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CODE DE PROCEDURE PENALE DE LA REPUBLIQUE DE GUINEE

REPUBLIQUE DE GUINEE
Travail - Justice - Solidarité

LOI N° 037/AN/98 DU 31 DECEMBRE 1998 PORTANT CODE DE PROCEDURE


PENALE

L’ASSEMBLEE NATIONALE DE LA REPUBLIQUE DE GUINEE

Vu les dispositions de la Loi Fondamentale en son article 59 ;

Après en avoir délibéré, adopte ;

LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE promulgue la loi dont la teneur suit :

Article 1er : - Les dispositions de la présente loi constituent le Code de procédure


pénale.

DISPOSITIONS PRELIMINAIRES : DE L’ACTION PUBLIQUE ET DE L’ACTION


CIVILE

Article 1er bis : - L’action publique est celle qui appartient à la société pour le maintien
de l’ordre public par la poursuite des infractions pénales.

Elle est engagée et exercée par les Magistrats ou les fonctionnaires que la loi désigne à
cet effet.

Toutefois cette action peut aussi, mais seulement dans les conditions déterminées par le
présent Code être mise en mouvement par la partie qui a souffert d’un dommage.

Article 2 : - L’action publique pour l’application de la peine s’éteint par la mort du


prévenu, la prescription, l’amnistie, l’abrogation de la loi pénale et la chose jugée.
Toutefois, si des poursuites ayant entraîné condamnation ont révélé la fausseté du
jugement ou de l’arrêt qui a déclaré l’action publique éteinte, l’action publique pourra
être reprise.

La prescription doit alors être considérée comme suspendue depuis le jour où le


jugement ou l’arrêt était devenu définitif jusqu’à celui de la condamnation du coupable
de faux ou usage de faux.

Elle peut, en outre, s’éteindre par transaction lorsque la loi en dispose expressément. Il
en est de même en cas de retrait de plainte lorsque celle-ci est une condition nécessaire
de la poursuite.

Article 3 : - En matière de crime l’action publique se prescrit par l0 ans à compter du


jour où le crime a été commis.

Si durant cette période de 10 ans il a été fait des actes d’instruction ou de poursuite,
cette action ne se prescrit qu’après dix ans révolus à compter du dernier acte.

Lorsque la victime est mineure et que le crime a été commis par un ascendant légitime,
naturel, ou adoptif ou par une personne ayant autorité sur elle, le délai de prescription
est réouvert ou court à nouveau à son profit, pour la même durée, à partir de sa
majorité.

Article 4 : - En matière de délit, l’action publique se prescrit au bout de 3 ans ; elle


s’accomplit selon les distinctions spécifiées en l’article précédent.

Article 5 : - En matière de contravention, l’action publique se prescrit au bout d’un an


et s’accomplit selon les distinctions spécifiées en l’article 3.

Article 6 : - L’action civile est celle qui appartient à une personne lésée par une
infraction pénale. Elle est ouverte à quiconque a personnellement souffert d’un
dommage causé soit par un crime, soit par un délit, soit par une contravention.

Elle peut être exercée en même temps que l’action publique et devant la même
juridiction, contre le prévenu ou ses représentants.

Elle peut aussi être exercée séparément de l’action publique. En ce cas l’exercice en est
différé tant qu’il n’a pas été prononcé définitivement sur cette dernière.

Article 7 : - La renonciation à une action civile ne peut, sous réserve des cas visés à
l’article 2, arrêter ni suspendre l’exercice de l’action publique.

Article 8 : - Une action civile ne peut être engagée après l’expiration du délai de
prescription de l’action publique. Lorsqu’il a été définitivement statué sur l’action
publique, et si une condamnation pénale a été prononcée, l’action civile mise en
mouvement dans les délais prévus par les articles 3, 4 et 5 se prescrit par 30 ans.
A tous autres égards, cette action, indépendante de l’action publique, est soumise aux
règles du Code civil.

Article 9 : - La partie ayant engagé une action devant la juridiction civile ne peut plus,
pour la même cause et contre la même personne, la porter devant la juridiction
répressive, sauf si celle-ci a été saisie par le Ministère public avant qu’un jugement
définitif ait été rendu par la juridiction civile.

LIVRE PREMIER : DE L’EXERCICE DE L’ACTION PUBLIQUE ET DE


L’INSTRUCTION

TITRE PREMIER : DES AUTORITES CHARGEES DE L’ACTION PUBLIQUE ET DE


L’INSTRUCTION

Article 10 : - Hormis les cas où la loi en dispose autrement, la procédure suivie au


cours de l’enquête et de l’instruction est secrète.

Toute personne concourant à cette procédure est tenue au secret professionnel dans les
conditions et sous les peines de l’article 375 du Code pénal.

CHAPITRE PREMIER : DE LA POLICE JUDICIAIRE

SECTION I : DISPOSITIONS GENERALES

Article 11 : - La Police judiciaire recherche les crimes, les délits et les contraventions,
en rassemble les preuves et en livre les auteurs aux Tribunaux chargés de les punir.

Lorsqu’une information est ouverte, elle exécute les délégations des Juridictions
d’instruction et défère à leurs réquisitions.

Article 12 : - La Police judiciaire est exercée sous la direction du Procureur de la


République par les Officiers et agents de Police judiciaire, ainsi que par les
fonctionnaires et agents auxquels sont attribuées par la loi certaines fonctions de Police
judiciaire.

Article 13 : - Elle est placée sous la surveillance du Procureur Général et sous le


contrôle de la Chambre d’Accusation conformément aux articles 36, 224 et suivants du
présent Code

SECTION II : DES OFFICIERS DE POLICE JUDICIAIRE

Article 14 : - Ont qualité d’Officiers de Police judiciaire :

1 - Les Officiers de Gendarmerie ;


2 - Les Sous-Officiers de Gendarmerie exerçant les fonctions
de Commandant de Brigade ou Chefs de Poste ;
3 - Les Directeurs des Services de Police ;
4 - Les Commissaires de Police ;
5 - Les Inspecteurs de Police ;
6 - Les Officiers de Police ;
7 - Les élèves Officiers et Sous Officiers de Gendarmerie nominativement désignés par
Arrêté conjoint du Ministre de la Justice, Garde des Sceaux et du Ministre de la Défense
après avis conforme d’une Commission ;
8 - Les fonctionnaires du cadre de la Police nominativement désignés par Arêté du
Ministre de la Justice, Garde des Sceaux sur proposition des autorités dont ils relèvent
après avis conforme d’une Commission.

La composition des Commissions prévues aux paragraphes 7 et 8 est déterminée par


Arrêté conjoint du Ministre de la Justice et du Ministre intéressé.

Article 15 : - Les fonctionnaires mentionnés en l’article précédent ne peuvent exercer


effectivement les attributions attachées à leur qualité d’Officier de police Judiciaire ni se
prévaloir de cette qualité que s’ils sont affectés à un emploi comportant cet exercice et
en vertu d’une décision du Procureur Général près la Cour d’Appel les y habilitant
personnellement.

L’exercice de ces attributions est momentanément suspendu pendant le temps où ils


participent, en unité constituée, à une opération de maintien d’ordre.

Lorsqu’ils appartiennent à un service dont la compétence excède le ressort de la Cour


d’Appel, la décision d’habilitation est prise par le Procureur Général près la Cour d’Appel
du siège de leur fonction.

La notation par le Procureur Général de l’Officier de Police judiciaire habilité est prise en
compte pour toute décision d’avancement.

Les conditions d’octroi, de retrait et de suspension pour une durée déterminée de


l’habilitation prévue par l’alinéa précédent sont fixées par Arrêté conjoint du Ministre de
la Justice et des Ministres intéressés.

Article 16 : - Les Officiers de Police Judiciaire exercent les pouvoirs définis à


l’article 11.

Ils reçoivent les plaintes et dénonciations et procèdent à des enquêtes préliminaires


dans les conditions prévues par le présent Code.

En cas de crimes et délits flagrants, ils exercent les pouvoirs qui leur sont conférés par
les articles 50 et 65 ci-dessous.

Article 17 : - Les Officiers de Police Judiciaire ont le droit de requérir directement le


concours de la force publique pour l’exécution de leurs missions. Ils ont compétence
dans les limites territoriales où ils exercent leurs fonctions habituelles.
Toutefois ceux dont le ressort territorial se situe à l’intérieur du ressort de la Juridiction
à laquelle ils sont rattachés, peuvent, en cas d’urgence, opérer dans toute l’étendue du
ressort de ladite Juridiction à charge d’en rendre compte au Procureur de la République.

Ils peuvent, en outre, sur commission rogatoire expresse ainsi qu’en cas de crime ou
délit flagrant, opérer sur tout le Territoire national.

Lorsqu’un Officier de Police Judiciaire se trouvera légitimement empêché, tout autre


Officier de Police judiciaire de la même Circonscription territoriale ou d’une Sous-
Préfecture voisine est tenu de le suppléer, sans qu’il puisse retarder le service pour
lequel il sera requis, sous un prétexte quelconque.

Article 18 : - Les Officiers de Police Judiciaire sont tenus d’informer sans délai le
Procureur de la République ou le Juge de paix des crimes, délits et contraventions dont
ils ont connaissance.

Dès la clôture de leurs opérations, ils doivent lui faire parvenir directement l’original des
procès-verbaux qu’ils ont dressés, ainsi que tous actes et documents qui y sont relatifs
et tous objets saisis.

Une copie certifiée conforme des procès-verbaux est envoyée au Procureur de la


République dans tous les cas où il n’est pas saisi de la procédure.

Les procès-verbaux doivent énoncer la qualité d’Officier de Police Judiciaire de leur


rédacteur.

SECTION III : DES AGENTS DE POLICE JUDICIAIRE

Article 19 : - Sont Agents de Police Judiciaire lorsqu’ils n’ont pas la qualité d’Officier de
Police judiciaire :

1. Les Militaires de la Gendarmerie ;

2. Les Membres des forces de Police.

Article 20 : - Les Agents de Police judiciaire ont pour mission :

1. De seconder, dans l’exercice de leurs fonctions les Officiers de Police


Judiciaire ;

2. De rendre compte à leurs chefs hiérarchiques de tous crimes, délits ou contraventions


dont ils ont connaissance ;
3. De constater, en se conformant aux ordres de leurs chefs, les infractions à la loi
pénale et de recueillir tous les renseignements en vue de découvrir les auteurs de ces
infractions, le tout dans le cadre et dans les formes prévues par les lois qui leur sont
propres.

Cependant les Gendarmes sont habilités à dresser procès-verbal des infractions qu’ils
constatent et à recevoir dans la forme les déclarations qui leur sont faites par toute
personne susceptible de leur fournir, des indices, preuves et renseignements sur les
auteurs et complices de ces infractions.

Ils n’ont cependant pas qualité pour décider des mesures de garde à vue.

SECTION IV : DES FONCTIONNAIRES ET AGENTS CHARGES DE CERTAINES


FONCTIONS DE POLICE JUDICIAIRE

Paragraphe 1 : Des Inspecteurs et agents assermentés des eaux et forets.

Article 21 : - Les Inspecteurs et agents assermentés des Eaux et Forêts recherchent et


constatent par procès-verbaux les infractions à la réglementation des Eaux et Forêts et
de la Chasse.

Article 22 : - Les Inspecteurs et agents assermentés des eaux et forêts suivent les
choses enlevées dans les lieux où elles ont été transportées et les mettent sous
séquestre.

Ils ne peuvent cependant pénétrer dans les maisons, ateliers, bâtiments, cours
adjacentes et enclos qu’en présence d’un Officier de Police Judiciaire qui ne peut se
refuser à les accompagner et qui signe le procès-verbal de l’opération à laquelle il a
assisté.

Article 23 : - Les Inspecteurs et Agents assermentés des Eaux et Forêts conduisent


devant un Officier de Police Judiciaire tout individu qu’ils surprennent en flagrant délit.

Ils peuvent dans l’exercice des fonctions visées à l’article 21 requérir directement la
force publique.

Article 24 : - Ils peuvent être requis par le Procureur de la République, le Juge


d’Instruction et les Officiers de Police Judiciaire afin de leur prêter assistance.

Article 25 : - Ils remettent à leurs chefs hiérarchiques les procès-verbaux constatant


les infractions visées à l’article 21.

Article 26 : - Ces procès-verbaux sont ensuite, sauf transaction préalable, transmis au


Procureur de la République.
Paragraphe 2 : Des fonctionnaires et agents des Administrations et Services
publics

Article 27 : - Les fonctionnaires et agents des Administrations et Services publics


auxquels les textes spéciaux attribuent certains pouvoirs de police judiciaire exercent ces
pouvoirs dans les conditions et limites fixées par ces textes.

Paragraphe 3 : Des gardes particuliers assermentés

Article 28 : - Les gardes particuliers assermentés constatent par procès-verbaux tous


délits et contraventions portant atteinte aux propriétés dont ils ont la garde.

Les procès-verbaux sont remis immédiatement au Procureur de la République.

Cet envoi doit avoir lieu, à peine de nullité, dans les trois jours au plus tard, y compris
celui où ils ont constaté le fait, objet de leur procès-verbal.

CHAPITRE II : DU MINISTERE PUBLIC

SECTION I : DISPOSITIONS GENERALES

Article 29 : - Le Ministère public exerce l’action publique et requiert l’application de la


loi. Il est représenté auprès de chaque juridiction répressive. Il assiste à leurs débats et
toutes les décisions sont prononcées en sa présence après qu’il ait développé librement
les observations qu’il a jugées convenables au bien de la Justice.

Il assure enfin l’exécution desdites décisions.

Article 30 : - Le Ministère public est tenu de prendre des réquisitions écrites conformes
aux instructions qui lui sont données dans les conditions prévues aux articles 33 et 34.

SECTION II : DES ATTRIBUTIONS DU PROCUREUR GENERAL PRES LA COUR


D’APPEL

Article 31 : - Le Procureur Général représente en personne ou par ses substituts le


Ministère Public auprès de la Cour d’Appel et auprès de la Cour d’Assises instituée au
siège de la Cour d’Appel.

Il représente également le Ministère public auprès des autres Cours d’Assises du ressort,
soit en personne, soit par ses substituts généraux, soit par le Procureur de la République
ou ses substituts.

Article 32 : - Le Procureur Général est chargé de veiller à l’application de la loi pénale


dans toute l’étendue du ressort de la Cour d’Appel.

A cette fin, il lui est adressé tous les mois, par chaque Procureur de la République un
état des affaires de son ressort.
Le Procureur Général a, dans l’exercice de ses fonctions, le droit de requérir directement
la force publique.

Il peut charger, par voie de réquisition, tout Juge d’Instruction d’informer sur tout crime
ou délit qui lui aura été dénoncé, même si ce crime ou délit a été commis hors du
ressort de la compétence de ce Magistrat; il peut également requérir tout Juge
d’Instruction de continuer une information commencée par un autre Magistrat qu’il
dessaisit à cet effet.
Cette décision est prise après avis conforme de la Cour d’Appel.

Le Juge d’Instruction désigné dans les conditions prévues à l’alinéa précédent a


compétence pour instrumenter sur tout le Territoire national.

Les dispositions de l’alinéa précédent ne dérogent pas, en ce qui concerne les


juridictions de jugement, aux règles de compétence territoriale édictées par le présent
Code.

Article 33 : - Le Ministre de la Justice, Garde des Sceaux peut dénoncer au Procureur


Général les infractions à la loi pénale dont il a connaissance, lui enjoindre par
instructions écrites et versées au dossier de la procédure, d’engager ou de faire engager
les poursuites ou de saisir la Juridiction compétente de telles réquisitions écrites que le
Ministre juge opportunes.

Article 34 : - Le Procureur Général a autorité sur tous les représentants du ministère


public du ressort de la Cour d’Appel. A l’égard de ces Magistrats il a les mêmes
prérogatives que celles reconnues au Ministre de la Justice à l’article précédent. A cet
effet, il est tenu de procéder à des inspections périodiques des Parquets et des services
de Police Judiciaire de son ressort.

Article 35 : - Le Procureur Général reçoit les plaintes et dénonciations qui lui sont
adressées soit par la Cour d’Appel, soit par un fonctionnaire public, soit par un simple
citoyen. Il en tient registre et les transmet au Procureur de la République.

Article 36 : - Tous les Officiers et Agents de la Police Judiciaire sont placés sous la
surveillance du Procureur Général. Il peut les charger de recueillir tous renseignements
qu’il estime utiles à une bonne administration de la Justice.

Tous les fonctionnaires et agents qui, d’après l’article 27 du présent Code, sont, à raison
des fonctions, même administratives, appelés par la loi à faire quelques actes de la
Police Judiciaire, sont sous ce rapport seulement, soumis à la même surveillance.
SECTION III : DES ATTRIBUTIONS DU PROCUREUR DE LA RÉPUBLIQUE, DES
JUGES DE PAIX

Article 37 : - Le Procureur de la République représente en personne ou par ses


Substituts le Ministère public près le Tribunal de première Instance. Il peut également
représenter de la même façon le Ministère public auprès de la Cour d’Assises instituée
au siège du Tribunal de première Instance.

Article 38 : - Le Procureur de la République reçoit les plaintes et dénonciations et


apprécie la suite à leur donner. Il procède ou fait procéder à tous les actes nécessaires à
la recherche et à la poursuite des infractions à la loi pénale. A cette fin, il dirige l’activité
des Officiers de Police Judiciaire dans le ressort de son Tribunal.

En cas de délit ou de crime flagrant il exerce les pouvoirs qui lui sont attribués par
l’article 66. du présent Code.

Article 39 : - Toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans
l’exercice de ses fonctions acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit, est tenu
d’en donner avis sans délai au Procureur de la République et de transmettre à celui-ci
tous les renseignements, procès-verbaux et actes qui y sont relatifs.

Lorsque le Procureur de la République décide de classer une plainte sans suite, il doit
adresser un avis de cette décision dans un délai de 8 jours au plaignant. Cet avis
comporte notamment la mention que ce dernier peut, s’il le désire, prendre l’initiative de
mettre l’action publique en mouvement en se constituant partie civile à ses risques et
périls.

Article 40 : - Le Procureur de la République a dans l’exercice de ses fonctions le droit


de requérir directement la force publique.

Article 41 : - Dans les Justices de paix, les Juges de paix sont investis des pouvoirs du
Procureur de la République.

Les pouvoirs ainsi conférés aux Juges de paix sont exercés sous le contrôle du Procureur
de la République dont ils relèvent et du Procureur Général.

Article 42 : - Les Procureurs de la République sont tenus aussitôt que les infractions
parviennent à leur connaissance, d’en donner avis au Procureur Général et d’exécuter
ses ordres relativement à tous actes de Police Judiciaire.

Article 43 : - Sont compétents pour exercer les attributions prévues à la présente


section, le Procureur du lieu de l’infraction, celui de la résidence de l’une des personnes
soupçonnées d’avoir participé à l’infraction, celui du lieu d’arrestation d’une de ces
personnes, même lorsque cette arrestation a été opérée pour une autre cause.

Les conflits de compétence entre Parquets sont réglés par le Procureur Général près la
Cour d’Appel.
Article 44 : - Le Procureur de la République contrôle les mesures de garde à vue.

Il procède ou fait procéder par ses Substituts à un contrôle périodique de l’ensemble des
Services de Police Judiciaire de son ressort et en fait rapport au Procureur Général.

Article 45 : - Le Procureur de la République est tenu de faire parvenir tous les mois au
Procureur Général et au Ministre de la Justice l’ensemble des notices de sa Juridiction.

CHAPITRE III : DU JUGE D’INSTRUCTION

Article 46 : - Le Juge d’Instruction est chargé de procéder aux informations ainsi qu’il
est dit au chapitre 1er du Titre III du présent Code.

Il ne peut, à peine de nullité, participer au jugement des affaires pénales dont il a connu
en sa qualité de Juge d’Instruction.

Article 47 : - Il est nommé au moins un Juge d’Instruction dans chaque Tribunal de


première Instance ou Justice de paix. Dans les Justices de paix qui n’ont pas de Juge
d’Instruction, ces fonctions sont remplies par le Juge de Paix qui peut juger les affaires
correctionnelles qu’il a instruites.

Dans les ressorts où il n’y a qu’un Juge d’Instruction, s’il est absent, malade ou
autrement empêché, il est remplacé par un Juge provisoirement désigné par ordonnance
du Président du Tribunal, à défaut, le Président du Tribunal est chargé des fonctions de
Juge d’Instruction.

Dans ce dernier cas la procédure est réglée comme il est dit aux articles 181 et suivants
du présent Code et le Président du Tribunal peut juger les affaires correctionnelles qu’il
a instruites.

Article 48 : - Le Juge d’Instruction ne peut informer qu’après avoir été saisi par un
réquisitoire du Procureur de la République, une ordonnance de saisine ou par une
plainte avec constitution de partie civile, dans les conditions prévues aux articles 83, 88
et 89.

En cas de crimes ou délits flagrants, il exerce les pouvoirs qui lui sont attribués par
l’article 70

Le Juge d’Instruction a, dans l’exercice de ses fonctions, le droit de requérir directement


la force publique.

Article 49 : - Sont compétents le Juge d’Instruction du lieu de l’infraction, celui de la


résidence de l’une des personnes soupçonnées d’avoir participé à l’infraction, celui du
lieu d’arrestation d’une de ces personnes, même lorsque cette arrestation a été opérée
pour une autre cause.
TITRE II : DES ENQUETES ET DES CONTROLES D’IDENTITE

CHAPITRE PREMIER : DES CRIMES ET DELITS FLAGRANTS

Article 50 : - Est qualifié crime ou délit flagrant, le crime ou le délit qui se commet
actuellement, ou qui vient de se commettre. Il y a aussi crime ou délit flagrant lorsque,
dans un temps très voisin de l’action, la personne soupçonnée est poursuivie par la
clameur publique ou est trouvée en possession d’objets, ou présente des traces ou
indices, laissant penser qu’elle a participé au crime ou délit.

Est assimilé au crime ou délit flagrant tout crime ou délit qui même non commis dans les
circonstances prévues à l’alinéa précédent a été commis dans une maison dont le chef
requiert le Procureur de la République ou un Officier de Police Judiciaire pour le
constater.

Est également soumise à la procédure du flagrant délit, toute infraction correctionnelle,


passible d’une peine d’emprisonnement qui, à la suite d’une enquête officieuse, ne
paraît pas devoir faire l’objet d’une instruction préalable, en raison soit des aveux de
l’inculpé, soit de l’existence de charges suffisantes.

Article 51 : - En cas de crime flagrant, l’Officier de Police Judiciaire qui en est avisé,
informe immédiatement le Procureur de la République, se transporte sans délai sur le
lieu du crime et procède à toutes constatations utiles.

Il veille à la conservation des indices susceptibles de disparaître et de tout ce qui peut


servir à la manifestation de la vérité. Il saisit les armes et instruments qui ont servi à
commettre le crime ou qui étaient destinés à le commettre, ainsi que tout ce qui paraît
avoir été le produit de ce crime. Il représente les objets saisis, pour reconnaissance aux
personnes qui paraissent avoir participé au crime, si elles sont présentes.

Article 52 : - Dans les lieux où un crime a été commis, il est interdit, sous peine d’une
amende de 5.000 à 50.000 francs guinéens à toute personne non habilitée, de modifier
avant les premières opérations de l’enquête judiciaire l’état des lieux et d’y effectuer des
prélèvements quelconques.

Toutefois, exception est faite lorsque ces modifications ou ces prélèvements sont
commandés par les exigences de la sécurité ou de la salubrité publique, ou par les soins
à donner aux victimes.

Si la destruction des traces ou si les prélèvements sont effectués en vue d’entraver le


fonctionnement de la Justice, la peine est un emprisonnement de 3 mois à 3 ans et une
amende de 50.000 à 500.000 francs guinéens.

Article 53 : - Si la nature du crime est telle que la preuve en puisse être acquise par la
saisie des papiers, documents ou autres objets en la possession des personnes qui
paraissent avoir participé au crime ou détenir des pièces ou objets relatifs aux faits
incriminés, l’Officier de Police Judiciaire se transporte sans désemparer au domicile de
ces dernières pour y procéder à une perquisition dont il dresse procès-verbal.
Il a seul, avec les personnes désignées à l’article 54 et celles auxquelles il a
éventuellement recours en application de l’article 57, le droit de prendre connaissance
des papiers ou documents avant de procéder à leur saisie.

Toutefois, il a l’obligation de provoquer préalablement toutes mesures utiles pour que


soient assurés le respect du secret professionnel et des droits de la défense.

Tous objets et documents saisis sont immédiatement inventoriés et placés sous scellés.

Cependant, si leur inventaire sur place présente des difficultés, ils font l’objet de scellés
fermés provisoires jusqu’au moment de leur inventaire et de leur mise sous scellés
définitifs et ce, en présence des personnes qui ont assisté à la perquisition suivant les
modalités prévues à l’article 54.

Avec l’accord du Procureur de la République, l’Officier de Police Judiciaire ne maintient


que la saisie des objets et documents utiles à la manifestation de la vérité.

Article 54 : - Sous réserve de ce qui est dit à l’article précédent concernant le respect
du secret professionnel et des droits de la défense, les opérations prescrites par ledit
article sont faites en présence des personnes soupçonnées d’avoir participé au crime et
de la personne au domicile de laquelle la perquisition a lieu. En cas d’impossibilité,
l’Officier de Police Judiciaire aura l’obligation de l’inviter à désigner un représentant de
son choix, à défaut l’Officier de Police Judiciaire choisira deux témoins requis à cet effet
par lui, en dehors de personnes relevant de son autorité administrative.

Le procès-verbal de ces opérations dressé ainsi qu’il est dit à l’article 63 est signé par les
personnes visées au présent article ; au cas de refus, il en est fait mention au procès-
verbal.

Article 55 : - Toute communication ou toute divulgation sans l’autorisation de l’inculpé


ou de ses ayants droit ou du signataire ou du destinataire d’un document provenant
d’une perquisition à une personne non qualifiée par la loi pour en prendre connaissance
est punie d’une amende de 50.000 à 500.000 francs guinéens et d’un emprisonnement
de 3 mois à 3 ans.

Article 56 : - Sauf réclamation faite de l’intérieur de la maison ou exceptions prévues


par la loi, les perquisitions et les visites domiciliaires ne peuvent être commencées avant
6 heures ni après 21 heures.

Toutefois, des visites, perquisitions et saisies pourront être opérées à toute heure du
jour et de la nuit en vue d’y constater toute infraction, à l’intérieur de tout hôtel, maison
meublée, pension, débit de boisson, club, cercle, dancing, lieu de spectacle et leurs
annexes et en tout autre lieu ouvert au public ou utilisé par le public.
Article 57 : - S’il y a lieu de procéder à des constatations qui ne puissent être différées,
l’Officier de Police Judiciaire a recours à toutes personnes qualifiées.

Les personnes ainsi appelées prêtent, par écrit, serment de donner leur avis en leur
honneur et conscience.

Elles ne peuvent refuser d’obtempérer à la réquisition des Magistrats ou des Officiers de


Police Judiciaire sous peine d’une amende de 5.000 à 15.000 francs guinéens.

Article 58 : - L’Officier de Police Judiciaire peut défendre à toute personne de s’éloigner


du lieu de l’infraction jusqu’à clôture de ses opérations.

Toute personne dont il apparaît nécessaire, au cours des recherches Judiciaires, d’établir
ou de vérifier l’identité, doit à la demande de l’Officier de Police Judiciaire, se prêter aux
opérations qu’exige cette mesure.

Tout contrevenant aux dispositions des alinéas précédents est passible d’une peine qui
ne peut excéder 15 jours d’emprisonnement et une amende de 50.000 francs guinéens.

Article 59 : - L’Officier de Police Judiciaire peut appeler et entendre toutes personnes


susceptibles de fournir des renseignements sur les faits ou sur les objets et documents
saisis. Il entend toute personne qui se prétend lésée par l’infraction.

Les personnes convoquées par lui sont tenues de comparaître et de déposer. Si elles ne
satisfont pas à cette obligation, avis en est donné au Procureur de la République qui
peut les contraindre à comparaître par la force publique.

Il dresse un procès-verbal de leurs déclarations. Les personnes entendues procèdent


elles-mêmes à sa lecture, peuvent y faire consigner leurs observations et y apposent
leur signature. Si elles déclarent ne savoir lire, lecture et traduction leur en sont faites
par l’officier de police Judiciaire préalablement à la signature.

Au cas de refus de signer le procès-verbal, mention en est faite sur celui-ci.

Article 60 : - Si, pour des nécessités de l’enquête, l’Officier de Police Judiciaire est
amené à garder à sa disposition une ou plusieurs des personnes visées aux articles 58 et
59, il ne peut les retenir plus de 48 heures.

S’il existe contre une personne des indices graves et concordants de nature à motiver
son inculpation, l’Officier de Police Judiciaire doit la conduire devant le Procureur de la
République sans pouvoir la garder à sa disposition plus de 48 heures.

Le délai prévu à l’alinéa précédent peut être prolongé d’un nouveau délai de 48 heures
par autorisation du Procureur de la République ou du Juge d’Instruction.

Les dispositions du dernier alinéa de l’article 64 sont applicables.

L’Officier de Police Judiciaire avise de ce droit la personne gardée à vue.


Article 61 : - Lorsque la personne gardée à vue est un mineur de 13 à 18 ans, l’Officier
de Police Judiciaire doit la retenir dans un local spécial isolé des détenus majeurs.

Article 62 : - Dans tous les lieux où la garde à vue s’applique, les Officiers de Police
Judiciaire sont astreints à la tenue d’un registre de garde à vue coté et paraphé par le
Parquet qui est présenté à toutes réquisitions des Magistrats chargés du contrôle de la
mesure.

L’Officier de Police Judiciaire doit mentionner sur le procès-verbal, l’audition de toute


personne gardée à vue, le jour et l’heure à partir desquels elle a été gardée à vue, ainsi
que le jour et l’heure à partir desquels, elle a été soit libérée, soit amenée devant le
Magistrat compétent.

Article 63 : - Les procès-verbaux dressés par l’Officier de Police Judiciaire sont rédigés
sur-le-champ et signés sur chaque feuillet par lui et les parties.

Article 64 : - S’il estime nécessaire, même à la requête d’un membre de la famille de la


personne gardée à vue, le Procureur de la République peut désigner un médecin qui
examinera cette dernière à n’importe quel moment des délais prévus à l’article 60.

Après 48 heures, l’examen médical sera de droit si la personne retenue le demande.

Article 65 : - Les dispositions des articles 51 à 64 sont applicables au cas de délit


flagrant ainsi qu’à tous les cas où la loi prévoit une peine d’emprisonnement.

Lorsque des abus sont constatés de la part des Officiers de Police Judiciaire dans
l’application de la mesure de la garde à vue, le Procureur de la République en informe le
Procureur Général qui saisit la Chambre d’Accusation. Celle-ci, en vertu de ses pouvoirs
prévus aux articles 227, 230 et 231 du présent Code, peut soit retirer temporairement
ou définitivement le bénéfice de l’habilitation à l’auteur des abus, soit retourner le
dossier au Procureur Général pour intenter des poursuites s’il se révèle qu’une infraction
à la loi pénale a été commise.

Article 66 : - L’arrivée du Procureur de la République sur les lieux dessaisit l’Officier de


Police Judiciaire.

Le Procureur de la République accomplit alors tous actes de Police Judiciaire prévus au


présent Chapitre.

Il peut aussi prescrire à tous Officiers de Police Judiciaire de poursuivre les opérations.

Article 67 : - Si les nécessités de l’enquête l’exigent, le Procureur de la République, ou


le Juge d’Instruction lorsqu’il procède comme il est dit au présent chapitre, peut se
transporter dans les ressorts des Tribunaux limitrophes de celui où il exerce ses
fonctions à l’effet d’y poursuivre ses investigations. Il doit aviser, au préalable le
Procureur de la République du ressort du Tribunal dans lequel il se transporte. Il
mentionne sur son procès-verbal les motifs de son transport.
Article 68 : - En cas de crime flagrant et si le Juge d’Instruction n’est pas encore saisi,
le Procureur de la République peut décerner mandat d’amener contre toute personne
soupçonnée d’avoir participé à l’infraction. Le Procureur de la République interroge sur-
le-champ la personne ainsi conduite devant lui ; si elle se présente spontanément
accompagnée d’un défenseur, elle ne peut être interrogée qu’en présence de ce dernier.

Article 69 : - En cas de flagrant délit, si le Juge d’Instruction n’est pas encore saisi et
lorsque le fait est puni d’une peine d’emprisonnement, le Procureur de la République
peut mettre l’inculpé sous mandat de dépôt, après l’avoir interrogé sur son identité et
sur les faits qui lui sont reprochés.

Il saisit alors le Tribunal dans les conditions définies au Livre II du présent Code
concernant la procédure devant les juridictions de jugement.

Les dispositions ci-dessus sont inapplicables en matière d’infractions dont la procédure


est réglée par des textes spéciaux ou si les inculpés sont des mineurs de 18 ans.

Article 70 : - Lorsque le Juge d’Instruction est présent sur les lieux, le Procureur de la
République ainsi que les Officiers de Police Judiciaire sont de plein droit dessaisis à son
profit.

Le Juge d’Instruction accomplit alors tous actes de police judiciaire prévus au présent
chapitre.

Il peut aussi prescrire à tous Officiers de Police Judiciaire de poursuivre les opérations.

Ces opérations terminées le Juge d’Instruction transmet les pièces de l’enquête au


Procureur de la République à toutes fins utiles.

Lorsque le Procureur de la République et le Juge d’Instruction sont simultanément sur


les lieux, le Procureur de la République peut requérir l’ouverture d’une information
régulière dont est saisi le Juge d’Instruction présent.

Article 71 : - Dans les cas de crime ou délit flagrant, toute personne a qualité pour en
appréhender l’auteur et le conduire devant l’Officier de Police Judiciaire le plus proche.

Article 72 : - En cas de découverte d’un cadavre, qu’il s’agisse ou non d’une mort
violente, mais si la cause en est inconnue ou suspecte, l’Officier de Police Judiciaire qui
en est avisé informe immédiatement le Procureur de la République, se transporte sans
délai sur les lieux et procède aux premières constatations.

Le Procureur de la République se rend sur place s’il le juge nécessaire et se fait assister
de personnes capables d’apprécier la nature des circonstances du décès. Il peut
toutefois, déléguer aux mêmes fins un Officier de Police Judiciaire de son choix.
Les personnes ainsi appelées prêtent, par écrit, serment de donner leur avis en leur
honneur et conscience. Elles ne peuvent refuser d’obtempérer à la réquisition des
Magistrats ou des Officiers de Police Judiciaire sous peine d’une amende de 5.000 à
15.000 francs guinéens sans préjudice de peines plus graves et de tous dommages et
intérêts.

Le Procureur de la République peut aussi requérir information pour recherche des


causes de la mort.

CHAPITRE II : DES DÉNONCIATIONS ET PLAINTES

Article 73 : - Toute autorité constituée, tout fonctionnaire ou officier public qui, dans
l’exercice de ses fonctions, acquerra la connaissance d’un crime ou d’un délit, toute
personne qui aura été témoin d’un attentat soit contre la sûreté publique, soit contre la
vie ou la propriété d’un individu devra en donner immédiatement avis au Procureur de la
République ou au Juge de paix dans le ressort duquel ce crime ou ce délit aura été
commis ou dans lequel le prévenu pourrait être trouvé.

Article 74 : - Les Officiers de Police Judiciaire remettent sans délai au représentant du


Ministère public du ressort les dénonciations, procès-verbaux et autres actes dressés par
eux dans le cadre de leur compétence. Ce dernier est tenu d’examiner sans retard les
procédures et de les transmettre s’il y a lieu, avec les réquisitions qu’il jugera
convenables, au Juge chargé de l’Instruction.

CHAPITRE III : DE L’ENQUETE PRELIMINAIRE

Article 75 : - Les Officiers de Police Judiciaire, soit sur les instructions du Procureur de
la République, soit d’office, procèdent à des enquêtes préliminaires.

Ils entendent notamment toutes personnes susceptibles de fournir des renseignements


sur les faits et obligatoirement, toutes celles qui se prétendent lésées par l’infraction.

Ces opérations relèvent de la surveillance du Procureur Général.

Toute personne arrêtée au cours d’une enquête judiciaire a le droit de se faire assister
d’un Conseil de son choix à l’issue d’un délai de 24 heures qui commence à courir depuis
le début de la garde à vue.

Le Conseil a une présence passive. Cette présence qui n’est autorisée que lors de
l’interrogatoire dans les bureaux de l’Officier de Police Judiciaire implique qu’il ne peut
poser de questions ni à la personne arrêtée ni à l’Officier de Police Judiciaire.

Le Conseil ne peut produire aucune pièce ou conclusion à ce stade de l’enquête


judiciaire.

Article 76 : - Les perquisitions, visites domiciliaires et saisies de pièces à conviction


sont faites en présence du prévenu et, s’il ne veut ou ne peut y assister, en présence
d’un fondé de pouvoir qu’il pourra nommer ou de deux témoins.
Les objets lui sont présentés, à l’effet de les reconnaître et les parapher, s’il y a lieu, et,
en cas de refus, il en est fait mention au procès-verbal dont copie lui est remise.

Les formes prévues par les articles 53 et 56 sont applicables.

Article 77 : - Si, pour les nécessités de l’enquête, l’Officier de Police Judiciaire est
amené à garder à sa disposition une ou plusieurs personnes contre lesquelles existent
des indices de culpabilité, il ne peut les retenir plus de quarante-huit heures.

Le Procureur de la République peut accorder l’autorisation de prolonger la garde à vue


d’un nouveau délai de quarante-huit heures, à l’issue duquel les personnes ainsi
retenues devront être immédiatement conduites devant lui. Les délais prévus au présent
article sont doublés en ce qui concerne les crimes et délits contre la sûreté de l’État ; ils
sont également doublés pour tous les crimes et délits en période d’état de siège, d’état
d’urgence, sans que ces deux causes de dédoublement puissent se cumuler.

Il en est de même en ce qui concerne la poursuite des infractions en matière de


stupéfiants.

CHAPITRE IV : DES CONTROLES ET VERIFICATIONS D’IDENTITE

Article 78 : - Toute personne se trouvant sur le Territoire national doit accepter de se


prêter à un contrôle d’identité effectué dans les conditions et par les Autorités de Police
Judiciaire.

Article 79 : - Les Officiers de Police Judiciaire et, sur l’ordre et sous la responsabilité de
ceux-ci, les agents de Police Judiciaire peuvent inviter à justifier, par tout moyen, de son
identité, toute personne à l’égard de laquelle existe un indice faisant présumer :

1.Qu’elle a commis ou tenter de commettre une infraction ;


2.Qu’elle se prépare à commettre un crime ou un délit ;
3.Qu’elle est susceptible de fournir des renseignements utiles
à l’enquête en cas de crime ou délit ;
4.Qu’elle fait l’objet de recherches ordonnées par une autorité judiciaire.

Par réquisition écrite du Procureur de la République aux fins de recherches et de


poursuite d’infraction qu’il précise, l’identité de toute personne peut être également
contrôlée selon les mêmes modalités, dans les lieux et pour une période de temps
déterminée par ce Magistrat.

Le fait que le contrôle d’identité révèle des infractions autres que celles visées dans les
réquisitions du Procureur de la République ne constitue pas une cause de nullité des
procédures incidentes.

L’identité de toute personne quel que soit son comportement, peut également être
contrôlée, selon les modalités prévues au premier alinéa, pour prévenir une atteinte à
l’ordre public, notamment à la sécurité des personnes ou des biens.
Article 80 : - Si l’intéressé refuse ou se trouve dans l’impossibilité de justifier de son
identité il peut en cas de nécessité être retenu sur place ou dans le local de police où il
est conduit aux fins de vérification de son identité.

Dans tous les cas, il est présenté immédiatement à un Officier de Police Judiciaire qui le
met en mesure de fournir par tout moyen les éléments permettant d’établir son identité
et qui procède s’il y a lieu, aux opérations de vérifications nécessaires.

Il est aussitôt informé par celui-ci de son droit de faire aviser le Procureur de la
République de la vérification dont il fait l’objet et de prévenir à tout moment sa famille
ou toute personne de son choix.

Si les circonstances particulières l’exigent, l’Officier de Police Judiciaire prévient lui-


même la famille ou la personne choisie.

Lorsqu’il s’agit d’un mineur de 18 ans, le Procureur de la République doit être informé
dès le début de la rétention. Sauf impossibilité le mineur doit être assisté de son
représentant légal. La personne qui fait l’objet d’une vérification ne peut être retenue
que pendant le temps strictement exigé par l’établissement de son identité.

La rétention ne peut excéder quatre heures à compter du contrôle effectué en


application de l’article précédent et le Procureur de la République peut y mettre fin à
tout moment.

Si la personne interpellée mentionne son refus de justifier de son identité ou fournit des
éléments d’identité manifestement inexacts, les opérations de vérification peuvent
donner lieu après autorisation du Procureur de la République ou du Juge d’Instruction, à
la prise d’empreintes digitales ou de photographies, lorsque celle - ci constitue l’unique
moyen d’établir l’identité de l’intéressé.

Article 81 : - Seront punis d’un emprisonnement de 15 jours à 3 mois et d’une amende


de 50.000 à 500.000 francs guinéens ou de l’une de ces deux peines seulement, ceux
qui auront refusé de se prêter aux prises d’empreintes digitales ou de photographies
autorisées par le Procureur de la République ou le Juge d’Instruction conformément aux
dispositions de l’article précédent.

TITRE III : DES JURIDICTIONS D’INSTRUCTION

CHAPITRE PREMIER : DU JUGE D’INSTRUCTION

SECTION I : DISPOSITIONS GÉNÉRALES

Article 82 : - L’instruction préparatoire est obligatoire en matière de crime ; sauf


dispositions spéciales, elle est facultative en matière de délit.

Article 83 : - Le Juge d’Instruction ne peut informer qu’en vertu d’un réquisitoire du


Procureur de la République, même s’il a procédé en cas de crime ou de délit flagrant.
Les dispositions du précédent alinéa ne s’appliquent pas aux Juges de paix, qui dans
leur ressort, procèdent à l’instruction préalable, soit d’office en vertu de leurs pouvoirs
propres, soit sur la réquisition du Procureur de la République compétent, soit sur la
constitution d’une partie civile.

Le réquisitoire peut être pris contre personne dénommée ou non dénommée.

Le Juge d’Instruction a le pouvoir d’inculper toute personne ayant pris part, comme
auteur ou complice, aux faits qui lui sont déférés.

Lorsque des faits, non visés au réquisitoire, sont portés à la connaissance du Juge
d’Instruction, celui-ci doit immédiatement communiquer au Procureur de la République
les plaintes ou les procès-verbaux qui les constatent.

En cas de plainte avec constitution de partie civile, il est procédé comme il est dit à
l’article 89.

Article 84 : - Le Juge d’Instruction procède, conformément à la loi à tous les actes


d’information qu’il juge utiles à la manifestation de la vérité.

Il est toujours assisté d’un Greffier. En l’absence d’un Greffier assermenté, il peut
désigner un Greffier ad hoc qui prête serment devant lui. Mention de cette formalité doit
être portée sur chaque acte auquel celui-ci participe, à peine de nullité de l’acte.

Il est établi une copie de ces actes ainsi que de toutes les pièces de la procédure;
chaque copie est certifiée conforme par le Greffier ou l’Officier de Police Judiciaire
commis mentionné à l’alinéa suivant; toutes les pièces du dossier sont cotées et
inventoriées par le Greffier au fur et à mesure de leur rédaction ou de leur réception par
le Juge d’Instruction.

Si le Juge d’Instruction est dans l’impossibilité de procéder lui-même à tous les actes
d’Instruction, il peut donner commission rogatoire aux Officiers de Police Judiciaire afin
de faire exécuter tous les actes d’information nécessaires dans les conditions prévues
aux articles 157 et 158.

Le Juge d’Instruction doit vérifier les éléments d’information ainsi recueillis.

Le Juge d’Instruction procède ou fait procéder, soit par des Officiers de Police Judiciaire
conformément à l’alinéa 4, soit par toute personne qualifiée, à une enquête sur la
personnalité des inculpés ainsi que sur leur situation matérielle, familiale ou sociale.

Toutefois en matière de délit, cette enquête est facultative.

Le Juge d’Instruction peut prescrire un examen médical, confier à un Médecin le soin de


procéder à un examen médico-psychologique ou ordonner toutes autres mesures utiles.
Si ces examens sont demandés par l’inculpé ou son Conseil, il ne peut les refuser que
par ordonnance motivée.
Article 85 : - A toute époque de l’information le Procureur de la République peut
requérir du Juge d’Instruction tous actes qui paraissent utiles à la manifestation de la
vérité. Il peut, à cette fin, se faire communiquer la procédure à charge de la rendre dans
les 48 heures.

Si le Juge d’Instruction n’estime pas devoir procéder aux actes requis, il doit rendre,
dans les 5 jours qui suivent les réquisitions du Procureur de la République une
ordonnance motivée qui sera, sans délai et avant exécution, notifiée à ce dernier.

Article 86 : - Lorsqu’il existe dans un Tribunal plusieurs Juges d’Instruction, le


Procureur de la République désigne pour chaque information le Juge qui en sera chargé.

Il peut également designer deux ou plusieurs Juges d’Instruction pour instrumenter dans
les affaires complexes comportant plusieurs chefs d’inculpation.

Article 87 : - Le dessaisissement du Juge d’Instruction au profit d’un autre Juge


d’Instruction peut être demandé au Président du Tribunal dans l’intérêt d’une bonne
administration de la Justice, par requête motivée du Procureur de la République,
agissant soit spontanément, soit à la demande de l’inculpé ou de la partie civile.

Le Président du Tribunal doit statuer dans les 8 jours par une ordonnance qui ne sera
pas susceptible de voies de recours.

En cas d’empêchement du Juge saisi, par suite de congé, de maladie ou pour toute
autre cause, de même qu’en cas de nomination à un autre poste, il est procédé par le
Président ainsi qu’il est dit à l’article précédent, à la désignation du Juge d’Instruction
chargé de le remplacer.

Toutefois, en cas d’urgence et pour des actes isolés, tout Juge d’Instruction peut
suppléer un autre Juge d’Instruction du même Tribunal, à charge par lui d’en rendre
compte au Procureur de la République.

SECTION II : DE LA CONSTITUTION DE PARTIE CIVILE ET DE SES EFFETS

Article 88 : - Toute personne qui se prétend lésée par un crime ou un délit peut, en
portant plainte se constituer partie civile devant le Juge d’Instruction compétent.

La partie civile peut, à l’appui de sa constitution, demander des dommages et intérêts


correspondant au préjudice qui lui a été causé.

Article 89 : - Le Juge d’Instruction ordonne communication de la plainte au Procureur


de la République pour que ce Magistrat prenne ses réquisitions.

Le réquisitoire peut être pris contre personne dénommée ou non dénommée,


notamment en cas de plainte insuffisamment motivée et insuffisamment justifiée par les
pièces produites.
Le Procureur de la République ne peut saisir le Juge d’Instruction de réquisitions de non
informer que si, pour des causes affectant l’action publique elle-même, les faits ne
peuvent légalement comporter une poursuite ou si, à supposer ces faits démontrés, ils
ne peuvent admettre aucune qualification pénale. Dans le cas où le Juge d’Instruction
passe outre, il doit statuer par une ordonnance motivée.

Article 90 : - La constitution de partie civile peut avoir lieu à tout moment au cours de
l’instruction.

Dans tous les cas, la recevabilité de la constitution de partie civile peut être contestée,
soit par le Ministère public, soit par l’inculpé, soit par une autre partie civile.

Le Juge d’Instruction statue par ordonnance après communication du dossier au


Ministère public.

Article 91 : - La partie civile qui met en mouvement l’action publique doit, si elle n’a
obtenu l’assistance judiciaire, et sous peine de non-recevabilité de sa plainte, consigner
au Greffe la somme présumée nécessaire pour les frais de la procédure ; cette somme
est fixée par ordonnance du Juge d’Instruction.

Un supplément de consignation peut être exigé d’elle au cours de l’information dès que
le reliquat paraît insuffisant pour assurer le paiement de tous les frais.

Article 92 : - Toute partie civile qui ne demeure pas au siège de la Juridiction où se fait
l’instruction est tenue d’y élire domicile.

A défaut d’élection de domicile, la partie civile ne peut opposer le défaut de signification


des actes qui auraient dû lui être signifiés aux termes de la loi.

Article 93 : - Dans le cas où le Juge d’Instruction n’est pas compétent aux termes de
l’article 49, il rend, après réquisitions du Ministère public, une ordonnance renvoyant la
partie civile à se pourvoir devant telle juridiction qu’il appartiendra.

Article 94 : - Quand, après une information ouverte sur constitution de partie civile,
une décision de non lieu a été rendue, l’inculpé et toutes personnes visées dans la
plainte, et sans préjudice d’une poursuite pour dénonciation calomnieuse, peuvent, s’ils
n’usent de la voie civile, demander des dommages et intérêts au plaignant dans les
formes indiquées ci-après :

L’action en dommages et intérêts doit être introduite dans un mois à compter du jour où
l’ordonnance de non-lieu est devenue définitive.
Elle est portée par voie de citation devant le Tribunal correctionnel où l’affaire a été
instruite. Ce Tribunal est immédiatement saisi du dossier de l’information terminée par
une ordonnance de non-lieu, en vue de sa communication aux parties.

Les débats ont lieu en Chambre du conseil; les parties, ou leurs Conseils, et le Ministère
public sont entendus.
Le jugement est rendu en audience publique.

En cas de condamnation, le Tribunal peut ordonner la publication intégrale ou par


extraits de son Jugement dans un ou plusieurs journaux qu’il désigne, aux frais du
condamné. Il fixe le coût maximum de chaque insertion.

L’opposition, s’il échet, et l’appel sont recevables dans les délais de droit commun en
matière correctionnelle. L’appel est porté devant la Chambre correctionnelle statuant
dans les mêmes formes que le Tribunal.

L’arrêt de la Cour d’Appel peut être déféré à la Cour Suprême comme en matière pénale.

SECTION III : DES TRANSPORTS, PERQUISITIONS, MESURES


CONSERVATOIRES ET SAISIES

Article 95 : - Le Juge d’Instruction assisté de son Greffier peut se transporter sur les
lieux pour y effectuer toutes constatations utiles ou procéder à des perquisitions. Il en
donne avis au Procureur de la République qui a la faculté de l’accompagner.

Il dresse un procès-verbal de ses opérations.

Article 96 : - Si les nécessités de l’information l’exigent, le Juge d’Instruction peut,


après en avoir donné avis au Procureur de la République de son Tribunal, se transporter
avec son Greffier dans les ressorts des Tribunaux limitrophes de celui où il exerce ses
fonctions. Il peut également, avec l’autorisation du Président de la Chambre
d’Accusation, se transporter en n’importe quel autre lieu du ressort de la Cour d’Appel, à
l’effet d’y procéder à tous actes d’instruction. Dans tous les cas il est tenu d’aviser au
préalable le Procureur de la République du ressort du Tribunal dans lequel il se
transporte. Il mentionne sur son procès-verbal les motifs de son transport.

Article 97 : - Les perquisitions sont effectuées dans tous les lieux où peuvent se
trouver des objets dont la découverte serait utile à la manifestation de la vérité.

Article 98 : - Si la perquisition a lieu au domicile de l’inculpé, le Juge d’Instruction doit


se conformer aux dispositions des articles 54, 55 et 56 du présent Code.

Article 99 : - Si la perquisition a lieu dans un domicile autre que celui de l’inculpé, la


personne chez laquelle elle doit s’effectuer est invitée à y assister. Si cette personne est
absente ou refuse d’y assister, la perquisition a lieu en présence de ses parents ou alliés
présents sur les lieux ou, à défaut, en présence de deux témoins.

