Séquence 2 : À la conquête de la peinture d’histoire

La peinture d’histoire au fil du temps-introduction

Dans cette séquence nous allons voir comment certaines femmes artistes ont abordé
la peinture d’histoire alors que ce genre était réservé aux hommes.

Tout d’abord qu'est-ce que la peinture d’histoire qui s’impose dans le domaine pictural
à partir de la Renaissance, et en particulier au XVIIe siècle ?

La peinture d’histoire traite de thèmes issus de la Bible (image 1 et 2) de la mythologie

gréco-romaine (image 3 et 4) ou de la grande Histoire (image 5) depuis l’Antiquité.

Ce sont les sujets les plus nobles : ils demandent aux peintres de l’érudition et de
l’inventivité Il ne s’agit pas juste d’imiter la nature, mais d’imaginer des compositions
souvent complexes.

En France, l’Académie royale de peinture et de sculpture, créée en 1648, théorise la

supériorité de la peinture d’histoire, appelée aussi le « Grand Genre », et établit une
hiérarchie avec les autres catégories de peinture. Le portrait, les scènes de la vie
quotidienne, la nature morte et le paysage sont considérés comme des genres dits
mineurs.

La peinture d’histoire se caractérise par la place prépondérante de la figure humaine,

et en particulier du nu. Le nu est l’image d’une beauté idéalisée, qui convient à la
représentation des dieux et des héros de l’Antiquité gréco-romaine (image 6 et 7)

C’est là un obstacle majeur pour les femmes. Car l’enseignement artistique donné
dans les académies européennes repose sur le dessin d’après l’antique et d’après le
modèle vivant. Pour des raisons de morale et de bienséance, cette pratique est
interdite aux femmes, même si certaines ont bravé l’interdit. (image 8)

La plupart de celles qui se sont illustrées dans la peinture d’histoire sont filles de
peintres et ont appris leur art dans l’atelier familial, ou dans des ateliers privés. La
Révolution française qui promeut l’égalité entre les hommes et les femmes (image 9)
incarne un moment d’espérance pour les artistes femmes, vite brisé !

En 1793, l’Académie royale de peinture et de sculpture est supprimée ; elle n’avait

accepté en un siècle et demi que quinze femmes pour plus de cinq cents hommes !
L’École des Beaux-Arts, créée en 1819, voie royale de la réussite artistique, adopte
une démarche encore plus radicale et interdit son entrée aux femmes.
MOOC Peintres Femmes à travers les âges
© Fondation Orange et Rmn-Grand Palais / Mars 2021 1
Au cours du XIXe siècle, les canons de la peinture d’histoire sont bousculés. Les sujets
d’inspiration antique perdent de leur attrait. L’étude du nu, qui avait tant pesé dans la
carrière artistique, perd sa primauté. Les peintres se tournent vers d’autres périodes
historiques (image 10) ou d’autres horizons plus exotiques, ou bien se focalisent sur
la représentation de la réalité de leur époque.

Dans le même temps, la ségrégation que subissent les femmes dans leur formation
suscite de vives réactions. La sculptrice Hélène Bertaux (image 11) lutte pour que les
femmes puissent enfin suivre l’enseignement des Beaux-Arts. C’est chose faite en
1900!

A partir de 1903 les femmes peuvent concourir au Prix de Rome.

Une brèche est ouverte… Rendez-vous donc dans la prochaine séquence où nous
mettrons en lumière le travail de ces artistes femmes qui se sont intéressées à la
peinture d’Histoire.

Visuel 1 : Visuel 2 : Visuel 3 :

Maître des Cleres Femmes de Jean de
Berry.
Eirènè peignant, 1402-1403. Bibliothèque
Nationale de France. Domaine public ©
Gallica
Maître des Cleres Femmes de Jean de
Berry.
Thamar peignant une Vierge à l'Enfant,
1402-1403.
Bibliothèque Nationale de France. Domaine
public © Gallica
Elisabetta Sirani.
L'Amour endormi.
Musée-château de Compiègne
© RMN-Grand Palais (domaine de
Compiègne) / Tony Querrec

Visuel 4 : Visuel 5 : Visuel 6 :

Angelika Kauffmann.
Ariane abandonnée, avant 1782.
Staatliche Kunstsammlungen,
Gemäldegalerie Alte Meister © BPK, Berlin,
Dist. RMN-Grand Palais / image BStGS
Elisabetta Sirani.
Timoclée poussant dans un puits un
capitaine d'Alexandre, 1659.
Musée national de Capodimonte
© akg-images
Angelika Kauffmann.
L'Hymen dit aussi Amour et Psyché.
Musée des Beaux-Arts de Valenciennes
© RMN-Grand Palais / Mathieu Rabeau

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© Fondation Orange et Rmn-Grand Palais / Mars 2021 2
 Visuel 7 :
Constance Mayer.
L'Innocence préférant l'Amour à la
Richesse, vers 1810.
The British museum
© The Trustees of the British Museum
Visuel 8 : Visuel 9 :
Elisabeth-Sophie Chéron. Anonyme.
Femme assise, torse de face. Olympe de Gouges.
Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts Musée du Louvre
(ENSBA) © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) /
© Beaux-Arts de Paris, Dist. RMN-Grand Thierry Le Mage
Palais / image B.A de Paris

Visuel 10 : Visuel 11 :
Henriette Lorimier. Etienne Carjat.
Jeanne de Navarre conduit son fils Arthur Hélène Bertaux, vers 1870.
au tombeau de son père Jean IV. Musée d'Orsay
Châteaux de Malmaison et Bois-Préau © RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) /
© RMN-Grand Palais (musée des châteaux Hervé Lewandowski
de Malmaison et de Bois-Préau) / Daniel
Arnaudet

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