Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Espacepolitique 5591
Espacepolitique 5591
Édition électronique
URL : http://journals.openedition.org/espacepolitique/5591
DOI : 10.4000/espacepolitique.5591
ISSN : 1958-5500
Éditeur
Université de Reims Champagne-Ardenne
Référence électronique
Frédéric Lasserre et Catinca Adriana Stan, « Guerres coloniales et commémoration : le cas des
défaites occidentales. Enjeux de pouvoir sur des lieux de mémoire », L’Espace Politique [En ligne], 36 |
2018-3, mis en ligne le 01 juin 2019, consulté le 24 octobre 2019. URL : http://
journals.openedition.org/espacepolitique/5591 ; DOI : 10.4000/espacepolitique.5591
Les contenus de L’Espace politique sont mis à disposition selon les termes de la Licence Creative
Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modification 3.0 France.
Guerres coloniales et commémoration : le cas des défaites occidentales. Enjeu... 1
Guerres coloniales et
commémoration : le cas des défaites
occidentales. Enjeux de pouvoir sur
des lieux de mémoire
Colonial wars and commemoration: the case of Western defeats. Power stakes on
places of memory
1 Nous assistons aujourd’hui à une résurgence des discours sur le passé, qui échappe aux
seuls historiens autant par l’éventail des usages publics de l’histoire (Habermas, 1988),
que par la légitimation du témoin, celui qui a traversé une expérience directe ou
indirecte en lien avec le passé raconté : on peut penser, par exemple, à la prolifération
des discours sur l’autochtonie des Albanais au Kosovo (Lasserre et al, 2016), ou la
promulgation récente de lois mémorielles en Pologne et en Ukraine (Clarini, 2018).
Certes, la mémoire et l’histoire entretiennent des relations tendues depuis la fin du
Moyen Âge, quand l’historien commence à ne plus raconter sous forme de chroniques
l’histoire immédiate qui l’englobe ou qui le concerne, mais l’histoire refroidie,
lointaine, à l’aide d’une discipline historique qui se professionnalise (Dosse, 1998) et qui
a désormais recours à l’analyse méthodique des traces du passé. L’avènement du
discours mémoriel brouille l’intelligibilité de l’histoire et en vient à produire une
multitude de récits parfois directement concurrents (Joutard, 2013), tandis que ce poids
croissant de pratiques mémorielles vient renforcer l’importance politique d’une
commémoration ancrée sur les lieux de mémoire, et donc traduisant des enjeux de
contrôle de ces lieux et de leur valorisation (Lazzarotti, 2001 ; Foucher, 1991).
2 Pour illustrer ces enjeux mémoriels, nous proposons ici d’examiner le traitement
commémoratif de six batailles livrées dans le cadre des conquêtes coloniales (donc
avant l’épisode des guerres de libération menées au XXe siècle), afin de souligner les
enjeux historiques, mais aussi géopolitiques de ces monuments. Les victoires des
peuples conquis durant la phase de conquête coloniale1 sont peu nombreuses, comme
l’a confirmé une recherche documentaire. Celles qui ont été retenues reflètent des
affrontements à différentes périodes, de la fin du XVIII e siècle jusqu’en 1921. Il s’agit
d’engagements de plus de 1 000 combattants (excluant donc la guérilla), dans lesquels
les conquérants occidentaux pensaient disposer d’une supériorité matérielle
déterminante, et faisant l’objet d’un traitement mémoriel en tant que batailles, c’est-à-
dire des affrontements militaires significatifs. Enfin, ces batailles, qui parfois ont eu des
répercussions sociales importantes, sont l’objet de pratiques mémorielles très diverses 2,
reflets d’enjeux géopolitiques propres différents : c’est cette diversité qui nous
intéresse ici. Ces batailles sont souvent peu connues, et leur héritage mémoriel, social
et politique, peu étudié dans la littérature, surtout dans une approche comparative.
Pourtant, elles ont été instrumentalisées tout autant que les guerres de libération, et
cela de diverses manières, dans la construction de discours politiques et de lieux de
mémoire. Quels discours ont-elles permis de construire ? Quelles disparités dans les
modes de commémoration peut-on observer, et quelles tensions contemporaines cela
traduit-il ? La première partie de cet article abordera, de manière théorique, la
construction des discours mémoriels ainsi que les enjeux politiques liés à la
commémoration. Dans une deuxième partie, nous analysons le traitement mémoriel
des six batailles, afin de saisir la manière dont les sociétés fabriquent, s’approprient et
instrumentalisent ces événements, pour enfin proposer une typologie de ces batailles
afin de souligner la diversité des enjeux politiques et de l’instrumentalisation politique
de ces lieux de mémoire. Compte tenu de la quasi-inexistence d’études sur ce sujet, cet
article traduit une démarche exploratoire et comparative, basée sur l’analyse de la
littérature scientifique et médiatique et sur un corpus de sources bibliographiques,
médiatiques et numériques. Certains éléments de cet article ont été présentés dans
Lasserre 2016.
3 L’histoire est souvent écrite par les vainqueurs, qui imposent alors leur interprétation
des événements et leur vision des vaincus (Goody, 2006). Ce constat souligne le poids
des représentations dans le discours historique dominant, non qu’il soit forcément
délibérément biaisé, mais parce que les historiens se heurtent à la difficulté de se
détacher de leurs propres représentations et préjugés, quand le discours historique
n’est pas délibérément manipulé par les pouvoirs publics (Stan, 2013). Le discours
historique est rédigé par des narrateurs ou chercheurs humains, donc dotés de
représentations propres qui viennent teinter tout discours, fût-il animé d’une quête
scientifique (Lasserre, Gonon et Mottet, 2016), mais aussi parce qu’il représente un
enjeu politique : définir le discours historique permet de légitimer la lecture et les
conditions du vainqueur, et cet enjeu3 permet de comprendre l’importance accordée
souvent au contrôle des recherches historiques et archéologiques (Lasserre, 1996 ;
Payot, 2010).
4 Ce fait est important à garder à l’esprit, dans un contexte de « poussée mémorielle »
(Joutard, 2013), de désir croissant, des pouvoirs publics comme du public, de célébrer
des événements du passé, car, si ce besoin de mémoire intervient en partie en réaction
face à un discours historique jugé désincarné, détaché des réalités perçues des
populations, voire entaché d’erreurs et d’oublis, la célébration d’événements du passé
qui en découle n’est pas davantage garante d’une objectivité, aussi chimérique que le
discours historique passé : toute commémoration, tout discours mémoriel est aussi
affecté par le biais fondamental de la mémoire, faite de sélection, d’oublis et de
distorsions. La commémoration est ainsi une activité sociale et politique de re-
construction du passé (Wyllie, 2014).
5 Sur le plan épistémologique, on assiste à un double intérêt des historiens, d’une part
pour davantage prendre en compte les perceptions, les vécus des individus, et étudier
quels sont les lieux, les événements spécifiques qui aujourd’hui, de manière très
subjective, sont inscrit dans la mémoire collective4 ; et d’autre part de prise en compte
du fait que l’histoire est un discours, forcément orienté, en général écrit par les
vainqueurs (Veyne, 1971 ; Goody, 2006).