Le Juge d’Instruction doit se conformer aux dispositions des articles 54 alinéa 2, 55 et


56.

Toutefois, il a l’obligation de provoquer préalablement toutes mesures utiles pour que


soient assurés le respect du secret professionnel et des droits de la défense.
Article 100 : - Lorsqu’il est saisi d’un dossier d’information, le Juge d’Instruction peut
d’office ou sur demande de la partie civile ou du Ministère public, ordonner des mesures
conservatoires sur les biens de l’inculpé.

Article 101 : - Lorsqu’il y a lieu, en cours d’information, de rechercher des documents


et sous réserve de nécessités de l’information et du respect, le cas échéant, de
l’obligation stipulée par l’alinéa 3 de l’article 99, le Juge d’Instruction ou l’Officier de
Police Judiciaire par lui commis a seul le droit d’en prendre connaissance avant de
procéder à la saisie.

Tous les objets et documents placés sous main de Justice sont immédiatement
inventoriés et placés sous scellés.

Cependant si leur inventaire sur place présente des difficultés, l’Officier de Police
Judiciaire procède comme il est dit au 4e alinéa de l’article 53.

Avec l’accord du Juge d’Instruction, l’Officier de Police Judiciaire ne maintient que la


saisie des objets et documents utiles à la manifestation de la vérité.

Lorsque ces scellés sont fermés, ils ne peuvent être ouverts et les documents dépouillés
qu’en présence de l’inculpé assisté de son conseil, ou eux dûment appelés. Le tiers chez
lequel la saisie a été faite est également invité à assister à cette opération.

Si les nécessités de l’instruction ne s’y opposent pas, copie ou photocopie des


documents placés sous main de Justice peuvent être délivrées à leur frais, dans le plus
bref délai, aux intéressés qui en font la demande.

Si la saisie porte sur des espèces, lingots, effets ou valeurs dont la conservation en
nature n’est pas nécessaire à la manifestation de la vérité ou à la sauvegarde des droits
des parties, il peut autoriser le Greffier à en faire le dépôt à la caisse des dépôts et
consignations ou à la Banque Centrale de la République de Guinée.

Article 102 : - Sous réserve des nécessités de l’information judiciaire, toute


communication ou divulgation sans l’autorisation de l’inculpé ou de ses ayants droit ou
du signataire ou du destinataire d’un document provenant d’une perquisition, à une
personne non qualifiée par la loi pour en prendre connaissance est passible des peines
prévues à l’article 359 du Code pénal.

Article 103 : - L’inculpé, la partie civile ou toute personne qui prétend avoir droit sur
un objet placé sous main de Justice peut en réclamer la restitution au Juge d’Instruction.

Si la demande émane de l’inculpé ou de la partie civile, elle est communiquée à l’autre


partie ainsi qu’au Ministère public. Si elle émane d’un tiers, elle est communiquée à
l’inculpé, à la partie civile et au Ministère public.

Dans les Justices de paix où il n’y a pas de Juge d’Instruction la communication au


Ministère public n’est pas nécessaire. Les observations que peut comporter cette
demande doivent être produites dans les trois jours de la communication.
La décision du Juge d’Instruction peut être déférée à la Chambre d’Accusation sur simple
requête, dans les dix jours de sa notification aux parties intéressées sans toutefois que
l’information puisse s’en trouver retardée.

Le tiers peut, au même titre que les parties, être entendu par la Chambre d’accusation
en ses observations, mais il ne peut prétendre à la mise à sa disposition de la procédure.

Article 104 : - Après décision de non-lieu, le Juge d’Instruction demeure compétent


pour statuer sur la restitution des objets saisis. Ses décisions peuvent être déférées à la
Chambre d’Accusation, comme il est dit à l’alinéa 4 de l’article 103.

SECTION IV : DES AUDITIONS DE TÉMOINS

Article 105 : - Le Juge d’Instruction fait citer devant lui, par un Huissier ou par un
agent de la force publique, toutes les personnes dont la déposition lui parait utile.

Une copie de cette citation leur est délivrée.

Les témoins peuvent aussi être convoqués par lettre simple, par lettre recommandée ou
par voie administrative ; ils peuvent, en outre, comparaître volontairement.

Article 106 : - Les témoins sont entendus séparément et hors la présence de l’inculpé
par le Juge d’Instruction assisté de son Greffier ; il est dressé procès-verbal de leurs
déclarations.

Le Juge d’Instruction peut faire appel à un interprète majeur, à l’exclusion de son


Greffier, des témoins et des parties.

L’interprète, s’il n’est pas assermenté, prête serment de traduire fidèlement les
dépositions. Mention de cette formalité doit être portée sur chaque acte auquel celui-ci
participe, à peine de nullité de l’acte.

Article 107 : - Les témoins prêtent serment de dire toute la vérité, rien que la vérité.
Le Juge leur demande leurs prénoms, nom, âge, état, profession, demeure, langue, s’ils
sont parents, ou alliés des parties et à quel degré ou s’ils sont à leur service. Il est fait
mention de la demande et de la réponse.

Ne peuvent être entendues sous la foi du serment les personnes énumérées à l’article
330 du présent Code.

Article 108 : - Toute personne nommément visée par une plainte peut refuser d’être
entendue comme témoin. Le Juge d’Instruction l’en avertit, après lui avoir donné
connaissance de la plainte. Mention en est faite au procès-verbal. En cas de refus, il ne
peut l’entendre que comme inculpé.

Article 109 : - Chaque page des procès-verbaux est signée du Juge, du Greffier et du
témoin. Ce dernier est alors invité à relire sa déposition telle qu’elle vient d’être
transcrite, puis à la signer s’il déclare y persister. Si le témoin ne sait pas lire, lecture lui
en est faite par le Greffier. Si le témoin ne veut ou ne peut pas signer, mention en est
portée sur le procès-verbal. Chaque page est également signée par l’interprète s’il y a
lieu.

Article 110 : - Les procès-verbaux ne peuvent comporter aucun interligne. Les ratures
et les renvois sont approuvés par le Juge d’Instruction, le Greffier et le témoin et, s’il y a
lieu par l’interprète. A défaut d’approbation, ces ratures et ces renvois sont non avenus.

Il en est de même du procès-verbal qui n’est pas régulièrement signé.

Article 111 : - Les enfants au-dessous de l’âge de seize ans sont entendus sans
prestation de serment.

Article 112 : - Toute personne citée ou convoquée pour être entendue est tenue de
comparaître, de prêter serment s’il y a lieu, et de déposer sous réserve des dispositions
réprimant la violation du secret professionnel.

Si le témoin, bien que cité conformément à l’article 105 alinéa 1er, ne comparaît pas, le
Juge d’Instruction peut, sur les réquisitions du Procureur de la République, l’y
contraindre par la force publique et le condamner sans autre formalité ni délai, et sans
appel, à une amende qui n’excédera pas 50.000 francs guinéens. S’il comparaît
ultérieurement, il peut toutefois, sur production de ses excuses et justifications, être
déchargé de cette peine par le Juge d’Instruction après réquisition du Procureur de la
République.

La même peine peut, sur les réquisitions de ce Magistrat, être prononcée contre le
témoin qui, bien que comparaissant refuse de prêter serment ou de déposer.

Article 113 : - Lorsqu’il comparaît régulièrement sur citation ou convocation, le témoin


qui demande une indemnité est taxé par le Juge d’Instruction.

Article 114 : - Si le témoin est dans l’impossibilité de comparaître, le Juge d’Instruction


se transporte pour l’entendre ou délivre à cette fin une commission rogatoire.

Si le témoin entendu dans ces conditions n’était pas dans l’impossibilité de comparaître
sur la citation, le Juge d’Instruction peut prononcer contre lui, l’amende prévue à l’article
112.

Article 115 : - Toute personne qui dénonce publiquement un crime ou un délit, ou


déclare publiquement en connaître les auteurs, et qui refuse de répondre aux questions
qui lui sont posées à cet égard par le Juge d’Instruction, sera punie d’un
emprisonnement de 1 mois à 1 an et d’une amende de 50.000 à 500.000 francs
guinéens ou de l’une de ces deux peines seulement.
SECTION V : DES INTERROGATOIRES ET CONFRONTATIONS

Article 116 : - Lors de la première comparution, le Juge d’Instruction constate l’identité


de l’inculpé, lui fait connaître expressément chacun des faits qui lui sont imputés et
l’avertit qu’il est libre de ne faire aucune déclaration. Mention de cet avertissement est
faite au procès-verbal.

Si l’inculpé désire faire des déclarations, celles-ci sont immédiatement reçues par le Juge
d’Instruction. Le Magistrat donne avis à l’inculpé de son droit de choisir un Conseil parmi
les Avocats inscrits au Tableau ou admis au stage. Mention de cet avis est faite au
procès-verbal.

L’assistance d’un défenseur est obligatoire quand l’inculpé est atteint d’une infirmité de
nature à compromettre sa défense. Dans ce cas, si l’inculpé n’a pas fait choix d’un
défenseur, le Magistrat en commet un d’office.

La partie civile régulièrement constituée a également le droit de se faire assister d’un


conseil à partir de sa première audition.

Lors de la première comparution, le Juge avertit l’inculpé qu’il doit l’informer de tous ses
changements d’adresse, antérieurement à ceux-ci, et qu’il peut, en outre, faire élection
de domicile dans le ressort du Tribunal.

Article 117 : - Nonobstant les dispositions prévues à l’article précédent, le Juge


d’Instruction peut procéder à un interrogatoire immédiat et à des confrontations si
l’urgence résulte soit de l’état d’un témoin ou d’un co-inculpé en danger de mort, soit de
l’existence d’indices sur le point de disparaître, ou encore dans le cas prévu au dernier
alinéa de l’article 70.

Le procès-verbal doit faire mention des causes d’urgence.

Article 118 : - L’inculpé détenu peut, aussitôt après la première comparution,


communiquer librement avec le Conseil.

Lorsque le Juge d’Instruction croit devoir prescrire à l’égard d’un inculpé une interdiction
de communiquer, il ne peut le faire que pour une période de dix jours seulement.

En aucun cas l’interdiction de communiquer ne saurait s’appliquer au Conseil de


l’inculpé.

Article 119 : - L’inculpé et la partie civile peuvent, à tout moment de l’information,


faire connaître au Juge d’Instruction les noms des Conseils choisis par eux auxquels
seront adressées les convocations et les notifications.

Article 120 : - L’inculpé et la partie civile ne peuvent être entendus ou confrontés, à


moins qu’ils n’y renoncent expressément, qu’en présence de leurs Conseils ou eux
dûment appelés. Mention de la renonciation doit être faite en tête du procès-verbal.
S’il réside au siège de l’instruction, le Conseil est convoqué au plus tard l’avant-veille de
l’interrogatoire par lettre recommandée ou par avis comportant l’un ou l’autre un accusé
de réception. Lorsque le Conseil ne réside pas au siège de l’instruction, ce délai est porté
à huit jours.

La procédure doit être mise à la disposition du Conseil de l’inculpé vingt-quatre heures


au plus tard avant chaque interrogatoire ou confrontation.

Elle doit également être remise à la disposition du Conseil de la partie civile, vingt-
quatre heures au plus tard avant l’audition de cette dernière.

Article 121 : - Toutefois, en cas d’urgence résultant soit de l’état d’un témoin ou d’un
co-inculpé en danger de mort, soit de l’existence d’indices sur le point de disparaître, le
Juge d’Instruction peut procéder à des interrogatoires et confrontations sans observer
les formalités prévues à l’article précédent. Le procès-verbal doit faire mention des
causes d’urgence.

Article 122 : - Le Procureur de la République peut assister aux interrogatoires et


confrontations de l’inculpé et aux auditions de la partie civile et des témoins.

Chaque fois que le Procureur de la République a fait connaître au Juge d’Instruction son
intention d’y assister, le Greffier du Juge d’Instruction doit, sous peine d’une amende
civile de 5.000 francs guinéens prononcée par le Président de la Chambre d’Accusation,
l’avertir par simple note, au plus tard l’avant-veille de l’interrogatoire.

Article 123 : - Le Procureur de la République et les Conseils de l’inculpé et de la partie


civile ne peuvent prendre la parole que pour poser des questions après y avoir été
autorisés par le Juge d’Instruction.

En cas de refus, mention de l’incident est faite au procès-verbal et le texte des questions
est reproduit ou joint au procès-verbal.

Article 124 : - Les procès-verbaux d’interrogatoire et de confrontation sont établis dans


les formes prévues aux articles 109 et 110.

S’il est fait appel à un interprète, les dispositions de l’article 106 sont applicables.

SECTION VI : DES MANDATS ET DE LEUR EXECUTION

Article 125 : - Le Juge d’Instruction peut, selon les cas, décerner mandat de
comparution, d’amener, de dépôt ou d’arrêt. Ces mandats sont exécutoires sur toute
l’étendue du Territoire de la République.

Article 126 : - Le mandat de comparution a pour objet de mettre l’inculpé en demeure


de se présenter devant le Juge à la date et à l’heure indiquées par ce mandat.

Si l’inculpé fait défaut, le Juge d’Instruction décernera contre lui un mandat d’amener.
Article 127 : - Le mandat d’amener est l’ordre donné par le Juge à la force publique
de conduire immédiatement l’inculpé devant lui. Le Juge d’Instruction peut aussi
décerner mandat d’amener contre le témoin qui refuse de comparaître sur la citation à
lui donnée conformément à l’article 112, et sans préjudice de l’amende portée à cet
article.

Article 128 : - Le mandat de dépôt est l’ordre donné par le Juge au Directeur de
l’Etablissement pénitentiaire de recevoir et de détenir l’inculpé. Ce mandat permet
également de rechercher ou de transférer l’inculpé lorsqu’il lui a été précédemment
notifié.

Article 129 : - Le mandat d’arrêt est l’ordre donné à la force publique de rechercher,
d’arrêter et de conduire l’inculpé à la Maison d’arrêt indiquée sur le mandat, où il sera
reçu et détenu.

Article 130 : - Tout mandat précise l’identité de l’inculpé; il est daté et signé par le
Magistrat qui l’a décerné et est revêtu de son sceau.

Les mandats d’amener et de dépôt mentionnent l’inculpation pour laquelle ils sont
décernés et les articles de loi applicables.

Le mandat d’arrêt contient l’énonciation du fait pour lequel il est décerné et les articles
de loi applicables.

Le mandat de comparution est notifié à celui qui en est l’objet par un huissier, ou par
officier ou agent de police Judiciaire ou par un agent de la force publique, lequel lui en
délivre copie.

Le mandat d’amener ou d’arrêt est notifié et exécuté par un Officier ou agent de Police
Judiciaire ou par un agent de la force publique, lequel en fait exhibition à l’inculpé et lui
en délivre copie.

Si l’individu est déjà détenu pour une autre cause, la notification lui est effectuée par le
directeur de l’établissement pénitentiaire qui en délivre également une copie.

Les mandats d’amener et d’arrêt peuvent en cas d’urgence, être diffusés par tous
moyens.

Dans ce cas, les mentions essentielles de l’original et spécialement l’identité de l’inculpé,


la nature de l’inculpation, le nom et la qualité du Magistrat mandant, doivent être
précisés.

L’original du mandat doit être transmis à l’agent chargé d’en assurer l’exécution dans les
délais les plus rapides.

Le mandat de dépôt est notifié à l’inculpé par le Juge d’Instruction; mention de cette
notification doit être faite au procès-verbal de l’interrogatoire.
Article 131 : - Le Juge d’Instruction interroge immédiatement l’inculpé qui fait l’objet
d’un mandat de comparution.

Il est procédé dans les mêmes conditions à l’interrogatoire ou à l’audition de celui qui
est arrêté en vertu d’un mandat d’amener; toutefois, si l’interrogatoire ne peut être
immédiat, l’inculpé est conduit dans la Maison d’arrêt où il ne peut être détenu plus de
vingt-quatre heures.

A l’expiration de ce délai, il est conduit d’office, par les soins du Directeur de


l’Etablissement pénitentiaire, devant le Procureur de la République qui requiert le Juge
d’Instruction, où à défaut le Président du Tribunal ou un Juge désigné par celui-ci, de
procéder immédiatement à l’interrogatoire, à défaut de quoi l’inculpé est mis en liberté.

Article 132 : - Tout inculpé arrêté en vertu d’un mandat d’amener, qui a été maintenu
pendant plus de vingt-quatre heures dans la Maison d’arrêt sans avoir été interrogé est
considéré comme arbitrairement détenu.

Tous Magistrats ou fonctionnaires qui ont ordonné ou sciemment toléré cette détention
arbitraire, sont punis des peines portées aux articles 132 et 133 du Code pénal.

Article 133 : - Si l’inculpé recherché en vertu d’un mandat d’amener est trouvé hors du
ressort du Magistrat Instructeur qui a délivré ce mandat, il est conduit devant le
Procureur de la République du lieu de l’arrestation.

Ce Magistrat l’interroge sur son identité, reçoit ses déclarations, après l’avoir averti qu’il
est libre de ne pas en faire, l’interpelle afin de savoir s’il consent à être transféré ou s’il
préfère prolonger les effets du mandat d’amener en attendant, au lieu où il se trouve, la
décision du Juge d’instruction saisi de l’affaire.

Si l’inculpé déclare s’opposer au transfèrement, il est conduit dans la maison d’arrêt et


avis est immédiatement donné au Juge d’Instruction compétent. Le procès-verbal de la
comparution contenant un signalement complet est transmis sans délai à ce Magistrat
avec toutes les indications propres à faciliter la reconnaissance d’identité.

Ce procès-verbal doit mentionner que l’inculpé a reçu avis qu’il est libre de ne pas faire
de déclaration.

Article 134 : - Le Juge d’Instruction saisi de l’affaire décide, aussitôt après réception de
ces pièces, s’il y a lieu d’ordonner le transfèrement.

Article 135 : - Si l’inculpé contre lequel a été décerné un mandat d’amener ne peut
être découvert, ce mandat est présenté au Maire, ou à l’un de ses Adjoints ou au
Commissaire de Police ou au Chef de la Circonscription Administrative ou à l’Officier de
Police Judiciaire de la Commune de sa résidence.

Le Maire, l’Adjoint, le Commissaire de Police, le Chef de la Circonscription Administrative


ou l’Officier de la Police Judiciaire appose son visa sur le mandat qui est renvoyé au
Magistrat mandant avec un procès-verbal de recherches infructueuses.
L’inculpé qui refuse d’obéir au mandat d’amener ou qui, après avoir déclaré qu’il est prêt
à obéir tente de s’évader, doit être contraint. Le porteur du mandat d’amener emploie,
dans ce cas, la force publique du lieu le plus voisin, celle-ci sera tenue de déférer à la
réquisition contenue dans le mandat d’amener.

Les dispositions de l’alinéa premier de l’article 139 sont applicables au mandat d’amener.

Article 136 : - Si l’inculpé est en fuite ou s’il réside hors du territoire de la République,
le Juge d’instruction, après avis du Procureur de la République, peut décerner contre lui
un mandat d’arrêt si le fait comporte une peine d’emprisonnement correctionnelle ou
une peine plus grave.

Le Juge de paix investi des pouvoirs du Procureur de la République ne résidant pas au


siège du Tribunal n’est pas tenu de solliciter l’avis du Procureur de la République pour
décerner ce mandat.

Article 137 : - L’inculpé saisi en vertu d’un mandat d’arrêt est conduit sans délai dans
la maison d’arrêt indiquée sur le mandat sous réserve des dispositions de l’article 138
alinéa 2.

Le Secrétaire de l’Etablissement pénitentiaire délivre à l’agent chargé de l’exécution une


reconnaissance de remise de l’inculpé et avise sans délai le Procureur de la République.

Article 138 : - Dans les quarante huit heures de l’incarcération de l’inculpé, il est
procédé à son interrogatoire. A défaut et à l’expiration de ce délai, les dispositions des
articles 131 alinéa 3 et 132 sont applicables.

Si l’inculpé est arrêté hors du ressort du Juge d’Instruction qui a délivré le mandat, il est
conduit immédiatement devant le Procureur de la République du lieu de l’arrestation qui
reçoit ses déclarations, après l’avoir averti qu’il est libre de ne pas en faire. Mention est
faite de cet avis au procès-verbal.

Le Procureur de la République informe sans délai le Magistrat qui a décerné le mandat


et requiert le transfèrement. Si celui-ci ne peut être effectué immédiatement, le
Procureur de la République en réfère au juge mandant.

Article 139 : - L’agent chargé de l’exécution d’un mandat d’arrêt ne peut s’introduire
dans le domicile d’un citoyen avant 6 heures et après 21 heures.

Il peut se faire accompagner d’une force suffisante pour que l’inculpé ne puisse se
soustraire à la loi. Cette force est prise dans le lieu le plus proche de celui où le mandat
d’arrêt doit s’exécuter et elle est tenue de déférer aux réquisitions contenues dans le
mandat.

Si l’inculpé ne peut être saisi, le mandat d’arrêt est notifié à sa dernière habitation et il
est dressé procès-verbal de perquisition et de recherches infructueuses.
Ce procès-verbal est dressé en présence des deux plus proches voisins du prévenu que
le porteur du mandat d’arrêt peut trouver. Ils le signent ou,

s’ils ne savent pas ou ne veulent pas signer, il en est fait mention, ainsi que de
l’interpellation qui leur a été faite.

Le porteur du mandat d’arrêt fait ensuite viser son procès-verbal par le Maire ou l’un de
ses Adjoints ou le Commissaire de Police ou le Chef de la Circonscription Administrative
ou l’Officier de Police Judiciaire du lieu et lui en laisse copie.

Le mandat d’arrêt, le procès-verbal de perquisition et de recherches infructueuses sont


ensuite transmis au Juge mandant.

Article 140 : - Le Juge d’Instruction ne peut délivrer un mandat de dépôt qu’après


interrogatoire et si l’infraction comporte une peine d’emprisonnement correctionnelle ou
une autre peine plus grave.

L’agent chargé de l’exécution du mandat de dépôt remet l’inculpé au Régisseur de


l’Etablissement pénitentiaire, lequel lui délivre une reconnaissance de la remise de
l’inculpé.

Article 141 : - L’inobservation des formalités prescrites pour les mandats de


comparution, d’amener, de dépôt ou d’arrêt sera toujours punie d’une amende de 5.000
francs guinéens prononcée contre le Greffier par le Président de la Chambre
d’Accusation. Elle peut donner lieu à des sanctions disciplinaires ou à prise à partie
contre le Juge d’Instruction ou le Procureur de la République.

SECTION VII : DE LA DETENTION PROVISOIRE ET DU CONTROLE


JUDICIAIRE

Article 142 (Modifié par la Loi /2005/016/AN du 22 novembre 2005) :

La détention provisoire est une mesure exceptionnelle qui ne doit être ordonnée que si
elle apparaît comme absolument indispensable :

1 - Notamment lorsque la détention provisoire de l’inculpé est l’unique moyen de


conserver les preuves et les indices matériels, ou d’empêcher soit une pression sur les
témoins ou les victimes, soit une concertation frauduleuse entre inculpés et complices ;

2 - La détention provisoire est également nécessaire pour préserver l’ordre public du


trouble causé par l’infraction ou pour prévenir son renouvellement, ou pour protéger
l’inculpé ou garantir son maintien à la disposition de la Justice ;

3 - La détention provisoire peut être aussi ordonnée lorsque l’inculpé se soustrait


volontairement aux obligations du contrôle judiciaire.
Article 142 - 1 : En matière correctionnelle, lorsque le maximum de la peine prévue
par la loi est inférieur à six mois d’emprisonnement, l’inculpé domicilié en Guinée ne
peut être détenu plus de cinq jours, après sa première comparution devant le Juge
d’Instruction s’il n’a pas déjà été condamné soit pour un crime, soit à un
emprisonnement de plus de trois mois sans sursis, pour délit de droit commun.

Dans les autres cas, la détention provisoire ne peut excéder quatre mois. Si le maintien
en détention au-delà de quatre mois apparaît nécessaire, le Juge d’Instruction peut,
avant l’expiration de ce délai, décider la prolongation par Ordonnance spécialement
motivée, rendue sur les réquisitions également motivées du Procureur de la République.

Aucune prolongation ne peut être prescrite pour une durée de plus de quatre mois.

Article 142 - 2 : En matière criminelle l’inculpé ne peut être maintenu en détention


au-delà de six mois, après sa première comparution devant le Juge d’Instruction s’il n’a
pas déjà été condamné à un emprisonnement de plus de trois mois sans sursis, pour
infraction de droit commun.

Toutefois, si le maintien en détention au delà de douze mois apparaît nécessaire, le Juge


d’Instruction peut, avant l’expiration de ce délai, décider la prolongation par Ordonnance
spécialement motivée sur les réquisitions également motivées du Procureur de la
République.

En aucun cas, la durée totale de la détention ne peut excéder douze mois, sauf si
l’inculpé est poursuivi pour avoir participé à la commission des infractions suivantes :
Trafic de stupéfiants, pédophilie, crime organisé, crime transnational ou atteinte à la
sûreté de l’Etat.

La durée peut, dans ces cas, être portée à vingt quatre mois

Article 142-3 : Lorsque l’instruction est diligentée par le Juge de paix, la prolongation
de la détention prévue par les articles précédents pourra être ordonnée sans réquisitions
préalables du Procureur de la République.

Article 143 : - Le contrôle judiciaire est une mesure restrictive de liberté qui astreint
l’inculpé à se soumettre à une ou plusieurs obligations légales définies, et choisies par la
Juridiction d’Instruction à savoir :

1 - Ne pas sortir des limites territoriales déterminées par le Juge d’Instruction ;

2 - Ne s’absenter de son domicile ou de la résidence fixée par le Juge d’Instruction


qu’aux conditions et pour les motifs déterminés par ce Magistrat ;

3 - Ne pas se rendre en certains lieux ou ne se rendre que dans les lieux déterminés par
le Juge d’Instruction.

4 - Informer le Juge d’Instruction de tout déplacement au-delà des limites déterminées ;


5 - Se présenter périodiquement aux Services ou Autorités désignés par le Juge
d’Instruction qui sont tenus d’observer la plus stricte discrétion sur les faits reprochés à
l’inculpé ;

6 - Répondre aux convocations de toute autorité ou de toute personne qualifiée


désignée par le Juge d’Instruction et se soumettre, le cas échéant, aux mesures de
contrôle portant sur ses activités professionnelles ou sur son assiduité à un
enseignement ;

7 - Remettre soit au Greffe, soit à un Service de Police ou à une Brigade de Gendarmerie


tous documents justificatifs de l’identité, et notamment le passeport, en échange d’un
récépissé valant justification de l’identité ;

8 - S’abstenir de conduire tous les véhicules ou certains véhicules et, le cas échéant,
remettre au Greffe son permis de conduire contre récépissé; toutefois, le Juge
d’Instruction peut décider que l’inculpé pourra faire usage de son permis de conduire
pour l’exercice de son activité professionnelle ;

9 - S’abstenir de recevoir ou de rencontrer certaines personnes spécialement désignées


par le Juge d’Instruction, ainsi que d’entrer en relation avec elles, de quelque façon que
ce soit ;

10 - Se soumettre à des mesures d’examen, de traitement ou de soins, même sous le


régime de l’hospitalisation, notamment aux fins de désintoxication ;

11 - Fournir un cautionnement dont le montant et les délais de versement, en une ou


plusieurs fois, sont fixés par le Juge d’Instruction, compte tenu notamment des
ressources de l’inculpé;

12 - Ne pas se livrer à certaines activités de nature professionnelle ou sociale, à


l’exclusion de l’exercice des mandats électifs et des responsabilités syndicales, lorsque
l’infraction a été commise dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de ces activités et
lorsqu’il est à redouter qu’une nouvelle infraction soit commise ;

13 - Ne pas émettre de chèques autres que ceux qui permettent exclusivement le retrait
de fonds par le tireur auprès du tiré ou ceux qui sont certifiés et, le cas échéant,
remettre au Greffe les formules de chèques dont l’usage est ainsi prohibé ;

14 - Ne pas détenir ou porter une arme et, le cas échéant, remettre au Greffe contre
récépissé les armes dont il est détenteur ;

15 - Constituer, dans un délai, pour une période et un montant déterminés par le Juge
d’Instruction, des sûretés personnelles ou réelles destinées à garantir les droits de la
victime ;
16 - Justifier qu’il contribue aux charges familiales ou acquitte régulièrement les aliments
qu’il a été condamné à payer conformément aux décisions judiciaires et aux conventions
judiciairement homologuées portant obligation de verser des prestations, subsides ou
contributions aux charges du mariage.

Ce contrôle judiciaire peut être ordonné par le Juge d’Instruction si l’inculpé encourt une
peine d’emprisonnement correctionnel ou une peine plus grave

Les modalités d’application du présent article, en ce qui concerne notamment


l’habilitation des personnes contribuant au contrôle judiciaire, sont déterminées en tant
que de besoin par Arrêté conjoint du Ministre de la Justice et du Ministre intéressé.

Article 144 : - L’inculpé est placé sous contrôle judiciaire par une ordonnance du Juge
d’Instruction qui peut être prise en tout état de l’instruction.

Le Juge d’Instruction peut, à tout moment, imposer à l’inculpé placé sous contrôle
judiciaire une ou plusieurs obligations nouvelles, supprimer tout ou partie des
obligations comprises dans le contrôle, modifier une ou plusieurs de ces obligations ou
accorder une dispense occasionnelle ou temporaire d’observer certaines d’entre elles.

Article 145 : - La mainlevée du contrôle judiciaire peut être ordonnée à tout moment
par le Juge d’Instruction, soit d’office, soit sur les réquisitions du Procureur de la
République, soit sur la demande de l’inculpé après avis du Procureur de la République.

Le Juge d’Instruction statue sur la demande de l’inculpé, dans un délai de cinq jours, par
ordonnance motivée.

Faute par le Juge d’Instruction d’avoir statué dans ce délai, l’inculpé peut saisir
directement de sa demande la Chambre d’Accusation qui, sur les réquisitions écrites et
motivées du Procureur Général, se prononce dans les vingt jours de sa saisine. A défaut,
la mainlevée du contrôle judiciaire est acquise de plein droit, sauf si des vérifications
concernant la demande de l’inculpé ont été ordonnées.

Article 146 : - Sauf disposition législative particulière, lorsqu’elle n’est pas de droit, la
mise en liberté provisoire peut être ordonnée d’office par le Juge d’Instruction après avis
du Procureur de la République, à charge pour l’inculpé de prendre l’engagement de se
présenter à tous les actes de la procédure aussitôt qu’il en sera requis et de tenir
informer le Magistrat Instructeur de tous ses déplacements.

Le Procureur de la République peut également la requérir à tout moment. Le Juge


d’Instruction statue dans le délai de cinq jours à compter de la date de ces réquisitions.

Article 147 : - La mise en liberté provisoire peut être demandée à tout moment au
Juge d’Instruction par l’inculpé ou son Conseil sous les obligations prévues à l’article
précédent.

La demande en liberté provisoire est transmise au Parquet dans les quarante-huit


heures.
Toutefois, elle est notifiée ou signifiée à peine d’irrecevabilité, à la partie civile, au
domicile élu par elle, soit par le conseil de l’inculpé, soit par le ministère public si
l’inculpé n’a pas de conseil, lorsque la constitution de partie civile émane de l’Etat, d’une
collectivité publique, d’un établissement public, d’une société nationale, d’une société
d’économie mixte soumise de plein droit au contrôle de l’Etat, d’une personne morale de
droit privé bénéficiant du concours financier de la puissance publique, d’un ordre
professionnel, d’un organisme privé chargé de l’exécution d’un service public, d’une
association ou fondation reconnue d’utilité publique. Dans ce cas, la partie civile peut,
dans le délai de vingt-quatre heures à partir du jour de la notification ou signification,
présenter ses observations. Passé ce délai, le Juge d’Instruction doit, par une
ordonnance datée, communiquer le dossier au Procureur de la République dans le délai
de quarante-huit heures.

Le Procureur de la République doit retourner le dossier avec ses réquisitions dans un


délai de cinq jours à partir du jour de la transmission qui lui en a été faite par le Juge
d’Instruction. Ce dernier doit statuer, par ordonnance spécialement motivée, au plus
tard dans les trois jours de la réception des réquisitions du Procureur de la République.

Faute par le Juge d’Instruction d’avoir statué dans le délai fixé à l’alinéa 3, l’inculpé peut
saisir directement de sa demande la Chambre d’Accusation qui sur les réquisitions
écrites et motivées du Procureur Général, se prononce dans le mois de cette demande
faute de quoi l’inculpé est mis d’office en liberté provisoire, sur l’initiative du Procureur
Général.

Le droit de saisir dans les mêmes conditions la Chambre d’Accusation appartient


également au Procureur de la République.

Article 148 : - La mise en liberté provisoire peut aussi être demandée en tout état de
cause par tout inculpé, prévenu ou accusé, et en toute période de la procédure.

Lorsqu’une juridiction de jugement est saisie, il lui appartient de statuer sur la liberté
provisoire ; avant le renvoi en cour d’assises et dans l’intervalle des sessions d’Assises,
le pouvoir appartient à la Chambre d’Accusation.

En cas de pourvoi et jusqu’à l’arrêt de la Cour Suprême, il est statué sur la demande de
mise en liberté provisoire par la juridiction qui a connu en dernier lieu de l’affaire au
fond.

Si le pourvoi a été formé contre un arrêt de la cour d’assises, il est statué sur la
détention par la Chambre d’Accusation.

En cas de décision d’incompétence et généralement dans les cas où aucune juridiction


n’est saisie, la Chambre d’Accusation connaît des demandes de mise en liberté.
Dans tous les cas où un individu de nationalité étrangère, inculpé, prévenu ou accusé
est laissé ou mis en liberté provisoire, la juridiction compétente peut lui assigner pour
résidence un lieu dont il ne devra s’éloigner sans autorisation, avant non-lieu ou décision
définitive, sous les peines prévues à l’article 40 et suivants du Code pénal.

Article 149 : - Lorsque la juridiction de jugement est appelée à statuer dans les cas
prévus à l’article précédent, les parties et leurs Conseils sont convoqués par lettre
simple, par lettre recommandée ou par voie administrative. La décision est prononcée
après audition du Ministère public et des parties ou de leurs Conseils.

Article 150 : - Préalablement à la mise en liberté avec ou sans cautionnement le


demandeur doit, par acte reçu au Greffe de la Maison d’arrêt ou au Cabinet du Juge,
élire domicile s’il est inculpé, dans le lieu où se poursuit l’information et, s’il est prévenu
ou accusé, dans celui où siège la juridiction saisie du fond de l’affaire. Avis de cette
déclaration est donné par le Chef de cet Etablissement à l’Autorité compétente.

Après la mise en liberté provisoire, si l’inculpé, le prévenu ou l’accusé, invité à


comparaître, ne se présente pas ou si des circonstances nouvelles ou graves rendent sa
détention nécessaire, le Juge d’Instruction ou la juridiction de jugement saisie de
l’affaire peut décerner un nouveau mandat.

Le même droit appartient en cas de décision d’incompétence à la Chambre d’Accusation


jusqu’à ce que la juridiction compétente ait été saisie.

Lorsque la liberté provisoire a été accordée par la Chambre d’Accusation reformant


l’ordonnance du Juge d’Instruction, ce Magistrat ne peut décerner un nouveau mandat
qu’autant que cette Chambre, sur les réquisitions écrites du Ministère public, a retiré à
l’inculpé le bénéfice de sa décision.

Article 151 : - La mise en liberté provisoire, dans tous les cas où elle n’est pas de droit,
peut être subordonnée à l’obligation de fournir un cautionnement. Ce cautionnement
garantit :

1 - La représentation de l’inculpé, du prévenu ou de l’accusé à tous les actes de la


procédure et pour l’exécution du Jugement ou de l’arrêt ;

2 - Le paiement dans l’ordre suivant :

a) - Des frais avancés par la partie civile ;


b) - Des frais faits par la partie publique ;
c) - Des amendes ;
d) - Des restitutions et dommages et intérêts.

La décision de mise en liberté détermine la somme affectée à chacune des deux parties
du cautionnement.
Article 152 : - Dans le cas où la liberté provisoire aura été subordonnée au
cautionnement, il sera fourni en espèces soit par un tiers, soit par l’inculpé, le prévenu
ou l’accusé, et le montant en sera, suivant la nature de l’affaire, déterminé par le Juge
d’Instruction, le Tribunal ou la Cour.

Il est versé entre les mains du receveur de l’enregistrement, et le Ministère public, sur le
vu du récépissé, fera exécuter la décision de mise en liberté.

Toute tierce personne honorablement connue et solvable pourra également être admise
à prendre l’engagement de faire représenter l’inculpé, le prévenu ou l’accusé, à toute
réquisition de Justice, ou à défaut, de verser au Trésor la somme déterminée.

Article 153 : - La première partie du cautionnement est restituée si l’inculpé s’est


présenté à tous les actes de la procédure et pour l’exécution du jugement.

Elle est acquise à l’Etat du moment que l’inculpé, sans motif légitime d’excuse, a fait
défaut à quelque acte de la procédure ou pour l’exécution du jugement.

Néanmoins le Juge d’Instruction en cas de non-lieu, la juridiction de jugement en cas


d’absolution ou d’acquittement peuvent ordonner la restitution de cette partie de
cautionnement.

Article 154 : - La seconde partie du cautionnement est toujours restituée en cas de


non-lieu, d’absolution ou d’acquittement.

En cas de condamnation, elle est affectée aux frais, à l’amende et aux restitutions et
dommages accordés à la partie civile, dans l’ordre énoncé dans l’article 151, le surplus
est restitué.

Article 155 : - Le Ministère public, d’office ou à la demande de la partie civile, est


chargé de produire au Trésor public, soit un certificat du Greffe constatant la
responsabilité encourue par l’inculpé dans le cas de l’article 153 alinéa 2, soit l’extrait du
jugement dans le cas prévu par l’article 154 alinéa 2.

Le Trésor est chargé de faire sans délai, aux ayants droit, la distribution des sommes
déposées ou recouvrées.

Toute contestation sur ces divers points est jugée sur requête, en Chambre de conseil,
comme incident de l’exécution du Jugement.

Les modalités d’application du présent article sont fixées par Arrêté conjoint du Ministre
de la Justice et du Ministre des Finances.

Article 156 : - L’accusé qui a été mis en liberté provisoire ou qui n’a jamais été détenu
au cours de l’information doit se constituer prisonnier au plus tard la veille de l’audience.
L’ordonnance de prise de corps est exécutée, si dûment convoqué par voie
administrative au Greffe de la Cour d’Assises et sans motif légitime d’excuse, l’accusé ne
se présente pas au jour fixé pour être interrogé par le Président de la Cour d’Assises.

SECTION VIII : DES COMMISSIONS ROGATOIRES

Article 157 : - Le Juge d’Instruction peut requérir par commission rogatoire tout Juge
d’Instruction ou tout Officier de Police Judiciaire, de procéder aux actes d’information
qu’il estime nécessaires dans les lieux soumis à la juridiction de chacun d’eux.

La commission rogatoire indique la nature de l’infraction objet des poursuites. Elle est
datée et signée par le Magistrat qui la délivre et revêtue de son sceau.

Elle ne peut prescrire que des actes d’instruction se rattachant directement à la


répression de l’infraction visée aux poursuites.

Article 158 : - Les Magistrats ou Officiers de Police Judiciaire commis pour l’exécution,
exercent dans les limites de la commission rogatoire, tous les pouvoirs du Juge
d’Instruction.

Toutefois, les Officiers de Police Judiciaire ne peuvent procéder ni aux interrogations ni


aux confrontations de l’inculpé.

Les Magistrats saisis de la commission rogatoire peuvent décerner tous mandats, tels
que définis à l’article 125.

Article 159 : - Tout témoin cité pour être entendu au cours de l’exécution d’une
commission rogatoire est tenu de comparaître, de prêter serment et de déposer.

S’il ne satisfait pas à cette obligation, avis en est donné au Procureur de la République
ou au Juge de paix du lieu de l’exécution, qui peut le contraindre à comparaître par la
force publique. Le Magistrat mandant peut prendre contre lui les sanctions prévues à
l’article 112 alinéa 2 et 3.

Article 160 : - Lorsque, pour les nécessités de l’exécution de la commission rogatoire,


l’Officier de Police Judiciaire est amené à retenir une personne à sa disposition, celle-ci
doit être obligatoirement conduite, dans les quarante-huit heures devant le Procureur de
la République, le Juge d’Instruction ou le Juge de paix, dans le ressort duquel se
poursuit l’exécution. Après audition de la personne qui lui est amenée, ce Magistrat peut
accorder l’autorisation écrite de prolonger la garde à vue d’un nouveau délai de
quarante-huit heures.

A titre exceptionnel, cette autorisation peut être accordée, par décision motivée, sans
que la personne soit conduite devant le Procureur de la République ou le Juge de paix.

Le Juge d’Instruction fixe le délai dans lequel les procès-verbaux dressés par l’Officier
de Police Judiciaire doivent lui être transmis par celui-ci.
A défaut d’une telle fixation, ces procès-verbaux doivent lui être transmis dans les huit
jours de la fin des opérations exécutées en vertu de la commission rogatoire.

Article 161 : - Lorsque la commission rogatoire prescrit des opérations simultanées sur
divers points du territoire, elle peut, sur l’ordre du Juge d’instruction mandant, être
adressée aux Juges d’Instruction chargés de son exécution sous forme de reproduction
ou de copie de l’original.

Elle peut même, en cas d’urgence, être diffusée par tous moyens; chaque diffusion doit
toutefois préciser les mentions essentielles de l’original et spécialement la nature de
l’inculpation, le nom et la qualité du Magistrat mandant.

SECTION IX : DE L’EXPERTISE

Article 162 : - Toute juridiction d’instruction ou de jugement dans le cas où se pose


une question d’ordre technique peut, soit à la demande du Ministère public, soit d’office
ou à la demande des parties, ordonner une expertise, laquelle est confiée à un expert
unique, sauf circonstances particulières justifiant la désignation de deux ou plusieurs
experts.

Les experts procèdent à leur mission sous le contrôle du Juge d’Instruction ou du


Magistrat que doit désigner la juridiction ordonnant l’expertise.

Lorsque le Juge d’Instruction estime ne pas devoir faire droit à une demande
d’expertise, il doit rendre une ordonnance motivée.

Article 163 : - Les experts sont choisis sur des listes dressées, par la Cour d’Appel, le
Procureur Général entendu.

Les modalités d’inscription sur ces listes et de radiation sont fixées par un Arrêté du
Ministre de la Justice.

A titre exceptionnel, les juridictions peuvent, par décision motivée, choisir des experts ne
figurant sur aucune de ces listes.

Article 164 : - La mission des experts qui ne peut avoir pour objet que l’examen de
questions d’ordre technique est précisée dans la décision qui ordonne l’expertise.

Article 165 : - Lorsque la décision ordonnant l’expertise émane du Juge d’Instruction,


elle doit être notifiée au Ministère public et aux parties et préciser les noms et qualités
des experts ainsi que le libellé de la mission donnée.

Cette décision n’est pas susceptible d’appel.

Toutefois dans les trois jours de sa notification, le Ministère public et les parties pourront
présenter, en la forme gracieuse, leurs observations. Celles ci pourront porter soit sur le
choix, soit sur la mission des experts désignés.
Article 166 : - Lors de leur inscription sur l’une des listes prévues à l’article 163, les
experts prêtent devant la juridiction du ressort de leur résidence, serment d’accomplir
leur mission, de faire leur rapport et de donner leur avis en leur honneur et conscience.
Ces experts n’ont pas à renouveler leur serment chaque fois qu’ils sont commis.

Les experts ne figurant sur aucune de ces listes, prêtent chaque fois qu’ils sont commis,
le serment prévu à l’alinéa précédent devant le Juge d’instruction ou le Magistrat
désigné par la juridiction. Le procès-verbal de prestation de serment est signé par le
Magistrat compétent, l’expert et le Greffier. En cas d’empêchement dont les motifs
doivent être précisés, le serment peut être reçu par écrit et la lettre de serment est
annexée au dossier de la procédure.

Article 167 : - Toute décision commettant des experts doit leur impartir un délai pour
remplir leur mission.

Si des raisons particulières l’exigent, ce délai peut être prorogé sur requête des experts
et par décision motivée rendue par le Magistrat ou la juridiction qui les a désignés. Les
experts qui ne déposent pas leur rapport dans le délai qui leur a été imparti peuvent
être immédiatement remplacés et doivent rendre compte des investigations auxquelles
ils ont déjà procédé.

Ils doivent aussi restituer dans les quarante-huit heures les objets, pièces et documents
qui leur auraient été confiés en vue de l’accomplissement de leur mission. Ils peuvent
être, en outre, l’objet de mesures disciplinaires et

ils encourent une peine d’amende de 5.000 à 15.000 francs guinéens prononcée par le
Magistrat ou la juridiction qui les a désignés, sur réquisition du Procureur de la
République.

Les experts doivent remplir leur mission en liaison avec le Juge d’Instruction ou le
Magistrat délégué ; ils doivent le tenir au courant du développement de leurs opérations
et le mettre à même de prendre à tout moment toutes mesures utiles.

Le Juge d’Instruction, au cours de ses opérations, peut toujours s’il l’estime utile, se
faire assister des experts.

Article 168 : - Si les experts demandent à être éclairés sur une question échappant à
leur spécialité, le Juge peut les autoriser à s’adjoindre des personnes nommément
désignées, spécialement qualifiées par leur compétence.

Les personnes ainsi désignées prêtent serment dans les conditions prévues au deuxième
alinéa de l’article 166.

Leur rapport sera annexé intégralement au rapport mentionné à l’article 172.

Article 169 : - Conformément à l’article 101 alinéa 3, le Juge d’Instruction ou le


Magistrat désigné par la juridiction représente à l’inculpé avant de les faire parvenir aux
experts, les scellés qui n’auraient pas été ouverts et inventoriés. Il énumère ces scellés
dans le procès-verbal spécialement dressé à l’effet de constater cette remise. Les
experts doivent faire mention dans leur rapport de toute ouverture ou réouverture des
scellés, dont ils dressent l’inventaire.

Article 170 : - Les experts peuvent recevoir, à titre de renseignements et pour


l’accomplissement strict de leur mission, les déclarations de personnes autres que
l’inculpé.

S’ils estiment qu’il y a lieu d’interroger l’inculpé et sauf délégation motivée délivrée à
titre exceptionnel par le Magistrat, il est procédé à cet interrogatoire en leur présence
par le Juge d’Instruction ou le Magistrat désigné par la juridiction en observant dans
tous les cas les formes et conditions prévues par les articles 120, 121 et 122.

L’inculpé peut, cependant, renoncer au bénéfice de cette disposition par déclaration


expresse devant le Juge d’Instruction ou le Magistrat désigné par la juridiction et fournir
aux experts, en présence de son Conseil, les explications nécessaires à l’exécution de
leur mission. L’inculpé peut également, par déclaration écrite remise par lui aux experts
et annexée par ceux-ci à leur rapport, renoncer à l’assistance de son Conseil pour une
ou plusieurs auditions.

Toutefois, les médecins experts chargés d’examiner l’inculpé peuvent lui poser les
questions nécessaires à l’accomplissement de leur mission hors la présence du Juge et
de ses Conseils.

Article 171 : - Au cours de l’expertise, les parties peuvent demander à la juridiction qui
l’a ordonnée, qu’il soit prescrit aux experts d’effectuer certaines recherches ou
d’entendre toute personne nommément désignée qui serait susceptible de leur fournir
des renseignements d’ordre technique.

Article 172 : - Lorsque les opérations d’expertise sont terminées, les experts rédigent
un rapport qui doit contenir la description desdites opérations ainsi que leurs
conclusions. Les experts doivent attester avoir personnellement accompli les opérations
qui leur ont été confiées et signent leur rapport.

En cas de désignation de plusieurs experts, s’ils sont d’avis différents ou s’ils ont des
réserves formulées sur des conclusions communes, chacun d’eux indique son opinion ou
ses réserves en les motivant.

Le rapport et les scellés, ou leurs résidus sont déposés entre les mains du Greffier de la
juridiction qui a ordonné l’expertise; ce dépôt est constaté par procès-verbal.

Article 173 : - Le Juge d’Instruction ou le Magistrat désigné par la juridiction doit


convoquer les parties et leur donner connaissance des conclusions des experts dans les
formes prévues aux articles 120, 121 et 122 ; il reçoit leurs déclarations et leur fixe le
délai dans lequel elles auront la faculté de présenter des observations ou de formuler
des demandes notamment aux fins de complément d’expertise ou de contre expertise.

En cas de rejet de ces demandes, la juridiction saisie doit rendre une décision motivée.
Article 174 : - Les experts exposent à l’audience, s’il y a lieu le résultat des opérations
techniques auxquelles ils ont procédé, après avoir prêté serment de rendre compte de
leurs recherches et constatations en leur honneur et conscience.

Au cours de leur audition, ils peuvent consulter leur rapport et ses annexes.

Le Président peut soit d’office, soit à la demande du Ministère public, des parties ou de
leurs Conseils, leur poser toutes questions entrant dans le cadre de la mission qui leur a
été confiée.

Après leur exposé, les experts assistent aux débats, à moins que le Président ne les
autorise à se retirer.

Article 175 : - Si à l’audience d’une juridiction de jugement, une personne entendue


comme témoin ou à titre de renseignement contredit les conclusions d’une expertise ou
apporte au point de vue technique des indications nouvelles, le Président demande aux
experts, au Ministère public, à la défense et, s’il y a lieu à la partie civile, de présenter
leurs observations. Cette juridiction, par décision motivée, déclare, soit qu’il sera passé
outre aux débats, soit que l’affaire sera renvoyée à une date ultérieure. Dans ce dernier
cas, cette juridiction peut prescrire quant à l’expertise toute mesure qu’elle jugera utile.

SECTION X : DES NULLITES DE L’INFORMATION

Article 176 : - Les dispositions prescrites aux articles 116 et 120 doivent être
observées, à peine de nullité tant de l’acte lui-même que de la procédure ultérieure.

La partie envers laquelle les dispositions de ces articles ont été méconnues peut
renoncer à s’en prévaloir et régulariser ainsi la procédure. Cette renonciation doit être
expresse. Elle ne peut être donnée qu’en présence du Conseil ou ce dernier dûment
appelé.

Article 177 : - S’il apparaît au Juge d’Instruction qu’un acte de l’information peut être
frappé de nullité, il saisit la Chambre d’Accusation en vue de l’annulation de cet acte,
après avoir pris l’avis du Procureur de la République et en avoir avisé l’inculpé et la
partie civile.

Si le Procureur de la République ou le Procureur Général estime qu’une nullité a pu être


commise, il saisit la Chambre d’Accusation aux fins d’annulation.

Dans l’un et l’autre cas, la Chambre d’Accusation procède comme il est dit à l’article 211.

Article 178 : - II y a également nullité en cas de violation des dispositions


substantielles du présent titre, autres que celles visées à l’article 176, et notamment en
cas de violation des droits de la défense.

La Chambre d’Accusation décide si l’annulation doit être limitée à l’acte vicié ou


s’étendre à tout ou partie de la procédure ultérieure.
Les parties peuvent renoncer à se prévaloir de ces nullités lorsqu’elles ne sont édictées
que dans leur seul intérêt. Cette renonciation doit être expresse. La Chambre
d’Accusation est saisie et statue ainsi qu’il est dit à l’article précédent.

Article 179 : - Les actes annulés sont retirés du dossier d’information et classés au
Greffe de la Cour d’Appel. Il est interdit d’y puiser aucun renseignement contre les
parties au débat, à peine de forfaiture pour les Magistrats et de poursuites devant leurs
Chambres de discipline pour les défenseurs.

