GEOGRAPHIE : THEME 3 :

DYNAMIQUES GEOGRAPHIQUES DES 26/03/2020

GRANDES AIRES CONTINENTALES

Première partie du thème 3 : L’Amérique : puissance du Nord, affirmation du Sud

- Chapitre 8 : Le continent américain : entre tensions et intégrations régionales
- Chapitre 9 : Etats-Unis-Brésil : rôle mondial, dynamiques territoriales
(Cartes du continent américain p. 370-371)

Chapitre 8 : Le continent américain : entre tensions et intégrations

régionales (pages 375 et suivantes)

Introduction : L’Amérique est un ensemble continental de plus de 42 millions de km2 (2e continent après
l’Asie), 15 000 km Nord-Sud, plus de 40 pays et une population de 950 millions d’habitants. C’est un continent
divisé entre différents ensembles :
- On peut considérer trois ensembles: Amérique du Nord, Amérique centrale et Amérique du Sud,
ayant des bases politiques et économiques différentes (carte 3 p. 371).
- Il y a aussi un profond clivage qui oppose l’Amérique du nord et l’Amérique latine avec comme
frontière le Rio Grande (appelé par les mexicains le Rio Bravo) entre les Etats-Unis et le Mexique
(carte 5 p. 371).
o L’Amérique du Nord est anglo-saxonne, majoritairement protestante.
o L’Amérique du sud est latine majoritairement catholique et se décompose en une aire
hispanique et une aire lusophone (liée historiquement au Portugal).
- La coupure entre ces pays américains est aussi économique. Dans ce continent américain, on y trouve
à la fois le pays le plus puissant du monde (les Etats-Unis) et de nombreux pays en voie de
développement eu PMA (Haïti). Par ailleurs, un certain nombre de puissances émergentes y
apparaissent comme le Brésil.
Au-delà de ces différences et de ces tensions, il existe des processus d’intégration au sein de ce continent et
ce, à différentes échelles.

Problématique : Quelles sont les tensions et les formes d’intégrations régionales qui caractérisent le
continent américain ?

Le terme intégration régionale désigne un processus de renforcement des relations entre les différents territoires
d’un même ensemble géographique. Cette intensification des échanges (commerce, flux…) et des mobilités humaines
(tourisme, migrations…) peut être liée à une volonté politique et humaine (l’ALENA en est un exemple).

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I. Les contrastes de
développement du
continent (carte PIB et
IDH par anamorphose p.
376)
1. Un premier
ensemble de pays
qui constituent un
pôle de la triade :
les Etats-Unis et le
Canada
a. La place des Etats-
Unis dans le monde
 Le poids des Etats-
Unis : Les Etats-
Unis constituent à
tout point de vue
le lieu central du
continent
américain. Le PIB des Etats-Unis est 7 fois plus élevé que celui du Brésil, qui possède le 2e
PIB du continent.
 Un territoire clé de l’espace mondial : D’importants lieux centraux de l’espace mondial
se concentrent aux Etats-Unis :
o D’un point de vue politique : le siège de l’ONU à New York d’abord, mais les
décisions prises à Washington (capitale politique des Etats-Unis) sont décisives
tant pour le continent que pour le reste du monde.
o D’un point de vue économique : Présence de la Bourse de Wall Street, 1ere Bourse
du monde ; à New York, siègent les plus grandes FTN du monde ; à Washington,
FMI et Banque Mondiale.
o Des lieux essentiels de l’espace continental et mondial :
 la mégalopole du Nord-Est (la Bos-Wash) avec sa façade maritime, sa ville
mondiale (New-York) ;
 les pôles de la Sun Belt : le Texas et surtout la Californie (qui si elle était
indépendante posséderait le 6e PIB du monde).
o Des ressources naturelles importantes, dans un espace totalement maitrisé par
des transports performants.
b. Le Canada : un territoire intégré à la Triade
 Le Canada est, lui aussi, un pays riche en ressources, c’est un espace complémentaire aux
Etats-Unis, avec qui les relations économiques (avec l’ALENA), culturelles et politiques
sont fortes.
 Avec les Etats-Unis, il forme une Amérique du Nord clairement définie par son
appartenance au Nord.

