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EFFICACITÉ DE DÉSINFECTANTS SUR LA

CONTAMINATION DES ŒUFS


P. Maris

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P. Maris. EFFICACITÉ DE DÉSINFECTANTS SUR LA CONTAMINATION DES ŒUFS. Annales
de Recherches Vétérinaires, INRA Editions, 1986, 17 (2), pp.123-128. �hal-00901639�

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EFFICACITÉ DE DÉSINFECTANTS
SUR LA CONTAMINATION DES ŒUFS

P. MARIS

Avec la collaboration technique de J.L. RIBOUCHON

Ministère de lAgriculture. Direction de la Qualité, Services Vétérinaires, Laboratoire National des Médicaments Vété-
rinaires, La Haute-Marche, Javené, 35133 Fougères, France

Summary
EXPERIMENTS ON DISINFECTION OF EGG SHELLS.-- Good hygiene practices are essential in live-
stock production. Likewise hygienic production and storage of hatching eggs contribute to improve
hatchability and to obtain healthier fowls. This study was designed to compare three methods of disin-
fection commonly used in poultry houses: fumigation with formaldehyde, pulverization of an iodophore
and synthetic phenols. By washing eggs in sterile bags to determine the bacterial contamination on
shells, the best results were obtained with formaldehyde, and the smallest bacterial decrease with the
iodophore.

Parmi les nombreuses mesures de prophylaxie pénétration de Pseudomonas aeruginosa et des


sanitaire mises en oeuvre en élevage avicole, ia salmonelles.
décontamination des ceufs tient une place impor- Pourtant peu de résultats expérimentaux
tante. De nombreux travaux ont démontré les permettent de définir avec rigueur l’efficacité des
rôles essentiels de la contamination initiale, des désinfectants sur la flore bactérienne présente sur
conditions de stockage et des facteurs intrin- la coquille d’oeuf. Le formaldéhyde a fait l’objet de
sèques de l’ceuf. Une corrélation significative a été travaux (Williams et Gordon, 1970) surtout abor-
établie entre la pénétration des micro-organismes dés sous l’angle de l’influence de doses crois-
au travers de la coquille, la température et l’humi- santes de formol sur l’éclosabilité.
dité pendant la période de stockage (Mc Nally, L’objectif de ce travail est d’évaluer sur le
1954; Rizk et al., 1966). Les défenses naturelles terrain différents systèmes de désinfection des
de l’oeuf (cuticule, coquille, membrane, protéïnes oeufs afin de guider le choix des utilisateurs. Le
inhibitrices...) ont bien été décrites (Brown et al., premier point à résoudre est la recherche d’une
1965) ainsi que les principales sources de conta- technique de prélèvement des germes sur la
mination pendant et après la ponte (Board, 1966; surface de la coquille. Des procédés ont été utili-
Harry, 1957). D’autres auteurs (Elliott, 1954; sés(Haines, 1938; Board et aL, 1964) isolant la
Stokes et al., 1956; Williams et Whittamore, coquille du reste de l’ceuf. Pour notre part, nous
1967) ont étudié les facteurs qui gouvernent la avons adopté une technique de mesure de la
contamination de surface externe de la coquille Cette désinfection a lieu aux poulaillers dans des
après trempage (Rosser, 1942; Forsythe et al., armoires de 2 m
3 et au couvoir dans un sas à fumigation
1953; Gentry et Quarles, 19721. Ces expérimen- d’environ 80 m
.
l
tations ont été effectuées aussi bien au poulailler -

Un désinfectant chloré: hypochlorite de sodium dilué


qu’au couvoir, chez la poule que chez la dinde. dans une machine à laver les oeufs par pulvérisation laà
dose de 0,5 %.

Matériel et Méthodes
2 -- Les oeufs
1 --

Les désinfectants Cinq expérimentations ont été menées dans quatre


-

Un désinfectant iodophore: complexe iodé à 1 % poulaillers et un couvoir.


d’iode libre utilisé à la dose de 0,5 %.
-

Deux essais ont été réalisés dans un bâtiment


d’élevage de reproducteurs chez la poule, en février et
-

Un désinfectant phénolique A: mélange à 52 % de mai 1984. Des ceufs d’un même ramassage ont subi
dérivés phénoliques de synthèse employé à la dose de
0,5 % et utilisé dans le bâtiment d’élevage de poules en parallèlement trois traitements (pulvérisations à l’iodo-
février et mai 1984. phore ou au désinfectant phénolique A, ou fumigation au
formaldéhyde). Comme dans les expériences suivantes,
Ces deux produits sont pulvérisés sur les oeufs à l’aide cent oeufs sont prélevés avant et après chaque
d’un nébulisateur électrique (Atomist 1021X, Société traitement.
Vestall. -