Article 180 : - La juridiction correctionnelle ou de simple police peut, le Ministère public


et les parties entendues, prononcer l’annulation des actes qu’elle estime atteints de
nullité et décider si l’annulation doit s’étendre à tout ou partie de la procédure ultérieure.

Lorsqu’elle annule certains actes seulement, elle doit les écarter expressément des
débats.

Au cas où la nullité de l’acte entraîne la nullité de toute la procédure ultérieure, elle


ordonne un supplément d’information si la nullité est réparable ou, s’il y échet, elle
renvoie le ministère public à mieux se pourvoir.

Les parties peuvent renoncer à se prévaloir de ces nullités lorsqu’elles ne sont édictées
que dans leur seul intérêt. Cette renonciation doit être expresse.

Les juridictions correctionnelles ou de simple police ne peuvent prononcer l’annulation


des procédures d’instruction lorsque celles ci ont été renvoyées devant elles par la
Chambre d’Accusation.

SECTION XI : DES ORDONNANCES DE REGLEMENT

Article 181 : - Aussitôt que l’information lui paraît terminée, le Juge d’instruction
communique le dossier aux conseils de l’inculpé et de la partie civile. Cette
communication se fait par l’intermédiaire du Greffier du siège de l’instruction ou s’il y a
lieu de la résidence des conseils. Le dossier de l’affaire est tenu à la disposition des
conseils durant trois jours après l’avis qui leur a été donné.

Après l’accomplissement de la formalité prévue à l’alinéa précédent, le Juge d’Instruction


communique le dossier de la procédure au Procureur de la République qui doit adresser
ses réquisitions au Juge d’instruction dans les 15 jours à compter de la date de
l’ordonnance de soit communiqué, si l’inculpé est détenu.

Ce délai est porté à 1 mois dans les autres cas.

Cependant en matière correctionnelle, lorsque l’instruction a été diligentée par un Juge


de paix, ce Magistrat règle la procédure sans être tenu de provoquer les réquisitions du
Procureur de la République compétent lequel peut, en tout état de l’information,
demander la communication du dossier et requérir telles mesures qu’il jugera utiles.
Article 182 : - Le Juge d’Instruction examine s’il existe contre l’inculpé des charges
constitutives d’infraction à la loi pénale.

Article 183 : - Si le Juge d’Instruction estime que les faits ne constituent ni crime, ni
délit, ni contravention, ou si l’auteur est resté inconnu, ou s’il n’existe pas de charges
suffisantes contre l’inculpé, il déclare, par une ordonnance, qu’il n’y a lieu à suivre.

Les inculpés préventivement détenus sont mis en liberté.

Le Juge d’Instruction statue en même temps sur la restitution des objets saisis.

Il liquide les dépens et condamne aux frais la partie civile, s’il en existe en la cause.

Toutefois, la partie civile de bonne foi peut être déchargée de la totalité ou d’une partie
des frais par décision spéciale et motivée.

Article 184 : - Si le Juge estime que les faits constituent une contravention, il prononce
le renvoi de l’affaire devant le Tribunal de simple police et le prévenu est mis en liberté.

Article 185 : - Si le Juge estime que les faits constituent un délit, il prononce le renvoi
de l’affaire devant le Tribunal correctionnel.

Si l’emprisonnement est encouru, et sous réserve des dispositions de l’article 142, le


prévenu arrêté demeure en état de détention.

Article 186 : - Dans les cas de renvoi, soit devant le Tribunal de simple police, soit
devant le Tribunal correctionnel, le Juge d’instruction transmet le dossier avec son
ordonnance au Procureur de la République.

Si la juridiction correctionnelle est saisie, le Procureur de la République doit, sous


réserve des dispositions de l’article 382 faire donner assignation au prévenu pour l’une
des plus prochaines audiences, en observant les délais de citation prévus au présent
Code.

Article 187 : - Si le Juge d’Instruction estime que les faits constituent une infraction
qualifiée crime par la loi, il ordonne que le dossier de la procédure et un état des pièces
servant à conviction soient transmis sans délai par le Procureur de la République au
Procureur Général près la Cour d’Appel, pour être procédé ainsi qu’il est dit au chapitre
de la chambre d’accusation.

Le mandat d’arrêt ou de dépôt décerné contre l’inculpé conserve sa force exécutoire


jusqu’à ce qu’il ait été statué par la Chambre d’Accusation.

Les pièces à conviction restent au Greffe du Tribunal sauf dispositions contraires.

Article 188 : - Des ordonnances comportant non-lieu partiel peuvent intervenir en


cours d’information.
Article 189 : - II est donné avis, dans les vingt-quatre heures et dans les formes
prévues à l’article 120 alinéa 1er, aux Conseils de l’inculpé et de la partie civile, de toutes
ordonnances juridictionnelles.

Dans les mêmes formes et délais, les ordonnances de règlement sont portées à la
connaissance de l’inculpé et les ordonnances de renvoi ou de transmission des pièces au
Procureur Général, à celle de la partie civile.

Les ordonnances dont l’inculpé ou la partie civile peuvent aux termes de l’article 192,
interjeter appel, leur sont signifiées à la requête du Procureur de la République dans les
vingt-quatre heures.

Dans tous les cas, si l’inculpé est détenu, les ordonnances lui sont notifiées par le
Greffier.

Avis de toute ordonnance non conforme à ses réquisitions est donné au Procureur de la
République, le jour même où elle est rendue, par le Greffier, sous peine d’une amende
civile de 5000 francs guinéens prononcée par le président de la Chambre d’Accusation.

Article 190 : - Les ordonnances rendues par le Juge d’instruction en vertu de la


présente section contiennent les nom, prénoms, date, lieu de naissance, domicile et
profession de l’inculpé. Elles indiquent la qualification légale du fait imputé à celui-ci et,
de façon précise, les motifs pour lesquels il existe ou non contre lui des charges
suffisantes.

SECTION XII : DE L’APPEL DES ORDONNANCES DU JUGE D’INSTRUCTION

Article 191 : - Le Procureur de la République a le droit d’interjeter appel devant la


Chambre d’Accusation de toute ordonnance du Juge d’Instruction.

Cet appel, formé par déclaration au Greffe du Tribunal, doit être interjeté dans les vingt-
quatre heures à compter du jour de l’ordonnance.

Le Procureur Général a également dans tous les cas le droit d’interjeter appel, lequel est
formé par déclaration au greffe de la Cour, dans les dix jours qui suivent l’ordonnance
du Juge d’Instruction.

Les délais impartis au Procureur de la République ou au Procureur Général pour


interjeter appel des ordonnances du Juge d’Instruction ont pour point de départ, en ce
qui concerne les ordonnances rendues par les Juges de paix, le jour de la réception du
dossier au Parquet du Procureur de la République ou du Procureur général. Dans le cas
prévu à l’article 192 alinéa 7, le délai imparti au Procureur de la République pour
interjeter appel a pour point de départ le jour de la réception du télégramme au
Parquet.

La déclaration d’appel est inscrite au Greffe du Tribunal ou de la Cour d’Appel, suivant


les cas, et une expédition en est transmise sans délai au Greffe de la Justice de paix
intéressée.
Article 192 : - Le droit d’appel appartient à l’inculpé contre les ordonnances prévues
par les articles 90, 142 et 147.

La partie civile peut interjeter appel des ordonnances de non informer, de non-lieu et
des ordonnances faisant grief à ses intérêts civils. Toutefois, son appel ne peut, en
aucun cas, porter sur une ordonnance ou sur la disposition d’une ordonnance relative à
la détention de l’inculpé.

L’inculpé et la partie civile peuvent aussi interjeter appel de l’ordonnance par laquelle le
Juge a, d’office ou sur déclinatoire, statué sur sa compétence, ainsi que des
ordonnances prévues aux articles 162 et 173.

L’appel de l’inculpé et de la partie civile est reçu dans les mêmes formes et conditions
que celles prévues à l’article 498. Le délai d’appel court du jour de la signification ou de
la notification qui leur est faite, conformément à l’article 189. Si l’inculpé est détenu, sa
déclaration d’appel est transmise par l’intermédiaire du Surveillant Chef dans les
conditions prévues à l’article 499.

Le dossier de l’information ou sa copie établie conformément à l’article 84 est transmis


immédiatement, avec l’avis motivé du Procureur de la République, au Procureur Général
qui procède ainsi qu’il est dit aux articles 199 et suivants.

En cas d’appel du Ministère public, l’inculpé détenu est maintenu en prison jusqu’à ce
qu’il ait été statué sur l’appel et, dans tous les cas, jusqu’à l’expiration du délai du
Procureur de la République, à moins que celui-ci ne consente à la mise en liberté
immédiate.

Si l’inculpé est détenu au siège d’une Justice de paix, le Juge d’Instruction avise
immédiatement par voie télégraphique le Procureur de la République de toute
ordonnance de non-lieu ou de liberté provisoire. Au terme d’un délai de six jours
suivant l’expédition dudit télégramme, l’inculpé doit être mis en liberté, si le Juge
d’instruction n’a pas été informé, par un moyen quelconque, de l’appel interjeté par le
Ministère public.

Article 193 : - Lorsqu’il est interjeté appel d’une ordonnance autre qu’une ordonnance
de règlement, le Juge d’Instruction poursuit son information sauf décision contraire de la
Chambre d’Accusation.

SECTION XIII : DE LA REPRISE DE L’INFORMATION SUR CHARGES


NOUVELLES.

Article 194 : - L’inculpé en faveur duquel le Juge d’Instruction, a rendu une


ordonnance de non-lieu ne peut plus être recherché à raison du même fait, à moins qu’il
ne survienne de nouvelles charges.
Sont considérées comme nouvelles charges les déclarations des témoins, pièces et
procès-verbaux qui n’ayant pu être soumis à l’examen du Juge d’Instruction, sont
cependant de nature soit à fortifier des charges trouvées trop faibles soit à donner aux
faits de nouveaux développements utiles à la manifestation de la vérité.

Article 195 : - C’est au Ministère public, et à lui seul, de décider s’il y a lieu de requérir
la réouverture de l’information sur charges nouvelles.

CHAPITRE II : DE LA CHAMBRE D’ACCUSATION : JURIDICTION


D’INSTRUCTION DU SECOND DEGRÉ.

SECTION I : DISPOSITIONS GENERALES

Article 196 : - La Cour d’Appel comprend une Chambre d’Accusation composée d’un
Président de Chambre et de deux Conseillers.

Les Conseillers composant la Chambre d’Accusation sont désignés chaque année pour la
durée de l’année judiciaire suivante par ordonnance du premier Président de la Cour
d’Appel après avis du Ministre de la Justice, Garde des Sceaux.

En cas d’empêchement le Premier Président peut, par ordonnance, remplacer le


Président de la Chambre d’Accusation par un Conseiller à la Cour et les deux Conseillers
par d’autres Magistrats de la Cour.

Article 197 : - Les fonctions du Ministère public auprès de la Chambre d’Accusation


sont exercées par le Procureur Général ou par ses Substituts, celles du Greffe par un
Greffier de la Cour d’Appel.

Article 198 : - La Chambre d’Accusation se réunit au moins une fois par semaine et,
sur convocation de son Président ou à la demande du Procureur Général, toutes les fois
qu’il est nécessaire.

Article 199 : - Le Procureur Général met l’affaire en état dans les quarante-huit heures
de la réception de pièces en matière de détention préventive et dans les 10 jours en
toutes autres matières; il la soumet, avec son réquisitoire, à la Chambre d’Accusation.

Celle-ci doit, en matière de détention préventive, se prononcer au plus tard dans les
quinze jours de l’arrivée du dossier au Greffe de la Chambre d’Accusation, faute de quoi
l’inculpé est mis d’office en liberté provisoire, sauf si des vérifications concernant sa
demande ont été ordonnées.

Cette mise en liberté provisoire ne peut être révoquée que dans les conditions prévues
par le dernier alinéa de l’article 150 du présent Code.

Article 200 : - Dans les causes dont sont saisies les juridictions correctionnelles ou de
police et jusqu’à l’ouverture des débats, le Procureur Général, s’il estime que les faits
sont susceptibles d’une qualification plus grave que celles dont ils ont été l’objet,
ordonne l’apport des pièces, met l’affaire en état et la soumet avec son réquisitoire à la
Chambre d’Accusation.

Article 201 : - Le Procureur Général agit de même lorsqu’il reçoit, postérieurement à


un arrêt de non-lieu prononcé par la Chambre d’Accusation, des pièces lui paraissant
contenir des charges nouvelles dans les termes de l’article 194. Dans ce cas et en
attendant la réunion de la Chambre d’Accusation, le Président de cette juridiction peut,
sur les réquisitions du Procureur Général, décerner mandat de dépôt ou d’arrêt.

Article 202 : - Le Procureur Général notifie dans les formes prévues à l’article 120
alinéa 2. à chacune des parties et à son Conseil, la date à laquelle l’affaire sera appelée
à l’audience.

Un délai minimum de quarante-huit heures en matière de détention préventive, et de


cinq jours en toute autre matière, doit être observé entre la date d’envoi de la lettre
missive et celle de l’audience.

Pendant ce délai, le dossier, comprenant les réquisitions du Procureur Général, est


déposé au Greffe de la Chambre d’Accusation et tenu à la disposition des Conseils des
inculpés et des parties civiles reçues aux procès.

Article 203 : - Les parties et leurs Conseils sont admis jusqu’au jour de l’audience à
produire des mémoires qu’ils communiquent au Ministère public et aux autres parties.

Ces mémoires sont déposés au Greffe de la Chambre d’Accusation et visés par le


Greffier avec l’indication du jour et de l’heure du dépôt.

Article 204 : - Les débats se déroulent et l’arrêt est rendu en Chambre du conseil.

Après le rapport du Conseiller, le Procureur Général et les Conseils des parties qui en ont
fait la demande présentent des observations sommaires.

La Chambre d’Accusation peut ordonner la comparution personnelle des parties ainsi


que l’apport des pièces à conviction.

Article 205 : - Lorsque les débats sont terminés, la Chambre d’Accusation délibère sans
qu’en aucun cas le Procureur Général, les parties, leurs Conseils et le Greffier puissent
être présents.

Article 206 : - La Chambre d’Accusation peut, dans tous les cas, à la demande du
Procureur Général, d’une des parties ou même d’office, ordonner tout acte d’information
complémentaire qu’elle juge utile, et notamment décerner tout mandat.

Elle peut également, dans tous les cas, le Ministère public entendu, prononcer d’office la
mise en liberté de l’inculpé.
Article 207 : - Elle peut, d’office ou sur les réquisitions du Procureur Général, ordonner
qu’il soit informé à l’égard des inculpés ou prévenus renvoyés devant elle, sur tous les
chefs de crimes, de délits, de contraventions, principaux ou connexes, résultant du
dossier de la procédure, qui n’auraient pas été visés par l’ordonnance du Juge
d’Instruction ou qui auraient été distraits par une ordonnance comportant non-lieu
partiel, disjonction ou renvoi devant la juridiction correctionnelle ou de simple police.

Elle peut statuer sans ordonner une nouvelle information si les chefs de poursuite visés
à l’alinéa précédent ont été compris dans les inculpations faites par le Juge d’Instruction.

Article 208 : - Les infractions sont connexes soit lorsqu’elles ont été commises en
même temps par plusieurs personnes réunies, soit lorsqu’elles ont été commises par
différentes personnes même en différents temps et en divers lieux, mais par suite d’un
concert formé à l’avance entre elles, soit lorsque les coupables ont commis les unes
pour se procurer les moyens de commettre, les autres pour en faciliter, pour en
consommer l’exécution ou pour en assurer l’impunité, soit lorsque des choses enlevées,
détournées ou obtenues à l’aide d’un crime ont été en tout ou en partie recelées.

Article 209 : - La Chambre d’Accusation peut également, quant aux infractions


résultant du dossier de la procédure, ordonner que soient inculpées, dans les conditions
prévues à l’article 210, des personnes qui n’ont pas été renvoyées devant elle, à moins
qu’elles n’aient fait l’objet d’une ordonnance de non-lieu devenue définitive.

Cette décision ne pourra faire l’objet d’un pourvoi en cassation.

Article 210 : - Il est procédé au supplément d’information conformément aux


dispositions relatives à l’instruction préalable soit par un des membres de la Chambre
d’Accusation, soit par un Juge qu’elle délègue à cette fin.

Le Procureur Général peut à tout moment requérir la communication de la procédure, à


charge de rendre les pièces dans les vingt-quatre heures.

Article 211 : - La Chambre d’Accusation examine dans tous les cas, y compris en
matière de détention préventive, la régularité des procédures qui lui sont soumises.

Si elle découvre une cause de nullité, elle prononce la nullité de l’acte qui en est
entachée et, s’il y échet, celle de tout ou partie de la procédure ultérieure.

Après annulation, elle peut soit évoquer et procéder dans les conditions prévues aux
articles 206, 207 et 209 soit renvoyer le dossier de la procédure au même Juge
d’Instruction ou à tel autre, afin de poursuivre l’information.

Article 212 : - Lorsque la Chambre d’Accusation a statué sur l’appel relevé contre une
ordonnance du Juge d’Instruction en matière de détention préventive, soit qu’elle ait
confirmé l’ordonnance, soit que, l’infirmant, elle ait ordonné la mise en liberté ou le
maintien en détention ou décerner un mandat de dépôt ou d’arrêt, le Procureur Général
fait sans délai retour du dossier au Juge d’Instruction, après avoir assuré l’exécution de
l’arrêt.
Lorsque la Chambre d’Accusation infirme une ordonnance du Juge d’Instruction en toute
autre matière, elle procède comme il est dit aux articles précédents, sauf si l’arrêt
infirmatif termine l’information.

L’ordonnance du Juge d’Instruction frappée d’appel sort son plein et entier effet si elle
est confirmée par la Chambre d’Accusation.

En cas d’appel formé contre une ordonnance de refus de mise en liberté, la Chambre
d’Accusation peut, lors de l’audience et avant la clôture des débats, se saisir
immédiatement de toute demande de mise en liberté sur laquelle le Juge d’Instruction
n’a pas encore statué. Dans ce cas, elle se prononce à la fois sur l’appel et sur cette
demande.

Article 213 : - Lorsqu’elle a prescrit une information complémentaire et que celle-ci est
terminée, la Chambre d’Accusation ordonne le dépôt au Greffe du dossier de la
procédure.

Le Procureur Général avise immédiatement de ce dépôt chacune des parties et son


Conseil dans les formes prévues à l’article 120 alinéa 2.

Article 214 : - Le dossier de la procédure reste déposé au Greffe pendant quarante-


huit heures en matière de détention préventive, pendant cinq jours en toute autre
matière.

Il est alors procédé conformément aux articles 203 et 204.

Article 215 : - La Chambre d’Accusation statue par un seul et même arrêt sur tous les
faits entre lesquels il existe un lien de connexité.

Article 216 : - Elle examine s’il existe contre l’inculpé des charges suffisantes.

Article 217 : - Si la Chambre d’Accusation estime que les faits ne constituent ni crime,
ni délit, ni contravention ou si l’auteur est resté inconnu ou s’il n’existe pas de charges
suffisantes contre l’inculpé, elle déclare qu’il n’y a lieu à suivre.

Les inculpés préventivement détenus sont mis en liberté.

La Chambre d’Accusation statue par l’arrêt portant qu’il n’y a lieu à suivre sur la
restitution des objets saisis, elle demeure compétente pour statuer éventuellement sur
cette restitution postérieurement à l’arrêt de non-lieu.

Article 218 : - Si la Chambre d’Accusation estime que les faits constituent un délit ou
une contravention, elle prononce le renvoi de l’affaire dans le premier cas devant le
Tribunal correctionnel, dans le second cas devant le Tribunal de simple police.
En cas de renvoi devant le Tribunal correctionnel si l’emprisonnement est encouru, et
sous réserve des dispositions de l’article 142, le prévenu arrêté demeure en état de
détention.

En cas de renvoi devant le Tribunal de simple police, le prévenu est mis en liberté.

Article 219 : - Si les faits retenus à la charge des inculpés constituent une infraction
qualifiée crime par la loi, la Chambre d’Accusation prononce le renvoi devant la Cour
d’Assises.

Elle peut saisir également cette juridiction des infractions connexes.

Si la Chambre d’Accusation estime qu’il y a lieu de ne prononcer qu’une peine


correctionnelle, en raison des circonstances, elle peut, par arrêt motivé, et sur
réquisitions conformes du Ministère public, renvoyer le prévenu devant le Tribunal
correctionnel, lequel ne pourra décliner sa compétence.

Article 220 : - L’arrêt de renvoi contient, à peine de nullité, l’exposé et la qualification


légale des faits, objets de l’accusation. Il décerne, en outre, ordonnance de prise de
corps contre l’accusé dont il précise l’identité.

Article 221 : - Les arrêts de la Chambre d’Accusation sont signés par le Président et
par le Greffier. Il y est fait mention du nom des Juges, du dépôt des pièces et des
mémoires, de la lecture du rapport, des réquisitions du Ministère public et, s’il y a lieu de
l’audition des parties ou de leurs Conseils.

La Chambre d’Accusation réserve les dépens si son arrêt n’éteint pas l’action dont elle a
eu à connaître.

Dans le cas contraire, ainsi qu’en matière de mise en liberté, elle liquide les dépens et
elle condamne aux frais la partie qui succombe.

Toutefois, la partie civile de bonne foi peut être déchargée de la totalité ou d’une partie
des frais par décision spéciale et motivée.

Article 222 : - Hors le cas prévu à l’article 201, les arrêts sont, dans les vingt-quatre
heures, dans les formes prévues à l’article 120 alinéa 2, portés à la connaissance des
Conseils des inculpés et des parties civiles.

Dans les mêmes formes et délais, les arrêts de non-lieu sont portés à la connaissance
des inculpés; les arrêts de renvoi devant le Tribunal correctionnel ou de simple police
sont portés à la connaissance des inculpés et des parties civiles.

Les arrêts contre lesquels les inculpés ou les parties civiles peuvent former un pourvoi
en cassation leur sont signifiés à la requête du Procureur Général, dans les quarante-
huit heures.
Article 223 : - Les dispositions des articles 176, 177 alinéas 1 et 3, 179 et 180 relatives
aux nullités de l’information sont applicables au présent Chapitre.

SECTION II : DES POUVOIRS PROPRES DU PRESIDENT DE LA CHAMBRE


D’ACCUSATION

Article 224 : - Le Président de la Chambre d’Accusation ou, en cas d’empêchement,


son suppléant, exerce des pouvoirs propres définis aux articles suivants.

Le Président peut, pour des actes déterminés, déléguer ses pouvoirs à un membre de la
Chambre d’Accusation.

Il peut aussi déléguer ses pouvoirs de contrôle du bon fonctionnement des Cabinets
d’instruction, au Président du Tribunal de première Instance en ce qui concerne les
Cabinets d’instruction du ressort.

Article 225 : - Le Président de la Chambre d’Accusation s’assure du bon


fonctionnement des cabinets d’instruction du ressort de la Cour d’Appel. Il vérifie
notamment les conditions d’application des alinéas 4 et 5 de l’article 84 et s’emploie à ce
que les procédures ne subissent aucun retard injustifié.

A cette fin, il est établi chaque trimestre dans chaque Cabinet d’Instruction un état de
toutes les affaires en cours portant mention, pour chacune des affaires, de la date du
dernier acte d’information exécuté.

Les affaires dans lesquelles sont impliqués des inculpés détenus provisoirement figurent
sur un état spécial.

Les états prévus par le présent article, sont établis en deux exemplaires adressés, dans
les dix premiers jours du trimestre :

- L’un au Président de la Chambre d’Accusation par l’intermédiaire du Président du


Tribunal de Première Instance qui fait connaître au Juge d’Instruction et au Président de
la Chambre d’Accusation les observations que ces états appellent de sa part;

- L’autre au Procureur Général près la Cour d’Appel par l’intermédiaire du Procureur de


la République.

Toute affaire entrée au Cabinet du Juge d’Instruction depuis plus de quatre mois doit
obligatoirement faire l’objet d’un rapport circonstancié si, au bout de cette période elle
n’est pas réglée. Ce rapport établi en trois exemplaires est adressé au Président de la
Chambre d’Accusation, au Premier Président de la Cour d’Appel et au Procureur Général
près cette Cour, par la voie hiérarchique. Il précise les raisons pour lesquelles le
règlement de l’affaire a été retardé, et est renouvelé ensuite tous les mois, jusqu’au
règlement définitif de l’affaire. Une copie en est adressée respectivement par les Chefs
de la juridiction d’Appel à l’Inspecteur Général des Services Judiciaires.
Article 226 : - Le Président de la Chambre d’Accusation ou le Magistrat délégué par ses
soins doit, chaque fois qu’il l’estime nécessaire et au moins deux fois par an, visiter les
Maisons d’arrêt du ressort de la Cour d’Appel et vérifier la situation des inculpés en état
de détention provisoire

Il peut saisir la Chambre d’Accusation afin qu’il soit par elle statué sur le maintien en
détention d’un inculpé quel que soit le stade de la procédure dont ce dernier fait l’objet.

SECTION III : DU CONTROLE DE L’ACTIVITE DES OFFICIERS


DE POLICE JUDICIAIRE

Article 227 : - La Chambre d’Accusation exerce un contrôle sur l’activité des


fonctionnaires civils et militaires, Officiers de Police Judiciaire pris en cette qualité.

Article 228 : - Elle est saisie soit par le Procureur Général, soit par son Président. Elle
peut se saisir d’office à l’occasion de l’examen de la procédure qui lui est soumise.

Article 229 : - La Chambre d’Accusation, une fois saisie, fait procéder à une enquête;
elle entend le Procureur Général et l’Officier de Police Judiciaire en cause.

Ce dernier doit avoir été préalablement mis à même de prendre connaissance de son
dossier d’Officier de Police Judiciaire tenu au Parquet Général de la Cour d’Appel. Il peut
se faire assister d’un Avocat.

Article 230 : - La Chambre d’Accusation peut, sans préjudice des sanctions


disciplinaires qui pourraient être infligées à l’Officier de Police Judiciaire par ses
supérieurs hiérarchiques, lui adresser des observations ou décider qu’il ne pourra, soit
temporairement, soit définitivement, exercer ses fonctions d’Officier de Police Judiciaire
et de délégué du Juge d’Instruction sur tout l’ensemble du Territoire.

Si la Chambre d’Accusation estime que l’Officier de Police Judiciaire a commis une


infraction à la loi pénale, elle ordonne en outre la transmission du dossier au Procureur
Général à toutes fins qu’il appartiendra.

Les décisions prises par la Chambre d’Accusation contre les Officiers de Police Judiciaire
sont notifiées, à la diligence du Procureur Général, aux autorités dont ils dépendent.

Article 231 : - Les dispositions de la présente section sont applicables aux Inspecteurs
et Agents assermentés des Eaux et Forêts.
LIVRE DEUXIEME : DES JURIDICTIONS DE JUGEMENT

TITRE PREMIER : DE LA COUR D’ASSISES

CHAPITRE PREMIER : DE LA COMPETENCE DE LA COUR D’ASSISES

Article 232 : - La Cour d’Assises a plénitude de juridiction pour juger les individus
renvoyés devant elle par l’arrêt de mise en accusation. Elle ne peut connaître d’aucune
autre accusation.

CHAPITRE II : DE LA TENUE DES ASSISES

Article 233 : - La Cour d’Assises tient des sessions ordinaires au siège de la Cour
d’Appel.

Toutefois, vu les circonstances et les nécessités du maintien de l’ordre public, des


sessions foraines peuvent être ouvertes en d’autres lieux du Territoire sur Arrêté du
Ministre de la Justice, Garde des Sceaux.

Article 234 : - La date d’ouverture de chaque session d’Assises est fixée, après avis du
Procureur Général, par ordonnance du Président de la Cour d’Appel. Celui-ci arrête
également le rôle de chaque session sur proposition du Ministère public.

Les Assises ne sont closes qu’après que toutes les affaires criminelles, en état lors de
leur ouverture y auront été portées.

Article 235 : - La tenue des Assises a lieu tous les quatre mois.

Toutefois, le Premier Président de la Cour d’Appel après avis du Procureur Général, peut
ordonner qu’il soit tenu, au cours de l’année une ou plusieurs sessions supplémentaires.

De même il peut sur réquisition du Procureur Général ordonner qu’il soit formé autant
de sessions d’assises que les besoins de service l’exigent.

Article 236 : - Le Ministère public avise l’accusé de la date à laquelle celui-ci doit
comparaître.

CHAPITRE III : DE LA COMPOSITION DE LA COUR D’ASSISES

Article 237 : - La Cour d’Assises comprend : la Cour proprement dite et le Jury.

Article 238 : - Les fonctions du Ministère public y sont exercées dans les conditions
définies aux articles 38 et suivants.

Toutefois, le Procureur Général peut déléguer auprès d’une Cour d’Assises un Magistrat
du Ministère public autre que celui qui exerce ces fonctions près le Tribunal du siège de
la Cour d’Assises.
Article 239 : - La Cour d’Assises est, à l’audience, assistée d’un Greffier.

Au siège de la Cour d’Appel, les fonctions de Greffier sont exercées par le Greffier en
Chef ou un Greffier de la Cour d’Appel.

Dans les autres localités, elles le sont par le Greffier en Chef ou un Greffier du ressort.

SECTION I : DE LA COUR

Article 240 : - La Cour proprement dite comprend : Le Président et deux Conseillers.

Paragraphe 1 : Du Président

Article 241 : - La Cour d’Assises est présidée par un Président de Chambre ou par un
Conseiller de la Cour d’Appel.

Article 242 : - Pour la durée de chaque session et, pour chaque Cour d’Assises, le
Président est désigné par l’ordonnance du Premier Président qui fixe la date d’ouverture
des sessions.

Article 243 : - En cas d’empêchement survenu avant l’ouverture de la session, le


Président des Assises est remplacé par ordonnance du Premier Président.

Si l’empêchement survient au cours de la session, le Président des Assises est remplacé


par l’Assesseur de la Cour d’Assises du rang le plus élevé.

Article 244 : - Le Premier Président peut présider la Cour d’Assises chaque fois qu’il le
juge convenable.

Paragraphe 2 : Des Assesseurs de la Cour d’Assises

Article 245 : - Les Assesseurs sont au nombre de deux.

Toutefois, il peut leur être adjoint un ou plusieurs Assesseurs supplémentaires, si la


durée ou l’importance de la session rend cette mesure nécessaire.

Les Assesseurs supplémentaires siègent aux audiences. Ils ne prennent part aux
délibérations qu’en cas d’empêchement d’un Conseiller titulaire, constaté par
ordonnance motivée du Président de la Cour d’Assises.

Article 246 : - Les Assesseurs sont choisis parmi les Conseillers de la Cour d’Appel, soit
parmi les Présidents, Vice-présidents ou Juges du Tribunal de première Instance ou de
la Justice de paix du lieu de la tenue des Assises.

Article 247 : - Les Assesseurs sont désignés par le Premier Président pour la durée
d’une session et pour chaque Cour d’Assises, dans les mêmes formes que le Président.
Article 248 : - En cas d’empêchement survenu avant l’ouverture de la session, les
Assesseurs sont remplacés par ordonnance du Premier Président.

Si l’empêchement survient au cours de la session, les Assesseurs sont remplacés par


ordonnance du Président de la Cour d’Assises et choisis parmi les Magistrats du siège de
la Cour d’Appel ou du Tribunal, siège de la Cour d’Assises.

Article 249 : - Lorsque la session est ouverte, le Président de la Cour d’Assises peut, s’il
y a lieu, désigner un ou plusieurs Assesseurs supplémentaires.

Article 250 : - Ne peuvent faire partie de la Cour en qualité de Président ou


d’Assesseur, les Magistrats qui, dans l’affaire soumise à la Cour d’Assises ont, soit fait un
acte de poursuite ou d’instruction, soit participé à l’arrêt de mise en accusation ou à une
décision sur le fond relative à la culpabilité de l’accusé.

SECTION II : DU JURY

Article 251 : - Le Jury est composé de citoyens désignés conformément aux


dispositions des articles suivants.

Paragraphe 1 : Des conditions d’aptitude aux fonctions de Juré

Article 252 : - Peuvent seuls remplir les fonctions de Juré, les citoyens guinéens de l’un
et l’autre sexe âgés de plus de trente ans, sachant lire et écrire en français, non atteints
de surdité, jouissant des droits politiques, civils et de famille, et ne se trouvant dans
aucun cas d’incapacité ou d’incompatibilité énumérés par les deux articles suivants.

Article 253 : - Sont incapables d’être Juré :

1- Les individus ayant été condamnés pour crime ou délit de droit


commun;
2 - Ceux qui sont en état d’accusation ou de contumace et ceux qui sont
sous mandat de dépôt ou d’arrêt ;
3 - Les fonctionnaires et agents de l’Etat et des Communes révoqués de
leurs fonctions ;
4 - Les Officiers ministériels destitués et les membres des ordres
professionnels frappés d’une interdiction définitive d’exercer par une
décision juridictionnelle ;
5 - Les faillis non réhabilités dont la faillite a été déclarée par un jugement
exécutoire en Guinée;
6- Les aliénés interdits ou internés ainsi que les individus pourvus d’un
conseil judiciaire;
7 - Ceux auxquels les fonctions de juré ont été interdites par décision de
Justice.
Article 254 : - Les fonctions de Juré sont incompatibles avec celles qui sont énumérées
ci-après :

1. Membre du Gouvernement, de l’Assemblée Nationale, du Conseil Supérieur de la


Magistrature et du Conseil Economique et Social ;

2. Secrétaire Général du Gouvernement, membre d’un Cabinet ministériel, Directeur d’un


Service ministériel ou d’un Service public, Gouverneur, Préfet, Sous-préfet, Magistrat de
l’ordre judiciaire;

3. Fonctionnaire des Services de police et des forces publiques nationales, militaires de


l’Armée de Terre, de Mer ou de l’Air en activité de service;

4. Fonctionnaire ou préposé du service actif des Douanes, des Contributions diverses et


des Eaux et Forêts de l’Etat.

Nul ne peut être juré dans une affaire où il a accompli un acte de Police Judiciaire ou
d’instruction ou dans laquelle il est témoin, interprète, dénonciateur, expert, plaignant
ou partie civile.

Article 255 : - Sont dispensés des fonctions de Juré s’ils le requièrent :

1 - Les septuagénaires;
2 - Ceux qui ont rempli lesdites fonctions pendant l’année courante;
3 - Les Ministres de cultes.

Paragraphe 2 : De la formation du Jury

Article 256 : - Il est établi, pour une période de trois ans, dans le ressort de chaque
Cour d’Appel une liste du Jury criminel.

Article 257 : - Cette liste comprend : - Une liste principale, de 60 noms de personnes
ayant leur résidence dans la ville du siège de la Cour d’Appel ;- Une liste
supplémentaire de 20 noms de personnes par Préfecture.

Article 258 : - A la fin de chaque période triennale, le Gouverneur de la ville de


Conakry et les Préfets établissent le 1er octobre, chacun en ce qui le concerne, les listes
définies à l’article 257, et les transmettent, avant le 1er décembre, au Procureur de la
République du ressort qui les fait parvenir au Procureur Général près la Cour d’Appel.

Article 259 : - Les listes des jurés près la Cour d’Assises sont définitivement arrêtées le
1er janvier de chaque période triennale, par le Ministre de la Justice. Elles sont publiées
au Journal Officiel.

Article 260 : - Les Procureurs de la République sont tenus d’informer immédiatement le


Ministre de la Justice, des décès, des incapacités ou des incompatibilités légales qui
frapperaient les personnes dont les noms sont portés sur les listes.
Article 261 : - Le Préfet notifie à chacun des Jurés l’extrait de la liste le concernant,
dans les quinze jours de l’établissement de cette liste.

CHAPITRE IV : DE LA PROCEDURE PREPARATOIRE AUX SESSIONS


D’ASSISES

SECTION I : DES ACTES OBLIGATOIRES

Article 262 : - L’arrêt de renvoi est signifié à l’accusé. Il lui en est laissé copie.

Cette signification doit être faite à personne si l’accusé est détenu. Dans le cas contraire
elle est faite dans les formes prévues aux articles 544 et suivants du présent Code

Article 263 : - Dès que l’arrêt de renvoi est rendu, l’accusé, s’il est détenu, est
transféré dans la maison d’arrêt du lieu où doivent se tenir les Assises.

Article 264 : - Si l’accusé ne peut être saisi ou ne se présente pas, on procède contre
lui par contumace.

Article 265 : - Si l’affaire ne doit être jugée au siège de la Cour d’Appel, le dossier de la
procédure est renvoyé par le Procureur Général au Procureur de la République près le
Tribunal où doivent se tenir les Assises.

Les pièces à conviction sont transportées au Greffe de ce Tribunal.

Article 266 : - Le Président de la Cour d’Assises interroge l’accusé dans le plus bref
délai, après l’arrivée de ce dernier à la Maison d’arrêt et la remise du dossier au
Procureur de la République et des pièces à conviction au Greffe.

Si l’accusé est en liberté, il est procédé comme il est dit à l’article 156 alinéa 2.

Le Président peut déléguer un de ses Conseillers afin de procéder à cet interrogatoire.

Il doit être fait appel à un interprète si l’accusé ne parle ou ne comprend pas la langue
française.

Article 267 : - Le Président interroge l’accusé sur son identité, s’assure qu’il a reçu
signification de l’arrêt de renvoi et recueille les déclarations spontanées qu’il estime
devoir faire.

Article 268 : - L’accusé est ensuite invité à choisir un Conseil pour l’assister dans sa
défense.

Si l’accusé ne choisit pas son Conseil, le Président ou son délégué lui en désigne un
d’office.

Cette désignation est non avenue, si par la suite, l’accusé choisit un Conseil.
Article 269 : - Le Conseil ne peut être choisi ou désigné que parmi les Avocats inscrits
au Barreau.

Les Avocats inscrits à un Barreau étranger ne peuvent être désignés que s’il existe une
convention de réciprocité entre la République de Guinée et leur pays d’origine.

Toutefois, à titre exceptionnel, le Président peut autoriser l’accusé à prendre pour


Conseil un de ses parents ou amis.

Article 270 : - L’accomplissement des formalités prescrites par les articles 266 à 269
est constaté par un procès-verbal que signe le Président ou son délégué, le Greffier,
l’accusé et, s’il y a lieu, l’interprète.

Si l’accusé ne sait ou ne veut signer, le procès-verbal en fait mention.

Article 271 : - Les débats ne peuvent s’ouvrir moins de cinq jours après l’interrogatoire
par le Président de la Cour d’Assises. L’accusé et son Conseil peuvent renoncer à ce
délai.

Article 272 : - Le Conseil pourra communiquer avec l’accusé après son interrogatoire.

Il pourra aussi prendre communication de toutes les pièces du dossier sans déplacement
et sans que cette communication puisse provoquer un retard dans la marche de la
procédure.

Article 273 : - L’accusé et la partie civile, ou leurs Conseils, peuvent prendre ou faire
prendre copie, à leurs frais, de toutes pièces de la procédure.

Il n’est délivré gratuitement à chacun des accusés qu’une seule copie des procès-
verbaux constatant l’infraction, des déclarations écrites des témoins et des rapports
d’expertise.

Article 274 : - Le Ministère public et la partie civile signifient à l’accusé, l’accusé notifie
au ministère public et, s’il y a lieu, à la partie civile, vingt-quatre heures au moins avant
l’ouverture des débats, la liste des personnes qu’ils désirent faire entendre en qualité de
témoins.

L’exploit doit mentionner les prénoms, nom, professions et résidence de ces témoins.

Les citations faites à la requête des parties sont à leurs frais, ainsi que les indemnités de
témoins cités, s’ils en requièrent, sauf au Ministère public à faire citer, à sa requête, les
témoins qui lui sont indiqués par l’accusé, dans le cas où il juge que leur déclaration
peut être utile pour la découverte de la vérité.

Article 275 : - La Liste des jurés telle qu’elle a été arrêtée conformément aux
prescriptions de l’article 259 est notifiée à chaque accusé au plus tard l’avant veille du
tirage au sort.
SECTION II : DES ACTES FACULTATIFS OU EXCEPTIONNELS

Article 276 : - Le Président, si l’instruction lui semble incomplète ou si des éléments


nouveaux ont été révélés depuis sa clôture, peut ordonner tous actes d’information qu’il
estime utiles.

Il y est procédé, soit par le Président, soit par un de ses Conseillers ou un Juge
d’Instruction qu’il délègue à cette fin. Dans ce cas, les prescriptions des chapitres 1 à 13
du Titre III du Livre premier doivent être observées.

Article 277 : - Les procès-verbaux et autres pièces ou documents réunis au cours du


supplément d’information sont déposés au Greffe et joints au dossier de la procédure.

Ils sont mis à la disposition des parties et du Ministère public qui sont avisés de leur
dépôt par les soins du Greffier.

Le Procureur Général peut, à tout moment, requérir communication de la procédure, à


charge de rendre les pièces dans les vingt-quatre heures.

Article 278 : - Lorsqu’à raison d’un même crime plusieurs arrêts de renvoi ont été
rendus contre différents accusés, le Président peut, soit d’office, soit sur réquisition du
Ministère public, ordonner la jonction des procédures.

Cette jonction peut également être ordonnée quand plusieurs arrêts de renvoi ont été
rendus contre un même accusé pour des infractions différentes.

Article 279 : - Quand l’arrêt de renvoi vise plusieurs infractions non connexes, le
Président peut, soit d’office, soit sur réquisition du Ministère public, ordonner que les
accusés ne soient immédiatement poursuivis que sur l’une ou quelques unes de ces
infractions.

Article 280 : - Le Président peut, soit d’office, soit sur réquisition du Ministère public,
ordonner le renvoi à une session ultérieure des affaires, qui ne lui paraissent pas en état
d’être jugées au cours de la session au rôle de laquelle elles ont été inscrites.

Article 281 : - L’accusé et le Procureur Général ne peuvent se pourvoir contre les actes
de procédure et contre l’arrêt de renvoi qu’après l’arrêt de condamnation. La demande
en nullité de l’arrêt de renvoi ne peut être formée que dans les cas suivants :

1 - Pour cause d’incompétence ;


2 - Si le fait n’est pas qualifié crime par la Loi ;
3 - Si le Ministère public n’a pas été entendu ;
4 - Si l’arrêt n’a pas été rendu par le nombre de Juges fixé par la Loi;
5 - Si les délais de procédure n’ont pas été respectés.
CHAPITRE V : DE L’OUVERTURE DES SESSIONS

SECTION I : DU TIRAGE AU SORT DES JURES

Article 282 : - Au siège de chaque Cour d’Assises, dix jours au moins avant celui fixé
pour l’ouverture de la session, le Président de la Cour d’Assises tire au sort, sur la liste
principale, les noms de quatre Jurés titulaires, et les noms de quatre Jurés suppléants,
pour le service de la session.

Au siège des autres juridictions cette formalité peut être accomplie, en l’absence du
Président de la Cour d’Assises, par le Président de la juridiction de première Instance.

Article 283 : - Le Président de la Cour d’Appel peut, en raison de l’importance ou du


nombre élevé des affaires au rôle de la session, ordonner que les quatre Jurés titulaires
et les quatre Jurés suppléants nécessaires au service de la session seront remplacés par
un ou plusieurs groupes de quatre Jurés titulaires et de quatre Jurés suppléants dont les
noms seront tirés au sort dans les conditions prévues au précédent article.

Lorsque le Président de la Cour d’Appel use de cette faculté, il doit, avant qu’il ne soit
procédé au tirage au sort, préciser dans une ordonnance le nombre total des jurés
titulaires et des jurés suppléants nécessaires au service de la session et en suivant
l’ordre des inscriptions au rôle le nombre des affaires qui seront soumises à chacun des
groupes de quatre Jurés titulaires et de quatre Jurés suppléants prévus.

Le Président de la Cour d’Assises et les Magistrats qui, aux termes de l’article 282 sont
chargés de procéder au tirage au sort, dans l’accomplissement de cette formalité doivent
se conformer aux dispositions de l’ordonnance précitée.

Article 284 : - Le tirage au sort a lieu en audience publique, en présence du ministère


public, des accusés, de leurs défenseurs et des interprètes. La présence des parties
civiles régulièrement constituées ou de leurs Conseils n’est pas obligatoire.

A cet effet, le Président chargé du tirage, dispose un à un dans une urne, après les avoir
lus à haute et intelligible voix, les noms des Jurés du ressort écrits sur autant de
bulletins.

Le ou les accusés peuvent renoncer à assister au tirage au sort.

Ne sont point mis dans l’urne les noms des jurés qui auraient fait le service pendant la
session précédente.

Article 285 : - Si, parmi les Jurés, il y en a qui ne remplissent pas les conditions
d’aptitude énumérées par les articles 253 et 254, ou qui se trouvent dans un des cas
d’incapacité, d’incompatibilité ou de dispense prévus par les articles 255 et 256, le
Président ordonne que leurs noms soient rayés de la liste.

Il en est de même pour ce qui concerne les noms des Jurés décédés.
Article 286 : - L’accusé ou son Conseil d’abord, le Ministère public ensuite, récusent
tels Jurés qu’ils jugent à propos, à mesure que leurs noms sortent de l’urne, sauf la
limitation exprimée ci-dessous.

- L’accusé, son Conseil ou le Ministère public ne peuvent exposer leurs motifs de


récusation.

L’accusé ne peut récuser plus de trois Jurés, le Ministère public plus de deux. S’il y a
plusieurs accusés, ils peuvent se concerter pour exercer leurs récusations ; ils peuvent
les exercer séparément.

Dans l’un et l’autre cas, ils ne peuvent excéder le nombre de récusations déterminé
pour un seul accusé.

Si les accusés ou leurs Conseils ne se concertent pas pour récuser, le sort règle entre
eux le rang dans lequel ils font les récusations. Dans ce cas, les Jurés récusés par un
seul, et dans cet ordre, le sont pour tous jusqu’à ce que le nombre des récusations soit
épuisé.

Article 287 : - La liste des Jurés de la session est définitivement formée lorsque le
Magistrat chargé du tirage a obtenu, par le sort, le nombre de Jurés titulaires et
suppléants nécessaires aux termes de l’article 282, sans qu’il y ait eu de récusation ou
lorsque les récusations auront été exercées conformément à l’article précédent.

Procès-verbal du tout est dressé par le Greffier et signé du Magistrat qui a présidé au
tirage.

Article 288 : - Sept jours au moins avant l’ouverture des Assises, notification est faite,
à chacun des Jurés désignés par le sort, du procès-verbal constatant qu’il fait partie de
la Cour d’Assises.

Cette notification est faite par le Ministère public près le Tribunal du lieu où s’est fait le
tirage au sort.

Elle contient sommation de se trouver au jour, lieu et heure indiqués pour l’ouverture
des assises.

Article 289 : - A défaut de notification à la personne, elle est faite à son domicile, ainsi
qu’au maire ou son adjoint, ou au chef de Circonscription Administrative. Celui de ces
fonctionnaires qui a reçu la notification est tenu d’en faire communication au Juré qu’elle
concerne.

Article 290 : - En ce qui concerne les autres groupes de Jurés appelés à remplacer le
premier dans les conditions prévues à l’article 283, l’extrait du procès-verbal doit
contenir sommation de se trouver aux jour, lieu et heure où sera appelée la première
affaire qui, suivant les dispositions de l’ordonnance, doit être soumise à leur examen.
SECTION II : DE LA REVISION DE LA LISTE DES JURES DE LA SESSION.

Article 291 : - Aux lieu, jour et heure fixés pour l’ouverture de la session la Cour prend
séance.

Le Greffier procède à l’appel des Jurés inscrits sur la liste conformément à l’article 282.
La Cour statue sur le cas des Jurés absents.

Article 292 : - Tout Juré qui, sans motif légitime, n’a pas déféré à la citation qui lui est
notifiée, est condamné par la Cour à une amende, laquelle est, pour la première fois, de
10.000 francs guinéens, la Cour ayant la faculté de la réduire de moitié; pour la seconde
fois de 20.000 francs guinéens et, pour la troisième fois, de 50.000 francs guinéens.

Cette dernière fois, il est de plus déclaré incapable d’exercice à l’avenir les fonctions de
Juré.

Article 293 : - Les mêmes peines peuvent être prononcées contre les médecins ou tous
autres qui auront délivré aux Jurés les certificats que la Cour aura cru devoir rejeter.

Article 294 : - Les peines portées à l’article 292 sont applicables à tout juré qui, même
ayant déféré à la citation, se retire avant l’expiration de ses fonctions, sans une excuse
jugée valable par la Cour.

Article 295 : - Si à l’ouverture ou au cours de la session, un ou plusieurs jurés sont


défaillants, ils sont remplacés par le ou les Jurés suppléants désignés par le sort,
conformément à l’article 282.

Article 296 : - Lorsqu’un procès criminel paraît de nature à entraîner de longs débats,
le Président de la Cour d’Assises peut désigner, avant l’ouverture de l’audience, un ou
deux Jurés supplémentaires, pris parmi les jurés suppléants dans l’ordre du tirage au
sort, qui assistent aux débats.

Dans le cas où l’un ou plusieurs des quatre Jurés qui composent normalement la cour
seraient empêchés de suivre les débats jusqu’au prononcé de l’arrêt, ils seront
remplacés par les Jurés supplémentaires.

Le remplacement se fait suivant l’ordre dans lequel les Jurés supplémentaires ont été
appelés par le sort.

Article 297 : - Le Président adresse aux Jurés, debout et découverts, la formule


suivante: «Vous jurez et promettez devant Dieu et devant les Hommes d’examiner avec
l’attention la plus scrupuleuse les affaires qui vous seront soumises pendant le cours de
la présente session, de ne trahir ni les intérêts des accusés, ni ceux de la société qui les
a accusés, de ne communiquer avec personne jusqu’à votre déclaration; de n’écouter ni
la haine ou la méchanceté, ni la crainte ou l’affection, de vous décider d’après les
charges et les moyens de défense, suivant votre conscience et votre intime conviction,
avec l’impartialité et la fermeté qui conviennent à un homme probe et libre, et de
conserver le secret des délibérations, même après la cessation de vos fonctions ».
Chacun des Jurés, appelés individuellement par le Président, répond en levant la main
«Je le jure».

Article 298 : - Le Président déclare le Jury définitivement constitué, et invite les Jurés à
prendre place par rang d’âge.

CHAPITRE VI : DES DEBATS

SECTION I : DISPOSITIONS GENERALES

Article 299 : - Les débats sont publics, à moins que la publicité ne soit dangereuse
pour l’ordre et les mœurs. Dans ce cas, la Cour le déclare par un arrêt rendu en
audience publique.

Toutefois, le Président peut interdire l’accès de la salle d’audience aux mineurs ou à


certains d’entre eux.

Lorsque le huis clos a été ordonné, celui-ci s’applique au prononcé des arrêts qui
peuvent intervenir sur les incidents contentieux visés à l’article 310.

L’arrêt sur le fond doit être toujours prononcé en audience publique.

Article 300 : - Les débats ne peuvent être interrompus et doivent continuer jusqu’à ce
que la cause soit terminée par l’arrêt de la Cour d’Assises.

Ils peuvent être suspendus pendant le temps nécessaire au repos des juges et de
l’accusé.

Article 301 : - (Loi Organique L91/005 du 23.12.91 sur la liberté de la Presse - article
83).L’emploi de tout appareil permettant d’enregistrer, de fixer, et de transmettre la
parole ou l’image est interdit au public dès l’ouverture de l’audience. En cas de violation,
la saisie immédiate des appareils peut être ordonnée par le Président du Tribunal.
Toutefois, sur autorisation du Président du Tribunal, des prises de vue et des
enregistrements peuvent être faits. Toute infraction aux dispositions du présent article
entraîne la confiscation du matériel ayant servi à commettre l’infraction et une amende
de 20.000 à 200.000 francs guinéens. Sous la même peine, il est interdit de céder ou de
publier, de quelque manière et par quelque moyen que ce soit, tout enregistrement ou
document en violation des dispositions du présent article.