6 Ce souci de mémoire se nourrit donc d’une réaction par rapport à une histoire qui a pu
gommer, du moins le perçoit-on, la perception de groupes minoritaires. Mais il se
nourrit également d’un nouveau rapport au temps et à la manière dont on peut
s’insérer, en tant que groupe historiquement marginalisé, dans le temps long de
l’histoire (Hartog, 2003).
7 Si nous sommes aujourd’hui dans l’abus de la mémoire (Todorov, 1995 ; Lefebvre, 2000 ;
Nora, 2011), qui s’exprime souvent par une mémoire manipulée, mémoire empêchée ou
abusivement convoquée (Ricœur, 2000) lors des commémorations des événements
passés, c’est aussi parce que ces rites sociaux permettent de produire un effet mémoriel
du passé. En effet, « assister, c’est prendre part. […] Être spectateur est donc une
manière authentique de prendre part » (Gadamer, 1976 : 51). Les individus qui
célèbrent ont donc l’impression de faire partie de l’histoire de leur communauté et de
s’inscrire dans une continuum passé présent. Pourtant, plusieurs aspects distinguent la
mémoire de l’histoire.
8 La mémoire n’est pas soumise à l’impératif de la vérité et à l’exigence critique.
N’entretenant qu’un lointain rapport avec la réalité du passé (Bonniol, 2008), elle est
souvent orientée et instrumentalisée en fonction des débats politiques et sociaux
contemporains. La mémoire n’est pas l’Histoire, c’est même souvent le contraire, selon
Paul Garde (Tertrais 2017). La mémoire divise et l’Histoire seule réunit (Nora, 2006).
9 La mémoire collective désigne l’inscription dans l’histoire d’un groupe concerné. Selon
la définition du sociologue français Maurice Halbwachs, la mémoire est collective non
seulement parce que plusieurs personnes partagent les mêmes représentations sur le
passé, mais aussi parce que la société structure la mémoire et les souvenirs des
individus. Il s’agit des cadres sociaux de la mémoire (Halbwahcs, 1994). Il y a donc une
mémoire collective et une multiplicité de mémoires individuelles, reliées par les cercles
concentriques de la mémoire : mémoires individuelles, mémoires familiales, mémoires
de groupe, mémoires nationales (Halbwachs, 1994). La mémoire donc joue à la fois le
rôle de faculté de réactiver, mais aussi et surtout de tradition partagée (Comet, Lejeune et
Maury-Rouan, 2008 : 20).
10 Les événements qui font l’objet d’un discours mémoriel sont souvent, à l’origine, des
événements violents et controversés. Ce que nous célébrons sous le titre d’événements
fondateurs, ce sont pour l’essentiel des actes violents légitimés après coup par un État
de droit précaire, légitimés, à la limite, par leur ancienneté même, par leur vétusté. Les
mêmes événements se trouvent ainsi signifier pour les uns gloire, pour les autres
humiliation (Ricœur, 2000 : 99)
11 Les sociétés commémorent souvent des événements qui constituent déjà des enjeux du
présent, dans une quête qui va au-delà de la reconnaissance formelle des blessures
qu’elles ont subies dans le passé. Au nom de la justice sociale, elles demandent une
réparation du passé. Or, comme le souligne Tzvetan Todorov, « Le devoir de mémoire
est le devoir de rendre justice, par le souvenir, à un autre que soi. […] La victime dont il
est ici question, c’est la victime autre, autre que nous » (Todorov, 1995 : 108).
13 Dès lors, le lieu de mémoire commémorant une bataille est investi d’une forte valeur
politique dans la mesure où il souligne l’issue d’un affrontement militaire, ou encore
parce qu’il souligne le rôle de tel ou tel acteur dans le conflit. Plus encore, ce lieu
hautement symbolique devient un élément structurant de l’espace public. Il constitue
un repère signifiant où peuvent s’affirmer des positions politiques ou sociales (Sniter,
2004).
14 Le lieu de mémoire peut, de plus, être investi d’une valorisation touristique, laquelle
peut avoir une fonction politique. Au-delà de la valorisation économique, très présente
à partir du début des années 1990 pour les monuments de la Première Guerre mondiale
en France par exemple (Hertzog, 2014), la mise en tourisme de lieux de
commémoration, dans le cadre de l’essor du tourisme dit de mémoire (Jacquot et al,
2018) peut viser la confirmation, la caution des motivation politiques de
l’aménagement du site (Lazzarotti, 2001) ou encore une réconciliation idéalisée entre
les peuples (Hertzog, 2012).
Sources : Sugden, J. (2000), Blue Jacket : Warrior of the Shawnees, Lincoln, University of Nebraska
Press; Edel, W. (1997) Kekionga! : the worst defeat in the history of the U.S. Army, Westport, Praeger;
Buffenbarger, T (2011). St. Clair's Campaign of 1791: A Defeat in the Wilderness That Helped Forge
Today's U.S. Army. U.S. Army Heritage and Education Center; Eckert, A. (1995), That Dark and Bloody
River, New York : Bantam; Thomas, R. (2016), Indian Casualties of the Little Big Horn Battle,
www.littlebighorn.info/Articles/IndianCasualties.pdf; Philbrick, N. (2010). The Last Stand: Custer, Sitting
Bull, and the Battle of the Little Bighorn, Viking; Urwin, G. (2019). Battle of the Little Bighorn,
Encyclopedia Britannica, www.britannica.com/event/Battle-of-the-Little-Bighorn; Knight, I. (2002).
Isandlwana 1879: The Great Zulu Victory, Londres : Osprey; Knight, I. (2003). The Anglo-Zulu War. Osprey;
Lock, R., & Quantrill, P. (2015). Zulu victory: the epic of Isandlwana and the cover-up. New York : Frontline
Books; Pollard, T. (2002). The Mountain is their Monument. In Doyle, Peter; Bennett, Matthew R. Fields
of Battle. Kluwer Academic Publishers, p. 118-131; Morris, D. (1998). The Washing of the Spears: A
History of the Rise of the Zulu Nation under Shaka and Its Fall in the Zulu War of 1879. Johannnesbourg : Da
Capo Press; Snook, M. (2006). Like Wolves on the Fold: The Defence of Rorke's Drift. Londres : Greenhill
Books; Brown, P. et Yirgu, F. (1996) The Battle of Adwa 1896, Chicago: Nyala; Jonas, R.A. (2011) The
Battle of Adwa: African Victory in the Age of Empire, Bellknap Press; Pando, J. (1999). Historia Secreta del
Annual. Madrid: Temas de Hoy; La Porte Fernández-Alfaro, P. (2003). El desastre de Annual y la crisis de
la Restauración en España (1921-1923), Universidad Complutense de Madrid, Servicio de Publicaciones;
Francisco, L. M. (2014). Morir en África: la epopeya de los soldados españoles en el Desastre de Annual.
Barcelona: Crítica; Etat-major des armées- Service historique (1939). Les armées françaises dans la
Grande guerre. Tome IX. 9,3; Voinot, L. (1939). Sur les traces glorieuses des pacificateurs du Maroc.
Charles-Lavauzelle et Cie; Drouin, J. (1975). Un Cycle oral hagiographique dans le Moyen-Atlas
marocain. Paris : Publications de la Sorbonne.
* Grandes divergences dans les sources : F. Caballero Poveda (1984). La Campaña del 21 en cifras
reales (I) et (II), Ejército, n°522 et 523 ; D. Bloxham, A. Dirk Moses (2010). The Oxford Handbook of
Genocide Studies, Oxford Univ. Press.
