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ÉVANGILE SELON MATTHIEU

SIMPLES ENTRETIENS SUR LES ÉVANGILES

Samuel Prod’hom

Ces Simples Entretiens sur les Évangiles sont une étude biblique ayant parue dans un
périodique pour enfants intitulé « la Bonne Nouvelle annoncée aux Enfants ».

Table des matières :

1 - Avant-propos

2 - Chapitre 1

2.1 - Chapitre 1 v. 1-17 — La généalogie de Jésus Christ

2.2 - Chapitre 1 v. 18 à 25 — Naissance du Seigneur

3 - Chapitre 2

3.1 - Chapitre 2 v. 1-12 — Les mages

3.2 - Chapitre 2 v. 13-18 — Hérode et les enfants de Bethléhem

3.3 - Chapitre 2 v. 19-23 — Retour d’Égypte

4 - Chapitre 3

4.1 - Chapitre 3 v. 1-12 — Jean le Baptiseur

4.2 - Chapitre 3 v. 13-15 — Baptême de Jésus

4.3 - Chapitre 3 v. 16, 17 — Le Saint Esprit descendant sur Christ

5 - Chapitre 4

5.1 - Chapitre 4 v. 1-11 — La tentation

5.2 - Chapitre 4 v. 1-3 — Première tentation

5.3 - Chapitre 4 v. 5-7 — Seconde tentation

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5.4 - Chapitre 4 v. 8-11 — Troisième tentation

5.5 - Chapitre 4 v. 12-17 — Retour de Jésus en Galilée

5.6 - Chapitre 4 v. 18-22 — Appel des disciples

5.7 - Chapitre 4 v. 23-25 — Activité de Jésus

6 - Chapitre 5

6.1 - Chapitre 5 — Le sermon sur la montagne

6.2 - Chapitre 5 v. 1-12 — Les « bienheureux »

6.3 - Chapitre 5 v. 13-16 — Sel et lumière

6.4 - Chapitre 5 v. 17-37 — La loi maintenue et dépassée dans le royaume

7 - Chapitre 6

7.1 - Chapitre 6 v. 1-18 — Manière de pratiquer la piété

7.2 - Chapitre 6 v. 19-34 — Le but de la vie

8 - Chapitre 7

8.1 - Chapitre 7 v. 1-12 — Conduite envers autrui

8.2 - Chapitre 7 v. 13, 14 — Chemin étroit et chemin large

8.3 - Chapitre 7 v. 15-23 — Faux prophètes et faux ouvriers

8.4 - Chapitre 7 v. 24 à 29 — Conclusion

9 - Chapitre 8

9.1 - Chapitre 8 v. 1-15 — Trois guérisons

9.2 - Chapitre 8 v. 16, 17 — À la suite de Jésus

9.3 - Chapitre 8 v. 18-22 — À la suite de Jésus

9.4 - Chapitre 8 v. 28 à 34 — Au pays des Gergéséniens

10 - Chapitre 9

10.1 - Chapitre 9 v. 1-9 — Guérison d’un paralytique

10.2 - Chapitre 9 v. 9-13 — Appel de Matthieu

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10.3 - Chapitre 9 v. 14-17 — Le vin nouveau et les vieilles outres

10.4 - Chapitre 9 v. 18-26 — Résurrection d’une jeune fille

10.5 - Chapitre 9 v. 27-34 — Guérison de deux aveugles et d’un muet

10.6 - Chapitre 9 v. 35-38 — Les brebis sans berger

11 - Chapitre 10 — Mission des douze disciples

12 - Chapitre 11

12.1 - Chapitre 11 v. 1-6 — Les disciples de Jean auprès de Jésus

12.2 - Chapitre 11 v. 7 à 19 — Jésus rend témoignage à Jean

12.3 - Chapitre 11 v. 20-24 — Reproches de Jésus

12.4 - Chapitre 11 v. 25-30 — La révélation du Père

12.5 - Chapitre 11 — Appel au Sauveur

13 - Chapitre 12

13.1 - Chapitre 12 v. 1 à 8 — Le Fils de l’homme Seigneur du sabbat

13.2 - Chapitre 12 v. 9-13 — Guérison d’un homme ayant la main sèche

13.3 - Chapitre 12 v. 22-32 — Le blasphème contre l’Esprit

13.4 - Chapitre 12 v. 33 à 37 — Bon trésor et mauvais trésor

13.5 - Chapitre 12 v. 38-42 — Le signe de Jonas

13.6 - Chapitre 12 v. 43 à 45 — Le sort d’Israël incrédule

13.7 - Chapitre 12 — La mère et les frères du Seigneur

14 - Chapitre 13

14.1 - Chapitre 13 — Parabole du semeur

14.2 - Chapitre 13 v. 10-17 — Pourquoi Jésus parlait en paraboles

14.3 - Chapitre 13 v. 18-23 — Explication de la parabole du semeur

14.4 - Chapitre 13 — Les six paraboles du royaume des cieux

14.4.1 - Chapitre 13 — v. 24-30 — Parabole de l’ivraie

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14.4.2 - Chapitre 13 v. 31, 32 — Parabole du grain de moutarde

14.4.3 - Chapitre 13 v. 33 — Parabole du levain

14.4.4 - Chapitre 13 v. 36-43 — Explication de la parabole de l’ivraie

14.4.5 - Chapitre 13 v. 44 — Parabole du trésor

14.4.6 - Chapitre 13 v. 45, 46 — Parabole de la perle de grand prix

14.4.7 - Chapitre 13 v. 47, 48 — Parabole du filet

14.5 - Chapitre 13 — Jésus dans son pays

15 - Chapitre 14

15.1 - Chapitre 14 v. 1-12 — Mort de Jean le Baptiseur

15.2 - Chapitre 14 v. 13-21 — Multiplication des pains

15.3 - Chapitre 14 v. 22, 23 — Jésus sur la montagne

15.4 - Chapitre 14 v. 24-33 — Les disciples dans la tempête

16 - Chapitre 15

16.1 - Chapitre 15 v. 1-11 — La tradition

16.2 - Chapitre 15 v. 12-20 — La source de toute souillure

16.3 - Chapitre 15 v. 21-28 — La femme cananéenne

16.4 - Chapitre 15 v. 29-39 — Seconde multiplication des pains

17 - Chapitre 16

17.1 - Chapitre 16 v. 1-14 — Un signe

17.2 - Chapitre 16 v. 5-12 — Disciples oublieux

17.3 - Chapitre 16 v. 13-20 — Confession de Pierre

17.4 - Chapitre 16 — L’Assemblée

17.5 - Chapitre 16 — Le royaume

17.6 - Chapitre 16 v. 21-28 — Jésus annonce sa mort

18 - Chapitre 17

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18.1 - Chapitre 17 v. 1-8 — La transfiguration

18.2 - Chapitre 17 v. 9-13 — Élie

18.3 - Chapitre 17 v. 14-21 — Impuissance des disciples pour chasser un démon

18.4 - Chapitre 17 v. 24-27 — Les didrachmes

19 - Chapitre 18

19.1 - Chapitre 18 v. 1-5 — Ceux qui entrent et ceux qui sont grands dans le royaume

19.2 - Chapitre 18 v. 6-10 — Les occasions de chute

19.3 - Chapitre 18 v. 10-14 — La valeur d’un seul petit enfant

19.4 - Chapitre 18 v. 15-17 — Comment régler les torts entre frères ?

19.5 - Chapitre 18 v. 18-20 — Je suis là au milieu d’eux

19.6 - Chapitre 18 v. 21-35 — Comment pardonner ?

20 - Chapitre 19

20.1 - Chapitre 19 v. 1-12 — Question touchant le mariage

20.2 - Chapitre 19 v. 13, 14 — Encore les petits

20.3 - Chapitre 19 v. 16-26 — Le jeune homme riche

20.4 - Chapitre 19 v. 27-30 — Récompense des douze

21 - Chapitre 20

21.1 - Chapitre 20 v. 1-16 — L’ouvrier de la onzième heure

21.2 - Chapitre 20 v. 17-19 — En chemin pour Jérusalem

21.3 - Chapitre 20 v. 29-34 — Guérison de deux aveugles

22 - Chapitre 21

22.1 - Chapitre 21 v. 1-11 — Entrée royale de Jésus à Jérusalem

22.2 - Chapitre 21 v. 12-17 — Jésus dans le temple

22.3 - Chapitre 21 v. 18-22 — Le figuier stérile

22.4 - Chapitre 21 v. 23-32 — Jésus et les chefs du peuple

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22.5 - Chapitre 21 v. 33-41 — Parabole des cultivateurs de la vigne

22.6 - Chapitre 21 v. 42-46 — La maîtresse pierre de coin

23 - Chapitre 22

23.1 - Chapitre 22 v. 1-14 — Les noces du fils du roi

23.2 - Chapitre 22 v. 15-22 — À qui payer le tribut ?

23.3 - Chapitre 22 v. 23-33 — Question des sadducéens quant à la résurrection

23.4 - Chapitre 22 v. 34-40 — Question des pharisiens

23.5 - Chapitre 22 v. 41-46 — Question de Jésus aux pharisiens

24 - Chapitre 23

24.1 - Chapitre 23 v. 1-12 — Discours de Jésus aux foules et aux disciples

24.2 - Chapitre 23 v. 13-39 — Sept fois « malheur »

25 - Chapitre 24

25.1 - Chapitre 24 v. 1-3 — Question des disciples touchant le temple

25.2 - Chapitre 24 v. 4-14 — Première partie de la réponse de Jésus

25.3 - Chapitre 24 v. 15-28 — Seconde partie de la réponse de Jésus

25.4 - Chapitre 24 v. 20-31 — La venue du Fils de l’homme

25.5 - Chapitre 24 — À quoi l’on connaîtra la proximité de la venue du Fils de l’homme

25.6 - Chapitre 24 v. 36-44 — Exhortations à la vigilance

25.7 - Chapitre 24 v. 45-51 — L’esclave établi sur les domestiques de la maison

26 - Chapitre 25

26.1 - Chapitre 25 v. 1-13 — Parabole des dix vierges

26.2 - Chapitre 25 v. 14-30 — Parabole des talents

26.3 - Chapitre 25 v. 31 à 41 — Le trône du Fils de l’homme

27 - Chapitre 26

27.1 - Chapitre 26 v. 1, 2

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27.2 - Chapitre 26 v. 3-5 — Premier conseil chez Caïphe

27.3 - Chapitre 26 v. 6-13 — Jésus chez Simon le lépreux

27.4 - Chapitre 26 v. 14-16 — Judas vend son Maître

27.5 - Chapitre 26 v. 17-25 — La dernière Pâque

27.6 - Chapitre 26 v. 26-30 — Institution de la Cène

27.7 - Chapitre 26 v. 31-35 — Avertissement donné aux disciples

27.8 - Chapitre 26 v. 36-46 — Gethsémané

27.9 - Chapitre 26 v. 47-56 — Arrestation de Jésus

27.10 - Chapitre 26 v. 57-68 — Comparution devant Caïphe

27.11 - Chapitre 26 v. 69-75 — Reniement de Pierre

28 - Chapitre 27

28.1 - Chapitre 27 v. 1-10 — Fin de Judas

28.2 - Chapitre 27 v. 11-26 — Jésus devant Pilate

28.3 - Chapitre 27 v. 27-44 — La crucifixion

28.4 - Chapitre 27 v. 45-49 — L’abandon de Dieu

28.5 - Chapitre 27 v. 50-61 — Mort et ensevelissement de Jésus

28.6 - Chapitre 27 v. 62-66 — La garde au sépulcre

29 - Chapitre 28

29.1 - Chapitre 28 v. 1-14 — Résurrection de Jésus

29.2 - Chapitre 28 v. 5-10 — Apparition de l’ange aux femmes

29.3 - Chapitre 28 v. 16-20 — Jésus et ses disciples en Galilée

1 - Avant-propos
Le mot évangile signifie : « Bonne nouvelle ». En effet, quelle bonne nouvelle que celle qui
présente aux hommes un Sauveur parfait, expression de l’amour de Dieu pour eux !

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Nos lecteurs savent que les Évangiles sont au nombre de quatre et que tous, ils racontent la
vie du Seigneur Jésus ici-bas. Mais vous êtes-vous demandé pourquoi Dieu nous a donné
quatre écrits inspirés pour faire connaître la vie de son Fils bien-aimé dans ce monde, lorsqu’il
semble qu’un seul aurait suffi ? La raison se trouve dans le fait que le Seigneur devait être
présenté sous des caractères divers. Un récit unique ne pouvait convenir à l’Esprit de Dieu
pour montrer, dans ses gloires diverses, celui dont les prophètes avaient parlé, qui était tout à
la fois le Messie promis aux Juifs, le fils de David, Emmanuel (Dieu avec nous), le Serviteur
et prophète, le Fils de l’homme, celui qui tout en étant la semence de la femme était en même
temps le Fils de Dieu, Dieu lui-même. Il a fallu, pour révéler une Personne si glorieuse, quatre
récits qui le présentent sous les quatre grands caractères dont les prophètes avaient parlé.

MATTHIEU place devant nous le Seigneur sous le caractère de Messie promis aux Juifs, il
est appelé au premier verset : « Jésus Christ, fils de David, fils d’Abraham ».

MARC raconte la vie du Seigneur comme répondant au caractère de prophète ou de serviteur


dont Ésaïe, entre autres, a parlé (Chap. 42:1 ; 49:3, 5, 6 ; 52:13 ; 62:11). Le Psaume 40 le
montre comme ayant annoncé la justice dans la congrégation d’Israël (v. 9, 10). Moïse a
annoncé un prophète que l’Éternel susciterait au peuple (Deutéronome 18:15, etc.). Voilà déjà
deux caractères du Seigneur qui occupent une grande place dans l’Ancien Testament : celui
de Messie et celui de Serviteur.

Le troisième, non moins glorieux, est celui que LUC présente : le Fils de l’homme, l’homme
selon les conseils de Dieu. Le premier homme, Adam, a, par son péché, perdu droit à tout,
sauf au jugement. Le second homme, semence de la femme — ce qu’Adam n’était pas,
puisqu’il n’était pas né de femme — hérite, en vertu de la rédemption, de tout ce que le
premier a perdu ; c’est pourquoi il dut mourir et tout racheter ; aussi c’est à lui, l’homme
parfait, qu’appartiennent la gloire et la domination sur toute la création, comme on le voit
(Psaume 8:3 à 9 et Daniel 7:13 et 14).

Il reste encore le plus glorieux des caractères de Christ : celui de Fils de Dieu, celui sans
lequel les trois autres ne pouvaient avoir leur réalisation parfaite, car le Messie, le Serviteur,
le Fils de l’Homme, devait être le Fils de Dieu, Dieu manifesté en chair, le Créateur des cieux
et de la terre qui est la lumière et la vie des hommes (Jean 1:4). C’est l’apôtre JEAN qui nous
le présente comme Fils de Dieu ici-bas.

Ces quelques mots aideront nos lecteurs à entrevoir les glorieuses raisons que Dieu a eues
pour faire écrire quatre récits concernant la présentation de son Fils bien-aimé aux hommes.
Vous comprendrez qu’il est absurde d’unifier ces récits comme certains hommes le
voudraient, sous prétexte de rendre les Évangiles plus compréhensibles, en abolissant les
différences et les prétendues contradictions qui s’y trouvent ; ils n’ont pas compris que ce sont
quatre récits différents, et très différents, et non quatre répétitions plus ou moins
concordantes.

L’évangéliste conduit par l’Esprit de Dieu, et non remis aux soins de sa mémoire, a, dans
chacun des Évangiles, rapporté les récits, les miracles, les paraboles, qui servaient à mettre en
relief les caractères du Seigneur que Dieu voulait présenter ; de là proviennent les différences
que l’on y trouve. Tout ce que le Seigneur a dit et fait, quoique parfait, n’était pas nécessaire
pour présenter la vérité à l’égard de sa Personne ; aussi ce qui était utile à un évangile ne
l’était pas toujours à l’autre, comme le confirme l’exemple suivant : Matthieu annonce la
naissance du Messie, le roi des Juifs ; ce sont des mages, des gens de cour royale, qui viennent

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lui rendre l’hommage dû à un roi ; ils lui apportent des dons, de l’or, de l’encens et de la
myrrhe ; tout y est en rapport avec le caractère de roi. Marc, qui présente le ministère du
Serviteur, ne parle pas de sa naissance. Il n’est pas nécessaire de connaître la naissance ou la
généalogie d’un serviteur ; on attend de lui l’accomplissement de son service. Luc, au
contraire, entre dans beaucoup de détails relatifs à la naissance du Fils de l’homme, la
semence de la femme, entrant dans ce monde dans l’humilité la plus profonde. Il est adoré par
d’humbles bergers dans une étable ; et les anges qui célèbrent sa naissance disent : « Gloire à
Dieu dans les lieux très hauts ; et sur la terre, paix ; et bon plaisir dans les hommes » (Luc
2:14). Tout cela, avec d’autres détails encore, est en accord parfait avec le caractère de Fils de
l’homme. En Jean, pourrait-il y avoir une généalogie ou une naissance, puisque le sujet est le
Fils de Dieu ? Absolument pas ! « Au commencement — des choses créées — était la Parole ;
… et la Parole était Dieu » (Jean 1:1). Et lorsqu’il s’agit de sa présence au milieu des
hommes, il est dit : « Et la Parole devint chair, et habita au milieu de nous (et nous vîmes sa
gloire, une gloire comme d’un fils unique de la part du Père) » (Jean 1:14). On voit que pas un
détail de chacun de ces récits ne peut être remplacé par ceux d’un autre. En en faisant un seul,
on ne distingue plus rien. Il en est ainsi tout au long des quatre évangiles, quoique ce ne soit
pas toujours facile à discerner.

2 - Chapitre 1
2.1 - Chapitre 1 v. 1-17 — La généalogie de Jésus Christ

Le Seigneur Jésus est donc présenté en Matthieu comme l’objet des promesses et des
prophéties faites au peuple de l’Éternel (on pense qu’il a été écrit pour les croyants d’entre les
Juifs, afin de fortifier leur foi en la personne de leur Messie que le peuple avait rejeté ; de là
viennent les nombreuses citations de l’Ancien Testament, surtout d’Ésaïe, qui a beaucoup
parlé du Christ). La généalogie est, comme le premier verset l’indique, celle de Jésus Christ,
fils de David, fils d’Abraham, l’héritier des promesses faites à Abraham, et l’héritier du trône
de David. Elle part d’Abraham et traverse trois séries de quatorze générations chacune, pour
arriver à Joseph, le mari de Marie, mère de Jésus. C’est la généalogie officielle du Seigneur,
seule valable pour les Juifs, parce qu’elle devait être la généalogie paternelle ; elle était donc
celle de Joseph, qui était estimé parmi les Juifs être le père de Jésus (voir Luc 3:23). Les trois
séries de générations correspondent aux trois grandes phases de l’histoire d’Israël depuis
l’appel d’Abraham : d’Abraham à David (v. 2 à 6) ; de David à la transportation de Babylone
(v. 7 à 11) ; et de la transportation à la naissance de Christ (v. 12 à 16).

Si la venue du Christ au milieu de son peuple répondait aux promesses faites dès longtemps,
elle était toutefois en rapport avec la grâce de Dieu envers le peuple ; et le Seigneur naissant
dans ce monde ne pouvait pas surgir d’une race d’hommes illustres dont l’histoire serait sans
taches, puisqu’il descendait ici-bas comme Sauveur d’une race perdue. Sa gloire ne provenait
donc pas de ses pères selon la chair, mais bien de ce qu’il était en lui-même, venu du ciel pour
apporter la grâce et la vérité. Ainsi c’est sur le pied de la pure grâce qu’il est en rapport avec
son peuple. Aussi voyons-nous dans cette généalogie glorieuse pour le Juif orgueilleux de
descendre d’Abraham et de David, des noms qui nous rappellent de tristes choses ; car à côté
d’hommes d’heureuse mémoire, tels qu’Abraham, David, Ézéchias, Josias, nous voyons des
rois impies tels que Joram, Achaz, Manassé.

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En outre, l’Esprit de Dieu a trouvé bon de mentionner des personnes faciles à omettre dans
une généalogie officielle, si Dieu n’avait pas eu des raisons spéciales pour les citer ; ce sont
quatre femmes au souvenir desquelles se rattachent des faits humiliants dans l’histoire des
ancêtres. Thamar (v. 3), rappelle l’immoralité de Juda. Rahab (v. 5), une prostituée
cananéenne, reçut les espions envoyés par Josué à Jéricho. Ruth (v. 5), n’a rien de
déshonorant dans sa vie, sauf qu’elle était une Moabite, — et l’Éternel avait dit de ce peuple
qu’ils n’entreraient jamais dans la congrégation d’Israël. Puis le nom de la mère de Salomon
(v. 6) rappelle le grave péché de David qui avait fait mourir Urie à la guerre pour prendre sa
femme.

Mais si ces noms font honte au cœur naturel qui cherche des sujets de gloire dans l’homme,
les péchés qu’ils rappellent font ressortir l’immense grâce de Dieu qui s’est occupé de tels
êtres en leur donnant un Sauveur. Nous ne pouvons entrer dans l’histoire de chacune de ces
femmes ; nous y verrions l’activité de leur foi, car là où la grâce de Dieu opère, il y a aussi des
œuvres qui en sont le fruit. Puis Dieu leur a accordé l’honneur de figurer dans la généalogie
du Messie. Combien il est vrai que là où le péché a abondé, la grâce a surabondé (Romains
5:20).

2.2 - Chapitre 1 v. 18 à 25 — Naissance du Seigneur

Le récit de la naissance du Christ, très court dans notre évangile, est raconté de manière à
établir par les Écritures que Jésus, méconnu et rejeté par son peuple, était bien le Messie
promis. L’évangéliste montre que sa naissance eut lieu conformément à cette prophétie
d’Ésaïe 7:14 : « Voici, la vierge concevra et elle enfantera un fils, et appellera son nom
Emmanuel » (Emmanuel veut dire : Dieu avec nous). Un ange annonça à Joseph qu’il ne
devait pas craindre de prendre la vierge Marie pour sa femme, car elle mettrait au monde un
fils, qui, tout en étant bien fils de Marie, serait d’origine divine, ainsi que son nom l’indiquait.
L’ange lui dit : « Tu appelleras son nom Jésus, car c’est lui qui sauvera son peuple de leurs
péchés ». Jésus signifie : l’Éternel-Sauveur. Ce nom nous dit que le Christ est bien l’Éternel,
mais l’Éternel-Sauveur, entrant dans ce monde par la naissance comme un homme, afin de
sauver les pécheurs du milieu de son peuple et du monde entier.

La personne du Seigneur Jésus est merveilleuse et insondable. Il est homme tout en étant
Dieu. Il fallait qu’il en soit ainsi pour que nous ayons un Sauveur. Il fallait qu’il soit homme
pour pouvoir mourir ; mais il fallait qu’il soit Dieu afin de triompher de la mort, ressusciter et
entrer dans la gloire, frayant ainsi au croyant le chemin qui délivre du jugement et amène
jusque dans la sainte présence de Dieu. Aussi l’union de la divinité et de l’humanité de Christ
est-elle un mystère insondable, que Dieu seul connaît et qui fait le sujet de notre adoration et
de nos louanges dès maintenant et pour l’éternité. La personne du Seigneur est si glorieuse
qu’il dit lui-même : « Personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père ». Mais il dit aussi :
« Personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils voudra le révéler »
(Matthieu 11:27). Puissent ceux de nos lecteurs qui ne sont pas encore sauvés, ne pas
méconnaître plus longtemps un tel Sauveur ; car : « Comment échapperons-nous, si nous
négligeons un si grand salut ? » (Hébreux 2:3).

3 - Chapitre 2
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3.1 - Chapitre 2 v. 1-12 — Les mages

Au moment de la naissance du Seigneur, des mages en Orient virent une étoile par laquelle ils
comprirent que le roi des Juifs était né. Ces mages, qui s’occupaient d’astrologie, de magie et
de certaines sciences, étaient en honneur dans les cours royales. Ceux qui sont mentionnés ici,
tout en appartenant à cette classe de savants, étaient sans doute pieux ; ils savaient qu’un roi
était promis aux Juifs et ils l’attendaient (Nombres 24:17). Avertis de sa naissance par
l’apparition de cette étoile, ils se mirent en route afin de lui rendre hommage. Arrivés à
Jérusalem, ils demandent à voir le roi des Juifs qui a été mis au monde, s’attendant sans doute
à trouver la ville remplie de joie par cet événement. Hélas ! il n’en était rien. Le peuple
n’attendait pas plus son roi que les peuples chrétiens n’attendent aujourd’hui la venue du
Seigneur Jésus (1 Thessaloniciens 1:10).

Lorsque Hérode apprit l’arrivée des mages et le but de leur visite, il fut troublé et tout
Jérusalem avec lui. Il réunit donc les principaux sacrificateurs et les scribes, pour leur
demander où le Christ devait naître. Ils lui répondirent : « À Bethléhem de Judée ; car il est
ainsi écrit par le prophète : Et toi, Bethléhem, terre de Juda, tu n’es nullement la plus petite
parmi les gouverneurs de Juda, car de toi sortira un conducteur qui paîtra mon peuple Israël »
(v. 5, 6 et cf. Michée 5:2).

Le trouble causé par la nouvelle de la naissance du roi promis par les Écritures, nous fait voir
dans quel triste état se trouvait le peuple. Ramenés de la captivité, conservés sur leur terre, au
travers de mille difficultés, pour attendre leur Messie ; gémissant sous le joug des Romains ;
ayant sur eux un roi exécrable, le misérable Hérode (*), un étranger ; possédant les Écritures
qui leur annonçaient la délivrance par l’arrivée de leur vrai roi, le fils de David, les Juifs ne
l’attendent nullement ; au contraire, sa naissance les troubla au lieu de les réjouir. Cela nous
fait voir que la présence de Dieu gêne les hommes plus que leurs maux et leurs peines. Hélas !
comme nous l’avons dit : Aujourd’hui, avec la lumière du christianisme, on n’attend pas
davantage le Seigneur, et pourtant chacun, comme les sacrificateurs et les scribes d’alors,
possède la parole de Dieu qui enseigne clairement que le Seigneur va revenir. Il y a longtemps
que l’Église professante a perdu de vue cette vérité, qui déplaît au cœur naturel et qui effraie
le monde, car après l’enlèvement des saints, éclateront les jugements apocalyptiques. « Le
jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit. …Alors une subite destruction viendra
sur eux … et ils n’échapperont point » (1 Thessaloniciens 5:1-3), tandis qu’il apparaîtra « à
salut à ceux qui l’attendent » (Hébreux 9:28). Tous nos lecteurs l’attendent-ils ?

(*) Cet Hérode est appelé dans l’histoire « Hérode le Grand ». D’origine Iduméenne (les
Iduméens étaient issus d’Edom et n’avaient aucun droit à régner en Israël), il était par un de
ses nombreux mariages, allié à la célèbre famille juive des Macchabées. C’est par finesse
qu’il obtint des Romains le trône de Judée. Véritable tyran, cruel, ambitieux, il faisait mourir
tous ceux qui lui portaient ombrage, dans le peuple comme dans sa famille. Soupçonneux,
méfiant, ce qui arrive lorsqu’on a mauvaise conscience, il se débarrassait de ce qui le gênait.
Cela fait comprendre le peu de cas qu’il fit de la vie des petits enfants de Bethléhem, pensant
atteindre dans le nombre un prétendant au trône qu’il occupait à tort. Pour rendre son règne
tolérable aux Juifs, qui naturellement le haïssaient, il fit restaurer splendidement le temple de
Jérusalem. On travailla quarante-six ans à cette reconstruction ; c’est à ce temps que les Juifs
font allusion en Jean 2:20. Hérode mourut l’année après le massacre des enfants de
Bethléhem, après un règne de trente-quatre ans.

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Son fils Archélaüs lui succéda ; il fut aussi cruel que son père. Son règne fut court.

Hérode, dont il est parlé dans les évangiles, pendant le ministère du Seigneur, était un autre
fils d’Hérode le Grand, mais il était, comme nous le voyons en Luc 3:1, tétrarque de la Galilée
(Le titre de Tétrarque désignait à l’origine celui qui gouvernait la quatrième partie d’un État
démembré). Il régna jusqu’après la mort du Seigneur.

Le roi Hérode, nommé Hérode-Agrippa I dans l’histoire, dont il est parlé au chap. 12 des
Actes, sans être fils du précédent, était petit-fils d’Hérode le Grand et roi de Judée.

Agrippa II devant lequel l’apôtre fit son apologie à Césarée, était aussi un Hérode, fils du
précédent.

Personne n’était plus troublé à Jérusalem qu’Hérode, le faux roi des Juifs. Aussi appela-t-il
secrètement les mages pour savoir quand l’étoile leur était apparue ; puis il les envoya à
Bethléhem, leur disant de revenir auprès de lui lorsqu’ils auraient trouvé le petit enfant,
feignant de vouloir, lui aussi, lui rendre hommage, tandis que son cœur était rempli du désir
de le faire mourir.

Dieu guidait ces mages pieux ; il se servait de la connaissance qu’avaient les sacrificateurs
pour leur enseigner où ils trouveraient Celui qu’ils cherchaient, et, lorsqu’ils furent en route, il
fit apparaître l’étoile qu’ils avaient vue en Orient ; elle alla devant eux et se tint au-dessus du
lieu où était Jésus. « Quand ils virent l’étoile, ils se réjouirent d’une fort grande joie. Et étant
entrés dans la maison, ils virent le petit enfant avec Marie sa mère ; et, se prosternant, ils lui
rendirent hommage ; et ayant ouvert leurs trésors, ils lui offrirent des dons, de l’or, et de
l’encens, et de la myrrhe » (v. 10, 11). Dieu veillait à ce que son Fils reçut, à son entrée dans
ce monde, les honneurs dus à un roi. Puisque les chefs de son peuple n’étaient pas en état de
les lui rendre, il trouva ces sages d’entre

les Gentils pour accomplir ce service. En Luc, d’humbles bergers sont admis à voir le
Seigneur à sa naissance, puisque le peuple ne l’attendait pas.

Dès le début de sa vie ici-bas, le précieux Sauveur a été méconnu et méprisé ; mais Dieu a
toujours opéré dans le cœur de quelques-uns pour les amener à le discerner, le recevoir et
l’honorer. Il en est de même aujourd’hui.

3.2 - Chapitre 2 v. 13-18 — Hérode et les enfants de Bethléhem

Dieu veillait sur le divin enfant qui, par sa naissance dans ce monde, était exposé à la haine de
Satan et des hommes.

Connaissant les criminelles intentions d’Hérode, Dieu avertit les mages de retourner dans leur
pays sans passer auprès du roi, ce qu’ils firent (v. 12). Après leur départ, Joseph eut un songe
dans lequel le Seigneur lui apparut et lui dit : « Lève-toi, prends le petit enfant et sa mère, et
fuis en Égypte, et demeure là jusqu’à ce que je te le dise ; car Hérode cherchera le petit enfant
pour le faire périr » (v. 13).

12
Avant même qu’Hérode ait formé son dessein criminel, Dieu ordonnait à Joseph de fuir en
Égypte. Le misérable roi ignorait qu’au-dessus de lui il y en avait un qui « connaît les pensées
des hommes » (Psaume 94:11), et il savait encore moins quelle était la gloire de ce petit
enfant, auquel personne ne pouvait ôter la vie, car Jésus ne mourut qu’en se livrant lui-même.
Toutefois, pour protéger son Fils, Dieu n’a pas voulu accomplir un miracle qui aurait attiré
l’attention des hommes, mais il prévint Joseph en silence, comme si Jésus avait pu être mis à
mort. Puis cela permettait l’accomplissement de cette prophétie d’Osée : « J’ai appelé mon
fils hors d’Égypte » (Osée 11:1). Comme Israël avait été appelé hors d’Égypte autrefois,
Christ devrait l’être, lui aussi, le vrai Israël ; mais avec cette différence que Celui qui devait
sortir d’Égypte, n’avait pas besoin d’être délivré, comme Israël l’avait été : il venait lui-même
pour délivrer le peuple du pouvoir d’un plus puissant que le Pharaon.

Hérode, voyant que les mages s’étaient joués de lui, fut fort en colère. L’origine et le caractère
de cette colère sont faciles à comprendre : Satan savait que la semence de la femme devait lui
briser la tête ; aussi, depuis la chute, fit-il tout son possible pour empêcher l’exécution de cette
sentence. Sachant que cette semence, Christ, surgirait du peuple juif, il essaya maintes fois
d’exterminer cette race, comme en Égypte, lorsque le Pharaon ordonna de jeter les enfants
mâles des Hébreux dans le fleuve. Souvent il amena le peuple sous les jugements de Dieu en
le poussant à pécher, croyant le détruire de cette manière. La race royale, d’où devait naître le
Christ, fut près d’être anéantie par la reine Athalie ; il n’en resta que Joas, un enfant sauvé par
la fille du sacrificateur Jéhoïada. Dans notre chapitre, c’est Hérode qui est l’instrument du
diable pour faire disparaître Jésus, quand il ordonne de mettre à mort les petits enfants de
Bethléhem. Il crut finalement triompher en poussant les hommes à crucifier le Seigneur, mais
c’est alors qu’il fut rendu impuissant et eut la tête brisée. Apocalypse 12:4, résume tout cet
effort de Satan en nous montrant celui-ci, dans un tableau symbolique, prêt à dévorer
« l’enfant mâle » qui devait naître de la femme, symbole d’Israël.

Mais c’est en vain que Satan et les hommes cherchent à s’opposer à Dieu. Dans un jour à
venir, les rois de la terre se lèveront ensemble contre l’Éternel et contre son Oint, et il est dit :
« Celui qui habite dans les cieux se rira d’eux, le Seigneur s’en moquera » (Psaume 2:4).
Croyant ne pas manquer son but, Hérode fait tuer tous les petits enfants mâles qui se trouvent
dans le territoire de Bethléhem, depuis l’âge de deux ans et au-dessous, selon le temps, est-il
dit, dont « il s’était enquis… auprès des mages » (v. 16). On peut comprendre d’après ce
passage qu’il s’était écoulé environ deux ans depuis que l’étoile était apparue aux mages en
Orient, leur annonçant la naissance du Seigneur. Donc le petit enfant Jésus était en tout cas
dans sa deuxième année à ce moment-là (*).

(*) En prêtant attention au récit biblique. on voit qu’il est absurde de placer les mages et les
bergers ensemble à l’étable de Bethlehem, comme on l’a fait dans certains chants et récits
relatifs à la naissance du Seigneur, puisque les bergers paraissent à sa naissance, tandis que les
mages ne vinrent qu’environ deux ans plus tard.

La douleur causée à Bethléhem par le massacre de ces enfants entrait dans l’accomplissement
d’une prophétie de Jérémie (chap. 31:15) : « Une voix a été ouïe à Rama, des lamentations, et
des pleurs, et de grands gémissements, Rachel pleurant ses enfants ; et elle n’a pas voulu être
consolée, parce qu’ils ne sont pas ». Rama désigne la contrée dans laquelle était située

13
Bethléhem. Si le Seigneur avait été reçu, accomplissant la restauration d’Israël dont parle ce
chap. 31 de Jérémie, ces petits enfants n’auraient pas été mis à mort ; ils auraient joui de son
règne ; mais ayant participé immédiatement à la réjection de Christ, ils auront leur part avec
lui dans la gloire céleste, ce qui vaut encore infiniment mieux. Pour la terre, il est vrai, leur
mort est un sujet de pleurs. Il est triste aussi de penser qu’un des premiers effets de la
présence de Christ ici-bas, a été le massacre de ces petits enfants : cela montre ce qu’est le
cœur de l’homme. Mais, comme quelqu’un l’a dit : « Si la terre se vide, c’est pour remplir le
ciel ». Le but de Dieu est de peupler, avec des hommes parfaitement heureux, une terre
nouvelle ; voilà pourquoi, dans son insondable amour, il a fait descendre son Fils bien-aimé
sur cette terre corrompue et remplie de violence.

3.3 - Chapitre 2 v. 19-23 — Retour d’Égypte

Un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, en Égypte, pour lui annoncer qu’Hérode était
mort : « Lève-toi », lui dit-il, « et prends le petit enfant et sa mère, et va dans la terre
d’Israël ». Comme il avait obéi pour s’en aller, il obéit maintenant pour revenir. En chemin,
apprenant qu’Archélaüs régnait en Judée, il craignit d’y aller, sachant, sans doute, que le fils
était aussi cruel que le père. Averti encore divinement en songe, Joseph se retira en Galilée et
alla se fixer à Nazareth où il habitait auparavant, comme nous l’apprend l’évangile selon Luc
(1:26, 27 et 2:4). Marie et Joseph avaient quitté cette ville pour venir à Bethléhem en vue du
recensement ordonné par l’empereur Auguste, circonstance dont Dieu se servit pour que son
Fils naisse à Bethléhem, selon les Écritures. Ils revinrent à Nazareth non seulement à cause de
la méchanceté d’Archélaüs, mais afin que s’accomplisse encore cette parole des prophètes :
« Il sera appelé Nazaréen ». Ce terme indique non seulement qu’il venait de cette ville, dont le
nom signifie : « séparé, consacré », mais désignait aussi le caractère de Jésus comme le vrai
Nazaréen, l’homme absolument séparé de toute influence de ce monde pour servir Dieu dans
une parfaite consécration. Sa perfection comme nazaréen provenait de sa divinité, mais se
réalisait dans sa parfaite humanité. Le nom de nazaréen était aussi un terme de mépris par
lequel l’homme, dans son aveuglement et sa haine, désignait Celui qui, dans sa parfaite
sainteté, était l’expression de l’amour de Dieu pour le pécheur. Car Nazareth était un endroit
méprisé dans la contrée de Galilée, qui, elle-même aussi, était méprisée par les Juifs (*).

(*) Quoique les Galiléens fussent Juifs, les Juifs, dans les évangiles, sont les habitants de la
Judée.

Dans quelle humilité le Seigneur est venu pour nous sauver, chers lecteurs, lui, le Fils éternel
de Dieu, Dieu lui-même, s’anéantissant comme tel, prenant la forme d’esclave ! Trouvé en
figure comme un homme, il s’est abaissé lui-même (Philippiens 2:7, 8). Dès sa naissance, il
est méprisé et délaissé des hommes, celui qui réalise dans toute sa vie ici-bas, qu’il est
l’« homme de douleurs, et sachant ce que c’est que la langueur, et comme quelqu’un de qui on
cache sa face ; il est méprisé, et nous n’avons eu pour lui aucune estime » (Ésaïe 53:3). Dès
son entrée dans ce monde, il doit fuir la persécution ; rentré dans son pays, la méchanceté de
l’homme le contraint à se retirer dans une contrée et dans une localité méprisées par l’orgueil
du Juif ; et là, dans l’humilité, il passe trente années sur lesquelles nous n’avons pas de

14
détails, sauf ce qui est rapporté en Luc 2:41 à 52. Il travaillait du métier de Joseph, car non
seulement il est appelé : « le fils du charpentier », mais aussi : « le charpentier », en Marc 6:3.

Cet abaissement du Sauveur ne touche-t-il pas nos cœurs, lorsque nous nous disons en le
considérant : « C’est pour moi qu’il a quitté la gloire pour prendre une telle place dans ce
monde, et finalement, pour subir sur la croix le jugement terrible que j’avais mérité à cause de
mes nombreux péchés » ? Combien alors, la vie de ceux qui connaissent le Sauveur et
jouissent de son amour, ne doit-elle pas lui être consacrée et ressembler à la sienne, dans
l’humilité, le renoncement, ces caractères du nazaréen, séparé de toute souillure, consacré à
Dieu, que lui a réalisés dans toute leur perfection ? Si nous avons le privilège de croire en ce
Sauveur bien-aimé, imitons son exemple. Le secret pour suivre sa trace, c’est de l’aimer, et le
secret pour l’aimer, c’est de penser à son amour pour nous, et d’en jouir.

4 - Chapitre 3
4.1 - Chapitre 3 v. 1-12 — Jean le Baptiseur

Le temps arrive où Christ doit être manifesté à Israël ; mais le Seigneur ne pouvait prendre
place au milieu de son peuple dans le triste état où il se trouvait, sans une œuvre opérée dans
les cœurs. Ésaïe avait prophétisé que la venue du Seigneur serait annoncée et préparée par un
précurseur : « Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, faites
droits ses sentiers » (Ésaïe 40:3). Ces paroles font allusion à ce qui se passait autrefois au
moment de l’arrivée d’un souverain. Les routes n’étant pas entretenues comme elles le sont
aujourd’hui, on faisait enlever les obstacles, niveler et redresser les chemins, de manière à
faciliter la marche du roi et de sa suite. Ici, la préparation pour la réception du roi était
morale ; elle devait s’accomplir dans les cœurs, par l’action de la parole de Dieu et du Saint
Esprit. Jean le Baptiseur avait reçu de Dieu cette mission au milieu du peuple. Matthieu ne
parle pas de la naissance de Jean, mais Luc en donne le récit détaillé et intéressant. Ici,
comme en Marc, Jean apparaît soudain, prêchant dans le désert de la Judée et disant :
« Repentez-vous, car le royaume des cieux s’est approché ». Chose étrange que de voir
quelqu’un prêcher dans un désert, mais ce désert représente ce qu’est pour Dieu le cœur du
peuple, le cœur naturel de tout homme. Quelle merveilleuse bonté de sa part, qu’il ait fait
prêcher les richesses de sa grâce. En effet, Jean avait vécu dans la solitude, dans une
séparation entière d’avec un peuple corrompu. Il portait le vêtement des prophètes (voir 2
Rois 1:8) : un manteau de poil de chameau et une ceinture de cuir autour de ses reins ; il se
nourrissait de sauterelles et de miel sauvage (v. 4). Les sauterelles, grosses et abondantes en
Orient, servent encore à l’alimentation des habitants de ces contrées. Mais celui qui vit pour
Dieu, séparé de ce monde, ne se nourrit pas de ce que le monde peut fournir.

Le Seigneur, ou l’Éternel, allait venir dans la personne de Jésus. Le royaume des cieux
s’approchait, celui dont le gouvernement siège dans le ciel, en contraste avec les royaumes
dont le gouvernement est de la terre. Le Seigneur ne pouvait pas établir son règne sur le
peuple dans l’état de péché qui caractérisait celui-ci. S’il s’était présenté soudain dans
l’exercice de son pouvoir, il aurait anéanti par le jugement ce peuple, composé uniquement
d’hommes pécheurs. Comment donc un pécheur aurait-il place dans un royaume où seul ce
qui est de Dieu peut subsister ? C’est ce que Jean annonçait en prêchant la repentance et en
disant au peuple de croire en celui qui devait venir (Actes 19:4). Il se tenait à part du peuple,
comme nous l’avons vu. On venait à lui de partout ; on confessait ses péchés, puis on était
15
baptisé dans le Jourdain, du baptême de la repentance, et rendu propre pour recevoir le
Messie. Dieu agit d’après le même principe pour la conversion du pécheur aujourd’hui ; Dieu
lui offre le ciel ; mais à cause de son absolue sainteté, le pécheur ne peut y entrer. Que doit-il
faire ? Confesser ses péchés. Ne pas dire seulement : « J’ai eu tort », mais dire : « Voilà ce
que j’ai fait », en reconnaissant le jugement qu’il a mérité. Alors il pourra s’écrier, avec le
psalmiste : « Je t’ai fait connaître mon péché, et je n’ai pas couvert mon iniquité ; j’ai dit : Je
confesserai mes transgressions à l’Éternel ; et toi, tu as pardonné l’iniquité de mon péché »
(Psaume 32:5).

Tous ceux qui venaient à Jean en toute droiture de cœur, confessant leurs péchés, étaient
propres à recevoir le Seigneur, qui par ses souffrances à la croix, en ferait l’expiation. Mais il
se trouvait là aussi des pharisiens et des sadducéens qui voulaient participer au royaume des
cieux en vertu de leur position nationale et religieuse, croyant que, pour obtenir cette part, il
suffisait d’appartenir à la race d’Abraham, sans que leur état de péché fût en jeu. Ils se
trompaient entièrement, car ce n’est qu’en vertu de la grâce, par laquelle Dieu pardonne au
pécheur, que le Juif, comme tout homme, peut jouir des bénédictions apportées par le
Seigneur. Aussi Jean, indigné de leur manque de conscience et de leur mépris des droits et du
caractère de Dieu, leur dit : « Race de vipères, qui vous a avertis de fuir la colère qui vient ? »
Il ne leur dit pas qu’ils sont trop mauvais pour éviter cette colère, mais : « Produisez donc du
fruit qui convienne à la repentance », c’est-à-dire : « Reconnaissez avec droiture votre état de
péché, confessez-le, et que votre marche réponde à vos paroles ». Il faut des fruits qui
prouvent la réalité de ce que l’on professe. C’était inutile de se vanter de sa position d’enfant
d’Abraham ; l’épreuve que Dieu avait faite de ce peuple et, par lui, du cœur de tout homme,
était à son terme et n’attirait sur lui que le jugement. Aussi Jean ajoutait : « Déjà la cognée est
mise à la racine des arbres ; tout arbre donc qui ne produit pas de bon fruit est coupé et jeté au
feu ». Le jugement ne s’exécutait pas encore, la hache n’était pas encore levée ; elle était
posée au pied de l’arbre, prête à frapper, si les fruits de la repentance ne se produisaient pas.

Jean annonce ensuite l’arrivée de Celui qui venait après lui, qui était plus puissant que lui,
dont il n’était pas digne de porter les sandales ; il ne baptiserait pas d’eau, mais de l’Esprit
Saint et de feu : de l’Esprit Saint, qui serait la puissance de vie par laquelle ceux qui croyaient
pourraient servir et glorifier Dieu dans le nouvel état de choses que le Seigneur introduirait ;
de feu, c’est-à-dire du jugement de Christ sur ceux qui ne le recevraient pas. « Il a son van
dans sa main, et il nettoiera entièrement son aire et assemblera son froment dans le grenier ;
mais il brûlera la balle au feu inextinguible ». Le van sert à séparer la balle du grain, lorsqu’on
a battu le blé. L’aire était Israël, et le Seigneur venait pour accomplir ce triage et exécuter plus
tard le jugement. C’est ce que les Juifs alors, ainsi que tout homme aujourd’hui, avaient à
prendre en considération, afin d’agir en conséquence, en acceptant, comme pécheurs
coupables, la grâce venue dans la personne de Celui qui sera le Juge pour ceux qui l’auront
rejeté comme Sauveur.

4.2 - Chapitre 3 v. 13-15 — Baptême de Jésus

Quelle scène merveilleuse ces versets placent devant nous ! Nous venons d’entendre la
solennelle invitation à la repentance, adressée par Jean au peuple, quand il annonce l’arrivée
d’un plus puissant que lui, le Seigneur, qui sauverait les siens de leurs péchés.

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Le peuple attendait Celui qui allait paraître. D’où viendrait-il ? Comment apparaîtrait-il ?
Quel serait son aspect ?

Un jour, sur les bords du Jourdain, arrive auprès de Jean un homme venu de Nazareth de
Galilée, le plus humble des hommes qui n’ait jamais été vu sur la terre. Il demande le
baptême, lui aussi. Jean, enseigné de Dieu, le reconnaît aussitôt (Jean 1:29-31), et veut
l’empêcher de se faire baptiser, disant : « Moi, j’ai besoin d’être baptisé par toi, et toi, tu viens
à moi ! » Que pouvait penser le peuple qui assistait à cette scène ? Celui-là serait-il donc le
Messie ? Comment se fait-il qu’il demande le baptême, lui, dont Jean a dit qu’il n’était pas
digne de porter les sandales, lui qui doit exercer le jugement sur les pécheurs, lui qui n’a point
de péchés à confesser ? Oui, c’est bien lui, mais, mystère insondable ! au lieu d’apparaître
dans l’éclat de sa gloire messianique, il vient en grâce se joindre aux pécheurs repentants,
prendre place au milieu d’eux ? Il les accompagne dès leurs premiers pas dans le chemin que
Dieu leur ouvre pour les sortir de leur triste condition, pour les conduire aux bénédictions
qu’il venait leur apporter, avant d’accomplir son oeuvre en jugement. Ces pécheurs repentants
étaient les seuls sur la terre d’Israël en qui il puisse prendre plaisir ; c’est ce qu’exprime le
Psaume 16:3 : « Tu as dit aux saints qui sont sur la terre, et aux excellents. En eux sont toutes
mes délices ». Le Seigneur formule la même pensée quand il dit : « Il y aura de la joie au ciel
pour un seul pécheur qui se repent, plus que pour quatre-vingt-dix neuf justes qui n’ont pas
besoin de repentance » (Luc 15:7). Quel amour que celui dont Jésus a été l’expression ici-bas
et qui trouve son plaisir, sa satisfaction dans un pécheur qui se repent ! C’est au milieu de ces
pécheurs que nous verrons ce précieux Sauveur tout le long de son ministère ici-bas ; et pour
l’éternité, ce sont eux encore, alors glorifiés, qui l’entoureront en célébrant sa grâce et sa
gloire dans un monde nouveau. Dieu veuille que tous nos lecteurs soient du nombre !

À Jean le Baptiseur qui, par une humilité bien compréhensible, refusait de le baptiser, Jésus
répond : « Laisse faire maintenant, car ainsi il nous est convenable d’accomplir toute justice ».
Là encore, nous voyons la grâce merveilleuse et condescendante qui le fait s’associer aux
pécheurs repentants et à Jean comme serviteur, en lui disant : « Il nous est convenable
d’accomplir toute justice ». C’était juste, pour celui qui entrait par la repentance dans le
chemin de Dieu, de se faire baptiser ; le Seigneur qui entre en grâce dans ce chemin, comme
homme, ne veut pas qu’il y ait d’exception pour lui ; Jean doit donc accomplir ce qui est juste
à cet égard.

4.3 - Chapitre 3 v. 16, 17 — Le Saint Esprit descendant sur Christ

De sa demeure céleste, Dieu contemplait cette scène merveilleuse, où l’objet de ses délices
éternelles, l’homme de ses conseils, était confondu avec les autres hommes et refusait toute
distinction. Alors il proclame lui-même publiquement ce qui distingue son Fils. Jésus ayant
été baptisé, « les cieux lui furent ouverts, et il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une
colombe, et venir sur lui. Et voici une voix qui venait des cieux, disant : Celui-ci est mon Fils
bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir ».

De grandes et merveilleuses choses sont présentées dans ce moment sublime. Énumérons-en


seulement quelques-unes :

1° Le ciel est ouvert, afin que les regards de Dieu et son bon plaisir reposent sur un objet
selon son cœur, chose que Dieu n’avait pu faire jusqu’ici à l’égard d’aucun homme.

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2° Dieu lui-même proclame que Jésus était son propre Fils.

3° La Trinité se manifeste pour la première fois : le Père envoyant le Saint Esprit sur le Fils.
Cette pleine révélation de Dieu caractérise les bénédictions du christianisme, où Dieu est
révélé comme Père par le Fils et où le Saint Esprit est le sceau par lequel Dieu reconnaît le
croyant comme enfant. C’est la grâce parfaite.

4° Le Seigneur est scellé du Saint Esprit en vertu de sa nature divine, absolument exempte de
toute tache, afin que, dans la puissance de cet Esprit, cet Homme divin accomplisse son
ministère de grâce au milieu des hommes, tandis que le croyant ne peut être scellé du Saint
Esprit qu’une fois accomplie l’œuvre expiatoire de Christ. Dieu ne peut le reconnaître comme
enfant avant qu’il n’ait été purifié de ses péchés par le sang de Christ.

Remarquons aussi la forme sous laquelle le Saint Esprit descend sur Christ. La colombe
exprime l’humilité, la grâce, la douceur qui l’ont caractérisé dans son service d’amour ici-bas.

Quels sujets infinis les évangiles placent devant nous ! Quelle profondeur divine nous
entrevoyons dans la glorieuse personne de Jésus, l’Homme-Dieu venu en grâce au milieu des
pécheurs ! Mais c’est encourageant de savoir que, si ces choses merveilleuses sont cachées
aux sages et aux intelligents, cachées à la raison humaine, elles sont révélées aux petits
enfants, c’est-à-dire aux croyants.

5 - Chapitre 4
5.1 - Chapitre 4 v. 1-11 — La tentation

Nous avons vu le Seigneur prendre place au milieu des pécheurs repentants. Nous le suivrons
dans l’activité de sa grâce ; mais auparavant, nous le voyons emmené par l’Esprit pour être
tenté par le diable ; car il est le second Homme, l’Homme obéissant, qui vient remplacer le
premier homme, Adam, l’homme désobéissant.

Au commencement, après avoir préparé sur la terre un lieu de délices, Eden, Dieu y plaça
Adam, chef de la création, capable de jouir d’un bonheur parfait dans l’innocence, à la seule
condition d’obéir à la parole de Dieu. Il ne devait pas manger du fruit défendu. Dans cet
heureux état, Satan vint tenter nos premiers parents en leur offrant autre chose que ce que
Dieu leur avait accordé, en les engageant à faire ce qui leur était interdit. Hélas ! ils
désobéirent à Dieu ; ils tombèrent sous le pouvoir de l’ennemi, et subirent dès lors, ainsi que
tous leurs descendants, les conséquences de leur désobéissance. Aussitôt après, Dieu dit à
Satan que la semence de la femme lui briserait la tête (Genèse 3:15), c’est-à-dire lui ôterait
son pouvoir. Cette semence de la femme est le second Homme venu du ciel, que nous voyons
entrer en scène dans notre chapitre. Il est seul de sa race, aussi seul qu’Adam au jour où il fut
placé en Eden ; le seul, au milieu de tous les hommes, dont Dieu puisse dire : « Celui-ci est
mon Fils bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir ». Mais quelle différence quant aux
circonstances où ces deux hommes se trouvaient ! Le premier était au sein du paradis
terrestre ; le second entre dans le même monde, mais ruiné par le péché, un monde devenu un
désert, un lieu où Dieu ne trouve rien qui puisse le satisfaire, un lieu souillé, hanté par les
bêtes sauvages (Marc 1:13), où Satan agit en maître. Voilà ce qu’est devenu, ensuite de la

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désobéissance du premier Adam, la scène de ce monde, autrefois lieu de délices, et dans ces
circonstances Jésus vient recommencer l’histoire du second homme, l’homme obéissant. Il dit
en entrant dans le monde : « Voici, je viens — il est écrit de moi dans le rouleau du livre —
pour faire, ô Dieu, ta volonté » (Hébreux 10:7). La volonté de Dieu était pour Christ la règle
absolue. Alors Satan se présente pour tenter Christ, comme il l’avait fait avec Adam, pensant
l’amener sous son pouvoir et l’empêcher d’accomplir la volonté de Dieu ; mais il trouve son
vainqueur dans l’homme parfaitement obéissant, ainsi que nous allons le voir.

5.2 - Chapitre 4 v. 1-3 — Première tentation

« Alors Jésus fut emmené dans le désert par l’Esprit pour être tenté par le diable. Et ayant
jeûné quarante jours et quarante nuits, après cela il eut faim. Et le tentateur, s’approchant de
lui, dit : Si tu es Fils de Dieu, dis que ces pierres deviennent des pains » (v. 1-3).

Dieu avait proclamé que Jésus était son Fils bien-aimé. Alors Satan vient, en quelque sorte,
lui dire : « Agis comme Fils de Dieu ; use de ta puissance pour apaiser ta faim ». Si le
Seigneur était le Fils de Dieu, il était aussi l’homme, et c’est comme tel qu’il voulait obéir à
Dieu. Au lieu d’entrer en pourparlers avec Satan, il lui répond d’après la règle que Dieu a
donnée à l’homme pour se conduire dans ce monde : la parole de Dieu, et lui dit : « Il est
écrit : L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de
Dieu » (Deutéronome 8:3). Ainsi donc, tant qu’il n’y aurait pas une parole de Dieu qui lui dise
de faire des pains et de manger, il ne le ferait pas.

Avoir faim est un besoin naturel bien légitime, surtout après avoir jeûné quarante jours, mais
pour Christ, ce n’était pas une raison pour manger, si en cela il n’obéissait pas à Dieu. Il en est
de même pour le croyant aujourd’hui : le motif de nos actes ne doit pas se trouver seulement
dans ce qui est naturel et légitime, mais dans la volonté de Dieu, pour sa gloire : « Soit… que
vous mangiez, soit que vous buviez, ou quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de
Dieu » (1 Corinthiens 10:31). Si Satan vient nous proposer autre chose que ce qui peut se faire
pour le Seigneur, répondons-lui, comme Jésus, par la parole de Dieu ; c’est le seul moyen
d’obtenir la victoire, car il ne peut rien contre l’obéissance.

