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Rappel du dernier cours

● Loi d'induction de Faraday


● Loi de Lenz – le champ induit s'oppose à la variation de flux
● Fem induite dans un fil en mouvement dans un champ magnétique
● Générateur de courant alternatif
● Transformateur : Vs / Vp = Ns / Np

P. Mermod, Université de Genève 1
Inductance (1)

Lorsqu’une bobine est parcourue par un courant électrique variable, le champ


créé dans la bobine par ce courant est variable. Or la loi d'induction nous dit
qu'une variation de champ magnétique donne lieu à un champ électrique et
donc induit une fem dans la bobine. La bobine est alors le siège d’une fem
auto-induite d’autant plus importante que le courant varie rapidement.
La loi de Lenz nous dit que la fem auto-induite doit s’opposer à la cause qui lui
donne naissance. Le courant ne s’établit pas instantanément lorsqu’on
applique une tension aux bornes d'une bobine. Le changement positif du
courant est freiné par un courant induit. De même, lorsqu’on interrompt le
circuit, le courant diminue progressivement, car sa diminution est contrecarée
par un courant induit. Ce processus d’auto-induction retarde l’augmentation et
la diminution de tout courant dans une bobine, et à un degré moindre dans tout
circuit, dans les cables, lignes de transmission etc.

Démo 242

P. Mermod, Université de Genève 2
Inductance (2)

Pour définir l’auto-inductance d’une bobine formée par N tours, notons que le
flux total est N·ΦM, où ΦM est le flux de champ magnétique à travers une seule
spire, proportionnel au courant I. On peut donc écrire :

La constante de proportionnalité L est l’auto-inductance (aussi appelée


simplement inductance ou self) de la bobine ou d’un circuit en général. En
quelque sorte c’est l'aptitude de la bobine à emmagasiner un champ
magnétique. C'est aussi une mesure de la résistance au changement de
courant. L’unité de l'inductance en SI est le Henry H. Une bobine traversée par
un flux de 1 Wb lorsqu’elle porte un courant de 1 A a une inductance de 1 H.
L’inductance L résume plusieurs caractéristiques du système, elle dépend de
la taille et de la forme de la bobine ainsi que du matériau qu’elle contient.

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QCM

Quel est le courant dans le circuit immédiatement


après la fermeture ?
A) Zéro
B) 0.1 A
C) 15 A

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QCM (réponse 1)

Quel est le courant dans le circuit immédiatement


après la fermeture ?
A) Zéro
B) 0.1 A
C) 15 A

Initialement, l'auto-inductance de la bobine annule le courant.


Quel est le courant dans le circuit longtemps après la fermeture ?
A) Zéro
B) 0.1 A
C) 15 A

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QCM (réponse 2)

Quel est le courant dans le circuit immédiatement


après la fermeture ?
A) Zéro
B) 0.1 A
C) 15 A

Initialement, l'auto-inductance de la bobine annule le courant.


Quel est le courant dans le circuit longtemps après la fermeture ?
A) Zéro
B) 0.1 A
C) 15 A
Le courant augmente progressivement, tandis que le champ magnétique se
stabilise au sein de la bobine. Au bout d'un certain temps, on a un champ
constant, donc pas de courant auto-induit, et le courant vaut I = V/R = 15 A.

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Inductance d'un solénoïde

On a : N·Φ = L·I, mais Φ = B·A car le champ B est homogène et


perpendiculaire à la surface A. Or, on a vu avec la loi d’Ampère que le champ
magnétique au sein d’un solenoïde est : B = μ·n·I (où n = N/l avec N le
nombre de tours et l la longueur).
Donc :

L'inductance (ou self) L ne dépend que des caractéristiques du solénoïde : sa


surface A, son nombre de tours par unité de longueur n, et sa longueur l.

