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Définition
Le terme de toxi-infection alimentaire désigne un vaste cadre incluant des infections stricto sensu
(invasion de la muqueuse digestive), des intoxications pures (intoxinations), et des toxi-infections associant un
processus invasif et toxinique.
Une toxi-infection alimentaire collective (TIAC) est définie par l apparition d au moins deux cas
groupés, d une symptomatologie similaire, en général digestive, dont on peut rapporter la cause à une même
origine alimentaire (sauf botulisme où un cas suffit à déclencher l alerte).
Epidémiologie
Les accidents sanitaires de type toxi-infectieux ne sont pas rares ; leur fréquence est largement sous-
évaluée du fait de l'absence de consultation médicale ou de déclaration lorsqu'ils interviennent en milieu familial,
voire en restauration commerciale, et ne concernent que des individus isolés ou n'ayant plus l'occasion de se
revoir après le repas responsable des troubles.
La TIAC est une pathologie causée par la consommation d'aliments contaminés par des micro-
organismes. Les agents infectieux les plus souvent en cause sont les bactéries (Salmonella, Staphylococcus,
Clostridium, Campylobacter) et certains virus comme les rotavirus.
Dans la majorité des cas, l intoxication est bénigne et seulement 10% d entre eux nécessitent une
hospitalisation, avec une létalité très faible (<1/1000).
Statistiques :
France, 1990-2003 :
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Ces foyers étaient le plus souvent le fait de contaminations par l environnement ou lors de
manipulations (respectivement 30% et 20% des causes retrouvées parmi les foyers collectifs), ou aggravés par
des facteurs favorisants tels que le non respect des températures de conservation (30%).
Ces foyers familiaux étaient essentiellement liés à l utilisation de matières premières contaminées,
comme les ufs, véhiculant fréquemment Salmonella enteritidis, espèce la plus fréquemment identifiée (60%
des foyers à Salmonella).
- Les ufs et aliments à base d ufs représentaient les aliments le plus fréquemment incriminés dans la
transmission. La part de ces aliments a néanmoins diminué, passant de 33% des foyers dans lequel un aliment a
été identifié en 1996 à 19% en 2003 ; cette diminution a fait suite à l application des mesures de contrôle dans
les élevages de poules pondeuses.
- Les foyers à Clostridium perfringens ont diminué de 16% en 1987 à 6% en 2003. Cette diminution est
probablement liée à l amélioration de la préparation, de la manipulation et de la conservation des aliments dans
les collectivités.
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Sources principales d aliments incriminées dans les étiologies majeures des TIAC
ALIMENTS Staphylocoques Listeria Salmonelles Clostridium Clostridium Vibrio
monocytogenes perfringens botulinum parahaemolyticus
Viandes (crues)
Charcuteries (crues)
ufs
Lait
Crèmes
Pâtisseries
Légumes et
fruits
Conserves
Poissons (fumés) (crus)
Coquillages
Facteurs de gravité :
- âges extrêmes (personnes âgées, nourrissons)
- terrains fragilisés
Etiologies
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Virus de l hépatite A*
Virus de l hépatite E
Norovirus
Rotavirus
Parasitaires
Acanthamoeba et autres amibes
Anisakis sp.
Ascaris lumbricoides
Cryptosporidium parvum
Cyclospora cayetanensis
Diphyllobothrium sp.
Entamoeba histolytica
Giardia lamblia
Toxoplasma gondii
Trichuris trichiura
Toxines
Aflatoxines
Métaux (Cu, Cd, Zn)
Phytohémagglutinines
Tétrodotoxines
Toxine des coquillages et crustacés
Toxine du ciguatera
Toxine des Scombridés (histamine)
Toxines mycologiques (ex : amanitines)
Autres
Prions
* Maladies à déclaration obligatoire
Diagnostic
La survenue brutale de l épisode, le regroupement des cas dans le temps et l espace, la notion d un
repas commun entre les malades permettent facilement de confirmer qu il s agit d un foyer de TIAC.
L interrogatoire et l examen de quelques malades orientent rapidement vers la forme clinique et la
suspicion de l agent responsable de la TIAC.
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Syndrome de type invasif : Syndrome de type - Botulisme (rare en France de nos jours)
toxinique :
- syndrome fébrile franc - peu ou pas de fièvre - Intoxication histaminique :
(T°>38,5°C) après consommation de poisson mal conservé (thon ++)
- tableau digestif : - tableau digestif : incubation courte : 10 min à 1 h
vomissements, diarrhées, vomissements, diarrhée troubles vasomoteurs et digestifs
douleurs abdominales, ± liquide cholériforme profuse régression rapide
dysenterie +++ administration d antihistaminiques et de corticoïdes
Le tableau ci-dessous permet d apporter quelques éléments de diagnostic différentiel (concernant les
agents les plus fréquemment incriminés), comme par exemple la brutalité d apparition des symptômes.
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Conduite à tenir
Déclaration
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La déclaration obligatoire consiste à recueillir des informations aussi exhaustives que possible
concernant tous les cas de certaines maladies dites « maladies à déclaration obligatoire » auprès des biologistes
et médecins. Elle met en jeu deux procédures successives : le signalement et la notification.
Les médecins et les biologistes qui suspectent ou diagnostiquent une des maladies à déclaration
obligatoire doivent les signaler sans délai et par tout moyen approprié (téléphone, télécopie) au médecin
inspecteur de santé publique de la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales (DDASS) de leur
lieu d'exercice.
Le signalement permet au médecin inspecteur de santé publique de mettre en place les mesures de
prévention individuelle et collective autour des cas, et le cas échéant, de déclencher des investigations pour
identifier l'origine de la contamination et agir pour la réduire.
La notification intervient après le signalement et le plus souvent après confirmation du diagnostic. Les
médecins ou les biologistes déclarants notifient le cas au médecin inspecteur de santé publique de la DDASS du
lieu d'exercice au moyen d'une fiche spécifique à chaque maladie. La notification permet d'analyser et de suivre
l'évolution de ces maladies au sein de la population afin de mieux cibler les actions de prévention locales et
nationales.
Investigation
Elle comporte 3 volets :
Actions à mener
L enquête doit conduire à proposer :
- des actions de prévention adaptées (correction des erreurs sur la chaîne alimentaire, retrait d un aliment
contaminé commercialisé)
- des dispositions juridiques (sanctions, indemnisation des victimes)
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Rapport
L enquête concernant une TIAC doit toujours faire l objet d un rapport écrit détaillé. Son analyse et sa
diffusion permettront :
- d informer les personnels de santé et du secteur agroalimentaire d autres régions de la survenue
possible de tels épisodes et d adopter des mesures de prévention
- de mieux connaître l épidémiologie des TIAC et donc d adapter la réglementation pour leur contrôle et
leur prévention
- de faire progresser les connaissances scientifiques
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Prophylaxie
Au niveau de l Etat :
- Service de veille vétérinaire (pouvoir d inspection, de répression)
- Obligation de traçabilité (identification des lots permettant leur retrait)
- AFSSA
Au niveau professionnel :
- mesures d hygiène strictes (chaîne du froid +++)
- surveillance des risques (prélèvements réguliers en vue de leur analyse biologique)
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Bibliographie
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