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TOUCHER
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TOUCHBR
ENSEIGNEMENT DU PIANO
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L'examen des empreintes du toucher a permis de montrer que la supériorité des grands artistes réside dans la
capacité d'éprouver à côté de leurs sensations auditives merveilleuses, des sensations de toucher non moins merveilleuses.
En raison de cette concordance des sensations tactiles et auditives, la position des cinq doigts des deux mains se
combine de façon que les lignes digitales mises en contact avec les touches pendant l'exécution des œuvres musicales se
coordonnent par groupes. Sous l'influence de cette coordination, les pressions transmises au clavier éveillent un véritable
concert de sensations tactiles dont l'harmonie est aussi sensible à l artiste que l harmonie des sons.
L'activité mentale de l'artiste se dédouble. Pendant que les rapports complexes de l'harmonie des sons se déroulent
dans sa pensée, les rapports non moins complexes des sensations tactiles lui suggèrent des calculs ininterrompus ; car
si la durée des sons provient de vibrations consécutives, la durée du toucher de chaque doigt provient de sensations
consécutives, et c'est parce que le lien entre ces sensations tactiles consécutives peut ne pas être interrompu pendant
l'interprétation d'une œuvre musicale, que la pensée musicale est transmissible par le toucher.
Nécessairement, l'art du toucher ne réside pas plus dans la durée des sensations que l'art musical dans la durée
des sons, car ce n'est que lorsque les évolutions simultanées et successives des sensations tactiles se combinent, que, de
leurs incessantes variations, peut naître le sentiment d'une polyphonie de sensations dont l'harmonie équivaut à l'har-
monie musicale.
Si le grand artiste arrive à cette vérité de la concordance des sensations auditives et des sensations tactiles, il faut
nécessairement que cette concordance devienne la base de l'enseignement. On ne peut vraiment enseigner la musique à
ceux dont la pensée musicale n'a pas assez d'intensité pour les instruire sur les manifestations corrélatives du toucher,
qu'en leur enseignant l'infinie variété des sensations tactiles que doit éprouver celui qui joue harmonieusement du piano.
Car dès que le pianiste ne ressent pas des combinaisons de sensations tactiles et musculaires qui correspondent aux
combinaisons des intervalles musicaux de l'œuvre qu'il interprète, il a beau jouer les notes justes — il pense faux, parce
qu'il y a de fausses corrélations dans ses sensations, Oll, ce qui arrive souvent, il ne peut pas penser, parce qu'il y a
des interruptions constantes dans ses sensations.
Du reste, dans l'analyse des phénomènes les plus simples du toucher, la modification des pensées est éveillée par la
modification des sensations tactiles.
Dans l'expérience d'Aristote, par exe.npie, qui consiste à mouvoir une bille entre l'index et le médius maintenus
croisés, les empreintes des deux surfaces mises en contact avec la bille font apparaître réellement la silhouette des deux
billes qu'on croit toucher (voir les empreintes fig. 1); tandis que les empreintes des deux surfaces mises en contact avec
la bille lorsqu'on lui imprime un mouvement de va-et-vient avec les deux doigts non croisés, font apparaître les contours
de la bille touchée (voir les empreintes fig. 2).
Ce sont les sensations qui font penser faux ou juste selon qu'elles sont fausses ou justes.
Autre modification de sensations et d'images éclairée par les empreintes.
Si l'on fait mouvoir alternativement une bille entre le pouce, l'index et le médius de la main droite ou de la main
gauche, les sensations tactiles sont si différentes que la bille paraît ronde dans la main droite, anguleuse dans la main gauche.
La cause physiologique de l'illusion apparaît dans la différence des empreintes.
Dans la main droite, le toucher est juste, car dans le toucher des trois doigts l'orientation des lignes digitales
s'adapte exactement à la forme de la bille (voir fig. 4), de là l'idée qu'elle est ronde.
Dans la main gauche, cette adaptation fait défaut, le toucher est faux, car les angles qu'on attribue à la bille
n'existent en réalité que dans les lignes digitales des surfaces des doigts mises en contact avec elle (voir fig. 3).
Donc le pianiste doit apprendre à associer ses sensations tactiles et auditives comme celui qui fait mouvoir un
objet entre ses doigts doit chercher à associer ses sensations tactiles et visuelles. Par cette association l'un trouve aussi
sûrement la forme esthétique de l'œuvre interprétée que l'autre la forme réelle de l'objet qu'il fait mouvoir entre ses doigts.
Du reste, par des expériences faites déjà en 1896, indépendammentde tout mouvement de va-et-vient des doigts, j'ai
remarqué que selon qu'en écrivant je tiens la plume de la main gauche ou de la main droite, je produis, dans le premier
cas, les empreintes fig. 5 et 6, dans le second cas, celles fig. 7 et 8, et que cette différence de combinaison des lignes
digitales dans le groupement du toucher influe sur les combinaisons de mon écriture.
Écriture qui correspondaux associations fausses du toucher de la main gauche établies par les empreintes fig. 5 et 6.
Écriture qui correspond aux associations du toucher de la main droite établies par les empreintes fig. 7 et 8.
En 1899, j'ai vu par hasard que l'écriture de ma main gauche, si déréglée en 1896, était devenue à mon insu, sous
l'influence de l'étude du toucher artistique, presque semblable à celle de la main droite (voir fig. 11); au moyen des
empreintes fai pu constater que corrélativement les associations du toucher de la main gauche étaient devenues presque
semblables à celles dela main droite (voir fig. 12 et 13).
Dans cette nouvelle association des touchers de la Modification de l'écriture de la main gauche constatée en IS99
main gauche, ce n'est pas seulement l'orientation des lignes
digitales, mais la localisation du toucher des quatre derniers
doigts qui évolue ; car tandis que les lignes digitales se sont
groupées transversalement de manière à se mettre en oppo-
sition avec celles de l'empreinte du pouce, les touchers se
sont groupés de manière à être localisés davantage sur les
régions plus opposables au pouce. On constate, du reste, L'associationdes touchers de la main gauche obtenue en 1899
(Empreintes qui correspondent à l'écriture fig. il.)
fig. 12 et 5, dans les deux empreintes du pouce, une trans-
formation corrélative de la localisation et de l'évolution
verticale des lignes digitales.
Ces expériences, comme les expériences sur l'art du
toucher du pianiste, permettent de conclure que la cause
physiologique de la discrimination du toucher réside dans
une capacité de discriminationde sensations dont on ne soup-
çonnait pas l'existence. Il est désormais acquis que de toutes
petites différences dans la disposition des lignes digitales,
perçues inconsciemment, peuvent correspondre à des modi-
fications considérables des fonctions manuelles ou mentales.
...........
de seconde. de seconde.
lre expérience : durée moyenne 121 lre expérience: durée moyenne 136
2e
3e
—
—
—
—
quatre temps a une justification scientifique ; car le chef d'orchestre (et cela même lorsqu'il veut faire chaque mouvement
avec une vitesse maxÏIna) fait en réalité le mouvement le plus rapide au Ier temps de la mesure et ralentit ensuite ses mouve-
ments graduellement du 2e au 4e temps. Nous arrivons tout naturellement à conclure que. l'art du chef d'orchestre est inti-
mement lié à l'art du toucher dont la différenciation de la sensibilité de la pulpe est le principe fondamental. Voici pourquoi
le pianiste qui a fait son éducation artistique du toucher, distingue le faux mouvement du chef d'orchestre, avec sa résultante
immédiate dans l interprétation fautive qu'il entend, aussi nettement qu'il distingue l'erreur d'orientation du toucher qu'il
commet lui-même au piano avec la résultante immédiate dans son jeu.
(1) Ch. Féré: L'influence de l'éducation de la motilité volontaire sur la sensibilité (Revue Philosophique. 1897. XL(V, page 591).
Les petites différences de sensibilité de la pulpe, classées ici en trois groupes principaux, proviennent de cP- qu'il y
a dans chaque ligne digitale une multitude
d'éléments nerveux dont chacun a sa fonction et où la transmission se fait avec
une vitesse différente. Ces différences de vitesse modifient la qualité du toucher, car, par exemple, la même bille touchée
sur les trois régions différentes du doigt parait différente.
I. Si on la fait mouvoir par un mouvement de va-et-vient sur la région plus sensible (fig. 13bis), elle paraitra rela-
tivement de petite dimension.
II. Si le mouvement se fait sur la région moyenne (tig. 14\, elle paraitra relativement grossie.
lit. Si le mouvement se fait sur la région moins sensible (fig. 15), elle paraitra grossie bien davantage.
Pour atteindre cette discrimination variée, nous exécutons inconsciemment des mouvements variés sur les trois
régions différentes : pour la lre discrimination (voir l'eln- Classement de la sensibilité de l'index droit.
preinte fig. 16), le mouvement se fait avec une inclinaison
de droite à gauche ; pour la 2C discrimination (voir l'enl-
preinte fig. 17), il se fait transversalement; pour la 3e dis-
crimination (voir l'empreinte fig. 18), il se fait avec une
inclinaison de gauche à droite.
Sans cette unification inconsciente de l'orientation de
la position du doigt et du mouvement de va-et-vient, le Rôle joué par le classement de la sensibilité de l'index droit
toucher serait faux et la bille changerait de forme, car nous dans la discrimination du toucher.
croirions toucher un cylindre au lieu d'une bille.
C'est du côté où se trouvent les dimensions moin-
dres des formes touchées, que se trouve le maximum d'in-
tensité des ondes sonores dans la transmission du toucher
au clavier. Le fait acquis de cette différenciation des pressions peut être mis en lumière par des procédés qui établissent
un lien entre le langage musical et le langage parlé ; car si l'on fait correspondre la prononciationde consonnes fortes et faibles
à l'exécutionde certaines pressions différentes, on constate, au moyen des empreintes du toucher et des courbes obtenues avec
l'appareil enregistreur, que le caractère de l'articulation verbale agit sur le caractère des pressions exécutées par les doigts.
