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LA MULTIFONCTIONNALITÉ DES PAYSAGES

La forêt méditerranéenne : un modèle


pour comprendre la place et l’usage de la forêt
dans les territoires

Michel Bariteau - Denise Afxantidis - Jean Bonnier

La forêt peut être à la fois considérée comme un milieu naturel et comme un secteur de produc-
tion de biens et de services. Sa place, son usage, voire sa “représentation” varient selon de
nombreux paramètres, notamment ceux de l’environnement socio-économique. La forêt, consi-
dérée sous l’angle économique, se situe dans un contexte à la fois mondialisé, soumis aux aléas
des marchés internationaux des matières premières, mais aussi de plus en plus territorialisé au
travers des nouveaux outils de gouvernance (comme, par exemple, les chartes forestières de
territoire). Par sa multifonctionnalité, la forêt concerne de nombreux secteurs d’activité humaine
et il convient de s’interroger sur sa place réelle dans le développement des territoires. Objet de
toutes les convoitises, n’est-elle pas souvent aussi, paradoxalement, victime de l’indifférence des
décideurs locaux ? Sa valeur est-elle connue et reconnue par une juste rétribution des biens et
services produits ? Cette valorisation est-elle à un niveau qui lui permette de trouver sa place
dans les territoires ?

LA FORÊT MÉDITERRANÉENNE : UN MODÈLE DE FORÊT MULTIFONCTIONNELLE

La forêt méditerranéenne offre un cas d’étude intéressant. Plusieurs constatations amènent à


penser qu’elle peut servir de modèle pour imaginer l’évolution et la place des forêts françaises
au XXIe siècle (Forêt méditerranéenne, 2006).

L’importance de la multifonctionnalité
La production de bois y est moindre que dans d’autres types de forêt, ce qui pousse les proprié-
taires à mettre en valeur d’autres fonctions. La mise en valeur de la multifonctionnalité se heurte
à la difficulté de l’évaluation globale des bénéfices issus de la forêt. Un travail a été réalisé en
2005 sur la valeur économique totale de la forêt méditerranéenne dans le cadre du projet inter-
national MEDFOREX (Merlo et Croitoru, 2005 ; Montagné et al., 2005). Cette valeur économique
totale regroupe un ensemble de valeurs d’usage et de non usage (valeur d’usage direct, valeur
d’usage indirect, valeur d’option, valeur de legs, valeur d’existence) ainsi que des “externalités
négatives” liées aux risques induits par la forêt (incendies, allergies …), qui viennent en diminuer
la valeur totale (figure 1, p. 564). Les différents biens, services et externalités fournis par la forêt
méditerranéenne ont été évalués par différentes méthodes, soit à partir du prix de marché lors-
qu’il était disponible, soit à partir d’estimation des coûts ou des préférences des consomma-
teurs. Par exemple, la valeur de la biodiversité a été calculée à l’aide de la méthode d’évaluation

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FIGURE 1 LA VALEUR TOTALE DE LA FORÊT MÉDITERRANÉENNE FRANÇAISE


En gris foncé la forêt méditerranéenne française.
En gris clair l’ensemble des formations forestières françaises (d’après Montagné et al., 2005)

Externalités négatives

Biodiversité

Croissance épargnée
MED
Conservation France

Séquestration du carbone

Récréation

Produits non bois

Bois rond
– 50 0 50 100 150
Valeur (Euro) / ha boisé / an

contingente, des ménages ayant été interrogés sur les sommes qu’ils seraient prêts à consacrer
annuellement à la préservation de la diversité biologique des forêts.
D’après Montagné et al. (2005), la valeur totale de la forêt méditerranéenne en France était de
240 €/ha/an au moment de l’étude. La biodiversité est particulièrement élevée dans les écosys-
tèmes méditerranéens, y compris au niveau intraspécifique (Fady-Welterlen, 2005). On peut donc
faire l’hypothèse d’une sous-évaluation de la biodiversité par la méthode, ce qui amène à penser
que, malgré une valeur “bois” moins élevée, la valeur totale des forêts méditerranéennes est
proche de celle de n’importe quelle forêt française (soit environ 291 €/ha/an en 2005, d’après
Montagné et al.). Il est remarquable de constater que, dans tous les cas, la valeur récréative est
supérieure à celle du bois (1). On entend parfois dire que la production principale de la forêt
méditerranéenne est la viande (et le fromage !). C’est aussi la truffe, les autres champignons, le
liège, le gibier, le paysage… C’est donc un terrain d’excellence et d’expérimentation de la multi-
fonctionnalité. La valeur de tous ces biens et services peut être chiffrée mais, bien souvent, elle
n’est pas traduite financièrement sous forme de juste rémunération pour les propriétaires.

