Vous êtes sur la page 1sur 10

TRAVAUX SOUTERRAINS

■■■ L’ingénierie des


dans les tunnels
Les tunnels font, depuis quelques années, ensemble de sous-systèmes, chacun devant répondre à
l’objet d’études et d’analyses fonctionnelles une fonction particulière.
élaborées conduisant à mettre en œuvre des Par exemple, la recherche d’une qualité de l’air
systèmes complexes, ceci dans un objectif conforme aux exigences réglementaires passe par l’uti-
constant de recherche d’amélioration du lisation d’un système de ventilation performant; de
niveau de confort et de sécurité. même un désenfumage efficace contribue au respect
Certains événements dramatiques tels que des objectifs de sécurité.
l’incendie dans le tunnel du Mont Blanc, ont Ventilation, éclairage, détection incendie, protection
accéléré le processus, mais la démarche était incendie, réseau d’appels d’urgence, signalisation
déjà engagée. dynamique, vidéosurveillance, détection automatique
Le présent article décrit dans les grandes d’incidents, retransmission des radiocommunica-
lignes la démarche pratique de l’ingénierie tions…, autant de systèmes qui participent aux fonc-
moderne de la sécurité et des systèmes et tions de confort et de sécurité, auxquels il faut ajouter
équipements des tunnels. les systèmes transversaux, tels que : alimentation et
Une analyse plus détaillée est présentée sur distribution de l’énergie, télécommunications, gestion
des systèmes particulièrement importants du technique centralisée et supervision.
point de vue des enjeux de confort et de la
sécurité : la ventilation sous l’angle des outils Par ailleurs, les questions des interfaces génie
de calculs d’aide à la conception, les systèmes civil/équipements restent un enjeu majeur dans le
fixes de lutte contre l’incendie ainsi que les développement des études des ouvrages souterrains.
technologies de l’information et de la commu- L’accroissement du niveau d’exigence des études des
nication au service de l’exploitation et de la tunnels a ainsi conduit les sociétés d’ingénierie à ren-
sécurité. forcer leurs moyens humains et leurs outils d’aide à la
conception et à l’analyse de la sécurité.

Cet article présente dans les grandes lignes la démar-


■ Introduction che pratique de l’ingénierie moderne de la sécurité et
des équipements des tunnels routiers, telle qu’elle
Longtemps considérés avant tout comme des « ouvra- devrait être mise en œuvre pour réduire une partie des
ges de génie civil équipés », les tunnels, routiers en risques projet. Il ne s’agit pas de présenter une doctrine
particulier, sont conçus depuis quelques années selon de conduite de projet neuf mais plutôt de sensibiliser
une approche nouvelle assimilable aux méthodes (bien que ce sujet ait commencé à imprégner la pro-
déployées dans l’industrie, c’est-à-dire une « approche fession depuis quelques années) l’ensemble des acteurs
systèmes ». La prise de conscience du niveau de risque de la construction des infrastructures souterraines, à
bien supérieur à celui de la circulation à l’air libre, une nécessaire anticipation des études d’ingénierie des
l’évolution de la réglementation et l’amélioration de systèmes.
l’état de l’art ont contribué à ce que l’ingénierie de la
sécurité se trouve désormais au cœur de la question et Figure 1
on ne saurait concevoir un ouvrage neuf ou rénover un Schéma des relations fonctionnelles de sécurité
tunnel en exploitation sans consulter au préalable les Diagram of safety functional relations
spécialistes de la sécurité et des systèmes. De même, les
questions de l’exploitation et de la maintenance ont
un impact important sur les dispositions projetées
(figure 1).

Dossiers de sécurité, études spécifiques de dangers,


sûreté de fonctionnement, AMDEC, analyses fonc-
tionnelles… autant de concepts modernes intégrés
dans la conduite des projets.
Un tunnel est, en effet, à considérer comme un sys-
tème en tant que tel. Il s’agit de mobiliser les moyens
techniques et humains permettant de développer la
chaîne fonctionnelle de sécurité : « acquérir → traiter
→ reconnaître → superviser → agir ».
La réponse à ce besoin passe par la mise en œuvre d’un

