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Méthode de mesure de la conductibilité thermique des

matériaux réfractaires, bons conducteurs électriques


Z. Mihailovic, G. Naudet

To cite this version:


Z. Mihailovic, G. Naudet. Méthode de mesure de la conductibilité thermique des matériaux
réfractaires, bons conducteurs électriques. Revue de Physique Appliquee, 1970, 5 (6), pp.869-875.
�10.1051/rphysap:0197000506086900�. �jpa-00243467�

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REVUE DE PHYSIQUE APPLIQUÉE TOME 5, DÉCEMBRE 1970, 869

MÉTHODE DE MESURE DE LA CONDUCTIBILITÉ THERMIQUE


DES MATÉRIAUX RÉFRACTAIRES, BONS CONDUCTEURS ÉLECTRIQUES

par Z. MIHAILOVIC et G. NAUDET (*)


Service de Physique du Solide et de Résonance Magnétique
Centre d’Etudes Nucléaires de Saclay, B. P. n° 2, 91, Gif-sur-Yvette, France

(Reçu le 26 juin 1970, révisé le 14 septembre 1970)

Résumé. 2014

On décrit la mise au point d’une méthode absolue pour la mesure de la conducti-


bilité thermique 03BB des matériaux réfractaires, bons conducteurs électriques (ZrO2 + 5 % CaO et
ZrO2 + 10 % Y2O3) à haute température (1 000-2 400 °C). Cette méthode est fondée sur la diffé-
rence de température qui apparaît dans le sens radial dans les échantillons de forme cylindrique
quand ces derniers, non isolés thermiquement, sont chauffés directement par effet Joule. L’idée
de cette méthode vient de celle de la mesure de la conductibilité électrique 03C3 utilisant le même mode
de chauffage. Un raisonnement mathématique donne l’expression exacte de 03BB et permet de déter-
miner la température équivalente Te à laquelle correspondent les valeurs de 03C3, que l’on mesure
d’ailleurs en même temps que 03BB. Comparée aux méthodes classiques, celle que l’on présente ici
se montre à la fois très rapide et d’une mise en oeuvre facile.

Abstract. 2014
An absolute method is described for measuring, at high temperatures (1 000-
2 400°C), the value of the thermal conductivity 03BB of refractory materials with good electrical conduc-
tivity. The method is based on the radial temperature difference set up in a non insulated cylin-
drical specimen by direct joule heating. The idea is inspired by the method for measuring the elec-
trical conductivity using the same mode of heating. An exact expression is given for 03BB as well as
for the equivalent temperature Te to which corresponds the value of 03C3 which is measured simulta-
neously. The technique presented is both very fast and quickly set up in comparison to the classical
methods.

Introduction. -

Le développement des nouvelles de ces céramiques est, par conséquent, indispensable


techniques dans le domaine des hautes températures pour la construction de ces convertisseurs d’énergie.
exige de plus en plus des matériaux de caractéristi- Elle permet de déterminer le refroidissement néces-
ques bien définies pouvant résister dans les conditions saire des électrodes.
d’utilisation à l’action simultanée de plusieurs fac- Nous avons cherché à,mettre au point une technique
teurs physiques, chimiques et mécaniques. La conver- de mesure de la conductibilité thermique de ces
sion directe de l’énergie thermique en l’énergie élec- matériaux entre 1 100 et 2 500 °C en atmosphère
trique par la voie magnétohydrodynamique (M. H. D.) oxydante en faisant appel à la méthode absolue,
est un bon exemple de ces techniques ; la réalisation c’est-à-dire à celle qui ne se réfère pas à un échantil-
des électrodes destinées à fonctionner dans la veine lon étalon de conductibilité thermique connue.
d’un générateur M. H. D. demande en particulier des La propriété très importante de ces réfractaires,
matériaux réfractaires, bons conducteurs électriques Zr02 + CaO et Zr02 + Y201, de conduire relativement
à haute température (1600 °C au minimum) et d’une bien le courant électrique dans ce domaine de tempé-
bonne tenue mécanique en atmosphère oxydante. rature, permet d’employer le chauffage direct par effet
La zircone stabilisée, Zr02 + CaO ou Zr02 + Y201 Joule pour les porter à haute température. Ce moyen
par exemple, a été proposée pour cette application du de chauffage des échantillons a été déjà utilisé dans les
fait qu’elle a parmi les oxydes réfractaires, en plus de travaux précédents [1] pour l’étude de leur conducti-
sa bonne tenue en atmosphère oxydante, une conduc- bilité électrique 03C3 dans le même intervalle de tempéra-
tibilité électrique des plus élevées à haute température ture. L’absence d’isolation thermique de l’éprouvette
(- 1 03A9-1 cm-’ à 1800 °C). Ces électrodes doivent dans notre montage expérimental, et la très faible
en outre assurer l’évacuation d’un flux thermique valeur de la conductibilité thermique de cette dernière,
important qui peut varier de 50 à 400 W/CM2. Une de l’ordre de 10-2 W/OC cm, sont la cause d’une inho-
bonne connaissance de la conductibilité thermique mogénéité de température au sein de l’éprouvette.
En cherchant à mieux connaître la précision de nos
mesures de conductibilité électrique 6 de ces cérami-
(*) Actuellement au DB/GEERSM, C. E. N. Saclay. ques nous avons pu établir expérimentalement que

Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/rphysap:0197000506086900


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dans unéchantillon cylindrique (diamètre 6 mm et


longueur 22 mm) la différence de température qui
apparaît dans ces conditions entre sa région axiale
et sa surface peut être de plusieurs centaines de °C.
Nous nous sommes proposés d’exploiter cette inho-
mogénéité de température établie dans le sens radial
de l’échantillon pour mesurer sa conductibilité ther-
mique. En efret, la grande importance de cette diffé-
rence de température nous a permis de penser que
cette mesure pouvait être effectuée avec une préci-
sion suffisante.

I. Technique expérimentale. Dans notre dis-


-

positif expérimental (1) l’échantillon, en forme d’hal-


tère, est placé entre deux électrodes en platine rhodié
40 %. Sa partie centrale est cylindrique. Son diamètre
est de 6 mm et sa longueur de 22 mm. La forme en
haltère assure extrémités de l’échantillon une
aux

température inférieure à celle de sa partie centrale


située entre A et B (Fig. 1) qui peut atteindre facile-
FIG. 1. -

Principe du montage de mesure.


ment 2 500 °C. Elle protège ainsi dans ce cas les élec-
trodes de la fusion, et par conséquent, permet de
conserver des bons contacts électriques entre celles- est bien homogène dans cette
pérature de surface Zs
ci et l’éprouvette. Une forme plus simple des échantil- région. La distance qui sépare ces deux sondes est de
lons, c’est-à-dire celle d’un bâtonnet cylindrique, est 1 cm. Ces deux sondes permettent de mesurer la
utilisée quand la température de mesure ne dépasse différence de potentiel AV entre deux plans perpendi-
pas 2 000 °C. Une légère pression est exercée sur culaires à l’axe de l’échantillon.
l’échantillon à l’aide d’un ressort. L’action de ce La température 7g en surface de l’échantillon et
ressort améliore les contacts électriques et compense aussi celle Tc au niveau de sa région axiale sont déter-
la dilatation de l’échantillon de céramique à haute minées par pyrométrie optique. La valeur utilisée
température. pour le pouvoir émissif de la zircone est de 0,35
Le dégagement de chaleur (effet Joule) provoqué pour une longueur d’onde de 0,65 03BC. Nous nous
par le passage d’un courant électrique dans une éprou- sommes servis d’un pyromètre optique Chauvin-
vette de Zr02 + CaO ou de ZrO, + Y203 est direc- Arnoux qui permet d’effectuer des visées pyrométriques
tement utilisé pour la porter à haute température de champs de très faible surface (- 1 mm2). Chaque
(1 100-2 400 °C). Du fait que ces céramiques ont une éprouvette comporte un trou borgne de 1 mm de
résistivité considérable au-dessous de 1 000 °C diamètre et de 3 mm de profondeur percé dans la
(~ 108 03A9.cm) il est indispensable de préchauffer les direction radiale. Ce trou est placé entre deux sondes
échantillons afin de pouvoir déclencher leur chauffage
électriques et son rôle est de nous permettre l’explo-
par effet Joule. Ce mode de chauffage s’amorce quand ration de la température ?c au coeur de l’échantil-
la résistance de l’éprouvette devient de l’ordre de lon. La température de surface T. est déterminée pour
100 Q. Cette valeur de résistance correspond approxi- plus de précision par la visée de deux champs situés
mativement à 1 000 °C environ pour nos échantillons. de part et d’autre de ce trou.
Le préchauffage des échantillons s’effectue à l’aide Nous n’avons pas étudié le transfert de chaleur
d’un chalumeau, et ensuite, le chauffage par effet dans l’air à partir de la surface de l’échantillon, ni