L’évolution des modes de gouvernance


L’évolution de notre société favorise l’émergence de projets locaux, participatifs (impliquant de
nombreux acteurs), centrés sur des territoires.
Les chartes forestières de territoire (CFT) sont un bon exemple d’outil favorisant ces nouveaux
modes de gouvernance. Le Sud de la France a été précurseur en la matière (Bouroulet, 2006),
sans doute en raison de la nécessité d’une valorisation multifonctionnelle, impliquant de
nombreux acteurs engagés dans le développement de leurs territoires.

L’évolution du climat
En région méditerranéenne, la sécheresse est un facteur qui est intégré depuis toujours dans les
modes de gestion ; ceux-ci peuvent donc servir de modèle en raison de l’effet attendu du chan-

(1) La valeur des bois ronds présentée dans l’étude correspond à celle des récoltes commercialisées et auto-consommées (bois de
chauffage) ainsi qu’à la valeur des bois sur pied.

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gement climatique sur nos forêts (plus de sécheresse et de chaleur). L’essentiel du savoir-faire
des forestiers méditerranéens réside dans la prévention des incendies et dans l’utilisation d’es-
pèces résistantes à une sécheresse estivale prolongée. Des recherches récentes montrent qu’une
partie non négligeable du territoire français pourrait passer sous une influence bioclimatique de
type méditerranéen (Badeau et al., 2005) : les zones biogéographiques de type méditerranéen
pourraient passer de 9 % du territoire national actuellement à 28 % en 2100. Dans ces condi-
tions, non seulement les espèces méditerranéennes mais aussi les techniques associées pren-
dront un intérêt nouveau pour les acteurs de l’aménagement des espaces ruraux et forestiers.

Finalement, les formations forestières méditerranéennes qui étaient, jusqu’à un passé récent,
surtout vues sous l’angle de leur faible productivité, peuvent être considérées aujourd’hui comme
un modèle pour beaucoup de forêts européennes du fait de leur multifonctionnalité, des nouveaux
modes de gouvernance expérimentés et de l’adaptation des espèces à la sécheresse associée à
des savoir-faire spécifiques.

Cette évolution de la représentation de la forêt méditerranéenne peut se lire dans les définitions
données par différents auteurs.

En voici deux exemples contrastés :


• « formation végétale ligneuse où les arbres, même adultes, sont de faible hauteur ; leurs
troncs manquent de rectitude quand ils ne sont pas tortueux, et les broussailles sont abon-
dantes » (Seigue, 1985).
• « … système complexe, c’est-à-dire un ensemble d’éléments naturels et humains ayant entre
eux de multiples interactions, en situation d’évolution dynamique constante » (de Montgolfier,
2002).

La vision “négative” prévalait dans un passé récent. La définition proposée par J. de Montgolfier
correspond à une vision moderne, plus positive, de la forêt méditerranéenne qui passe de la
vision d’un écosystème marqué par la faible productivité des arbres à celle d’un système riche
et dynamique, en interaction avec les sociétés environnantes.

En cela, la forêt méditerranéenne est une bonne révélatrice du regard porté en général sur nos
forêts : considérées comme “des usines à bois” dans le passé, domaine réservé des seuls fores-
tiers, leur place dans les territoires est désormais de plus en plus considérée par un ensemble
d’acteurs aux intérêts divers. Mais on verra plus loin que cette vision des forêts, si elle est
partagée par les experts, est loin de l’être par le “quidam méditerranéen”.