Travaux n° 855 ■ Septembre 2008 28


Frédéric Hervé
systèmes complexes Directeur de projets
Setec TPI

Alain Griveaux
Directeur de projets
Setec ITS
Une analyse plus détaillée est présentée sur des systè- • le mode de construction de l’ouvrage (tunnel creusé,
mes particulièrement importants du point de vue des foré au tunnelier, caissons immergés, tranchée cou-
enjeux de confort et de la sécurité de l’ouvrage : la ven- verte, voire assemblage de ces méthodes de
tilation sous l’angle des outils de calculs d’aide à la construction);
conception d’une part, les systèmes fixes de lutte • l’organisation des secours, les demandes particulières
contre l’incendie et les technologies de l’information des services de secours;
et de la communication au service de l’exploitation et • les nombreuses autres données : conditions météoro-
de la sécurité. L’ensemble est étayé d’exemples qui ne logiques locales, contraintes architecturales particu-
proviennent pas tous du même ouvrage. lières, problèmes particuliers de corrosion (pour les
Enfin, le cas spécifique des tunnels ferroviaires est évo- tunnels de montagne par exemple).
qué en fin d’article.
Toutes les données ne sont pas nécessairement fournies
au démarrage du processus. Des données particulières
■ Depuis l’analyse du besoin peuvent être fournies ultérieurement à certains points
jusqu’à la mise en exploitation clés des études. Enfin, le jeu de données ne constitue
pas un ensemble figé. Des évolutions provenant de l’ex-
Déroulement d’un projet d’ingénierie térieur du processus, voire des modifications de données
de système tunnel résultant des études elles-mêmes, ne constituent pas des
événements exceptionnels.
Le processus de déroulement du projet comprend les
grandes phases majeures successives d’un projet d’ins- Zoom sur le développement
tallation industrielle. Il débute avec l’analyse de l’ex- des études d’ingénierie
pression des besoins et s’achève à la « remise des clés »
au client : Les systèmes dont les dimensions
• mise au point d’un jeu de données; impactent la conception des ouvrages
• études d’ingénierie proprement dites (projet); Le développement des études d’ingénierie des systèmes
• choix des ensembliers, sous-traitants, fournisseurs; équipant les tunnels routiers passe d’une part par l’ana-
• études de détail des équipements et des systèmes; lyse détaillée des besoins de confort et de sécurité, et
• tests en usines, sur plates-formes; d’autre part par l’analyse des besoins fonctionnels
• approvisionnements sur chantier; d’exploitation et de maintenance.
• installation, tests unitaires; Un ouvrage harmonieusement conçu nécessite un
• mise en service système par système; développement coordonné des études préliminaires
• essais d’intégration; des systèmes ayant de forts impacts sur le génie civil :
• essais de réception client + essais de contrôle avec ventilation, évacuation des personnes, réseaux (câbles,
les autorités. tuyauteries).
On note en particulier :
Le jeu de données d’entrée porte sur un ensemble de • les études des interfaces principales génie civil/équi-
besoins et de contraintes générales ou spécifiques, pements : ventilation, distribution électrique, réseau
parmi lesquelles : de lutte contre l’incendie;
• l’expression des besoins fonctionnels, c’est-à-dire le pro- • l’intégration des dispositions liées à l’évacuation des
gramme du client : données d’exploitation (typologie usagers et à l’accès des secours;
du trafic, type d’exploitation – unidirectionnelle, • les conséquences sur la coupe en travers en section
bidirectionnelle, bidirectionnelle exceptionnelle – courante (gaines de ventilation, cheminement des
taux de poids lourds, TMD…), environnement câbles, des tuyauteries, multitubulaires, caniveaux
urbain ou non, objectifs de sécurité, objectifs de techniques, chambres et regards), sur les besoins en
performance des systèmes, programme de l’exploi- locaux techniques (usines de ventilation, postes
tant/mainteneur (doit-on assurer l’entretien sans électriques, poste de contrôle commande…).
restriction de l’exploitation? peut-on profiter de
fermetures de nuit?), considérations environnemen- Ces études nécessitent plusieurs itérations combinant
tales… la conception de la ventilation, la conception des
• le cadre réglementaire et normatif (règles nationales, dispositifs d’évacuation et de sécurité et celle du profil
UE, AIPCR); en travers. À titre d’exemple, les volumes à réserver
• les données géométriques principales du projet (pro- pour faire transiter l’air constituent une donnée de
fil en long, profil en travers fonctionnel du point de toute première importance pour l’étude du profil en
vue routier); travers du tunnel. Les surfaces réservées aux galeries de

29 Travaux n° 855 ■ Septembre 2008
TRAVAUX SOUTERRAINS

L’ingénierie des systèmes complexes dans les tunnels

réglementaire, analyses de sécurité (analyse fonction-


nelle, études spécifiques des dangers, analyses quantita-
tives des risques). Ce dossier fait l’objet d’une expertise
indépendante.
Les conclusions des études de sécurité et celles de
l’expert peuvent conduire à proposer des dispositions
constructives et/ou d’exploitation destinées à améliorer
le niveau de sécurité. Ces conclusions sont à prendre en
compte dès le développement des études de projet des
ouvrages (génie civil et systèmes inclus).

