École pratique des hautes études,

Section des sciences religieuses

Conférence de M. Youssouf Cissé

Youssouf T. Cissé

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Cissé Youssouf T. Conférence de M. Youssouf Cissé. In: École pratique des hautes études, Section des sciences religieuses.
Annuaire. Tome 92, 1983-1984. 1983. pp. 103-105;

https://www.persee.fr/doc/ephe_0000-0002_1983_num_96_92_16020

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 Conférence de M. Youssouf Cissé

Les conférences de l'année ont été consacrées aux aspects suivants

des civilisations mandingues (qui sont celles de la grande majorité des
peuples - malinké, bambara et kagoro et des groupes ethniques qui leur
sont directement apparentés - de l'Afrique de l'Ouest) :
1) Origines et mise en place des populations de l'Afrique
Oc identale d'après les traditions orales soninké, malinké, bambara et kagoro ;
2) Rappel des grandes lignes de l'histoire des formations étatiques
qui virent le jour en Afrique de l'Ouest ;
3) Description des structures sociales, religieuses, politiques et
économiques des Mandingues ;
4) Cosmogonies mandingues.
Pour traiter de la première partie, nous avons utilisé les données les
plus diverses :
- Mythe, légendes et récits initiatiques relatifs au peuplement de
l'Afrique ;
- Légendes et histoire des Dyarouw, chasseurs des temps anciens
dont les itinéraires initiatiques majeurs allaient de la vallée du Nil à
celle du Sénégal en passant par la vallée du Niger. D'après les
traditions des confréries de chasseurs malinké, ces itinéraires auraient été,
selon lès époques, jalonnés de pierres dressés de formes diverses, ou de
cercles de pierres que l'on rencontre de la Mer Rouge à l'Océan
Atlantique ;
- Relecture et explication, à la lumière des données fournies par les
traditions orales mandingues, des peintures et gravures rupestes
relevées au Nord de l'Equateur, tant en Afrique noire qu'en Afrique
blanche.
Cette manière d'interroger le passé du continent noir ouvre des
perspectives nouvelles à l'étude des religions et des civilisations négro-
africaines.
Dans la deuxième partie, nous avons fait un survol de l'histoire des
grands empires et royaumes soudanais en soulignant que ces derniers
ont su sauvegarder avec des sensibilités différentes, l'unité culturelle qui
les caractérise.
104 AFRIQUE NOIRE

A la demande de M. Cartry, Directeur d'études à FE.P.H.E., nous

avons organisé à l'intention de nos auditeurs, trois séances de travail
consacrées aux structures sociales des populations mandingues ; et
nous nous sommes efforcé, chaque fois que cela a été possible, de
montrer avec quelle force, chez les Mandingues, les principes religieux
et philosophiques traditionnels sous-tendaient encore le système de
pensée de ces peuples de même qu'ils présidaient à l'essentiel de leurs
actions.

Enfin, concernant la cosmogonie, nous avons exposé les théories

malinké et bambara, et nous avons traité les notions de :

1) Mon : Dieu considéré comme (ETRE) « Étonnant » et « Maître » des

temps des Mondes.

2) Fu:
- Univers non encore révélé ;
- Immensité incommensurable ;
- Infiniment petit ;
- Néant.

3) Bangu :
- Principe primordial et éternel de la matière dont les composantes
essentielles sont l'air, le feu, l'eau et la terre ;
- Support de vie des hommes, des animaux et des plantes.

4) Niri :
- Énergie issue de l'interaction des quatre éléments fondamentaux ;
- Principe de vie de tout être et de toute chose.

5) 77 ou TU :
- Signe primordial et divin ;
- « Éclat », bris qui présida aussi bien à la naissance de la lumière
qu'à celle de vibration et du tournoiement, « mouvements sans lesquels
il n'y a ni vie, ni mort ».

6) Dunnya, dinyè ou dyèn :

- « Profondeur, (univers) en expansion » ;
- Vie et univers des choses et des êtres.

7) Ma dyigin ni ma yèlèn : « mouvements cosmiques descendant et

ascendant que Dieu imprima pour toujours a l'univers et qui sont à ce
dernier ce que l'inspiration et l'expiration sont à la vie de l'homme ».
Youssouf CISSÉ 105

8) Waran kaman : connotation du monde en tant que domaine divin

intangible dans ses composantes initiales, et du temps en tant
qu'expression de la permanence de Dieu dans l'univers, son œuvre.
L'énoncé de chacune de ces notions s'accompagne de la déclamation
de leçons qui constituent l'un des fondements de la pensée mandingue.
Qu'on en juge par cette leçon relative au Nin (principe de vie ;
existence, âme) :
Nin bèè nin ;
Nin mon korb ni nin ye ;
Nin de bi bà finyè na nin ye ;
Awa nin tààrà sara bail tè.
Traduction :
« Toute vie vaut une autre vie » :
« Elles découlent du même principe »,
« Même si une vie apparaît à l'existence avant une autre vie ».
« Par conséquent tout tort causé à autrui doit être réparé. »

Chacune de ces notions est par ailleurs matérialisée par un ou

plusieurs signes, ou par un monogramme comme celui-ci ~*f 1X3+M )*
qui symbolise la rotation universelle ; le retour cyclique des saisons ; la
succession des générations ; le cycle des âmes ; etc.
L'exégèse des leçons a été menée, les signes et monogrammes
décomposés et commentés conformément à l'enseignement dispensé au niveau
du Komo (société d'initiation par excellence des Mandingues).

Élèves et auditeurs assidus : Agboton Gabriel, Ahluah Koffi,

Apedoh Koffi Hamé, Baba Prosper, Blonvia Konan, Clocuh Adakou,
Diabaté Mamadou, Digbehi Didier, Dosseh Situ-Adadé, Edi
Ahouassa, Egloh Sévi, Gnaco Yao Adolphe, Gobah David, Kouamé
Laurent, Lawison-Body Latévi, Magou Koué Maurice, Mensah-
Beauclair Ludovich , Nantet Bernard, Soumarê Tombo, Tamari Tal,
Verger Marie-Noël.