LE

CHAMP MAGNETOSTATIQUE
5.1. Introduction 
Pendant des siècles, l'électricité et le magnétisme ont été considérés comme deux domaines sans lieu apparent. Il a
fallu attendre le 19ème siècle pour que ce lien soit enfin établi. En effet, il existe certains phénomènes de la nature qui
ne peuvent être interprétés par les lois de l'électricité ; par exemple, un morceau de fer est attiré par un aimant, deux
circuits électriques parcourus un courant électrique exercent l'un sur l'autre une force d'attraction ou de répulsion
dépendant de leurs positions et du sens des courants.
Ce chapitre présente l'interaction et l'analogie frappante qui existent entre le champ magnétique et le champ
électrique qui constitue en fait l'étude du champ électromagnétique.

5.2. Magnétostatique 
Un champ magnétique est toute région de l'espace où existent des forces magnétiques. Ces dernières sont dues à des
charges électriques en mouvement. Un champ magnétostatique peut se produire soit par un ensemble de charges en
écoulement stationnaire (courant continu), soit par un aimant permanent.

5.2.1. Loi de Biot et Savart(1) 
Considérons une boucle fermée parcourue par un courant continu . Celui-
ci crée autour de lui un champ magnétique:

(5.1)
4
Où : est le vecteur de position joignant l'élément de courant ⋅ au point
où on détermine . Cette relation constitue la loi de Biot et Savart (2).
P
Le champ magnétique total est donné par l'intégrale de la relation (4.1)
sur un contour fermé C de circuit :

(5.2)
4
Figure 5.1. La loi de Biot et Savart
Son sens peut être trouvé par la règle de la main droite ou de tire-bouchon

Figure 5.2. Principe de la règle de la main droite ou du tire-bouchon 

5.3. Champ d’induction magnétique 
Le champ d’induction magnétique est une grandeur vectorielle dépendant de l’espace (position) et du temps et du
milieu. Il est donné en Tesla3 [T] ou en [Wb/m2] par :

(5.3)
Où : est la perméabilité du milieu en [ / ]

(5.4)

1 Biot (Jean-Baptiste), physicien français (1774-1862), loi découverte avec Savart en 1820. Acad. sci. en 1803 et fr. en 1856.
Savart (Félix), physicien français (1791-1841), acousticien, académie des sciences 1827.
(2) Cette relation a été établie en 1820
3 Tesla (Nikola), ingénieur croate (1856-1943), inventa la machine asynchrone, les courants polyphasés, etc.

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Où est la perméabilité du vide : 4 10 [ / ] et la perméabilité relative du milieu.

La perméabilité magnétique d'un matériau est la faculté que possède ce matériau à canaliser l'induction magnétique,
c'est à dire à concentrer les lignes de champ magnétique et donc à augmenter la valeur de l'induction magnétique. Cette
valeur de l'induction magnétique dépend ainsi du milieu dans lequel il est produit.

Matériau Composition Perméabilité relative r Utilisation

Fer Armco Fer pur 10000 relais, électroaimant
Acier Si à 3 % 40000 à 50 000 inductances
Hypersyl transformateurs
Mumétal Ni à 80 % 70000 à blindages magnétiques
Permalloy C 130000 relais rapides
Acier au cobalt Co à 35 - 50 % 3500 tôles pour petites machines
Permendur V tournantes
Si le vecteur champ d’induction est identique en tout point de l’espace, le champ est dit uniforme.
Valeurs moyennes du champ d'induction magnétique B
Terre 0.3 µT électroaimant 0.1 à >T
Soleil 5 mT Aimant à supraconducteur > 10 T

C’est une grandeur vectorielle dépendant de l’espace (position) et du temps. Le champ d’excitation magnétique
s’exprime en ampères par mètre ( / ).

5.4. Lignes de champ magnétique 
Par définition, les lignes de champ du champ magnétique sont l'ensemble des courbes « en tout point » tangentes à .
Ces lignes relient les pôles magnétiques, et par convention on les oriente de sorte que les lignes de champ d'un aimant
entrent par le sud et ressortent par le nord.

