difficulté à apprendre quelques nouveaux pas. Si la première
m’avait ôté tout désir d’apprendre, en soulignant mes défauts, la deuxième fit tout le contraire. Elle ne cessa d’admirer mes progrès tout en négligeant mes fautes. “Vous avez d’instinct le sens du rythme”, me disait-elle. Mon bon sens me dit que j’ai toujours été un médiocre danseur. Pourtant, tout au fond de mon coeur, j’aime à croire que, peut-être, elle le pensait. «Quoi qu’il en soit, je danse beaucoup mieux depuis qu’elle m’a fait croire que j’avais le sens du rythme. C’est cela qui m’a stimulé, m’a donné espoir et m’a poussé à me perfectionner » Dites à votre enfant, à votre conjoint ou à votre collaborateur qu’il est stupide, qu’il n’a aucune disposition pour tel travail ou tel jeu, qu’il le fait mal, qu’il n’y entend rien, et vous détruisez en lui tout désir de se perfectionner. Mais essayez la méthode opposée: 253 dispensez généreusement les encouragements ; arrangez-vous pour que la tâche à accomplir semble facile ; montrez à celui que vous voulez stimuler que vous avez confiance en ses capacités; dites-lui qu’il possède un talent qu’il ne soupçonne pas... et il s’exercera jusqu’au petit jour s’il le faut. Le conférencier Lowell Thomas, grand spécialiste des relations humaines, utilisait cette technique. Il vous donnait confiance en vous et vous insufflait courage et foi. J’ai passé récemment un week-end avec lui et Mme Thomas. Tandis que les bûches crépitaient dans la cheminée, on m’invita à m’asseoir à la table de bridge. Une partie de bridge? Oh! non! Non, non. Je ne connaissais rien au bridge. Ce jeu avait toujours été pour moi un mystère. Non, non! Impossible! « Mais voyons, Dale, me dit mon ami. Ce n’est rien du tout, le bridge. Il suffit d’avoir de la mémoire et du jugement. Vous avez beaucoup étudié la mémoire. C’est tout à fait votre domaine. Essayez, vous saurez très vite. » Et, presto! sans même avoir pu réaliser ce qui m’arrivait, je me trouvais assis, pour la première fois de ma vie, devant une table de bridge. Il avait suffi, pour me décider, qu’on me dise que j’avais des dis positions pour ce jeu et qu’on m’en montrât la facilité. Ely Culbertson, dont les livres sur le bridge ont connu un succès extraordinaire et ont été traduits en douze langues, m’a avoué que, s’il est devenu un professionnel de ce jeu, c’est uniquement grâce à l’encouragement d’une femme. Il avait essayé toutes sortes de métiers. Mais jamais l’idée ne lui était venue d’enseigner le bridge. Non seulement il était médiocre joueur; mais encore il était obstiné et si ergoteur que personne ne voulait jouer avec lui. 254 C’est alors qu’il rencontra Joséphine Dillon, jolie fille qui donnait des leçons de bridge. Il l’aima et l’épousa. Elle avait observé avec quel soin il analysait ses cartes et elle le persuada qu’il avait pour le bridge des dispositions merveilleuses, insoupçonnées. C’est ce compliment, et rien d’autre, affirma- t-il, qui fut à l’origine de sa carrière. Clarence M. Jones, l’un des animateurs de notre Entraînement à Cincinnati, Ohio, nous a raconté comment en l’encourageant, en faisant en sorte que l’erreur semble facile à corriger, il a réussi à provoquer un changement complet dans la vie de son fils. «En 1970, mon fils David, alors âgé de quinze ans, est venu vivre avec moi à Cincinnati. Il avait mené une vie dure. En 1958, une profonde blessure à la tête, lors d’un accident de voiture, lui avait laissé sur le front une vilaine cicatrice. Jusqu’à quinze ans, sa scolarité s’était passée dans des classes spéciales pour enfants retardés. Sans doute à cause de sa cicatrice, l’administration de l’école considérait que son cerveau avait été touché et ne fonctionnait pas normalement. Il avait deux ans de retard et ne savait pas ses tables de multiplication. «Un point positif toutefois: il s’intéressait beau coup aux appareils de radio et de télévision. Il voulait devenir réparateur de T.V. Je l’encourageai dans cette voie et lui fis remarquer qu’il avait besoin des mathématiques pour obtenir le diplôme nécessaire à cette qualification. Je décidai de l’aider à progresser dans cette matière. «Nous nous sommes procuré quatre jeux de fiches : multiplication, division, addition et soustraction. A mesure que nous progressions, nous mettions les bonnes réponses d’un côté et les mauvaises de l’autre. Quand David fournissait une mauvaise réponse, je lui indiquais la bonne, puis plaçais la fiche dans le paquet “à refaire”, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’il n’en reste plus. Je mettais en valeur chacune de ses réponses justes, surtout quand 255 précédemment la réponse avait été fausse. Tous les soirs, nous reprenions le paquet à refaire jusqu’à ce qu’il ne reste plus de fiches. «Chaque soir, nous minutions l’exercice au chrono. Je lui promis que, s’il me donnait toutes les réponses en huit minutes, nous arrêterions l’exercice. Ceci semblait être un objectif possible à atteindre. Le premier soir, il lui fallut cinquante-deux minutes, le deuxième soir quarante-huit, puis quarante-cinq, quarantequatre, quarante et une, puis au-dessous de quarante minutes. Nous fêtions chaque progrès. J’appelais ma femme, nous l’embrassions tous les deux et nous nous mettions tous trois à danser de joie. A la fin du mois, toutes ses réponses étaient correctes en moins de huit minutes. Chaque fois qu’il faisait un léger progrès, il demandait à tout recommencer. Il avait fait une découverte fantastique : apprendre était facile et amusant. «Naturellement, il fit de réels progrès en maths. Etonnante, la facilité avec laquelle on progresse en maths quand on sait multiplier Il s’étonna lui-même en rapportant un B à la maison. Cela ne lui était jamais arrivé auparavant. D’autres changements se produisirent avec la même incroyable rapidité. Il se mit à développer ses talents naturels pour le dessin. Plus tard, au cours de l’année, son professeur de technologie le chargea même de faire une exposition. Il choisit de fabriquer une série très complexe de modèles réduits pour démontrer l’effet des leviers. Cela demandait de l’habileté, non seulement pour