24 Ainsi, les batailles de Wabash et de Little Big Horn, à des degrés divers, étaient bien
retracées dans l’historiographie américaine, mais du point de vue américain : la bataille
de Wabash était plus connue sous le nom de St.Clair’s Defeat, du nom du général qui
commandait les forces américaines lors du désastre militaire 6. La bataille de Wabash est
l’objet de peu d’attention mémorielle : on relève ainsi quelques panneaux à vocation
historique installés par la Société Historique de Fort Recovery, ou par l’association
privée Ohio Historical Society, qui viennent en écho à la victoire de Fort Recovery de
1794 (fig. 1 à 3), mais elle est largement tombée dans l’oubli (Feng, 2014 ; Calloway,
2015).
Source : Dale K. Benington, 5 juin 2009. Avec la permission de HMdb (Historical Markers database),
www.hmdb.org/Marker.asp?Marker=19950
Source : Dale K. Benington, 5 juin 2009. Avec la permission de HMdb, www.hmdb.org/
PhotoFullSize.asp?PhotoID=68673
Fig. 3 - Panneau historique, Wayne’s Victory, écho à St. Clair’s Defeat, 2003.
Source : Dale K. Benington, 5 juin 2009. Avec la permission de HMdb, www.hmdb.org/marker.asp?
marker=20333
En revanche la bataille de Fort Recovery, victoire américaine en juillet 1794, est célébrée depuis 1913
avec l’inauguration d’un monument à la mémoire des soldats américains tués, décidé en 1908 par le
président Taft7 et financé par le Congrès (Keller et al, 2011) (fig. 4)8, puis la construction d’un musée9,
et même l’organisation de célébrations commémoratives (Kincald, 2013) le jour du Souvenir
(Memorial Day10). Le 11 septembre 2016, la date n’étant pas fortuite, a été inaugurée la place des
Vétérans de Fort Recovery11 non loin du monument inauguré en 1913. La perspective est résolument
américaine : la défaite est mentionnée sous le nom du général américain (St. Clair’s Defeat), la victoire
souligne celle de son collègue Wayne et l’effacement de la « pire défaite » de l’armée américaine (Edel,
1997) grâce à la victoire du fort Recovery (= récupération, rétablissement). A travers ces lieux et
cérémonies, il s’agit de commémorer la lutte difficile, puis la victoire finale des États-Unis dans la
guerre indienne du Nord-ouest (1790-1794), soulignée par le traité de Greenville de 1795 qui permit
l’annexion d’une grande partie de l’Ohio.
Fig. 4. Monument aux morts américains, batailles de Wabash et de Fort Recovery. 1913.
Source : Johnson Mechanical, avec permission, www.johnsonmechanical.net/ft-recovery-oh-heating-
air-conditioning-contractor/
entre le nom amérindien Greasy Grass et le nom centré sur la tragédie du 7 e régiment,
Custer’s Last Stand. Le décret de 1991 prévoyait également l’édification d’un monument
à la mémoire des combattants amérindiens, proche du mémorial au 7 e régiment
(Janiskee, 2008). En 2003, le Service des Parcs Nationaux a inauguré 16 un monument
d’inspiration nettement amérindienne, en mémoire des combattants amérindiens tués
lors de l’affrontement17 (fig. 6), signe du changement radical décidé en 1991 dans
l’approche de la commémoration de la bataille, plus inclusif et rendant hommage aux
morts des deux camps. « Avec un nouveau mémorial indien, le site de Custer’s Last
Stand [sic] attire les descendants des vainqueurs comme des vaincus » 18. De style très
différents, les deux monuments se trouvent à quelques dizaines de mètres l’un de
l’autre, dans le parc national, de part et d’autre de la route conduisant au musée. Une
ouverture dans le mur situé à l'extrémité sud du mémorial amérindien offre aux
visiteurs une vue directe sur le monument de 1881 : les deux monuments sont donc
conçus pour se compléter plutôt que pour rivaliser, et souligner le thème du mémorial,
« La paix par l’unité ».
27 Ce nouveau monument n’a pas été du goût de tous : des protestations se sont élevées,
faisant valoir le coût bien supérieur du monument moderne en mémoire des
Amérindiens (2,3 millions $) (Reece, 2005), ou exprimant la frustration de voir un
monument aux morts amérindiens érigé près des tombes des soldats américains
(Brooke, 1997 ; Reece, 2005).
Source : TripAdvisor, avec permission.
Source : Wikipédia Commons, https://commons.wikimedia.org/wiki/
File:Indian_Monument_at_Little_Bighorn_Battlefield_National_Monument.JPG
Source : Google Art project – et Wikipédia Commons.
Source : Wikipedia commons, https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_d%27Isandhlwana#/media/
File:Isandhlwana.jpg
politiquement acceptable dans une Afrique du Sud elle aussi sensible au mouvement de
poussée mémorielle, et en pleine mutation socio-politique suite à l’abolition de
l’apartheid en 1991. Pour des raisons politiques, l’Afrique du Sud post-apartheid ne
pouvait n’exposer que des monuments aux morts blancs sur ce site. Il n’a donc jamais
été question d’éliminer les monuments britanniques, mais de les compléter avec un
mémorial pour les Zoulous dans les deux parcs de l’État du KwaZulu Natal. Il s’agit là
d’un choix politique qui n’allait pas de soi, car les monuments commémoratifs, enjeux
géopolitiques, sont parfois délibérément détruits, comme en Namibie où le
gouvernement a éliminé la statue du cavalier allemand, hommage aux soldats
allemands morts lors de la répression coloniale de 1904-1908, pour la remplacer par
une statue aux victimes du massacre des populations locales (Becker, 2018). En 1999, un
nouveau monument en mémoire des combattants zoulous morts a ainsi été inauguré
par les autorités de l’État du KwaZulu21 sur le site d’Isandlwana (fig. 13), puis un autre
sur le site de Rorke’s Drift en 2005 (fig. 14). Les monuments aux morts britanniques
sont de style très classique, colonnes cénotaphes honorant le souvenir des soldats tués,
tandis que les monuments contemporains sont d’inspiration résolument africaine. À
Isandlwana, le monument moderne est situé sur le champ de bataille, non loin des
multiples cénotaphes britanniques; à Rorke’s Drift, il a été placé non loin du cénotaphe
britannique et du musée, sur le terrain de l’église autrefois assiégée.
Source : Roger de la Harpe ; avec l’autorisation d’Isibindi Africa Lodges - www.isibindizululodge.co.za/
about-us/the-battle-of-isandlwana/isandlwana-graves/
Source : Nicolas Billington; avec la permission de Shutterstock.
Source : avec la permission d’Audley Travel, www.audleytravel.com/ie/blog/2010/february/top-five-
battlefields
Source : Roger de la Harpe ; avec l’autorisation d’Isibindi Africa Lodges.
La sculpture en bronze représente un collier offert aux guerriers en reconnaissance de leur courage,
appelé iziqu.
Source : Gavin Ford avec la permission d’Africa Inscribed Safaris, www.africainscribed.travel/explore/
wp-content/uploads/2013/12/DSC_4968.jpg
Source : Roger de la Harpe ; avec l’autorisation d’Isibindi Africa Lodges.