Le développement coordonné des études


des systèmes participant aux fonctions
de confort et de sécurité
Sur la base des développements décrits ci-avant (ana-
lyse des données, études préliminaires des systèmes,
© Photo Socaso
études de sécurité), chaque système fait l’objet d’une
étude détaillée, dans le cadre d’une gestion de projet
Photo 1 coordonnée.
Accélérateurs installés dans un bossage de la tranchée On peut classer ces systèmes en deux grandes familles :
couverte du contournement d’Angers les systèmes liés à l’ouvrage lui-même, les systèmes
Accelerators set up in an anchor block directement liés à l’exploitation du trafic.
in the cut-and-cover tunnel of the Angers bypass
Systèmes liés à l’ouvrage en tant que lien routier :
• ventilation;
 ventilation représentent ainsi de l’ordre de 20 % de la
surface intérieure du tunnel. De même :
• éclairage;
• alimentation et distribution électrique;
• les usines de ventilation nécessitent des volumes de • gestion technique centralisée;
plusieurs milliers de mètres cubes; • détections incendie;
• des surgabarits locaux de l’ordre de 2 m sont à créer • réseaux de lutte contre l’incendie (conduite incen-
pour installer des accélérateurs dans les tranchées die, systèmes fixes de lutte contre l’incendie);
couvertes; • exhaure.
• pour les tunnels en zone peu urbanisée (montagne),
l’absence de réseau de distribution d’eau peut impo- Systèmes liés à l’exploitation routière :
ser la création de deux bassins de réserve incendie • réseau d’appel d’urgence;
(160 m3) dans des sites souvent escarpés, et fréquem- • vidéosurveillance;
ment l’installation de surpression pour alimenter la • détection automatique d’incidents;
conduite incendie. • signalisation dynamique;
Ces systèmes, non contents d’être gourmands en volume, • retransmission radio;
sont également très énergivores. Le dimensionnement • télécommunications;
et la robustesse de l’alimentation et de la distribution • système d’aide à l’exploitation.
électrique doivent donc être adaptés pour satisfaire ces
gros consommateurs qui ne fonctionnent souvent qu’en
cas d’urgence… mais tous en même temps. ■ Les études de ventilation
Par ailleurs, les réflexions menées dans le cadre du et les outils numériques d’aide
développement de la politique de maintenance doi- à la conception
vent intégrer les questions d’accessibilité aux équipe-
ments (avec ou sans restriction de la circulation) et Ces études portent sur la ventilation des différents
proposer des solutions de redondance des systèmes et ouvrages confinés : tunnel lui-même, ouvrages de
équipements (photo 1). sécurité, locaux abritant des équipements techniques.
En ce qui concerne la ventilation du tunnel lui-même,
Le développement des études de sécurité les concepts sont détaillés selon les deux besoins fon-
En parallèle des études des systèmes, les spécialistes de damentaux assignés au système de ventilation : la ven-
la sécurité doivent développer leurs propres analyses : tilation « de tous les jours » ou ventilation sanitaire, et
analyse comparative de l’avant-projet au référentiel la « ventilation en cas d’incendie », ou désenfumage.

Travaux n° 855 ■ Septembre 2008 30


Figure 2
Modèle Express’Air (logiciel
Setec) du réseau tunnel
et gaines du tunnel à gabarit
réduit de l’A86
Express’Air model (Setec
software) of the tunnel
network and ducts
in the small-gauge tunnel
on the A86 motorway

Figure 3
Si auparavant la ventilation sanitaire requérait plus de
Modèle 3D
moyens que le désenfumage, cette tendance est inversée de l’échangeur
en Europe depuis les années 90 en raison de la baisse souterrain de Rueil
continue des émissions de polluants des véhicules d’une du tunnel à gabarit
part et de la recherche d’un niveau de sécurité accru réduit de l’A86
d’autre part. 3D model of the Rueil
Cet état de fait peut conduire, lors de la rénovation underground heat
d’ouvrages, à réaffecter pour les nouveaux besoins de exchanger in the
désenfumage des volumes et gaines autrefois dédiés à la small-gauge tunnel
ventilation sanitaire et vice-versa. on the A86 motorway
Il en découle aussi la mise en œuvre d’un plus grand
nombre d’équipements destinés à n’être utilisés qu’en
cas d’urgence, ce qui peut poser des difficultés d’exploi-
tation.