C’est pourtant bien l’évolution de la société et de la fameuse “demande sociale” qui explique
ces changements de paradigme.

LA FORÊT MÉDITERRANÉENNE : UN SYSTÈME COMPLEXE ISSU DE L’ÉVOLUTION DES SOCIÉTÉS

La forêt méditerranéenne est le produit des activités humaines qui s’y sont succédé depuis la fin
de la période glaciaire. En effet, dès le Tardiglaciaire (13 000 – 11 800 avant le présent environ),
l’homme est présent en région méditerranéenne et marque le milieu (Clément, 1999). Le Néoli-
thique correspond à une période de forte ouverture des milieux qui, sous l’action amplificatrice
du feu et du pastoralisme, devient une caractéristique pérenne des formations méditerranéennes.
Loin d’appauvrir les ressources naturelles, ces transformations vont être accompagnées d’une
biodiversité abondante et originale, pour l’essentiel caractéristique de milieux ouverts, lumineux
et xériques.

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La place de la forêt (silva) est réduite dans le système romain hortus, ager, saltus, silva, mais
les écosystèmes issus du sylvopastoralisme (saltus) deviennent une composante majeure du
paysage (cf. les toponymes « Sault » dans le Vaucluse, ou « pays de Sault » dans l’Aude).
Progressivement, ces milieux ouverts par l’activité humaine deviennent la véritable forêt des
régions méditerranéennes. Cette histoire est une clé fondamentale pour comprendre la place et
l’usage de la forêt méditerranéenne : elle est partout présente, perçue comme un bien commun
indispensable, mais jamais identifiée en tant que telle. L’imaginaire est trop puissamment marqué
par la forêt de la mythologie celte, formée de hautes voûtes, pour que les méditerranéens
puissent reconnaître une forêt dans leurs chères “collines”.
En effet, plus au nord, les forêts sont davantage fermées et offrent aux sociétés rurales une
production abondante de bois. Dès la Renaissance, les fonctions agricoles et forestières sont
séparées alors qu’en région méditerranéenne subsistera très longtemps la multifonctionnalité du
saltus (de Montgolfier, 2002).
C’est au milieu du XIXe siècle, sous le Second Empire, que les choses changent vraiment avec la
mise en place du Code forestier. Les sociétés rurales traditionnelles se révoltent parfois contre
l’autorité forestière qui impose le reboisement des terrains mis à nu par les excès du pâturage ;
mais le forestier profite aussi d’un exode rural massif qui laisse les terres à l’abandon. Ainsi, en
montagne de Lure (Alpes-de-Haute-Provence), les boisements de la restauration des terrains en
montagne (RTM) ont été facilités par un exode lié à la transformation de la société mais aussi à
la forte variabilité climatique, successions de sécheresses et de crues au cours de la période 1830-
1880 qui privent les populations des sources traditionnelles de subsistance (Pech et Simon, 2003).
Plus ou moins directement, c’est donc le contexte socio-économique (le développement industriel
et urbain) qui va finalement déterminer l’évolution de la forêt méditerranéenne. Cette forêt se
referme petit à petit, bien plus par la dynamique naturelle des formations en place après la
déprise rurale que par l’action déterminée des reboiseurs. Aujourd’hui encore, l’Inventaire forestier
national enregistre un accroissement régulier des surfaces forestières méditerranéennes françaises
d’environ 10 % tous les dix ans, essentiellement par enfrichement spontané. Cette fermeture s’ac-
compagne d’une diminution de la biodiversité, par perte des composantes méditerranéennes liées
aux milieux ouverts, et par une augmentation de la fréquence et de l’intensité des incendies.
Au XXe siècle, le basculement vers une société urbaine se traduit par le développement des
besoins de nature et par une nouvelle économie des loisirs. La forêt méditerranéenne est le
terrain de jeu des amateurs de randonnée, de VTT, de chasse, de photographie, etc. Sa valeur
économique totale a été estimée (voir plus haut) mais les externalités positives ne sont jamais ou
presque jamais rémunérées au propriétaire. Là encore, la forêt méditerranéenne subit le contexte
socio-économique sans véritablement être l’objet d’un plan concerté de développement ou d’amé-
nagement. Le déferlement des cueilleurs de champignons (dont la valeur est connue de tous ! ) à
l’automne dans l’arrière-pays, au détriment des propriétaires forestiers, en est un bon exemple.
D’une façon générale, la forêt méditerranéenne apparaît comme une variable d’ajustement, une
réserve où les humains vont puiser lorsque le besoin s’en fait sentir (2). Elle reste « fora » le
« terrain du dehors », terme latin (et donc méditerranéen) qui a donné naissance au mot « forêt ».