32 La bataille d’Adoua est célébrée le 1er mars de chaque année par le gouvernement
fédéral éthiopien : le pouvoir commémore ainsi activement un lieu de mémoire fort
dans le discours historique du pays à travers le jour férié de l’Adwa Day, le « symbole de
la lutte pour la liberté » qui permet aussi à l’Éthiopie de se poser en porte-étendard de
la résistance africaine à la conquête européenne du XIXe siècle 26 (Milkias et Metaferia,
2005 ; Jones, 2011) et qui alimente les discours sur la tradition éthiopienne de résistance
à l’adversité, face notamment à l’hostilité contemporaine perçue de la part de l’Égypte
ou de l’Érythrée.
33 Plusieurs monuments ont été érigés en souvenir de l’événement, ou de la bataille de
Dogali livrée en 188727. Du côté italien, une croix (non datée) avec une inscription en
italien se trouve dans un cimetière à Adoua (fig. 15.). Les Italiens ont installé deux
mémoriaux militaires, un érigé en 188928 en mémoire des morts de Dogali (fig. 16), un
autre en 1939 à Daero Kunat en territoire érythréen (fig. 17) pour rendre hommage aux
morts italiens de la bataille d’Adoua, soit après la conquête italienne en 1936. Les deux
mémoriaux sont encore de nos jours entretenus par les autorités militaires italiennes 29
avec l’aval des autorités érythréennes. Il serait intéressant d’explorer les raisons de cet
accord érythréen dans le cadre de la rivalité avec l’Éthiopie.
Fig. 15. Croix commémorative des morts italiens lors de la bataille d’Adoua; cimetière d’Adoua
(Éthiopie).
« Aux [soldats] tombés. Adoua 1896. Nous ne devons pas oublier ».
Source : A. Davey, Wikipédia Commons, https://commons.wikimedia.org/wiki/
File:Adua_Memorial,_or_The_Folly_of_Imperialism_(3130882917).jpg
Source : Wikipedia Commons, https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/ef/
Dogali_Monument.jpg.
Fig. 17. Monument aux morts de Daero Kunat (Érythrée) commémorant la bataille d’Adoua, 1939.
Source : Andrea Moroni, www.flickr.com/photos/bandytam/16356245681, avec permission.
34 Signe du traumatisme que ces deux défaites ont provoqué dans les représentations
collectives italiennes, un monument en commémoration de la bataille de Dogali a aussi
été érigé à Rome (voir fig. 18), participant à une pesante tragédie des « glorieuses
défaites », Custoza, Lissa, Dogali, Adoua, Caporetto (Vidotto, 2000) qui a fini par trouver
son succès dans la victoire de Vittorio Veneto (1918) puis la conquête de l’Éthiopie lors
de la 2e guerre italo-éthiopienne (1935-36). La bataille a été rapportée par les médias
internationaux, dont le New York Times, suscitant de vives réactions chez les
Occidentaux, allant du choc à la colère outragée (Giorgis, 2015). La mémoire, du côté
italien, a présenté la bataille comme une cruelle tragédie, que l’opinion a cherché un
temps à oublier avant que le régime fasciste de Mussolini ne la ravive, afin de chercher
sa revanche dans l’invasion de l’Éthiopie en 1935 (Triulzi, 2003).
Source : Wikipédia Commons, https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/8/86/
Monumento_a_Dogali.jpg
35 Des monuments ont également été érigés par le gouvernement éthiopien. Il est
question d’un monument construit par le régime communiste de Haile Mengistu (Derg)
en 1987 sur le site de Dogali, que la guérilla érythréenne aurait totalement détruit en
1989 lors de la guerre d’indépendance du pays, tout en ménageant les monuments
italiens : en 1996, un observateur n’y relevait aucune trace du monument éthiopien
(Erlich, 1996 ; Henze, 2000). Le gouvernement éthiopien a également installé une
grande statue de l’empereur Ménélik II érigée sur la place éponyme à Addis Abeba en
1930 (ancienne place Adoua), afin de célébrer le rôle de celui-ci dans la marche vers la
victoire d’Adoua31 (Fig. 19). Un projet de construction d’un musée mémorial national à
Adoua a été rendu public dès 200832, puis relancé par le gouvernement éthiopien en
201733. Le gouvernement éthiopien nourrit également un projet de fondation de
l’Université Pan-Africaine34, pour lequel un terrain a été octroyé (Xinhua, 2019), ainsi
qu’un projet de mémorial porté par la ville d’Adoua afin de « glorifier les patriotes qui
ont pris part à la victoire d’Adoua »35. Une abondante tradition de tableaux éthiopiens
dépeignant la bataille s’est également développée dès la fin du XIX e siècle (Pankhurst,
1987) (voir fig. 20).
Fig. 19. Statue de Ménélik II érigée en 1930 pour célébrer la victoire d’Adoua.
Source : Semonegna.com, avec permission
Source : A. Davey, Wikipedia Commons.
puissance coloniale (Jonas, 2011; Aidid, 2018), voire de faire de la bataille d’Adoua la
« première victoire d’un pays africain sur une puissance coloniale » 37. Cette célébration
contemporaine, gommant le souvenir de la bataille d’Isandlwana de 1879, serait-elle
l’indice d’une possible rivalité mémorielle avec l’Afrique du Sud ? « Adoua a donné
l’inspiration spirituelle pour le mouvement pan-africain » affirme Muluken sans
mentionner Isandlwana ni la lutte anti-apartheid... (Muluken, nd:21). L’héritage de la
victoire d’Adoua a contribué à forger l’idée d’une Éthiopie « principal porte-parole de
l’Afrique » (Gebrekidan, 2012 :71). Le gouvernement éthiopien instrumentalise
activement ce symbole politique pour souligner sa volonté d’œuvrer pour une Éthiopie
prospère et forte : « The Adwa victory should be honored with sustained anti-poverty
efforts as well as efforts to fight any foreign interference in Ethiopia's sovereignty, » 38 a
affirmé le vice-président Gebremichael lors du 123e anniversaire de la bataille, en mars
2019 (Xinhua, 2019). De plus, en soulignant la dimension africaine de la victoire
d’Adoua, le gouvernement éthiopien d’origine tigréenne qui a renversé le régime de
Mengistu en 1991 peut récupérer l’héritage historique de cette victoire tout en écartant
l’idée de la prééminence ahmara sur l’Éthiopie et en ménageant la susceptibilité des
autres peuples de l’Éthiopie, Tigréens et Oromo notamment (Triulzi, 2003).
Source : https://rifhistoir.skyrock.com/221464162-Anoual.html, permission de reproduction.