Les outils numériques d’aide


à la conception

Compte tenu du grand nombre de situations auquel


peut être soumis le système de ventilation, tant dans sa
fonction sanitaire que dans sa fonction de maîtrise des
fumées en cas d’incendie, il est indispensable d’étudier
de nombreux scénarios. Ces études mobilisent des transversale. Il est possible de réaliser des maillages de
outils informatiques d’aide à la conception puissants et réseaux assez complexes (bretelles, gaines de ventila-
rapides à la fois. tion).
Ces études de scénarios constituent des aides précieuses Ces outils offrent la possibilité de faire varier un grand
à la conception dans les trois fonctions suivantes : nombre de paramètres (contre-pressions aux têtes, tra-
• le dimensionnement du système; fic routier par exemple) et de tester la sensibilité des
• l’analyse fonctionnelle du système qui servira d’en- caractéristiques aérauliques aux variations de fonction-
trant dans le développement des études de la gestion nement des actionneurs : ventilateurs, accélérateurs,
technique centralisée (GTC); injecteurs… (figure 2).
• l’analyse des « scénarios ESD ».
Les outils 3D
Les outils 1D Ils sont essentiellement utilisés dans les études des cas
Ils permettent de se faire une bonne idée de la valeur d’incendie pour :
des caractéristiques aérauliques (débit, pression, para- • compléter les analyses 1D dans la vérification de
mètres traceurs des conditions de confort, d’environ- l’efficacité des systèmes d’extraction de fumées, et
nement de santé ou de survie). Ces grandeurs sont dans l’analyse des conditions de stratification des
alors considérées comme homogènes dans la section fumées (figure 3);

31 Travaux n° 855 ■ Septembre 2008
TRAVAUX SOUTERRAINS

L’ingénierie des systèmes complexes dans les tunnels

 • évaluer les conditions d’environnement (température,


toxicité, rayonnement) dans l’ouvrage dans les étu-
Des retours d’expérience montrent que les systèmes
mécaniques d’extraction des fumées, équipements
des de dangers (figure 4). primordiaux de sauvegarde des usagers, étant conçus
Les outils 3D peuvent aussi être mobilisés à plus réglementairement en France pour des incendies d’une
grande échelle dans le cadre des études de dispersion puissance de 30 MW (hors TMD) ne peuvent répondre
de l’air pollué aux têtes des tunnels ainsi qu’au niveau à certains incendies de poids lourds dont la puissance
des unités de ventilation. peut atteindre dans un très court délai un ordre de
grandeur de 100 MW même en l’absence de TMD.

Ces systèmes permettent d’asperger à la demande et


lorsque c’est nécessaire un incendie au moyen d’agents
extincteurs, principalement : eau à gouttelettes de
dimensions plus ou moins importantes et sous des pres-
sions variables, mélange eau et émulseur (mousse)
éventuellement enrichi de produit mouillant. Ils n’ont
pas pour vocation d’éteindre un incendie mais plutôt
de stopper puis réduire significativement sa courbe de
puissance, de le confiner et donc de limiter, voire évi-
ter les propagations mitoyennes.
Les motivations des maîtres d’ouvrage conduisant à
entreprendre une démarche de recherche d’applicabi-
lité de tels systèmes à leur tunnel sont multiples :
• recherche d’amélioration de la sauvegarde des usa-
gers lors de leur auto-évacuation vers les abris en cas
d’incendie dont les caractéristiques de puissance et
d’évolution sont supérieures au scénario de dimen-
sionnement;
Figure 4 • recherche de facilitation de l’accès des secours et de
Modèle FDS (Fire Dynamic ■ Les systèmes limitation des risques auxquels ces derniers peuvent
Simulator) pour un cas électromécaniques innovants être exposés lors d’une intervention sur incendie de
d’incendie dans le tunnel forte puissance;
du Mont-Sion (A41) Compte tenu des retours d’expérience et de l’évolution • recherche de la préservation de l’intégrité de la
FDS (Fire Dynamic Simulator) des besoins, les systèmes électromécaniques équipant structure pendant l’incendie par une limitation de la
model for an occurrence of fire les tunnels font l’objet depuis plusieurs années d’amé- sollicitation thermique à laquelle elle est exposée;
in the Mont-Sion tunnel liorations continues et d’innovations. • recherche de réduction des dégâts à l’ouvrage et en
(A41 motorway)
Parmi les sujets qui font actuellement l’objet de déve- conséquence des délais de fermeture imposés par les
loppements opérationnels, les trois thèmes suivants réparations consécutives au sinistre.
reviennent de manière récurrente :
• les problèmes de qualité de l’air dans l’environne-
ment des têtes de tunnels et des unités de ventilation ■ De l’ingénierie des technologies
et les solutions de traitement de l’air avant rejet dans de l’information et de la
l’atmosphère; communication au service de
• le contrôle actif des mouvements d’air en tunnel l’exploitation et de la sécurité
pendant les scénarios de désenfumage;
• les systèmes fixes de lutte contre l’incendie. Les tunnels sont des milieux confinés dans lesquels la
circulation des véhicules présente un niveau de risque
En ce qui concerne plus spécifiquement les systèmes bien supérieur à celui de la circulation à l’air libre.
fixes de lutte contre l’incendie, la recherche d’une Tout incident, même mineur, peut rapidement engen-
adaptation aux tunnels de ces technologies s’est déve- drer un accident lui-même susceptible de générer
loppée rapidement en Europe au cours des dernières des suraccidents, l’arrêt du flux de circulation et l’ac-
années afin de tenter de répondre au mieux aux cumulation de véhicules et de leurs usagers dans un
risques intrinsèques de ces ouvrages et notamment les environnement pouvant très vite se dégrader (fumées,
incendies de grande ampleur potentielle liée aux feux, paniques…).
caractéristiques et au potentiel énergétique rapide- Pour prévenir ces situations dramatiques, les centres de
ment mobilisable des poids lourds. surveillance des tunnels disposent d’un certain nombre