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QCM

Soit deux longs solenoïdes, de longueurs l1 < l2, avec nombre tours par unité
de distance n et rayon R. Comparer les inductances des deux solenoïdes :
A) L1 > L2
B) L1 < L2
C) L1 ≃ L2

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QCM (réponse)

Soit deux longs solenoïdes, de longueurs l1 < l2, avec nombre tours par unité
de distance n et rayon R. Comparer les inductances des deux solenoïdes :
A) L1 > L2
B) L1 < L2
C) L1 ≃ L2

A et n sont les mêmes, et l'inductance est plus grande dans la bobine la plus
longue car c'est celle qui contient le plus de tours.

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QCM

Soit deux longs solenoïdes, de rayons R1 < R2, avec nombre tours par unité de
distance n et longueur l. Comparer les inductances des deux solenoïdes :
A) L1 > L2
B) L1 < L2
C) L1 ≃ L2

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QCM (réponse)

Soit deux longs solenoïdes, de rayons R1 < R2, avec nombre tours par unité de
distance n et longueur l. Comparer les inductances des deux solenoïdes :
A) L1 > L2
B) L1 < L2
C) L1 ≃ L2

N et l sont les mêmes, et A1 < A2 car R1 < R2, donc L1 < L2.

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Fem auto-induite

En applicant la loi d’induction de Faraday à l’auto-induction, on obtient une


expression pour la fem auto-induite moyenne :

Si l’inductance L est constante, Δ(L·I) = L·ΔI et :

La fem auto-induite instantanée est proportionnelle au taux de variation du


courant dans la bobine.

Le sens positif est celui de I. Une inductance de 1 H produit une fem auto-
induite de 1 V lorsque le courant qui la traverse varie à raison de 1 A/s. Si la
bobine elle-même a une résistance ohmique négligeable, il n’y a pas de chute
de tension notable due à sa résistance interne ; une mesure de la tension
entre ses bornes donne alors la fem auto-induite.

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Circuits RL (1)

Le circuit RL ci-contre est constitué d’une pile en


série avec une bobine d'inductance L et une
résistance R. La bobine et la pile sont supposées
avoir des résistances négligeable par rapport à R
(sinon, leurs résistances internes s’additionnent à R).
Dès que l’interrupteur est fermé, un courant croissant
commence à circuler dû à la fem de la pile, qui est
contrecarré par la fem auto-induite. La tension totale
à chaque instant est :

V, R et L sont constantes, mais I, ainsi que la tension


aux bornes de la bobine, augmente avec le temps.

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Circuits RL (2)

On a donc une équation différentielle, où la dérivée de I par rapport au temps


et proportionnelle à I lui-même (plus une constante) :
dont la solution est, comme on le voit souvent dans des systèmes physiques,
une exponentielle :

Avec constante de temps (temps pour que


l'exponentielle devienne e⁻¹)
Le courant varie fortement au départ et ensuite
de moins en moins, pour devenir constant
quand R·I → V. Cette analyse est analogue au
cas de la charge d’un condensateur.

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Bobine et condensateur
● Un condenstateur s'oppose à une variation de tension. Lorsqu'on ferme le
circuit, le courant est initialement maximum et diminue tandis que le
condensateur emmagasine de la charge (→capacité).
Charge d'un condensateur :

Décharge d'un condensateur :

● Une bobine s'oppose à une variation de courant. Lorsqu'on ferme le circuit,


le courant est initialement nul et augmente tandis que la bobine
emmagasine du champ magnétique (→inductance).
Charge d'une bobine :

Décharge d'une bobine :

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Exemple : petite et grande inductance

Soient deux circuits RL formés par une résistance de


100 Ω en série avec un inducteur de 10 H pour le
premier circuit et 1.0 H pour le second. On suppose
que les deux circuits sont branchés entre les bornes
d’une pile fournissant une tension constante V.
● Déterminer le temps nécessaire au courant pour
atteindre 63% de sa valeur maximale.
La constante de temps (temps pour avoir 1 - e⁻¹ = 63%
du courant) est τ = L/R, alors pour les deux circuits :

Le courant du circuit contenant le plus grand inducteur


met dix fois plus longtemps pour atteindre 63% de son
courant maximal que celui avec le plus petit inducteur.