Article 302 : - Le Président a la police de l’audience et la direction des débats.

Il rejette tout ce qui tendrait à compromettre leur dignité ou à les prolonger sans donner
lieu d’espérer plus de certitudes dans les résultats.

Article 303 : - Le Président est investi d’un pouvoir discrétionnaire en vertu duquel il
peut, en son honneur et conscience, prendre toutes mesures qu’il croit utiles pour
découvrir la vérité.
Il peut au cours des débats appeler, au besoin par mandat d’amener, et entendre toutes
personnes ou se faire apporter toutes nouvelles pièces qui lui paraissent, d’après les
développements donnés à l’audience, utiles à la manifestation de la vérité.

Les témoins ainsi appelés ne prêtent pas serment et leurs déclarations ne sont
considérées que comme renseignements.

Article 304 : - Les Conseillers et les Jurés peuvent poser des questions aux accusés et
aux témoins par l’intermédiaire du Président.

Ils ont le devoir de ne pas manifester leur opinion.

Article 305 : - Sous réserves des dispositions de l’article 300, le Ministère public peut
poser directement des questions aux accusés et aux témoins.

L’accusé ou son Conseil peut poser des questions, par l’intermédiaire du Président, aux
coaccusés, aux témoins et à la partie civile. La partie civile ou son Conseil peut, dans les
mêmes conditions, poser des questions aux accusés et aux témoins.

Article 306 : - Sous réserves des dispositions de l’article 302, le Ministère public,
l’accusé, la partie civile, les Conseils de l’accusé et de la partie civile peuvent poser des
questions, par l’intermédiaire du Président, aux accusés, aux témoins, et à toute
personne appelée à la barre.

Article 307 : - Le Ministère public prend, au nom de la loi, toutes les réquisitions qu’il
juge utiles. La Cour est tenue de lui en donner acte et d’en délibérer.

Les réquisitions du Ministère public prises dans le cours des débats sont mentionnées
par le greffier sur son procès-verbal. Toutes les décisions auxquelles elles ont donné lieu
sont signées par le Président et par le Greffier.

Article 308 : - Lorsque la Cour ne fait pas droit aux réquisitions du Ministère public,
l’instruction ni le jugement ne sont arrêtés, ni suspendus.

Article 309 : - L’accusé, la partie civile et leurs conseils peuvent déposer des
conclusions sur lesquelles la Cour est tenue de statuer.

Article 310 : - Tous incidents contentieux sont réglés par la Cour, le Ministère public,
les parties ou leurs Conseils entendus.

Ces arrêts ne peuvent préjuger du fond.

Ils ne peuvent être attaqués par la voie du recours en cassation qu’en même temps que
l’arrêt sur le fond.
SECTION II : DE LA COMPARUTION DE L’ACCUSE

Article 311 : - A l’audience, la présence d’un défenseur auprès de l’accusé est


obligatoire.

Si le défenseur choisi ou désigné conformément à l’article 268 ne se présente pas, le


Président en commet un d’office.

Article 312 : - L’accusé comparaît libre et seulement accompagné de gardes pour


l’empêcher de s’évader.

Article 313 : - Si un accusé refuse de comparaître, sommation lui est faite au nom de
la loi, par un Huissier commis à cet effet par le Président, et assisté de la force publique.
L’huissier dresse procès-verbal de la sommation et de la réponse de l’accusé.

Article 314 : - Si l’accusé n’obtempère pas à la sommation, le Président peut ordonner


qu’il soit amené par la force devant la Cour; il peut également, après lecture faite à
l’audience du procès-verbal constatant sa résistance, ordonner que nonobstant son
absence, il soit passé outre aux débats.

Après chaque audience, il est, par le Greffier de la Cour d’Assises, donné lecture à
l’accusé qui n’a pas comparu du procès-verbal des débats, et il lui est signifié copie des
réquisitions du Ministère public ainsi que des arrêts rendus par la Cour, qui sont tous
réputés contradictoires.

Article 315 : - Lorsqu’à l’audience, l’un des assistants trouble l’ordre de quelque
manière que ce soit, le Président ordonne son expulsion de la salle d’audience.

Si, au cours de l’exécution de cette mesure, il résiste à cet ordre ou cause du tumulte, il
est sur-le-champ, placé sous mandat de dépôt, jugé et puni d’un emprisonnement de
deux mois à deux ans, sans préjudice des peines portées au Code pénal contre les
auteurs d’outrages et de violences envers les Magistrats.

Sur l’ordre du Président, il est alors contraint par la force publique de quitter l’audience.

Article 316 : - Si l’ordre est troublé par l’accusé lui-même, il lui est fait application des
dispositions de l’article 315.

L’accusé, lorsqu’il est expulsé de la salle d’audience, est gardé par la force publique,
jusqu’à la fin des débats, à la disposition de la Cour, il est, après chaque audience,
procédé ainsi qu’il est dit à l’article 314, alinéa 2.

Article 317 : - Dans les cas prévus à l’article 315 alinéa 2 et à l’article 316 alinéa 1er, la
Cour seule procède sans désemparer au jugement immédiat de l’auteur du trouble.

Elle entend les témoins, le délinquant et le conseil qu’il a choisi ou qui lui a été désigné
d’office par le Président et, après avoir constaté les faits et ouï le Ministère public, le
tout publiquement, elle applique la peine par un arrêt motivé.
SECTION III : DE LA PRODUCTION ET DE LA DISCUSSION DES PREUVES

Article 318 : - Lorsque le Conseil de l’accusé n’est pas inscrit à un Barreau, le Président
l’informe qu’il ne peut rien dire contre sa conscience ou le respect dû aux lois et qu’il
doit s’exprimer avec décence et modération.

Article 319 : - Le Président ordonne au Greffier de donner lecture de la liste des


témoins appelés par le Ministère public, par l’accusé et, s’il y a lieu par la partie civile, et
dont les noms ont été signifiés ou notifiés conformément aux prescriptions de l’article
274.

L’Huissier de service fait appel de ces témoins.

Article 320 : - Le Président ordonne aux témoins de se retirer dans la chambre qui leur
est destinée. Ils n’en sortent que pour déposer. Le Président prend s’il en est besoin,
toutes mesures utiles pour empêcher les témoins de conférer entre eux avant leur
déposition.

Article 321 : - Lorsqu’un témoin cité ne comparaît pas, la Cour peut, sur réquisitions du
Ministère public ou même d’office, ordonner que ce témoin soit immédiatement amené
par la force publique devant la Cour pour y être entendu, ou renvoyer l’affaire à la
prochaine session.

En ce dernier cas, tous les frais de citation, d’acte de voyages de témoins et autres
ayant pour objet de faire juger l’affaire sont, hors le cas d’excuse légitime, à la charge
de ce témoin et il y est contraint, même par corps sur la réquisition du Ministère public,
par l’arrêt qui renvoie les débats à la session suivante.

Dans tous les cas, le témoin qui ne comparaît pas ou qui refuse soit de prêter serment,
soit de faire sa déposition peut, sur réquisition du Ministère public, être condamné par la
Cour à la peine portée à l’article 112.

La voie de l’opposition est ouverte au condamné qui n’a pas comparu. L’opposition
s’exerce dans les 6 jours de la signification de l’arrêt faite à la personne ou à son
domicile.

La Cour statue sur cette opposition soit pendant la session en cours, soit au cours d’une
session ultérieure.

Article 322 : - Le Président invite l’accusé à écouter avec attention la lecture de l’arrêt
de renvoi. Il ordonne au Greffier de lire cet arrêt à haute et intelligible voix.

Article 323 : - Le Président interroge l’accusé et reçoit ses déclarations.

Il a le devoir de ne pas manifester son opinion sur la culpabilité.


Article 324 : - Les témoins appelés par le Ministère public ou les parties sont entendus
dans le débat, même s’ils n’ont pas déposé à l’instruction, ou s’ils n’ont pas été assignés
ou notifiés conformément aux prescriptions de l’article 274.

Article 325 : - Le Ministère public ou les parties peuvent s’opposer à l’audition d’un
témoin dont le nom ne lui aurait pas été signifié ou notifié ou qui leur aurait été
irrégulièrement signifié ou notifié.

La Cour statue sur cette opposition.

Si elle est reconnue fondée, ces témoins peuvent être entendus, à titre de
renseignements, en vertu du pouvoir discrétionnaire du Président.

Article 326 : - Les témoins déposent séparément l’un de l’autre, dans l’ordre établi par
le Président.

Les témoins doivent sur la demande du Président, faire connaître leurs nom, prénoms,
âge, profession, leur domicile ou résidence, s’ils connaissaient l’accusé avant le fait
mentionné dans l’arrêt de renvoi, s’ils sont parents ou alliés, soit de l’accusé soit de la
partie civile, et à quel degré. Le Président leur demande encore s’ils ne sont pas
attachés au service de l’un ou de l’autre.

Avant de commencer leur déposition, les témoins prêtent le serment « de parler sans
haine et sans crainte, de dire toute la vérité, rien que la vérité ». Cela fait, les témoins
déposent oralement.

Sous réserve des dispositions de l’article 302, les témoins ne sont pas interrompus dans
leur déposition.

Article 327 : - Après chaque déposition, le Président peut poser des questions aux
témoins. Le Ministère public, ainsi que les conseils de l’accusé et de la partie civile,
l’accusé et la partie civile ont la même faculté, dans les conditions déterminées à l’article
305.

Article 328 : - Le Président fait dresser d’office ou à la requête du Ministère public ou


des parties, par le Greffier, un procès-verbal des auditions, changements ou variations
qui peuvent exister entre la déposition d’un témoin et ses précédentes déclarations. Ce
procès-verbal est joint au procès-verbal des débats.

Article 329 : - Chaque témoin, après sa déposition, demeure dans la salle d’audience,
si le Président n’en ordonne autrement, jusqu’à la clôture des débats.

Article 330 : - Ne peuvent être reçus sous la foi du serment les dépositions :

1 - Du père, de la mère ou de tout autre ascendant de l’accusé, ou de l’un des accusés


présents et soumis au même débat ;
2 - Du fils, de la fille ou de tout autre descendant ainsi que des enfants adoptifs de
l’accusé et de ceux dont il est le tuteur ;
3 - Des frères et sœurs;
4 - Des alliés aux mêmes degrés;
5 - Du Mari ou de la femme ; cette prohibition subsiste même après le divorce.
6 - De la partie civile;
7 - Des enfants au-dessous de l’âge de seize ans.

Article 331 : - Néanmoins, l’audition sous serment des personnes désignées par
l’article précédent n’entraîne pas nullité lorsque le Ministère public ni aucune des parties
ne s’est opposé à la prestation de serment.

En cas d’opposition du Ministère public ou d’une ou plusieurs parties le témoin peut être
entendu à titre de renseignements, en vertu du pouvoir discrétionnaire du Président.

Article 332 : - La personne qui, agissant en vertu d’une obligation légale ou de sa


propre initiative, a porté les faits poursuivis à la connaissance de la Justice, est reçue en
témoignage mais le Président en avertit la Cour d’Assises.

Celui dont la dénonciation est récompensée pécuniairement par la loi peut être entendu
en témoignage, à moins qu’il n’y ait opposition d’une des parties ou du Ministère public.

Article 333 : - Le Ministère public, ainsi que la partie civile et l’accusé peuvent
demander, et le Président peut toujours ordonner, qu’un témoin se retire
momentanément de la salle d’audience, après sa déposition, pour y être réintroduit et
entendu s’il y a lieu après d’autres dépositions, avec ou sans confrontation.

Article 334 : - Le Président peut, avant, pendant ou après l’audition d’un témoin, faire
retirer un ou plusieurs accusés, et les examiner séparément sur quelques circonstances
du procès; mais il a soin de ne reprendre la suite des débats qu’après avoir instruit
chaque accusé de ce qui s’est fait en son absence, et de ce qui en est résulté.

Article 335 : - Pendant l’examen, les Magistrats et les Jurés peuvent prendre note de
ce qui leur paraît important, soit dans les dépositions des témoins soit dans la défense
de l’accusé, pourvu que les débats ne soient pas interrompus.

Article 336 : - Dans le cours ou à la suite des dépositions, le Président fait, s’il est
nécessaire, présenter à l’accusé ou aux témoins les pièces à conviction et reçoit leurs
observations.

Le Président les fait aussi présenter, s’il y a lieu, aux autres membres de la Cour et aux
Jurés.

Article 337 : - Si, d’après les débats, la déposition d’un témoin entendu sous la foi du
serment paraît fausse, le Président, soit d’office, soit à la requête du Ministère public ou
d’une des parties, peut ordonner spécialement à ce témoin d’être présent aux débats
jusqu’à leur clôture, et en outre, de demeurer dans la salle d’audience jusqu’au
prononcé de l’arrêt de la Cour d’Assises. En cas d’infraction à cet ordre, le Président fait
mettre le témoin en état d’arrestation provisoire.
Ce témoin est jugé audience tenante dès la clôture des débats par la Cour d’Assises s’il
ne s’est rétracté auparavant.

Il est obligatoirement assisté d’un conseil, au besoin désigné d’office par le Président.

Il peut être condamné à une peine d’un mois à deux ans d’emprisonnement et sera en
outre déchu des droits énumérés à l’article 37 du Code pénal pendant 5 ans ou plus.

Article 338 : - En tout état de cause la Cour peut ordonner d’office, ou à la requête du
Ministère public ou de l’une des parties, le renvoi de l’affaire à la prochaine session.

Article 339 : - Dans le cas où l’accusé, les témoins ou l’un deux, ne parlent pas
suffisamment la langue officielle ou s’il est nécessaire de traduire un document versé
aux débats, le Président nomme d’office un interprète, âgé de vingt et un ans au moins,
et lui fait prêter serment de remplir fidèlement sa mission.

Le Ministère public, l’accusé et la partie civile, peuvent récuser l’interprète en motivant


leur récusation. la Cour se prononce sur cette récusation. Sa décision n’est susceptible
d’aucune voie de recours.

L’interprète ne peut, même du consentement de l’accusé ou du Ministère public, être


pris parmi les Juges composant la Cour, les Jurés, le Greffier qui tient l’audience, les
parties et les témoins.

Article 340 : - Si l’accusé est sourd-muet et ne sait pas écrire, le Président nomme
d’office en qualité d’interprète la personne qui a le plus l’habitude de converser avec lui.

Il en est de même à l’égard du témoin sourd-muet.

Les autres dispositions du précédent article sont applicables.

Dans le cas où le sourd-muet sait écrire, le Greffier écrit les questions ou observations
qui lui sont faites, lesquelles sont remises à l’accusé ou au témoin, qui donne par écrit
ses réponses ou déclarations. Il est fait lecture du tout par le Greffier.

Article 341 : - Une fois l’instruction à l’audience terminée, la partie civile ou son Conseil
est entendu. Le Ministère public prend ses réquisitions.

L’accusé et son Conseil présentent leur défense.

La réplique est permise à la partie civile et au Ministère public, mais l’accusé et son
Conseil auront toujours la parole les derniers.
SECTION IV : DE LA CLOTURE DES DEBATS ET DE LA LECTURE DES
QUESTIONS

Article 342 : - Le Président déclare les débats terminés.

Il ne peut résumer les moyens de l’accusation et de la défense.

Il ordonne que le dossier de la procédure soit déposé entre les mains du Greffier de la
Cour d’assises ; toutefois, il conserve en vue de la délibération prévue par les articles
350 et suivants, l’arrêt de la Chambre d’Accusation.

Si au cours de la délibération, la Cour d’Assises estime nécessaire l’examen d’une ou


plusieurs pièces de la procédure, le Président ordonne le transport dans la salle des
délibérations du dossier, qui à ces fins sera rouvert en présence du Ministère public et
des Avocats de l’accusé et de la partie civile.

Article 343 : - Le Président donne lecture des questions auxquelles la Cour et le Jury
ont à répondre. Cette lecture n’est pas obligatoire quand les questions sont posées dans
les termes de l’arrêt de renvoi ou si l’accusé ou son défenseur y renonce.

Article 344 : - Chaque question principale est posée ainsi qu’il suit : « L’accusé est-il
coupable d’avoir commis tel fait ? »

Une question est posée sur chaque fait spécifié dans le dispositif de l’arrêt de renvoi.

Chaque circonstance aggravante fait l’objet d’une question distincte.

Il en est de même, lorsqu’elle est invoquée pour chaque cause légale d’exemption ou de
diminution de la peine.

Article 345 : - S’il résulte des débats une ou plusieurs circonstances aggravantes non
mentionnées dans l’arrêt de renvoi, le Président pose une ou plusieurs questions
spéciales.

Article 346 : - S’il résulte des débats que le fait comporte une qualification légale autre
que celle donnée par l’arrêt de renvoi, le Président doit poser une ou plusieurs questions
subsidiaires.

Article 347 : - S’il s’élève un incident contentieux au sujet des questions, la Cour statue
dans les conditions prévues à l’article 310

Article 348 : - Avant que la Cour d’Assises se retire, le Président donne lecture de
l’instruction suivante, qui est, en outre, affichée en gros caractères, dans le lieu le plus
apparent de la Chambre de délibérations :

«La Loi ne demande pas compte aux Juges des moyens par lesquels ils se sont
convaincus, elle ne leur prescrit pas de règles desquelles ils doivent faire
particulièrement dépendre la plénitude et la suffisance d’une preuve ; elle leur prescrit
de s’interroger eux-mêmes, dans le silence et le recueillement et de chercher, dans la
sincérité de leur conscience, quelle impression ont faite, sur leur raison, les preuves
rapportées contre l’accusé et les moyens de sa défense. La loi ne leur fait que cette
seule question, qui renferme toute la mesure de leur devoir: Avez-vous une intime
conviction ? ».

Article 349 : - Le Président fait retirer l’accusé de la salle d’audience.

Il invite le Chef de Service d’ordre à faire garder les issues de la Chambre des
délibérations, dans laquelle nul ne pourra pénétrer, pour quelque cause que ce soit,
sans autorisation du Président.

Le Président déclare l’audience suspendue.

CHAPITRE VII : DU JUGEMENT

SECTION I : DE LA DELIBERATION DE LA COUR D’ASSISES

Article 350 : - Les Magistrats de la Cour et les Jurés se retirent dans la Chambre des
délibérations.

Ils n’en peuvent sortir qu’après avoir pris leurs décisions.

Le Président soumet successivement à la délibération les questions posées à l’audience.


La discussion terminée, il recueille les voix sur chacune de ces questions.

Article 351 : - La Cour et le Jury délibèrent puis votent par bulletins écrits et par
scrutins distincts et successifs, sur le fait principal d’abord et, s’il y a lieu sur chacune
des circonstances aggravantes, sur les questions subsidiaires et sur chacun des faits
constituant une cause légale d’exemption ou de diminution de peine séparément pour
chaque accusé.

Article 352 : - Chacun des Magistrats et des Jurés reçoit, à cet effet, un bulletin ouvert,
marqué du timbre de la cour d’assises et portant ces mots : « Sur mon honneur et à ma
conscience, ma déclaration est .... »

Il écrit à la suite ou fait écrire secrètement le mot « oui » ou le mot « non » sur une
table disposée de manière à ce que personne ne puisse voir le vote inscrit sur le bulletin.
Il remet le bulletin écrit et fermé au Président qui le dépose dans une urne destinée à
cet usage.

Article 353 : - Le Président dépouille chaque scrutin en présence des membres de la


Cour et du Jury qui peuvent vérifier les bulletins. Il constate sur-le-champ le résultat du
vote en marge ou à la suite de la question résolue.

Les bulletins blancs, ou déclarés nuls par la majorité sont comptés comme favorables à
l’accusé.
Immédiatement après le dépouillement de chaque scrutin, les bulletins sont brûlés.

La déclaration en ce qui concerne les circonstances atténuantes est exprimée qu’elle soit
affirmative ou négative.

Toute décision se forme à la majorité de cinq voix au moins.

Article 354 : - Si après deux tours de scrutin, aucune peine n’a réuni la majorité des
suffrages, il est procédé à un troisième tour au cours duquel la peine la plus forte
proposée au tour précédent est écartée si, à ce troisième tour, aucune peine n’a encore
obtenu la majorité des votes, on procède à un quatrième tour et ainsi de suite, en
continuant à écarter la peine la plus forte, jusqu’à ce qu’une peine soit prononcée à la
majorité.

Lorsque la Cour d’Assises prononce une peine correctionnelle elle peut ordonner à la
majorité qu’il soit sursis à l’exécution de la peine.

La Cour d’Assises délibère également sur les peines accessoires ou complémentaires.

Article 355 : - Si le fait retenu contre l’accusé ne tombe pas ou ne tombe plus sous
l’application de la loi pénale, ou si l’accusé est déclaré non coupable, la Cour d’Assises
prononce l’acquittement de celui-ci.

Si l’accusé bénéficie d’une excuse absolutoire, la Cour d’Assises prononce son


absolution.

Article 356 : - Mention des décisions prises est portée sur la feuille de questions qui est
signée séance tenante par le Président et par le Doyen des Jurés ou, si ce dernier ne
peut signer, par le plus âgé des autres Jurés.

SECTION II : DE LA DECISION SUR L’ACTION PUBLIQUE

Article 357 : - La Cour d’Assises rentre ensuite dans la salle d’audience. Le Président
fait comparaître l’accusé, donne lecture de l’arrêt portant condamnation, absolution ou
acquittement.

Les textes de loi dont il est fait application sont lus à l’audience par le Président; il est
fait mention de cette lecture dans l’arrêt.

Au cas de condamnation ou d’absolution, l’arrêt condamne l’accusé aux dépens envers


l’Etat et se prononce sur la contrainte par corps.

Au cas où l’accusé est acquitté en raison de son état de démence au moment des faits,
la Cour peut mettre à sa charge tout ou partie des dépens envers l’Etat.

Dans le cas où la condamnation n’intervient pas pour toutes les infractions qui ont fait
l’objet de la poursuite, ou n’intervient qu’à raison d’infractions qui ont fait l’objet d’une
disqualification soit au cours de l’instruction, soit au moment du prononcé de l’arrêt,
comme aussi dans le cas de mise hors de cause de certains des accusés, la Cour doit,
par une disposition motivée, décharger le condamné de la part des frais de justice qui
ne résulte pas directement de l’infraction ayant entraînée la condamnation au fond. La
Cour fixe elle-même le montant des frais dont doit être déchargé le condamné, ces frais
étant laissés, selon les circonstances, à la charge du Trésor ou de la partie civile.

A défaut de décision de la Cour sur l’application de l’alinéa précédent, il est statué sur ce
point par la Chambre d’Accusation.

Article 358 : - Si l’accusé est absous ou acquitté, il est mis immédiatement en liberté
s’il n’est retenu pour autre cause.

Article 359 : - Aucune personne acquittée légalement ne peut plus être reprise ou
accusée à raison des mêmes faits, même sous une qualification différente.

Article 360 : - Lorsque dans le cours des débats des charges sont relevées contre
l’accusé à raison d’autres faits et lorsque le Ministère public a fait des réserves aux fins
des poursuites, le Président ordonne que l’accusé acquitté soit, par la force publique
conduit sans délai devant le Procureur de la République du siège de la Cour d’Assises qui
doit immédiatement requérir l’ouverture d’une information.

Article 361 : - S’il résulte des débats que le fait comporte une qualification légale,
autre que celle donnée par l’arrêt de renvoi, la Cour statue sur la nouvelle qualification.

Article 362 : - Après avoir prononcé l’arrêt, le Président avertit s’il y a lieu, l’accusé de
la faculté qui lui est accordée de se pourvoir en cassation et lui fait connaître le délai de
ce pourvoi.

SECTION III : DE LA DECISION SUR L’ACTION CIVILE

Article 363 : - Après que la Cour d’Assises s’est prononcée sur l’action publique, la
Cour sans l’assistance des Jurés, statue sur les demandes en dommages et intérêts
formées soit, par la partie civile contre l’accusé, soit par l’accusé acquitté contre la partie
civile, après que les parties et le ministère public ont été entendus.

La Cour peut commettre l’un de ses membres pour entendre les parties, prendre
connaissance des pièces et faire son rapport à l’audience, où les parties peuvent encore
présenter leurs observations, et où le Ministère public est ensuite entendu.

Article 364 : - La partie civile, dans le cas d’acquittement comme dans celui
d’absolution, peut demander réparation du dommage résultant de la faute de l’accusé,
telle qu’elle résulte des faits qui sont l’objet de l’accusation.

Article 365 : - La Cour peut ordonner d’office la restitution des objets placés sous main
de Justice. Toutefois, s’il y a eu condamnation, cette restitution n’est effectuée que si
son bénéficiaire justifie que le condamné a laissé passer les délais sans se pourvoir en
cassation ou, s’il s’est pourvu, que l’affaire est définitivement jugée.
Lorsque la décision de la Cour d’Assises est devenue définitive, la Chambre d’Accusation
est compétente pour ordonner, s’il y a lieu, la restitution des objets placés sous main de
justice. Elle statue sur requête de toute personne qui prétend avoir droit sur l’objet ou à
la demande du Ministère public.

Article 366 : - L’accusé qui succombe est condamné aux dépens envers la partie civile.

Article 367 : - La partie civile qui a obtenu des dommages et intérêts n’est jamais tenue
des dépens. Celle qui a succombé n’est condamnée aux dépens que si elle a, elle-même,
mis en mouvement l’action publique. Toutefois, même en ce cas, elle peut, eu égard aux
circonstances de la cause, être déchargée de la totalité ou d’une partie de ces dépens,
par décision spéciale et motivée de la Cour.

SECTION IV : DE L’ARRET ET DU PROCES-VERBAL

Article 368 : - Le Greffier écrit l’arrêt ; les textes de lois appliqués y sont indiqués.

Article 369 : - La minute de l’arrêt rendu après délibération de la Cour d’Assises ainsi
que la minute des arrêts rendus par la Cour sont signés par le Président et le Greffier.

Tous ces arrêts doivent porter mention de la présence du Ministère public.

Article 370 : - Le Greffier dresse, à l’effet de constater l’accomplissement des


formalités prescrites, un procès-verbal qui est signé par le Président et par ledit Greffier.

Le procès-verbal est dressé et signé dans le délai de trois jours au plus tard du prononcé
de l’arrêt.

Article 371 : - A moins que le Président n’en ordonne autrement d’office ou sur la
demande du Ministère public ou des parties, il n’est fait mention au procès-verbal, ni des
réponses des accusés, ni du contenu des dépositions, sans préjudice, toutefois, de
l’exécution de l’article 328 concernant les additions, changements ou variations dans les
déclarations des témoins.

Article 372 : - Les minutes des arrêts rendus par la Cour d’Assises sont réunies et
déposées au Greffe du Tribunal siège de ladite Cour.

Article 373 : - Dans l’intervalle des sessions de la Cour d’Assises, la Chambre


d’Accusation est compétente pour statuer sur toutes les difficultés relatives à l’exécution
des arrêts rendus par la Cour d’Assises sur simple requête de la partie intéressée.
TITRE II : DU JUGEMENT DES DELITS

CHAPITRE PREMIER : DU TRIBUNAL CORRECTIONNEL

SECTION I : DE LA COMPETENCE ET DE LA SAISINE


DU TRIBUNAL CORRECTIONNEL

Paragraphe 1 : Dispositions générales.

Article 374 : - Le Tribunal correctionnel connaît des délits.

Le Tribunal correctionnel connaît également des crimes dont il est saisi par la Chambre
d’Accusation conformément aux dispositions de l’article 219 alinéa 3.

Article 375 : - Est compétent, le Tribunal correctionnel du lieu de l’infraction, celui de


la résidence du prévenu ou celui du lieu d’arrestation de ce dernier, même lorsque cette
arrestation a été opérée pour une autre cause.

Le Tribunal du lieu de la détention d’un condamné n’est compétent que dans les
conditions prévues au Titre VII du Livre IV, relatif aux renvois d’un Tribunal à un autre.

La compétence du Tribunal correctionnel s’étend aux délits et contraventions qui


forment avec l’infraction déférée au Tribunal un ensemble indivisible ; elle peut aussi
s’étendre aux délits et contraventions connexes, au sens de l’article 208.

Article 376 : - La compétence à l’égard d’un prévenu s’étend à tous les coauteurs et
complices.

Article 377 : - Le Tribunal saisi de l’action publique est compétent pour statuer sur
toutes exceptions proposées par le prévenu pour sa défense, à moins que la loi n’en
dispose autrement ou que le prévenu n’excipe d’un droit réel immobilier.

Article 378 : - Les exceptions tirées de la nullité soit de la citation, soit de la procédure
antérieure, doivent à peine de forclusion, être présentées avant toute défense au fond.
La nullité de la citation ne peut être prononcée que dans les conditions prévues à
l’article 559.

Article 379 : - L’exception préjudicielle est présentée avant toute défense au fond.

Elle n’est recevable que si elle est de nature à retirer au fait qui sert de base à la
poursuite le caractère d’une infraction.

Elle n’est admise que si elle s’appuie sur des faits ou sur des titres donnant un
fondement à la prétention du prévenu.

Si l’exception est admissible, le Tribunal impartit un délai dans lequel le prévenu doit
saisir la juridiction compétente. Faute par le prévenu d’avoir introduit l’instance dans ce
délai et de justifier de ses diligences, il est passé outre à l’exception.
Si l’exception n’est pas admise les débats sont continués.

Article 380 : - Lorsque le Tribunal est saisi de plusieurs procédures visant des faits
connexes, il peut en ordonner la jonction soit d’office, soit sur réquisitions du ministère
public, ou à la requête d’une des parties.

Article 381 : - Le Tribunal correctionnel est saisi des infractions de sa compétence, soit
par le renvoi qui lui en est fait par la juridiction d’instruction, soit par la comparution
volontaire des parties, dans les conditions prévues par l’article 382, soit par la citation
délivrée directement au prévenu et aux personnes civilement responsables de
l’infraction, soit enfin par application de la procédure de flagrant délit prévue par les
articles 50 et suivants.

Article 382 : - Si le prévenu n’est pas détenu, l’avertissement délivré par le ministère
public dispense de citation, s’il est suivi de la comparution volontaire de la personne à
laquelle il est adressé.

Il indique le délit poursuivi et vise le texte de loi qui le réprime.

Si le prévenu est détenu, il ne peut être procédé à son égard que par voie
d’avertissement.

Article 383 : - La citation est délivrée dans les délais et formes prévus par les articles
544 et suivants.

Article 384 : - Toute personne ayant porté plainte ou s’étant prétendue lésée par
l’infraction doit être appelée à l’audience.

Article 385 : - La partie civile, qui cite directement un prévenu devant un Tribunal
répressif, fait dans l’acte de citation, élection de domicile dans le ressort du Tribunal
saisi, à moins qu’elle n’y soit domiciliée.

Si elle n’a obtenu l’assistance judiciaire, et sous peine de non-recevabilité de son action,
la partie civile doit consigner au Greffe la somme présumée nécessaire pour les frais de
la procédure.

Dans ce cas, la juridiction saisie fixe le montant de la consignation à la première


audience où l’affaire est portée. Un supplément de consignation peut être exigé, dès
que le reliquat paraît insuffisant pour assurer le paiement de tous les frais, y compris
l’enregistrement du jugement.

Paragraphe 2 : Du flagrant délit

Article 386 : - L’individu, arrêté en flagrant délit et déféré devant le Procureur de la


République, conformément à l’article 69 du présent Code, est, s’il a été placé sous
mandat de dépôt, traduit sur-le-champ à l’audience du Tribunal.
Article 387 : - Si ce jour là il n’est point tenu d’audience, le prévenu est déféré à
l’audience du lendemain, le Tribunal étant, au besoin, spécialement réuni.

Si cette réunion est impossible, le Procureur de la République doit immédiatement


requérir l’ouverture d’une information.

Article 388 : - Les témoins du flagrant délit peuvent être requis verbalement par tout
officier de police judiciaire ou agent de la force publique. Ils sont tenus de comparaître
sous les sanctions portées à l’article 112.

Article 389 : - La personne déférée en vertu de l’article 386 est avertie par le Président
qu’elle a le droit de réclamer un délai pour préparer sa défense ; mention de l’avis
donné par le Président et de la réponse du prévenu est faite dans le jugement.

Si le prévenu use de la faculté indiquée à l’alinéa précédent, le Tribunal lui accorde un


délai de trois jours au moins.

Article 390 : - Si l’affaire n’est pas en état de jugement, le Tribunal en ordonne le


renvoi à l’une des plus prochaines audiences pour plus amples informations et, s’il y a
lieu, met le prévenu en liberté provisoire, avec ou sans caution.

Article 391 : - Le Tribunal est tenu de juger l’affaire dans les quinze jours de la
première audience, même si le casier judiciaire n’a pas été produit en temps utile. Dans
ce dernier cas, le Procureur de la République du lieu de naissance du prévenu, dûment
avisé, requiert du Président du Tribunal, la condamnation du Greffier en Chef à une
amende de 5.000 francs guinéens.

Toutefois, en cas d’excuse reconnue valable, le Greffier pourra être déchargé de cette
condamnation.

SECTION II : DE LA COMPOSITION DU TRIBUNAL ET DE LA TENUE DES


AUDIENCES

Article 392 : - Le Tribunal correctionnel est présidé par le Président du Tribunal ou l’un
des Juges.

Les fonctions du Ministère public sont exercées par le Procureur ou l’un de ses Substituts
; toutefois, dans les Justices de paix la présence d’un Magistrat du Ministère public n’est
pas obligatoire ; les fonctions du Greffe sont exercées par un Greffier du Tribunal ou de
la Justice de paix.

Article 393 : - Le nombre et la date des audiences correctionnelles sont déterminés à


la fin de chaque année judiciaire pour l’année suivante, par délibération de l’Assemblée
Générale du Tribunal.

Il peut être modifié dans les mêmes conditions en cours d’année, suivant les nécessités.
Il peut être également tenu des audiences foraines.
SECTION III : DE LA PUBLICITE ET DE LA POLICE DE L’AUDIENCE

Article 394 : - Les audiences sont publiques.

Néanmoins, le Tribunal peut, en constatant que la publicité est dangereuse pour l’ordre
et les mœurs, ordonner, par jugement rendu en audience publique, que les débats
auront lieu ou seront poursuivis à huis clos.

Lorsque le huis clos a été ordonné, celui-ci s’applique au prononcé des jugements
séparés qui peuvent intervenir sur les incidents ou exceptions ainsi qu’il est dit à l’article
452 alinéa 4.

Le jugement sur le fond doit toujours être prononcé en audience publique.

Article 395 : - Le Président a la police de l’audience et la direction des débats. Il peut


prendre toutes mesures utiles pour en assurer la dignité et la sérénité.

Lorsque le dossier est en état d’être jugé, l’affaire ne peut faire l’objet de plus de trois
renvois pour quelque cause que ce soit. Après trois renvois successifs l’affaire est
obligatoirement jugée.

Article 396 : - En cas de trouble causé à l’audience par l’un des assistants, de quelque
manière que ce soit, les dispositions de l’article 315 lui sont applicables.

Article 397 : - Si l’ordre est troublé à l’audience par le prévenu lui-même, il lui est fait
application des dispositions de l’article 396.

SECTION IV : DES DEBATS

Paragraphe 1 : De la comparution du prévenu

Article 398 : - Le Président constate l’identité du prévenu et donne connaissance de


l’acte qui a saisi le Tribunal. Il constate aussi s’il y a lieu, la présence ou l’absence de la
personne civilement responsable, de la partie civile, des témoins, des experts et des
interprètes.

Article 399 : - Dans le cas où le prévenu ne parle pas suffisamment la langue


française, les dispositions de l’article 339 sont applicables.

L’interprète ne peut, même du consentement du prévenu ou du Ministère public, être


pris parmi les Juges composant les Tribunaux, les Greffiers d’audience, les parties et les
témoins.

Article 400 : - Si le prévenu est sourd-muet les dispositions de l’article 340 sont
applicables.

Article 401 : - Au jour indiqué pour la comparution à l’audience, le prévenu en état de


détention y est conduit par la force publique.
Article 402 : - Le prévenu régulièrement cité à personne doit comparaître, à moins qu’il
ne fournisse une excuse reconnue valable par la juridiction devant laquelle il est appelé.

Le prévenu a la même obligation lorsqu’il est établi que, bien que n’ayant pas été cité à
personne, il a eu connaissance de la citation régulière le concernant, dans les cas prévus
par les articles 544 et suivants du présent Code.

Si ces conditions sont remplies, le prévenu non comparant et non excusé est réputé jugé
contradictoirement.

Article 403 : - Toute mention inexacte dans les exploits de citation est passible des
peines portées à l’article 561 du présent Code.

Article 404 : - Si la citation n’a pas été délivrée à la personne du prévenu et s’il n’est
pas établi qu’il ait eu connaissance de cette citation, la décision, au cas de non
comparution du prévenu, est rendue par défaut.

Article 405 : - Nul n’est recevable à déclarer qu’il fait défaut dès lors qu’il est présent
au début de l’audience.

Article 406 : - La personne civilement responsable peut toujours se faire représenter


par un Avocat. Dans ce cas le jugement est contradictoire à son égard.

Article 407 : - Si le prévenu ne peut, en raison de son état de santé, comparaître


devant le Tribunal et s’il existe des raisons graves de ne point différer le jugement de
l’affaire, le Tribunal ordonne, par décision spéciale et motivée, que le prévenu,
éventuellement assisté de son Conseil, sera entendu à son domicile ou à la Maison
d’arrêt dans laquelle il se trouve détenu, par un Magistrat commis à cet effet,
accompagné d’un Greffier. Il fixe dans la même décision la date de reprise de l’audience
; procès-verbal est dressé de cet interrogatoire et mention y est faite de l’avis donné au
prévenu de la date ainsi fixée. Dans tous les cas, le prévenu est jugé contradictoirement.

Article 408 : - Le prévenu qui comparaît a la faculté de se faire assister par un


défenseur.

Le défenseur ne peut être choisi que parmi les Avocats inscrits au Barreau.

Les Avocats inscrits à un Barreau étranger ne peuvent être désignés que s’il existe entre
la République de Guinée et leur pays une Convention de réciprocité.

L’assistance d’un défenseur est obligatoire quand le prévenu est atteint d’une infirmité
de nature à compromettre sa défense. Dans ce cas, si le prévenu n’a pas fait choix d’un
défenseur, le Président en commet un d’office.
Paragraphe 2 : De la constitution de partie civile et de ses effets

Article 409 : - Toute personne qui, conformément à l’article 6, prétend avoir été lésée
par un délit peut, si elle ne l’a déjà fait, se constituer partie civile à l’audience même.

Le ministère d’un Avocat n’est pas obligatoire.

La partie civile peut, à l’appui de sa constitution, demander des dommages et intérêts


correspondant au préjudice qui lui a été causé.

Article 410 : - La déclaration de constitution de partie civile se fait soit avant l’audience
au greffe, soit pendant l’audience par déclaration consignée par le Greffier ou par dépôt
de conclusions.

Article 411 : - Lorsqu’elle est faite avant l’audience, la déclaration de partie civile doit
préciser l’infraction poursuivie et contenir élection de domicile dans le ressort du
Tribunal saisi, à moins que la partie civile n’y soit domiciliée. Elle peut préciser le
montant de la réparation demandée pour le préjudice causé.

Elle est immédiatement transmise, par le Greffier, au Ministère public, qui cite la partie
civile pour l’audience.

La partie civile est également citée pour l’audience dans les cas prévus aux articles
16,17 et 88.

Article 412 : - A l’audience, la déclaration de partie civile doit, à peine d’irrecevabilité,


être faite avant les réquisitions du ministère public sur le fond.

Article 413 : - La personne qui s’est constituée partie civile ne peut plus être entendue
comme témoin.

Article 414 : - Le Tribunal apprécie la recevabilité de la constitution de partie civile et,


s’il échet, déclare cette constitution irrecevable.

L’irrecevabilité peut également être soulevée par le ministère public, le prévenu, le


civilement responsable ou une autre partie civile.

Article 415 : - Le Tribunal peut d’office ou sur demande de la partie civile ou du


ministère public, ordonner des mesures conservatoires sur les biens de l’inculpé.

Article 416 : - La partie civile peut toujours se faire représenter par un Avocat. Dans ce
cas, le jugement est contradictoire à son égard.

Article 417 : - La partie civile régulièrement citée qui ne comparaît pas ou qui n’est pas
représentée à l’audience est considérée comme se désistant de sa constitution de partie
civile.
En ce cas, et si l’action publique n’a été mise en mouvement que par la citation directe
délivrée à la requête de la partie civile, le Tribunal ne statue sur ladite action que s’il en
est requis par le ministère public; sauf au prévenu à demander au Tribunal des
dommages et intérêts pour abus de citation directe, comme il est dit à l’article 74.

Le jugement constatant le désistement présumé de la partie civile lui est signifié par
exploit d’huissier, conformément aux dispositions des articles 544 et suivants.

Ce jugement est assimilé à un jugement par défaut, et l’opposition est soumise aux
dispositions des articles 480 à 488.

Article 418 : - Si l’action publique a été mise en mouvement par le ministère public,
celui-ci peut, en l’absence de la partie civile non représentée, requérir qu’il soit statué
sur la demande de dommages et intérêts formulée par cette dernière en application des
dispositions des articles 88 alinéa 2 et 411 alinéa premier.

Le Tribunal statue par jugement réputé contradictoire.

Le Tribunal correctionnel peut ordonner toutes mesures d’information, notamment toute


expertise de la victime en lui allouant le cas échéant une provision.

Après expertise, le Tribunal correctionnel statue sur l’action civile, une fois établi l’entier
dommage éprouvé par la victime.

Article 419 : - Le désistement de la partie civile ne met pas obstacle à l’action civile
devant la juridiction compétente.

Paragraphe 3 : De l’administration de la preuve

Article 420 : - Hors les cas où la loi en dispose autrement, les infractions peuvent être
établies par tout mode de preuve et le Juge décide d’après son intime conviction.

Le Juge ne peut fonder sa décision que sur des preuves qui lui ont été apportées au
cours des débats et discutées devant lui.

Article 421 : - L’aveu, comme tout élément de preuve, est laissé à la libre appréciation
des Juges.

Article 422 : - Tout procès-verbal ou rapport n’a de valeur probante que s’il est régulier
en la forme, si son auteur a agi dans l’exercice de ses fonctions et a rapporté sur la
matière de sa compétence ce qu’il a vu, entendu ou constaté personnellement.

Article 423 : - Sauf dans les cas où la loi dispose autrement, les procès-verbaux et les
rapports constatant les délits ne valent qu’à titre de simples renseignements.

Article 424 : - Dans le cas où les Officiers de Police Judiciaire, les agents de police
judiciaire ou les fonctionnaires et agents chargés de certaines fonctions de police
judiciaire ont reçu d’une disposition spéciale de la loi le pouvoir de constater les délits
par des procès-verbaux ou des rapports, la preuve contraire ne peut être rapportée que
par écrit ou par témoins.

Article 425 : - La preuve par écrit ne peut résulter de la correspondance échangée


entre le prévenu et son Conseil.

Article 426 : - Les matières donnant lieu à des procès-verbaux faisant foi jusqu’à
inscription de faux sont réglées par des lois spéciales. A défaut de disposition expresse,
la procédure de l’inscription de faux est réglée comme il est dit au Titre II du Livre IV.

Article 427 : - Si le Tribunal estime qu’une expertise est nécessaire, il est procédé
conformément aux articles 162 à 175.

Article 428 : - Les témoins sont cités ainsi qu’il est dit à l’article 544 et suivants.

Article 429 : - Après avoir procédé aux constatations prévues à l’article 398, le
Président ordonne aux témoins de se retirer dans la chambre qui leur est destinée.

Ils n’en sortent que pour déposer. Le Président prend, s’il en est besoin, toutes mesures
utiles pour empêcher les témoins de conférer entre eux avant leur déposition.

Article 430 : - Toute personne citée pour être entendue comme témoin est tenue de
comparaître, de prêter serment et de déposer.

Article 431 : - Le témoin qui ne comparaît pas ou qui refuse, soit de prêter serment,
soit de faire sa déposition, peut être, sur réquisitions du Ministère public, condamné par
le Tribunal à la peine portée à l’article 112 du présent Code.

Article 432 : - Si le témoin ne comparaît pas et s’il n’a pas fait valoir un motif d’excuse
reconnu valable et légitime, le Tribunal peut, sur réquisitions du Ministère public ou
même d’office, ordonner que ce témoin soit immédiatement amené devant lui par la
force publique pour y être entendu, ou renvoyer l’affaire à une prochaine audience.

En ce dernier cas, tous les frais de citation, d’actes, de voyage de témoins et autres,
ayant pour objet de faire juger l’affaire sont, hors le cas d’excuse légitime, à la charge
de ce témoin. Sur les réquisitions du Ministère public, le jugement qui ordonne le renvoi
des débats, le condamne, même par corps, au payement de ces frais.

Article 433 : - Le témoin qui a été condamné à une amende ou aux frais pour non
comparution peut, au plus tard dans les cinq jours de la signification de cette décision
faite à sa personne ou à son domicile, former opposition.

La voie de l’appel ne lui est ouverte que sur le jugement rendu sur opposition.

Article 434 : - Le témoin qui a été condamné pour refus de prêter serment ou de
déposer peut interjeter appel.
Article 435 : - Avant de procéder à l’audition des témoins, le Président interroge le
prévenu et reçoit ses déclarations.

Le Ministère public peut poser directement des questions au prévenu et aux témoins. Le
prévenu, la partie civile ou leurs conseils peuvent poser des questions par l’intermédiaire
du Président.

Article 436 : - Lorsqu’un témoin est sourd-muet ou ne parle pas suffisamment français,
les dispositions des articles 399 et 400 sont applicables.

Article 437 : - Les témoins déposent ensuite séparément.

Parmi les témoins cités, ceux qui sont produits par les parties poursuivantes sont
entendus les premiers, sauf pour le Président à régler lui-même souverainement l’ordre
d’audition des témoins.

Peuvent également, avec l’autorisation du Tribunal, être admises à témoigner les


personnes proposées par les parties qui sont présentes à l’ouverture des débats sans
avoir été régulièrement citées.

Article 438 : - Les témoins doivent, sur la demande du Président, faire connaître leurs
prénoms, nom, âge, profession et domicile, s’ils sont parents ou alliés du prévenu, de la
personne civilement responsable ou de la partie civile et s’ils sont à leur service.

Le cas échéant, le Président leur fait préciser quelles relations ils ont, ou ont eues, avec
le prévenu, la personne civilement responsable, ou la partie civile.

Article 439 : - Avant de commencer leur déposition, les témoins prêtent serment de
dire toute la vérité, rien que la vérité.

Article 440 : - Les enfants au-dessous de l’âge de seize ans sont entendus sans
prestation de serment.

Sont reçues dans les mêmes conditions les dépositions :

1 - Du père, de la mère ou de tout autre ascendant du prévenu ou de l’un des prévenus


présents et impliqués dans la même affaire ;
2 - Du fils, de la fille ou de tout autre descendant, ainsi que des enfants adoptifs du
prévenu et de ceux dont il est le tuteur ;
3 - Des frères et sœurs ;
4 - Des alliés aux mêmes degrés ;
5 - Du mari, ou de la femme ; cette prohibition subsiste même après le divorce.

Article 441 : - Toutefois, les personnes visées à l’article précédent peuvent être
entendues sous serment lorsque ni le Ministère public, ni aucune des parties ne s’y sont
opposés.
Article 442 : - Le témoin qui a prêté serment n’est pas tenu de le renouveler, s’il est
entendu une seconde fois au cours des débats.

Le Président lui rappellera, s’il y a lieu, le serment qu’il a prêté.

Article 443 : - La personne qui, agissant en vertu d’une obligation légale ou de sa


propre initiative, a porté les faits poursuivis à la connaissance de la Justice, est reçue en
témoignage, mais le Président doit en donner avertissement.

Celui dont la dénonciation est récompensée pécuniairement par la loi peut aussi être
entendu en témoignage à moins qu’il n’y ait opposition d’une des parties ou du Ministère
public.

Article 444 : - Les témoins déposent oralement.

Toutefois, ils peuvent, exceptionnellement, s’aider de documents avec l’autorisation du


Président.

Article 445 : - Le Greffier tient note du déroulement des débats et principalement, sous
la direction du Président, des déclarations des témoins ainsi que des réponses du
prévenu.

Les notes d’audience sont signées par le Greffier. Elles sont visées par le Président, au
plus tard dans les trois jours qui suivent chaque audience.

Article 446 : - Après chaque déposition, le Président pose au témoin les questions qu’il
juge nécessaires. Le Ministère public ainsi que les conseils des parties peuvent poser
directement des questions aux témoins après autorisation du Président. La partie
dépourvue de Conseil ne peut poser de questions que par l’intermédiaire du Président.

Le témoin peut se retirer après sa déposition à moins que le Président n’en décide
autrement.

Le Ministère public, ainsi que la partie civile et le prévenu, peuvent demander, et le


Président peut toujours ordonner, qu’un témoin se retire momentanément de la salle
d’audience après sa déposition, pour y être réintroduit et entendu s’il y a lieu après
d’autres dépositions avec ou sans confrontation.

Article 447 : - Au cours des débats, le Président fait s’il est nécessaire représenter au
prévenu ou aux témoins les pièces à conviction et reçoit leurs observations.

Article 448 : - Le Tribunal soit d’office, soit à la demande du Ministère public, de la


partie civile ou du prévenu, peut ordonner tous transports utiles en vue de la
manifestation de la vérité.

Les parties et leurs Conseils sont appelés à y assister. Il est dressé procès-verbal de ces
opérations.
Article 449 : - Si, d’après les débats, la déposition d’un témoin paraît fausse, le
Président soit d’office, soit à la requête du Ministère public ou de l’une des parties, fait
consigner aux notes d’audience les dires précis du témoin.

Il peut enjoindre spécialement à ce témoin de demeurer à la disposition du Tribunal, qui


l’entendra à nouveau, s’il y a lieu.

Si le jugement doit être rendu le jour même, le Président peut également faire garder ce
témoin par la force publique dans ou hors la salle d’audience. Ce témoin est jugé
audience tenante après lecture du jugement sur le fond.
Il est obligatoirement assisté d’un Conseil, au besoin désigné d’office par le Président.

Il peut être condamné à une peine d’emprisonnement d’un mois à un an et être en


outre déchu des droits énumérés à l’article 37 du Code pénal pendant trois ans au plus.

Article 450 : - Le jugement est exécuté sur-le-champ nonobstant toute voie de recours
et l’affichage peut en être ordonné en tous lieux utiles aux frais du condamné.

Paragraphe 4 : De la discussion par les parties

Article 451 : - Le Procureur de la République prend, au nom de la loi, les réquisitions


tant écrites qu’orales qu’il croit convenables au bien de la Justice.

Dans le cas où des réquisitions écrites sont prises, mention en est faite dans les notes
tenues par le Greffier et le Tribunal est tenu d’y répondre.

Article 452 : - Le prévenu, les autres parties et leurs conseils, peuvent déposer des
conclusions.

Ces conclusions sont visées par le Président et le Greffier; ce dernier mentionne ce


dépôt en ses notes d’audience.

Le Tribunal qui est tenu de répondre aux conclusions ainsi régulièrement déposées doit
joindre au fond les incidents et exceptions dont il est saisi, et y statuer par un seul et
même jugement en se prononçant en premier lieu sur l’exception et ensuite sur le fond.

.Il ne peut en être autrement qu’au cas d’impossibilité absolue, ou encore lorsqu’une
décision immédiate sur l’incident ou sur l’exception est commandée par une disposition
qui touche à l’ordre public.

Article 453 : - L’instruction à l’audience terminée, la partie civile est entendue en sa


demande, le Ministère public prend ses réquisitions, la personne civilement responsable
s’il y a lieu et le prévenu présentent leur défense.