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 Comme les Etats-Unis, le Canada appartient au monde anglophone (malgré sa minorité

francophone) et a pour bases de peuplement, comme les Etats-Unis, une immigration
européenne aux 19e et 20e siècles.
c. D’autres territoires
du Nord :
 Ne pas oublier
dans ce Nord, les
territoires
français ou
britanniques de
cette Amérique
dans les Caraïbes
et en Amérique
du Sud : Antilles,
Guyane, Iles
Caïmans, …. qui
appartiennent au
Nord, c’est-à-dire
aux pays dits Tourisme et Paradis fiscaux dans les Antilles comme vecteur de
développés. développement.
 Mais aussi d’autres territoires qui ont su profiter du tourisme pour se développer comme
les Bahamas.

2. Des puissances émergentes diverses : Mexique, Brésil, Argentine, Venezuela…

 En Amérique centrale et du Sud, un certain nombre de pays possèdent les atouts pour
constituer des puissances émergentes. Mais les voies choisies sont variées.
o Le Mexique : tente de s’appuyer sur la proximité des
Etats-Unis pour bâtir une industrie de délocalisation ; il Les trois pays :
compte également sur le tourisme et les matières Argentine, Chili,
premières (pétrole du Golfe du Mexique). Mexique, sont
o Les pays du « cône Sud » (Chili, Argentine) : Ils ont connu dénommés les Jaguars
une certaine émergence mais ont subi des revers
économiques importants (faillite financière de l’état argentin en 1998 puis graves
difficultés financières à nouveau en 2019 pour les 2 pays).
o Le Venezuela : a connu un développement économique et ainsi a affirmé une
indépendance politique grâce à sa richesse pétrolière (7e exportateur mondial) mais
le Venezuela est aujourd’hui confronté à une crise économique et politique très
grave avec la chute des prix du pétrole et l’endettement du pays. Voir pour ceux que
ça intéresse : la crise au Venezuela, expliquée en 5 minutes ; même si le document a
deux ans, les problèmes restent les mêmes :
https://www.lemonde.fr/ameriques/video/2018/05/19/la-crise-au-venezuela-
expliquee-en-quatre-minutes_5301500_3222.html
o Le Brésil : Seul le Brésil, apparait comme une véritable puissance émergente
(aujourd’hui 8e ou 9e puissance économique du monde selon de nombreux
indicateurs). Le pays s’appuie sur un potentiel agricole important (il ambitionne de

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devenir la « ferme du monde »), sur des ressources importantes (notamment

pétrolières offshore), sur un système bancaire performant et sur des industries
variées et de pointe. Pourtant ce pays connait des difficultés politiques et
économiques importantes depuis plusieurs années.

3. Des pays en voie de développement : Bolivie, Paraguay, Pérou, Equateur et

pays d’Amérique Centrale…
 Des pays aux potentiels inégaux : les autres pays d’Amérique possèdent des indicateurs
économiques et sociaux qui en font des pays en voie de développement. Si certains
peuvent compter sur des ressources naturelles abondantes (comme le cuivre au Pérou),
beaucoup ont peu de facteurs de développement.
 Des économies dépendantes : Leurs économies sont très dépendantes des cours des
matières premières, des investissements venant de l’étranger (IDE) et des FTN originaires
du Nord (notamment des Etats-Unis) qui ont un poids considérable dans l’économie de
ces pays.
« Les investissements nord-américains, depuis presque un siècle, repoussent les capitaux britanniques,
français ou allemands. Après avoir investi dans le secteur ferroviaire, minier, des plantations, les firmes
ont diversifié leurs investissements : sous-traitance automobile, agroalimentaire, électronique ; les
industries de pointe latino-américaines sont presque exclusivement à capitaux "yankees" ; un tiers de
l'emploi salarié non public, dépend de sociétés états-uniennes. »

Nicole et Jacques Mauduy, Les Etats-Unis, puissance régionale et mondiale, Ellipses, 2010

 Des problèmes de développement : Les Etats dont le PIB et l’IDH sont les plus faibles se
situent en Amérique centrale (Guatemala, Honduras…). Les deux pays enclavés du
continent, la Bolivie (située dans la zone andine) et le Paraguay, connaissent des difficultés
comparables.
 Enfin Haïti, le pays le plus pauvre du continent européen et de l’hémisphère nord. Il est
classé parmi les PMA et environ 1/3 de la population est en situation de crise alimentaire.