5.3 - Chapitre 4 v. 5-7 — Seconde tentation

Satan vaincu une première fois, en tentant le Seigneur par une chose nécessaire au corps,
l’attaque une seconde fois par une tentation spirituelle. Pour cela il emploie la Parole, en
citant un passage des Psaumes qui garantit la protection de Dieu au Messie, ce que Jésus était
précisément. Il « le transporte… sur le faîte du temple, et lui dit : Si tu es Fils de Dieu, jette-
toi en bas, car il est écrit : Il donnera des ordres à ses anges à ton sujet, et ils te porteront sur
leurs mains, de peur que tu ne heurtes ton pied contre une pierre » (Psaume 91:11, 12). Jésus
lui répond : « Il est encore écrit : Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu » (Deutéronome
6:16). Tenter Dieu, c’est faire quelque chose pour éprouver la vérité de ce qu’il a dit. Nous
pouvons compter sur les promesses de Dieu dans une confiance absolue, sachant que nous en
ferons l’expérience en son temps, si nous demeurons dans le chemin de l’obéissance. Satan
omit intentionnellement une partie du v. 11 du Psaume qu’il cite : « Il commandera à ses
anges à ton sujet, de te garder en toutes tes voies ». Les voies du Seigneur étaient des voies

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d’obéissance. Hors de là, nous ne pouvons compter sur la protection divine. Le Seigneur se
confiait entièrement en son Dieu. Ne dit-il pas : « Garde-moi, ô Dieu ! car je me confie en
toi » (Psaume 16:1) ? Ainsi il était inutile de mettre Dieu à l’épreuve, ce qui s’appelle le
tenter. Satan est vaincu par la citation d’une parole de Dieu. Le Seigneur pouvant dire : « Il
est encore écrit », il est un modèle pour nous.

5.4 - Chapitre 4 v. 8-11 — Troisième tentation

Après cela, le diable le transporte sur une fort haute montagne (*), pour lui montrer tous les
royaumes du monde et leur gloire ; puis il lui dit : « Je te donnerai toutes ces choses, si, te
prosternant, tu me rends hommage ». Ici, Satan essaie de tenter le Seigneur par la gloire du
monde. Il est vrai que Jésus, comme Fils de l’homme, doit recevoir la domination sur tout
l’univers ; les royaumes du monde lui seront assujettis et il recevra la gloire et l’honneur des
nations (Daniel 7:13, 14 ; Apocalypse 21:26 ; Ésaïe 60:11, 12). Mais pour cela, il fallait qu’il
remporte la victoire sur Satan et non qu’il lui rende hommage. Aussi Satan se démasque
complètement en prenant à l’égard de Jésus la place de Dieu, ce qu’il a fait si facilement avec
le premier homme. Jésus lui dit : « Va-t’en, Satan, car il est écrit : Tu rendras hommage au
Seigneur ton Dieu, et tu le serviras lui seul ». Jésus préfère passer par la mort, pour recevoir la
domination des mains de son Dieu, que de reconnaître Satan et la recevoir de lui. À la fin
Satan donnera son pouvoir à l’homme qui, pour un temps, exercera une grande puissance,
mais sera détruit par le souffle de la bouche du Vainqueur de Satan (2 Thessaloniciens 2:8.
Lire aussi Apocalypse 13 et Daniel 11:39).

Satan s’en va, vaincu par l’homme obéissant. Jésus a remporté la victoire ; il a lié l’homme
fort et va piller ses biens (chap. 12:29), c’est-à-dire accomplir son ministère, allant « de lieu
en lieu, faisant du bien, et guérissant tous ceux que le diable avait asservis à sa puissance »
(Actes 10:38).

(*) On lit dans certains livres que le diable transporta le Seigneur en pensée ou en esprit sur le
temple ou sur la montagne. S’il en était ainsi, la Parole l’aurait dit. Ce n’est pas en esprit qu’il
eut faim, ni qu’il alla sur la montagne.

Le diable le laisse et les anges viennent le servir. Les anges sont des esprits administrateurs
envoyés pour servir en faveur de ceux qui doivent hériter du salut (Hébreux 1:14). Jésus,
homme ici-bas, est servi par les anges qu’il avait créés. Combien cela devait paraître étrange à
ces êtres célestes, de venir servir leur créateur qui avait pris la forme d’un homme ! Aussi, ils
désirent regarder de près dans ces choses (1 Pierre 1:12).

Rappelons-nous que c’est par l’obéissance à la Parole que Jésus a obtenu la victoire et que
nous avons le même moyen à notre disposition. Nous sommes faibles et impuissants devant
Satan, mais il ne peut rien contre nous si nous obéissons à la parole de Dieu. C’est pourquoi il
importe de la connaître, afin de pouvoir répondre à l’ennemi : « Il est écrit », et « il est encore
écrit ». Car il sait aussi employer la Parole pour tâcher d’arriver à ses fins : Jamais il n’a été
aussi actif que maintenant. Il est donc important de lire la Bible, dès le jeune âge ; quoique

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l’on ne puisse pas tout comprendre alors, son contenu se grave dans l’esprit plus facilement, la
mémoire n’étant pas encore fatiguée par les choses de la vie ; et ainsi, plus tard, l’Esprit de
Dieu pourra se servir de cette connaissance pour tout ce dont on a besoin (voir Deutéronome
6:6-9).

Souvenons-nous aussi, quant à la gloire de la personne du Seigneur, que la tentation n’a pas
eu lieu pour voir si Christ succomberait, mais pour démontrer qu’il ne pouvait pas
succomber ; car, malheureusement, il n’est pas rare d’entendre mettre cela en question. Ainsi,
celui qui possède Christ pour sa vie, possède une vie mise à l’épreuve en Christ ici-bas et qui
ne peut succomber à la tentation. C’est pourquoi l’apôtre Jean dit : « Celui qui est né de Dieu
se conserve lui-même, et le méchant ne le touche pas » (1 Jean 5:18). Pour réaliser cela
pratiquement, il faut agir comme le Seigneur devant l’ennemi. Et nous le possédons comme
Souverain Sacrificateur, pour nous secourir au moment opportun. « Car en ce qu’il a souffert
lui-même, étant tenté, il est à même de secourir ceux qui sont tentés » (Hébreux 2:18).

5.5 - Chapitre 4 v. 12-17 — Retour de Jésus en Galilée

Maintenant Jésus commence son activité publique (v. 12-17). Ayant lié l’homme fort, il va
piller ses biens, accomplissant son œuvre de grâce, de patience et de miséricorde, au milieu de
ce peuple aveugle qui rejettera son Messie. Déjà son précurseur, Jean le Baptiseur, est jeté en
prison par Hérode, présage de ce qui attend Jésus (v. 12). L’emprisonnement de Jean est
raconté, en même temps que sa mort, au chap. 14:1-12, mais on ne sait au juste combien de
temps il fut captif.

Apprenant le triste sort de Jean, Jésus quitte la Judée et se rend en Galilée où la haine
d’Hérode avait obligé ses parents à se retirer à leur retour d’Égypte. C’était en même temps
l’accomplissement d’une prophétie d’Ésaïe 9:1, 2. Le ministère du Seigneur devait
commencer au milieu des pauvres en Israël, et non au milieu des orgueilleux Juifs de
Jérusalem et de la Judée. La Galilée était, nous l’avons vu, méprisée par les Juifs à cause du
mélange de population étrangère, de son éloignement du centre religieux et de son
incorporation au royaume d’Israël, dont les habitants avaient été transportés en Assyrie sous
Pékakh avant le reste des dix tribus (2 Rois 15:29). Mais selon la belle prophétie d’Ésaïe (*),
c’est là que la lumière devait se lever : « Terre de Zabulon, et terre de Nephthali, chemin de la
mer au-delà du Jourdain, Galilée des nations : le peuple assis dans les ténèbres a vu une
grande lumière ; et sur ceux qui sont assis dans la région et dans l’ombre de la mort, la
lumière s’est levée ». Celui qu’ils connaissaient comme le fils du charpentier, apparaît tout à
coup comme la lumière du monde qui resplendit sur eux. C’est dans cette contrée que Jésus
accomplit la plus grande partie de son ministère.

(*) Ésaie 9:1, 2 ; Matthieu 4:15, 16.

Ce n’était pas que ces gens-là aient été meilleurs que d’autres, car, venu à Nazareth, Jésus en
est chassé (Luc 4:16-30), ce qui l’oblige à aller à Capernaüm. Cette ville se trouvait justement
dans la Basse Galilée, désignée par Ésaïe, sur le passage qui conduisait des bords de la

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Méditerranée en Orient, « le chemin de la mer ». La grâce de Dieu ne regarde pas à ce qu’est
l’homme, sinon pour le sauver. Dieu se plaît à faire briller sa lumière là où les ténèbres sont
les plus profondes, afin de mieux manifester ce qu’il est, et aussi afin de montrer qu’il n’agit
pas à la façon de l’homme, car il s’occupe de ce que nous méprisons le plus.

« Dès lors Jésus commença à prêcher et à dire : Repentez-vous, car le royaume des cieux s’est
approché » (v. 17). Le roi se trouvait là, en effet, mais il fallait se repentir, car il ne pouvait
régner sur des hommes pécheurs et impénitents, qui méconnaissaient l’amour de Dieu.

5.6 - Chapitre 4 v. 18-22 — Appel des disciples

Le Seigneur a voulu s’associer des compagnons dans son œuvre d’amour, et il leur
communiqua plus tard de la puissance pour l’accomplissement de la mission qu’il allait leur
confier.

« Comme il marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon appelé Pierre, et
André son frère, qui jetaient un filet dans la mer, car ils étaient pêcheurs ; et il leur dit : Venez
après moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes ». Les disciples avaient à apprendre ce qu’était
l’amour de Dieu pour eux, afin de pouvoir, eux aussi, travailler à délivrer d’autres hommes de
la misère où le péché les avait plongés. « La mer » représente le monde, dans lequel le filet de
l’Évangile est jeté pour amener des hommes à Dieu (Matthieu 13:47, Jean 21:1-14). Ils
quittèrent tout et le suivirent. Plus loin, deux autres frères, Jacques et Jean, raccommodaient
leurs filets avec leur père. Jésus les appelle aussi ; ils quittèrent la nacelle et leur père, et le
suivirent.

L’appel du Seigneur avait assez de puissance sur leurs cœurs pour les amener à renoncer à
tout afin de le suivre. Lui voulait les former pour le service auquel il les destinait, comme
nous l’avons vu au v. 19. Il en est de même aujourd’hui. C’est le Seigneur lui-même qui
appelle ses serviteurs et qui les forme, sans avoir besoin pour cela du concours de l’homme
qui a voulu lui-même appeler et former les serviteurs de Dieu. Lui dit : « Je vous ferai
pêcheurs d’hommes ».

Du reste le Seigneur appelle aussi tous les pécheurs à le suivre dans le chemin qui mène à la
vie.

Tous mes lecteurs ont sans doute entendu cet appel ? Tous ont-ils répondu ?

5.7 - Chapitre 4 v. 23-25 — Activité de Jésus

Les v. 23-25 nous donnent un résumé de l’activité de Jésus dans son service. Il allait par toute
la Galilée, enseignant dans les synagogues, prêchant l’Évangile du royaume, et guérissant
toutes sortes de maladies parmi le peuple. L’Évangile du royaume est la bonne nouvelle qui
annonce aux hommes l’établissement du royaume de Dieu sur la terre. Il sera de nouveau
annoncé après l’enlèvement des saints, à ceux qui n’auront pas entendu l’Évangile de la grâce,
qui est prêché depuis la mort du Seigneur jusqu’à aujourd’hui.

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La renommée de Jésus se répandit par toute la Syrie ; « et on lui amena tous ceux qui se
portaient mal, qui étaient affligés de diverses maladies et de divers tourments, et des
démoniaques, et des lunatiques, et des paralytiques, et il les guérit. Et de grandes foules le
suivirent de la Galilée, et de Décapolis, et de Jérusalem, et de Judée, et de par-delà le
Jourdain ». On voit par ce merveilleux résumé, quelle activité Jésus a déployée dans ce monde
et combien son ministère s’est étendu au-delà des territoires juifs, jusqu’aux contrées qui
étaient comprises dans l’ancienne délimitation du pays (Josué 1:4 ; Deutéronome 11:24).

Au jour où Christ régnera, la bénédiction s’étendra aussi dans ces limites et jusqu’aux
extrémités de la terre ; certains pays même, tels que l’Assyrie et l’Égypte, seront
particulièrement favorisés (Ésaïe 19:24, 25).

6 - Chapitre 5
6.1 - Chapitre 5 — Le sermon sur la montagne

On donne ce nom aux paroles de Jésus rapportées dans les chapitres 5, 6 et 7. L’Esprit de
Dieu les a groupées en un discours ininterrompu dans cet évangile, quoiqu’elles aient été
prononcées en diverses occasions, comme on le voit dans l’évangile selon Luc 6:20-49, 11:1-
12 ; 12:22-31 ; 16:13.

Non seulement le Seigneur annonçait que le royaume s’était approché et qu’il fallait se
repentir pour y entrer, mais il présente dans ces discours ce qui caractérise ce royaume et ceux
qui en feront partie. Ainsi qu’il est dit de lui : « J’ai annoncé la justice dans la grande
congrégation ; voici, je n’ai point retenu mes lèvres, Éternel ! tu le sais » (Psaume 40:9). Les
Juifs prétendaient avoir droit au royaume, parce qu’ils étaient enfants d’Abraham, mais Jésus
leur enseigne ce qui doit caractériser ceux qui seuls y auront part, ainsi les croyants de nos
jours.

6.2 - Chapitre 5 v. 1-12 — Les « bienheureux »

Le Seigneur commence par désigner les caractères de ceux qu’il appelle « bienheureux » (5:1-
12). Ce ne sont pas ceux que le monde appellerait de ce nom, d’où il découle qu’ils ne sont
pas du monde. Chose remarquable, presque toujours dans la Parole, ceux qui sont ainsi
désignés ont besoin d’encouragements dans une position difficile, tandis qu’il est dit :
« Malheur à vous quand tous les hommes diront du bien de vous » (Luc 6:26). Si l’on est
agréable aux hommes en admettant leurs principes, on aura affaire avec le jugement de Dieu.

Ces « bienheureux », déclarés tels par Celui qui sait ce qu’est le vrai bonheur, sont d’abord les
pauvres en esprit, ceux qui croient Dieu, comme de petits enfants. Ils ne raisonnent pas, ne
font pas valoir leur intelligence pour discuter ce que Dieu a dit. Ils croient ; ils possèdent le
royaume (voir chap. 11:25 ; 18:3 ; 19:14). C’est l’opposé de ce qui caractérise les hommes
aujourd’hui.

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Ceux qui mènent deuil sont aussi « bienheureux » ; ils ne peuvent que pleurer en voyant les
ravages du péché dans le monde, le rejet du roi et de son autorité. Lorsqu’il régnera, ils seront
consolés.

Les débonnaires sont bienheureux. À cause de leur douceur de caractère, ils n’insistent pas sur
leurs droits dans l’état actuel du monde ; quand le roi fera valoir les siens, ils hériteront le
pays (d’Israël).

Ceux qui ont faim et soif de la justice seront rassasiés ; ils ne la trouvent pas dans ce monde ;
ils la recherchent, ainsi que le royaume de Dieu (chap. 6:33). Ils en seront rassasiés lorsque
Christ régnera.

Les miséricordieux sont ceux qui agissent d’après les principes de la grâce ; miséricorde leur
sera faite à leur tour. Le résidu, confiant en son roi, sera délivré de la condition difficile dans
laquelle celui-ci le trouvera lorsqu’il apparaîtra.

Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu. Le cœur pur est celui qui n’a que
des motifs purs, réglés à la lumière de Dieu qui juge les pensées et les intentions du cœur. Ce
n’est pas quelqu’un qui ne pèche plus, mais qui, par exemple, ne veut obéir qu’à Dieu, ne
désire pas faire autre chose que ce qui lui plaît.

Au milieu des troubles et de l’agitation causés par toutes les conséquences du péché,
bienheureux ceux qui procurent la paix ; appelés fils de Dieu, ils seront manifestés comme fils
de Celui qui est si souvent appelé le Dieu de paix (Romains 16:20 ; 2 Corinthiens 13:11 ;
Philippiens 4:9 ; 1 Thessaloniciens 5:23 ; Hébreux 13:20).

Bienheureux ceux qui sont persécutés à cause de la justice, à cause de leurs actes justes, la
pratique du bien. C’est à eux qu’est le royaume des cieux.

Bienheureux ceux que l’on injuriera, que l’on persécutera, dont on dira, en mentant, toute
espèce de mal, à cause du nom du Seigneur, parce qu’ils aiment le Seigneur, et qu’ils se
montrent ouvertement pour lui au milieu d’un monde qui le hait. Leur récompense est grande
dans les cieux, et non seulement dans le royaume.

Comme nous l’avons dit, tous ces caractères doivent être les nôtres aujourd’hui, en attendant
qu’ils soient ceux des futurs témoins de Christ au milieu du peuple apostat, dans l’attente de
leur Roi. Car nous aussi nous attendons le Seigneur, et il désire nous trouver dans la fidélité et
la vigilance lorsqu’il viendra. Cherchons donc tous à réaliser ces caractères, qui sont ceux que
le Seigneur a manifestés ici-bas, lui notre parfait modèle.

6.3 - Chapitre 5 v. 13-16 — Sel et lumière

Le Seigneur ajoute au tableau qu’il a fait des caractères de ses disciples, deux autres traits qui
sont représentés par le sel et la lumière. « Vous êtes le sel de la terre ». Le sel est l’emblème
de ce qui conserve la pureté, en empêchant la corruption. Le croyant doit maintenir ce
caractère au milieu du monde, afin d’en produire les effets autour de lui. « Mais si le sel a
perdu sa saveur, avec quoi sera-t-il salé ? Il n’est plus bon à rien qu’à être jeté dehors et à être

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foulé aux pieds par les hommes ». Si le croyant ne se sépare pas de la corruption, s’il se mêle
au monde, il n’a plus sa raison d’être ; il ne sert à rien.

« Vous êtes la lumière du monde ». La lumière manifeste tout, elle brille dans la nuit. Aussi
elle doit être mise en évidence, sur un pied de lampe, et non sous un boisseau (*) qui en
entraverait le rayonnement. Le boisseau peut aussi représenter les affaires de cette vie qui
empêchent si souvent notre lumière de luire. « Que votre lumière luise ainsi devant les
hommes, en sorte qu’ils voient vos bonnes œuvres, et qu’ils glorifient votre Père qui est dans
les cieux ». La lumière est toute manifestation de la vie de Dieu devant les hommes. Elle luit
par des œuvres qui sont le produit de la nouvelle nature, ce que Dieu appelle des « bonnes
œuvres », ou œuvres justes et droites, et non seulement ce que le monde appelle « des bonnes
œuvres », ou œuvres charitables. Si les hommes voient ces œuvres-là, fruits de la vie divine,
ils sont obligés d’en reconnaître l’origine. Soyons plus fidèles, afin que les hommes puissent
attribuer à Dieu ce qu’ils voient en nous, et ainsi le glorifier. Au commencement cette lumière
brillait plus vivement devant les hommes (Actes 2:47 ; 5:13). Dans le règne de Christ, non
seulement les hommes verront cette lumière qui aura Christ pour foyer, mais ils marcheront à
son éclat (Apocalypse 21:23).

 (*) Ancienne mesure de capacité que l’on renversait, au besoin, pour en faire un pied de
lampe.

6.4 - Chapitre 5 v. 17-37 — La loi maintenue et dépassée dans le royaume

Dans le reste du chapitre 5, le Seigneur maintient les exigences de la loi envers soi-même, en
appliquant les principes de la grâce aux autres ; il montre que quiconque aura enfreint la loi en
portera les conséquences. Si Jésus est venu apporter la grâce en révélant le Père, ce n’est pas
en diminuant les exigences de la nature divine ; il n’abolit pas la loi ou les prophètes ; au
contraire, il en a été l’accomplissement. Pas un iota, pas un seul trait de lettre ne passera que
tout ne soit accompli. Les scribes et les pharisiens prétendaient s’y conformer en ne pratiquant
que certaines cérémonies ; le Seigneur dit aux disciples que si leur justice ne dépassait pas
celle de ces hommes-là, ils n’entreraient pas dans le royaume des cieux ; car il ne s’agit pas
seulement d’accomplir certains actes, il s’agit de l’état du cœur devant Dieu.

La loi disait : « Tu ne tueras point », mais si quelqu’un se mettait en colère légèrement contre
son frère, il était passible du jugement comme celui qui avait tué. « Quiconque hait son frère
est un meurtrier », est-il dit en 1 Jean 3:15 ; voir aussi v. 11, 12. Celui qui disait : fou ou
« Raca » (vaurien) était passible du jugement du sanhédrin ou de la géhenne du feu. Ces
paroles de Jésus sont solennelles et nous font voir ce qu’est le mal aux yeux de Dieu !
Combien on se sent repris en les entendant, car il monte vite dans le cœur des pensées
haineuses et peu bienveillantes à l’égard les uns des autres.

Le v. 24 établit le principe d’après lequel on ne peut se présenter devant Dieu pour lui rendre
culte, si l’on n’est pas en règle avec son frère ; il faut premièrement se mettre d’accord avec
lui. On ne peut s’approcher de Dieu avec du mal dans le cœur.

25
Les v. 25, 26 appliquent cela à Israël qui, par ses péchés, avait Dieu comme partie adverse. Il
était en chemin avec Dieu dans la personne de Christ ; au lieu de se réconcilier, il a rejeté
Christ, et le jugement l’a atteint. Israël est actuellement comme en prison ; il n’en sortira que
lorsqu’il aura reçu le double pour tous ses péchés et payé jusqu’au dernier quadrant (Ésaïe
40:1, 2).

Nous voyons, aux v. 27-30, qu’il faut être sans miséricorde avec soi-même, à l’égard de tout
ce qui peut nous faire broncher et jeter finalement dans la géhenne. Plutôt que de conserver
dans nos habitudes quelque chose qui nous entraîne au mal, nous avons à renoncer à tout ce
qui, tout en étant agréable, aimable, indispensable en apparence, peut nous amener à pécher.
Que ce soit l’œil ou la main droite, membres si nécessaires, il faut s’en séparer. Nous
retrouverons ce sujet au chap. 18:8-10.

(v. 33-37). — La parole doit être prononcée avec le sentiment de la présence de Dieu et
acquérir par là toute sa valeur, sans qu’il soit nécessaire de faire intervenir le serment. Prendre
Dieu à témoin à tout propos, a-t-on dit, c’est faire intervenir un absent, c’est-à-dire quelqu’un
dans la présence duquel on n’a pas l’habitude de parler. Que oui soit oui et que non soit non,
ce que l’on y ajoute vient du mal.

Dans le reste du chapitre, on voit que le disciple de Christ se caractérise par le principe de la
grâce, d’après lequel agit Dieu, révélé comme Père. Sous la loi, c’était « œil pour ceil, dent
pour dent » ; sous la grâce, il ne faut pas insister sur ses droits. C’est le trait distinctif des
débonnaires, des miséricordieux, de ceux qui procurent la paix. Le croyant ne doit considérer
personne comme son ennemi. Il faut faire du bien à tous, comme ceux qui possèdent la nature
de leur Père qui est dans les cieux. L’amour s’élève au-dessus de toute considération
charnelle, pour agir selon sa nature. Vous pouvez avoir des camarades qui vous haïssent ; il
faut leur faire du bien, chaque fois que vous en avez l’occasion ; priez pour ceux qui vous font
tort ou qui vous persécutent, et vous manifesterez les caractères de votre Père qui est dans les
cieux, qui fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons et envoie sa pluie sur les justes
et sur les injustes. Aimer seulement ceux qui vous aiment, c’est ne pas s’élever au-dessus de
ce que font les plus grands pécheurs et de ceux qui n’ont aucune relation avec Dieu. « Vous,
soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait ».

7 - Chapitre 6
7.1 - Chapitre 6 v. 1-18 — Manière de pratiquer la piété

Dans les v. 1 à 18, le Seigneur enseigne quels mobiles doivent nous diriger dans la pratique de
la piété envers Dieu et envers les hommes. Envers les hommes, elle s’exprime par l’aumône et
le pardon ; et envers Dieu, par la prière et le jeûne. C’est Dieu qu’il faut avoir en vue dans la
réalisation de ces choses, et non les hommes, car c’est avec lui que nous aurons à faire pour
tous nos actes. Contentons-nous d’avoir l’approbation de Dieu qui, au temps voulu, nous
récompensera pour tout ce que nous ferons pour lui. Il importe tellement de ne pas faire
l’aumône pour être vu des hommes, que le Seigneur dit : « Que ta main gauche ne sache pas
ce que fait ta droite ». Pourtant il est assez difficile de faire agir une main sans que l’autre le
sache. Mettons donc assez de délicatesse dans notre manière de donner et de faire le bien à
d’autres, pour que cela passe inaperçu ici-bas. Lorsque arrivera le jour où chacun recevra sa
louange, « ton Père qui voit dans le secret, te récompensera » ; tandis que, dans ce jour-là, si
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nous avons déjà reçu les louanges des hommes, nous perdrons celles de notre Père. Et quelle
perte ! car ce que nous recevons des hommes passe, mais ce que nous recevons de Dieu dure
éternellement.

Dans la prière, comme dans tout exercice de piété envers Dieu, n’agissons jamais afin
d’obtenir les louanges d’autrui. La prière chez les nations païennes, comme, hélas ! en général
dans la chrétienté aujourd’hui, est considérée plutôt comme l’accomplissement d’un acte
méritoire que comme la présentation à Dieu de véritables besoins. On s’imagine qu’en offrant
de nombreuses prières, on gagnera mieux la faveur de Dieu. De là l’invention des chapelets,
dans l’église romaine, pour compter le nombre des prières que l’on s’impose. Dieu connaît
nos besoins avant même que nous ne les lui présentions ; c’est à lui que nous parlons ; c’est de
lui que nous attendons la réponse ; c’est pourquoi, il n’est nul besoin de le prier de manière à
être vu des hommes.

Dans les v. 8-14, le Seigneur enseigne aux disciples une prière en rapport avec l’état dans
lequel ils se trouvaient, alors qu’ils attendaient l’établissement du royaume ; ils avaient à
demander que tout ici-bas soit en harmonie avec le caractère du Père et de son royaume. Les
prières des croyants, quoiqu’elles puissent contenir les mêmes pensées, sont en rapport avec la
révélation que Dieu nous a faite de ses pensées à l’égard de l’Église et de nos relations avec
lui. C’est pourquoi nous ne pouvons pas user de cette formule de prière, telle que le Seigneur
l’a enseignée aux disciples, tout en désirant l’accomplissement de tout ce qu’elle contient. Le
chrétien a la liberté de demander à Dieu tout ce qu’il veut, si c’est la connaissance de la
pensée de Dieu qui forme ses désirs. Le Seigneur dit à ses disciples, en Jean 15:7 : « Si vous
demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous
voudrez, et il vous sera fait ». En Luc 11:5, il enseigne aussi qu’il faut placer ses besoins
devant Dieu simplement, tels qu’ils existent. Comme l’ami qui avait besoin de trois pains, il
dit : « Ami, prête-moi trois pains ». Il n’y a pas un besoin, pas une difficulté qu’un jeune
enfant éprouve et qu’il ne puisse présenter à Dieu en pleine confiance. Il est bon que, dès le
jeune âge, les enfants s’exercent à exposer à Dieu toutes leurs peines et leurs difficultés. Dieu
s’occupe de tout ce qui concerne chacun ; pour lui rien n’est trop petit, comme rien n’est trop
grand.

7.2 - Chapitre 6 v. 19-34 — Le but de la vie

Comme c’est en vue d’un avenir céleste que nous avons à agir, il ne faut pas non plus
rechercher les trésors de la terre, où tout est vanité, où tout est exposé à être gâté, détruit, et où
tout prendra fin par les jugements. Il faut donc s’amasser des trésors dans le ciel : ceux-là sont
en sûreté et incorruptibles. Là nous trouverons les résultats de notre fidélité à Christ, lui-
même notre grand trésor. Le cœur s’attache à ce qu’il aime ; si l’objet de notre cœur est dans
le ciel, nous nous conduirons d’une manière céleste. S’il est sur la terre, nous agirons d’une
manière terrestre et matérielle. Ayons 1’œil simple (v. 22 et 23), c’est-à-dire n’ayons d’autre
objet devant nous que Christ et ce qui lui convient. L’œil méchant est celui qui considère
plusieurs choses à la fois ; alors le cœur s’attache à ce qui est de ce monde, et il n’a pas la
lumière nécessaire pour se conduire selon la pensée de Dieu, tandis que, avec l’œil qui ne voit
que Christ, le corps tout entier est plein de lumière. Puis vient une parole bien solennelle pour
chacun de ceux qui ont le privilège d’être en contact avec la lumière de l’Évangile. Si cette
lumière, donnée à chacun par la révélation de Dieu le Père, ne produit pas d’effet, et qu’elle
laisse le cœur dans les ténèbres de l’incrédulité, combien seront grandes les ténèbres ! Elles

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seront difficiles ou plutôt impossibles à dissiper. La lumière ne se fera qu’au jour du
jugement, mais ce sera trop tard.

(v. 24-34). — Si l’on a l’œil simple, on ne servira qu’un maître, le Seigneur. Si l’on veut en
servir deux, on en négligera un : on le haïra même ; on le méprisera. Avec un cœur aussi
mauvais que le nôtre, nous savons bien lequel des deux sera le plus vite méprisé, Dieu ou le
monde, Mammon. Si le cœur s’attache au monde, il délaissera Dieu. Quel mépris de Dieu que
de se détourner de lui ! Les soucis de la vie présente nous exposent à nous attacher aux choses
de la terre et au monde. C’est pourquoi le Seigneur nous exhorte à ne pas être en souci de ce
que nous mangerons ou boirons, ni de nos vêtements. Les oiseaux ne font pas de provisions ;
ils n’amassent pas de fortune ; c’est Dieu qui les nourrit. Les lis des champs ne peuvent se
préoccuper de leur parure ; cependant Salomon, dans toute sa gloire, n’était pas vêtu comme
l’un d’eux. Les oiseaux ont peu de valeur ; les lis peuvent tomber sous la faux d’un jour à
l’autre et se dessécher, et pourtant Dieu s’occupe de ce qui les concerne. Combien plus Dieu
s’occupera-t-il des siens qui ont à ses yeux un si grand prix ? « Celui même qui n’a pas
épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous, … ne nous fera-t-il pas don aussi,
librement, de toutes choses avec lui ? » (Romains 8:32). Nous pouvons donc rejeter sur lui
tous nos soucis, tandis que le monde ne connaît pas Dieu comme Père et ne dépend pas de
lui ; il n’a pour sa part que les choses d’ici-bas et ne travaille que pour la matière. Nous avons
à rechercher premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste nous sera donné
par-dessus, afin que nous n’ayons pas à nous préoccuper des choses de la vie, de manière à
être détournés vers le monde. « Votre Père céleste sait que vous avez besoin de… ces
choses ». « À chaque jour suffit sa peine ». Il ne faut pas ajouter à la peine d’aujourd’hui celle
de demain, car nous ne verrons peut-être pas un autre jour et, si nous y arrivons, nous y
trouverons ce que Dieu aura préparé. Lui qui prépare la nourriture aux petits du corbeau (Job
39:3), il donne à tous la nourriture en son temps (Psaume 104:27).

8 - Chapitre 7
8.1 - Chapitre 7 v. 1-12 — Conduite envers autrui

Dans le chap. 6, nous voyons l’exercice de la piété envers Dieu et envers les hommes et, au
commencement du chap. 7, la conduite à suivre vis-à-vis de nos frères, ou de nos semblables.
Les v. 1-5 nous mettent en garde contre la tendance du cœur naturel à juger les autres, à
vouloir redresser, chez eux surtout, ce qui nous déplaît. Dans son gouvernement, Dieu agira
envers nous comme nous aurons agi envers les autres (chap. 6:14, 15). « De la mesure dont
vous mesurerez, il vous sera mesuré », tandis que : « Bienheureux les miséricordieux, car
c’est à eux que miséricorde sera faite ». Le plus souvent, lorsque nous voyons des défauts
chez nos frères — la paille qui est dans leur œil — c’est que nous sommes peu capables d’en
juger, ayant dans le nôtre une poutre, c’est-à-dire un péché, un défaut bien plus grave que
celui qui nous offusque chez notre prochain. Examinons-nous à la lumière de Dieu et là,
voyant tout le mal qui est dans notre cœur, nous ne jugerons pas notre frère, si même nous
discernons en lui une paille, nous serons miséricordieux.

Combien ces enseignements ont aussi d’à-propos dans nos familles, où les enfants sont
facilement portés à s’accuser et à se juger les uns les autres, au lieu de s’occuper chacun de
soi-même devant Dieu, lui confessant ses propres fautes pour être délivré du mal et être rendu
plus agréable à autrui. Il faut avoir aussi du discernement au sujet des choses saintes (v. 6),
28
pour savoir quand les présenter aux hommes. Il y a des occasions qu’il faut savoir saisir, dit
l’apôtre Paul (Colossiens 4:5).

Aux v. 7-12, le Seigneur revient sur le sujet de la prière, car si, d’un côté, notre Père sait de
quoi nous avons besoin, il veut que nous mettions de l’énergie et de la persévérance dans nos
requêtes. Cherchez, heurtez, demandez ; le Père vous entend. Précieux encouragement de
savoir qu’il répondra à nos demandes ! Celui qui dit : « Je donnerai », dit aussi :
« Demandez ». Si l’homme dont le cœur est méchant sait donner de bonnes choses à ses
enfants, « combien plus votre Père qui est dans les cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux
qui les lui demandent ! »

Cette manière d’agir de notre Père doit trouver son expression en nous, de manière à ce que
nous soyons des modèles pour les autres. « Toutes les choses donc que vous voulez que les
hommes vous fassent, faites-les-leur, vous aussi, de même ; car c’est là la loi et les
prophètes ». L’apôtre Pierre dit : « Qui est-ce qui vous fera du mal, si vous êtes devenus les
imitateurs de celui qui est bon ? » (1 Pierre 3:13).

8.2 - Chapitre 7 v. 13, 14 — Chemin étroit et chemin large

À cause du péché et de la volonté de l’homme, ennemis de Dieu, il y a dans ce monde une


opposition constante à ce qui est bien, de sorte qu’il faut une énergie continuelle pour entrer
dans le chemin de Dieu et accomplir le bien. C’est ce que représente l’effort à faire pour
entrer par une porte étroite, tandis que la porte large, qui ouvre sur un chemin spacieux, se
franchit sans difficulté. Il n’y a qu’à se laisser aller au courant entraînant de ce monde et aux
penchants naturels de son propre cœur qui aime ce qui est facile et donne du plaisir. L’homme
n’est pas ici-bas pour toujours, comme ce serait arrivé s’il était resté dans l’innocence. À
cause du péché, la naissance place tout homme sur le chemin de la perdition. Grâces à Dieu !
son amour a ouvert un autre chemin, celui qui mène à la vie. Mais peu y entrent, parce qu’il
n’offre pas au cœur naturel l’aliment qu’il désire, en un mot : le péché, qui le conduit à la
mort et au jugement.

Chers lecteurs, souvenez-vous que tout ce qui attire la chair, tout ce que le monde approuve,
ce qui ne demande aucun effort, caractérise le chemin large. Jamais l’entraînement dans ce
chemin n’a été si puissant et surtout si subtil que maintenant. On y est entraîné par le luxe, par
les études, les lectures, le choix de ses camarades, les exercices corporels de tous genres, et
tant d’autres choses qui agissent d’autant plus subtilement que plusieurs sont utiles et même
nécessaires. Pour en user d’une manière saine et ne pas se laisser entraîner par elles dans le
chemin large qui conduit à la perdition, il faut une vigilance qui ne s’obtient qu’en écoutant la
parole de Dieu. Tout ce qui sert à nous introduire et à nous maintenir dans le chemin étroit qui
mène à la vie est désagréable au cœur naturel et se heurte contre la volonté propre. Écouter et
lire la Parole et les publications qui en parlent, agir d’après les enseignements divins, obéir à
ses parents en tout, renoncer à tant d’attractions offertes à la jeunesse, tout cela coûte des
efforts à faire pour entrer par la porte étroite et demeurer dans le chemin resserré qui mène à
la vie. Comme Moïse, choisissez « plutôt d’être dans l’affliction avec le peuple de Dieu, que
de jouir pour un temps des délices du péché, estimant l’opprobre du Christ un plus grand
trésor que les richesses de l’Égypte ; car il regardait à la rémunération » (Hébreux 11:25, 26).

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8.3 - Chapitre 7 v. 15-23 — Faux prophètes et faux ouvriers

Les choses mondaines ne sont pas seules à nous nuire ; il y a aussi des gens qui affectent un
certain dédain des choses mondaines et qui ont l’apparence des « brebis », c’est-à-dire, de
ceux qui font partie du troupeau du bon Berger et qui ne sont en réalité que des loups
ravisseurs, qui introduisent de faux enseignements, prétendant parler, comme les faux
prophètes d’autrefois, au nom de l’Éternel. On les reconnaîtra à leurs fruits, seul moyen de
discerner à quelle espèce un arbre appartient. Malgré leur belle apparence, ils ne produiront
rien pour Dieu, ils seront coupés et jetés au feu.

D’autres personnes n’auront que l’apparence de la piété. Elles se réclameront du nom de


Christ — aujourd’hui du nom de chrétiens — disant à tout propos : « Seigneur, Seigneur ! »
Mais Lui leur dira : « Je ne vous ai jamais connus ; retirez-vous de moi, vous qui pratiquez
l’iniquité ».

Ces avertissements, toujours à propos, seront tout particulièrement appréciés par le futur
résidu juif, dans les temps terribles d’épreuve qu’il traversera avant la venue glorieuse de
Christ, en vue duquel le Seigneur a prononcé ces discours ; ils s’adressaient au résidu juif
d’alors et demeurent écrits pour le résidu à venir. Dans ce temps-là, des méchants s’élèveront
du milieu d’eux pour leur nuire : « Plusieurs se joindront à eux par des flatteries ». Il y en a
qui seront entraînés « par de douces paroles » (Daniel 11:32-34). « Plusieurs faux prophètes
s’élèveront et en séduiront plusieurs : et parce que l’iniquité prévaudra, l’amour de plusieurs
sera refroidi ; mais celui qui persévérera jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé… Car il s’élèvera
de faux christs et de faux prophètes ; et ils montreront de grands signes et des prodiges, de
manière à séduire, si possible, même les élus » (Matthieu 24:11, 12, 13, 24). Ces passages
font comprendre combien il faudra lutter pour entrer par la porte étroite, et se défier des
apparences trompeuses de ces loups et faux prophètes, dans les temps à venir, où tous ces
enseignements trouveront leur application littérale. En attendant, n’oublions pas qu’ils sont
écrits pour nous aussi.

8.4 - Chapitre 7 v. 24 à 29 — Conclusion

Dans les v. 24 à 29, qui terminent ces discours, le Seigneur montre d’une manière solennelle
la différence qu’il y a entre le fait d’écouter ses paroles seulement, et celui de les mettre en
pratique. Celui qui les met en pratique est semblable à un homme qui a fondé sa maison sur le
roc ; les torrents et le vent se sont déchaînés contre cette maison ; mais elle est demeurée
ferme. Celui qui se contente d’écouter, sans mettre en pratique ce qu’il entend, est comparé à
un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable. Les torrents et le vent sont venus, ils ont
donné contre cette maison, sans plus de violence que contre celle qui est bâtie sur le roc ;
mais, fondée sur un sol mouvant, elle est tombée, et sa chute a été grande. Au jour de
l’épreuve ou du jugement, pour qui que ce soit, tout ce qui se basera sur les pensées et les
raisonnements des hommes sera renversé ; la ruine sera grande aussi, car elle sera éternelle.
Au contraire, tout ce qui reposera sur le roc de la parole de Dieu, demeurera éternellement.
« Le monde s’en va et sa convoitise, mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure
éternellement » (1 Jean 2:17). Il n’est pas dit « celui qui entend », pas même « celui qui dit
qu’il croit », mais « celui qui fait la volonté de Dieu ». Faire la volonté de Dieu, c’est la seule
preuve à donner que l’on a cru. Il importe de saisir que l’on est sauvé par la foi sans œuvres
de loi, mais on risque d’oublier que les œuvres qui découlent de la foi sont inséparables du

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salut et qu’il est inutile de prétendre être sauvé, si l’on ne met pas en pratique la parole de
Dieu ; le Seigneur dit : « Ma mère et mes frères sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et
qui la mettent en pratique » (Luc 8:21 ; Matthieu 12:50). « Ce ne sont pas tous ceux qui me
disent : Seigneur, Seigneur, qui entreront dans le royaume des cieux » (v. 21). Lire aussi ce
que dit l’épître de Jacques à ce sujet (chap. 2:14-26).

« Et il arriva que, quand Jésus eut achevé ces discours, les foules s’étonnaient de sa doctrine ;
car il les enseignait comme ayant autorité, et non pas comme leurs scribes » (v. 28, 29). Ce
sont, en effet, des paroles d’autorité divine, propres à introduire dans la vie éternelle, qui se
font entendre aux oreilles de chacun, de la bouche même d’Emmanuel, Dieu avec nous, venu
en grâce pour sauver sa créature perdue.

Puissions-nous tous, chers lecteurs, n’être pas des auditeurs oublieux, mais des faiseurs
d’œuvre ! (Jacques 1:25).

9 - Chapitre 8
9.1 - Chapitre 8 v. 1-15 — Trois guérisons

Après avoir présenté, dans ces discours, les caractères de ceux qui participent à son royaume,
le Seigneur descend auprès du peuple pour agir en grâce et en puissance, afin de le délivrer
des conséquences du péché et de la puissance du diable, montrant qu’il est Emmanuel, Dieu
avec nous, le même qui avait dit autrefois à Israël : « Je suis l’Éternel qui te guérit » (Exode
15:26). C’est la personne de Jésus, se présentant en grâce et en puissance à son peuple, qui
fait le sujet de ce chapitre et du suivant.

À son retour de la montagne, un lépreux s’approcha, se prosterna et lui dit : « Seigneur, si tu


veux, tu peux me rendre net ». Il savait que le Seigneur avait le pouvoir de le guérir ; mais il
doutait de son vouloir. Jésus étendit la main et le toucha en disant : « Je veux, sois net. Et
aussitôt il fut nettoyé de sa lèpre » (v. 1-3). La lèpre est une figure du péché sous son caractère
de souillure, un mal sans autre moyen de guérison que la puissance de l’Éternel (voir
Lévitique 14:1-9). Remarquez, chers lecteurs, combien la gloire de la personne de Jésus est
évidente dans cette guérison, ainsi que sa puissance : il peut guérir ; sa bonté : « Je veux » ; sa
divine pureté, car il est Dieu manifesté en chair. Il étend sa main, il touche le lépreux, et au
lieu d’être souillé par cet attouchement, comme tout homme l’aurait été, c’est le lépreux qui
est purifié. Quel sujet de contemplation que la personne de Jésus dans son abaissement, au
milieu des hommes souillés et perdus, pour leur apporter les ressources divines que réclamait
leur état misérable. Tout ce qu’est Dieu en puissance, en grâce, en pureté, était là dans un
homme, l’Homme-Dieu, inattaquable par le péché, et à la disposition de tous ceux qui
voulaient en profiter.

Le Seigneur reconnaît le système légal sous lequel il est venu ; c’est pourquoi il envoie le
lépreux purifié se montrer aux sacrificateurs, pour offrir ce que Moïse avait ordonné, et il
ajoute : « Pour qu’il leur serve de témoignage ». Si les sacrificateurs reconnaissaient que le
lépreux était net, ils avaient devant leurs yeux, d’une manière évidente, le témoignage que
Jésus était l’Éternel, puisque lui seul pouvait guérir la lèpre. Hélas ! ce témoignage irrécusable

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de la présence du Messie au milieu d’eux, suivi de bien d’autres, ne les a pas empêchés de le
rejeter.

Le second miracle narré dans ce chapitre s’opère en faveur d’un Gentil, un étranger aux
bénédictions que le Messie apportait à son peuple, mais chez qui se trouvait la foi, une foi, dit
Jésus, telle qu’il n’en avait point trouvée en Israël. Ce centurion, officier romain, reconnaissait
la puissance divine et la grandeur de la personne du Seigneur. Dans une touchante humilité, il
supplie Jésus au sujet de son serviteur atteint de paralysie. Le Seigneur, dans son dévouement,
lui dit : « J’irai, moi, et je le guérirai ». Mais le centurion répond : « Seigneur, je ne suis pas
digne que tu entres sous mon toit, mais dis seulement une parole, et mon serviteur sera guéri ;
car moi aussi, je suis un homme placé sous l’autorité d’autrui, ayant sous moi des soldats ; et
je dis à l’un : Va, et il va ; et à un autre : Viens, et il vient ; et à mon esclave : Fais cela, et il le
fait » (v. 7-10). Cet homme illustre, par son exemple, la position dans laquelle il trouvait le
Seigneur sur la terre : c’était l’homme dépendant, l’homme parfait ; mais le Fils de Dieu qui
avait autorité sur toutes choses. Il reconnaît donc à Jésus un pouvoir illimité et le droit de le
faire valoir. Quel bel exemple de foi ! Il est à remarquer que la foi voit les choses comme
Dieu les voit. La grande foi honore Dieu ; la petite foi sauve, parce que Dieu a égard non à la
mesure de la foi que nous avons, mais à l’objet que la foi saisit. La foi reconnaissait au
Seigneur sur la terre la puissance par laquelle il établirait son royaume : telle celle du brigand
repentant sur la croix. Aussi la réponse à cette foi est-elle une part à ce que la grâce donne
actuellement comme plus tard. La foi du centurion fournit au Seigneur l’occasion de parler de
l’introduction des Gentils dans les bénédictions du royaume, tout en déclarant aux Juifs que
leurs privilèges extérieurs ne leur donnaient pas le droit d’y avoir accès, sans la foi. « Et
Jésus, l’ayant entendu, s’en étonna, et dit à ceux qui le suivaient : En vérité, je vous dis : je
n’ai pas trouvé, même en Israël, une si grande foi. Et je vous dis que plusieurs viendront
d’Orient et d’Occident, et s’assiéront avec Abraham et Isaac et Jacob dans le royaume des
cieux ; mais les fils du royaume seront jetés dans les ténèbres de dehors : là seront les pleurs
et les grincements de dents » (v. 10-12). Les fils du royaume, sous la loi, étaient les Juifs ;
mais par la loi, personne n’a pu rien obtenir ; alors Dieu accorde à la foi, où qu’elle se trouve,
l’accès à ses bénédictions ; car sans la foi, il est impossible d’être agréable à Dieu (Hébreux
11:6). Le Seigneur montre donc aux Juifs le moyen d’hériter de la bénédiction à laquelle ils
pensaient avoir droit par nature ; et, puisque c’est par la foi, tous ceux qui la possèdent auront
une part à la bénédiction du royaume des cieux, tandis que ceux qui ne l’auront pas seront
jetés dehors, qu’ils soient Juifs, païens, ou chrétiens de nom ; aucun titre, aucune religion, pas
plus que le privilège si grand d’être un enfant de chrétien, ne peut donner le droit d’entrer
dans le royaume, sinon la foi qui reconnaît Dieu tel qu’il se révèle, et qui prend sa place
humblement devant lui comme un pauvre être indigne de tout. Le Seigneur répondit au
centurion : « Va, et qu’il te soit fait comme tu as cru ; et à cette heure-là son serviteur fut
guéri » (v. 13).

Le troisième miracle est la guérison de la belle-mère de Pierre, qui était atteinte de la fièvre
(v. 14, 15). Si la lèpre est une figure du péché dans son caractère de souillure, la paralysie
nous représente l’incapacité où le péché met l’homme quand il s’agit pour lui d’accomplir la
volonté de Dieu. La fièvre symbolise l’agitation qui caractérise l’homme sans Dieu. Le péché
prive du repos et de la paix qui sont la part de celui qui a été amené à Dieu. Toute l’activité
fiévreuse, qui augmente de plus en plus dans ce monde, vient de ce que l’homme, loin de
Dieu, cherche sa propre satisfaction dans ce que le monde peut offrir ; il s’agite pour l’obtenir,
terrible distraction qui l’empêche de penser à Dieu et de voir son état dans sa présence ! De
cette manière, l’homme est incapable de servir Dieu ; pensant n’avoir pas assez de temps pour
lui-même, il ne peut en consacrer à Dieu. Lorsque le Seigneur eut touché la main de la belle-

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mère de Pierre, « la fièvre la quitta ; et elle se leva et le servit ». Quand Dieu a accompli son
œuvre dans une âme et l’a délivrée de la puissance du péché qui cause cette agitation, cette
âme peut jouir du repos de la conscience et du cœur ; elle est en paix ; elle possède le calme et
peut ainsi servir le Seigneur. L’apôtre dit aux Thessaloniciens : « Vous vous êtes tournés des
idoles vers Dieu, pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils » (1
Thessaloniciens 1:9).

9.2 - Chapitre 8 v. 16, 17 — À la suite de Jésus

Le soir était venu (v. 16, 17) ; c’est, en Orient, le moment favorable pour sortir à cause de la
chaleur excessive qui règne pendant la journée. On conduisit auprès de Jésus beaucoup de
démoniaques dont il chassa les esprits par une parole, et il guérit tous ceux qui se portaient
mal. Il accomplissait ce qu’Ésaïe avait dit : « Lui-même a pris nos langueurs, et a porté nos
maladies » (Es. 53:4). Ces paroles nous font comprendre de quelle manière le Seigneur faisait
usage de sa puissance : il n’a jamais délivré quelqu’un auquel son cœur et ses sentiments,
aussi parfaitement humains que divins, seraient restés étrangers. Il ne délivrait personne des
conséquences du péché, sans avoir ressenti en sympathie toute la douleur qu’éprouvaient ceux
qu’il soulageait. C’est pourquoi il est dit qu’il a porté nos maladies, ce qui est autre chose que
d’avoir porté nos péchés sur la croix, pour en recevoir le châtiment. Il n’a porté nos péchés
que sur la croix, tandis que, durant tout le cours de son ministère, son cœur sentait tout le
poids des conséquences du péché sous lesquelles gémissaient ceux qu’il affranchissait. C’est
pourquoi nous voyons ce précieux Sauveur pleurer au tombeau de Lazare, au lieu d’aller
directement l’appeler hors du tombeau, ce qu’il fit après avoir témoigné sa sympathie à celles
qui pleuraient leur frère et ressenti profondément la puissance de la mort qui pesait sur
l’homme par suite de sa désobéissance.

Il est précieux, chers amis, de savoir que le Seigneur est toujours le même en faveur de ceux
qui sont dans l’affliction, de quelque manière que ce soit ; la gloire où il se trouve n’a pas
changé son cœur, au contraire, hors d’atteinte de la souffrance, il peut d’autant plus
sympathiser avec ceux qui s’y trouvent encore.

9.3 - Chapitre 8 v. 18-22 — À la suite de Jésus

Comme les foules se pressaient autour de Jésus, attirées, sans doute, par les miracles qu’il
faisait, il voulut se soustraire à leur curiosité, comme à leur admiration, puisqu’il avait
accompli son service au milieu d’elles, et commanda de passer à l’autre rive. Un scribe lui
dit : « Maître, je te suivrai où que tu ailles. Et Jésus lui dit : Les renards ont des tanières, et les
oiseaux du ciel ont des demeures ; mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête » (v. 18-
20). Ce scribe, les foules émerveillées, les disciples même, tous étaient heureux et honorés
d’avoir au milieu d’eux un tel homme. Les foules disent au chapitre suivant (v. 33) : « Il ne
s’est jamais rien vu de pareil en Israël ». Aussi, ce scribe pensait à la gloire qu’il y aurait pour
lui à suivre un maître comme celui-là. Mais si tous avaient un domicile dans ce monde, où la
grâce avait fait descendre le Fils de l’homme, lui, venu du ciel, ne pouvait en avoir ici-bas, car
rien sur la terre ne pouvait offrir de repos à un tel Homme, tout étant empreint des
conséquences du péché et de la puissance de Satan. Il n’était pas venu pour rendre agréable à
l’homme son séjour sur la terre, mais afin de lui ouvrir un chemin le sortant du monde et

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l’amenant là où le Seigneur est déjà lui-même, hors de cette première création souillée et
soumise à Satan, là où Dieu se reposera dans son amour et où il introduira tous ceux qui
auront cru en son Fils bien-aimé et auront marché dans le chemin qu’il leur a frayé ici-bas.
Jésus, dans sa réponse, indique à ce scribe à quelle condition on peut le suivre. C’est comme
s’il disait : « Voilà l’avantage matériel que tu trouveras en me suivant, car le chemin ne peut
être différent pour toi et pour moi : tu n’y trouveras pas un lieu pour y reposer ta tête ».

Un autre de ses disciples lui dit : « Seigneur, permets-moi de m’en aller premièrement et
d’ensevelir mon père. Mais Jésus lui dit : Suis-moi, et laisse les morts ensevelir leurs morts »
(v. 21, 22). Le Seigneur montre que pour le suivre, il faut reconnaître entièrement ses droits
sur notre cœur. Le Seigneur a quitté la gloire pour venir ici-bas ouvrir le chemin du ciel à
l’homme perdu, de sorte que, pour marcher après lui, il faut abandonner tout ce qui caractérise
un monde étranger à la vie de Dieu. Le Seigneur seul a des droits absolus sur son racheté. On
peut aller ensevelir son père, mais pas premièrement, comme disait le disciple ; il faut
premièrement suivre Christ et lui obéir.

Laissez-moi vous demander, chers lecteurs, combien de choses vous faites premièrement,
avant celles qui sont agréables au Seigneur. Savez-vous que Christ seul a tout droit sur vos
cœurs, si vous êtes à lui ? Et si vous ne marchez pas à sa suite, sur le chemin du ciel, vous
savez dans lequel vous vous trouvez ; il n’y en a que deux : le chemin étroit qui mène à la vie,
et le chemin large qui conduit à la perdition. Dans les versets qui précèdent, nous venons de
voir ce qui doit caractériser celui qui veut suivre le Seigneur. Dans les v. 23-27, nous trouvons
ce que l’on rencontre dans ce chemin : « Et quand il fut monté dans la nacelle, ses disciples le
suivirent ». Les disciples pouvaient penser qu’en accompagnant le Seigneur, ils seraient à
l’abri de toutes les difficultés. Il n’en est rien ; les difficultés abondent, au contraire, car Satan
sait susciter l’orage sur la route de ceux qui ne sont plus sous son pouvoir ; c’est ce que nous
enseigne la tempête qui surprend et effraie les disciples. « Et voici, une grande tourmente
s’éleva sur la mer, en sorte que la nacelle était couverte par les vagues, mais lui dormait ».
Malgré leur effroi et les dangers apparents du voyage, il aurait dû suffire aux disciples que
Jésus soit avec eux. L’Éternel ne dit-il pas au résidu d’Israël qui passe par l’orage de la
persécution : « Ne crains point, car je suis avec toi » (Ésaïe 41:10) ? Le Seigneur dormait,
mais il était avec eux. Il manquait aux disciples la connaissance de la gloire de sa personne ;
s’ils l’avaient connue, ils n’auraient pas été effrayés, sachant qu’ils avaient avec eux le
Créateur du monde, venu dans la forme d’un homme pour accomplir les conseils éternels de
Dieu ; ils auraient compris que sa vie ne pouvait être en danger, que les flots ne pouvaient
l’engloutir, ni eux non plus, puisqu’ils étaient avec lui. Il nous arrive souvent de ne croire à la
puissance et à l’amour de Dieu que si nous les voyons en activité en notre faveur ; si non, le
Seigneur nous paraît, comme aux disciples, indifférent à nos circonstances. « Les disciples
s’approchèrent et le réveillèrent, disant : Seigneur, sauve-nous ! nous périssons. Et il leur dit :
Pourquoi êtes-vous craintifs, gens de petite foi ? Alors, s’étant levé, il reprit les vents et la
mer, et il se fit un grand calme ». Le Seigneur éprouve la foi, afin de la fortifier en
manifestant sa puissance et sa bonté en son temps ; ainsi nous apprenons toujours mieux qui
est Celui qui veut être toujours avec nous, afin que nous puissions dire, comme le psalmiste :
« Même quand je marcherais par la vallée de l’ombre de la mort, je ne craindrai aucun mal ;
car tu es avec moi » (Psaume 23:4).

