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CONTEXTE

Adoptées en 1996, les premières orientations communautaires sur les réseaux


transeuropéens ont été actualisées par un règlement de 2003. Ce dernier fixe les
conditions d'accès au réseau pour les échanges transfrontaliers d'électricité.

En 2002, le Conseil européen définit aux Etats membres un objectif de construction


d'interconnexion équivalent à 10% de leur capacité de production installée.

La volonté de l'UE de créer un marché intérieur intégré de l'énergie au niveau


européen nécessite d'accroître la coopération entre les différents Etats membres,
mais aussi de renforcer les capacités d'interconnexion. La panne électrique
généralisée du 4 novembre 2006 a montré la nécessité d'une meilleure coordination
entre les gestionnaires de réseaux de transport européens pour sécuriser
l'approvisionnement énergétique. Présenté en janvier 2007, le « troisième paquet
énergie » de la Commission européenne a été adopté le 13 juillet 2009 et doit entrer
en vigueur le 3 mars 2011.

Il vise à :

- Rendre solidaires les pays voisins et diversifier les sources de production afin de
renforcer la sécurité d'approvisionnement et de diminuer le risque de panne
généralisée;

- Les infrastructures existantes doivent être adaptées afin d'acheminer l'énergie


produite par les nouvelles sources d'énergie renouvelable qui doivent atteindre 20%
du mix énergétique européen d'ici 2020;

- Les infrastructures énergétiques doivent permettre, en augmentant les échanges


interrégionaux, de favoriser la concurrence et d'améliorer le fonctionnement du
marché

La directive (SUR ???) n'a pas encore été transposée dans le droit français. Le projet
de loi a été déposé le 6 septembre 2010 au Sénat et comporte une habilitation de
transposition. Il sera étudié le 18 novembre puis présenté à l'Assemblée nationale
avant la fin de l'année 2010. La directive n'est pas transposée de manière
réglementaire. Elle reprend des dispositions que contenait la directive de 2003. Un
certain nombre de principes ont donc déjà transposés.

Le texte européen contient des dispositions relatives à la protection des


consommateurs. Elles ont été intégrées à l'article 9 de la loi sur la nouvelle
organisation du matché de l'électricité (Nome). Ce texte a été adopté en première
lecture. Il est examiné en deuxième lecture par l'Assemblée nationale et devrait être
adopté avant la fin de l'année 2010.

Mais la partie de la directive concernant la séparation patrimoniale des activités de


transport et de distribution d'électricité pose problème. La transposition par
ordonnance a été refusée par les députés et les sénateurs. Le gouvernement doit
faire de nouvelles propositions, mais le calendrier parlementaire très chargé pourrait
repousser l'examen de cette partie de la directive au-delà de la date officielle de
transposition. (Voir encadré)

La proposition de la Commission pour la stratégie énergétique de l’UE pour 2020


contient également une série de dispositions sur les interconnexions. Bruxelles a
également présenté, mercredi 17 novembre, les grandes lignes de son nouveau plan
sur les infrastructures, qui devrait être discuté tout au long de l’année 2011.

ENCADRE A DROITE DU CONTEXTE

Le réseau électrique français est divisé entre réseau de transport et réseau de


distribution. En France, la gestion du transport de l'électricité est exclusivement
confiée à la société RTE (Réseau de transport d'électricité), filiale d'EDF à 100%. Les
acteurs du réseau de distribution sont plus diversifiés, mais le gestionnaire principal,
qui contrôle 95% du marché, est ERDF (entité d'EDF filialisée le 1er janvier 2008).

ENJEUX

Pour renforcer les interconnexions entre les pays membre de l’UE, le troisième
paquet énergie renforce tout d’abord le rôle des régulateurs.

Indépendance des régulateurs

Les autorités de régulation nationales ont pour mission de contrôler les règles
d’accès aux interconnexions élaborées par les gestionnaires de réseaux de transport
(GRT). En France, c’est la Commission de régulation de l’énergie (CRE) qui joue ce
rôle. Le développement des échanges transfrontaliers sont cependant freinés par les
différences de compétences de ces autorités dans chaque Etat. Le renforcement de
leur rôle et une plus grande harmonisation doivent permettre de supprimer les
obstacles aux échanges.

Le 3e paquet instaure une procédure de certification des GRT, destinée à garantir


leur indépendance par rapport aux opérateurs d’énergie. La France a déjà mis en
place ce que l’on appelle la « séparation patrimoniale des activités de production et
de transport » en séparant juridiquement ses activités de transport d’électricité par la
création de la société RTE en XXX. (Voir encadré).
Surveillance du marché
La nouvelle réglementation conduit à une harmonisation des compétences des
autorités de régulation nationales en matière de surveillance des marchés de gros et
de détail. Celle-ci implique de contrôler le degré de transparence des prix, et de
veiller au respect des obligations de transparence par les entreprises. Les autorités
de régulation doivent aussi vérifier l’efficacité de la concurrence sur les marchés de
gros et de détail.

