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Justice internationale
Gilles COTTEREAU
Professeur, président honoraire de l'Université du Maine
août 2006
Généralités 1 - 7
Bibliographie
Généralités
1. Dans une acception large des termes, les mots « justice internationale »
renvoient à la recherche du juste dans les relations internationales. En ce sens, la
justice dont on vise l'accomplissement peut être distinguée de l'application de la
règle de droit. Dans une acception plus étroite, ces termes renvoient aux
méthodes et aux institutions permettant d'obtenir cette réalisation du juste, le
plus souvent confondue avec celle du droit.
2. Prise en son sens large, cette recherche est indifférente aux choix
institutionnels pourvu que le but soit atteint. La Charte des Nations unies (signée
à San Francisco le 26 juin 1945, JO 13 janv. 1946), qui dans son Préambule
rappelle la résolution des peuples « à créer les conditions nécessaires au maintien
de la justice et du respect des obligations nées des traités et autres sources du
droit international », par cette distinction même, semble opposer la justice et le
droit. La formule se retrouve dans l'énoncé des buts et des principes de la Charte
qui prévoit, quant aux buts, de « maintenir la paix et la sécurité internationales et
à cette fin : prendre des mesures collectives efficaces en vue de prévenir et
d'écarter les menaces à la paix […] et réaliser, par des moyens pacifiques,
conformément aux principes de la justice et du droit international, l'ajustement
ou le règlement de différends ou de situations, de caractère international,
susceptibles de mener à une rupture de la paix » ; et quant aux principes : « les
membres de l'Organisation règlent leurs différends internationaux par des
moyens pacifiques, de telle manière que la paix et la sécurité internationales ainsi
er
que la justice ne soient pas mises en danger » (Charte des Nations unies, art. 1 ,
er
§ 1 , et art. 2, § 3 ; P.-M. DUPUY, Les grands textes de droit international public,
e
4 éd., Paris, 2004, Dalloz, p. 1 et s.).
4. Prise dans son sens étroit, elle est au cœur des motifs de création d'organes de
contrôle de la réalisation du droit, notamment juridictionnels. Elle justifie la
création des collèges arbitraux dont l'usage est constant depuis le renouveau
initié par les pays anglo-saxons après la guerre d'indépendance américaine au
e
XVIII siècle et surtout après la guerre de Sécession et la sentence du
14 septembre 1872 dans l'affaire de l'Alabama (V. Arbitrage interétatique
[Internat.] ; pour un commentaire de l'ensemble de l'affaire : LA PRADELLE et
POLITIS Recueil des arbitrages internationaux, t. 2, Paris, 1932, Les éditions
internationales, p. 713 et s.). D'évidence, il en va de même pour les juridictions
permanentes. Par construction, la Cour internationale de justice s'inscrit dans le
cadre des buts et principes des Nations unies dont elle est l'organe judiciaire
er
principal (Charte des Nations unies, art. 7, § 1 , et chap. XIV ; V. Cour
internationale de justice [Internat.]) ; la Cour pénale internationale est créée par
les États pour « garantir durablement le respect de la justice et sa mise en
œuvre » (Statut de Rome de la Cour pénale internationale, Préambule, Grands
textes, op. cit., p. 232 et s.) ; la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH)
est instituée pour protéger ces droits et les libertés fondamentales qui constituent
« les assises même de la justice et de la paix » (Préambule, Convention
européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales
du 4 novembre 1950 [dite Conv. EDH], JO 4 mai 1974, Grands textes, op. cit.,
p. 192 et s.). C'est aussi vrai pour de nombreux mécanismes où des décisions de
qualification des comportements des sujets du droit international sont prises sur
la base du droit et qu'on peut considérer, au vu de leurs méthodes de travail et
de raisonnement, comme de quasi-juridictions. Ainsi en va-t-il, par exemple, du
Comité des droits de l'homme du Pacte international relatif aux droits civils et
politiques du 16 décembre 1966 dont la compétence peut être étendue par le
biais du protocole facultatif s'y rattachant (Grands textes, op. cit., p. 129 et s.
pour le Pacte et p. 146 pour le protocole).
