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Politiques sociales

Numéro de Tizio : 0380393525

Stéphane.tizio@u-bourgogne.fr

Introduction :

On va étudier l’économie de la protection sociale. Derrière l’idée de protection sociale il y a


l’état providence, la solidarité…

Protection sociale = protection collective contre les risques sociaux (chômage, maladie, tout
ce qui concerne les politiques familiales, politique vieillesse (la dépendance, la retraite)).

La protection sociale existe ailleurs qu’en France avec différents degrés et certains pays qui
n’en n’ont pas du tout (pays en développement)

C’est une branche de l’économie publique et donc c’est l’état qui va intervenir. Il a 3 rôles en
termes de politique sociale. Il exerce une tutelle, c’est un acteur direct et un régulateur.

Tutelle : agit dans les conseils d’administration, sur les organismes d’assurance
sociale dans la mesure ou il encadre leurs ressources et il fixe aussi le taux des taxes
affectées au financement sociale (CSG, CRDS, certaines taxes sur la consommation (tabac,
alcool et pub pharmaceutique)

Acteur : dans ses fonctions d’aide sociale (tout ce qui va concerner les minimas
sociaux (le minimum vieillesse, le RSA, l’allocation pour adulte handicapé)) et d’action sociale
(toute les actions que peut entreprendre l’état pour gérer un problème spécifique ( tout ce
qui est de l’ordre de l’aide sociale facultative ou extra légal (au delà de ce que la loi prévoit)
(la gratuité des transports, plan canicule, le plan cancer))

Régulateur : de ce qu’on appel le marché des complémentaires. L’état régule tout ce


qui est couverture sociale supplémentaire (mutuelle…). Il fixe les règles pour que le marché
fonctionne et qu’il ne soit pas en même temps au détriment de la majorité de la population.

1ère partie : Fondements à la fois historique et théorique de la protection sociale

2ème partie : On va voir comment fonctionne les comptes de la protection sociale et surtout
voir d’où vient le déficit et comment on pourrait le financer en prenant l’exemple de
l’assurance maladie

3ème partie : on va s’intéresser à une présentation plus détaillée de chaque risque


Chapitre 1 : Les fondements historiques des politiques sociales

Les systèmes de protection sociales sont le fruit d’une maturation historique. Quels sont les
principaux modèles qui ont émergés dans l’histoire et de quels modèles se sont inspirés les
modèles actuels ?

I – Les « Poor Laws »

Elles sont apparut au cours du 17 ème siècle en Angleterre a un moment ou le mode de vie des
anglais s’est trouvé déstructuré par l’apparition du marché et surtout par l’apparition du
marché du travail. A l’époque, la production était plutôt agricole, la majeure partie de la
population vivait à la campagne et la production était principalement agricole (car révolution
industrielle n’avait pas encore eu lieu). En ce qui concerne le statut de la propriété, les
propriétaires étaient les aristocrates (pas loin de 100%). Les « laboureurs » avaient un statut
de sers (paysans attachés à la terre et étaient la propriété de l’aristocrate) ou métayers
(locataires de la ferme et de la terre qu’il cultivait mais c’était des hommes libres, au service
des aristocrates, le loyer était payer en « nature » (partie de leur production)). Ce mode de
vie traditionnel a été déstructuré par la révolution industrielle. Surtout l’apparition de la
navette volante (innovation dans les métiers à tisser qui à « lancé » la révolution
industrielle). Résultante en terme de répartition de la population : exode rurale assez
important, même trop important. Les gens qui travaillaient la terre étaient attirés par les
salaires proposés dans les fabriques et ont donc migré dans les villes qui n’ont pas pu tous
les accueillir. Phénomène de grande pauvreté à cette époque. C’est dans ce contexte que les
aristocrates anglais ont tenté d’édicter des lois en faveur des pauvres : ces lois faisaient
obligation à toutes les paroisses de prendre en charge les indigents ( les plus pauvres) en
octroyant une aide en nature (surtout nourriture et vêtements) et en contre partie les
indigents étaient enfermés dans des « workhouses » (camps de travail) afin de travailler
pour la collectivité. Ces lois ont durés jusqu’à la fin du 18 ème, malgré l’expansion de
l’industrie, il y avait toujours de plus en plus d’indigents. Un aristocrate anglais a réussi a
faire voter une loi : la loi de Speekhamland en 1795. Cette loi était plus généreuse que les
poor laws xar elle accordait non plus une aide en nature mais un complément de ressource
en numéraire (en argent) aux indigents, qui était indexé sur le prix du pain (qui était le plus
consommé) et sur la taille de la famille à charge. Ces mesures s’accompagnent en outre de
l’assouplissement du système des work houses qui existe encore mais dans les faits de moins
en moins de pauvres seront incarcérés et ce système va disparaître. Cette loi est un ancêtre
du RMI et du RSA. Ces lois en faveur des pauvres ont été contreversés avec des terms que
l’ont retrouve aujourd’hui : à cette époque on avait clivage politique qui se faisait entre les
libéraux (emmené Ricardo et Malthus) et l’aristocratie conservatrice. Ce sont les
conservateurs qui ont mis ces lois et elles ont été combattus par les libéraux. Pour Ricardo,
aider les pauvres les désincitent à trouver du travail, ralentit la croissance économique et
cela les incitent à se reproduire plus vite que l’augmentation des ressources. De l’autre côté,
les aristocrates étaient en faveur de ces lois et avaient pour motivations la charité
chrétienne et en aidant les pauvres, ils les retenaient sur leurs terres (car la révolution
industrielle vidait les campagnes de ses paysans).