Une nuance intermédiaire peut être établie au moyen de la prononciation des consonnes j, g, k
ou 2, s, c, et
l'exécution d'un mouvement tournant subdivisé en trois pressions avec localisation différente, c'est-à-dire si on fait
corres-
pondre la prononciation des trois consonnes j, g, k ou 2, s, c à un mouvement tournant de droite à gauche (allant de la
région de la sensibilité minima à la région opposée), on est à même d'exécuter par succession très rapide des séries de
trois pressions nettement différenciées en temps faible (toucher de la région moins sensible), temps
moyen (toucher de
la région moyenne), temps fort (toucher de la région plus sensible).
En somme, ce sont les lois physiologiques des sons qui se retrouvent dans la physiologie du toucher. Les diffé-
des intervalles musicaux (tierce, quarte, quinte...) sont basées sur des différences de chiffres simples déterminées
rences
la modification du nombre des vibrations, tandis que les différences du timbre proviennent du caractère des harmoniques
par déterminées par la localisa-
déterminées par la modification du caractère des vibrations. De même, les différences spéciales
48) représentent les chiffres simples
tion du toucher dans la position des cinq doigts de la main (voir 1 vol. page
dehors du domaine de 1 édu-
du toucher musical, tandis que les harmoniques de ces chiffres simples, restées jusqu'ici en
agencées. Car la corrélation
cation, apparaissent dans l'examen des empreintes sous forme de surfaces tactiles mal ou bien
précise de la résultante
des lignes digitales dans les groupes de touchers n'est, comme on le verra plus loin, que l'inscription
de la main.
des rapports simples produits par la différenciation volontaire de la position des différents doigts
Le perfectionnement du toucher réside donc autant dans la capacité de
communiquer des différenciations appro-
respectifs des
priées à la position des cinq doigts droits et gauches, que dans la capacité d'isoler les mouvements
l'obligation d isoler les
doigts. Ces deux qualités sont les conditions premières aussi nécessaires au mouvement artistique que
l étendue
cordes d'un violon et de les accorder, non pas au même ton mais à la quinte, afin de multiplier la force expressive,
et la puissance harmonique de l'instrument.
CONCLUSION
dont il se
C'est intentionnellement que nous comparons ici l'exécutant à un instrument de musique ; car F instrument
les traits d'une
sert n'a que des propriétés passives qu'on pourrait comparer à celles du miroir qui reproduit fidèlement
c'est l'organisme de l'exécutant qui est
personne, sans être en chair et en os comme elle. Dans l'enseignement nouveau, sensationnelles
considéré comme le véritable instrument de musique auquel le piano, qui transforme ses combinaisons
fausses ou justes en musique mauvaise ou bonne, sert de miroir.
Par le toucher musical, l'art et la nature sont unifiés. Ainsi, 1 art de F interprétation n existe que .
combinaisons des touchers
1, Parce qu'on peut joindre aux combinaisons des notes définies sur les portées, les
définies par les associations des lignes digitales mises en contact avec les touches dans l exécution des notes;
diffé-
II, Parce qu'on peut joindre à la valeur des notes définies sur les portées, les avances ou les retards que les
rences d'orientation communiquent aux pressions tactiles. et ces
Ces combinaisons minuscules des lignes digitales qui agissent sur l'harmonie de la sonorité, ces avances
retards minuscules des pressions tactiles qui agissent sur les oscillations rythmiques sont inhérents à la pensée du compo-
fatale
siteur génial, bien qu'il ne puisse par nuls signes spéciaux les traduire dans l'œuvre qu'il a créée. Puisque cette limite
rendre à
d'une beauté indéfinissable existe dans l'écriture musicale, chacun est forcé d 'en convenir, pourquoi ne pas se
l'évidence que l'art, tel qu'il doit être enseigné, représente l'artiste comme un merveilleux calculateur de sensations et que
le résumé de ses calculs est ce que nous appelons sa pensée créatrice.
matière et
En somme, parmi toutes les recherches faites pour pénétrer la cause primordiale de la fusion de la
de l'idée n'a été
de la pensée, aucune manifestation de la corrélation des sensations et des mouvements avec l'évolution
aussi évidente, que celle établie par ces recherches où les lois des pressions tactiles sont étudiées dans leurs rapports
avec l'écriture musicale et le clavier. doigts
Comme il y a une relation évidente entre l'œuvre musicale écrite etl l'écartement des touches sur lesquelles les
se poseront pour l'exécuter, il y a aussi une relation évidente entre la
manière dont les doigts fonctionneront pour l exécuter
exécutée. La
et les calculs des sensations corrélatives par lesquels le cerveau concevra la valeur esthétique de 1 œuvre
associa
conception esthétique se modifie suivant le classement des sensations dont les extrémités des pulpes peuvent, par 1
tion des lignes digitales, donner une image; raffinement de la position des doigts et du toucher agit donc non seulement
le classement des sensations,
sur le timbre, sur les nuances de la sonorité et sur le caractère du rythme, mais encore, par
sur la puissance des conceptions cérébrales.
Ce fait acquis permet de supposer que la force civilisatrice attribuée au développement de la musique, force qu 'on a
de la musique
surtout attribuée à l'audition musicale, apparaîtra bien plus efficacement dans l enseignement scientifique
lorsque cet enseignement aura acquis tout le développement qu'il comporte. Le musicien notamment comprendra dans un
délai plus ou moins proche que son esprit est dans sa main autant que dans sa tête, et que l éducateur musical le plus sûr,
le plus individuel dont il dispose, c'est sa main.
LES ELFES
SCHUMANN
Pour l'application des principes du toucher à l'étude des morceaux, voir les huit paragraphes placés en
tête du IIe volume, sans lesquels la plupart des indications suivantes perdent toute signification. L'application
des procédés d'étude du IIe volume est, du reste, une préparation aussi indispensable à l'étude du IIIe volume
que les Exercices progressifs du Toucher, vol. I.
REMARQUES PRÉLIMINAIRES.
L'utilisation d'un tabouret bas est de rigueur pendant toute la durée de l'étude des morceaux; car l'importance de la
tension musculaire, loin de s'atténuer, se renforce en raison du progrès de l'éducation. C'est assez dire que nous supprimons
les formules placées à ce sujet en tête des morceaux du IIe volume, parce que nous supposons que l'idée de la tension
musculaire est désormais dans l'esprit de l'élève indissolublement liée à celle de l'étude et de l'exécution.
Un premier travail du morceau fait, soit avec des longs glissés, soit avec des glissés diversifiés des doigts extrêmes
et des roulés de l'index (voir les touchers appliqués, page 35, vol. I,) doit servir de préparation aux mouvements roulés
indiqués ci-dessous.
L'Éducation croisée des mouvements. —Au début du travail d'un morceau, on conseille d'étudier alternativement
chaque main seule afin de pouvoir, au moment où la fatigue est acquise dans une main, utiliser la force accumulée
pendant le repos dans l'autre. Cette éducation croisée peut être appliquée avec un réel profit à l'étude du piano, si l'élève
arrive à observer exactement le déplacement de la tension musculaire qui s'effectue d'un côté à l'autre sous l'influence
de l'effort prolongé.
LA LOCALISATION DU TOUCHER
Du rapport de la localisation du toucher et de l'orientation des mouvements.
Le principe de l'harmonisation du toucher réside dans la localisation des doigts; les moindres déviations déposition
des doigts faussent les mouvements exécutés.
Mais de même que le caractère de la position des doigts peut fausser les mouvements exécutés, le caractère des
mouvements peut aider à perfectionnergraduellement la position des doigts. Aussi longtemps que la localisation des doigts
reste incomplète l'orientation des mouvements joue un rôle éducateur qui améliore la position des doigts. L'étude du
mouvement garde donc, malgré la localisation défectueuse, toute sa valeur éducatrice. Mais l'effort spontané de l'élève,
fait en vue d'établir, par la tension de toute sa musculature, les rapports de position des doigts les plus corrects, peut
considérablementabréger la durée de cette éducation.
Le groupement de la position des doigts et les attitudes des métacarpiens du pouce et du 5e doigt.
Afin que les doigts extrêmes (pouces et 5raes)puissent dans l'étude des groupes de trois notes de ce morceau, être
posés respectivement au même niveau des touches, les deux mains sont maintenues tournées vers le bord cubital (voirfig. 50
vol. I, les angles a, b, c, d).
A quelques exceptions près, où les intervalles extrêmes des groupes de trois notes se resserrent, les pouces et les
5mes doigts sont maintenus pendant toute la durée de l'étude dans l'écart d'octave (voir le niveau d'attaque de l'octave, fig. 52,
page 52, vol. I) avec ce que nous appelons un recul maximum. On obtient ce recul si le 5me doigt, fortement fléchi, est
écarté au maximum du 4me (voir fig. 50, vol. 1) et si le métacarpien du pouce, légèrement abaissé, est maintenu écarté
au maximum de l'index (voir fig. 50, vol. [). Cette sensation de recul des doigts extrêmes doit ètre renforcée par l'allon-
gement relatif de l'index et l'écartement et la flexion graduée des doigts intermédiaires (voir fig. 50, vol. I).
Malgré la complexité des rapports de ces positions des doigts, l'équilibre de l'attitude de la main
ne sera vraiment
acquis que lorsque l'élève pourra, tout en maintenant le métacarpien du pouce plus bas que celui de l'index, maintenir le
métacarpien du 5me doigt surélevé au-dessus de celui des autres doigts. Cette surélévation du métacarpien des
5mes doigts est le complément inséparable de la surélévation de la main du côté du 5me doigt (pronation forcée) et elle doit
être maintenue même lorsque, pour la réalisation de certains mouvements tournants, la main est surélevée du côté du pouce.