9.4 - Chapitre 8 v. 28 à 34 — Au pays des Gergéséniens

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Le récit suivant (v. 28 à 34) nous fait voir l’accueil que le Seigneur reçut dans ce monde.
Arrivé sur l’autre rive du lac, dans le pays des Gergéséniens, « deux démoniaques, sortant des
sépulcres, vinrent à sa rencontre ; et ils étaient très violents, en sorte que personne ne pouvait
passer par ce chemin-là. Et voici, ils s’écrièrent, disant : Qu’y a-t-il entre nous et toi Jésus,
Fils de Dieu ? Es-tu venu ici avant le temps pour nous tourmenter ? » Quelle épouvantable
figure de l’état de l’homme sous le pouvoir de Satan nous représentent ces deux
démoniaques : l’homme violent, qui n’est plus maître de lui-même, et qui est dangereux pour
ses semblables ! Quel affreux caractère de l’homme tombé par le péché entre les mains de
l’Ennemi, et qui a transformé ce monde en un sépulcre, le péché y étant entré et, par le péché,
la mort ! C’est au milieu de ces êtres et dans cet état de choses, que Jésus est descendu pour
apporter la délivrance. Si « personne ne pouvait passer par ce chemin-là » (v. 28), lui le
pouvait, et il y a passé en grâce pour nous délivrer.

Mieux que les hommes, les démons reconnaissent en Jésus le Fils de Dieu, celui qui les jugera
quand le temps sera venu. Lorsqu’un pécheur reçoit le Fils de Dieu comme son Sauveur, il
possède le salut ; mais, pour les démons, il n’y a ni pardon, ni délivrance. Ils le savent ; et
ceux-ci demandent au Seigneur de leur permettre de s’en aller dans le troupeau de pourceaux
qui paissait non loin de là, puis ces animaux se ruèrent du haut de la côte dans les flots et y
périrent. Leurs gardiens s’en allèrent dans la ville pour y raconter tout ce qui s’était passé.
« Et voici, toute la ville sortit au-devant de Jésus ; et, l’ayant vu, ils le prièrent de se retirer de
leur territoire ». Triste tableau de ce qui est arrivé lorsque le Seigneur se présenta pour
délivrer l’homme de la puissance du diable ! L’homme préféra l’esclavage de Satan à la
présence de Dieu en grâce, et c’est ce qui causa pour Israël sa ruine définitive ; car semblables
aux pourceaux qui périrent dans les eaux, sous l’influence des démons, les Juifs ont été
chassés de leur territoire et engloutis dans la mer des peuples, jusqu’au moment où ils
reconnaîtront celui qu’ils ont rejeté.

Remarquons que la ville est mentionnée ici, non à cause de son importance, mais à cause de
son caractère qui, dans la Parole, est toujours mauvais. L’homme déchu, sous le pouvoir de
Satan, et chassé de la présence de l’Éternel (Genèse 4), se construisit une ville. Cette ville,
figure du monde avec tous ses agréments, semble lui fournir tout ce qu’il faut pour rendre
supportable la présence de Satan et les conséquences du péché. Lorsque Dieu se présente en
grâce pour le délivrer, l’homme le prie, pour ainsi dire, de se retirer, comme les Gergéséniens.
N’est-ce pas ce que fit entendre le cri : « Ôte, ôte, crucifie-le », et : « Nous ne voulons pas que
celui-ci règne sur nous » ? Aussi, depuis le rejet de Christ, ce qui caractérise le monde — et
non seulement les Juifs — c’est que Satan, que l’on a préféré à Christ, en est devenu le chef.
Dieu ne cesse pourtant pas d’offrir sa grâce à chacun ; il déploie sa grande patience envers
tous les hommes ; il les supplie d’être réconciliés avec lui, pour éviter la colère à venir.
Position effrayante que celle des gens du monde au jour du jugement ! Que tous nos lecteurs
qui pourraient n’être pas encore sauvés, acceptent, sans retard, la grâce qui leur est offerte
aujourd’hui, afin de pouvoir attendre du ciel Jésus qui nous délivre de la colère qui vient !

10 - Chapitre 9
10.1 - Chapitre 9 v. 1-9 — Guérison d’un paralytique

Le Seigneur passe à l’autre rive et revient dans sa propre ville, qui était Capernaüm. Là on lui
apporta un paralytique couché sur son lit. « Et Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique : Aie
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bon courage, mon enfant, tes péchés sont pardonnés ». Ici encore, nous voyons que Jésus
répond à la foi. Dans ce cas, c’est à celle de ceux qui apportent le paralytique. En Marc 2, on
voit l’énergie de cette foi qui surmonte toutes les difficultés pour placer le pauvre malade en
présence du Seigneur. Ce récit contient, entre autres, une leçon dont nous avons tous besoin
de profiter, petits et grands. Nous avons dit que la paralysie est une figure de l’incapacité où
se trouve placé l’homme, par le péché, de faire quoi que ce soit pour avoir la vie. Il faut donc
que ceux qui ont la vie nouvelle aident ceux qui en sont encore privés, comme le firent les
personnes qui, en amenant au Seigneur le paralytique, avaient la foi pour sa guérison. Chacun
peut faire quelque chose pour mettre un pécheur en contact avec la puissance qui guérit, soit
en parlant du Seigneur à l’occasion, soit, surtout, en le lui présentant par la prière, soit encore
en l’engageant à venir entendre la prédication de l’Évangile, en distribuant des traités, en
profitant de toutes les occasions qui s’offrent pour attirer les âmes au Sauveur. On connaît
beaucoup de conversions produites par le moyen de jeunes enfants qui ont été ainsi des
porteurs de paralytiques. Nous ne pouvons pas convertir ; mais nous pouvons indiquer le
chemin du salut, contraindre d’entrer dans la salle des noces ceux qui se tiennent dehors (Luc
14:23). N’oubliez pas, mes chers lecteurs, l’enseignement que nous donne la foi des
personnes qui amenèrent le paralytique à Jésus !

Des scribes, entendant le Seigneur dire à cet homme : « Tes péchés sont pardonnés »,
l’accusent de blasphème ; mais le Seigneur connaissait leurs pensées et leur dit : « Pourquoi
pensez-vous du mal dans vos cœurs ? Car lequel est le plus facile, de dire : Tes péchés sont
pardonnés, ou de dire : Lève-toi et marche ? Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme
a le pouvoir sur la terre de pardonner les péchés… ; alors il dit au paralytique : Lève-toi,
prends ton lit, et va dans ta maison » (v. 1-8). Ces scribes ne reconnaissaient pas en Jésus
l’Éternel qui visitait son peuple, accomplissant ce qui est dit au Psaume 103:3 : « C’est Lui
qui pardonne toutes tes iniquités, qui guérit toutes tes infirmités ». Celui qui possède ce
pouvoir était, sur la terre, le Fils de l’homme, titre que prend toujours le Seigneur rejeté. Il lui
était aussi facile de dire : « Tes péchés sont pardonnés », que de dire : « Lève-toi et marche ».
Sous le gouvernement de Dieu au milieu de son peuple, celui qui était affligé d’une infirmité,
l’était à cause de certains péchés qu’il avait commis, de sorte que guérir un tel homme, c’était
lui pardonner ses péchés, les péchés qui avaient causé son infirmité. Or ce n’était que Dieu
seul qui pouvait faire cela. Dans la personne de Jésus, Dieu était là pour guérir Israël tout
entier, s’il eût voulu le recevoir. En voyant cela, les foules furent saisies de crainte et
glorifièrent Dieu qui avait donné un tel pouvoir aux hommes. Elles le constataient, mais cela
ne veut pas dire qu’elles croyaient que ce Fils de l’homme était l’Éternel, Emmanuel, Dieu
avec nous. Les hommes sont plus vite frappés par la puissance de Dieu qu’attirés par son
amour. Mais les sentiments produits par la vue des miracles ne sauvent pas ; il faut la foi en la
personne du Seigneur et en sa Parole.

10.2 - Chapitre 9 v. 9-13 — Appel de Matthieu

 « Et Jésus, passant de là plus avant, vit un homme nommé Matthieu, assis au bureau de
recette ; et il lui dit : Suis-moi. Et se levant, il le suivit. Et il arriva, comme il était à table dans
la maison, que voici, beaucoup de publicains et de pécheurs vinrent et se mirent à table avec
Jésus et ses disciples » (v. 9, 10).

Si l’Éternel était au milieu de son peuple, c’était sur le pied de la grâce, et il agissait selon
cette grâce qui ne tient pas compte de ce qu’est l’homme pour opérer envers lui. Le Seigneur

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veut s’associer des hommes, les apôtres, pour accomplir son œuvre d’amour et de puissance
au milieu de son pauvre peuple, comme nous le voyons au chapitre suivant. Il ne prend pas
pour cela un pharisien ou un docteur de la loi, car rien de ce qui caractérisait ces hommes
religieux ne les qualifiait pour cet appel, pas plus que chez les autres hommes. Il appelle un
péager, un homme méprisé par les Juifs à cause de sa vocation. C’est la grâce qui le formera
pour son service (voir Marc 1:17). Les péagers, qui prélevaient les droits de péage pour le
compte des Romains, le faisaient souvent sans conscience, très arbitrairement, ainsi que Jean
le Baptiseur le dit à ceux qui venaient à lui (Luc 3:13). Aussi, les Juifs qui supportaient
difficilement le joug des Romains, méprisaient-ils profondément ceux des leurs qui
acceptaient ces fonctions. Ils les mettaient au rang des pécheurs, des gens de mauvaise vie, les
excluaient de leurs synagogues et leur témoignage en public n’avait aucune valeur. Mais Dieu
ne regarde pas plus aux défauts qu’aux qualités de l’homme pour s’occuper de lui. Il est venu
apporter la grâce à tous, parce que tous, sans distinction, étaient perdus. Les pharisiens, qui
s’estimaient supérieurs aux autres, voyant Jésus à table avec les publicains et les pécheurs,
disent à ses disciples : « Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs ?
Et Jésus, l’ayant entendu, leur dit : Ceux qui sont en bonne santé n’ont pas besoin de médecin,
mais ceux qui se portent mal. Mais allez et apprenez ce que c’est que : « Je veux miséricorde
et non pas sacrifice » (Osée 6:6) ; car je ne suis pas venu appeler des justes, mais des
pécheurs » (v. 11-13). Quelle belle définition de la grâce venue au milieu d’eux dans la
personne de Jésus, et qui veut faire miséricorde à tous, parce que Dieu ne peut accepter aucun
sacrifice offert par l’homme souillé par le péché. Dès qu’un homme reconnaît qu’il est
pécheur, perdu, il peut aller au Sauveur et il reçoit le pardon de ses péchés. Mais tant qu’il se
croit juste et qu’il demeure dans son état de perdition, il ne peut apprécier la grâce ; ainsi il se
trouve en opposition avec la parole de Dieu qui dit : « Il n’y a point de juste, non pas même
un seul » (Romains 3:10).

10.3 - Chapitre 9 v. 14-17 — Le vin nouveau et les vieilles outres

Viennent ensuite les disciples de Jean le Baptiseur, qui demandent à Jésus pourquoi eux-
mêmes et les pharisiens, jeûnaient souvent et non ses disciples. Jésus leur dit : « Les fils de la
chambre nuptiale peuvent-ils mener deuil tant que l’époux est avec eux ? Mais des jours
viendront, lorsque l’époux leur aura été ôté ; et alors ils jeûneront » (v. 14, 15). Le Seigneur
compare la position de ses disciples à celle des amis d’un époux dans le jour des noces :
remplis de joie par sa présence, le jeûne ne leur conviendrait pas. En effet, pouvait-on jeûner
si l’on comprenait qui était ce divin Maître, si l’on jouissait des effets de sa présence et de son
activité ? Les disciples étaient les objets de son amour, car ils avaient trouvé, comme le dit
Philippe à Nathanaël, « celui… duquel les prophètes ont écrit » (Jean 1:46). On voit combien
même les disciples de Jean avaient peu compris qui était celui dont leur maître avait dit :
« L’ami de l’époux, qui assiste et l’entend, est tout réjoui à cause de la voix de l’époux ; cette
joie donc, qui est la mienne, est accomplie » (Jean 3:29). Dans sa réponse aux disciples de
Jean, le Seigneur a aussi devant lui son rejet, qui amènera pour eux les temps de tristesse et de
jeûne dont il les entretient en Jean 16:16-20.

Dans les figures dont le Seigneur se sert (v. 16 et 17), il montre que la grâce apportée par lui
est une chose entièrement nouvelle qui ne peut être contenue dans les formes légales du
judaïsme, ni convenir à la propre justice des pharisiens. « Personne ne met un morceau de
drap neuf à un vieil habit… On ne met pas non plus du vin nouveau dans de vieilles outres ;
autrement les outres se rompent, et le vin se répand, et les outres sont perdues ; mais on met le

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vin nouveau dans des outres neuves, et tous les deux se conservent ». En effet, les outres, dans
lesquelles, en Orient, on conserve les liquides, ne supportent pas lorsqu’elles sont vieilles la
force de la fermentation du vin nouveau. De là vient l’exemple que le Seigneur prend pour
montrer que tout doit être nouveau sous le régime de la grâce qu’il introduisait dans ce
monde. Le système légal, qui s’adressait à l’homme dans la chair afin de l’éprouver, ne
pouvait convenir à la grâce qui ne tenait aucun compte de lui, qu’il fût Juif ou Gentil,
religieux ou grand pécheur, et qui agissait librement envers tous ceux qui en avaient besoin.

10.4 - Chapitre 9 v. 18-26 — Résurrection d’une jeune fille

Comme le Seigneur parlait ainsi, un chef de synagogue, appelé Jaïrus, en Marc et Luc,
s’approcha de lui et lui dit : « Ma fille vient de mourir, mais viens et pose ta main sur elle, et
elle vivra ». Jésus le suivit aussitôt, accompagné de ses disciples. Sur le chemin, une femme
souffrant depuis douze ans d’une perte de sang — image de la vie qui s’en va — s’approcha
par derrière et toucha le bord de son vêtement, disant en elle-même : « Si seulement je touche
son vêtement, je serai guérie. Et Jésus, s’étant retourné et la voyant, dit : Aie bon courage, ma
fille ; ta foi t’a guérie. Et la femme fut guérie dès cette heure ». Arrivé à la maison de Jaïrus,
Jésus trouve les joueurs de flûte qui faisaient entendre le son des complaintes, en usage en
Orient lors d’un décès, et la foule qui menait grand bruit. Il les fit tous retirer disant : « La
jeune fille n’est pas morte, mais elle dort. Et ils se riaient de lui. Et lorsque la foule eut été
mise dehors, il entra et prit sa main, et la jeune fille se leva. Et le bruit s’en répandit par tout
ce pays-là » (v. 18 à 26). En contraste avec ceux qui méconnaissaient la personne de Jésus, on
aime à voir la foi du père qui sait que, si Jésus touche sa fille morte, elle vivra, et la foi de
cette femme, assurée de sa guérison si elle touche son vêtement. Puis au-dessus de tout,
l’amour infatigable du Seigneur Jésus, toujours prêt à répondre aux besoins qu’il rencontre.
C’était là sa nourriture, la satisfaction de son propre cœur.

Outre cela, il y a, dans ces faits, un enseignement figuré qui nous fait voir le but du ministère
de Jésus en rapport avec Israël. La jeune fille morte représente l’état de mort morale de la
nation. Le Seigneur est venu pour réveiller Israël, l’appeler à la vie, ce qui n’aura lieu qu’aux
temps de la fin, puisqu’il a été rejeté. Mais en attendant, tous ceux qui, individuellement,
sentent la gravité de leur état comme cette femme et qui ont la foi, peuvent profiter de la
puissance et de l’amour du Seigneur pour être guéris. C’est ce qui eut lieu pour tous ceux des
Juifs qui reçurent le Seigneur, et cela s’étend à tous ceux qui croient en tout lieu, en attendant
la résurrection morale d’Israël.

10.5 - Chapitre 9 v. 27-34 — Guérison de deux aveugles et d’un muet

 « Et comme Jésus passait de là plus avant, deux aveugles le suivirent, criant et disant : Aie
pitié de nous, Fils de David ! Et quand il fut arrivé dans la maison, les aveugles vinrent à lui.
Et Jésus leur dit : Croyez-vous que je puisse faire ceci ? Ils lui disent : Oui, Seigneur. Alors il
toucha leurs yeux, disant : Qu’il vous soit fait selon votre foi. Et leurs yeux furent ouverts »
(v. 27-30).

Ces aveugles présentent un autre côté de l’état moral d’Israël — comme de tout homme —
aveugle, incapable de profiter de la lumière venue dans la personne de Jésus, sans

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l’intervention de sa puissance qui ne répond qu’à la foi ; car, au milieu de ce triste état
d’Israël, ceux qui faisaient appel au Fils de David trouvaient en lui la réponse à leur foi et
profitaient de ce qu’il était venu offrir à tout le peuple : la lumière qui manque à tout homme
inconverti.

Jésus défendit aux aveugles de dire ce qui leur était arrivé, ainsi qu’il l’avait enjoint au
lépreux (chap. 8:4). Mais eux répandirent sa renommée dans tout le pays. Le Seigneur ne
voulait pas exciter la curiosité des foules. Venu pour répondre aux besoins des pécheurs, il ne
cherchait pas non plus la gloire qui vient des hommes. C’est pourquoi, au chap. 8:18, quand il
voit venir après lui les foules, il passe à l’autre rive. « Et comme ils sortaient, voici, on lui
amena un homme muet, démoniaque. Et le démon ayant été chassé, le muet parla » (v. 32-34).
Le mutisme représente aussi un des caractères de l’état moral de l’homme déchu : il ne peut
pas mieux parler que voir. Il ne peut rien dire de l’amour de Dieu, ni des perfections de Jésus,
ni des choses célestes qu’il ne connaît pas ! Mais le Seigneur est là pour le délivrer de la
puissance de Satan et le rendre capable de parler de lui, de voir ses beautés, de le suivre, et,
comme dans le cas de la belle-mère de Pierre, de le servir. Heureux changement, dû à la grâce
parfaite comme à la puissance de Dieu ! C’est bien passer de la mort à la vie, des ténèbres à la
lumière, du pouvoir de Satan à Dieu. Quelle gloire lui revient dès maintenant et dans toute la
bienheureuse éternité !

Les foules étonnées dirent : « Il ne s’est jamais rien vu de pareil en Israël ; mais les pharisiens
disaient : Il chasse les démons par le chef des démons » (v. 33, 34). Si la présence de Jésus est
plus insupportable au monde que celle de Satan, son activité en grâce et en amour remplit de
haine et de jalousie les orgueilleux pharisiens, les gens religieux du peuple juif. Ils sentent
leur petitesse en présence de la grandeur du Seigneur Jésus ; ils craignent de voir diminuer
leur prestige devant les hommes ; aussi pour sauvegarder le caractère de leur prétendue
mission divine aux yeux du peuple, ils ne craignent pas d’attribuer au diable la puissance du
Fils de Dieu, le rejetant ainsi formellement, commettant ce qui est appelé : « le blasphème
contre l’Esprit » (chap. 12:31), pour lequel il n’y a pas de pardon.

10.6 - Chapitre 9 v. 35-38 — Les brebis sans berger

Malgré la haine dont Jésus était l’objet, haine manifestant ouvertement que son peuple ne
voulait rien de lui, il poursuit son œuvre, prêchant l’évangile du royaume dans les villes et les
villages, mettant sa puissance et son amour à la disposition de qui en sentait le besoin. Il
guérissait toute maladie et toute langueur (v. 35).

Malgré l’opposition des chefs du peuple, il y avait des besoins dans les foules. « Et voyant les
foules, il fut ému de compassion pour elles, parce qu’ils étaient las et dispersés, comme des
brebis qui n’ont pas de berger » (v. 36). Ceux qui avaient pris la place de bergers au milieu du
peuple, les sacrificateurs, les scribes et les pharisiens, ne se souciaient pas du troupeau ; ils en
tiraient tous les avantages possibles à leur propre profit. L’Éternel le leur reproche par
Ézéchiel, en annonçant l’arrivée du bon berger qui prendrait soin des brebis (Ézéchiel 34). La
méchanceté des conducteurs d’Israël, leur infidélité à l’égard du troupeau, leur haine vis-à-vis
de Jésus n’étaient qu’une raison de plus pour lui d’accomplir son œuvre d’amour envers les
misérables. Aussi il dit à ses disciples : « La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers ;
suppliez donc le Seigneur de la moisson, en sorte qu’il pousse des ouvriers dans sa moisson »
(v. 36-38).

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Combien cet amour infatigable du Seigneur est merveilleux ! Il est comme cette source
rafraîchissante et pure qui suit paisiblement son cours ; lorsqu’elle se heurte à un dur rocher,
elle ne fait que s’en détourner pour porter ailleurs son action bienfaisante. Cette source de
grâce et de vie rencontre-t-elle un cœur dur chez un de nos lecteurs ? Qu’il se laisse fléchir
par la bonté de Dieu qui le pousse à la repentance, afin que la source du salut ne se détourne
pas de lui à jamais, mais qu’au contraire, il puisse chanter en toute sincérité :

Heureux celui qui, près du fleuve,

Arbre vivant par Toi planté,

Prend racine et croît, et s’abreuve

De ses eaux, pour l’éternité !

Source d’amour, toujours nouvelle,

Qui jaillis pour nous du Saint Lieu,

De ta plénitude éternelle,

Tu nous remplis, Source de Dieu !

11 - Chapitre 10 — Mission des douze disciples


À la fin du chapitre précédent, Jésus avait dit aux disciples de supplier le Seigneur de la
moisson afin qu’il pousse des ouvriers dans sa moisson. Ici, il les envoie lui-même ; car
malgré son abaissement, il est néanmoins le Seigneur de la moisson, comme aussi Seigneur de
tout ; et il se révèle comme tel en faisant annoncer à son peuple que le royaume des cieux
s’était approché. Aujourd’hui, il se sert de son autorité pour donner la vie éternelle, comme
nous le lisons en Jean 17:1, 2 : « Père, l’heure est venue ; glorifie ton Fils, afin que ton Fils te
glorifie, comme tu lui as donné autorité sur toute chair, afin que, quant à tout ce que tu lui as
donné, il leur donne la vie éternelle ». Plus tard, le Seigneur usera de cette même autorité,
pour exercer le jugement sur ceux qui n’auront rien voulu de lui durant le temps de sa longue
patience.

Jésus appelle ses douze disciples, nommés « apôtres » ou envoyés, et les envoie deux à deux,
afin qu’ils annoncent aux Juifs que le royaume des cieux s’est approché. Nous avons déjà dit
que ce qui caractérise l’évangile selon Matthieu, c’est que Jésus se présente comme Messie à
Israël. Ce fait ressort bien nettement des instructions qu’il donne à ses disciples : « Ne vous en
allez pas sur le chemin des nations, et n’entrez dans aucune ville de Samaritains ; mais allez
plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël » (v. 5, 6). C’est à Israël déjà que Jean le
Baptiseur s’était adressé, et maintenant c’est le Messie lui-même qui fait proclamer, au même
peuple, l’approche du royaume des cieux. En revanche, la prédication de l’Évangile de la
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grâce à tous les hommes n’a eu lieu qu’après le rejet de Christ. Nous avons déjà parlé de la
différence qu’il y a entre l’Évangile du royaume et l’Évangile de la grâce prêché actuellement.

Jésus confère aux douze le pouvoir d’accomplir des miracles ; ils présentent ainsi au peuple la
puissance par laquelle le royaume serait établi, nécessaire pour délivrer l’homme des
conséquences du péché et du pouvoir de Satan. En prêchant le royaume des cieux, ils devaient
guérir les infirmes, ressusciter les morts, rendre nets les lépreux, chasser les démons. Toute
cette puissance sera de nouveau en activité lors de l’établissement futur du règne de Christ ;
c’est pourquoi ces miracles que les disciples accomplissaient en prêchant l’Évangile sont
appelés, en Hébreux 6:5, « les miracles du siècle à venir ».

Les disciples avaient reçu gratuitement et devaient donner gratuitement sans faire aucune
provision pour le chemin. Le roi lui-même les envoyait en Israël, où son autorité devait être
reconnue. Plus tard, lorsque le rejet du roi est accompli, quand le Seigneur va à la croix, il
parle tout autrement aux disciples, alors les envoyés d’un Christ rejeté (Luc 22:35, 36). Mais
maintenant, les messagers d’une nouvelle aussi réjouissante que celle de l’approche du
royaume des cieux allaient mettre le peuple à l’épreuve : ceux qui les recevaient, jouiraient de
la paix qu’on leur apportait, tandis que, si la maison dans laquelle les disciples entraient était
indigne, et qu’ils n’y soient pas reçus, en en sortant, ils devaient secouer la poussière de leurs
pieds en témoignage contre elle. Le Seigneur ajoute : « En vérité, je vous dis : le sort du pays
de Sodome et de Gomorrhe sera plus supportable au jour du jugement que celui de cette ville-
là ». Tout grossiers pécheurs qu’ils étaient, les habitants de ces villes ne seront pas
responsables d’avoir méprisé un privilège tel que celui de ces villes d’Israël, qui, au lieu de
recevoir le Messie annoncé depuis longtemps par les prophètes, le mirent à mort. Aussi, après
ce rejet, le temps de la longue patience de Dieu envers son peuple arriva à son terme, Israël
fut rejeté et dispersé parmi les nations jusqu’au moment où il sera ramené et béni, selon les
promesses immuables de Dieu, en vertu du sang de la nouvelle alliance, répandu sur la croix.

Jusqu’au v. 15, le Seigneur donne aux disciples les instructions concernant leur service
exclusivement pendant le temps qui s’est écoulé avant sa mort, et ensuite celles qui ont une
portée plus générale et embrassent toute la période qui s’écoule entre sa première venue et sa
venue glorieuse comme Fils de l’homme (v. 23) ; mais toujours en rapport avec Israël. Car
après la mort du Seigneur, les disciples ont encore exercé leur ministère au milieu du peuple
premièrement, avant d’aller annoncer l’Évangile aux nations. C’est alors qu’ils devaient être
prudents comme les serpents, simples comme les colombes, car ils étaient comme des brebis
au milieu des loups. « Prudents comme les serpents », cela veut dire qu’il faut tenir compte de
l’opposition qui existe dans un milieu ennemi, en ne faisant rien qui ne soit nécessaire au bien
de la cause que l’on sert. D’un autre côté, il faut être simple comme les colombes, agir sans
calcul, dès que l’on a discerné qu’il faut agir. « J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé », sans
s’inquiéter des conséquences, lorsqu’il faut parler.

Comme envoyés du roi rejeté, les disciples seraient livrés aux sanhédrins, fouettés dans les
synagogues, menés devant les gouverneurs et les rois, à cause du Seigneur et en témoignage
aux Juifs et aux nations. Aucune de ces tribulations ne leur arriva pendant que le Seigneur
était encore avec eux, tandis que, immédiatement après sa mort, nous lisons dans le livre des
Actes des apôtres qu’ils les rencontrèrent toutes. Tout cela aura lieu de nouveau après
l’enlèvement de l’Église et avant l’arrivée du Fils de l’homme, pour ceux qui annonceront
l’établissement du royaume par Christ ; mais ce temps sera court ; c’est pourquoi le Seigneur,
quand il en parle, dit : « Vous n’aurez point achevé de parcourir les villes d’Israël, que le Fils

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de l’homme ne soit venu » (v. 23), lors de cette apparition qui sera aussi soudaine que celle de
l’éclair (chap. 24:27).

Jésus donne à ses disciples toutes les instructions et les encouragements nécessaires durant la
période de leur ministère au milieu des Juifs, qui s’écoule donc dès le moment de leur
mission, jusqu’au temps où le Seigneur reviendra pour établir son royaume en gloire.

Ces encouragements et ces instructions s’appliquent aussi aux serviteurs et aux témoins du
Seigneur actuellement, car l’opposition avec laquelle les croyants de tous temps ont affaire,
porte toujours le même caractère ; étant opposé à Dieu, le cœur naturel hait la lumière et la
vérité, sous quelque forme qu’on les présente, et surtout si l’on se déclare pour Christ dans le
monde qui l’a rejeté.

Les disciples ne devaient pas être en souci lorsqu’ils auraient à répondre à ceux auxquels ils
seraient livrés. Si le Seigneur les laissait ici-bas, il leur enverrait le Saint Esprit qui est un
esprit « de puissance, et d’amour, et de conseil » (2 Tim. 1:7), et leur fournirait les paroles
qu’ils auraient à dire. Il dit, en Luc 21:15 : « Car moi je vous donnerai une bouche et une
sagesse, à laquelle tous vos adversaires ne pourront répondre ou résister » (voir aussi Marc
13:11).

La haine pour le Seigneur est capable d’étouffer tous les sentiments naturels ; un frère peut
livrer son frère à la mort, un père son enfant, des enfants leurs parents (v. 21). L’histoire de
l’Église n’a fourni que de trop nombreux exemples de cette triste vérité, et, chose humiliante à
constater, de tels faits ne se présentent guère que lorsqu’il s’agit des intérêts de Christ. Il y a
bien eu des sujets de divisions et de guerre en dehors de la cause de la vérité, mais aucun de
ces motifs n’a poussé l’homme dans un état de haine tel qu’il ne tienne pas compte des
affections les plus intimes, ainsi qu’on l’a vu dans toutes les persécutions endurées par les
fidèles, tant de la part des Juifs, que de la part de Rome, païenne ou chrétienne. Quelle triste
preuve le cœur humain a su donner de son inimitié contre Dieu, surtout lorsqu’il a eu affaire à
la grâce ! Combien cela fait ressortir la grandeur infinie de l’amour de Dieu qui a donné son
Fils unique, afin de pouvoir pardonner de tels péchés et amener par la foi de tels pécheurs en
relation avec lui comme de bien-aimés enfants !

Les disciples devaient se souvenir que tout ce qui leur serait fait avait été fait à leur Maître.
« Le disciple n’est pas au-dessus du maître, ni l’esclave au-dessus de son seigneur » (v. 24,
25). C’est encourageant de penser que le Seigneur a passé le premier par les épreuves et les
souffrances, lui qu’on a même osé appeler Béelzébul. Rien d’étonnant alors à ce que l’on
traite les serviteurs comme l’on a traité le Maître. Mais ils ne doivent pas craindre les
hommes, tout méchants qu’ils soient, car Dieu amènera un jour tout à la lumière. Qu’ils
parlent hardiment ! Leur témoignage peut les conduire à la mort, mais qu’ils ne craignent pas
ceux qui tuent le corps et ne peuvent tuer l’âme ! C’est Dieu qu’il faut craindre, lui qui peut
détruire l’âme et le corps (v. 26-28).

Le Seigneur montre d’une manière touchante que Dieu s’occupe de tous les plus petits détails
relatifs aux siens, et que rien n’arrive sans sa volonté. Les passereaux ont peu de valeur pour
les hommes, puisqu’on en vend deux pour un sou ; cependant pas un ne tombe en terre sans la
permission de notre Père. Pour montrer la grandeur de l’intérêt que Dieu porte aux siens et
combien il entre dans tout ce qui nous concerne, le Seigneur dit : « Pour vous, les cheveux
même de votre tête sont tous comptés. Ne craignez donc pas : vous valez mieux que beaucoup
de passereaux » (v. 29-31). Ces paroles, qui ont encouragé les disciples de tous les temps, sont

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aussi pour nous maintenant une source de paix et de repos. Quoique nous ne passions pas par
les persécutions violentes des temps écoulés, nous avons constamment besoin de nous
souvenir que notre Dieu et Père prend soin de tous nos intérêts avec un amour plus grand que
celui d’une mère, afin que, rejetant sur lui tous nos sujets d’inquiétude, nous puissions le
servir sans distraction. Quelle mère compterait les cheveux de ses enfants ? David avait déjà
connu les tendres soins et la bonté infinie de Dieu lorsqu’il disait : « Quand mon père et ma
mère m’auraient abandonné, l’Éternel me recueillera » (Psaume 27:10).

Nous confiant ainsi en l’amour de Dieu, ne craignons pas les conséquences de la fidélité
quand nous confessons le nom du Seigneur, quoiqu’il puisse nous en coûter, car un jour vient
où cette fidélité trouvera sa récompense dans le ciel. Là, dans la présence de son Père, le
Seigneur mentionnera, par leurs noms, ceux qui auront été fidèles, tandis qu’il reniera ceux
qui auront eu honte de lui sur cette terre (v. 32, 33), ces « timides » dont il est parlé en
Apocalypse 21:8, qui auront leur part avec tous les grossiers pécheurs dans l’étang brûlant de
feu et de soufre.

Quoique les disciples aient annoncé le royaume des cieux et que le roi ait été présent dans la
personne de Jésus, ils ne devaient pas croire que le Seigneur soit venu mettre la paix sur la
terre. Il le fera un jour ; pour cela il ôtera tous les méchants par les jugements. Mais il était là
en grâce et n’exécutait point de jugement. C’est pourquoi, à cause de la méchanceté des
hommes, l’effet de sa venue n’était pas la paix, au contraire, comme on l’a déjà vu au v. 21.
Aujourd’hui, Dieu supporte le méchant qui s’élève contre celui qui a reçu le Seigneur, et le
croyant doit le supporter, mais sans redouter les souffrances qui découlent de sa fidélité. Le
Seigneur montre (v. 36 à 39) qu’il ne faut pas renier la vérité pour éviter la guerre qui peut
avoir lieu dans la famille même. Si, pour ne pas avoir à souffrir l’opprobre, quelqu’un aime
mieux plaire aux siens qu’au Seigneur, il n’est pas digne de lui. Il faut prendre sa croix et le
suivre, c’est-à-dire appliquer la mort à tout ce que la chair peut aimer, si ce qu’elle aime tient
une place qui appartient à Christ et empêche par conséquent de lui obéir. Non seulement il
faut renoncer à tout ce qu’il y a de plus intime dans sa propre famille, mais à sa propre vie ;
car si l’on aime son existence ici-bas plus que le Seigneur, on la perdra ; et si, pour l’amour de
Jésus on la perd, c’est-à-dire en ne cherchant pas sa propre satisfaction, on la trouvera, et cela
pour l’éternité (v. 40 à 42).

Le salut de tout homme dépend de la réception de la parole de Dieu annoncée par ses
serviteurs. Celui qui reçoit l’un d’eux comme lui apportant cette Parole, reçoit le Seigneur lui-
même, et celui qui le reçoit, reçoit Dieu qui l’a envoyé. Il en est de même pour celui qui reçoit
un prophète ; parce qu’il est un prophète envoyé de Dieu, il a, aux yeux de Dieu, la valeur
d’un prophète. De même pour un juste. Celui qui aura donné à un petit, à un croyant, un verre
d’eau froide, parce qu’il est un disciple de Christ, ne perdra pas sa récompense. La valeur de
nos actes dépend des motifs qui les font accomplir. La personne de Jésus a un tel prix pour
Dieu que tout ce qui est fait pour lui, dans ce monde qui l’a rejeté, a un prix inestimable, qui
sera manifesté par la récompense que Dieu accordera à ceux qui auront fait quelque chose
pour son Fils bien-aimé.

Le salut dépend absolument de l’accueil fait à Christ et à sa Parole, puisque, par des œuvres,
personne ne peut l’obtenir. Quand le Fils de l’homme viendra et s’assiéra sur le trône de sa
gloire, avec les nations rassemblées autour de lui, ce qui permettra à ceux qui sont à sa droite
d’entrer dans le royaume, ce sera le fait d’avoir reçu les envoyés du Seigneur, ceux qu’il
appelle « ces petits », et de leur avoir fait du bien ; car en les recevant, ils l’auront reçu lui-
même (Matthieu 25:31-46). C’est de ces envoyés qu’il est question dans ce chapitre 10.

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L’opposition du monde à Christ est telle que le Seigneur dit, en Marc 9:40 : « Celui qui n’est
pas contre nous est pour nous ».

N’oublions pas, chers lecteurs, que si le salut dépend simplement de l’acceptation de Christ
par la foi, il a fallu que ce précieux Sauveur souffre sur la croix tout ce que nous avions
mérité. Pour ceux qui l’ont reçu, combien cette seule pensée doit les engager à le suivre et à
être ses fidèles témoins ; et pour ceux qui ne l’ont pas encore reçu, peut-il y avoir quelque
chose de plus grand que cet amour pour attirer leurs cœurs, afin qu’ils ne négligent pas plus
longtemps un si grand salut ? Car comment échapper au jugement, si l’on ne croit pas en celui
qui a porté ce jugement à la place du coupable ?

12 - Chapitre 11
12.1 - Chapitre 11 v. 1-6 — Les disciples de Jean auprès de Jésus

Après avoir envoyé ses disciples dans la moisson, le Seigneur lui-même partit pour enseigner
et prêcher dans les villes. Quel fait merveilleux pour la foi que de contempler une telle
personne, le Fils de Dieu ! On pouvait le rencontrer dans les chemins, partout, accomplissant
au milieu des hommes les œuvres de grâce de la part de Dieu, son Père. Quelle humilité, quel
dévouement, quel amour ! Il a quitté la gloire pour venir ici-bas ; étant Dieu, il s’est anéanti,
prenant la forme d’esclave, et comme homme obéissant, il s’est abaissé lui-même jusqu’à la
mort de la croix, afin de sauver des pécheurs tels que vous et moi.

Cet abaissement, nécessité par le misérable état de l’homme, n’avait aucun rapport avec les
pensées juives au sujet d’un Messie glorieux. Déjà son précurseur, Jean le Baptiseur, avait été
jeté en prison ; c’était une dure épreuve pour lui, car il connaissait la grandeur du Messie. Il
avait dit de lui : « Il faut que lui croisse, et que moi je diminue » (Jean 3:30), et il se déclarait
indigne de délier la courroie de sa sandale (Jean 1:27). En endurant la méchanceté d’Hérode,
le roi impie et usurpateur du trône, Jean entend parler des œuvres de Christ, sans être secouru
par celui auquel appartenait, en réalité, le trône de David.

Dans un moment de défaillance, bien compréhensible pour nos faibles cœurs, mais non pour
la foi, Jean envoie ses disciples dire à Jésus : « Es-tu celui qui vient, ou devons-nous en
attendre un autre ? » Jésus leur répond : « Allez, et rapportez à Jean les choses que vous
entendez et que vous voyez : les aveugles recouvrent la vue et les boiteux marchent ; les
lépreux sont rendus nets et les sourds entendent, et les morts sont ressuscités, et l’Évangile est
annoncé aux pauvres. Et bienheureux est quiconque n’aura pas été scandalisé en moi ». Par
cette réponse, le Seigneur s’adresse à la conscience de Jean, et lui fait comprendre qu’il est
bien le Messie annoncé et dépeint par Ésaïe ; mais il était méconnu et allait être rejeté, comme
le précurseur l’était déjà. Du reste, le royaume était annoncé, mais pas encore établi. En
parlant des temps où le Messie serait sur la terre, Ésaïe avait annoncé l’accomplissement des
choses dont les disciples de Jean furent témoins et qu’ils rapportèrent à leur maître : « Alors
les yeux des aveugles s’ouvriront, et les oreilles des sourds seront ouvertes. Alors le boiteux
sautera comme le cerf, et la langue du muet chantera de joie » (Ésaïe 35:5, 6, lire aussi 29:18,
19). Cela devait suffire à la foi de Jean. C’était la grâce, unie à la puissance, s’exerçant au
milieu de toutes les conséquences du péché, mais non point encore la puissance qui ôtera les
méchants de dessus la terre. On peut remarquer que, malgré son scepticisme momentané, Jean
se confiait en Jésus pour la réponse à sa demande : « Es-tu celui qui vient ou devons-nous en
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attendre un autre ? » Assuré que Jésus était bien le Messie, ce dut être pénible pour son cœur
d’entendre cette parole : « Bienheureux est quiconque n’aura pas été scandalisé en moi ».

Puissions-nous tous ne pas perdre confiance dans le Seigneur, lors même que nos
circonstances ne semblent pas en accord avec son amour.

12.2 - Chapitre 11 v. 7 à 19 — Jésus rend témoignage à Jean

Lorsque les disciples de Jean s’en furent allés, Jésus s’adressa aussi à la conscience de la foule
et rendit témoignage à son bien-aimé serviteur (v. 7 à 19). Malgré tout, Jésus voulait que les
foules sachent qui était Jean, afin de leur faire comprendre, en même temps, le caractère
solennel du temps dans lequel elles se trouvaient, car la bénédiction dépendait, pour elles, de
l’acceptation ou du rejet de Christ et de son précurseur. Hélas ! comme on le voit dans la
suite, leur choix était fait, et le peuple allait demeurer sous les conséquences de son
incrédulité.

Malgré l’apparence sous laquelle on avait pu voir Jean au désert, Jésus dit qu’il était bien un
prophète et même plus qu’un prophète ; il était celui dont il est écrit : « Voici, … j’envoie
mon messager devant ta face, lequel préparera ton chemin devant toi » (Malachie 3:1). Aucun
prophète, dit le Seigneur, n’a été plus grand que Jean. Car de tous les prophètes qui ont
annoncé la venue de Christ, il est le seul qui ait eu le grand privilège de le voir. Jean avait
connu la joie de ce privilège, lorsqu’il disait : « L’ami de l’époux, qui assiste et l’entend, est
tout réjoui à cause de la voix de l’époux ; cette joie donc, qui est la mienne, est accomplie »
(Jean 3:29). Mais Jésus ajoute que le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que
Jean, c’est-à-dire que, lorsque le royaume sera établi, ceux qui en feront partie auront un
privilège plus grand que ceux qui l’ont annoncé. Cela est tout particulièrement vrai pour ceux
qui croient aujourd’hui. En effet, lorsque le royaume sera établi en gloire, nous régnerons
avec Christ, puisque nous avons souffert avec lui pendant le temps de son rejet, car nous
reconnaissons ses droits comme roi, tandis que le monde les méconnaît et le méprise.

Jésus dit que « depuis les jours de Jean… jusqu’à maintenant, le royaume des cieux est pris
par violence, et les violents le ravissent » (v. 12). Jusqu’à Jean, sous le régime de la loi et des
prophètes, Israël tout entier était le peuple de Dieu ; mais vu son état d’impiété, Jean avait
annoncé l’établissement du royaume et prêché la repentance nécessaire pour y entrer. Les
Juifs orgueilleux disaient : « Nous avons Abraham pour père », mais ne voulaient rien d’un
royaume introduit de la sorte, et conduisirent le peuple à rejeter le roi. Aussi ceux d’entre eux
qui acceptaient la parole de Jean et de Jésus devaient faire violence à tout ce qui les entourait,
selon la parole du Seigneur dans le sermon sur la montagne : Luttez pour entrer par la porte
étroite.

Il en va de même aujourd’hui, car nous sommes au milieu d’un monde qui a rejeté Christ.
Résistons-lui donc pour entrer dans le chemin étroit qui mène à la vie !

Les Juifs sont avertis que Jean était bien Élie qui doit venir avant l’établissement du royaume
et des jugements qui le précéderont (v. 14), pour préparer le chemin du Christ dans les cœurs.
C’est ce qu’a fait Jean le Baptiseur, comme le Seigneur le dit en citant le passage de
Malachie, au v. 10 (voir aussi Luc 1:17). Tous ceux qui n’ont pas profité de son ministère ont
eu leur part avec le peuple incrédule. Dans les temps futurs, avant la venue de Christ en

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gloire, de nouveau un Élie sera envoyé, selon cette parole : « Voici, je vous envoie Élie, le
prophète, avant que vienne le grand et terrible jour de l’Éternel » (Malachie 4:5), et de même
tous ceux qui ne le recevront pas, seront frappés par les jugements.

Aussi le Seigneur prononce ces paroles qui sont solennelles aujourd’hui comme alors : « Qui
a des oreilles pour entendre, qu’il entende » (v. 15). Car « la foi est de ce qu’on entend, et ce
qu’on entend par la parole de Dieu » (Romains 10:17).

Le peuple était sans excuse : Dieu avait employé, mais en vain, tous les moyens nécessaires,
afin que tous puissent jouir des bénédictions promises par la présence du Messie. Tels des
enfants, assis sur la place du marché et qui ne sont jamais d’accord avec les propositions de
leurs camarades. Quand Jean le Baptiseur parut, austère comme un prophète, séparé des
pécheurs qu’il invitait à la repentance, ils dirent : « Il a un démon ». Le Fils de l’homme vient
en grâce chercher les pécheurs où ils se trouvent, ne craignant pas de se placer en contact avec
les hommes les plus souillés, parce qu’il venait chercher et sauver ce qui était perdu, et ils
dirent alors : « Voici un mangeur et un buveur, un ami des publicains et des pécheurs » (v. 18,
19).

Au milieu de cet état de choses, le Seigneur appelle ceux qui ont cru les enfants de la sagesse,
parce qu’ils écoutent la voix de la sagesse, la voix de Dieu qui avertit les simples à accepter la
Parole (Lire Proverbes 8 et 9:1-6). La sagesse les a trouvés et elle a été justifiée par eux, cette
sagesse de Dieu qui est folie pour les sages et les intelligents de ce monde. Aussi, quels
résultats glorieux et éternels pour ceux qui la trouvent (Proverbes 8:35), quel contraste avec
ceux qui la rejettent ! (v. 36).

Ne voulez-vous pas tous être des enfants de la sagesse, chers lecteurs ?

12.3 - Chapitre 11 v. 20-24 — Reproches de Jésus

Combien le Seigneur devait souffrir en voyant l’aveuglement et l’incrédulité de ceux qui le


rejetaient, bien que les témoins et les objets de sa grâce merveilleuse. Aussi, dans le sentiment
douloureux des conséquences qui en résulteraient pour les villes les plus favorisées, il leur
adresse des reproches et prophétise le malheur qui sera leur part au jour du jugement.

Les cités orgueilleuses et païennes de Tyr et de Sidon se seraient repenties, si elles avaient
joui des privilèges dont avaient bénéficié ces villes de la Galilée, et Sodome subsisterait
encore. C’est pourquoi, au jour du jugement, elles subiront un châtiment moins sévère que
celles au milieu desquelles le Seigneur opéra le plus grand nombre de ses miracles. Car les
peines éternelles seront proportionnées non seulement aux péchés commis, mais aussi aux
privilèges possédés ; car tout doit avoir lieu selon la justice parfaite de Dieu. Combien cette
solennelle vérité est propre à faire réfléchir tous ceux qui ont entendu la Parole sans l’avoir
encore reçue dans leur cœur par la foi ! Car si la responsabilité des villes de la Palestine sera
grande au jour du jugement, que ne sera pas celle des pays christianisés, et tout
particulièrement celle de tous ceux qui, dès leur jeune âge, ont reçu les enseignements de
l’Évangile sans se les être appropriés ? De tous les malheureux qui passeront l’éternité dans
les ténèbres de dehors, aucun n’endurera plus de tourments que celui qui se souviendra de
tous les appels entendus de la part de ses proches, de ses amis, ou des serviteurs du Seigneur
et de tant d’autres manières, et qui n’y aura pas répondu.

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Quel supplice que de devoir éternellement s’accuser d’être loin de Dieu par sa propre faute,
parce que l’on aura méprisé son amour dans le temps de sa longue patience, parce que l’on
aura préféré aux choses d’en haut les vanités mensongères du présent siècle.

12.4 - Chapitre 11 v. 25-30 — La révélation du Père

« En ce temps-là, Jésus répondit et dit : Je te loue, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre, parce
que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et que tu les as révélées aux petits
enfants. Oui, Père, car c’est ce que tu as trouvé bon devant toi ». Ce « temps-là » était celui où
Jésus constatait avec douleur son rejet ; combien il aurait voulu que son peuple le reçoive, lui
qui put leur dire : « Que de fois j’ai voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble
ses poussins sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu ! » (Matthieu 23:37). Rien n’est plus
douloureux au cœur qu’un amour incompris, méconnu, rejeté. Mais le Seigneur, dans une
soumission parfaite, s’en remet à son Père comme au Seigneur du ciel et de la terre, et porte
ses pensées sur les conséquences bénies qui résulteront, pour d’autres, du fait de son rejet par
son pauvre peuple qui s’est laissé aveuglément conduire par ses chefs, les sages et les
intelligents. Ceux qui en profiteront seront les petits enfants, les croyants, où qu’ils se
trouvent. Tous peuvent y avoir part, s’ils prennent cette place de petits enfants, s’ils croient en
toute simplicité. S’il fallait devenir sage et intelligent selon l’homme, beaucoup ne pourraient
être sauvés. Un petit enfant qui croit ce que Dieu dit, qui reçoit Jésus pour son Sauveur, reçoit
aussi la révélation des pensées de Dieu, auxquelles les raisonneurs de ce siècle ne
comprennent rien : elles leur sont cachées ; pour qu’elles leur soient révélées, il faut qu’ils
reçoivent Jésus comme Sauveur avec la simplicité de la foi enfantine.

La gloire de la personne de Jésus apparaît ici au milieu de son rejet et dans son abaissement
(v. 27). Quoique l’homme toujours soumis et obéissant, Jésus a toujours conscience de sa
gloire ; c’est ce qui fait ressortir la beauté de son humiliation. « Toutes choses m’ont été
livrées par mon Père », dit-il. Si tout à l’heure, dans son humble dépendance, il appelle son
Père « Seigneur du ciel et de la terre », il sait que le Père lui a remis toutes choses entre les
mains. « Dieu… lui a donné un nom au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus se ploie
tout genou des êtres célestes, et terrestres, et infernaux, et que toute langue confesse que Jésus
Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père » (Philippiens 2:9-11). La gloire de sa personne
est si grande, si insondable dans l’union de sa parfaite humanité et de son absolue divinité,
que personne ne le connaît si ce n’est le Père. Personne ne pouvait, en se trouvant en présence
du Fils de Dieu sur la terre, connaître la gloire de sa personne. Mais s’il ne pouvait être ainsi
connu que du Père, jusqu’alors personne non plus ne connaissait le Père. Ni la loi, ni les
prophètes ne l’avaient révélé. Qui donc pouvait le révéler, sinon celui que personne ne
connaissait, qui était ici-bas : « le Fils unique, qui est dans le sein du Père » et qui marchait
toutefois au milieu des hommes comme l’un d’eux ? C’est précisément pour révéler Dieu sous
son caractère de Père à de pauvres pécheurs qui n’auraient pu voir Dieu sans mourir, que le
Seigneur est venu dans son inscrutable humanité apporter la révélation de Dieu en grâce, le
Père, de sorte qu’il peut dire : « Personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils, et celui à qui le
Fils voudra le révéler ». Puisque son peuple le méconnaît et le rejette comme Messie, il
continuera son oeuvre de grâce en révélant la plénitude de l’amour de Dieu le Père à qui il
voudra. L’amour est souverain.

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12.5 - Chapitre 11 — Appel au Sauveur

On peut poser la question : À qui le Fils voudra-t-il révéler le Père ? Jésus répond lui-même
en disant : « Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi, je vous
donnerai du repos » (v. 28). Ce cher Sauveur voyait, non seulement au milieu de son peuple
coupable, mais dans le monde entier, des âmes fatiguées et chargées. Il sait que le pécheur se
fatigue inutilement en cherchant à se délivrer lui-même. Que de choses ne fait-on pas, lorsque
le fardeau du péché pèse sur la conscience, pour en être délivré ? Mais tout est vain. L’état ne
fait qu’empirer. Personne ne peut donner le repos à une âme ainsi tourmentée, si ce n’est le
Fils de Dieu.

Une femme catholique allait mourir, le poids de ses péchés accablait son cœur ; on fit venir le
prêtre ; il lui administra les sacrements de l’Église qui n’apportèrent aucun soulagement à sa
conscience, malgré l’assurance que donnait le prêtre quant à la valeur des sacrements.
L’angoisse demeurait d’autant plus terrible que la fin approchait. Enfin, à bout de ressources,
le prêtre dit à la pauvre femme : « Regardez à Jésus mort sur la croix », sans comprendre qu’il
dirigeait ses regards vers la seule source de paix et de repos. La paix vint remplir le cœur de la
mourante, mais le prêtre ne se rendit pas compte pourquoi. Ce n’est que plus tard, lorsqu’il
éprouva pour lui-même la valeur de la croix, qu’il sut ce qui s’était passé dans le cœur de cette
pauvre femme.

Ces paroles ineffables retentissent encore dans ce monde aujourd’hui : « Venez à moi, vous
tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi, je vous donnerai du repos ». Nous savons
que, si le Sauveur peut décharger le pécheur du poids de ses péchés, c’est parce qu’il en a pris
le fardeau sur lui-même, à la croix, sous le jugement de Dieu qui les a consumés et ôtés pour
toujours de devant lui et de dessus le coupable qui croit à la valeur de ce sacrifice. C’est après
avoir accompli cette œuvre parfaite que ce bien-aimé Sauveur est monté dans la gloire, et de
là il invite encore aujourd’hui, par sa Parole, quiconque est fatigué et chargé à venir à lui pour
jouir du repos.

Le Seigneur parle encore d’un autre repos que l’on trouve en prenant son joug sur soi. Après
avoir reçu le pardon de ses péchés, le croyant doit traverser ce monde où il rencontre bien des
choses pénibles, des épreuves de tous genres ; la volonté en ressent des contrariétés, l’âme est
agitée, parce que l’on ne peut rien changer aux circonstances. Le Seigneur nous enseigne
comment il est possible d’aller en avant au milieu des épreuves les plus grandes, en jouissant
de ce repos-là. Il peut l’enseigner, lui qui fut débonnaire et humble de cœur, parce qu’il a
passé le premier dans un chemin de souffrances dans l’obéissance. En entrant dans ce monde,
il dit : « Voici, je viens, … pour faire, ô Dieu, ta volonté ». Dans son chemin il a toujours tout
accepté de la main de son Père, jusqu’à la terrible coupe en Gethsémané. Nous l’entendons
dire : « Oui, Père, car c’est ce que tu as trouvé bon devant toi ». Ce qu’il veut nous apprendre,
chers lecteurs, c’est à pouvoir parler comme lui, dans toutes les circonstances qui contrarient
le plus notre volonté et qui accablent le plus notre cœur. Il veut nous apprendre à les traverser
avec lui et à dire : « Oui, Père, car c’est ce que tu as trouvé bon devant toi ». Il dit : « Prenez
mon joug sur vous, et apprenez de moi, car je suis débonnaire et humble de cœur ; et vous
trouverez le repos de vos âmes. Car mon joug est aisé et mon fardeau est léger » (v. 29, 30).
Son joug, c’est la soumission à la volonté de son Père. Pour le cœur renouvelé, ce joug est
aisé, ce fardeau est léger ; c’est le sien ; il le porte avec nous, et ainsi nous jouissons de sa
communion au travers des épreuves ; là nous apprenons à le connaître mieux que dans la
prospérité matérielle, et nous pouvons jouir sans cesse de ce repos en communion avec lui,
quelque pénibles que soient nos circonstances.

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Quel parfait Sauveur nous possédons en Christ ! Puissions-nous tous apprendre à le connaître
toujours mieux, si nous sommes allés à lui pour être délivrés du fardeau de nos péchés, et
apprendre de lui tous les jours ce qui est le chemin de la soumission à la volonté du Père, pour
trouver le repos de l’âme au milieu des circonstances du désert, en attendant d’entrer bientôt
dans le repos de Dieu au terme du chemin.

13 - Chapitre 12
Dans le chapitre précédent, Jésus constate pleinement son rejet et le ressent douloureusement
dans son cœur. Ici, ce rejet s’accentue et les conséquences pour le peuple juif sont présentées,
savoir le rejet du peuple et son jugement.