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Inductance et courant alternatif

Une inductance ou self – typiquement une bobine


enroulée autour d’un cyclindre vide ou rempli d’un
corps ferromagnétique – est un élément conçu
pour introduire une auto-inductance dans un
circuit. Une inductance s’oppose à un courant
alternatif mais laisse passer sans entrave un
courant continu (constante de temps τ = L/R pour → basses fréquences
laisser passer 63% du courant). Ainsi, cette
“résistance au courant alternatif” ou impédance
augmente à la fois avec la fréquence f du courant
et avec l’inductance L.
Par conséquent, l'inductance est souvent utilisée
pour filtrer les courants oscillants, ne laissant
passer que les fréquences inférieures à la
fréquence de coupure fc = 1/τ = R/L. Ce filtre est
beaucoup utilisé en électroacoustique (HiFi, radio,
etc.). woofer

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Condensateur et courant alternatif

À l'inverse, un condensateur s'oppose à un


courant continu (constante de temps τ = RC
pour ne plus laisser passer que 37% du
courant). Il laisse par contre passer un courant
alternatif à haute fréquence.
Le condensateur se comporte donc comme un → hautes fréquences
filtre ne laissant passer que les fréquences
supérieures à la fréquence de coupure fc = 1/τ
= 1/RC.

Démo 264

tweeter

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Circuit RLC

Si on met un condensateur (capacité C) et une bobine (inductance L) dans le


même circuit, on observe un phénomène intéressant: le courant va se mettre à
osciller de l'un à l'autre. Si on résout les équations pour ce système physique,
on obtient un oscillateur harmonique avec une fréquence de résonance:

(avec ω0 en radians par seconde, ω0 = 2πf0)

Un tel circuit n'admet que des fréquences


égales ou proches de ω0 (et supprime les
autres): ainsi on obtient par exemple un tuner,
un élement important des récepteurs radio.

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Circuit RL après ouverture

Si après avoir établi le courant dans un circuit,


on ouvre l’interrupteur, le courant diminue
graduellement, prolongé par la fem auto-
induite. Encore une fois, la diminution est
exponentielle, régie par la même constante de
temps L/R que l’augmentation du courant lors
du branchement.
Alors, d’où vient alors l’énergie qui alimente le
courant après l’ouverture de l’interrupteur ? Il
est clair que ce ne peut pas être la pile
débranchée qui la fournit. La résistance n’est
pas un candidat non plus, car elle dissipe de
l’énergie sous forme de chaleur, par effet
Joule, mais ne sait pas en stocker. Le seul
candidat est alors l’inductance, qui
l’emmagasine sous forme d’énergie contenue
dans le champ magnétique.
Démo 248

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Rappel : énergie du champ électrique

Nous avons vu que l’énergie emmagasinée


Ep dans un condensateur chargé est
proportionnelle au carré du champ électrique
E entre ses armures :

On peut penser que cette énergie est uniformément distribuée dans le volume
A·d qu’occupe le champ uniforme. Nous introduisons le concept de densité
volumique d’énergie uE, c’est-à-dire de l’énergie électrique par unité de volume,
égale à EP/(Ad) :

L’énergie électrique est localisée aux mêmes endroits de l’espace que le


champ électrique, avec une densité proportionnelle à E².

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Énergie du champ magnétique (1)

Une situation analogue existe quand une pile est branchée aux bornes d’une
inductance L pour établir un champ magnétique. À un instant donné, elle
débite un courant I. Pour surmonter la fem auto-induite ƐL = -L(ΔI/Δt), elle
fournit une puissance P = -ƐL·I. Pendant un intervalle de temps Δt, elle doit
fournir à la bobine un travail ΔW :

Le travail par variation de courant est donc

En intégrant, on obtient le travail pour établir un courant I dans une self


d’inductance L :

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Énergie du champ magnétique (2)

C’est aussi l’énergie potentielle magnétique emmagasinée dans l’inducteur :

Dans le cas d’un long solénoïde de longueur l, dont l’inductance est L =


N·B·A/I, le champ à l’intérieur est B ≃ μ0·N·I/l. L’énergie est donc

Le volume de la bobine, A·l, est occupé par un champ uniforme, la densité de


l’énergie du champ magnétique est :

Soit L’énergie manétique est localisée aux mêmes endroits de l’espace que le
champ magnétique, avec une densité proportionnelle à B².
Bien que cette formule soit établie ici dans le cas d’un long solénoïde, sa
validité est générale. Ainsi les champs électriques et magnétiques (classiques)
apparaissent comme continus, pouvant emmagasiner, transférer et même
transporter de l’énergie.