La partie civile et le Ministère public peuvent répliquer. Le prévenu ou son Conseil aura
toujours la parole le dernier.
Article 454 : - Si les débats ne peuvent être terminés au cours de la même audience,
le Tribunal fixe le jour où ils seront continués et mention doit être faite aux notes
d’audience.

Les parties et les témoins non entendus, ou ceux qui ont été invités à rester à la
disposition du Tribunal, sont tenus de comparaître, sans aucune citation, à l’audience
de renvoi.

SECTION V : DU JUGEMENT

Article 455 : - Le jugement est rendu soit à l’audience même à laquelle ont eu lieu les
débats, soit à une date ultérieure.

Dans ce dernier cas, le Président informe les parties présentes du jour où le jugement
sera prononcé.

Article 456 : - S’il y a lieu de procéder à un supplément d’information, le Tribunal


commet par jugement un de ses membres qui dispose des pouvoirs prévus aux
articles 157 à 161.

Ce supplément d’information obéit aux règles édictées par les articles 120 à 124.

Le Procureur de la République peut obtenir, au besoin par voie de réquisitions, la


communication du dossier de la procédure à toute époque du supplément
d’information, à charge de rendre les pièces dans les vingt-quatre heures.

Les pièces de la procédure du supplément d’information sont mises à la disposition des


conseils des parties 24 heures, au plus tard, avant l’audience.

Article 457 : - Si le Tribunal estime que le fait constitue un délit, il prononce la peine.

Il statue par le même jugement sur l’action civile, s’il y a lieu et peut ordonner le
versement provisoire de tout ou partie des dommages et intérêts alloués.

Il a aussi la faculté, s’il ne peut se prononcer en l’état sur la demande en dommages et


intérêts, d’accorder à la partie civile une provision exécutoire nonobstant opposition ou
appel.

Il statue également s’il y a lieu sur la validation des mesures conservatoires prises.

Les intérêts de droit, prennent effet à compter du prononcé du jugement.

Article 458 : - Dans le cas visé à l’article 457, premier alinéa, s’il s’agit d’un délit de
droit commun et si la peine prononcée est au moins de six mois d’emprisonnement, le
Tribunal peut, par décision spéciale et motivée, décerner mandat de dépôt ou d’arrêt
contre le prévenu.
Le mandat d’arrêt continue à produire son effet, même si le tribunal, sur opposition, ou
la Cour, sur appel, réduit la peine à moins de six mois d’emprisonnement.

Le mandat de dépôt décerné par le Tribunal produit également effet lorsque, sur appel,
la Cour réduit la peine d’emprisonnement à moins de six mois.

Toutefois, le Tribunal, sur opposition, ou la Cour sur appel, a la faculté, par décision
spéciale et motivée, de donner mainlevée de ces mandats. En toutes circonstances, les
mandats décernés dans les cas susvisés continuent à produire leur effet, nonobstant le
pourvoi en cassation.

En cas d’opposition au jugement dans les conditions prévues par les articles 482 et
suivants, l’affaire doit venir devant le tribunal à la première audience ou au plus tard
dans la huitaine du jour de l’opposition, faute de quoi le prévenu doit être mis en liberté
d’office.

S’il y a lieu à remise, le Tribunal doit statuer d’office par une décision motivée sur le
maintien ou la main - levée du mandat, le Ministère public entendu. Le tout sans
préjudice de la faculté pour le prévenu de former une demande de mise en liberté
provisoire dans les conditions prévues par les articles 148 et 149.

Article 459 : - Si le Tribunal régulièrement saisi d’un fait qualifié délit par la loi, estime,
au résultat des débats que ce fait ne constitue qu’une contravention, il prononce la
peine et statue, s’il y a lieu sur l’action civile.

Article 460 : - Si le fait est une contravention connexe à un délit, le Tribunal statue
par un seul et même jugement, à charge d’appel sur le tout.

Article 461 : - Si le prévenu bénéficie d’une excuse absolutoire, le Tribunal prononce


son absolution et statue, s’il y a lieu, sur l’action civile, ainsi qu’il est dit à l’article 457
alinéas 2 et 3.

Article 462 : - Si le fait déféré au Tribunal correctionnel sous la qualification de délit est
de nature à entraîner une peine criminelle, le Tribunal renvoie le Ministère public à se
pourvoir ainsi qu’il avisera.

Il peut, le Ministère public entendu, décerner, par la même décision, mandat de dépôt
ou d’arrêt contre le prévenu.

Article 463 : - Si le Tribunal estime que le fait poursuivi ne constitue aucune infraction
à la loi pénale ou que le fait n’est pas établi ou qu’il n’est pas imputable au prévenu, il
renvoie celui-ci des fins de la poursuite.

La partie civile, dans le cas de relaxe, peut demander réparation du dommage résultant
de la faute du prévenu, telle qu’elle découle des faits qui sont l’objet de la prévention.
Article 464 : - Est, nonobstant appel, mis en liberté, immédiatement après le
jugement, le prévenu détenu qui a été relaxé ou absous, ou condamné soit à
l’emprisonnement avec sursis, soit à l’amende.

Il en est de même du prévenu détenu condamné à une peine d’emprisonnement


aussitôt que la durée de la détention aura atteint celle de la peine prononcée.

Article 465 : - Dans le cas prévu par l’article 463, lorsque la partie civile a elle-même
mis en mouvement l’action publique, le tribunal statue par le même jugement sur la
demande en dommages et intérêts formée par la personne relaxée contre la partie civile
pour abus de constitution de partie civile.

Article 466 : - Tout jugement de condamnation rendu contre le prévenu et


éventuellement contre la partie civilement responsable ou l’assureur, les condamne aux
frais et dépens envers l’Etat. Il se prononce à l’égard du prévenu sur la durée de la
contrainte par corps.

Il en est de même au cas de transactions ayant éteint l’action publique, conformément à


l’article 2 et au cas d’absolution, sauf si le Tribunal, par décision spéciale et motivée,
décharge le prévenu et la personne civilement responsable de tout ou partie des frais.

La partie civile dont l’action a été déclarée recevable n’est pas tenue des frais dès lors
que l’individu contre lequel elle s’est constituée a été reconnu coupable d’une infraction.

Article 467 : - En cas de relaxe, le prévenu ne peut être condamné aux frais du procès.

Toutefois, si le prévenu est relaxé à raison de son état de démence au moment des
faits, le Tribunal peut mettre à sa charge tout ou partie des dépens.

Article 468 : - La partie civile qui succombe est tenue des frais. Il en est de même
dans le cas visé par l’article 422.

Le Tribunal peut, toutefois, par décision spéciale et motivée, l’en décharger en tout ou
en partie.

Article 469 : - Dans le cas où la condamnation n’intervient pas pour toutes les
infractions qui ont fait l’objet de la poursuite ou n’intervient qu’à raison d’infractions qui
ont fait l’objet d’une disqualification soit au cours de l’instruction, soit au moment du
prononcé du jugement, comme aussi dans le cas de mise hors de cause de certains
prévenus, le Tribunal peut, par une disposition motivée, décharger le condamné de la
part des frais de justice qui ne résulte pas directement de l’infraction ayant entraîné la
condamnation au fond. Le Tribunal fixe lui-même le montant des frais dont est alors
déchargé le condamné, ces frais étant laissés, selon les circonstances, à la charge du
trésor ou de la partie civile.

Article 470 : - Les frais et dépens sont liquidés par le jugement. A défaut de décision
sur l’application des articles 466 et suivants ou en cas de difficultés d’exécution portant
sur la condamnation aux frais et dépens, la juridiction qui a statué au fond peut être
saisie par tout intéressé, conformément aux règles établies en matière d’incidents
d’exécution et compléter son jugement sur ce point.

Article 471 : - Le prévenu, la partie civile ou la personne civilement responsable peut


réclamer au tribunal saisi de la poursuite la restitution des objets placés sous main de
Justice.

Le Tribunal peut ordonner d’office cette restitution.

Article 472 : - Toute personne autre que le prévenu, la partie civile ou la personne
civilement responsable qui prétend avoir droit sur des objets placés sous main de
justice, peut également en réclamer la restitution au Tribunal saisi de la poursuite.

Seuls les procès-verbaux relatifs à la saisie des objets peuvent lui être communiqués.

Le Tribunal statue par jugement séparé, les parties entendues.

Article 473 : - Si le Tribunal accorde la restitution, il peut prendre toutes mesures


conservatoires pour assurer jusqu’à la décision définitive sur le fond la représentation
des objets restitués.

Article 474 : - Si le Tribunal estime que les objets placés sous main de Justice sont
utiles à la manifestation de la vérité ou susceptibles de confiscation, il sursoit jusqu’à sa
décision sur le fond.

Dans ce cas, le jugement n’est susceptible d’aucun recours.

Article 475 : - Le jugement qui rejette une demande de restitution est susceptible
d’appel de la part de la personne qui a formé cette demande.

Le jugement qui accorde la restitution est susceptible d’appel de la part du Ministère


public et de la part du prévenu, de la personne civilement responsable, ou de la partie
civile à qui cette décision ferait grief.

La Cour ne peut être saisie qu’après que le Tribunal a statué au fond.

Article 476 : - Le Tribunal qui a connu de l’affaire demeure compétent pour ordonner
la restitution des objets placés sous main de Justice, si aucune voie de recours n’a été
exercée contre le jugement sur le fond.

Il statue sur requête de toute personne qui prétend avoir droit sur l’objet ou à la
demande du ministère public.

Sa décision peut être déférée à la Cour d’Appel, conformément aux dispositions de


l’article 475.
Article 477 : - Lorsque la Cour d’Appel est saisie du fond de l’affaire, elle est
compétente pour statuer sur les restitutions dans les conditions prévues par les articles
471. à 474.

Elle demeure compétente, même après décision définitive sur le fond, pour ordonner la
restitution dans les conditions prévues aux alinéas 1 et 2 de l’article 476.

Article 478 : - Tout jugement doit contenir des motifs et un dispositif. Les motifs
constituent la base de la décision.

Le dispositif énonce les infractions dont les personnes citées sont déclarées coupables
ou responsables, ainsi que la peine, les textes de loi appliqués, et les condamnations
civiles.

Il est donné lecture du jugement par le Président.

Article 479 : - La minute du jugement est datée et mentionne le nom du Magistrat qui
l’a rendue; la présence du Ministère public à l’audience doit y être constatée, le cas
échéant.

Après avoir été signée par le Président et le Greffier, la minute est déposée au greffe du
Tribunal dans les trois jours au plus tard du prononcé du jugement.

Ce dépôt est mentionné sur le registre spécialement tenu au Greffe à cet effet.

En cas d’empêchement du Président, mention en est faite sur la minute qui est signée
par celui des Juges qui donne lecture du jugement.

SECTION VI : DU JUGEMENT PAR DEFAUT ET DE L’OPPOSITION

Paragraphe 1 : Du défaut

Article 480 : - Sauf les cas prévus par les articles 402, 406, 407 et 416, toute personne
irrégulièrement citée qui ne comparaît pas au jour et à l’heure fixés par la citation, est
jugée par défaut, ainsi qu’il est dit à l’article 404.

Article 481 : - Le Jugement prononcé par défaut est signifié par exploit d’huissier,
conformément aux dispositions des articles 548 et suivants.

Paragraphe 2 : De l’opposition

Article 482 : - Le jugement par défaut est non avenu dans toutes ses dispositions, si le
prévenu forme opposition à son exécution.

Il peut toutefois limiter cette opposition aux dispositions civiles du jugement.


Article 483 : - L’opposition est notifiée par tous moyens, au Ministère public, à charge
par lui d’en aviser, par lettre recommandée avec demande d’avis de réception, la partie
civile.

Dans le cas où l’opposition est limitée aux dispositions civiles du jugement, le prévenu
doit adresser la notification directement à la partie civile.

Article 484 : - Si la signification du jugement a été faite à la personne du prévenu,


l’opposition doit être formée dans les délais ci après, qui courent à compter de cette
signification: dix jours si le prévenu réside sur le Territoire de la République; un mois
dans les autres cas.

Article 485 : - Si la signification du jugement n’a pas été faite à la personne du


prévenu, l’opposition doit être formée dans les délais ci-après, qui courent à compter de
la signification du jugement faite à domicile, à Mairie ou à Parquet: dix jours si le
prévenu réside en Guinée; un mois dans les autres cas.

Toutefois, s’il s’agit d’un jugement de condamnation, et s’il ne résulte pas, soit de l’avis
constatant remise de la lettre recommandée prévue aux articles 551 et 552, soit d’un
acte d’exécution quelconque, ou de l’avis donné conformément à l’article 552, que le
prévenu a eu connaissance de la signification, l’opposition tant en ce qui concerne les
intérêts civils que la condamnation pénale reste recevable jusqu’à l’expiration des délais
de prescription de la peine.

Dans les cas visés à l’alinéa précédent, le délai d’opposition court à compter du jour où
le prévenu a eu cette connaissance.

Article 486 : - La personne civilement responsable, l’assureur et la partie civile peuvent


former opposition à tout jugement par défaut rendu à leur encontre, dans les délais
fixés à l’article 484 lesquels courent à compter de la signification du jugement, quel
qu’en soit le mode.

Paragraphe 3 : De l’itératif défaut

Article 487 : - L’opposition est non avenue si l’opposant ne comparaît pas à la date qui
lui est fixée soit par la notification à lui faite verbalement et constatée par procès-verbal
au moment où l’opposition a été formée, soit par une nouvelle citation, délivrée à
l’intéressé, conformément aux articles 544 et suivants.

Article 488 : - Dans tous les cas, les frais de la signification du jugement par défaut et
de l’opposition peuvent être laissés à la charge de la partie opposante.
CHAPITRE II : DE LA COUR D’APPEL EN MATIERE CORRECTIONNELLE

SECTION I : DE L’EXERCICE DU DROIT D’APPEL

Article 489 : - Les jugements rendus en matière correctionnelle peuvent être attaqués
par la voie d’appel.

Article 490 : - Toutefois, l’appel contre les jugements préparatoires ou interlocutoires,


statuant sur des incidents et exceptions, ne sera reçu, même contre les jugements
rendus sur la compétence, qu’après le jugement sur le fond et en même temps que
l’appel contre ledit jugement.

Le Greffier du Tribunal dressera procès-verbal du refus qu’il oppose à la transcription de


la déclaration d’appel, dans tous les cas où la loi prescrit que l’appel ne sera pas reçu.

Les parties sont admises à en appeler, par simple requête, dans les vingt-quatre heures,
devant le Président du Tribunal, du refus du Greffier, lequel sera tenu de recevoir l’appel
si l’injonction lui en est faite par ce Magistrat.

Dans tous les cas, la partie qui aura manifesté sa volonté d’appeler d’un jugement dans
les délais légaux conservera le droit de renouveler son appel après la décision sur le
fond.

Article 491 : - L’appel est porté à la Cour d’Appel.

Article 492 : - La faculté d’appeler appartient :

1 - Au prévenu ;
2 - A la personne civilement responsable ;
3 - A la partie civile quant à ses intérêts civils seulement ;
4 - Au Procureur de la République ;
5 - Aux administrations publiques, dans les cas où celles-ci exercent l’action publique ;
6 - Au Procureur Général près la Cour d’Appel ;
7 - A l’assureur.

Article 493 : - Sauf dans le cas prévu à l’article 501, l’appel est interjeté dans le délai
de 15 jours, à compter du prononcé du jugement contradictoire.

Toutefois, le délai d’appel ne court qu’à compter de la signification du jugement, quel


qu’en soit le mode.

Article 494 : - Toutefois, l’appel par le Procureur de la République des jugements


rendus par les Justices de paix est recevable dans le délai d’un mois à compter du
prononcé.

Article 495 : - Si le jugement est rendu par défaut ou par itératif défaut, le délai
d’appel ne court qu’à compter de la signification du jugement, à personne ou à domicile.
Article 496 : - En cas d’appel d’une des parties pendant les délais ci-dessus, les autres
parties ont un délai supplémentaire de huit jours pour interjeter appel.

Article 497 : - Lorsque le Tribunal statue sur une demande de mise en liberté
provisoire en conformité des articles 148 et 149, l’appel doit être formé dans un délai de
vingt-quatre heures.

Le prévenu détenu est maintenu en prison jusqu’à ce qu’il ait été statué sur l’appel du
Procureur de la République, et dans tous les cas jusqu’à l’expiration du délai de cet
appel.

Article 498 : - L’appel a lieu, soit par déclaration au Greffe de la juridiction qui a
statué, dans les délais ci-dessus, soit par lettre recommandée avec accusé de réception
ou télégramme adressé au Greffier de cette Juridiction. Le Greffier, sur le registre des
appels, dresse procès-verbal de réception de la lettre ou du télégramme d’appel. La date
d’envoi portée sur le cachet de la poste est considérée comme date d’appel.

La partie qui a interjeté appel par lettre ou par télégramme doit ensuite dans le même
temps régulariser son appel au Greffe de la juridiction répressive la plus proche. Le
Greffier qui a dressé l’acte le transmet sans délai au Greffe de la juridiction qui a statué.

En ce qui concerne les jugements rendus par les Juges de paix, le Procureur fait sa
déclaration au Greffe de son Tribunal qui en transmet expédition sans délai au Greffe de
la juridiction qui a statué.

En cas d’appel au siège de la juridiction qui a statué, la déclaration d’appel doit être
signée par le Greffier et par l’appelant lui-même, ou par un Avocat ou par un fondé de
pouvoir spécial; dans ce dernier cas, le pouvoir est annexé à l’acte dressé par le Greffier.
Si l’appelant ne peut signer, il en sera fait mention par le Greffier.

La déclaration est inscrite sur un registre public à ce destiné et toute personne a le droit
de s’en faire délivrer une copie.

Article 499 : - Lorsque l’appelant est détenu, il peut également faire connaître sa
volonté d’interjeter appel par une lettre qu’il remet au surveillant chef de la maison
d’arrêt; ce dernier lui en délivre récépissé.

Le Surveillant chef certifie sur cette lettre même que celle-ci lui a été remise par
l’intéressé et il précise la date de la remise.

Ce document est transmis immédiatement au Greffe de la juridiction qui a rendu la


décision attaquée; il est transcrit sur le registre prévu par l’article 498 alinéa 5 et est
annexé à l’acte dressé par le Greffier.

Article 500 : - Une requête contenant les moyens d’appel peut être remise dans les
délais prévus par la déclaration d’appel au Greffe de la juridiction, elle est signée de
l’appelant ou d’un Avocat inscrit au Barreau.
La requête ainsi que les pièces de la procédure sont envoyées par le Procureur de la
République au Parquet de la Cour dans le plus bref délai.

Article 501 : - Le Procureur Général forme son appel par déclaration au greffe de la
Cour d’Appel dans le délai de deux mois à compter du jour du prononcé du jugement.

Le Greffe de la Cour transmet sans délai au Greffe de la juridiction qui a statué, une
expédition de la déclaration d’appel.

Article 502 : - Pendant les délais d’appel, à l’exception du délai prévu à l’article
précédent, et durant l’instance d’appel, il est sursis à l’exécution du jugement, sous
réserve des dispositions des articles 458 al. 2 et 3 et 464.

Article 503 : - L’affaire est dévolue à la Cour d’Appel dans la limite fixée par l’acte
d’appel et par la qualité de l’appelant ainsi qu’il est dit à l’article 509.

La Cour doit statuer dans les trois mois de la déclaration d’appel.

SECTION II : DE LA COMPOSITION DE LA CHAMBRE DES APPELS


CORRECTIONNELS

Article 504 : - La Chambre des appels correctionnels est composée d’un Président de
Chambre et de deux Conseillers.

Les fonctions du Ministère public sont exercées par le Procureur Général ou par un de
ses Avocats Généraux ou de ses substituts, celles du Greffe par un Greffier de la Cour
d’Appel.

Article 505 : - Le calendrier des audiences correctionnelles est déterminé à la fin de


chaque année judiciaire, pour l’année suivante, par délibération de l’Assemblée Générale
de la Cour d’Appel.

Il peut être modifié dans les mêmes conditions en cours d’année, suivant les nécessités.

SECTION III : DE LA PROCEDURE DEVANT LA CHAMBRE DES APPELS


CORRECTIONNELS

Article 506 : - Les règles édictées pour le Tribunal correctionnel sont applicables
devant la Cour d’Appel sous réserve des dispositions suivantes.

Article 507 : - L’appel est jugé à l’audience sur le rapport oral d’un Conseiller; le
prévenu est interrogé.

Les témoins ne sont entendus que si la Cour a ordonné leur audition.

Les parties en cause ont la parole dans l’ordre suivant : d’abord les parties appelantes,
puis les parties intimées, s’il y a plusieurs parties appelantes ou intimées, elles sont
entendues dans l’ordre fixé par le Président.
Le prévenu ou son Conseil ont toujours la parole les derniers.

Article 508 : - Si la Cour estime que l’appel est tardif ou irrégulièrement formé, elle le
déclare irrecevable.

Si elle estime que l’appel, bien que recevable n’est pas fondé, elle confirme le jugement
attaqué.

Dans les deux cas, elle condamne l’appelant aux dépens, à moins que l’appel n’émane
du Ministère public, les dépens étant alors laissés à la charge du Trésor.

Article 509 : - La Cour peut, sur l’appel du Ministère public, soit confirmer le jugement,
soit l’infirmer en tout ou en partie dans un sens favorable ou défavorable au prévenu.
La Cour ne peut, sur le seul appel du prévenu ou civilement responsable, aggraver le
sort de l’appelant.

Elle ne peut, sur le seul appel de la partie civile, modifier le jugement dans un sens
défavorable à celle-ci.

La partie civile ne peut, en cause d’appel, former aucune demande nouvelle; toutefois,
elle peut demander une augmentation des dommages et intérêts pour le préjudice
souffert depuis la décision de première Instance.

Article 510 : - Si le jugement est reformé parce que la Cour estime qu’il n’y a ni crime,
ni délit, ni contravention, ou que le fait n’est pas établi ou qu’il n’est pas imputable au
prévenu, elle renvoie celui-ci des fins de la poursuite.

Dans ce cas, si le prévenu acquitté demande des dommages et intérêts, dans les
conditions prévues à l’article 465, il porte directement sa demande devant la Cour
d’Appel.

Article 511 : - Si le jugement est reformé parce que la Cour estime que le prévenu
bénéficie d’une excuse absolutoire, elle se conforme aux dispositions de l’article 461.

Article 512 : - Si le jugement est annulé parce que la Cour estime que le fait ne
constitue qu’une contravention, elle prononce la peine et statue, s’il y a lieu, sur l’action
civile.

Article 513 : - Si le jugement est annulé parce que la Cour estime que le fait est de
nature à entraîner une peine criminelle, la Cour se déclare incompétente. Elle renvoie le
Ministère public à se pourvoir ainsi qu’il avisera.

Elle peut, le Ministère public entendu, décerner par la même décision, mandat de dépôt
ou d’arrêt contre le prévenu.

Article 514 : - Si le jugement est annulé pour violation ou omission non réparée de
formes prescrites par la loi à peine de nullité, la Cour évoque et statue sur le fond.
TITRE III : DU JUGEMENT DES CONTRAVENTIONS

CHAPITRE PREMIER : DE LA COMPETENCE DU TRIBUNAL DE SIMPLE POLICE

Article 515 : - Le Tribunal de simple police connaît des contraventions.

Sont des contraventions, les infractions que la loi punit d’une peine d’un mois
d’emprisonnement au plus et de 20.000 francs guinéens d’amende au plus ou de l’une
de ces deux peines seulement, qu’il y ait ou non-confiscation des choses saisies et quelle
qu’en soit la valeur.

Sont également considérées comme contraventions les infractions pour lesquelles la loi
donne expressément compétence au Tribunal de simple police quelle que soit la peine
encourue.

Article 516 : - La connaissance des contraventions est attribuée exclusivement au


Tribunal de Simple Police du ressort duquel elles ont été commises.

Les articles 376 à 380 sont applicables au jugement des infractions de la compétence du
Tribunal de simple police.

Article 517 : - Le Tribunal de simple police est constitué par un Juge assisté d’un
Greffier.

CHAPITRE II : DE L’AMENDE DE COMPOSITION

Article 518 : - Avant toute citation devant le Tribunal de simple police, le juge dudit
Tribunal saisi d’un procès-verbal constatant une contravention, peut faire informer le
contrevenant de la faculté qu’il a de verser, à titre d’amende de composition, une
somme qui est fixée par le Juge conformément au mode de calcul déterminé par Arrêté.

Article 519 : - Si le contrevenant verse le montant de l’amende de composition dans


les conditions et délais prévus par cet Arrêté, l’action publique est éteinte.

Le paiement de l’amende implique la reconnaissance de l’infraction.

Article 520 : - La décision déterminant le montant de l’amende de composition n’est


susceptible d’aucun recours de la part du contrevenant.

Article 521 : - Dans le cas où l’amende de composition n’a pas été payée dans le délai
imparti, le Tribunal de simple police procède et statue conformément aux dispositions
des articles 525 et suivants.
Article 522 : - Les dispositions des articles 518 à 521 ne sont pas applicables dans les
cas suivants :

1 - Si la contravention constatée expose son auteur, soit à une autre sanction qu’une
sanction pécuniaire estimée insuffisante par le Juge, soit à la réparation de dommages
causés aux personnes ou aux biens ;
2 - S’il y a eu information judiciaire;
3 Si le même procès-verbal constate à la charge d’un seul individu plus de deux
contraventions ;
4 - Si la contravention se cumule avec un délit ou un crime ;
5 - Si la contravention est prévue et réprimée par un texte excluant la procédure de
l’amende de composition.

Article 523 : - Dans les matières spécialement prévues par la loi, les contraventions
peuvent donner lieu au paiement d’une amende de forfaitaire entre les mains de l’agent
verbalisateur.

Article 524 : - En cas de défaut de paiement de l’amende forfaitaire, il est procédé


conformément aux dispositions des articles 518 et suivants.

CHAPITRE III : DE LA SAISINE DU TRIBUNAL DE SIMPLE POLICE

Article 525 : - Le Tribunal de simple police est saisi des infractions de sa compétence
soit par le renvoi qui lui en est fait par la juridiction d’instruction, soit par la comparution
volontaire des parties, soit par la citation délivrée directement au prévenu et à la
personne civilement responsable de l’infraction.

Article 526 : - L’avertissement dispense de citation s’il est suivi de la comparution


volontaire de la personne à laquelle il est adressé.

Il indique l’infraction poursuivie et vise le texte de loi qui la réprime.

Article 527 : - Les articles 383 à 385 sont applicables à la procédure devant le Tribunal
de simple police.

CHAPITREIV : DE L’INSTRUCTION DEFINITIVE DEVANT


LE TRIBUNAL DE SIMPLE POLICE

Article 528 : - Avant le jour de l’audience, le Président peut, sur la requête du


ministère public ou de la partie civile, estimer ou faire estimer les dommages, dresser ou
faire dresser les procès-verbaux, faire ou ordonner tous actes requérant célérité,
notamment en ce qui concerne les mesures conservatoires prévues à l’article 100.

Article 529 : - Les dispositions des articles 394 à 400 sont applicables à la procédure
devant le Tribunal de simple police.
Toutefois, les sanctions prévues par l’article 396, alinéa 2, ne peuvent être prononcées
que par le Tribunal correctionnel, saisi par le Ministère public, au vu du procès-verbal
dressé par le Président du Tribunal de simple police relatant l’incident.

Article 530 : - Sont également applicables les règles édictées par les articles 409 à 419
concernant la constitution de partie civile; par les articles 420 à 449 relatifs à
l’administration de la preuve, sous réserve de ce qui est dit à l’article 531; par les
articles 458 à 461 concernant la discussion par les parties; par l’article 462 relatif au
jugement.

Article 531 : - Les contraventions sont prouvées par les procès-verbaux ou rapports, et
par témoins.

Sauf dans les cas où la loi dispose autrement, les procès-verbaux ou rapports établis par
les Officiers et Agents de Police Judiciaire, ou les fonctionnaires ou agents chargés de
certaines fonctions de police judiciaire auxquels la loi a attribué le pouvoir de constater
les contraventions, font foi jusqu’à preuve contraire.

La preuve contraire ne peut être rapportée que par écrit ou par témoins.

Article 532 : - S’il y a lieu à supplément d’information, il y est procédé par le Juge du
Tribunal de Police, conformément aux articles 120 à 124.

Les dispositions de l’article 456 alinéas 3 et 4 sont applicables.

Article 533 : Si le Tribunal de simple police estime que le fait constitue une
contravention, il prononce la peine.

Il statue s’il y a lieu sur l’action civile, conformément aux dispositions de l’article 457.

Article 534 : - Si le Tribunal de simple police estime que le fait constitue un crime ou
un délit, il se déclare incompétent. Il renvoie le ministère public à se pourvoir ainsi qu’il
avisera.

Article 535 : - Si le Tribunal de simple police estime que le fait ne constitue aucune
infraction à la loi pénale, ou que le fait n’est pas établi, ou qu’il n’est pas imputable au
prévenu, il prononce la relaxe de celui-ci.

La partie civile, dans le cas de relaxe, peut demander réparation du dommage résultant
de la faute du prévenu telle qu’elle découle des faits qui sont l’objet de la prévention.

Article 536 : - Si le prévenu bénéficie d’une excuse absolutoire, le Tribunal de simple


police prononce son absolution et statue s’il y a lieu sur l’action civile ainsi qu’il est dit à
l’article 533.

Article 537 : - Sont applicables à la procédure devant le Tribunal de simple police les
articles 466 à 479 concernant les frais de Justice et dépens, la restitution des objets
placés sous main de justice et la forme des jugements.
CHAPITRE V : DU JUGEMENT PAR DEFAUT ET DE L’OPPOSITION

Article 538 : - Sont applicables devant le Tribunal de simple police, les dispositions des
articles 490, 404, 405 et 406 relatives à la comparution et à la représentation du
prévenu et de la personne civilement responsable.

Toutefois, lorsque la contravention poursuivie n’est passible que d’une peine d’amende,
le prévenu peut se faire représenter par un avocat ou par un fondé de procuration
spéciale.

Article 539 : - Sont également applicables les dispositions des articles 480 et 481,
relatives aux Jugements par défaut, et 482 à 488 relatives à l’opposition.

CHAPITRE VI : DE L’APPEL DES JUGEMENTS DE SIMPLE POLICE

Article 540 : - La faculté d’appeler appartient au prévenu et à la personne civilement


responsable, lorsque le jugement prononce une peine d’emprisonnement ou une peine
d’amende supérieure à 5.000 francs guinéens.

Lorsque les dommages et intérêts ont été alloués, la faculté d’appeler appartient
également au prévenu et à la personne civilement responsable.

Cette faculté appartient dans tous les cas à la partie civile quant à ses intérêts civils
seulement.

Dans les affaires poursuivies à la requête de l’Administration des Eaux et Forêts, l’appel
est toujours possible de la part de toutes les parties quelle que soient la nature et
l’importance des condamnations.

Le Procureur Général et le Procureur de la République peuvent faire appel de tous les


jugements rendus en matière de simple police.

Article 541 : - L’appel des jugements de simple police est porté à la Cour d’Appel.

Cet appel est interjeté dans les délais prévus par les articles 493 à 495.

L’appel est suivi et jugé dans la même forme que les appels des jugements
correctionnels.

Les articles 498 à 500, alinéas 1 et 2 sont applicables à l’appel des jugements de simple
police.

Article 542 : - Le Procureur Général forme son appel dans les formes et conditions
prévues par l’article 501.

Article 543 : - Les dispositions des articles 502, 503, 504 à 514 sont applicables aux
jugements rendus par les Tribunaux de simple police.
La Cour d’Appel, saisie de l’appel d’un jugement d’incompétence du Tribunal de simple
police, si elle constate que le fait poursuivi constitue un délit, prononce la peine et
statue, s’il y a lieu, sur les dommages et intérêts.

TITRE IV : DES CITATIONS ET SIGNIFICATIONS

Article 544 : - Les citations et significations, sauf disposition contraire des lois et
règlements sont faites par exploit d’Huissier de Justice.

Les notifications sont faites par voie administrative.

L’Huissier ne peut instrumenter pour lui-même, pour son conjoint, pour ses parents et
alliés et ceux de son conjoint en ligne directe à l’infini, ni pour ses parents et alliés
collatéraux, jusqu’au degré de cousin issu de germain inclusivement.

Article 545 : - La citation est délivrée à la requête du Procureur Général, du Procureur


de la République, du Juge de paix, de la partie civile et de toute Administration qui y est
légalement habilitée.

La citation énonce le fait poursuivi et vise le texte de loi qui le réprime.

Elle indique le Tribunal saisi, le lieu, l’heure et la date de l’audience et précise la qualité
de prévenu, de civilement responsable, ou de témoin de la personne citée.

Si elle est délivrée à la requête de la partie civile, elle mentionne les nom, prénoms,
profession et domicile réel ou élu de celle-ci.

La citation délivrée à un témoin doit en outre mentionner que la non comparution, le


refus de témoigner et le faux témoignage sont punis par la loi.

Article 546 : - Le délai entre le jour où la citation est délivrée et le jour fixé pour la
comparution devant le Tribunal correctionnel ou de simple police est d’au moins :

- Cinq jours si la partie citée réside au siège du Tribunal ou de la Justice de paix ;


- Huit jours si elle réside dans le ressort du Tribunal ou de la Justice de paix ;
- Dix jours si elle réside dans un ressort limitrophe ;
- Vingt jours si elle réside dans un autre ressort du Territoire de la République de
Guinée ;
- Trois mois dans tous les autres cas.

Article 547 : - Si les délais prescrits à l’article précédent n’ont pas été observés, les
règles suivantes sont applicables :

1 - Dans le cas où la partie citée ne se présente pas, la citation doit être déclarée nulle
par le Tribunal ;
2 - Dans le cas où la partie citée se présente, la citation n’est pas nulle mais le Tribunal
doit, sur la demande de la partie citée, ordonner le renvoi à une audience ultérieure.

Cette demande doit être présentée avant toute défense au fond, ainsi qu’il est dit à
l’article 378.

Article 548 : - La signification des décisions, dans les cas où elle est nécessaire, est
effectuée à la requête du Procureur Général, du Procureur de la République, du Juge de
paix ou de la partie civile.

L’exploit contient la date, les nom, prénoms et adresse de l’Huissier, ainsi que les nom,
prénoms et adresse du destinataire.

La personne qui reçoit copie de l’exploit doit signer l’original; si elle ne veut ou ne peut
signer, mention en est faite par l’Huissier.

Article 549 : - Lorsque l’Huissier trouve, au domicile indiqué dans l’exploit, la personne
concernée, il lui en remet une copie.

Article 550 : - Si cette personne est absente de son domicile, l’Huissier interpelle la
personne présente audit domicile, sur ses nom, prénoms et qualités, ainsi que sur la
durée de l’absence de l’intéressé et sur l’adresse à laquelle celui-ci peut être trouvé.

Si cette adresse est comprise dans un lieu pour lequel l’Huissier a compétence, il se
transporte à cette adresse et remet la copie de l’exploit à la personne, ainsi qu’il est dit à
l’article 549.

Article 551 : - Si l’adresse à laquelle l’intéressé peut se trouver est située dans un lieu
hors de la compétence de l’Huissier, comme dans le cas où la personne présente au
domicile déclare ne pas connaître l’adresse où peut être touché l’intéressé, la copie de
l’exploit est remise à la personne présente au domicile.

Il en est de même dans le cas visé à l’article 550 si l’intéressé n’est pas trouvé à
l’adresse qui avait été indiquée à l’Huissier.

Dans ces hypothèses, l’Huissier avise sans délai de cette remise la partie que l’exploit
concerne, par lettre recommandée avec accusé de réception; lorsqu’il résulte de l’accusé
de réception que l’intéressé a eu connaissance de l’avis de l’Huissier, l’exploit remis à
domicile produit les mêmes effets que s’il avait été délivré à personne.

Article 552 : - Si l’Huissier ne trouve personne au domicile de celui que l’exploit


concerne, il vérifie immédiatement l’exactitude de ce domicile.

Lorsque le domicile indiqué est bien celui de l’intéressé, l’Huissier mentionne dans
l’exploit, ses diligences et constatations, puis il remet une copie de cet exploit à la
Mairie, au Maire ou à défaut à un adjoint, au Conseiller municipal délégué ou au
Secrétaire de Mairie; dans les localités où il n’y a pas de Mairie, au Sous-préfet.
Il avise sans délai de cette remise la partie que l’exploit concerne, par lettre
recommandée avec accusé de réception, en l’informant qu’elle doit retirer la copie de
l’exploit, à l’adresse indiquée dans les moindres délais.

Lorsqu’il résulte de l’accusé de réception que l’intéressé a eu connaissance de l’avis de


l’Huissier, l’exploit remis à la mairie produit les mêmes effets que s’il avait été délivré à
personne.

Article 553 : - Si la personne visée par l’exploit est sans domicile ou résidence connu,
l’huissier remet une copie de l’exploit au Parquet, au Procureur de la République, ou à
son Substitut, ou à un Secrétaire du Parquet.

Article 554 : Lorsqu’il n’est pas établi que l’intéressé a reçu la lettre recommandée qui
lui a été adressée par l’Huissier conformément aux dispositions des articles 551 et 552,
ou lorsque l’exploit a été délivré à Parquet, un Officier de Police Judiciaire peut être
requis par le Procureur de la République à l’effet de procéder à des recherches en vue
de découvrir l’adresse de l’intéressé. En cas de découverte de ce dernier, l’Officier de
Police Judiciaire lui donne connaissance de l’exploit, qui produit alors les mêmes effets
que s’il avait été délivré à personne.

Dans tous les cas, l’Officier de Police Judiciaire dresse procès-verbal de ses recherches
et le transmet sans délai au Procureur de la République.

Article 555 : - Dans les cas prévus aux articles 551 et 552, la copie est délivrée sous
enveloppe fermée ne portant d’autres indications, d’un côté que les nom, prénoms,
adresse de l’intéressé, et de l’autre que le cachet de l’Etude de l’Huissier apposé sur la
fermeture du pli.

Article 556 : - Ceux qui habitent à l’étranger, sont cités au Parquet du Procureur de la
République près du Tribunal saisi, lequel vise l’original et envoie la copie au Ministre de
la Justice ou à toute autorité déterminée par les Conventions judiciaires Internationales.

Article 557 : - Dans tous les cas, l’Huissier doit mentionner sur l’original de l’exploit et
sous forme de procès-verbal, ses diligences ainsi que les réponses qui ont été faites à
ses différentes interpellations.

Le Procureur de la République peut prescrire à l’Huissier de nouvelles recherches, s’il


estime incomplètes celles qui ont été effectuées.

L’original de l’exploit doit être adressé à la personne à la requête de qui il a été délivré
dans les vingt-quatre heures.

En outre, si l’exploit a été délivré à la requête du Procureur de la République, une copie


de l’exploit doit être jointe à l’original.
Article 558 : - Les Huissiers sont tenus de mettre, à la fin de l’original et de la copie de
l’exploit, le coût de celui-ci, à peine d’une amende civile de 5.000 à 15.000 francs
guinéens ; cette amende, est prononcée par le Président de la juridiction saisie de
l’affaire.

Article 559 : - La nullité d’un exploit, ne peut être prononcée que lorsqu’elle a eu pour
effet de porter atteinte aux intérêts de la personne qu’il concerne, sous réserve, pour les
délais de citations, des dispositions de l’article 547.

Article 560 : - Si un exploit est déclaré nul par le fait de l’Huissier, celui-ci peut être
condamné aux frais de l’exploit et de la procédure annulée, et éventuellement à des
dommages et intérêts envers la partie à laquelle il est porté préjudice.

La juridiction qui déclare la nullité a compétence pour prononcer ces condamnations.

Article 561 : - Tout Huissier, Fonctionnaire Huissier ou Huissier ad hoc qui a sciemment
porté des mentions inexactes dans les exploits, est puni d’un emprisonnement de six
mois à deux ans et d’une amende de 20.000 à 100.000 francs guinéens, ou de l’une de
ces deux peines seulement, sans préjudice des peines du faux en écritures publiques, le
cas échéant.

LIVRE TROISIEME : DES VOIES DE RECOURS EXTRAORDINAIRES

TITRE UNIQUE : DU POURVOI EN CASSATION ET DES DEMANDES


EN REVISION

Article 562 : - Le pourvoi en cassation est ouvert dans le cas et selon la procédure
prévue par la Loi Organique L/91/08/CTRN du 23 décembre 1991 portant attribution,
organisation et fonctionnement de la Cour Suprême.

Article 563 : - Les demandes en révision sont réglées selon la procédure prévue par la
Loi Organique suscitée.

LIVRE QUATRIEME : DE QUELQUES PROCEDURES PARTICULIERES

TITRE I : DES CONTUMACES

Article 564 : - Lorsqu’après un arrêt de mise en accusation l’accusé n’a pu être saisi ou
ne se présente pas dans les dix jours de la signification qui en a été faite à son domicile,
ou lorsqu’après s’être présenté ou avoir été saisi il s’est évadé, le Président de la Cour
d’Assises ou, en son absence, le Président du Tribunal du lieu où se tiennent les Assises,
ou le Magistrat qui le remplace, rend une ordonnance portant qu’il est tenu de se
présenter dans un nouveau délai de dix jours, sinon, qu’il sera déclaré rebelle à la loi,
qu’il sera suspendu de l’exercice de ses droits de citoyen, que ses biens seront
séquestrés pendant l’instruction de la contumace, que toute action en Justice lui sera
interdite pendant le même temps qu’il sera procédé contre lui et que toute personne est
tenue d’indiquer le lieu où il se trouve.
Cette ordonnance fait de plus mention du crime et de l’ordonnance de prise de corps.

Article 565 : - Dans le délai de huit jours, cette ordonnance est insérée dans l’un des
journaux de la République et affichée à la porte du domicile de l’accusé, à celle de la
mairie de sa commune ou à celle des bureaux de la sous-préfecture et à celle du
prétoire de la Cour d’Assises.

Le Procureur Général adresse une expédition de cette ordonnance au directeur des


domaines du domicile du contumax.

Article 566 : - Après un délai de dix jours, il est procédé au jugement de la contumace.

Article 567 : - Aucun Conseil ne peut se présenter pour l’accusé contumax. Toutefois,
si l’accusé est dans l’impossibilité absolue de déférer à l’injonction contenue dans
l’ordonnance prévue par l’article 564, ses parents ou ses amis peuvent proposer son
excuse.

Article 568 : - Si la Cour trouve l’excuse légitime, elle ordonne qu’il soit sursis au
jugement de l’accusé et, s’il y a lieu, au séquestre de ses biens pendant un temps qui
est fixé eu égard à la nature de l’excuse et à la distance des lieux.

Article 569 : - Hors ce cas, il est procédé à la lecture de l’arrêt de renvoi à la Cour
d’assises, de l’acte de notification de l’ordonnance ayant pour objet la représentation du
contumax et des procès-verbaux dressés pour en constater la publication et l’affichage.

Après cette lecture, la Cour, sur les réquisitions du Procureur Général, se prononce sur
la contumace.

Si l’une des formalités prescrites par les articles 564 et 565 a été omise, la Cour déclare
nulle la procédure de contumace et ordonne qu’elle sera recommencée à partir du plus
ancien acte illégal.

Dans le cas contraire, la Cour prononce sans l’assistance des Jurés l’accusation, sans
pouvoir, en cas de condamnation, accorder le bénéfice des circonstances atténuantes au
contumax. La Cour statue ensuite sur les intérêts civils.

Article 570 : - Si le contumax est condamné, ses biens, s’ils n’ont pas fait l’objet d’une
confiscation, sont maintenus sous séquestre et le compte de séquestre est rendu à qui il
appartiendra après que la condamnation est devenue irrévocable par l’expiration du
délai donné pour juger la contumace.

Article 571 : - L’extrait de l’arrêt de condamnation est, dans le plus bref délai, à la
diligence du Procureur Général, inséré dans l’un des journaux de la République.

Il est affiché, en outre, à la porte du dernier domicile, à la porte de la mairie de la


commune ou de la sous-préfecture où le crime a été commis et à celle du prétoire de la
Cour d’Assises.
Pareil extrait est adressé au Directeur des domaines du domicile du contumax.

Article 572 : - A partir de l’accomplissement des mesures de publicité prescrite par


l’article précédent, le condamné est frappé de toutes les déchéances prévues par la loi

Article 573 : - Le pourvoi en cassation n’est pas ouvert au contumax.

Article 574 : - En aucun cas, la contumace d’un accusé ne suspend ni ne retarde de


plein droit l’instruction à l’égard de ses coaccusés présents.

La Cour peut ordonner, après le jugement de ceux-ci, la remise des effets déposés au
Greffe comme pièces à conviction lorsqu’ils sont réclamés par les propriétaires ou
ayants droit.

Elle peut aussi, ne l’ordonner qu’à la charge de les représenter s’il y a lieu.

Cette remise est précédée d’un procès-verbal de description dressé par le Greffier.

Article 575 : - Durant le séquestre, il peut être accordé des secours à la femme, aux
enfants, aux ascendants du contumax s’ils sont dans le besoin.

Il est statué par ordonnance du Président du Tribunal du domicile du contumax après


avis du Directeur des Domaines.

Article 576 : - Si le contumax se constitue prisonnier ou s’il est arrêté avant que la
peine soit éteinte par prescription, l’arrêt et les procédures faites depuis l’ordonnance de
se représenter sont anéantis de plein droit et il est procédé à son égard dans la forme
ordinaire.

Dans le cas où l’arrêt de condamnation avait prononcé une confiscation au profit de


l’Etat, les mesures prises pour assurer l’exécution de cette peine restent valables. Si la
décision qui intervient après la représentation du contumax ne maintient pas la peine de
confiscation, il est fait restitution à l’intéressé du produit net de la réalisation des biens
aliénés et, dans l’état où ils se trouvent, des biens non liquidés.

Article 577 : - Dans le cas prévu à l’article précédent si, pour quelque cause que ce
soit, des témoins ne peuvent être produits aux débats, leurs dépositions écrites et, s’il
est nécessaire, les réponses écrites des autres accusés du même crime sont lues à
l’audience ; il en est de même de toutes les autres pièces qui sont jugées, par le
Président, utiles à la manifestation de la vérité.

Article 578 : - Le contumax qui, après s’être représenté obtient son renvoi de
l’accusation, est condamné aux frais occasionnés par la contumace à moins qu’il n’en
soit dispensé par la Cour.

La Cour peut également ordonner que les mesures de publicité prescrites par l’article
571 s’appliquent à toute décision de justice rendue au profit du contumax.
TITRE II : DU FAUX

Article 579 : - Lorsqu’il est porté à la connaissance du Procureur de la République


qu’une pièce arguée de faux figure dans un dépôt public ou a été établie dans un dépôt
public, il peut se transporter dans ce dépôt pour procéder à tous examens et
vérifications nécessaires.

Le Procureur de la République ne peut déléguer les pouvoirs ci-dessus à un Officier de


Police Judiciaire.

Le Procureur de la République peut, en cas d’urgence ordonner le transport au Greffe


des documents suspectés.

Article 580 : - Dans toute information pour faux en écritures, le Juge d’Instruction,
aussitôt que la pièce arguée de faux a été produite devant lui ou a été placée sous main
de Justice, en ordonne le dépôt au Greffe. Il la revêt de sa signature ainsi que le Greffier
en chef qui dresse du dépôt un acte décrivant l’état de la pièce.

Toutefois, avant le dépôt au Greffe, le Juge d’Instruction peut ordonner que la pièce soit
reproduite par photographie ou par tout autre moyen.

Article 581 : - Le Juge d’Instruction peut se faire remettre par qui il appartiendra et
saisir toutes pièces de comparaison. Celles-ci sont revêtues de sa signature et de celle
du Greffier en Chef qui en fait un acte descriptif comme il est dit à l’article précédent.

Article 582 : - Tout dépositaire public de pièces arguées de faux ou ayant servi à
établir des faux, est tenu, sur ordonnance du Juge d’Instruction de les lui remettre et de
fournir, le cas échéant, les pièces de comparaison qui sont en sa possession.

Si les pièces ainsi remises par un Officier public ou saisies entre ses mains ont le
caractère d’actes authentiques, il peut demander à ce qu’il lui en soit laissé une copie ou
reproduction certifiée conforme par le Greffier en Chef.

Ladite copie ou reproduction est mise au rang des minutes de l’office jusqu’à restitution
de la pièce originale.

Article 583 : - Si au cours d’une audience d’un Tribunal ou d’une Cour, une pièce de la
procédure ou une pièce produite est arguée de faux, la juridiction décide, après avoir
recueilli les observations du Ministère public et des parties, s’il y a lieu ou non de
surseoir jusqu’à ce qu’il ait été prononcé sur le faux par la juridiction compétente.

Si l’action publique est éteinte ou ne peut être exercée du chef de faux et s’il n’apparaît
pas que celui qui a produit la pièce ait fait sciemment usage d’un faux, le Tribunal ou la
Cour saisi de l’action principale statue incidemment sur le caractère de la pièce
prétendue entachée de faux.
Article 584 : - Les plaintes et dénonciations en faux peuvent toujours être suivies, alors
même que les pièces qui en sont l’objet auraient servi de fondement à des actes
judiciaires ou civils.

Article 585 : - Lorsque des actes authentiques auront été déclarés faux en tout ou
partie, la Cour ou le Tribunal qui aura connu du faux pourra ordonner qu’ils soient
rétablis, rayés ou réformés, et du tout il sera dressé procès-verbal.

La Cour ou le Tribunal pourra également ordonner que les pièces de comparaison soient
envoyées dans les dépôts d’où elles auront été tirées ou remises aux personnes qui les
auront communiquées, le tout dans le délai de quinzaine à compter du jour de l’arrêt à
peine d’une amende de 5000 francs guinéens contre le Greffier en Chef.

Article 586 : - Le surplus de l’instruction sur le faux se fera conformément au droit


commun.

Article 587 : - La demande en inscription de faux contre une pièce produite devant la
Cour Suprême est soumise aux règles édictées par la loi organique sur la Cour Suprême.

TITRE III : DE LA MANIERE DE PROCEDER EN CAS DE DISPARITION DES


PIECES D’UNE PROCEDURE

Article 588 : - Lorsque, par suite d’une cause extraordinaire, des minutes d’arrêts ou
de jugements rendus en matière criminelle, correctionnelle ou de police, et non encore
exécutées, ou des procédures en cours et les copies établies conformément à l’article 84
ont été détruites, enlevées ou se trouvent égarées et qu’il n’a pas été possible de les
rétablir, il est procédé ainsi qu’il suit :

Article 589 : - S’il existe une expédition ou copie authentique du jugement ou de


l’arrêt, elle est considérée comme minute et en conséquence remise par tout officier
public ou tout dépositaire au greffe de la juridiction qui a rendu la décision, sur l’ordre
du Président de cette juridiction. Cet ordre lui sert de décharge.

Le dépositaire de l’expédition ou copie authentique de la minute détruite, enlevée ou


égarée aura liberté en la remettant au Greffe de s’en faire délivrer une expédition sans
frais.

Article 590 : - Lorsqu’il n’existe plus en matière criminelle d’expédition ni copie


authentique de l’arrêt, mais s’il existe encore la déclaration de la Cour et du Jury
mentionnée sur la feuille de question comme il est dit à l’article 356, il est procédé
d’après cette déclaration au prononcé d’un nouvel arrêt.

Lorsque la déclaration de la Cour et du Jury ne peut plus être représentée, ou lorsque


l’affaire a été jugée par contumace et qu’il n’en existe aucun acte par écrit, l’instruction
est recommencée à partir du point où les pièces se trouvent manquer.