Une Agence de régulation

La réglementation européenne crée une Agence de coopération des régulateurs de


l’énergie (Acer). Opérationnelle en mars 2011, cette instance basée à Ljubljana
(Slovénie) vise à mettre en place un véritable réseau européen (PLUTOT DIRE
RESEAU EUROPEEN DES REGULATEURS ?), qui renforcera la diversité et la
sécurité d’approvisionnement.

Missions :

Elle définira les orientations pour l’élaboration des codes de réseau, c'est-à-dire les
règles et les lignes directrices pour exploiter le réseau et le développer, afin de
faciliter la concurrence dans la production et la fourniture d’électricité. Elle établira
ensuite si les codes de réseau proposés sont conformes aux orientations.

Elle adoptera des avis contraignants et prendra les décisions qui portent sur des
questions transfrontalières telles que les allocations des capacités d’électricité et la
maîtrise de la cogestion ou les conditions d’accès au réseau.

« Pour que le courant puisse traverser les frontières, il faut un cadre commun. C’est
la base pour aboutir à un marché électrique européen », explique la directrice du
service de la politique de l’énergie et de la production à l’Union de l’industrie
électrique-Eurelectric, Susanne Nies. La mise en place de règles harmonisées est
cependant loin d’être acquise. « Il faut élaborer des règles plus détaillées pour
l’équilibre électrique. Mais si tout le monde est d’accord pour avoir un système de
code harmonisé, chacun veut l’harmoniser selon ses propres règles », indique de
son côté le directeur de la Sécurité d’approvisionnement et des Marchés
énergétiques de la Commission européenne, Heinz Hilbrecht.

Liens avec régulateurs nationaux

L’Agence aidera les autorités nationales à exercer au niveau communautaire les


tâches réglementaires effectuées dans les Etats membres, à coordonner et au
besoin à compléter leurs actions. « Il y aura un travail permanent avec le directeur de
l’Agence (Alberto Pototschnig, ndlr) pour avancer dans la construction de ce marché
», souligne le directeur de la CRE, Philippe de la Doucette. L’Agence sera chargée
de régler les différends entre les régulateurs.

L’Acer remplace le Groupe des régulateurs européens dans les domaines de


l’électricité et du gaz. Mais ces autorités feront partie du conseil de régulateurs de
l’Agence qui donnera son avis sur les décisions, recommandations et avis du
directeur. Le Conseil des régulateurs européens de l'énergie (CEER), une autre
association de régulateurs, interlocuteur officiel de la Commission, reste un organe
consultatif.

Cependant, à la Commission, on précise que les relations entre l’Acer, les


régulateurs et le CEER « sont encore en discussion ». « Il y a des chevauchements
potentiels : l’Agence s’occupera du transnational, mais des décisions des régulateurs
au niveau national ont des impacts sur le transnational », précise l’économiste
Jacques Percebois. « Dans un premier temps, les Etats veulent garder un droit de
regard. Mais cela ne peut pas durer. A terme, il faudra un véritable pouvoir que l’on
pourra imposer. Il y aura une véritable agence européenne », estime-t-il.

Coopération entre gestionnaires de transport


Le troisième paquet énergie renforce aussi la coopération entre gestionnaires de
réseau de transport (GRT). Dans certains Etats, comme en France avec RTE, le
GRT a un monopole national. En Allemagne ou au Royaume-Uni, l’action des
gestionnaires est régionale.

« Il y a une dimension européenne fondamentale dans le système électrique, car les


GRT exploitent et pilotent à plusieurs la même machine. Cela exige des règles
communes et une très forte coordination », souligne le directeur de la division
système électrique de Réseau de transport d’électricité (RTE), Pierre Bornard.

Un Réseau européen de gestionnaires de réseau de transport pour l’électricité


(REGTR) va donc être crée. Il est la formalisation de l’European Network of
Transmission System Operators for Electricity (ENTSO-E), mis en place en
décembre 2008 par 42 gestionnaires volontaires.
Dès le 30 septembre 2009, les GRT se sont accordés sur les procédures de
consultation des parties prenantes, notamment dans l’élaboration de codes de
réseaux et du plan décennal de développement (DE QUOI ??), qui font parties du 3e
paquet énergie. ENTSO-E a déjà commencé à produire des textes comme le rapport
décrivant un plan à dix ans des infrastructures européennes nécessaires pour la
fluidité des échanges et la bonne insertion du renouvelable. « C’est un schéma
directeur très attendu, qui va être utilisé par la Commission pour construire le
paquet infrastructures », précise M. Bornard. Cette série de texte devrait être
présentée le 17 novembre prochain. REMPLACER AVEC DES ELEMENTS DU
TEXTE DE MERCREDI.
Le REGTR doit ainsi promouvoir la réalisation et le fonctionnement du marché ainsi
que les échanges transfrontaliers. Il planifie et coordonne aussi les investissements
nécessaires. Il sera supervisé par l’Acer et la Commission. « Cette association est
dotée de responsabilités très importantes, explique M. Bornard. Elle élabore
les codes de réseaux ».

