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Répertoire de droit international

 Table des matières


 Bibliographie
 Généralités (1 - 7)
 Section 1 - Justice interétatique (8 - 30)
o Art. 1 - Diversité des procédés (8 - 9)
o Art. 2 - Procédés diplomatiques (10 - 17)
o Art. 3 - Procédés juridictionnels (18 - 30)
 § 1 - Observations communes (18 - 21)
 § 2 - Arbitrage (22 - 26)
 § 3 - Règlement judiciaire (27 - 30)
 Section 2 - Justice transétatique (31 - 43)
o Art. 1 - Protéger les personnes (31 - 38)
 § 1 - Arbitrage et intérêts économiques (33 - 35)
 § 2 - Protection judiciaire des droits de l'homme (36)
 § 3 - Contentieux de la fonction publiqueinternationale (37 - 38)
o Art. 2 - Punir les coupables (39 - 43)
 § 1 - Incriminations (40)
 § 2 - Répression judiciaire (41 - 43)
 Index alphabétique
 Actualisation

Justice internationale 

Gilles COTTEREAU
Professeur, président honoraire de l'Université du Maine

août 2006

Table des matières

Généralités 1 - 7

Sect. 1 - Justice interétatique 8 - 30

Art. 1 - Diversité des procédés 8 - 9


Art. 2 - Procédés diplomatiques 10 - 17
Art. 3 - Procédés juridictionnels 18 - 30
§ 1 - Observations communes 18 - 21
§ 2 - Arbitrage 22 - 26
§ 3 - Règlement judiciaire 27 - 30

Sect. 2 - Justice transétatique 31 - 43

Art. 1 - Protéger les personnes 31 - 38


§ 1 - Arbitrage et intérêts économiques 33 - 35
§ 2 - Protection judiciaire des droits de l'homme 36
§ 3 - Contentieux de la fonction publiqueinternationale 37 - 38
Art. 2 - Punir les coupables 39 - 43
§ 1 - Incriminations 40
§ 2 - Répression judiciaire 41 - 43

Bibliographie

D. ALLAND Justice privée et ordre juridique international, Paris, 1994, Pedone. –


H. ASCENSIO, E. DECAUX et A. PELLET (sous la direction de), Droit international
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la direction de), Droit international, droit de l'homme et juridictions
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la terminologie du droit international public, Paris, 1960, Sirey. – E. CANAL-
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Bruxelles, 1993, Bruylant. – J. COMBACAU et S. SUR, Droit international public,
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6  éd., Paris, 2004, Montchrestien. – P.-M. DUPUY, Droit international public,
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Paris, 2006, Dalloz. – E. GAILLARD, La jurisprudence du CIRDI, Paris, 2004,
Pedone. – G. GUILLAUME, La Cour internationale de justice à l'aube du XXI
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 siècle. Le regard d'un juge, Paris, 2003, Pedone. – A. KOLLIOPOULOS, La
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POLITIS, La justice internationale, Paris, 1924, Hachette. – C. ROUSSEAU, Droit
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Montchrestien. – B. STERN et H. RUIZ FABRI (sous la direction de), La
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Martinus Nijhoff. – F. SUDRE, Droit international et européen des droits de
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o
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pacifique des différends entre États, New York, 1992, Nations unies. – Société
française pour le droit international (SFDI) : La juridiction internationale
permanente, colloque de Lyon, Paris, 1987, Pedone ; Le contentieux de la
fonction publique internationale, journées d'études, Paris, 1996, Pedone ; La
juridictionnalisation du droit international, colloque de Lille, Paris, 2003, Pedone.
L. CAVARÉ, La notion de juridiction internationale, Annuaire fr. dr. int. 1956. 496.
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Annuaire fr. dr. int. 2002. 129. – G. DELAUME, La convention sur le règlement
des différends relatifs aux investissements entre États et ressortissants d'autres
États, JDI 1966. 26. – C. LEBEN La responsabilité internationale de l'État sur le
fondement des traités de promotion et de protection des investissements,
Annuaire fr. dr. int. 2004. 682. – A. PELLET, Note sur la Commission d'arbitrage
de la Conférence européenne pour la paix en Yougoslavie, Annuaire fr. dr. int.
1991. 329. – F. POIRAT, L'article 26 du traité relatif à la charte de l'énergie :
procédures de règlement des différends et statut des personnes privées, RGDI
publ. 1998. 45. – P. RAMBAUD, De la compétence du tribunal CIRDI saisi après
une décision d'annulation, Annuaire fr. dr. int. 1988. 209. – H. RUIZ FABRI, Le
juge de l'OMC : ombres et lumières d'une figure judiciaire singulière, RGDI publ.
2006. 39. – C. SANTULLI, Qu'est-ce qu'une juridiction internationale ? Des
organes répressifs internationaux à l'ORD, Annuaire fr. dr. int. 2000. 58 ; Les
juridictions de l'ordre international : essai d'identification, Annuaire fr. dr. int.
2001. 45. – M. SASSOLI, La première décision de la chambre d'appel du tribunal
pénal international pour l'ex-Yougoslavie : TADIC (compétence), RGDI publ.
1996. 101. – P. WECKEL, L'institution d'un tribunal pour la répression des crimes
de droit humanitaire en Yougoslavie, Annuaire fr. dr. int. 1993. 232. – Outre les
sites propres à chacune des institutions juridictionnelles, Project on International
Courts and Tribunals tient, sur son site www.pict-pcti.org, une documentation à
jour sur la justice internationale.
Nota Bene : Les traités en vigueur intéressant la France peuvent être consultés
dans la base de données PACTE à partir du site officiel www.diplomatie.gouv.fr
ACTUALISATION
Bibliographie. - PAZARTZIS, La répression pénale des crimes internationaux.
Justice pénale internationale, 2007, Pedone.

Généralités

1. Dans une acception large des termes, les mots « justice internationale »
renvoient à la recherche du juste dans les relations internationales. En ce sens, la
justice dont on vise l'accomplissement peut être distinguée de l'application de la
règle de droit. Dans une acception plus étroite, ces termes renvoient aux
méthodes et aux institutions permettant d'obtenir cette réalisation du juste, le
plus souvent confondue avec celle du droit.

2. Prise en son sens large, cette recherche est indifférente aux choix
institutionnels pourvu que le but soit atteint. La Charte des Nations unies (signée
à San Francisco le 26 juin 1945, JO 13 janv. 1946), qui dans son Préambule
rappelle la résolution des peuples « à créer les conditions nécessaires au maintien
de la justice et du respect des obligations nées des traités et autres sources du
droit international », par cette distinction même, semble opposer la justice et le
droit. La formule se retrouve dans l'énoncé des buts et des principes de la Charte
qui prévoit, quant aux buts, de « maintenir la paix et la sécurité internationales et
à cette fin : prendre des mesures collectives efficaces en vue de prévenir et
d'écarter les menaces à la paix […] et réaliser, par des moyens pacifiques,
conformément aux principes de la justice et du droit international, l'ajustement
ou le règlement de différends ou de situations, de caractère international,
susceptibles de mener à une rupture de la paix » ; et quant aux principes : « les
membres de l'Organisation règlent leurs différends internationaux par des
moyens pacifiques, de telle manière que la paix et la sécurité internationales ainsi
er
que la justice ne soient pas mises en danger » (Charte des Nations unies, art. 1 ,
er
§ 1 , et art. 2, § 3 ; P.-M. DUPUY, Les grands textes de droit international public,
e
4  éd., Paris, 2004, Dalloz, p. 1 et s.).

3. Des formules identiques ou voisines se retrouvent dans des textes de


résolutions des Nations unies d'importance majeure comme la résolution 2625
(XXV) de l'assemblée générale du 24 octobre 1970 : « Déclaration relative aux
principes du droit international touchant les relations amicales et la coopération
entre États, conformément à la Charte des Nations unies » (Grands textes, op.
cit., p. 89 et s.), la résolution 37/10, du 15 novembre 1982, de la même
assemblée : « Déclaration de Manille sur le règlement pacifique des différends »
ou, dans un autre registre, dans la « Déclaration universelle des droits de
l'homme » adoptée par l'assemblée générale le 10 décembre 1948 (Grands
textes, op. cit., p. 123 et s.). On les trouve aussi dans des textes conventionnels
essentiels comme le Pacte international relatif aux droits civils et politiques
(Grands textes, op. cit., p. 129 et s.) ou dans le Pacte international relatif aux
droits économiques, sociaux et culturels (Grands textes, op. cit., p. 150 et s.) ou
la Convention de Vienne sur le droit des traités du 23 mai 1969 (Grands textes,
op. cit., p. 311 et s.) qui les incluent dans leur préambule, voire aussi dans des
textes consacrant initialement de simples engagements politiques, mais de
grande influence sur les relations internationales contemporaines comme l'Acte
final de la Conférence d'Helsinki (Décalogue, art. V).