Dans cet équilibre des attitudes respectives des doigts et de la main, les sensations doivent se répartir avec une
égale intensité dans tous les doigts. Cette harmonie des sensations est une mise au point indispensable à tout bon travail.
L'élève doit sentir que ce sont les orientations variées de ces positions qui lui permettent de se représenter à la fois
la corrélation des cinq positions différentes et la position individuelle de chaque doigt.
chiffre 1 au chiffre 8 (y compris les intervalles chromatiques). On peut donc dire qu'il y a dans la combinaison fondamentale
du toucher musical huit attitudes différentes qui constituent l'harmonie du toucher. Cette harmonie n'est nullement incom-
patible avec les fonctions de la main ; car si la" main n'a que cinq doigts, chaque doigt a un champ d'action individuel qui
lui permet de modifier l'orientation de ses attitudes. C'est cette mobilité des doigts qui supplée à l'insuffisance du nombre;
doigts intermédiaires, en unités nouvelles
car par leurs inclinaisons différentes, il semble qu'ils se transforment en combinaisons
auxquelles correspondent des sensations nouvelles qui complètent le domaine des artistiques du toucher.
Les chiffres que nous donnons comme type des rapports du toucher dans le groupe initial de chaque œuvre sont donc
censés représenter les intervalles de tierce, de quarte, de quinte, etc., que l 'élève doit être capable de se représenter sous
forme de sensations de position des doigts, non seulement dans le groupe initial de chaque œuvre mais dans tous les autres
les rapports des intervalles de chaque
groupes. Ainsi, dans cette œuvre de Schumann, comme l'élève doit se représenter doigts qui exécutent
groupe de trois notes, il doit aussi se représenter les rapports des intervalles dans les attitudes des
les trois notes, attitudes dont la combinaison des chiffres simples est, pour le groupe initial, la suivante :
Les rapports du groupement initial des notes (ïres trois notes exécutées par les deux mains)
et du groupement corrélatif de la position des doigts.
16
(Ce que nous appelons les chiffres simples de l'harmonisation du toucher.)
8
(5e) (2e)
4 «
(pouce).
1
(pouce) (3")
8
(5e).
Les rapports des touchers établis par le groupement des empreintes figures 29 et 30.
(Ce que nous appelons les harmoniques de la position corrélative des doigts.)
Ces groupes de trois touchers doivent être orientés dans les deux mains de la façon suivante.
REMARQUES PRÉLIMINAIRES
Comme nous l'avons dit, si, en jouant, le pianiste n'a
pas des combinaisons de sensations tactiles et musculaires qui
correspondent aux combinaisons des intervalles de l'œuvre qu'il interprète, les pressions qu'il transmet touches sont en
désaccord avec les différences de nombres des vibrations établies par les groupes de notes qu'il exécute. auxIl est, dans ce cas,
dans impossibilité de mettre sa pensée en corrélation avec celle du compositeur de l'œuvre.
Quant aux œuvres qui ne contiennent pas de pensée, elles
ne contiennent pas non plus de combinaisons tactiles
capables d éveiller des pensées. N écrit pas qui veut des combinaisons de notes capables de susciter de belles combinaisons
de sensations tactiles. En ce qui concerne la disposition de l'écriture musicale dans la littérature
de piano, on sert en
a emand du mot Ivlaviersatz 11 terme dont le sens devrait être très élargi pour s'adapter à la conception artistiquesenouvelle,
mais ce terme contient néanmoins r idée que la fa<;on de combiner l'écriture des notes pour le piano constitue
Lexécutant qui veut interpréter une œuvre doit se représenter cette totalité de sensations qu'il est capable un tout concret.
de provoquer
ans l'exécution de chaque groupe de touchers comme le véritable principe de sa force Imaginative. C'est
lui appartient en plus il 1 'explore, plus il deviendra un domaine qui
propre; artiste.
1
Modification du roulé du pouce.
- Afin de faciliter cette
représentation synthétique des touchers par la sÏInpli-
çS mouvemen ts tournants des mains, on fera le roulé du pouce en allant de la région inférieure à la région
moyenne.
n e cette façon, c est avant le roulé du pouce que les mains seront maintenues surélevées
au maximum du côté des 5mes doigts,
(1 ronation forcée), de sorte que chaque les régions
main, sans que mises en contact avec les touches dans l'étude du
morceau soient modifiées, sera, pendant l'exécution des trois notes simultanées, graduellement abaissée de manière à être
légèrement élevéedes du côté du pouce à la terminaison du roulé des 5mes doigts. Les deux mains seront ensuite, pendant
l' exécution des courbes, par un mouvement tournant
en sens inverse, graduellement ramenées dans leur position initiale,
Ilestimportant
c est-a-dire surélevées du côté des
n0,te;r
5mes doigts.
que, même qli'on a recommandé de ne pas considérer l'attaque et le roulé du doigt
Ilest
important
de
noter
que,
de
mqu'on
ême
arecommandé
de
npeas etlercomme
considérer
l'attaque constituant
deux
impulsionson recommande de ne pas considérer les mouvements tournants successifs de
distinctes,
la main m?ie f0.1)8 1 Van impulsions distinctes, mais comme si chaque mouvement entraînait à suite mouvement
sa un
p retour. Un doit arriver ainsi à diversifier les mouvements tournants avec une facilité qui exclut tout effort.
LA MAIN DROITE ET LA MAIN GAUCHE DU PIANISTE
Généralement on déplore l'infériorité de la main gauche, parce que les traits sont exécutés moins également que par
la main droite, et on ignore que cette infériorité a des conséquences bien autrement graves au point de vue de la musicalité
du jeu, parce qu'elle est en corrélation avec une infériorité latérale du cerveau. Précisément, une des grandes entraves
du développement artistique de l'exécution, c'est l'incapacité de penser, par exemple, dans ce morceau, avec la même
intensité les trois touchers, exécutés simultanément par la main droite et la main gauche, et par conséquent les trois notes
qui correspondent aux trois touchers de chaque main.
Dans la pensée de l'exécutant, il y a une dualité qui l'empêche de concevoir l'harmonie des rapports des notes jouées
par les deux mains, en raison du manque d'équilibre des fonctions des deux mains. Il faut donc chercher, par un effort
constant, à établir dans les sensations un équilibre au moins relatif, sans lequel les facultés cérébrales artistiques ne
sont pas concevables.
GERTHA SAMUEL
Se conformer pour le caractère général de l'étude et les détails de la localisation du toucher aux
principes formulés pour l'œuvre précédente.
LA LOCALISATION DU TOUCHER
Les rapports du groupement initial des notes (premier accord exécuté par les deux mains)
et du groupement corrélatif de la position des doigts.
(Ce que nous appelons les chiffres simples de l'harmonisation du toucher.)
-
MAIN GAUCHE— (accord initial)
8
(5e)
FA
4
(2e)
UT
(pouce)
1
FA
13
MAIN DROITE — (accord initial)
(pouce)
LA
(2e)
UT
8
(5e)
LA
Comme l'élève doit se représenter les rapports des intervalles de chaque groupe de trois notes, il doit se représenter
les rapports des intervalles dans les attitudes des doigts qui exécutent ces trois notes.
Les rapports des touchers établis par le groupement des trois empreintes figures 31 et 32.
(Ce que nous appelons les harmoniques de la position corrélative des doigts.)
Ces groupes de trois touchers doivent être orientés dans les deux mains de la façon suivante :
Ire NOTE. Le roulé des pouces se fera en allant de la région moyenne à la région inférieure. (Voir les empreintes des
pouces, fig. 31 et 32.)
IIe NOTE. Le roulé des doigts intermédiaires se fera en allant de la région moyenne à la région plus sensible. (Voir les
empreintes de l'index, fig. 31 et 32.)
Ille NOTE. Le roulé des 5es doigts se fera en allant de la région moyenne à la région moins sensible.
Les doubles traits verticaux correspondent au moment précis où l'élève doit compter deux fois six doubles croches par mesure; les
autres signes correspondent aux moments précis du commencementet de la terminaison des attaques roulées; les lignes simples correspondent
à la durée des silences.
La meilleure manière de s'assimiler la valeur éducatrice de ces courbes sera de les lire. au début pour chaque main
séparément, en se représentant les notes et en faisant les mouvementstournants de la main dans le vide comme si on
exécutait réellement les notes sur le clavier. On arrivera ainsi peu à peu à unifier la différence d'espace qui existe entre
l'échelonnement des signes des courbes descriptives et la différence de durée des mouvementstournants qui correspondent
à l'échelonnement des attaques roulées et des silences. Il est à remarquer que l'étude détaillée des accords arpégés avec les
silences interrupteurs exige une prolongation de la durée de la première et de la quatrième croche de chaque mesure,
prolongation bien établie dans les courbes des deux mains fig. 35 et 36.
Il est à noter que l'intensité suffisante des sensations musculaires des bras n'est vraiment atteinte que lorsqu'il est
impossible de supprime]' pendant les silences (représentés par les lignes simples des courbes), l audition mentale des sons
provoquée par la représentation d'une attaque roulée quelconque. Dès que les sensations musculaires évoluent d une façon
ininterrompue comme elles le doivent, l'audition mentale ne peut, en effet, pas être supprimée, mais seulement modifiée
sous l'influence des représentations de roulés correspondant à d'autres sons. Donc, toute intermittence entre deux sons
différents doit disparaître sous l'influence des sensations musculaires continues des bras ; quand elle aura vraiment dis-
paru, l'étude du toucher subira la modification suivante :
Modification des représentations mentales dans l'étude du toucher. — Pendant toute la durée du silence qui
suit chaque attaque, on doit entendre résonner la note corrélative au dernier roulé réalisé ; l'attaque roulée suivante doit se
faire avec une rapidité telle qu'on arrive à se représenter aussi peu la durée de l'abaissement du doigt sur la touche, que
l'intermittence entre les deux sons qui se succèdent, dont l'un est entendu mentalement, l'autre réellement.