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Récapitulation: densité d'énergie d'un champ

u est l'énergie par unité de volume, en Joules par m³


● Champ électrique, par exemple entre deux plaques portant une charge
électrique (condensateur):

● Champ magnétique, par exemple au sein de spires conduisant un courant


électrique (bobine ou solénoïde):

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Imagerie par Résonnance Magnétique (IRM) (1)

Cette méthode est basée sur l’interaction du moment


magnétique de spin du proton de l’H2O dans le corps, avec
2 champs magnétiques externes, l’un statique B0 et l’autre,
B1(ω), oscillant à la fréquence ω. Nous allons adopter une
approche très simplifiée et une vision classique.
Classiquement, le proton « tourne sur lui-même », et
comme il est chargé et massif, il dispose d’un moment
magnétique de spin et d’un moment cinétique L

Appliquons un fort champ magnétique statique B0 (typiquement ~1.5 T). Celui-


ci engendre un moment de force sur les protons, qui va aligner
leurs spins au champ magnétique.

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Imagerie par Résonnance Magnétique (IRM) (2)

Le spin ne sera pas parfaitement aligné au champ. À l’instar d’une toupie qui
tourne sur elle-même et qui subit la force de gravité, le moment cinétique L du
proton effectue un moment de précession autour de B0.

ωLest appelée fréquence de Larmor, et correspond à la vitesse angulaire à


laquelle le moment cinétique et le moment magnétique tournent autour de B0.

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Imagerie par Résonnance Magnétique (IRM) (3)

Appliquons à présent un champ magnétique oscillant B1, perpendiculaire à B0.


Si la fréquence du champ correspond à la fréquence de Larmor, on entre en
résonance avec le proton, et son moment magnétique peut être basculé vers
le bas. C’est la résonance magnétique nucléaire.

Le champ oscillant, à la bonne fréquence


correspondant à des ondes radio, inverse donc le
moment magnétique des protons. Lorsque l'on coupe
le champ oscillant, les protons reviennent en position
alignée au champ B0 et ce faisant émettent des ondes
radio. Ces ondes émises sont détectées et nous
renseignent sur la présence d’eau (atomes
d'hydrogène et donc protons) à l’endroit sondé.

On scanne le corps point par point. Comme la fréquence de Larmor dépend


de l'intensité de B0, on fait des variations spatiales de B0 pour associer
chaque position à une fréquence de Larmor distincte et obtenir une image en
trois dimensions.

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QCM

Le champ magnétique statique B0 d'un IRM doit être puissant afin d'aligner
les spins des protons. Il est souvent généré par un électroaimant
supraconducteur. Quelle est la valeur typique du champ ?
A) 0.15 T
B) 1.5 T
C) 1500 T

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QCM (réponse)

Le champ magnétique statique B0 d'un IRM doit être puissant afin d'aligner
les spins des protons. Il est souvent généré par un électroaimant
supraconducteur. Quelle est la valeur typique du champ ?
A) 0.15 T
B) 1.5 T
C) 1500 T

Les aimants
supraconducteurs
modernes peuvent
produire des champs
magnétiques allant
jusqu'à plusieurs Tesla
(suffisant pour
perturber un
Terminator de type
T-3000).

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Imagerie par Résonnance Magnétique (IRM) (4)

● Prix Nobel de Médecine 2003 (Lauterbur et Mansfield)


● Sensible aux tissus mous
● Moins précis que les rayons X
● Beaucoup moins nocifs que les rayons X

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