- Deux autres essais faits en avril et juin 1984 ont eu


-

Un désinfectant phénolique B: mélange à 16 % de pour but de comparer, sur des oeufs de dindes reproduc-
dérivés phénoliques utilisé pur, mélangé à des copeaux trices provenant d’élevages différents, l’efficacité d’une
pour le nettoyage des œufs pondus au sol dans les bâti- fumigation au formaldéhyde. Au cours de ces deux
ments d’élevage de dindes. études, les oeufs pondus au sol et ceux pondus au nid ont
-

Une fumigation au formaldéhyde produit par le été séparés lors du ramassage. Les premiers ont tout
mélange (pour 1 m
) de 40 ml de formol liquide (35 %)
3 d’abord été nettoyés dans un mélange «copeaux
+ 40 ml d’eau + 20 g de permanganate de potassium. + désinfectant phénolique B » puis passés dans l’armoire
à fumigation. Les seconds ont été directement formolés
pendant le même cycle de fumigation.
-

- Une dernière expérimentation a permis de suivre des


oeufs de poules reproductrices du poulailler à la 3ème
semaine d’incubation après une série de traitements qui
ont été successivement: une pulvérisation à l’iodophore
dans le poulailler, suivie, 3 jours plus tard dans le
couvoir, d’une fumigation au formaldéhyde, puis d’un
lavage à l’aide d’un produit chloré avant passage dans
l’incubateur.

3 -. Mesure de la contamination bactérienne


Les prélèvements ont été faits à l’aide de gants préala-
blement rincés à l’alcool. A chaque stade, cent oeufs secs
sont mis par deux dans des sacs stériles en matière plas-
tique de 17 x 30 cm (Stomacher a400» bags, Seward
Laboratory) et contenant 10 ml d’un mélange de neutra-
lisation (lécithine, 0,396; thiosulfate de sodium, 0,5%:
L-histidine, 0,1 96; tween 80, 3 96; phosphate disodique,
4,26 °/ ; eau distillée stérile qsp). Cette solution, stéri-
lisée par filtration sur membrane de porosité 0,45 um,
permet de neutraliser l’effet inhibiteur des molécules
actives sur la flore bactérienne présente sur la coquille.
Ces neutralisants répondent aux recommandations des
normes AFNOR (Recueil de normes françaises, 1981). ).
Chaque sac est fermé par une attache métallique et
déposé dans une glacière. Le lendemain, au laboratoire,
on ajoute à ces 10 ml de neutralisants 90 ml d’un liquide
de récupération de germes (tryptone, 0,1 96; chlorure de
sodium, 0,85 96; triton X100, 0,1 96; eau distillée stérile
qsp). Chaque ceuf est frotté dans le sac pendant 30
secondes. Une partie du liquide est ensuite utilisée pour
obtenir soit une série de dilutions de la suspension de
germes dans un diluant (tryptone, 0,1 96; chlorure de Résultats et Discussion
sodium, 0,85 96; eau distillée stérile qsp), soit une
concentration par passage de 10 ml sur un filtre Près de 2 300 œufs de poules et de dindes ont
d’acétate de cellulose de porosité 0,45 um (filtres fait l’objet d’évaluation de leur contamination
Gelman Metricel GM6, diamètre 47 mm).
bactérienne. Les figures 1 à 7 permettent d’analy-
Trois milieux ont été utilisés pour le dénombrement ser l’efficacité des trois techniques de désinfection
des germes: des oeufs les plus utilisées à l’heure actuelle.
-
dénombrement de la flore mésophile totale sur
Il faut indiquer au préalable que les trois
gélose trypticase soja (Difco) à 37 C
I ;
-