Travaux n° 855 ■ Septembre 2008 32


de moyens permettant, autant que possible, de limiter ciales qui permet de faire passer auprès des usagers les
le nombre d’incidents potentiels et d’intervenir au plus messages de sécurité;
vite quand, néanmoins, un incident notable survient. • le réseau d’appel d’urgence (RAU) qui donne aux
La sécurité des tunnels routiers s’appuie ainsi, de plus usagers la possibilité d’appeler directement les services
en plus, sur la mise en place de systèmes complexes de de sécurité;
surveillance du trafic et de surveillance des installa- • les réseaux de télécommunication (de type télé-
tions techniques mises en œuvre dans les ouvrages phone, radio, informatique) qui permettent aux ser-
pour assurer leur fonctionnement dans les meilleures vices de sécurité et de secours de communiquer
conditions. entre eux ;
Ces systèmes ont évolué de manière très importante, • les équipements de gestion technique centralisée qui
en particulier depuis l’accident dramatique du tunnel permettent de collecter en temps réel l’état des dif-
routier du Mont-Blanc en 1999, qui a mis en avant férents équipements techniques, de les surveiller et
leur caractère indispensable pour les besoins d’une ges- de la télécommander selon des scénarios prédéfinis,
tion rapide, efficace et coordonnée des interventions soit de façon automatique, soit après validation par
des secours. des opérateurs;
• le système informatisé d’aide à l’exploitation (SAE)
Les systèmes aujourd’hui opérationnels dans les tunnels qui permet d’agréger l’ensemble des sous-systèmes
routiers sont couramment les suivants : précédents pour présenter aux opérateurs un outil
• la détection automatique d’incident (DAI) par ana- cohérent de gestion du trafic, de la sécurité, de la
lyse d’images qui permet de détecter les états anor- maintenance des ouvrages. Selon les contextes d’ex-
maux du trafic (arrêt, congestion, incendie, ploitation, le SAE est un outil mis à disposition des
fumée…) ; différents opérateurs au PC de surveillance, des
• la vidéosurveillance fréquemment imbriquée avec la intervenants mobiles, des intervenants extérieurs,
DAI et qui permet une visualisation de la totalité etc. avec des fonctionnalités reparties selon les
des espaces trafic ainsi que d’autres espaces sensibles, besoins. Le SAE est fréquemment en interface avec
avec enregistrement numérique des images; d’autres systèmes « supérieurs » notamment ceux des
• le recueil automatique de données de trafic par ana- PC routiers régionaux et/ou des services aux usagers
lyse du passage des véhicules qui permet de détecter (informations radio, internet, GSM, etc.).
des états de trafic normaux ou anormaux (débit, D’autres systèmes sont implantés de façon moins fré-
vitesse, densité, congestion…); quente dans les tunnels mais sont susceptibles d’appa-
• les systèmes de mesure de la qualité de l’air en rela- raître progressivement selon les besoins :
tion directe avec les installations de ventilation et • système de détection des gabarits des véhicules
de désenfumage; avant accès aux ouvrages;
• les systèmes de détection incendie qui permettent, • portiques thermographiques de détection de points
selon les cas, des détections en espaces trafic ou dans anormalement chauds sur les poids lourds;
d’autres locaux; • système de régulation du trafic au niveau des accès
• le système de contrôle des accès qui permet, par aux ouvrages;
exemple, de détecter des ouvertures de portes de • système de sonorisation des refuges, issues de secours
niches de sécurité ou de refuges et/ou de détecter des et accès pompiers;
intrusions dans des locaux techniques; • système de contrôle sanction des vitesses
• le recueil de données météorologiques qui permet de (« radars »);
détecter les conditions d’environnement tout parti- • système de contrôle sanction des distances entre
culièrement en entrée et sortie des ouvrages (risque véhicules;
de verglas, gestion de la ventilation, etc.); • système de péage dynamique « freeflow » notamment
• la signalisation lumineuse fixe et dynamique qui per- en milieu urbain.
met notamment de transmettre aux usagers des
informations de sécurité adaptées aux événements Ces systèmes complexes et leur mise en application
en cours (signaux d’affectation de voies, panneaux à ont suivi et suivent toujours des évolutions au gré des
messages variables textuels ou avec des pictogram- réflexions menées à la fois sur les besoins et sur l’utili-
mes, limitations de vitesse, signalisation des issues de sation des dernières technologies de l’information et
secours…); de la communication.
• la fermeture automatique des accès à l’ouvrage qui L’ingénierie doit en particulier considérer :
permet, en cas d’incident grave, de limiter le nombre • les évolutions de la doctrine en matière de sécurité
de véhicule dans l’ouvrage; et des dispositions réglementaires résultantes;
• la retransmission radio sur les fréquences FM commer- • les évolutions technologiques qui sont encore très

