Montaigne a beaucoup voyagé et il l’a fait pour des raisons variées : pour se
soigner – il souffrait de la gravelle (coliques néphrétiques) -, mais aussi pour le
plaisir d’aller à la rencontre de l’inconnu. Outre le Journal de voyage, une collection de notes sur sa traversée de la Suisse, de l’Allemagne et de l’Italie, qui n’était pas destinée à la publication, on lira avec intérêt le chapitre des Essais intitulé « De la vanité » consacré à ses voyages, aux coutumes des pays traversés. Il s’agit à la fois d’un éloge de la diversité et d’une satire d’un profil particulier de voyageurs « enivrés de cette sotte humeur de s’effaroucher des formes contraires aux leurs : il leur semble être hors de leur élément quand ils sont hors de leur village. » Montaigne explique ensuite que ces voyageurs répugnent à se mêler à ceux qui leur sont étrangers et dont les mœurs sont jugées « barbares », au sens où l’entendaient les Romains.