13.1 - Chapitre 12 v. 1 à 8 — Le Fils de l’homme Seigneur du sabbat

Un jour de sabbat, Jésus traversait des champs de blé, et ses disciples, ayant faim, se mirent à
manger des grains. La loi de Moïse permettait de faire cela en passant dans le champ de son
prochain, pourvu que l’on se borne à arracher les épis, sans les couper avec la faucille
(Deutéronome 23:25). Mais c’était le sabbat et les pharisiens firent observer au Seigneur que
les disciples commettaient un acte interdit ce jour-là. Jésus rappelle que David, lorsqu’il fuyait
de devant Saül (1 Samuel 21), mangea des pains de proposition que les sacrificateurs seuls
avaient le droit de manger. David, comme Jésus, était le roi rejeté ; à quoi donc servait
l’observation des ordonnances, si l’on méconnaissait le roi ? Le Seigneur cite un autre fait :
c’est que les sacrificateurs, qui officiaient dans le temple le jour du sabbat, n’étaient pas tenus
pour coupables, parce qu’ils se trouvaient dans la maison de Dieu sur la terre. Jésus ajoute :
« Mais je vous dis qu’il y a ici quelque chose de plus grand que le temple ». C’était Dieu lui-
même au milieu de son peuple, non dans le temple, mais dans la personne de son Fils, ce Fils
que nul ne connaît si ce n’est le Père. « Et si vous aviez connu, dit-il, ce que c’est que : « Je
veux miséricorde et non pas sacrifice », vous n’auriez pas condamné ceux qui ne sont pas
coupables ». Si les pharisiens avaient compris que Dieu visitait son peuple en pure
miséricorde, ils auraient agi selon cet esprit et n’auraient pas condamné les disciples, qui, vu
l’état des choses, n’étaient pas coupables.

Puis Jésus ajoute : « Car le Fils de l’homme est Seigneur du sabbat ». Jésus étant rejeté
comme Messie, tout le système légal était mis de côté et le Seigneur prend le titre de Fils de
l’homme dont les droits s’élèvent au-dessus de tout, de sorte qu’il pouvait disposer du sabbat
au lieu de lui être soumis. Mais les pharisiens voulaient garder le sabbat ainsi que tous les
privilèges extérieurs qui appartenaient au peuple juif, tout en rejetant le Messie, Dieu lui-
même qui leur avait donné la loi.

Le sabbat rappelait l’alliance de Dieu avec son peuple (Exode 31:16, 17 ; Ézéchiel 20:12).
Dieu montrait par là à Israël son intention de le faire participer à son repos. Mais, avec le
principe légal, on ne peut trouver de repos d’aucune sorte, parce que la loi a démontré
l’incapacité de l’homme à faire le bien et sa perte irrémédiable. Or Israël avait non seulement
violé la loi dès le commencement, mais il rejetait son Sauveur et son Roi, et dès lors il perdait
droit à la bénédiction sur le pied de la loi ; inutile donc de conserver les ordonnances légales,

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puisque, sous elles, les hommes périssaient. Dieu désirait agir en grâce envers Israël, comme
envers tous, car il ne peut se reposer en voyant l’homme demeurer sous les conséquences du
péché. Le Seigneur ne voulait pas laisser croire à ce pauvre peuple qu’il pouvait continuer à
observer le sabbat, tout en le rejetant Lui-même, lui son Sauveur. Il était là pour travailler en
grâce. « Mon Père travaille jusqu’à maintenant, et moi je travaille », dit-il dans une
circonstance semblable (Jean 5:17). C’est pourquoi, au chapitre précédent, il invite à venir à
lui pour avoir le repos que jamais la loi n’a pu donner.

13.2 - Chapitre 12 v. 9-13 — Guérison d’un homme ayant la main sèche

Le fait suivant démontre que le système légal, sous lequel les Juifs voulaient absolument
demeurer, ne pouvait convenir au misérable état dans lequel l’homme était tombé.

Il y avait, dans la synagogue, un homme à la main sèche, et les Juifs, pour pouvoir accuser
Jésus, lui demandèrent s’il était permis de guérir le jour du sabbat. Mais il leur dit : « Quel
sera l’homme d’entre vous, qui aura une brebis, et qui, si elle vient à tomber dans une fosse un
jour de sabbat, ne la prendra et ne la relèvera pas ? Combien donc un homme vaut-il mieux
qu’une brebis ! … Alors il dit à l’homme : Étends ta main. Et il l’étendit, et elle fut rendue
saine comme l’autre ». Or, puisque les Juifs ne tenaient pas compte du sabbat pour sauver une
brebis, combien plus Dieu travaillerait-il en grâce tous les jours pour délivrer les hommes
tombés sous les conséquences terribles du péché !

La guérison de cet homme, et plus encore les paroles de vérité que les pharisiens venaient
d’entendre, les exaspérèrent au point qu’ils tinrent conseil pour faire mourir Jésus. Mais Jésus,
le sachant, se retira de là, suivi de grandes foules, et il guérit tous les malades. La haine
implacable des Juifs à l’égard du Seigneur ne l’empêchait pas de répondre aux nombreux
besoins de la foule qui l’entourait malgré l’animosité de ses chefs. L’amour du Seigneur ne
cherchait qu’à se satisfaire en faisant du bien, en délivrant ceux que le diable avait asservis à
sa puissance (Actes 10:38). Il accomplissait la volonté de son Père, et ne voulait pas attirer sur
lui l’attention curieuse des hommes, ni leurs louanges. C’est pourquoi il leur défendit
expressément de publier son nom, afin que soit accomplie cette parole d’Ésaïe 42:1-4 :
« Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu en qui mon âme trouve son plaisir. Je mettrai
mon Esprit sur lui ; il fera valoir le jugement à l’égard des nations. Il ne criera pas, et il
n’élèvera pas sa voix, et il ne la fera pas entendre dans la rue. Il ne brisera pas le roseau
froissé, et n’éteindra pas le lin qui brûle à peine. Il fera valoir le jugement en faveur de la
vérité. Il ne se lassera pas, et il ne se hâtera pas, jusqu’à ce qu’il ait établi le juste jugement sur
la terre ; et les îles s’attendront à sa loi ». Quel contraste entre l’appréciation de Dieu et celle
des hommes au sujet de son Fils ! Il est dit de lui qu’avant la fondation du monde, il était le
nourrisson de Dieu, ses délices de tous les jours, toujours en joie devant lui (Proverbes 8:30).
Quand Dieu eut besoin d’un serviteur pour accomplir sa grande œuvre sur la terre, c’est ce
Bien-aimé qui fut élu pour cela. On comprend donc la satisfaction que le cœur de Dieu
éprouva en le voyant ici-bas. Aussi il a pu dire en d’autres circonstances : « Celui-ci est mon
Fils bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir » (Matthieu 3:17 ; 17:5). Mais, hélas ! rien ne
fait mieux ressortir l’abîme moral qui se trouve entre Dieu et l’homme que l’appréciation de
l’un et de l’autre quant à la personne du Seigneur, ainsi que le montrera la suite de notre
chapitre. Qu’est-ce que Dieu peut attendre d’un être qui hait si parfaitement l’objet de ses
délices éternelles ? Comment un tel homme peut-il être agréable à Dieu ? C’est pourquoi Paul
dit : « Ceux qui sont dans la chair ne peuvent plaire à Dieu » (Romains 8:8). Mais du Seigneur

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Jésus, Dieu peut dire : « Je mettrai mon Esprit sur lui, et il annoncera le jugement aux
nations ». Nul ne pouvait recevoir l’Esprit de Dieu, si ce n’était Jésus à cause de sa propre
perfection. Il fut scellé de l’Esprit dès son entrée publique dans ce monde, tandis que le
croyant ne peut recevoir le Saint Esprit qu’une fois purifié de ses péchés par la foi au sang de
Christ, ainsi que nous l’avons vu au chapitre 3. « Il ne contestera pas, et ne criera pas, et
personne n’entendra sa voix dans les rues ». Ces paroles indiquent bien le caractère de grâce
de cet Homme doux et humble de cœur, agissant dans la puissance de l’Esprit pour accomplir
son œuvre d’amour, sans attirer l’attention, s’effaçant toujours dans une parfaite abnégation
de lui-même, contrairement aux hommes qui font beaucoup de bruit pour peu de chose. On l’a
dit : « Le bien ne fait pas de bruit et le bruit ne fait pas de bien ». Venu pour accomplir la
volonté de son Père, c’est pour lui que le Seigneur agissait toujours. Il ne cherchait que son
approbation, jamais celle des hommes, ni même celle des disciples.

Chers lecteurs, prenons pour modèle ce serviteur parfait ; soyons pénétrés des principes qui le
faisaient agir, afin que notre vie, notre service se réalisent en vue de plaire à Dieu seul ; car si
nous lui sommes agréables en ce que nous faisons, nous accomplirons toujours le bien, et
nous serons sûrement agréables et utiles à d’autres. Le jour viendra où le travail de chacun
sera manifesté selon l’appréciation du Maître, et où chacun recevra sa louange.

Un autre trait de la grâce, de la bonté qui caractérisait Jésus est indiqué par ces paroles : « Il
ne brisera pas le roseau froissé, et il n’éteindra pas le lumignon qui fume, jusqu’à ce qu’il ait
produit en victoire le jugement ; et les nations espéreront en son nom ». Le roseau froissé
représente l’état de faiblesse du peuple Juif, écrasé sous la domination romaine, quoique tiré
de l’idolâtrie pour être la lumière de Dieu au milieu des nations. Cependant le Seigneur tient
compte du peu qu’il trouve, jusqu’au moment où le jugement introduira son règne, et alors les
nations espéreront en son nom, lors même qu’il semble souvent que cela auraut été juste d’en
finir avec un tel peuple.

Ce Sauveur débonnaire et plein de grâce agit de même envers chacun de nous.

13.3 - Chapitre 12 v. 22-32 — Le blasphème contre l’Esprit

Un homme démoniaque aveugle et muet fut amené au Seigneur, et il le guérit. Les foules,
voyant un miracle si merveilleux, disaient avec étonnement : « Celui-ci serait-il le Fils de
David ? » En entendant cela, les pharisiens, qui redoutaient les effets de la puissance de Dieu,
ne pouvant renier le miracle, l’attribuèrent au chef des démons. Leur haine pour Jésus les
aveuglait à tel point qu’ils ne se rendaient pas compte de l’absurdité de leur accusation ; car,
comme le Seigneur le leur dit : « Tout royaume divisé contre lui-même sera réduit en désert…
Si Satan chasse Satan, il est divisé contre lui-même ; comment donc son royaume subsistera-t-
il ? » C’est par la puissance du Saint Esprit que le Seigneur chassait les démons ; pour s’en
servir, contre Satan, il avait dû lier l’homme fort, lors de la tentation au désert ; et, en vertu de
cette victoire, il pouvait piller ses biens, c’est-à-dire délivrer ceux que Satan avait asservis à sa
puissance. Le déploiement de cette puissance sur les démons prouvait que le royaume était
parvenu jusqu’à ces misérables Juifs. C’est par l’exercice de cette puissance que s’établira
plus tard le royaume, lors de l’apparition du Fils de l’homme.

Cette accusation de chasser les démons par Béelzébul constituait un péché d’une gravité
exceptionnelle, car ce n’était rien moins qu’attribuer à Satan la puissance par laquelle le

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Seigneur agissait. Aussi le Seigneur dit que « tout péché et tout blasphème sera pardonné aux
hommes… Et quiconque aura parlé contre le Fils de l’homme, il lui sera pardonné ; mais
quiconque aura parlé contre l’Esprit Saint, il ne lui sera pardonné ni dans ce siècle, ni dans
celui qui est à venir ». Le Seigneur dit aussi en parlant de ses bourreaux : « Père, pardonne-
leur, car ils ne savent ce qu’ils font ». Quelle grâce insondable ces paroles révèlent ! Mais
traiter la puissance du Saint Esprit de puissance du diable, cela ne serait pardonné à ceux qui
s’en rendraient coupables, ni dans ce siècle-ci — le siècle de la loi, le siècle où les Juifs
étaient alors — ni dans le siècle à venir — le siècle où le Seigneur établirait son royaume en
vertu de cette même autorité. Car comment des hommes qui attribueraient à Satan la
puissance par laquelle le royaume serait établi, pourraient-ils avoir la vie pour y entrer ? Le
temps actuel est celui de la grâce, qui se trouve entre les deux siècles mentionnés. Il y a des
personnes que l’Ennemi trouble de nos jours en leur faisant croire qu’elles ont commis le
péché ou blasphémé contre le Saint Esprit, et que par conséquent elles ne peuvent être
sauvées. Pour le commettre il faut se trouver dans le temps où cette puissance s’exerce.
Aujourd’hui, « quiconque croit a la vie éternelle ».

13.4 - Chapitre 12 v. 33 à 37 — Bon trésor et mauvais trésor

Dans les versets 33 à 37, le Seigneur montre à ces hommes que leurs paroles manifestaient ce
qu’ils étaient : des méchants, du cœur desquels il ne pouvait sortir de bonnes choses ; car de
l’abondance du cœur la bouche parle, et l’arbre est connu par son fruit. Comme c’est par la
bouche que se manifeste l’état du cœur, il faudra rendre compte à Dieu, au jour du jugement,
de toutes les paroles oiseuses qu’on aura dites. Car, « par tes paroles tu seras justifié, et par tes
paroles tu seras condamné ». De même aussi il est dit : « Du cœur on croit à justice, et de la
bouche on fait confession à salut » (Romains 10:10), car comment savoir si quelqu’un est
sauvé s’il ne le confesse pas ?

Le Seigneur dit au v. 35 : « L’homme bon, du bon trésor, produit de bonnes choses, et
l’homme mauvais, du mauvais trésor, produit de mauvaises choses ». Comment peut-il venir
quelque chose de bon de l’homme ? Car il est dit que « nul n’est bon, sinon un seul, Dieu »
(Luc 18:19). Pour qu’il puisse sortir quelque chose de bon de l’homme, il faut que Dieu y ait
premièrement placé ce qui est bon. Il le fait par la nouvelle naissance, cette régénération dont
parle Jacques 1:18 : « Il nous a engendrés par la parole de la vérité ». Mais ce n’est pas tout
que d’être né de nouveau ; il faut ensuite écouter la Parole, s’en nourrir, la lire ; c’est
l’exhortation que donne Jacques dans le verset suivant : « Que tout homme soit prompt à
écouter, lent à parler, lent à la colère ». Que nos pensées soient formées par la parole de Dieu,
afin que nous puissions, de ce bon trésor, produire de bonnes choses ! Souvenons-nous qu’il
ne peut rien venir de bon de notre cœur, sinon ce que Dieu y met par sa Parole. C’est pourquoi
nous trouvons constamment, dans les discours de la Sagesse, ces exhortations : « Écoute » ;
« Écoutez » ; « N’oublie pas mes enseignements » ; « Sois attentif à mes paroles » ; etc., etc
(Proverbes 1 à 9). L’auteur de ce livre, lorsqu’il était encore jeune et que Dieu lui disait :
« Demande ce que tu veux que je te donne », au lieu de souhaiter des richesses, répondit :
Donne-moi « un cœur qui écoute » (1 Rois 3:1-9). Que ce soit là votre prière, afin que Dieu
puisse aussi vous dire : « Voici, j’ai fait selon ta parole » (v. 12). Car « bienheureux l’homme
qui m’écoute, veillant à mes portes tous les jours, gardant les poteaux de mes entrées ! Car
celui qui m’a trouvée a trouvé la vie, et acquiert faveur de la part de l’Éternel ; mais celui qui
pèche contre moi fait tort à son âme ; tous ceux qui me haïssent aiment la mort » (Proverbes
8:34-36).

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13.5 - Chapitre 12 v. 38-42 — Le signe de Jonas

Il est peu de portions de l’Évangile qui montrent, comme le fait ce chapitre, la méchanceté et
l’aveuglement de ces hommes religieux qui entouraient le Seigneur. Après avoir vu les
guérisons merveilleuses qu’il venait d’accomplir et entendu les foules, frappées par ces signes
évidents de la présence du Messie au milieu d’elles, s’écrier : « Celui-ci serait-il le Fils de
David ? » les scribes et les pharisiens osent venir à Jésus avec cette requête : « Maître, nous
désirons voir un signe de ta part » (v. 38-42). Le Seigneur leur répond selon la connaissance
qu’il avait de leurs intentions : « Une génération méchante et adultère recherche un signe ; et
il ne lui sera pas donné de signe, si ce n’est le signe de Jonas le prophète. Car, comme Jonas
fut dans le ventre du cétacé trois jours et trois nuits, ainsi le Fils de l’homme sera trois jours et
trois nuits dans le sein de la terre ». Ce signe, c’est la mort et la résurrection de Jésus. Bien
qu’il ait accompli toutes les œuvres par lesquelles ils pouvaient reconnaître en lui le Messie
promis, ils ne voulaient rien de lui. Ainsi le seul signe à leur présenter, puisque tout autre était
inutile, était celui de Jonas, sa mort, résultat de leur haine contre lui. Mais sa résurrection est
aussi comprise dans ce signe, puisque Jésus ne sera que trois jours et trois nuits dans la terre
(*).

(*) On a souvent objecté à ce passage que le Seigneur n’avait pas été trois jours et trois nuits
dans le sépulcre, puisqu’il avait été enseveli le vendredi soir et qu’il était ressuscité le
dimanche matin. Cette apparente inexactitude provient de la manière de compter des Juifs, qui
considéraient comme entière une journée dont une partie seulement entrait dans l’espace de
temps embrassé. Ainsi le seigneur fut enseveli le vendredi soir, ce qui fait le premier jour. Il
passa le sabbat en entier dans le sépulcre et ressuscita le matin du premier jour, dimanche
(troisième jour).

Ce signe impliquait en même temps leur condamnation ; ils se montraient bien inférieurs aux
païens de Ninive, qui s’étaient repentis à la prédication de Jonas, et ils avaient au milieu d’eux
quelqu’un de plus grand que Jonas. Aussi, au jour du jugement, ce mépris de Jésus, le divin
prédicateur, aggravera fort leur condamnation, et la reine de Sheba se lèvera en témoignage
contre eux, car la sagesse de Salomon l’avait attirée des bouts de la terre, tandis que cette
génération a eu au milieu d’elle, non pas Salomon, mais la Sagesse même, cette Sagesse qui
parle au chapitre 8 des Proverbes, et elle n’en a rien voulu.

13.6 - Chapitre 12 v. 43 à 45 — Le sort d’Israël incrédule

Dans les versets 43 à 45, Jésus donne un tableau de l’état terrible de cette génération aux
derniers jours, comme conséquence de son incrédulité. « Or quand l’esprit immonde est sorti
d’un homme, il va par des lieux secs, cherchant du repos, et il n’en trouve point. Alors il dit :
Je retournerai dans ma maison d’où je suis sorti. Et y étant venu, il la trouve vide, balayée et
ornée. Alors il va, et prend avec lui sept autres esprits plus méchants que lui-même ; et étant

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entrés, ils habitent là ; et la dernière condition de cet homme-là est pire que la première. Ainsi
en sera-t-il aussi de cette génération méchante ».

Le Seigneur prend pour figure de l’état d’Israël aux derniers jours, ce qui pouvait arriver,
paraît-il, à un homme dont un démon était sorti. Dieu seul sait tout ce qui se passe dans ce
domaine invisible, où se meuvent les mauvais esprits. Ce démon, une fois sorti de l’homme,
représente l’idolâtrie à laquelle s’était livré le peuple d’Israël autrefois et qui avait causé sa
transportation à Babylone ; car l’idolâtrie n’est autre chose que l’adoration des démons (Voir
1 Corinthiens 10:19, 20). Revenu de la captivité, le peuple ne retomba pas dans l’idolâtrie. Le
temple fut rebâti, le culte lévitique rétabli ; extérieurement tout paraissait en ordre. C’est au
milieu de cet état de choses que Jésus vint, pour être reçu dans sa maison. « Il vint chez soi ;
et les siens ne l’ont pas reçu ». Si le démon de l’idolâtrie avait été chassé, c’était pour que le
peuple reçoive son roi ; mais comme il s’y refusait, la maison restait vide, non seulement vide
et balayée de l’idolâtrie, et ornée de formes du culte du vrai Dieu, mais vide aussi de Celui qui
venait apporter à son peuple bien-aimé les bénédictions promises ; on l’avait rejeté en disant :
« Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous » (Luc 19:14). Alors ce démon de
l’idolâtrie s’étant trouvé à son aise en Israël, il revient, trouve la maison vide et bien préparée
à le recevoir, prend avec lui sept autres démons plus méchants que lui-même, entre et habite
là.

Rentré dans son pays, ce qui aura lieu prochainement, le peuple juif se trouvera dans le même
état d’incrédulité quant à Christ qu’au temps où Jésus était sur la terre. Le temple sera rebâti,
le service lévitique rétabli ; tout marchera, pendant un temps, avec les formes du culte juif.
Mais bientôt, qui viendra occuper ce temple ? Le Seigneur ? Rejeté autrefois et l’étant
toujours, il est caché dans les cieux. Nous trouvons la réponse à notre question en 2
Thessaloniciens 2:4. C’est l’Antichrist, l’homme de péché, celui dont le Seigneur parle en
disant aux Juifs : « Moi, je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas ; si un
autre vient en son propre nom, celui-là vous le recevrez » (Jean 5:43). Telle est cette idolâtrie
de la fin, sept fois pire que celle qui amena la transportation d’Israël à Babylone ; elle aura
pour conséquence le jugement radical, exercé par le moyen du terrible Assyrien, alors que le
résidu croyant recevra le Christ pour sa délivrance, et constituera le nouvel Israël qui jouira du
règne millénaire du vrai Fils de David.

13.7 - Chapitre 12 — La mère et les frères du Seigneur

Comme Jésus s’adressait aux foules, on vint lui dire que sa mère et ses frères cherchaient à lui
parler. Mais il répondit : « Qui est ma mère, et qui sont mes frères ? Et étendant sa main vers
ses disciples, il dit : Voici ma mère et mes frères ; car quiconque fera la volonté de mon Père
qui est dans les cieux, celui-là est mon frère, et ma sœur, et ma mère ». L’état d’Israël,
représenté par la mère et les frères de Jésus, ne lui permettait plus aucune relation avec le
Seigneur. Jésus prononce donc la rupture de ses relations avec ce peuple ; mais il reconnaît de
nouvelles relations avec ceux qui recevront sa parole et feront la volonté de son Père. Nous
savons que sa mère était du nombre de ceux-là et que, plus tard, ses frères entrèrent aussi dans
ces mêmes relations avec lui, bien que, pendant un temps, ils n’aient pas cru en lui. Désormais
tout est fini avec Israël selon la chair, comme peuple de Dieu ; par son incrédulité, il s’est
exclu lui-même des bénédictions qui lui avaient été apportées avec tant de grâce et d’amour.
Mais Dieu a ses ressources à lui et agira par sa parole pour se former un peuple céleste,
comme nous le verrons au chapitre suivant.

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14 - Chapitre 13
14.1 - Chapitre 13 — Parabole du semeur

Au commencement de ce chapitre, nous voyons Jésus sortant de la maison et s’asseyant au


bord de la mer. C’est à dessein que l’Esprit de Dieu nous rapporte ce fait ; la maison
représente Israël, maison vide maintenant parce que Christ a été rejeté. Il prend place dans une
barque, sur la mer, et de là il prêche aux foules rassemblées autour de lui. La mer, dans la
Parole, est souvent prise comme symbole des nations dans un état de confusion ; c’est en
général celui où se trouvaient les peuples de la terre en dehors d’Israël. C’est là maintenant
que Dieu opèrera. Ces faits nous indiquent le changement qui résulte du rejet de Christ, pour
les Juifs et pour les nations.

Jusque-là Jésus était venu chercher du fruit en Israël, qu’il compare à une vigne (chap. 21:33 à
42 ; voir aussi, Psaume 80:8-16, et Ésaïe 5:1-7) ; mais, comme nous l’avons souvent dit, sans
la vie de Dieu, il est impossible que l’homme produise du fruit pour Dieu, malgré tous les
soins que Dieu lui a prodigués, ainsi qu’il le fit avec Israël. Pour obtenir du fruit, Dieu change
de manière d’agir : au lieu de réclamer de notre mauvais cœur naturel le bien qu’il ne peut
produire, il sème premièrement sa Parole qui produit, si elle est reçue par la foi, une nouvelle
nature grâce à laquelle Dieu peut obtenir ce qu’il a réclamé en vain de l’homme dans la chair.
Tel le changement présenté par la parabole du semeur (v. 1-12).

Comme nous le verrons, le champ où la Parole est semée n’est pas Israël seulement ; c’est
bien par là que le Seigneur et les apôtres commencèrent, mais c’est le monde entier, et le
terrain sur lequel la parole est semée, c’est le cœur de l’homme. Ce terrain présente des
différences que le Seigneur désigne dans la parabole.

Chez nous, les terrains destinés à recevoir la semence sont séparés de ceux qui ne se cultivent
pas ; on ne sème donc que sur la bonne terre. En Orient, au contraire, dans certaines contrées,
la terre ne recouvre pas entièrement les endroits rocailleux ; ici on trouve des buissons, là,
c’est un chemin qui traverse le champ et qui subsiste malgré les labours. La charrue évite ces
difficultés ; mais le semeur jette partout sa semence, dont une partie tombe dans ces places
impropres à produire une récolte. C’est pourquoi le Seigneur trouve là une image très propre à
faire ressortir les divers états du cœur de l’homme mis en présence de la Parole.

« Un semeur sortit pour semer. Et comme il semait, quelques grains tombèrent le long du
chemin, et les oiseaux vinrent et les dévorèrent. Et d’autres tombèrent sur les endroits
rocailleux, où ils n’avaient pas beaucoup de terre ; et aussitôt ils levèrent, parce qu’ils
n’avaient pas une terre profonde ; et, le soleil s’étant levé, ils furent brûlés, et parce qu’ils
n’avaient pas de racine, ils séchèrent. Et d’autres tombèrent entre les épines, et les épines
montèrent et les étouffèrent. Et d’autres tombèrent sur une bonne terre et produisirent du fruit,
l’un cent, l’autre soixante, l’autre trente. Qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ». Ce
dernier avertissement s’adresse encore aujourd’hui à chacun de nos lecteurs, car : « La foi est
de ce qu’on entend, et ce qu’on entend par la parole de Dieu » (Rom. 10:17). Comme la terre
ne peut produire par elle-même que de mauvaises herbes, si l’on n’y jette pas de la bonne
semence, le cœur naturel non plus, ne pourra porter du fruit pour Dieu que s’il reçoit, par la
foi, cette Parole ; elle engendrera chez le croyant une nouvelle vie par laquelle seule sera

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obtenu le fruit que Dieu réclame. Sans cela, on produira seulement ce fruit mauvais qui
amènera en jugement devant le grand trône blanc pour entendre une condamnation éternelle.

14.2 - Chapitre 13 v. 10-17 — Pourquoi Jésus parlait en paraboles

Les disciples demandaient au Seigneur pourquoi il parlait aux foules en paraboles (v. 10-17).
Sa réponse montre que maintenant il fait une différence entre la masse du peuple et ceux qui
écoutent sa Parole et la reçoivent, ainsi que nous l’avons vu aux v. 46-50 du chapitre
précédent. Aux disciples, il expliquait les enseignements contenus dans les paraboles ; aux
autres, cela était caché ; ceux qui reçoivent Christ ont seuls l’intelligence des pensées de Dieu,
aujourd’hui comme alors. Le royaume des cieux ne pouvait s’établir en gloire comme les
prophètes l’avaient annoncé, puisque le roi était rejeté ; il s’établissait d’une manière
mystérieuse, et ici, par ses enseignements, le Seigneur fait comprendre aux disciples quelle
forme ce royaume prendra jusqu’à son établissement en gloire. C’est pourquoi il dit : « À
vous il est donné de connaître les mystères du royaume des cieux ; mais à eux, il n’est pas
donné. Car à quiconque a, il sera donné, et il sera dans l’abondance ; mais à quiconque n’a
pas, cela même qu’il a sera ôté ». Ceux qui recevaient Jésus entreraient dans la plénitude des
bénédictions qu’il apportait, tandis que le peuple, qui se vantait de ses privilèges de peuple de
Dieu sur la terre, tout en rejetant Jésus, perdrait les privilèges qu’il avait possédés jusque-là.
Ainsi, par sa propre faute, il s’est privé de tout droit à la bénédiction, jusqu’à ce qu’il soit reçu
en grâce en vertu de la mort de Christ.

C’est précisément ce qui va arriver à la chrétienté. On célèbre aujourd’hui les avantages du


christianisme sur le paganisme et le judaïsme ; les protestants se vantent des lumières qu’ils
possèdent à la suite de la Réformation, tandis que le catholicisme prétend toujours être la
vraie Église. Mais que fait-on de Christ et de sa Parole ? Qui sont ceux que le Seigneur peut
reconnaître comme membres de son corps au milieu de toute cette profession chrétienne ?
Ceux qui l’ont reçu comme Sauveur et Seigneur et qui mettent ses paroles en pratique. À
ceux-là, il sera donné davantage ; et le temps approche où ce qui reste encore de ce que
l’Évangile a apporté au monde sera ôté de la chrétienté et remplacé par les ténèbres de
l’apostasie qui précédera les jugements. Ésaïe avait annoncé (chap. 6:9, 10) ce qui arrivait au
peuple : « En entendant vous entendrez et vous ne comprendrez point, et en voyant vous
verrez et vous n’apercevrez point ; car le cœur de ce peuple s’est épaissi, et ils ont ouï dur de
leurs oreilles, et ils ont fermé leurs yeux, de peur qu’ils ne voient des yeux, et qu’ils
n’entendent des oreilles, et qu’ils ne comprennent du cœur, et qu’ils ne se convertissent, et
que je ne les guérisse ».

Peut-être plus d’un de mes lecteurs objectera-t-il : rien d’étonnant à ce que les Juifs ne
comprennent pas, si Dieu leur parle de manière à ce qu’ils ne puissent ni voir, ni entendre, ni
être convertis. Mais le jugement qui atteignait le peuple sous cette forme avait été prononcé
par Ésaïe environ huit siècles auparavant, cent cinquante ans avant la transportation de Juda ;
et une trentaine d’années avant la fin du royaume d’Israël. Pendant tout ce temps le peuple ne
tint aucun compte de la patience de Dieu, et lorsque le Messie promis lui fut présenté, il le
rejeta. Donc, s’ils ne voient ni n’entendent, c’est parce qu’ils ont fermé eux-mêmes leurs yeux
et leurs oreilles et ont refusé de les ouvrir ; Dieu, qui ne peut supporter le mal à toujours,
laisse leurs yeux et leurs oreilles fermés, comme jugement. C’est ce qui arrivera dans la
chrétienté à ceux qui n’auront pas cru au Seigneur Jésus pour être sauvés. Après l’enlèvement
de l’Église, Dieu leur enverra une énergie d’erreur pour qu’ils croient au mensonge, afin que

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tous ceux-là soient jugés qui n’ont pas cru la vérité, mais qui ont pris plaisir à l’injustice » (2
Thess. 2:11, 12).

Chers lecteurs, si vous ne l’avez pas fait, ouvrez, sans tarder, les yeux et les oreilles de votre
cœur à cette merveilleuse grâce qui vous apporte le salut, avant que vienne le jour où Dieu,
après avoir attendu assez longtemps, vous les laissera fermés par la puissance de Satan pour
vous réveiller lorsqu’il sera trop tard. Aujourd’hui, le Seigneur peut dire à ceux qui l’ont reçu,
comme il disait à ses disciples : « Mais bienheureux sont vos yeux, car ils voient, et vos
oreilles, car elles entendent ». Ils voyaient alors Celui que plusieurs prophètes et plusieurs
justes avaient désiré voir ; ils entendaient ce qu’ils avaient désiré entendre. En effet, quel
privilège d’avoir vu et entendu la personne adorable de Jésus, le Fils de Dieu, venu pour
apporter le pardon, la vie, la paix, et ouvrir le chemin de la gloire ! Aujourd’hui encore, il
offre toutes les bénédictions qui découlent de sa mort à la croix. Demain, ce peut être trop
tard !

14.3 - Chapitre 13 v. 18-23 — Explication de la parabole du semeur

Dans les v. 18-23, Jésus explique aux disciples les raisons pour lesquelles il n’y a pas eu de
fruit porté dans les trois premiers cas mentionnés dans la parabole du semeur.

La semence jetée le long du chemin symbolise le cœur qui ne comprend pas la Parole. Il ne
comprend pas. Pourquoi ? Manque-t-il d’intelligence ? Est-il sourd ? Non, mais son cœur est
comme le chemin, dur, parce que tout le monde y passe. Tel le cœur de ceux qui sont occupés
de tout, sans aucun besoin pour les choses de Dieu. Indifférents ou incrédules, la Parole ne
leur dit rien ; s’ils l’entendent, ils ne la comprennent pas ; leur cœur n’y est pas ; ils sont
distraits par des jeux, des lectures, des promenades, aussi bien que par leurs études, le travail,
les affaires, sans parler des choses mauvaises en elles-mêmes. La semence reste à la surface,
et l’Ennemi a bientôt fait de la ravir.

La semence jetée sur les endroits rocailleux représente celui qui, au contraire, reçoit la Parole
avec joie ; il est disposé à écouter, elle est agréable à ses sens ; c’est quelqu’un qui dira en
sortant d’une prédication : « Cet orateur a bien parlé ; c’était très beau ; je reviendrai
l’entendre ». Il y trouve une certaine satisfaction, surtout si le prédicateur sait toucher les
sentiments. On prend de bonnes résolutions ; on décide de fréquenter des personnes
chrétiennes, de suivre même les réunions, et ceux qui sont témoins de cela mettent vite ces
personnes au nombre des convertis. Mais attendez ; l’épreuve va venir. Le monde ne voit pas
sans déplaisir les effets de la Parole dans une âme, tout superficiels qu’ils peuvent être, de
sorte que ceux qui manifestent les changements survenus sont vite exposés aux moqueries et
même à la persécution, comme à d’autres tribulations. Alors voyant les conséquences pénibles
qui résultent du fait d’avoir reçu la Parole, ils se retirent et tout est fini ; comme le blé dans les
rocailles qui a levé aussitôt, lorsque le soleil le frappe, il sèche vite, car il n’a pas de racine. La
conscience n’a pas été exercée. Le cœur doit être labouré par la parole de Dieu pour qu’il se
produise des résultats durables. La Parole ne produit jamais un effet agréable aux sens pour
commencer, parce qu’elle montre au pécheur l’état de son cœur, tout le mal qui s’y trouve.
Cette constatation produit le trouble, la terreur, même le désespoir, quand naît la conviction
que l’on est perdu et que l’on n’a autre chose à attendre que le jugement. Voilà le labourage
qui défonce le sol dur, qui élimine les cailloux. Au moment voulu de Dieu, la Parole, qui
présente Christ subissant à la place du coupable le jugement qu’il avait mérité, est reçue par la

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foi, apportant le pardon, la paix et la joie. Sachant de quoi il est délivré, le croyant peut
endurer les épreuves de tous genres ; il est enraciné dans la vérité, il est converti ; il porte du
fruit que le soleil fait mûrir, au lieu de dessécher la plante sans racines.

Vient ensuite la classe de ceux qui sont semés dans les épines. Ceux-là entendent la Parole,
qui produit aussi des effets extérieurs, comme une tige de blé dans un buisson ; elle peut
atteindre une certaine hauteur, porter même un épi, mais sans fruit. Les soucis sont une sorte
d’épines qui étouffent la Parole de la vie ; c’est tout ce par quoi le présent siècle peut rendre
un homme soucieux, et combien il y a de causes de soucis ! Car à une âme qui n’a pas été
amenée par la Parole à mettre sa confiance en Dieu, qui ne le connaît pas comme ce Père qui
sait de quoi nous avons besoin, tout cause des soucis ; elle est toujours inquiète ; elle admet
bien qu’il faut s’occuper de la Parole, mais cette parole, aussitôt étouffée, ne peut produire du
fruit. Puis il y a une autre sorte d’épines qui étouffent la Parole, justement ce en quoi l’homme
met sa confiance : les richesses ; on les désire, on ne se lasse pas de travailler à les obtenir ;
pendant ce temps, que peut faire la Parole ? Puis les richesses que donnent-elles ? La
déception ; on est victime de leur tromperie, elles ne produisent ni satisfaction durable, ni
paix ; elles vous laissent, ou bien il faut les laisser, avec un christianisme sans fruits, sans
valeur, ni pour l’âme, ni pour Dieu.

La quatrième classe comprend la graine semée sur la bonne terre. Voici un homme qui
comprend la Parole. Son cœur a été préparé comme nous l’avons vu en parlant de ceux qui
ont été semés dans les endroits rocailleux. La conscience a été labourée par la vérité, et
lorsque les manifestations extérieures de la vie ont lieu, c’est du véritable fruit qui est produit.
Il découle de la vie divine à la gloire de Dieu. Le fruit est la manifestation de la vie de Dieu
dans le croyant, sous quelque forme que ce soit. Seul ce fruit-là est agréable à Dieu et
demeure pour l’éternité. Puissions-nous tous en porter, non seulement trente, ni soixante, mais
cent ! Ainsi que dit Paul aux Philippiens : « Étant remplis du fruit de la justice, qui est par
Jésus Christ à la gloire et à la louange de Dieu » (Chap. 1:11).

14.4 - Chapitre 13 — Les six paraboles du royaume des cieux

Après avoir exposé aux disciples la parabole du semeur qui montre comment le Seigneur
opère pour obtenir du fruit, Jésus présente encore six autres paraboles pour exposer les
résultats de ses semailles dans ce monde, jusqu’au moment où il établira son royaume en
gloire. C’est le temps où l’Église est sur la terre et où le royaume existe en l’absence du roi.
Ces six paraboles se divisent en deux parties de trois chacune : 1° la forme extérieure que
prend le royaume par l’introduction du mal ; 2° ce qui est de Dieu dans cet état de choses, ce
qu’il y a pour le cœur de Christ. Ce sont des paraboles du royaume des cieux, qui résulte de la
prédication de la Parole, tandis que le royaume d’Israël n’était composé que des descendants
d’Abraham.

14.4.1 - Chapitre 13 — v. 24-30 — Parabole de l’ivraie

« Le royaume des cieux a été fait semblable à un homme qui semait de bonne semence dans
son champ. Mais pendant que les hommes dormaient, son ennemi vint et sema de l’ivraie

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parmi le froment, et s’en alla. Et lorsque la tige monta et produisit du fruit, alors l’ivraie aussi
parut ».

Cette parabole présente le mélange de croyants et de non-croyants qui se trouvent dans le


royaume ou la chrétienté, depuis le temps des apôtres. Au lieu d’être vigilants pour que la
Parole soit présentée et maintenue dans sa pureté, comme le Seigneur et les apôtres l’avaient
enseignée, les hommes ont laissé s’introduire, avec des fausses doctrines, des personnes sans
vie, que l’ivraie représente, elles forment aujourd’hui la majorité dans la chrétienté.

Ce mélange devenu visible, les esclaves auraient voulu y remédier en arrachant l’ivraie, mais
le Seigneur dit : « Non, de peur qu’en cueillant l’ivraie, vous ne déraciniez le froment avec
elle. Laissez-les croître tous deux ensemble jusqu’à la moisson ». Puisque les hommes n’ont
pas su empêcher l’Ennemi de semer l’ivraie, ils pouvaient encore moins l’extirper eux-
mêmes, car leur incapacité les exposait à arracher aussi le froment.

Il fut un temps bien triste où l’Église romaine, plongée dans de profondes ténèbres, s’était
attribué la fonction d’expurger de son sein tous ceux qu’elle appelait hérétiques, et qui,
précisément, étaient le froment ; elle emprisonnait, torturait, mettait à mort quiconque résistait
à ses erreurs. Elle a démontré par là qu’il n’appartient pas à l’homme d’ôter le mal de la terre,
puisqu’il peut prendre le bien pour le mal.

On entend souvent citer cette parabole par des personnes qui ne voudraient pas que les vrais
chrétiens se séparent, dans leur marche, de ceux qui n’ont pas la vie de Dieu, en se basant sur
ces paroles du Seigneur : « Laissez-les croître tous deux ensemble jusqu’à la moisson ». Mais
il s’agit ici d’ôter de la terre, d’arracher, d’exercer le jugement sur ceux qui n’ont pas la vie,
comme le faisait Rome, quand elle exterminait les hérétiques, tandis que, en obéissant à la
Parole qui ordonne aux croyants de se séparer du mal (voir 2 Timothée 2:21, 22 ; Éphésiens
5:7 et suivants ; 2 Corinthiens 6:14-18, et beaucoup d’autres passages), on n’ôte personne de
la terre. Nous sommes dans le temps de la grâce et non dans celui du jugement ; mais nous
avons à discerner et à garder ce qui convient au Seigneur.

Au temps de la moisson se fera le triage, non par des hommes, mais par les anges. La
moisson, dans la Parole, est la figure du jugement qui sépare les méchants des justes (*). C’est
ce que le Seigneur dit aux disciples : « Au temps de la moisson, je dirai aux moissonneurs :
Cueillez premièrement l’ivraie, et liez-la en bottes pour la brûler, mais assemblez le froment
dans mon grenier ». Ce temps est près d’arriver. On se rend compte aisément que l’ivraie se
lie en bottes, au moyen d’associations de tous genres, entre lesquelles celui qui attend le
Seigneur doit suivre son chemin sous la dépendance de Dieu et dans l’obéissance à sa Parole.
L’ivraie ne se lie pas en bottes le jour même du jugement, mais préalablement, en vue du
jugement. Le Seigneur dit : « Liez-la en bottes pour la brûler, mais assemblez le froment dans
mon grenier ». Le grenier est le ciel, où tous les croyants seront enlevés, et ensuite seulement
l’ivraie sera brûlée.

(*) La vendange représente le jugement qui emporte tout ce qu’il trouve.

14.4.2 - Chapitre 13 v. 31, 32 — Parabole du grain de moutarde

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« Il leur proposa une autre parabole, disant : Le royaume des cieux est semblable à un grain de
moutarde qu’un homme prit et sema dans son champ : lequel est, il est vrai, plus petit que
toutes les semences ; mais quand il a pris sa croissance, il est plus grand que les herbes et
devient un arbre, de sorte que les oiseaux du ciel viennent et demeurent dans ses branches ».

Nous avons dans cette parabole un autre caractère du royaume en l’absence du roi. Il est
représenté au début par une chose petite, un grain de moutarde, mais ne tarde pas à se
développer et à devenir un grand arbre. Au lieu de demeurer dans le sentiment de sa petitesse
et sous la dépendance de Dieu, comme l’Église l’était au commencement, la chrétienté est
devenue une puissance sur la terre, ce que représente un grand arbre dans les Écritures (voir
Ézéchiel 17:23, 24, 31:3-9 ; Daniel 4:10-12). Au lieu de chercher la protection en Dieu, c’est
elle qui devint protectrice, abrita des oiseaux, c’est-à-dire des hommes qui trouvaient en elle
ce que leurs cœurs avides désiraient. Dans la Parole, les oiseaux sont le plus souvent pris en
mauvaise part ; leur rapacité les caractérise. L’histoire de l’Église prouve qu’il en a été ainsi
au temps de sa toute-puissance, quand elle avait à ses pieds le pouvoir civil, qu’elle
couronnait ou destituait les monarques, et nourrissait de ses biens ceux qui se logeaient dans
ses branches, le clergé tout particulièrement. C’est ainsi que la chrétienté s’éloignait et
s’éloigne encore de ce qui la caractérisait dans son origine.

14.4.3 - Chapitre 13 v. 33 — Parabole du levain

« Le royaume des cieux est semblable à du levain qu’une femme prit et qu’elle cacha parmi
trois mesures de farine, jusqu’à ce que tout fût levé ». C’est une autre forme de mal qui
caractérise le royaume. Le levain est le symbole de la fausse doctrine introduite dans le
royaume dès le début et qui pénétra la masse tout entière, corrompant l’enseignement divin,
de manière à faire du christianisme une religion qui permette aux hommes de vivre sans être
inquiétés par la vérité qui les juge toujours.

Tels sont donc les trois aspects extérieurs qui caractérisent le royaume des cieux en l’absence
du roi : 1° un mélange de bon et de mauvais ; 2° une puissance terrestre ; 3° la fausse doctrine
qui a tout pénétré de ses principes corrupteurs. Jésus prononça ces paroles devant la foule,
selon les paroles du Psaume 78:2 : « J’ouvrirai ma bouche en paraboles, j’annoncerai les
énigmes des jours d’autrefois ». Puis il congédia ses auditeurs et entra dans la maison, pour
expliquer à ses disciples la parabole de l’ivraie. Là, il leur aussi exposa les trois dernières,
dans lesquelles il montre ce qu’il y a pour son cœur au milieu des diverses formes de mal que
revêt le royaume.

14.4.4 - Chapitre 13 v. 36-43 — Explication de la parabole de l’ivraie

« Celui qui sème la bonne semence, c’est le Fils de l’homme ; et le champ, c’est le monde ; et
la bonne semence, ce sont les fils du royaume ; et l’ivraie, ce sont les fils du méchant ; et
l’ennemi qui l’a semée, c’est le diable ; et la moisson, c’est la consommation du siècle ; et les
moissonneurs sont des anges ». Cette explication ne demande guère d’autres éclaircissements.
On voit en contraste l’œuvre du Fils de l’homme et celle du diable, ainsi que les résultats : les
enfants du royaume et les enfants du méchant, qui forment le mélange dans le champ. La
consommation du siècle est toujours la fin du siècle de la loi, qui précède, non l’établissement

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de l’Église sur la terre, mais celui du royaume en gloire. C’est dans ce temps-là que les anges
sont actifs pour lier l’ivraie en bottes et que les croyants sont ravis auprès du Seigneur. Alors
commenceront les jugements.

Jusque-là l’explication de la parabole ne dépasse pas ce que le Seigneur a dit en la


prononçant. Mais, dans les versets 40 à 43, Jésus donne des développements nouveaux qui
concernent le temps des jugements. « Comme donc l’ivraie est cueillie et brûlée au feu, il en
sera de même à la consommation du siècle. Le Fils de l’homme enverra ses anges, et ils
cueilleront de son royaume tous les scandales et ceux qui commettent l’iniquité, et ils les
jetteront dans la fournaise de feu : là seront les pleurs et les grincements de dents. Alors les
justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père. Qui a des oreilles pour
entendre, qu’il entende ». On voit ici que Celui qui a été le semeur, après un long temps de
patience, enverra ses anges pour extirper de son royaume tous ceux qui ont été un sujet de
scandale et qui ont marché selon leur propre volonté, au lieu de reconnaître l’autorité du roi,
quoique rejeté et caché dans le ciel, ils sont jetés dans la fournaise de feu. Puis les justes sont
vus, non sur la terre dans le royaume établi en gloire, mais dans le royaume de leur Père, la
partie céleste du royaume, jouissant, avec le Père, de la même relation que le Fils. Là ils
resplendissent comme le soleil, objets de cette grâce qui nous a rendus capables, déjà
maintenant, par la foi, de « participer au lot des saints dans la lumière ; qui nous a délivrés du
pouvoir des ténèbres, et nous a transportés dans le royaume du Fils de son amour »
(Colossiens 1:12, 13). Alors les saints réaliseront en gloire ce qu’ils possèdent déjà
aujourd’hui.

14.4.5 - Chapitre 13 v. 44 — Parabole du trésor

« Encore, le royaume des cieux est semblable à un trésor caché dans un champ, qu’un homme,
après l’avoir trouvé, a caché ; et de la joie qu’il en a, il s’en va, et vend tout ce qu’il a, et
achète ce champ-là ».

Après les diverses économies (ou périodes, ou dispensations) qui se sont succédées sur cette
terre, dans lesquelles le Seigneur n’a rien trouvé pour lui, il découvre dans ce monde un
trésor, quelque chose qu’il apprécie, non que ce soit ce monde qui le fournisse, mais il en voit
la valeur selon les conseils de Dieu. Il quitte la gloire, il abandonne ses droits comme Messie,
il vit dans la pauvreté, renonce à tout, et donne sa vie pour acheter le champ, afin de posséder
le trésor qu’il renferme. Le champ, c’est le monde, dans lequel le Seigneur a trouvé ses
rachetés. En vertu de son obéissance et de l’œuvre de la croix, le Seigneur possède le monde,
il a acheté le champ, et un jour il fera valoir ses droits ; mais ce qui est l’objet de son cœur, ce
qui le remplit de joie, ce en vue de quoi il descend dans l’humiliation, c’est le trésor qu’il a
trouvé, il veut l’obtenir, quoi qu’il lui en coûte. Quel amour !

14.4.6 - Chapitre 13 v. 45, 46 — Parabole de la perle de grand prix

« Encore, le royaume des cieux est semblable à un marchand qui cherche de belles perles ; et
ayant trouvé une perle de très grand prix, il s’en alla, et vendit tout ce qu’il avait, et l’acheta ».

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Ici, il n’est question que de l’achat de la perle d’un grand prix pour le cœur du Seigneur, son
Église qu’il voit dans toute sa beauté, telle qu’il se la présentera un jour. Comme pour
acquérir le champ, il vend tout ce qu’il a, il s’anéantit, se dépouille de toute sa gloire pour
donner le prix nécessaire afin de l’obtenir. « Il a aimé l’assemblée et s’est livré lui-même pour
elle », afin de la posséder éternellement. Quel prix elle a pour son cœur, ainsi que tous ceux
qui seront au bénéfice de son dévouement jusqu’à la mort, la mort de la croix ! Au travers de
la triste histoire du royaume, présentée dans les trois premières paraboles, le Seigneur y voit
ce trésor, cette perle, toujours l’objet de sa joie et de son amour.

On entend dire quelquefois, que cette perle c’est Christ que le pécheur veut obtenir à tout
prix ; mais, quoique Christ soit désiré par l’âme travaillée au sujet de ses péchés, et qu’il lui
devienne précieux lorsqu’elle est rachetée, la parabole ne saurait s’appliquer à elle. Personne
ne peut acheter le champ, pas plus que la perle ; tout est offert gratuitement au pécheur, tandis
que Christ ne possède pas gratuitement ses rachetés. Il a vendu tout ce qu’il avait ; il est
descendu dans la mort pour les en délivrer.

14.4.7 - Chapitre 13 v. 47, 48 — Parabole du filet

« Encore, le royaume des cieux est semblable à une seine jetée dans la mer et rassemblant des
poissons de toute sorte ; et quand elle fut pleine, ils la tirèrent sur le rivage, et s’asseyant, ils
mirent ensemble les bons dans des vaisseaux, et jetèrent dehors les mauvais ».

Cette seine, ou filet, représente l’Évangile proclamé dans le monde, la mer des peuples. Le
christianisme, résultat de cette prédication, a été embrassé comme religion par les masses qui
portent le nom de chrétiens, qui sont les poissons renfermés dans le filet, masses composées
de ceux qui ont la vie et de ceux qui ne l’ont pas. Dans les trois dernières paraboles, il n’est
question que de ce qui est bon. Ici, les pêcheurs, ayant constaté les résultats de la pêche,
s’occupent des bons poissons seulement. Dans la parabole de l’ivraie, il fallait laisser croître
le tout jusqu’à la moisson, quoique les esclaves voulussent s’occuper des mauvaises plantes
pour les détruire, mais ce n’était ni le moment ni leur affaire. Ici, les serviteurs de Dieu n’ont
à s’occuper que des bons pour les mettre dans des vaisseaux, les rassembler à part du monde,
autour de Christ. C’est le travail actuel des ouvriers du Seigneur. Ils laissent dehors les
mauvais, ne s’en occupent pas, si ce n’est pour leur annoncer le salut, ce qui n’est pas en vue
ici.

Puis le Seigneur explique ce qui se fera ensuite, à la consommation du siècle. Il y aura aussi
un triage, confié, non aux serviteurs de Dieu, mais aux anges, qui sont les exécuteurs de la
volonté de Dieu dans son gouvernement. « Il en sera de même », dit Jésus, « à la
consommation du siècle : les anges sortiront, et sépareront les méchants du milieu des justes,
et les jetteront dans la fournaise de feu : là seront les pleurs et les grincements de dents » (v.
49, 50).

Les anges, au temps des jugements, s’occupent seulement des mauvais, afin de les ôter de la
terre, en vue de l’établissement du royaume en gloire, comme nous l’avons vu à la fin de la
parabole de l’ivraie.

Puisque tous les poissons rassemblés dans la seine n’étaient pas bons, comment un pêcheur
juif pouvait-il reconnaître les bons d’avec les mauvais ? Par la parole de Dieu qui enseignait

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quels étaient les animaux purs et impurs. Si le Juif était dans l’embarras pour décider de
l’espèce d’un poisson, il n’avait qu’à consulter le rouleau de la loi au livre du Lévitique, et il
trouvait (chap. 11:9, 10) que les bons poissons avaient des nageoires et des écailles ; tous ceux
qui ne présentaient pas ces signes caractéristiques étaient impurs, si bons qu’ils puissent
paraître au jugement du pêcheur.

De même aujourd’hui, si un serviteur de Dieu veut reconnaître, parmi ceux qui portent le nom
de chrétiens, lesquels doivent être mis à part, comme ayant la vie divine, il n’en est pas remis
à son propre jugement ; il a recours à la Parole qui indique les caractères des vrais croyants,
figurés par ceux des bons poissons. Le croyant doit avoir ce qui correspond aux nageoires,
savoir la capacité de remonter le courant entraînant de ce monde, grâce à l’énergie que donne
la vie de Dieu pour ne pas se laisser détourner du chemin du Seigneur. Les écailles
représentent la capacité de résister à l’influence du monde au milieu duquel nous devons
vivre, tout en n’en étant pas. Il est dit que « ce qui est né de Dieu est victorieux du monde » (1
Jean 5:4). Ainsi tous ceux qui portent dans leur marche ces preuves de la vie de Dieu doivent
être mis à part de ce qui n’a que la profession chrétienne sans la vie.

Est-ce que tous nos lecteurs portent les caractères du bon poisson ? Si oui, vous savez où est
votre place. Si non, devenez par la foi une nouvelle créature, avant le moment terrible où Dieu
fera son œuvre étrange, son travail inaccoutumé (És. 28:21), en jetant les méchants dans la
fournaise de feu, là où il y a des pleurs et des grincements de dents.

Les disciples disent avoir compris toutes ces choses, et le Seigneur ajoute : « C’est pour cela
que tout scribe qui a été fait disciple du royaume des cieux est semblable à un maître de
maison qui produit de son trésor des choses nouvelles et des choses vieilles » (v. 51, 52). Les
« choses vieilles » sont le royaume tel qu’il était annoncé dans l’Ancien Testament, le
royaume en gloire, et les « choses nouvelles » le royaume dans la forme qu’il a prise après le
rejet du roi, sujet des paraboles de ce chapitre. Nous voyons par ces paroles du Seigneur la
grande grâce accordée à ceux qui sont faits disciples dans ce nouvel état de choses en recevant
le Seigneur ; ils ont l’intelligence des pensées de Dieu à l’égard du présent et de l’avenir.
C’est ce qui est particulièrement vrai pour l’Église.

14.5 - Chapitre 13 — Jésus dans son pays

Lorsque Jésus eut prononcé ces paraboles, il vint dans son pays, probablement Nazareth. Et
« il les enseignait dans leur synagogue, en sorte qu’ils étaient étonnés ». Quel amour ! quelle
patience ! Malgré tout ce que Jésus sait des pensées de son peuple à son égard et des résultats
de sa venue, il les enseigne toujours. Ils sont étonnés, car ils ne voient en lui que le fils du
charpentier ; sa mère, ses frères, ses sœurs, étaient au milieu d’eux ; c’était pour eux la preuve
qu’il ne différait pas d’un autre homme. « D’où donc viennent à celui-ci toutes ces choses ? »
demandent-ils. Combien il est vrai qu’ils ont fermé leurs yeux pour ne pas le voir et leurs
oreilles pour ne pas entendre ! Le Seigneur pouvait bien dire : « Si je n’étais pas venu, et que
je ne leur aie pas parlé, ils n’auraient pas eu de péché… Si je n’avais pas fait parmi eux les
œuvres qu’aucun autre n’a faites, ils n’auraient pas eu de péché ; mais maintenant ils ont, et
vu, et haï et moi et mon Père » (Jean 15:22-24).

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Au lieu de voir en lui Emmanuel, Dieu avec nous, comme il est présenté dans cet évangile, ils
sont scandalisés en lui. Jésus accepte cela disant : « Un prophète n’est pas sans honneur, si ce
n’est dans son pays et dans sa maison ». Leur incrédulité l’empêcha de faire là beaucoup de
miracles. Quelle responsabilité pour ce pauvre peuple ! La puissance de Dieu et sa grâce sont
toujours à la disposition de tous, moyennant la foi, aujourd’hui comme alors. Qui pourra se
plaindre s’il n’en a pas profité ?