II. Divers facteurs de tensions

1. Des fractures culturelles et identitaires
a. Des lignes de fracture culturelle : l’opposition entre l’Amérique du Nord et l’Amérique
latine
 Le continent américain se caractérise par une opposition traditionnelle entre :
o Une Amérique du Nord imprégnée par la culture protestante et anglo-
saxonne (Etats-Unis et Canada)
o Une Amérique latine catholique (au sud du Rio Grande), marquée par les
langues latines des anciennes puissances coloniales : l’Espagne et le
Portugal (au Brésil). Cette Amérique latine se décompose en effet entre
une aire hispanique (tous les pays sauf le Brésil) et une aire lusophone (liée
au Portugal et de langue portugaise : le Brésil).
 Mais une opposition qui s’atténue notamment aux Etats-Unis où l’influence
hispanique est de plus en plus forte :

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o L’influence latino-
américaine progresse
rapidement aux Etats-
Unis, où elle est une
conséquence de
l’immigration. Les
populations d’Amérique
latine constituent la 1ere
minorité du pays
(environ 56 millions
aujourd’hui soit plus de
18 % de la population,
2/3 de ces « latinos » Les régions à forte minorité hispanique
sont mexicains).
Population latino-américaine en hausse constante en particulier
 en Floride (forte population cubaine),
 le long de la frontière avec le Mexique, de la Californie au Texas
 mais aussi dans les grandes villes du Nord-est (Haïtiens de New York
par exemple).
o New-York et Miami jouent le rôle de « hub culturel » entre les Etats-Unis
et l’Amérique latine (où vivent de fortes minorités hispaniques).
o Le rôle de certaines personnalités de la musique : Shakira, Gloria Estefan,
Jennifer Lopez, Ricky Martin… participent à cet échange culturel, chantant
en anglais et en espagnol. Ils diffusent une musique transnationale la plus
écoutée en Amérique latine. Ils participent à « l’américanisation » de
l’Amérique latine mais aussi à la « latino-américanisation » des Etats-Unis.

b. Les questions identitaires

 La question de l’identité du continent est liée à la présence de
La présence de la culture
populations différentes et d’un important métissage :
indienne marque les sociétés
o Les populations indiennes :
latino-américaines : ici la
 En Amérique latine, les populations indiennes restent
célébration du Nouvel an Inca,
nombreuses et affirment leurs revendications. Ces
l’an 5618, en Bolivie (2010).
Amérindiens représentent encore une forte proportion de la
population dans le centre et le sud du Mexique, dans l’isthme
(comme les indiens du Guatemala défendus par le prix Nobel
de la paix Rigoberta Menchu) et dans les pays andins.
 Aux Etats-Unis, au Brésil, ils pèsent peu dans les effectifs (les
« natives » représentent environ 1% de la population aux
Etats-Unis). Plusieurs états ont reconnu leurs cultures et leurs
langues avec des lois spécifiques, notamment au Brésil sur
leurs terres. Au Canada, les Inuits bénéficient même de
l’autonomie sur leur territoire. Malgré tout, les Amérindiens
vivent le plus souvent dans la pauvreté ce qui rend difficile leur
promotion et leur reconnaissance sociale.

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o Les Africains ont également marqué de leur culture les espaces

américains. Ils sont l’exemple du syncrétisme religieux (par exemple
à Cuba), d’une intégration à la société américaine en apportant leurs
caractéristiques propres telles le jazz (Louisiane, Nouvelle-Orléans).