4. Prise dans son sens étroit, elle est au cœur des motifs de création d'organes de
contrôle de la réalisation du droit, notamment juridictionnels. Elle justifie la
création des collèges arbitraux dont l'usage est constant depuis le renouveau
initié par les pays anglo-saxons après la guerre d'indépendance américaine au
e
XVIII  siècle et surtout après la guerre de Sécession et la sentence du
14 septembre 1872 dans l'affaire de l'Alabama (V. Arbitrage interétatique
[Internat.] ; pour un commentaire de l'ensemble de l'affaire : LA PRADELLE et
POLITIS Recueil des arbitrages internationaux, t. 2, Paris, 1932, Les éditions
internationales, p. 713 et s.). D'évidence, il en va de même pour les juridictions
permanentes. Par construction, la Cour internationale de justice s'inscrit dans le
cadre des buts et principes des Nations unies dont elle est l'organe judiciaire
er
principal (Charte des Nations unies, art. 7, § 1 , et chap. XIV ; V. Cour
internationale de justice [Internat.]) ; la Cour pénale internationale est créée par
les États pour « garantir durablement le respect de la justice et sa mise en
œuvre » (Statut de Rome de la Cour pénale internationale, Préambule, Grands
textes, op. cit., p. 232 et s.) ; la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH)
est instituée pour protéger ces droits et les libertés fondamentales qui constituent
« les assises même de la justice et de la paix » (Préambule, Convention
européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales
du 4 novembre 1950 [dite Conv. EDH], JO 4 mai 1974, Grands textes, op. cit.,
p. 192 et s.). C'est aussi vrai pour de nombreux mécanismes où des décisions de
qualification des comportements des sujets du droit international sont prises sur
la base du droit et qu'on peut considérer, au vu de leurs méthodes de travail et
de raisonnement, comme de quasi-juridictions. Ainsi en va-t-il, par exemple, du
Comité des droits de l'homme du Pacte international relatif aux droits civils et
politiques du 16 décembre 1966 dont la compétence peut être étendue par le
biais du protocole facultatif s'y rattachant (Grands textes, op. cit., p. 129 et s.
pour le Pacte et p. 146 pour le protocole).

5. En cas de contestation sur le sens des règles ou de violation du droit, la


recherche de la justice peut être poursuivie par une interprétation authentique de
la règle existante ou la construction, acceptée, avec ou sans l'aide d'un tiers,
d'une règle nouvelle. Y contribue aussi la détermination des compensations
réparatrices et des peines contribuant à la restauration de la justice
(V. Communauté internationale [Internat.] et Responsabilité internationale
[Internat.]). Le droit international contemporain n'interdit pas que cette poursuite
puisse s'opérer de manière unilatérale sans faire appel à des institutions, c'est
l'hypothèse de la « justice privée » qui voit l'État victime décider seul de contre-
mesures pour soutenir ses prétentions (V. Contre-mesures), mais il tend à en
restreindre l'usage. Il n'est pas non plus exclu que cette recherche puisse être
accomplie dans le cadre de mesures décidées d'autorité par l'organe d'une
organisation capable de le faire. En créant un organe quasi juridictionnel : c'est ce
qui a été fait à l'encontre de l'Iraq avec la mise sur pied de la Commission de
compensation, décidée par la résolution 692 du Conseil de sécurité du 20 mai
1991 comme un organe subsidiaire dudit Conseil qui se trouve donc assisté de
commissaires indépendants groupés en chambres mais sans pouvoirs
juridictionnels au sens strict (V. Organisation des Nations unies [Internat.]). En
créant un organe juridictionnel : c'est ce qui a été décidé à l'encontre de
personnes physiques, coupables de violations graves du droit, avec
l'établissement par le Conseil de sécurité de tribunaux pénaux internationaux
comme, par exemple, le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie issu de
la résolution 827 du Conseil de sécurité du 25 mai 1993 (Grands textes, op. cit.,
p. 207 et s.).

6. Pour s'orienter dans ces voies, les acteurs du droit international doivent le
vouloir et le choisir, car la « justice internationale » n'est pas ramassée en une
institution unique ni même rassemblée en un ensemble coordonné et hiérarchisé
dont la compétence serait de plein droit. L'évocation de la « justice
internationale » renvoie à une constellation d'organes, ad hoc ou statutaires,
éphémères ou durables, et d'appellations variées : comité, commission, tribunal
ou cour. Globalement, la justice internationale a une double fonction. D'une part,
en contribuant au règlement pacifique des différends internationaux, elle
contribue à la protection de l'autorité des sujets du droit international, en
adjugeant leurs conclusions à ceux qui ont pour eux le droit ; il s'agit ici d'obtenir
la réalisation du droit pour maintenir ou rétablir la paix. D'autre part, en
protégeant les personnes ou en punissant les coupables elle contribue à la
consolidation ou au rétablissement de la paix en apaisant la perception des
injustices capables d'engendrer la naissance ou la résurgence des conflits. Cette
dernière fonction explique l'importance que les organisations internationales non
gouvernementales attachent à la fonction judiciaire. Des mouvements d'opinion
ont clairement soutenu l'apparition des juridictions pénales. Les décisions de
justice font l'objet d'analyses suivies et de diffusion. Les juridictions
internationales elles-mêmes, avec des différences, se montrent intéressées par
des rapports structurés avec la société civile (V. Organisation non
gouvernementale [Internat.]).

7. La « justice internationale » apparaît donc liée aux méthodes propres à régler
pacifiquement les différends internationaux interétatiques, mais sans pour autant
s'épuiser dans cette fin. Il faut relever que des organisations internationales
d'intégration économique et politique accèdent aujourd'hui au contentieux
international interétatique dans le cadre de leur spécialité ; ainsi, la Communauté
européenne peut-elle être partie dans les procédures de règlement des différends
de l'Organisation mondiale du commerce (V. Règlement des différends – OMC
[Internat.]). Elle opère aussi, pour autant que l'obligation en cause soit bien du
droit international, dans des contestations transnationales relatives aux
engagements économiques qui opposent un État à un opérateur économique issu
d'un autre État (V. Arbitrage [CIRDI] et Contrats d'État). Elle tient également un
rôle dans la panoplie des moyens utilisables pour protéger les personnes
physiques des errements des États, de leurs organes ou de leurs agents, voire de
leurs ressortissants, dans le cadre des engagements relatifs aux droits de
l'homme (V. Droits de l'homme [Internat.]). Elle est encore, mais là comme
justice pénale frappant des individus, utilisable comme moyen de consolider la
paix par la punition des responsables des crimes les plus graves commis en
temps de paix ou de guerre. La « justice internationale » correspond alors à deux
os
grands groupes de contentieux : interétatique (V. infra, n  8 et s.) et
os
transétatique (V. infra, n  31 et s.).

re
Section 1 - Justice interétatique

er
Art. 1 - Diversité des procédés

8. L'article 33 de la Charte des Nations unies énumère différents procédés pour le


règlement pacifique des différends internationaux. En dehors de l'hypothèse
précise de cet article, qui fait peser une obligation sur les États engagés dans un
différend – dont la prolongation est susceptible de menacer le maintien de la paix
et de la sécurité internationales – de recourir avant tout aux méthodes qu'il
énumère, ceux-ci sont libres d'employer les moyens qui leur conviennent.
L'énumération usuelle inscrite dans la Déclaration de Manille, un peu plus riche
que celle de l'article précité, retient par ordre de formalisation croissante, la
négociation, la consultation, les bons offices, la médiation, la conciliation,
l'arbitrage, le règlement judiciaire. L'enquête, moyen d'établir des faits, peut être
un procédé au service d'un processus quelconque ou constituer par elle-même
une méthode. La Convention des Nations unies sur le droit de la mer de Montego
Bay du 10 décembre 1982 (texte au JO du 7 sept. 1996) fournit un bon exemple
de la richesse de la panoplie des procédés utilisables (V. Mer [Internat.]). Tous
ces procédés peuvent être employés dans des organisations internationales qui
suggèrent ou imposent des particularités (V. Organisations internationales
[Internat.]). Ils peuvent sous certaines conditions être employés par des
organisations internationales, notamment les organisations d'intégration
économique et politique disposant de compétences exclusives dans le cadre de
leurs différends avec des États.

9. Ces méthodes sont traditionnellement divisées en deux groupes selon les


procédés employés : diplomatiques et juridictionnels. Les premiers débouchent en
principe sur des solutions proposées aux États qui peuvent les suivre, s'en
inspirer seulement ou les négliger. Même si, dans certains cas, le recours à ces
procédés peut être obligatoire, leur résultat ne l'est pas. Les seconds, au
contraire, produisent des sentences ou des arrêts dotés de l'autorité de la chose
jugée. Le cloisonnement n'est pas absolu. D'une part, les procédés diplomatiques
peuvent être le préalable obligatoire des procédés juridictionnels. D'autre part,
dans certains cas, les États peuvent accepter de leur donner un caractère
obligatoire. De plus, les juridictions décident non seulement sur la base du droit,
mais encore peuvent le faire en s'écartant de celui-ci. Elles peuvent en outre,
sous certaines conditions, délivrer des avis consultatifs. De surcroît, des décisions
quasi juridictionnelles ou juridictionnelles stricto sensu peuvent être incluses dans
des processus politiques qui commandent leur applicabilité. Les liens
qu'entretiennent les procédés diplomatiques avec les procédés juridictionnels, les
exceptions que connaissent les premiers quant au caractère facultatif des
solutions qui en découlent ne permettent pas de cantonner aux seconds, qui n'ont
pas le monopole absolu de la tierce décision et ne sont pas toujours applicables,
le domaine d'une justice internationale dont la variété dans l'institutionnalisation
va en s'accroissant.