On retrouve ce débat aujourd’hui, notamment à propos de l’idée du chômage involontaire.


L’une des grandes thématiques libérale est qu’aider les pauvres c’est créer de la pauvreté.

1834 : Abolition du Speekhamland Act

II – Les modèles polaires de protection sociale

Le modèle bismarkien versus le modèle Beveridgien

1 - Allemagne de la fin du 19eme siècle : les assurances bismarckiennes.

A cette époque, on commence à avoir une concentration d’une population « industrieuse »


(ouvrières surtout) qui sont livrés sans aucune protection face aux lois du marché. Les
propriétaires peuvent virer les ouvriers du jour au lendemain. Leur situation est
particulièrement précaire. C’est à cette époque que les premiers « syndicats » sont créer et il
y avait même des menaces révolutionnaires dans toute l’Europe et surtout en Allemagne.
Bismarck était un « aristocrate soldat »,il était chancelier, conservateur, il a même aidé à
l’édification de l’Allemagne. Face aux menaces révolutionnaire, il va « lâcher du leste ». Il va
déclaré qu’outre ses fonctions régaliennes (défenses intérieurs, extérieures et justice), l’état
doit promouvoir par des institutions appropriées, le bien être des populations et en
particulier des plus nécessiteux. Il va finalement donner la première définition de l’Etat
providence. Avec lui, on passe d’un état gendarme à une première ébauche d’un état
providence. Dans la foulée, trois grandes lois vont être mis en place. 1883 : loi qui instaure
assurance maladie obligatoire. 1884 : instaure assurance obligatoire contre les accidents du
travail et 1889 : loi qui instaure assurance vieillesse obligatoire.

Toutes ces lois sont obligatoires pour tous les salariés dont le salaire est inférieur à un
plafond fixé par décret (équivalent à un salaire de contremaitre). Ce système de protection
était financer à parité par des cotisations salariales et par des cotisations patronales et la
gestion de ces caisses d’assurance était elle aussi une gestion paritaire entre les employeurs
et les salariés. L’affiliation à une caisse d’assurance était obligatoire mais le choix de la caisse
était libre.

Limites du système bismarckien : Comme la couverture des risques sociaux en Allemagne est
resté du seul fait des salarié : les non-salariés n’avaient pas d’assurance sociale. Les
assurances bismarckiennes ne sont pas universelles. De plus, du fait que le choix des caisses
était libre, il y a eu une multiplication du nombre de caisse d’assurance sociale avec des
différences dans leur générosité. Il y avait une disparité dans le traitement des assurés entre
les caisses d’assurances.

Le système bismarckien a servit de modèle au départ à beaucoup de pays d’Europe malgré


certaines nuances entre les pays.

2 – Le modèle beveridgien

En Angleterre, en 1941, bombardement massif par les allemands toutes les nuits : bataille
d’Angleterre. Ils ont été touchés physiquement par la guerre (cela n’avait plus été le cas
depuis Guillaume le Conquérant). Lord Beveridge a été chargé par le roi d’élaboré un rapport
sur ce qui pourrait être le système de protection sociale après la guerre en Angleterre. Il va
donc écrire un rapport dans lequel il va exposer une nouvelle forme de protection sociale
par rapport à celle de Bismarck qui est fondée sur une solidarité nationale, plus large. 3
éléments importants pour comprendre les motivations et l’esprit du rapport de Beveridge :

- Le choc psychologique des bombardements qui rendait nécessaire la cohésion


sociale.
- Il s’agissait de concurrencé ce que proposait l’union soviétique, c'est-à-dire un
système de protection sociale complet et gratuit.
- La popularisation des travaux de Keynes sur l’importance du maintien du pouvoir
d’achat de la demande.

