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Mohamed Benkadja MEMOIRE DE RECHERCHE

Antoine Plauchut
Boubacar Sidibe

« La gratuité de l’accès à l’œuvre musicale, et la nécessité


universelle de la musique vivant une des plus grandes
mutations de son histoire »

SOMMAIRE

SOMMAIRE
SOMMAIRE

I. Introduction…………………………………………………………...……4

II. La Musique, d’un produit culturel à un produit industriel…………….10

III. L’industrie musicale vue par ses acteurs et ses consommateurs……….15

IV. L’étude empirique…………………………………………………………29

V. Conclusion……………………………………………………………….....49

VI. Annexes……………………………………………………………………..59
Remerciements

Nous tenons tout d’abord à remercier notre tuteur de mémoire, Monsieur Ronald Boucher
pour l’ensemble de ses conseils et son niveau d’exigence dans le suivi de l’avancée de notre
recherche. Ses conseils méthodologiques nous ont permis de structurer notre travail et de
prendre conscience des enjeux de l’exercice.

Nous adressons un grand merci à toutes les personnes qui ont répondu avec attention à notre
questionnaire ainsi qu’aux professionnels de l’industrie qui nous ont donné la chance de
pouvoir les interviewer. Sans cette aide nous n’aurions jamais pu réaliser notre étude
empirique.

Nous tenons à remercier nos proches pour leur soutien.


Introduction

« Si tu veux contrôler le peuple, commence par contrôler sa musique ». Cette phrase
de Platon résonne aujourd’hui comme le credo d’un combat contemporain qui va déterminer
l’avenir d’une industrie aujourd’hui en déclin, que nous avons souhaité étudier et qui nous
touche tous de près ou de loin : l’industrie musicale.

C’est par passion pour cet art universel et son histoire que nous avons dans ce
mémoire, mis en exergue les faits d’un grand débat actuel touchant à l’essence même et à la
reconnaissance de la création culturelle. Le choix de ce sujet se justifie par notre souhait de
marquer l’intérêt que nous avons pour cette affaire que nous comparons à une véritable
opération de sauvetage. A travers l’adaptation impérative et nécessaire de la notion de partage
aux mœurs actuelles de notre société, ce sont tous les acteurs du processus musical qui
doivent affronter la révolution numérique qui a causé la faillite que vivent les industries
culturelles. Cette faillite se traduit aujourd’hui par une affaire de politiques et d’industriels en
mal de trouver des solutions quand à la sanction à infliger aux consommateurs qui n’ont pas le
sentiment de s’enrichir en ayant accès à la musique gratuite. Ainsi, c’est à l’heure d’une
universalité qui a petit à petit formé notre monde actuel et uniformisé ses modèles de pensée
et globalisé son économie que nous allons étudié deux concepts clefs de ce nouvel enjeux de
société : la gratuité de l’accès à l’œuvre musicale, et la nécessité universelle de la musique
vivant une des plus grandes mutations de son histoire.

C’est presque d’un air fataliste que Platon explique alors que la musique était destinée
à devenir une très grande et influente industrie dans la société moderne, se développant sur
des processus et des supports évoluant avec le temps et les progrès technologiques.

Plusieurs périodes et inventions on marquées l’histoire et la naissance de l’industrie de la


musique. Au XVIII ème siècle, la musique ne vivait que par le mécénat de riches aristocrates
ou de l’église, mais rapidement, les compositeurs de l’époque tels que Mozart voulurent
trouver le moyen de partager leurs créations avec le grand public et de par cette initiative vont
apparaître les premières ébauches de commercialisation et de support musical sous forme de
papier à musique. Beaucoup plus tard, l’invention du phonographe et du disque au début du
XX ème siècle va venir révolutionner cette industrie.
La musique devient accessible à tous, le nombre d’artistes va se multiplier, de nouveaux
talents vont surgir et enfin la révolution faite les premières entreprises vont commencer à voir
le jour. C’est vers la fin du XXème siècle que l’industrie va connaître son âge d’or avec
l’invention du Compact Disc. Les revenus de l’industrie sont alors multipliés par 4, et après
avoir vu une multitude de maisons de disque se créer, seulement six compagnies vont émerger
et perdurer. A la fin du XX ème siècle, EMI, Sony, BMG, Poly Gram, WEA et MCA
dominent le marché, mais à la suite de fusions et d’acquisitions ne restent que 4 gros acteurs,
ou « majors » qui sont aujourd’hui EMI, Sony BMG, WEA et Universal.

L’élément qui va venir annoncer la révolution de ce business est l’avènement au début


des années 2000, du support numérique, né suite au développement d’internet qui s’impose
comme le plus important et global des moyens de communication entre les hommes. On
assiste alors à la dématérialisation soudaine et imprévue du produit symbolique qui a marqué
l’âge d’or dans les années 90 de l’industrie musicale : le CD. Cette révolution numérique va
bouleverser tous les codes du processus et du marché et la chute permanente des bénéfices de
l’industrie vont amener ses acteurs à se remettre en question sur les pratiques à adopter face à
ce nouvel enjeu. Nous verrons que nous ne parleront pas de menace à proprement parler
puisque les nouvelles routes à suivre n’ayant pas encore été tout à fait tracées, la polémique se
base aussi sur la notion de menace ou d’opportunité que pourrait représenter la mort annoncée
du disque.

Il se vend chaque année environ 4 milliards de disques dans le monde et ce secteur de


l’économie a un chiffre d’affaire estimé à 40 milliards de dollars dont un peu plus de 30
milliards d’euros pour les 4 majors de l’industrie qui se partagent 72% de parts de marché
(26% pour Universal Music Group, 22% pour Sony BMG Music Entertainment, 13% pour
EMI Group et 11% pour Warner Music Group). Pour les 28% restants au niveau mondial ce
sont des labels indépendants. Les pays qui bénéficient le plus de ces retombées économiques
sont par ordre décroissant les USA, le Japon, le Royaume Uni, la France, l’Allemagne, et
l’Autriche qui figurent parmi les pays les plus développés de la planète. L’évolution du
commerce de la musique est étroitement liée à l’évolution des relations qui lient les différents
acteurs de ce secteur. Pour comprendre les phénomènes qui agissent aujourd’hui sur
l’industrie musicale, il faut non seulement comprendre la structure qui lie les différents
maillons de la chaîne du processus musical mais aussi la manière dont le numérique a
modifié les processus de vente.

A l’origine il y a la création musicale, les artistes, les compositeurs, les interprètes,


professionnels ou pas, qui créent, se donnent en spectacle, et négocient les conditions de
travail ainsi que les éventuels cachets assurés par ceux qui les produisent. Les compositeurs
vont tirer profit des droits qui leurs sont reversés par des collectifs tels que la SACEM en
France, ou la ASCAP aux USA.

D’autres artistes sont sous contrat avec des maisons de disques qui sont elles mêmes divisées
en plus petites entités qui portent un nom et une image de marque différente selon le style et
le type de musique. Elles constituent des « labels » qui sont en réalité les différentes marques
distribuées par la maison mère. Certains labels sont considérés comme « indépendants « 
lorsqu’ ils ne sont pas sous le contrôle des principaux acteurs du métier, dits « majors ».

Une fois le travail de composition et d’enregistrement réalisé, les artistes sont liés à des
distributeurs qui vont commercialiser et distribuer le CD pendant qu’un agent du label
s’occupera, selon une stratégie bien définie, de promouvoir l’artiste et de le mettre en scène
pour qu’il conforte ou acquiert de l’expérience et de la maturité musicale. Ces artistes sont
rémunérés selon un pourcentage sur la vente du CD et leurs performances scéniques sous la
forme de royalties ou droits d’auteurs qui régissent la propriété intellectuelle et artistique.
Mais la révolution numérique a bouleversé ce schéma.
Nous sommes passés de ce processus :

A ce modèle :

En France, les maisons de disques ont longtemps cru à « l’exception culturelle


française », mais en réalité, l’avènement d’internet a créé une nouvelle opportunité sans
équivoque pour les consommateurs, l’accès à la musique gratuite et illimitée, et le phénomène
qui ne touchait au début que les états unis, est vite devenu global et a atteint la France.
D’ailleurs, peut on encore parler de « majors » puisque les ventes de disque ont chuté de 23 %
entre 2000 et 2006, les menaces venant essentiellement du fameux format « mp3 » et du
phénomène « peer to peer »? Le mp3 permet à n’importe qui et à n’importe quel moment le
partage instantané de fichiers musicaux à travers le monde. L’environnement musical n’est
alors plus le même. Internet révolutionne constamment les techniques de distribution grâce
aux logiciels de partage tels que Itunes de Apple Inc.. Le marché se trouve alors
immédiatement bouleversé par les nouvelles pratiques des internautes comme le
téléchargement illégal et le manque de définition des droits digitaux, ce qui va amener à
trouver d’autres moyens de rémunération pour les acteurs du processus musical. C’est une
vraie révolution dans le monde de la musique qui se retrouve déréglé à cause de l’émergence
de ces nouveaux supports techniques d’écoute.

Nous allons nous concentrer dans ce mémoire sur les effets d’une telle dématérialisation,
et bon nombre de questions vont se poser : Certains métiers seront-ils menacés ? Comment est
il possible de contrer le téléchargement illégal ? Qu’en est il du statut des artistes ? Comment
l’industrie musicale peut elle survivre à une telle crise ? La musique sera t elle victime de la
gratuité ou bien connaitra t elle un retour à sa fonction originelle ?

L'étape du transfert de la valeur produit a disparue en raison de la dématérialisation,


l’alternative n’est plus physique et il n’y a donc plus nécessité de passer par l’achat d’un
produit physique pour accéder à la musique. Le consommateur répond donc à son besoin sans
acte d’achat. Ce court-circuitage dans le processus marque ainsi la disparition des
rémunérations des droits des auteurs compositeurs. Pour contrer ce phénomène les
compagnies ont décidé d’accepter le changement et de s’adapter à la tendance en essayant de
créer de nouvelles techniques de téléchargement légal via Internet avec par exemple Itunes
store, Fnac, Amazon et d’écoute légale avec Deezer... Mais alors comment faire pour
redonner de la valeur ajoutée à l’activité musicale ?

Nous avons énoncé précédemment que les opinions diffèrent sur l’intérêt que pourrait
susciter l’avènement du numérique. En effet l’erreur de départ des majors de l’industrie fut
d’essayer de contrer et de sanctionner le phénomène au lieu de s’en imprégner pour en tirer
profit. Malheureusement, au moment où ils comprirent l’importance que ce changement aurait
sur les rouages de ce marché, le téléchargement gratuit était déjà installé dans les habitudes
des consommateurs, et la musique devint un produit de consommation massive et illimitée
presque du jour au lendemain. L’enjeu profond est donc un effort de reconquête des
consommateurs pour un produit qui doit impérativement retrouver sa valeur à leurs yeux.