Art. 2 - Procédés diplomatiques

10. Les textes universels les plus connus sont les Conventions de La Haye pour le
règlement pacifique des conflits internationaux de 1899 et 1907 et l'Acte général
d'arbitrage de 1928, révisé en 1949. Ces textes à caractère supplétif offrent des
modèles de règles. Les textes régionaux sont le Pacte de Bogotá du 30 avril 1948
(Charte de l'Organisation des États américains [OEA]), révisé par le Protocole de
Buenos Aires de 1967, la Convention européenne pour le règlement pacifique des
o
différends de Strasbourg du 29 avril 1957 (enregistrement n  4646, secrétariat
général du Conseil de l'Europe). L'actualisation de ces textes est conduite en
diverses institutions. L'ONU, dans la résolution 2329 (XXII) adoptée par
l'assemblée générale le 18 décembre 1967 et, ultérieurement, dans des travaux
du Comité spécial de la Charte des Nations unies et du raffermissement du rôle
de l'organisation, en propose des modalités modernisées. La Cour permanente
d'arbitrage, après adaptation aux questions intéressant le droit international
public, fait de même avec des modèles de règles récents, issus des travaux de la
Commission des Nations unies pour le droit commercial international (CNUCDI
pour plusieurs procédés : la conciliation, l'enquête et l'arbitrage ; V. Arbitrage du
commerce international [Internat.]). Certains textes régionaux n'ont pas vraiment
engendré d'activité soutenue : les textes adoptés dans le cadre de la Conférence
sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE/OSCE) : le mécanisme de La
Valette 1991, modifié en 1992, et la Convention relative à la conciliation et à
l'arbitrage adoptée à Stockholm en 1992 (V. Organisation pour la sécurité et la
coopération en Europe [Internat.]). D'autres sont désormais caducs : le Protocole
relatif à la commission de médiation de conciliation et d'arbitrage dans le cadre
de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) du 21 juillet 1964 l'est depuis 1999,
l'Afrique remettant sur le métier les règles de ses mécanismes régionaux de
règlement des différends en souhaitant faire fusionner diverses institutions.

11. La négociation est la méthode la plus souple et la plus éloignée de la justice


institutionnalisée. Elle peut être bilatérale ou plurilatérale, informelle ou pratiquée
en suivant une conduite réglée à l'avance, dans une conférence ad hoc ou au sein
d'une organisation internationale sans qu'il y ait lieu d'établir une hiérarchie de
valeur entre ces procédés (CIJ 21 déc. 1962, Sud-Ouest africain, exceptions
préliminaires, Rec. CIJ, p. 346 : « Lorsqu'il s'agit d'une question affectant les
intérêts mutuels de nombreux États, qu'ils fassent ou non partie d'un corps
organisé, il n'y a aucune raison pour que chacun d'eux se conforme au
formalisme et aux faux-semblants d'une négociation directe avec l'État auquel ils
s'opposent s'ils ont déjà pleinement participé aux négociations collectives avec
cet État adverse »). On peut considérer que les consultations sont voisines des
négociations. Certains textes paraissent y voir des synonymes (V. Convention de
Vienne sur la succession d'États en matière de traités du 8 avr. 1978, art. 41, et
celle en matière de biens, archives et dettes d'État du 8 avr. 1983, art. 42) ;
d'autres présentent la consultation comme un préalable à la négociation (Traité
er
sur l'Antarctique, signé à Washington le 1  déc. 1959, JO 6 déc. 1961, art. 11 ;
Grands textes, op. cit., p. 786). On peut, avec les mêmes précautions,
mentionner la formule dite des échanges de vues (Convention des Nations unies
sur le droit de la mer, partie XV). L'insertion de la négociation dans le domaine de
la « justice internationale » est confortée par l'agencement des clauses de
règlement pacifique des différends retenant l'obligation de négocier lato sensu
comme préalable aux procédés juridictionnels. Elle trouve aussi sa justification
dans l'obligation de conclure qui pourrait se dessiner dans certains secteurs du
droit international (CIJ, AC, 8 juill. 1996, Licéité de la menace ou de l'emploi
d'armes nucléaires).

12. Les bons offices correspondent au rôle d'un tiers qui, sans pouvoir s'imposer,
cherche à inciter les parties qui s'opposent mais s'ignorent à reprendre le contact.
Dans une acception étroite comme celle du Pacte de Bogotá du 30 avril 1948
(préc.), il ne s'agit que d'établir ou de rétablir une communication entre des
parties qui n'y parviennent pas sans intermédiaire, mais d'autres conceptions
présentes dans des textes anciens comme les Conventions de La Haye des
29 juillet 1899 et 18 octobre 1907 (préc.) et dans la pratique récente, notamment
celle du secrétaire général de l'ONU, rapprochent les bons offices de la médiation.

13. La médiation est un procédé pacifique de règlement des différends dans


lequel un tiers, accepté comme médiateur par les parties, présente lui-même une
solution qu'il tient pour un arrangement acceptable de part et d'autre. Il n'est pas
exclu que ce tiers apporte sa garantie si la formule qu'il propose reçoit
l'assentiment des parties, mais le résultat reste un simple conseil. Les
Conventions de La Haye de 1899 et 1907 (préc.) en font une variante des bons
offices ; d'autres traités comme le Pacte de Bogotá (préc.) ou le Protocole de
l'OUA (préc.) n'établissent pas ce lien.

14. La conciliation associe, en principe car ce n'est pas une institution aux
contours bien fixés, une étude et une évaluation objective du différend à un
mécanisme de recours à une tierce partie qui fournit les éléments d'une solution
susceptible d'être acceptée par les États en litige. Présente dans des conventions
e
depuis le début du XX  siècle, la Société des nations (SDN) avait adopté en 1922
une résolution incitant les États à y recourir et l'Acte général d'arbitrage de 1928
la mentionnait. Elle a fait l'objet d'une résolution de l'assemblée générale des
Nations unies du 29 janvier 1996 proposant un règlement type (A/RES/50/50).
Rarement employée (pour un exemple : J. EVENSEN, La délimitation du plateau
continental entre la Norvège et l'Islande dans le secteur de Jan Mayen, Annuaire
fr. dr. int. 1981. 711), la conciliation pourrait connaître du fait de son compromis
entre souplesse et objectivation du traitement du différend un regain d'intérêt
dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) ou dans celui de
l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE ; V. Conciliation
[Internat.], Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe [Internat.]
et Règlement des différends – OMC [Internat.]).

15. L'enquête, dont le premier exemple issu de la Convention de La Haye de


1899 est l'affaire du Dogger Bank (rapport du 26 février 1905) est un procédé
destiné à permettre l'établissement des faits par l'emploi d'une commission ou
d'une personne dont la désignation est entourée de garanties. Le procédé
demeure d'emploi fréquent (V. la désignation d'un enquêteur par le secrétaire
général de l'ONU dans l'affaire du Timor oriental par application de la
résolution 384 [1975] du Conseil de sécurité et, ultérieurement pour le même
o
pays, le rapport n  A/54/726 de la commission d'enquête internationale sur le
Timor oriental créée par la Commission des droits de l'homme, résolution 1999/S-
4/1, adressé au secrétaire général des Nations unies en janvier 2000 et transmis
à l'assemblée générale). L'élucidation des faits peut être, par elle-même,
suffisante à la solution du litige ; elle est, dans la plupart des cas, un préalable à
l'emploi d'un autre procédé et c'est une phase normale de la conciliation. Les
Conventions de La Haye très précises sur cette question sont reprises par l'ONU
o
dans les résolutions issues des travaux du Comité spécial (V. supra, n  10).

16. La saisine unilatérale de commissions, combinée le cas échéant avec


l'obligation ou la faculté unilatérale d'y recourir, pousse à la juridictionnalisation
du processus de règlement des différends. Les noms des institutions soutiennent
parfois cette ambiguïté ; ainsi, la Convention relative à la conciliation et à
l'arbitrage élaborée au sein de la CSCE établit-elle à partir du rapport des experts
de La Valette une « cour de conciliation et d'arbitrage » (texte à la RGDI publ.
1993. 213). De plus, les recommandations sont parfois qualifiées de
« sentences » (V. Convention de Vienne du 14 mars 1975 sur la représentation
des États dans leurs relations avec les organisations internationales de caractère
universel). Elles peuvent même prendre un tour obligatoire par détermination
conventionnelle comme dans le Traité du 18 juin 1981 qui porte création de
l'Organisation des Caraïbes orientales dont l'article 14 dispose : « Les États
membres s'engagent à accepter la procédure de conciliation mentionnée au
paragraphe précédent comme ayant force exécutoire. Toute décision ou
recommandation de la commission de conciliation visant à régler le différend est
sans appel et lie les États membres ». Y contribue la transformation d'un organe
de conciliation en organe d'arbitrage (V. Accord entre la France et l'Italie, relatif à
l'entretien des bornes et de la frontière, signé à Paris le 26 mai 1983, RGDI publ.
1987. 203).

17. Va dans le même sens le mécanisme original, issu du Mémorandum d'accords


concernant les règles et procédures régissant le règlement des différends au sein
de l'Organisation mondiale du commerce, au travers duquel se traitent des
questions d'importance majeure pour le commerce international (V. Règlement
des différends – OMC [Internat.]). Il combine les décisions de groupes spéciaux,
dont la composition est arrêtée pour chaque affaire à partir de listes de personnes
compétentes qui construisent leurs raisonnements sur la base du droit, sous le
contrôle éventuel d'un organe d'appel dont la composition fixée pour un mandat
pluriannuel permet d'harmoniser une jurisprudence, avec une décision d'un
organe politique, le Conseil général de l'OMC. Il n'attribue donc pas l'autorité de
la chose jugée à ce que décident les membres des groupes spéciaux et ceux de
l'organe d'appel qui proposent, dans un rapport au conseil, une décision. Celui-ci
se décide par le mécanisme très particulier du consensus négatif (Grands textes,
op. cit., p. 568 et s.). Le classement du mécanisme de règlement des différends
dans une catégorie juridique précise n'est pas simple. L'analyse des méthodes
des groupes spéciaux et de l'organe d'appel pousse à les considérer comme des
organes quasi juridictionnels. Au cours du processus, l'imbrication avec d'autres
procédés de règlement des différends, clairement diplomatiques pour les uns et
clairement juridictionnels pour les autres, est toujours possible ; le mode
d'adoption de la décision obligatoire et l'organe qui y procède relèvent d'une
décision politique. Le contentieux relatif au commerce des bananes qui oppose
depuis des années la Communauté européenne à certains pays d'Amérique latine
et aux États-Unis en est l'illustration. Pris dans son ensemble le processus
privilégie l'équilibre des intérêts plutôt que l'application rétrospective du droit
(WT/DS 27, 5 févr. 1996 ; V. Système commercial multilatéral : volet
institutionnel [Internat.]).