Joule à l’aide d’un générateur de courant alternatif de l’importance relative du rayonnement par rapport à
3 kW et de 220 V de tension de sortie. La puissance la convection. C’est pour s’affranchir de ce problème
dissipée dans l’échantillon varie de 70 à 600 W/cm3 que nous déterminons expérimentalement la tempéra-
selon la température qu’on désire obtenir. Sa ture de surface Tg ainsi d’ailleurs que la température
valeur est déterminée à partir des mesures de la diffé- au coeur Tc. Evidemment si l’on modifiait l’importance
rence de potentiel 0394V établie entre deux points de relative du rayonnement par rapport à la convection,
l’éprouvette et de l’intensité du courant I qui la tra- les températures TS et T,, varieraient en conséquence,
verse. Les mesures électriques sont effectuées par la ce qui reviendrait à mesurer la conductibilité ther-
méthode des quatre points. Deux sondes de prise mique A du matériau à une autre température moyenne
de potentiel en platine rhodié 40 % sont fixées dans la Tm.
partie centrale de l’éprouvette (A-B, Fig. 1). La tem- Toutes ces mesures sont entièrement effectuées à
l’air libre, ce qui est une des conditions d’utilisation
(1) La mise au point de ce dispositif a été réalisée en colla- de ces céramiques.
boration avec M. J. P. Loup du C. N. R. S. La durée des mesures de la conductibilité thermique
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A et également de la conductibilité électrique a qui pour T(r) qui désigne la température régnant au
sont réalisées simultanément ne dépasse pas une rayon r.
heure pour explorer l’intervalle de température de
1 100 °C à 2 500 °C ; cette courte durée est due à la
très faible inertie thermique des échantillons étudiés
et aussi à la technique de leur chauffage par effet où Q(r) est la puissance totale dissipée dans le sens
Joule. radial, de l’axe au rayon r :

II. Echantillons étudiés. Nous avons


-

étudié
les échantillons frittés de zircone stabilisée en phase
cubique. Cette stabilisation est obtenue par addi- où q(r) est la puissance spécifique dégagée au rayon r :
tion à la poudre de Zr02, soit de CaO, soit de Y2O3.
L’importance des additions de ces oxydes varie de
5 % à 10 %. Les échantillons massifs sont ensuite
préparés par pressage hydrostatique et frittage à
q(r) =d 1 Vj(r) (loi de Joule)

1600 °C pendant 12 h sous hydrogène [1]. La densité où j(r) est la densité de courant électrique au rayon r :

de ces zircones se situe entre 5,2 et 5,4 g/cm3. Les


éprouvettes destinées aux mesures sont usinées dans
leur forme définitive à l’aide d’outils diamantés.
j(r) = dV l 03C3(T) (loi d’Ohm)

où Q(T) est la conductibilité électrique à la tempéra-


III. Calcul de la conductibilité thermique. Rap- -
ture T =
T(r) :
pelons le principe de notre mesure de la conductibi-
lité thermique 03BB. Dans l’échantillon cylindrique le
chauffage par effet Joule crée une diffusion radiale où A est un coefficient préexponentiel, k la constante
de chaleur et la différence de température mesurée de Boltzmann, E l’énergie d’activation de conduction ;
entre l’axe et la surface est suffisamment grande pour celle-ci est définie par la pente de la courbe expéri-
obtenir une valeur précise de la conductibilité thermi- mentale :
que du matériau.
Si la puissance était uniformément dissipée suivant
le sens radial, la valeur moyenne 03BB0 de la conducti- L’expression de l’intensité du courant électrique
bilité thermique relative à l’intervalle de température
(Tc - T.) serait donnée par :

conduit à la valeur du coefficient préexponentiel :