6. Pour s'orienter dans ces voies, les acteurs du droit international doivent le
vouloir et le choisir, car la « justice internationale » n'est pas ramassée en une
institution unique ni même rassemblée en un ensemble coordonné et hiérarchisé
dont la compétence serait de plein droit. L'évocation de la « justice
internationale » renvoie à une constellation d'organes, ad hoc ou statutaires,
éphémères ou durables, et d'appellations variées : comité, commission, tribunal
ou cour. Globalement, la justice internationale a une double fonction. D'une part,
en contribuant au règlement pacifique des différends internationaux, elle
contribue à la protection de l'autorité des sujets du droit international, en
adjugeant leurs conclusions à ceux qui ont pour eux le droit ; il s'agit ici d'obtenir
la réalisation du droit pour maintenir ou rétablir la paix. D'autre part, en
protégeant les personnes ou en punissant les coupables elle contribue à la
consolidation ou au rétablissement de la paix en apaisant la perception des
injustices capables d'engendrer la naissance ou la résurgence des conflits. Cette
dernière fonction explique l'importance que les organisations internationales non
gouvernementales attachent à la fonction judiciaire. Des mouvements d'opinion
ont clairement soutenu l'apparition des juridictions pénales. Les décisions de
justice font l'objet d'analyses suivies et de diffusion. Les juridictions
internationales elles-mêmes, avec des différences, se montrent intéressées par
des rapports structurés avec la société civile (V. Organisation non
gouvernementale [Internat.]).
7. La « justice internationale » apparaît donc liée aux méthodes propres à régler
pacifiquement les différends internationaux interétatiques, mais sans pour autant
s'épuiser dans cette fin. Il faut relever que des organisations internationales
d'intégration économique et politique accèdent aujourd'hui au contentieux
international interétatique dans le cadre de leur spécialité ; ainsi, la Communauté
européenne peut-elle être partie dans les procédures de règlement des différends
de l'Organisation mondiale du commerce (V. Règlement des différends – OMC
[Internat.]). Elle opère aussi, pour autant que l'obligation en cause soit bien du
droit international, dans des contestations transnationales relatives aux
engagements économiques qui opposent un État à un opérateur économique issu
d'un autre État (V. Arbitrage [CIRDI] et Contrats d'État). Elle tient également un
rôle dans la panoplie des moyens utilisables pour protéger les personnes
physiques des errements des États, de leurs organes ou de leurs agents, voire de
leurs ressortissants, dans le cadre des engagements relatifs aux droits de
l'homme (V. Droits de l'homme [Internat.]). Elle est encore, mais là comme
justice pénale frappant des individus, utilisable comme moyen de consolider la
paix par la punition des responsables des crimes les plus graves commis en
temps de paix ou de guerre. La « justice internationale » correspond alors à deux
os
grands groupes de contentieux : interétatique (V. infra, n 8 et s.) et
os
transétatique (V. infra, n 31 et s.).
re
Section 1 - Justice interétatique
er
Art. 1 - Diversité des procédés
10. Les textes universels les plus connus sont les Conventions de La Haye pour le
règlement pacifique des conflits internationaux de 1899 et 1907 et l'Acte général
d'arbitrage de 1928, révisé en 1949. Ces textes à caractère supplétif offrent des
modèles de règles. Les textes régionaux sont le Pacte de Bogotá du 30 avril 1948
(Charte de l'Organisation des États américains [OEA]), révisé par le Protocole de
Buenos Aires de 1967, la Convention européenne pour le règlement pacifique des
o
différends de Strasbourg du 29 avril 1957 (enregistrement n 4646, secrétariat
général du Conseil de l'Europe). L'actualisation de ces textes est conduite en
diverses institutions. L'ONU, dans la résolution 2329 (XXII) adoptée par
l'assemblée générale le 18 décembre 1967 et, ultérieurement, dans des travaux
du Comité spécial de la Charte des Nations unies et du raffermissement du rôle
de l'organisation, en propose des modalités modernisées. La Cour permanente
d'arbitrage, après adaptation aux questions intéressant le droit international
public, fait de même avec des modèles de règles récents, issus des travaux de la
Commission des Nations unies pour le droit commercial international (CNUCDI
pour plusieurs procédés : la conciliation, l'enquête et l'arbitrage ; V. Arbitrage du
commerce international [Internat.]). Certains textes régionaux n'ont pas vraiment
engendré d'activité soutenue : les textes adoptés dans le cadre de la Conférence
sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE/OSCE) : le mécanisme de La
Valette 1991, modifié en 1992, et la Convention relative à la conciliation et à
l'arbitrage adoptée à Stockholm en 1992 (V. Organisation pour la sécurité et la
coopération en Europe [Internat.]). D'autres sont désormais caducs : le Protocole
relatif à la commission de médiation de conciliation et d'arbitrage dans le cadre
de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) du 21 juillet 1964 l'est depuis 1999,
l'Afrique remettant sur le métier les règles de ses mécanismes régionaux de
règlement des différends en souhaitant faire fusionner diverses institutions.