Art. 3 - Procédés juridictionnels


er
§ 1 - Observations communes

18. Ils correspondent à l'emploi, pour résoudre un différend, d'un tiers qui décide
en principe conformément au droit par un acte obligatoire doté de l'autorité de la
is
chose jugée (V., sur les modes de formation du droit applicable, V  Coutume,
Traité international et Principes généraux du droit). Ces procédés sont
traditionnellement divisés en deux catégories : l'arbitrage et le règlement
judiciaire qui présentent des points communs. Par l'acceptation du règlement en
droit, les parties renoncent en principe à la prise en compte d'autres
considérations ; cependant, certains compromis d'arbitrage peuvent apporter des
précisions sur le droit applicable et les statuts des juridictions judiciaires peuvent
admettre le règlement ex aequo et bono (V. Statut de la Cour internationale de
justice, art. 38) ou l'amiable composition qui permet à l'arbitre de faire reposer sa
sentence sur une transaction qui s'écarte de l'application du droit (V., sur les
o
limites de l'autonomie des parties, V  Jus cogens).

ACTUALISATION
18 s. Adhésion à l'Accord sur les privilèges et immunités du Tribunal
o
international du droit de la mer. - La loi n  2011-300 du 22 mars 2011
autorisant l'adhésion à l'Accord sur les privilèges et immunités du Tribunal
international du droit de la mer, adopté à New York le 23 mai 1997, a été
publiée. Les membres du Tribunal bénéficient dans l'ensemble de leurs
fonctions, de privilèges et d'immunités diplomatiques qui sont reconnus dans
la convention des Nations unies sur le droit de la mer (dite « Convention de
Montego Bay »), mais qui sont précisées dans cet accord qui s'inspire des
autres accords de ce type applicables à d'autres organisations internationales
o
(L. n  2011-300 du 22 mars 2011, JO 23 mars. – V. aussi Environnement
os os
[Internat.], Mise à jour, n  56 s., et Mer, Mise à jour, n  191 s.).

o
Publication. Le décret n  2012-950 du 2 août 2012 porte publication de
l'Accord sur les privilèges et immunités du Tribunal international du droit de
la mer (ensemble une déclaration française), adopté à New York le 23 mai
1997 et entré en vigueur à l'égard de la France le 11 juin 2011 (Décr.
o
n  2012-950 du 2 août 2012, JO 5 août. – V. aussi Environnement, Mise à
os os
jour, n  56 s. – V. Mer, Mise à jour, n  191 s.).

19. Le droit dit entre les parties a pour elles force de vérité légale. Seules des
assertions de nullité ou d'inexistence peuvent être envisagées pour défaut de
juridiction (pour une combinaison sur ce thème d'une sentence et d'un arrêt : CIJ
12 nov. 1991, aff. Sentence arbitrale du 31 juill. 1989, Guinée-Bissau c/Sénégal,
Rec. CIJ, p. 53). Ces questions sont particulièrement complexes en droit
international à raison de l'absence de juge de droit commun – tout juge doit
établir sa compétence – et de liens hiérarchiques ou de coordination entre les
juridictions. Mais il existe des exceptions, s'agissant notamment des attributions
juridictionnelles d'organes particuliers comme par exemple le Conseil de
l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI ; V. Navigation aérienne
[Internat.]).

20. Les juridictions arbitrales ou judiciaires ne traitent en principe que du


différend justiciable, seul susceptible de faire l'objet d'un règlement par voie de
e
recours au juge international (P.-M. DUPUY, Droit international public, 7  éd.,
Paris, 2004, Dalloz, p. 15). Ce différend est : « Un désaccord sur un point de droit
ou de fait, une contradiction, une opposition d'intérêt entre deux personnes »
(CPJI 30 août 1924, concessions Mavrommatis en Palestine, exceptions
o
préliminaires, Rec. CPJI, série A, n  2, p. 11).

21. Accessoirement, ces juridictions peuvent recevoir le pouvoir de donner des


avis consultatifs qui ne lient pas ceux qui les reçoivent. En dépit du caractère
indicatif de la réponse donnée, les juridictions sollicitées répugnent à répondre
aux questions qui leur paraissent incompatibles avec la fonction judiciaire. La CIJ
dont le statut prévoit de tels avis (art. 65 à 68) peut refuser de répondre,
reproduisant un choix déjà fait par la CPJI (CPJI, AC, 23 juill. 1923, aff. Statut de
o
la Carélie orientale, Rec. CPJI, série B, n  5), mais sa pratique est plutôt de sens
o
contraire (CIJ, AC, 8 juill. 1996, préc. supra, n  11 ; V. Cour internationale de
justice [Internat.]). La Commission d'arbitrage de la Conférence pour la paix en
Yougoslavie, décidée par la Déclaration du 27 août 1991 et issue d'une réunion
ministérielle extraordinaire des 12 États membres de l'Europe communautaire, y
a au contraire largement recouru, mais il est vrai que cette institution posait des
problèmes quant à sa qualification et celle des actes qu'elle a produits. Créée par
un acte non obligatoire, sa composition échappait largement aux autorités
yougoslaves de l'époque et de surcroît ne prévoyait rien en matière consultative.
Ce pouvoir, quand il existe, peut être parfois cantonné à certaines questions. La
Cour européenne des droits de l'homme peut donner des avis mais ils ne peuvent
er
porter ni sur les droits et libertés du titre I de la Convention ni sur d'autres
o
exclusions prévues dans l'article 47 issu du protocole n  11 (Grands textes, op.
cit., p. 192 et s.). Lorsqu'un tribunal connaît plusieurs types de formations, le
pouvoir de demander des avis peut être restreint à certaines d'entre elles. Au
tribunal international du droit de la mer, seule la chambre pour le règlement des
différends relatifs aux fonds marins peut donner des avis sur ce thème.

§ 2 - Arbitrage

22. L'arbitrage est un procédé juridictionnel. Il se caractérise par l'attribution


immédiate du pouvoir de juger par les parties elles-mêmes qui l'établissent par
un accord entre elles, le compromis, et restent maîtresses de la composition du
tribunal arbitral, de ses règles de procédure et de fond et par l'autorité de chose
jugée qui s'attache à la sentence rendue. Employé pour une affaire isolée, il est
de création postérieure aux circonstances qui expliquent son existence, même si
son emploi est prévu avant tout litige dans un traité d'arbitrage obligatoire ou une
clause compromissoire : « Le choix des juges constitue un critère essentiel de
distinction entre l'arbitrage et la juridiction. La juridiction est par nature
institutionnelle, c'est-à-dire préexiste à l'instance, et les juges sont
organiquement institués. L'arbitre ou les arbitres, au contraire, sont institués par
les parties » (G. SCELLE, Ann. CDI 1950. II, p. 121 ; V. Arbitrage interétatique
[Internat.]).

23. Ne s'écartent pas de ce modèle les viviers de noms où les États peuvent
trouver des personnalités compétentes. Le modèle du vivier illustré par la Cour
permanente d'arbitrage de La Haye créée et aménagée en 1899 et 1907 figure
dans les textes récents relatifs au droit de la mer (V. par ex. les collèges
arbitraux de juristes ou d'experts techniciens prévus dans la Convention de
Montego Bay sur le droit de la mer du 10 déc. 1982 [JO 7 sept. 1996],
annexes VII et VIII). L'arbitre peut être unique ou prendre la forme d'un collège
le plus souvent composé d'un nombre impair d'arbitres. S'en écartent au
contraire les tribunaux arbitraux prédéterminés avec une véritable organisation
(V. par ex. Convention franco-tunisienne du 3 juin 1955, Annuaire fr. dr. int.
1955. 532).

24. L'unicité de l'arbitre est la forme normale lorsque la personne choisie est un


chef d'État, par courtoisie. La formule, jadis usuelle, paraît désuète mais demeure
pratiquée (Sent. arb. de la reine Élisabeth II, 9 déc. 1966, Chili c/Argentine, RSA,
vol. XVI, p. 109, à propos de la frontière des Andes ; 22 avr. 1977, canal de
Beagle, RGDI publ. 1979. 7, application de l'accord de 1902). Mais le personnage
choisi est en réalité assisté d'un groupe qui fonctionne comme un tribunal, sa
contribution se cantonnant à parfaire sur le plan juridique le libellé pour en faire
une sentence. La pluralité et l'imparité sont de mise dans les autres cas, mais
d'autres arrangements sont possibles. En principe, la composition de l'organe
arbitral demeure fixe tout au long de la procédure mais on peut relever des
exemples de composition évolutive : dans le traité de paix avec l'Italie, les
commissions de conciliation qui, en dépit de leur appellation étaient des tribunaux
arbitraux, étaient composées à titre initial d'un représentant de chaque État
partie mais, à défaut d'accord entre eux, un troisième les rejoignait pour arbitrer.