2. Les tensions politiques

a. Le poids et le rôle des Etats-Unis
 Les tensions politiques
sont souvent liées à la
présence importante des
Etats-Unis :
o Depuis 1823, la
doctrine Monroe
conduit les Etats-
Unis à se considérer
comme les garants
de l’ordre dans la
région.
o Ils contrôlent le Caricature de 1904 sur la présence américaine dans
canal de Panama, le bassin Caraïbe
maintiennent Cuba
et le régime
communiste fondé par Fidel Castro dans une situation d’embargo depuis
1962.
o Les Etats-Unis possèdent des bases militaires en Amérique Centrale et dans
les Caraïbes, comme à Guantanamo (sur l’île de Cuba).
o Les Etats-Unis sont un des premiers partenaires commerciaux : environ
30% des importations et des exportations ; en outre, ils détiennent
environ 50% du stock des IDE (investissements directs à l’étranger). On
peut parler d’hégémonie économique sur le sous-continent américain
(l’Amérique latine).
L’influence américaine est donc multiforme : économique, culturelle (Soft power),
militaire et politique. (voir carte des tensions géopolitiques en fin de partie II page 8)
 La contestation de la présence américaine est
politique et sociale :
o La contestation du rôle des Etats-Unis : Les
mouvements hostiles à cette domination sont
nombreux. Ils sont surtout politiques depuis la
fondation de l’ALBA en 2005 (Alliance bolivarienne
pour les Amériques) par le Venezuela. Elle regroupe 9
pays parmi lesquels Cuba, la Bolivie et surtout le
Venezuela (Hugo Chavez, mort le 5 mars 2013, a été
remplacé par son ancien vice-président : Nicolas
Maduro).

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o La contestation est aussi sociale à travers l’organisation de

« Forums sociaux » au Brésil (Forums réguliers qui contestent la
mondialisation américaine).

b. Les facteurs internes de déstabilisation

 Des facteurs internes de déstabilisation existent avec :
o la présence de guérillas d'inspiration marxiste, aux
revendications parfois mêlées à celles des Indiens.
 Au Mexique.
 En Colombie, les FARC ont longtemps
procédé à des enlèvements et ont retenu
captive la Franco-Colombienne Ingrid
Betancourt, candidate à la présidence de la
République, de 2002 à 2008. Depuis, des
accords de paix (fragiles) ont été signés.

Les FARC (Forces Armées Révolutionnaires de

Le commandant Marcos a pris en
Colombie) comptent environ 9000 combattants. Elles
1994 la tête d’un mouvement armé
se sont illustrées pendant de nombreuses années par
au Mexique pour la défense des terres
l’enlèvement de milliers de personnes
des paysans

o Le crime organisé
Le crime organisé est un autre facteur de tension au sein du
continent. La présence de réseaux mafieux est avérée tant
au Nord qu'au Sud, de même que la présence de gangs, très
actifs dans certains pays, comme le Salvador, mais aussi
dans des quartiers de villes nord-américaines. Dans certains
États, l'insécurité est préoccupante, comme en Haïti ou au
Mexique ou au Brésil.
« Le Mexique a dénombré 34 582 homicides en 2019, le chiffre le plus élevé depuis 1997, l’année où
cette comptabilité a commencé à être établie, ont annoncé lundi les autorités. Cela équivaut à une
moyenne d’environ 95 homicides par jour, ou quatre par heure. Ce pays de 126 millions d’habitants, à
la violence endémique, a vu le problème s’aggraver à partir de 2006, lorsque la lutte contre le trafic de
drogue s’est militarisée ». Agence France Presse 20 janvier 2020
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3. Des tensions entre pays

 Certains conflits anciens des 19e et 20e siècles
ont laissé des traces: entre le Paraguay et le Brésil,
entre l’Uruguay et l’Argentine, entre le Chili, le
Pérou et la Bolivie… Les tensions restent vives.
 Des différends frontaliers entre le Pérou et
l’Equateur ou entre l’Argentine et le Chili n’ont été
résolus que récemment, d’autres persistent au sujet
des eaux territoriales entre la Colombie et le
Venezuela ou entre les petits états de l’Amérique
centrale (problème de la ZEE). Ces tensions,
associées au nationalisme et l’instabilité politique
de certains pays ont longtemps limité l’intégration
régionale.
 Pas de guerre cependant depuis la fin de la
Guerre Froide sauf un bref conflit en 1995 entre le
Pérou et l’Equateur (conflit résolu par un accord de
paix en 1998).

Carte des facteurs de tensions géopolitiques liées notamment à la

présence américaine
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