Nécessairement la nouveauté de ce genre de travail mental, combiné avec des sensations musculaires, aboutira au
début pour bien des élèves à des efforts en apparence infructueux; car il faut avoir acquis déjà un certain perfectionne-
ment des sensations musculaires provoquées par la localisation du toucher, pour se rendre compte de quoi il s'agit. Nous
jugeons donc que cette modification des représentationsmentales de l'étude ne s'adresse qu'aux élèves les plus conscients,
et nous laissons à l'appréciation de chacun de choisir le moment où il se croira apte à les appliquer.
Pour le caractère général de l'étude et les détails de la localisation du toucher, voir pages 8 et 9.
ANALYSE DU TOUCHER POUR L'ÉTUDE DU MORCEAU
SOL..
On comptera très lentement 4 fois 6 triples croches par mesure. Pour l'exécution des doubles croches, chaque roulé,
dont l'attaque sera faite avec une vitesse maxima et une pression minima, aura la durée d'une triple croche. Il sera suivi
d'un silence de même durée, consacré à la continuation du mouvement tournant de la main, ainsi qu'à la représentation
mentale de la note suivante et de la vitesse maxima de l'attaque roulée corrélative.*
LA LOCALISATION DU TOUCHER
L'harmonie du groupement de la position des doigts peut se composer d'un groupe ou de plusieurs groupes de
notes, ou même de plusieurs harmonies différentes. Au début de cette œuvre, le groupement de la position des doigts de
la main droite se divise en groupes de six notes dont la première (le LA dans le I et le lIe groupe, le UT dans le Ille groupe)
peut être considérée comme une note de passage, c'est-à-dire comme une note étrangère à l'accord : si bémol, MI,
UT dièse, MI,
Dans les groupes suivants, les changements des intervalles, à quelques exceptions près, où des groupes de trois notes
unité d adaptation des touchers.
se suivent, ne sont que superficiels et ne modifient pas
l
Les rapports du groupement initial des notes (les six premières doubles croches)
et du groupement corrélatif de la position des doigts.
(Ce que nous appelons les chiffres simples de l'harmonisation du toucher.)
MAIN DROITE
(pouce)
1
(pouce)
3 4
(2e)
5(3e)
6(4e)
8(5e)
(Le second pouce représente ici ce que nous appelons un doigt intermédiaire (voir page 9); la diversification des deux emoreintes du
pouce (voir fig. 38) en est une démonstration concluante.)
Comme l'élève doit se représenter les rapports des six intervalles de chaque groupe de notes, il doit se représenter
les rapports des intervalles dans les attitudes des doigts qui exécutent ces six notes.
Les rapports des touchers établis par le groupement des six empreintes, figure 38.
(Ce que nous appelons les harmoniques cle la position corrélative des doigts.)
Les courbes servant à calculer la variabilité des mouvements tournants et des sensations
musculaires du bras.
Le calcul rythmique des mouvements établi pour les deux premiers groupes de six doubles croches de la main droite.
Les doubles traits Il correspondent au moment précis où l'élève doit compter quatre fois six triples croches; les autre signes correspondent aux
moments précis du commencement et de la terminaison des attaques roulées; les lignes simples correspondent à la durée des silences.
Pour l'étude des seize mesures en si bémol (pages 20 et 21), les groupes de trois notes jouées alternativementjpar
les deux mains correspondent à une localisation qui exclut l'utilisation des régions moins sensibles des quatre derniers doigts
des deux mains.
Dans le Ier groupe, l'orientation des roulés correspond aux mouvements tournants suivants :
Main droite. — Ire NOTE. Élévation minima : SOL. —IIe et IIIe NOTES. Surélévation maxima : FA, SI bémol.
Main gauche. — Ire et IIe NOTES. Surélévation maxima: RÉ, FA. — IIIe NOTE. — Élévation minima: si bémol.
Après chaque groupe de trois notes, chaque main tracera, sans modifier sa position, une courbe au-dessus du clavier
qui aura la durée de trois doubles croches.
10 5
(pouce) (4e)
1er GROUPE
^c)
6
(3e) (pouce)
1 1" GROUPE
1
SI bémol FA RÉ SI bémol FA
15
MAIN DROITE
(pouce)
8
(2e) (4e) (5e)
10
UT SOL UT MI
Dans l arpège montant ce groupe de quatre touchers doit être orienté de la façon suivante
:
I NOTE. Le pouce fera son roulé en allant de la région moyenne à la région inférieure (voir fig. 40)
;
ne NOTE. L indecc, en allant de la région plus sensible à la région moyenne (voir fig. 40)
;
III- NOTE. Le 4 doigt, en allant de la région plus sensible à la région opposée (voir fig. 40);
IVe NOTE. Le 5e doigt, en allant de la région moins sensible à la région
moyenne (voir fig. 40).
Dans l arpège descendant, les mêmes régions des pulpes sont mises en contact
avec les touches, mais
l'orientation de toutes les pressions se fait en sens inverse. Le Be doigt est roulé de la région
— moyenne à la région
moins sensible ; le 4 doigt, de la région moins sensible à la région opposée ; l'index, de la région moyenne à la régi..
plus sensible; le pouce, de la région inférieure àj.a région moyenne.
Mouvements tournants corrélatifs.
(Evolution double, maxima et minima)
Afin de faciliter l analyse de l unité du mouvement tournant,
nous commençons cette description avec le toucher de
Les courbes servant à calculer la variabilité l'index (2e note) et non avec le toucher du pouce (ire note).
des mouvements tournants La -main droite exécute d'abord une élévation minima du
et des sensations musculaires des bras. côté du pouce pendant [les roulés du 2 e et du 4e doigt et
leurs silences correspondants, et ensuite une surélévation
maxima du côté du 5e doigt (pronation forcée) pendant les
roulés du 5e doigt et [du pouce et leurs silences corres-
pondants.
Comme nous l'avons dit, les mouvements tournants
subsistent pendant le mouvement d'attaque réel du doigt
et pendant la représentation du mouvement d'attaque qui
correspond aux silences introduits entre l'exécution des
notes. Lorsqu'il s'agit de calculer le rythme de deux mou-
vements tournants doubles, différenciés chacun en suréléva-
tion minima (roulés du 2e et du 4e -doigts), et en surélévation
maxima (roulés du 5e doigt et du pouce), l'élève doit
Les doubles traits Il correspondent à la subdivision de la
en triples croches; les autres signes correspondent à la durée des
mesure arriver à une analyse de rapports qui pourraient se repré-
roulés exécutés pendant la surélévation maxima et minima; les lignes senter approximativement par les courbes différenciées
simples correspondent à la durée des silences. (figure 41).
ANALYSE DU TOUCHER POUR L'EXÉCUTION DU MORCEAU
En jouant cette étude dans un mouvement rapide, il s'agit de penser les notes et les touchers par groupe, c'est-à-dire
des quatre notes soient
presque simultanément de manière à ce que les représentations mentales des quatre touchers et
toujours en avance sur l'exécution des quatre touchers et des quatre notes.
On ne modifiera ni leur localisation ni leur orientation, mais les groupes de touchers seront classés en sensations
fortes et faibles. Dans l'arpège montant les plus fortes sensations musculaires doivent correspondre à l'exécution des touchers
du 2". du 48 et du 56 doigt (SOL, UT, MI); dans l'arpège descendant, elles doivent correspondre à l'exécution des touchers du 4e,
du 2e doigt et du pouce (UT, SOL, UT).
Voici comment on atteindra les différences de sensations et par conséquent de sonorité :
Les roulés réflexes. — Les roulés du 5° doigt et du pouce doivent prendre une orientation double dont la première est
réflexe, la seconde volontaire-, c'est-à-dire que, sous l'influence de l'exécution rapide des doubles croches, l'orientation des
roulés du 2e et du 4e doigt doit, dans l'arpège montant, se communiqueraussi au roulé du 5e doigt, et l'orientation du roulé
du 4e et du 2" doigt doit, dans l'arpège descendant, se communiqueraussi au roulé du pouce. Mais c'est précisément pendant la
réalisation de cette orientationréflexe qu'on doit se représenter l'orientation inverse du roulé de ce doigt et du doigt suivant,
soit qu'il s'agisse du roulé du 5, doigt suivi du roulé du pouce dans l'arpège montant, soit qu'il s'agisse du roulé du
pouce suivi du roulé du 5e doigt dans l'arpège descendant. Ces roulés en retour, comme on pourrait les appeler, ont un
caractère spécial; car tandis que c'est l'impulsion acquise au roulé réflexe qui fait communiquer une sonorité vibrante à la
note correspondante, c'est au contraire la légèreté, l'élasticité acquise au roulé en retour qui entraîne l'affaiblissement
relatif de l'attaque du doigt suivant, et par conséquent l'affaiblissement relatif de la sonorité de la note suivante.
Mais malgré ces différences très nettes de procédés des attaques roulées, les impulsions fortes et les impulsions
faibles ne correspondront à des sensations corrélatives nettement différentes que si les doigts qui réalisent les trois roulés
successifs, dont le dernier est réflexe, maintiennent les trois touches presque simultanément enfoncées pour les laisser
ensuite graduellement se relever. C'est l'unification réelle des sensations suivies du relèvement graduel des doigts qui
contribue dans une large part à l'accumulation des sensations. Ne pas confondre cette prolongation volontaire des sensations
du toucher avec la paresse des doigts qui involontairement ne se relèvent pas des touches. Il s agit ici non pas d une incor-
rection, mais d'un perfectionnement conscient du toucher, car la prolongation des touchers multiplie les sensations et le
relèvement retardé des doigts exige dans son échelonnementun contrôle bien plus précis que le relèvement non retardé.