Face à la mutation des formes d’écoute, de part l’accessibilité sans limite des supports et des
produits, le seul moyen de redonner sa valeur à la musique est de s’adapter. L’écoute n’est
plus sélective, elle est massive, et le consommateur va donner une autre place à sa
satisfaction. Une hiérarchisation se créée entre artistes dont on a envie de participer au
développement, et ceux de qui on se sent libre de télécharger l’œuvre sans scrupule. La
première démarche des industriels pour faire partie de cette méritocratie subjective est la
démarche participative lancée par certaines entreprises et qui semble être un début intéressant.
Les internautes ont la possibilité d’avoir accès au contenu mais aussi d’interagir entre eux en
créant un système de communauté. Cependant ces tentatives nouvelles n’ont pas encore
prouvé leur efficacité à remplir la mission première qui est de redonner à la musique sa valeur
originelle, et l’accès gratuit sans limite à la création musicale ne cesse de créer de nouveaux
enjeux pour les défenseurs de la propriété artistique. C’est afin d’y voir plus clair que nous
allons émettre trois hypothèses basées sur des études, articles, tendances et questionnaires
quant à l’avenir de l’industrie de la musique et les recommandations qui peuvent être
formulées afin de conclure sur notre analyse constructive.
D’un produit culturel à un produit industriel

1) Définitions

Avant de rentrer en détail dans notre étude, il est important de définir les concepts clefs
de notre sujet, si vastes soient ils.

Selon le dictionnaire, la musique se définie par «  un art du son dans le temps qui exprime des
idées et des émotions dans des formes importantes à travers les éléments du rythme, la
mélodie, l'harmonie et la couleur »

La musique est aujourd’hui l’objet de rouages très complexe de multiples acteurs qui
forment l'industrie musicale. Selon la définition officielle du web, elle « regroupe l'intégralité
des acteurs économiques permettant à la création artistique musicale de fonctionner également
comme secteur économique. Ainsi on y recensera donc les artistes (compositeurs, auteurs et
interprètes), les labels et majors prenant en charge l'aspect financement (pour la
communication, la logistique et l'enregistrement) et promotion, l'enregistrement proprement
dit (studio de répétition, prise de son, mixage et arrangeurs) les industriels du pressage de
disques, les distributeurs (revendeurs et disquaires), mais également la gestion de carrière des
artistes (impresarios, road managers, tourneurs). »

Enfin, il s’agit de définir au mieux le terme de gratuité d’accès à l’œuvre musicale. Elle
s’exprime à travers plusieurs concepts.

Les avancées technologiques ont vu la naissance de techniques permettant le « clonage » de la


musique, c’est ainsi qu’apparaît le phénomène de « dématérialisation » . Emmanuel
Torregano, journaliste, définie cette dématérialisation comme «  un mot barbare qui signifie
simplement qu’u album, une chanson, dans un environnement de réseaux n’est plus déterminé
par le support d’enregistrement. »

Ce clonage intempestif de l’œuvre ne va pas seulement engendrer un partage illimité,


gratuit, entre tous les consommateurs, mais aussi éliminer toute attache émotionnelle liée à la
valeur de l’œuvre dans son support. « Un disque vinyle était déjà en soi une étape dégradante
pour le son original, fixé su le master. Avec l’informatique, il n’est pas question de retrouver
cette pureté originelle, bien que cela soit tout à fait possible, mais d’avoir à disposition un
procédé de copie sans altération de la musique. Or, si l’on peut cloner un morceau de
musique et qu’il échappe à tout contrôle sur internet, il n’ y a plus raison valable de
l’acheter. »

Cette dernière définition résume bien le malheur de cette industrie, en fait basée sur la vente
de supports musicaux et qui en détenait le monopole jusqu’à la nouvelle ère de la
dématérialisation. L’industrie de la musique a donc du changer ses codes pour s’adapter tant
bien que mal à cette nouvelle donne, et certains effets positifs pour les artistes résultent de ce
bouleversement dans notre manière de consommer. Ils se reflètent non seulement à travers les
nouvelles lois de la concurrence puisque, par exemple la théorie de la « Long Tail » explique
que l’accès à l’œuvre musicale via internet donne à chaque auteur, chaque créateur
l’opportunité d’être disponible à portée de clic, ainsi, on note que chacun part du même
niveau.

2) La mutation d’un système 

La mort de l’objet CD 

Les années CD ont été les années de la richesse, des énormes revenus, et énormes moyens
générés par cette richesse, et qui ont pu financer une maitrise indiscutable des techniques du
marketing et de la vente de l’objet physique. Face au CD, les avis divergent quand à la
véritable valeur ajoutée du support clef des années 90. Thierry Chassagne explique qu’entre
autre à la base, le CD n’avait pas grand intérêt par rapport au vinyle, plus attractif, avec plus
de couleurs, si ce n’est sa praticité et sa résistance.

Patrick Zelnik, fondateur de Naïve, un label français indépendant très reconnu de manière
internationale, a un tout autre avis et accuse les majors d’avoir tué le CD : «  Le CD a été
transformé en produit de consommation courante. (…)Dans le mix marketing du disque,
l’œuvre représente 80% des intentions d’achat(…) et l‘industrie du disque a détruit le charme
du CD. C’est une sorte de masochisme. Par exemple avec les compilations qui constituaient
dans les années d’avant crise la majorité du marché (…) on a sorti des CD sans exigence
artistique.  Dans les années 90, les maisons de disque ont pensé que le marketing faisait
vendre n’importe quoi. Une opinion qui a été fatale à l’industrie. »

L’espoir de l’exception culturelle française 

Le déclin de l’industrie devient réellement global après l ‘apparition du premier logiciel


de piratage nommé Napster dans les années 2000. C’est grâce à ce petit logiciel tout d’abord
inconnu que tous les consommateurs de musique vont trouver une alternative à l’achat dans la
possibilité de s’échanger des contenus musicaux à travers le monde, et tout cela gratuitement.
Une véritable bourse d’échange internationale est créée.

Au début , on a cru « l’exception française » , l’idée que l’industrie française était tellement
construite sur valeurs sures nationales nées de la télé réalité, que les internautes pirateraient
donc plutôt le catalogue international que national. La réalité fut tout autre, Thierry Chassagne
, patron de Warner Music, explique dans «  Vive la crise du disque » : «  On voyait la crise
frapper partout sauf en France, nous pensions être différents et plus résistants », or selon son
opinion la bonne santé de la France n’était pas due «  à la spécificité du marché , mais au
sous équipement des français en matériel informatique  ! » . En 2002 la crise atteint tous les
catalogues internationaux, et de manière simultanée.

Le peer to peer et les DRM

Dès le début 2003, le téléchargement et notamment la montée en puissance du « peer to


peer » (une technologie utilisée pour échanger des fichiers : musique, vidéos, logiciels,
photos, etc. entre différents utilisateurs connectés simultanément à Internet) sont montrés du
doigt en raison de la baisse constante des ventes de musique. Les brèves tentatives de riposte
digitale de l’époque Press Play et MusicNet disparaissent.

De plus, le développement des technologies à haut débit proposées par les fournisseurs
d’accès à internet à cette période profitent de la polémique pour mettre en avant leur capacités
de vitesse de téléchargement sans se cacher, et pendant que le secteur des communications
connaît alors un important essor, l’industrie de la musique coule petit à petit, la valeur de la
musique est détruite.
Afin de contrer le clonage, la réaction des maisons de disque est de commencer par élaborer
des systèmes anti copie du contenu dans le support. EMI vont être les premiers à les mettre en
place : les DRM, mais sans succès puisqu’ils ont occasionné de nombreux défauts de
compatibilité et n’ont jamais été à l’abris des pirates. I tunes, alors positionné comme le
pionnier de la plateforme de téléchargement payant, va aussi voir ses verrous céder sous les
manipulations des pirates et ses contenus partagés via des réseaux peer to peer.

En revanche, ces DRM ont une importance prépondérante pour les sociétés de collecte de
répartition des droits comme en France, la SACEM. En effet, les DRM permettent de
retrouver une œuvre ou repérer son utilisation sur la toile et ainsi répartir le produit de la vente
du continu aux différents ayant droits. Ce système reste primordial pour que les artistes, et
notamment les plus petits puissent être payés.

Récemment, en France, la loi Hadopi vise justement à règlementer l’usage des réseaux peer to
peer. La mission de cette loi est de veiller au respect du droit à la copie privée, et aussi
d’appliquer des mesures de sanction contre les internautes utilisant le peer to peer pour
échanger des fichiers sans autorisation.

Vers une réorganisation interne

Quand à partir de 2003 les revenus de l’industrie ont été divisés par deux, les grandes
entreprises du secteur ont du mettre en place des plans de restructuration, et des licenciements
massifs ont eu lieu. Cela signe définitivement la fin de l’âge d’or de la musique et l’heure de
mettre en place une opération de sauvetage pour cette industrie internationale.

Thierry Chassagne s’exprime sur ce déclin  qui a été, selon lui, sous estimé: «  Dans les
années 90 les revenus avaient été multipliés par quatre ! Cela a attiré des investisseurs, de
grands groupes industriels. (…) Néanmoins, lorsque la crise est arrivée des changements on
été nécessaires (…) Deux paramètres ont été retenus : dégraisser, baisser les coûts fixes, et
fusionner les labels. »

Les maisons de disques ont du entamer de profonds changements vers l’adaptation, avec par
exemple le développement d’un département digital.
Ce remaniement est très discuté par ceux qui ne croient pas les majors capables de réagir.
Leurs stratégies sont jugées trop défensives, visant à réduire les coûts au maximum au lieu
d’investir dans un secteur devenu « à risque ». Apple est une société exemplaire au milieu de
ce marché instable et sans réelle visibilité et montre la possibilité d’investir dans la musique
d’une manière différente en l’incorporant directement en tant que pilier vendeur de son
modèle économique et de son produit.

Aujourd’hui de nombreuses tentatives se mettent en place, par le partenariat, de nouvelles


formes de promotion, et nous allons étudier et émettre 3 hypothèses sur le destin de cette
industrie musicale, basées sur le paysage actuel que nous venons de définir, les nouvelles
opportunités et les nouvelles menaces qui visent ce secteur.
L’Industrie musicale vue par ses acteurs et ses consommateurs

Hypothèse 1 : La gratuité amènera à un retour aux sources, à de la musique comme un


loisir accessible à tous et plus contrôlé par une industrie.

Si la musique est devenue un produit qu’on échange, qu’on rémunère, et qui entre dans une
logique économique, n’oublions pas que le contenu a existé avant la création de l’industrie. Il
n’y a donc aucune raison de penser qu’il serait impossible de voir dans l’avenir un retour aux
bases fondamentales de cet art, à savoir un produit brut, et dépourvu de but lucratif, car ce
serait occulter la dimension primairement artistique de la musique. Au risque de paraître
utopique, la question posée reste la suivante : le retour aux valeurs fondamentales de la
musique à l’avenir est-il envisageable ?