33 Travaux n° 855 ■ Septembre 2008
TRAVAUX SOUTERRAINS

L’ingénierie des systèmes complexes dans les tunnels

équipements, senseurs, capteurs mis en œuvre condui-


sent à multiplier le nombre d’informations remontées
au PC de surveillance, à accroître le volume de traite-
ment, et à la nécessité de développer des systèmes
informatisés d’aide à l’exploitation qui répondent
fonctionnellement et en temps réel aux besoins de
l’exploitation de la manière la plus efficace et la plus
sûre qui soit.
La complexité inhérente à l’ensemble des installations
doit donc être « atténuée » du point de vue des exploi-
tants en charge de la surveillance et de la maintenance
au travers d’une intégration pertinente de ces systèmes
entre eux et d’une intégration pertinente de ces systè-
mes avec les dispositions constructives du génie civil
des ouvrages.
La résultante, pour les exploitants dans les PC de sur-
Figure 5 veillance et sur le terrain, a pour nécessité d’aboutir à
Exemple de schéma d’architecture d’un réseau télécom la conception d’outils d’aide à l’exploitation compor-
en tunnel (tunnel du Mont-Sion sur A41) tant notamment des interfaces homme-machine aisées
Typical diagram of a telecom network architecture à maîtriser et efficaces, tout particulièrement en cas de
in a tunnel (Mont-Sion tunnel on A41 motorway) crise. L’ingénierie a un rôle majeur dans ce processus
d’intégration, tout particulièrement en raison de la
diversité des fournisseurs et entreprises en charge de la
 notables dans les domaines de l’image et des télé-
communications;
réalisation des systèmes en question, qui doivent être
impérativement coordonnés tout au long du processus
• l’évolution des besoins pour les moyens d’interven- de conception, réalisation, essais et mise en service.
tion, leur rapidité et leur efficacité;
• l’évolution des modes d’exploitation qui s’appuient de En complément, une des préoccupations majeures, qui
plus en plus sur les technologies alliant les différents doit être constamment réfléchie et contrôlée lors des
avantages apportés par les solutions d’automatismes, études d’ingénierie, et par la suite en phase de réalisa-
d’informatiques et de télécommunications. tion, concerne les problématiques de défaillance ou de
destruction partielle des systèmes répondant aux
Les retours d’expérience contribuent également de besoins de la sécurité. Il n’est pas concevable, en effet,
manière fondamentale aux choix qui sont faits, autant d’investir de façon importante dans ces systèmes si
au niveau matériel que fonctionnel, vis-à-vis des systè- ceux-ci ne sont intrinsèquement pas fiables et/ou
mes mis en place, de leur efficacité, de leur pérennité nécessitent une maintenance astreignante.
et de leur aisance à la maintenance. Les opérateurs et personnels en charge de l’exploitation
Les mutations techniques étant rapides et l’obsoles- doivent en effet avoir une parfaite confiance en ces sys-
cence de certains matériels ou logiciels arrivant de tèmes. Dans le cas où de trop nombreuses pannes ou
même très rapidement, certaines installations réalisées bien de trop nombreuses fausses alarmes surviennent, la
il y a dix ans, nécessitent déjà une remise à niveau ou confiance n’y est plus et l’outil ne remplit plus son rôle
une rénovation complète. d’assistance à l’exploitation.
La veille auprès des exploitants, le partage des expé- Cette problématique est d’autant plus cruciale en cas
riences acquises par ceux-ci ainsi que la veille techno- d’incident ou d’accident en tunnel. Le cas le plus dra-
logique et l’expérimentation sont donc indispensables matique étant celui de l’incendie où très rapidement
au processus d’ingénierie. les conséquences sont majeures. Il faut que les systèmes
aient des temps de réponses très courts (et sans fausse
Par ailleurs, la complexité des systèmes s’accroît avec alarme) pour permettre l’alerte des services de secours
les dispositions constructives des ouvrages comme cela et déclencher la mise en sécurité de l’ouvrage et des
est notamment le cas pour les tunnels à deux niveaux usagers dans les plus brefs délais.
superposés, pour les tunnels en zone urbaine, avec des Les dispositions constructives des équipements et systè-
échangeurs, pour les tunnels autorisés aux matières mes dans l’ouvrage sont ainsi conçues de telle sorte que
dangereuses, etc. leur destruction potentielle par un incendie n’impacte
L’augmentation des exigences de sécurité et l’accrois- pas significativement leur disponibilité et fonctionnali-
sement du nombre et de la complexité des systèmes, tés principales.