L’organisation en régions

Au delà de la législation de l’Union, les liens au sein du réseau électrique européen


se construisent par étapes, en créant des initiatives régionales. La France fait partie
de quatre grandes régions sur sept : le Centre-Sud (avec l’Allemagne, l’Autriche, la
Grèce, l’Italie et la Slovénie), le Centre-Ouest (avec l’Allemagne, la Belgique, le
Luxembourg et les Pays-Bas), le Sud-Ouest (avec l’Espagne et le Portugal), et enfin,
une région avec le Royaume-Uni et l’Irlande.

Les gestionnaires sont regroupés au sein de chaque région dans des associations
techniques qui définissent les standards de l’interconnexion. Elles stimulent les
échanges aux frontières et organisent des méthodes pour sécuriser les
approvisionnements mais aussi pour rapprocher les prix de l’énergie entre les
différents pays.

La gestion coordonnée des flux physiques (PEUT-ON REMPLACER PAR FLUX


d’ELECTRICITE ?)
Les gestionnaires de réseaux de transport (GRT) français (RTE), britannique
(National Grid) et belge (Elia), ont un centre de coordination technique commun,
Coreso. Inauguré le 19 février 2008, il réalise en permanence des analyses de
sécurité et propose des mesures correctrices coordonnées entre GRT pour maîtriser
la sécurité du système électrique. En un an, il a permis d’éviter quatre blackouts,
selon RTE.

Une plate-forme unique d’enchères (JE NE VOIS PAS BIEN LA DIFFERENCE


ENTRE LES TROIS PARAGRAPHES, peut-on synthétiser ?)

Pour faciliter la fourniture et les échanges transfrontaliers d’énergie, huit GRT


français, belges, néerlandais, allemands et luxembourgeois ont également mis en
place une interface unique du marché, nommée « Capacity Allocation Service
Company » (Casc). Celle-ci permet de gérer l'allocation des droits de transit sur les
interconnexions transfrontalières. Un protocole d’accord a été lancé en mai 2010
avec les gestionnaires italien, suisse, slovène et grec, pour étendre la couverture de
Casc.

L’harmonisation de mécanisme d’allocation

En juin, les gestionnaires de réseau d’électricité, Amprion et EnBW TNG en


Allemagne et RTE en France, ont engagé un nouveau projet visant à harmoniser
leurs mécanismes d’allocation de capacité journalière sur l’interconnexion France-
Allemagne, de chaque coté de la frontière.

Ce mécanisme est déjà en place sur les interconnexions de l’Allemagne avec la


Suisse, la France, les Pays-Bas et le Danemark.

Le couplage des marchés

Cette méthode d'allocation permet d'optimiser l’utilisation des capacités de


production d’électricité sur une zone donnée et ainsi de sécuriser
l’approvisionnement.

Celui du « Centre ouest européen » a été mis en service le 9 novembre 2010. Le


couplage a aussi pour ambition l’émergence d’un prix unique de l’électricité. « S’il y a
une convergence des prix sur une partie de l’Europe, il commencera à y avoir une
convergence des prix européens et donc une véritable concurrence possible »,
explique le président de la Commission de régulation de l’énergie, Philippe de la
Doucette.

Développer les infrastructures

Pour la Commission, 30 000 kms de lignes de transport d’électricité devront être


construites ou améliorées dans la prochaine décennie pour atteindre les objectifs en
matière de sécurité d’approvisionnement, d’intégration des renouvelables et de
développement du marché.
Le développement des smartgrids permettra d’optimiser l’utilisation de ces énergies
sur le réseau. Des propositions européennes sur ce sujet sont attendues en 2011.