Ligne de champ

Figure 5.3 Ligne de champ magnétique

Le vecteur champ d’excitation magnétique est tangent en tous points à une courbe orientée appelée ligne  de 
champ. Dans le cas d’un aimant, les lignes de champ sont orientées du pôle nord vers le pôle sud à l’extérieur de la
matière aimantée (ici le vide ou l’air).

5.5. Flux magnétique 
Le flux magnétique à travers une surface S ouverte quelconque
placée dans un champ magnétique est donné par (Fig.5.4) :
⋅ (5.5)
Le flux magnétique quantifie le nombre de lignes d'un
champ magnétique, traversant la surface S d'une matière. Il est
exprimé en Weber (1) [ ], et mesuré par un Fluxmètre.

Figure 5.4. Flux d’induction magnétique

Le flux magnétique peut être positif ou négatif selon le sens
d'orientation choisi pour . Un tube  d’induction  est l’ensemble
des lignes d’induction s’appuyant sur deux contours fermés ( ) et
( ) comme l’illustre la Figure 5.5 .

Figure 5.5 

1 Weber en hommage au physicien allemand Wilhelm E. Weber 1804-1891

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Puisque chaque ligne de qui pénètre à travers une surface fermée

doit nécessairement en sortir, il en résulte que le flux magnétique
est nul. Contrairement aux lignes de champ électrique, les lignes de
champ magnétiques ne partent d'aucun point et n'arrivent à aucun
point; elles se présentent plutôt sous forme de boucles (lignes
fermées).

Figure 5.6 
Ceci traduit une propriété essentielle du flux, à savoir qu’il est conservatif :

⋅ 0 (5.6)
C’est la conservation du flux magnétique.
En utilisant le théorème de la divergence (ou d'OSTROGRADSKY) pour transformer l'intégrale de surface en une
intégrale de volume.

⋅ ⋅ ⋅ 0 (5.7)
Comme la surface S est quelconque, l'intégrale de volume est nulle quel que soit le volume v.

⋅ 0 (5.8)
Cette équation représente la forme différentielle ou locale de la conservation du flux magnétique. Elle constitue l'une
des équations de Maxwell1.

5.6. Potentiel vecteur magnétique 
Puisque ⋅ 0, le vecteur peut s'exprimer comme le rotationnel d'un certain vecteur

(5.9)
Ce vecteur est appelé potentiel vecteur magnétique et il ne peut être entièrement défini par la seule relation (4.11).
en utilisant le théorème de HELMOLTZ qui stipule qu'un vecteur est complètement spécifié si, à la fois son rotationnel
et sa divergence sont connus. On peut choisir un vecteur dont :

⋅ 0 (5.10)
Ce choix est appelé jauge de Coulomb.

5.7. Théorème de Stokes 
Soit une surface ouverte s'appuyant sur un contour fermé . Le
théorème de Stokes stipule que « l'intégrale de la composante
tangentielle d'un champ de vecteurs , le long du contour est égale à
l'intégrale de surface de la composante normale de ».
Il relie la circulation d'un champ de vecteurs sur le contour fermé au
flux de vecteur à travers la surface .
⋅ ⋅ (5.11)

Si est le potentiel vecteur , le théorème de Stokes permet d'écrire :

⋅ ⋅ (5.12) Figure 5.7 

5.8. Théorème d'Ampère 
Le théorème d'Ampère s’énonce comme suit : « La circulation du vecteur champ magnétique (l’intégrale curviligne) le
long d’un contour fermé orienté par sa normale (règle du tire-bouchon) est égale au courant encerclé par le contour
». Le courant encerclé par est la somme algébrique des courants traversant la surface s’appuyant sur le
contour (C) ».

⋅ (5.13)

1 Maxwell (James Clerk), Physicien britannique (1831-1879).

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⋅ ⋅ (5.14)

(5.15)
Où représente la densité de courant traversant (donc le contour ).
La forme différentielle de la loi d'Ampère pour la magnétostatique indique que la densité de courant en tout point
de l'espace est proportionnelle au taux de variation spatiale du champ magnétique et est perpendiculaire au champ
magnétique à ce point.
Ce théorème fournit une méthode pour la détermination du champ magnétique . Pour cela, deux conditions sont
nécessaires :
1. En chaque point du contour fermé , doit lui être tangentiel ou normal ;
2. doit avoir la même valeur en tout point du contour auquel est tangentiel.