12. Les bons offices correspondent au rôle d'un tiers qui, sans pouvoir s'imposer,
cherche à inciter les parties qui s'opposent mais s'ignorent à reprendre le contact.
Dans une acception étroite comme celle du Pacte de Bogotá du 30 avril 1948
(préc.), il ne s'agit que d'établir ou de rétablir une communication entre des
parties qui n'y parviennent pas sans intermédiaire, mais d'autres conceptions
présentes dans des textes anciens comme les Conventions de La Haye des
29 juillet 1899 et 18 octobre 1907 (préc.) et dans la pratique récente, notamment
celle du secrétaire général de l'ONU, rapprochent les bons offices de la médiation.
14. La conciliation associe, en principe car ce n'est pas une institution aux
contours bien fixés, une étude et une évaluation objective du différend à un
mécanisme de recours à une tierce partie qui fournit les éléments d'une solution
susceptible d'être acceptée par les États en litige. Présente dans des conventions
e
depuis le début du XX siècle, la Société des nations (SDN) avait adopté en 1922
une résolution incitant les États à y recourir et l'Acte général d'arbitrage de 1928
la mentionnait. Elle a fait l'objet d'une résolution de l'assemblée générale des
Nations unies du 29 janvier 1996 proposant un règlement type (A/RES/50/50).
Rarement employée (pour un exemple : J. EVENSEN, La délimitation du plateau
continental entre la Norvège et l'Islande dans le secteur de Jan Mayen, Annuaire
fr. dr. int. 1981. 711), la conciliation pourrait connaître du fait de son compromis
entre souplesse et objectivation du traitement du différend un regain d'intérêt
dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) ou dans celui de
l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE ; V. Conciliation
[Internat.], Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe [Internat.]
et Règlement des différends – OMC [Internat.]).
18. Ils correspondent à l'emploi, pour résoudre un différend, d'un tiers qui décide
en principe conformément au droit par un acte obligatoire doté de l'autorité de la
is
chose jugée (V., sur les modes de formation du droit applicable, V Coutume,
Traité international et Principes généraux du droit). Ces procédés sont
traditionnellement divisés en deux catégories : l'arbitrage et le règlement
judiciaire qui présentent des points communs. Par l'acceptation du règlement en
droit, les parties renoncent en principe à la prise en compte d'autres
considérations ; cependant, certains compromis d'arbitrage peuvent apporter des
précisions sur le droit applicable et les statuts des juridictions judiciaires peuvent
admettre le règlement ex aequo et bono (V. Statut de la Cour internationale de
justice, art. 38) ou l'amiable composition qui permet à l'arbitre de faire reposer sa
sentence sur une transaction qui s'écarte de l'application du droit (V., sur les
o
limites de l'autonomie des parties, V Jus cogens).