44 Il apparait ainsi que les pratiques de commémoration tout comme les différences
significatives dans l’aménagement des lieux traduisent des perceptions politiques vives
et des enjeux de contrôle des sites des batailles. Si la pression politique des associations
amérindiennes a pu conduire à l’évolution des représentations du Service des parcs
nationaux et à l’instauration d’une double commémoration, à vocation pacifiste, sur le
site de Little Big Horn, en revanche il apparait clairement que le site de Wabash
demeure commémoré dans la seule perspective de l’épopée tragique de l’armée
américaine. En Afrique du Sud, le gouvernement, pour souligner le changement de
régime et des pratiques commémorielles associées, a souhaité, non pas effacer les
monuments coloniaux comme en Namibie, mais proposer une lecture syncrétique du
souvenir de la bataille, comme à Little Big Horn. À Adoua, alors que le souvenir chez les
Italiens s’estompe peu à peu, même si des monuments sont encore entretenus par les
autorités militaires italiennes avec l’assentiment des autorités érythréennes, la
commémoration active de la bataille constitue un levier politique fort pour le
gouvernement éthiopien, qui souhaite marquer le lieu de mémoire à travers un
mémorial et un musée. Les batailles d’Anoual et d’El Herri constituent un point de
friction entre le gouvernement marocain, accusé par les associations amazighes de peu
valoriser ces épisodes de la guerre du Rif et de la résistance berbère face aux Français et
aux Espagnols, dans un contexte de tension politique entre autorités locales amazighes
et pouvoir central marocain.
45 De cette matrice, il est ainsi possible de dégager la typologie suivante :
46 1) Mémoire très axée sur la commémoration du martyre et de la souffrance des troupes
occidentales (Wabash) ; aucune recherche de dépassement du discours partisan.
47 2) Mémoire autrefois axée sur le souvenir de la souffrance des troupes occidentales,
mais rendant désormais hommage aux deux camps. Une valorisation patrimoniale,
voire touristique de cette mémoire que l’on veut apaisée se développe (Little Big Horn,
Isandlwana) ;
48 3) Mémoire séparée ou contradictoires, témoin d’un traumatisme des sociétés
européennes mais dont la mémoire s’efface peu à peu. La mémoire demeure vive dans
le pays colonisé. Cette catégorie regroupe :
49 a) Mémoire nationale vive, activement entretenue par le Gouvernement, notamment à
des fins politiques (Adoua).
50 b) Mémoire locale vive, avec célébration ambiguë du Gouvernement et controverse
politique interne sur la signification de la bataille (Anoual).
51 c) Mémoire locale vive, sans célébration gouvernementale mais locale, avec controverse
politique domestique également (El Herri).
Conclusion
52 Les batailles étudiées ici sont l’objet d’un investissement émotif socio-politique fort, qui
témoigne de l’enjeu de la célébration des lieux de mémoire dans la manière dont on
écrit et contrôle l’histoire. En effet, l’attention politique et artistique qu’elles suscitent,
la monumentalisation dont font l’objet certaines d’entre elles, relèvent d’une volonté
de souligner l’épopée nationale. Ces batailles ont peu changé le cours de l’histoire. Leur
poids politique se traduit davantage sur le plan de la mémoire : commémorées et mises
en récit, elles deviennent un repère signifiant à qui l’on donne la mission de
transmettre une certaine conception de l’histoire.
53 Devenues des lieux de mémoire, ces batailles sont investies d’une forte valeur politique
dans la mesure où elles soulignent l’issue d’un affrontement militaire, ou encore parce
qu’elles mettent en valeur le rôle de tel ou tel acteur dans le conflit. Plus encore, ces
lieux symboliques peuvent devenir des éléments structurants de l’espace public à
travers un effort d’aménagement et de valorisation touristique – ou parfois pas. Ils
constituent un repère signifiant où peuvent s’affirmer des positions politiques, sociales,
etc. (Sniter, 2004), mais qui deviennent alors également des enjeux politiques, car
différents acteurs peuvent avoir développé des pratiques de commémoration
divergentes. Les Britanniques ont commémoré la gloire et la souffrance des soldats qui
ont donné leur vie pour la conquête de l’Afrique du Sud, et le gouvernement sud-
africain a choisi, non pas d’effacer cet héritage, mais de la compléter avec un
monument aux morts zoulous. De même, l’administration des parcs nationaux
américains, après avoir longtemps préservé un monument dédié aux seuls soldats
américains, a par la suite érigé un monument aux morts amérindiens également.
Inversement, les associations amazighes déplorent la faible commémoration
monumentale des batailles de la guerre du Rif et promeuvent leurs propres
monuments. Ces divers cas de figure soulignent, au-delà de l’enjeu politique du
contrôle de la mémoire, que l’aménagement des lieux de mémoire de ces batailles
demeure un fort enjeu social et géopolitique.
54 La présente enquête repose sur l’analyse de données issues de la littérature afin de
retracer les enjeux géopolitiques du contrôle de ces lieux de mémoire et des
représentations qui y sont associées. Elle permet de souligner la grande diversité de ces
enjeux mémoriels et de pouvoir sur les sites de leur marquage territorial. Cependant,
l’enquête était tributaire des sources mobilisées, reflet de la difficulté variable d’accès à
celles-ci, produisant ainsi des corpus d’analyse d’ampleurs différentes. Des analyses
plus fines sur les jeux de pouvoir pourraient utilement compléter ce travail
exploratoire.
BIBLIOGRAPHIE
Aidid, S. (2018). The ghosts of Adwa. Africa is a Country, 22 fév., https://africasacountry.com/
2018/02/the-ghosts-of-adwa, c. le 4 oct. 2018.
Aubagnac, G. (2014). Les corps de pierre, de bronze ou de fonte des monuments aux morts. Corps,
12(1), 131-133.
Aubry, M. & Oliveira, M. D. (2014). Une base de données sur les monuments aux morts: histoire
concrète et valorisation numérique. In Situ. Revue des patrimoines, 25.
Bonniol, J.-L. (2008). Mémoire collective et anthropologie. Dans Comet, G, Lejeune, A. et C. Maury-
Rouan (dir) Mémoire individuelle, mémoire collective et histoire (p. 73-82). Marseille : Solal.
Braudel, F. (1958) Histoire et sciences sociales : la longue durée. Annales. Économies, Sociétés,
Civilisations, 13(4), p. 725-753.
Brooke, J. (1997). Controversy Over Memorial to Winners at Little Bighorn. New York Times, 24
août, www.nytimes.com/1997/08/24/us/controversy-over-memorial-to-winners-at-little-
bighorn.html, c. le 9 oct. 2018.
Cabecinhas, R., & Feijó, J. (2010). Collective memories of Portuguese colonial action in Africa:
Representations of the colonial past among Mozambicans and Portuguese youths. International
Journal of Conflict and Violence, 4(1), 28-44.
Cardina, M. et Sena Martins, B. (2018). As Voltas do Passado. A guerra colonial e as lutas de libertação.
Lisbonne: Tinta-da-China.
Charnay, J.-P. (1984). La Guerre du Rif. Dernière campagne coloniale ou première guerre révolutionnaire ?
Paris : Anthropos.
Clarini, J. (2018). Europe de l’Est : coup de gomme sur l’Histoire. Le Monde, 9 août.
Cooper, F. (1994). Conflict and connection: rethinking colonial African history. The American
Historical Review, 99(5), 1516-1545.
David, S. (2011). Zulu: The True Story. BBC History, 17 fév., www.bbc.co.uk/history/british/
victorians/zulu_01.shtml, c. le 13 sept. 2018.
De Madariaga, M. R. (2011). Semana Trágica. Entre las barricadas de Barcelona y el Barranco del Lobo.
Barcelone : Bellaterra.
Denis, M.-N. (2006). Les monuments aux morts de la guerre de 1870 en Alsace. Revue des Sciences
Sociales, n° 35, 142-149.
