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Revue française de science

politique

Hayek (Frederic von) - Scientisme et sciences sociales. Essai sur le


mauvais usage de la raison. Traduit de l'anglais par Raymond Barre
Monsieur Stanley Hoffmann

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Hoffmann Stanley. Hayek (Frederic von) - Scientisme et sciences sociales. Essai sur le mauvais usage de la raison. Traduit de
l'anglais par Raymond Barre. In: Revue française de science politique, 5ᵉ année, n°1, 1955. pp. 162-163;

https://www.persee.fr/doc/rfsp_0035-2950_1955_num_5_1_402602_t1_0162_0000_001

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NOTES BIBLIOGRAPHIQUES

La Pensée Politique et Sociale

HAYEK FREDERIC von Scientisme et sciences sociales


Essai sur le mauvais usage de la raison Traduit de anglais par
Raymond Barre Paris Pion 1953 In-80 161 Recherches
en sciences humaines II 495 fr
Cet essai est semble-t-il extrait un ouvrage plus vaste du professeur
Hayek Scienfism and the Study of Society Ici il se livre une vive attaque
contre le scientisme Mais prenons garde pour lui le scientisme ce est pas
ensemble des excès commis par les chercheurs qui appliquant aux sciences
sociales une méthode qui est pas différente de celle des sciences de la nature
mais traitant un objet tout différent les relations entre les hommes et les
choses ou entre les hommes et non les choses indépendamment de ce que
les hommes pensent ou font leur sujet oublient que les résultats ils
obtiennent ne sauraient avoir la même portée que les résultats des sciences de
la nature Hayek dénonce bien ces excès la prétention élaborer des lois
présentées comme semblables aux lois des sciences exactes la prétention de
prédire oubli du fait que les phénomènes étudiés ont été détachés de fa on
plus ou moins arbitraire et sur la base de théories provisoires de ensemble
des phénomènes sociaux Mais il se contentait de rappeler que les faits sociaux
ne sont pas des choses comme dit Monnerot mais des phénomènes
mentaux et historiques ouvrage de Hayek serait la fois inattaquable
et peu original
Or Hayek va beaucoup plus loin est la méthode utilisée dans les
sciences sociales il vise et non les prétentions excessives de certains de ses
servants Il voudrait que on renonce entièrement employer une méthode
semblable celle des sciences de la nature il estime elle mène inévitablement
aux excès il nomme objectivisme totalisme et historicisme hérésie
dirigiste application des principes de la mécanique ensemble de la société
et au totalisme politique Au lieu de chercher appréhender le processus
social comme un ensemble il faudrait introduire une méthode toute nouvelle
individualiste et synthétique qui partirait des attitudes individuelles seuls
éléments familiers pour reconstruire peu peu les phénomènes ensemble résul
tats de ces attitudes qui nous sont beaucoup moins connus est ce il
appelle la connaissance du processus social par intérieur
Cette approche microscopique nous paraît au moins aussi discutable que
le scientisme au sens classique Ne agit-il pas ailleurs un scientisme
rebours Croire on ne peut rendre compte des phénomènes globaux
partir des attitudes individuelles est la fois imposer un système priori
explication et aboutir une illusion ce il reproche ses adversaires

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Notes Bibliographiques

En effet cela revient oublier que les attitudes individuelles sunt impossibles
isoler saisir en dehors des influences elles exercent les unes sur les
autres et de celles que les processus globaux exercent sur elles que certains
de ces processus ne sont absolument pas explicables par les attitudes indivi
duelles moins certes de poser priori elles sont toujours mieux connues
que leurs effets et on peut les considérer comme des données malgré leur
inégalité et leur variabilité. Or est bien ce que fait auteur de La Route de
la servitude pour lui les sciences sociales doivent montrer comment des actes
individuels sans intention commune mènent néanmoins harmonie sociale
abstraction de homme parfaitement déterminé par une raison oublieuse de
ses limites il veut substituer celle de homme guidé par une prudence libérale.
homo ceconomicus est-il moins illusoire que tel agrégat pris pour base expli
cation par un économiste moderne Il est bon de insurger contre homme qui
se prenant pour Dieu finit par réduire ses semblables état de choses au
nom une prétention de contrôle conscient et universel Mais est-il bon de
protester au nom une théorie qui commen ant par assimiler homme une
abeille finit non moins paradoxalement par faire de individu isolé la clé
de toutes les énigmes il est mauvais que la raison aille trop loin la réduire
capituler trop tôt est encore en faire mauvais usage
Stanley HOFFMANN

MANNHEIM KARL Freedom Power and Democratic


Planning London Routledge and Kegan Paul 1951 In-8
384 15
Nous nous excusons auprès de éditeur de cet ouvrage et auprès de nos
lecteurs du retard que nous avons mis rendre compte du livre de Karl Mann
heim Moins un rehard est un délai et il est évident qui se saisit de ce
livre il est pas de ceux qui se lisent rapidement de ceux que on parcourt
pour en faire une idée car il suppose un jugement une adhésion Son contenu
et sa présentation de fond méritent une attention particulière
Freedom Power and Democratic Planning est la première des uvres pos
thumes de Mannheim Elle est présentée par Gerth et E.K Bramsted qui
ont fait précéder ouvrage proprement dit une importante note sur les oeuvres
du sociologue dont une brève préface due Löwe rappelle la mort et
état des recherches
ouvrage comprend trois parties elles-mêmes très subdivisées La première
vise établir un diagnostic de la situation Celui-ci résulte tout abord
une analyse des principaux symptômes de crise On en dénombre dix depuis
apparition des nouvelles techniques sociales contribuant au gouvernement de
la minorité effet de rupture de antagonisme de classe la désintégra
tion des personnalités en passant par la libre concurrence la coordination les
contrôles En face de ces symptômes apparaissent ce que auteur appelle alter
native responses to the situation en cinq points les réponses totalitaires

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