Organisée comme elle l’est actuellement, la société que l’on connait ne peut se permettre
d’intégrer des modèles de gratuité dans un ensemble de consommation omniprésente. Mais
l’innovation technologiques que représente Internet a modifié les systèmes économiques que
l’industrie a connu jusque la. La dématérialisation des produits a, par exemple, compliquer la
donne. Une raison de plus de se soucier de l’avenir de l’industrie musicale

Internet ou la gratuité sans limite

La crise de l’industrie musicale, avec pour fin de course la mort du CD est un scénario
imaginé plus d’une fois ces dernières années. Le constat est simple, les solutions, beaucoup
moins. On peut prendre en exemple l’enquête réalisée par Isabelle Hanne et Nolwenn Le
Blevennec parue dans «  Les Inrocks », qui fait l’état des lieux de la situation de crise que
l’industrie musicale affronte.

La sonnette d’alarme est clairement tirée de part cette étude. Elle fait foi d’un constat
désastreux, comme par exemple le chiffre d’affaires des majors réduit de moitié, ou encore le
nombre de salariés permanents dans l’industrie, divisé par deux.
L’enquête porte ensuite sur le cœur du problème, qui est la chute des ventes de
disques. Le plafonnement du chiffre d’affaires annuel de la vente de disques à 1 milliard
d’euros depuis deux ans montre un effondrement à une vitesse impressionnante (-20% en
2008).
Pour tous les acteurs économiques du commerce musical, Internet est le principal
responsable de la chute du marché du compact disque. La SNEP (Syndicat National de
l’Edition Phonographique) et l’IFPI (International Federation of the Phonographic Industry),
se font les porte-voix de cette tendance. Les échanges peer-to-peer offrent des initiatives
gratuites aux consommateurs de musique, d’autant plus que le marché du disc-compact se
raccroche à une génération ayant acquis des habitudes de consommations spécifiques. Ayant
grandit avec le CD, ils conçoivent encore le fait d’acheter un CD, tant bien même qu’on
puisse trouver le même produit gratuitement sur la charge. La génération « internet » le
conçoit moins, et tend à ne plus le concevoir du tout.

La musique est un secteur qui a plus souffert des effets d’Internet que l’inverse. La
toile a assassiné et dévasté l’industrie musicale. Car s’il est vrai que l’accès à la musique a été
facilité, il est quasi-impossible de tenir la comparaison quand le produit que l’on vend est
disponible gratuitement.

Les majors ont parié sur l’affection que les consommateurs portent à un objet
physique. Dans l’esprit des décisionnaires, Internet n’aurait su remplacer le plaisir de détenir
un support palpable.
Paradoxalement, la musique n’a jamais été autant consommée. Le potentiel reste
énorme, mais l’industrie qui entoure ces opportunités se meurent de jours en jours, faute de se
renouveler efficacement. D’ailleurs, selon une étude provenant des Etats-Unis, un citoyen
américain passe désormais 11,5% de son temps de loisir quotidien à la consommation de
musique, alors qu’en 1970, seulement 2,6%

Tout est donc une question de rapport au prix. La perception de la dépense représente
une dimension fondamentale dans le processus d’achat. Selon l’étude « Price perception,
managing what your customer think », écrit par 5 consultants issus de pays différents, la
perception du prix est même plus importante que le produit. Trois facteurs rentrent en compte
dans cette perception : une communication claire sur le prix, des prix en phases avec
l’environnement dans lequel les produits seront vendus, et une classification logique de
produit par gammes.
Lorsque la gratuité a fait son apparition dans la gamme de classification des prix, La
perception du prix du CD a été bouleversée pour les consommateurs de musique et de ce
support. La perception ayant été modifiée, un équilibre a réellement été rompu.
Les principes de bases de la musique ont de ce fait été remis en cause par l’altération des
codes de consommations

Les artistes se multiplient et l’industrie meurt.

La multiplication des créations artistiques rendent également l’équation plus


complexe. En effet, de par les facilités d’exposition proposées par Internet, le consommateur
n’a que l’embarras du choix, et peut s’essayer à diversifier son répertoire d’artistes. Pour
illustrer cette nouvelle donne, les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 1970, on comptait en
moyenne 500 enregistrements de chanson par an. En 2009, on parle dorénavant de 50 000
enregistrements annuels.
Chris Anderson (rédacteur en chef de « Wired ») développe une théorie à ce sujet qu’il
appellera la « long tail » (longue traîne). Il explique les possibilités qu’offrent Internet décuple
la profondeur de la musique, à savoir que les consommateurs peuvent avoir accès à un
nombre bien plus important de références. Cela permet aux artistes qui débutent de jouir
d’une exposition plus grande, et de créer un espace dans lequel tout le monde dispose des
mêmes chances.

Cette théorie rencontre également des détracteurs. Pascal Nègre, PDG d’Universal,
pense que les artistes qui vendent les plus de cd ne seront pas atteints par l’explosion du
nombre d’artistes, car l’affection du public à l’égard de certains artistes, dit « gros vendeurs
de CD » supplante la multiplication des protagonistes. Les artistes dits incontournables auprès
des auditeurs continuent de vendre des cd, du fait de la relation qu’ils ont développés avec le
grand public.
Dans ce cas, que peut-on dire d’artistes tels que Grégoire, produit d’Internet, dont
l’album avait été financé par une récolte de 70 000 euros de dons ?
« La crise est bien réelle, et pourtant, la musique n'a jamais autant été consommée.
L’assassin notoire du CD, c’est bien sûr Internet, et ses possibilités infinies et gratuites de
diffusion, téléchargement et reproduction. »

Le Directeur Général de Myspace France, Olivier Hascoat, lui, pointe du doigt la


nouvelle tendance de la consommation dite « au titre ». En effet, l’achat d’un titre se substitue
de plus en plus à l’achat d’un album entier, ce qui accentue la précarité de l’artiste, et
développe le côté « éphémère » de la musique actuelle.
A ce sujet, Borey Sok, spécialiste de l’industrie du disque et de son évolution, affirme
quant à lui que les possibilités qu’offrent Internet aux consommateurs de musique ne peuvent
être pointées du doigt comme les seules causes de la chute des ventes de disque. La baisse de
qualité dans le contenu a aussi sa part de responsabilité. Emmanuel Torregano appelle ce
phénomène « la précarisation du contenu par la dématérialisation ».

Les rôles on tendance à changer, et celui des majors devient de plus en plus difficile à
cerner. Moins incontournables, elles peinent à trouver la place qui jadis leur était due dans le
système économique de l’industrie musicale. Car auparavant, si financer le projet était la
première mission d’une maison de disque, créer le « buzz » et communiquer sur le produit
était l’une des tâches les plus importantes qui incombaient aux labels. Or, aujourd’hui, il est
non seulement plus facile d’enregistrer une production de qualité correcte à moindre coûts,
mais il est aussi plus simple de communiquer sur son produit vie les réseaux sociaux
(facebook, twitter…), les sites de partages de vidéos (dailymotion, youtube…), etc. La
communication peut se faire sans l’aide des médias traditionnels, ce qui rend moins pertinents
le travail des professionnels de l’industrie musicale.

Si l’on ajoute l’émergence de sites tels que MyMajorCompany.com, qui proposent aux
internautes de financer eux-mêmes les artistes qu’ils affectionnent, afin de leur permettre de
sortir un album (Grégoire, cité précédemment, en est un exemple parfait), les perspectives
d’avenir pour les maisons de disques s’amenuisent.

Paradoxalement, si devenir un artiste semble être aujourd’hui à la portée (technique) de


n’importe qui, vivre de sa musique devient de plus en plus complexe. Les chiffres du marché
indiquent clairement que la musique ne dégage plus autant de valeur qu’auparavant (depuis
2002, le marché de la musique dans sa globalité a vu son chiffre d’affaires baisser de 53%)
Vu de cet angle, les mesures juridiques imposées par le gouvernement telles que
l’aboutissement de la loi HADOPI (mai 2009), autant que les dispositions prises par les
majors, peuvent être remises en cause.

Complétée par la loi HADOPI 2 (Septembre 2009), cette loi ayant pour but de pénaliser les
internautes qui téléchargent illégalement, avec des paliers de représailles, apparait comme une
mesure dérisoire, au vu du caractère incontrôlable du phénomène. Borey Sok écrit à ce sujet
qu’en sachant que la grande majorité des internautes téléchargent sur des serveurs ou leurs IP
n’est pas identifiable, il serait crédule de croire qu’HADOPI puisse changer quoi que ce soit.
Car aucun des acteurs de cette industrie n’est dupe. La SNEP, la SACEM, sont conscients du
phénomène et de la quasi-impossibilité à endiguer le mécanisme. Il n’est plus possible de
réellement contrôler les internautes. Ceci dit, les quelques cas d’actions en justice serviront à
dissuader un maximum de personnes de télécharger illégalement.

Pour clarifier, il faut se faire à l’idée qu’Internet est clairement en train d’assassiner
l’industrie de la musique. Cependant, Internet aura eu le mérité de donner sa chance à des
artistes inconnus, et à redistribuer les cartes dans une industrie figée, dans laquelle le talent ne
primait pas forcément sur le marketing. Alors, quel avenir pour la musique ? On assiste à une
opposition entre une industrie reposant sur quelques têtes d’affiches, confrontée à des milliers
d’artistes exposant leurs œuvres par simple plaisir de la musique.

Mais les inconnus du grand public n’ont pas apparus avec Internet, ils opéraient déjà à
la belle époque de la musique, à la différence près que les notions de partage et d’illimité se
rencontrent grâce à Internet.

La principale menace de cette libéralisation de la création musicale et de l’exposition de cette


dernière réside dans le gage de qualité qu’apportaient autrefois les professionnels de la
musique. Les petits moyens, la banalisation de l’artiste, sont tout autant de causes à une baisse
de la qualité moyenne. Cette hypothèse est à étudier avec précaution, car nous nous rendront
peut-être compte, sur le long-terme, que l’industrie servait plus à la musique que l’inverse.

Hypothèse 2 : La gratuité amènera au changement de business model et une stabilité


sera rétablie progressivement

En permettant l’accès à la gratuité de la musique et en la dématérialisant avec le support


numérique, Internet a radicalement modifié l’industrie musicale et ses codes. Néanmoins,
l’importance que la société concède à la musique la contraint à être soumise à une
réglementation et à être régie par une industrie puissante. Partant de ce postulat, le système
économique actuel sera certes amené à changer, mais on assistera sans doute à un retour à la
stabilité. Ayant déjà expérimenté le passage du vinyle au CD, on peut avancer que le transfert
de support se fera totalement. Et ce même si l’aspect radical du passage du support physique
au support numérique implique que le consommateur a besoin d’être rééduqué.