Il est à remarquer qu'en dehors de ce classement en sensations fortes et faibles, les phénomènes du toucher de
cette Etude doivent entraîner la particularité suivante : l'exécutant doit éprouver dans l'exécution des arpèges montants
(2e, 48 et 5e doigts) des sensations complètement différentes de celles éprouvées dans l'exécution de l'arpège descendant
(4e, 2e doigts et pouce), en raison de la différence d'orientation des pressions qui modifie le caractère du timbre de la
sonorité. Cette différence d'orientation des pressions entraîne des différences de sensations qui semblent à la fois si distinctes
et si liées qu'on pourrait les comparer aux phénomènes des couleurs complémentaires.Mais il faut bien connaître et savoir
utiliser le domaine de la sensibilité des pulpes pour atteindre une cohésion de sensations capable d'éveiller ces images
complémentaires.
ÉTUDE
CHOPIN
ANALYSE DU TOUCHER POUR L'ÉTUDE DU MORCEAU
On comptera très lentement 6 fois 4 triples croches par mesure. Les doubles notes de la main droite seront étudiées
par arpèges descendants et montants (voir vol. I, page 73). La tierce est étudiée par arpège descendant, la sixte par arpège
montant. Chaque roulé ayant la durée d'une triple croche, on comptera un au moment de jouer la note supérieure de la
tierce et deux au milieu du roulé de la note inférieure commencée une quadruple croche plus tard que la première note :
on comptera trois au moment de jouer la note inférieure de la sixte et quatre au milieu du roulé de la note supérieure
commencée une quadruple croche plus tard. La seconde note de chaque arpège sera donc commencée et terminée une
quadruple croche plus tard que la première.
13.
2 me
pouce
3me 5me
6
Ml. SOL UT
-
Vivace
(1) On peut faire suivre symétriquement à la main gauche une modification analogue de la localisation et de l orientation du toucher
avec utilisation prédominante de la région moins sensible des pulpes.
ÉTUDE
LA mineur
MENDELSSOHN
LOCALISATION DU TOUCHER
Les rapports du groupement initial de la position des doigts des deux mains
et du groupement corrélatif des notes.
(Ce que nous appelons les chiffres simples de Vharmonisation du toucher.)
12 (5e)
LA
MAIN GAUCHE(groupe initial)
5
(3e)
LA
3(2e)
UT
(pouce)
1
Ml -
13
(pouce)
FA
MAIN DROITE (groupe initial)
(2e)
LA
5(3e)
UT
7(5e)
Ml -
Comme l'élève doit se représenter les rapports des intervalles de ces groupes de notes, il doit se représenter les rap-
ports des intervalles dans les attitudes des doigts qui exécutent ces groupes de notes.
Les doubles traits Il correspondent à la subdivision de la mesure en triples croches. Dans les courbes (fig. 45) les différences de longueur
des trois lignes correspondentaux roulés des trois doigts (2e, 4" et 5e) et indiquent le relèvement successif des touches (MI, UT, LA) à la termi-
naison de l'accord.
ANALYSE DU TOUCHER POUR L'EXÉCUTION DU MORCEAU
Afin de faciliter la représentation synthétique des touchers par la simplification des mouvements tournants, la
surélévation maxima sera exécutée par les deux mains entre le roulé des 5es doigts et le roulé des pouces, conformément
aux courbes fig. 46 et 47, de sorte que pour l'exécution du morceau les roulés des pouces se feront en allant de la région
inférieure à la région moyenne.
Les courbes servant à calculer la variabilité des mouvements tournants et des sensations
musculaires des bras dans l'exécution de ce morceau.
Dans la courbe fig. 47, les différences de longueur des trois lignes correspondent aux roulés des trois doigts (2e, 4e, 5e) et indiquent le
relèvement successif des touches (MI, UT, LA) à la terminaison de l'accord.
Main gauche. — Le roulé réflexe du Se doigt. Il est à remarquer que le roulé volontaire du 5e doigt, allant de la
région moyenne à la région plus sensible, est nécessairementprécédé d'un roulé réflexe, orienté en sens inverse, parce que
l'élan acquis par les touchers du pouce et des doigts intermédiaires se communique au toucher du 5e doigt. C est dans
cette capacité d'accumuler des sensations opposées que réside le principe d'élasticité du toucher qu'il s'agit de développer
par l'étude, et par l'exécution de cette œuvre bien appropriée à l'éducation du toucher.
ÉTUDE
FA majeur
CHOPIN
On comptera très lentement 6 fois 4 triples croches par mesure. Pour l étude du toucher, les doubles notes sont
étudiées par arpège descendant dans la main droite, par arpège montant dans la main gauche. On comptera un au moment
de jouer la première des deux notes, deux avant de terminer le roulé de la seconde. Les silences qui succèdent à
l'exécution de chaque note auront la durée d'une triple croche à la suite des doubles croches, la durée d'une double croche
à la suite des croches. La pression minima des touchers est exigée pour toute la durée de l'étude.
LOCALISATION DU TOUCHER
Les rapports du groupement initial de la position des doigts des deux mains
et du groupement corrélatif des notes.
(Ce que nous appelons les chiffres simples de l'haî-nîoîîisation du toucher.)
10
(51)
6(3e)
3
(2e) (pouce)
1
(pouce)
1 5(2e)
6
(3e)
8
(5e)
- FA UT FA LA - FA UT RÉ FA
domine rélève doit se représenter les rapports des intervalles dont se composent ces deux groupes de notes, il doit se
représenter les rapports des intervalles dans les attitudes des doigts qui exécutent ces deux groupes de notes.
Les rapports des touchers établis par le groupement des quatre empreintes fig. 48 et fig. 49.
(Ce que nous appelons les harmoniques du groupement de la position des doigts.)
Dans chaque groupe de notes exécutées avec des doigtés symétriques par les deux mains, l'orientation des pressions
roulées est coordonnée de la façon suivante :
Iro DOUBLE CROCHE(notes arpégées). Le roulé des médius se fait en allant de la région moins sensible à la région moyenne.
Le roulé des pouces se fait en allant de la région moyenne à la région inférieure.
11° DOUBLE CROCHE. Le roulé des index
se fait en allant de la région moyenne à la région plus sensible.
LA CROCHE. Le roulé des 50s doigts se fait en allant de la région plus sensible à la région opposée.
Mouvements tournants corrélatifs.
{Evolution double, maxima et minima)
Pendant les roulés des médius, des pouces et des index, et les silences correspondants, les deux mains exécutent d'abord
la terminaison d'une surélévation maxima du côté du 56 doigt (pronation forcée), ensuite une élévation minima du côté
du pouce pendant le roulé des 56S doigts et finalement pendant le silence correspondant à la huitième triple croche, le
commencement d'une nouvelle surélévation maxima (voir les courbes fig. 50 et 51).
Les courbes servant à calculer la variabilité des mouvements tournants et des sensations musculaires des bras.
Les doubles traits Il représentent le moment précis où l'élève doit compter les huit triples croches de chaque temps de la mesure;
les traits simples correspondent aux silences introduits entre l'exécution des notes; les autres signes se rapportent à la durée et a l'orien-
tation des roulés.
(Dans l'étude arpégée des doubles notes, chacune des attaques roulées aura la durée d'une triple croche; mais la
première sera suivie d'un silence d'une triple croche, la seconde d'un silence d'une quadruple croche, puisqu'elle est
commencée une quadruple croche après la première).
Les doubles notes, au lieu d'être arpégées, sont jouées simultanément et l'orientation des pressions roulées subit
deux modifications différentes, l'une destinée à donner un minimum de sonorité, l'autre un maximum.
On comptera très lentement 4 fois 6 doubles croches par mesure. Chaque attaque roulée, faite avec une vitesse
maxima, aura pour l'exécution des croches la durée d'une double croche, et sera suivie d'un silence de même durée; pour
l'exécution des noires, la durée de l'attaque roulée sera d'une croche, celle du silence correspondant de même.
LOCALISATION DU TOUCHER
Les rapports du groupement initial de la position des doigts des deux mains et du groupement
corrélatif des notes de la Ire mesure.
(Ce que nous appelons les chiffres simples de l'harmonisation du toucher.)
MAIN GAUCHE (groupe initial) (six notes) MAIN DROITE (groupe initial) (douze notes)
(5e)
1Q 6 5 3
(3') (2e) (ponce) (pouce)
1
(pouce)
1 2(2e)
3
(3e)
4
(41)
5(4e)
6
(5e)
Les mouvements tournants de la main droite étant supprimés, les roulés se feront par la
modification d'inclinaison des doigts.
Pendant l'exécution de chaque toucher on changera l'inclinaison de la position du doigt, de façon à faire faire à la pulpe
roulé, le doigt sera ramené par un relèvement courbe
un roulé conforme à l'orientation indiquée; à la terminaison du
(voir vol. I, page 63) dans sa position initiale. Le roulé ainsi que le relèvement courbe du pouce demandent une attention
particulière par rapport à la rapidité maxima de l'attaque et à l évolution correcte du roulé et du relèvement.
au médius que revient l'exécution de la note qu'on pourrait appeler centrale.. à l exception
Main droite. — En jouant cette Étude rapidement, tous les roulés seront orientés de gauche à droite, généralement
du roulé du médius qu'on orientera de droite à gauche, parce que dans chaque groupe de douze notes c'est
Main gauche. — Tous les roulés seront orientés au contraire de droite à gauche, à l'exception de celuidoigt.)
le 3 ou le 4
par lequel
on exécute la IVe note de chaque groupe de six notes. (Ce roulé est aussi réalisé généralement par
Avec cette disposition des touchers des deux mains, il s'agit d arriver à atténuer dans chaque groupe de touchers
la durée de la représentation mentale des roulés isolateurs, orientés en sens opposés à ceux des autres doigts. Ces roulés
opposés doivent produire des sensations inverses à peine perçu.es, mais indispensables à l élasticité générale du toucher.