25. L'évolution récente se caractérise par un regain des procédures permettant


de constituer plus vite des tribunaux arbitraux. Le perfectionnement du
mécanisme de La Valette adopté dans la décision relative au règlement pacifique
des différends du 15 décembre 1992, qui peut cantonner l'autonomie de l'État au
rejet de noms d'arbitres pré-choisis sur une liste, en est une illustration
(V. Arbitrage interétatique [Internat.] et Organisation pour la sécurité et la
coopération en Europe [Internat.]). Le mécanisme de l'arbitrage spécial de la
Convention des Nations unies sur le droit de la mer – qui peut être employé dans
des domaines prédéterminés : la pêche, la protection et la préservation du milieu
marin, la recherche scientifique et la navigation, y compris la pollution (Grands
textes, op. cit., p. 595 et s.) –, les règles de désignation des arbitres pour les
litiges dans le cadre de l'OMC et la possibilité d'utiliser un des règlements
facultatifs proposés par la Cour permanente d'arbitrage vont dans le même sens.

26. Si la sentence est normalement fondée sur l'application du droit, les parties
peuvent déterminer, par inclusion ou exclusion, des règles spéciales. Cette liberté
est traditionnellement illustrée par l'exemple des règles de Washington, issues du
Traité du même nom et liées à l'affaire de l'Alabama (Sent. arb. 14 sept. 1872,
États-Unis c/Royaume-Uni, RAI, vol. II, p. 779). Elle peut être réglementée,
notamment lorsque l'arbitrage s'insère dans des accords antérieurs au
compromis, comme par exemple pour les arbitrages prévus par application de la
Convention des Nations unies sur le droit de la mer (préc.) ou dans le cadre des
organisations internationales, par exemple dans le contexte du mécanisme de
règlement des différends de l'OMC (V. Règlement des différends – OMC
[Internat.]).

§ 3 - Règlement judiciaire

e
27. Le règlement judiciaire apparaît au XX  siècle. Jusque-là, les États
considéraient que de tels juges désignés à l'avance ne pouvaient apparaître
comme désintéressés. Le mouvement de création initié par la cour des prises et
la cour centraméricaine, cour avortée ou éphémère, n'a été lancé qu'avec
l'adoption du Statut de la Cour permanente de justice internationale (CPJI) dans
le cadre de la SDN, cour aujourd'hui remplacée par la Cour internationale de
justice, organe judiciaire principal de l'ONU (V. Cour internationale de justice
[Internat.]). Le modèle s'est répandu principalement dans le domaine
économique et pour la protection des droits de l'homme. Outre la Cour de justice
des Communautés européennes, qui s'écarte des fonctions d'une cour
internationale en matière économique (V. Cour de justice [Eur.]), on peut relever
dans la même veine la Cour de justice du Benelux issue du Traité du 31  mars
1965, celle de l'accord de Carthagène issue du Traité du 26 mai 1976 et le
tribunal de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest. Dans le
domaine des droits de l'homme, le règlement judiciaire interétatique est prévu
dans la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des
o
libertés fondamentales du 4 novembre 1950 (préc. supra, n  4) et dans la
Convention interaméricaine du 22 novembre 1969. Mais on trouve hors de ces
domaines, au plan universel, le tribunal international de droit de la mer, issu de la
Convention de Montego Bay du 10 décembre 1982 mais installé en octobre 1996
seulement, et, au plan européen, le tribunal européen pour statuer sur les
violations des règles sur les immunités des États, Protocole du 16 mai 1972,
institutionnellement lié à la Cour européenne des droits de l'homme.

28. La forme judiciaire du règlement juridictionnel se caractérise par l'attribution


du pouvoir de juger à un tiers organisé suivant des règles statutaires qui font
échapper à la volonté des parties en litige la composition du tribunal, la procédure
et les règles de fond. Les assouplissements ne peuvent être décidés que dans la
mesure où le statut le permet. Ainsi en va-t-il des juges ad hoc ajoutés, sous
condition, pour une affaire aux juges réguliers ; ou bien des formations en
chambres restreintes ou spéciales dont la composition peut dépendre d'un accord
entre les juges et les parties ; et encore du recours aux solutions fondées sur
l'appréciation ex aequo et bono.

29. L'acte créateur de la cour ou du tribunal est en principe distinct de celui qui


attribue compétence, et lui est aussi antérieur. Cette existence préalable permet
d'attribuer juridiction par accord conventionnel ad hoc, par clause
compromissoire, par convention de règlement judiciaire mais aussi par la
combinaison des déclarations unilatérales. Cette dernière méthode, rare, est
illustrée par l'article 36, paragraphe 2, du Statut de la CIJ avec la clause
facultative de juridiction obligatoire. Elle se distingue des déclarations unilatérales
d'option entre les juridictions telles que celles qui sont prévues à l'article 287 de
la Convention de Montego Bay (préc.).

30. La préconstitution permet la saisine par requête unilatérale. Lorsqu'elle est


employée, elle soulève des questions complexes de compétence et de
recevabilité, notamment lorsque les actes qui fondent la compétence sont assortis
de conditions. La jurisprudence est constante : un tribunal n'est compétent que
dans la limite de la base commune retenue par les parties, une base qui, même
après requête unilatérale, peut connaître des ajustements par accord explicite
entre les parties. L'accord des parties peut résulter d'une acceptation postérieure
à l'introduction d'une affaire lorsque le règlement de la juridiction le permet. C'est
le cas avec l'article 38, paragraphe 5, du règlement actuel de la Cour
internationale de justice. Cette possibilité a été employée la première fois par le
Congo et acceptée par la France (CIJ, ord., 17 juin 2003, Affaire relative à
certaines procédures pénales engagées en France). Mais, de manière tout aussi
constante, la jurisprudence considère qu'il est de l'essence même d'un tribunal
d'avoir la compétence de sa compétence.

Section 2 - Justice transétatique

er
Art. 1 - Protéger les personnes
31. La justice internationale n'est pas cantonnée aux relations interétatiques. Elle
joue aussi dans les rapports juridiques qui résultent de l'application du droit
international, alors même que toutes les parties concernées ne seraient pas des
États. Ces deux aspects de la justice internationale entretiennent des rapports qui
peuvent s'avérer féconds, le droit des investissements internationaux doit
beaucoup au contentieux transétatique. Les tribunaux pénaux ad hoc, comme la
Cour pénale internationale, créés pour juger les personnes responsables de
violations graves du droit international humanitaire, décideront aussi en des
matières intéressant au premier chef les États dans leurs rapports mutuels. Les
divergences sur la notion de contrôle – effectif ou global – des troupes étrangères
et ses effets sur la qualification juridique des conflits entre le Tribunal pénal
international de La Haye et la Cour internationale de justice en sont une
illustration (CIJ 27 juin 1986, aff. des activités militaires et paramilitaires au
Nicaragua et contre celui-ci, Rec. CIJ, p. 14 et s. ; TPIY 15 juill. 1999, Tadic, IT-
94-1).

32. Les litiges peuvent opposer des parties privées à des États, voire à des
organisations internationales. La première catégorie correspond aux litiges qui
intéressent des particuliers, personnes physiques ou morales pour lesquelles on
dépasse la protection diplomatique traditionnelle ; la seconde, au contentieux de
la fonction publique internationale. Le dépassement de la protection diplomatique
s'opère dans deux domaines : les intérêts économiques des personnes
(V. Arbitrage [CIRDI]) et le respect des droits de l'homme (V. Droits de l'homme
[Internat.]). À chacun de ces deux domaines correspond une méthode
juridictionnelle plutôt qu'une autre : l'arbitrage pour l'économique, le règlement
juridictionnel pour les droits de l'homme et pour l'application du droit
international pénal.

er
§ 1 - Arbitrage et intérêts économiques

33. Le contentieux transétatique économique emploie la technique de l'arbitrage


pour les litiges issus de situations conflictuelles : guerres ou conflits plus limités,
ou pour les différends relatifs aux investissements. Les situations conflictuelles
transétatiques sont traitées par des tribunaux arbitraux institués par des actes de
droit international public, où les personnes privées victimes de dépossession se
présentent immédiatement comme parties. Le contentieux des contrats d'État qui
ne s'inscrit pas nécessairement dans une période de troubles ou de tensions
internationales échappe à la « justice internationale » fondée sur le droit
international public si la juridiction n'a qu'un fondement purement contractuel,
mais l'évolution de la jurisprudence sur la possibilité d'assurer un fondement
conventionnel, et donc proprement international à l'arbitrage, a fait rentrer de
manière importante le contentieux des investissements internationaux dans le
champ du droit international (V. Arbitrage [CIRDI]).
34. Les deux guerres mondiales ont ainsi été suivies par la création de tribunaux
arbitraux. Les différends entre les États-Unis et l'Iran, nés de la révolution
islamique, de l'affaire des otages et des contre-mesures américaines, ont fait
l'objet des Accords d'Alger le 19 janvier 1981. Ces accords ont mis en place le
Tribunal irano-américain de réclamations ; bien que temporaire, il atteint avant
d'avoir épuisé son rôle une durée supérieure à celle de la CPJI. Ce tribunal, qui
peut traiter de certains points de contentieux entre États, a pour fonction
principale de régler les litiges concernant les personnes privées qui y apparaissent
comme parties. Il faut en rapprocher, sous cet angle, la commission
d'indemnisation des Nations unies liée à la guerre du Golfe (résolution 692 du
20 mai 1991.