Dosse, F. (1998) Entre histoire et mémoire : une histoire sociale de la mémoire. Raison présente,
septembre, 5-24.
Dumas, H. & Korman, R. (2011). Espaces de la mémoire du génocide des Tutsis au Rwanda. Afrique
contemporaine, 238, 11-27.
Edel, W. (1997). Kekionga! The Worst Defeat in the History of the U.S Army. Westport : Praeger.
Erlich, H. (1996). Ras Alula and the Scramble for Africa. Lawrenceville: Red Sea Press.
Even-Zohar, I. (2017). Le patrimoine qui attise les conflits. Ethnologies, 39(1), 251-264.
Feng, P. (2014). The Battle of the Wabash: The Forgotten Disaster of the Indian Wars. National
Museum of the US Army, https://armyhistory.org/the-battle-of-the-wabash-the-forgotten-
disaster-of-the-indian-wars/, c. le 21 sept. 2018.
Foucher, M. (1991) (dir.). Fragments d’Europe. Atlas de l’Europe médiane et orientale. Paris : Fayard.
Gadamer, H.-G. (1976). Vérité et méthode. Les grandes lignes d’une herméneutique philosophique. Paris :
Éditions du Seuil.
Gebrekidan, F. (2012). From Adwa to OAU: Ethiopia and the Politics of Pan-Africanism, 1896-1963.
International Journal of Ethiopian Studies, 6(1/2) : 71-86.
Gensburger, S. & Lefranc, S. (2017). À quoi servent les politiques de mémoire. Paris : Presses de
Sciences Po.
Ginet, P., & Wiesztort, L. (2013). La place de la mémoire dans les aménagements territoriaux, un
enjeu géopolitique. Revue géographique de l'Est, 53(3-4).
Giorgis, H. (2015). If we want to understand African history, we need to understand the Battle of
Adwa. Quartz, 11 mars, https://qz.com/359857/ethiopias-battle-of-adwa-is-a-powerful-symbol-
of-black-resistance/, c. le 2 oct. 2018.
Goody, Jack (2006). The Theft of History. Cambridge: Cambridge Univ. Press.
Habermas, J. (1988) De l’usage public de l’histoire. La vision officielle que la République fédérale a
d’elle-même est en train d’éclater. Dans Devant l’histoire. Les documents de la controverse sur la
singularité de l’extermination des Juifs par le régime nazi. Paris : Éd. du Cerf.
Halbwachs, M., et Namer, G. (1994). Les cadres sociaux de la mémoire. Paris : Albin Michel.
Henze, P. (2000). Layers of Layers of Time: A History of Ethiopia. New York: Palgrave.
Hertzog, A. (2012). Tourisme de mémoire et imaginaire touristique des champs de bataille. Via.
Tourism Review, 1.
Hertzog, A. (2014). La mémoire est-elle géographique ? Les Cafés Géographiques, 17 oct., http://
cafe-geo.net/la-memoire-est-elle-geographique/, c. le 27 fév. 2019.
Jacquot, S., Chareyron, G. & Cousin, S. (2018). Le tourisme de mémoire au prisme du « big data ».
Cartographier les circulations touristiques pour observer les pratiques mémorielles. Mondes du
Tourisme, 14.
Janiskee, B. (2008). An Indian Memorial Helps to Re-Image Little Bighorn Battlefield National
Monument. National Parks Traveler, 7 déc., www.nationalparkstraveler.org/2008/12/indian-
memorial-helps-re-image-little-bighorn-battlefield-national-monument, c. le 5 mars 2019.
Jonas, R. (2011). The Battle of Adwa: African victory in the age of empire. Cambridge, Mass.: Cambridge
Univ. Press.
Keller, C.; Boyd, C.; Groover, M.; Hill, M. (2011). Archeology of the Battles of Fort Recovery, Mercer
County, Ohio: Education and Protection. Research Report, Ball State University, Ohio Historical
Society, Fort Recovery Historical Society.
Khadaoui, A. (2014). Histoire et mémoire collective au Moyen Atlas : cas de la bataille d’Elhri.
Berbères.com, 25 nov., www.berberes.com/histoire/5141-histoire-et-memoire-collective-au-
moyen-atlas-cas-de-la-bataille-d-elhri, c. le 25 sept. 2018.
Kincald, W. (2013). Fort Recovery honors frontier combatants. The Daily Standard (Celina, OH), 6
mai, www.dailystandard.com/archive/2013-05-06/stories/20965/fort-recovery-honors-frontier-
combatants, c. le 21 sept. 2018.
Koleva, S. (2018). Les monuments de la mémoire ou la mémoire des monuments: comment vivre
ensemble en temps de guerre des monuments? Bulletin d'histoire politique, 26(3), 181-187.
Koselleck, R. (1990) Le futur passe, contribution à la sémantique des temps historiques. Paris : Éditions
de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales.
Koselleck, R. (2011) Y-a-t-il une accélération de l’histoire ? Trivium [En ligne] (9), 30 nov. 2011, c.
le 5 mars 2018, http://journals.openedition.org/trivium/4079
Kössler, R. (2007). Facing a fragmented past: memory, culture and politics in Namibia. Journal of
Southern African Studies, 33(2), 361-382.
Koulouri, C. (2006). The Common Past of a Divided Region. European Studies, 5, 17-27.
Lasserre, F. (1996). Le dragon et la mer. Stratégies géopolitiques chinoises en mer de Chine du Sud.
L’Harmattan, Montréal/Paris.
Lasserre, F. (2011). L’Égypte peut-elle envisager un partage du Nil ? dans Lasserre, F. et Descroix,
L. Eaux et territoires: tensions, coopérations et géopolitique de l’eau. Presses de l’Université du Québec,
3e éd., 273-298.
Lasserre, F., Gonon, E. et Mottet, É. (2016). Manuel de géopolitique: enjeux de pouvoir sur des
territoires. Paris : Armand Colin, 2e éd.
Lazzarotti, O. (2001). Je me souviens. Recherches au pays où le passé fait des lieux. Cahiers de
géographie du Québec, 45(124), 141-161.
Lazzarotti, O. (2012). Des lieux pour mémoires: Monuments, patrimoines et mémoires-Monde. Paris :
Armand Colin.
Lock, R. et Quantrill, P. (2002). Zulu Victory: The Epic of Isandlwana and the Cover-Up. Londres :
Greenhill.
Martínez Gallego, F., Laguna Platero, A. (2014). Communication, Propaganda and Censorship in
the Spanish-Moroccan War (1906-1923). Communication & Society 27(3), 43-63.
Milkias, P. et Metaferia, G. (dir.) (2005). The Battle of Adwa: Reflections on Ethiopia’s historic victory
against European Colonialism. New York: Algora.
Muluken H. (nd). The Wider Pschological Impact of the Battle of Adwa: a fresh perspective.
Working Paper, Mekelle Univ., www.academia.edu/1497167/
The_Wider_Pschological_Impact_of_the_Battle_of_Adwa, c. le 3 oct. 2018.
Namer, G. (1983). Batailles pour la mémoire. La commémoration en France 1945-1982. Paris : Papyrus.