Il en est de même en toute autre matière lorsqu’il n’existe plus d’expédition ni de copie
authentique de la décision.
TITRE IV : DE LA REGULARISATION DES ACTES, ARRETS ET JUGEMENTS
LORSQUE LES MAGISTRATS ET GREFFIERS SONT DANS L’IMPOSSIBILITE DE
LES SIGNER

Article 591 : - Si, par l’effet d’un événement quelconque, un arrêt n’a pu être signé, les
autres membres de la Cour qui ont concouru à l’arrêt doivent attester en signant que
ledit arrêt a bien été rendu en présence de celui qui n’a pu signer.

Article 592 : - Si par l’effet d’un événement quelconque, un jugement rendu par un
Juge statuant seul n’a pu être signé par celui-ci, il en est référé par le Ministère public à
la Cour d’Appel devant la Chambre que tient le Premier Président, laquelle, sur les
conclusions du Procureur Général, autorise le juge désigné pour remplir les fonctions du
précédent à signer en ses lieu et place en faisant précéder la signature de la mention «
par empêchement de Mr X……….... qui a ainsi jugé et par autorisation de la Cour d’Appel
».

Il sera procédé de la même manière dans le cas où tous les membres d’une Chambre de
la Cour seraient dans l’impossibilité de signer l’arrêt auquel ils ont concouru.

Article 593 : - Dans tous les cas où l’impossibilité de signer serait de la part du
Greffier, il suffit que le Magistrat qui a présidé l’audience où le jugement a été rendu, en
fasse mention en signant.

TITRE V : DE LA MANIERE DONT SONT REÇUES LES DEPOSITIONS DES


MEMBRES DU GOUVERNEMENT ET CELLES DE REPRESENTANTS DES
PUISSANCES ETRANGERES

Article 594 : - Les Membres du Gouvernement ne peuvent comparaître comme


témoins qu’après autorisation du conseil des Ministres, sur le rapport du Ministre de la
Justice, Garde des Sceaux.

Cette autorisation est donnée par Décret.

Article 595 : - Lorsque la comparution a lieu en vertu de l’autorisation prévue à l’article


594, la déposition est reçue dans les formes ordinaires.

Article 596 : - Lorsque la comparution n’a pas été demandée ou n’a pas été autorisée,
la déposition est reçue par écrit dans la demeure du témoin, par le Premier Président de
la Cour d’Appel ou, si le témoin réside hors du chef lieu de la Cour, par le Président du
Tribunal ou par le Juge de paix de sa résidence.

Il sera, à cet effet, adressé par la juridiction saisie de l’affaire, au Magistrat ci-dessus
désigné, un exposé des faits, ainsi qu’une liste des demandes et questions sur lesquelles
le témoignage est requis.
Article 597 : - La déposition ainsi reçue est immédiatement remise au Greffe ou
envoyée, close et cachetée, à celui de la juridiction requérante et communiquée, sans
délai, au Ministère public ainsi qu’aux parties intéressées.

A la Cour d’Assises, elle est lue publiquement et soumise aux débats.

Article 598 : - La déposition écrite d’un représentant d’une puissance étrangère est
demandée par l’entremise du Ministre des Affaires Etrangères. Si la demande est
agréée, cette déposition est reçue par le Premier Président de la Cour d’Appel ou par le
Magistrat qu’il aura délégué.

Il est alors procédé dans les formes prévues aux articles 596 alinéa 2 et 597.

TITRE VI : DES REGLEMENTS DE JUGES

Article 599 : - Lorsque deux Juges d’Instruction, appartenant à des Tribunaux


différents, se trouvent saisis de la même infraction ou d’infractions connexes, le
Ministère public peut, dans l’intérêt d’une bonne administration de la Justice requérir l’un
des Juges de se dessaisir au profit de l’autre. Si le conflit de compétence subsiste, il est
réglé de Juges conformément aux articles 600 à 603.

Si les deux Juges d’instruction appartiennent au même Tribunal, il est procédé comme il
est dit à l’article 87 alinéa premier.

Article 600 : - Lorsque deux Tribunaux correctionnels, deux Juges d’Instruction ou


deux Tribunaux de simple police appartenant au même ressort de la Cour d’Appel se
trouvent saisis en même temps de la même infraction, il est réglé de juges par la
Chambre d’Accusation qui statue sur requête présentée par le Ministère public, l’inculpé
ou la partie civile. Cette décision est susceptible d’un recours en cassation.

Article 601 : - Lorsque, après renvoi ordonné par le juge d’instruction devant le
Tribunal Correctionnel ou le Tribunal de Police, cette juridiction de jugement s’est, par
décision devenue définitive, déclarée incompétente, il est réglé de juges par la Chambre
d’Accusation. Cette décision est susceptible d’un recours en cassation.

Article 602 : - Hors les cas prévus aux articles 600 et 601 tous conflits de compétence
sont portés devant la Cour Suprême.

Article 603 : - La requête en règlement de Juges est signifiée à toutes les parties
intéressées qui ont un délai de quinze jours à compter de ladite signification pour
déposer un mémoire au greffe de la juridiction chargée de régler de juges.

TITRE VII : DES RENVOIS D’UN TRIBUNAL A UN AUTRE

Article 604 : - La procédure de renvoi d’un Tribunal à un autre est réglée selon la Loi
Organique sur la Cour Suprême.
TITRE VIII : DE LA RECUSATION

Article 605 : - Tout Juge, Conseiller ou Président de Chambre peut être récusé pour les
causes ci-après :

1 - Si lui ou son conjoint est parent ou allié d’une des parties ou de son conjoint
jusqu’au degré de cousin issu de germain inclusivement ;

La récusation peut être exercée contre lui, même en cas de divorce ou de décès de son
conjoint, s’il a été allié d’une des parties jusqu’au deuxième degré inclusivement ;

2 - Si lui ou son conjoint, si les personnes dont il est tuteur, subrogé tuteur, curateur, ou
Conseil judiciaire, si les sociétés ou associations à l’administration ou à la surveillance
desquelles il participe ont intérêt dans la contestation ;

3 - Si lui ou son conjoint est parent ou allié, jusqu’au degré indiqué ci-dessus, du tuteur,
subrogé tuteur, curateur ou conseil judiciaire d’une des parties ou d’un administrateur,
directeur ou gérant d’une société, partie en cause ;

4 - Si lui ou son conjoint se trouve dans une situation de dépendance vis-à-vis d’une des
parties;

5 - S’il a connu du procès comme Magistrat, arbitre ou conseil, ou s’il a déposé comme
témoins sur les faits du procès ;

6 - S’il y a eu procès entre lui, son conjoint, leurs parents ou alliés en ligne directe et
l’une des parties, son conjoint ou ses parents ou alliés dans la même ligne ;

7 - Si lui ou son conjoint ont un procès devant un Tribunal où l’une des parties est Juge
;

8 - Si lui ou son conjoint leurs parents ou alliés en ligne directe ont un différend sur
pareille question que celle débattue entre les parties ;

9 - S’il y a eu entre lui ou son conjoint et une des parties toutes manifestations assez
graves pour faire suspecter son impartialité.

Article 606 : - L’inculpé, le prévenu, l’accusé et toute partie à l’instance qui récuse un
Juge d’instruction, un Magistrat de la Justice de paix, un ou plusieurs juges, ou
l’ensemble des Juges du Tribunal Correctionnel, des Conseillers de la Cour d’Appel ou de
la Cour d’Assises doit à peine de nullité présenter une requête au premier Président de
la Cour d’Appel.

Les Magistrats du Ministère public ne peuvent être récusés.

La requête doit désigner nommément le ou les Magistrats récusés et contenir l’exposé


des moyens invoqués avec toutes justifications utiles à l’appui de la demande.
La partie qui aura procédé volontairement devant toute juridiction ne sera reçue à
demander la récusation qu’à raison des circonstances survenues depuis, lorsqu’elles
seront de nature à constituer une cause de récusation.

Article 607 : - Le Premier Président notifie en la forme administrative la requête dont il


a été saisi au Président de la juridiction à laquelle appartient le Magistrat récusé.

La requête en récusation ne dessaisit pas le magistrat dont la récusation est proposée.


Toutefois, le Premier Président peut, après avis du Procureur Général, ordonner qu’il
sera sursis soit à la continuation de l’information ou des débats, soit au prononcé du
jugement.

Article 608 : - Le Premier Président reçoit le mémoire complémentaire du demandeur


s’il y a lieu, et celui du Magistrat dont la récusation est proposée. Il prend l’avis du
Procureur Général et statue sur la requête.

L’ordonnance statuant sur la récusation n’est susceptible d’aucune voie de recours. Elle
produit effet de plein droit.

Article 609 : - Toute demande de récusation visant le Premier Président de la Cour


d’Appel doit faire l’objet d’une requête adressée au Premier Président de la Cour
Suprême qui, après avis du Procureur Général près ladite Cour, statue par une
ordonnance, laquelle n’est susceptible d’aucune voie de recours.

Les dispositions de l’article 607 sont applicables.

Article 610 : - Toute ordonnance rejetant une demande de récusation prononce la


condamnation du demandeur à une amende de 25 000 à 250 000 francs guinéens.

Article 611 : - Aucun des Magistrats visés à l’article 605 ne peut se récuser d’office
sans l’autorisation du Premier Président de la Cour d’Appel dont la décision rendue après
avis du Procureur Général, n’est susceptible d’aucune voie de recours.

TITRE IX : DU JUGEMENT DES INFRACTIONS COMMISES A L’AUDIENCE DES


COURS ET TRIBUNAUX

Article 612 : - Sous réserve des dispositions des articles 337 et 450 les infractions
commises à l’audience sont jugées, d’office ou sur les réquisitions du Ministère public,
suivant les dispositions ci-après, nonobstant toutes règles spéciales de compétence ou
de procédure.

Article 613 : - S’il se commet une contravention de simple police pendant la durée de
l’audience, le Tribunal ou la Cour dresse procès-verbal du fait, entend le prévenu, les
témoins, le Ministère public, et, éventuellement le défenseur, et applique sans
désemparer les peines portées par la loi.
Article 614 : - Si le fait commis pendant la durée de l’audience d’un Tribunal
Correctionnel ou d’une Cour est un délit, il peut être procédé comme il est dit à l’article
précédent. Dans ce cas, si la peine prononcée est supérieure à un mois
d’emprisonnement, un mandat de dépôt peut être décerné.

Si le fait qualifié délit a été commis à l’audience d’un Tribunal de simple police, le
Président en dresse procès-verbal qu’il transmet au Procureur de la République ; il peut,
si la peine encourue est supérieure à trois mois d’emprisonnement, ordonner
l’arrestation de l’auteur et sa conduite immédiate devant le Procureur de la République.

Si le délit a été commis à l ’audience d’un Tribunal de première Instance, l’auteur est
immédiatement conduit devant le Procureur de la République auquel est également
transmis le procès-verbal.

Si le délit a été commis à l’audience d’une Justice de paix, le Juge de paix est compétent
pour y donner suite.

Article 615 : - Si le fait commis est un crime, la Cour ou le Tribunal, après avoir fait
arrêter l’auteur, l’interroge et dresse procès-verbal des faits; cette juridiction transmet
les pièces et ordonne la conduite immédiate de l’auteur devant le Procureur de la
République compétent qui requiert l’ouverture d’une information.

Si le crime a été commis à l’audience d’une Justice de paix, le Juge de paix, après avoir
fait arrêter l’auteur et l’avoir interrogé, dresse procès-verbal des faits et ouvre une
information.

TITRE X : DES CRIMES ET DELITS COMMIS PAR DES MAGISTRATS ET


CERTAINS FONCTIONNAIRES

Article 616 : - La poursuite des infractions commises par les Magistrats hors de leur
fonction est réglée selon la procédure prévue à l’article 20 de la Loi Organique
L/91/011/CTRN du 23 décembre 1991 portant Statut de la Magistrature.

En cas de crime, il est procédé à l’instruction de l’affaire dans les conditions fixées par
l’article 618 du présent Code.

Dans ce cas, l’affaire est jugée suivant les dispositions de l’article 620 et suivants du
même Code.

Lorsqu’un magistrat est poursuivi pour un délit, ce sont les dispositions de l’article 618
qui s’appliquent.

Les coauteurs et les complices sont déférés devant la même juridiction.

Les Magistrats de la Cour d’Appel bénéficient du privilège de juridiction conformément


aux articles 15 et 16 de la Loi Organique L/91/08/CTRN du 23 décembre 1991 portant
attribution, organisation et fonctionnement de la Cour Suprême et aux articles 619 et
suivants du présent Code
Article 617 : - Les articles 326, 327 et 328 du Code de procédure pénale de 1966
indiqués à l’article précédent sont reproduits et réactualisés dans les articles suivants du
présent titre.

Article 618 : - Lorsqu’un Magistrat d’un Tribunal de première Instance ou d’une Justice
de paix a commis hors de ses fonctions, un délit emportant peine correctionnelle, le
Procureur Général le fait citer devant la Cour d’Appel qui se prononce sans qu’il puisse y
avoir appel.

S’il s’agit d’un crime, le Procureur Général et le Président de la Cour d’Appel remplissent,
le premier les fonctions d’Officier de Police judiciaire, le second celles de Juge
d’Instruction ou désignent spécialement et respectivement des Magistrats pour exercer
ces fonctions.

Article 619 : - Si c’est un Magistrat de la Cour d’Appel qui est prévenu d’avoir commis,
hors de ses fonctions un crime ou un délit, l’Officier de Police Judiciaire qui a reçu la
dénonciation ou la plainte, la transmet au Ministre de la Justice qui désigne un Haut
Magistrat pour remplir les fonctions de Juge d’instruction.

Article 620 : - Dans les cas prévus aux articles 618 alinéa 2 et 619, dès que
l’instruction est terminée les pièces sont transmises au Procureur Général près la Cour
Suprême qui saisit la Chambre pénale

Les décisions de cette chambre ne sont susceptibles d’aucun recours.

Article 621 : - Les crimes et délits commis par les Magistrats de la Cour Suprême sont
poursuivis conformément aux articles 15 et 16 de la Loi Organique L/91/08/CTRN du 23
décembre 1991

Article 622 : - Lorsqu’un Magistrat du Tribunal de première Instance ou d’une Justice


de paix a commis dans l’exercice de ses fonctions, un crime, ou un délit, il est procédé à
son égard comme dit aux articles 618 et 620.

Article 623 : - Lorsque c’est un membre de la Cour d’Appel ou du Parquet Général, qui
dans l’exercice de ses fonctions a commis un crime ou un délit, il sera procédé à son
égard comme dit à l’article 621 du présent Code.

Article 624 : - Lorsqu’un Officier de Police Judiciaire est susceptible d’être inculpé d’un
crime ou d’un délit, qui aurait été commis hors ou dans l’exercice de ses fonctions, il
sera procédé à son égard comme dit aux articles 618 et 620 du présent Code.

TITRE XI : DES CRIMES ET DELITS COMMIS A L’ETRANGER

Article 625 : - Tout ressortissant de la République de Guinée qui, en dehors du


territoire de la République, s’est rendu coupable d’un fait qualifié crime puni par la loi
guinéenne, peut être poursuivi et jugé par les juridictions de la République de Guinée.
Tout ressortissant de la Guinée qui, en dehors du territoire de la République, s’est rendu
coupable d’un fait qualifié délit par la loi la guinéenne, peut être poursuivi et jugé par les
juridictions de la République de Guinée si le fait est puni par la législation du pays où il a
été commis.

Les dispositions des alinéas qui précèdent sont applicables à l’auteur du fait qui n’a
acquis la qualité de national de la République de Guinée que postérieurement au fait qui
lui est imputé.

Article 626 : - Quiconque s’est, sur le Territoire de la République, rendu complice d’un
crime ou d’un délit commis à l’étranger peut être poursuivi et jugé par les juridictions de
la Guinée si le fait est puni à la fois par la loi étrangère et par la loi guinéenne, à la
condition que le fait qualifié crime ou délit ait été constaté par une décision définitive de
la juridiction étrangère.

Article 627 : - En cas de délit commis contre un particulier, la poursuite ne peut être
intentée qu’à la requête du Ministère public ; elle doit être précédée d’une plainte de la
partie offensée ou d’une dénonciation officielle à l’Autorité guinéenne par l’Autorité du
pays où le fait a été commis.

Article 628 : - Dans les cas visés aux articles précédents, qu’il s’agisse d’un crime ou
d’un délit, aucune poursuite n’a lieu si l’inculpé justifie qu’il a été jugé définitivement à
l’étranger et, en cas de condamnation, qu’il a subi ou prescrit sa peine ou obtenu la
grâce.

Article 629 : - Est réputée commise sur le territoire de la République toute infraction
dont un acte caractérisant un de ses éléments constitutifs a été accompli en Guinée.

Article 630 : - Tout étranger, qui, hors du Territoire de la République, s’est rendu
coupable soit comme auteur, soit comme complice, d’un crime ou d’un délit attentatoire
à la sûreté de l’Etat ou de contrefaçon du sceau de l’Etat, de monnaies nationales ayant
cours, peut être poursuivi et jugé d’après les dispositions des lois guinéennes ou
applicables en Guinée, s’il est arrêté en Guinée ou si le Gouvernement obtient son
extradition.

Article 631 : - Tout ressortissant de la Guinée qui s’est rendu coupable de délits et
contraventions en matière forestière, rurale, de pêche, de douanes, de contributions
indirectes, sur le Territoire de l’un des Etats limitrophes, peut être poursuivi et jugé en
Guinée, d’après la loi guinéenne, si cet Etat autorise la poursuite de ses nationaux pour
les mêmes faits commis en Guinée.

La réciprocité sera légalement constatée par des Conventions Internationales ou par


décret.

Article 632 : - Dans les cas prévus au présent titre, la poursuite est intentée à la
requête du ministère public du lieu où réside le prévenu ou de sa dernière résidence
connue ou du lieu où il est trouvé.
La Cour Suprême peut, sur la demande du Ministère public ou des parties renvoyer la
connaissance de l’affaire devant une Cour ou un Tribunal plus voisin du lieu du crime ou
du délit.

TITRE XII : DES CRIMES ET DELITS CONTRE LA SURETE DE L’ETAT

Article 633 : - La poursuite des crimes et délits contre la sûreté de l’Etat commis par le
Président de la République et par les Membres du Gouvernement est réglée
conformément aux dispositions de la Loi Organique L/91/09/CTRN du 23 décembre 1991
portant attribution, organisation et fonctionnement de la Haute Cour de Justice.

Article 634 (Modifié par la Loi/2005/026/AN du 22 novembre 2005) :

Les dispositions des articles 634 à 639 du Code de procédure pénale, instituant la Cour
de Sûreté de l’Etat, sont abrogées et remplacées par les dispositions suivantes :

La poursuite, l’Instruction et le jugement des crimes et délits contre la Sûreté de l’Etat


prévus et punis par les articles 70 à 105 du Code pénal, des actes de terrorisme prévus
et punis par les articles 505 à 509 du Code pénal, relèvent de la compétence des
juridictions de droit commun, telle que prévue par les dispositions du Code de procédure
pénale, en particulier ses articles 688 à 696.

Article 635 : La juridiction d’Instruction des infractions susvisées, pour l’ensemble du


Territoire national, sera l’un des Tribunaux de première Instance de Conakry.

La juridiction de jugement compétente pour connaître des crimes visés en l’article 634
ci-dessus est la Cour d’Assises formée exclusivement de Magistrats professionnels de la
Cour d’Appel de Conakry, au nombre de sept.

Article 636 : La Cour d’Assises ainsi formée comprend un Président et six Assesseurs.

Article 637 : Les modalités de choix et de remplacement du Président et des


Assesseurs, ainsi que leurs fonctions respectives sont celles fixées par les articles 241 à
250 du Code de procédure pénale.

Article 638 : La procédure de saisine de cette formation de la Cour d’Assises est celle
prévue par les articles 187 à 226, 232 à 236 et 262 à 281 du Code de procédure pénale.

Article 639 : Les procédures de jugement et d’exercice des voies de recours


applicables sont celles prévues par le Code procédure pénale.

Article 639-1 : L’action publique est exercée conformément aux dispositions des
articles 29 à 231 du Code de procédure pénale.

Article 639 bis : Après le prononcé de l’arrêt, le Président de la Cour avertit le


condamné de la faculté qui lui est accordée de se pourvoir en cassation, dans les forme
et délai prescrits par les articles 87 à 99 de la Loi L/91/008/CTRN du 23 décembre 1991
portant attributions, organisation et fonctionnement de la Cour Suprême.
Les décisions rendues par défaut ou par contumace sont susceptibles d’opposition.

Article 639 ter : Après s’être prononcé sur l’action publique, la Cour de Sûreté de l’Etat
statue, dans tous les cas, sans l’assistance de ses membres militaires, sur les demandes
de dommages et intérêts soit par la partie civile contre l’accusé, soit par l’accusé
acquitté contre la partie civile, et ce, les parties et le Ministère public une fois entendus.

La Cour peut également ordonner la restitution des objets placés sous main de justice.

TITRE XIII : DES DEMANDES PRESENTEES EN VUE D’ÊTRE RELEVEES DES


INTERDICTIONS, DECHEANCES, OU INCAPACITES OU MESURES DE
PUBLICATION

Article 640 : - Toute demande présentée par un condamné en vue d’être relevé d’une
interdiction, d’une déchéance ou d’une incapacité ou d’une mesure de publication,
formée en application des dispositions de l’article 37 du Code Pénal précise la date de la
condamnation ainsi que les lieux où a résidé le requérant depuis sa condamnation ou sa
libération.

Elle est adressée, selon le cas, au Procureur de la République ou au Procureur Général


qui s’entoure de tous les renseignements utiles, et saisit la juridiction compétente.

La juridiction saisie statue en Chambre du conseil sur les conclusions du Ministère public,
le requérant ou son Conseil entendu ou dûment convoqué. S’il paraît nécessaire
d’entendre un condamné qui se trouve détenu, il peut être procédé conformément aux
dispositions de l’article 766 du présent Code.

La décision est signifiée à la requête du Ministère public, lorsqu’elle est rendue hors de
la présence du requérant ou de son Conseil. Elle peut être, selon le cas, frappée d’appel
ou déférée à la Cour Suprême.

En cas de rejet de la demande, le requérant est tenu au payement des frais. La


juridiction peut toutefois, par décision spéciale et motivée, l’en décharger en tout ou en
partie.

Mention de la décision par laquelle un condamné est relevé totalement ou partiellement


d’une interdiction, d’échéance ou incapacité ou d’une mesure de publication est faite en
marge du jugement ou de l’arrêt de condamnation et au Casier Judiciaire.

TITRE XIV : DE LA POURSUITE ET DE L’INSTRUCTION DES INFRACTIONS EN


MATIERE DE TRAFIC DE STUPEFIANTS

Article 641 : - Pour la recherche et la constatation des infractions en matière de trafic


de stupéfiants, les visites, perquisitions et saisies prévues par l’article 56 alinéa 1er
peuvent être opérées en dehors des heures prévues par cet article à l’intérieur des
locaux où l’on use en société de stupéfiants où dans lesquels sont fabriqués,
transformés ou entreposés illicitement des stupéfiants.
Les opérations prévues à l’alinéa précédent doivent, à peine de nullité être autorisées
par le Procureur de la République, lorsqu’il s’agit de les effectuer dans une maison
d’habitation ou un appartement à moins qu’elles ne soient ordonnées par le Juge
d’Instruction. Les actes prévus au présent article ne peuvent, à peine de nullité avoir un
autre objet que la recherche et la constatation des infractions susvisées.

Article 642 : - En cas de poursuite pour l’une des infractions en matière de trafic de
stupéfiants, le Juge d’Instruction peut ordonner à titre provisoire, pour une durée de six
mois au plus, la fermeture de tout hôtel, maison meublée, pension, débit de boissons,
restaurant, club, cercle, dancing, lieu de spectacles ou leurs annexes ou lieux
quelconques ouverts au public ou utilisés par le public, où ont été commises ces
infractions par l’exploitation ou avec sa complicité. Cette fermeture peut, quel qu’en ait
été la durée faire l’objet de renouvellement dans les mêmes formes pour une durée de 3
mois ou plus

Les décisions prévues aux alinéas précédents et celles statuant sur les demandes de
mainlevée peuvent faire l’objet d’un recours devant la Chambre d’Accusation dans les 72
heures de leur exécution ou de la notification faite aux parties intéressées.
TITRE XV : DU PROXENETISME

Article 643 : - Pour la recherche et la constatation des infractions en matière de


proxénétisme, les visites, perquisitions, et saisies prévues par l’article 56 alinéa 1er
peuvent être opérées à toute heure du jour et de la nuit, à l’intérieur de tout hôtel,
maison meublée, pension, débit de boissons, club, cercle, dancing, lieux de spectacles et
leurs annexes et en tout autre lieu ouvert au public ou utilisé par le public lorsqu’il est
constaté que des personnes se livrant à la prostitution y sont reçues habituellement.

Les actes prévus au présent article ne peuvent, à peine de nullité, être effectués pour un
autre objet que la recherche et la constatation des infractions en matière de
proxénétisme.

Article 644 : - En cas de poursuite pour l’une des infractions en matière de


proxénétisme, le Juge d’Instruction peut ordonner à titre provisoire pour une durée de
3 mois au plus, la fermeture totale ou partielle de tous les lieux visés à l’article
précédent.

TITRE XVI : DES INTERCEPTIONS DE CORRESPONDANCES EMISES PAR LA


VOIE DES TELECOMMUNICATIONS

Article 645 : - En matière criminelle et en matière correctionnelle, si la peine encourue


est égale ou supérieure à deux ans d’emprisonnement, le Juge d’Instruction peut,
lorsque les nécessités de l’information l’exigent, prescrire l’interception, l’enregistrement
et la transcription de correspondances émises par la voie des télécommunications. Ces
opérations sont effectuées sous son autorité et son contrôle.

La décision d’interception est écrite. Elle n’a pas de caractère juridictionnel et n’est
susceptible d’aucun recours.
Article 646 : - La décision prise en application de l’article 645 doit comporter tous les
éléments d’identification de la liaison à intercepter, l’infraction qui motive le recours à
l’interception ainsi que la durée de celle-ci.

Article 647 : - Cette décision est prise pour une durée maximum de quatre mois. Elle
ne peut être renouvelée que dans les mêmes conditions de forme et de durée.

Article 648 : - Le Juge d’Instruction ou l’Officier de Police Judiciaire commis par lui
peut requérir tout agent qualifié d’un service ou organisme placé sous l’autorité ou la
tutelle du Ministère chargé des Télécommunications ou tout agent qualifié d’un
exploitant de réseau ou fournisseur de services de télécommunications autorisé, en vue
de procéder à l’installation d’un dispositif d’interception.

Article 649 : - Le Juge d’Instruction ou l’Officier de Police Judiciaire commis par lui
dresse procès-verbal de chacune des opérations d’interception et d’enregistrement.

Ce procès-verbal mentionne la date et l’heure auxquelles elle s’est terminée. Les


enregistrements sont placés sous scellés fermés.

Article 650 : - Le Juge d’Instruction ou l’Officier de Police Judiciaire commis par lui
transcrit la correspondance utile à la manifestation de la vérité. Il en est dressé procès-
verbal. Cette transcription est versée au dossier. Les correspondances en langue
étrangère sont transcrites en français avec l’assistance d’un interprète requis à cette fin.

Article 651 : - Les enregistrements sont détruits, à la diligence du Procureur de la


République ou du Procureur Général, à l’expiration du délai de prescription de l’action
publique.

Il est dressé procès-verbal de l’opération de destruction.

Article 652 : - Aucune interception ne peut avoir lieu sur une ligne dépendant du
Cabinet d’un Avocat ou de son domicile sans que le Bâtonnier en soit informé par le
Juge d’instruction.

Les formalités prévues par le présent article sont prescrites à peine de nullité.

TITTRE XVII : DE L’EXTRADITION

CHAPITRE PREMIER : DES CONDITIONS DE L’EXTRADITION

Article 653 : - En l’absence de traités, les conditions, la procédure et les effets de


l’extradition sont déterminés par les dispositions de la présente loi qui s’applique
également aux points qui n’auraient pas été expressément réglementés par lesdits
traités.

Article 654 : - Aucune personne ne pourra être remise à un Gouvernement étranger si


elle n’a fait l’objet de poursuites ou d’une condamnation pour une infraction prévue par
le présent Code.
Article 655 : - Le Gouvernement guinéen sous réserve de réciprocité peut livrer, sur
leur demande, aux Gouvernements étrangers tout individu non guinéen qui, étant l’objet
d’une poursuite intentée au nom de l’Etat requérant ou d’une condamnation exécutoire
prononcée par ses Tribunaux, est trouvé sur le Territoire de la République.

Article 656 : - Les faits qui peuvent donner lieu à l’extradition, qu’il s’agisse de la
demander ou de l’accorder sont les suivants :

1 - Tous les faits punis des peines criminelles par la loi de l’Etat requérant ;

2 - Les faits punis de peines correctionnelles par la loi de l’Etat requérant, quand le
minimum de la peine encourue, aux termes de cette loi, est de deux ans ou au-dessus,
ou, s’il s’agit d’un condamné, quand la peine prononcée par la juridiction de l’Etat
requérant est égale ou supérieure à deux mois d’emprisonnement.

En aucun cas l’extradition n’est accordée par le Gouvernement guinéen si le fait n’est
pas puni par la loi guinéenne d’une peine criminelle ou correctionnelle.

Les faits constitutifs de tentative ou de complicité sont soumis aux règles précédentes à
condition qu’ils soient punissables d’après la loi de l’Etat requérant et d’après celle de
l’Etat requis.

Si la demande a pour objet plusieurs infractions commises par l’individu réclamé et qui
n’ont pas encore été jugées, l’extradition n’est accordée que si le maximum de la peine
encourue, d’après la loi de l’Etat requérant, pour l’ensemble de ces infractions, est égal
ou supérieur à deux ans d’emprisonnement.

Si l’individu réclamé a été antérieurement l’objet, en quelque pays que ce soit, d’une
condamnation définitive à deux mois d’emprisonnement, ou plus, pour délit de droit
commun, l’extradition est accordée, suivant les règles précédentes, c’est-à-dire
seulement pour les crimes ou délits, mais sans égard au taux de la peine encourue ou
prononcée pour la dernière infraction.

Les dispositions précédentes s’appliquent aux infractions commises par les militaires,
marins ou assimilés lorsqu’elles sont punies par la loi guinéenne comme infraction de
droit commun.

Il n’est pas innové quant à la pratique relative à la remise des marins déserteurs.

Article 657 : - L’extradition n’est pas accordée :

1 - Lorsque l’individu, objet de la demande, est un national guinéen ; la qualité de


national étant appréciée à l’époque de l’infraction pour laquelle l’extradition est requise ;

2 - Lorsque le crime ou délit a un caractère politique ou lorsqu’il résulte des


circonstances que l’extradition est demandée dans un but politique.
En ce qui concerne les actes commis au cours d’une insurrection ou d’une guerre civile
par l’une ou l’autre des parties engagées dans la lutte et dans l’intérêt de sa cause, ils
ne pourront donner lieu à l’extradition que s’ils constituent des actes de barbarie odieuse
et de vandalisme défendus suivant les lois de la guerre, et seulement lorsque la guerre
civile a pris fin ;

3 - Lorsque les crimes ou délits ont été commis en Guinée ;

4 - Lorsque les crimes ou délits, quoique commis hors de la Guinée y ont été poursuivis
et jugés définitivement;

5 - Lorsque, d’après les lois de l’Etat requérant ou celles de l’Etat requis, la prescription
de l’action s’est trouvée acquise antérieurement à la demande d’extradition, ou la
prescription de la peine antérieurement à l’arrestation de l’individu réclamé et d’une
façon générale toutes les fois que l’action publique sera éteinte.

Article 658 : - Si, pour une infraction unique, l’extradition est demandée
concurremment par plusieurs Etats, elle est accordée de préférence à l’Etat contre les
intérêts duquel l’infraction était dirigée, ou à celui sur le territoire duquel elle a été
commise.

Si les demandes concurrentes ont pour cause des infractions différentes, il est tenu
compte, pour décider de la priorité, de toutes circonstances de fait et notamment de la
gravité relative et du lieu des infractions, de la date respective des demandes, de
l’engagement qui serait pris par l’un des Etats requérants de procéder à la réextradition.

Article 659 : - Sous réserve des exceptions prévues ci-après, l’extradition n’est
accordée qu’à la condition que l’individu extradé ne sera ni poursuivi, ni puni pour une
infraction autre que celle ayant motivé l’extradition.

Article 660 : - Dans le cas où un étranger est poursuivi ou a été condamné en Guinée
et ou son extradition est demandée au Gouvernement guinéen à raison d’une infraction
différente, la remise n’est effectuée qu’après que la poursuite est terminée, et, en cas
de condamnation, après que la peine a été exécutée.

Toutefois, cette disposition ne fait pas obstacle à ce que l’étranger puisse être envoyé
temporairement pour comparaître devant les tribunaux de l’Etat requérant, sous la
condition expresse qu’il sera renvoyé dès que la justice étrangère aura statué.

Est régi par les dispositions du présent article le cas où l’étranger est soumis à la
contrainte par corps par application des articles 793 à 804 du Code de procédure
pénale.

CHAPITRE II : DE LA PROCEDURE DE L’EXTRADITION

Article 661 : - Toute demande d’extradition est adressée au Gouvernement guinéen


par voie diplomatique et accompagnée, soit d’un jugement ou d’un arrêt de
condamnation même par défaut ou par contumace, soit d’un acte de procédure
criminelle décrétant formellement ou opérant de plein droit le renvoi de l’inculpé ou de
l’accusé devant la juridiction répressive, soit d’un mandat d’arrêt ou de tout autre acte
ayant la même force et décerné par l’autorité judiciaire, pourvu que ces derniers actes
renferment l’indication précise du fait pour lequel ils sont délivrés et la date de ce fait.

Les pièces ci-dessus mentionnées doivent être produites en original ou en expédition


authentique.

Le Gouvernement requérant doit produire en même temps la copie des textes de loi
applicables au fait incriminé. Il peut joindre un exposé des faits de la cause.

Article 662 : - La demande d’extradition est, après vérification des pièces, transmise,
avec le dossier, par le Ministre des Affaires Etrangères au Ministre de la Justice, qui
s’assure de la régularité de la requête et lui donne telles suites que de droit.

Article 663 : - Dans les vingt-quatre heures de l’arrestation, il est procédé, par les
soins du Procureur de la République ou d’un membre de son Parquet, à un
interrogatoire d’identité dont il est dressé procès-verbal.

Article 664 : - L’étranger est transféré dans le plus bref délai et écroué à la Maison
d’arrêt du chef-lieu de la Cour d’Appel dans le ressort de laquelle il a été arrêté.

Article 665 : - Les pièces produites à l’appui de la demande d’extradition sont en


même temps transmises par le Procureur de la République au Procureur Général. Dans
les vingt-quatre heures de leur réception, le titre, en vertu duquel l’arrestation aura lieu,
est notifié à l’étranger.

Le Procureur Général, ou un membre de son Parquet, procède, dans le même délai, à


un interrogatoire dont il est dressé procès-verbal.

Article 666 : - La Chambre d’Accusation est saisie sur-le-champ des procès-verbaux


susvisés et de tous autres documents. L’étranger comparaît devant elle dans un délai
maximum de huit jours, à compter de la notification des pièces. Sur la demande du
Ministère public ou du comparant, un délai supplémentaire de huit jours peut être
accordé, avant les débats. Il est ensuite procédé à un interrogatoire dont le procès-
verbal est dressé. L’audience est publique, à moins qu’il n’en soit décidé autrement, sur
la demande du Parquet ou du comparant.

Le Ministère public et l’intéressé sont entendus. Celui-ci peut se faire assister d’un
Avocat inscrit et d’un interprète. Il peut être mis en liberté provisoire à tout moment de
la procédure, et conformément aux règles qui gouvernent la matière.

Article 667 : - Si, lors de sa comparution, l’intéressé déclare renoncer au bénéfice de la


présente loi et consent formellement à être livré aux autorités du pays requérant, il est
donné acte par la Cour de cette déclaration.

Copie de cette décision est transmise sans retard par les soins du Procureur Général au
Ministre de la Justice, pour toutes fins utiles.
Article 668 : - Dans le cas contraire, la Chambre d’Accusation donne son avis motivé
sur la demande d’extradition.

Cet avis est défavorable, si la Cour estime que les conditions légales ne sont pas
remplies, ou qu’il y a erreur évidente.

Le dossier doit être envoyé au Ministre de la Justice dans un délai de huit jours à dater
de l’expiration des délais prévus à l’article 666.

Article 669 : - Si l’avis motivé de la Chambre d’Accusation repousse la demande


d’extradition, celle-ci ne peut être accordée.

Article 670 : - Dans le cas contraire, l’extradition peut être autorisée par décret. Si,
dans le délai d’un mois à compter de la notification de cet acte, la personne extradée n’a
pas été reçue par les agents de la puissance requérante, elle est mise en liberté et ne
peut plus être réclamée pour la même cause.

Article 671 : - En cas d’urgence et sur la demande directe des autorités judiciaires du
pays requérant, les Procureurs de la République peuvent, sur un simple avis, transmis
soit par la poste, soit par tout mode de transmission plus rapide laissant une trace
écrite, ou matériellement équivalente, de l’existence d’une des pièces indiquées par
l’article 661 ordonner l’arrestation provisoire de l’étranger.

Un avis régulier de la demande devra être transmis, en même temps, par voie
diplomatique, par la poste, par le télégraphe ou par tout mode de transmission laissant
une trace écrite, au Ministère des Affaires Etrangères.

Les Procureurs de la République doivent donner avis de cette arrestation au Ministre de


la Justice et au Procureur Général.

Article 672 : - L’individu arrêté provisoirement dans les conditions prévues par l’article
664 peut, s’il n’y a pas lieu de procéder à son expulsion, être mis en liberté, si, dans le
délai de vingt jours à dater de son arrestation, lorsqu’elle aura été opérée à la demande
du Gouvernement d’un pays limitrophe, le gouvernement guinéen ne reçoit l’un des
documents mentionnés à l’article 661.

CHAPITRE III : DES EFFETS DE L’EXTRADITION

Article 673 : - L’extradé ne peut être poursuivi ou puni pour une infraction antérieure à
la remise, autre que celle ayant motivé l’extradition.

Il en est autrement, en cas d’un consentement spécial donné dans les conditions ci-
après par le Gouvernement requis. Ce consentement peut être donné par le
Gouvernement guinéen même au cas où le fait, cause de la demande, ne serait pas
l’une des infractions déterminées par l’article 656 du présent Code.
Article 674 : - Dans le cas où le Gouvernement requérant demande, pour une
infraction antérieure à l’extradition, l’autorisation de poursuivre l’individu déjà livré, l’avis
de la Chambre d’Accusation devant laquelle l’inculpé avait comparu peut être formulé
sur la seule production des pièces transmises à l’appui de la nouvelle demande.

Sont également transmises par le Gouvernement étranger et soumises à la Chambre


d’Accusation, les pièces contenant les observations de l’individu livré ou la déclaration
qu’il entend n’en présenter aucune. Ces explications peuvent être complétées par un
avocat choisi par lui, ou qui est désigné ou commis d’office.

Article 675 : - L’extradition obtenue par le Gouvernement guinéen est nulle, si elle est
intervenue en dehors des cas prévus par le présent Code.

La nullité est prononcée, même d’office, par la juridiction d’instruction ou de jugement


dont l’extradé relève, après sa remise.

Si l ’extradition a été accordée en vertu d’un arrêt ou d’un jugement définitif, la nullité
est prononcée par la Chambre d’Accusation dans le ressort de laquelle cette remise a eu
lieu.

La demande en nullité formée par l’extradé n’est recevable que si elle est présentée
dans un délai de trois jours à compter de la mise en demeure qui lui est adressée,
aussitôt après son incarcération, par le Procureur de la République.

L’extradé est informé en même temps du droit qui lui appartient de se choisir ou de se
faire désigner un défenseur.

Article 676 : - Les mêmes juridictions sont juges de la qualification donnée aux faits
qui ont motivé la demande d’extradition.

Article 677 : - Dans le cas où l’extradition est annulée, l’extradé, s’il n’est pas réclamé
par le Gouvernement requis, est mis en liberté et ne peut être repris, soit à raison des
faits qui ont motivé son extradition, soit à raison de faits antérieurs, que si, dans les
trente jours qui suivent la mise en liberté, il est arrêté sur le Territoire guinéen.

Article 678 : - Est considéré comme soumis sans réserve à l’application des lois de
l’Etat requérant, à raison d’un fait quelconque antérieur à l’extradition et différent de
l’infraction qui a motivé cette mesure, l’individu livré qui a eu pendant trente jours à
compter de son élargissement définitif, la possibilité de quitter le Territoire de cet Etat.

Article 679 : - Dans le cas où l’extradition d’un étranger ayant été obtenue par le
Gouvernement guinéen, le Gouvernement d’un pays tiers sollicite à son tour du
Gouvernement guinéen l’extradition du même individu à raison d’un fait antérieur à
l’extradition, autre que celui jugé en Guinée et non connexe à ce fait, le Gouvernement
ne défère, s’il y a lieu à cette requête qu’après s’être assuré du consentement du pays
par lequel l’extradition a été accordée.
Toutefois, cette réserve n’a pas lieu d’être appliquée lorsque l’individu extradé a eu,
pendant le délai fixé à l’article précédent, la faculté de quitter le territoire guinéen.

CHAPITRE IV : DE QUELQUES PROCEDURES ACCESSOIRES

Article 680 : - L’extradition par voie de transit sur le Territoire guinéen, ou par
les bâtiments des services maritimes guinéens, d’un individu de nationalité quelconque,
livré par un autre Gouvernement est autorisée, sur simple demande par voie
diplomatique, appuyée des pièces nécessaires pour établir qu’il ne s’agit pas d’un délit
politique ou purement militaire.

Cette autorisation ne peut être donnée qu’aux puissances qui accordent, sur leur
territoire, la même faculté au Gouvernement guinéen.

Le transport s’effectue sous la conduite d’agents guinéens et aux frais du Gouvernement


requérant.

Article 681 : - La Chambre d’Accusation décide s’il y a lieu ou non de transmettre en


tout ou en partie les titres, valeurs, argent ou autres objets saisis, au Gouvernement
requérant.

Cette remise peut avoir lieu, même si l’extradition ne peut s’accomplir, par suite de
l’évasion ou de la mort de l’individu réclamé.

La Chambre d’Accusation ordonne la restitution des papiers et autres objets énumérés


ci-dessus qui ne se rapportent pas au fait imputé à l’étranger. Elle statue, le cas
échéant, sur les réclamations des tiers détenteurs et autres ayants droit.

Article 682 : - En cas de poursuites répressives non politiques dans un pays étranger,
les commissions rogatoires émanant de l’autorité étrangère sont reçues par la voie
diplomatique et transmises au Ministère de la Justice, dans les formes prévues à l’article
662. Les commissions rogatoires sont exécutées s’il y a lieu et conformément à la loi
guinéenne.

Au cas d’urgence, elles peuvent être l’objet de communications directes entre les
autorités judiciaires des deux Etats, dans les formes prévues à l’article 671. En pareil
cas, faute d’avis donné par voie diplomatique au Ministère guinéen des Affaires
Etrangères par le Gouvernement étranger intéressé, les communications directes entre
les autorités judiciaires des deux pays n’auront pas de suite utile.

Article 683 : - En cas de poursuites répressives exercées à l’étranger, lorsqu’un


Gouvernement étranger juge nécessaire la notification d’un acte de procédure ou d’un
jugement à un individu résidant sur le territoire guinéen, la pièce est transmise suivant
les formes prévues aux articles 661et 662 accompagnée, le cas échéant, d’une
traduction française.

La signification est faite à personne à la requête du Ministère public. L’original


constatant la notification est renvoyé par la même voie au Gouvernement requérant.
Article 684 : - Lorsque, dans une cause pénale instruite à l’étranger, le Gouvernement
étranger juge nécessaire la communication de pièces à conviction ou de documents se
trouvant entre les mains des autorités guinéennes, la demande est faite par la voie
diplomatique. Il y est donné suite, à moins que des considérations particulières ne s’y
opposent, et sous l’obligation de renvoyer les pièces et documents dans le plus bref
délai.

Article 685 : - Si, dans une cause pénale, la comparution personnelle d’un témoin
résidant en Guinée est jugée nécessaire par un Gouvernement étranger, le
Gouvernement guinéen saisi de la citation par la voie diplomatique, l’engage à se
rendre à l’invitation qui lui est adressée.

Néanmoins, la citation n’est reçue et signifiée qu’à la condition que le témoin ne pourra
être poursuivi ou détenu pour des faits ou condamnations antérieures à sa comparution.

Article 686 : - L’envoi des individus détenus, en vue d’une confrontation, doit être
demandé par la voie diplomatique. Il est donné suite à la demande, à moins que des
considérations particulières ne s’y opposent, et sous la condition de renvoyer lesdits
détenus dans le plus bref délai.

TITRE XVIII : DE LA POURSUITE DE L’INSTRUCTION ET DU JUGEMENT DES


ACTES DE TERRORISME

Article 687 : - Les actes de terrorisme, le délit de participation à une association de


malfaiteurs lorsqu’il a pour objet de préparer l’une de ces infractions ainsi que les
infractions connexes, sont poursuivis, instruits et jugés selon les règles du présent code
sous réserve des dispositions du présent Titre.

CHAPITRE PREMIER : COMPETENCE

Article 688 : - Pour la poursuite, l’instruction et le jugement des infractions entrant


dans le champ d’application de l’article 687, le Procureur de la République, le Juge
d’Instruction, le Tribunal correctionnel et la Cour d’Assises exercent une compétence
concurrente à celle qui résulte de l’application des articles 43, 49 et 375 du présent
Code.

En ce qui concerne les mineurs, le Procureur de la République, le Juge d’Instruction, le


Juge des enfants, le Tribunal pour enfants et la Cour d’Assises des mineurs exercent une
compétence concurrente à celle qui résulte de l’application des dispositions relatives à
l’Enfance délinquante.

Lorsqu’ils sont compétents pour la poursuite et l’instruction des infractions entrant dans
le champ d’application de l’article 687, le Procureur de la République et le Juge
d’Instruction de Conakry exercent leurs attributions sur toute l’étendue du Territoire
national.
Article 689 : - Le Procureur de la République près le Tribunal de première Instance
autre que celui de Conakry peut, pour les infractions entrant dans le champ d’application
de l’article 687, requérir le Juge d’Instruction de se dessaisir au profit de la juridiction
d’Instruction de Conakry. Les parties sont préalablement avisées et invitées à faire
connaître leurs observations. L’ordonnance est rendue huit jours au plutôt après cet
avis.

L’ordonnance par laquelle le Juge d’Instruction se dessaisit ne prend effet qu’à compter
du délai de cinq jours prévu par l’article 693 ; lorsqu’un recours est exercé en application
de cet article, le Juge d’Instruction demeure saisi jusqu’à ce que l’arrêt de la Chambre
Judiciaire de la Cour Suprême soit porté à sa connaissance.

Dès que l’ordonnance est devenue définitive, le Procureur de la République adresse le


dossier de la procédure au Procureur de la République de Conakry.

Les dispositions du présent article sont applicables devant la Chambre d’Accusation.

Article 690 : - Lorsqu’il apparaît au Juge d’Instruction de Conakry que les faits dont il a
été saisi ne constituent pas une des infractions entrant dans le champ d’application de
l’article 687 et ne relèvent pas de sa compétence à un autre titre, ce Magistrat se
déclare incompétent, soit sur requête du Procureur de la République, soit, après avis de
ce dernier, d’office ou sur requête des parties. Celles des parties qui n’ont pas présenté
requête sont préalablement avisées et invitées à faire connaître leurs observations ;
l’ordonnance est rendue au plutôt huit jours après cet avis.

Les dispositions du deuxième alinéa de l’article 689 sont applicables à l’ordonnance par
laquelle le Juge d’Instruction de Conakry se déclare incompétent.

Dès que l’ordonnance est devenue définitive, le Procureur de la République de Conakry


adresse le dossier de la procédure au Procureur de la République territorialement
compétent.

Les dispositions du présent article sont applicables lorsque la Chambre d’Accusation de


la Cour d’Appel de Conakry statue sur sa compétence.

Article 691 : - Lorsque le Tribunal Correctionnel ou la Chambre du Tribunal pour


enfants de Conakry se déclare incompétent pour les motifs prévus par l’article 690, il
renvoie le Ministère public à se pourvoir ainsi qu’il avisera ; il peut, le Ministère public
entendu, décerner, par la même décision, mandat de dépôt ou d’arrêt contre le prévenu.

Article 692 : - Dans les cas prévus par les articles 689 à 691, le mandat de dépôt ou
d’arrêt conserve sa force exécutoire: les actes de poursuite ou d’instruction et les
formalités intervenus avant que la décision de dessaisissement ou d’incompétence soit
devenue définitive n’ont pas à être renouvelés.

Article 693 : - Toute ordonnance rendue sur le fondement de l’article 689 ou de


l’article 690 par laquelle un Juge d’Instruction statue sur son dessaisissement ou le Juge
d’Instruction de Conakry statue sur sa compétence, peut, à l’exclusion de toute autre
voie de recours, être déférée dans les cinq jours de sa notification, à la requête du
Ministère public, des parties, à la Chambre judiciaire de la Cour Suprême qui désigne,
dans les huit jours suivant la date de réception du dossier, le Juge d’Instruction chargé
de poursuivre l’information.

La Chambre judiciaire de la Cour Suprême qui constate que le Juge d’Instruction du


Tribunal de première Instance de Conakry n’est pas compétent peut néanmoins, dans
l’intérêt d’une bonne administration de la Justice, décider que l’information sera
poursuivie à ce Tribunal.

L’arrêt de la Chambre judiciaire est porté à la connaissance du Juge d’Instruction ainsi


que du Ministère public et signifié aux parties.

Les dispositions du présent article sont applicables à l’arrêt sur le fondement du dernier
alinéa des articles 689 et 690 par lequel une Chambre d’Accusation statue sur son
dessaisissement ou sa compétence.

CHAPITRE II : PROCEDURE

Article 694 : - Pour l’application des articles 60 et 70, si les nécessités de l’enquête ou
de l’instruction relatives à l’une des infractions entrant dans le champ d’application de
l’article 687 l’exigent, la garde à vue d’une personne majeure peut faire l’objet d’une
prolongation supplémentaire de quarante-huit heures. Cette prolongation est autorisée
soit par le Procureur de la République dans le ressort duquel s’exerce la garde à vue ou
le Juge délégué par lui, soit, par le Juge d’Instruction.

L’intéressé doit être présenté à l’autorité qui statue sur la prolongation préalablement à
sa décision.

Dans le cas où la prolongation est décidée, un examen médical est de droit. Le


Procureur de la République ou, dans les cas prévus par les articles 60 et 77, le Juge
d’Instruction est compétent pour désigner le médecin chargé de cet examen.

Article 695 : - Par dérogation aux dispositions de l’article 76, si les nécessités de
l’enquête relatives à l’une des infractions entrant dans le champ d’application de l’article
687 l’exigent, le Président du Tribunal de première Instance ou le Juge délégué par lui
peut, à la requête du Procureur de la République, décider que les perquisitions, visites
domiciliaires et saisies de pièces à conviction pourront être faites sans l’assentiment de
la personne chez laquelle elles ont lieu.

Article 696 : - Pour le jugement des accusés majeurs, les règles relatives à la
composition et au fonctionnement de la Cour d’Assises sont fixées par les dispositions
des articles 237 et suivants.