35. La protection des investissements est l'occasion de permettre aux personnes


privées d'accéder à l'arbitrage. La Convention de Washington du 18 mars 1965
pour le règlement des différends relatifs aux investissements entre États et
ressortissants d'autres États (JO 31 déc. 1967), conclue sous les auspices de la
Banque mondiale et entrée en vigueur le 14 octobre 1966, institue le Centre
international pour le règlement des différends relatifs aux investissements
(CIRDI). La compétence du centre peut être étendue par l'application du
mécanisme supplémentaire approuvé le 29 septembre 2002 et en vigueur depuis
er
le 1  janvier 2003. Des conventions tierces, notamment l'accord de libre-échange
nord-américain (ALENA), font renvoi à la Convention de Washington, étendant
par là même son champ d'application. Le Traité de Lisbonne du 17 décembre
o
1994 relatif à la charte de l'énergie (JOCE, n  L 380, 31 déc.) contient des
dispositions en faveur de l'arbitrage dont celui du centre CIRDI. La Convention de
Montego Bay sur le droit de la mer (préc.) prévoit (sect. 5, art. 186 et s.) une
procédure complexe d'arbitrage transétatique qui peut le cas échéant s'appuyer
sur les règles de la Commission des Nations unies pour le droit commercial
international (CNUDCI). Ces règles qui n'avaient pas vocation à servir pour le
contentieux de droit international public sont aujourd'hui largement employées
après adaptation (V. Arbitrage [CIRDI]).

§ 2 - Protection judiciaire des droits de l'homme

36. Quelques conventions internationales relatives aux droits de l'homme, en sus


des procédures interétatiques qu'elles contiennent, permettent aux individus de
mettre en œuvre des mécanismes qui dépassent la simple surveillance du
comportement des États pour amener ceux-ci devant un organe quasi
juridictionnel et certaines d'entre elles, plus rares encore, devant un véritable
juge. Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, par exemple,
prévoit l'usage d'un comité des droits de l'homme qui peut, par le jeu des
dispositions du protocole facultatif, être actionné par les particuliers pour qualifier
la situation qui règne dans un État (Grands textes, op. cit., p. 146). L'évolution
du fonctionnement du comité conduit à le faire considérer comme un organe
quasi juridictionnel dont les décisions peuvent être reprises dans la motivation de
jugements stricto sensu par des cours internationales. La Convention européenne
o
de sauvegarde des droits de l'homme du 4 novembre 1950 (préc. supra, n  4) et
o
la Convention américaine du 22 novembre 1969 (préc. supra, n  27) permettent
la réalisation du droit par des mécanismes juridictionnels. Le protocole de
création de la Cour africaine, pour mettre en œuvre la Convention africaine des
droits de l'homme et des peuples, pourtant entré en vigueur le 25 janvier 2004
n'a pas déclenché la création de la cour qui reste en suspens. La Conv. EDH
prévoit la possibilité d'aller devant la Cour européenne des droits de l'homme à
Strasbourg, la Convention interaméricaine d'aller devant la Cour interaméricaine
de San José de Costa Rica (V. Droits de l'homme [Internat.] et Conseil de
er
l'Europe [Internat.]). Pour la Conv. EDH, depuis l'entrée en vigueur le 1  janvier
1998 du protocole 11, le filtre préalable de la Commission européenne a disparu,
ce qui a entraîné une explosion du nombre de cas soumis à la Cour. Elle a rendu
plus d'arrêts, depuis, que pendant les dizaines d'années précédentes. Désormais,
appliquant sa décision de Grande chambre du 22 juin 2004, la Cour pratique la
technique des arrêts pilotes, ne répondant qu'une seule fois à une question
o
structurelle (Broniowski c/Pologne [G.C.], n  31443/96, CEDH 2004-V). Ce type
de filtrage continue d'exister sur le continent américain. La Commission
interaméricaine des droits de l'homme y joue un rôle spécifique pour tous les
pays membres de l'Organisation des États américains, y compris les États non
parties au Statut de la Cour interaméricaine.

§ 3 - Contentieux de la fonction publiqueinternationale

37. Des différends peuvent survenir entre les organisations internationales et les


fonctionnaires qui y servent (V. Fonctionnaires internationaux [Internat.]). Le jeu
des privilèges et immunités excluant les recours au droit interne des États, les
organisations doivent prévoir des voies de droit spécifiques. « De l'avis de la
Cour, si l'Organisation des Nations unies laissait ses propres fonctionnaires sans
protection judiciaire ou arbitrale pour le règlement des différends entre elle et
eux, ce ne serait guère compatible avec les fins explicites de la Charte, qui sont
de favoriser la liberté et la justice pour les êtres humains, ou avec le souci
constant de l'Organisation des Nations unies, qui est de promouvoir ces fins »
(CIJ, AC, 13 juill. 1954, Effet de jugements du tribunal administratif des Nations
unies accordant indemnité, Rec. CIJ, p. 57).

38. Pour écarter ce qui pourrait conduire à un déni de justice, les organisations


internationales ont créé des juridictions administratives. Ce sont des juridictions
d'attribution, ce qui suppose que l'organisation mise en cause ait formellement
accepté cette compétence juridictionnelle. Le modèle qui illustre cette catégorie
est le tribunal administratif des Nations unies (TANU). Bien des organisations,
mais il y a des exceptions notables, poursuivent le mouvement entamé par la
SDN qui avait en son temps créé un tribunal administratif, devenu le tribunal
administratif de l'Organisation internationale du travail (TAOIT), au point qu'on
peut considérer qu'il y a aujourd'hui une prolifération de ces juridictions
(V. Fonctionnaires internationaux [Internat.]).

Art. 2 - Punir les coupables

39. L'introduction d'incriminations pénales n'est pas neuve en droit international.


On y distingue par exemple la piraterie (V. Piraterie [Internat.]) et la traite des
esclaves, le trafic des stupéfiants (V. Stupéfiants [Internat.]), le terrorisme ou les
actes illicites à l'encontre de la sécurité de l'aviation civile (V. Terrorisme
international [Internat.]). Mais la répression de ces infractions demeure de la
compétence nationale. L'idée d'une Cour pénale internationale n'est pas non plus
une innovation. Lors des discussions relatives au Statut de la Cour permanente de
justice internationale, on évoquait même la possibilité de créer une cour
criminelle pour juger des crimes contre l'ordre public universel qui aurait exercé
une compétence pénale à l'égard des États. Mais la répression des crimes liés à la
Seconde Guerre mondiale n'a pu être assurée au plan international que par des
juridictions ad hoc. Aujourd'hui, coexistent plusieurs possibilités de répression :
par les tribunaux nationaux, par les tribunaux internationaux spéciaux et par la
er
Cour pénale internationale. Depuis l'entrée en vigueur le 1  juillet 2002 du Traité
o
adopté à Rome le 17 juillet 1998 (Décr. n  2002-925 du 6 juin 2002, JO 11 juin),
la Cour pénale internationale fonctionne sans que son existence soit liée à un
conflit particulier. Alors même que les tribunaux spéciaux sont institués ex-post,
avec les problèmes qui peuvent naître du respect du principe de légalité des délits
et des peines, la CPI existe donc ex-ante.

ACTUALISATION
39 s. Publication de la loi portant adaptation du droit pénal à la Cour
pénale internationale. Après avoir été examinée par le Conseil
constitutionnel et déclarée conforme à la Constitution (Cons. const. 5 août
o o
2010, n  2010-612 DC  ), la loi n  2010-930 du 9 août 2010 portant
adaptation du droit pénal à l'institution de la Cour pénale internationale a été
publiée. Elle prévoit notamment l'incrimination de l'incitation publique et
directe à commettre le crime de génocide, porte la prescription de l'action
publique pour crimes de guerre à trente ans et crée une nouvelle compétence
extraterritoriale française pour les crimes commis à l'étranger par des
personnes étrangères du fait de leur résidence en France, à condition que la
o
CPI ait elle-même décliné sa propre compétence (L. n  2010-930 du 9 août
2010, JO 10 août ; D. 2010. 1874, obs. Lavric. – V. Compétence pénale
[Internat.] et Guerre [Internat.]).
Procédure de remise à la Cour pénale internationale. Dans cet arrêt, la
Cour de cassation rappelle que la procédure de remise à la Cour pénale
internationale (CPI) est prévue par le statut du 18 juillet 1998 et précisée par
les articles 627 et suivants du code de procédure pénale (C. pr. civ.). Elle
n'est subordonnée qu'au seul constat de l'absence d'erreur évidente sur la
personne remise (C. pr. civ., art. 627-8). L'opportunité de la remise ne doit
pas être contrôlée, sauf à s'assurer du respect des droits de l'homme et de ce
que la procédure ne conduise pas à une ré-extradition vers un autre pays.
Dans le même arrêt, la Cour de cassation a jugé qu'en l'absence de demande
de remise adressée aux autorités françaises par une juridiction internationale,
le fait que les tribunaux français soient compétents pour juger une personne
se trouvant sur le territoire français pour une infraction relevant de la
compétence de la CPI était bien conforme au statut de cette dernière (Crim.
os
4 janv. 2011, n  10-87.759  et 10-87.760  , D. 2011. 716, note
Gréciano  . – V. Droit international humanitaire [Internat.], Mise à jour,
os o
n  37 s., et Entraide judiciaire [Matière pénale], Mise à jour, n  67).