QUELLE PLACE POUR LES FORÊTS MÉDITERRANÉENNES AU XXIe SIÈCLE ?

La forêt méditerranéenne, dans son acception large, est donc très présente dans le paysage
méditerranéen mais, culturellement, elle est absente des représentations méditerranéennes, en
tant que telle : « la notion de “forêt méditerranéenne” échappe à beaucoup, puisqu’une personne
(2) L’exception notable reste la période du boisement RTM (Restauration des terrains en montagne), qui aura largement concerné
l’arrière-pays méditerranéen.

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sur deux affirme n’avoir jamais entendu cette expression, et avoir des difficultés à imaginer ce
qu’elle désigne. On peut donc fréquenter des sites forestiers méditerranéens, même régulière-
ment, sans les imaginer comme partie d’une réalité commune. Certains vont même jusqu’à
douter de l’existence d’une forêt méditerranéenne, trouvant l’expression “paradoxale”, ou affir-
mant que “ce n’est pas de la forêt”. Il est vrai que la forêt ne figure ici qu’au second plan de
représentations mentales des espaces naturels plutôt composées de bord de mer, de garrigue et
de pinèdes » (Cazaly, 2002).

C’est donc plus la perception du paysage qui domine, sans identification réelle du compartiment
forestier qui est pourtant partout présent (avec celui des Landes, le Var est le département de
France le plus boisé).

Cette difficulté à être identifiées est d’ailleurs une caractéristique assez générale des forêts en
France (mise à part dans quelques régions très forestières), au contraire des espaces cultivés qui
concentrent les pressions anthropiques et focalisent l’attention du public au travers des problé-
matiques liées à l’alimentation : « Il n’existe pas de forêt en tant que milieu objectivement déter-
miné ; il y a une forêt pour le forestier, une forêt pour le chasseur, une forêt pour le promeneur,
une forêt pour l’ami de la nature, une forêt pour celui qui ramasse du bois ou celui qui cueille
des baies, une forêt de légende où se perd le petit Poucet ... » (von Uexküll, cité par P. Clément
dans Bonnier et Poulet, 2002). Mais cette constatation prend encore plus de vérité en région
méditerranéenne, essentiellement parce que les utilisations de la forêt y sont plus nombreuses
et plus diversifiées qu’ailleurs.

La forêt méditerranéenne peine donc à trouver sa place non seulement parce que sa grande
valeur économique est difficilement traduite en valeur financière, mais aussi parce que, culturelle-
ment, les “décideurs”, comme la plupart des citoyens, n’ont généralement qu’une faible repré-
sentation de leurs forêts (heureusement, il y a des initiés qui constituent de brillantes exceptions ! ).

Cette difficulté pour la forêt méditerranéenne à prendre sa place dans les esprits se traduit dans
les actes et dans les chiffres. La forêt méditerranéenne n’est « nulle part et partout » d’après
Langevin (2007). Cet auteur note que, dans les principaux champs d’intervention des commu-
nautés, la forêt n’est pratiquement jamais identifiée en tant que telle. Ainsi, le taux d’interven-
tion des communes dans les actions forestières en région Provence-Alpes-Côte-d’Azur est de
moins de 2 % dans le cadre du développement économique, de moins de 5 % pour l’aménage-
ment de l’espace et autour de 12 % pour le paysage.

Le succès relatif des chartes forestières de territoire ne doit donc pas cacher la réalité de la diffi-
culté de mise en valeur des espaces forestiers méditerranéens.