1 est la hauteur de l’échantillon cylindrique, c’est-à-


dire la distance en cm des deux plans perpendiculaires
à l’axe entre lesquels est mesurée la différence de
potentiel d Y en volts ; I est l’intensité du courant avec la notion :
en ampèreset 03BB0 est exprimée en W/°C cm.
Dans notre méthode cette hypothèse simple n’est
pas valable. Comme le montrera la formulation du
problème, la puissance dissipée en un point est fonc- En l’absence de formulation mathématique de la
tion de sa température en raison de l’expression de la
conductibilité thermique en fonction de la tempéra-
conductibilité électrique (a A e-E/kT), et, en retour,
=

cette température est liée à la répartition de puis-


ture, nous supposons cette grandeur constante dans
l’intervalle (Tc - T,), et de ce fait nous en détermi-
sance d’après la loi de Fourier.
nons la valeur moyenne 03BB.
Nous nous proposons d’effectuer la détermination
En intégrant (2) entre l’axe et le rayon r, nous éga-
exacte de la valeur moyenne de 03BB de la conductibilité
lons l’intégrale de conductibilité, qui est :
thermique entre Tc et Ts, et de justifier par compa-
raison le calcul d’un facteur correctif fa qui permet
de façon simple d’atteindre une valeur suffisamment
approchée de 03BB à partir de Ào. à l’intégrale de puissance, ce qui donne :
La formulation du problème est donnée par l’enchaî-
nement des relations suivantes, où r est la valeur
courante du rayon dans une section droite du cylin-
dre. Le rayon extérieur est a. La température T est
exprimée en OK ; par simplification nous écrivons T
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T. 5, N° 6, DÉCEMBRE 1970
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La variable géométrique qui s’impose en raison Grâce aux fonctions intermédiaires :


de la symétrie de révolution est :

Nous sommes contraints de déterminer simultané-


dont les dérivées à l’ordre n sont :
ment 03BB et la répartition de température, que nous
écrivons :

et
et que nous désignons par la suite 0 des coefficients :

Définissons les trois séries auxiliaires suivantes


nous déterminons de proche en proche le terme géné-
ral :

Par identification de So(u) et de G[0398(u)] nous obte-


nons le second système de relations qui traduit l’expres-
sion de la conductibilité électrique a en fonction de 0 :

L’égalité (4) s’écrit maintenant :


La conductibilité thermique 03BB et la répartition de
température 0 doivent vérifier les systèmes (6) et (7)
ainsi que la condition :
où 039B0 est l’intégrale de conductibilité qui correspond
à 03BB0, c’est-à-dire au cas où la puissance serait unifor-
Leur détermination est obtenue par itération. La
mément dissipée :
convergence est rapide. Les valeurs initiales sont
fournies par le cas simple où la puissance est supposée
uniformément répartie, c’est-à-dire :

Par identification dans (5) nous avons un premier


système de relations entre 03BB et 0 qui traduit la loi 0. étant la répartition parabolique de température :
Fourier :

Il résulte de l’équation (5) la valeur moyenne exacte


de la conductibilité thermique entre Tc et 7g :

où K est une expression qui dépend de la répartition 0 et de la relation (3), la valeur exacte du coefficient
préexponentiel de la conductibilité électrique Q :

Un second système de relations s’obtient en explici-


tant Pour cela
So(u). nous avons besoin des coefficients La conductibilité électrique mesurée dans l’échantil-
de la série :
lon est :
873

Elle nous permet de définir une température équiva-


lente Te relative à cette mesure de conductibilité élec-
trique :

ce qui donne d’après (8)

De surcroît, nous obtenons la répartition radiale 0


de la température.
Ce calcul exact, effectué sur ordinateur, montre que
la répartition de température s’éloigne assez peu de la
répartition parabolique 0, ; l’écart n’est sensible
qu’au voisinage de la surface.
Nous avons cherché une approximation fa du fac-
teur correctif

qui soit d’un emploi commode pour les calculs numé-


riques. Nous en avons éprouvé la validité en compa-
rant fa au calcul exact f ; l’écart reste inférieur à 1 %.
Le facteur fa s’obtient en imposant une répartition de
température de la forme :
FIG. 2. -
Variation du facteur correctif fa en fonction de ex.

et en limitant le développement de So(u) aux deux seulement l’expression exacte de À, mais également
premiers termes. nous permet d’améliorer la précision de nos mesures
Ainsi, à partir des valeurs expérimentales déter- de conductibilité électrique [1] en nous fournissant
minées par la méthode que nous proposons, l’obten- une formule plus rigoureuse pour la détermination
tion numérique de 03BB se réduit à : de la température équivalente Te, c’est-à-dire celle à
laquelle correspondent des valeurs mesurées de rI
quand l’échantillon est chauffé directement par effet
Joule. Nous avons obtenu une expression approchée
de T, qui est :

et qui donne une valeur précise du coefficient préexpo-


nentiel .A dans l’expression de la conductibilité élec-
trique Cf.