Comme on le voit, ces roulés que nous appelons isolateurs ont les mêmes propriétés que les roulés en retour; mais
de roulé avec double orientation, ils sont placés
au lieu de se placer dans les doigts extrêmes (pouce, 56 doigt) sous formemouvements
dans le médius, sous forme d'un roulé simple. Mais que ces genres de en sens contraire soient placés au
centre ou aux extrémités de la main, leur signification est la même : les mouvements des doigts acquièrent l élasticité
voulue, dès que l'exécutant a des représentations mentales par lesquelles il pense, pour ainsi dire, en même temps avec
une intensité différenciée des pressions dont l'orientation est opposée.
ÉTUDE
LA bémol majeur.
CHOPIN
ANALYSE DU TOUCHER POUR L'ÉTUDE DU MORCEAU
On comptera très lentement 8 fois 6 triples croches par mesure. Chaque attaque roulée, faite avec une vitesse
maxima et une pression minima, aura la durée d une triple croche et sera suivie d'un silence de même durée consacré à la
continuation du mouvement tournant de la main et à la représentation mentale de la note suivante et de la vitesse
maxima de l'attaque corrélative.
LOCALISATION DU TOUCHER
Les rapports du groupement initial de la position des doigts des deux mains et du groupement
corrélatif des notes.
14
(Ce que nous appelons les chiffres simples de l'harmonisation du toucher.)
LA Ml LA UT Ml LA UT Ml
Comme l'élève doit se représenter les rapports des intervalles de chaque groupe de six notes, il doit se représenter
les rapports des intervalles dans les attitudes des quatre doigts, qui exécutent ces six notes.
Les rapports des touchers établis par le groupement des six empreintes de la main gauche (fig. 52),
et de la main droite (fig. 53).
(Ce que nous appelons les harmoniques du groupement de la position des doigts.)
(1) Les octaves surajoutées sont comptées comme des unités indivisibles.
Dans ce groupe de six touchers, la même orientation des pressions roulées s'applique aux notes jouées simultanément
par les deux mains.
IRE NOTE.
— Le roulé des 5" doigts droits et gauches se fera en allant de la région moyenne à la région moins sensible
(voir fig. 52 et 53).
IIe NOTE. — Le l'ou)é de l'index droit et du médius gauche se fera en allant de la région moins sensible à la région
moyenne (voir la 3e empreinte, fig. 53, et la 2e empreinte, fig. 52).
IIIe NOTE. — Le roulé du 4E doigt droit et de l'index gauche se fera de même (voir la 5e empreinte, fig. 53 et la
4e empreinte, fig. 52).
IVe NOTE.
— Le roulé des deux pouces se fera en allant de la région moyenne à la région inférieure (voir fig. 52 et 53).
VE NOTE.
— roulé des deux index se fera en allant de la région plus sensible à la région moyenne (voir la 2e em-
preinte, fig. 53 et la 5" empreinte, fig. 52).
VIe NOTE.
— Le roulé du 4e doigt droit et du médius gauche se fera de même (voir la 4E empreinte, fig. 53 et la 3e
empreinte, fig. 52).
Le transfert des sensations musculaires du bras, obtenu par la représentation mentale des courbes
descriptives, et son rapport avec la localisation du toucher.
Comme nous l'avons dit, il s'agit d'avoir, au moyen de la lecture rythmée des courbes descriptives, des représenta-
tions des mouvements tournants des mains qui provoquent dans les bras des sensations musculaires dont l'intensité est
la même que si les mouvements pensés étaient vraiment exécutés. En raison de l'entraînement acquis par l'éducation de
ces représentations, l'élève doit pouvoir obtenir, s'il limite les représentations aux mouvements d'un seul bras, le transfert
des sensations musculaires, qui sous l'influence de la fatigue, se communiqueront avec tous les phénomènes concomi-
tants d'un bras à l'autre.
Ce transfert se distingue par un fait nouveau de ceux qu'on a étudiés jusqu'ici, car il ne s'établit un gain que dans le
transfert du bras droit au bras gauche où tous les touchers prennent la localisation perfectionnée acquise par la main droite ;
si le transfert se fait du bras gauche au bras droit, il en résulte une perte dans la localisation du toucher de la main droite.
L'idée de pouvoir, à l'aide du transfert des sensations, se former, quant à la localisation du toucher, deux mains droites
n'est pas chimérique pour ceux qui sont à même de rechercher ce perfectionnement indirect.
ANALYSE DU TOUCHER POUR L'EXÉCUTION DU MORCEAU
Modifications du toucher de la main droite qui s'appliquent symétriquement aux notes jouées
simultanément par la main gauche.
I" GROUPE
— Le roulé du 5e doigt se fait en allant de la région moins
Pe NOTE. sensible à la région moyenne.
— Le roulé de l'index se fait en
IIe NOTE. allant de la région moyenne à la région plus sensible.
IIIe NOTE.
— Le
roulé du 4° doigt de même.
L'exécution de ces trois touchers correspond à la surélévation maxima de la main.
IVe NOTE.
— Le roulé du pouce se fait en allant de la région inférieure à la région moyenne.
— Le roulé de l'index se
VE NOTE. fait en allant de la région plus sensible à la région moyenne.
VI' NOTE. — Le roulé du 4e doigt de même.
L'exécution de ces trois touchers correspond à l'élévation minima de la main.
Déjà par les courbes descriptives nous avons cherché à expliquer la variabilité des sensations musculaires en combi-
nant la vitesse maxima de l'évolution du regard avec la surélévation maxima de la main, la vitesse minima avec l'élé-
vation minima de la main. Dans l'évolution rythmique du regard, l'unité est toute constituée ; dans l'évolutionrythmique des
touchers, il s'agit de la constituer. Ce point de comparaison permet à chacun d'apprécier les phénomènes évolutifs minimes
qu'il s'agit de mettre en évidence dans l'art du toucher et d'éviter ainsi toute adaptation grossière des courants rythmiques.
INTERMEZZO DU CARNAVAL DE VIENNE
SCHUMANN
ANALYSE DU TOUCHER POUR L'ÉTUDE DU MORCEAU
On comptera très lentement 8 fois 6 triples croches par mesure. Dans la main droite, chaque attaque sera faite avec
une vitesse maxima; le roulé aura la durée d'une triple croche et sera suivi d'un silence de même durée.
LOCALISATION DU TOUCHER
Les rapports du groupement initial de la position des doigts de la main droite
et du groupement corrélatif des notes.
(Ce que nous appelons les chiffres simples de l'harmonisation du toucher.)
14
MAIIV DROITE (groupe initial) (de la 6. à la 11e note, lre
(pouce)
SI bémol MI
(2e)
bémol
6
(4e)
SOL bémol
8
(5e)
SI bémol
mesure)
Les rapports des touchers établis par le groupement des six empreintes de la main droite.
(Ce que nous appelons les harmoniques du groupement de la position des doigts.)
d'adapter les principes des courants rythmiques, exposés dans l'œuvre précédente, dans l'exécution de
Il s'agit
toutes les œuvres suivantes. C'est-à-dire, dans l'exécution des notes qui correspondent à la surélévation maxima, l'enchaîne.
ment est accéléré à mesure qu'on se sert des doigts plus
rapprochés du pouce ; dans l'exécution des notes qui corres-
pondent à l'élévation minima, l'enchaînement est ralenti à
mesure qu'on se sert des doigts plus rapprochés du 5e doigt.
Nécessairement, l'apprentissage de cet équilibre des on-
dulations rythmiques est basé sur la représentation mentale
de l'unité du groupement des notes. Cette unité du groupe,
qui exclut l'égalité de la durée des intervalles, constitue une
des bases de la pensée musicale.
Cette unité est un principe infiniment supérieur à l'éga-
lité qui peut être considérée comme antimusicale.
Quoique les touchers appliqués à l'étude de ce morceau
soient favorables au discernement des courants rythmiques,
on pourrait remplacer la courbe 59 par une courbe où
l'élévation minima ne sert que de préparation à l'attaque de
la note chantante de la Ire double croche du groupe, jouée
généralement par le 5e doigt. Nécessairement le roulé du
5e doigt aurait ainsi une orientation double ; sous l'influence
de l'abaissement de la main, il se produira un roulé réflexe
allant de la région moyenne à la région moins sensible,
tandis que le roulé volontaire sera orienté en sens inverse.
Dans la main gauche, le discernement des deux
courants pourra être renforcé si aussitôt après l'attaque du
pouce (octave, RÉ bémol) on superpose sur la même touche
une attaque muette du médius permettant de lier la note
supérieure de l'octave à la double croche suivante (LA), qui
dans ce cas sera jouée aussi par le pouce (voir les quatre
empreintes, fig. 60) et non par l'index. Cette corrélation,
établie entre les sensations des touchers du médius et du
pouce (2me attaque), renforce l'évolution du mouvement
tournant, c'est-à-dire, elle rapproche dans l'évolution maxima l'octave (RÉ bémol) de la double croche (LA), et fait ressortir
davantage l'éloignement qui se produit dans l'évolution minima entre cette double croche et l'octave suivante (UT) (1).
(1) Il yaurait profit à s'entraîner par ce renforcement des sensations tactiles à l'évolution rythmiquedes mouvements de la main gauche.
On pourrait donc au début se servir de ces procédés même pour les octaves qui ont la valeur d'une croche.
NOVELLETTE
SOL mineur
SCHUMANN
Main droite. — (Voir les quinze premières notes.) Pour l'étude des quinze premières notes, les touchers se coor-
donnent en un groupe de trois notes et en trois groupes de quatre notes.