Travaux n° 855 ■ Septembre 2008 34


L’intégration sécuritaire Photo 2
des installations de télétransmission Coulage du béton
d’une multitubulaire
Les réseaux de télétransmission permettent de relier (chantier
de rénovation
entre eux et au PC de surveillance les différents équi-
des tunnels
pements devant communiquer les uns avec les autres, du contournement
et en temps réel pour la plupart. Cette communication de Nice sur A8)
couvre les besoins pour la voix, les données et les ima- Pouring concrete
ges. Les réseaux de télétransmission s’avèrent être au for a multitube system
cœur des différents systèmes pour leur fonctionnement (project for renovation
courant, et il n’est donc pas envisageable de perdre ce of Nice bypass tunnels
composant essentiel de l’exploitation des ouvrages. on A8 motorway)
Sans réseau, les exploitants ainsi que les services de
sécurité et de secours se retrouveraient aujourd’hui
plus ou moins totalement sourds, muets, aveugles… et
donc inopérants.

Différentes solutions de redondance et de sécurisation Photo 3


des réseaux sont ainsi systématiquement mises en PC italien
œuvre dans les tunnels et au minimum jusqu’au PC de du tunnel du Fréjus
surveillance. Les dispositions prises relèvent à la fois de Italian control centre
la protection des câbles concernés (protection méca- for the Fréjus tunnel
nique, protection au feu), du bouclage ou doublage des
réseaux par des chemins distincts (câblés ou radios), de
la redondance des « équipements actifs », des possibi-
lités de basculement automatique sur d’autres réseaux,
du sectionnement des réseaux (notamment radio) en
cellules séparées pouvant se secourir mutuellement,
etc. (figure 5).

L’intégration, au sein du génie civil,


des chambres de jonction et de tirage

Au sein d’un tunnel, les chambres de jonction et de


tirage sont des points singuliers qui nécessitent de
nombreux échanges entre l’ingénierie du génie civil et L’intégration des systèmes entre eux
celle dite des « équipements ». En effet, ces petits
ouvrages sont souvent assez complexes à imaginer dans Dans le cas d’ouvrages souterrains complexes et
la mesure où ils sont à la croisée de nombreux réseaux, notamment en zone urbaine, le nombre de systèmes
souvent bien incompatibles les uns avec les autres mis en place et imbriqués devient très conséquent et
(assainissement, exhaure, réseau d’eau incendie, réseau difficilement exploitable correctement.
électrique haute tension, réseau électrique basse ten- Leur intégration les uns avec les autres est fondamen-
sion, réseau électrique à courants faibles et fibres tale et doit répondre aux politiques d’exploitation
optiques). mises en œuvre. En particulier, la conception du PC de
surveillance ne doit pas aboutir à une juxtaposition
D’autre part, leur volume vient directement impacter d’outils voix – données – images déraisonnable que les
les dispositions constructives du tunnel au droit des opérateurs ne sauraient utiliser dans les meilleures
niches de sécurité, des accès à des galeries, refuges, conditions notamment en cas de crise.
locaux techniques, etc., ceci avec des connexions Cette problématique est traitée au travers des études
d’échange via des fourreaux, caniveaux, gaines qui se d’ergonomie du PC et par la mise en œuvre d’un SAE
croisent. informatisé dont la conception, parfois très longue au
Ces chambres peuvent, en outre, être disposées sous niveau fonctionnel et au niveau du développement
chaussée ou sous BAU ce qui impose une structure informatique, a pour vocation d’assister les opérateurs
lourde et une fermeture complexe, dans des localisa- dans tous leurs besoins et en particulier ceux liés à la
tions souvent très contraintes (photo 2). sécurité (photo 3).

35 Travaux n° 855 ■ Septembre 2008
TRAVAUX SOUTERRAINS

L’ingénierie des systèmes complexes dans les tunnels

Figure 6
Exemple d’interfaces
entre un local technique
et un tunnel ferroviaire
Example of interfaces between
a plant room and a rail tunnel