Nora, P. (dir.) (1984, 1986, 1992). Les Lieux de Mémoire : t. 1 La République (1984) ; t. 2 La Nation
(1986); t. 3 Les France (1992). Paris : Gallimard
Pankhurst, R. (1987). The Battle of Adwa as depicted in Traditional Ethiopian Art: Changing
Perceptions. Bulletin des Séances de l’Académie Royale des Sciences d’Outre-mer, 33(2), 199-233.
Pascal, J. (2009). L'Armée française face à Abdelkrim ou la tentation de mener une guerre
conventionnelle dans une guerre irrégulière 1924-1927. Stratégique, 93-96, 319-338.
Payot, J.-P. (2010). La guerre des ruines. Archéologie et géopolitique. Paris : Choiseul.
Picardi, R. (2017) Penser l’histoire après Lövith : Koselleck et Ricœur. Revue germanique
internationale, (25), p. 119-143.
Pignard, J. (2014). D’un tombeau vide à une tribune politique : genèse et évolution d’un espace
commémoratif majeur. In Situ, Revue des Patrimoines 25, en ligne le 9 déc. 2014, http://
journals.openedition.org/insitu/11386.
Reece, M. (2005). The Little Bighorn Battlefield National Monument and an Indian Memorial after
1988. Honors thesis, University of Colorado, Boulder.
Sniter, C. (2004). Les statues de femmes célèbres érigées à Paris de 1870 à nos jours. Entre lieux de
mémoire et espace d’investissement. Dans S. Denèfle (dir.), Femmes et villes (p. 529-539). Tours :
Presses univ. François-Rabelais.
Stan, C. A. (2013). La réforme scolaire au service du pouvoir politique : le cas des manuels
scolaires roumains. Initio (3) novembre, p. 86-105.
Têtu, P.-L.; F. Lasserre, S. Pelletier & J. Dawson (2019): ‘Sovereignty’ over submerged cultural
heritage in the Canadian Arctic waters: case study from the Franklin expedition wrecks (1845-48),
Polar Geography, doi: 10.1080/1088937X.2019.1578288.
Tourabi, A. (2015). La mémoire bradée. Éditorial, Tel Quel (Alger), 24 juill. Reproduit dans
AlgérieInfos, www.algerieinfos-saoudi.com/2015/07/maroc-silence-total-sur-la-victoire-d-
anoual.html, c. le 25 sept. 2018.
Tratnjek, B. (2009). Questionnements géographiques sur les monuments aux morts : Symboliques
et territoires de la commémoration. Les Cafés géographiques, Vox geographi (1741), www.cafe-
geo.net/article.php3?id_article=1741.
Tratnjek, B. (2011). Géographie des conflits. Les lieux de mémoire dans la ville en guerre : un
enjeu de la pacification des territoires. Diploweb, n°840, www.diploweb.com/Geographie-des-
conflits-Les-lieux.html, c. le 2 mars 2019.
Triulzi, A. (2003). Adwa: From monument to document. Modern Italy, 8(1), 95-108.
Triulzi, A. (2006). Displacing the colonial event: Hybrid memories of postcolonial Italy.
Interventions. International Journal of Postcolonial Studies 8(3), 430-443.
Vidotto, V. (2000). La vittoria e i monumenti ai caduti. Dans Mélanges de l’Ecole française de Rome.
Italie et Méditerranée, tome 112, n°2. 2000. Les images de la Grande Guerre en France, Allemagne et Italie.
Actes de la table ronde organisée par l’École française de Rome, 6 et 7 nov. 1998, pp. 505-513.
Xinhua (2019). Feature: Ethiopia celebrates 123rd anniversary of Adwa victory with calls to
intensify anti-poverty efforts. 2 mars, www.xinhuanet.com/english/2019-03/02/
c_137863678.htm, c. le 5 mars 2019.
Wyllie, R. (2014). "Entrenching nostalgia": The historical significance of battlefields for South
African tourism. Historia 59(2) : 210-228.
NOTES
1. Ce critère conduit à l’élimination de batailles comme la défaite russe de Tsushima face à la
marine japonaise en 1905 : il ne s’agissait pas d’une tentative de conquête de la part de l’Empire
russe, mais d’un conflit entre deux ambitions impériales en Asie.
2. Parmi les batailles qui ne sont pas étudiées ici, citons : les engagements de type guérilla dans le
Maine pendant la guerre du Roi Philippe (1675-78) entre Anglais et Amérindiens en Nouvelle-
Angleterre, avec de faibles effectifs et sans pratique commémorielle contemporaine (Schultz et
Tougias 1999) ; la campagne de Harmar, (1790), davantage une série d’engagements limités entre
Américains et Amérindiens qu’une bataille rangée ; la bataille de Barranco del Lobo (1909)
pendant la guerre du Rif, militairement et politiquement moins importante qu’Anoual étudiée ci-
après (de Madariaga 2011); la bataille de Dembeguina entre troupes italiennes et éthiopiennes en
1935, évoquée ici mais pas étudiée : sans lendemain militaire, la bataille n’est pas commémorée.
3. C’est cet enjeu qui pousse le gouvernement chinois à survaloriser les vestiges laissés par des
pêcheurs supposés chinois sur les îlots disputés en mer de Chine du Sud (Lasserre 1996); ou qui
permet de comprendre les difficultés majeures rencontrées par le projet de rédaction d’un
manuel d’histoire commun aux États des Balkans (Koulouri 2006).
4. Un exemple majeur de ce changement d’approche historique est le travail considérable de
Pierre Nora incarné dans Les Lieux de mémoire, en plusieurs tomes publiés de 1984 à 1992.
5. Comprise ici comme le processus de conquête des territoires par des puissances occidentales,
en Amérique du Nord mais aussi en Afrique.
6. St. Clair’s Defeat. www.ohiohistorycentral.org/w/St._Clair%27s_Defeat, c. le 3 oct. 2018; Feng
2014.
7. Village of Fort Recovery, www.fortrecovery.org/Monument-Park.html, c. le 28 fév. 2019.
8. Monument Park, Village of Fort Recovery, www.fortrecovery.org/Monument-Park.html, c. le 9
oct. 2018.
9. Fort Recovery State Museum, situé à Fort Recovery, Ohio. www.fortrecoverymuseum.com/, c.
le 5 oct. 2018.
10. Jour férié aux États-Unis, le dernier lundi de mai, pour rendre hommage aux membres des
Forces armées des États-Unis morts au combat toutes guerres confondues.
11. Ed Gebert, Sacrifices remembered. Fort veterans plaza dedication set for Sept. 11. Daily
Standard, 1er sept. 2016, www.dailystandard.com/archive/2016-09-01/stories/30284/sacrifices-
remembered, c. le 9 oct. 2018.
12. Parmi ces nombreux films, on peut relever General Custer at the Little Big Horn (1926) de H.
Fraser; Custer’s Last Stand (1936), d’E. Clifton; They Died with Their Boots On (1941), de R. Walsh; Little
Big Horn (1951), de C. Warren; Sitting Bull (1954), de S. Salkow et R. Cardona; Glory Guys (1965), d’A.
Lavende; Custer of the West (1967) de R. Siodmak; Little Big Man (1970), avec D. Hoffman, d’A. Penn;
et Crazy Horse (1996) de J. Irving.
13. Le lieu de sa naissance est également commémoré en Ohio depuis 1910, voir Custer
Monument, www.ohiohistory.org/visit/museum-and-site-locator/custer-monument, c. le 3 oct.