L’ère du numérique

Dans « Metaphors in action » Raymond Gozzi explique que l’économie mondiale s’est
métamorphosée avec l’arrivée d’Internet. A tous les niveaux d’industrie, la toile a eu des
effets que les principaux décisionnaires de l’économie mondiale n’ont pas su anticiper, à
commencer par les gouvernements, qui n’ont pas vu cet outil apparu dans les années 90
comme une révolution. 

Ce bond technologique va donc amener l’industrie musicale à évoluer. Mais à la


différence de ce qu’on avait pus connaitre par le passé, c’est une vraie révolution que
l’industrie va connaître dans les années 2000.

Car les difficultés que la musique connait ne réside pas tant dans la copie du produit.
Cette caractéristique était déjà possible dans avec la copie K7. Le vrai problème est
qu’aujourd’hui, la qualité entre une piste téléchargée est une piste provenant d’un CD audio
est équivalente, et que l’on n’a même plus besoin du produit original pour consommer son
jumeau. Sans parler de la facilité déconcertante de télécharger un morceau directement par
Internet.

Numérama publie un article concernant le développement de la musique gratuite sur la


toile, et nous explique que c’est en 1997 qu’un jeune homme de 18 ans, Shawn Fanning, signe
la descente aux enfers de l’industrie musicale. Quand il crée Napster, et le principe du « peer-
to-peer », les professionnels de la musique ne voient pas venir le danger.

La polémique mettra 2 ans pour arriver dans le cœur de l’industrie, et en 2001, Napster
succombe aux poursuites judiciaires et ferme la boutique. Le site rouvivra ses portes sous la
bannière BMG, sous la forme d’une plateforme de téléchargement légal. Mais entre temps,
nombre de programmes illégaux ont vu le jour, s’inspirant du modèle du prédécesseur
Napster. Sans faire la même erreur, à savoir décentraliser l’activité, et ne pas tout conserver
sur un seul et unique réseau. Le peer-to-peer devient très vite incontrolable.
Les majors ont toutefois tenté d’apporter une solution au problème, et s’associant les
unes avec les autres afin de créer des plateformes de téléchargement légal compétitive. On
retiendra MusicNet, association de Warner, EMI, et BMG, et Press Play, produit de Sony
Music et Universal. Mais on retiendra surtout l’échec de ces initiatives. Car le consommateur
n’ayant pas été habitué à l’achat sur internet, il est difficilement concevable d’allouer un
budget à cette activité. Si l’on ajouté à ça les méthodes de fonctionnement mal définies, on
comprend pourquoi ces plateformes n’ont pas fonctionné.

Puis les majors commencent à envisager la fusion comme une alternative viable. EMI
et Virgin, Universal et Polygram, ou encore Sony et BMG fusionnent donc, dans le but de
réduire les effectifs et de diminuer les coûts fixes. Mais étonnamment, le seul qui s’en sortira
grandit de cette crise s’appelle Apple. Sans démarche de restriction, le géant américain
s’impose vite comme le leader incontesté du marché de la musique en ligne, se permettant
également d’être le leader sur le marché des baladeurs à support numérique : l’Ipod. Avec une
multiplication par 38 des ventes annuels d’Ipod en 7 ans (de 400 000 en 2001 à 153 millions
en 2008), on peut parler de phénomène Apple.

Ces chiffres pointent du doigt une tendance : la musique ne connait pas la crise, c’est
le support CD qui est affecté. Car la musique fait toujours autant vendre sur d’autres supports.
On peut par exemple mettre en exergue le succès planétaire de Guitar Hero, ou même la
tendance aux sonneries payantes. Le budget alloué à la musique chez les consommateurs
n’est donc pas réduit à néant. Mais dorénavant, on dépense de l’argent dans la musique dans
de nouvelles conditions, et sur de nouveaux supports.

Le problème le plus important dans cette logique est que la mauvaise santé de
l’industrie impose une baisse des coûts consacrés à la préparation des albums, et par
conséquent, de leur qualité. On privilégiera donc la qualité de deux ou trois titres, destinés à
passer en radio et à être des « hits » plutôt que la qualité d’un album entier.

La solution réside peut-être donc dans l’éducation du consommateur à un nouveau


processus d’achat, dorénavant numérique. Car ce modèle est également viable pour l’industrie
puisque il est instantané est très pratique. De plus il élimine une condition sine qua non du
processus d’achat actuel : le déplacement physique. Les gens sont toujours prêts à dépenser de
l’argent dans les divertissements. Mais les éduquer devient nécessaire, afin de leur faire
comprendre que sans contrepartie financière, la qualité de la musique est remise en cause.

Pour résoudre ces problèmes le temps d’éduquer le consommateur, les majors se doivent
de se battre sur tous les fronts en multipliant les offres et supports pour conserver leurs
marges au maximum. Une fois la période difficile de l’éducation passée, les comptes se
rééquilibreront. Pour récupérer le même niveau de marge que pendant l’âge d’or, il faudra
dorénavant agir sur le marché du numérique. La bataille pour atteindre à nouveau le
consommateur final réside dans la faculté à s’adapter aux nouveaux modes de consommation.

Business virtuel, argent réel

Quinze années après avoir réellement vu le jour, Internet s’est plus qu’introduit dans
nos vies, privées comme professionnelles. Le phénomène n’est même plus cantonné à l’écran
d’ordinateur, puisqu’avec la 3G ou le wifi, on peut rester connecté partout et à tout moment.
Sans compter la multiplication des supports (téléphone, GPS, balladeur,…)

Dorénavant, Internet englobe même à lui tout seul tous les médias, de la presse écrite à
la radio en passant par la télévision. Ambassadeur de l’ère « accès à tout, tout de suite », c’est
l’élément incontournable qui a modifié nos codes et habitudes de consommations.

Et même si l’achat sur Internet a d’abord rencontré des réticences, petit à petit, il s’est
imposé comme une habitude de consommation normale et régulière. Si l’on se réfère à ça, on
peut considérer que les professionnels de la musique aurait tord de vouloir lutter contre ce
phénomène, plutôt que d’utiliser ses fabuleuses possibilités. Car si la tendance apparait
clairement comme irréversible, il peut encore apparaître fructueux d’essayer de la réorienter, à
bon escient.

Dans son livre « Vive la crise du disque ! », Emmannuel Torregano nous explique qu’au
commencement déjà, un système que l’on nomme « Web Control » fût installé dans le but
d’avoir la main mise sur les « téléchargeurs », et même, le cas échéant, de décrypter leurs
adresses IP. Mais de part la question que cette initiative soulevait au niveau des droits
individuels, elle fût remise en cause par la CNL (Commission Nationale de l’Informatique et
des Libertés).

Trop longtemps, l’industrie de la musique n’a crut qu’en la vente de disque, et a négligé
les autres supports. Aujourd’hui, les décisionnaires d’hier payent le prix fort relatif à leur
excès de prudence, et leur volonté de ne prendre aucun risque. C’est d’ailleurs l’essence
même de la difficulté de basculer du CD au support numérique. A présent, on peut parler
d’une rupture entre l’artiste et l’auditeur qui télécharge, d’une cohésion qui fût un temps, et
qui n’est plus aujourd’hui, et qui prend la tournure d’une opposition entre deux entités qui ne
se comprennent plus.

Néanmoins, l’auteur reste convaincu qu’Internet, encore une fois, détient la solution pour
retrouver cette relation, notamment de par le fait qu’il est possible aujourd’hui, via un site
internet, une application Iphone, ou encore un site de réseau social, d’avoir un vrai suivi de
son artiste quasiment en temps réel.

« Clairement, l’avenir de la musique est sur les réseaux et, si elles exploitent bien le
marketing, elles pourront, très vite, faire autant voire mieux qu’avec le CD (…) Exploiter les
réseaux, les nouvelles cibles. Il est plus intéressant aujourd’hui pour une maison de disques
d’avoir un répertoire de blogs, de comptes Twitter et Facebook pour promouvoir un artiste
que de passer un article dans un journal spécialisé. »

Car si l’on observe aujourd’hui le business model de l’industrie du disque, on peut


clairement affirmer que le marketing n’y occupe qu’une place infime. On se contente souvent
d’adopter une communication n’étant axée que sur le produit, et les sources de revenus
viennent plus souvent du trafic que la musique génère plus que de la musique en elle-même.
Deezer, par exemple, ne génère du profit que par ses bannières publicitaires. Parce qu’il est
évident que la crise de la musique actuelle n’a rien à voir avec la consommation de musique
effective. On ne consomme pas moins de musique, bien au contraire. C’est donc en
détournant cette affluence afin d’en tirer profit que Deezer a su trouver la brèche. D’autres ont
sut également tirer profit de techniques marketing afin de générer des revenus quand la vente
du produit musical n’en génère plus autant. Organiser des évènements, par exemple, devient
de plus en plus commun, dans un système économique ou vendre l’artiste, seul, lui et son
produit, ne suffisent plus. C’est en cela qu’Internet a eu pour vocation de pousser les
professionnels de l’industrie dans leurs retranchements, les forçant à être plus inventifs sur le
plan marketing.

Conficius a dit « Rien n’est jamais sans conséquence, en conséquence, rien n’est jamais
gratuit  ». Ce qui signifie que la musique « gratuite » ne saurait résister longtemps, sans
perdre sa valeur, et sur le long-terme, mourir. L’enjeu principal de la survie de la musique
réside donc dans la démocratisation du support numérique.

Hypothèse 3 : La gratuité amènera à une liberté totale du consommateur, la survie de


l’industrie reposant sur l’interaction de plusieurs sources de financement.

Nous n’inventerons pas de remèdes miracle pour contrer la crise de l’industrie.


Internet et les facilités qui en découlent aura simplement anéanti la suprématie du support CD,
apportant un élément que le consommateur n’avait jusque la jamais connu : une alternative.

Pour défendre ses marges, l’industrie a tout intérêt a tout mettre en œuvre pour trouver
un moyen de concilier le virtuel et le réel, car la stabilité de l’industrie passera qu’on le
veuille ou non par un équilibre entre ces deux éléments. En effet, s’il est difficile de concevoir
que les supports physiques n’existeront plus, il est en revanche certain que le réel tend à
devenir un mode de consommation mineure.

Une musique aux multiples sources de revenus

Dans une interview, Thierry Chassagnes, Président de Warner Music France explique que
la force du CD était de pouvoir dynamiser les ventes sur la longueur . Un processus de
fidélisation avait lieu auprès du public afin de forger un succès solide construit
progressivement.
Aujourd’hui, on peut dire qu’Internet renforce l’effet « star éphémère ». Les artistes
voyant le jour obtiennent souvent des notoriétés « express ». Paradoxalement, ils semblent
retourner à l’anonymat aussi rapidement qu’ils sont rentrés dans le star system. Les émissions
de téléréalité telles que la « Star Academy », la « Nouvelle Star », ou encore « Pop Star »
accroissent ce changement de rythme dans les carrières artistiques. Tout ceci en sachant qu’en
terme marketing pur, on s’attache à un artiste et lui prête fidélité sur la longueur.