ACTUALISATION
18 s. Adhésion à l'Accord sur les privilèges et immunités du Tribunal
o
international du droit de la mer. - La loi n 2011-300 du 22 mars 2011
autorisant l'adhésion à l'Accord sur les privilèges et immunités du Tribunal
international du droit de la mer, adopté à New York le 23 mai 1997, a été
publiée. Les membres du Tribunal bénéficient dans l'ensemble de leurs
fonctions, de privilèges et d'immunités diplomatiques qui sont reconnus dans
la convention des Nations unies sur le droit de la mer (dite « Convention de
Montego Bay »), mais qui sont précisées dans cet accord qui s'inspire des
autres accords de ce type applicables à d'autres organisations internationales
o
(L. n 2011-300 du 22 mars 2011, JO 23 mars. – V. aussi Environnement
os os
[Internat.], Mise à jour, n 56 s., et Mer, Mise à jour, n 191 s.).
o
Publication. Le décret n 2012-950 du 2 août 2012 porte publication de
l'Accord sur les privilèges et immunités du Tribunal international du droit de
la mer (ensemble une déclaration française), adopté à New York le 23 mai
1997 et entré en vigueur à l'égard de la France le 11 juin 2011 (Décr.
o
n 2012-950 du 2 août 2012, JO 5 août. – V. aussi Environnement, Mise à
os os
jour, n 56 s. – V. Mer, Mise à jour, n 191 s.).
19. Le droit dit entre les parties a pour elles force de vérité légale. Seules des
assertions de nullité ou d'inexistence peuvent être envisagées pour défaut de
juridiction (pour une combinaison sur ce thème d'une sentence et d'un arrêt : CIJ
12 nov. 1991, aff. Sentence arbitrale du 31 juill. 1989, Guinée-Bissau c/Sénégal,
Rec. CIJ, p. 53). Ces questions sont particulièrement complexes en droit
international à raison de l'absence de juge de droit commun – tout juge doit
établir sa compétence – et de liens hiérarchiques ou de coordination entre les
juridictions. Mais il existe des exceptions, s'agissant notamment des attributions
juridictionnelles d'organes particuliers comme par exemple le Conseil de
l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI ; V. Navigation aérienne
[Internat.]).
§ 2 - Arbitrage
23. Ne s'écartent pas de ce modèle les viviers de noms où les États peuvent
trouver des personnalités compétentes. Le modèle du vivier illustré par la Cour
permanente d'arbitrage de La Haye créée et aménagée en 1899 et 1907 figure
dans les textes récents relatifs au droit de la mer (V. par ex. les collèges
arbitraux de juristes ou d'experts techniciens prévus dans la Convention de
Montego Bay sur le droit de la mer du 10 déc. 1982 [JO 7 sept. 1996],
annexes VII et VIII). L'arbitre peut être unique ou prendre la forme d'un collège
le plus souvent composé d'un nombre impair d'arbitres. S'en écartent au
contraire les tribunaux arbitraux prédéterminés avec une véritable organisation
(V. par ex. Convention franco-tunisienne du 3 juin 1955, Annuaire fr. dr. int.
1955. 532).
26. Si la sentence est normalement fondée sur l'application du droit, les parties
peuvent déterminer, par inclusion ou exclusion, des règles spéciales. Cette liberté
est traditionnellement illustrée par l'exemple des règles de Washington, issues du
Traité du même nom et liées à l'affaire de l'Alabama (Sent. arb. 14 sept. 1872,
États-Unis c/Royaume-Uni, RAI, vol. II, p. 779). Elle peut être réglementée,
notamment lorsque l'arbitrage s'insère dans des accords antérieurs au
compromis, comme par exemple pour les arbitrages prévus par application de la
Convention des Nations unies sur le droit de la mer (préc.) ou dans le cadre des
organisations internationales, par exemple dans le contexte du mécanisme de
règlement des différends de l'OMC (V. Règlement des différends – OMC
[Internat.]).