En mars 2010, elle a annoncé l’attribution de 910 millions d’euros à 12 projets dont la
ligne à très haute tension entre Baixas (au nord est de Perpignan) et Santa Llogaia
(près de Figueras) en Espagne

Le 17 novembre, la Commission européenne a présenté une série de texte XXXX

Energie 2020

L’acceptabilité sociale

Au-delà de la législation sur les interconnexions, le problème essentiel est


l’acceptabilité par les citoyens de la construction de nouvelles infrastructures
électriques. « L’opinion publique est très favorable aux énergies renouvelables mais
ne veut pas des lignes à haute tension qui permettent le transport de l’électricité »,
explique Mme Jaureguy-Naudin. « Selon la Road Map 2050 de la Commission, la
capacité d’interconnexion entre la France et l’Espagne doit être à 40GW en 2050,
mais à l’heure actuelle on est à 1 GW. Il va falloir beaucoup de lignes à haute
tension », souligne-t-elle.

Le projet de ligne à très haute tension entre la France et l’Espagne illustre ces
difficultés. Sur la table depuis 1994, il s’est longtemps heurté à l’opposition des
populations locales qui souhaitaient protéger le paysage et la santé. Selon certaines
associations opposées aux lignes à haute tension, celles qui concernent
l’interconnexion France Espagne ne sont pas nécessaires. « La Catalogne est
déficitaire de 3% en électricité car ses lignes sont obsolètes. Si elles étaient
rénovées, elle serait bénéficiaire. Et il existe une ligne de 400 000 volts qui n’est
utilisée qu’à 40% », explique l’association non à la THT. « Pour mettre en place les
infrastructures, il faut au moins dix ans. Il va y avoir une incertitude dans les
approvisionnements si les populations s’opposent aux lignes », s’inquiète de son
côté Mme Nies.

POSITIONS

« L’Europe est devant un mur d’investissement de 1000 milliards d’euros », explique


le directeur de la Sécurité d’approvisionnement et des Marchés énergétiques
de la Commission européenne, Heinz Hilbrecht. « Aujourd’hui 500 projets
concernant les réseaux transeuropéens d’énergies (RTE-E) sont en cours. C’est du
micro management. Il faut un accord sur les grands axes prioritaires et une réflexion
sur les autorisations qui prennent beaucoup trop longtemps aujourd’hui ». Le
directeur a aussi mis en avant la nécessité d’une meilleure vision sur le cadre
financier. « Certaines interconnexions ne veulent pas être financées parce qu’elles
bénéficient au voisin. Pourquoi ne pas créer un fonds communautaire pour faire effet
de levier ? », propose-t-il.
« Nous avons progressé [sur les réseaux] depuis 12 ans, beaucoup plus que dans la
concurrence des marchés. Tout l’enjeu est de savoir comment arriver à un marché
européen unique en Europe », souligne Philippe de la Doucette, directeur de la
Commission de régulation de l’énergie (CRE).

Le directeur développement du réseau et perspectives énergétiques de Réseau


de transport d’Electricité (RTE), Hervé Mignon précise : « Les interconnexions
sont plus que jamais nécessaires. Avant c’était plutôt un moyen de secourir,
maintenant, c’est un enjeu majeur si on veut une politique européenne. L’étape
suivante est de gérer les flux sur la plaque européenne, pour augmenter la
capacité ».

Pour la directrice du service de la Politique de l’énergie et de la production à


l’Union de l’industrie électrique-Eurelectric, Susanne Nies, le principal problème
est la mise sur le réseau des énergies renouvelables. « Les Etats membres ont dû
soumettre leur plan d’action du renouvelable pour atteindre les objectifs 3x20. Mais
les mécanismes de coopération entre les plans nationaux n’existent presque pas. Il
faudrait un partage. Cela a un impact sur les infrastructures électriques car les
objectifs climatiques stratégiques sont liées aux infrastructures ».

« Le marché ne fonctionne pas bien si le réseau ne fonctionne pas bien, précise


Jacques Percebois, directeur du Centre de recherche en économie et droit de
l’énergie (Creden). La régulation (LE REGULATEUR PLUTOT ?) doit trancher, la
logique ultime de l’UE est un marché unique, avec une concurrence au niveau de la
gestion et une harmonisation des règles entres les réseaux. Il ne doit pas y avoir
d’obstacles techniques ».

« Il y a toujours le syndrome Nimbe (Not in my backyard, ndlr). Parfois, les gens


utilisent les raisons écologiques alors que ce n’est pas le vrai sujet », précise
Caroline Keller, spécialiste énergie et logement d’UFC Que choisir.

Selon l’association Non à la THT, le renouvelable doit rester une énergie de


proximité.

CALENDRIER
17 novembre 2010 : Présentation par la Commission du paquet infrastructures
16 et 17 décembre 2010: le Conseil européen travaillera sur le projet
4 février 2010 : Conseil européen Energie
2011 : Présentation par la Commission de la révision des Réseaux transeuropéens
d’énergie

3 mars 2011 : Entrée en vigueur des deux règlements et de la directive du troisième


paquet énergie

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