pourraient jouer un rôle dans cette prédisposition.

La procrastination : symbole moderne de paresse

De nos jours, la paresse est intimement liée à la procrastination. La quoi ? La procrastination. C'est l'art
de toujours remettre au lendemain -- ou au moins à plus tard -- ce qui pourrait -- voire qui devrait -- être
fait le jour même -- ou dans l'immédiat. Et dans une société qui vit à cent à l'heure et qui place le travail
au sommet des valeurs, la procrastination n'a pas bonne presse. Elle est même parfois vue comme une
maladie. En France, elle est considérée comme un trouble du comportement. Le Vidal précise même
que « la procrastination sévère est facteur d'anxiété, de mauvaises performances, de mauvaise qualité
de vie voire de dépression majeure ».
Mais dans ce que les professionnels qualifient de « stade I », il semblerait que la procrastination puisse
nous aider à nous protéger de pressions sociales et familiales excessives. Elle pourrait aussi booster
notre productivité. Certains parlent même de « repos productif ». Devrions-nous tous nous laisser aller à
regarder des vidéos de chats au milieu de notre journée de travail ? C'est en tout cas ce que conseille
une étude récente qui montre que cela dissipe nos émotions négatives et provoque chez nous un regain
d'énergie.

Tout comme une balade dans la nature. Ou même, une simple contemplation de la nature. Ainsi une
étude a pu montrer qu'une pause verte de quelques minutes seulement augmente de manière
significative les performances au travail. Mais également la créativité. De là à penser que la paresse rend
intelligent, il n'y a qu'un pas. Selon une autre étude, en tout cas, les personnes dotées d'un QI plus élevé
passeraient plus de temps à flemmarder que les autres.

La paresse, péché capital ?

Au regard de toutes ces considérations, la question de maintenir la paresse dans la liste des péchés
capitaux semble pouvoir légitimement se poser. D'un point de vue scientifique en tout cas -- et par
conséquent, de celui de Futura --, la paresse ne doit pas nécessairement être blâmée.

D'autant qu'à l'origine, dans la liste des péchés capitaux établie par Evagre le Pontique à la fin du IVe
siècle, la paresse n'apparaît pas. C'est plus exactement l'acédie qui est condamnée. Et l'acédie, c'est une
sorte de paresse spirituelle, une tendance à se désintéresser de tout et à ne croire en rien... et surtout
pas en Dieu. Elle serait apparue notamment chez les ermites. Vivant retirés du monde, ils seraient
devenus apathiques et instables jusqu'à négliger leurs devoirs. Un vice que les moines vivant en
communauté et occupés à travailler ne connaîtraient pas... D'où le glissement progressif de l'acédie à la
paresse.

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