Avant l'attaque du pouce, la main est maintenue fortement surélevée du côté du 5e doigt; elle est ensuite, pendant
les roulés exécutés par le pouce, le 3e et le 4e doigt, graduellement abaissée du côté du 5e doigt.
IRE NOTE. Le roulé du 5e doigt se fera en allant de la région moyenne à la région moins sensible.
(Ce roulé correspond à l'élévation minima de la main.)
IIe NOTE. Le roulé du 4e doigt se fera en allant de la région moins sensible à la région moyenne.
IIIe NOTE. Le roulé de l'index se fera en allant de la région moyenne à la région plus sensible.
IVe NOTE. Le roulé du pouce se fera en allant de la région moyenne à la région inférieure.
(Ces trois derniers roulés correspondent à la surélévation maxima de la main.)
Main gauche. — (Voir les quatre premières mesures.) Pendant les roulés successifs de chaque accord arpégé, ainsi
du 5e doigt.
que pendant l'exécution du groupe de quatre doubles croches, la main sera fortement surélevée du côté
Les trois notes des accords arpégés prendront la valeur d'un triolet en quadruples croches et la note fondamen-
tale sera exécutée simultanément avec la Ire double croche de la main droite.
Après chaque accord et chaque groupe de quatre doubles croches, la main est remise dans l'attitude de l'élévation
minima du pouce.
Pour l'étude des six doubles croches descendantes, jouées par les deux mains (de la mesure 9 à la 33e mesure),
les trois roulés exécutés par chaque main correspondent à la surélévation maxima, indication suffisante pour permettre
à l'élève d'établir l'évolution double du mouvement tournant.
Pour l'étude des traits en doubles croches (page 68) aucun toucher ne sera localisé sur la région moins sensible des
pulpes des quatre derniers doigts. Les roulés des deux index se feront en allant de la région moyenne à la région plus
sensible (roulés qui correspondentà une très forte surélévation de la main du côté du 5e doigt) ; les roulés des trois autres
doigts se feront en allant de la région plus sensible à la région moyenne (ces roulés correspondent à une faible atténua-
tion du redressement de la main du côté du 5e doigt); le roulé des pouces se fera dans le même sens, c 'est-à-dire en
allant de la région inférieure à la région moyenne.
DE L'EXÉCUTION DU MORCEAU
Par l'application des courants rythmiques, adaptés à la localisation et à l'orientationdes touchers indiqués pour l'étude
de ce morceau, l'élève doit être à même de résoudre le problème de l'harmonie du toucher et par conséquent de l'interpréta-
tion musicale de cette œuvre. La corrélation existant entre la position des doigts et l'orientation des roulés (base de l'évolution
des courants rythmiques) deviendra particulièrement saisissable, si pendant le déroulement rythmé des touchers, les surfaces
des pulpes mises en contact avec les touches conservent de grandes dimensions.
Il s'agit d'arriver par ces procédés peu à peu à la conviction absolue de la réalité des rapports existant entre
l'expression musicale et le caractère des mouvements, entre le timbre, l'harmonie de la sonorité et la tension musculaire.
Plus les sensations tactiles et musculaires se perfectionneront,plus on saisira leur corrélation avec les sensations auditives.
Plus on saisira cette corrélation, plus le jeu deviendra expressif et musical. Ce sont ces deux consciences réunies, éducables
l une par l'autre qu'il s'agit de former. Les ressources de l'éducation sont immenses, puisque toute la littérature de piano
consiste dans des groupements de sensations auditives dont il s'agit de trouver les équivalents tactiles.
NOVELLETTE
RÉ mineur
SCHUMANN
A l'exception de la partie en RÉ bémol, où l'on comptera 2 fois 8 doubles croches par mesure, la division de chaque
mesure se fera en comptant 4 fois 6 doubles croches.
En raison de la variété du groupement des notes nous limitons nos indications à deux groupes des deux thèmes
principaux.
Les rapports du groupement de la position des doigts et du groupement corrélatif des notes
des trois accords de la 17e mesure.
MAIN GAUCHE
8
(5e) (pouce)
1 1er Accord 13
(pouce)
MAIN DROITE
(2e)
6
(4')
8
(5e)
FA dièse
8
(5e)
FA dièse
(pouce)
1 2e Accord 13
LA
(pouce)
UT dièse
(21)
FA dièse
5
(31)
LA
8
(5e)
Ml
8
(5e)
LA
Ml
(.police)
1
LA
3e Accord
-
14
Ml
(pouce)
Ml
SOL dièse
(2e)
LA UT
si
6
(4e)
dièse
Ml
8
(51)
Ml
NOTICE. —C'est en vue de renforcer la durée de l'évolution des touchers que les chiffres simples sont adaptés aux
accords plus complets de la 17e mesure.
Conformément aux procédés des exercices, vol. I, page 81, après avoir, pour l'émission des accords, enfoncé simul-
tanément toutes les touches, on les laissera remonter successivement par l'orientation suivante applicable à toutes les séries
de trois ou de quatre accords de chaque mesure.
L'orientation du toucher des accords et les mouvements tournants corrélatifs des deux mains.
Le toucher du Ier et du IVe temps de chaque mesure (l'évolution du mouvement ne s'adapte pas seulement aux
accords mais aussi aux soupirs de la main droite et aux triolets de la main gauche) correspond à la surélévation maxima
des mains : c'est-à-dire au moment de l'enfoncement simultané des six touches (voir les chiffres simples du Ier accord de la
17e mesure), on commence à exécuter un mouvementtournant symétrique qui surélève les mains du côté des 5es doigts, de
sorte que dans la main droite ce sont les touches des notes supérieures qui,.sont relevées d'abord, dans la main gauche,
c'est la touche de la note inférieure qui est relevée d'abord.
Le toucher du IIe et du IIP temps de chaque mesure correspond au contraire à l'élévation minima des mains :
c'est-à-dire, au moment de l'enfoncement simultané des six touches, on commence à exécuter un mouvement tournant
symétrique qui abaisse les mains du côté des 5es doigts, de sorte que le relèvement des touches s'échelonne de la note
inférieure à la note supérieure dans la main droite, de la note supérieure à la note inférieure dans la main gauche (voir les
chiffres simples du IIe et 111" accord de la 17e mesure).
Les moindres détails des mouvements doivent être observés avec leurs réactions sur l'évolution des touchers des
six doigts et sur l'échelonnement du relèvement des six touches.
Pendant chaque mouvement tournant qui correspond à l'exécution d'un accord (y compris le relèvement successif
des touches) on comptera un, deux; pendant l'exécution de la courbe au-dessus du clavier qui suit l'accord, on comptera
trois, quatre. A la fin de chaque courbe, la main doit être remise dans l'attitude appropriée à l'exécution de l'accord
suivant.
Pour l'étude du Trio, les touchersprendront aussi une orientationsymétrique : c'est-à-dire que, pour les deux mains,
la surélévation maxima correspondra aux roulés, des pouces allant de la région moyenne à la région inférieure, tandis que
l'élévation minima correspondra aux roulés des 5es doigts (et des doigts intermédiaires)allant de la région plus sensible à la
région moyenne. Il est à remarquer que pendant l'exécution des courbes qui suivent les roulés des pouces, la surélévation
maxima de la main doit être prolongée autant que possible afin d'augmenter l'intensité maxima de la tension musculaire.
DE L'EXÉCUTION DU MORCEAU
Dans l'interprétation de cette œuvre, le rythme évolutif fondamental est retardé dans l'exécution du 2e et 3e temps
et accéléré dans l'exécution du dernier temps de la mesure et du premier temps dè la mesure suivante. Il est essentiel,
bien entendu, que les moindres indications communiquées par les liaisons au groupement des notes soient mises en valeur
au moyen de l'élévation minima et de la surélévation maxima qui permettent de scander à volonté les détails du groupement
des intervalles définis par l'écriture.
Dans l'interprétation d'une œuvre, les mouvements n'ont d'autre valeur que celle qui est inhérente à la pensée
de l'interprète. L'étude du toucher et du mouvement est faite surtout en vue de transformer l'activité cérébrale; tous les
mouvements que l'exécutant réalise, sont des excitants pour sa pensée. Il ne suffit donc pas de produire ces excitants,
il faut les percevoir. Moins on est capable de saisir, par exemple, dans l'exécution des trois accords correspondants aux
chiffres simples (page 70), le relèvement successif des doigts du 5e au pouce dans l'évolution maxima, et le relèvement
„
successif des doigts du pouce au 5e doigt dans l'évolution minima, moins les mouvements exécutés auront de portée artisti-
que. Il en est de même pour tous les mouvements évolutifs à ondulation maxima et minima; le fait de trouver le courant
accéléré au moyen de l'évolution maxima, le courant retardé au moyen de l'évolution minima, est, dans l'exécution d'un
morceau, la résultante de la perception intégrale des transformations constantes, inherentes aux mouvements exécutés.
C'est cette activité cérébrale, qui paraîtra excessive au premier abord, qu'il s'agit de former par l'éducation du
toucher musical.
Le rythme de l'harmonie musicale est inhérent au rythme de nos mouvements. Notre cerveau peut être mis
à même d'observer le rythme dans le mouvement comme il est à même de l'observer dans la musique qui colore,
pour ainsi dire, des différences rythmiques qu'on n'a pas appris, jusqu'ici, à discerner sans la coloration musicale.
PRESQUE TROP SÉRIEUX
SCHUMANN
L'ÉTUDE DU MORCEAU
Pour l'étude du morceau, on comptera 8 triples croches par mesure, et on fera un premier travail du morceau en
orientant les roulés de manière à ce que la surélévation maxima corresponde, dans les deux mains, à l'exécution des deux
premières doubles croches de chaque mesure (1), l'élévation minima à l'exécution des deux dernières.