15 - Chapitre 14
15.1 - Chapitre 14 v. 1-12 — Mort de Jean le Baptiseur

Au chapitre 11:2-6, nous avons vu Jean le Baptiseur en prison. Ici, nous apprenons la cause de
son emprisonnement (v. 1-12). Hérode, le prince qui gouvernait en Galilée, tout en éprouvant
un certain respect pour Jean, l’avait fait emprisonner ; Jean lui avait dit, en effet, qu’il ne
devait pas avoir pour femme Hérodias, sa belle-sœur. À cause de cela, celle-ci le haïssait et
aurait aimé qu’Hérode le fasse mourir ; mais le roi craignait le peuple qui tenait Jean pour un
prophète, et lui-même reconnaissait qu’il était un homme juste et saint (Marc 6:20). Toutefois,
la haine d’Hérodias allait bientôt triompher de ces considérations. Hérode célébrait
l’anniversaire de sa naissance. Pendant qu’il était à table, entouré de ses convives, la fille
d’Hérodias entra et dansa devant tous. Elle plut au roi qui lui promit, avec serment, de lui
donner tout ce qu’elle demanderait. Cette jeune fille alla prendre conseil de sa mère pour
présenter sa requête au roi. Possédée par le désir de se débarrasser entièrement de l’homme
qui avait osé blâmer son inconduite, la malheureuse femme incita sa fille à demander la tête
de Jean. Elle entra donc dans la salle du festin et dit au roi « Donne-moi ici… dans un plat, la
tête de Jean le Baptiseur ». Hérode en fut affligé, mais, ne voulant pas manquer de parole, il
fit violence à sa conscience, et donna l’ordre de satisfaire à cette demande sanguinaire. Ainsi
un crime abominable vint s’ajouter à une vie de corruption. Un serviteur d’Hérode alla
décapiter Jean dans la prison, et on apporta sur un plat la tête du précurseur du Messie à la
jeune fille qui la remit à sa mère.

Quelle triste illustration des paroles que nous lisons en Jean 3:19, 20 : « Les hommes ont
mieux aimé les ténèbres que la lumière, car leurs œuvres étaient mauvaises ; car quiconque
fait des choses mauvaises hait la lumière, et ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres
ne soient reprises ». La lumière de Dieu, par le moyen de Jean, avait lui sur la conscience
d’Hérode et d’Hérodias. Le rang de ces personnages dans la société paraissait les placer au-
dessus de toute critique et leur permettre de donner libre cours à leurs passions infâmes. Mais
au-dessus d’eux, Celui qu’ils oubliaient avait envoyé Jean le ;Baptiseur, dont la vie sainte et
juste l’autorisait à accomplir sa mission en dénonçant le mal partout où il se trouvait ; il
invitait à la repentance (Luc 3:7-15) et préparait ainsi le chemin du Seigneur, qui apportait la
grâce à tous les pécheurs qui recevaient son témoignage. Cette lumière n’a fait que manifester
la haine d’Hérodias. Elle voulut l’éteindre pour mieux satisfaire les goûts corrompus de sa
propre nature, à la faveur des ténèbres morales qu’elle avait choisies. Hérode, dont la
conscience avait été atteinte dans une certaine mesure, n’avait aucune force ; il aimait le
péché, et l’on « est esclave de celui par qui on est vaincu » (2 Pierre 2:19). Chef de sa maison,
souverain au milieu de ses courtisans, il se laissa lier par une parole légère, parce qu’il était
lui-même lié par le péché ; il ajouta ainsi la violence à la corruption, ces deux grands
caractères du mal à son apogée, au milieu des hommes (voir Genèse 6:11).

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Remarquons qu’il ne suffit pas d’écouter la Parole, de reconnaître combien elle est juste et
vraie ; il faut la recevoir en reconnaissant son autorité divine et la laisser opérer dans la
conscience, afin d’abandonner le mal qu’elle dévoile. Car si nous nous plaçons du côté de
Dieu pour résister au mal qui est dans notre propre cœur, il donne la force nécessaire pour en
être délivré. Rien de plus dangereux que d’écouter la Parole sans la mettre en pratique ; c’est
ainsi que le cœur s’endurcit et se soumet à la puissance de l’Ennemi. Hérodias, plus criminelle
qu’Hérode, n’aurait pas écouté Jean comme lui ; cependant l’état de l’un et de l’autre, quant
au résultat éternel, est exactement le même. Hélas ! Combien de personnes auront même pris
plaisir à entendre la parole de Dieu, auront admis combien elle était juste et sainte, et se
trouveront malgré cela avec les moqueurs et les incrédules dans les ténèbres de dehors, là où
sont les pleurs et les grincements de dents, parce qu’elles n’auront pas cru : « La parole qu’ils
entendirent ne leur servit de rien, n’étant pas mêlée avec de la foi dans ceux qui
l’entendirent » (Hébreux 4:2).

Hérode entend parler de la renommée de Jésus ; aussitôt, la conscience accablée par la mort
d’un juste, il dit à ses serviteurs : « C’est Jean le Baptiseur ; il est ressuscité des morts, et c’est
pourquoi les miracles s’opèrent par lui » (v. 1, 2).

Hérode croyait-il à la résurrection ? On ne peut le dire, car on voit les Hérodiens assimilés,
quant à leurs doctrines, aux Sadducéens qui niaient la résurrection (voir chap. 16:6 et Marc
8:15). Mais la conscience ne permet à l’homme de contredire la vérité que lorsqu’il croit que
Dieu est loin de lui ou qu’il n’existe pas ; mais dès que se produit un fait extraordinaire, il
perd son assurance, il se trouble, sa conscience l’accuse et le fait trembler. Que sera-ce
lorsque, dépouillé de tous ses vains raisonnements, comme de tout ce par quoi il aura cru se
soustraire à la lumière de Dieu ici-bas, l’homme se trouvera nu, c’est-à-dire tel que Dieu le
voit dans son état naturel, chargé de ses péchés, devant la lumière éclatante du grand trône
blanc, où il ne sera plus question de grâce ni de pardon ?

15.2 - Chapitre 14 v. 13-21 — Multiplication des pains

Ayant enlevé de la prison le corps de leur maître, les disciples de Jean l’ensevelirent et vinrent
rapporter à Jésus ce qui s’était passé. « Jésus, l’ayant entendu, se retira de là dans une nacelle
en un lieu désert, à l’écart ». Quel effet pénible la mort de Jean dut produire sur le cœur du
Seigneur ! La croix projetait déjà son ombre sur ce chemin de douleur, car si la haine de
l’homme s’était montrée telle envers le précurseur du Christ, elle se montrerait plus
implacable encore contre celui qui était la lumière du monde, jusqu’ à ce qu’il fût cloué sur la
croix.

Jésus se retire à l’écart en un lieu désert, image de ce monde pour le cœur de Christ, comme
pour le croyant ; il n’y trouve que le péché et une haine mortelle contre la lumière et l’amour.
Qui pourrait décrire la souffrance continuelle produite par la connaissance de l’état de
l’homme dans le cœur de Jésus qui sentait toutes choses selon ses perfections divines et
humaines ? C’est pour venir nous délivrer qu’il a bien voulu quitter la gloire, afin de subir, de
la main des hommes, les douleurs, la mort.

Apprenant le départ du Seigneur, les foules le suivirent à pied. Quand il les vit, ému de
compassion envers elles, il guérit leurs infirmes. L’amour infatigable de Jésus ne peut trouver
de repos, pendant que l’homme traîne après lui les maux que le péché a introduits dans ce

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monde. Mais le Seigneur est seul pour satisfaire aux besoins de la foule, et seul il pouvait le
faire, car en lui se trouvaient toutes ressources, alors comme aujourd’hui.

Les disciples lui conseillent de renvoyer les foules, afin qu’elles pourvoient elles-mêmes à
leurs besoins. Ils font valoir d’excellentes raisons pour cela : l’heure tardive, la solitude des
lieux. La nuit, le désert, l’heure passée, c’est ce qui caractérise l’état d’Israël et de ce monde
qui a rejeté Christ. La lumière était rejetée ; le soir du jour où elle avait lui était arrivé, sans
que l’homme en ait profité ; l’heure était passée ! Le désert, c’est ce que le monde peut fournir
en fait de ressources pour sortir l’homme de sa misère, lui donner la vie et alimenter cette vie.
Mais, grâces à Dieu, le Christ rejeté, encore là, toujours le même, veut non seulement
rassasier ces foules, mais apprendre aux disciples à profiter de sa puissance, car le soir était
venu ; il allait les quitter et les laisser seuls dans le désert de ce monde, où ils auraient encore
à répondre à beaucoup de besoins, dans l’accomplissement de leur ministère. Jésus leur dit :
« Il n’est pas nécessaire qu’elles s’en aillent ; vous, donnez-leur à manger. Mais ils lui disent :
Nous n’avons ici que cinq pains et deux poissons. Et il dit : Apportez-les moi ici ». Les
disciples n’avaient de nourriture que pour eux-mêmes, mais le Seigneur veut qu’ils se servent
de ce qu’ils possèdent et le donnent eux-mêmes aux foules, après le lui avoir apporté. Le fait
important dans l’accomplissement de ce service, c’est d’apporter au Seigneur ce qu’ils ont.
Jésus prend de leurs mains les cinq pains et les deux poissons et, regardant vers le ciel, il
bénit. C’est la bénédiction du Seigneur qui rend efficace ce que nous possédons pour le faire
servir aux besoins d’autrui.

Puis Jésus rompit les pains et les fit distribuer par les disciples aux cinq mille hommes, outre
les femmes et les enfants, qui se trouvaient là. Il y eut même douze paniers pleins de restes.
Nous voyons que, selon la pensée de Dieu, l’ordre et l’économie sont inséparables de
l’abondance. Avoir des biens à profusion n’est pas une raison pour en laisser perdre ou agir
avec prodigalité ; il faut soigner ce qui ne nous est pas nécessaire, afin de pouvoir faire du
bien à d’autres. Tandis que l’avare économise pour satisfaire son égoïsme, l’amour, qui est
l’opposé de l’égoïsme, rend soigneux pour pouvoir faire du bien.

Par cette multiplication des pains, le Seigneur veut montrer à son peuple qu’il est celui dont
David avait parlé au Psaume 132:15, disant : « Je bénirai abondamment ses vivres, je
rassasierai de pain ses pauvres », paroles qui auront leur plein accomplissement lors du règne
glorieux du Messie. Ce règne ne pouvant s’accomplir alors, par suite du rejet de Christ, le
Seigneur veut apprendre à ses disciples qu’ils posséderaient en lui toutes les ressources
nécessaires à leur service en l’absence de leur Maître, ressources toujours à la portée de la foi
pour tous les temps, pour tous les besoins et pour chaque croyant.

Si le Seigneur nous confie un service quelconque, nous sentons immédiatement notre


insuffisance pour l’accomplir, mais il nous dit, comme aux disciples : « Apportez-les-moi »,
et ce peu que nous possédons, il le bénit, de sorte qu’il peut sortir de nos mains multiplié et
supérieur à tous les besoins. C’est une grâce merveilleuse que d’en faire l’expérience encore
maintenant. Si par exemple un croyant, quoique jeune encore, se sent appelé à parler du
Seigneur à un de ses camarades, malade ou même en bonne santé, il dira peut-être : « Je suis
ignorant des choses de Dieu ; je n’ai pas l’habitude d’en parler ; cela me gêne ». Cependant il
connaît quelque chose de la grâce merveilleuse de Jésus. Il n’a qu’à aller au Seigneur, placer
devant lui, par la prière, le peu qu’il a, et, le recevant du Seigneur, et non de sa pauvre
connaissance, il pourra aller le donner ; il fera la même expérience que les disciples lors de la
multiplication des pains.

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Le même principe s’applique à tout ce que nous avons à faire. Il faut se servir de ce que l’on a
et ne pas attendre d’avoir davantage pour faire le bien qui est placé devant soi. Il faut compter
sur le Seigneur qui veut bénir les ressources limitées comme les plus abondantes. L’apôtre
Paul dit : On « est agréable selon ce qu’on a » (2 Corinthiens 8:12). « Tel disperse, et
augmente encore ; et tel retient plus qu’il ne faut, mais n’en a que disette. L’âme qui bénit
sera engraissée, et celui qui arrose sera lui-même arrosé » (Proverbes 11:24, 25).

15.3 - Chapitre 14 v. 22, 23 — Jésus sur la montagne

Après cela le Seigneur contraignit les disciples de monter dans une barque et de le précéder de
l’autre côté du lac de Génézareth, pendant qu’il renvoyait les foules (v. 22, 23). Comme
toujours dans les Écritures, le récit que rapporte l’écrivain inspiré contient un enseignement
figuré qui dépasse de beaucoup les faits historiques, tout intéressants qu’ils soient. C’est ce
que nous pouvons remarquer tout particulièrement dans ce chapitre. Nous avons déjà vu que
c’était le soir du jour où le Seigneur se trouvait au milieu de son peuple. En conséquence de
son rejet, Jésus renvoie les foules, figure du peuple, après avoir accompli les signes qui
devaient faire reconnaître en lui le Messie promis. En même temps, il contraint ceux qui
l’avaient reçu — les disciples — à le précéder, c’est-à-dire à se mettre en chemin sans lui,
pour traverser ce monde, jusqu’à la rive bienheureuse où ils jouiront des glorieuses
bénédictions que le Seigneur leur apportera, lorsqu’il les aura rejoints. Quant à lui, il monte
sur une montagne où il est seul pour prier, figure de la position que Christ a prise : il est
monté au ciel pour s’occuper de ceux qui, en attendant son retour, traversent la nuit orageuse
de ce monde. Toujours vivant pour intercéder en faveur des siens, connaissant les dangers
d’un chemin qu’il a parcouru, il peut secourir au moment opportun ceux qui y passent après
lui. Tel est le service de la sacrificature de Christ, présenté dans l’épître aux Hébreux.

15.4 - Chapitre 14 v. 24-33 — Les disciples dans la tempête

Dans les versets 24-33, nous avons un autre tableau de la situation des disciples en l’absence
de Jésus. Le vent contraire, soulevant les vagues qui menacent de les engloutir, est une figure
de l’opposition violente que suscite l’ennemi, surtout par la persécution contre les croyants.
Elle atteignit les disciples après le départ de leur Maître. Le futur résidu d’Israël la rencontrera
aussi, lorsqu’il traversera la terrible tribulation de la fin ; elle ne cessera qu’au moment où
Jésus, venant en gloire, calmera, par sa puissance, la tempête suscitée par Satan. En attendant,
nous pouvons nous appliquer les précieux enseignements contenus dans ce récit, car nous
traversons aussi la nuit morale dans laquelle se trouve le monde où la puissance de Satan se
fait sentir, où il y a pour tous des moments d’épreuves qui peuvent bien être comparées à une
tempête. Nous savons ainsi qu’au-dessus de tout se trouve le Seigneur dans la gloire. Toujours
occupé de ceux qui sont dans les difficultés quelconques, il fait entendre sa voix au moment
opportun, rassurant les siens, les encourageant par sa Parole, nous disant aussi : « C’est moi,
n’ayez point de peur ». Il connaissait l’angoisse des disciples, lorsque, à la quatrième veille de
la nuit, il alla vers eux, marchant sur les eaux. Jésus sait aussi quelles sont les afflictions par
lesquelles nous passons. « Car, en ce qu’il a souffert lui-même, étant tenté, il est à même de
secourir ceux qui sont tentés » (Hébreux 2:18). Mais il nous arrive souvent de méconnaître
son intervention et d’être alarmés, au lieu de voir sa bonne main dans l’épreuve, comme les

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disciples qui prirent Jésus pour un fantôme lorsqu’il s’approchait d’eux. Puissions-nous tous
être assez occupés de lui pour le discerner en toute circonstance !

Quand Pierre entendit la voix de Jésus, il lui dit : « Seigneur, si c’est toi, commande-moi
d’aller à toi sur les eaux ». Jésus lui répondit : « Viens ». Alors Pierre descendit de la nacelle
et marcha sur les eaux pour aller à Jésus. Combien grande est la puissance de la parole du
Seigneur ! Pierre n’avait jamais marché sur les eaux, et aucun homme ne saurait le faire ; mais
Pierre voit que le Seigneur le peut, et il le connaît assez pour savoir que, s’il lui commande
d’aller à lui, il le soutiendra. Souvenons-nous que le Seigneur donne toujours la capacité
d’exécuter ce qu’il nous commande ; nous pouvons compter sur lui pour nous fournir ce qui
est nécessaire pour lui obéir, tout insurmontables que paraissent les difficultés. Mais il faut
avoir une pleine foi en sa Parole et ne pas regarder aux circonstances, car, dans le chemin de
l’obéissance, les difficultés subsistent. Les disciples avaient obéi au Seigneur en s’embarquant
pour l’autre rive ; la tempête fut permise, afin qu’ils puissent apprendre à mieux connaître leur
Seigneur.

Après avoir marché un moment, Pierre enfonça, car ses regards étaient dirigés sur l’orage, au
lieu d’être fixés sur celui qui lui avait dit : « Viens ». Voyant la violence du vent, il eut peur.
Mais quelle grâce dans la personne de Jésus ! À l’appel de Pierre qui s’écrie : « Seigneur,
sauve-moi », il étendit la main et le prit, lui disant : « Homme de petite foi, pourquoi as-tu
douté ? » Le Seigneur a la puissance de nous faire marcher sans broncher, si nous regardons à
lui par la foi, et si nous enfonçons, faute d’avoir tenu nos regards fixés sur lui, sa main
puissante est prête à nous secourir quand nous crions à lui dans la détresse. Il est précieux
d’en faire l’expérience ; mais le Seigneur est bien plus glorifié lorsque nous comptons sur lui
sans faillir et que nous réalisons quelque peu la puissance par laquelle il a marché lui-même
dans ce chemin d’obéissance. Il ne se préoccupait que d’accomplir la volonté de son Père.

Dès que le Seigneur eut délivré Pierre, ils rejoignirent les disciples restés dans la nacelle et le
vent tomba. « Et ceux qui étaient dans la nacelle vinrent et lui rendirent hommage, disant :
Véritablement tu es le Fils de Dieu ! »

Dans cette circonstance, Pierre représente l’Église qui, à l’appel du Seigneur, s’est acheminée
au-devant de lui, par la foi ! Hélas ! comme Pierre, elle a enfoncé à cause de son incrédulité,
parce qu’elle a perdu de vue son Seigneur ; mais il la prendra à lui par sa puissante grâce. Puis
le Seigneur rejoindra le résidu d’Israël, que représentent les disciples. Le vent de la puissance
de Satan, qui aura soufflé contre eux d’une manière effroyable, tombera, et le résidu Juif
reconnaîtra Jésus, comme étant véritablement le Fils de Dieu, titre sous lequel les Juifs
refusèrent de le reconnaître lorsqu’il était au milieu d’eux en grâce ; ils demandèrent à Pilate
sa mort, parce que, disaient-ils, il s’est fait Fils de Dieu (Jean 19:7).

Quelle preuve de l’inspiration divine nous avons dans ce simple récit ! En quelques mots,
dans une courte narration, l’Esprit de Dieu nous donne un résumé de toute l’histoire des Juifs
et de l’Église depuis l’ascension du Seigneur jusqu’à son retour en gloire, et de ce qu’il est
pour les siens pendant ce temps.

Les versets 34-36 complètent ce merveilleux tableau, en nous montrant le Seigneur reconnu
par les hommes de la contrée de Génézareth ; ils l’avaient prié de se retirer de leur territoire
quand il y vint, lors de la guérison du démoniaque (Matthieu 8:34). C’est ce qui aura lieu lors
de la venue de Christ pour la délivrance du résidu pieux. Tous ceux qui le recevront seront au

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bénéfice de sa puissante bonté pour être guéris et jouir des temps de paix et de repos qu’il
établira par sa présence.

N’oublions pas que la part de ceux qui auront cru au Seigneur et l’auront suivi pendant son
rejet, sera infiniment plus belle que la part de ceux qui ne croiront que lorsqu’ils le verront.
C’est ce que le Seigneur dit à Thomas : « Bienheureux ceux qui n’ont point vu et qui ont cru »
(Jean 20:29).

Puissions-nous tous lui dire de cœur, aujourd’hui : « Viens, Seigneur Jésus ! »

16 - Chapitre 15
16.1 - Chapitre 15 v. 1-11 — La tradition

De nouveau les scribes et les pharisiens cherchent à trouver en défaut les disciples de Jésus et,
par conséquent, le Seigneur lui-même (voir chap. 12). Ils lui demandent pourquoi ses
disciples transgressent la tradition des anciens en mangeant du pain avec des mains non
lavées.

Les traditions sont des récits ou des ordonnances, transmis oralement ou par écrit, d’une
génération à l’autre, auxquels leur ancienneté a acquis une certaine autorité, humaine et non
divine, quoiqu’on puisse leur accorder, bien à tort, le même crédit qu’aux Écritures. C’est ce
qui avait lieu au milieu des Juifs ; c’est ce qui a lieu aussi dans l’Église romaine. Hélas !
aujourd’hui, dans le protestantisme, on ne craint pas d’appeler « tradition » la parole de Dieu,
qu’on rabaisse à ce niveau-là. N’admettez jamais cette expression pour désigner les Écritures,
en tout ou en partie, car la Bible est la parole de Dieu dans son entier.

Le Seigneur montre aux pharisiens que non seulement ils plaçaient la tradition au niveau des
Écritures, mais qu’ils transgressaient celles-ci par leurs traditions. La loi disait : « Honore ton
père et ta mère » ; et : « Que celui qui médira de père ou de mère, meure de mort » (Matthieu
15:4). Mais les pharisiens disaient, se basant sur la tradition : « Quiconque dira à son père ou
à sa mère : Tout ce dont tu pourrais tirer profit de ma part est un don, — et il n’honorera point
son père ou sa mère ». Ils enseignaient donc au peuple que, si l’on faisait des dons pour le
temple, on était dispensé de faire autre chose pour ses parents ; ils annulaient de cette manière
le commandement de Dieu. Tout cela est de l’hypocrisie ; c’est vouloir paraître pieux,
religieux, tout en négligeant ce qui est dû à Dieu et à ses proches. Aussi Jésus rappelle aux
pharisiens cette prophétie d’Ésaïe à leur égard : « Ce peuple m’honore des lèvres, mais leur
cœur est fort éloigné de moi ; mais ils m’honorent en vain, enseignant comme doctrines des
commandements d’hommes » (Matthieu 15 :9). Puis il leur montre la véritable souillure, celle
qui vient du cœur et qui sort de la bouche, mais non le fait de manger du pain avec des mains
non lavées.

Dans ce qui précède, le Seigneur nous donne d’importants renseignements. Le seul moyen
d’honorer Dieu, c’est de reconnaître l’autorité de sa Parole et d’y conformer notre vie dans
une obéissance implicite. Dans l’innocence, Adam n’était astreint qu’à un seul
commandement ; il avait, non à faire quelque chose, mais à s’abstenir. Sa désobéissance a tout
gâté et a perdu l’homme. Ensuite, Dieu donna sa loi à Israël, qui, ne se connaissant pas, la

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reçut en disant : « Tout ce que l’Éternel a dit, nous le ferons, et nous écouterons » (Exode
24:3-7). Mais le peuple, par sa désobéissance, déshonora Dieu plus encore que les Gentils ;
car le cœur naturel ne se soumet pas à la loi de Dieu, il ne le peut pas. Néanmoins, l’homme,
dans son orgueil, a toujours la prétention de rendre à Dieu ce qui lui est dû. Dans ce but, il
ravale la mesure divine, diminue ses exigences, les accommode à ce qu’il aime, conserve
certaines formes de la vérité, de manière à pouvoir accomplir ce qu’il appelle sa religion, et
avec ce manteau d’apparente piété, qui calme plus ou moins sa conscience, il peut donner
libre cours à sa volonté propre. Extérieurement il paraît servir Dieu ; mais comme Ésaïe l’a
dit : « Ce peuple m’honore des lèvres, mais leur cœur est fort éloigné de moi… enseignant
comme doctrines des commandements d’hommes ».

Tel est le caractère de toute religion charnelle, de quelque nom qu’on la désigne. Elle
remplace les exigences de Dieu par des formes qui satisfont la chair en la laissant libre de
faire sa volonté, avec la prétention de servir Dieu. Aussi on comprend que le Seigneur appelle
hypocrites les chefs d’un tel système, car c’est là l’hypocrisie par excellence.

De cela découle aussi la négligence à l’égard de ses parents, devoir le plus sacré après ce que
nous devons à Dieu. Si l’on ne craint pas de frustrer Dieu de ses droits, on ne craindra pas non
plus de manquer à l’égard de ses parents. Sans la crainte de Dieu, impossible d’accomplir les
obligations morales qui nous incombent. Les enfants manqueront vis-à-vis de leurs parents,
les serviteurs vis-à-vis de leurs maîtres, les ouvriers vis-à-vis de leurs patrons, les hommes
vis-à-vis de l’autorité. C’est ainsi qu’avec une forme chrétienne le monde est arrivé à l’état
décrit en 2 Timothée 3:1-5 : « Sache ceci, que dans les derniers jours il surviendra des temps
fâcheux ; car les hommes seront égoïstes, avares, vantards, hautains, outrageux, désobéissants
à leurs parents, ingrats, sans piété, sans affection naturelle, implacables, calomniateurs,
incontinents, cruels, n’aimant pas le bien, traîtres, téméraires, enflés d’orgueil, amis des
voluptés plutôt qu’amis de Dieu, ayant la forme de la piété, mais en ayant renié la
puissance ».

L’origine de tout cela est l’abandon de Dieu et de sa Parole, et, vous le voyez, avec la forme
de la piété.

La piété filiale est tout particulièrement recommandée dans la Bible, déjà sous la loi (voir les
passages cités par le Seigneur dans les versets qui nous occupent). L’apôtre Paul, dans l’épître
aux Éphésiens, exhorte les enfants à l’obéissance, il cite le même passage que le Seigneur et
ajoute : « C’est le premier commandement avec promesse, afin que tu prospères et que tu
vives longtemps sur la terre » (Éphésiens 6:1-3). C’était une promesse en rapport avec les
bénédictions d’Israël, qui étaient matérielles ; mais celles qui appartiennent aux chrétiens,
infiniment plus excellentes, sont spirituelles, et la jouissance, au lieu de se confiner à notre
courte existence terrestre, en sera éternelle. En Colossiens 3:20, l’apôtre appuie son
exhortation en disant que c’est agréable au Seigneur. En 1 Timothée 5:8, il dit encore : « Si
quelqu’un n’a pas soin des siens et spécialement de ceux de sa famille, il a renié la foi et il est
pire qu’un incrédule ». Comment un enfant pourra-t-il aider ses parents, prendre soin d’eux,
si, dans sa jeunesse, il ne leur a pas obéi ? L’obéissance prouve, mieux que n’importe quoi,
l’affection pour ses parents. Combien on voit dans les familles, même chrétiennes,
d’événements douloureux qui proviennent de l’insoumission à l’autorité de Dieu, représentée,
pour les enfants, par leurs parents. Désobéir à ses parents, c’est désobéir à Dieu. Ne pas se
soumettre à ce que Dieu a dit, c’est vouloir être plus sage que lui, c’est s’élever au-dessus de
lui pour faire sa volonté propre, perverse et corrompue. C’est aussi s’exposer aux plus graves

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châtiments. « L’œil qui se moque d’un père et qui méprise l’obéissance envers la mère, les
corbeaux du torrent le crèveront et les petits de l’aigle le dévoreront » (Proverbes 30:17).

Que Dieu garde tous les enfants qui liront ces lignes dans une sainte frayeur de désobéir à
Dieu en manquant vis-à-vis de leurs parents par la désobéissance ou par tout autre acte
irrespectueux, de peur qu’ils ne soient ainsi conduits dans une voie d’iniquité et de malheur !

16.2 - Chapitre 15 v. 12-20 — La source de toute souillure

Les disciples rapportèrent à Jésus que les pharisiens avaient été froissés de ses paroles. Il ne
pouvait en être autrement, car le Seigneur atteignait leur conscience en dénonçant
ouvertement le grand mal qui les caractérisait. Ils voulaient paraître purs au-dehors, en
observant des traditions qui leur donnaient une apparence de sainteté, et le Seigneur leur disait
que ce n’est pas la souillure extérieure qui souille l’homme devant Dieu, mais celle qui vient
du cœur, que tout homme porte au-dedans de lui.

Jésus répond aux disciples : « Toute plante que mon Père céleste n’a pas plantée sera
déracinée. Laissez-les ; ce sont des aveugles, conducteurs d’aveugles : et si un aveugle
conduit un aveugle, ils tomberont tous deux dans une fosse ». Il est impossible de voir son
propre chemin et de conduire les autres, si ce n’est à la lumière de la parole de Dieu, reçue
avec toute son autorité. La prétention d’être guide spirituel tout en mettant de côté les
Écritures, même partiellement, n’aboutit qu’à l’égarement et à la perdition pour le conducteur
et son troupeau. Ces conducteurs se sont établis eux-mêmes dans leurs fonctions ; ils seront
déracinés : Le Seigneur dit : « Laissez-les ». Si quelqu’un ne se soumet pas à la parole de
Dieu, à quoi bon discuter ? « Laissez-les ».

Pierre demande à Jésus d’exposer aux disciples la parabole des v. 10 et 11. Ils ne
comprenaient pas encore quels étaient la source et le véritable caractère de la souillure devant
Dieu, tellement ils avaient l’habitude de ne considérer que la souillure extérieure, dont on se
purifiait par les lavages ordonnés par la loi, mais ce n’étaient là que des types et figures de la
réalité, telle qu’elle est aux yeux de Dieu. Ce qui souille c’est le péché, et le péché vient du
cœur naturel. Lorsqu’il se manifeste en paroles ou en actes quelconques, l’homme est souillé.

Le v. 19 donne une liste affreuse de tout ce qui peut sortir du cœur. Combien il faut prendre
garde à cette source de corruption, afin que ses manifestations ne nous souillent pas ! En tête
de liste viennent les mauvaises pensées, ces actes du cœur que personne, si ce n’est Dieu, ne
voit, origine de tous les péchés grossiers énumérés ensuite, qui déshonorent Dieu, avilissent et
détruisent l’homme. Si Caïn avait jugé la pensée de haine qu’il avait conçue à l’égard de son
frère, il ne l’aurait jamais tué. C’est pourquoi la Parole dit : « Quiconque hait son frère est un
meurtrier » (1 Jean 3:15). Il est de toute importance de veiller sur son cœur. Salomon ne dit-il
pas : « Garde ton cœur plus que tout ce que l’on garde, car de lui sont les issues — ou
résultats — de la vie » ? (Proverbes 4:23). Nous avons grand soin de ne rien mettre de souillé
dans notre bouche ; ayons un même soin de ne rien laisser sortir par elle des choses impures
qui nous souilleraient, puisque Jésus dit que ce n’est pas ce qui entre dans l’homme qui le
souille, mais ce qui sort de la bouche. La bouche est l’instrument, le cœur la source ; ne
mettons donc pas cet instrument au service du mal.

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16.3 - Chapitre 15 v. 21-28 — La femme cananéenne

Jésus se retira ensuite dans le voisinage de Tyr et de Sidon. Là, comme ailleurs, la puissance
du diable se faisait sentir ; mais là aussi se trouvait, chez une pauvre Gentile, la foi en la
puissance et en la bonté du Seigneur. Une femme cananéenne, voyant Jésus, s’écrie :
« Seigneur, Fils de David, aie pitié de moi ; ma fille est cruellement tourmentée d’un
démon ». Le Seigneur ne réplique rien ; et aux disciples, qui veulent se débarrasser de cette
femme en lui disant : « Renvoie-la, car elle crie après nous », il dit : « Je ne suis envoyé
qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël ». Elle rend néanmoins hommage à Jésus en
disant : « Seigneur, assiste-moi ». Il lui répond : « Il ne convient pas de prendre le pain des
enfants et de le jeter aux chiens ». Et elle dit : « Oui, Seigneur ; car même les chiens mangent
des miettes qui tombent de la table de leurs maîtres ».

Si le Seigneur paraît indifférent à l’appel de cette femme, c’est afin qu’elle prenne la place qui
convient à tout pécheur devant Dieu, comme n’ayant aucun droit, aucun mérite, pour recevoir
ensuite une pleine réponse de la part du Dieu d’amour. Bien qu’elle appartienne à une nation
qu’Israël aurait dû détruire lors de son entrée en Canaan, elle s’était adressée à Jésus comme
au Fils de David, celui qui, sous ce titre, apportera la bénédiction à Israël, et sous le règne
duquel les ennemis du peuple seront détruits. C’est pourquoi Jésus, venu en grâce, ne pouvait
lui répondre comme Fils de David, mais, quoique venu à son peuple pour l’accomplissement
des promesses, il était le Sauveur du monde, l’expression de l’amour de Dieu pour tout
pécheur, dès que la foi fait appel à cet amour. Enoutre, au-dessus des distinctions de races et
de dispensations, elle reçoit du Dieu de grâce ce que le Fils de David ne pouvait donner à une
Cananéenne : « Jésus, répondant, lui dit : Ô femme, ta foi est grande ; qu’il te soit fait comme
tu veux. Et dès cette heure-là sa fille fut guérie ». Certainement il y avait plus que des miettes
qui tombaient de la table des Juifs ; comme peuple, ils refusaient les mets de la table en entier,
et ce refus a été le salut du monde (voir Romains 11:11, 12).

Quelle perfection dans la manière d’agir du Seigneur ! Venu à Israël comme Messie, il
maintient son caractère vis-à-vis des étrangers à ce peuple ; mais comme Dieu en grâce
visitant sa créature déchue, il ne repousse aucun de ceux qui viennent à lui en prenant la place
où le péché a placé l’homme, où tous sont égaux, indignes de tout sauf du jugement. Le fils
prodigue dit : « J’ai péché contre le ciel et devant toi ; je ne suis plus digne d’être appelé ton
fils ». C’est alors que le Père le fait revêtir de la plus belle robe. Mephibosheth, aux pieds de
David, s’écrie : « Qu’est ton serviteur, que tu aies regardé un chien mort tel que moi ? » (2
Samuel 9:8). C’est là que David le prend pour le faire asseoir à sa table. Quel amour
merveilleux ! C’est parce qu’il y a des pécheurs perdus, sans aucune ressource de leur côté,
qu’un Sauveur parfait est venu accomplir l’œuvre en vertu de laquelle Dieu peut faire grâce à
tous.

16.4 - Chapitre 15 v. 29-39 — Seconde multiplication des pains

Après avoir quitté la contrée de Tyr et de Sidon, Jésus vient en Galilée où se trouvaient les
pauvres, les méprisés des Juifs de Judée, mais au milieu desquels s’était levée une grande
lumière (Matthieu 4:15, 16). S’étant assis sur une montagne, « de grandes foules vinrent à lui,
ayant avec elles des boiteux, des aveugles, des muets, des estropiés, et beaucoup d’autres ; et
elles les jetèrent à ses pieds, et il les guérit », ce qui les amena à glorifier le Dieu d’Israël. Le
Seigneur répond aux besoins de son peuple là aussi où se trouve la foi ; il ne laisse pas sans

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réponse ceux qui ont des besoins, comme il le fit avec les pharisiens de Jérusalem, incrédules
et hypocrites.

Accomplissant encore ce qui était dit de l’Éternel au Psaume 132 : « Je rassasierai de pain ses
pauvres », Jésus appelle ses disciples et leur dit : « Je suis ému de compassion envers la foule,
car voici trois jours déjà qu’ils demeurent auprès de moi, et ils n’ont rien à manger ; et je ne
veux pas les renvoyer à jeun, de peur qu’ils ne défaillent en chemin ». On voit, ici encore, de
quelle manière le cœur du Seigneur prend connaissance de tous les besoins. Il a compté les
jours que la foule était avec lui, et lui, qui a jeûné pendant quarante jours, sait combien le
jeûne est pénible. Jamais il ne renvoie à vide ceux qui viennent auprès de lui. Il nous est
précieux de savoir que Jésus est toujours le même envers chacun, aujourd’hui comme alors ;
la gloire qui l’environne ne lui fait oublier aucun de ses bien-aimés.

Oublieux de la scène rapportée au chapitre 14:13-21, les disciples disent à Jésus : « D’où
aurions-nous dans le désert assez de pains pour rassasier une si grande foule ? » Le Seigneur
ne leur dit pas, comme au chapitre précédent : « Vous, donnez-leur à manger ». Il demande :
« Combien avez-vous de pains ? » Ils répondent : « Sept, et quelques petits poissons ». Après
avoir commandé aux foules de s’asseoir sur la terre, il rend grâces, rompt les pains et les
donne aux disciples qui les distribuent aux foules. Le repas terminé, ils ramassent sept
corbeilles pleines des morceaux qui étaient de reste. Ceux qui avaient mangé étaient quatre
mille hommes, sans compter les femmes et les enfants.

Dans la précédente multiplication des pains, il y avait cinq pains, douze corbeilles de reste et
cinq mille hommes. Ici, il y a sept pains, sept corbeilles et quatre mille hommes. Le nombre
douze, dans les Écritures, est employé plutôt en rapport avec l’administration confiée à
l’homme : douze tribus, douze disciples. La première multiplication rappelle la responsabilité
de l’homme, ce que le Seigneur confiait aux disciples : « Vous, donnez-leur à manger ». Ils
avaient pour cela de faibles ressources, mais plus que suffisantes, puisque le Seigneur les leur
fournissait. Dans notre chapitre, le Seigneur agit selon sa puissance divine ; c’est le côté de
Dieu qui est présenté ; c’est pourquoi il y a sept pains et sept corbeilles, sept dans les
ressources et sept dans les restes, le nombre sept signifiant la perfection ; le nombre quatre
indique quelque chose de complet.

On voit, par ces détails, combien la parole de Dieu est parfaite dans toutes les expressions
qu’elle emploie. S’il y a des choses qui nous sont incompréhensibles, c’est parce que nous
sommes trop ignorants en présence des perfections de la révélation divine.

17 - Chapitre 16
17.1 - Chapitre 16 v. 1-14 — Un signe

Nous trouvons de nouveau Jésus en présence des deux grandes classes des Juifs : les
pharisiens et les sadducéens, que l’on peut désigner, les premiers comme des gens religieux,
les seconds comme des libres-penseurs ; mais ils sont aussi incrédules les uns que les autres
quant à la personne de Christ. Cependant leur conscience mal à l’aise et leur incrédulité font
qu’ils demandent un signe du ciel. Comme le Seigneur l’avait déjà dit aux scribes et aux
pharisiens du chapitre 12, il ne leur donne que le signe de Jonas. Combien est grande

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l’opposition du cœur de l’homme à Dieu ! Lorsque Dieu disait à Achaz de lui demander un
signe (Ésaïe 7:10-12), le roi s’y refusa, feignant cette confiance qui ne permet pas à un
homme pieux de tenter Dieu ; pourtant nous connaissons l’impiété de ce souverain.
Cependant Dieu indique le signe (v. 14) : ce sera la naissance d’Emmanuel, de Celui qui, alors
au milieu de son peuple, donnait, dans toute sa vie, les preuves de ce qu’il était, en grâce et en
puissance ; mais, chose terrible, ils ne veulent pas voir !

Jésus leur reproche de savoir discerner, par les apparences du ciel, le temps qu’il fera le
lendemain, et de ne pas discerner les signes, plus évidents encore, du siècle dans lequel ils
vivent. La foi, toujours enseignée de Dieu, pouvait discerner les signes des temps, par la
présence du Messie et l’accueil qui lui était fait ; mais une génération méchante et adultère ne
recevra pas d’autre signe que celui de Jonas, c’est-à-dire la mort et la résurrection de Jésus ;
ainsi prend fin la présentation du Messie à ce peuple qui l’a méconnu et rejeté, ce qui amènera
sur lui les jugements de Dieu. Aussi lisons-nous ces paroles solennelles : « Et les laissant, il
s’en alla ». Jésus avait déjà dit à ses disciples, au v. 14 du chapitre précédent : « Laissez-les ».

Condition terrible que celle des hommes que Dieu laisse à leur sort, après avoir fait tout ce qui
est possible pour les sauver et les bénir ! Nous sommes dans un temps qui correspond, pour la
chrétienté, à celui dans lequel Israël se trouvait quand Jésus était près de quitter ce peuple.
Quantité de gens, aussi religieux que les pharisiens, comme les incrédules de toutes nuances,
semblables aux sadducéens, seront bientôt laissés par le Seigneur pour être livrés à une
énergie d’erreur ; ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés, en dépit des
avertissements solennels qui nous sont donnés (2 Thes. 2:11). À la suite du départ de Christ,
rejeté par les Juifs, les jugements de Dieu atteignirent ces derniers ; mais dans un avenir
prochain, lorsque le Seigneur aura enlevé les croyants de la scène de ce monde, les jugements
décrits dans le livre de l’Apocalypse fondront sur ceux qui n’auront pas cru dans le temps de
grâce où nous sommes.

Cette venue du Seigneur est bien proche. Ceux qui ont les yeux ouverts par la foi à la parole
de Dieu, peuvent discerner les signes des temps, ils attendent incessamment le lever de
« l’Étoile du matin » — Christ venant chercher les siens — qui précédera l’apparition du jour
« brûlant comme un four » pour ceux qui auront été laissés par le Seigneur.

17.2 - Chapitre 16 v. 5-12 — Disciples oublieux

Si les disciples avaient reçu le Seigneur comme le Messie d’Israël, ils étaient encore loin de
connaître sa glorieuse personne et de comprendre ses enseignements, comme nous qui, objets
continuels de la patiente bonté du Seigneur, avons beaucoup plus de lumières ; malgré tout, à
cause de sa grâce merveilleuse il a bien voulu leur dire : « Vous êtes ceux qui avez persévéré
avec moi dans mes tentations » (Luc 22:28).

Arrivés à l’autre rive — après la multiplication des pains du chapitre 15 — ils constatent
qu’ils ont oublié de prendre des pains. Affligé de l’hypocrisie et de l’incrédulité des pharisiens
et des sadducéens, Jésus sent combien ses faibles disciples ont besoin d’être mis en garde
contre ces gens. Il les prévient en leur disant : « Voyez, et soyez en garde contre le levain des
pharisiens et des sadducéens ». Les pauvres disciples étaient encore matériels au point de
penser que le levain ne pouvait avoir de rapport qu’avec le pain. Préoccupés de leur oubli plus
que de la nécessité d’être en garde contre l’influence des doctrines pharisaïques et

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sadducéennes, le Seigneur leur dit : « Pourquoi raisonnez-vous en vous-mêmes, gens de petite
foi… ? N’entendez-vous pas encore, et ne vous souvient-il pas des cinq pains des cinq mille
hommes, et combien de paniers vous en recueillîtes ? ni des sept pains des quatre mille
hommes, et combien de corbeilles vous en recueillîtes ? » Comment pouvaient-ils avoir la
moindre inquiétude, après avoir été témoins de tels actes de puissance et de bonté, et quand ils
avaient toujours avec eux celui qui en était l’auteur ? Deux choses caractérisaient les
disciples : ils n’entendaient pas et ils ne se souvenaient pas. Ils n’avaient pas l’entendement
spirituel ouvert aux enseignements du Seigneur qui les mettait en garde contre une chose plus
importante que celle de manquer de pain ; et, quant à leurs besoins matériels ils oubliaient que
la puissance et la bonté du Seigneur n’étaient pas quelque chose de momentané ; que ce qu’il
avait été pour eux dans une circonstance, il le serait toujours. Ils pouvaient se confier en lui
pour tous leurs besoins, afin que leurs cœurs soient tout entiers aux intérêts de leur Maître. En
ces disciples, qui nous paraissent si stupides, nous avons notre propre image. Au lieu d’être
exercés quant à nos intérêts spirituels et à la gloire du Seigneur, nous sommes en souci pour
les choses matérielles, au sujet desquelles nous avons fait mille fois l’expérience de la bonté
de Dieu et de ses soins, sachant que lui « sait de quoi nous avons besoin ». Nous oublions que
notre affaire est de chercher premièrement son royaume et sa justice, et que toutes les autres
choses seront données par dessus. Les disciples avaient entendu le Seigneur prononcer ces
paroles sur la montagne (chap. 6:24-34), et nous, combien de fois ne les avons-nous pas lues ?

Plein de patience et de bonté, le Seigneur leur explique qu’il ne leur parlait pas du levain de
pain ; ils comprennent qu’il les met en garde contre la doctrine des pharisiens et des
sadducéens. Comme nous l’avons vu (chap. 13), le levain représente une doctrine corruptrice.
Les disciples, habitués au langage figuré toujours employé en Orient, auraient dû le
comprendre. La doctrine des pharisiens est cette hypocrisie qui caractérise la religion de la
chair, surtout chez les conducteurs, comme nous l’avons vu au commencement du chapitre
précédent. La doctrine des sadducéens, c’est le raisonnement du cœur naturel qui met de côté
la parole de Dieu pour chercher à soustraire la conscience aux effets de cette Parole et être
plus libre de suivre ses propres désirs, deux maux contre lesquels nous avons à être mis en
garde aujourd’hui. Soyons à cœur ouvert devant Dieu ; abstenons-nous des formes religieuses
par lesquelles on cherche à cacher son vrai état à Dieu et à soi-même et, d’un autre côté,
recevons la Parole sans raisonnement, en reconnaissant sa divine autorité sur le cœur et la
conscience.

17.3 - Chapitre 16 v. 13-20 — Confession de Pierre

Quittant les rives du lac de Génézareth, le Seigneur se dirige vers Césarée de Philippe, tout au
nord de la Palestine, et là, il interroge les disciples en ces termes : « Qui disent les hommes
que je suis, moi, le fils de l’homme ? Et ils dirent : Les uns disent : Jean le Baptiseur ; les
autres : Élie, et d’autres : Jérémie ou l’un des prophètes ». Ici, nous n’avons pas les réponses
de l’incrédulité et de la haine des Juifs et de leurs chefs ; c’est l’appréciation respectueuse de
la foule qui croyait avoir une opinion excellente de la personne de Jésus, puisqu’elle le mettait
au rang des prophètes les plus honorés. On avait estimé très haut Jean le Baptiseur ; on avait
voulu, pour un temps, se réjouir à sa lumière (Jean 5:35 ; voir aussi Matthieu 21:26). Élie était
celui qui doit précéder le Messie, et Jérémie passait auprès des Juifs pour un des prophètes les
plus éminents. Même aux yeux des indifférents il était l’un des prophètes. Dans ces opinions
diverses, toutes fondées qu’elles puissent paraître, il n’y avait ni foi, ni intelligence spirituelle.
Dieu n’avait pas laissé son peuple dans l’incertitude au sujet de son Fils. Au baptême de Jean,

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le ciel s’était ouvert sur lui et la voix de Dieu le Père s’était fait entendre : « Celui-ci est mon
Fils bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir » (Matthieu 3:17). Non seulement cela, mais
toute la vie de Jésus avait prouvé qu’il était Emmanuel, le Christ, le Fils de Dieu.

Aujourd’hui nous trouvons des opinions aussi diverses, et plus diverses encore, sur ce qu’est
Jésus, chez ceux qui ne le rejettent pas ouvertement : c’est un homme de bien, un grand
réformateur, le fondateur de la religion chrétienne à laquelle on doit la civilisation actuelle ;
on accorde qu’il a manifesté les caractères moraux de Dieu dans ce monde, et de belles choses
encore. Mais si l’on pose à ces gens-là la question : « Jésus est-il le Fils de Dieu ? » ils
répondent évasivement, si ce n’est négativement. Dieu présente à la foi une personne, car il
faut aux hommes un Sauveur et non des opinions sur le Sauveur. « C’est ici le témoignage :
que Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils : Celui qui a le Fils a la
vie, celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie » (1 Jean 5:11, 12).

Aux disciples Jésus dit : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » Simon Pierre répondit : « Tu
es le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Jésus lui dit : « Tu es bienheureux, Simon Barjonas (*),
car la chair et le sang ne t’ont pas révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux ». Pierre
était enseigné du Père pour confesser, de cette manière et à ce moment-là, Jésus, le Christ,
objet de la promesse, que le peuple incrédule ne voulait pas recevoir ; il était le Fils du Dieu
vivant, de celui qui possède la vie, vie que ni le péché ni ses conséquences ne peuvent
atteindre, qui doit être celle des hommes, s’ils veulent être sauvés, parce que tous, dans leur
état naturel, sont dans la mort. Quelle grâce merveilleuse que la manifestation ici-bas du Fils
du Dieu vivant, afin que de pauvres pécheurs, comme Pierre et chacun de nous, puissent
obtenir une telle vie, participer « de la nature divine » (2 Pierre 1:4). Aussi le Seigneur dit à
Pierre : « Et moi aussi, je te dis que tu es »Pierre — ou une pierre — ; et sur ce roc je bâtirai
mon assemblée, et les portes du hadès ne prévaudront pas contre elle ». C’est comme si Jésus
disait à Pierre : « Tu confesses ce que je suis, et moi aussi je dis ce que tu es par grâce, par la
foi en moi, tu es une pierre, de même nature que moi ». Pierre écrivait plus tard : « Duquel
vous approchant — du Seigneur — comme d’une pierre vivante, rejetée par les hommes, mais
choisie et précieuse auprès de Dieu, vous-mêmes aussi, comme des pierres vivantes, êtes
édifiés une maison spirituelle, etc » (1 Pierre 2:4, 5). Cette maison spirituelle, composée de
pierres vivantes, est ce que le Seigneur appelle ici son Assemblée qu’il bâtit lui-même, qu’il
fonde sur ce qu’il est, Lui, le roc éternel de vie. Et ce Fils du Dieu vivant, sans pourtant jamais
perdre son caractère, allait descendre dans la mort où toute la puissance de Satan est venue se
briser contre lui. Il a « annulé la mort », Il a rendu « impuissant celui qui avait le pouvoir de la
mort, c’est-à-dire le diable », (Hébreux 2:14). Ressuscité, vainqueur de tout ce qui était contre
l’homme en Adam, il a été « déterminé Fils de Dieu, en puissance, selon l’Esprit de sainteté,
par la résurrection des morts » (Romains 1:4). En vertu de cette œuvre, sur ce roc qui est
Christ lui-même, il bâtit son Assemblée (ou Église), composée de tous ceux qui, par la foi,
participent à sa vie.

(*) C’est-à-dire fils de Jonas. Le mot hébreu bar, qui se rencontre dans un certain nombre de
noms propres de la Parole, signifie fils.

17.4 - Chapitre 16 — L’Assemblée

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Les Juifs rejetaient le Christ, preuve que Dieu ne pouvait rien édifier sur l’homme selon la
chair ; le Fils du Dieu vivant se présente donc comme le fondement sur lequel il bâtira ce qui
remplacera Israël et ce qui demeurera éternellement, savoir son Assemblée. Contre elle les
portes du hadès, figure de la puissance de Satan, n’auront aucune puissance. En effet, la mort,
salaire du péché, a été subie par Christ, et Satan demeure sans force contre ce qui est bâti sur
ce roc éternel de vie.

Dans la réponse de Jésus à Pierre, nous voyons : 1° ce que chaque croyant devient, par la foi
au Fils de Dieu, une pierre vivante ; 2° l’Assemblée, bâtie par Christ, composée de l’ensemble
de ces pierres vivantes, dont l’édification a commencé à la Pentecôte et se continuera jusqu’au
moment où la dernière pierre sera ajoutée, c’est-à-dire la dernière personne convertie. Dans
cette construction, tout répond aux pensées du divin Bâtisseur, parce que tout est le fruit de
son travail. Une fois le dernier des élus manifesté, l’Assemblée, composée de tous les
croyants ressuscités et transmués, sera ravie au-devant du Seigneur avec tous ceux qui sont
morts dans la foi depuis le commencement. Puis cette Église réapparaît dans la gloire décrite
en Apocalypse 21:9-27, telle qu’elle sera dans le règne de Christ. Lorsque, après ce règne, les
cieux et la terre actuels auront passé, remplacés par un nouveau ciel et une nouvelle terre
(Apocalypse 21:1-8), nous y voyons descendre la sainte cité, la nouvelle Jérusalem,
l’habitation de Dieu qui est avec les hommes pour l’éternité, cette Assemblée que Christ aura
bâtie lui-même.

La plupart de nos lecteurs savent que l’Église est en ruine, à cause de tout le mal qui s’y est
introduit dans le cours des siècles ; ils peuvent se demander comment cette Église, que Christ
bâtit, s’est corrompue, d’après les vérités dont nous venons de parler en rapport avec le verset
18 de notre chapitre.

Il n’est que trop vrai que nous sommes aujourd’hui au sein de l’Église ruinée, à cause de
l’infidélité de ceux qui en ont fait et en font partie ; mais ce qui est ruiné n’est pas ce que
Christ bâtit. La Parole nous enseigne que l’Assemblée sur la terre est envisagée à un autre
point de vue encore, celui de la responsabilité de l’homme, considéré, lui aussi, comme
bâtisseur, mais qui a toujours failli en ce que Dieu lui a confié. Ainsi la ruine est la
conséquence même de notre infidélité. En 1 Corinthiens 3, Paul et Apollos sont considérés
comme des collaborateurs de Dieu. Paul était l’ouvrier spécial qui, sur le fondement de cette
maison de Dieu, Jésus Christ, a édifié de bons matériaux, et les apôtres aussi. Mais après eux,
de leur temps déjà, des ouvriers moins vigilants introduisirent dans l’Assemblée des
personnes qui, n’ayant pas la vie de Dieu, n’étaient pas des pierres vivantes, mais qui,
baptisées du baptême chrétien, faisaient partie de la maison de Dieu sur la terre. Plus tard, on
introduisit des foules sans leur demander de conversion, simplement parce qu’elles
acceptaient le christianisme dans ses formes extérieures, et ainsi l’Église prit de l’extension
dans ce monde et se corrompit (voir les paraboles de Matthieu 13:44-50). L’Église, sous ce
caractère-là, comprend aujourd’hui tous ceux qui n’ont qu’une profession extérieure de
christianisme et ceux qui ont véritablement la foi, qui sont des pierres vivantes, et auxquels la
parole de Dieu donne des enseignements particuliers pour qu’ils se séparent du mal dans
l’Église. Elle est comparée à une grande maison dans laquelle se trouvent des vases à honneur
et des vases à déshonneur. Quand le Seigneur viendra, il enlèvera ceux qui ont la vie et
laissera pour les jugements ceux qui n’ont eu que la profession chrétienne.

17.5 - Chapitre 16 — Le royaume

77
Outre l’assemblée, il y avait un autre résultat de la venue de Christ et de sa mort, en rapport
avec la terre : c’est le royaume des cieux. Car si Christ possède une assemblée, il possède
aussi la royauté sur son peuple terrestre et sur tout l’univers. En attendant sa domination
glorieuse et universelle, le royaume s’établit sous une forme particulière. Il est appelé
« royaume des cieux », parce que le siège du pouvoir est, et sera, dans le ciel, en contraste
avec les royaumes terrestres dont l’autorité réside sur la terre. On entrait dans le royaume en
reconnaissant l’autorité du Seigneur, que l’on reconnaissait aussi comme Sauveur. En
attendant que Christ vienne établir son règne en puissance, la forme et l’étendue du royaume
des cieux sont celles de l’Église responsable dont nous venons de parler. Mais les vrais
croyants trouvés au milieu de cet état de choses, au lieu de former le peuple sur lequel Christ
régnera à sa venue, seront au contraire, enlevés pour être avec le Seigneur et revenir pour
régner avec lui, comme Épouse du roi.

En son absence, le Seigneur confie à Pierre les clefs de ce royaume, disant : « Je te donnerai
les clefs du royaume des cieux ; et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux ; et
tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux » (v. 19). Pierre devait donc ouvrir
la porte à tous ceux qui reconnaîtraient l’autorité du Seigneur, Juifs ou Gentils. Il fallait la
permission du roi, représentée par Pierre, pour avoir accès dans ce royaume et en faire partie,
car on n’y entrait pas par naissance, comme les Juifs, le peuple terrestre de Dieu. Il fallait
aussi la foi au Seigneur qui était dans le ciel parce qu’il avait été rejeté.

La première moitié du livre des Actes montre comment Pierre s’est acquitté du service que le
Seigneur lui a confié ici. C’est toujours lui qui prend la parole. Il démontre aux Juifs (2:36)
que celui qu’ils ont crucifié, Dieu l’a fait Seigneur et Christ. Trois mille personnes environ
reçoivent ces paroles et entrent dans le royaume ; au chapitre 5, le nombre se monte à environ
cinq mille. Au chapitre 8, les gens de Samarie entrent, et, au chapitre 10, les Gentils sont
reçus : Corneille et ceux qui sont avec lui. Dans tous les cas, c’est Pierre qui agit, en vertu de
l’autorité que le Seigneur lui a donnée pour ouvrir les portes du royaume des cieux et pour
l’administrer. Paul a été chargé de révéler tout ce qui concerne l’Église.