Pour l’application de l’alinéa précédent, la Chambre d’Accusation, lorsqu’elle prononce la


mise en accusation conformément au premier alinéa de l’article 219, constate que les
faits entrent dans le champ d’application de l’article 687.
TITRE XIX : DE LA PROCEDURE EN MATIERE D’INFRACTIONS COMMISES PAR
TOUT MOYEN DE DIFFUSION PUBLIQUE

Article 697 : - La procédure en matière d’infractions commises par tout moyen de


diffusion publique est prévu par la loi L/91/005/CTRN du 23 décembre 1991 sur la
liberté de la presse, de la radio, de la télévision et de la communication en général.

TITRE XX : DE L’ENFANCE DELINQUANTE ET EN DANGER

CHAPITRE PREMIER : DE L’ENFANCE DELINQUANTE

SECTION I : DISPOSITIONS GENERALES

Article 698 : - Les mineurs de dix-huit ans auxquels est imputée une infraction
qualifiée crime ou délit ne sont pas déférés aux juridictions pénales de droit commun et
ne sont justiciables que des Tribunaux pour enfants ou de la Cour d’Assises des mineurs.

Article 699 : - Le Tribunal pour enfants et la Cour d’Assises des mineurs prononcent,
suivant les cas, les mesures de protection, d’assistance, de surveillance et d’éducation
qui semblent appropriées.

Ils peuvent cependant, lorsque les circonstances et la personnalité du délinquant leur


paraissent l’exiger, prononcer à l’égard du mineur une condamnation pénale dans les
conditions prévues par les articles 727 et suivants du présent Code.

Si la prévention est établie à l’égard d’un mineur de plus de treize ans, celui-ci peut faire
l’objet d’une condamnation pénale dans les conditions prévues par l’article 727 du
présent Code.

Les peines privatives de liberté prononcées à l’égard des mineurs sont subies dans les
conditions qui sont définies par Décret.

Article 700 : - Le Tribunal pour enfants et la Cour d’Assises des mineurs peuvent
décider à l’égard des mineurs âgés de plus de seize ans qu’il n’y a pas lieu de retenir
l’excuse atténuante de minorité.

Cette décision ne peut être prise que par une disposition spécialement motivée.

Article 701 : - Sont compétents le Tribunal pour enfants ou la Cour d’Assises des
mineurs du lieu de l’infraction, de la résidence du mineur ou de ses parents ou tuteur,
du lieu où le mineur aura été trouvé ou du lieu où il a été placé soit à titre provisoire,
soit à titre définitif.

Article 702 : - Pour l’application des dispositions du présent titre, l’âge du mineur est
déterminé par la production des pièces d’état civil, les jugements en tenant lieu ou tous
autres documents corroborés par une expertise médicale.

En cas de contrariété, la juridiction saisie apprécie souverainement l’âge du délinquant.


Si l’acte d’état civil ne précise que l’année de la naissance, celle-ci sera considérée
comme étant intervenue le 31 décembre de ladite année. Si le mois est précisé, elle sera
considérée comme étant intervenue le dernier jour dudit mois.

Article 703 : - Les Officiers d’état civil requis de délivrer des extraits d’acte d’état civil
ou de jugement concernant un mineur, sont tenus de s’exécuter dans le mois de la
réception de la réquisition.

Faute par eux de le faire dans le délai prescrit ils encourent une amende de deux mille
à vingt mille francs que la juridiction requérante peut prononcer par décision susceptible
d’appel dans les délais et formes prévus par les articles 489 et 494.

En cas d’excuse jugée valable, l’Officier d’état civil peut être relevé de l’amende
prononcée contre lui.

Article 704 : - Il existe au siège de chaque Tribunal de Première Instance, un Tribunal


pour enfants et un ou plusieurs Juges des enfants.

Article 705 : - La compétence territoriale du Juge des enfants est la même que celle du
Tribunal pour enfants ; elle s’étend au ressort du Tribunal de première Instance.

Article 706 : - Le Juge des enfants et le Tribunal pour enfants peuvent dans tous les
cas, ordonner l’exécution provisoire de leur décision, nonobstant opposition ou appel.

SECTION II : DES POURSUITES

Article 707 : - Le Procureur de la République près le Tribunal de première Instance est


chargé de la poursuite des crimes, délits et contraventions commis par les mineurs de
dix-huit ans.

Dans le cas d’infraction dont la poursuite est réservée d’après les lois en vigueur, aux
Administrations publiques, le Procureur de la République a seul qualité pour exercer la
poursuite sur la plainte préalable de l’Administration intéressée.

Article 708 : - En cas de crime ou de délit commis par un mineur de dix-huit ans le
Procureur de la République en saisit le Juge des enfants.

Dans les Justices de paix, le Juge de paix se saisit soit d’office, soit sur les réquisitions
du Procureur de la République.

En aucun cas, il ne peut être suivi contre le mineur, selon la procédure de flagrant délit
ou de citation directe.

Lorsque le mineur de dix-huit ans est impliqué dans la même cause qu’un ou plusieurs
majeurs de plus de dix-huit ans, lesquels sont poursuivis en flagrant délit ou par voie de
citation directe, le Procureur de la République constitue un dossier spécial concernant le
mineur et en saisit le Juge des enfants. Si une information a été ouverte, le Juge
d’Instruction se dessaisit dans le plus bref délai à l’égard tant du mineur que des
inculpés majeurs au profit du Juge des enfants.

Article 709 : - L’action civile peut être portée devant le Juge des enfants, devant le
Tribunal pour enfants et devant la Cour d’Assises des mineurs.

Lorsqu’un ou plusieurs mineurs de dix-huit ans sont impliqués dans la même cause
qu’un ou plusieurs majeurs, l’action civile contre tous les responsables peut être portée
devant le Tribunal correctionnel ou devant la Cour d’Assises compétents à l’égard des
majeurs. En ce cas, les mineurs ne comparaissent pas à l’audience, mais seulement
leurs représentants légaux.

A défaut de choix d’un défenseur par le mineur ou par ses représentants, il lui est
désigné un d’office.

Dans le cas prévu à l’alinéa qui précède s’il n’a pas encore été statué sur la culpabilité
des mineurs, le Tribunal correctionnel ou la Cour d’Assises peut surseoir à statuer sur
l’action civile.

SECTION III : DU JUGE DES ENFANTS

Article 710 : - Dans les Tribunaux de première Instance et dans les Justices de paix
comprenant deux ou plusieurs Magistrats, le Juge des enfants est désigné par
ordonnance du Président ou du Juge de paix, compte tenu de ses aptitudes et de
l’intérêt qu’il porte aux questions de l’Enfance.

Dans les Justices de paix, le Juge de paix est chargé des fonctions de Juge des enfants.

En cas d’empêchement momentané du titulaire, le Président du Tribunal de première


Instance désigne par ordonnance l’un des Juges de ce Tribunal pour le remplacer.

Les fonctions de Juge des enfants peuvent être cumulées avec d’autres fonctions
judiciaires.

Article 711 : - Le Juge des enfants effectue toutes diligences et investigations utiles
pour parvenir à la manifestation de la vérité et à la connaissance de la personnalité du
mineur ainsi que des moyens appropriés à sa rééducation.

A cet effet, il procède à une enquête, soit par voie officieuse, soit dans les formes
prévues par le Chapitre premier du Titre III du Livre premier du présent Code.

Dans ce dernier cas, il ne sera pas tenu d’observer à l’égard du mineur les dispositions
des articles 116, 118 et 120. Il peut décerner tous mandats utiles en observant les
règles du droit commun.

Il recueille par une enquête sociale des renseignements sur la situation matérielle et
morale de la famille, sur le caractère et les antécédents du mineur, sur sa fréquentation
scolaire, son attitude à l’école, sur les conditions dans lesquelles il a vécu ou a été élevé.
Le Juge des enfants ordonne un examen médical et il peut lorsque les circonstances le
permettent, ordonner un examen médico-psychologique ; il décide, le cas échéant, le
placement du mineur dans un centre d’accueil ou dans un centre d’observation.

Toutefois, il ne peut, dans l’intérêt du mineur, n’ordonner aucune de ces mesures ou ne


prescrire que l’une d’elles. Dans ce cas il rend une ordonnance motivée.

Article 712 : - Le Juge des enfants prévient des poursuites les parents, tuteurs ou
gardiens connus. A défaut de choix d’un défenseur par le mineur ou son représentant
légal, il désigne ou fait désigner par le bâtonnier un défenseur d’office.

Dans les juridictions au siège desquelles ne réside pas d’avocat, il est désigné un
défenseur choisi parmi les personnes présentant toutes garanties désirables. Il peut
charger de l’enquête sociale les services sociaux, ou les personnes titulaires d’un
diplôme du service social, ou à défaut, les officiers de police judiciaire.

Le Juge des enfants peut confier provisoirement le mineur :

1 - A ses parents, à son tuteur ou à la personne qui en avait la garde, ainsi qu’à une
personne digne de confiance ;
2 - A un Centre d’accueil ;
3 - A une Section d’accueil d’une Institution publique ou privée habilitée à cet effet ;
4 - Au Service de l’assistance à l’Enfance ou un Etablissement hospitalier ;
5 - A un Etablissement ou une Institution d’éducation, de formation
professionnelle ou de soin, de l’Etat ou d’une Administration publique habilitée.

S’il estime que l’état physique ou psychologique du mineur justifie une observation
approfondie, il peut ordonner son placement provisoire dans un Centre d’observation
institué ou agréé par le Ministre de la Justice.

La garde provisoire peut, le cas échéant, être exercée sous le régime de la liberté
surveillée.

La mesure de garde est toujours révocable.

Article 713 : - Le mineur âgé de plus de treize ans ne peut être placé provisoirement
dans une Maison d’arrêt, par le Juge des enfants que si cette mesure paraît
indispensable ou encore s’il est impossible de prendre toutes autres dispositions.

Le Juge des enfants ne peut prendre une telle mesure à l’égard d’un mineur de treize
ans que par ordonnance motivée, et s’il y a prévention de crime.

Dans ce cas, le mineur est retenu dans un quartier spécial, à défaut dans un local
spécial.

Les diligences faites, le Juge des enfants peut soit d’office, soit à la requête du Ministère
public, communiquer le dossier à ce dernier.
Il peut ensuite, outre les mesures prévues à la Section II du Chapitre premier du Titre
III du Livre premier du présent Code :

1 - Par ordonnance, renvoyer le mineur devant le Tribunal pour enfants ;

2 - En cas de crime, rendre une ordonnance de transmission des pièces au Parquet


Général s’il s’agit d’un mineur de seize ans ;

3 - Par jugement rendu en Chambre du conseil, soit relaxer le mineur s’il estime que
l’infraction n’est pas établie, soit l’admonester, soit le remettre à ses parents à son
tuteur, à la personne qui en avait la garde ou à une personne digne de confiance, en
prescrivant le cas échéant qu’il sera placé jusqu’à un âge qui ne pourra excédé vingt et
un ans sous le régime de la liberté surveillée ;

4 - S’il se révèle que l’inculpé est majeur, soit se dessaisir au profit du Juge d’Instruction
compétent qui poursuivra l’information entreprise à partir du dernier acte intervenu soit
si la procédure est terminée, la régler comme il est dit aux articles 181 à 190. Dans l’un
ou l’autre cas, aucune nullité ne sera encourue du fait de l’inobservation par le Juge des
enfants des dispositions des articles 116, 118 et 120.

Il peut, avant de prononcer au fond, ordonner la mise en liberté surveillée à titre


provisoire en vue de statuer après une ou plusieurs périodes d’épreuves dont il fixe la
durée.

Article 715 : - Si le mineur a des coauteurs ou complices âgés de plus de dix-huit ans,
ces derniers sont en cas de poursuite correctionnelle, renvoyés devant la juridiction
compétente suivant le droit commun. La cause concernant le mineur est disjointe pour
être jugée conformément aux dispositions du présent Titre.

Article. 716 : - En cas de poursuite pour infraction qualifiée crime, il est procédé à
l’égard de tous les inculpés, conformément aux dispositions de l’article 709.
.
La Chambre d’Accusation peut, soit renvoyer tous les accusés âgés de seize ans au
moins devant la Cour d’Assises des mineurs, soit disjoindre les poursuites concernant les
majeurs et renvoyer ceux-ci devant la Cour d’Assises de droit commun.

Dans tous les cas, les mineurs âgés de moins de seize ans, sont renvoyés devant le
Tribunal pour enfants.

L’arrêt est rédigé dans les formes du droit commun. En cas de renvoi devant la Cour
d’assises des mineurs, la Chambre d’Accusation peut décerner une ordonnance de prise
de corps contre les accusés mineurs.

Article 717 : - Les jugements du Juge des enfants sont exemptés des formalités de
timbres et d’enregistrement.
SECTION IV : DE LA COUR D’ASSISES POUR MINEURS

Article 718 : - Le mineur âgé de seize ans au moins, accusé de crime est jugé par la
Cour d’Assises des mineurs. Celle-ci se réunit durant la session de la Cour d’Assises. Elle
est composée d’un Président, de deux Conseillers et de six Jurés.

Le Président est désigné et remplacé s’il y a lieu dans les conditions prévues pour le
Président de la Cour d’Assises par les articles 241 à 244.

Les deux Conseillers Magistrats sont pris sauf impossibilité parmi les Juges des enfants
du ressort de la Cour d’Assises et désignés dans les formes des articles 245 à 249.

Les six Jurés sont ceux tirés au sort pour la session de la Cour d’Assises.

Les fonctions du Ministère public auprès de la Cour d’Assises des mineurs sont remplies
par les membres du Ministère public près la Cour d’Appel.

Le Greffier de la Cour d’Appel exerce les fonctions de Greffier de la Cour d’Assises des
mineurs.

Article 719 : - Le Président de la Cour d’Assises des mineurs et la Cour d’Assises des
mineurs exercent respectivement les attributions dévolues par les dispositions du
présent Code au Président de la Cour d’Assises et à la Cour.

Les dispositions des alinéas premier, deuxième, quatrième et cinquième de l’article 723
s’appliquent à la Cour d’Assises des mineurs. Après l’interrogatoire des accusés, le
Président de la Cour d’Assises des mineurs peut, à tout moment ordonner que l’accusé
mineur se retire pendant tout ou partie de la suite des débats.

Article 720 : - Sous réserve des dispositions du présent titre, il est procédé en ce qui
concerne les mineurs âgés de seize ans, au moins, accusés de crime, conformément aux
dispositions des articles 196 à 223 et 232 à 373.

La Cour doit, à peine de nullité, statuer spécialement :

1 - Sur l’application à l’accusé d’une condamnation pénale ;


2 - Sur l’exclusion de l’accusé du bénéfice de l’excuse atténuante de minorité.

S’il est décidé que l’accusé mineur de dix-huit ans déclaré coupable ne doit pas faire
l’objet d’une condamnation pénale, les mesures relatives à son placement ou à sa garde,
sur lesquelles la Cour est appelée à statuer sont celles des articles 712 et suivants.

SECTION V : DU TRIBUNAL POUR ENFANTS

Article 721 : - Le Tribunal pour enfants est composé du Juge des enfants, président et
de deux Assesseurs.
Les Assesseurs titulaires et suppléants sont nommés par Arrêté du Ministre de la Justice
pour quatre ans. Ils sont choisis parmi les personnes de l’un ou de l’autre sexe âgées de
plus de trente ans, ressortissants de la République de Guinée et s’étant signalées par
l’intérêt qu’elles portent aux questions de l’Enfance et par leur compétence.

Avant d’entrer en fonction les Assesseurs titulaires et suppléants prêtent serment de


bien et fidèlement remplir leurs fonctions et de garder religieusement le secret des
délibérations.

Les fonctions de Greffier sont assurées par le Greffier en Chef du Tribunal de première
Instance ou de la Justice de paix ou par un de ses Greffiers.

Article 722 : - Le Tribunal pour enfants statue après avoir entendu l’enfant, les
témoins, les parents, le tuteur ou gardien, le Ministère public et le défenseur. Il peut
entendre à titre de simples renseignements, les coauteurs ou complices majeurs.

Le Président du Tribunal pour enfants peut, si l’intérêt du mineur l’exige, dispenser ce


dernier de comparaître à l’audience. Dans ce cas, le mineur est représenté par son
défenseur ou par son père, sa mère, son tuteur ou la personne qui en a la garde ; la
décision est réputée contradictoire.

Le Tribunal pour enfants reste saisi à l’égard du mineur âgé de moins de seize ans
lorsqu’il décide d’appliquer une qualification criminelle aux faits dont il avait été saisi
sous une qualification correctionnelle. Il ordonne, dans ce cas, un supplément
d’information et délègue un Juge à cette fin.

Article 723 : - Chaque affaire est jugée séparément en l’absence de tous autres
prévenus.

Seuls sont admis à assister aux débats les témoins de l’affaire, les proches parents, le
tuteur ou le représentant légal du mineur, les membres du Barreau, les représentants
des Sociétés de patronages, et des Services ou Institutions s’occupant des enfants, les
Délégués à la liberté surveillée.

Le Président peut, à tout moment, ordonner que le mineur se retire pendant tout ou
partie de la suite des débats, il peut de même ordonner aux témoins de se retirer après
leur audition.

La publication du compte rendu des débats des Tribunaux pour enfants dans les livres,
la presse, la radiophonie, la cinématographie ou de quelque manière que ce soit, est
interdite.

La publication par les mêmes procédés, de tout texte ou de toute illustration concernant
l’identité et la personnalité des mineurs délinquants est également interdite.

Les infractions à ces dispositions sont punies d’une amende de 50.000 à trois millions
de francs guinéens.
En cas de récidive, un emprisonnement de 2 mois à 2 ans peut être prononcé.

Le jugement est rendu en audience publique, en la présence du mineur. Il peut être


publié, mais sans que le nom du mineur puisse être indiqué, à peine d’une amende de
50.000 à 300.000 francs guinéens.

Article 724 : - Si la prévention est établie à l’égard du mineur de 13 ans, le Tribunal


pour enfants, prononce, par décision motivée, l’une des mesures suivantes :

1 - Remise à ses parents, à son tuteur, à la personne qui en avait la garde,


ou à une personne digne de confiance ;
2 - Placement dans une Institution ou un Etablissement public ou privé
d’éducation ou de formation professionnelle habilité ;
3 - Placement dans un Etablissement médical ou médico-pédagogique habilité ;
4 - Remise au Service de l’Assistance à l’Enfance ;
5 - Placement dans un internat approprié aux mineurs délinquants d’âge scolaire.

Article 725 : - Si la prévention est établie à l’égard d’un mineur âgé de plus de 13 ans,
le Tribunal pour enfants prononce par décision motivée l’une des mesures prévues à
l’article précédent, ou le place dans une Institution publique d’éducation surveillée ou
d’éducation corrective.

Article 726 : - Dans tous les cas prévus par les articles 724 et 725 ci-dessus, les
mesures sont prononcées pour le nombre d’années que la décision détermine, et qui ne
peut excéder l’époque où le mineur aura atteint l’âge de 21 ans.

La décision doit préciser la date de l’expiration du placement.

Article 727 : - Si la prévention est établie à l’égard d’un mineur âgé de plus de treize
ans, celui-ci peut faire l’objet d’une condamnation pénale conformément aux articles 699
et suivants.

Si l’infraction commise par un mineur âgé de plus de treize ans est un délit, la peine qui
peut être prononcée contre lui ne peut s’élever au-dessus de la moitié de celle à laquelle
il aurait été condamné s’il avait eu dix-huit ans.

Article 728 : - Lorsque l’une des mesures prévues aux articles 724 et 725 ou une
condamnation pénale est décidée, le mineur peut, en outre, être placé jusqu’à un âge
qui ne peut excéder vingt et un ans sous le régime de la liberté surveillée.

Le Tribunal pour enfants peut, avant le prononcé au fond, ordonner la mise en liberté
surveillée à titre provisoire en vue de statuer après une ou plusieurs périodes d’épreuve
dont il fixe la durée.
SECTION VI : DES CONTRAVENTIONS

Article 729 : - Les contraventions de simple police, commises par les mineurs de dix-
huit ans, sont déférées au Tribunal de Simple Police siégeant dans les conditions de
publicité prescrites à l’article 723 pour le Tribunal pour enfants.

Article 730 : - Si la contravention est établie, le Tribunal peut soit simplement


admonester le mineur, soit prononcer la peine d’amende prévue par la loi. Toutefois, les
mineurs de treize ans ne peuvent faire objet d’une admonestation.

Le Tribunal peut, s’il estime conforme à l’intérêt du mineur, transmettre le dossier au


juge des enfants qui a la faculté de placer le mineur sous le régime de la liberté
surveillée.

SECTION VII : DES VOIES DE RECOURS

Article 731 : - Le droit d’opposition, d’appel ou de recours en cassation peut être


exercé soit par le mineur soit par son représentant légal.

Article 732 : - Les règles sur le défaut et l’opposition résultant des articles 480 et
suivants sont applicables aux jugements du Juge des enfants et du Tribunal pour
enfants.

Les règles sur la contumace des articles 564 à 578 sont applicables à la procédure
devant la Cour d’Assises des mineurs.

Article 733 : - Lorsque les décisions prévues à l’article 724 ci-dessus ont été
prononcées par défaut à l’égard d’un mineur de treize ans, et assorties de l’exécution à
la diligence du Procureur de la République, le mineur est conduit et retenu dans un
Centre d’accueil ou dans une Section d’accueil d’une Institution visée à l’article 712 ou
dans un Centre d’observation.

Article 734 : - Les règles édictées par les articles 489 et suivants, sont applicables à
l’appel des jugements du Juge des enfants et du Tribunal pour enfants.

Article 735 : - L’appel des jugements du Juge des enfants et du Tribunal pour enfants
est jugé par la Cour d’Appel, dans une audience spéciale, suivant la même procédure
qu’en première Instance.

Article 736 : - Un Magistrat de la Cour d’Appel est désigné par Arrêté du Garde des
Sceaux pour présider l’audience spéciale de la Cour d’Appel visée à l’article précédent. Il
exerce également les fonctions de rapporteur.

Il siège comme membre de la Chambre d’Accusation lorsque celle-ci connaît d’une


affaire dans laquelle un mineur est impliqué, soit seul, soit avec ses coauteurs majeurs.

Il dispose en cause d’appel des pouvoirs attribués au Juge des enfants par l’article 728
alinéa premier. Ses fonctions peuvent être cumulées avec d’autres fonctions judiciaires.
En cas d’empêchement momentané du titulaire, il lui est désigné un remplaçant par le
Premier Président.

Article 737 : - Les dispositions des articles 191 à 193 sont applicables aux ordonnances
du Juge des enfants. Toutefois, par dérogation à l’article 192, les ordonnances du Juge
des enfants concernant les mesures provisoires visées aux articles 712 et 713 sont
susceptibles d’appel.

Cet appel sera formé dans les délais de l’article 493 et porté devant la Chambre spéciale
de la Cour d’Appel.

Article 738 : - Le recours en cassation n’est pas suspensif, sauf si une condamnation
pénale est intervenue.

SECTION VIII : DE LA LIBERTE SURVEILLEE

Article 739 : - La surveillance des mineurs placés sous le régime de la liberté surveillée
et l’action éducative exercée sur eux, leur famille ou la personne investie de leur garde
sont assurées, sous l’autorité du Président du Tribunal pour enfants et sous le contrôle
du Conseiller délégué à la protection de l’Enfance, par tel service d’observation
d’éducation ou de rééducation en milieu ouvert.

.Dans les lieux où n’existe pas un tel service, ces tâches sont assurées, sous la direction
du Président du Tribunal pour enfants, par des Délégués à la liberté surveillée, choisis
en raison de leurs aptitudes particulières et de leur honorabilité.

Dans chaque affaire, le Délégué est désigné par la décision plaçant le mineur sous le
régime de la liberté surveillée.

Les frais de transport assumés pour la surveillance et l’action éducative sont payés
comme frais de justice criminelle.

Article 740 : - Dans tous les cas où le régime de la liberté surveillée est décidé, le
mineur, ses parents, son tuteur, la personne qui en a la garde sont avertis du caractère
et de l’objet de cette mesure et des obligations qu’elle comporte.

Le Délégué visite le mineur en liberté surveillée aussi souvent qu’il est nécessaire et
fournit des rapports sur sa conduite au Président de la juridiction qui a ordonné la
mesure, notamment en cas de mauvaise conduite, de péril moral du mineur, d’entrave
systématique à la surveillance et lorsqu’une modification de placement ou de garde lui
paraît utile.

En cas de décès, de maladie grave, de changement de résidence ou d’absence non


autorisée du mineur, les parents, tuteur, gardien ou patron doivent sans retard en
informer le Délégué.
Si un incident à la liberté surveillée révèle un défaut de surveillance caractérisé de la
part des parents ou du tuteur ou du gardien, ou des entraves systématiques à l’exercice
de la mission du Délégué, le Tribunal pour enfants, après simple avis à comparaître
délivré par les soins du Procureur de la République, peut condamner les parents ou le
tuteur ou gardien à une amende de 20.000 à 30.000 francs guinéens et à un
emprisonnement de 2 mois au plus, ou à l’une de ces deux peines seulement.

Le Tribunal peut déléguer ses pouvoirs en matière de liberté surveillée soit au Tribunal
pour enfants du domicile de la personne à laquelle le mineur a été confié, soit à celui
dans le ressort duquel le mineur se trouve placé.

Article 741 : - Les mesures de protection, d’assistance, de surveillance, d’éducation ou


de reforme ordonnées contre lui, peuvent être révisées à tout moment par le Tribunal
pour enfants qui en a décidé.

Lorsque l’une des mesures prévues aux articles 724 et 725 s’avère inopérante en raison
de la mauvaise conduite opiniâtre, de l’indiscipline constante ou du comportement
dangereux du mineur, le Tribunal peut prononcer une condamnation pénale en
application de l’article 699, si le mineur avait plus de 13 ans au moment des faits ayant
entraîné sa poursuite. Dans le cas où le mineur ayant fait objet d’une condamnation
pénale manifeste par son comportement en cours de peine qu’il serait susceptible de
tirer profit d’une simple mesure de rééducation ou de surveillance, le Tribunal peut
rapporter la condamnation et prononcer la mesure qui lui paraît la plus opportune dans
les conditions prévues aux articles 724 et 725.

Ces mesures peuvent être prises, soit d’office par le Tribunal, soit à la requête du
Ministère public ou des Educateurs spécialisés ou Assistants sociaux chargés de la
surveillance et de l’action éducative sur le mineur, soit sur la demande du mineur, de
ses parents, de son tuteur, de la personne qui en a la garde ou du Délégué à la liberté
surveillée.

Toutefois, les parents, le tuteur ou le mineur lui-même ne peuvent former une demande
de remise ou de restitution de garde que lorsqu’une année au moins s’est écoulée
depuis l’exécution d’une décision plaçant le mineur hors de sa famille et s’il est justifié
de l’amendement de l’enfant et l’aptitude de la famille à assurer son éducation. En cas
de rejet, la même demande ne peut être renouvelée qu’après l’expiration du délai d’un
an.

Article 742 : - Le Président du Tribunal pour enfants, peut, s’il y a lieu ordonner toutes
mesures nécessaires à l’effet de s’assurer de la personne du mineur. Il peut par
ordonnance motivée, décider que le mineur soit conduit et retenu à la maison d’arrêt
dans les conditions prévues à l’article 713. Le mineur doit, en ce cas, comparaître dans
le plus bref délai devant le Tribunal pour enfants à la diligence du Procureur de la
République.
CHAPITRE II : DISPOSITIONS DIVERSES

Article 743 : - Dans chaque Tribunal, le Greffier tient un registre spécial, non public,
dont le modèle est fixé par arrêté ministériel et sur lequel sont mentionnées toutes les
décisions concernant les mineurs de dix-huit ans, y compris celles intervenues sur
incident à la liberté surveillée, instances modificatives de placement ou de garde et
remise de garde.

Article 744 : - Toute personne, toute œuvre ou toute Institution, même reconnues
d’utilité publique s’offrant à recueillir d’une façon habituelle des mineurs en application
du présent Titre, doit obtenir du Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, une
habilitation spéciale dans des conditions qui sont fixées par Décret.
Article 745 : - Dans tous les cas où le mineur est remis à titre provisoire ou à titre
définitif à une personne autre que ses père, mère ou tuteur ou à une personne autre
que celle qui en avait la garde, la décision doit déterminer la part de frais d’entretien et
de placement qui est mise à la charge de la famille. Ces frais sont recouvrés comme
frais de justice criminelle au profit du Trésor public.

Les allocations familiales, majorations et allocations d’assistance auxquelles le mineur a


droit, sont, en tout état de cause, versées directement par l’organisme débiteur à la
personne ou à l’Institution qui a la charge du mineur pendant la durée du placement.

La part des frais d’entretien et de placement qui n’incombe pas à la famille est mise à la
charge du Trésor.

Article 746 : - Un Décret détermine les conditions de remboursement des frais


d’entretien, de rééducation et de surveillance des mineurs confiés à des personnes,
institutions ou services, par application du présent Titre.

CHAPITRE III : DE L’ENFANCE EN DANGER

Article 747 : - Dans tous les cas de délits ou de crimes commis sur les mineurs de
moins de vingt et un ans, ou si ces mineurs sont en danger moral ou matériel, le
Magistrat Instructeur ou le Président de la juridiction jugeant la cause peut s’il l’estime
utile, le Ministère public entendu, s’il est représenté, ordonner que la garde du mineur
soit provisoirement confiée à un parent, à une personne ou à une institution qu’il
désigne. Il informe aussitôt le Président du Tribunal pour enfants du ressort de la
mesure prise.

Article 748 : - Les mineurs de moins de vingt et un ans dont la santé, la sécurité, la
moralité ou l’éducation sont compromises peuvent faire l’objet de mesures d’assistance
éducative dans les conditions ci-après définies.

Article 749 : - Le Président du Tribunal pour enfants du domicile ou de la résidence du


mineur, de ses parents ou du gardien ou de la personne chez laquelle il a été trouvé est
saisi par une requête du père, de la mère, de la personne investie ou non du droit de
garde, du mineur lui même ou du Procureur de la République.
La requête peut être présentée par celui des père et mère qui n’a pas l’exercice du droit
de garde sur l’enfant à moins qu’il n’ait été déchu de ce droit. Elle peut être présentée
également par un représentant habilité d’un service spécialisé, judiciaire ou
administratif.

Le Président du Tribunal pour enfants peut en tout état de cause se saisir d’office.

Le Procureur de la République quand il n’a pas présenté lui-même la requête, est avisé
sans délai.

Article 750 : - Le Président du Tribunal pour enfants avise de l’ouverture de la


procédure les parents et le gardien, quand ils ne sont pas requérants, ainsi que le
mineur s’il y a lieu.

Il les entend et consigne leur avis sur la situation du mineur et son avenir.

Le Président du Tribunal pour enfants fait procéder à une étude de la personnalité du


mineur, notamment par le moyen d’une enquête sociale, d’examens médicaux,
psychiatriques et psychologiques, d’une observation du comportement et s’il y a lieu
d’un examen d’orientation professionnelle.

Il peut toutefois, s’il possède des éléments suffisants d’appréciation, n’ordonner aucune
de ces mesures ou ne prescrire que certaines d’entre elles. Il peut faire procéder à
l’enquête par un service administratif spécialisé lorsqu’il en existe un dans son ressort.

Article 751 : - Le Président du Tribunal pour enfants peut, pendant l’enquête, prendre
à l’égard du mineur et par ordonnance de garde provisoire toutes mesures de protection
nécessaires.

Il peut décider la remise du mineur :

1 - A celui des père et mère qui n’a pas l’exercice du droit de garde ;
2 - A un autre parent ou une personne digne de confiance ;
3 - A un Centre d’accueil ou d’observation ;
4 - A tout Etablissement ou Service approprié.

En cas de placement en milieu ouvert, il peut charger tout service d’observation,


d’éducation ou de rééducation de suivre le mineur et sa famille.

Les mineurs faisant l’objet des mesures indiquées au présent article peuvent être placés
sous le régime de la liberté surveillée. En ce cas, les dispositions des articles 739 et 740
sont applicables.

Si à l’occasion de l’exécution de cette mesure, un incident révèle un défaut de


surveillance caractérisé de la part des parents, du tuteur ou du gardien ou des entraves
systématiques à l’exercice de la mission du service visé à l’alinéa précédent, le Tribunal
pour enfants, après simple avis à comparaître délivré par les soins du Procureur de la
République, peut condamner les parents ou le tuteur ou gardien à une amende de
20.000 à 30.000 francs guinéens et un emprisonnement de 2 mois au plus ou à l’une de
ces deux peines seulement.

Article 752 : - En cas d’urgence, le Juge de paix du lieu où le mineur a été trouvé peut
prendre l’une des mesures prévues à l’article 751.

Il doit, dans les trois jours, transmettre le dossier au Président du Tribunal pour enfants
du ressort qui maintient, modifie, ou rapporte la mesure prise.

Article 753 : - Le mineur, ses parents ou gardien peuvent faire le choix d’un Conseil
ou demander au Président du Tribunal pour enfants d’en faire designer un d’office. La
désignation est faite par le Bâtonnier ou son Délégué dans les trois jours suivant la
transmission de la demande.

Article 754 : - Les mesures provisoires ordonnées par le Président du Tribunal pour
enfants peuvent à tout moment être par lui modifiées ou rapportées soit d’office, soit à
la requête du mineur, des parents ou gardiens ou du Procureur de la République.

Quand il n’agit pas d’office, le Président du Tribunal pour enfants doit statuer au plus
tard dans le mois qui suit le dépôt de la requête.

Article 755 : - Son enquête terminée, et après communication des pièces au Procureur
de la République, le Président du Tribunal pour enfants convoque le mineur et ses
parents ou gardien par lettre recommandée avec accusé de réception, dix jours au
moins avant l’audience; il avise le Conseil.

Il entend en Chambre du conseil le mineur, ses parents ou gardien, le Directeur du


Centre et toute personne dont l’audition lui paraît utile.

Il peut, si l’intérêt du mineur l’exige, dispenser ce dernier de comparaître à l’audience


ou ordonner qu’il se retire pendant tout ou partie de la suite des débats.

Il tente de recueillir l’adhésion de la famille à la mesure envisagée.

Article 756 : - Le Président du Tribunal pour enfants statue par jugement en Chambre
du conseil. Il peut décider la remise du mineur :

1 - A ses père et mère, ou gardien ;


2 - A un autre parent ou à une personne digne de confiance ;
3 - A un Etablissement d’enseignement, d’éducation spécialisée ou de rééducation ;
4 - A un Etablissement sanitaire ;
5 - A un Service administratif spécialisé.

Il peut en cas de placement en milieu ouvert, charger tout Service d’observation,


d’éducation ou de rééducation de suivre le mineur et sa famille.
Les mineurs faisant l’objet des mesures indiquées au présent article, peuvent être placés
sous le régime de la liberté surveillée. En ce cas, les dispositions des articles 739 et 740
sont applicables.

Si, à l’occasion de l’exécution de cette mesure, un incident révèle un défaut de


surveillance caractérisé de la part des parents, du tuteur ou du gardien ou des entraves
systématiques à l’exercice de la mission du Service visé à l’alinéa précédent, le Tribunal
pour enfants, après simple avis à comparaître délivré par les soins du Procureur de la
République, peut condamner les parents ou le tuteur ou le gardien à une amende de
20.000 à 30.000 francs guinéens et à un emprisonnement de 2 mois au plus, ou à l’une
de ces deux peines seulement.

Article 757 : - Le Président du Tribunal pour enfants qui a primitivement statué peut à
tout moment modifier sa décision.

Il se saisit d’office ou agit à la requête du mineur des parents ou gardien, du Service ou


Etablissement auquel a été confié le mineur ou du Procureur de la République.

Il peut déléguer sa compétence au Président du Tribunal pour enfants du domicile ou de


la résidence des parents ou gardien du mineur.

Quand il n’agit pas d’office, il doit statuer au plus tard dans les trois mois qui suivent le
dépôt de la requête.

Article 758 : - Les décisions rendues en application des articles 751, 752 alinéa 2, 754,
756 et 757 alinéas 1er et 4 sont notifiées aux parents, au gardien et au Directeur du
Centre ou service concerné, dans les quarante-huit heures, par lettre recommandée
avec accusé de réception ou par avis administratif avec accusé de réception.

Les décisions du Président du Tribunal pour enfants sont exécutoires par provision.

Les mineurs, les parents ou gardien, et le Procureur de la République peuvent, par


déclaration au Greffe du Tribunal de première Instance, interjeter appel des décisions
rendues en application des articles 754, 756 et 757. L’appel est formé dans les quinze
jours de la notification de la décision.

Il est statué sur cet appel par la Chambre spéciale de la Cour d’Appel chargée des
affaires des mineurs siégeant en Chambre du conseil, les parties entendues ou dûment
appelées.

Article 759 : - Les frais d’entretien, d’éducation et de rééducation du mineur incombent


aux père et mère et aux ascendants auxquels des aliments peuvent être réclamés.

Lorsqu’ils ne peuvent supporter la charge totale de ces frais et des frais de justice, la
décision fixe le montant de leur répartition.

Lorsque l’un d’eux exerce une profession, ou un emploi public, le simple avis de la
décision donnée par le Président du Tribunal pour enfants à l’employeur ou à
l’organisme payeur vaut saisie-arrêt et permet paiement direct par celui-ci au profit de la
personne ou de l’organisme habilité de la part de frais ainsi précisée jusqu’à l’avis donné
de la rétraction de la mesure.

Article 760 : - Les décisions rendues en application des dispositions du présent titre
sont dispensées de timbre et enregistrées sans frais.

LIVRE V : DES PROCEDURES D’EXECUTION

TITRE PREMIER : DE L’EXECUTION DES PEINES

Article 761 : - Le Ministère public et les parties poursuivent l’exécution de la sentence


chacun en ce qui le concerne.

Néanmoins, les poursuites pour le recouvrement des amendes et confiscations sont


faites par le Trésor.

Article 762 : - L’exécution à la requête du Ministère public a lieu lorsque la décision est
devenue définitive.

Toutefois, le délai d’appel accordé au Procureur Général par les articles 501 et 502 ne
fait point obstacle à l’exécution de la peine.

Article 763 : - Le Procureur de la République et le Procureur Général ont le droit de


requérir directement l’assistance de la force publique à l’effet d’assurer cette exécution.

Article 764 : - Sous réserve des dispositions de l’article 373 tous incidents contentieux
relatifs à l’exécution sont portés devant le Tribunal ou la Cour qui a prononcé la
sentence.

Cette juridiction peut également procéder à la rectification des erreurs purement


matérielles contenues dans ses décisions.

Article 765 : - Le Tribunal ou la Cour, sur requête du Ministère public ou de la partie


intéressée, statue en Chambre du conseil après avoir entendu le Ministère public, le
conseil de la partie s’il le demande, et s’il échet la partie elle-même sous réserve des
dispositions de l’article 766.

L’exécution de la décision en litige est suspendue si le Tribunal ou la Cour l’ordonne.

Le jugement sur l’incident est signifié à la requête du Ministère public aux parties
intéressées. Il n’est pas susceptible d’appel.

Article 766 : - Dans toutes les hypothèses où il paraît nécessaire d’entendre un


condamné qui se trouve détenu, la juridiction saisie peut donner commission rogatoire
au Président du Tribunal le plus proche du lieu de détention.
Ce Magistrat peut déléguer l’un des Juges du Tribunal qui procède à l’audition du détenu
par procès-verbal.

Article 767 : - Lorsque la peine prononcée est la mort, le Ministère Public, dès que la
condamnation est devenue définitive, la porte à la connaissance du Ministre de la
Justice, Garde des Sceaux.

La condamnation ne peut être mise à exécution que lorsque la grâce a été refusée.
Si le condamné veut faire une déclaration, elle est reçue par un des juges du lieu
d’exécution assisté du Greffier.

TITRE II : DE LA DETENTION

CHAPITRE PREMIER : DE L’EXECUTION DE LA DETENTION PROVISOIRE

Article 768 : - Les inculpés, prévenus et accusés soumis à la détention provisoire la


subissent dans une Maison d’arrêt.

Il y a une maison d’arrêt auprès de chaque Tribunal de première Instance et de chaque


Justice de paix.

Article 769 : - Le Juge d’Instruction, le Président de la Chambre d’Accusation et le


Président de la Cour d’Assises, ainsi que le Procureur de la République et le Procureur
Général, peuvent donner tous les ordres nécessaires soit pour l’instruction, soit pour le
jugement, qui devront être exécutés dans les Maisons d’arrêt.

Article 770 : - Chaque Maison d’arrêt doit comprendre deux quartiers distincts suivant
le genre de vie des prévenus.

Les modalités d’application de l’alinéa précédent feront l’objet d’un Arrêté du Ministre de
la Justice, Garde des Sceaux.

Chaque quartier est lui-même divisé en sous quartiers pour les hommes et pour les
femmes, de telle sorte qu’il ne puisse y avoir aucune communication entre eux.

Article 771 : - Toutes communications et toutes facilités compatibles avec les


exigences de la discipline et de la sécurité de la prison sont accordées aux inculpés,
prévenus et accusés pour l’exercice de leur défense.

CHAPITRE II : DE L’EXECUTION DES PEINES PRIVATIVES DE LIBERTE

Article 772 : - Les condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité ou à temps purgent


leurs peines dans une Maison centrale. Il en est de même des condamnés à d’autres
peines privatives de liberté.

Toutefois, des condamnés à l’emprisonnement correctionnel peuvent être détenus dans


des prisons civiles.
Article 773 : - Les condamnés sont repartis dans les quartiers différents suivant leur
régime ainsi qu’il est dit à l’article 770.

Article 774 : - Les condamnés sont soumis dans les Maisons centrales et dans les
prisons civiles à l’emprisonnement collectif.

Le Juge de l’Application des Peines pourra par décision motivée ordonner


l’emprisonnement individuel de jour et de nuit ou de nuit seulement des détenus
inadaptables à la vie collective et ce pour un délai maximum d’un mois renouvelable.

Article 775 : - Les condamnés à des peines privatives de liberté, pour des faits qualifiés
crimes ou délits de droit commun sont astreints au travail.

Les produits de travail de chaque condamné sont affectés aux dépenses communes de
la maison, au payement des condamnations pécuniaires prononcées au profit du trésor
public et de la partie civile, à former pour lui, au temps de sa sortie, un fonds de
réserve, et au pécule dont il peut disposer au cours de sa détention ; le tout, ainsi qu’il
est ordonné par Décret.

Article 776 : - Dans les Tribunaux dont la liste est établie par Arrêté du Ministre de la
Justice, un Magistrat est chargé des fonctions de Juge de l’Application des Peines. Cette
délégation est faite pour une durée de deux années renouvelables par Arrêté du Ministre
de la Justice, Garde des Sceaux. Il peut être mis fin à ses fonctions par un Arrêté pris en
la même forme.

Si le Juge de l’Application des Peines est absent, malade ou autrement empêché, le


Président du Tribunal de première Instance désigne un autre Magistrat pour le
remplacer.

Un Décret déterminera les modalités de fonctionnement et les attributions du Juge de


l’Application des Peines.

Article 777 : - Auprès de toute prison où sont détenus des condamnés, le Juge prévu à
l’article précédent est chargé de suivre l’exécution de leurs peines.

Il détermine pour chaque condamné les principales modalités de son traitement


pénitentiaire en accordant notamment le placement à l’extérieur, la semi-liberté et les
permissions de sortir ; il peut prendre l’initiative de faire établir une proposition de
libération conditionnelle ; dans les Etablissements où le régime est progressivement
adapté au degré d’amendement et aux possibilités de reclassement du condamné, il
prononce son admission aux différentes phases de ce régime.

Article 778 : - Le placement à l’extérieur permet au condamné d’être employé en


dehors d’un établissement pénitentiaire à des travaux contrôlés par l’Administration.

Le régime de semi-liberté comporte le placement en dehors, sans surveillance continue


et dans les conditions de travail des salariés libres, avec toutefois l’obligation de
réintégrer la prison chaque soir et d’y passer les jours fériés ou chômés.
Les permissions de sortir autorisent un condamné à s’absenter d’un Etablissement
pénitentiaire pendant une période de temps déterminé qui s’impute sur la durée de la
peine en cours d’exécution.

Un Décret détermine les conditions auxquelles ces diverses mesures sont accordées et
appliquées.

Article 779 : - La répartition des condamnés dans les prisons s’effectue compte tenu
de leur catégorie pénale, de leur sexe, de leur âge, de leur état de santé et de leur
personnalité.

Les condamnés dont la peine doit expirer avant qu’ils aient atteint l’âge de vingt huit ans
peuvent être détenus dans des Etablissements pénitentiaires susceptibles de dispenser
un enseignement scolaire ou professionnel.

Les condamnés séniles ou inaptes au travail, les condamnés malades et les


psychopathes sont hospitalisés dans les locaux pénitentiaires appropriés des formations
sanitaires du lieu de leur détention.

CHAPITRE III : DES DISPOSITIONS COMMUNES AUX DIFFERENTS


ETABLISSEMENTS PENITENTIAIRES

Article 780 : - Tout Etablissement pénitentiaire est pourvu d’un registre d’écrou signé
et paraphé à toutes les pages par le Procureur de la République ou le Juge de paix.

Dès réception d’un arrêt ou d’un jugement de condamnation, d’une ordonnance de prise
de corps, d’un mandat de dépôt, d’arrêt, d’un mandat d’amener lorsque ce mandat doit
être suivi d’incarcération provisoire, ou d’un ordre d’arrestation établi conformément à la
loi, le Chef d‘Etablissement est tenu d’inscrire sur le registre, l’acte qui lui est remis.

En cas d’exécution volontaire de la peine, le Chef de l’Etablissement recopie sur le


registre d’écrou l’extrait de l’arrêt ou du jugement de condamnation qui lui a été
transmis par le Procureur Général, par le Procureur de la République ou le Juge de paix.

En toute hypothèse, avis de l’écrou, est donné par le chef de l’établissement selon le cas
au Procureur Général, au Procureur de la République ou au Juge de Paix.

Le registre d ’écrou mentionne également au regard de l’acte de remise, la date de la


sortie du détenu, ainsi que s’il y a lieu, la décision ou le texte de loi motivant la
libération.

Article 781 : - Nul agent de l’Administration pénitentiaire ne peut, à peine d’être


poursuivi et puni comme coupable de détention arbitraire, recevoir ni retenir aucune
personne qu’en vertu d’un arrêt ou jugement de condamnation, d’une ordonnance de
prise de corps, d’un mandat de dépôt ou d’arrêt, d’un mandat d’amener lorsque ce
mandat doit être suivi d’incarcération provisoire, ou d’un ordre d’arrestation établi
conformément à la loi, et sans que l’inscription sur le registre d’écrou prévu à l’article
précédent ait été faite.

Article 782 : - Si quelque détenu use des menaces, injures ou violences ou commet
une infraction à la discipline, il peut être enfermé seul dans une cellule aménagée à cet
effet ou même être soumis à des moyens de coercition en cas de fureur ou de violence
grave, sans préjudice des poursuites auxquelles il s’expose.

Article 783 : - Le Juge de l’Application des Peines, le Juge d’Instruction, le Président de


la Chambre d’Accusation, le Procureur de la République et le Procureur Général visitent
les Etablissements pénitentiaires.

Article 784 : - Un Décret détermine l’organisation et le régime intérieur des


Etablissements pénitentiaires.

Dans les prisons établies pour peines, ce régime sera institué en vue de favoriser
l’amendement des condamnés et de préparer leur reclassement social.

TITRE III : DE LA LIBERATION CONDITIONNELLE

Article 785 : - Les condamnés ayant à subir une ou plusieurs peines privatives de
liberté peuvent bénéficier d’une libération conditionnelle s’ils ont donné des preuves
suffisantes de bonne conduite et présentent des gages sérieux de réadaptation sociale.

La libération conditionnelle est réservée aux condamnés ayant accompli trois mois de
leur peine, si cette peine est inférieure à six mois, et la moitié de la peine dans les
autres cas. Pour les condamnés en état de récidive légale aux termes des articles 44,
45 ou 46 du Code pénal, le temps d’épreuve est porté à 6 mois si la peine est inférieure
à 9 mois et aux deux tiers de la peine dans les autres cas.

Pour les condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité ou à temps, le temps


d’épreuve est de quinze années.

Article 786 : - Le droit d’accorder la libération conditionnelle appartient au Ministre de


la Justice, Garde des Sceaux.

Le dossier de proposition comporte les avis du Chef de l’Etablissement dans lequel


l’intéressé est détenu, du Juge de l’Application des Peines, du Ministère public près la
juridiction qui a prononcé la condamnation.

Exceptionnellement, la libération conditionnelle peut être accordée par Décret du


Président de la République, sans observation des délais d’épreuve prévus aux alinéas 2
et 3 de l’article précédent.

Article 787 : - Le bénéfice de la libération conditionnelle peut être assorti de conditions


particulières ainsi que de mesures d’assistance et de contrôle destinées à faciliter et à
vérifier le reclassement du libéré.
Article 788 : - L’Arrêté de libération conditionnelle fixe les modalités d’exécution et les
conditions auxquelles l’octroi ou le maintien de la liberté peut être subordonné, ainsi que
la nature et la durée des mesures d’assistance et de contrôle.

Cette durée ne peut être inférieure à la durée de la partie de la peine non subie au
moment de la libération s’il s’agit d’une peine temporaire ; elle peut la dépasser pour
une période maximum d’un an.

Toutefois, lorsque la peine en cours d’exécution est une peine perpétuelle, la durée des
mesures d’assistance et de contrôle est fixée pour une période qui ne peut être
inférieure à cinq années, ni supérieure à dix années.

Pendant toute la durée de la liberté conditionnelle, les dispositions de l’Arrêté de


libération peuvent être modifiées sur proposition du Juge de l’Application des Peines.

Article 789 : - En cas de nouvelle condamnation, d’inconduite notoire, d’infraction aux


conditions ou d’inobservation des mesures énoncées dans la décision de mise en liberté
conditionnelle, le Ministre de la Justice peut prononcer la révocation de cette décision,
sur avis du Juge de l’Application des Peines.

En cas d’urgence, l’arrestation peut être provisoirement ordonnée par le Juge de


l’Application des Peines du lieu où se trouve le libéré, le Ministère public entendu, et à
charge de saisir immédiatement le Ministre de la Justice.

Après révocation, le condamné doit subir, selon les dispositions de l’Arrêté de


révocation, tout ou partie de la durée de la peine qu’il lui restait à subir au moment de
sa mise en liberté conditionnelle, cumulativement, s’il y a lieu, avec toute nouvelle peine
qu’il aurait encourue; le temps pendant lequel il a été placé en état d’arrestation
provisoire compte toutefois pour l’exécution de sa peine.

Si la révocation n’est pas intervenue avant l’expiration du délai prévu à l’article


précédent, la libération est définitive. Dans ce cas, la peine est réputée terminée depuis
le jour de la libération conditionnelle.

TITRE IV : DU SURSIS

Article 790 : - Sauf dispositions contraires de la loi, en cas de condamnation à


l’emprisonnement ou à une amende pénale, si le justiciable n’a pas subi de
condamnation antérieure à l’emprisonnement pour crime ou délit de droit commun, les
Cours et Tribunaux peuvent ordonner, par le même jugement ou par une décision
motivée, qu’il sera sursis à l’exécution de la peine principale.

Si pendant le délai de 5 ans, à dater du jour où la décision pénale devient définitive, le


condamné n’a encouru aucune poursuite, suivie de condamnation à l’emprisonnement
ou à une peine plus grave pour crime ou délit, la condamnation sera non avenue, et ne
pourra plus produire aucun effet.
Dans le cas contraire, le justiciable sera tenu de purger les peines, sans confusion. Il
appartiendra au juge de déterminer l’ordre d’exécution de ces peines.

Le Président de la juridiction donne, après le prononcé du jugement, un avertissement


au condamné ; il lui indique les conditions du sursis, de sa révocation et les peines de la
récidive.