 L’intégration sécuritaire
des installations d’énergie
d’alimentation électrique (en haute et basse tension),
il est prévu des parcours avec protection mécanique et
protection au feu du cheminement ou résistance au feu
Sur les tunnels d’une certaine longueur, le réseau d’ali- du câble intrinsèquement, tout en maintenant une
mentation électrique s’articule autour de postes haute accessibilité suffisante pour les besoins de mainte-
tension interconnectés entre eux par des câbles en nance, ce qui ne va pas sans difficultés notamment au
haute tension cheminant de locaux techniques en niveau des chambres de tirage.
locaux techniques et vers le distributeur (RTE/EDF
par exemple).
Les postes eux-mêmes sont fréquemment conçus pour ■ Cas des tunnels ferroviaires
être redondants avec séparation physique et protection
au feu des deux entités qui se secourent l’une l’autre, ce Dans les tunnels ferroviaires, on ne retrouve pas les
qui conduit à avoir des locaux distincts et potentielle- systèmes propres aux flux de circulation routiers, mais
ment non détruits simultanément en cas d’incendie. Il bien évidemment des systèmes propres aux flux de cir-
est habituel, dans le cas où il y a deux espaces trafic (un culation des trains.
tube par sens), de séparer les réseaux d’alimentation en Les préoccupations sécuritaires dans les tunnels ferro-
énergie de chaque espace trafic et d’assurer la redon- viaires sont analogues à celles des tunnels routiers mais
dance de l’un par l’autre. sont néanmoins très fortement axées sur la signalisation
Les câbles d’interconnexion des postes (fréquemment ferroviaire et les risques d’incendie.
en 20000 V) sont disposés dans des galeries techniques, Les systèmes (originaux par rapport au domaine rou-
des gaines, des fourreaux, des caniveaux ou des espaces tier) mis en place sont les suivants :
spécifiques hors d’atteinte. Le risque de destruction des • la signalisation ferroviaire qui évite toute éventualité
câbles est évalué sur tout leur parcours afin de le limiter de rattrapage d’un train par un autre;
au mieux et d’assurer ainsi les dispositions de redon- • la communication radio sol-train (à terme supportée
dance avec des cheminements séparés normalement par le GSM-R) qui permet la liaison entre conduc-
non impactés simultanément. teur et régulateur au PC;
D’une manière générale et pour la majorité des câbles • les systèmes automatiques de détection de boîtes

Travaux n° 855 ■ Septembre 2008 36


ABSTRACT RESUMEN ESPAÑOL
Complex systems La ingeniería de los
engineering in tunnels sistemas complejos en los
chaudes qui permettent de mesurer la température túneles
des boîtes d’essieux des matériels roulants, d’en Fr. Hervé, A. Griveaux
apprécier les évolutions au fil des détecteurs passés et Fr. Hervé y A. Griveaux
de délivrer des alarmes si un seuil critique est For some years now, sophisticated
atteint; research and functional analyses Desde hace ya algunos años, los
• les éventuels systèmes de détection de chaleur,
have been performed on tunnels túneles son objeto de estudios y
fumée, flamme, ponctuels ou linéaires et plus ou
moins combinés pour notamment pallier les pertur- for the implementation of complex análisis funcionales elaborados
bations liées au rayonnement généré par le contact systems, with a constant objective que conducen en la implementa-
pantographe/caténaire; of trying to improve comfort and ción de los sistemas complejos, y
• les éventuels systèmes de détection de gaz explosifs/ safety levels. ello según un objetivo constante
toxiques; Certain dramatic events such as de búsqueda de mejora del nivel
• les éventuels systèmes de détection de déraillement;
the fire in the Mont-Blanc tunnel de confort y de seguridad.
• les éventuels portiques thermographiques de détec-
tion de points anormalement chauds sur les matériels accelerated the process, but the Algunos acontecimientos dramáti-
roulants et leur chargement; approach had already been adop- cos como por ejemplo el incendio
• les éventuels systèmes de contrôle de gabarit pour les ted. en el túnel del Mont-Blanc, vinie-
tunnels situés sur un itinéraire type autoroute ferro- This article describes the main fea- ron a acelerar el proceso, pero el
viaire; tures of the practical approach to planteamiento ya había dado
• pour les tunnels longs : des ouvrages particuliers inti-
modern tunnel safety and systems comienzo.
mement liés à l’exploitation ferroviaire telles que
voies d’évitement ou cross-over. and equipment engineering. En el presente artículo se descri-
A more detailed analysis is presen- ben compendiadamente el modelo
Par ailleurs, certains matériels roulants modernes ted of systems that are especially práctico de la ingeniería moderna
(TGV) sont équipés de dispositifs embarqués de détec- important for comfort and safety de la seguridad y de los sistemas y
tion des échauffements anormaux de leurs équipements issues : ventilation from the view- equipamientos de los túneles.
de traction et haute tension.
point of computer-assisted design Se presenta un análisis más
Enfin, le nombre de trains simultanément dans un
même tunnel est souvent contrôlé et limité volontai- tools, and information and com- exhaustivo acerca de sistemas par-
rement (figure 6). ■ munication technologies for ticularmente importantes desde el
improved operation and safety. punto de vista de los retos de
confort y de seguridad : la ventila-
ción en cuanto a las herramientas
de cálculos de ayuda para el esta-
blecimiento del concepto por una
parte y las tecnologías de la infor-
mación y de la comunicación al
servicio de la explotación y de la
seguridad por otra parte.

37 Travaux n° 855 ■ Septembre 2008

Vous aimerez peut-être aussi