« Pour qu’il y ait une vente de masse, le consommateur moyen doit entendre un nombre de
fois assez élevé le morceau en question pour dire « j’aime bien », sinon il le rejette. (…) le
titre est plébiscité par le public avec 150 000 albums écoulés. Quatorze mois ont été
nécessaires pour arriver à ce chiffre. Un an après ils ont vendu 250 000 CD (…) Or pour un
internaute, tout ce temps de développement est trop long. Si le titre avait été proposé sur
MySpace, l’internaute l’aurait écouté pendant deux ou trois semaines pour ensuite s’en lasser
très rapidement, et passer à autre chose. »

La première incidence de la baisse des ventes de disques est- positive, puisqu’elle offre
des perspectives nouvelles en termes de music « live ». En effet, depuis 2005, la vente de
tickets de concert a nettement augmenté, de telle sorte qu’on a l’impression que le budget que
les consommateurs de musique allouaient à l’achat d’album était transféré dans le budget
concert. La seconde partie de l’enquête d’Isabelle Hanne et Nolwenn Le Blevennec montre
qu’Internet a fragilisé l’industrie musicale, de manière considérable, elle qui n’a pas su
anticiper le virage de la toile
Désormais, il n’existera plus de modèle à revenu unique, dans lequel le CD était
quasiment le seul générateur de revenu de l’industrie musicale. Le but de la manœuvre étant
d’atteindre le même volume en termes de revenu, en diversifiant simplement les supports et
les sources de revenus.

Au niveau de l’utilisation de la musique, on la consomme désormais sous format


numérique, format qui tend à devenir la norme. On peut mesurer ce changement d’orientation
avec l’explosion des ventes de lecteur mp3 ces dernières années. Selon Emmanuel
Torregano :

« Parce qu’Internet a montré qu’on pouvait entreposer toute sa musique dans


l’équivalent d’un paquet de cigarettes. Ca change tout et contre ça personne ne peut lutter. » 
Reste un problème : la grande majorité des mp3 qui fournissent autant de lecteurs
proviennent généralement de téléchargements illégaux, ce qui ne résout en rien le problème.
Cette habitude de consommation gratuite doit se transformer en processus normal d’achat
rapidement pour que l’industrie survive.

Cela sera très compliqué à mettre en place, car les consommateurs ont pris l’habitude
d’écouter de la musique sans contrepartie financière, ce qui a pour effet de créer une
surconsommation musicale. Car sur tous les titres que l’on trouve dans un Ipod, combien de
titre écoute-t-on régulièrement ? Pascal Nègre pense donc qu’il faudra offrir un package
attractif afin de séduire le consommateur, en s’inspirant par exemple des bouquets Canal
Satellite. On accepte de payer pour avoir une qualité télévisuelle qu’on ne retrouve pas sur les
chaines hertziennes. L’idée de payer pour de la musique n’est donc pas morte, si l’on se réfère
à ce modèle. Il faut simplement convaincre le public qu’il faut contribuer financièrement pour
avoir accès à une musique de qualité, comme nous l’avons connu auparavant.

Pas de solution miracle

Cette situation est paradoxale dans le sens ou l’on demande aux majors de lutter contre
Internet en utilisant les forces d’Internet. Les possibilités offertes sont à hauteur des dangers
qu’elle représente. Le problème est que le public ne reconnait pas d’autres alternatives au
téléchargement illégal que l’achat du CD. Car ne nous voilons pas la face, les plateformes de
téléchargements légale sont loin de bénéficier de la confiance du grand public (hormis Itunes,
évidemment). Pour comprendre la place du téléchargement illégal dans la consommation de
musique, il faut savoir que malgrés les chutes vertigineuses, les ventes de disques représentent
encore 80% du chiffre d’affaires réalisé par l’industrie

Aux Etats-Unis, les choses semblent de décanter plus vite, puisqu’aujourd’hui, 25% du
marché global est réalisé par le téléchargement légal, tandis qu’on n’atteint pas la barre des
10% en France. Le retard des offres légales, et les DRM (Digital Rights Management) sont les
principales causes de ce retard. Par conséquent, la transition du CT au téléchargement légal
sera plus lente en France, et qui plus est, inexorablement corrélée à la confiance que les
consommateurs français accordent au paiement sur Internet.

Les consommateurs français ont encore beaucoup de mal à intégrer ce réflexe. Car
dépenser de l’argent revient à remplir une part du contrat, qui ne sera achevé qu’à la réception
d’un objet physique, et non des fichiers numériques. Les nombreuses histoires d’escroquerie
concernant les paiements sur Internet ne jouent pas en faveur de la tendance non plus.

Mais si l’on regarde de plus près, cette crise ne peut pas faire que des malheureux. En
effet, certains acteurs profitent de cette crise pour tirer profit de la chute des ventes de
disques. Les gagnants de celle-ci s’appellent les fournisseurs d’accès. En 7 ans, on est passé
de 2,5 millions de domiciles équipés d’Internet haut-débit à 17 millions (de 2002 à 2009).

Les maisons de disques n’ayant pas bénéficié d’une marge de manœuvre importante qui
leur aurait permis de gérer la crise, nombreuses sont celles qui pense à s’associer à un
fournisseur d’accès, offrant une offre couplée internet-musique. Mais dans un secteur ou l’on
tire les prix vers le bas constamment, l’ajout d’une composante payante se serait révélée
contre-productive et moins attrayante pour les consommateurs.

Pour Bernard Miyet, la solution serait que les maisons de productions fassent entrer de
nouveaux acteurs dans ces valses économiques (fournisseurs d’accès à internet, opéérateurs
de téléphonies mobiles…) sans attendre de l’argent du consommateur final. Car selon lui, la
musique a bel et bien été le moteur du développement d’internet : « La musique a dynamisé
le déploiement de l’ADSL  »

Cela n’empêche au président de la SACEM de penser que les fournisseurs d’accès à


internet n’ont pas tenté de contrer le développement de téléchargement illégal. Les offres
proposant un débit toujours plus rapide, critère primordial chez les téléchargeurs, d’une part,
et d’autre part, les messages explicites qu’ils pouvaient envoyer :

« Rappelez-vous pourtant la publicité de France Télécom en 2003 : "Abonnez-vous à


l’ADSL, vous pourrez télécharger toute la musique que vous voudrez". En fait, au lieu de
contrer le Peer-to-Peer, le principal opérateur national a utilisé l’existence des échanges
pirates pour promouvoir son développement commercial … » (Pascal Nègre) 

Le système a donc besoin de se réorganiser afin de répartir les marges de manières équitables
et que toutes les industries y trouvent leur compte. Le CD ne disparaitra donc pas. En
revanche, il sera clairement supplanté par une consommation de la musique de plus en plus
diverse
Etude empirique

1 : Méthodologie

Afin de répondre à la question de l’impact de la gratuité de la musique de la façon la plus


complète possible, il nous a semblé logique de passer par deux questionnaires, l’un quantitatif
et l’autre qualitatif.

Le quantitatif:

Dans un soucis de cohérence, notre questionnaire à été envoyé à un panel le plus large et le
plus varié possible, de par notamment une recherche de diversité tant en termes d’âge que de
CSP.

Notre but ici, en ce basant sur les groupes de consommateurs qui se dégagent de notre étude,
est de définir un profil de « consommateurs types ».
Le panel de ce questionnaire est composé de 151 Hommes et Femmes, sur une fourchette
d’âge allant de 15 à 59 ans. Dans la plupart des cas, cette enquête a été envoyée et retournée
par le biais de mail ou à l’aide des réseaux sociaux (tout particulièrement Facebook). Il
s’articule autour de 29 questions fermées, avec des réponses allant du plus négatif au plus
positif.
Les questions dans un souci de clarté, gravitent autour de six thèmes majeurs :

- Fidélité et attachement au CD
- Utilisation et consommation de la musique
- Attentes vis-à-vis de l’industrie
- Le téléchargement légal et illégal
- La perception du prix
- Vision d’avenir de l’industrie musicale
1. Résultats

I.1.1. L’échantillon

Le tableau ci dessous permets de très rapidement se faire une idée de la composition de notre
panel. Ici, les variables sont l’âge, la CSP et le sexe :

Echantillon total par âge, sexe et CSP

Homme Femme Sexe


N % cit. N % cit. N % cit.
Moins de 30 ans 25 44,6% 31 55,4% 56 100,0%
Entre 30 et 35 ans 17 47,2% 19 52,8% 36 100,0%
Entre 35 et 40 ans 19 50,0% 19 50,0% 38 100,0%
40 ans et plus 13 61,9% 8 38,1% 21 100,0%
Age 74 49,0% 77 51,0% 151 100,0%
Profession libérale 2 22,2% 7 77,8% 9 100,0%
Fonctionnaire 7 29,2% 17 70,8% 24 100,0%
Employé/salarié 11 47,8% 12 52,2% 23 100,0%
Artisan 6 75,0% 2 25,0% 8 100,0%
Cadre 14 51,9% 13 48,1% 27 100,0%
Cadre supérieur 13 68,4% 6 31,6% 19 100,0%
Etudiant 20 51,3% 19 48,7% 39 100,0%
Autre 1 50,0% 1 50,0% 2 100,0%
CSP 74 49,0% 77 51,0% 151 100,0%

Comme l’on peut le constater, notre panel compte légèrement plus de femme que d’hommes
au total, cependant l’écart est de l’ordre de 2% (soit un écart de 3 individus) et nous a parut
négligeable.
Nous avons aussi cherché à diversifier le plus possible le panel en termes de CSP (elles sont
toutes représentées dans notre étude et d’âge. Il nous faut cependant reconnaître qu’une partie
conséquente des personnes interrogées sont âgées de moins de 30 ans et ce pour des raisons
logiques.

I.1.2. La variable dominante


Ces 151 questionnaires ont été analysé en faisant tout particulièrement attention aux
réponses des différentes strates aux six thèmes et d’en tirer des enseignements.
Quelle est donc pour nous, la variable dominante, c’est à dire celle qui influe le plus dans les
réponses des sondés.
Pour ce faire, nous avons observé la corrélation existant entre les variables et les items du
questionnaire. Les variables étant, le sexe, l’âge et la CSP
Il nous est très vite apparu que l’âge des sondés joue un rôle très important dans les réponses,
en effet, les étudiants interrogés ont exprimé une façon de consommer la musique de manière
particulière, dans le sens ou il s’affranchissent des contraintes relative à l’industrie de la
musique traditionnelle.
Concernant la variable du sexe, aucun lien significatif ne semble exister entre les réponses des
sondés et leur genre, en effet, la musique est consommé de manière similaire qu’on soit un
homme, ou une femme.
La CSP des personnes ne semble elle non plus, ne jouer aucun rôle dans les réponses à ce
questionnaire à part pour les thèmes tels que l’ergonomie du support physique (CD), le
téléchargement et tout particulièrement l’attachement au CD
Nous avons ainsi pu voir que la variable du sexe n’avait aucune corrélation significative dans
le choix des réponses et qu’il ne se dégageait aucune tendance notable selon le sexe de
l’individu.
Cependant, il est important de noter que l’âge et la CSP montrent une corrélation très forte :

Comme l’on peut le constater sur ce tableau, la grande majorité des moins de 30 ans sont
encore étudiants.