Le principe de légalité fait obstacle à une extradition pour des faits de


génocide. Sur le fondement de la notion de légalité pénale qui commande
que le principe de l'incrimination précède l'infraction, la Cour considère que
o
l'article 696-3, 1 du code de procédure pénale, qui n'autorise l'extradition
que pour « les faits punis de peines criminelles par la loi de l'État
requérant », fait obstacle à une extradition au Rwanda motivée par des faits
relevant de la qualification de génocide. En effet, il convient de se placer à la
date de la commission des faits et non à la date où est émise la demande
os
d'extradition (Crim. 26 févr. 2014, n  13-86.631  , 13-87.888  et 13-
87.846  , D. 2014. 610  ).

er
§ 1 - Incriminations

40. Les statuts des tribunaux de Nuremberg et de Tokyo (Tribunal militaire


international de Nuremberg et Tribunal militaire international pour l'Extrême-
Orient), issus des Accords de Londres du 8 octobre 1945 et de l'Acte du
commandant en chef des troupes d'occupation au Japon, ont apporté de
véritables nouveautés. À l'exception du cas particulier de l'article 227 du Traité de
Versailles de 1919 visant l'empereur Guillaume II, aucun texte antérieur à la
Seconde Guerre mondiale ne retenait la responsabilité pénale d'agents agissant
au nom de l'État. Ces textes prévoient la responsabilité des personnes physiques,
alors même qu'elles agissent comme agents des États si elles commettent des
crimes contre la paix, des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité.
L'assemblée générale des Nations unies a adopté le 9 décembre 1948 la
Convention de Paris pour la prévention et la répression du crime de génocide (JO
26 nov. 1950), qui retient cette incrimination, quelles que soient les
circonstances. Les quatre Conventions de Genève du 12 août 1949 (Convention
pour l'amélioration du sort des blessés et des malades dans les forces armées en
campagne, Convention pour l'amélioration du sort des blessés, des malades et
des naufragés des forces armées sur mer, Convention relative au traitement des
prisonniers de guerre, Convention relative à la protection des personnes civiles en
temps de guerre [JO 6 mars 1952]) et les Protocoles additionnels du 10 juin 1977
définissent des infractions graves constitutives de « crimes de guerre » (V. Droit
international humanitaire [Internat.]). Le génocide, les crimes contre l'humanité,
les violations des conventions de Genève sont les incriminations retenues pour
déterminer la compétence ratione materiae des deux tribunaux pénaux spéciaux
de La Haye et de la Cour pénale internationale. Pour celle-ci s'ajoute une
incrimination dont il est convenu qu'elle ne sera poursuivie qu'une fois son
contenu mieux défini : le crime d'agression. Devant les juridictions pénales
internationales, la qualité officielle d'un accusé comme chef d'État ou de
gouvernement ou comme parlementaire et les immunités qui s'y rattachent sont
sans portée (V. Statut, art. 27) : une situation juridique différente de celle qui
résulterait de l'exercice de la compétence universelle des États comme a décidé
de le souligner la CIJ dans l'affaire Yérodia (CIJ 14 févr. 2002, Affaire relative au
mandat d'arrêt du 11 avr. 2000 ; V. Immunités [Internat.]).

§ 2 - Répression judiciaire

41. La répression des crimes commis dans l'ex-Yougoslavie et le Rwanda repose


sur la création, par le Conseil de sécurité, de tribunaux ad hoc qui n'ont pas
vocation à durer. Sur une initiative française, le Conseil de sécurité, par sa
résolution 808 du 22 février 1993, a décidé la création d'un tribunal pour juger
les personnes responsables des violations graves du droit humanitaire lors du
conflit yougoslave. Le statut du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie
a été élaboré par le secrétaire général et adopté par la résolution 827 du 25 mai
1993 fondée sur le chapitre VII de la Charte des Nations unies (Grands textes,
op. cit., p. 207). Le Conseil de sécurité a fait de même pour le conflit du Rwanda
en créant le tribunal international pour le Rwanda par sa résolution 955 du
8 novembre 1994 (Grands textes, op. cit., p. 219). Les deux juridictions ont des
structures identiques : des chambres de première instance et une chambre
d'appel, et des liens organiques puisque la chambre d'appel du tribunal de l'ex-
Yougoslavie l'est aussi pour l'autre tribunal, mais le procureur, un temps
commun, est propre à chaque tribunal. La réunion, sous l'autorité d'une même
chambre d'appel à La Haye, renforce l'institutionnalisation de ces tribunaux.
Comme le tribunal pour l'ex-Yougoslavie, celui pour le Rwanda a compétence
pour connaître du génocide et du crime contre l'humanité. Mais le second n'est
pas compétent pour connaître des violations des lois et coutumes de guerre en
général ; il ne connaît que des violations graves prévues à l'article 3 commun aux
o
quatre Conventions de Genève de 1949 (préc. supra, n  40). En revanche, il a
compétence pour connaître des violations au Protocole additionnel II de 1977 qui
concerne les conflits internes. Le procédé peut connaître des variantes avec
l'internationalisation, par accord international, de juridictions internes ; comme
pour le tribunal international pour le Sierra Leone prévu par l'accord du 16 janvier
2002, ou les juridictions mixtes avec la création des chambres extraordinaires des
tribunaux cambodgiens décidées par accord avec l'ONU du 13 mai 2003. Les
Nations unies chargées d'administrer les territoires dans l'ex-Yougoslavie ont reçu
le pouvoir de mettre sur pied des juridictions spéciales (résolution 1503 du
28 août 2003).

ACTUALISATION
 AUMOND, La situation au Darfour déférée à la CPI. Retour sur une résolution
« historique » du Conseil de sécurité, RGDIP 2008. 111
41 s. Répression judiciaire. Cour pénale internationale (CPI) - La
résolution 1593 (2005) du 31 mars 2005 réalise la première saisine de la CPI
par le Conseil de sécurité en ce qui concerne la situation au Darfour.

Ouverture du Tribunal spécial pour le Liban (TSL) Une résolution du


Conseil de sécurité des Nations unies prévoit la création d'un tribunal chargé
de poursuivre les personnes responsables de l'attentat de Beyrouth du
14 février 2005. La compétence de ce tribunal pourra être élargie si d'autres
er
attentats survenus au Liban entre le 1  octobre 2004 et le 12 décembre
2005, de nature et de gravité similaires, lui paraissent avoir un lien avec
l'attentat de 2005 (résolution 1757 [2007] du Conseil de sécurité des Nations
unies, www.dalloz.fr, rubrique Actualité, obs. Lavric ; http://www.un.org).

42. La Cour pénale internationale, créée et gérée par l'assemblée des États
parties, s'inscrit normalement dans la longue durée. À la différence des tribunaux
spéciaux qui se sont, un temps, substitués aux tribunaux internes, sa compétence
est complémentaire de celle des juridictions internes. Mais elle n'est pas l'organe
judiciaire pénal principal de l'Organisation des Nations unies avec laquelle elle
entretient des liens privilégiés, notamment au travers des pouvoirs particuliers
accordés au Conseil de sécurité qui peut bloquer la procédure (Statut de Rome,
art. 16) ou, à l'opposé, en assurer l'engagement ; la décision du Conseil de
sécurité de déférer une affaire au procureur joue comme une clause attributive de
compétence (Statut de Rome, art. 13, b) et, reposant sur une résolution fondée
sur le chapitre VII, peut concerner tout État, y compris non partie au Statut de la
CPI. La première situation déférée par le Conseil de sécurité par sa
résolution 1593 du 31 mars 2005 concerne la région du Darfour au Soudan pour
er
les faits qui s'y produisent à compter du 1  juillet 2002. L'organisation de la
procédure devant la cour tire des leçons du fonctionnement des tribunaux
internationaux. Elle conjugue procédure accusatoire et inquisitoire et fait contrôler
l'action du procureur par la chambre préliminaire.

43. L'exécution des décisions de justice internationale peut entraîner des


aménagements des droits internes des États, notamment des modifications
constitutionnelles ou législatives, concernant le fonctionnement de leurs organes
juridictionnels qui peuvent se trouver devant l'obligation de reprendre des
décisions judiciaires définitives. Les décisions de la Cour internationale de justice
en ce sens, prononcées à l'encontre des États-Unis dans les affaires LaGrand et
Avena, ont d'ailleurs entraîné la dénonciation par les États-Unis de la convention
sur les relations consulaires ayant servi de base de compétence à la CIJ (CIJ
27 juin 2001, LaGrand, Rec. CIJ, p. 461 ; 31 mars 2004, Avena et autres
ressortissants mexicains). Les décisions du Comité des ministres du Conseil de
l'Europe imposant de faire suite aux arrêts de la Cour européenne des droits de
l'homme ont entraîné l'adoption de dispositions internes permettant de faire droit
aux demandes de réexamen des décisions internes définitives (en France, L.
o
n  2000-516 du 15 juin 2000 [JO 16 juin, rect. 8 juill.] modifiant le code de
procédure pénale ; C. pr. pén., art. 626-1  ). La nécessité d'accomplir les peines
décidées par des juridictions pénales internationales dans des établissements
relevant des États souverains suppose, au moins dans les pays démocratiques,
qu'ils adoptent des textes permettant de gérer la privation de liberté des
condamnés, puisque les personnes jugées à La Haye pourront y être incarcérées.
La France a adopté pour ce faire deux lois concernant les tribunaux pénaux
o
internationaux pour l'ex-Yougoslavie et le Rwanda : loi n  95-1 du 2 janvier 1995
o
(D. 1995. 56  ) et loi n  96-432 du 22 mai 1996 (D. 1996. 236  ) ; et, pour la
o
coopération avec la Cour pénale internationale, la loi n  2002-268 du 26 février
2002 (JO 27 févr. ; C. pr. pén., art. 627  ) qui sera complétée ultérieurement
o
(projet de loi n  3271 portant adaptation du droit pénal à l'institution de la Cour
pénale internationale, JOAN 26 juill. 2006). Au contraire, un État hostile à
l'exercice de la compétence de la CPI en dehors des cas contrôlés par le Conseil
de sécurité, comme les États-Unis, multiplie les conventions bilatérales excluant
la compétence de cette cour.