Le paramètre a qui figure dans l’expression de fa


est à la base de la correction que nous nous sommes
proposés de trouver. Il réunit les deux caractéristi-
ques physiques du problème : la différence de tempé- La valeur de A ne dépend pas de la température dans
rature (Tc - T,) qui permet la mesure de la conduc- un domaine où l’énergie d’activation E est constante.
tibilité thermique 03BB, et, d’autre part, l’argument de La vérification de cette constance assure la cohérence
l’exponentielle (E/kTc) exprimant la variation de la de cette méthode de mesure.
conductibilité électrique a en fonction de la tempéra-
ture, grandeur qui à son tour détermine la puissance IV. Résultats expérimentaux. Les résultats des
2013

dissipée. mesures de la conductibilité thermique ). de


Nous donnons en figure 2 la variation du facteur Zr02 + 10 % Y103 effectuées dans le domaine de
correctif fa en fonction du paramètre a. En se servant température de 1 200 °C à 2 450 °C sont donnés
de cette courbe il suffit d’effectuer simplement le sur la figure 3. La courbe A représente les valeurs de )"0’
calcul de a pour déterminer la valeur de 03BB. c’est-à-dire celles calculées d’après l’expression (1)
Ce développement mathématique nous donne non qui ne comporte pas le facteur de correction fa.. Les
874

alumine frittée. Le raccordement des courbes  =


f (Tm)
résultant des mesures par la méthode comparative et
la méthode absolue, celle que nous proposons, est
très satisfaisant. A titre de comparaison, nous repro-
duisons aussi sur cette figure les valeurs de 03BB pour une
zircone de qualité similaire obtenues par Mirkovich [2]
qui a également appliqué la méthode comparative
dans ce domaine de température. Nos valeurs de À
sont très proches de celles données par cet auteur et
FIG. 3. -
Conductibilité thermique de Zr02 + 10 % Y203 dans ces deux cas 03BB évolue dans le même sens avec la
(d =
5,4 g/cm3). température.
Un calcul d’erreur montre que la précision de nos
valeurs exactes de 2 sont données par les points de la mesures de la conductibilité thermique  est de
courbe B obtenus par le calcul correctif: 2 20.fa. =
± 5 % environ. L’incertitude sur la détermination de
L’énergie d’activation E, nécessaire au calcul defa, l’énergie d’activation E n’intervient pas de façon signi-
est déterminée à partir de la pente de la courbe ficative sur la précision de 03BB.
log 0’ f (1/T) résultant des mesures de la conducti-
=
La correction que fa apporte à 03BB0 varie selon la
bilité électrique 6. Elle a pour valeur 0,52 eV entre température de 6 % à 20 % environ. Le calcul correc-
1 200 et 1475 °C et 0,85 eV entre 1 600 et 2 450 C° tif relève les valeurs de la conductibilité thermique
Le facteur fa n’est pas constant ; il varie avec la tem- apparente sans influencer d’une manière sensible
pérature. Les valeurs numériques de 20, fa et de  en l’allure générale des courbes A f(Tm).
=

fonction de la température moyenne Tm sont consi- Toutes ces mesures montrent que la conductibilité
gnées dans le tableau I. thermique de nos échantillons de zircone varie peu
entre 1 100 et 1 900 OC environ. La valeur moyenne
TABLEAU 1 de 03BB dans cet intervalle de température est de

ce qui correspond aux bons isolants thermiques. Le


transfert de chaleur dans les corps isolants est fondé
sur la propagation des ondes d’agitation thermique
du réseau appelées phonons.
L’existence du palier sur les courbes 03BB(T) peut
s’expliquer en analysant l’expression classique de Â
obtenue à partir d’un raisonnement analogue à celui
de la théorie cinétique des gaz