En ce basant sur ce constat, et après avoir vu que l’âge porte beaucoup d’importance dans les
réponses, le choix d’utiliser la variable de l’âge comme comparative majeure a semblé la plus
logique
a) L’attachement et la perception du CD

Ce premier thème est pour nous un moyen de jauger l’attachement que portent les personnes
interrogées au support physique, c’est à dire à quel point le format CD leur est cher.

L’attachement au CD :

9,3%
17,9%
Pas du tout élevé
Plutôt pas élevé
25,2% Neutre
Plutôt élevé
Très élevé

27,2%

20,5%

Ce graphique ne nous indique aucune vraie tendance générale, en effet, un peu plus de
20% de notre échantillon ce dit neutre quand à il est toutefois important de noter que seuls
9,3% des sondés estiment avoir un attachement très fort au format CD, à l’inverse ce sont
pratiquement 18% des sondés qui n’exprime aucun attachement au CD.
Ces pourcentages expriment bien le désamour des consommateurs de musique pour ce format
traditionnel.

Attachement au CD selon l’âge


Il apparaît clairement, après l’étude de ce tableau croisé, que plus les personnes
interrogées sont jeunes, plus le degré d’attachement au CD est moindre. En effet, sur un total
de 56 personnes de moins de 30 ans, la grande majorité (48, soit 85,7%) exprime un
attachement pas du tout élevé ou plutôt pas élevé pour le support CD.
Inversement, plus nous montons dans les tranches d’âge et plus le degré d’attachement
augmente lui aussi, ceci est très significatif si nous observons la tranche des 40 et plus.
En effet, le premier élément marquant est le fait que dans cette tranche d’âge, aucun sondés
estime n’avoir aucun attachement pour le format CD. De plus 75 % des personnes appartenant
à cette tranche d’âge déclarent que leur attachement au format CD est élevé ou très élevé.
Concernant l’association de la musique à un format physique, le constat est assez similaire,
bien que l’écart soit moindre, en effet c’est encore une fois les plus âgé qui associent plus le
format CD à la musique. Il faut cependant rappeler que les moins de 30 ans, mêmes s’ils sont
plus nombreux à ne pas associer la musique au support CD montrent tout de même un
attachement tout relatif au support physique.
.

En ce basant sur ces résultats, il apparaît que les réponses de notre échantillon s’orientent plus
vers l’hypothèse énonçant le fait que malgré la crise, la situation de l’industrie ne connaitras
pas de révolution dans un futur proche. Cependant lorsque les tranches d’âges les moins
élevées grandiront, l’industrie pourra connaître d’importants changements

b) Utilisation et consommation de la musique


Notre deuxième grand thème touche essentiellement aux habitudes de consommation de
notre panel :

151

0
Encore Praticité CD Mobilité Temps Nombre Nombre
recours CD écoute consacré varié endroits
musique musique d'artistes écoute

Non pas du tout Non plutôt pas Neutre


Oui plutôt Oui beaucoup

Les points importants se dégageant de ce graphique concernent tout d’abord le nombre


d’artistes écoutés et ensuite l’importance de l’ergonomie dans l’utilisation de la musique.
Nous noterons aussi que, à la question de la praticité du format physique, les réponses sont en
majorité négatives.
La consommation en fonction de l’âge 

Logiquement, et de manière similaire à notre premier thème, l’âge influe


dramatiquement sur les réponses. En effet, chez les moins de 30 ans les questions de
l’ergonomie et de la quantité de musique disponible semblent primordiales, avec 78,5% des
moins de 30 ans qui juge important la mobilité lors de la consommation de musique. De
même 76,7% de la même tranche d’âge disent écouter un nombre d’artistes conséquents.
Cette tendance ne va encore une fois, s’inverser à mesure que nous progressons dans les
tranches d’âges. Ainsi, sur un total de 21 personnes de 40 ans et plus, pratiquement 62 %
n’attachent pas ou peu d’importance à la question de la mobilité dans l’ecoute de la musique.

Ici, c’est l’hypothèse énonçant le fait que l’industrie musicale va devoir se réinventer
prédomine. En effet, le tableau précédent nous a montré que les besoins d’ergonomie, de
mobilité et de diversité dans l’écoute est et n’auras de cesse de gagner en importance. Cette
tendance a été dynamisée par l’émergence, lors des dernières années, des lecteurs mp3 qui
par leur capacité de stockage et leur facilite d’utilisation, permettent au consommateur de
profiter de sa musique n’importe ou et de façon diverse.
c) Attentes des consommateurs

Un point qui nous est tout particulièrement important, car ce sont les attentes des
consommateurs qui devraient, et vont définir les changements dans l’industrie du disque :

Constat général

Attentes Attentif Industrie CD encore Qualité CD


vis-a-vis innovations répond aux adapté aux depuis 5 ans
artistes musique attentes attentes

Non pas du tout Non plutôt pas Neutre


Oui plutôt Oui tout à fait

En général nous avons ici des avis neutres ou relativement positifs.


Le point important dans ce tableau concerne le fait que le CD est oui ou non adapté aux
attentes des consommateurs.
Ici, la dichotomie est intéressante car les deux réponses qui récoltent le plus de voix sont que
le support physique est soit plutôt adapte, soit plutôt pas.
Il est tout particulièrement judicieux de voir à quel point la variable de l’âge influe sur les
réponses :
L’âge des participants nous explique bien cette dichotomie, en effet, il apparaît que, à mesure
que l’âge baisse, les attentes ne .sont pas satisfaites. Ainsi, les moins de 30 ans comptent 69%
d’insatisfaits, pour les 30-35, le constat est similaire. Avec 64% d’insatisfaits. Ce n’est qu’à
partir de plus de 35 ans que la tendance s’inverse.

Ce sont donc, une fois n’est pas coutume, les moins de 35 ans qui expriment un decalage
entre leurs attentes, et les propositions de l’industrie, nous pouvons anticiper une degradation
de l’etat de l’industrie, de par le fait que logiquement, si les attentes des consommateurs ne
sont pas satisfaites, ils se tourneront vers d’autres moyen de consommer la musique.

d) Le téléchargement

Sans aucun doute l’element le plus important ici, le telechargement est le « Game
Changer », C’est le principal vecteur des bouleversements qui sont entrain de changer
l’industrie
Constat général:

Avez-vous l'habitude de télécharger de la musique?

7,9% 12,6%
Non pas du tout
Non plutôt pas
Neutre
31,1%
Oui plutôt
Oui tout à fait

25,8%

22,5%

Nous constatons que meme si le téléchargement est une pratique courante et repandue,
avec un total de 39 % des sondes qui declarent télécharger de la musique de facon active.
Cependant il est judicieux de tempérer cette information car un nombre pratiquement
identique des reponses indiquent quel les sondés n’ont pas l’habitude de télécharger de la
musique.
Tout nous porte à penser que cette tendance ne fera que s’accentuer avec le temps.
Téléchargement en fonction de l’âge :

Un point essentiel se détache de ce tableau : l’écart entre le nombre de sondés qui


téléchargent, et l’utilisation des plateformes légales de téléchargement.
En effet, en prenant l’exemple des moins de 30 ans, un total de 59 % d’entres eux déclarent
télécharger, alors que seulement 10 % d’entre eux passent par les plateformes légales (I tunes,
Deezer etc.).
Cette tendance ne s’estompe pas de façon dramatique dans les strates d’âges supérieures, et
prouve le manque d’efficacité actuel des plateforme de téléchargements légales.
Ici nous nous rapprochons donc plus de l’hypothèse énonçant la libération du consommateur,
qui auras accès a la musique de façon complètement libre.

e) La perception du prix

Notre but ici, est de savoir si selon les consommateurs, la qualité des productions
musicales justifie le prix moyen des CD`s. Ce thème aborde aussi le point des pris pratiqués
par les plateformes de téléchargement légales, afin d’apporter des réponses a l’échec de ces
moyens de vendre de la musique.

Constat général :

La qualité justifie le Prix plateforme Le prix d'un CD est


prix légale est justifié justifié

Non pas du tout Non plutôt pas


Neutre Oui plutôt
Oui tout à fait

En analysant ce tableau, il apparaît que les avis sur les questions posées ont une
connotation neutre ou négative. Sur les trois questions, le nombre de réponses qui arrive en
tête sont toujours « non plutôt pas » ce qui exprime qu’à chaque fois, les sondés trouvent que
les prix de la musique de nos jours sont trop élevé.

Ce tableau nous montre bien que pour une majorité de notre panel, la qualité de la musique
justifie son prix. Malgré cela, ils trouvent à chaque fois que les prix demandés sont trop
élevés, tout spécialement pour les plateformes de téléchargement légales.

f) Vision d’avenir

Il nous a paru logique d’essayer de dessiner une image précise de ce que pensent les
consommateurs concernant l’avenir de l’industrie du disque et des concessions qu’ils seraient
prêt à faire pour la survie de l’industrie musicale.
Constat général :

L'industrie va se relever de la crise

9,3% 9,3%
Non pas du tout

18,5% Non plutôt pas


21,9%
Neutre
Oui plutôt
Oui tout à fait

41,1%

La seule tendance se détachant de se graphique est le fait que 41,1% de notre panel à
un avis neutre sur la question de la survie de l’industrie. C’est en se penchant sur le tableau
crois par âge que nous pourrons faire remonter des tendances pertinentes :
Ce tableau indique clairement que les consommateurs de musique de tout age seraient
prêt modifier leur approche de l’achat de musique afin de sauver l’industrie (56,2% des
sondeys). Il apparaît encore une fois, dans la lignee de toute cette etude, que les plus jeunes
eux seraient moins enclins a faire des sacrifices.
Malgre ce point, nous remarquons que les questionnes les plus optimistes sont les plus
jeunes. En effet, 42,8 % des moins de 30 ans pensent que l’industrie du disque se releveras de
la crise qui la secoue actuellement.
En conclusion, c’est l’hypothèse énonçant que l’industrie survivras mais seulement si elle
trouve d’autres moyen d’engranger des revenus et si elle tente de s’adapter à ses
consommateurs. En effet, même les personnes interrogées se déclarent prêtes à faire des
sacrifices pour aider l’industrie, nous remarquons que les jeunes générations (qui téléchargent
le plus) se sentent moins concernées par ce problème.
2. Le questionnaire qualitatif 

Le choix de passer par un questionnaire qualitatif, en plus de notre analyse quantitative,


est d’avoir une vision de l’industrie du disque et de la crise qui la secoue de l’intérieur.
Cette vision interne, nous permettras de vérifier si l’industrie et ses consommateurs se
comprennent, et partagent le même point de vue.
Pour cela, le choix d’entretiens approfondis avec des professionnels directement engagés dans
le monde de la musique nous a paru être une manière simple de recueillir des informations.
Notre panel ce compose de 5 acteurs de l’industrie du disque :

 Xavier Darasse, A&R, au label Parisien le son du Maquis


 Inigo Delgado, Chanteur du groupe, « Seed From The Geisha »
 Stéphane G , vendeur chez Lucky records, disquaire indépendant.
 François Castres, ingénieur du son au studio Sinte marthe.
 Jah riston, Beat maker

Nos entretiens se sont articulés autour de 5 thèmes et consistent en 5 questions ouvertes.