Article 791 : - Le sursis est inapplicable aux peines criminelles privatives de liberté. Il
en est de même en matière de simple police.

Le sursis entraîne suspension des peines accessoires ou complémentaires et des


incapacités.

Il ne fait pas obstacle au recouvrement des dommages et des frais de justice.

La condamnation est inscrite au casier judiciaire avec la mention du sursis. Elle ne figure
pas, sauf révocation, sur l’extrait délivré aux parties (Bulletin n° 3).

TITRE V : DE LA RECONNAISSANCE DE L’IDENTITE DES INDIVIDUS


CONDAMNES

Article 792 : - Lorsqu’après une évasion suivie de reprise ou dans toute autre
circonstance où l’identité d’un condamné fait l’objet d’une contestation, cette
contestation est tranchée suivant les règles établies en matière d’incidents d’exécution.
Toutefois, l’audience est publique.

Si la contestation s’élève au cours et à l’occasion d’une nouvelle poursuite, elle est


tranchée par la Cour ou par le Tribunal saisi de cette poursuite.

TITRE VI : DU RECOUVREMENT DES CONDAMNATIONS PECUNIAIRES ET DE


LA CONTRAINTE PAR CORPS

Article 793 : - Les arrêts, jugements, ordonnances exécutoires portant condamnation


au profit de l’Etat à des amendes, restitutions, dommages et intérêts et dépens en
matière criminelle, correctionnelle et de simple police sont exécutés d’office par la voie
de la contrainte par corps, sans commandement préalable, à la diligence du Procureur
de la République qui délivre en double exemplaire les réquisitions d’incarcération contre
tout condamné qui n’aura pas payé volontairement dans les conditions fixées à l’article
794.

Lorsque la contrainte par corps garantit le recouvrement de plusieurs créances, sa durée


est fixée d’après le total des condamnations.

Article 794 : - La durée de la contrainte par corps est réglée ainsi qu’il suit :

1 - De deux à dix jours lorsque l’amende et les condamnations n’excèdent pas 5.000
francs guinéens ;
2 - De dix à vingt jours lorsque, supérieures à 5.000 francs guinéens elles n’excèdent
pas 15.000 francs guinéens ;
3 - De vingt à quarante jours lorsque, supérieures à 15.000 francs guinéens elles
n’excèdent pas 25.000 francs guinéens ;
4 - De quarante à soixante jours lorsque, supérieures à 25.000 francs guinéens, elles
n’excèdent pas 50.000 francs guinéens ;
5 - De deux à quatre mois lorsque, supérieure à 50.000 francs guinéens, elles
n’excèdent pas 100.000 francs guinéens ;
6 - De quatre à huit mois lorsque, supérieures à 100.000 francs guinéens, elles
n’excèdent pas 200.000 francs guinéens ;
7 - De huit mois à un an lorsque, supérieures à 200.000 francs guinéens, elles
n’excèdent pas 400.000 francs guinéens ;
8 - De un an à deux ans lorsque supérieures à 400.000 francs guinéens, elles n’excèdent
pas 500.000 francs guinéens.
9 - De deux à cinq ans lorsqu’elles excèdent 500.000 francs guinéens.

En matière d’amende de police, la durée de la contrainte par corps ne peut excéder un


mois.

Elle est réduite de moitié, sans que sa durée puisse jamais être au-dessous de vingt-
quatre heures, pour les condamnés qui justifient de leur insolvabilité en
produisant :

1 - Un CCertificat du Receveur des Contributions, de leur domicile constatant qu’ils ne


sont pas imposés ;

2 - Un certificat du Chef de la Circonscription Administrative dans laquelle ils ont leur


domicile.

Article 795 : - La contrainte par corps ne peut jamais être appliquée ni en matière
d’infraction politique, ni contre des condamnés mineurs de moins de 18 ans, ni contre
ceux qui ont commencé leur soixante dixième année au moment de la condamnation.

Elle peut être exercée simultanément contre le mari et la femme, pour le recouvrement
de sommes afférentes à des condamnations différentes.

Article 796 : - Dans le délai de trois mois à compter du jour où la décision est devenue
définitive, la partie condamnée doit s’acquitter de sa dette entre les mains de l’agent du
Trésor.

Le Président de la juridiction ayant prononcé l’amende avertit à l’audience le condamné


du délai qui lui est imparti pour s’acquitter et mention de cet avertissement doit être
portée dans le jugement ou dans l’arrêt.

Avant de se présenter à l’Agent du Trésor, le condamné reçoit en triple exemplaire, au


Greffe de la juridiction ayant rendu la décision, un extrait conforme de celle-ci
comprenant le décompte des condamnations pécuniaires, y compris les droits
d’enregistrement. Un extrait identique est remis, sur sa demande, à la partie civile qui a
obtenu des dommages et intérêts.

Un extrait supplémentaire est conservé au Greffe et porte mention de la date d’envoi


des trois exemplaires ci-dessus visés.

L’Agent du Trésor, à qui la partie condamnée remet les trois extraits, rend l’un de ceux-
ci à l’intéressé avec la mention du paiement, renvoie le second extrait au Greffe avec
mention de l’acompte versé ou du délai accordé et conserve le troisième comme titre de
recette.

A l’expiration du délai de trois mois ci-dessus, le Greffier transmet au Procureur de la


République compétent, pour exercice de la contrainte par corps, conformément à
l’article 793, les extraits concernant les condamnés pour lesquels il n’a pas reçu l’avis de
paiement mentionné au précédent alinéa.

Les parties qui désirent s’acquitter avant que la condamnation soit définitive, ont la
faculté d’utiliser la procédure prévue aux alinéas 2 et 3 du présent article.

L’extrait renvoyé au Greffe avec mention du paiement tient lieu, le cas échéant, de
l’avis de paiement de l’amende nécessaire à l’établissement du casier judiciaire.

Article 797 : - Les règles sur l’exécution des mandats de justice sont applicables à la
contrainte par corps.

Article 798 : - Si le débiteur, déjà incarcéré, requiert qu’il en soit référé, il est conduit
sur-le-champ devant le Président du Tribunal ou le Juge de paix du lieu où l’arrestation a
été faite. Ce Magistrat statue en état de référé sur conclusions du Ministère public sauf à
ordonner, s’il échet, le renvoi pour être statué dans les formes et conditions des articles
764 et 765.

Le même droit appartient au débiteur arrêté qui est conduit sur-le-champ devant le
Président du Tribunal ou Juge de paix du lieu de détention.

En tout état de cause, aucun délai de grâce ne peut être accordé pour le paiement des
frais, amendes et réparations envers l’Etat et les collectivités publiques.

Article 799 : - Les arrêts et jugements contenant des condamnations en faveur des
particuliers pour réparation de crimes, délits ou contraventions commis à leur préjudice
sont, à leur diligence, exécutés suivant les mêmes formes et voies de contrainte que les
jugements ou arrêts portant condamnation au profit de l’Etat.

L’avertissement donné au débiteur, prévu à l’alinéa 2 de l’article 796, concerne


également le paiement des condamnations en faveur des particuliers. A l’expiration du
délai de trois mois prévu à l’alinéa visé ci-dessus, les parties civiles peuvent solliciter du
Procureur de la République territorialement compétent les réquisitions d’incarcération
nécessaires pour le montant des condamnations prononcées à leur profit, ou de la
portion en restant due. Il doit être donné suite à ces demandes dans les six mois au plus
de leur réception au Parquet, sous réserve de la justification préalable de la consignation
des aliments au Greffe de la Maison d’arrêt.

Article 800 : - La contrainte par corps est subie en maison d’arrêt, dans le quartier à ce
destiné.

Toutefois, en cas de recommandation, si le débiteur est soumis à une peine privative de


liberté, il est, à la date fixée pour sa libération définitive ou conditionnelle, maintenu
dans l’établissement pénitentiaire où il se trouve, pour la durée de sa contrainte.

Article 801 : - Les individus contre lesquels la contrainte a été prononcée peuvent en
prévenir ou en faire cesser les effets soit en payant ou consignant une somme
suffisante pour éteindre leur dette, soit en fournissant une caution reconnue bonne et
valable.

La caution est admise pour l’Etat par l’agent du trésor, pour les particuliers par la partie
intéressée.

En cas de contestation en ce qui concerne les particuliers, elle est déclarée, s’il y a lieu,
bonne et valable par le Président du Tribunal ou Juge de paix agissant par voie de
référé.

La caution doit se libérer dans le mois, faute de quoi elle peut être contrainte par corps
aux lieu et place de la partie condamnée.

Lorsque le paiement intégral n’a pas été effectué et sous réserve des dispositions de
l’article 802, la contrainte par corps peut être requise ou poursuivie pour le montant des
sommes dues.

Article 802 : - Lorsque la contrainte par corps, exercée soit à la requête du Ministère
public, soit à la requête de la partie lésée, a pris fin pour une cause quelconque, elle ne
peut plus être exercée ni pour le même fait, ni pour des condamnations antérieures à
son exécution à moins que ces condamnations n’entraînent par leur quotité une
contrainte plus longue que celle déjà subie auquel cas la première incarcération doit
toujours être déduite de la nouvelle contrainte.

Article 803 : - Le débiteur détenu est soumis au même régime que les condamnés
sans toutefois être astreint au travail.

Article 804 : - Le condamné qui a subi une contrainte par corps n’est pas libéré du
montant des condamnations pour lesquelles elle a été exercée.

TITRE VII : DE LA PRESCRIPTION DE LA PEINE ET DE LA GRACE

Article 805 : - Contrairement à la réhabilitation et à l’amnistie qui effacent des


condamnations légalement prononcées, deux mesures éteignent la peine tout en
laissant cependant subsister la condamnation.
Ces mesures sont : La prescription de la peine et la grâce.

Article 806 : - Les peines prononcées par les arrêts rendus en matière criminelle se
prescrivent par vingt années révolues à compter du jour où ces décisions sont devenues
définitives.

Les peines prononcées par les arrêts ou jugements rendus en matière correctionnelle se
prescrivent par cinq années révolues à compter du jour où ces décisions sont devenues
définitives.
Les peines prononcées par les jugements rendus en matière de simple police se
prescrivent par deux années révolues à compter du jour où ces décisions sont devenues
définitives.

Article 807 : - Les condamnations civiles prononcées par les arrêts ou jugements
rendus en matière criminelle, correctionnelle ou de simple police, et devenues
irrévocables, se prescrivent d’après les règles établies par le Code civil.

Article 808 : - La grâce est une dispense d’exécution de la peine, accordée par le
Président de la République au condamné frappé d’une condamnation définitive et
exécutoire.

Le droit de grâce est exercé par le Chef de l’Etat et n’est susceptible d’aucun recours.

Article 809 : - Les recours en grâce sont instruits par le Ministre de la Justice, après
examen, le cas échéant, par les autres Ministres intéressés.

Article 810 : - La grâce, qui peut être totale ou partielle, laisse toutefois subsister la
condamnation qui reste inscrite au casier judiciaire ; elle entre en ligne de compte pour
la récidive et peut faire l’objet d’un pourvoi en révision.

Elle ne dispense pas, en outre, des peines accessoires et complémentaires ni du


paiement des amendes et dommages et intérêts, sauf disposition spéciale contraire du
Décret de grâce.

Article 811 : - Il existe une catégorie de grâce, dite grâce amnistiante, qui possède
tous les effets de l’amnistie mais est seulement réservée au condamné qui obtient la
grâce.

Elle est une sorte d’individualisation de l’amnistie, mesure en principe générale et


impersonnelle.

TITRE VIII : DU CASIER JUDICIAIRE

Article 812 : - Le Greffier de chaque Tribunal reçoit, en ce qui concerne les personnes
nées dans la circonscription du Tribunal, et après vérification de leur identité aux
registres de l’état civil, des fiches constatant :
1 - Les condamnations contradictoires ou par contumace et les condamnations par
défaut non frappées d’opposition prononcées pour crime ou délit par toute juridiction
répressive y compris les condamnations avec sursis ;
2 - Les décisions prononcées par application des textes relatifs à l’Enfance délinquante ;
3 - Les décisions prononcées par l’Autorité judiciaire ou par une Autorité administrative
lorsqu’elles entraînent ou édictent des incapacités ;
4 - Les jugements déclaratifs de faillite ou de liquidation judiciaire ;
5 - Tous les jugements prononçant la déchéance de la puissance paternelle ou le retrait
de tout ou partie des droits y attachés ;
6 - Les Arrêtés d’expulsion pris contre les étrangers.

Les condamnations et décisions précitées ne font l’objet d’une fiche que lorsqu’elles sont
devenues définitives.

Article 813 : - Il est fait mention sur les fiches du casier judiciaire, des grâces,
commutations ou réductions de peines, des décisions qui suspendent ou qui ordonnent
l’exécution d’une première condamnation, des Arrêtés de mise en liberté conditionnelle
et de révocation, des décisions de suspension de peine, des réhabilitations, des
décisions qui rapportent ou suspendent les Arrêtés d’expulsion, ainsi que de la date de
l’expiration de la peine et du paiement de l’amende.

Sont retirées du casier judiciaire, les fiches relatives à des condamnations effacées par
une amnistie ou reformées en conformité d’une décision de rectification du casier
judiciaire.

Article 814 : - Lorsqu’à la suite d’une décision prise en vertu des dispositions du Titre
premier du Livre IV relatives à l’Enfance délinquante, la rééducation du mineur apparaît
comme acquise, le Tribunal pour enfants peut, après l’expiration d’un délai de cinq ans à
compter de ladite décision et même si le mineur a atteint sa majorité, décider à sa
requête, à celle du Ministère public ou d’office, la suspension du casier judiciaire de la
fiche concernant la décision dont il s’agit.

Le Tribunal pour enfants statue en dernier ressort.

Lorsque la suppression de la fiche a été prononcée, la mention de la décision initiale ne


doit plus figurer au casier judiciaire de l’intéressé. La fiche afférente à ladite décision est
détruite.

Le Tribunal du lieu de la poursuite initiale, celui du lieu du domicile actuel du mineur et


celui du lieu de sa naissance sont compétents pour connaître de la requête.

Article 815 : - Il est tenu à Conakry sous l’autorité du Ministre de la Justice, Garde des
Sceaux, un casier judiciaire central qui reçoit les fiches concernant les personnes nées
aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du territoire national aussi que celles dont
l’identité est douteuse. Les modalités d’organisation et de fonctionnement de ce casier
seront déterminées par Décret.
Article 816 : - Une copie de chaque fiche constatant une décision entraînant la
privation des droits électoraux est adressée par le Greffe compétent à l’Autorité chargée
d’établir les listes électorales.

Article 817 : - Le relevé intégral des fiches du casier judiciaire applicables à la même
personne est porté sur un bulletin appelé Bulletin n° 1.

Le Bulletin n° 1 n’est délivré qu’aux autorités judiciaires. Lorsqu’il n’existe pas de fiche
au casier judiciaire, le Bulletin n° 1 porte la mention néant.

Article 818 : - Le Bulletin n° 2 est le relevé des fiches du casier judiciaire applicables à
la même personne, à l’exclusion de celles concernant les décisions suivantes :

1 - Les décisions prononcées en vertu des textes relatifs à l’Enfance délinquante ;


2 - Les condamnations assorties du bénéfice du sursis, lorsqu’elles doivent
être considérées comme non avenues ;
3 - Les condamnations effacées par la réhabilitation de plein droit ou judiciaire ;
4 - Les condamnations auxquelles sont applicables les dispositions du
Code de Justice militaire.
5 - Les jugements de faillite effacés par la réhabilitation ;
6 - Les décisions disciplinaires effacées par la réhabilitation ;
7 - Les décisions d’expulsion abrogées ou rapportées.

Les Bulletins n° 2 fournis en cas de contestation concernant l’inscription sur les listes
électorales ne comprennent que les décisions entraînant des incapacités en matière
d’exercice du droit de vote.

Lorsqu’il n’existe pas au casier judiciaire de fiches concernant des décisions à relever sur
le Bulletin n° 2, celui-ci porte la mention « Néant ».

Article 819 : - Le Bulletin n° 2 du casier judiciaire est délivré :

1 - Aux Gouverneurs de Régions, aux Préfets, aux Administrations publiques


de l’Etat saisis de demandes d’emploi public, de propositions relatives à
des adjudications de travaux ou de marchés publics, en vue de poursuites
disciplinaires ou de l’ouverture d’une école privée ;
2 - Aux Autorités militaires pour les appelés des classes et de l’inscription
maritime et pour les jeunes gens qui demandent à constater un engagement
ainsi qu’aux autorités compétentes en cas de contestation sur l’exercice
des droits électoraux ;
3 - Aux Administrations et personnes morales dont la liste sera déterminée
par le Décret prévu à l’article 815 ;
4 - Aux Présidents des Tribunaux pour être joint aux procédures de faillite
et de liquidation judiciaire ainsi qu’aux Juges commis à la surveillance
du registre du commerce à l’occasion des demandes d’inscription audit registre.
Article 820 : - Le Bulletin n° 3 est le relevé des condamnations à des peines privatives
de liberté prononcées par une juridiction guinéenne pour crime ou délit. Il indique
expressément que tel est son objet. N’y sont inscrites que les condamnations de la
nature ci-dessus précisée autres que celles mentionnées du premier au septième alinéa
de l’article 818 pour lesquelles le sursis n’a pas été ordonné sauf révocation de cette
mesure.

Le Bulletin n° 3 peut être réclamé par la personne qu’il concerne. Il ne doit, en aucun
cas, être délivré à un tiers.

Article 821 : - Lorsque, au cours d’une procédure quelconque, le Procureur de la


République ou le Juge d’Instruction constate qu’un individu a été condamné sous une
fausse identité ou a usurpé un état civil, il est immédiatement procédé d’office, à la
diligence du Procureur de la République, aux rectifications nécessaires avant la clôture
de la procédure.

La rectification est demandée par requête au Président du Tribunal ou de la Cour qui a


rendu la décision. Si la décision a été rendue par une Cour d’Assises, la requête est
soumise à la chambre d’Accusation. Le Président communique la requête au ministère
public le cas échéant, et commet un Magistrat pour faire le rapport. Les débats ont lieu
et le jugement est rendu en Chambre du conseil.

Le Tribunal ou la Cour peut ordonner d’assigner la personne objet de la condamnation.

Si la requête est admise, les frais sont supportés par celui qui a été la cause de
l’inscription reconnue erronée s’il a été appelé dans l’instance. Dans le cas contraire ou
dans celui de son insolvabilité, ils sont supportés par le Trésor. Toute personne qui veut
faire rectifier une mention portée à son casier judiciaire peut agir dans la même forme.
Dans le cas où la requête est rejetée, le requérant est condamné aux frais.

Mention de la décision est faite en marge du jugement ou de l’arrêt visé par la demande
en rectification.

La même procédure est applicable au cas de contestation sur la réhabilitation de droit,


ou de difficultés soulevées par l’interprétation d’une loi d’amnistie, dans les termes de
l’article 813 alinéa 2.

Article 822 : - Un Décret détermine les mesures nécessaires à l’exécution des articles
812 à 821, et notamment les conditions dans lesquelles doivent être demandés, établis
et délivrés les Bulletins n° 1, 2 et 3 du casier judiciaire.

Article 823 : - Quiconque a pris le nom d’un tiers, dans les circonstances qui ont
déterminé ou auraient pu déterminer l’inscription d’une condamnation au casier
judiciaire de celui-ci, est puni de 6 mois à 5 ans d’emprisonnement et de 20.000 à
500.000 francs guinéens d’amende, sans préjudice des poursuites à exercer
éventuellement du chef de faux.
La peine ainsi prononcée est subie immédiatement après celle encourue pour l’infraction
à l’occasion de laquelle l’usurpation de nom a été commise.

Est puni des peines prévues à l’alinéa premier celui qui, par de fausses déclarations
relatives à l’état civil d’un inculpé a sciemment été la cause de l’inscription d’une
condamnation sur le casier judiciaire d’un autre que cet inculpé.

Article 824 : - Quiconque, en prenant un faux nom ou une fausse qualité, s’est fait
délivrer un extrait du casier judiciaire d’un tiers est puni de 2 mois d’emprisonnement au
plus et de 20.000 à 100.000 francs guinéens d’amende.

Est puni des peines prévues à l’article 823 celui qui aura fourni les renseignements
d’identité imaginaire qui ont provoqué ou auraient pu provoquer des mentions erronées
au casier judiciaire.

TITRE IX : DE LA REHABILITATION DES CONDAMNES

Article 825 : - Toute personne condamnée par une Juridiction guinéenne à une peine
criminelle ou correctionnelle peut être réhabilitée.

Article 826 : - La réhabilitation est soit acquise de plein droit, soit accordée par arrêt
de la Chambre d’Accusation.

Article 827 : - Elle est acquise de plein droit au condamné qui n’a, dans les délais ci-
après déterminés, subi aucune condamnation nouvelle à l’emprisonnement ou à une
peine plus grave pour crime ou délit.

1 - Pour condamnation à l’amende, après un délai de cinq ans, à compter du jour du


paiement de l’amende ou de l’expiration de la contrainte par corps ou de la prescription
accomplie ;
2 - Pour la condamnation unique à une peine d’emprisonnement ne dépassant pas 6
mois, après un délai de 10 ans, à compter de l’expiration de la peine subie, soit de la
prescription accomplie ;
3 - Pour la condamnation unique à une peine d’emprisonnement ne dépassant pas
2 ans ou pour les condamnations multiples dont l’ensemble ne dépasse pas un an, après
un délai de quinze ans compté comme il est dit au paragraphe précédent ;
4 - Pour la condamnation unique à une peine supérieure à deux ans d’emprisonnement
ou pour les condamnations multiples dont l’ensemble ne dépasse pas deux ans, après
un délai de vingt ans compté de la même manière.

Sont, pour l’application des dispositions qui précèdent, considérées comme constituant
une condamnation unique les condamnations dont la confusion a été accordée :

La remise totale ou partielle d’une peine par voie de grâce équivaut à son exécution
totale ou partielle.
Article 828 : - La réhabilitation ne peut être demandée en Justice, du vivant du
condamné, que par celui-ci, ou, s’il est interdit, par son représentant légal ; en cas de
décès et si les conditions légales sont remplies, la demande peut être suivie par son
conjoint ou par ses ascendants et même formés par eux, mais dans le délai d’une année
seulement à dater du décès.

La demande doit porter sur l’ensemble des condamnations prononcées qui n’ont été
effacées ni par une réhabilitation antérieure, ni par l’amnistie.

Article 829 : - La demande en réhabilitation ne peut être formée qu’après un délai de


cinq ans pour les condamnés à une peine criminelle et de trois ans pour les condamnés
à une peine correctionnelle. Ce délai part, pour les condamnés à une amende, du jour
où la condamnation est devenue irrévocable et, pour les condamnés à une peine
privative de liberté du jour de leur libération définitive, ou conformément aux
dispositions de l’article 789 alinéa 4, du jour de leur libération conditionnelle lorsque
celle-ci n’a pas été suivie de révocation.

Article 830 : - Les condamnés qui sont en état de récidive légale, ceux qui, après avoir
obtenu la réhabilitation ont encouru une nouvelle condamnation, ceux qui, condamnés
contradictoirement ou par contumace à une peine criminelle, ont prescrit contre
l’exécution de la peine, ne sont admis à demander la réhabilitation qu’après un délai de
dix années écoulées depuis leur libération ou depuis la prescription.

Néanmoins, les récidivistes qui n’ont subi aucune peine criminelle et les réhabilités qui
n’ont encouru qu’une condamnation à une peine correctionnelle sont admis à demander
leur réhabilitation après un délai de six années écoulées depuis leur libération.

Sont également admis à demander leur réhabilitation, après un délai de six années
écoulées depuis la prescription, les condamnés contradictoirement ou par défaut à une
peine correctionnelle qui ont prescrit contre l’exécution de la peine.

Les condamnés contradictoirement, les condamnés par contumace ou par défaut, qui
ont prescrit contre l’exécution de la peine sont tenus, outre les conditions qui vont être
énoncées, de justifier qu’ils n’ont encouru pendant les délais de la prescription, aucune
condamnation, pour faits qualifiés de crime ou délit, et qu’ils ont une conduite
irréprochable.

Article 831 : - Le condamné doit, sauf le cas de prescription, justifier du paiement des
frais de Justice, de l’amende et des dommages et intérêts ou de la remise qui lui en est
faite.

A défaut de cette justification, il doit établir qu’il a subi le temps de contrainte par corps
déterminé par la loi ou que le trésor à renoncé à ce moyen d’exécution.

S’il est condamné pour banqueroute frauduleuse, il doit justifier du paiement du passif
de la faillite en capital, intérêts et frais ou de la remise qui lui en est faite. Néanmoins, si
le condamné justifie qu’il est hors d’état de se libérer des frais de Justice, il peut être
réhabilité même dans le cas où ces frais n’auraient pas été payés ou ne l’auraient été
qu’en partie.

En cas de condamnation solidaire, la Cour fixe la part des frais de Justice, des
dommages et intérêts ou du passif qui doit être payée par le demandeur.

Si la partie lésée ne peut être retrouvée, ou si elle refuse de recevoir la somme due,
celle-ci est versée au comptable du trésor comme en matière d’offres de paiement et de
consignation. Si la partie ne se présente pas dans un délai de cinq ans pour se faire
attribuer la somme consignée, cette somme est restituée au déposant sur sa simple
demande.

Article 832 : - Si depuis l’infraction le condamné a rendu des services éminents au


pays, la demande de réhabilitation n’est soumise à aucune condition de temps ni
d’exécution de peine. En ce cas, la Cour peut accorder la réhabilitation même si les frais,
l’amende et les dommages et intérêts n’ont pas été payés.

Article 833 : - Le condamné adresse la demande en réhabilitation au Procureur de la


République de sa résidence actuelle.

Cette demande précise :

1 - La date de la condamnation ;
2 - Les lieux où le condamné a résidé depuis sa libération.

Article 834 : - Le Procureur de la République s’entoure de tous renseignements utiles


aux différents lieux où le condamné a pu séjourner.

Il prend, en outre, l’avis du Juge de l’Application des Peines.

Article 835 : - Le Procureur de la République se fait délivrer :

1 - Une expédition des jugements de condamnations ;


2 - Un extrait du registre des lieux de détention ou la peine a été subie
constatant quelle a été la conduite du condamné ;
3 - Un Bulletin n° 1 du casier judiciaire.

Il transmet les pièces avec son avis au Procureur Général.

Article 836 : - La Cour est saisie par le Procureur Général.

Le demandeur peut soumettre directement à la Cour toutes pièces utiles.

Article 837 : - La Cour statue dans le mois sur les conclusions du Procureur Général, la
partie ou son Conseil entendu ou dûment convoqué.

Article 838 : - L’arrêt de la Chambre d’Accusation peut être déféré à la Cour dans les
formes prévues par le présent Code.
Article 839 : - Dans les cas visés par l’article 832, le pourvoi en cassation formé contre
l’arrêt rejetant la demande en réhabilitation est formé sans consignation ni frais. Tous
les actes de la procédure sont visés pour timbre et enregistrés sans frais.

Article 840 : - En cas de rejet de la demande, une nouvelle demande ne peut être
formée avant l’expiration d’un délai de deux années, à moins que le rejet de la première
ait été motivé par l’insuffisance des délais d’épreuve. En ce cas, la demande peut être
renouvelée dès l’expiration de ces délais.

Article 841 : - Mention de l’arrêt prononçant la réhabilitation est faite en marge des
jugements de condamnation et du casier judiciaire.

Dans ce cas, les Bulletins n° 2 et 3 du casier judiciaire ne doivent pas mentionner la


condamnation.

Le réhabilité peut se faire délivrer sans frais une expédition de l’arrêt de réhabilitation et
un extrait du casier judiciaire.

Article 842 : - La réhabilitation efface la condamnation et fait cesser pour l’avenir


toutes les incapacités qui en résultent.

TITRE X : DE L’AMNISTIE

Article 843 : - L’amnistie est un acte du pouvoir législatif qui prescrit l’oubli d’une ou
plusieurs catégories d’infractions et en annule les conséquences pénales.

A la différence de la grâce, mesure de clémence accordée par le Président de la


République, l’amnistie ne peut être accordée que par une loi.

Article 844 : - Mesure générale et impersonnelle, l’amnistie ne connaît (en principe)


que les infractions, ignorant ceux qui les ont commises.

Article 845 : - Quant à ses effets, il y a lieu de faire la distinction suivante :

1 - Après une condamnation définitive, l’amnistie dispense de l’exécution de la peine ou


y met fin, si celle-ci n’est pas encore totalement exécutée. Elle efface en même temps la
condamnation, mais certaines de ses conséquences subsistent cependant (payement de
l’amende, perte de la fonction publique, etc.) ;
2 - Avant une condamnation définitive, l’amnistie rend cette condamnation impossible,
car elle éteint l’action publique ainsi qu’il a été dit à l’article 2 -1° du présent Code.

Article 846 : - Bien qu’effaçant rétroactivement le caractère délictueux des infractions


auxquelles elle s’applique, une loi d’amnistie, en règle générale, réserve les droits des
tiers, les réparations civiles, les dommages et intérêts, etc.
TITRE XI : DES FRAIS DE JUSTICE

Article 847 : - Une loi détermine les frais devant être compris sous la détermination de
frais de Justice criminelle, correctionnelle ou de simple police. Elle en établit le tarif, en
règle le paiement et le recouvrement, détermine les voies de recours, fixe les conditions
que doivent remplir les parties et, d’une façon générale, règle tout ce qui touche aux
dits frais.

TITRE XII : DES SANCTIONS DISCIPLINAIRES

Article 848 : - L’inobservation par tout Magistrat, Greffier en Chef, Greffier ou


Secrétaire, des délais et formalités prévus par le présent code constitue une faute
professionnelle entraînant l’application des sanctions disciplinaires prévues par les
Statuts particuliers.

Tous les délais de procédure prévus au présent Code sont francs.

LIVRE VI : DU TRIBUNAL MILITAIRE

TITRE PREMIER : ORGANISATION ET COMPETENCE DU TRIBUNAL MILITAIRE

CHAPITRE I : DU TRIBUNAL MILITAIRE EN TEMPS DE PAIX

SECTION I : ORGANISATION

Article 849 : La Justice Militaire est rendue sous le contrôle de la Cour Suprême par le
Tribunal Militaire.

SECTION II : COMPOSITION

Article 850 : Le Tribunal Militaire est composé ainsi qu’il suit :

En matière de délit et de contravention :

- Un Président : Magistrat de l’ordre judiciaire ;


- Quatre Assesseurs : Un Magistrat de l’ordre judiciaire assisté de trois
militaires d’un grade égal ou supérieur à celui du prévenu.

En matière de crime :

- Un Président Magistrat de l’ordre judiciaire ;


- Six Assesseurs : Deux Magistrats de l’ordre judiciaire assistés de quatre
Juges militaires d’un grade égal ou supérieur à celui de l’accusé.

Les fonctions de Juge d’Instruction sont assumées par les Magistrats de l’ordre
judiciaire.
Les Magistrats de l’ordre judiciaire énumérés à la section 2 du présent livre sont en
position de détachement auprès du Ministère de la Défense Nationale.

Article 851 : - Les fonctions du Ministère public sont remplies par un Procureur Militaire
assisté de substituts Militaires tous nommés par Décret sur proposition du Ministre de la
Défense Nationale. Celles du Greffe par un Greffier en Chef de l’ordre judiciaire assisté
de deux Greffiers Militaires.

Article 852 : - La désignation des Magistrats titulaires et des suppléants est faite par
Arrêté conjoint du Ministre de la Justice, Garde des Sceaux et du Ministre de la Défense
Nationale.

Il en est de même pour la désignation des Juges militaires.

Article 853 : - Les membres du Tribunal Militaire sont nommés par Décret.

CHAPITRE II : LE TRIBUNAL MILITAIRE EN PERIODE DE CONFLITS ARMES

Article 854 : - En période de conflits armés, les Tribunaux militaires permanents


peuvent être établis aux chefs lieux de chaque Région militaire.

En cas de circonstances exceptionnelles, le siège de ces juridictions peut être fixé à un


autre lieu par Décret pris sur le rapport du Ministre de la Défense Nationale et du
Ministre de la Justice, Garde des Sceaux.

Les autres dispositions prévues pour le fonctionnement et le service du Tribunal militaire


en temps de paix sont applicables aux Tribunaux militaires en période de conflits armés.

Article 855 : - Le Tribunal militaire est compétent pour juger les prisonniers de guerre.

SECTION I : COMPETENCE

Paragraphe 1 : En temps de paix

Article 856 : - Le Tribunal connaît des infractions d’ordre militaire prévues au Code
pénal.

Il est compétent à l’égard de tout auteur, coauteur et complice des infractions d’ordre
militaire ou de toutes autres infractions commises dans le service, dans les
Etablissements militaires ou à l’occasion du service qu’ils soient militaires ou non.

Paragraphe 2 : En période de conflits armés

Article 857 : - En période de conflits armés les juridictions militaires sont compétentes
en raison :

1 - Du lieu de la commission de l’infraction ;


2 - Du lieu d’affectation ou de débarquement ou de l’arrestation, même lorsqu’elle a été
opérée pour autre cause ;
3 - Du lieu de résidence.

CHAPITRE III : DISPOSITIONS COMMUNES

Article 858 : - Les personnes concernées par les infractions militaires sont justiciables
du Tribunal militaire.

Article 859 : - Les prévenus de droit commun, lorsqu’ils sont en outre concernés par
les infractions militaires, sont jugés en priorité par le Tribunal Militaire.

TITRE II : PROCEDURE PENALE MILITAIRE - DISPOSITIONS PRELIMINAIRES

Article 860 : - Hormis les cas où la loi en dispose autrement, la procédure suivie au
cours de l’enquête et de l’instruction est secrète.

Toute personne concourant à cette procédure est tenue au secret professionnel dans les
conditions et sous les peines de l’article 375 du Code pénal.

Article 861 : - Tout Officier de Police judiciaire de la Gendarmerie territorialement


compétent, a qualité pour appréhender les militaires en position irrégulière. Il est
dressé procès-verbal de cette opération qui est immédiatement communiqué au
Procureur Militaire.

CHAPITRE I : DE L’EXERCICE DE L’ACTION PUBLIQUE

Article 862 : Le droit de mettre en mouvement l’action publique appartient au


Procureur militaire.

Le Procureur Militaire remplit les fonctions du Ministère public. En sa qualité de chef de


Parquet, il est chargé de veiller à l’application de la loi pénale et d’en assurer son
exécution conformément aux dispositions du Code de procédure pénale.

SECTION I : DE LA POLICE JUDICIAIRE MILITAIRE ET DE L’ENQUETE

Paragraphe 1 : De la Police Judiciaire militaire

Article 863 : - La Police Judiciaire est chargée de constater les infractions d’ordre
militaire, d’en rassembler les preuves et d’en rechercher les auteurs en vue de les livrer
au Tribunal Militaire.

Lorsqu’une information est ouverte, elle exécute les commissions rogatoires des
juridictions et défère à leurs réquisitions.

L’activité des Officiers et agents de Police Judiciaire est exercée sous le contrôle du
Procureur Militaire et sous l’autorité conjointe du Ministre de la Défense Nationale et du
Ministre de la Justice, Garde des Sceaux.
Article 864 : Ont qualité d’Officier de Police Judiciaire Militaire :

Les militaires de la Gendarmerie, des Armées de Terre, Air et de Mer nommés par Arrêté
du Ministre de la Justice, Garde des Sceaux sur proposition du Ministre de la Défense
Nationale.

Article 865 : - Sauf dispositions particulières, les Officiers de Police Judiciaire Militaire
effectuent leurs opérations et établissent leurs procès-verbaux conformément aux
dispositions du Code de procédure pénale.

Article 866 : - Les Officiers de Police Judiciaire Militaire ont compétence dans les
limites territoriales où ils exercent leurs fonctions habituelles. Toutefois, ils peuvent, en
cas de nécessité opérer sur toute l’étendue du Territoire national.

Paragraphe 2 : Des enquêtes

Article 867 : - En cas de crimes ou délits flagrants, l’Officier de Police Judiciaire


Militaire qui en est avisé ou qui est requis se transporte immédiatement sur les lieux du
crime ou du délit. Il en informe aussitôt le Procureur Militaire, procède à toutes
constatations et saisies utiles à toutes auditions, et investigations nécessaires au
rassemblement de preuves et à la découverte des auteurs.

En cas d’arrestation, les formalités et mentions relatives à la garde à vue telles que
prévues au présent code sont applicables.

Tout militaire, quelque soit son grade est tenu de déférer ou de faire déférer à toute
réquisition des Officiers de Police Judiciaire Militaire.

Les perquisitions et saisies sont opérées conformément aux dispositions du Code de


procédure pénale.

Toutefois, lors d’une perquisition hors d’un établissement militaire, l’Officier de Police
Judiciaire Militaire est tenu d’en aviser le Procureur de la République près le Tribunal
Civil compétent, qui peut y assister ou s’y faire représenter.

Le Procureur Militaire peut prescrire à l’Officier de Police Judiciaire Militaire de procéder,


même de nuit, à des perquisitions et saisies dans les établissements militaires.

CHAPITRE II : DE LA POURSUITE ET DE L’INSTRUCTION

SECTION I : DE LA POURSUITE

Article 868 : - En période de conflits armés, le Procureur a la faculté de traduire


directement devant le Tribunal Militaire tout individu, à l’exclusion des mineurs et ceux
passibles de la peine de mort.

Article 869 : - Le Procureur Militaire est tenu de faire parvenir tous les trente jours au
Ministre de la Défense Nationale et au Ministre de la Justice, Garde des Sceaux une
notice de toutes les affaires criminelles, correctionnelles ou de simple police parvenues à
sa simple connaissance.

Article 870 : - Les modes d’extinction de l’action publique prévus par le Code de
procédure pénale sont applicables devant les juridictions militaires sous les réserves ci-
après :

La prescription de l’action publique résultant de l’insoumission ou de la désertion ne


commencera à courir qu’à partir du jour où l’insoumis ou le déserteur aura l’âge de 55
ans.

L’action publique ne se prescrit pas dans les cas de désertion en bande armée, de
désertion à l’ennemi ou en présence de l’ennemi.

Il en est de même lorsque le déserteur ou l’insoumis s’est réfugié à l’étranger ou est


resté à l’étranger en période de conflits armés ou en cas d’atteinte à la sûreté de l’Etat.

SECTION II : DE L’INSTRUCTION

Article 871 : - Le Juge d’Instruction Militaire est chargé de procéder aux informations
ainsi qu’il est dit au chapitre premier du Code de procédure pénale.

Au cours de l’instruction, le Procureur Militaire remplit à l’égard du Juge d’Instruction


militaire, les attributions du Procureur de la République à l’égard du Juge d’Instruction
de droit commun.

Article 872 : - Le pourvoi est formé par déclaration au Greffe du Tribunal Militaire dans
les 24 heures pour le Procureur Militaire et 72 heures pour l’inculpé à compter de la
notification.

Article 873 : - Doivent être observés à peine de nullité tant de l’acte lui même que de
la procédure ultérieure, les règles relatives à l’interrogatoire des inculpés, au droit de la
défense.

Article 874 : - Nonobstant les relations de cause à effet de l’action publique et de


l’action civile, cette dernière est formée devant les juridictions de droit commun.

CHAPITRE III : PROCEDURE DEVANT LES JURIDICTIONS DE JUGEMENT

SECTION I : EN TEMPS DE PAIX

Paragraphe 1 : Procédure antérieure aux débats à l’audience

Article 875 : - Lorsque l’ordonnance de renvoi a été rendue par le Juge d’Instruction et
notifiée par ses soins à l’inculpé, le Procureur Militaire destinataire du dossier, cite les
inculpés et les témoins qu’il estime nécessaire de faire entendre à l’audience.

Si le prévenu averti n’a pas choisi un défenseur, le Président lui en désigne un d’office.
Paragraphe 2 : La procédure des débats à l’audience

Article 876 : - Les dispositions prévues par le Code de procédure pénale sont
applicables devant les juridictions militaires.

Le Tribunal se réunit au lieu et à la date fixés par ordonnance du Président sur


proposition du Procureur Militaire.

Les séances sont publiques. Le huit clos peut être ordonné mais le jugement doit être
toujours rendu publiquement.

Paragraphe 3 : De la délibération

Article 877 : - Le délibéré se fait en Chambre du conseil. Le Tribunal se réunit dans la


salle de délibération, toutes les décisions sont prises à la majorité des voix.

La délibération est sécrète.

Article 878 : - A la lecture du jugement en audience publique, le Président fait


comparaître les prévenus et devant la Garde rassemblée sous les armes, prononce le
jugement portant condamnation, absolution ou acquittement et précise les articles des
codes et lois pénales dont il a fait application.

Article 879 : - Les pouvoirs du Président du Tribunal Militaire sont ceux reconnus au
Président des Assises conformément aux dispositions du Code de procédure pénale.

SECTION II : EN PERIODE DE CONFLITS ARMES

Article 880 : - Exception faite aux dispositions des articles 868 à 870 du présent Livre,
la procédure devant les juridictions de jugement en période de conflits armés est celle
applicable en temps de paix.

CHAPITRE IV : DES VOIES DE RECOURS

SECTION I : DES VOIES DE RECOURS ORDINAIRES

Article 881 : - Il n’existe qu’une voie de recours ordinaire. C’est l’opposition.

Les jugements par défaut sont rendus en toute matière.

Le jugement rendu sur opposition est contradictoire.

Article 882 : - Tous les jugements prononcés par les juridictions militaires, en dehors
des jugements rendus par défaut sont réputés contradictoires et ne peuvent être
attaqués par la voie de l’opposition.
SECTION II : LES VOIES DE RECOURS EXTRAORDINAIRES

Article 883 : - Les pourvois formés contre les jugements du Tribunal Militaire sont
portés devant la Chambre judiciaire de la Cour Suprême.

Article 884 : - Les voies de recours extraordinaires visées par les dispositions des
articles 562 et 563 du présent Code sont applicables devant les juridictions militaires.

Le demandeur en cassation est dispensé de la consignation de la taxe judiciaire.

Article 885 : - Si la Cour Suprême annule le jugement pour inobservation des formes,
violation des lois ou tout autre motif, la procédure est reprise conformément aux règles
édictées par la loi Organique L91/008/CTRN du 23 décembre 1991.

Article 886 : - En période de conflits armés il n’y a pas d’opposition ; les délais de
recours extraordinaires sont réduits à un jour franc.

CHAPITRE V : DES CITATIONS, ASSIGNATIONS ET NOTIFICATIONS

Article 887 : - Devant les juridictions militaires, les citations au prévenu, aux témoins
et aux experts ainsi que les notifications de jugements et arrêts sont faites sans frais par
les greffiers ou tout autre agent de ces juridictions.

Article 888 : - La citation à comparaître délivrée au prévenu est datée et signée.

1 - Elle mentionne les nom et qualités de l’Autorité requérante et les nom et prénoms du
prévenu ;
2 - Elle énonce la décision de renvoi ou de traduction directe et précise les lieux, date et
heure de l’audience ;
3 - Elle énonce aussi les faits poursuivis, vise les textes de loi applicables, indique les
noms des témoins et experts que le Procureur Militaire se propose de faire entendre ;
4 - Elle doit contenir le nom du défenseur d’office et fait connaître au prévenu qu’il peut
le remplacer par un défenseur de son choix jusqu’à l’ouverture des débats ;
5 - Elle avertit le prévenu qu’il doit notifier au Procureur Militaire avant l’audience, par
déclaration au Greffe la liste des témoins qu’il se propose de faire entendre.

Article 889 : - Les dispositions visées à l’article précédent sont prescrites à peine de
nullité.

Article 890 : - Le délai entre le jour où la citation à comparaître est délivrée au


prévenu et le jour pour la comparution est de cinq jours ; Ce délai ne commence à
courir que lorsque la citation à été faite à personne. Toutefois, en période de conflits
armés, ce délai est réduit à un jour franc.

Article 891 : - La citation à témoin ou à expert doit énoncer :

- Les nom et qualités de l’Autorité requérante ;


- Les nom, prénoms et domicile du témoin ou de l’expert ;
- La date, le lieu, l’heure de l’audience à laquelle la personne citée doit
comparaître en précisant sa qualité de témoin ou d’expert.

La citation à témoin doit, en outre, porter mention que la non comparution, le refus de
témoigner et le faux témoignage sont punis par la loi.

Les citations sont datées et signées

Article 892 : - Les citations et les décisions judiciaires sont notifiées dans les formes
suivantes :

Le Procureur adresse à l’agent chargé de la notification :

- Une copie de l’acte pour remise au destinataire ;


- Un procès-verbal en triple exemplaire destiné à constater soit la notification, soit
l’absence de l’intéressé au domicile désigné.

Le procès-verbal doit mentionner :

- Les noms, fonctions ou qualité de l’autorité requérante ;


- Les noms, fonctions ou qualité de l’agent chargé de la notification ;
- Les noms, prénoms et adresses du destinataire de l’acte ;
- La date et l’heure de la remise de l’acte ou l’impossibilité de joindre le
destinataire au domicile désigné ;
- Le procès-verbal est signé par l’agent, ainsi que par le destinataire de
l’acte si celui-ci est notifié à personne ; au cas de refus ou d’impossibilité de signer, il en
est fait mention.

Deux exemplaires du procès-verbal de notification ou de constat d’absence sont


adressés au Procureur Militaire. En cas de notification à personne, un exemplaire est
laissé au destinataire.

CHAPITRE VI : DES PROCEDURES PARTICULIERES

SECTION I : DU JUGEMENT PAR DEFAUT DES CRIMES ET DELITS

Article 893 : - Toutes les fois qu’il est établi que l’inculpé n’a pas été saisi par la
citation bien que celle-ci ait été régulièrement délivrée, le Tribunal Militaire statue par
défaut.

L’opposition au jugement par défaut est formée par déclaration au Greffe de la


juridiction qui a rendu la décision ; celle-ci doit statuer :

- Dans les 5 jours de la notification à personne si le condamné est libre ;


- Dans les 72 heures si le condamné a été arrêté et a fait déclaration au Greffe
de la Maison d’arrêt où il a été incarcéré.
SECTION II : DU JUGEMENT PAR DEFAUT DES CONTRAVENTIONS

Article 894 : - Tout prévenu poursuivi pour contravention, régulièrement cité qui ne
comparaît pas au jour et à l’heure fixés dans la citation est jugé par défaut.

Dans ce cas, aucun défenseur ne peut se présenter pour assurer la défense du prévenu.

Toutefois, l’opposition au jugement par défaut reste soumise aux dispositions de l’article
précédent.

SECTION III : DE L’EXECUTION DES JUGEMENTS

Article 895 : - Le jugement est exécuté dans les vingt quatre heures après l’expiration
du délai fixé pour le pourvoi, sauf en ce qui concerne les condamnations à mort.

CHAPITRE VII : LES PEINES

SECTION I : DE L’EXECUTION DES PEINES MILITAIRES

Article 896 : Les peines privatives de liberté prononcées contre les justiciables des
juridictions militaires sont subies conformément aux dispositions du droit commun.

SECTION II : SUSPENSION DE L’EXECUTION DES PEINES EN PERIODE DE


CONFLITS ARMES

Article 897 : - En période de conflits armés les jugements devenus définitifs, peuvent
être suspendus par Arrêté du Ministre de la Défense Nationale.

Article 898 : -Le droit de révoquer la décision de suspension appartient également au


Ministre de la Défense Nationale.

En cas de révocation de la décision de suspension, le condamné devra subir


intégralement la peine encourue.

Article 899 : - Lorsque le condamné cesse d’avoir la qualité de militaire, les effets de la
suspension sont ceux de la libération conditionnelle. Le bénéfice peut être révoqué en
cas de nouvelle condamnation.

Article 900 : - Les peines portées par les jugements dont l’exécution a été suspendue
se prescrivent dans les délais prévus par les dispositions du Code de procédure pénale à
partir de la date de suspension.

Article 901 : - Tout bénéficiaire d’une décision de suspension de l’exécution de


jugement, est réputé subir sa peine pendant tout le temps où il reste présent sous les
drapeaux, postérieurement à sa condamnation, pour satisfaire à ses besoins militaires
dans l’Armée ou à ceux que lui impose son rappel par suite de la mobilisation.
Article 902 : - Bien que la suspension ait été ordonnée, le jugement conserve son
caractère définitif. La condamnation est inscrite au casier judiciaire avec mention de la
suspension accordée.

Les déchéances et les frais de justice ne peuvent faire l’objet de mesure de suspension.

SECTION III : DE LA LIBERATION CONDITIONNELLE

Article 903 : - Les dispositions du Code de procédure pénale relatives à la libération


conditionnelle sont applicables à toute personne condamnée par les Tribunaux militaires
sous les réserves ci-après.

Article 904 : - Le droit d’accorder la libération conditionnelle appartient au Ministre de


la défense Nationale, sur proposition du Chef de l’Etablissement dans lequel l’intéressé
est détenu après avis du Procureur militaire.

La décision de libération conditionnelle accordée au détenu intervient sous forme


d’Arrêté.

Article 905 : - Au cas où la libération conditionnelle est révoquée, le condamné est


alors renvoyé dans un établissement pénitentiaire pour y accomplir le reste de la
première peine au moment de sa libération, cumulativement, s’il y a lieu avec la
nouvelle peine encourue.

Le temps de service passé au corps avant révocation est toujours déduit de la durée de
service militaire qui lui reste à accomplir.

Article 906 : - Pour les condamnés qui atteignent la date de la libération de leur
service, sans avoir été frappés de la révocation de leur libération conditionnelle, le
temps passé par eux, au service militaire compte dans la durée de la peine encourue.

Il en est de même pour ceux qui, ayant achevé leur service militaire sans être
entièrement libérés de leur peine n’ont pas encouru la révocation de la libération
conditionnelle, après leur renvoi dans leur foyer.

Ceux qui, après leur renvoi dans leur foyer encourent la révocation de la libération
conditionnelle, sont réintégrés pour toute la durée de la peine non subie, sans aucune
réduction au temps passé par lui sous les drapeaux.

SECTION IV : DU SURSIS

Article 907 : - Sous réserve des dispositions du Code de procédure pénale, la


condamnation pour crime ou délit militaire ne fait pas perdre au condamné le bénéfice
du sursis qui lui a été antérieurement accordé pour une infraction de droit commun.
SECTION V : DE LA REHABILITATION

Article 908 : - Les dispositions du Code de procédure pénale relatives à la réhabilitation


légale ou judiciaire sont applicables à ceux qui ont été condamnés par les juridictions
militaires.

La demande en réhabilitation est adressée au Procureur militaire qui saisit le Tribunal


militaire. Mention du jugement prononçant la réhabilitation est portée par le Greffier de
la juridiction militaire en marge du jugement de condamnation.

En cas de réhabilitation, la perte de grade, des décorations et des droits à pension pour
services antérieurs qui résultaient de la condamnation, subsiste pour les militaires de
tout grade, mais ceux-ci, s’ils sont réintégrés dans l’armée, peuvent acquérir de
nouveaux grades, de nouvelles décorations et de nouveaux droits à pension.

Article 909 : Les dispositions du Code de procédure pénale relatives au casier judiciaire
et aux frais de justice sont observées par les juridictions militaires.

DISPOSITIONS GENERALES

Article 910 : - Les Cours et Tribunaux continueront d’observer les règles de procédure
résultant des textes particuliers et régissant toutes les matières non réglées par le
présent Code.

Article 911 : - Sont abrogées toutes dispositions contraires et antérieures à celles du


présent Code, notamment les dispositions du Décret n° 363/PRG du 22 octobre 1966
promulguant le Code de procédure pénale de 1966

Article 912 : - La présente loi sera enregistrée au Journal Officiel de la République de


Guinée et exécutée comme loi de l’Etat.

Conakry, le 31 décembre 1998

LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

- GENERAL LANSANA CONTE -

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