On fera un deuxième travail avec les touchers suivants qui seront appliqués aussi à l'exécution.
Pour la main droite, la surélévation maxima correspondra à l'exécution de la 26 note de chaque mesure;
l'exécution de l'élévation minima correspondraaux deux doubles croches suivantes (voir les empreintes fig. 61).
Pour la main gauche, la surélévation maxima correspondra à l'exécution des trois dernières notes de chaque
mesure; l'élévation minima à l'exécution de la première note (voirles empreintes fig. 62).
La diversification des deux empreintes du 5e doigt de la main gauche.
Après le roulé du médius, on fera corrélativement à la surélévation maxima de la main, un mouvement tour-
nant volontaire du coude qui permet de localiser le 2e roulé du 5e doigt (RÉ dièse) à l'extrémité opposée de la touche
par rapport à la localisation du premier (SOL dièse) (voir les empreintes fig. 62).
(1) Le mouvement tournant subsiste aussi dans la main droite, quoique l'attaque de la Ire double croche ne soit pas exécutée.
Les rapports établis par le groupement des empreintes des sept premiers touchers de la main droite
se subdivisant en deux groupes secondaires précédés d'une note initiale (RÉ dièse).
A remarquer faible poids donné aux touchers du pouce établi par les petites dimensions des deux touchers
le
par rapport aux touchers des autres doigts correspondant au dessin mélodique.
Les rapports des quatre touchers du groupe initial
établis par les empreintes de la main gauche. DE L'EXÉCUTION DU MORCEAU
Rapport des empreintes (2e groupe de huit notes) de la région plus sensible
correspondant au courant rythmique accéléré et à la surélévation maxima des deux mains.
Voir la différence d'orientation entre les lignes digitales des empreintes de l'index et du médius gauches et des
quatre derniers doigts droits (fig. 63 et 64) correspondant au courant rythmique retardé, et l orientation des
empreintes des mêmes doigts (fig. 65 et 66) correspondant au courant rythmique accéléré.
Dans le groupe initial, l'évolution des roulés de la région moins sensible correspond à l'élévation minima des deux
mains; dans le second groupe (région plus sensible), elle correspond à la surélévation maxima. A partir de la 3"
notes correspondront à l'élévation minima, et huit notes, dont les trois premières seront encore localisées mesure, cinq
sensible, correspondront à la surélévation maxima. Lorsque quatre groupes de cinq notes trouvent réunis sur la région moins
se dans la même
mesure, le Ier et le Ille correspondront à l'élévation minima, le IIe et le IVe à la surélévation maxima,
L essentiel est de ne pas entraver la transmission de la valeur rythmique appropriée des mouvements
dépouillant de leur élan naturel pendant l'exécution des notes. La manifestation la plus perfectionnée de la en les
boussole
rythmique réside dans la sensibilité du toucher; il importe donc de rester, tout
suffisamment longtemps en contact avec les touches pour sentir l'évolution corrélative en jouant des intervalles rapides,
des sensations tactiles et des
mouvements.
Sous l influence de l'élévation minima, les deux mains doivent prendre, l'exécution du premier groupe, un
élan qui surélève assez fortement les pouces au-dessus du clavier à la terminaisonpour de leur roulé ; cette phase retardée du
rythme doit avoir pour conséquence une sonorité pleine et très moelleuse représentant le temps fort de la
1 influence de la surélévationmaxima, les mains doivent prendre,
mesure. Sous
pour l'exécution de la fin de la mesure, un élan qui suré-
lève très fortement les 5e, doigts au-dessus du clavier à la terminaison du second roulé des pouces; cette phase accélérée du
rythme doit avoir pour conséquence une atténuation graduelle de la sonorité représentant le temps faible de la
L élévation de la main qui retarde le mouvement, correspond donc à mesure.
une augmentation graduelle du volume des sons, et
l élévation qui accélère le mouvement, correspond à l'atténuation graduelle des Cette atténuation
sons. est toujours suivie
d une virgule, c 'est-à-dire d 'un arrêt très court qui sépare le courant accéléré du courant retardé suivant. C'est le discerne-
ment de ces ondulations du mouvement qui permet de créer, à travers le toucher musical, des formes vivantes. Dès qu'on
atteint raffinement des sensations et des perceptions qui donne ce discernement, on comprend la force inhérente tou-
cher musical, et on comprend qu *il puisse à travers les œuvres musicales appropriées, évoquer dans notre penséeautoutes
les images de la vie. On voit à force de sentir et d'entendre.
Très rapide et très libre, avec pédale continue du commencement à la fin du morceau.
PAUVRE MENDIANTE
MARIE JAËLL
DE L'EXÉCUTION DU MORCEAU
Les touchers à appliquer dans l'expression de ce morceau sont des plus simples. Ils correspondent pour la main
droite à un mouvement de va-et-vient exécuté sur les régions opposées des pulpes par groupe de deux notes (voir fig. 68
et 69) : pour la main gauche au même mouvement de va-et-vient exécuté sur la môme région de la pulpe pour la réali-
sation de chaque attaque; c'est-à-dire que le même roulé, commencé pendant l'élévation minima de la main gauche, sera
terminé pendant la surélévation maxima qui lui succède, genre de mouvement de retour qui agit sur le caractère du
relèvement des touches (voir fig. 67).
Rapports des empreintes dans la double Rapports des empreintes (les deux premières notes de la 3me et
évolution du toucher, l'une exécutée 4me mesure) dans les groupes de deux touchers convergeants
pour l'enfoncement de la touche, l'autre vers la région moyenne des deux doigts.
pour le relèvement.
A remarquer qu'une partie du volume de A remarquer : 1° La différence de l'empreinte du 4me doigt (petite
ces empreintes revient au mouvement noie FA) et celle du 3me doigt (petite note MI), qui correspond à la
qui enlonce les touches, l'autre au mou- différence cle valeur des deux notes dans l'évolution de la phrase;
vement qui gradue le relèvement des 2° Que des empreintes de dimension maxima peuvent corres-
touches. pondre à une sonorité très faible. L'intensité des sensations que
ces touchers provoquent ne correspondpas nécessairement à la
quantité de poids transmis à la touche.
Afin de donner des empreintes plus complètes de l'évolution des mouvements, nous avons choisi pour la main droite
les notes FA, MI, et MI, RÉ. (3" et 4e mesure), pour la main gauche la quinte RÉ, LA, '(2" mesure) exécutées sur des touches
blanches. Car si, dans l'évolution des touchers de la main droite, les deux roulés convergent simplement vers la région
moyenne des deux pulpes (voir les empreintes fig. 68 et 69), tandis que, dans la main gauche, les doigts reviennent par une
courte évolution double du roulé à leur point de départ (voir fig. 67), les grandes dimensions des surfaces mises en contact
avec les touches prouvent néanmoins que l'expression musicale, transmise par les pressions, est en corrélation avec un grand
nombre de sensations tactiles. Ces sensations permettent de produire l'image évoquée par le titre du morceau, en mettant
en quelque sorte le caractère des pressions transmises aux touches en concordance avec le caractère de la respiration de
l'être souffrant qu'on veut dépeindre. Ce langage est nouveau parce que l'idée est nouvelle; l'esthétique n'est que de la
physiologie à la portée des êtres dont les sens ont acquis un affinement qui leur permet de discerner des rapports entre
des phénomènes dont d'autres ne sentent pas la connexité.
SUPPLICATION
MARIE JAËLL
DE L'EXÉCUTION DU MORCEAU
C'est le toucher corrélatif aux notes de la 7e mesure qui est reproduit par les empreintes (fig. 70 et 71).
L'expression à transmettre dans l'exécution de cette œuvre peut être favorisée par le fait d'opposer, dans les deux
mains, les roulés des pouces, allant de la région inférieure à la région moyenne, aux roulés des autres doigts, allant de la
région moins sensible à la région moyenne. Si l'on atténue la pression des pouces, il y a dans cette convergence des roulés
Rapport des empreintes dans l'élévation maxima Rapport des empreintes dans l'élévation maxima
de la main gauche. de la main droite.
A remarquer que sous l'influence de la surélévation A remarquer l'inversion des touchers de l'index et du
maxima de la main, c'est le médius qui est enlevé en médius correspondant et la surélévation 1naxima de
dernier lieu des touches ; de là cette espèce de seconde la main, qui se prolonge de la première note (UT) à la
empreinte qui indique comment le doigt a quitté la dernière note (si bémol). Tandis que le pouce comerve
touche. toute son indépendance dans le roulé en sens opposé
Après l'exécution de chaque groupe de notes, la main qu'il exécute.
gauche est remise dans sa position initiale pour le Après l'exécution de chaque groupe de notes, la main
début de la mesure suivante. droite est remise dans sa position initiale pour le
début de la mesure suivante.
un échange de sensations qui se renouvellent sans cesse. Échange à travers lequel la pensée de l'exécutant devient lucide;
car il pense en musique toutes les ondulations sensationnelles et rythmiques qu'il est capable de sentir dans son toucher.
Son éloquence provient de l'équilibre spécial des sensations qu'il éprouve dans l'exécution des pressions convergentes qui
rendent aux mouvements des doigts la facilité qu'auraient les mouvements des lèvres dans l'articulation des mots. C'est
alors, sous l'influence de ces sensations convergentes, que les pressions, avec leurs courants accélérés et retardés, se
transforment en langage musical.
C'est de la rectitude des sensations que doit provenir la rectitude de la pensée.
Le cerveau humain est arrivé à bien des découvertes par la connaissance et l'utilisation des forces cachées de
la nature. Mais il peut marcher à d'autres découvertes encore par la connaissance et l'utilisation des forces cachées de
l'organisme humain.