ACTUALISATION
43. Tribunal pénal international pour le Rwanda 2001, recueil des
ordonnances, décisions, jugements et arrêts, 2006, Bruylant.

Index alphabétique

■Acte général d'arbitrage 10

■Arbitrage 18, 22 s., 33 s.

■Arbitrage (CIRDI) 7, 33 s.


■Avis 21

■Bons offices 12

■Centre international pour le règlement des différends relatifs aux


investissements (CIRDI) 35

■Charte de l'énergie 35

■Charte des Nations unies 2 s., 8 s.

■Chose jugée 9, 22

■Clause compromissoire 29

■Comité des droits de l'homme 4

■Commission des Nations unies pour le droit commercial international 10

■Communauté internationale 5 (renvoi).

■Conciliation 14

■Conseil de l'Europe 43

■Conseil de l'OACI 19

■Conseil de sécurité des Nations unies 42

■Consultation 11

■Contrats d'État 7 (renvoi), 33

■Contre-mesures 5 (renvoi)

■Convention de La Haye pour le règlement pacifique des différends


internationaux (29 juill. 1899) 10

■Convention des Nations unies sur le droit de la mer (10 déc. 1982) 8, 25

■Convention de Paris pour la prévention et la répression du crime de génocide


(8 déc. 1948) 40

■Convention de Washington pour le règlement des différends relatifs aux


investissements entre États et ressortissants d'autres États (18 mars 1965) 35

■Conventions régionales 10

■Cour de conciliation et d'arbitrage 16

■Cour européenne des droits de l'homme 4, 43


■Cour internationale de justice 4, 27

■Cour de justice des Communautés européennes 27

■Cour pénale internationale 4, 31, 39 s., 42

■Coutume 18

■Crime de guerre 40

■Crime contre l'humanité 40

■Crime contre la paix 40

■Déclaration unilatérale 29

■Définition 1 s.

■Droits de l'homme 7 (renvoi), 27



protection judiciaire 36

■Droit international humanitaire 40 s.

■Échange de vues 11

■Enquête 15

■Fonction publique internationale 37 s.

■Fonctions 6

■Génocide 40

■Incrimination 40

■Investissements 31, 35

■« Jus cogens » 18

■Justice interétatique 8 s.

■Justice transétatique 31 s.

■Maintien de la paix 8 s.

■Mécanisme de La Valette 10, 25

■Médiation 13
■Mer 8 (renvoi)

■Négociation 11

■Organisation mondiale du commerce (OMC) 14

■Organisation des Nations unies 5 s., 42

■Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe 10, 25

■Organisations internationales 8

■Organisations non gouvernementales 6 (renvoi).

■Piraterie 39

■Préconstitution 30

■Principes généraux du droit 18

■Privilèges et immunités 37

■Procédés diplomatiques 10 s.

■Procédés juridictionnels 18 s.

■Recommandation 16

■Règlement des différends (OMC) 7, 17, 26 (renvois)

■Règlement judiciaire 27 s.

■Règlement pacifique des différends 11

■Règles de Washington 26

■Répression judiciaire 41 s.

■Résolution des Nations unies 3

■Responsabilité internationale 5 (renvoi).

■Sentence 16

■Société des nations 14

■Stupéfiants 39

■Tribunal administratif des Nations unies (TANU) 38

■Tribunal administratif de l'Organisation internationale du travail (TAOIT) 38


■Tribunal arbitral 24 s.

■Tribunal militaire international pour l'Extrême-Orient 40

■Tribunal militaire international de Nuremberg 40

■Tribunal pénal international 31, 40 s.



ex-Yougoslavie 41

Rwanda 41
Actualisation

Bibliographie. - PAZARTZIS, La répression pénale des crimes internationaux.


Justice pénale internationale, 2007, Pedone.
18 s. Adhésion à l'Accord sur les privilèges et immunités du Tribunal
o
international du droit de la mer. - La loi n  2011-300 du 22 mars 2011
autorisant l'adhésion à l'Accord sur les privilèges et immunités du Tribunal
international du droit de la mer, adopté à New York le 23 mai 1997, a été publiée.
Les membres du Tribunal bénéficient dans l'ensemble de leurs fonctions, de
privilèges et d'immunités diplomatiques qui sont reconnus dans la convention des
Nations unies sur le droit de la mer (dite « Convention de Montego Bay »), mais
qui sont précisées dans cet accord qui s'inspire des autres accords de ce type
o
applicables à d'autres organisations internationales (L. n  2011-300 du 22 mars
os
2011, JO 23 mars. – V. aussi Environnement [Internat.], Mise à jour, n  56 s., et
os
Mer, Mise à jour, n  191 s.).
o
Publication. Le décret n  2012-950 du 2 août 2012 porte publication de l'Accord
sur les privilèges et immunités du Tribunal international du droit de la mer
(ensemble une déclaration française), adopté à New York le 23 mai 1997 et entré
o
en vigueur à l'égard de la France le 11 juin 2011 (Décr. n  2012-950 du 2 août
os
2012, JO 5 août. – V. aussi Environnement, Mise à jour, n  56 s. – V. Mer, Mise à
os
jour, n  191 s.).

39 s. Publication de la loi portant adaptation du droit pénal à la Cour


pénale internationale. Après avoir été examinée par le Conseil constitutionnel
o
et déclarée conforme à la Constitution (Cons. const. 5 août 2010, n  2010-
o
612 DC  ), la loi n  2010-930 du 9 août 2010 portant adaptation du droit pénal à
l'institution de la Cour pénale internationale a été publiée. Elle prévoit notamment
l'incrimination de l'incitation publique et directe à commettre le crime de
génocide, porte la prescription de l'action publique pour crimes de guerre à trente
ans et crée une nouvelle compétence extraterritoriale française pour les crimes
commis à l'étranger par des personnes étrangères du fait de leur résidence en
France, à condition que la CPI ait elle-même décliné sa propre compétence
o
(L. n  2010-930 du 9 août 2010, JO 10 août ; D. 2010. 1874, obs. Lavric. –
V. Compétence pénale [Internat.] et Guerre [Internat.]).

Procédure de remise à la Cour pénale internationale. Dans cet arrêt, la Cour


de cassation rappelle que la procédure de remise à la Cour pénale internationale
(CPI) est prévue par le statut du 18 juillet 1998 et précisée par les articles 627 et
suivants du code de procédure pénale (C. pr. civ.). Elle n'est subordonnée qu'au
seul constat de l'absence d'erreur évidente sur la personne remise (C. pr. civ.,
art. 627-8). L'opportunité de la remise ne doit pas être contrôlée, sauf à s'assurer
du respect des droits de l'homme et de ce que la procédure ne conduise pas à
une ré-extradition vers un autre pays. Dans le même arrêt, la Cour de cassation a
jugé qu'en l'absence de demande de remise adressée aux autorités françaises par
une juridiction internationale, le fait que les tribunaux français soient compétents
pour juger une personne se trouvant sur le territoire français pour une infraction
relevant de la compétence de la CPI était bien conforme au statut de cette
os
dernière (Crim. 4 janv. 2011, n  10-87.759  et 10-87.760  , D. 2011. 716,
note Gréciano  . – V. Droit international humanitaire [Internat.], Mise à jour,
os o
n  37 s., et Entraide judiciaire [Matière pénale], Mise à jour, n  67).

Le principe de légalité fait obstacle à une extradition pour des faits de


génocide. Sur le fondement de la notion de légalité pénale qui commande que le
principe de l'incrimination précède l'infraction, la Cour considère que l'article 696-
o
3, 1 du code de procédure pénale, qui n'autorise l'extradition que pour « les faits
punis de peines criminelles par la loi de l'État requérant », fait obstacle à une
extradition au Rwanda motivée par des faits relevant de la qualification de
génocide. En effet, il convient de se placer à la date de la commission des faits et
os
non à la date où est émise la demande d'extradition (Crim. 26 févr. 2014, n  13-
86.631  , 13-87.888  et 13-87.846  , D. 2014. 610  ).

 AUMOND, La situation au Darfour déférée à la CPI. Retour sur une résolution


« historique » du Conseil de sécurité, RGDIP 2008. 111
41 s. Répression judiciaire. Cour pénale internationale (CPI) - La
résolution 1593 (2005) du 31 mars 2005 réalise la première saisine de la CPI par
le Conseil de sécurité en ce qui concerne la situation au Darfour.

Ouverture du Tribunal spécial pour le Liban (TSL) Une résolution du Conseil


de sécurité des Nations unies prévoit la création d'un tribunal chargé de
poursuivre les personnes responsables de l'attentat de Beyrouth du 14 février
2005. La compétence de ce tribunal pourra être élargie si d'autres attentats
er
survenus au Liban entre le 1  octobre 2004 et le 12 décembre 2005, de nature et
de gravité similaires, lui paraissent avoir un lien avec l'attentat de 2005
(résolution 1757 [2007] du Conseil de sécurité des Nations unies, www.dalloz.fr,
rubrique Actualité, obs. Lavric ; http://www.un.org).

43. Tribunal pénal international pour le Rwanda 2001, recueil des ordonnances,


décisions, jugements et arrêts, 2006, Bruylant.

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