Cetteexpression toutefois doit être considérée comme


Les valeurs de  de Zro2 + 5 % CaO sont données une approximation, mais elle permet la discussion
sur la figure 4. Sur cette figure sont aussi représentées suivante. La chaleur spécifique Cy du corps en ques-
les valeurs de 03BB pour cette zircone que nous avons tion obéit sensiblement à la loi de Dulong et Petit et
déterminées par la méthode comparative dans l’inter- varie peu à haute température. La vitesse de propaga-
valle de température de 300 °C à 1 150 °C. L’échantil- tion de phonons v étant déterminée par les constantes
lon étalon qui a été utilisé pour ces mesures est en élastiques reste pratiquement constante [3]. Le libre
parcours moyen 1 des ondes du réseau est inversement
proportionnel à la température T, cependant lorsque
T croît, 1, dans un corps polycristallin, ne saurait
devenir inférieur à la distance réticulaire moyenne
dans la direction de propagation du flux thermique.
Nous ne pouvons pas préciser la température à laquelle
se produit cette limitation de 1. Alors deux explica-
tions sont possibles pour interpréter l’existence du
palier sur les courbes 03BB(T).
Ou bien à la température où le palier se manifeste
la conductibilité thermique par phonons atteint son
FIG. 4. -

Résultats des mesures de la conductibilité thermique


de Zr02 + 5 % CaO (d 5,2 g/cm3).
=
minimum du fait de la limitation de 1 par les dimensions
-

Méthode comparative :0 nos mesures


des constantes réticulaires.
x mesures de Mirkovich Ou bien dans le domaine de température du palier
-

Méthode absolue : 6 nos mesures. 1 continue à décroître avec T et dans ce cas ce palier
875

ne peut s’expliquer que par l’apparition d’un nouveau Du fait que dans ce cas la puissance dissipée dans
mécanisme de conduction de chaleur qui compense un échantillon n’est pas homogène, un développement
la diminution de la conductibilité thermique par pho- mathématique a conduit à la détermination du fac-
nons. De toute façon le relèvement significatif de À teur de correction fa permettant d’atteindre la valeur
au-dessus de 1900 °C implique l’existence d’un ou de exacte de la conductibilité thermique À. En outre, ce
plusieurs mécanismes possibles de transfert calorifi- calcul donne la température équivalente Te dont la
que : rayonnement ou déplacement des porteurs de connaissance fournit maintenant la précision nécessaire
charge électrique ou les deux à la fois. Effectivement, aux mesures de la conductibilité électrique 03C3, et de ce
la zircone est un bon conducteur électrique à 2 000 °C fait cette méthode a obtenu l’amélioration indispen-
(03C3 ~ 2,5 03A9-1 cm-1). sable.
Cette méthode utilisant le chauffage direct par effet
V. Conclusions. -

L’inconvénient de la techni- Joule permet de déterminer simultanément dans un


que de chauffage direct, c’est-à-dire celle de l’effet laps de temps d’une heure environ, avec une préci-
Joule, que nous avons d’abord appliquée à la mesure sion suffisante (± 5 %) la conductibilité électrique (j
de la conductibilité électrique J de céramiques à haute et la conductibilité thermique À de matériaux réfrac-
température, réside, dans nos conditions de travail, taires, bons conducteurs électriques dans un domaine
dans la différence de température qui s’établit entre de température allant de 1 100 °C à 2 400 °C et même
le coeur et la surface de l’échantillon. Toutefois, cet au-delà si l’état du corps le permet. Ces mêmes mesures
inconvénient qui ne permet pas de déterminer avec réalisées à l’aide d’un four classique demanderaient
précision la température à laquelle correspond la au moins deux jours de travail.
valeur mesurée de 03C3 a été utilisé avec profit pour mesurer Nous remercions MM. A. Delaine et P. Morvan
la conductibilité thermique  des mêmes échantillons. pour l’aide apportée à l’exécution des mesures.

Bibliographie

[1] ELSTON (J.), MIHAILOVIC (Z.) et Roux (M.), « Electri- of standards for thermal conductivity determi-
city from M. H. D. », Vol. III, p. 389 ; Interna- nations ; J. Am. Ceram. Soc., 1965, 48, 387.
tional Atomic Energy Agency Vienna, 1966. [3] CURIEN (H.), Séminaire de Chimie Physique, p. 89-97,
[2] MIRKOVICH (V. V.), Comparative method and choice 1956.

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