dénombrement des coliformes totaux à 37 °C sur


produits mentionnés répondent aux recommanda-
au désoxycholate 1 % (Difco);1
tions des normes AFNOR qui admettent comme
gélose
bactéricide tout produit réduisant, en 5 minutes et
-
dénombrement de Pseudomonas sur un milieu
sélectif (Mead et Adams, 19771 dont la composition est à 20 °C, 100 000 fois une population initiale de
la suivante: milieu de base Difco Heart Infusion conte- . bactéries.
10
nant 5 ml de solution à 1 % de céphaloridine (Sigma), Les expérimentations, qui se sont déroulées en
1 ml de solution à 1 % de fusidate de sodium (Sigma) et février et mai (fig. 1 à 3). ont été conduites dans le
1 ml de solution à 1 % de cetrimide (Sigma). même bâtiment d’élevage, sur des oeufs d’une
Les ensemencements sont réalisés soit par dépôt du même bande prélevés à 3 mois d’intervalle. Nous
filtre sur la gélose, soit par étalement de 100
-II au
J notons une stabilité de la contamination initiale
râteau d’une dilution de suspension de germes. Les
numérations finales sont faites après 48 heures des oeufs aussi bien pour la flore mésophile totale
d’incubation à 37 °C. que pour les coliformes totaux et Pseudomonas.
Sur la flore totale, la fumigation au formaldéhyde
donne le meilleur résultat avec une diminution de
2 à 3 du nombre de germes. Une réduction
10
log
faible, infeneure à 1 est obtenue après trai-
tement avec les deux
1
log
autres produits, l’iodophore
donnant une efficacité moindre. Des résultats
analogues sont trouvés en étudiant les deux autres
populations bactériennes avec toutefois une très
faible diminution de Pseudomonas.
La deuxième série d’essais d’avril et juin (fig. 4 à
6) a été réalisée sur des ceufs peu souillés (pondus
au nid) et très souillés (pondus au sol). Ces
derniers sont en moyenne 100 fois plus contami-
nés. En avril, l’efficacité du formaldéhyde est plus
importante après le nettoyage au produit phéno-
lique qui abaisse de 3 10g!! la contamination
initiale des oeufs pondus au sol, la mettant à un
niveau inférieur à celle des oeufs pondus au nid. Au
mois de juin, le nombre de germes sur les ceufs
récupérés sur le sol est plus important, le net-
toyage moins efficace, ce qui explique la plus
faible activité du formaldéhyde. Ceci est confirmé
indirectement par la bonne décontamination des
ceufs pondus au nid en juin. Sur les autres germes,
les résultats sont comparables avec une fois
encore une réduction faible ou nulle de
Pseudomonas.
Dans la dernière étude (fig. 7), nous avons pu
suivre l’évolution de la contamination d’un lot
d’ceufs de poule du poulailler à la 3ème semaine
d’incubation, après une série d’opérations de net-
toyage et désinfection. Nous mettons en évidence,
au poulailler, une totale inefficacité de la pulvéri-
sation à l’iodophore à la fois sur la flore mésophile
totale et les coliformes totaux. La fumigation au
formaldéhyde réalisée trois jours plus tard au
couvoir abaisse d’environ les populations
10
21og
bactériennes. Les oeufs lavés, puis mis en incuba-
teur, voient leur nombre de germes rester stable détruire. Ces germes sont importants à double
voire diminuer légèrement car ils rencontrent sans titre: ils se situent parmi les germes les plus résis-
doute des conditions peu favorables à leur survie, tants aux désinfectants et ils peuvent faire explo-
notamment l’absence de substrat métabolisable. ser les ceufs, les répandant ainsi dans les incuba-

L’analyse de ces résultats nous indique tout teurs et éclosoirs. Ce sont donc d’excellents
d’abord la grande dispersion de la contamination témoins d’une bonne désinfection. Ceci est très
des oeufs lors d’un même ramassage et d’un important puisque ces oeufs traités au poulailler
élevage à l’autre, particulièrement pour les ceufs pourront être stockés de deux jours à deux ou trois
de dindes pondus au sol, en général 100 fois plus semaines avant de subir le traitement au formal-
contaminés que les autres. déhyde dans le couvoir, temps largement suffisant
aux bactéries pour pénétrer au travers de la
Cette étude, réalisée dans les conditions du
terrain, souligne la régularité des résultats avec coquille.
une faible efficacité de l’iodophore, une activité
Reçu, le 18 février 1985
moyenne du produit phénolique et une très bonne
efficacité du formol gazeux. Pour ce dernier, deux Accepté, le 20 juillet 1985
résultats plus faibles peuvent s’expliquer soit par
un sous-dosage et une absence de préchauffage
de l’armoire à fumigation, soit par une souillure Remerciements
plus importante des oeufs.
Certains germes, comme Pseudomonas, identi- Nous remercions les Établissements ISA et
fiés par la suite comme P. aeruginosa, P. putida, Goubin d’avoir mis à notre disposition leurs
P.fluorescens, et P.stutzeri sont plus difficiles à poulaillers et leur couvoir.

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