2018 et https://en.wikipedia.org/wiki/George_Armstrong_Custer_Equestrian_Monument, c. le 4
oct. 2018.
14. ‘Custer’s Last Stand’: the battle of Little Big Horn, 1876. California Indian Education, nd,
www.californiaindianeducation.org/native_american_history/historic_indian_battles.html, c. le
5 oct. 2018.
15. 7th US Cavalry Memorial, www.nps.gov/libi/learn/historyculture/7th-us-cavalry-
memorial.htm, c. le 5 oct. 2018.
16. Little Bighorn Reborn. www.smithsonianmag.com/travel/little-bighorn-reborn-79240914/, c.
le 9 oct. 2018.
17. Little Big Horn Battlefield, www.nps.gov/libi/index.htm, c. le 3 oct. 2018.
35. Yonas Abiye, Adwa to erect memorials for war heroes, The Reporter, 3 mars 2018,
www.thereporterethiopia.com/article/adwa-erect-memorials-war-heroes, c. le 2 oct. 2018.
36. Offensive de Noël, 15 déc. 1935-20 janv. 1936, victoire éthiopienne sans lendemain : 190 000
soldats éthiopiens ont refoulé 125 000 soldats italiens.
37. Ethiopians mark Africa’s first victory over a colonial power in 1896. Face2Face Africa, https://
face2faceafrica.com/article/ethiopians-mark-africas-first-victory-colonial-power-1896, c. le 4
oct. 2018.
38. « La victoire d’Adoua devrait être honorée avec des efforts redoublés de lutte contre la
pauvreté, ainsi qu’avec des efforts pour lutter contre toute interférence étrangère avec la
souveraineté éthiopienne ». Traduction libre.
39. Monumento a los caídos en la Guerra de África, www.ceutaturistica.com/monumentos/
monolitoplazafrica.html, c. le 28 août 2018.
40. Avec une murale en bas-relief en mémoire de la victoire espagnole de Tétouan (1861). Iloilo's
San Joaquin Parish: A Symbol of the Victory of Good Over Evil, 9 nov. 2015,
www.choosephilippines.com/go/heritage-sites/3735/classic-church-iloilo-san-joaquin-parish, c.
le 28 août 2018.
41. Y compris la 2 e guerre hispano-marocaine de 1909-1910, et la guerre du Rif 1921-1926.
Monumento a los héroes y mártires de las campañas, www.esculturaurbana.com/paginas/
loplj001.htm, c. le 28 août 2018.
42. Par exemple La Porte Fernández-Alfaro, P. (2003). El desastre de Annual y la crisis de la
Restauración en España (1921-1923), Universidad Complutense de Madrid, Servicio de Publicaciones;
Francisco, L. M. (2014). Morir en África: la epopeya de los soldados españoles en el Desastre de Annual.
Barcelona: Crítica.
43. Association marocaine constituée en avril 1978 et se proposant notamment de promouvoir la
place de la culture amazighe dans l’ensemble marocain. On impute à l’action de cette association,
la commémoration officielle de la bataille d'Anoual (quoique diversement appréciée par d’autres
associations amazighes) en tant qu'événement national, et son intégration dans les
commémorations officielles par le Haut-Commissaire aux Anciens Combattants et de l'Armée de
la Libération. www.hcar.gov.ma/memoire-nationale/, c. le 25 sept. 2018.
44. Traduction libre de Mme Dalila Dehhani. Stèle inaugurée le 11 juil. 1979. https://
i.pinimg.com/originals/67/7b/ab/677bab7177fc3d198953cd02a060a03c.jpg, c. le 15 juil. 2018.
45. Yabiladi, « Commémoration de la bataille d’Anoual : du coup de bluff officiel au symbole... »,
11 juil. 2006, www.yabiladi.com/forum/commemoration-bataille-d-anoual-coup-
bluff-2-1240477.html, c. le 24 sept. 2018. Stèle inaugurée le 11 juil. 1980. Nous n’avons pu vérifier
la traduction proposée.
46. « Cette bataille fut […] l'une des grandes étapes d'un processus d'émancipation, annonciateur
du mouvement national conduit par feu SM Mohammed V pour la libération du Maroc, et qui a
trouvé son accomplissement dans l'œuvre inscrite à l'actif de feu SM Hassan II et de son digne
successeur, SM le Roi Mohammed VI, que Dieu L'assiste, pour conforter les acquis du
parachèvement de l'intégrité territoriale du Royaume. » AtlasInfo, Maroc: Commémoration du
89e anniversaire de la célèbre bataille d'Anoual, 20 juil. 2010, www.atlasinfo.fr/Maroc-
Commemoration-du-89-eme-anniversaire-de-la-celebre-bataille-d-Anoual_a6440.html, c. le 18
sept. 2016.
47. Yabiladi, « Maroc : Militants rifains et officiels s'opposent sur le lieu de commémoration de la
bataille d'Anoual », 16 juil. 2015, www.yabiladi.com/articles/details/37528/maroc-militants-
rifains-officiels-s-opposent.html, c. le 24 sept. 2018.
48. Maroc Leaks, « La commémoration de la bataille d’Anoual se transforme en confrontation »,
24 juil. 2017, http://maroc-leaks.com/commemoration-de-bataille-danoual-se-transforme-
confrontation/, c. le 24 sept. 2018.
RÉSUMÉS
Dans le cadre des guerres d’expansion coloniale, les armées occidentales ont parfois connu la
défaite. Au-delà de l’événement, la mémoire de ces batailles a été investie d’un sens politique par
des acteurs, dans le passé comme de manière contemporaine. Ces batailles ont été vécues
différemment dans les sociétés des protagonistes, et les pratiques de commémoration anciennes
et présentes comportent de grandes différences, selon leur histoire propre, mais aussi les enjeux
géopolitiques contemporains du contrôle des lieux de mémoire. Comment ces événements ont-ils
été mobilisés dans la construction de la mémoire historique ? La recherche repose sur l’analyse
d’un corpus de sources bibliographiques, médiatiques et numériques. L’article, après un retour
théorique, présente le traitement mémoriel des sites de six batailles pour proposer une typologie,
qui souligne l’importance mais aussi la diversité des enjeux de pouvoir sur les processus de
traitement mémoriel de ces sites de batailles passées.
In the frame of colonial expansion wars, Western armies have at times been defeated. Beyond the
event record, the memory of these battles embodied a political meaning for actors, in the past as
well as nowadays. These battles were perceived differently in the societies of the protagonists,
and ancient and present practices of commemoration present great differences, according to
their own history, but also the contemporary geopolitical stakes of the control of places of
memory. How were these events mobilized in the construction of historical memories? The
research is based on the analysis of a body of bibliographic, media and digital sources. The
article, after framing the theoretical approach, presents the memory building processes for six
battles, then proposes a typology that emphasizes the importance but also the diversity of the
power stakes on the process of memory writing for these sites of past battles.
INDEX
Mots-clés : histoire, mémoire, commémoration, discours, monument, représentation, bataille,
période coloniale
Keywords : history, memory, commemoration, narratives, monument, representation, battle,
colonial period
AUTEURS
FRÉDÉRIC LASSERRE
Professeur, département de Géographie, Université Laval
Directeur du Conseil québécois d’Études géopolitiques (CQEG)
Frederic.lasserre@ggr.ulaval.ca