Le catholicisme a confondu ce que le Seigneur dit à Pierre au v. 18, avec ce qu’il dit au v. 19.
Elle a fait de Pierre le représentant de Christ comme bâtisseur de l’Église et lui donne comme
successeurs les papes, tandis que le Seigneur n’enjoint nullement à Pierre de bâtir l’Église, et
ne lui annonce aucun héritier dans sa fonction. Le v. 18 se rapporte à l’Église, c’est Christ qui
la bâtit lui-même, et si Pierre y a une part, c’est comme une pierre vivante. Le v. 19 se
rapporte au royaume des cieux, Pierre en reçoit les clefs pour y introduire tous ceux qui
croiraient ce que lui et les autres apôtres annonceraient concernant le Christ, sa mort, sa
résurrection et sa glorification, car il a reçu toute autorité dans le ciel et sur la terre (Matthieu
28:18), Dieu l’ayant exalté prince et Sauveur (Actes 5:31).

Après les déclarations faites à Pierre, Jésus s’adresse aux disciples, leur enjoignant de ne dire
à personne qu’il était le Christ. C’était inutile de le présenter plus longtemps aux Juifs comme
un Messie vivant sur la terre, sans avoir passé par la mort. Seuls ceux qui croient sont
introduits dans les bénédictions nouvelles.

17.6 - Chapitre 16 v. 21-28 — Jésus annonce sa mort

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« Dès lors Jésus commença à montrer à ses disciples qu’il fallait qu’il allât à Jérusalem, et
qu’il souffrît beaucoup de la part des anciens et des principaux sacrificateurs et des scribes, et
qu’il fût mis à mort, et qu’il fût ressuscité le troisième jour ». La haine des principaux du
peuple à l’égard de Jésus irait jusque-là, et du côté de Dieu, cette mort était nécessaire pour
l’accomplissement de toutes les glorieuses vérités annoncées à Pierre dans les v. 18 et 19.
Mais sa foi et son intelligence n’étaient pas à la hauteur de ces révélations ; son cœur s’arrêtait
à la vérité que Jésus était le Christ, le Messie, et au royaume glorieux qu’il devait établir. Ne
pensant qu’à ce côté de la vérité concernant la personne de Jésus, lorsque Pierre entend parler
de sa mort, il le prend à part et lui dit : « Seigneur, Dieu t’en préserve, cela ne t’arrivera
point ! » Pauvre Pierre ! sa grande affection pour le Seigneur et le désir de jouir au plus tôt du
royaume en gloire, lui font repousser la pensée de sa mort. Mais ses pensées étaient, en cela,
en opposition à celles de Dieu. Jésus se retournant lui dit : « Va arrière de moi, Satan, tu m’es
en scandale ; car tes pensées ne sont pas aux choses de Dieu, mais à celles des hommes ».
Sans la mort du Seigneur, Pierre aurait été exclu de toutes les bénédictions qui se trouvaient
dans les pensées de Dieu. L’homme ne songe qu’à la jouissance de la chair pour laquelle la
mort n’est pas nécessaire, au contraire. Quelle distance entre les pensées de Pierre et celles de
Jésus ! Lui vient dans ce monde en disant : « Je viens… pour faire, ô Dieu, ta volonté », dans
laquelle la mort était comprise, base sur laquelle Dieu pouvait accomplir tous ses conseils,
tandis que Pierre dit : « Dieu t’en préserve ! » Pour être justes, nos pensées doivent suivre
celles de Dieu ; autrement nous prenons en considération celles de notre cœur qui peuvent être
sincères, paraître bonnes, mais s’opposent aux choses de Dieu, puisqu’elles se rapportent à ce
qui convient à l’homme.

Jésus montre ensuite à ses disciples que la mort serait non seulement sa part, mais aussi celle
de tous ceux qui voudraient participer à la gloire avec lui. Car, pour cela, il faut le suivre ici-
bas dans le chemin de son rejet, qui est pratiquement celui de la mort : « Si quelqu’un veut
venir après moi », dit-il, « qu’il se renonce soi-même, et qu’il prenne sa croix, et me suive :
car quiconque voudra sauver sa vie la perdra ; et quiconque perdra sa vie pour l’amour de
moi, la trouvera ». Deux choses doivent caractériser ceux qui suivent Christ dans ce monde :
Se renoncer soi-même, et, prendre sa croix. Et elles ne se réalisent pas si l’on n’a pas la vie de
Christ et Christ pour objet de son cœur, et l’espérance de la gloire avec lui. « Se renoncer soi-
même », c’est cesser de vivre en vue de soi ; l’homme qui ne possède pas Christ pour sa vie,
ne peut vivre que pour lui-même ; tout ce qu’il fait se rapporte à lui, directement ou
indirectement, même ses bonnes œuvres en faveur d’autrui. Pour ne prendre que des exemples
les plus saillants, citons les concerts, les représentations théâtrales de bienfaisance ; est-ce
dans le renoncement à soi-même que ces œuvres s’accomplissent ? Elles découlent d’une vie
qui a le moi pour objet et non pas Christ. Pierre se disait précisément que si le Christ mourait,
lui serait privé de la gloire à laquelle sa chair tenait tant ; car il voulait la gloire sans la
souffrance. Un seul pouvait être dans la gloire sans souffrir, Jésus, mais il y serait demeuré
seul. Dans son amour infini, il a voulu mourir pour nous, afin que nous ayons une part avec
lui.

« Prendre sa croix », c’est réaliser la mort tant que l’on est ici-bas. Quand un condamné à la
crucifixion allait au supplice, on lui faisait porter sa croix et, en le voyant, on pouvait dire :
« Voici un homme qui en a fini avec la vie ». Et lui ne pensait plus à jouir des choses d’ici-
bas ; il en avait fini. Combien il est à désirer que ceux qui observent notre conduite puissent
dire que nous en avons fini avec le monde, que nous ne vivons plus pour nous-mêmes ! Nous
manifesterions ainsi que nous sommes du ciel, les disciples de celui qui a souffert et qui est
mort pour nous.

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Dieu veuille que mes lecteurs, qui connaissent Jésus comme leur Sauveur, s’exercent, sous
l’action de cette divine Parole, à réaliser ses enseignements, à renoncer à une vie qui a pour
centre soi-même et pour objet le monde ! Ceux qui font ainsi jouiront déjà ici-bas des choses
éternelles, tandis que ceux qui veulent épargner leur vie en lui accordant ses convoitises, la
perdront pour l’éternité. Jésus ajoute : « Car que profitera-t-il à un homme s’il gagne le monde
entier, et qu’il fasse la perte de son âme ; ou que donnera un homme en échange de son
âme ? » Paroles solennelles qui se passent de commentaire. C’est un problème que Dieu place
devant chaque personne qui cherche encore les avantages de ce monde et dont il attend la
réponse. Dieu veuille en pénétrer tout à nouveau le cœur de tout lecteur qui désirerait le
monde ou les choses qui sont dans le monde, ne penserait qu’à la satisfaction de la vie
présente et négligerait ce qui se rapporte à son âme pour l’éternité ; car chacun a commencé
l’éternité en entrant dans ce monde ; le temps présent en est une bien courte phase qui passe
comme une ombre, mais dans laquelle se décide de quel côté chacun se trouvera
définitivement après la vie présente.

Mais nous n’aurons pas toujours à suivre un Christ humilié et rejeté. Fils de l’homme il
reviendra dans la gloire de son Père — la gloire du Fils de Dieu — et avec ses anges dans la
gloire de son royaume, et alors, il rendra à chacun selon sa conduite pendant son absence.
Ceux qui l’auront suivi, dans le renoncement à eux-mêmes et au monde, seront introduits dans
sa gloire pour l’éternité, et reviendront avec lui pour régner. Ceux qui auront préféré le monde
et ses convoitises auront leur part éternelle loin du bonheur et de sa gloire, comme aussi
chacun de ceux qui auront suivi le Seigneur trouveront, dans ce jour-là, les conséquences de
leur fidélité (v. 27).

Afin de fortifier la foi de ses disciples qui venaient d’entendre que le Christ, en qui ils avaient
cru, allait mourir, et que leur part dans la vie présente serait le renoncement et la mort, Jésus
ajoute : « Il y en a quelques-uns de ceux qui sont ici présents, qui ne goûteront point la mort
jusqu’à ce qu’ils aient vu le Fils de l’homme venant dans son royaume » (v. 28).

18 - Chapitre 17
18.1 - Chapitre 17 v. 1-8 — La transfiguration

Ces versets nous montrent comment devaient se réaliser les paroles que Jésus a prononcées au
v. 28 du chapitre précédent. Il conduit Pierre, Jacques et Jean sur une haute montagne, et là,
transfiguré devant eux, son visage devint resplendissant comme le soleil, et ses vêtements
blancs comme la lumière. Moïse et Élie leur apparurent aussi « en gloire », comme nous
l’apprend l’évangile selon Luc. Cette scène, dans Matthieu, présente la personne de Jésus, le
Fils de l’homme, venant dans son royaume en gloire, afin de fortifier la foi des disciples
lorsqu’ils auraient à rendre témoignage de lui après sa mort. Ils avaient cru qu’il était le
Messie, le Christ ; et ils attendaient l’établissement de son règne glorieux. Au lieu de cela,
Jésus leur défend de dire qu’il est le Christ et leur parle de ses souffrances et de sa mort. Une
révélation pareille, anéantissant, semble-t-il, tout ce qu’ils avaient espéré, pouvait bien
ébranler leur confiance. C’est pourquoi Jésus veut les rassurer par la vue de sa gloire, afin de
fortifier la foi qu’ils possédaient déjà en lui comme Messie. Pierre se fonde sur cette
manifestation glorieuse de Jésus pour encourager les croyants Juifs, auxquels il adresse ses
épîtres, à attendre sans défaillance le royaume en gloire, lorsqu’il leur dit : « Ce n’est pas en
suivant des fables ingénieusement imaginées, que nous vous avons fait connaître la puissance
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et la venue de notre Seigneur Jésus Christ, mais comme ayant été témoins oculaires de sa
majesté » (2 Pierre 1:16).

La présence de Moïse et d’Élie parlant avec Jésus a une haute signification : Moïse avait
donné la loi, Élie était le grand prophète, suscité pour ramener à la loi le peuple voué au culte
de Baal (1 Rois 18). Ces deux hommes représentaient donc la loi et les prophètes, dont le
ministère resta inutile au milieu du peuple, à cause de son incapacité d’obéir et de sa volonté
opposée à Dieu. Puis le Messie était là pour établir son règne ; mais le peuple le rejetait, de
sorte qu’au lieu de jouir des bénédictions promises, les Juifs allaient au-devant du jugement ;
il n’y avait plus d’espoir pour eux sur le pied de leur responsabilité. Mais, lorsque tout est
perdu du côté de l’homme, les ressources divines apparaissent, toutes concentrées sur la
personne de Jésus qui, au lieu de monter au ciel avec Moïse et Élie après leur entretien, ira à
la croix accomplir l’œuvre de la rédemption.

Quand les disciples virent ces deux éminents personnages avec Jésus, Pierre dit : « Seigneur,
il est bon que nous soyons ici ; si tu le veux, faisons ici trois tentes : une pour toi, et une pour
Moïse, et une pour Élie. Comme il parlait encore, voici, une nuée lumineuse les couvrit ; et
voici une voix de la nuée, disant : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon
plaisir ; écoutez-le ». Pierre pensait honorer Jésus en le mettant au premier rang de ces
illustres serviteurs de Dieu. Il ne connaissait pas encore la gloire de sa personne, ni
l’importance qu’il y avait à l’écouter. Aussi Dieu, le Père, jaloux de la gloire de son Fils, fait
entendre sa voix aussi bien lorsqu’on veut le mettre au rang des plus grands hommes de Dieu,
que lorsque lui-même prend place au milieu des pécheurs et se fait baptiser par Jean (Matthieu
3:17). C’est lui qu’il faut écouter maintenant, puisque Moïse et Élie ne l’ont pas été et que
leur ministère n’a pas eu de résultat pour le peuple. La ressource de Dieu est donc dans son
Fils bien-aimé. Cette voix, chers lecteurs, s’adresse à vous encore maintenant, comme à tout
croyant et à tous ceux qui ne sont pas encore sauvés. « Écoutez-le », dit Dieu, le Père :
Ecoutez celui qui dit : « Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi,
je vous donnerai du repos » (Matthieu 11:28). « Je ne mettrai point dehors celui qui vient à
moi » (Jean 6:37). « Écoutez, et votre âme vivra » (Ésaïe 55:3). « Il n’y a point d’autre nom
sous le ciel, qui soit donné parmi les hommes, par lequel il nous faille être sauvés » (Actes
4:12).

Entendant la voix de Dieu et voyant la nuée les couvrir, les disciples tombèrent le visage
contre terre, saisis d’effroi. Cette nuée était le signe de la demeure de Dieu au milieu de son
peuple. Lorsque le tabernacle fut achevé au désert, « la nuée couvrit la tente d’assignation, et
la gloire de l’Éternel remplit le tabernacle ; et Moïse ne pouvait entrer dans la tente
d’assignation », à cause de cette gloire dans laquelle nul n’avait jamais été admis (Exode
40:34, 35). Plus tard, lors de la consécration du temple de Salomon, la gloire de l’Éternel le
remplit et les sacrificateurs ne purent y entrer non plus (2 Chroniques 7:1-3). Cette gloire
quitta le temple lorsque Israël partit en captivité (Ézéchiel 10). Les disciples pouvaient donc
être effrayés en se voyant couverts de cette nuée que Pierre appelle « La gloire magnifique »
(2 Pierre 1:17). Mais ils avaient avec eux celui qui avait quitté la gloire afin d’y faire entrer de
pauvres pécheurs, tels que Moïse et Élie, vous et moi, et tout croyant. Lui seul pouvait leur
dire : « Levez-vous, et n’ayez point de peur ». Si Pierre avait eu, à ce moment-là,
l’intelligence de ce qui se passait, comme il l’eut plus tard, il aurait compris sa folie, lorsque
Jésus leur parlait de sa mort, et qu’il lui répondait : « Seigneur, Dieu t’en préserve, cela ne
t’arrivera point », car, si Jésus n’était pas mort pour expier les péchés, jamais homme n’aurait
pu être introduit dans la gloire de la présence de Dieu. Quel amour que celui de Jésus ?
Combien le cœur peut être touché, en présence d’une scène semblable, où nous voyons de

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pauvres pécheurs tels que nous, introduits dans la même gloire que Jésus, parce qu’il allait
subir la mort pour satisfaire la justice de Dieu à l’égard du péché !

Lorsque les disciples levèrent les yeux, ils ne virent que « Jésus seul » ; Moïse et Élie avaient
disparu ; car, dans l’économie de la grâce que le Seigneur introduit alors, la loi et les
prophètes font place à Jésus qui seul peut placer l’homme dans la bénédiction promise.

Ainsi, dans la scène de la transfiguration, nous voyons, pour ce qui regarde les promesses
faites aux pères, que, par la foi, le croyant a la certitude que le Christ, le Fils de l’homme,
établira son royaume en gloire ; les saints célestes y participeront, ressuscités et transmués,
représentés par Moïse que Dieu a enseveli, et par Élie qui monta au ciel sans passer par la
mort, et aussi les croyants qui seront alors sur la terre, représentés par les trois disciples. En
attendant le royaume, les disciples possèdent, par la foi, une part céleste avec Christ, objet du
cœur de Dieu, objet de leur cœur, celui qui reste avec eux, qu’ils doivent écouter, puisque la
loi et les prophètes n’ont rien amené à la perfection.

18.2 - Chapitre 17 v. 9-13 — Élie

Comme ils descendaient de la montagne, Jésus enjoignit à ses disciples de ne dire à personne
ce qu’ils avaient vu, jusqu’à ce qu’il soit ressuscité d’entre les morts, pour la même raison
qu’il leur avait défendu, au chapitre précédent, de dire qu’il était le Christ.

La scène inoubliable à laquelle ils venaient d’assister, plaçant devant eux la certitude de
l’établissement du royaume en gloire, soulève une question concernant le prophète qui devait
venir avant l’établissement du royaume et qui est appelé Élie (Malachie 4:5) : « Pourquoi…
les scribes disent-ils qu’il faut qu’Élie vienne premièrement ? » Si le royaume allait s’établir,
pourquoi Élie n’était-il pas venu ? Le Seigneur répond qu’en effet, Élie vient premièrement et
rétablira toutes choses, ainsi qu’avait dit Malachie dans le passage cité plus haut : « Voici, je
vous envoie Élie, le prophète, avant que vienne le grand et terrible jour de l’Éternel. Et il fera
retourner le cœur des pères vers les fils, et le cœur des fils vers leurs pères, de peur que je ne
vienne et ne frappe le pays de malédiction ». Les scribes avaient raison : un prophète sera
suscité du milieu du résidu, une fois les Juifs rentrés en Palestine, et il agira dans l’esprit et la
puissance d’Élie pour ramener le peuple à Dieu avant l’établissement du règne de Christ. Le
Seigneur ajoute : « Mais je vous dis qu’Élie est déjà venu, et ils ne l’ont pas reconnu ; mais ils
lui ont fait tout ce qu’ils ont voulu, ainsi aussi le Fils de l’homme va souffrir de leur part.
Alors les disciples comprirent qu’il leur parlait de Jean le Baptiseur ». En effet, lorsque les
Juifs demandèrent à Jean qui il était, il leur répondit : « Moi, je suis la Voix de celui qui crie
dans le désert : Faites droit le chemin du Seigneur, comme dit Ésaïe le prophète » (Jean 1:23,
voir Matthieu 3:3). Il accomplissait la prophétie d’Ésaïe 40:3, en préparant le chemin du
Seigneur dans les cœurs, par la parole de sa prédication. Il était aussi celui dont Malachie
avait parlé (3:1), cité par Zacharie, père de Jean, en Luc 1:76 : « Et toi, petit enfant, tu seras
appelé prophète du Très-Haut : car tu iras devant la face du Seigneur pour préparer ses
voies ». Le Seigneur confirme l’application de ce passage à Jean le Baptiseur, en Matthieu
11:10, et Luc 7:27 : « C’est ici celui dont il est écrit : Voici, j’envoie mon messager devant ta
face, lequel préparera ton chemin devant toi ». De sorte qu’il était vrai qu’un prophète
viendrait encore avant l’avènement de Christ en gloire et qu’Élie, dans la personne de Jean le
Baptiseur, était venu avant l’apparition de Christ en grâce.

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Comme on avait traité le précurseur, méconnu et mis à mort, ainsi aussi on traiterait son
Seigneur. Combien la parole de Dieu est précise et sûre ! Ce qui demeure encore à accomplir
se réalisera avec la même exactitude que ce qui a déjà eu lieu. Celui qui croit cette Parole et
s’appuie sur elle pour toutes choses, possède seul, au milieu de la confusion des pensées des
hommes, la vérité à l’égard du passé, du présent et de l’avenir. En dehors d’elle, il n’y a
aucune certitude et, par conséquent, ni paix, ni bonheur.

18.3 - Chapitre 17 v. 14-21 — Impuissance des disciples pour chasser un


démon

Pendant la scène merveilleuse de la transfiguration, il s’en passait une bien différente entre la
foule et les disciples. Ceux-ci, aux prises avec la puissance de Satan, ne pouvaient chasser un
démon qui tourmentait cruellement un jeune garçon. Voyant arriver Jésus, le père se jeta à
genoux devant lui, en disant : « Seigneur, aie pitié de mon fils, car il est lunatique et souffre
cruellement, car souvent il tombe dans le feu, et souvent dans l’eau ; et je l’ai apporté à tes
disciples, et ils n’ont pu le guérir. Et Jésus, répondant, dit : Ô génération incrédule et perverse,
jusques à quand serai-je avec vous ; jusques à quand vous supporterai-je ? Amenez-le-moi ici.
Et Jésus le tança ; et le démon sortit de lui ; et le jeune garçon fut guéri dès cette heure-là ».
Les disciples demandèrent à Jésus pourquoi ils n’avaient pu chasser ce démon. Il leur répondit
que c’était à cause de leur incrédulité et à la suite de cela, leur enseigna deux choses
importantes. Pour profiter de la puissance du Seigneur qu’il avait mise à leur disposition, il
fallait la foi. Jésus leur avait donné le pouvoir de chasser les démons (10:8) ; mais ce pouvoir
ne pouvait s’exercer sans la foi réelle en la personne du Seigneur, seule source de cette
puissance. S’ils en avaient seulement comme un grain de moutarde — exemple d’une chose
très petite — ils pourraient déplacer une montagne, c’est-à-dire vaincre la difficulté la plus
insurmontable.

Quelle chose merveilleuse que de voir le Seigneur communiquer aux hommes, si nuls à tous
égards, le pouvoir de tout surmonter par la foi en lui. Cette puissance demeure à notre
disposition pour accomplir ce que le Seigneur demande de nous aujourd’hui. Il ne nous
appelle pas à guérir des malades et à chasser des démons, — cependant, s’il nous le
demandait, nous le pourrions par la foi en lui — mais à le suivre ici-bas, à marcher dans la
séparation du mal et dans l’accomplissement du bien. Nous rencontrons des difficultés
insurmontables pour notre faible nature ; mais avec la foi, nous pouvons dire comme l’apôtre
Paul : « Je puis toutes choses en celui qui me fortifie », en celui qui lui avait dit, « Ma
puissance s’accomplit dans l’infirmité » (Philippiens 4:13 et 2 Corinthiens 12:9). Il est bon de
s’exercer, dès la jeunesse, à profiter de la puissance du Seigneur en le faisant entrer dans tout
ce qui nous concerne, elle reste toujours à la disposition de la foi, pour soutenir la fidélité et la
piété au milieu de ce monde où tout s’oppose à Christ et à ceux qui veulent lui être fidèles.

La seconde chose que Jésus enseigne à ses disciples, et à nous aujourd’hui, c’est que, non
seulement la foi seule peut profiter de la puissance du Seigneur, mais qu’il faut un état d’âme
qui permette de pouvoir compter sur le Seigneur. Il dit : « Cette sorte ne sort que par la prière
et par le jeûne ». Nous ne possédons pas en nous-mêmes la puissance dont nous avons besoin
pour la marche et le service, comme une provision à laquelle nous pouvons puiser. Elle est
dans le Seigneur ; elle exige, comme nous l’avons vu, la foi qui ne se réalise pas sans un état
d’âme caractérisé par la prière, la dépendance du Seigneur et le jeûne, figure du renoncement
à tout ce qui satisfait et excite la chair, et détourne le cœur vers les choses d’ici-bas. Si le cœur

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en est rempli, comment peut-il se confier dans le Seigneur ? Elles lui ôtent toute spiritualité et
toute capacité pour discerner la volonté du Seigneur, et si alors nous voulons recourir à ses
promesses dans nos difficultés nous ne le pouvons pas. C’est pourquoi il est dit : « La piété est
utile à toutes choses, ayant la promesse de la vie présente et de la vie qui est à venir » (1
Timothée 4:8). C’est donc dans la séparation du mal et du monde pour le Seigneur que nous
pourrons compter sur lui et faire l’expérience de sa puissance.

Dans les v. 22 et 23, Jésus rappelle aux disciples qu’il va être livré entre les mains des
hommes, qu’ils le feront mourir, mais que, le troisième jour, il ressuscitera. Ils en furent fort
attristés. Le Seigneur ne voulait pas que les circonstances qui passaient devant leurs yeux
détournent leurs pensées du fait fondamental de toutes leurs bénédictions présentes et futures.
Car à quoi aurait servi la scène de la transfiguration qui les assurait de leur part dans la gloire
à venir, à quoi servait la puissance de Christ dont ils pouvaient disposer, si Jésus ne passait
pas par la mort et la résurrection, fondement de tout ce que Dieu voulait accomplir en faveur
des pécheurs que nous sommes par nature ? Demeurés tous dans notre misère, la gloire nous
aurait été fermée pour l’éternité.

La pensée de la mort de Jésus attristait les disciples ; il ne pouvait en être autrement ; mais la
joie qui devait en découler est incomparable et éternelle. Les disciples la connurent déjà ici-
bas (Jean 16:20-22). Pierre l’appelle « une joie ineffable et glorieuse » (1 Pierre 1:8). Tout
croyant peut en jouir, en attendant le beau moment où le Seigneur lui-même jouira du travail
de son âme (Ésaïe 53:11), alors que tous ses rachetés seront autour de lui, glorifiés.

18.4 - Chapitre 17 v. 24-27 — Les didrachmes

Jésus et les disciples arrivent à Capernaüm, au moment où l’on percevait un impôt prélevé
pour le temple, probablement celui prescrit par Moïse en Exode 30:11-16, ou celui établi par
Néhémie pour le service de la maison de Dieu (Néhémie 10:32, 33). Les receveurs de cet
impôt (*) demandèrent à Pierre « Votre maître ne paie-t-il pas les didrachmes ? » Pierre
répondit : « Oui ». Il avait raison, en ce sens que le Seigneur Jésus devenu homme, s’est
soumis, comme tel, né sous la loi, à tout ce qui était établi sur le peuple. Mais si Pierre avait
pensé à la gloire de sa personne comme Fils de Dieu et Fils de l’homme, dont il avait été
témoin sur la sainte montagne, il n’aurait pas été si prompt à répondre. Lorsqu’il rentra dans
la maison, Jésus, qui possédait la toute-science divine, sachant ce que Pierre venait de
répondre aux receveurs, lui dit : « Que t’en semble, Simon ? Les rois de la terre, de qui
reçoivent-ils des tributs ou des impôts, de leurs fils ou des étrangers ? Pierre lui dit : Des
étrangers. Jésus lui dit : Les fils en sont donc exempts. Mais, afin que nous ne les
scandalisions pas, va-t’en à la mer, jette un hameçon, et prends le premier poisson qui
montera ; et quand tu lui auras ouvert la bouche, tu y trouveras un statère, prends-le, et donne-
le-leur pour moi et pour toi ».

(*) Il était de deux drachmes (un didrachme ou un demi-statère).

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On remplirait des volumes à parler de la gloire, de la grâce de Jésus, et des enseignements
pratiques que contiennent ces paroles merveilleuses. Jésus fait comprendre à Simon que Lui,
le fils du roi du temple, n’est pas soumis aux impôts, et pas davantage à l’impôt du temple,
puisqu’il est le Seigneur du temple. Mais sa grâce vient unir à cette gloire, comme fils, un
pauvre pêcheur de la Galilée, ainsi que chaque croyant, et le Seigneur, réalisant l’humilité
dans l’humanité qu’il avait prise en grâce, embrasse Pierre avec lui dans sa réponse, lui
disant : « Mais, afin que nous ne les scandalisions pas, va, etc. ». Ces quelques paroles nous
donnent un aperçu de l’infinie grandeur de notre précieux Sauveur et de sa grâce
merveilleuse. Sa gloire divine y est présentée, comme son abaissement ; d’une part sa gloire
de Créateur, qui a le pouvoir de disposer de tout dans la créature, sa toute-science par laquelle
il savait qu’il y avait un statère dans la bouche d’un poisson, sa puissance qui faisait arriver le
poisson à l’hameçon jeté par Pierre, et d’autre part sa soumission, comme homme, aux lois
sous lesquelles le peuple se trouvait. Il illustrait, par son exemple, ce qu’il a fait écrire par ses
serviteurs en Romains 13:5-7 et 1 Pierre 2:13-17, afin de n’être pas en scandale aux hommes ;
car si le croyant doit vivre dans la conscience de la haute position où la grâce l’a placé, il n’a
aucun droit à faire valoir dans ce monde, pendant que Christ ne fait pas valoir les siens.

Il y a de quoi remplir nos cœurs d’admiration et de reconnaissance en voyant, si faiblement


que ce soit, la personne de celui qui a quitté la gloire, pour venir mourir à la place des
coupables, afin de nous placer dans la position de fils devant Dieu, avec lui, semblables à lui.
Nous comprenons qu’il faudra une capacité et des corps parfaits et glorieux, pour voir et
comprendre les gloires infinies de la personne du Seigneur Jésus Christ, et rien de moins que
l’éternité pour en jouir et lui rendre, en adoration et en louanges, ce qui lui revient pour tout le
déploiement de sa grâce et de son amour envers nous qui, par ses souffrances et par sa mort,
avons été rendus propres pour la gloire éternelle.

Déjà nous pouvons chanter :

L’âme reste confondue

Devant cet amour béni,

Plus vaste que l’étendue,

Profond comme l’infini ;

Aussi notre cœur désire

Le moment de ton retour,

Pour voir, pour sonder, pour dire

Les grandeurs de ton amour.

19 - Chapitre 18

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19.1 - Chapitre 18 v. 1-5 — Ceux qui entrent et ceux qui sont grands dans le
royaume

Au commencement de ce chapitre, nous trouvons les disciples préoccupés de la grandeur de


ceux qui seront dans le royaume des cieux ; ils ne doutent nullement qu’ils en feront partie,
d’autant plus que le Seigneur venait de montrer à Pierre dans quelle haute position il le plaçait
avec lui.

Les disciples, comme tous les Juifs, n’avaient à l’égard du royaume que des pensées de gloire
et de grandeur charnelles, malgré l’abaissement dans lequel le roi, le Messie, était venu. Aussi
le Seigneur leur enseigne ce qui doit caractériser ceux qui lui appartiendront, avant son
établissement en gloire.

En réponse à la question des disciples : « Qui donc est le plus grand dans le royaume des
cieux ? » Jésus appelle auprès de lui un petit enfant, le place au milieu d’eux et dit : « En
vérité, je vous dis : si vous ne vous convertissez et ne devenez comme les petits enfants, vous
n’entrerez point dans le royaume des cieux ». Aux yeux des disciples, la qualité de Juif, de
descendant d’Abraham, paraissait suffisante pour un sujet du royaume ; elle ne l’était pas aux
yeux de Dieu. Tout Juif était pécheur et, quoique le peuple ait possédé des promesses, il fallait
non seulement descendre d’Abraham, mais, avant tout, naître de nouveau, se convertir ; c’est-
à-dire subir un changement complet, produit par la réception d’une nouvelle nature, grâce à la
foi au Seigneur Jésus mort sur la croix. Le caractère de ceux qui sont convertis et qui, par
conséquent, font partie du royaume des cieux, est celui d’un petit enfant : il faut devenir
comme « les petits enfants ».

Combien les pensées de Dieu sont opposées à celles des hommes ! Pour entrer dans la société
et être quelque chose ici-bas, il faut en avoir fini avec le caractère des petits enfants. Tous les
enfants souhaitent le moment où l’on ne les traitera plus comme des enfants, et surtout comme
de « petits enfants », estimant que les adultes jouissent de nombreux d’avantages dont ils sont
privés. Ces pensées-là sont en rapport avec les choses de la terre, avec la gloire du monde qui
n’est que vanité. Quant aux choses de Dieu, pour le royaume, pour l’éternité de gloire, il en
est tout autrement ; car Dieu ne peut tolérer l’élévation et la grandeur de l’homme pécheur, au
milieu d’un monde ruiné. « Je hais l’orgueil et la hauteur », dit la sagesse (Proverbes 8:13 ;
Ésaïe 2:11-17). Ainsi pour entrer dans le royaume des cieux, et jouir des bénédictions
présentes et éternelles, il faut la conversion, car Dieu ne peut recevoir un homme dans son état
naturel. Il faut devenir comme les petits enfants, c’est-à-dire renoncer à toute prétention,
croire ce que Dieu dit, avoir plus de confiance en ce qu’il dit que dans son propre jugement.
Au lieu de chercher à devenir grand selon le monde, il faut au contraire devenir humble.
N’est-ce pas ce que le Seigneur a fait ? Lui qui était de toute éternité dans la gloire, lui qui a
créé toutes choses, qui est et était Dieu, il s’est anéanti en devenant un homme, prenant la
forme d’esclave, et il a été obéissant jusqu’à la mort, la mort de la croix (Philippiens 2:5-11),
tout cela pour nous introduire dans son royaume, dans le ciel même. Le caractère de ceux qui
sont au Seigneur doit donc être celui de leur Sauveur et Seigneur, pendant le temps de son
rejet, où le monde méconnaît ceux qui croient en lui. La gloire viendra ensuite. Après avoir
montré aux disciples à quelles conditions et sous quel caractère ils pouvaient entrer dans le
royaume, Jésus répond proprement à leur question : « Qui… est le plus grand dans le
royaume ? » en disant : « Quiconque… s’abaissera comme ce petit enfant, celui-là est le plus
grand dans le royaume des cieux ». Pour entrer, il faut se convertir et devenir comme les petits
enfants. Une fois introduit, pour y être grand, il faut encore s’abaisser comme un petit enfant.
Dans un monde caractérisé par l’orgueil de l’homme et ses prétentions, l’humilité,

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l’abaissement, constituent le chemin de la gloire selon Dieu. C’est ce que nous voyons pour le
Seigneur, dans les versets de Philippiens 2 cités plus haut. Christ s’est abaissé lui-même, au
plus bas, jusque dans la mort : « C’est pourquoi… Dieu l’a haut élevé et lui a donné un nom
au-dessus de tout nom ». Tous ceux qui veulent être élevés dans la gloire future doivent suivre
Christ, le parfait modèle, ici-bas, dans l’abaissement, l’humilité, la douceur, acceptant de
n’être rien et d’être tenus pour tels, ne voulant pas autre chose que la position qu’il a eue dans
ce monde. Ces caractères des siens, le Seigneur se plaît à les trouver dans le petit enfant ; ils
ont beaucoup de prix pour son cœur, ainsi que tous ceux qui les portent. Ils ont beau n’avoir
pas de valeur pour les hommes ; si l’on reçoit un seul de ces petits au nom du Seigneur, on le
reçoit lui-même. Quelle gloire d’avoir, ici-bas, l’occasion de recevoir le Seigneur ! Les
résultats en seront glorieux et éternels, au jour où tout ce que Dieu apprécie sera manifesté
(voyez Matthieu 10:40-42 ; 25:31-40).

19.2 - Chapitre 18 v. 6-10 — Les occasions de chute

Les enfants qui croient au Seigneur ont une telle valeur pour son cœur, qu’il prononce le
jugement le plus sévère sur quiconque leur est une occasion de chute ou de scandale : « Il
serait avantageux pour lui qu’on lui ait pendu au cou une meule d’âne (*) et qu’il ait été noyé
dans les profondeurs de la mer ». Depuis que Jésus a prononcé ces paroles, jamais autant
qu’aujourd’hui, on n’a autant cherché à scandaliser les petits qui croient au Seigneur, et en
général tous les croyants, en essayant de prouver, par d’habiles raisonnements humains, que la
Bible n’est pas la parole de Dieu ou qu’elle ne l’est pas entièrement ; que Jésus n’était pas le
Fils de Dieu ou qu’il n’a pas existé ; qu’il ne faut croire que ce que l’on comprend, etc. On
cherche à user de l’influence que peuvent avoir sur les croyants, petits et grands, la science et
la raison humaines pour les détourner de la foi. Scandaliser, dans le Nouveau Testament, n’a
pas le sens de choquer qu’il a pris en français, mais signifie faire faire un faux pas, donc faire
tomber, en détournant de Dieu, en donnant à croire que ce que Dieu dit est faux, par d’autres
moyens encore. Gardons-nous tous de prêter l’oreille à de tels raisonnements ! Il ne s’agit pas
de comprendre premièrement, mais de croire ce que Dieu dit : cela suffit ; en le croyant, nous
possédons le pardon de nos péchés, la paix avec Dieu, la jouissance de son amour, et, pour
l’éternité, une place dans la gloire, lorsque toute la grandeur de ce monde sera anéantie. Quant
à ceux qui n’auront pas cru Dieu, qui auront causé la chute d’un petit qui a mis sa confiance
dans le Seigneur, qui auront préféré leurs connaissances et leurs croyances à la parole de
Dieu, qui auront donné gloire à l’homme plutôt qu’à Dieu, les méchants en un mot, ils seront
éternellement en dehors de la vie, du bonheur et de la gloire que la parole de Dieu donne et
promet à ceux qui croient. Ils auront pour leur part les tourments éternels : « la fumée de leur
tourment monte aux siècles des siècles » (Apocalypse 14:11).

(*) En Orient, on moud le blé entre deux meules de pierre qui tournent horizontalement l’une
sur l’autre ; celle de dessous est fixe, et celle de dessus est mobile. Les plus petites sont mises
en mouvement par les servantes (Matthieu 24:41), les plus grandes par un âne.

Le Seigneur met aussi en garde contre les choses qui peuvent être une occasion de chute,
contre tout ce qui fait pécher et prive de la vie éternelle. La main peut occasionner le péché en

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accomplissant des choses mauvaises ; le pied peut conduire dans des lieux où l’on est
détourné de la vérité et où l’on peut commettre le mal ; l’œil est l’organe par lequel les
convoitises de tous genres sont introduites et entretenues dans le cœur. Si ces membres, ou
l’un ou l’autre, induisent au péché, si on ne sait comment cesser de les employer pour faire le
mal — ce qui peut priver du salut — mieux vaut les couper, c’est-à-dire renoncer absolument
à tout ce qu’ils nous procurent. « Jette-les loin de toi », dit le Seigneur — au figuré — à une
grande distance, afin de ne pas les avoir sous la main lorsque le cœur les désire, et de ne pas
s’exposer au péché qui privera de la vie éternelle, car « les gages du péché, c’est la mort »
(Rom. 6:23), et, après la mort, le jugement. C’est tout jeune qu’il faut pratiquer ces
opérations-là, en ne cultivant pas des penchants naturels qui peuvent dégénérer en passions ;
on risque d’en devenir les esclaves et d’être entraîné par ces affreux tyrans dans le feu éternel.

Que le Seigneur donne à chacun d’examiner contre quoi il a à lutter, la jeunesse tout
particulièrement, qui est responsable d’écouter les enseignements de parents pieux et de tous
ceux qui s’intéressent à elle, selon Dieu.

19.3 - Chapitre 18 v. 10-14 — La valeur d’un seul petit enfant

Les petits enfants ont un tel prix pour le Seigneur qu’il dit : « Prenez garde de ne pas mépriser
un de ces petits ». Il faut avoir pour eux les pensées du Père à leur égard et non celles des
hommes, qui font plus de cas d’un grand du monde que d’un petit enfant. Ici, il ne s’agit pas
de ceux qui croient seulement, mais de tous les petits enfants, quels qu’ils soient. Comment
estimer le prix qu’un petit enfant a pour Dieu ? Le verset 11 le dit : « Car le Fils de l’homme
est venu pour sauver ce qui était perdu ». Un objet a toujours une valeur égale au prix payé
pour l’acquérir. Le prix donné pour le salut d’un seul petit enfant n’est rien de moins que le
Fils de l’homme, venu ici-bas pour les sauver. Ce cher Sauveur donne à l’égard d’un petit
enfant, dont l’existence n’a duré peut-être que quelques instants, le même exemple de
dévouement que dans celui que montre la parabole du bon Berger (Luc 15). Le berger
abandonne tout le troupeau pour venir sauver un de ces petits ; il a de la joie de l’avoir sauvé.
« Car… ce n’est pas la volonté de votre Père qui est dans les cieux, qu’un seul de ces petits
périsse ». En général lorsqu’on apprend la mort d’un petit enfant, on se sent moins ému que
s’il s’agit de celle d’un grand homme, surtout si cet enfant appartient à une famille pauvre ; on
ne lui prépare pas de pompeuses funérailles. Et pourtant, ce grand homme peut être un
incrédule, mort dans ses péchés, parce qu’il a méprisé la grâce ; il n’y a eu pour lui aucune
joie dans le ciel, tandis que ce petit enfant est un éternel sujet de bonheur pour celui qui vint
ici-bas pour le sauver. Nos pensées doivent être à cet égard, comme en tout, celles du
Seigneur. Ne méprisons pas le petit enfant, car nous savons que tous ceux qui meurent en bas
âge sont auprès du Seigneur. Il s’est donné pour eux, accomplissant la volonté de son Père qui
ne veut pas qu’un seul de ces petits périsse. Au ciel, ils sont dans sa présence. « Leurs
anges », dit le Seigneur, « voient continuellement la face de mon Père qui est dans les cieux ».
On a dit à ce propos : « Si les petits enfants ne savent pas s’ouvrir leur chemin dans ce monde,
ils sont néanmoins l’objet de la faveur spéciale du Père, comme ceux qui, dans les cours
terrestres, avaient le privilège particulier de voir la face du roi ».

D’après les enseignements du Seigneur dans tout ce qui précède, la petitesse, l’humilité
doivent caractériser ceux qui appartiennent au royaume, ainsi que la grâce manifestée dans la
personne de Jésus.

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19.4 - Chapitre 18 v. 15-17 — Comment régler les torts entre frères ?

Les caractères de grâce et d’humilité doivent aussi régler notre conduite vis-à-vis de celui qui
peut avoir fait tort à son frère. Au lieu de nous justifier et de divulguer le mal qu’il peut avoir
fait, nous devons avoir en vue son bien, garder la chose entre nous et lui et aller, dans
l’amour, chercher à le gagner, en ayant surtout à cœur de lui montrer combien il s’est fait tort
à lui-même en péchant, plutôt que de lui faire comprendre combien il nous a fait tort, ce que
l’on peut exagérer facilement. Si cette démarche fraternelle n’aboutit pas, il faut, sans ébruiter
la chose, retourner vers lui avec une ou deux personnes, afin que tout se passe en présence de
témoins et que les faits ne soient pas dénaturés. S’il ne veut pas écouter les témoins, il faut le
dire à l’Assemblée, et s’il ne veut pas écouter l’Assemblée, c’est inutile d’aller plus loin ; le
frère qui a péché peut être considéré comme un homme des nations, avec lequel on n’a rien à
faire. Mais si l’on agit dans le premier cas selon l’enseignement donné, il est bien rare que
l’on ait besoin du second moyen et encore moins du troisième.

Souvenons-nous tous de l’esprit qu’il faut apporter envers ceux qui ont manqué à notre égard.
Soyons pénétrés du caractère de grâce de notre Père ; cherchons en premier lieu le bien du
coupable ; n’ayons aucun désir de lui faire subir un châtiment et n’agissons pas en vue de
nous faire rendre justice ; c’est Dieu qui justifie. De cette manière, la grâce touchera le cœur
et le bien en résultera pour les deux parties. Il est bon de pratiquer cela dès le jeune âge, car, si
l’on s’habitue à pardonner, on le fait plus facilement dans toute sa carrière. « Élève le jeune
garçon selon la règle de sa voie ; même lorsqu’il vieillira, il ne s’en détournera point
(Proverbes 22:6).

19.5 - Chapitre 18 v. 18-20 — Je suis là au milieu d’eux

Le Seigneur enseigne que, si le frère en faute ne veut pas écouter l’Assemblée, il n’y a plus de
démarches à faire. On peut se demander pourquoi on ne peut pas recourir à d’autres moyens
qui seraient plus efficaces.` C’est parce qu’il n’en existe pas, si les choses se sont passées
dans l’ordre enseigné de Dieu.

L’Assemblée se compose des croyants réunis au nom du Seigneur, car il dit : « Là où deux ou
trois sont assemblés en mon nom (ou à mon nom), je suis là au milieu d’eux ». Jusqu’à la
mort du Seigneur, l’Assemblée était le peuple d’Israël, qui avait pour centre, dans son état
normal, le temple de Jérusalem dont l’Éternel avait fait sa demeure. Depuis que le peuple a
rejeté l’Éternel, dans la personne de Christ et que, comme peuple, il a été rejeté lui-même,
c’est Jésus qui est le centre de rassemblement de tous ceux qui l’ont reçu. Ainsi l’Assemblée
chrétienne, groupée autour de Jésus, a remplacé l’Assemblée d’Israël qui avait pour centre le
temple de l’Éternel. C’est pourquoi le Seigneur, en parlant de l’ordre de choses introduit par
son rejet, mentionne l’Assemblée chrétienne comme le lieu où il se trouve lui-même, cette
Assemblée ne serait-elle composée que de deux ou trois personnes. Il n’y a donc rien de plus
grand sur la terre, parce que Sa présence est là et non ailleurs, et si l’on n’écoute pas cette
Assemblée, où se trouve le Seigneur, on ne peut aller ailleurs pour avoir sa présence. Puisque
Lui, qui est dans le ciel, se trouve au milieu des deux ou trois rassemblés en son nom, il dit :
« En vérité, je vous dis : Tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que
vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel ». L’autorité du Seigneur se trouve là, c’est la

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seule autorité ecclésiastique que Dieu reconnaisse sur la terre et que le croyant ait à
reconnaître. Pour que la présence du Seigneur caractérise une Assemblée de croyants, il faut
naturellement qu’elle lui soit soumise à tous égards.

Là encore, dans ce rassemblement des deux ou trois, d’accord, selon la pensée de Jésus, pour
prier, nous recevons l’assurance que : « Quelle que soit la chose qu’ils demanderont, elle sera
faite pour eux par mon Père qui est dans les cieux ».

Quel privilège béni que de pouvoir être autour du Seigneur sur cette terre, en attendant d’être
autour de lui dans la gloire ! Rien n’est plus grand aux yeux de Dieu ici-bas. Pour les
hommes, c’est peu de chose que ce rassemblement de quelques croyants autour du Seigneur,
sans organisation humaine, sans ressource apparente. Mais pour le Seigneur, rien n’a autant
de valeur. Il le montre en faisant réaliser sa présence et en pourvoyant à tout.

Qu’aucun de ceux qui ont eu peut-être le privilège d’être conduits dès leur tendre enfance
dans ce rassemblement, ne songe un instant à le quitter, car il déshonorerait le Seigneur en
s’exposant aux tristes conséquences de ce mépris. L’apôtre dit : « Mais pour nous, nous ne
sommes pas de ceux qui se retirent pour la perdition, mais de ceux qui croient pour la
conservation de l’âme » (Hébreux 10:39). Et déjà dans les Psaumes, il est dit : « C’est là que
l’Éternel a commandé la bénédiction, la vie pour l’éternité » (Psaume 133:3).

19.6 - Chapitre 18 v. 21-35 — Comment pardonner ?

Répondant à la question de Pierre qui demande : « Seigneur, combien de fois mon frère
péchera-t-il contre moi, et lui pardonnerai-je ? Sera-ce jusqu’à sept fois ? » le Seigneur
montre qu’il faut toujours pardonner en disant : Je ne te dis pas sept fois, mais soixante-dix
fois sept fois. Sept est le nombre parfait qui, décuplé et multiplié par lui-même, donne le
nombre de fois que nous devons pardonner, c’est-à-dire autant de fois que le cas se présente.
Jésus illustre ensuite son enseignement par une parabole et montre que nous devons agir les
uns envers les autres, comme Dieu agit envers nous, parce que tous, nous sommes des objets
de grâce.

Le roi est ici Dieu qui premièrement veut compter avec ses esclaves, selon sa justice ; mais
l’un d’eux, figure de nous tous, lui devait dix mille talents, somme fabuleuse, surtout s’il
s’agit d’un homme qui ne possédait rien, ces dix mille talents représentant la valeur d’environ
500 tonnes d’or ou d’argent. Voilà à quoi nous pouvons comparer la grandeur de la dette de
nos péchés, nous, pauvres débiteurs insolvables. La justice du roi exigeait le paiement de la
somme, mais, touché de compassion envers son esclave, il lui remit la dette. Après avoir agi
de la sorte, le roi s’attendait à ce que cet esclave se comporte de même envers ses propres
débiteurs. Mais à peine eut-il obtenu cette faveur, qu’il rencontra un de ses compagnons qui
lui devait cent deniers — somme dérisoire comparée à celle qui venait de lui être acquittée,
car le denier vaut moins d’un franc — et il l’étranglait en lui disant : « Paie, si tu dois quelque
chose ». Insensible à ses supplications, il le jeta en prison jusqu’à ce qu’il ait tout payé.
Illustration fidèle de notre manière d’agir envers ceux qui nous ont fait tort. Oubliant
l’énormité de la dette de péché qui nous a été acquittée, nous ne pouvons pardonner les torts
relativement insignifiants que nous ont faits nos frères, et si même nous disons que nous
avons pardonné, nous l’oublions avec peine, tandis que Dieu dit : « Je ne me souviendrai plus
jamais de leurs péchés ni de leurs iniquités » (Hébreux 10:17). Dans nos rapports avec nos

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frères, nous devons toujours nous rappeler comment Dieu a agi envers nous et sentir notre
absolue culpabilité devant lui.

Dans son royaume, Dieu agit aussi selon son gouvernement, d’après la manière dont nous
aurons traité nos frères, car toutes choses portent leurs conséquences. Les autres serviteurs,
voyant ce que fit cet homme, indignés, le rapportèrent au roi qui livra ce méchant esclave aux
bourreaux, jusqu’à ce qu’il ait tout payé. Le Seigneur ajoute : « Ainsi aussi mon Père céleste
vous fera, si vous ne pardonnez pas de tout votre cœur, chacun à son frère ».

Cette parabole peut s’appliquer à Israël comme peuple ; il avait une dette énorme envers Dieu,
consommée par le rejet de son Fils. En vertu de l’intercession de Christ sur la croix : « Père,
pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font », Dieu avait, pour ainsi dire, remis la dette à
son peuple, c’est-à-dire que ses jugements ne l’avaient pas frappé tout de suite après la croix ;
l’Évangile, présenté aux Juifs, les invitait à se repentir. Mais tout en profitant de la
miséricorde de Dieu, ils s’opposèrent à ce que cette grâce dont ils étaient eux-mêmes les
objets soit annoncée aux Gentils, représentés par celui qui devait cent deniers. Paul dit d’eux :
« Nous empêchant de parler aux nations afin qu’elles soient sauvées, pour combler toujours la
mesure de leurs péchés ; mais la colère est venue sur eux au dernier terme » (1
Thessaloniciens 2:16). C’est ce qui arriva selon le juste gouvernement de Dieu : le peuple fut
livré aux bourreaux, emmené par les Romains, chassé parmi les Gentils, jusqu’à ce que, selon
Ésaïe, il ait reçu le double pour tous ses péchés (Ésaïe 40:2).

20 - Chapitre 19
20.1 - Chapitre 19 v. 1-12 — Question touchant le mariage

Jésus continue son œuvre d’amour en guérissant les foules qui le suivaient de Galilée en
Judée. Au lieu d’être touchés par les œuvres qu’il accomplissait, les pharisiens viennent à lui
pour chercher, par des questions, à le mettre en opposition avec les enseignements de Moïse,
donnés pour le régime de la loi. Ils demandent si un homme a le droit de renvoyer sa femme,
chose autorisée par la loi de Moïse, à cause de la dureté de cœur des Juifs. Le Seigneur leur
dit qu’au commencement il n’en était pas ainsi. Dieu a créé l’homme et la femme pour qu’ils
soient unis à toujours sur la terre. L’homme ne doit jamais déroger à l’ordre divinement
établi ; l’homme ne doit pas être séparé de sa femme, cela d’autant moins sous le régime de la
grâce où la dureté du cœur ne saurait trouver de place dans nos rapports ; au contraire, nous
avons à nous aimer tous, à nous supporter, à nous pardonner les uns aux autres, surtout entre
mari et femme, et dans la même famille.

Nous voyons, par l’enseignement du Seigneur, que, pour connaître la vérité sur une question,
il faut toujours revenir aux origines, considérer ce que Dieu a fait et comment il l’a fait.
L’homme altère tout, modifie tout ; il veut tout arranger selon ses goûts et ses convenances, et
dénature ce que Dieu a établi. Il oublie la responsabilité qui lui incombe de se conformer à la
pensée de Dieu à tous égards, car c’est d’après cette mesure que le jugement sera prononcé à
la fin. De là l’importance qu’il y a de rechercher en toute circonstance la pensée de Dieu ;
nous la trouvons toujours dans sa Parole.

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20.2 - Chapitre 19 v. 13, 14 — Encore les petits

La débonnaireté et la grâce que manifestait le Sauveur et ses pensées à l’égard des petits
enfants engageaient leurs parents à les lui apporter, afin qu’il leur impose les mains et qu’il
prie. C’était là une chose agréable à son cœur, il aimait trouver ces petits êtres qui venaient à
lui sans crainte, en pleine confiance, attirés par la grâce que l’homme orgueilleux, l’homme
fait, endurci par le péché, repoussait avec mépris.

Ce qui étonne, c’est d’entendre les reproches de ses disciples, malgré tout ce qu’ils avaient vu
précédemment (chap. 18). Le cœur naturel, étranger aux pensées de grâce qui doivent
caractériser les disciples de Jésus dans le royaume des cieux, croit que ce que l’homme estime
doit convenir à Dieu. Le Seigneur profite de cette circonstance pour rappeler encore une fois
que c’est à de tels qu’est le royaume des cieux. Sans ce caractère-là, inutile d’avoir une
prétention quelconque à y entrer et à le posséder. Or puisque le royaume des cieux appartient
à ceux qui ressemblent aux petits enfants, il faut bien se garder d’empêcher ceux-ci d’aller à
Jésus. Dans leur simplicité enfantine, comme leur nature pécheresse ne s’est pas encore
développée au contact du monde et des enseignements des hommes, ils vont tout
naturellement à Jésus. Aussi doit-on veiller à ne rien faire, soit en paroles soit en actions, qui
puisse détourner un enfant de la simplicité de la foi au Seigneur Jésus.

Quelle triste preuve nous avons de l’état du cœur de l’homme, dans le fait que le
développement de l’intelligence humaine contribue à l’éloigner de Dieu, à s’opposer à lui,
tandis que, dans l’état d’innocence, c’était par l’intelligence qui le distinguait de la bête qu’il
pouvait avoir des rapports avec Dieu et être heureux dans sa présence ! Le péché a fait éclore
la conscience, cette faculté de connaître le bien et le mal. Alors l’homme a fui ce Dieu, la
source de tout bien pour lui ; et dans cet éloignement de lui, sans désir d’un rapprochement, le
péché que le cœur aime se pratique librement et entretient la peur de Dieu. Chez le petit
enfant, plus ou moins inconscient du péché, toutefois sans être innocent, il n’y a pas cette
frayeur et cette haine à l’égard de celui que nous avons offensé ; il est dans l’état le plus
proche de celui où Dieu avait placé l’homme. C’est pourquoi il ne fuit pas et, s’il ne va pas à
Jésus, c’est parce qu’on l’en empêche de diverses manières. Puissent tous ceux qui ont une
responsabilité quelconque vis-à-vis des enfants y penser sérieusement !

20.3 - Chapitre 19 v. 16-26 — Le jeune homme riche

Le Seigneur continue à faire ressortir que les pensées des hommes, quant au bien et quant à la
grandeur, sont opposées à celles de Dieu, même celles qui pouvaient provenir de
l’enseignement légal qui s’appliquait à l’homme naturel.

Un homme bien disposé s’approche de Jésus, lui disant : « Maître, quel bien ferai-je pour
avoir la vie éternelle ? » Il vient avec la pensée qu’il y a quelque chose de bon en lui qui le
rendra capable de mériter la vie éternelle par le bien qu’il pourrait accomplir. C’est pourquoi
le Seigneur répond premièrement : « Pourquoi m’interroges-tu touchant ce qui est bon ? Un
seul est bon ». Nous savons que ce seul est Dieu.

La loi promettait la vie ici-bas à celui qui l’aurait observée ; le Seigneur cite cette partie des
commandements qu’un homme pouvait encore accomplir. Le jeune homme lui répond : « J’ai
gardé toutes ces choses ; que me manque-t-il encore ? » Il voulait avoir non seulement les

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bénédictions que la loi offrait sur la terre, mais encore la vie éternelle. Or, bien qu’il n’ait pas
tué, ni commis adultère, ni volé, ni dit de faux témoignages, rien de cela ne pouvait lui donner
des bénédictions éternelles. Un seul moyen existait : Jésus était venu dans ce monde pour en
ouvrir le chemin. Il fallait le suivre avec un cœur détaché des choses terrestres. C’est pourquoi
le Seigneur lui répond : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu as, et donne aux pauvres ;
et tu auras un trésor dans le ciel ; et viens, suis-moi. Et le jeune homme, ayant entendu cette
parole, s’en alla tout triste, car il avait de grands biens ». Combien de personnes lui
ressemblent ! Elles savent qu’il leur manque quelque chose pour être heureuses en pensant à
l’avenir ; mais elles veulent garder la jouissance des biens de ce monde, ne rien abandonner,
surtout ne pas suivre Christ. Sa personne n’a aucun attrait pour leur cœur, les jouissances de
ce monde en ont infiniment plus et elles sacrifient l’avenir au présent ; aussi leur part est-elle
misérable et elles ont leurs biens actuels avec la tristesse de ne pouvoir mêler le ciel avec la
terre et elles n’ont aucune certitude pour l’avenir. Si elles persistent dans cette voie jusqu’à la
fin, elles auront en partage un éternel malheur. En utilisant les biens de cette vie pour d’autres,
à cause du Seigneur, on ne les perd pas ; au contraire, ils se transforment en bénédictions
célestes et éternelles, comme le Seigneur l’enseigne ailleurs aussi ; puis, en suivant Jésus, on
arrive où son chemin a abouti, dans la gloire éternelle, car lui est « le chemin, la vérité et la
vie ».