Selon lui la sécurité sociale reçoit pour mission de libérer l’homme du besoin : il s’agit
d’indemniser toute situation qui empêche l’obtention d’un revenu par le travail que ce soit
la maladie, le handicap, la vieillesse… Il propose donc un système fondé sur 3 grands
principes qui répondent aux insuffisances ou aux limites du système de Bismarck : les 3
« U » :

- Universalité : ouvert à toute la population quelque soit son statut par rapport à l’emploi,
seul la citoyenneté compte.
- Unité : la sécurité sociale est gérée par une caisse unique placée sous l’autorité directe de
l’Etat et financer par l’impôt.

- Uniformité : Le montant des aides, des prestations accordées est le même partout et pour
tous. Il n’est fonction que du besoin.

Dans son rapport, Beveridge souligne que son système n’aura que davantage de sens que s’il
s’accompagne d’une politique économique de plein emploi : il préconise que l’état puisse
fournir des emplois à ceux qui en sont exclus.

Les repères historiques que l’on vient d’évoquer permette de dégager trois logiques qui
peuvent sous tendre des systèmes de protection sociales. D’un coté on a une logique
d’assurance sociale héritée de Bismarck qui repose sur une assurance professionnelle
obligatoire et qui est financée par des cotisations sociales : les droits sociaux sont inhérents à
l’exercice d’une activité professionnelle. D’un autre côté, on a une logique de solidarité
nationale héritée par Beveridge, qui conduit à une protection universelle financée par
l’impôt : les droits sociaux découlent tout simplement de la citoyenneté et ils sont fonctions
du besoin. Enfin, on a une logique de lutte contre l’exclusion qui seriat plutôt issu des
principes du Speenhamland ou il s’agie de lutter contre la pauvreté en période de crise
profonde : logique de revenu minimum d’existence (ou logique d’assistance encore). Cette
troisième logique devient une logique beveridgienne aujourd’hui (la lutte contre l’exclusion
devient véritablement une logique de solidarité nationale) alors que les deux autres logiques
peuvent rester autonomes.

Au départ le système français avait adopté système bismarckien qui s’est hybridé avec le
système beveridgien au cours du temps (les deux coexistent comme pour tous les systèmes
des pays développés.

III – La genèse du système de protection sociale français

A vu le jour tout de suite après la guerre. On va voir cette genèse en deux temps, avant la
seconde guerre mondiale et après la seconde guerre mondiale.

1 – Avant la guerre

Le système de protection sociale en France est très embryonnaire et on voit apparaitre


certaine nouveauté (projet de loi sur les retraites en 1890 qui a été voté en 1910  : ce
système ne concerne que les ouvriers et les paysans, il repose sur la capitalisation (l’épargne
individuelle) avec des taux de cotisation très faible et des prestations misérables. On estime
que ce système a concerné moins d’un million de personnes.). Il y a eut quand même une
avancée importante en 1898 qui porte sur les accidents du travail : elle faisait obligation aux
employeurs d’indemniser leurs employés.

Il faut attendre le 30 avril 1930 pour voir apparaitre première vrai loi sociale en France : une
loi sur l’assurance maladie et maternité est votée. L’assurance maladie de l’époque était
purement bismarckienne (ne concernait que les salariés les plus modestes, les cotisations
étaient paritaires et les caisses sont laissées au libre choix des assurés). 1935  : On estime à
plus de 10 millions de personnes affiliées à l’assurance maladie maternité. Mais on a vécu à
cette époque, comme en Allemagne, une multiplication du nombre de caisses. Cette
dispersion dans la gestion de l’assurance maladie existe encore aujourd’hui (il en reste 16).

Deuxième avancée importante : loi du 11 mars 1932 : loi qui instaure les allocations
familiales. Les cotisations ne sont que des cotisations patronales. On peut les analyser
comme un « sursalaire » qui est versé aux salariés en charge d’une famille. Aujourd’hui
encore elles sont financer que pour les cotisations patronales (avec un peu de CSG aussi).

Le premier système de retraite en France date des années 1650-1660 et concernait les
marins militaires qui pouvaient bénéficier aux veuves.

Le seule protection dont bénéficiait la plupart des français étaient la « mutuelle de


chirurgiens » jusqu’avant la guerre.

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