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C3 : LA PHRASE NÉGATIVE

La phrase négative ne constitue pas un type de phrase particulier, car elle peut représenter
tout autre type de phrase (déclarative, exclamative, injonctive, etc.). Ce qui fait qu’on la traite
séparément sont ses particularités syntaxes, de construction des énoncés.
La négation peut porter sur la phrase toute entière ou sur un de ses constituants
seulement :
Ex. Tu sors aujourd’hui ?
Non (je ne sors pas), je reste à la maison.
Ce n’est pas à vous que je m’adresse.
Il ne pense plus au passé.
La négation non apparaît très souvent dans le discours dialogique, pouvant nier non
seulement la phrase précédente, mais un contexte tout entier.
Dans le discours indirect, non peut représenter une subordonnée complétive.
Ex. Il lui demanda si elle voulait du thé. Elle fit signe que non.
Non peut apparaître devant une phrase affirmative ou négative (déclarative, exclamative,
injonctive) comme marque de l’insistance.
Non, je ne lui parlerai pas !
Non, tu ne lui diras rien !
Dans les constructions antithétiques apparaissent aussi non que pas – le dernier plus
rencontré dans le français courant.
Il aime la bière, mais pas le vin.
Je suis ton ami, non ton ennemi.
Il aime voyager, moi non/moi pas.
Lorsque la négation se réfère au premier terme de l’antithèse, on utilise non et non pas.
Je l’aime bien, non pas pour son intelligence, mais pour sa modestie.

La négation prédicative (totale)


Elle se réfère au prédicat de la phrase, le constituant autour duquel est organisée la
phrase, en l’affectant donc totalement.
Je ne comprends pas son silence.
La négation prédicative se réalise à l’aide des adverbes négatifs ne…pas. Lorsque le
verbe de la phrase est conjugué à un temps simple, il est encadré par ceux-ci :
Je ne connais pas cet homme.
Au cas où le verbe est conjugué à un temps composé (y compris à un temps
périphrastique) les adverbes négatifs encadrent l’auxiliaire/le semi-auxiliaire.
Il n’a pas entendu mon appel.
Je ne vais pas rester longtemps ici.
Au cas où dans la phrase apparaissent des pronoms personnels complément direct et/ou
indirect, ne se place devant ces pronoms.
Je ne l’ai pas rencontré.
Il ne me parle plus.
Elle ne le lui a pas dit.
Entre le verbe et la négation pas peuvent être interposés certains adverbes tels d’ailleurs,
même, toujours, sana doute.
Il ne veut même pas me regarder.
Il ne me voyait toujours pas.
La présence de l’adverbe toujours après la négation pas détermine la modification du
sens de la phrase.
Il ne me voyait toujours pas. (Tot nu mă vedea)
Il ne me voyait pas toujours. (Nu mă vedea totdeauna)
La négation peut être suivie par la locution du tout exprimant l’intensité :
Cet homme n’est pas du tout mon genre.
Dans certains cas, dans la langue littéraire surtout, la négation peut être marquée par ne
seul, pas étant supprimé :
 au cas des verbes cesser, oser, pouvoir, savoir : Je ne sais s’il pourra venir
 dans les phrases où apparaît le gallicisme il y a accompagné d’un déterminant
temporel comportant une expression de quantité : Il y a bien des années que je
vous ai vu.
 dans certaines locutions et expressions : n’avoir que faire de…, ne souffler mot,
n’empêche, n’importe, n’ayez crainte, qu’à cela ne tienne !
Un cas tout particulier est constitué par le ne explétif, à valeur affirmative qui apparaît :
- dans des propositions subordonnées, après un verbe à sens négatif (craindre, avoir peur,
empêcher), après un nom à sens négatif (crainte, peur), ou après certaines locutions telles avant
que, à moins que, de peur que, sans que
J’ai peur qu’elle ne soit fâchée contre toi.
La crainte qu’elle ne se mette à pleurer m’empêchait de parler.
Ils parlent tout bas, de peur qu’on ne les entende.
- dans les phrases où apparaît un comparatif d’inégalité :
Je suis plus courageux que tu ne le crois.
La négation ne peut être supprimée :
- dans la langue parlée :
Je veux pas le voir !
J’sais pas !
- dans les phrases sans prédicat :
Pas de classes, vendredi prochain !
Qu’est-ce qu’il a dit  ?
Rien.