e
27. Le règlement judiciaire apparaît au XX siècle. Jusque-là, les États
considéraient que de tels juges désignés à l'avance ne pouvaient apparaître
comme désintéressés. Le mouvement de création initié par la cour des prises et
la cour centraméricaine, cour avortée ou éphémère, n'a été lancé qu'avec
l'adoption du Statut de la Cour permanente de justice internationale (CPJI) dans
le cadre de la SDN, cour aujourd'hui remplacée par la Cour internationale de
justice, organe judiciaire principal de l'ONU (V. Cour internationale de justice
[Internat.]). Le modèle s'est répandu principalement dans le domaine
économique et pour la protection des droits de l'homme. Outre la Cour de justice
des Communautés européennes, qui s'écarte des fonctions d'une cour
internationale en matière économique (V. Cour de justice [Eur.]), on peut relever
dans la même veine la Cour de justice du Benelux issue du Traité du 31 mars
1965, celle de l'accord de Carthagène issue du Traité du 26 mai 1976 et le
tribunal de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest. Dans le
domaine des droits de l'homme, le règlement judiciaire interétatique est prévu
dans la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des
o
libertés fondamentales du 4 novembre 1950 (préc. supra, n 4) et dans la
Convention interaméricaine du 22 novembre 1969. Mais on trouve hors de ces
domaines, au plan universel, le tribunal international de droit de la mer, issu de la
Convention de Montego Bay du 10 décembre 1982 mais installé en octobre 1996
seulement, et, au plan européen, le tribunal européen pour statuer sur les
violations des règles sur les immunités des États, Protocole du 16 mai 1972,
institutionnellement lié à la Cour européenne des droits de l'homme.
er
Art. 1 - Protéger les personnes
31. La justice internationale n'est pas cantonnée aux relations interétatiques. Elle
joue aussi dans les rapports juridiques qui résultent de l'application du droit
international, alors même que toutes les parties concernées ne seraient pas des
États. Ces deux aspects de la justice internationale entretiennent des rapports qui
peuvent s'avérer féconds, le droit des investissements internationaux doit
beaucoup au contentieux transétatique. Les tribunaux pénaux ad hoc, comme la
Cour pénale internationale, créés pour juger les personnes responsables de
violations graves du droit international humanitaire, décideront aussi en des
matières intéressant au premier chef les États dans leurs rapports mutuels. Les
divergences sur la notion de contrôle – effectif ou global – des troupes étrangères
et ses effets sur la qualification juridique des conflits entre le Tribunal pénal
international de La Haye et la Cour internationale de justice en sont une
illustration (CIJ 27 juin 1986, aff. des activités militaires et paramilitaires au
Nicaragua et contre celui-ci, Rec. CIJ, p. 14 et s. ; TPIY 15 juill. 1999, Tadic, IT-
94-1).
32. Les litiges peuvent opposer des parties privées à des États, voire à des
organisations internationales. La première catégorie correspond aux litiges qui
intéressent des particuliers, personnes physiques ou morales pour lesquelles on
dépasse la protection diplomatique traditionnelle ; la seconde, au contentieux de
la fonction publique internationale. Le dépassement de la protection diplomatique
s'opère dans deux domaines : les intérêts économiques des personnes
(V. Arbitrage [CIRDI]) et le respect des droits de l'homme (V. Droits de l'homme
[Internat.]). À chacun de ces deux domaines correspond une méthode
juridictionnelle plutôt qu'une autre : l'arbitrage pour l'économique, le règlement
juridictionnel pour les droits de l'homme et pour l'application du droit
international pénal.
er
§ 1 - Arbitrage et intérêts économiques
ACTUALISATION
39 s. Publication de la loi portant adaptation du droit pénal à la Cour
pénale internationale. Après avoir été examinée par le Conseil
constitutionnel et déclarée conforme à la Constitution (Cons. const. 5 août
o o
2010, n 2010-612 DC ), la loi n 2010-930 du 9 août 2010 portant
adaptation du droit pénal à l'institution de la Cour pénale internationale a été
publiée. Elle prévoit notamment l'incrimination de l'incitation publique et
directe à commettre le crime de génocide, porte la prescription de l'action
publique pour crimes de guerre à trente ans et crée une nouvelle compétence
extraterritoriale française pour les crimes commis à l'étranger par des
personnes étrangères du fait de leur résidence en France, à condition que la
o
CPI ait elle-même décliné sa propre compétence (L. n 2010-930 du 9 août
2010, JO 10 août ; D. 2010. 1874, obs. Lavric. – V. Compétence pénale
[Internat.] et Guerre [Internat.]).