5.9. Conditions de passage entre 2 milieux magnétiques 
On considère deux milieux magnétiques 1 et 2 caractérisés par des Milieu 2: ;
perméabilités  et  respectivement (Fig. 5.8). Appliquons la
propriété de conservation du flux magnétique sous sa forme intégrale,
en choisissant une surface fermée S de forme cylindrique (placé de part
et d'autre de l'interface de dimensions infinitésimales.
Puisque est conservatif, c'est-à-dire les lignes de champ sont
continues.
⋅ 0

Milieu 1: ;
⋅ ⋅ ⋅ 0 (5.16)
. Figure 5.8 Conditions de passage entre 2 milieux
magnétiques 
Si et tendent vers zéro, donc :
⋅ →0
. é

Il reste ⋅ ⋅ 0 (5.17) 

Sachant que et  

or ⋅ 0 et ⋅ 0 puisque (5.18) 
.

Il reste ⋅ ⋅ 0 (5.19) 

0 (5.20) 

(5.21)
On en déduit que : La composante normale de la densité de magnétique est continue à l'interface entre deux milieux
magnétiques.
Puisque , il vient donc :

(5.22)
Examinons maintenant la condition au champ magnétique à la Milieu 2
traversée de l'interface. On applique le théorème d'Ampère sous sa
forme intégrale le long d'un contour rectangulaire (1,2,3,4) placé 1 2
de part et d'autre de la surface de séparation dépourvue de courant.

⋅ 0 (5.23) 4 3
Milieu 1

Figure 5.9 

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⋅ ⋅ ⋅ ⋅ ⋅ 0 (5.24)
Si les chemins 2; 3 et 4; 1 tendent vers zéro donc

⋅ → 0 ⋅ →0

Sachant que et (5.25)

or ⋅ 0 et ⋅ 0 puisque (5.26)

Il reste ⋅ ⋅ 0 (5.27)

⋅∆ ⋅∆ 0 (5.28)
(5.29)
On en déduit donc que : Au passage entre deux milieux magnétiques, la composante tangentielle de est continue

5.10. Forces magnétiques  
Lorsqu'une charge électrique Q se déplace dans une région où
existe un champ magnétique, la force, exercée sur elle, est
proportionnelle à la charge électrique Q, à sa vitesse et la
direction de la force est perpendiculaire à la vitesse de la charge
et au champ :

⋅ (5.30)

Figure 5.10 

: est appelé densité de flux magnétique créée par la charge Q. Le module de est donné par :

⋅ ( 5.31)
et de direction déterminée par la règle de la main droite.

5.10.1. Loi de Lorentz (1) 
Lorsque se déplace dans une région où coexistent les champs
électrique et magnétique, la force totale est donc la somme de
la force électrique et de la force magnétique
(5.32)
Cette force est appelée force de Lorentz  en .

Figure 5.11 

5.10.2. Loi de Laplace (2) 
Soit un conducteur parcouru par un courant et placé dans un champ d’induction magnétique. Il est soumis à une force
magnétique s’exerçant sur le conducteur est donnée:

(5.33)
est un élément de circuit dl placé dans un champ d’induction magnétique , parcouru par un courant i,

(5.34)

1Lorenz (Hendrik Antoon), physicien néerlandais (1953-1928).

2 Laplace (Pierre Simon, marquis De), astronome, mathématicien et physicien français (1749-1827). Académie des Sciences
1773 et Académie Française 1816.

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Figure 5.12. Déplacement dans un champ B 

Le sens de la force sur un conducteur parcouru par un courant
électrique et placé dans un champ d'induction magnétique est
déterminé en utilisant la Règle des trois doigts de la main droite telle
que :
 L'index indique le sens du courant
 Le majeur indique le sens de l'induction : Le majeur et l'index
forment un plan dont l'angle est naturellement de 90°.
 Le pouce indique le sens de la force électromagnétique : Le pouce
est naturellement à 90 ° par rapport au plan formé par et .
Figure 5.13. Règle des trois doigts

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