Le contexte socio-économique en ce début de XXIe siècle est à nouveau favorable au dévelop-


pement des usages de la forêt méditerranéenne. Il est bien difficile de faire de la prospective,
mais il est vraisemblable que la nécessité de séquestrer le carbone et la crise énergétique prévi-
sible redonneront une place plus centrale aux écosystèmes forestiers et aux objectifs de produc-
tion forestière (bois, énergie, biomolécules …). Le Grenelle de l’environnement le laisse présager.
La forêt méditerranéenne pourra profiter de ces nouveaux objectifs de production comme le
souligne le Programme forestier national (ministère de l’Agriculture et de la Pêche, 2006) : « Le
développement du bois énergie devrait également contribuer à la dynamisation de la sylviculture
dans les zones de montagne et en région méditerranéenne, handicapées par de très faibles
niveaux de productivité et de rentabilité ». Cette mobilisation de bois profitera également à la
prévention des incendies en diminuant la masse de combustible stocké dans les peuplements.
Elle devra également s’opérer au profit de la biodiversité (réouverture des milieux), dans le cadre
de modes de gestion durable.

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LA NÉCESSITÉ D’UNE GESTION ÉQUITABLE DES FORÊTS

Au final, l’exemple méditerranéen permet de montrer ce qu’il faut bien appeler le “paradoxe
forestier” qui surgit dès lors que la valeur du bois cesse de cacher la valeur totale des écosys-
tèmes forestiers. Partout dans le monde, il apparaît de plus en plus urgent de préserver les
ressources naturelles qui sont menacées par les pressions anthropiques et le changement global.
La valeur des services rendus par les écosystèmes est reconnue, chiffrée, médiatisée, mais fort
peu souvent rémunérée au propriétaire. C’est ainsi que, bien souvent, les forêts sont abandon-
nées, voire détruites (Gauer, 2006).

Avec les CFT, de nouveaux outils sont disponibles pour créer des projets de territoire permettant
de mieux valoriser les forêts. Elles ont été instaurées par la loi d’orientation sur la forêt de juillet

TABLEAU I Caractéristiques principales de 4 CFT en région PACA


(d’après www.ofme.org et www.grandsitesaintevictoire.com)

Sites Pilote Objectifs généraux Enjeux

Luberon Parc naturel • Gestion des zones à enjeux DFCI • Biodiversité, paysage,
régional (Défense des forêts contre accueil du public et tourisme
du Luberon l’incendie) et maîtrise • Protection des sols et régulation
de l’urbanisation des régimes hydriques
• Maintien et restauration • Relance de la filière-bois
des interfaces forêt - enclaves
agricoles et pâturées
• Protection et valorisation
du patrimoine naturel
et paysager
• Gestion de la forêt à l’échelle
des massifs

Sainte-Victoire Syndicat mixte • Mise en valeur des milieux • Diversité des espaces forestiers
départemental forestiers, au regard des enjeux et des milieux naturels
des massifs naturalistes, de DFCI et paysager • Compatibilité des différents
Concors – • Organisation des activités usages en forêt
Sainte-Victoire agricoles et pastorales
dans un objectif naturaliste,
de DFCI ou paysager
• Accueil du public

Maures Association • Entretien des espaces forestiers • Développement des filières


des communes dits non productifs forestières : bois-énergie ;
forestières • Défense des forêts filière liège ; valorisation de la
du Var contre les incendies châtaigneraie
(COFOR 83) • Valorisation de déchets en • Développement
rapport avec la gestion des d’un “tourisme vert”
milieux agricoles et forestiers
• Mobilisation des ressources
forestières
• Accueil du public

Vésubie Pays • Soutien à la dynamique • Maîtrise du foncier,


de la Vésubie de la filière-bois de la fermeture des milieux
• Entretien et gestion intégrée et maintien du pastoralisme
des milieux • Développement d’un tourisme
• Structuration du volet “forêt” de nature
du pays
• Multifonctionnalité et partage
des espaces naturels