La négation pas peut être remplacée par d’autres négations telles guère, plus, point, pas
encore.
Je ne le trouve guère intéressant.
Je ne sais plus ce qu’il voulait dire.
Il ne me parle point.
Obs. ne…pas encore indique le fait que l’action exprimée par le verbe n’a pas encore
commencé : Il n’est pas encore arrivé.
ne…plus indique le fait que l’action exprimée par le verbe a cessé : Je ne le vois plus.

La négation peut affecter en même temps le prédicat et un autre constituant (le sujet, le
complément d’objet direct/indirect, un complément circonstanciel). Dans ces cas, la négation pas
est supprimée, étant utilisés en échange des pronoms, des adjectifs ou d’autres adverbes à sens
négatifs (personne, rien, aucun, nul, pas un, jamais, nulle part, aucunement, nullement)
Je ne vois personne.
Personne ne sait ce qui s’est passé.
Je n’ai rien trouvé.
Nous ne voulons aller nulle part.
Tu ne nous as jamais parlé sur ce ton !
Il n’était nullement embarrassé.
Aucun de ses amis ne le quitta dans le malheur.
Lorsque le verbe se trouve à un temps composé (y compris périphrastique) ou dans les
constructions Verbe (semi-auxiliaire) + infinitif, rien est placé entre l’auxiliaire/semi-auxiliaire
et le participe/infinitif, et personne après le participe/infinitif :
Il n’a rien vu.
Il n’a vu personne.
Il ne va rien voir.
Il ne va voir personne.
Il ne veut rien voir.
Il ne veut voir personne.
Ne peut se combiner avec n’importe quels autres termes à sens négatif :
Il ne va jamais nulle part.
Je ne dirai rien à personne.
Elle ne voit plus jamais personne.
La négation peut affecter successivement les constituants de la phrase (négation
discontinue). Dans ce cas elle est marquée par les morphèmes ni (ni…ni) ou non plus.
Les constructions ne…ni…ni ou ni…ni…ne, ne…pas…ni coordonnent deux constituants
qui ont la même fonction syntaxique.
Ni l’un ni l’autre ne voulait céder.
Je ne suis ni un génie, ni un idiot.
Je ne veux pas de viande, ni de poisson.
La construction ne…ni apparaît accompagnant un verbe à un mode personnel.
Il ne fume, ni ne boit.
La construction (ne…pas) …non plus exprime une discontinuité implicite :
Il ne voulait pas quitter la maison, et moi non plus, mais il nous fallait partir.

La négation peut être marquée aussi par la préposition sans :


Il est entré sans dire bonjour.
Elle le regarda sans rien dire.

Un cas tout spécial est représenté par la négation restrictive exprimée par ne…que ayant
un sens positif :
Il n’aime que la musique classique. (Il aime seulement la musique classique)
À comparer la construction ci-dessus à :
Il n’aime pas que la musique classique. (Il aime d’autres genres de musique aussi)

D’autres constructions négatives à valeur positive :


pas mal (à sens quantitatif ou intensif) : J’ai pas mal d’amis dans cette ville.
non seulement … mais encore : Non seulement il ment, mais encore il n’en a pas honte  !
non sans (structure emphatique) : J’ai monté l’escalier non sana effort.
rien que (à valeur circonstancielle) : Rien qu’en lui parlant elle réussit à le calmer.
La négation non-prédicative (partielle)
Elle se réfère à un constituant de la phrase tout autre que le verbe prédicatif. Celle-ci peut
se réaliser par :
- l’emploi du présentatif c’est à la forme négative :
Ce n’est pas à vous que je parle.
Ce n’est pas lui qui nous a dit de venir.
- à l’aide de la négation non, quand le constituant nié apparaît dans un rapport de
coordination :
C’est son affaire et non la vôtre.
- à l’aide des négations ne…pas antéposées lorsque le constituant nié est un verbe à un
mode non-prédicatif :
Tâche de ne pas lui faire mal.

Obs. Dans la phrase négative, l’article partitif et l’article indéterminé sont remplacés par la
préposition de :
Il boit du lait – Il ne boit pas de lait.
J’ai des amis en Italie – Je n’ai pas d’amis en Italie.
À comparer les exemples ci-dessus illustrant la négation absolue à
Il ne boit pas du lait de vache, mais du lait de chèvre.
Je n’ai pas des amis hypocrites (=tous mes amis sont sincères)
où la négation est relativisée.

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