Procédure de remise à la Cour pénale internationale. Dans cet arrêt, la
Cour de cassation rappelle que la procédure de remise à la Cour pénale
internationale (CPI) est prévue par le statut du 18 juillet 1998 et précisée par
les articles 627 et suivants du code de procédure pénale (C. pr. civ.). Elle
n'est subordonnée qu'au seul constat de l'absence d'erreur évidente sur la
personne remise (C. pr. civ., art. 627-8). L'opportunité de la remise ne doit
pas être contrôlée, sauf à s'assurer du respect des droits de l'homme et de ce
que la procédure ne conduise pas à une ré-extradition vers un autre pays.
Dans le même arrêt, la Cour de cassation a jugé qu'en l'absence de demande
de remise adressée aux autorités françaises par une juridiction internationale,
le fait que les tribunaux français soient compétents pour juger une personne
se trouvant sur le territoire français pour une infraction relevant de la
compétence de la CPI était bien conforme au statut de cette dernière (Crim.
os
4 janv. 2011, n 10-87.759 et 10-87.760 , D. 2011. 716, note
Gréciano . – V. Droit international humanitaire [Internat.], Mise à jour,
os o
n 37 s., et Entraide judiciaire [Matière pénale], Mise à jour, n 67).
er
§ 1 - Incriminations
ACTUALISATION
AUMOND, La situation au Darfour déférée à la CPI. Retour sur une résolution
« historique » du Conseil de sécurité, RGDIP 2008. 111
41 s. Répression judiciaire. Cour pénale internationale (CPI) - La
résolution 1593 (2005) du 31 mars 2005 réalise la première saisine de la CPI
par le Conseil de sécurité en ce qui concerne la situation au Darfour.
42. La Cour pénale internationale, créée et gérée par l'assemblée des États
parties, s'inscrit normalement dans la longue durée. À la différence des tribunaux
spéciaux qui se sont, un temps, substitués aux tribunaux internes, sa compétence
est complémentaire de celle des juridictions internes. Mais elle n'est pas l'organe
judiciaire pénal principal de l'Organisation des Nations unies avec laquelle elle
entretient des liens privilégiés, notamment au travers des pouvoirs particuliers
accordés au Conseil de sécurité qui peut bloquer la procédure (Statut de Rome,
art. 16) ou, à l'opposé, en assurer l'engagement ; la décision du Conseil de
sécurité de déférer une affaire au procureur joue comme une clause attributive de
compétence (Statut de Rome, art. 13, b) et, reposant sur une résolution fondée
sur le chapitre VII, peut concerner tout État, y compris non partie au Statut de la
CPI. La première situation déférée par le Conseil de sécurité par sa
résolution 1593 du 31 mars 2005 concerne la région du Darfour au Soudan pour
er
les faits qui s'y produisent à compter du 1 juillet 2002. L'organisation de la
procédure devant la cour tire des leçons du fonctionnement des tribunaux
internationaux. Elle conjugue procédure accusatoire et inquisitoire et fait contrôler
l'action du procureur par la chambre préliminaire.
ACTUALISATION
43. Tribunal pénal international pour le Rwanda 2001, recueil des
ordonnances, décisions, jugements et arrêts, 2006, Bruylant.
Index alphabétique
■Bons offices 12
■Charte de l'énergie 35
■Chose jugée 9, 22
■Clause compromissoire 29
■Conciliation 14
■Conseil de l'Europe 43
■Conseil de l'OACI 19
■Consultation 11
■Contre-mesures 5 (renvoi)
■Convention des Nations unies sur le droit de la mer (10 déc. 1982) 8, 25
■Conventions régionales 10
■Coutume 18
■Crime de guerre 40
■Déclaration unilatérale 29
■Définition 1 s.
■Échange de vues 11
■Enquête 15
■Fonctions 6
■Génocide 40
■Incrimination 40
■Investissements 31, 35
■« Jus cogens » 18
■Médiation 13
■Mer 8 (renvoi)
■Négociation 11
■Organisations internationales 8
■Piraterie 39
■Préconstitution 30
■Privilèges et immunités 37
■Recommandation 16
■Règles de Washington 26
■Sentence 16
■Stupéfiants 39