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2001. Sur un territoire pertinent au regard des objectifs poursuivis, une charte forestière de terri-
toire peut être établie afin de mener un programme d’actions pluriannuel intégrant, le cas
échéant, la multifonctionnalité des forêts locales et visant à :
— garantir la satisfaction des demandes environnementales ou sociales particulières concer-
nant la gestion des forêts et des espaces naturels qui leur sont connexes ;
— contribuer à l’emploi et à l’aménagement rural, notamment par le renforcement des liens
entre les agglomérations urbaines et les massifs forestiers ;
— renforcer la compétitivité de la filière de production, de récolte, de transformation et de
valorisation des produits ;
— favoriser le regroupement des propriétaires forestiers sur le plan technique ou écono-
mique, la restructuration foncière ou encore la gestion groupée au niveau forestier d’un massif
forestier.
Le tableau I (ci-contre) fait une synthèse des caractéristiques de 4 chartes forestières de territoire
de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur.
Il permet d’appréhender les principaux services attendus de ces forêts méditerranéennes dont la
gestion doit être dynamisée par l’établissement des CFT : biodiversité, paysage, protection des sols,
prévention des incendies, accueil du public, maintien des filières forestières et du pastoralisme…
Finalement, les CFT constituent des outils qui permettent de prendre en compte la multifonc-
tionnalité des forêts en mobilisant les facteurs favorables de l’environnement économique pour
rémunérer les propriétaires. Elles doivent ainsi permettre à nos forêts de prendre la place qui est
la leur dans une économie moderne et équitable.

Michel BARITEAU Denise AFXANTIDIS - Jean BONNIER


INRA FORÊT MÉDITERRANÉENNE
Site Agroparc 14, rue Louis Astouin
F-84914 AVIGNON CEDEX 9 F-13002 MARSEILLE
(michel.bariteau@avignon.inra.fr) (denise.afxantidis@foret-mediterraneenne.org)
Président de l’association Forêt méditerranéenne (jean.bonnier@foret-mediterraneenne.org)

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LA FORÊT MÉDITERRANÉENNE : UN MODÈLE POUR COMPRENDRE LA PLACE ET L’USAGE DE LA FORÊT DANS LES TERRI-
TOIRES (Résumé)
La place et l’usage des forêts dans les territoires varient selon l’environnement socio-économique. La forêt
méditerranéenne a été prise comme modèle pour illustrer cette constatation car, du fait de sa multifonction-
nalité, des nouveaux modes de gouvernance expérimentés et de l’adaptation des espèces à la sécheresse
associée à des savoir-faire spécifiques, elle permet d’illustrer les évolutions en cours à une échelle nationale,
voire internationale. Le constat majeur est que, malgré une forte “valeur économique totale” associée aux
biens et services produits, la forêt méditerranéenne peine à trouver sa place dans les territoires : d’une part
parce que sa grande valeur économique est difficilement traduite en valeur financière permettant de rému-
nérer les propriétaires, mais aussi parce que culturellement les “décideurs”, comme la plupart des citoyens,
n’ont généralement qu’une faible représentation de leurs forêts. Les nouveaux outils de gouvernance, dont
les chartes forestières de territoire, constituent une voie qui devrait permettre à nos forêts, dans une
économie moderne et équitable, de prendre la place qui doit être la leur.

THE MEDITERRANEAN FOREST – A MODEL FOR UNDERSTANDING THE ROLE AND USE OF FORESTS IN LOCALLY-BASED
APPROACHES (Abstract)
The role and use of forests at local level vary depending on the social and economic environment. Due to
its multifunctionality, the new governance methods experimented there and the adaptation of species to
drought combined with specific know-how, the Mediterranean forest serves as a model that illustrates
changes occurring at the national or even international level. The main conclusion is that in spite of the high
“overall economic value” associated with the goods and services produced, the Mediterranean forest finds it
hard to gain recognition at local level – firstly because its great economic value is difficult to translate into
monetary terms that could serve as a basis to compensate owners and, secondly, because culturally speaking
“policy makers” just like ordinary citizens generally have a fairly poor representation of forests. New instru-
ments of governance, including the Territorial Forest Charter, are means that should enable our forests in a
modern and fair economy to occupy the position they rightfully deserve.

570 Rev. For. Fr. LX - 5-2008

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