Voyant l’effet de ses paroles sur ce jeune homme, Jésus dit à ses disciples : « En vérité, je
vous dis qu’un riche entrera difficilement dans le royaume des cieux ; et je vous le dis
encore : Il est plus facile qu’un chameau entre par un trou d’aiguille, qu’un riche n’entre dans
le royaume de Dieu ». Ici encore, les disciples n’entrent pas dans la pensée de Jésus. Ils
s’étonnent et disent : « Qui donc peut être sauvé ? » Sous le gouvernement de Dieu, les
richesses terrestres appartenaient à ceux qui faisaient le bien ; Dieu les bénissait de cette
manière ; mais ils ne comprenaient pas que ces biens terrestres n’avaient rien à faire avec la
vie éternelle, puisqu’on ne pouvait en jouir qu’ici-bas. Ils pensaient que les riches,
apparemment les objets de la faveur de Dieu, entreraient plus facilement dans le royaume des
cieux, cela toujours parce qu’ils considéraient les choses au point de vue des mérites de
l’homme et non à celui de la grâce. Ces biens, au contraire, retenant le cœur et l’attachant à la
terre, constituaient un grand obstacle lorsqu’il s’agissait de tout abandonner pour un trésor
qui, bien que réel, céleste et éternel, était, pour le moment, invisible, et pour suivre un Christ
méprisé qui n’avait pas un lieu où reposer sa tête, dans un monde où l’homme perdu possède
de « grands biens ». Les pauvres, ayant moins de jouissances ici-bas, moins à laisser, moins
considérés par les hommes, acceptent plus facilement la grâce, venue à eux dans la personne
de Jésus. Le Seigneur répond aux disciples de Jean le Baptiseur : « L’Évangile est annoncé
aux pauvres » (chap. 11:5).

À la question des disciples : « Qui donc peut être sauvé ? » Jésus répond : « Pour les hommes,
cela est impossible ; mais pour Dieu, toutes choses sont possibles ». Que des hommes
trouvent moins d’obstacles sur leur chemin que d’autres pour venir à Jésus, il est également
impossible, aux uns comme aux autres, d’être sauvés. Mais, grâce à Dieu, Lui peut tout, et il a
fait tout le nécessaire pour que de pauvres coupables, perdus et ruinés, incapables de quoi que
ce soit, puissent trouver un salut parfait qu’il offre gratuitement à quiconque l’accepte par la
foi au Seigneur Jésus.

20.4 - Chapitre 19 v. 27-30 — Récompense des douze

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Pierre ayant entendu ce que le Seigneur avait dit au jeune homme riche, comprend que le
renoncement aux avantages présents pour suivre le Seigneur aura une récompense. Il pense
aussitôt aux disciples qui avaient tout quitté pour suivre Jésus, et lui dit : « Voici, nous avons
tout quitté et nous t’avons suivi ; que nous adviendra-t-il donc ? » Cette question nous montre
que les disciples avaient répondu à l’appel du Seigneur et s’étaient attachés à sa personne sans
songer à une récompense. Le Seigneur, qui le reconnaît et l’apprécie, leur répond : « En
vérité, je vous dis que vous qui m’avez suivi, — dans la régénération, quand le Fils de
l’homme se sera assis sur le trône de sa gloire, vous aussi, vous serez assis sur douze trônes,
jugeant les douze tribus d’Israël ». La « régénération » désigne ici le millénium ; car, pour le
règne de Christ, tout sera régénéré, renouvelé. Au lieu de pouvoir accomplir cette
régénération lors de sa venue, le Messie avait été rejeté. Néanmoins il régnera en son temps,
et les disciples, qui l’avaient suivi dans sa rejection, qui avaient tout quitté pour partager son
humiliation, auraient, dans le règne, une position glorieuse en rapport avec le renoncement
qu’ils avaient accepté en suivant Jésus ici-bas. S’ils ont enduré avec Christ le mépris, s’ils ont
partagé le caractère de celui qui n’insistait pas sur ses droits, lorsqu’il les fera valoir, ils
partageront avec lui l’exercice de la justice, jugeant tout particulièrement les tribus d’Israël au
milieu desquelles ils auront été non comme des juges, mais comme des agneaux au milieu des
loups.

Les douze ne recevront pas seuls une récompense en rapport avec ce qui aura été fait ici-bas.
Jésus ajoute : « Et quiconque aura quitté maisons, ou frères, ou sœurs, ou père, ou mère, ou
femme, ou enfants, ou champs, pour l’amour de mon nom, en recevra cent fois autant, et
héritera de la vie éternelle ». On voit qu’il ne s’agit pas de tout quitter en vue d’une
récompense, mais bien pour l’amour du Seigneur. Il faut avoir vu, en sa personne, la grâce,
l’amour qui attirent le cœur ; comment ne le suivrait-on pas, lorsqu’on le voit quitter lui-
même la gloire du ciel pour venir dans ce monde souillé, sous la forme d’un homme, afin de
mourir pour des pécheurs sur cette croix infâme où il a souffert pour nos péchés, le juste pour
les injustes ? Y a-t-il besoin d’une autre considération pour suivre le Seigneur et pour
renoncer à tout ce qui pourrait nous empêcher de le servir fidèlement, serait-ce bien père,
mère, femme ou enfant ? Lui-même, son nom glorieux, expression d’une telle grâce, suffit
pour attirer à lui. Mais, dans sa bonté infinie, après nous avoir fourni de tels motifs pour le
suivre et le servir, il veut récompenser ce que nous aurons fait pour l’amour de son nom. La
récompense sert donc d’encouragement et jamais de motif d’action. Comme pour les
disciples, la récompense se rapportera aux circonstances dans lesquelles nous aurons suivi le
Seigneur. Aucun de nous ne pourra siéger sur un trône pour juger les douze tribus d’Israël,
parce que ce n’est pas au milieu d’Israël que nous nous trouvons pour suivre le Seigneur et lui
rendre témoignage. Chaque temps a son caractère propre, et le Seigneur seul est juge de ce
qu’il accordera à chacun. Incapables de juger selon Dieu, nous n’avons pas à apprécier cela
aujourd’hui. C’est pourquoi le Seigneur ajoute : « Mais plusieurs qui sont les premiers seront
les derniers, et des derniers seront les premiers ». Plusieurs qui, aux yeux des autres,
paraissent les premiers aujourd’hui, seront les derniers au jour où Dieu montrera ce qu’il aura
apprécié dans leur conduite. Et de ceux qui paraissent les derniers, qui, par leur caractère
d’humilité, auront su s’effacer, occuperont une place que le Seigneur donne à ceux qu’il
estime les premiers. « À toi, Seigneur, est la bonté ; car toi tu rends à chacun selon son
œuvre » (Psaume 62:12).

21 - Chapitre 20

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21.1 - Chapitre 20 v. 1-16 — L’ouvrier de la onzième heure

Afin que l’on ne perde pas de vue que tout est grâce dans la dispensation actuelle, même s’il
s’agit des récompenses, et que l’on ne pense pas que telle tâche accomplie aura telle
rétribution, le Seigneur donne la parabole du maître de maison qui engage des ouvriers pour
travailler à sa vigne. Avec ceux qui sont engagés à la première heure, il convient du prix : un
denier par jour. Il sort encore à la troisième, à la sixième, à la neuvième heure, même à la
onzième, et, trouvant des ouvriers qui ne faisaient rien, les envoie à sa vigne, en leur disant :
« Vous recevrez ce qui sera juste ». Ils y vont, sans convenir de prix, s’en remettant à la
justice et à la bonté du maître. Le soir venu, celui-ci commence par payer ceux qui ont été les
derniers au travail et donne un denier à ceux de la onzième heure. Voyant cela, les premiers
s’attendent à recevoir plus ; mais le maître ne leur donne pas davantage. Alors ils murmurent
et disent : « Ces derniers n’ont travaillé qu’une heure, et tu les as faits égaux à nous qui avons
porté le faix du jour et la chaleur. Et lui, répondant, dit à l’un d’entre eux : Mon ami, je ne te
fais pas tort : n’es-tu pas tombé d’accord avec moi pour un denier ? Prends ce qui est à toi et
va-t’en. Mais je veux donner à ce dernier autant qu’à toi. Ne m’est-il pas permis de faire ce
que je veux de ce qui est mien ? Ton œil est-il méchant, parce que moi, je suis bon ? » La
faute des premiers venait de ce qu’ils avaient pris pour base d’estimation le salaire des
derniers, et non la bonté du maître. Puis celui-ci seul sait apprécier la valeur du travail fait, car
il y en a qui, venus à la onzième heure, peuvent avoir rendu de plus grands services que ceux
qui ont peiné la journée entière. Mais par-dessus tout, le maître est absolument libre d’agir
selon sa grâce souveraine et de faire ce qui lui plaît de ses biens. Ainsi « les derniers seront les
premiers, et les premiers les derniers ». Tout est toujours grâce de la part du Seigneur.

Ainsi, pour ne pas risquer d’être déçu, il ne faut pas calculer avec Dieu. Soyons heureux de ce
qu’il a bien voulu nous appeler à travailler dans sa vigne, satisfaits d’être les objets de sa pure
et merveilleuse grâce, nous qui ne méritons que le jugement éternel. Travaillons à tout ce que
le Seigneur place devant nous, en ayant pour mobile cette grâce merveilleuse ; laissons-lui
l’appréciation de notre travail sans attendre sur une récompense, tout en sachant que la même
grâce tiendra compte de ce qui aura été fait pour lui, et cela, selon sa justice.

21.2 - Chapitre 20 v. 17-19 — En chemin pour Jérusalem

Si Jésus pouvait parler à de pauvres pécheurs de gloire et de récompense dans l’éternité, c’est
parce qu’il était sur le chemin qui le conduisait à la croix, où il allait porter toute la peine de
leurs péchés, en subissant le jugement qu’ils avaient mérité. Il montait à Jérusalem avec ses
disciples, voyage qu’il accomplissait pour la dernière fois depuis la Galilée. Il éprouvait le
besoin de leur dire ce qui lui arriverait. C’est la troisième fois que nous entendons Jésus les
entretenir de sa mort et de sa résurrection (voir chap. 16:21, 17:22, 23). Mais les disciples,
plus préoccupés de la gloire du royaume que du chemin qui y conduisait, n’entraient pas dans
cette pensée de la mort de leur Maître, mort qui était toujours devant lui et dont dépendait tout
leur avenir. Quelle souffrance pour le Seigneur, dans ce monde, que de se voir incompris des
disciples, méconnu et méprisé par son peuple !

La mère de Jean et de Jacques s’approche pour lui demander qu’il ordonne que ses deux fils
soient l’un à sa droite et l’autre à sa gauche dans son royaume. Une bonne place dans le
royaume les préoccupait davantage que les souffrances et la mort du Seigneur, et ils pensaient
encore moins que, sans cette mort, ils n’auraient point de place dans le royaume. Jésus leur

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dit : « Vous ne savez ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que moi, je vais
boire ? Ils lui disent : Nous le pouvons. Et il leur dit : Vous boirez bien ma coupe ; mais de
s’asseoir à ma droite et à ma gauche, n’est pas à moi pour le donner, sinon à ceux pour
lesquels cela est préparé par mon Père ».

Le Seigneur avait dit précédemment aux disciples que, parce qu’ils avaient tout quitté et
l’avaient suivi, ils siégeraient sur douze trônes. Ils n’avaient retenu que cette promesse, sans
comprendre l’abaissement et le renoncement de Jésus, la position de dépendance qu’il avait
prise au milieu d’eux ; il allait à la mort pour qu’ils aient une part avec lui dans la gloire, au
lieu de la condamnation éternelle qu’ils méritaient. Dans cette position de dépendance, il leur
dit que ce n’est pas à lui de donner les places dans son royaume ; c’est l’affaire de son Père. Il
avait auparavant à boire la coupe de souffrance et de mort, et les disciples devaient la partager
avec lui en suivant un chemin de souffrance. Ils avaient peine à apprendre cette leçon, et nous
aussi, car nous aimerions avoir la gloire sans les souffrances, chose impossible à cause du
péché. Mais, « si nous souffrons, nous régnerons aussi avec Lui » (2 Timothée 2:12). L’apôtre
Paul, qui avait vu Christ dans la gloire et qui savait qu’il y serait avec lui et comme lui, dit
qu’il veut « le connaître, lui, et la puissance de sa résurrection, et la communion de ses
souffrances, étant rendu conforme à sa mort, si en quelque manière que ce soit je puis
parvenir à la résurrection d’entre les morts » (Philippiens 3:10, 11). Les autres disciples
s’indignèrent à l’égard de Jacques et de Jean, sans comprendre mieux qu’eux, sans doute, la
position qu’ils avaient à prendre ici-bas. Alors Jésus leur montra la différence qui existe entre
la grandeur humaine et la grandeur selon Dieu. « Vous savez que les chefs des nations
dominent sur elles, et que les grands usent d’autorité sur elles. Il n’en sera pas ainsi parmi
vous ; mais quiconque voudra devenir grand parmi vous sera votre serviteur ; et quiconque
voudra être le premier parmi vous, qu’il soit votre esclave ; de même que le Fils de l’homme
n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie en rançon pour
plusieurs ». Le chemin de la grandeur est donc l’abaissement pour servir ; or comme nul ne
s’est abaissé autant que Christ, nul ne sera haut élevé comme lui, auquel son Dieu, en le
plaçant au-dessus de tout, « a donné un nom au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus
se ploie tout genou des êtres célestes, et terrestres, et infernaux » (Philippiens 2:9, 10). Ceux
donc qui aspirent à une place tout près de lui dans la gloire, doivent le suivre de près ici-bas
dans cette vie de renoncement, d’humiliation, de dévouement, de service et de souffrance.

Que Dieu nous enseigne à prendre le chemin de la vraie grandeur, non de la grandeur
éphémère de ce monde-ci, mais de la grandeur divine et éternelle. Soyons les imitateurs de
celui qui s’est abaissé jusqu’à la mort de la croix pour nous sauver, en le suivant dans
l’humilité et l’obéissance, bien peu de temps peut-être, avant d’être introduits dans la gloire
éternelle, avec lui et semblables à lui !

21.3 - Chapitre 20 v. 29-34 — Guérison de deux aveugles

Toujours en chemin pour Jérusalem, Jésus sort de Jéricho, suivi d’une grande foule. Deux
aveugles, assis au bord du chemin, quand ils apprirent que Jésus passait, s’écrièrent : « Aie
pitié de nous, Seigneur, Fils de David ! » La foule cherche à les faire taire. On voit l’esprit qui
l’animait ; ce n’était pas la grâce de la personne de Jésus qui attirait après lui, mais des motifs
charnels, une vaine gloire. Conscients de leurs besoins, et conscients de la grâce et de la
puissance qui se trouvaient en Jésus, les aveugles crièrent plus fort : « Aie pitié de nous,
Seigneur, Fils de David. Et Jésus, s’arrêtant, les appela et dit : Que voulez-vous que je vous

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fasse ? Ils lui disent : Seigneur, que nos yeux soient ouverts. Et Jésus, ému de compassion,
toucha leurs yeux ; et aussitôt leurs yeux recouvrèrent la vue ; et ils le suivirent ». On
remarquera que ces aveugles en appellent au fils de David. Ils représentent ceux qui, en Israël,
avaient la foi au Messie, bien que ce fût la dernière heure de sa présentation au peuple ; ils ont
les yeux ouverts, le reçoivent et le suivent tel qu’il est, et se trouvent ainsi sur le chemin de la
gloire, au lieu d’être enveloppés dans les jugements qui tombèrent sur le peuple pour avoir
rejeté le Fils de David.

Mais ce récit nous présente d’autres enseignements. À côté de vrais besoins qui font crier à
Jésus, on voit l’indifférence de la foule à l’égard de ces besoins, et son effort pour empêcher
qu’il y soit répondu. N’en est-il pas de même aujourd’hui, au milieu de la foule qui fait
profession de suivre Christ, qui se réclame du nom de chrétien. Si l’on entend la voix de
quelqu’un qui cherche le Seigneur, dans la conscience de sa misère et de son état de perdition,
on cherche à l’étouffer. Mais celui qui sent le poids de ses péchés et le malheur éternel qui
l’attend, ne se laissera pas détourner par les efforts du monde ; il criera d’autant plus fort à
celui qui peut le délivrer ; ce cri touchera le cœur du Sauveur, toujours ému de compassion
envers le pécheur, et il lui donnera le pardon et la paix. Dès lors, il suivra Jésus, parce qu’il
connaît son amour, où que passe son chemin ; par amour pour lui, il le suivra jusqu’au bout de
la course, pour jouir ensuite avec lui du repos et de la gloire éternels.

Si, parmi nos lecteurs, il se trouvait encore quelqu’un qui ne posséde pas le salut éternel, qu’il
crie au Seigneur. Qu’il ne s’inquiète pas de ce que peut penser de sa conversion le monde qui
l’entoure et qu’il a peut-être écouté jusqu’ici ; il ne peut qu’empêcher d’aller à Jésus, et, s’il
réussit à en détourner, il ne répondra pour personne au jour du jugement. Comme Satan, son
prince, il vous laissera subir seul votre terrible sort, sans pouvoir vous distraire. Ayez
seulement conscience de votre perdition et de votre culpabilité. Si vous avez déjà crié, si le
monde a pu vous retenir, criez encore et vous rencontrerez le Seigneur dont le cœur est encore
ému de compassion ; il ne désire que répondre à votre cri de détresse pour vous placer à sa
suite en sécurité, sur le chemin de la gloire éternelle. Mais hâtez-vous ! Le temps passe
rapidement. Comme le Seigneur passait pour la dernière fois dans le chemin qui allait à
Jérusalem et allait être caché pour toujours à ce peuple désobéissant, peut-être est-ce la
dernière fois que la grâce vous est présentée. Profitez-en !

Le temps s’en va, l’heure s’écoule :

Qui sait où nous serons demain !

Jésus est ici dans la foule ;

Ah ! saisissez sa main !

22 - Chapitre 21
22.1 - Chapitre 21 v. 1-11 — Entrée royale de Jésus à Jérusalem

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Jésus approchait de Jérusalem ; il se trouvait avec ses disciples à Bethphagé, près de la
montagne des Oliviers, en face d’un autre village qui n’est pas nommé. Il y envoya deux de
ses disciples en disant : « Allez au village qui est vis-vis de vous, et aussitôt vous trouverez
une ânesse attachée, et un ânon avec elle ; détachez-les et amenez-les-moi. Et si quelqu’un
vous dit quelque chose, vous direz : Le Seigneur en a besoin ; et aussitôt il les enverra ».
Quoique rejeté et se rendant à Jérusalem, non pour y recevoir la royauté, mais pour y mourir,
Jésus était cependant le roi, le fils de David, présenté comme tel à son peuple, afin que ce
peuple soit sans excuse quant à sa culpabilité de l’avoir rejeté. En Zacharie 9:9, nous lisons :
« Dites à la fille de Sion : Voici, ton roi vient à toi, débonnaire et monté sur une ânesse et sur
un ânon, le petit d’une ânesse ». Malgré la débonnaireté et l’humilité qui caractérisaient Jésus,
il agissait avec l’autorité qui lui appartenait comme Seigneur ; sur son ordre, les disciples
amenèrent l’ânesse et l’ânon, sans que personne fasse d’opposition. Ils mirent leurs vêtements
dessus en guise de selle, et Jésus s’y assit. Une foule immense aussi étendait ses vêtements sur
le chemin ; d’autres coupaient des rameaux des arbres pour en tapisser la voie royale qui
conduisait le fils de David dans la cité du grand roi, selon les coutumes orientales. Afin qu’un
témoignage public soit rendu à Jésus comme roi, les foules qui le précédaient, comme celles
qui le suivaient, se trouvant momentanément sous l’action de la puissance divine, criaient :
« Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna dans les
lieux très hauts ! » Elles acclamaient ainsi le Messie par le cri que fera entendre de nouveau le
résidu d’Israël dans un temps à venir, cri par lequel il exprimera l’ardent désir de la
délivrance, alors qu’il souffrira sous la puissance diabolique du faux roi, et avec le sentiment
douloureux d’avoir rejeté le Messie lorsqu’il lui fut présenté, ainsi que nous le lisons au
Psaume 118:25, 26. « Hosanna » veut dire : « Sauve, je te prie ». Au chapitre 23:38, 39 de
notre Évangile, Jésus dit aux Juifs : « Voici, votre maison vous est laissée déserte, car je vous
dis : Vous ne me verrez plus désormais, jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient
au nom du Seigneur ! » Les Juifs ne revirent plus le Seigneur, sauf à la croix, et ne le
reverront pas jusqu’au moment où il apparaîtra en gloire pour la délivrance du résidu préparé
à le recevoir en passant par la grande tribulation.

« Comme il entrait dans Jérusalem, toute la ville fut émue, disant : Qui est celui-ci ? Et les
foules disaient : Celui-ci est Jésus, le prophète, qui est de Nazareth de Galilée ». À Jérusalem,
personne ne s’attendait à une telle manifestation, car le moment approchait où l’on prendrait
des mesures pour faire mourir Jésus. L’émotion que causait l’arrivée du Messie rappelle celle
qu’occasionnèrent plus de trente ans auparavant, dans la même ville, les mages d’Orient,
quand ils demandèrent où était le roi des Juifs qui venait de naître. Hérode en fut troublé et
tout Jérusalem avec lui (Chap. 2:3). Combien cela dénote l’état misérable de ce peuple,
troublé par ce qui devait être pour lui un sujet de joie ! Il n’en sera pas autrement pour le
monde lorsque Jésus reviendra. Il apparaîtra « à salut à ceux qui l’attendent ». Mais ce sera un
sujet de trouble et d’angoisse pour ceux qui n’auront rien voulu de lui, un jour « brûlant
comme un four » (Malachie 4:1, 2). Pendant un moment ils pourront dire : « Paix et sûreté » ;
puis une subite destruction viendra sur eux et ils n’échapperont point (1 Thes. 5:3). On peut
remarquer que, lorsque Jésus entre dans Jérusalem, les foules, en répondant à la question :
« Qui est celui-ci ? » ne disent pas : « C’est le fils de David » ; elles le confessent comme « le
prophète, qui est de Nazareth de Galilée », ce qui était vrai, mais elles ne l’acclamaient pas
comme tel tout à l’heure. Il semble qu’en présence des Juifs de Jérusalem, tout
particulièrement opposés à Christ, elles n’osent plus le confesser comme le fils de David ;
c’était moins compromettant de l’appeler : « Jésus, le prophète, qui est de Nazareth de
Galilée ». Pour confesser vraiment Jésus rejeté, il faut la foi ; inutile de se trouver sous une
impression passagère, si juste soit-elle. Nous verrons plus loin qui sont ceux qui osent rendre
témoignage à Jésus en présence de ses ennemis.

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Que Dieu nous garde tous d’avoir honte de confesser le Seigneur Jésus ! Il faut toujours
penser que celui qui est aujourd’hui méprisé est celui devant lequel tout genou devra se
ployer.

22.2 - Chapitre 21 v. 12-17 — Jésus dans le temple

Le Seigneur use de son autorité pour purifier le temple de tout ce qui était étranger à sa
destination, car il était écrit : « Ma maison sera appelée une maison de prière » (Ésaïe 56:7).
C’est tout particulièrement ce qu’elle sera lorsque le Seigneur l’aura purifiée à sa seconde
venue et qu’il établira la bénédiction dont parle ce chapitre d’Ésaïe. Au lieu d’une maison de
prière, les Juifs en avaient fait une caverne de voleurs ; l’Éternel en avait déjà adressé le
reproche à leurs pères en Jérémie 7:11 : « Cette maison qui est appelée de mon nom, est-elle
une caverne de voleurs à vos yeux ? » Mais ici, Jésus dit positivement : « Vous en avez fait
une caverne de voleurs ». C’était, en effet, un vrai lieu de commerce où se tenaient des
changeurs de monnaie et où l’on vendait du bétail et des colombes à ceux qui venaient de loin
pour sacrifier à l’Éternel. On peut comprendre comment, avec les dispositions commerciales
des enfants de Jacob et le manque de conscience qui accompagne souvent l’amour de l’argent,
on avait fait de ce lieu sacré une caverne de voleurs. Hélas ! n’est-ce pas ce que le Seigneur
dit, en d’autres termes, de ce qui aujourd’hui porte le nom de « maison de Dieu » sur la terre,
et qui sera aussi l’objet de ses terribles jugements ? (Apocalypse 18:11-19). Au lieu de se
conduire d’une manière digne de la maison de Dieu, l’homme y a introduit le monde et tous
ses caractères de mal.

Si le Seigneur agit contre le mal dans la maison de son Père avec l’autorité qui lui appartient
comme roi, son cœur est toujours le même envers ceux qui, sentant leur état, ont besoin de lui.
Des aveugles et des boiteux viennent à lui dans le temple et il les guérit. La foi sait profiter de
la puissance en grâce, dans le moment même où ceux qui l’ont rejetée ont affaire avec cette
puissance en jugement. C’est ce qui aura lieu aussi lorsque Christ viendra comme roi : le
résidu croyant sera reçu en grâce, tandis que les incrédules seront l’objet du jugement. En
même temps les petits enfants crient dans le temple ce qu’ils avaient entendu crier au-dehors,
car eux ne doutaient aucunement que Jésus ne soit le fils de David. « Les principaux
sacrificateurs et les scribes, voyant les merveilles qu’il faisait, et les enfants criant dans le
temple et disant : Hosanna au fils de David ! en furent indignés, et lui dirent : Entends-tu ce
que ceux-ci disent ? Mais Jésus leur dit : Sans doute ; n’avez-vous jamais lu : Par la bouche
des petits enfants et de ceux qui tettent, tu as établi ta louange ? » Tels étaient
l’endurcissement et la haine de ces hommes que les merveilles que Jésus faisait et le
témoignage qui lui était rendu les indignaient ; aussi est-il dit : « Et les ayant laissés, il sortit
de la ville et s’en alla à Béthanie ». Il n’y a plus rien à faire avec eux. Ils sont laissés à leur
terrible sort.

Dans les aveugles, les boiteux et les petits enfants, nous trouvons les caractères de ceux qui
veulent profiter de la grâce et de la puissance de Jésus. Les aveugles et les boiteux
représentent deux traits de l’état naturel de l’homme, sans capacité pour voir ni pour marcher
selon Dieu ; mais ceux qui se reconnaissent tels viennent à Jésus et sont guéris. Comme nous
le savons, les petits enfants représentent ceux qui ont la foi simple, nécessaire pour recevoir ce
que Dieu dit dans sa Parole, afin que quiconque croit ait la vie éternelle. Remarquons combien
la vérité s’impose d’elle-même au cœur des simples, des enfants. Ces petits enfants avaient
entendu crier que Jésus était le fils de David ; ils ne demandaient pas d’explications

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qu’auraient pu leur donner ceux qui l’exprimaient avec enthousiasme, lorsque toute la foule le
criait. Ce qu’ils entendaient était ce que la parole de Dieu avait dit ; cela suffisait à leur foi
simple qui est la vraie foi. Il est important de retenir que la foi croit Dieu sans explications,
lorsqu’elle entend sa Parole. « La foi est de ce qu’on entend, et ce qu’on entend par la parole
de Dieu » (Romains 10:17).

22.3 - Chapitre 21 v. 18-22 — Le figuier stérile

Jésus passa la nuit à Béthanie ; comme il retournait à Jérusalem le lendemain matin, il eut
faim. « Voyant un figuier sur le chemin, il s’en approcha ; et il n’y trouva rien que des
feuilles ; et il lui dit : Que jamais aucun fruit ne naisse plus de toi ! Et à l’instant le figuier
sécha ». Ce figuier représente soit le peuple d’Israël, soit l’homme dans son état naturel ; Dieu
en attendait du fruit, et il avait fait le nécessaire pour cela (Luc 13:6-9). Mais malgré la belle
apparence du feuillage, symbole de la profession, il n’y avait aucun fruit. Le Seigneur
condamne un état pareil ; Dieu n’attendra plus de fruit de cet arbre ; l’homme en Adam est
jugé, le figuier a séché. Dieu opérera lui-même pour obtenir du fruit.

Les disciples s’étonnent de voir le figuier sécher en un instant. Ils pouvaient penser que c’était
un acte de puissance dont le Seigneur seul était capable. Mais Jésus leur dit : « En vérité, je
vous dis : Si vous avez de la foi et que vous ne doutiez pas, non seulement vous ferez ce qui a
été fait au figuier, mais si même vous disiez à cette montagne : Ôte-toi et jette-toi dans la mer,
cela se ferait. Et quoi que vous demandiez en priant, si vous croyez, vous le recevrez ». Une
montagne représente une grande puissance et, par conséquent, une grande difficulté à
vaincre ; mais la foi dispose de la puissance de Dieu, et ainsi peut tout ce qui est selon sa
volonté. La liaison entre cette exhortation et le jugement porté par Jésus sur le figuier se
trouve dans le fait que les disciples, après le départ de Jésus, auraient affaire avec Israël jugé
et condamné et rencontreraient de grandes difficultés, beaucoup d’opposition de sa part, mais
la foi en triompherait. Israël, comme peuple incrédule, a été en réalité comme une montagne
jetée dans la mer des nations, lors de la destruction de Jérusalem. Mais l’exhortation du
Seigneur s’applique à toutes les difficultés que nous pouvons rencontrer et dans lesquelles,
par la foi, nous pouvons user de la puissance divine. « Quoi que vous demandiez en priant, si
vous croyez, vous le recevrez ». Il va sans dire que Dieu n’exauce que les prières conformes à
sa volonté.

22.4 - Chapitre 21 v. 23-32 — Jésus et les chefs du peuple

De nouveau, les sacrificateurs et les anciens du peuple demandent à Jésus en vertu de quel
droit il venait chasser du temple les vendeurs et les acheteurs, et renverser les tables des
changeurs. Ils ne pouvaient supporter l’autorité de Jésus, car ils avaient la prétention de la
posséder eux seuls et d’être les conducteurs du peuple. Le Seigneur, dans sa parfaite sagesse,
répond en leur posant une question à laquelle ils ne peuvent répliquer sans se compromettre :
« Je vous demanderai, » dit-il, « moi aussi, une chose ; et si vous me la dites, je vous dirai,
moi aussi, par quelle autorité je fais ces choses. Le baptême de Jean, d’où était-il ? du ciel, ou
des hommes ? Et ils raisonnaient en eux-mêmes, disant : Si nous disons : Du ciel, il nous
dira : Pourquoi donc ne l’avez-vous pas cru ? Et si nous disons : Des hommes, nous craignons

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la foule, car tous tiennent Jean pour un prophète. Et, répondant, ils dirent à Jésus : Nous ne
savons ».

Dieu avait envoyé Jean comme précurseur du Messie qui venait d’entrer triomphalement dans
Jérusalem. S’ils confessaient que son ministère venait de Dieu — ce qu’ils savaient très bien
— non seulement ils devaient le recevoir, lui, mais aussi le Christ qu’il leur avait annoncé, et
enseigner eux-mêmes au peuple à recevoir son Messie.

Ces hommes prétentieux préfèrent passer pour ignorants plutôt que d’énoncer une vérité qui
les condamnait devant Dieu, ou une chose erronée qui les aurait exposés à la colère de la
foule. Aussi le Seigneur leur répond : « Moi non plus, je ne vous dis pas par quelle autorité je
fais ces choses ». À quoi cela aurait-il servi ? Ils avaient décidé de ne pas croire en lui.

Si le Seigneur ne répond pas à leur question, il leur montre leur misérable état au moyen
d’une parabole. Il leur dit : « Un homme avait deux enfants ; et venant au premier, il dit : Mon
enfant, va aujourd’hui travailler dans ma vigne. Et lui, répondant, dit : Je ne veux pas ; mais
après, ayant du remords, il y alla. Et venant au second, il dit la même chose ; et lui, répondant,
dit : Moi j’y vais, seigneur ; et il n’y alla pas. Lequel des deux fit la volonté du père ? Ils lui
disent : Le premier. Jésus leur dit : En vérité, je vous dis que les publicains et les prostituées
vous devancent dans le royaume de Dieu. Car Jean est venu à vous dans la voie de la justice,
et vous ne l’avez pas cru ; mais les publicains et les prostituées l’ont cru ; et vous, l’ayant vu,
vous n’en avez pas eu de remords ensuite pour le croire ».

On saisit facilement le sens de cette parabole grâce à l’explication que Jésus en donne. Le
premier enfant représente, en Israël, la classe de ceux qui ont grossièrement péché, les
publicains et les gens de mauvaise vie qui ne se souciaient pas de la loi. Mais à la voix de Jean
le Baptiseur, qui les appelait à la repentance, ils eurent du remords. Ils n’accomplirent pas la
loi de Moïse, il est vrai, mais ils crurent Jean ; ils devinrent ces enfants de la sagesse dont
Jésus a parlé au v. 19 du chap. 11. Les bons Juifs, les chefs du peuple, menaient
extérieurement une conduite honorable, ils pouvaient, comme le pharisien (Luc 18), rendre
grâce de ce qu’ils n’étaient pas comme le reste des hommes, ni comme le publicain qui se
frappait la poitrine, voyant la vraie manière d’obéir à Dieu, c’est-à-dire de croire ; mais ils ne
voulurent pas imiter les pécheurs repentants, de sorte que, tout en prétendant travailler à la
vigne de Dieu, ils n’en firent rien ; c’est pourquoi ils étaient mis de côté et se trouvaient à la
veille du jugement.

La grâce brille partout où elle se manifeste. Lorsque l’homme eut fait tout ce qu’il fallait pour
périr éternellement loin de Dieu, Dieu ne vint pas lui présenter quelque chose à faire. Les
Juifs, quels qu’ils aient été, devaient croire ce que Jean le Baptiseur leur disait de la part de
Dieu ; ceux qui crurent Jean, crurent le Seigneur. Aujourd’hui, de même, si l’on croit la
Parole qui apporte à la conscience la lumière de Dieu quant au péché, on croit aussi au
Seigneur Jésus, venu pour se charger, sur la croix, de tous les péchés qui accablaient la
conscience ; on est sauvé. La grâce apporte le salut et ne demande rien, sinon de l’accepter.

22.5 - Chapitre 21 v. 33-41 — Parabole des cultivateurs de la vigne

Dans la parabole des cultivateurs de la vigne, Jésus donne un exposé de l’histoire d’Israël,
responsable de porter du fruit pour Dieu ; il se trouvait dans une position privilégiée pour cela.

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Dieu est comparé à un maître de maison qui planta une vigne, l’environna d’une clôture, y
creusa un pressoir, et y bâtit une tour. Dans l’Ancien Testament déjà, Israël est assimilé à une
vigne (Psaume 80:8-17 ; Ésaïe 5:1-7). La vigne plantée, soignée chaque année, doit rapporter
du fruit ; c’est bien l’image de la nature humaine dont Dieu, en Israël, s’est occupé en vain. Le
Maître avait tout fait pour la protection de cette vigne, afin que les cultivateurs puissent lui
remettre les fruits qui lui étaient dus. « Et lorsque la saison des fruits approcha, il envoya ses
esclaves aux cultivateurs pour recevoir ses fruits. Et les cultivateurs, ayant pris ses esclaves,
battirent l’un, tuèrent l’autre, et en lapidèrent un autre. Il envoya encore d’autres esclaves en
plus grand nombre que les premiers, et ils leur firent de même ». Ces esclaves sont les
prophètes que Dieu envoya aux Juifs lorsqu’ils se détournaient de l’Éternel pour servir les
idoles, afin de les rappeler à l’observation de la loi qu’ils abandonnaient si facilement. Au lieu
de les écouter, ils les maltraitèrent et les tuèrent. Longtemps après, Dieu envoya son Fils
disant : « Ils auront du respect pour mon Fils. Mais les cultivateurs, voyant le fils, dirent entre
eux : Celui-ci est l’héritier ; venez, tuons-le, et possédons son héritage. Et l’ayant pris, ils le
jetèrent hors de la vigne et le tuèrent ». Si le cœur du peuple, et tout particulièrement celui des
chefs, avait pu être touché, ce la aurait été par la venue du Fils de Dieu ; mais elle a démontré
leur état irrémédiablement mauvais, et, par ce fait, l’état de l’homme dans la chair. Non
seulement ils refusaient de rendre à Dieu ce qui lui était dû, mais ils souhaitaient d’être
maîtres de l’héritage. L’homme ne veut rien avoir à faire avec Dieu ; l’ayant chassé de ce
monde, il croit en être le maître. C’est ce qui a lieu aujourd’hui dans la chrétienté : on ne veut
pas plus de Christ qu’au temps de sa présentation à Israël.

Jésus leur dit : « Quand donc le maître de la vigne viendra, que fera-t-il à ces cultivateurs-là ?
Ils lui disent : Il fera périr misérablement ces méchants, et louera sa vigne à d’autres
cultivateurs, qui lui remettront les fruits en leur saison ». Ils prononcent eux-mêmes leur
propre jugement ; ce qu’ils disent leur est arrivé, car, en réalité, ces malheureux Juifs ont péri
misérablement lors de la destruction de Jérusalem par les Romains. La vigne a été louée à
d’autres, c’est-à-dire que Dieu a agi d’une tout autre manière avec les hommes pour obtenir
du fruit. Comme nous l’avons vu dans la parabole du semeur (chap. 13), au lieu de réclamer
du fruit de l’homme naturel, Dieu a opéré dans le cœur, par sa Parole, pour produire une vie
nouvelle qui le rende capable de servir le Seigneur.

22.6 - Chapitre 21 v. 42-46 — La maîtresse pierre de coin

Par leurs propres Écritures, le Seigneur montre aux Juifs ce qui leur arriverait s’ils le
rejetaient : « La pierre que ceux qui bâtissaient ont rejetée, celle-là est devenue la maîtresse
pierre du coin ; celle-ci est de par le Seigneur, et est merveilleuse devant nos yeux » (Psaume
118:22, 23). Et il ajoute : « C’est pourquoi je vous dis que le royaume de Dieu vous sera ôté,
et sera donné à une nation qui en rapportera les fruits. Et celui qui tombera sur cette pierre
sera brisé ; mais celui sur qui elle tombera, elle le broiera ».

Les bâtisseurs étaient tout particulièrement les chefs, ceux qui avaient une responsabilité au
milieu du peuple. Si la bénédiction ne les avait pas atteints à cause de leur désobéissance,
Dieu avait par devers lui celui qui est la pierre du coin, sur laquelle tout reposait pour
l’accomplissement des promesses. Les chefs, qui avaient assumé la responsabilité de
bâtisseurs, auraient dû agir selon la pensée de Dieu à l’égard de cette pierre, élue, précieuse,
choisie par Dieu ; mais comme des hommes inexpérimentés, incapables de reconnaître la
valeur d’une pierre qualifiée pour occuper l’angle d’une construction, ils l’ont rejetée. On voit

102
comment les pensées de l’homme sont opposées à celles de Dieu ; rien ne l’a démontré autant
que la venue de son Fils ici-bas.

Cette pierre n’ayant pas été utilisée par les bâtisseurs, ils sont tombés sur elle et ont été brisés,
c’est-à-dire que la chute et la destruction du peuple ont eu pour cause le rejet de Christ. Après
le temps de la grâce, qui a commencé après la mort de Jésus, le Seigneur sera de nouveau
présenté aux Juifs ; ceux qui ne le recevront pas alors subiront des jugements plus terribles
encore que ceux qui eurent lieu par le fait des Romains, ainsi que nous l’enseigne le chapitre
24. Ce ne seront pas les Juifs qui tomberont sur la pierre, mais la pierre — Christ venant du
ciel — tombera sur eux et les broiera, par les jugements qui s’exécuteront alors. Le Seigneur
fait, sans doute, allusion à la petite pierre dont parle Daniel (2:34). Détachée de la montagne,
elle détruit les empires des nations, et ceux des Juifs qui se seront associés à eux.

Les principaux sacrificateurs et les pharisiens, ayant entendu ces paroles, connurent qu’il
parlait d’eux. Au lieu de chercher, en recevant Jésus, à éviter le malheur auquel ils s’étaient
préparés, ils tâchent de se saisir de lui, mais n’osent pas à cause des foules, qui le tenaient
pour un prophète.

23 - Chapitre 22
23.1 - Chapitre 22 v. 1-14 — Les noces du fils du roi

Dans cette parabole Jésus ne donne pas une figure de l’état d’Israël dans le passé, comme il
l’a fait avec les cultivateurs de la vigne. C’est une parabole du royaume des cieux, royaume
tel qu’il s’établirait à la suite du rejet du roi. Il commence bien par la présentation de Christ
aux Juifs, montre les conséquences de leur refus et continue par l’appel des Gentils à jouir de
ce qu’Israël avait refusé. « Le royaume des cieux a été fait semblable à un roi qui fit des noces
pour son fils ».

Quel contraste entre les pensées de Dieu et celles des hommes ! Le roi — Dieu — veut faire
des noces pour son Fils, et les hommes veulent le faire mourir. Mais à cette pensée du roi se
rattache la grâce merveilleuse qui veut faire participer le pécheur aux noces dont seul le fils
était digne. C’est donc des pensées de Dieu envers son Fils que découle le bonheur éternel des
invités, car si Dieu avait agi envers nous selon ce que nous méritions, nous ne devions
connaître que les ténèbres de dehors, loin de la scène de bonheur qui a le Fils pour centre. Le
roi envoya ses esclaves pour convier les invités aux noces, mais ils ne voulurent pas venir.
Cette première invitation eut lieu pour les Juifs pendant que Jésus était sur la terre ; appelés à
jouir des bénédictions que leur apportait le Fils de Dieu, ils refusèrent. Après la mort de Jésus,
Dieu envoya encore d’autres esclaves, les apôtres, aux conviés, toujours les Juifs, disant :
« Voici, j’ai apprêté mon dîner ; mes taureaux et mes bêtes grasses sont tués et tout est prêt :
venez aux noces ». En effet, par le sacrifice de Christ à la croix, tout était prêt, afin que ces
coupables pussent jouir de la grâce qui leur était offerte. Au lieu de cela, sans se repentir
d’avoir mis à mort leur Messie, se croyant maîtres de l’héritage, ils ne tinrent aucun compte
de cette seconde invitation et « s’en allèrent, l’un à son champ, et un autre à son trafic ; et les
autres, s’étant saisis de ses esclaves, les outragèrent et les tuèrent ». C’est ce que le livre des
Actes nous présente. Dès lors, c’en était fait d’Israël qui avait refusé Christ lorsqu’il se
trouvait ici-bas et qui le refusait encore après sa mort. « Le roi… en fut irrité ; et ayant envoyé
ses troupes, il fit périr ces meurtriers-là et brûla leur ville ». C’est ce qui arriva lorsque
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l’armée romaine détruisit Jérusalem. Alors le message de grâce fut adressé aux nations. Le roi
dit à ses esclaves : « Les noces sont prêtes, mais les conviés n’en étaient pas dignes ; allez
donc dans les carrefours des chemins, et autant de gens que vous trouverez, conviez-les aux
noces. Et ces esclaves-là, étant sortis, s’en allèrent par les chemins, et assemblèrent tous ceux
qu’ils trouvèrent, tant mauvais que bons ; et la salle des noces fut remplie de gens qui étaient à
table ». Les apôtres et les disciples de Jésus sortirent des limites d’Israël et annoncèrent
l’Évangile aux nations. Ce travail de la grâce s’est accompli jusqu’à nos jours. Tous ont été
invités à prendre place à la table de la grâce pour y jouir des bénédictions célestes et éternelles
qui sont en Christ. Mais la parabole dépasse, dans son enseignement, le temps où nous
sommes, pour montrer ce qui arrivera, à la fin de la dispensation actuelle, à ceux qui auront
pris place à la table du Roi, sans s’être conformés à ses pensées. Le moment va venir où il
prendra connaissance des résultats du message qu’il envoie à tous. « Et le roi, étant entré pour
voir ceux qui étaient à table, aperçut là un homme qui n’était pas vêtu d’une robe de noces. Et
il lui dit : Ami, comment es-tu entré ici, sans avoir une robe de noces ? Et il eut la bouche
fermée. Alors le roi dit aux serviteurs : Liez-le pieds et mains, emportez-le, et jetez-le dans les
ténèbres de dehors : là seront les pleurs et les grincements de dents. Car il y a beaucoup
d’appelés, mais peu d’élus ».

Le temps actuel est celui dans lequel les invités se mettent à table ; mais une chose est
nécessaire pour pouvoir y rester et jouir du festin éternel auquel Dieu a convié tous les
hommes. On ne peut figurer là, dans la présence de Dieu, que revêtu d’un vêtement qui
convienne à sa sainteté, à la gloire de sa nature. Comment comprendre, nous, misérables
pécheurs, souillés, ce qui lui est dû ? Si nous l’avons compris, comment nous procurer un
vêtement digne de Dieu, propre à manifester sa propre gloire, la gloire de son Fils, en vue
duquel les noces sont faites ? En Orient, autrefois, celui qui invitait à une noce fournissait lui-
même la robe dont il voulait voir ses convives revêtus. Ce costume se rapportait naturellement
à ses goûts, à sa richesse ; lui seul pouvait le procurer tel qu’il lui convenait, car tout, dans
cette fête, devait servir à manifester la gloire et la grandeur de celui qui invitait ; tout devait
être digne de lui. Si donc, comme le roi de la parabole, un homme très riche voulait inviter des
mendiants et des pauvres, il devait nécessairement fournir tout lui-même, non seulement le
festin, mais aussi la robe. Cet exemple illustre bien la pensée de Dieu et sa manière d’agir
envers de pauvres pécheurs indignes et sans ressources. Si l’Évangile nous appelle à prendre
part aux noces du Fils du Roi, il faut nous laisser revêtir de Christ, qui est la robe de noce, la
justice divine que Dieu s’est acquise pour le pécheur, par le sacrifice de Christ à la croix. Ce
sacrifice a ôté de dessus le coupable et de devant Dieu, par le jugement, tout ce qu’est le
pécheur, tous les péchés qu’il a commis ; il les a remplacés par ce qu’est Christ, maintenant
ressuscité et glorifié, dans la présence de Dieu. Celui qui croit cela est revêtu de Christ et
pourra jouir éternellement du festin que Dieu a préparé pour le pécheur.

De tous ceux qui auront accepté le christianisme comme profession religieuse, qui se seront
assis à la table du roi ici-bas, ceux-là seuls qui se seront laissés revêtir de Christ en le recevant
comme Sauveur pourront supporter les regards du Roi, dont les yeux sont trop purs pour voir
le mal, et passer l’éternité dans la gloire de sa présence. Que fera celui qui ne se soucie pas de
ce qui convient à la présence de Dieu, toujours satisfait de lui-même, prêt à se trouver
meilleur que les autres ? Que fera-t-il lorsque les regards du Dieu trois fois saint se dirigeront
sur sa personne et manifesteront toute la souillure de ce qui était pur à ses propres yeux ? Il
aura la bouche fermée ; incapable de se défendre, lié pieds et mains, il sera jeté dans les
ténèbres de dehors, là où sont les pleurs et les grincements de dents.

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Que l’on se juge bon ou mauvais, ce qui est nécessaire pour tous, c’est d’être revêtu de Christ,
de le posséder comme sa justice, pour être, comme Paul le dit : « Trouvé en lui, n’ayant pas
ma justice qui est de la loi, mais celle qui est par la foi en Christ, la justice qui est de Dieu,
moyennant la foi » (Philippiens 3:9). Tous nos lecteurs sont-ils en Christ ? « Il n’y a donc
maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus » (Romains 8:1).

23.2 - Chapitre 22 v. 15-22 — À qui payer le tribut ?

Les diverses classes des Juifs se présentent devant Jésus pour chercher à l’embarrasser par des
questions. Mais elles doivent se retirer toutes, jugées par lui.

Les pharisiens lui envoient leurs disciples avec les hérodiens, deux classes de personnes
absolument opposées l’une à l’autre. Les pharisiens conservaient tout ce qui appartenait au
peuple juif : religion, traditions, coutumes, tandis que les hérodiens défendaient la puissance
romaine, joug insupportable aux pharisiens surtout. Ils viennent à Jésus avec flatteries et
disent : « Maître, nous savons que tu es vrai et que tu enseignes la voie de Dieu en vérité, et
que tu ne t’embarrasses de personne, car tu ne regardes pas à l’apparence des hommes. Dis-
nous donc, que t’en semble : est-il permis de payer le tribut à César, ou non ? »

Une réponse affirmative du Seigneur le mettrait, pensaient-ils, en contradiction avec lui-


même, puisqu’il était le roi des Juifs. Une réponse négative les autoriserait à l’accuser de
méconnaître la puissance romaine. « Jésus, connaissant leur méchanceté, dit : Pourquoi me
tentez-vous, hypocrites ? Montrez-moi la monnaie du tribut. Et ils lui apportèrent un denier.
Et il leur dit : De qui est cette image et cette inscription ? Ils lui disent : De César. Alors il leur
dit : Rendez donc les choses de César à César, et les choses de Dieu à Dieu. Et l’ayant
entendu, ils furent étonnés ; et le laissant, ils s’en allèrent ».

Le Seigneur reconnaît l’autorité de César sur les Juifs, car c’est Dieu qui les avait placés sous
le pouvoir des Gentils, précisément parce qu’ils n’avaient pas rendu à Dieu ce qui lui
appartenait. Ils devaient donc se soumettre à la domination romaine. En même temps ils
avaient à reconnaître les droits de Dieu sur eux ; mais ils ne faisaient ni l’un ni l’autre. Ils se
retirèrent donc confus de devant la sagesse de celui qui, comme ils le disaient par flatterie, ne
s’embarrassait de personne. Ils en avaient fait l’expérience.

23.3 - Chapitre 22 v. 23-33 — Question des sadducéens quant à la résurrection

Viennent à leur tour les sadducéens qui représentent le parti rationaliste des Juifs (voir Actes
23:8) et pensent embarrasser Jésus par une question touchant la résurrection qu’ils niaient. Ils
supposent le cas d’une femme qui épousa successivement sept frères ; car, selon la loi de
Moïse, si un homme mourait sans enfant, le frère de cet homme devait épouser la veuve. Ils
demandent à Jésus auquel de ces sept hommes cette femme appartiendrait à la résurrection.
Jésus leur répond : « Vous errez, ne connaissant pas les Écritures, ni la puissance de Dieu ;
car, dans la résurrection, on ne se marie ni on n’est donné en mariage, mais on est comme des
anges de Dieu dans le ciel. Et quant à la résurrection des morts, n’avez-vous pas lu ce qui
vous est dit par Dieu, disant : « Moi, je suis le Dieu d’Abraham, et le Dieu d’Isaac, et le Dieu
de Jacob » (Exode 3:6) ? Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants ». Puisqu’ils

105
refusaient de croire, les sadducéens étaient dans l’erreur et ne connaissaient pas la puissance
de Dieu. L’incrédulité, toujours bornée, limite la sphère du pouvoir de Dieu à celle de
l’homme. Seule la foi peut rendre intelligent dans les pensées de Dieu, telles que sa Parole les
expose. Après la résurrection, les relations naturelles auront pris fin. Dieu les a formées pour
la terre ; elles cessent avec la mort. Déjà ici-bas, s’il s’agit de la nouvelle création, « toutes
choses sont faites nouvelles » (2 Corinthiens 5:17), et il n’y a ni homme, ni femme (voir
Galates 3:28). Les ressuscités seront non des anges, mais comme eux, quant à la nature de
l’être ; ils auront des corps, ce que les anges n’ont pas, puisqu’ils sont « des esprits »
(Hébreux 1:14), et ne se marient pas. Voilà quant à l’état de ceux qui seront ressuscités.

Le Seigneur fournit ensuite la preuve de la résurrection. Il la tire du fait que Dieu, lorsqu’il
parlait à Moïse depuis le buisson de feu (Exode 3:6), s’appelle : « le Dieu d’Abraham, le Dieu
d’Isaac, et le Dieu de Jacob ». À ce moment-là, deux cents ans environ s’étaient écoulés
depuis la mort du dernier de ces patriarches et pourtant Dieu s’appelle leur Dieu. Or, comme
Dieu n’est pas le Dieu des morts, le fait qu’il s’appelle leur Dieu longtemps après leur décès,
prouve qu’ils vivent ; Dieu ne dit pas qu’il était le Dieu d’Abraham, etc., mais qu’il l’est.
Outre cela, tous ces patriarches n’avaient pas reçu les choses promises (Hébreux 11:13-16). Il
faut donc qu’ils ressuscitent pour qu’ils puissent en jouir ; car, si la mort a séparé l’âme du
corps, ce n’est pas pour toujours. Tous les hommes se retrouveront comme Dieu les a créés,
corps et âme réunis : ceux qui auront cru, pour jouir de la félicité éternelle, et ceux qui
n’auront pas cru, pour porter éternellement la peine de leurs péchés.

Quand les foules eurent entendu la réponse de Jésus, elles s’étonnèrent de sa doctrine. Si elles
avaient cru qui il était, elles n’auraient pas été étonnées, car de quoi le Fils de Dieu n’est-il
pas capable ?

De nos jours, les sadducéens du christianisme sont nombreux et cherchent à égarer par leur
prétendue sagesse. Il y a un seul moyen de ne pas se laisser détourner par leurs raisonnements,
c’est de croire les Écritures, croire Dieu plutôt que sa pauvre créature déchue, égarée dans les
ténèbres qu’elle préfère à la lumière divine. Un jour viendra, le jour du Seigneur, où tous les
habiles raisonneurs de ce siècle auront la bouche fermée ; ils verront leurs erreurs, mais trop
tard pour se repentir.

Dieu veuille que tous nos lecteurs, et la jeunesse particulièrement, ferment leurs oreilles à la
voix trompeuse du raisonnement humain et matérialiste, pour écouter Dieu pendant qu’il en
est temps ! « Inclinez votre oreille et venez à moi ; écoutez, et votre âme vivra » (Ésaïe 55:3).
« Mon fils, cesse d’écouter l’instruction qui fait errer loin des paroles de la connaissance »
(Proverbes 19:27).

23.4 - Chapitre 22 v. 34-40 — Question des pharisiens

Les pharisiens, secte opposée aux sadducéens, viennent encore à Jésus avec une question
touchant la loi, toujours pour l’éprouver : « Maître », demande l’un d’eux, « quel est le grand
commandement dans la loi ? Et il lui dit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur,
et de toute ton âme, et de toute ta pensée. C’est là le grand et premier commandement. Et le
second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Les pharisiens, paraît-
il, cherchaient à déterminer l’importance relative des divers commandements, afin d’attribuer
plus de mérites à ceux qui auraient accompli les plus grands. Jésus leur montre que ce qui

106
donne aux commandements leur valeur, c’est le motif qui fait agir, l’amour pour Dieu et pour
son prochain. Si cet amour existe, la loi s’accomplira. « De ces deux commandements
dépendent la loi tout entière et les prophètes ». Les prophètes ont toujours cherché, par amour
pour Dieu et leur prochain, à ramener le peuple à l’observation de la loi.

Par la participation à la nature divine, le chrétien est rendu capable d’aimer Dieu et son
prochain, d’accomplir ainsi la pensée de Dieu dans la loi, et même de la dépasser. En imitant
Christ, qui a laissé sa vie pour des ennemis, nous devons laisser nos vies pour nos frères (1
Jean 3:16). « L’amour ne fait point de mal au prochain ; l’amour donc est la somme de la loi »
(Romains 13:10).

