Avec la parabole des dix vierges, nous avons un autre excellent
moyen d’éprouver la solidité de notre argumentation. Question:
les cinq vierges folles, finalement rejetées, font pourtant bien partie de l’Eglise? Oui, sans aucun doute. Mais nous allons bientôt voir en quoi elles ne sont pas membres du corps du Christ, de l’Eglise en tant qu’épouse. Les cinq folles sont du peuple de Dieu au sens où en Israël comme dans les Eglises chrétiennes, chacun peut largement bénéficier des grâces du Seigneur: connaissance de la Bible, richesse d’un patrimoine et d’un héritage spirituel, culturel et même matériel, accès à certaines protections et valeurs morales, etc. Mais tout cela ne peut pas faire oublier qu’il y a toujours un moment où chaque membre du peuple de Dieu se sent invité à faire une démarche personnelle pour entrer dans une relation nouvelle avec le Seigneur. En Matthieu 25, la folie des cinq vierges consiste en une négligence pure et simple à effectuer ce pas décisif vers une connaissance personnelle et approfondie de Dieu. Ces cinq-là se contentent de garder tout l’héritage spirituel dans une petite lampe qui va les éclairer pour un temps! Leur folie gît dans l’absence de réserve, de communion vivante avec le Père et le Fils par le Saint-Esprit (l’huile), qui peut seul alimenter notre vie spirituelle, notre vie de prière! Toutes les vierges s’endorment quand la nuit est trop avancée… la seule différence réside alors dans la présence où l’absence de réserve qui symbolise cette relation personnelle à Dieu par le Saint-Esprit. L’Eglise, avec toute sa richesse spirituelle, ne saurait remplacer mon expérience, ni suppléer à mon manque d’obéissance. La déclaration finale « je ne vous connais pas » (v. 12) ne fait que révéler ce fait tragique: les vierges insensées, religieuses de tradition, mais tièdes de coeur, car imbues de leur qualité de membres du peuple de Dieu, n’ont jamais cherché une vraie relation personnelle avec lui. Après lui avoir trop longtemps fermé la porte de leur coeur, elles voient arriver le moment où, pour elles, la porte de la grâce se ferme à son tour.