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Métrologie
Approche bayésienne
Figure 1 : Vision
Le GUM (Guide pour l’Expression des
Incertitudes de Mesure) a fait son appari-
traditionnelle de la
tion dans le monde de la métrologie en mesure et de son
1995. Depuis près de 25 ans, les métro- incertitude.
logues bataillent pour comprendre ce
GUM et le mettre en pratique. Il faut
reconnaître qu’il n’est pas encore d’usage
systématique dans le monde industriel,
probablement pas non plus dans celui de
la recherche sauf dans quelques domaines
spécifiques. Pourtant, nous sommes nom-
breux à chercher à le maîtriser et à l’uti-
liser, notamment lorsqu’il s’agit de
déclarer cette fameuse conformité évo-
quée ci-dessus. Si toutes les mesures sont
fausses, toutes les décisions font naître
le risque de se tromper. Et, puisque les
erreurs de mesure n’ont en principe pas
de préférence, il est possible de se trom-
per dans un sens, ou dans l’autre. Concrè-
tement, on peut donc « déclarer conforme
une entité non conforme en réalité »
(risque client) ou « déclarer non conforme
une entité conforme en réalité » (risque
fournisseur).
Figure 2 : Vision
Le risque réaliste d’un résultat
Cette question des risques client et four- de mesure.
nisseur fait partie du quotidien du métro- Pour passer de la Figure 1 à la Figure 2,
logue, mais un document récent, le JCGM le JCGM N°106 nous engage dans la
N°106 devenu la norme ISO/IEC Guide démarche bayésienne, démarche qui
98-4, vient bousculer notre vision des nous impose désormais de considérer ce organismes ont pour mission de vérifier
choses. Dans le monde d’avant ce guide que nous savons de l’entité à mesurer l’organisation qualité des laboratoires
en effet, le risque s’envisageait suivant avant même de faire la mesure. Quel prestataires en matière de mesures et
la vision de la mesure et de son incerti- métrologue, en effet, ne s’est jamais fait d’étalonnages. Ils valident également le
tude présentée en Figure 1. cette remarque : « Cette mesure est réalisme des incertitudes de mesure que
bizarre ! ». Le fait qu’il puisse détecter les laboratoires revendiquent. Cette mis-
Or, cette représentation n’est pas qu’une mesure est bizarre suppose qu’il sion s’accomplit depuis plus de 20 ans,
conforme à la réalité. En effet, qu’est-ce a une connaissance a priori du mesu- chacun s’y est habitué, elle est entrée
qui nous permet de penser, à part la faci- rande. Et c’est cette connaissance a priori dans les mœurs. Mais, si les experts de ces
lité, que la valeur mesurée est systéma- que le document JCGM N°106 se pro- organismes ont la compétence pour éva-
tiquement la valeur la plus probable, tel pose de prendre en compte pour calcu- luer la pertinence d’un calcul d’incerti-
que le suggère la Figure 1 ? ler les risques. Nous pouvons d’ailleurs tude, qu’en sera-t-il demain lorsqu’il
bien tous nous accorder sur une réalité : s’agira de valider la compétence dans
En se permettant une définition de l’in- le risque client n’existe que s’il existe des l’évaluation des risques liés aux déci-
certitude de mesure plus univoque à nos entités réellement non conformes. On sions dans le cadre des vérifications.
yeux que celle du VIM, on envisage la peut en effet mesurer « comme un Autrement dit, comment les organismes
réalité sous un angle différent, angle cochon » une entité conforme, elle restera d’accréditation pourront valider la per-
choisi finalement par le JCGM N°106. conforme ! Notre connaissance de cette tinence du calcul des risques, sachant
entité, en revanche, est sujette à caution, qu’il faut désormais prendre en consi-
Incertitude de mesure : Loi de proba- mais pas l’entité elle-même ! dération l’a priori ?
bilité des erreurs de mesure
Le rôle des organismes accréditeurs Il n’y a aucun doute que l’a priori, dans
La conséquence de ce changement fon- La dynamique “ISO 9000” a fini par faire le contexte industriel, doit faire partie
damental qui peut se vivre comme une émerger la norme ISO 17025 et les orga- des connaissances de l’industriel lui-
quasi-révolution copernicienne pour les nismes accréditeurs, le Cofrac en France même et ne peut pas être fourni par un
métrologues se résume dans la Figure 2. et Accredia en Italie par exemple. Ces organisme externe. Qu’il fabrique des
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Avis d’experts
Métrologie
particuliers des informations mises à dis- nécessaire pour obtenir la connaissance ment validées. À l’heure des Big Data et
position, cette « base des a priori des ins- a priori par type d’instruments. Cette des algorithmes qui les traitent, algo-
truments de mesure usuels » devrait être commission assurerait évidemment la rithmes qui ont besoin de données fiables
hébergée par un organisme dont la noto- cohérence des résultats obtenus afin de pour produire des résultats pertinents, ce
riété et l’indépendance sont des qualités les mettre à disposition, via une base de post-traitement bayésien des mesures
reconnues par tous. Il existe différents données partagées (Open data ou Sha- est probablement une voie nouvelle pour
organismes, français, européens, voire red data), à tous les laboratoires accré- les métrologues, surtout dans l’industrie
mondiaux, susceptibles de pouvoir faire dités qui souhaitent réaliser des où l’approche bayésienne n’est pas trop
ce travail en respectant cette exigence vérifications en suivant les préconisa- pratiquée.
de neutralité. Pour construire cette tions de la norme ISO/IEC Guide 98-4.
connaissance a priori des instruments Et comme la « métrologie » telle qu’elle
de mesure usuels, il conviendrait de réu- Perspective est perçue aujourd’hui par une majorité
nir un groupe d’experts, en métrologie Au-delà des vérifications, cette norme a commencé dans les laboratoires pres-
(pour chaque domaine) et en statistiques. nous propose d’utiliser toutes les infor- tataires, celle de demain, grâce à une
L’objectif serait de recueillir les données mations disponibles (a priori, mesure, application de ces nouveaux concepts
d’étalonnage historiques des laboratoires incertitude de mesure) pour déterminer, dans ces mêmes laboratoires, pourrait
qui souhaiteraient bénéficier de l’accès à en suivant le théorème de Bayes, la loi a également naître chez eux, pour peu qu’on
l’information des « a priori partagés » et, posteriori. La valeur moyenne de cette loi les aide, voire qu’on les force, un peu… ●
à partir des incertitudes d’étalonnage qui a posteriori est en principe plus fiable
ont été validées par leur organisme d’ac- que la seule valeur mesurée, si toutes les
créditation, réaliser la déconvolution informations utilisées ont été correcte-
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