La durée moyenne des différents entretiens n’a jamais excédée les 25 minutes. Notre objectif
ici, a été de laisser le plus de liberté possible à notre panel dans ses réponses.
Les 5 thèmes abordes sont :

- La crise actuelle de l’industrie


- L’influence de l’avènement d’Internet dans l’industrie du disque
- Le téléchargement illégal
- Le prix de la musique
- L’avenir de l’industrie

a) La place actuelle du CD dans l’industrie et son avenir.

Tous nos sondés, sans exceptions ont fournis une réponse similaire à la question de
l’avenir du CD au sein de l’industrie du disque. En effet, ils jugent tous que le CD n’est plus
en phase avec les consommateurs. Cette information se justifie facilement quand nous
regardons les chiffres des ventes de CD, et la baisse dramatique qu’elle a enregistrée.
Comme nous le dit Xavier Darasse: « On constate bien que les ventes de CD ont connu une
chute considérable, ce format n’est juste plus rentable il n’est vraiment plus rentable.
De nos jours, les albums sont sortis de façon symbolique. Si des marges sont réalises, ce sont
grâce au concert ou au synchro (Utilisation d’artistes du label pour des publicités).
La radio peut aussi apporter de l’argent, mais travaillant pour un label Indépendant les
passages sur les radios majeures sont quasiment inexistants »
Pour Inigo Delgado, Chanteur du groupe de Rock Français « Seed From The Geisha » le
problème vient des prix pratiqués à la vente des CD : « Je crois personnellement en le support
CD, parce que pour moi, rien ne pourras remplacer le plaisir d’une belle pochette, d’un beau
disque. Je suis persuadé que si le prix moyen du CD était plus bas, les ventes seraient bien
meilleures, il faut quand même avouer que 20 Euros pour un album, ca fait cher ».
Ce constat indique bien le manque flagrant de compétitivité des CD’s, surtout si on les
compare aux tarifs des plateformes de téléchargement légales (rarement plus de 10 Euros).
Même si le CD n’est clairement plus adapté aux attentes des consommateurs, la
disparition du format physique n‘est pas une fatalité. Sa survie passeras néanmoins, de
manière irréfutable, par un changement des prix pratiqués. La musique est de nos jours
rentable par le biais de plusieurs supports, et plus seulement par le CD.
Nous nous dirigeons donc plutôt vers l’hypothèse énonçant une survie de l’industrie passant
par d’autres moyens de réaliser de la marge.

b) Tendances de consommation de la musique :

Les réponses à cette question ont été partagées, en effet, pour Francis Castres, les
habitudes d’utilisations ont connus un bouleversement majeur : «  L’industrie n’a de cesse
d’évoluer, la consommation, va vers la mobilité et l’ergonomie, la sortie de nouveaux moyens
d’écoutes qui repoussent les limites en termes de stockage notamment rendent le support
physique complètement désuet, pourquoi acheter des CD qui vont coûter plus cher et qui ne
satisferont pas entièrement les consommateurs ?ils veulent de la rapidité et de la facilité
d’utilisation, les nouveaux formats répondent à ces attentes, pas le CD ».
Pour Stéphane G, vendeur chez Lucky Records, cet avis doit être tempéré :  « Je ne pense pas
que  les tendances de consommation ont été tant bouleversée. Les pratiques restent au fond
les mêmes, les gens vont toujours voir les concerts, regardent toujours des clips vidéos, la
seul différence reste le format supportant les pratiques des consommateurs. Personne ne
pourra réfuter l’impact de l’arrivée du Web. Tout le monde à vu le dernier clip de Lad Gaga,
la seul différence c’est que maintenant, on visionne les clips sur You tube ».

 Même si les avis sont divergents, les deux visions énoncées ici nous paraissent justes.
D’un coté, les consommateurs vont toujours vers le meilleur rapport Qualité/Prix, en
effet, et logiquement, ils profitent des innovations au maximum afin de faciliter leur
consommation. De l’autre, Fondamentalement, les bouleversements ne sont pas si
marqués que cela, l’importance attribuée aux concerts et aux clips musicaux est au
moins aussi forte.
 L’hypothèse se rapprochant le plus de ces constats est celle énonçant un changement
gradué de l’industrie, passant par une disparition progressive des formats de
consommations traditionnels.

c) Le téléchargement

De manière surprenante, notre panel considère le téléchargement illégal comme une bonne
chose.
Pour Jah Riston, le téléchargement est un moyen de se faire connaître : «  Le nombre
d’artistes auxquels les consommateurs ont accès est tout juste incroyable, de nos jours, il n’y a
plus aucune frontière dans la découverte de nouveaux artistes, de nouveaux morceaux ».
Pour Xavier Darasse, il faut apprécier les ouvertures que permet le téléchargement illégal,
cependant il tempère cet avis qu’il juge trop positif :

« C’est effectivement un plus d’avoir accès à tant d’artistes intéressant. Je suis d’accord que
pour la découverte Internet est incomparable, mais le téléchargement illégal tourne vite à
l’abus, les consommateurs ne cherchent pas la qualité, ils téléchargent tout et n’importe
quoi. Il y a tout de même un travail réalisé par les artistes et les labels, et j’ai l’impression
que ce travail n’a plus aucune valeur pour les consommateurs ».
Le point important ici, est de constater que le téléchargement offre avant tout un
surcroit de liberté au consommateur, c’est donc forcément un plus, cependant, attention à ce
que cette pratique ne dérive pas vers l’abus.

d) La perception du prix :

De manière générale, pour nos sondés, il existe une vraie dichotomie entre les attentes
des consommateurs en termes de prix, et les tarifs des Majors.
«  Les gens sont réticents à payer le même prix qu’il y a quelques années, c’est
comme si l’industrie ne s’est pas rendue compte des innovations, et reste attacher à
leur manière traditionnelle de vendre la musique, c’est plus qu’un déséquilibre qui se
passe en ce moment, les majors s’entêtent à proposer des prix bien trop élevés »
Il apparaît que ici que la perception du prix est complètement différente entre
les majors et les consommateurs 
La perception du prix a changé pour les consommateurs, alors qu’elle est restée
identique pour l’industrie. L’offre n’à pratiquement aucun intérêt pour les
consommateurs qui ont accès à une offre plus complète, plus variée, et bien plus facile
d’accès.
En définitive, les bonus apportés par le support CD ne justifient plus le prix d’achat.

e) L’avenir de l’industrie

Le point majeur lors des réponses à la question de l’avenir de ce secteur, est le fait que pour
tout notre panel, L’industrie ne disparaitra pas.
Pour François Castes, «  Je pense que la situation ne feras qu’empirer, c’est la musique
immatérielle qui va prédominer, avec un équilibre qui va largement peser du coté de la
musique sur Internet. Je ne dis pas que le CD va forcement disparaître, mais il auras
vraiment une place minime ».

Pour Stéphane: «Pour moi, la survie de l’industrie passe par un mélange entre l’utilisation
d’internet et du web 2.0, et de retrouver le contact avec les attentes du public. La marque
Apple l’a très bien compris, c’est actuellement la seule plateforme de téléchargement, ils ont
des tarifs ultra compétitifs, 99 centimes le titre, et ils proposent des pochettes virtuelles ».

 Tout porte à penser, à partir de cette étude, que l’industrie ne disparaitras pas, ce
qui rends notre première hypothèse caduque. Pour survivre, les sources de revenu
vont devoir se multiplier car la marge ne pourra plus être par le biais des CD.
comme la publicité, les réseaux sociaux, les jeux vidéos, les fournisseurs d’accès à
internet… L’hypothèse 3 est donc finalement l’analyse la plus en phase avec la
vision d’avenir qu’ont les acteurs de l’industrie.
Conclusion

Dans cette étude, il est indéniable qu’Internet aura joué un rôle majeur et déterminant dans le
déclin de l’industrie musicale. L’insouciance des décisionnaires aura fait le reste, oubliant
d’anticiper le changement, et considérant le marché français comme un marché à part. De
plus, l’industrie musicale étant fondée principalement sur un marketing spécifique, basé sur la
communication et la promotion, il a été très complexe de s’inspirer de la marge de manœuvre
des entreprises de différents secteurs au niveau de la crise.
Mais le vrai problème réside dans l’alternative gratuite à un modèle payant. La comparaison
est très difficile à soutenir, pour une industrie qui souffre des possibilités qu’offre Internet en
termes de substitution de produits.

Ce mémoire a été réalisé dans le but de nous éclairer sur un secteur qui développe les
paradoxes. En effet, l’industrie ne s’est jamais porté aussi mal, mais n’a parallèlement jamais
été autant porteuse de différentes carrières si brève soit-elle. La durée de vie d’un artiste est de
plus en plus courte, laissant place à une diversité d’artiste, passant de l’inconnu au statut de
star en un temps, retombant dans l’anonymat dans un laps de temps aussi bref.
Ce sujet méritait une étude approfondie, tant le nombre de variables et de paramètres sont
nombreux. S’il a fallut synthétiser la démarche, il est aussi intéressant d’apporter une vison
globale, afin de mieux comprendre les tenants et les aboutissants de ce qui s’annonce comme
le plus gros défi de l’industrie musicale depuis sa création.

En développant une chronologie précise de l’histoire de l’industrie musicale, de sa création à


sa chute, en passant par son apogée, nous avons voulu identifier le paradigme basique de la
musique. En effet, il nous a semblé nécessaire de connaître ces rouages, ces codes, et ses
règles, afin de comprendre le décalage qui s’est installé entre le besoin de s’adapter à une
économie changeante, et les vérités absolues de l’industrie avant le changement.
A travers la lecture de certains ouvrages, tels que « vive la crise du disque ! » d’Emmanuel
Toregano, ou ‘la musique assiégée de Charlotte Dudignac et François Mauger, nous avons
tenté d’exprimer les ressentis de cette crise dans les yeux de quelques décisionnaires des
professionnels de la musique. Ces mêmes personnes qui auraient du anticiper la crise, et non
su l’éviter, mésestimant l’impact d’Internet sur la musique, négociant mal le virage du
numérique.
Par la suite, nous avons avancé trois hypothèses plus ou moins optimistes, concernant l’avenir
de la musique. Nous avons tout d’abord envisagé un retour à l’essence même de la musique,
simple loisir, et à un contrôle restreint d’une industrie plus petite. Puis, nous avons émis
l’hypothèse d’un changement de business model due à la gratuité, suivi d’un retour à une
stabilité progressive. Enfin, nous avons également avancé une théorie qui conduirait à la
liberté totale du consommateur, l’industrie du disque désormais financé par l’interaction de
plusieurs sources de financement
Nous avons poursuivi notre voyage au cœur du monde musical en réalisant une étude
empirique afin d’avoir une vision concrète du point de vue des consommateurs et des acteurs
de l’industrie. Tout d’abord, une étude quantitative auprès de 151 sondés de 13 à 59 ans avec
l’administration d’un questionnaire de 29 questions fermées regroupés sous six thèmes : la
fidélité et attachement au CD ; l’utilisation et consommation de la musique ; les attentes vis-à-
vis de l’industrie ; le téléchargement légal et illégal ; la perception du prix ; la vision d’avenir
de l’industrie musicale. Suite à cela nous avons pu analyser les réponses afin d’en tirer des
tableaux croisés et des tendances essentiellement selon la strate des âges car elle était la plus
significative. Nous avons tiré des conclusions sur les réponses autour de chaque thème et
comparé cela par rapport à nos 3 hypothèses établies préalablement.

La prochaine étape, pour nous, a été de réaliser deux questionnaires, l’un quantitatif, et l’autre
qualitatif.
Notre étude quantitative réunît un panel de 151 personnes allant de 15 à 59 ans. Les questions
ont étés envoyés et recueillies par le biais de mails et des réseaux sociaux, nos questions
s’articulent autour de 27 questions fermées, regroupés en 6 grands thèmes allant de
l’attachement au CD, des attentes des consommateurs, le prix, l’avenir de l’industrie, des
habitudes de consommation et du téléchargement illégal.
L’analyse des résultats réunis nous a permis de définir des tendances importantes qui
apportent des réponses aux questions soulevées par ce mémoire. C’est au cours de cette
analyse que nous avons mesuré l’importance du facteur âge dans les réponses des sondés.
La suite de notre étude empirique est passée par la réalisation d’une étude qualitative.
Les entretiens ont étés administrés Il était ensuite primordial d’avoir l’avis des acteurs de
l’industrie. Pour ce faire, le choix d’administrer des entretiens à 5 acteurs impliqués dans
l’industrie musicale Notre échantillon est notamment composé d’un disquaire indépendant et
un chanteur. Les interviews s’articule autour de 5 questions ouvertes traitant d’un thème
chacune.
A partir de l’étude réalisée et des propos recueillis, nous pouvons dire que l’industrie musicale
comme on la connait n’est clairement pas apte à se sauver toute seule. Longtemps considérée
comme le chat noir des industries françaises, la musique n’a pas bénéficié du même soutien
de l’état que l’industrie des télécoms par exemple. Il est impératif de faire preuve de
protectionnisme envers cette industrie désormais bancale, du moins le temps que les
consommateurs aient été éduqué au niveau du processus d’achat via internet.

De plus, les principaux décisionnaires de l’industrie musicale devront faire preuve de plus
d’inventivité, de pragmatisme, face aux nouvelles avancées technologiques. Pour couvrir cette
période de vache maigre, il va falloir être moins frileux qu’auparavant et ne pas hésiter à
diversifier les sources de revenus au maximum.
Les limites du mémoire

La réflexion avancée lors de ce mémoire de recherche connait des limites certaines. On


anticipe, par exemple, un retour à un système équilibré dans une des hypothèses, en assumant
le succès de la politique d’éducation du consommateur au niveau du processus d’achat
Internet. Ce qui est impossible à vérifier. De plus, toutes les innovations qui ont été connues
dans ce secteur se sont révélées pour l’énorme majorité infructueuses. Encore une fois, il est
impossible d’anticiper la réaction du consommateur, ce qui laisse des incertitudes rendant le
mémoire limité

Mais en dépit du potentiel plafonnement de la réflexion que l’on peut imputer à ce sujet, il
offre néanmoins des perspectives intéressantes. Nous pourrions par exemple nous pencher sur
les conséquences d’une répartition plus égale entre le secteur des télécoms et le secteur de la
musique, et l’impact de la gratuité sur l’industrie télécoms, connue pour être très peu
concurrentielle.
Annexes

Annexe 1 : Questionnaire quantitatif

Questionnaire : L’impact de la gratuité sur l’industrie musicale

L’attachement au support CD

1) Comment évalueriez vous votre degré d’attachement au CD?

Pas du tout élevé Plutôt pas élevé Plutôt élevé Très élevé

2) Seriez vous affectés par la mort du CD?

Non, pas du tout Non, plutôt pas Oui, plutôt Oui, beaucoup

3) Concevez vous que la musique puisse prospérer en dehors du support CD?

Non, pas du tout Non, plutôt pas Oui, plutôt Oui, tout à fait

4) L’écoute de musique passe t-elle obligatoirement par le support physique ?

Pas du tout d'accord Plutôt pas d'accord Plutôt d'accord

Tout à fait d'accord

5) A quel degré l’emballage d’un album est-t-il important pour vous ?

Pas du tout d'accord Plutôt pas d'accord Plutôt d'accord


Tout à fait d'accord
Utilisation et consommation de la musique

6) Utilisez vous toujours des CD?

Non, pas du tout Non, plutôt pas Oui, plutôt Oui, beaucoup

7) Le support disque vous semble-t-il aujourd’hui toujours pratique ?

Non, pas du tout Non, plutôt pas Oui, plutôt Oui, tout à fait

8) Avez-vous besoin d’une certaine mobilité lorsque vous écoutez de la musique ?

Non, pas du tout Non, plutôt pas Oui, plutôt Oui, tout à fait

9) Combien de temps consacrez-vous chaque jour à la musique ?

Nul Moins d'une heure Entre une et deux heures

Plus de deux heures

10) Ecoutez-vous de la musique dans de nombreux endroits ? (domicile, voiture, transports


en commun, travail etc.)

Non, pas du tout Non, plutôt pas Oui, plutôt Oui, tout à fait

Attentes des consommateurs

11) Comment jugez-vous votre attente vis-à-vis des artistes aujourd’hui ?

Nulle Plutôt faible Plutôt élevée Très élevée

12) Etes-vous attentif aux innovations en matière de musique ?


Non, pas du tout Non, plutôt pas Oui, plutôt Oui, beaucoup

13) L’industrie musicale répond-elle aujourd’hui à vos attentes ?

Non, pas du tout Non, plutôt pas Oui, plutôt Oui, tout à fait

14) Un CD peut-il encore adapté à vos attentes de consommateur ?

Non, pas du tout Non, plutôt pas Oui, plutôt Oui, tout à fait

15) Depuis 5 ans, estimez-vous satisfaisante la qualité générale des albums sortis ?

Non, pas du tout Non, plutôt pas Oui, plutôt Oui, tout à fait

Utilisation et perception du téléchargement

16) Avez-vous pour habitude de télécharger de la musique ?

Jamais Très peu De temps en temps Souvent

17) Le téléchargement est-il, selon vous, la principale cause de la disparition du CD ?

Non, pas du tout Non, plutôt pas Oui, plutôt Oui, tout à fait

18) Estimez-vous justifié le recours massif au téléchargement illégal ?

Non, pas du tout Non, plutôt pas Oui, plutôt Oui, tout à fait

19) Achetez-vous de la musique via des plateformes de téléchargement légal ?

Jamais Très peu De temps en temps Souvent


20) Selon vous, payer pour de la musique renvoi-t-il forcément à l’acquisition d’un produit
physique ?

Non, pas du tout Non, plutôt pas Oui, plutôt Oui, tout à fait

La perception du prix

21) Selon vous, le prix d’une chanson se justifie-t-il par sa qualité ?

Non, pas du tout Non, plutôt pas Oui, plutôt Oui, tout à fait

22) A votre avis, le prix d’un CD est-il toujours justifié aujourd’hui ?

Non, pas du tout Non, plutôt pas Oui, plutôt Oui, tout à fait

23) Estimez-vous satisfaisants les prix pratiqués sur les plateformes de téléchargement
légales ?

Non, pas du tout Non, plutôt pas Oui, plutôt Oui, tout à fait

Vision d’avenir de l’industrie musicale

24) A votre avis, l’avenir de la musique sera-t-il forcément numérique ?

Non, pas du tout Non, plutôt pas Oui, plutôt Oui, tout à fait

25) Seriez-vous prêt, dans l’intérêt de la survie de l’industrie musicale, à uniquement


consommer à l’avenir de la musique payante et légale ?

Non, pas du tout Non, plutôt pas Oui, plutôt Oui, tout à fait
26) Selon vous, la multiplication des artistes sur internet, est-elle une chose positive pour la
musique ?

Non, pas du tout Non, plutôt pas Oui, plutôt Oui, tout à fait

27) Sur le long terme, pensez-vous que l’industrie musicale pourra se relever de la crise qui
la touche actuellement ?

Non, pas du tout Non, plutôt pas Oui, plutôt Oui, tout à fait

Informations personnelles

Sexe :
Homme Femme

tranche d’âge?

Moins de 30 ans Entre 30 et 35 ans Entre 35 et 40 ans


40 ans et plus

Quelle est votre situation professionnelle?

Profession libérale Fonctionnaire Employé / Salarié Artisans


Cadre Cadre supérieur Autre
Annexe 2 : Support d’interview pour l’administration des entretiens avec les
professionnels

Voici nos 6 thèmes :

- La crise actuelle de l’industrie

- L’influence de l’avènement d’Internet dans l’industrie du disque

- Le téléchargement illégal

- Le prix de la musique

- L’avenir de l’industrie
Annexes :

Bibliographie :

 Gozzi Raymond (1998). « Metaphors in action », Hampton Press.


 Sok Borey (2007).  « Musique 2.0. Solutions pratiques pour nouveaux
usages marketing », Irma.
 Emmanuel Torregano « Vive la Crise du disque »
 Charlotte Dudignac et François Mauger « La musique assiégée »

Web

   www.fing.org
    www.media.generationmp3.com
 www.wikipedia.fr
 www.lex-electronica.org
   www.clubic.com
    www.20minutes.fr
 www.infos-du-net.com
 www.lentreprise.com
 www.zdnet.fr
 http://www.infos-du-net.com/actualite/6048-internet-musique.html
   http://www.clubic.com/actualite-89542-avenir-musique-internet.html
 http://www.lex-electronica.org/docs/articles_146.pdf
 http://www.zdnet.fr/actualites/internet/0,39020774,39377841,00.htm
 zikinf.fr
 evene.com

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