23.5 - Chapitre 22 v. 41-46 — Question de Jésus aux pharisiens

Après avoir vu passer devant lui tous ces interrogateurs, le Seigneur pose aux pharisiens une
question relative à sa personne. Il leur demande d’abord : « Que vous semble-t-il du Christ ?
— de qui est-il fils ? Ils lui disent : De David ». Puisqu’il en est ainsi, voici une autre question
embarrassante pour eux : « Comment donc David, en Esprit, l’appelle-t-il seigneur, disant :
« Le Seigneur a dit à mon seigneur : Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je mette tes
ennemis sous tes pieds ? » Si donc David l’appelle seigneur, comment est-il son fils ? » Si le
fils de David n’avait pas dû être rejeté par son peuple, l’Esprit de Dieu n’aurait pas mis ces
paroles dans la bouche du roi-prophète au Psaume 110. Par son rejet, le Seigneur allait
prendre une position nouvelle, recevoir la domination sur toutes choses et attendre, dans la
gloire, que Dieu mette ses ennemis sous ses pieds. La question des pharisiens démontrait aussi
la culpabilité de ceux qui étaient considérés comme ses ennemis et elle les jugeait. « Et
personne ne pouvait lui répondre un mot ; et personne, depuis ce jour-là, n’osa plus
l’interroger ».

Les pharisiens ne veulent pas de cette sagesse qui les confond ; ils aiment mieux rester dans
leur ignorance et leur haine contre Jésus qui les poussera à se débarrasser de lui, à se priver
eux-mêmes de tout espoir de salut. Que de personnes, de nos jours, se trouvent dans le même
cas ! L’intelligence naturelle peut constater plus ou moins la sagesse et la vérité des Écritures
et de la personne de Jésus ; mais on n’aime pas la vérité, car elle place le cœur et la
conscience en présence de la lumière qui en montre le véritable état ; on préfère ne pas
approfondir ces réalités, au lieu de demeurer en présence de la vérité qui conduit au Sauveur.
Comme Félix en Actes 24:25, beaucoup ont dit : « Pour le présent va-t’en ; quand je trouverai
un moment convenable, je te ferai appeler ». La chair refuse de se présenter devant le
Seigneur ; si donc l’on attend qu’elle y consente, on trouvera la porte fermée. Le moment
convenable est « aujourd’hui ». Laisser passer ce moment, c’est endurcir son cœur et
s’exposer à la perdition éternelle.

24 - Chapitre 23
24.1 - Chapitre 23 v. 1-12 — Discours de Jésus aux foules et aux disciples

107
Le triste état des chefs du peuple ayant été démontré, Jésus éprouve le besoin de mettre en
garde les foules et les disciples contre leur manière d’agir, pour qu’ils distinguent la marche
des scribes et des pharisiens d’avec la Parole qu’ils enseignaient. Leur respect extérieur pour
la Parole divine faisait prendre en considération leur marche ; c’est bien ce qui devrait
toujours avoir lieu. Mais il y avait contradiction absolue entre leur conduite et la loi qu’ils
plaçaient devant le peuple. Celle-ci demeurait cependant la même dans sa perfection divine,
et, si ceux qui la présentaient ne s’y conformaient pas, ceux qui les écoutaient devaient faire
ce qu’ils disaient et ne pas imiter leurs actes. Quel contraste entre la conduite de ces hommes
et celle de l’apôtre Paul qui pouvait dire : « Ce que vous avez et appris, et reçu, et entendu, et
vu en moi, — faites ces choses » (Philippiens 4:9).

Jésus dit : « Les scribes et les pharisiens se sont assis dans la chaire de Moïse (c’est-à-dire
qu’ils enseignent comme lui). Toutes les choses donc qu’ils vous diront, faites-les et
observez-les ; mais ne faites pas selon leurs œuvres, car ils disent et ne font pas ; mais ils lient
des fardeaux pesants et difficiles à porter (c’est-à-dire se montrent très exigeants pour
l’accomplissement de la loi) et les mettent sur les épaules des hommes, mais eux, ils ne
veulent pas les remuer de leur doigt ». Ceux qui prêchent sans mettre en pratique ce qu’ils
disent sont exigeants envers les autres, parce qu’ils ne connaissent pas la difficulté qu’il y a à
faire céder sa volonté propre devant celle de Dieu, surtout au temps où la loi était donnée à
l’homme dans la chair dont la volonté ne se soumet pas à celle de Dieu. Ces gens-là faisaient
devant les hommes des œuvres qui leur donnaient l’apparence de la piété ; mais il n’y avait
dans leur cœur que l’orgueil et la recherche de leur propre satisfaction. Ils élargissaient leurs
phylactères (*), voulant, en cela, pratiquer l’enseignement de Deutéronome 6:8 ; 11:18, mais
sans que le cœur soit touché par ces paroles. Partout ils cherchaient les premières places, les
salutations en public ; ils aimaient à être appelés : « Rabbi », titre honorifique qui signifie
maître, dans le sens d’un grade obtenu, tandis que Jésus dit : « Mais vous, ne soyez pas
appelés : Rabbi ; car un seul est votre conducteur, le Christ ; et vous, vous êtes tous frères. Et
n’appelez personne sur la terre votre père ; car un seul est votre Père, celui qui est dans les
cieux. Ne soyez pas non plus appelés conducteurs ; car un seul est votre conducteur, le
Christ ». Toutes ces exhortations mettent en garde contre l’esprit clérical ; le caractère
dominant du clergé est de se placer entre Dieu et les âmes et de rechercher l’honneur qui
revient à Dieu seul. Cela conduit à l’hypocrisie ; car, pour s’attirer la faveur des hommes, il
faut chercher à paraître ce que l’on n’est pas. Que Dieu nous garde d’un tel esprit !

(*) Bandes de parchemin sur lesquelles étaient écrits des passages de la loi et que l’on portait
sur le bras gauche et sur le front.

Jésus termine cette partie de son discours en indiquant le vrai caractère du serviteur : « Mais
le plus grand de vous sera votre serviteur. Et quiconque s’élèvera sera abaissé ; et quiconque
s’abaissera sera élevé ». Nous le savons, l’expression parfaite du vrai Serviteur a été
manifestée en Christ, le véritable Conducteur. Il s’est abaissé pour servir, comme nous
l’avons vu au chapitre 20:28. C’est pourquoi Dieu l’a haut élevé. Quel contraste avec ce qu’il
signale chez les scribes et les pharisiens aux v. 6 à 8 ! Puissions-nous tous, petits et grands,
être pénétrés de l’esprit de Christ dans son service, ne cherchant jamais à paraître, mais
toujours à servir, en nous effaçant naturellement et en attendant que Dieu montre son
appréciation de notre marche et de notre service !

108
24.2 - Chapitre 23 v. 13-39 — Sept fois « malheur »

Le Seigneur s’adresse maintenant aux scribes et aux pharisiens hypocrites en prononçant sept
fois « malheur » sur leurs différentes manières d’agir et en dénonçant les divers traits de leur
iniquité.

Le premier « malheur » (v. 13) est attiré sur eux par le fait qu’ils fermaient le royaume des
cieux devant les hommes ; non seulement ils n’y entraient pas eux-mêmes, mais ils ne
permettaient pas aux autres d’y entrer. Tout le long du ministère de Jésus, ils s’étaient opposés
à lui, parce qu’ils voulaient garder leur position au milieu du peuple dans l’ancien système
juif, où leur orgueil naturel trouvait sa satisfaction, tandis que, pour entrer dans le royaume, il
fallait reconnaître l’autorité de Christ et devenir comme les petits enfants.

Au lieu de cela, ils cherchaient à gagner des prosélytes, c’est-à-dire, à faire adopter, en tout ou
en partie, la religion juive à des étrangers ; mais loin d’être un moyen de salut pour eux, cela
ne faisait qu’augmenter leur culpabilité. À cause de cela, un second « malheur » est prononcé
sur eux.

Dans les v. 16-22, Jésus leur reproche d’avoir établi certaine manière de jurer qui avait plus
de valeur dans un cas que dans un autre. Ils faisaient méconnaître ce qui avait une valeur
réelle aux yeux de Dieu et, par conséquent, détournaient de lui pour fixer la pensée sur la
matière, ce qui a lieu pour toute religion de forme. Ils attiraient par là sur eux un troisième
« malheur ». La quatrième fois que Jésus prononce un « malheur », c’est en dénonçant
l’hypocrisie avec laquelle les pharisiens observaient strictement certains détails de la loi ; ils
payaient la dîme de la menthe, de l’aneth et du cumin, chose sans grande importance, mais qui
les faisait passer aux yeux des hommes pour de fidèles observateurs de la loi. En revanche, ils
négligeaient ce qui était le plus important : « le jugement et la miséricorde et la fidélité ».
Pour les pratiquer, il faut un état d’âme exercé par la Parole, qui permette de discerner ce qui
est juste envers Dieu et d’être miséricordieux envers ses semblables, tandis qu’on peut
s’acquitter de ces actes purement matériels sans avoir à faire avec Dieu et sans qu’il en coûte
rien. Non que l’on doive faire abstraction des détails de la loi. Jésus dit : « Il fallait faire ces
choses-ci, et ne pas laisser celles-là ».

Ces guides aveugles coulaient ainsi le moucheron et avalaient le chameau ; scrupuleux pour
de petites choses en présence de leurs frères, ils étaient sans conscience envers Dieu pour
l’accomplissement de sa volonté. Nous avons à prendre garde de leur ressembler, car notre
nature nous porte facilement à agir selon leurs principes.

Les deux « malheurs » que Jésus prononce ensuite contre eux sont en rapport avec
l’hypocrisie qui les faisait paraître justes aux hommes. Ils étaient comme des coupes et des
plats nettoyés au-dehors, mais pleins, au-dedans, de rapine et d’intempérance. La rapine, c’est
l’action de s’approprier ce qui ne vous appartient pas en abusant de la position que l’on
occupe, et l’intempérance est le manque de sobriété à tous égards. Ils auraient dû nettoyer leur
cœur de ces choses, afin que la pureté qui paraissait au-dehors, vienne du dedans et soit vraie.
Le Seigneur les compare aussi à des sépulcres blanchis. En Orient, on blanchit souvent les
sépulcres, pour leur donner une belle apparence ; mais cela ne change rien à l’intérieur, qui est
rempli d’ossements et d’impuretés. De même, ces hypocrites, malgré leur extérieur de pureté,
n’en avaient pas moins leur cœur rempli de tout ce qu’il y a de plus souillé aux yeux de Dieu,
ce dont la mort est l’image. Souvenons-nous tous que Dieu veut de la réalité dans le cœur et
que personne ne peut le tromper par l’apparence. À quoi sert de paraître devant les hommes ce

109
que l’on n’est pas devant Dieu ? C’est devant Dieu qu’il faudra être manifesté un jour (lire 2
Corinthiens 5:10).

Le dernier « malheur » prononcé sur les scribes et les pharisiens l’est parce qu’ils bâtissaient
des tombeaux aux prophètes que leurs pères avaient tués, sans être dans un meilleur état
qu’eux quoiqu’ils aient dit : « Si nous avions été dans les jours de nos pères, nous n’aurions
pas pris part avec eux au sang des prophètes ». On peut considérer comme une action très
pieuse le fait de bâtir des monuments aux prophètes, qui avaient été mis à mort dans le temps
où Israël était idolâtre, mais ces prophètes, en rappelant le peuple à la loi, annonçaient la
venue de Christ (voir Actes 7:52), et maintenant que Christ était au milieu d’eux, ils ne
l’écoutaient pas plus que leurs pères n’avaient prêté l’oreille aux prophètes ; ils portaient les
mêmes caractères que leurs pères et comblaient leur mesure. Aussi le Seigneur allait les
mettre à l’épreuve, pour qu’ils manifestassent s’ils valaient mieux que leurs ancêtres : « C’est
pourquoi », leur dit-il, « voici, moi, je vous envoie des prophètes, et des sages, et des scribes ;
et vous en tuerez et vous en crucifierez, et vous en fouetterez dans vos synagogues, et vous les
persécuterez de ville en ville, en sorte que vienne sur vous tout le sang juste versé sur la terre,
depuis le sang d’Abel le juste, jusqu’au sang de Zacharie, fils de Barachie, que vous avez tué
entre le temple et l’autel. En vérité, je vous dis : toutes ces choses viendront sur cette
génération ». La patience dont Dieu avait usé envers son peuple, — et par ce fait, envers
l’homme, — est bien grande, depuis les jours où le premier juste avait été mis à mort. Au
travers des diverses dispensations, Dieu avait tout essayé avant d’exécuter le jugement. Mais
de quelque manière que Dieu ait agi, l’homme, au lieu de se repentir, a manifesté envers lui
une opposition, parvenue à son apogée lorsqu’il a mis à mort son Fils, venu en grâce. Comme
dit le Seigneur en Jean 15:22-24 : « Ils n’ont pas de prétexte pour leur péché… maintenant ils
ont, et vu, et haï et moi et mon Père ». Il allait encore leur envoyer des prophètes, des sages et
des scribes (Jésus désigne ainsi les apôtres qui viendraient après son départ) et ils allaient les
traiter comme leurs pères avaient traité les prophètes. Ils feraient preuve d’un état pire encore,
parce qu’ils jouissaient de privilèges plus grands et n’avaient retiré aucun enseignement des
voies de Dieu envers le peuple. Ainsi la responsabilité, accumulée sur les hommes durant tout
le temps de la patience de Dieu, serait frappée par les jugements qui fondraient sur eux. C’est
pourquoi Jésus dit : « En vérité, je vous dis : toutes ces choses viendront sur cette
génération ». La même solennelle vérité, pour les mêmes raisons, est proclamée à l’égard de
Babylone, l’Église responsable, en Apocalypse 18:24.

En annonçant le jugement sur Israël, Jésus est ému de compassion envers Jérusalem, centre de
ce système de méchanceté qui allait subir les jugements de Dieu. Son amour avait travaillé
depuis des siècles, mais toujours en vain, pour ramener ce peuple rebelle. Jésus, qui est
l’Éternel de l’Ancien Testament, avait déjà dit, lors de la transportation du peuple à Babylone,
qu’il avait envoyé « vers eux par ses messagers, se levant de bonne heure et envoyant, car il
avait compassion de son peuple et de sa demeure » (2 Chroniques 36:15). Ici, à cette heure
solennelle, il s’écrie : « Jérusalem, Jérusalem, la ville qui tue les prophètes et qui lapide ceux
qui lui sont envoyés, que de fois j’ai voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble
ses poussins sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu ! Voici, votre maison vous est laissée
déserte, car je vous dis : Vous ne me verrez plus désormais, jusqu’à ce que vous disiez : Béni
soit celui qui vient au nom du Seigneur ! »

Quelles paroles solennelles sorties de la bouche de Celui qui était venu en amour à ce peuple
bien-aimé ! Mais la dureté de l’homme avait constamment refoulé cet amour au-dedans du
cœur de Jésus et l’empêchait de le manifester plus longtemps à son peuple selon la chair. Ce

110
même amour allait conduire Jésus à la croix et là, par son sacrifice, rendre possibles, sur le
pied de la grâce, les bénédictions que les Juifs refusaient.

Lorsque Jésus apparaîtra en gloire, le résidu souffrant l’appellera et dira : « Béni soit celui qui
vient au nom du Seigneur ! », « Hosanna au fils de David ! » selon le Psaume 118:26. C’est
pourquoi Jésus dit : « Vous ne me verrez plus… jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit celui
qui vient au nom du Seigneur ! »

25 - Chapitre 24
25.1 - Chapitre 24 v. 1-3 — Question des disciples touchant le temple

Jésus sortit et s’en alla du temple, accomplissant ce qu’il avait dit aux Juifs au v. 38 du
chapitre précédent : « Voici, votre maison vous est laissée déserte ». Il le quitta pour n’y plus
rentrer. Moment solennel pour le peuple, s’il avait pu le comprendre ! Si les disciples ne
saisissaient pas réellement la chose, tout au moins avaient-ils l’impression que ce magnifique
temple était mis de côté, car en chemin ils en firent considérer à Jésus les bâtiments qui
offraient un aspect imposant à qui sortait de Jérusalem. Ils étaient, comme tout Juif, attachés à
cette maison, avec un orgueil bien légitime, puisqu’elle avait été construite pour servir de
demeure à l’unique et vrai Dieu. Mais puisqu’il était rejeté dans la personne de son Fils, le
temple n’avait plus sa raison d’être. Le Seigneur leur répond : « Ne voyez-vous pas toutes ces
choses ? En vérité, je vous dis : Il ne sera point laissé ici pierre sur pierre qui ne soit jetée à
bas ».

Comme le Seigneur était assis sur la montagne des Oliviers, située en face de Jérusalem, de
l’autre côté du Cédron, d’où l’on voit toute la ville, les disciples vinrent à lui en particulier et
lui dirent : « Dis-nous quand ces choses auront lieu, et quel sera le signe de ta venue et de la
consommation du siècle ». Ils désiraient donc savoir quand Jérusalem et le temple seraient
détruits, et comment on pourrait connaître le moment de la venue de Christ et de la fin du
siècle qui précédait le règne millénaire. La réponse du Seigneur est donnée en parties
distinctes avec des enseignements divers et des exhortations utiles aux fidèles qui auraient à
traverser les temps qui devaient s’écouler jusqu’à sa venue. Ces enseignements comprennent
encore tout le chapitre 25.

Dans l’évangile selon Matthieu, Jésus ne répond pas directement à la première question
relative à la destruction du temple ; cette réponse entre mieux dans le cadre du récit de Luc ;
aussi la trouvons-nous littéralement au chapitre 21 de son évangile (v. 20-24), où est prédite la
destruction de Jérusalem par Titus, passée sous silence par Matthieu qui a surtout en vue les
jours de la fin et l’établissement du règne de Christ qui remplacerait l’état de choses d’alors.

On peut diviser en trois parties la réponse du Seigneur à la question : « Quel sera le signe de
ta venue et de la consommation du siècle ? » 1° versets 4-14 ; 2° versets 15-28 ; 3° versets 29-
31.

25.2 - Chapitre 24 v. 4-14 — Première partie de la réponse de Jésus

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Le Seigneur donne les instructions nécessaires aux disciples pendant les temps pénibles qui
s’écouleraient entre son départ et son retour en gloire. Or — nous l’avons déjà vu — dans les
parties prophétiques des Écritures, le temps actuel, celui de la grâce, pendant lequel l’Église
est rassemblée, ne compte pas ; c’est un intervalle passé sous silence. Le Seigneur s’adresse à
ceux qui l’entouraient comme s’ils devaient eux-mêmes traverser tout ce temps et se retrouver
présents à son retour. En faisant abstraction du temps actuel, on peut penser, en effet, qu’il ne
s’écoulera guère plus de la durée d’une vie humaine entre le départ de Jésus et son retour.
Mais Jésus parle du caractère et des circonstances du témoignage pendant ce temps-là, les
mêmes à son retour qu’à son départ, comme il parle du caractère de la génération qui l’a rejeté
et qui demeure aussi le même : « Cette génération ne passera point que toutes ces choses ne
soient arrivées » (v. 34). Le Juif incrédule persiste dans son opposition à Christ durant tout le
temps de son absence ; cela explique pourquoi le Seigneur dit toujours vous en s’adressant
aux disciples tout le long de ses instructions, lors même qu’il savait que tous ceux qui
l’entouraient délogeraient (mourraient) avant son retour. Et même, lorsqu’ils délogèrent
(moururent), ils ne faisaient plus partie du résidu d’Israël qu’ils représentaient aux jours du
Seigneur, mais de l’Église qui a remplacé Israël pour un temps. Ils ressusciteront pour
accompagner le Seigneur lorsqu’il viendra en gloire afin de délivrer le résidu souffrant qui
leur aura succédé aux derniers jours.

Le temps qui s’écoule entre le rejet de Christ et son retour se caractérise par des épreuves de
tout genre, pour les disciples du Messie rejeté. Il se présentera des faux christs en vue de les
détourner de l’attente du vrai Christ, attente pénible pendant laquelle ils auront beaucoup à
souffrir. On entendra parler de guerres et de bruits de guerres. Il y en a eu après le départ du
Seigneur, mais il y en aura beaucoup plus avant son retour. Il va de soi que, dans ces
chapitres, il s’agit de la venue du Seigneur pour régner et non de celle que nous attendons
maintenant pour transmuer les vivants et ressusciter ceux qui sont endormis en lui, événement
qui aura lieu avant que recommencent les événements dont ce chapitre nous occupe. Il se
produira alors, entre les nations qui sont à l’Orient, à l’Occident, au Nord et au Midi de la
Palestine, des guerres incessantes dont la plupart auront ce pays pour cause directe ou
indirecte. Des famines, des pestes, des tremblements de terre séviront en divers lieux. Peut-
être, dira-t-on, ces phénomènes se manifestent en tout temps ; c’est vrai, mais ici ce seront des
préludes des jugements de la fin, et ils revêtiront un caractère de gravité dont les hommes
auront l’impression plutôt que l’intelligence, mais que les croyants, avertis par la Parole du
Seigneur, sauront discerner. Au reste, nous approchons de ce moment. Les événements de ce
genre, qui se répètent si souvent de nos jours, produisent en général une certaine crainte, car
les hommes sentent bien que l’on marche vers une crise. Laquelle ? S’ils se laissaient
enseigner par la Parole, ils le sauraient et chercheraient le moyen de se mettre à l’abri. Cette
crainte pourrait être salutaire, elle l’est pour quelques-uns, mais l’Ennemi cherche à calmer les
esprits inquiets, en les rassurant après chaque catastrophe ou cataclysme, en disant que des
faits tout pareils, et même bien plus considérables et plus terrifiants, ont eu lieu dans les
siècles passés, qu’il n’y a rien d’extraordinaire dans ce qui arrive, qu’il ne faut rien y voir que
de tout naturel, et ainsi de suite. Les âmes impressionnées se calment, deviennent
indifférentes, s’endurcissent et s’en vont aveuglément au-devant de leur perte, « car Dieu
parle une fois, et deux fois, — et l’on n’y prend pas garde » (Job 33:14).

Nul doute qu’aux temps dont parle le Seigneur, des explications tout aussi plausibles, et plus
encore, pour la raison humaine, seront données pour expliquer les faits scientifiquement ou
historiquement, mais les disciples, enseignés par le Seigneur, comprendront de quoi il s’agit,
et, sans se laisser détourner, ils sauront que ce n’est qu’un commencement de douleurs. Ces
choses extérieures ne seront pas ce qu’il y aura de pire pour eux. Ils seront livrés pour être

112
affligés ; on en fera mourir ; ils seront haïs de tous à cause du nom du Seigneur. Ces peines
ont été la part des disciples aussitôt après le départ du Seigneur. C’est pourquoi il leur donne
ces enseignements, afin qu’ils puissent leur servir à eux, comme à ceux de la fin.

Ils passeront aussi par une épreuve d’un genre plus pénible encore, celle qui proviendra du
milieu même des disciples. Quelques-uns qui se seront joints à eux pour un temps deviendront
infidèles, des occasions de chute ; ils se livreront l’un l’autre, se haïront. De faux prophètes
s’élèveront ; ils séduiront les âmes par leur habileté à imiter les déclarations de Dieu. Le mal
sera tellement envahissant qu’on verra même du relâchement parmi les vrais disciples :
« L’amour de plusieurs sera refroidi ». Il faudra une énergie extraordinaire pour tenir ferme ;
mais celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé, c’est-à-dire qu’il sera trouvé debout,
fidèle, lorsque le Seigneur apparaîtra en gloire pour mettre un terme à toutes ces souffrances.

Alors viendra le tour de ceux qui auront fait souffrir les fidèles ; le jugement les atteindra,
comme on le voit dans un grand nombre de Psaumes, où le châtiment des méchants est
présenté en rapport avec la délivrance des justes.

Malgré toute l’opposition de Satan, « cet évangile du royaume sera prêché dans la terre
habitée tout entière, en témoignage à toutes les nations ; et alors viendra la fin ». Toutes les
nations qui n’auront pas eu le privilège d’entendre parler de l’évangile de la grâce, pourront
profiter de l’évangile du royaume, cet évangile qui annonce l’arrivée de Jésus comme roi,
venant du ciel.

Cette première partie de la réponse du Seigneur a pour but d’encourager les disciples, en leur
décrivant les difficultés avec lesquelles ils auraient affaire, pour rendre témoignage jusqu’à la
fin.

25.3 - Chapitre 24 v. 15-28 — Seconde partie de la réponse de Jésus

Avant la fin de cette terrible période, il y a un temps de détresse effroyable qui comprend les
trois ans et demi qui la terminent (voir Apoc. 12:14 ; 13:5 ; etc.).

Le Seigneur, dans sa sollicitude pour ses bien-aimés, leur donne ici des enseignements
spéciaux pour ces jours-là. Il leur montre comment ils en connaîtront le commencement et
leur dit ce qu’ils auront à faire. « Quand donc vous verrez l’abomination de la désolation, dont
il a été parlé par Daniel le prophète, établie dans le lieu saint (que celui qui lit comprenne),
alors que ceux qui sont en Judée s’enfuient dans les montagnes ; que celui qui est sur le toit ne
descende pas pour emporter ses effets hors de sa maison ; et que celui qui est aux champs ne
retourne pas en arrière pour emporter son vêtement, etc. ».

« L’abomination » désigne l’idole qui aura été placée dans le temple, imposée comme objet
de culte par le faux roi des Juifs, l’Antichrist, et acceptée comme Dieu par les Juifs incrédules
et apostats. Cette idolâtrie sans pareille amènera sur la nation les jugements de Dieu par le
moyen du roi du Nord ou l’Assyrien (*), qui répandra la « désolation » dans tout le pays. Mais
le Seigneur ne s’occupe pas ici de cet événement ; il ne fait que mentionner le fait en rapport
avec l’établissement de cette idole dans le temple à Jérusalem, qui amène le jugement de
Dieu. Ce que le Seigneur avait en vue, c’était d’avertir les disciples qu’à partir de ce moment
il faudra fuir de Judée, puisque le règne de l’Antichrist et du chef de l’Empire romain

113
deviendra intolérable pour les fidèles. Sans la marque de la bête on ne pourra ni vendre ni
acheter, et ceux qui ne se prosterneront pas devant son image seront mis à mort (Apocalypse
13:13-18). Jésus dit : « Si ces jours-là n’avaient été abrégés, nulle chair n’aurait été sauvée ;
mais, à cause des élus, ces jours-là seront abrégés », c’est-à-dire qu’ils ne dureront que trois
ans et demi, ce qui est déjà bien long.

(*) Voir Ésaïe 8:7, 8 ; 10:5, 6 ; Daniel 9:27 ; 11:41, etc.

La rage persécutrice de l’Antichrist empirera d’une manière si soudaine au moment de


l’établissement de l’idole dans le temple, que ceux qui seront sur les toits devront fuir, sans
descendre dans la maison (*). Celui qui sera aux champs et aura enlevé son vêtement pour
travailler n’aura pas même le temps de courir le chercher. Le Seigneur pense à tout ce qui
pourrait être un obstacle à la fuite. Il dit de prier qu’elle « n’ait pas lieu en hiver », afin que les
fuyards ne soient pas arrêtés par les intempéries de la saison, « ni un jour de sabbat », car ces
Juifs pieux ne voudraient pas dépasser le chemin permis par la loi ce jour-là, et trouveraient
ainsi la mort. Ce fait eut lieu sous Antiochus Épiphane ; afin de saccager la ville de Jérusalem
et de massacrer le plus d’habitants possible, son général attendit d’attaquer la ville le jour du
sabbat et fit ainsi un grand carnage.

(*) En Orient, les toits des maisons sont plats. On y arrive par des escaliers extérieurs.

Les disciples attendront avec une ardeur bien compréhensible l’arrivée du Christ pour mettre
fin à tous leurs maux ; cette attente les exposera à écouter des séducteurs qui leur diront : Il
« est ici », ou : « Il est là », car il s’élèvera de faux christs et de faux prophètes qui
accompliront des signes et des prodiges (Apocalypse 13:14). Mais ils ne devront pas les
écouter. La venue du Fils de l’homme sera si soudaine que l’on n’aura pas le temps de se
prévenir mutuellement. Au reste, les apostats ne pourraient avertir les fidèles, car, comme le
corps mort d’Israël, ils seront l’objet du jugement à l’arrivée du Fils de l’homme, qui fondra
sur eux comme l’aigle fond sur un cadavre gisant à terre. C’est ce que veut dire le v. 28 : « Où
que soit le corps mort, là s’assembleront les aigles ».

Ces enseignements du Seigneur seront certainement appréciés par les disciples de ce temps-là,
c’est à eux qu’il pensait en les donnant, car il savait que ceux qui étaient présents avec lui ne
seraient pas sur la terre lors des persécutions. La parole de Dieu est complète, elle contient
tout ce qui est utile pour le présent et pour l’avenir. Tous, dans tous les temps, ont la
responsabilité d’en prendre connaissance et d’agir en conséquence.

25.4 - Chapitre 24 v. 20-31 — La venue du Fils de l’homme

114
La troisième partie de la réponse du Seigneur répond à la question : « Quel sera le signe de ta
venue ? » Il leur dit qu’après la tribulation des jours terribles dont il vient de parler, « le soleil
sera obscurci, et la lune ne donnera pas sa lumière, et les étoiles tomberont du ciel, et les
puissances des cieux seront ébranlées ». Dans le langage symbolique des Écritures, le soleil
représente l’autorité suprême confiée à l’homme, la lune et les étoiles, des autorités
subalternes. Dieu avait confié le pouvoir aux nations, dans la personne de Nébucadnetsar et de
ses successeurs, depuis qu’Israël avait perdu le privilège d’en être le centre sur la terre. Mais,
au lieu de dépendre de Dieu pour agir selon lui dans l’exercice de ce pouvoir et d’en faire une
lumière pour diriger les peuples, ceux qui étaient revêtus de cette dignité se sont détournés de
Dieu ; ils ont agi selon leurs propres pensées et se sont placés entre les mains de Satan, le
dominateur des ténèbres, de sorte qu’à la fin leur gouvernement est absolument ténébreux.

Puisque l’homme n’a pas su gouverner selon Dieu, le royaume et la domination universelle
passeront entre les mains du Fils de l’homme, comme nous le voyons en Daniel 7:26, 27.
C’est pourquoi, au moment où il va paraître, toutes les puissances terrestres sont présentées
comme ayant perdu leur caractère ; au lieu de répandre la lumière, elles sont plongées dans les
ténèbres, révoltées contre Dieu ; elles font la guerre aux saints. Elles sont comme un soleil
obscurci, une lune sans lumière, et les étoiles n’occupent plus la place qui leur avait été
donnée pour briller dans la nuit. Terrible état moral de ceux auxquels Dieu avait confié le
pouvoir !

Mais tout à coup, lorsqu’aucun de ceux qui font partie d’un monde sans Dieu ne s’y attend,
apparaît « le signe du Fils de l’homme » qui est le Fils de l’homme lui-même, venant sur les
nuées du ciel avec puissance et une grande gloire. Quelle délivrance pour les justes
pourchassés, et si horriblement persécutés ! Mais quel moment terrible pour ceux qui auront
reçu l’Antichrist, pour la génération qui s’était écriée : « Nous n’avons point d’autre roi que
César », et avait dit : « Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous ». « Toutes les tribus
de la terre se lamenteront ». Ils verront alors « celui qu’ils ont percé » (Apoc. 1:7). Ils voient
sur les nuées celui qu’ils ont méprisé ; mais venant avec puissance et une grande gloire, non
plus débonnaire et humble de cœur pour apporter le salut aux pécheurs ! Il vient en gloire, Roi
des rois et Seigneur des seigneurs, pour exécuter la colère divine sur ceux qui l’ont rejeté ; ils
ont eu le temps de se repentir, mais ne l’ont pas voulu et ont comblé la mesure de leur péché
en acceptant l’Antichrist et en persécutant ceux qui attendaient Jésus comme Roi. Combien
c’est chose grave, en tout temps, de mépriser Christ, le Fils de Dieu, le Sauveur du monde ! Il
arrive un moment où il n’y a aucune possibilité de repentance ; le jugement est alors la part de
tous.

À son arrivée, le Seigneur ne trouvera en Palestine que le résidu souffrant de l’ancien


royaume de Juda subissant cette terrible épreuve à cause de la responsabilité qu’il porte du
rejet de Christ ; mais tout Israël doit être ramené pour jouir du règne glorieux du Fils de
l’homme, savoir les dix tribus dispersées dans le monde et confondues avec les nations depuis
le temps de leur transportation en Assyrie. Le Fils de l’homme « enverra ses anges avec un
grand son de trompette ; et ils rassembleront ses élus des quatre vents, depuis l’un des bouts
du ciel jusqu’à l’autre bout ». La trompette représente le moyen par lequel Dieu fait entendre
sa voix pour rassembler son peuple (voir Nombres 10:1-8). La fête des trompettes (Lévitique
23:23-25 et Nombres 29:1-6) était justement un type de ce que Dieu accomplira à la venue du
Fils de l’homme en vue de rassembler son peuple pour jouir de la bénédiction millénaire.

Jésus a donc montré dans sa réponse les caractères du temps dans lequel les disciples Juifs
auront à rendre témoignage, entre son départ et son retour. Il a donné des enseignements

115
spéciaux pour les trois ans et demi de la fin, pendant lesquels l’idole serait établie dans le
temple à la place de Dieu, temps sans pareil dans l’histoire. Si les disciples n’avaient pas eu
ces instructions, en voulant rester fidèles en Judée, ils auraient pu être tous mis à mort, parce
qu’ils ne voulaient pas enfreindre la loi un jour de sabbat, pour prendre les précautions
recommandées par le Seigneur. Puis il montre quel sera le signe de sa venue, qui est lui-même
venant en gloire, et comment non seulement ceux qui seraient présents à cette venue jouiront
de son règne, mais comment tout Israël dispersé sur la face de la terre sera rassemblé par sa
voix puissante.

25.5 - Chapitre 24 — À quoi l’on connaîtra la proximité de la venue du Fils de


l’homme

Après tous les enseignements que Jésus vient de donner aux disciples sur sa venue et les
événements qui la précéderont, il leur présente, du verset 32 de notre chapitre au v. 30 du
chapitre suivant ce qui doit caractériser les fidèles et leur service dans l’intervalle qui s’écoule
entre son départ de ce monde et son retour, choses qui, par conséquent, nous concernent tous
aujourd’hui. Ces exhortations peuvent se diviser comme suit :

(v. 32-44) : exhortation à la vigilance pour attendre le retour du Seigneur.

(v. 45-51) : responsabilité de celui qui a reçu un service du Seigneur au milieu des siens, ce
qui a lieu dans l’Église tout particulièrement.

(chap. 25:1-13) : la parabole des dix vierges : il faut veiller pour manifester la lumière dans la
nuit de ce monde jusqu’au retour de Christ.

(v. 14-30) : dans la parabole des talents, l’usage à faire des biens que le Seigneur a confiés à
ses serviteurs.

(v. 31-35) — Lorsque les disciples verront s’accomplir les circonstances décrites jusqu’au
verset 31, ils sauront que la délivrance est proche, de même que lorsqu’on voit, au printemps,
pousser le figuier, on sait que l’été va arriver. En effet, le règne de Christ peut bien être
comparé à l’été pour le peuple juif, comme pour toute la création, après le long et affreux
hiver caractérisé par la méchanceté de l’homme et la maturité des conséquences du péché
sous toutes leurs formes. Aussi avec quels désirs et quelle vigilance les fidèles ne devront-ils
pas attendre le lever du « Soleil de Justice » (Malachie 4:2), qui introduira le « matin sans
nuages » dont parle David dans ses dernières paroles ! (2 Samuel 23:4). La génération
incrédule des Juifs ne passera pas, ne changera pas dans son caractère d’inimitié et
d’opposition à Christ, jusqu’au moment où ces choses s’accompliront, mais il y a une autre
chose qui ne passera pas : les paroles prononcées par Jésus. On peut le mépriser, le
méconnaître, le rejeter même après son départ, ce que l’on fait encore aujourd’hui plus que
jamais autour de nous ; mais aucune des paroles que Jésus a adressées à ses disciples, comme
aucune de celles des autres Écritures, ne passeront, tandis que le ciel et la terre passeront,
malgré leur apparente stabilité.

Quelle sécurité cela donne de posséder cette Parole et de la croire ! Non seulement nous avons
trouvé en elle le pardon et la paix ; mais, par elle, nous savons à quoi nous en sommes au
milieu de la nuit morale dans laquelle gît le monde ; la parole prophétique est comme une

116
« lampe qui brille dans un lieu obscur, jusqu’à ce que le jour ait commencé à luire » (2 Pierre
1:19). Elle nous éclaire pour le temps actuel ; elle nous renseigne exactement sur l’avenir.
Tout ce qu’elle dit à l’égard de ce monde s’accomplira à la lettre, de même que toutes les
bénédictions qu’elle présente à la foi et la réalité de ce qu’elle annonce, pour le bonheur des
uns comme pour le malheur des autres, dépassera infiniment ce que notre conception
humaine, si limitée, est capable de saisir.

Nous ne pouvons trop recommander à nos lecteurs de demeurer fermement attachés à la


parole de Dieu et absolument assurés de sa divine inspiration. Elle est la seule manière dont
Dieu fait connaître la vérité à l’égard de toutes choses, ses pensées de grâce à l’intention de
tous les hommes, et les jugements qu’ils s’attireront s’ils méprisent le salut qu’elle leur offre.
Aujourd’hui Satan a mis tout en œuvre pour infirmer ou nier cette parole divine et la
remplacer par les explications de la raison humaine, de l’homme dont la vie est une vapeur
qui paraît pour un peu de temps et disparaît (Jacques 4:14), dont le prophète dit « Finissez-en
avec l’homme, dont le souffle est dans ses narines, car quel cas doit-on faire de lui ? » (Ésaïe
2:22). Car cet homme orgueilleux, qui se sert de la haute intelligence dont Dieu l’a doué pour
mettre de côté la Parole de son Créateur, doit cependant descendre dans la poussière dont son
corps a été tiré, lorsque Dieu dit : « Retournez, fils des hommes » (Psaume 90:3). Nul n’a pu
résister à cet ordre terrifiant, malgré les angoisses qu’il suscite ; ni la forte santé, ni les
fortunes mises à la disposition des facultés de médecine, n’ont pu soustraire l’homme à
l’obligation d’obéir à cette injonction redoutable, et : Après la mort suit le jugement. Tel est le
sort de celui qui raisonne avec Dieu, qui décide que sa Parole n’a aucune valeur en présence
des progrès actuels de la science. Celle-ci veut tout juger à sa propre lumière, mais cette
lumière n’est que ténèbres quant à la révélation de Dieu. Mieux vaudrait ignorer tout ce que
les diverses sciences présentent d’intéressant à l’intelligence humaine, que de s’en servir pour
juger Dieu et sa Parole et perdre son âme pour l’éternité.

25.6 - Chapitre 24 v. 36-44 — Exhortations à la vigilance

Si le retour glorieux de Christ est un fait certain dont plusieurs événements indiquent
l’approche, le jour et l’heure en sont inconnus à tous, sauf à Dieu le Père. C’est à dessein que
Dieu nous laisse dans l’ignorance à cet égard, afin que ceux qui attendent cet événement
glorieux demeurent constamment dans la vigilance. Si on ne veille pas, on s’endort.
S’endormir spirituellement, c’est faire comme le monde que le jour surprendra comme un
voleur, et c’est priver le Seigneur du témoignage qui lui est dû.

Dans l’intervalle qui nous occupe, c’est-à-dire dans le temps actuel, les hommes, tout en ayant
la vérité entre les mains, ne se préoccupent point du fait que Christ a été rejeté, lorsqu’il vint
en grâce, et qu’il doit revenir en jugement ; aussi le Seigneur les compare aux contemporains
du déluge, qui, par la prédication de Noé durant la construction de l’arche, avaient aussi eu
connaissance des jugements qui allaient fondre sur eux. Au lieu de se repentir, ils n’avaient
d’autre préoccupation que de manger, boire, se marier et donner en mariage. Malgré les
avertissements de Noé, ils ne connurent « rien, jusqu’à ce que le déluge vint et les emporta
tous ». Remarquez ces paroles. Le seul moyen de connaître ce que l’on ne voit pas, c’est de
croire ; c’est d’avoir la foi. Or ce n’est que par la foi que l’on est sauvé. Tous ceux qui auront
attendu de voir pour croire, durant le jour de la grâce seront perdus. On a beau expliquer la
parole de Dieu clairement ; ils ne connaissent rien, tant qu’ils ne croient pas. Mais le jour
arrivera où ils verront ; alors ils connaîtront. Qu’est-ce que les hommes du temps de Noé

117
connurent ce jour-là ? Le déluge qui les emporta tous. Il en sera de même au jour du Fils de
l’homme, car si la génération juive n’a pas changé depuis que Jésus était sur la terre, le cœur
de l’homme n’a pas changé depuis la chute.

Il est à remarquer que Jésus ne rappelle pas les péchés grossiers qui caractérisaient le monde
antédiluvien, pour montrer l’indifférence des hommes à l’égard des jugements à venir, il ne
parle que de faits absolument naturels et légitimes : manger, boire, se marier et donner en
mariage, choses qui peuvent s’accomplir sans culpabilité ; mais qui étaient l’unique
préoccupation des hommes, malgré les avertissements de Dieu par Noé. C’était dire à Dieu :
« Nous ne tenons aucun compte de ce que tu nous dis, nous voulons, au contraire, continuer à
bien vivre et à perpétuer notre race ». Quelle indifférence à l’égard des avertissements de
Dieu pour jouir à son aise de ce monde et vivre comme si tout allait bien ! N’en est-il pas de
même aujourd’hui ? Le monde est de nouveau à la veille des jugements, jugements annoncés,
non pas cent vingt ans à l’avance comme aux jours de Noé, mais prononcés depuis dix-neuf
cents ans. On mange, on boit mieux que jamais ; on s’égaie, on s’amuse, on s’organise
comme si tout devait durer ; on bâtit des édifices somptueux, d’une solidité qui permet,
assure-t-on, de résister aux tremblements de terre, et, si l’on parle de la venue du Seigneur, la
voix des moqueurs s’élève de toutes parts, disant : « Où est la promesse de sa venue ? car,
depuis que les pères se sont endormis, toutes choses demeurent au même état dès le
commencement de la création » (2 Pierre 3:4-7). Comme aux jours de Noé, « ils ignorent
volontairement ». Hélas ! le jour s’approche où ils connaîtront tout. Ils verront de loin la grâce
méprisée, et les jugements dont ils se seront moqués les atteindront pour l’éternité.

Jusqu’au moment où le Fils de l’homme viendra, le train de ce monde continuera comme


aujourd’hui. L’enlèvement des saints, les préliminaires des jugements qui suivront, n’auront
pas changé les pensées des hommes ; au contraire, ils se croiront entrés dans un état de
stabilité assurée, fruit de leur propre puissance et de celle de Satan ; ils diront : « paix et
sûreté », lorsqu’une ruine subite tombera sur eux et ils n’échapperont point.

Les Juifs, réintroduits en Palestine, jouiront, pour un moment, des heureux effets de leur
retour, puisqu’ils ne seront plus disséminés parmi les nations. Les hommes, les femmes
vaqueront à leurs occupations respectives, aux champs, au moulin. Mais voici que de deux
hommes qui pourront être occupés au même travail, l’un, ayant cru que le Roi qui avait été
rejeté autrefois allait revenir, l’attendra, et l’autre, ne croyant rien de cela, suivra le grand
nombre des apostats, ce qui sera plus commode. Soudain, comme un éclair, apparaît le Fils de
l’homme, et le pauvre malheureux, indifférent et incrédule, est emporté pour subir « le
châtiment d’une destruction éternelle de devant la présence du Seigneur et de devant la gloire
de sa force » (2 Thessaloniciens 1:7-10). L’autre est laissé pour jouir du règne glorieux que le
Fils de l’homme établira en ôtant tout d’abord les méchants de son royaume.

Contrairement à ce qui aura lieu à l’enlèvement de l’Église, celui qui est pris, est pris par le
jugement, et celui qui est laissé est laissé pour le règne. Si le Seigneur venait aujourd’hui, de
deux hommes au même travail, celui qui serait pris irait au ciel avec le Seigneur, et celui qui
serait laissé le serait pour subir les jugements que le Seigneur exécutera lorsqu’il reviendra
avec tous ceux qui auront été à sa rencontre en l’air, ceux qu’Il a alors ressuscités et
transmués (1 Tim. 4:16, 17).

De tous ces enseignements du Seigneur résulte cette conséquence qu’il faut être prêt et veiller
continuellement, puisque le serviteur ne sait pas quand son Seigneur vient. C’est l’attitude qui
doit caractériser le croyant, aujourd’hui comme alors, et qui implique le dévouement,

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l’affection et l’obéissance dus à celui que l’on attend. Il faut s’acquitter de ce devoir avec
l’intérêt que porte un maître de maison à veiller dans la nuit à ce que les voleurs ne pénètrent
pas chez lui (v. 43). Il faut veiller comme le serviteur qui attend son maître, et comme le
maître lui-même, avec l’intention bien arrêtée de ne pas se voir ravir ce que l’on possède, tout
en ignorant l’arrivée d’un voleur, ce qui exige une vigilance constante. Sous quelque caractère
que l’on considère celui qui attend, on doit être prêt.

Tous nos lecteurs sont-ils prêts ? Pour être prêt comme serviteur, il faut être prêt comme
pécheur. Pour cela, il faut être lavé de ses péchés, ce qui a lieu par la foi au sacrifice de Christ
sur la croix. Tout a été fait pour cela ; il n’y a qu’à l’accepter, et alors on peut veiller avec
l’ardent désir de voir arriver celui qui mourut sur la croix, afin de nous rendre propres pour
entrer avec lui dans la maison du Père.

25.7 - Chapitre 24 v. 45-51 — L’esclave établi sur les domestiques de la maison

Dans ces versets, le Seigneur montre un caractère spécial du service à accomplir dans l’attente
de son retour : celui au milieu des « domestiques de sa maison », auxquels l’esclave doit
donner la nourriture au temps convenable. C’est le ministère de la Parole au milieu des
chrétiens, Parole qui est la nourriture spirituelle des gens de la maison du Maître. Il incombe à
qui a reçu ce service de s’en acquitter avec fidélité, en pensant toujours au moment où son
Seigneur viendra. Il est dit : « Bienheureux est cet esclave-là que son maître, lorsqu’il viendra,
trouvera faisant ainsi. En vérité, je vous dis qu’il l’établira sur tous ses biens ». Si l’on veut
être trouvé fidèle lorsque le Seigneur viendra, il faut l’être chaque jour. Les conséquences de
la fidélité sont infinies ; celui qui aura agi fidèlement dans son service à l’égard des
domestiques de la maison du Seigneur, sera établi sur tous ses biens au jour du règne glorieux
du Seigneur.

Si l’esclave perd de vue le retour de son maître et qu’il dise en son cœur : « Mon maître tarde
à venir », il agira en opposition absolue à la pensée du Seigneur. Au lieu de donner la
nourriture à ses compagnons de service, il les battra ; il usera de sa position au milieu d’eux
pour les faire souffrir, et lui-même s’alliera avec ceux qui jouissent immodérément de ce
monde et avec les ivrognes. Il trouvera sa satisfaction dans leur société, en ne pensant plus du
tout au retour de son Maître. « Le maître de cet esclave-là viendra en un jour qu’il n’attend
pas, et à une heure qu’il ne sait pas, et il le coupera en deux et lui donnera sa part avec les
hypocrites : là seront les pleurs et les grincements de dents ». Solennel avertissement pour
tous ceux que le Seigneur a doués pour prendre soin des siens pendant son absence ! Pour être
gardés dans l’accomplissement fidèle de son service, attendons constamment le retour du
Seigneur, afin qu’il nous trouve tels qu’il le désire lorsqu’il viendra. Pour l’attendre, il faut
l’aimer, être occupé de lui, jouir de sa grâce et de toutes les richesses de sa personne.

Le serviteur coupé en deux et jeté dans le malheur éternel, traité comme un hypocrite, parce
qu’il a voulu paraître ce qu’il n’était pas, représente ceux qui ont pris eux-mêmes cette place
dans la maison de Dieu, sans avoir la vie de Dieu ; leur cœur n’est pas attaché à celui qu’ils
font profession de servir. Ils n’ont d’amour ni pour lui, ni pour les siens. Ils ne sont là que
pour jouir des avantages charnels qu’ils retirent de la position qu’ils occupent en exerçant une
tyrannie devenue abominable, comme on l’a vu surtout dans l’Église romaine. Leur châtiment
est terrible. Bien que le Seigneur ne leur ait pas confié de charge, il les jugera d’après la
position qu’ils auront prise eux-mêmes.

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Chacun doit veiller pour lutter contre les principes qui peuvent faire agir de cette façon, si le
cœur n’est pas attiré par la pensée continuelle du retour du Maître.

26 - Chapitre 25
26.1 - Chapitre 25 v. 1-13 — Parabole des dix vierges

Voici une parabole du royaume des cieux, de cet état de choses qui existe pendant le temps où
le roi est rejeté, mais où un témoignage lui est rendu par ceux qui l’ont reçu et le connaissent.
Le Seigneur présente ici une des formes de ce royaume (*). Il le compare à dix vierges sorties
à la rencontre de l’époux. Cette rencontre, dans les noces, telles qu’elles se célèbrent encore
en Orient, a lieu la nuit, moment de l’arrivée de l’époux. Il faut donc lui donner de la lumière
pour lui permettre d’entrer dans la salle des noces. C’est à ce service que sont appelées les
vierges. Seul il leur accorde le privilège d’entrer avec l’époux aux noces.

(*) Nous en avons vu plusieurs autres formes au chapitre 13.

Ces dix vierges, ayant pris leurs lampes, « sortirent à la rencontre de l’époux ». Elles
représentent tous ceux qui ont reçu l’Évangile depuis que le Seigneur l’a fait proclamer en
tous lieux, et qui, dès lors, ont fait profession de christianisme. L’Évangile ayant été prêché
aux Juifs et aux Gentils, tous ceux qui l’acceptèrent sortirent du judaïsme et du paganisme
qu’ils avaient pratiqués comme religion ; ils sortirent pour attendre le Seigneur. Le
christianisme vital, tel qu’il se réalisait aux premiers temps de l’Église, se caractérisait par
l’attente vivante du retour de Christ. On racontait comment les Thessaloniciens s’étaient
« tournés des idoles vers Dieu, pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux
son Fils » (1 Thessaloniciens 1:9). Mais de bonne heure il entra dans ce témoignage public
des personnes professant le christianisme comme religion, mais sans la vie, sans la puissance
de l’Esprit qui fait briller la vie de Dieu, comme l’huile qui fait brûler la lampe. Elles sont
représentées par les cinq vierges folles. En effet, quelle folie que de s’engager à éclairer, peut-
être toute une nuit — car on ne savait à quelle heure l’époux venait — sans prendre avec soi
l’huile nécessaire pour alimenter sa lampe (*). Les vierges prudentes avaient pris de l’huile
dans leurs vases, car elles se rendaient bien compte de leur service. Elles représentent donc
ceux qui, dans la chrétienté, ont la vie de Dieu, dont l’Esprit fait briller les caractères dans la
nuit morale où le monde se trouve jusqu’au retour de Christ.

(*) Les lampes antiques se composaient d’un récipient fermé, muni d’une poignée. Le
couvercle était percé de deux trous, l’un qui contenait la mèche, l’autre servant à verser l’huile
à l’intérieur. Si l’on utilisait ces lampes en plein air ou dans de grandes pièces, on les portait
au bout d’une longue tige de bois.

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Hélas ! « comme l’époux tardait, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent ». Les croyants,
aussi bien que les non-croyants, ont perdu de vue la pensée du retour de Christ. L’influence
endormante de la nuit a produit ses effets sur les uns comme sur les autres, car il faut une
énergie constante pour ne pas s’endormir, parce que ce n’est pas naturel d’être éveillé pendant
la nuit. Il faut pour cela qu’un objet captive le cœur. Or si cet objet n’est pas Christ, le
chrétien s’endort vite ; il suit le courant de ce monde, ce qui est naturel à la chair.

« Mais au milieu de la nuit il se fit un cri : Voici l’époux ; sortez à sa rencontre ». De nouveau
il faut sortir, non plus du judaïsme et du paganisme comme au commencement, mais de l’état
de sommeil dans lequel la chrétienté tout entière était tombée, faute de vigilance. Un réveil se
produit ; c’est ce qui eut lieu dans la première moitié du siècle passé, lorsqu’on retrouva dans
la Parole la vérité concernant la venue du Seigneur ; toutes les vierges pour ainsi dire se
levèrent et apprêtèrent leurs lampes, mais les lampes de celles qui n’avaient pas d’huile avec
elles s’éteignirent bientôt, car à quoi bon ranimer une mèche sans huile pour l’alimenter ? On
a beau vouloir réformer une religion sans vie ; elle ne produit pas de lumière pour le Seigneur,
l’huile manque. Les fruits d’une nature religieuse ne sont pas les produits du Saint Esprit et ne
peuvent se soutenir. « Les folles dirent aux prudentes : Donnez-nous de votre huile, car nos
lampes s’éteignent ». Les vierges prudentes ne pouvaient qu’envoyer leurs compagnes à la
source, « vers ceux qui en vendent ». Le croyant possède la vie et le Saint Esprit pour lui-
même ; mais il ne peut les communiquer à d’autres. « Or, comme elles s’en allaient pour en
acheter, l’époux vint ; et celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui aux noces ». Elles avaient
accompli le service pour lequel elles avaient été appelées ; leur place était avec l’époux dans
la salle des noces. « Et la porte fut fermée ». Quelle chose terrible que la porte fermée, cette
porte que personne ne peut ouvrir, et qui sépare ceux qui sont dans l’allégresse et la lumière
de ceux qui sont dans les ténèbres et les pleurs ! Cela rappelle cette porte que Dieu lui-même
ferma sur un monde impie qui allait être englouti par les eaux (Genèse 7:16). Les autres
vierges, viennent, disant : « Seigneur, Seigneur, ouvre-nous ! Mais lui, répondant, dit : En
vérité, je vous dis : je ne vous connais pas ». Réponse terrifiante ! L’Époux avait besoin de
ces vierges pour lui donner de la lumière au moment de son arrivée ; elles ne se trouvaient pas
là ; aussi ne savait-il que faire d’elles dans la salle des noces. « Veillez donc, car vous ne
savez ni le jour ni l’heure ».

Cher lecteur, qui pourriez n’être pas prêt, ne jouez pas avec le temps. Nous connaissons celui
qui est derrière nous, mais non pas celui qui est devant. Ce temps de la grâce est limité ; nous
touchons à son terme. Le cri : « Voici l’époux » s’est fait entendre il y a plus de cent ans déjà,
lorsque la vérité relative au retour de Christ fut retrouvée et proclamée dans toute la
chrétienté. Ce cri ne précède que d’un instant l’arrivée de l’Époux. On alléguera que ce retour
n’est pas imminent. Mais, au contraire, il s’est rapproché de nous d’une centaine d’années. Du
reste n’oublions pas « qu’un jour est devant le Seigneur comme mille ans, et mille ans comme
un jour » (2 Pierre 3:8). Il ne nous appartient pas de discuter sur le temps avec Dieu, car le
temps appartient à lui seul. Le Seigneur appelle insensé celui qui décidait du temps pendant
lequel il pourrait faire bonne chère et se réjouir (Luc 12:19). On frémit à la pensée que tant de
personnes, et même des enfants de chrétiens, pourront se trouver dans le cortège des vierges
folles, puisqu’elles n’auront ni la vie, ni le Saint Esprit, et ne manifesteront aucune lumière
pour le prochain retour de Christ. C’est pour cela que nous répétons qu’il faut posséder ces
choses aujourd’hui pour être sûr de les avoir plus tard. Si vous croyez qu’il y a encore du
temps jusque-là, puisqu’il s’en est déjà tant écoulé, rejetez cette pensée qui en a entraîné un si
grand nombre dans l’abîme. Puisque ce jour peut être aujourd’hui, c’est aujourd’hui qu’il faut
accepter le salut, car demain vous pourriez bien crier, avec vos compagnons d’infortune,
derrière la porte fermée : « Seigneur, Seigneur, ouvre-nous », et recevoir pour toute réponse

121
cette parole solennelle : « je ne vous connais pas ». Le Seigneur pourrait vous dire aussi : « Je
vous ai appelé tant et tant de fois ; je vous ai fait dire que le temps était court, que j’allais
venir ; vous avez laissé écouler ce temps précieux, préférant jouir du monde et des choses qui
sont dans le monde, maintenant il est trop tard, trop tard ». Même si quelqu’un connaissait le
jour de sa mort, ou le jour de la venue du Seigneur, nul n’oserait garantir qu’il en profiterait
pour se convertir. Vous connaissez peut-être l’histoire d’un jeune homme averti dans un
songe que, dans un an et un jour, il descendrait en enfer. Un avertissement pareil aurait dû le
décider pour Christ et produisit en lui, sur le moment, une profonde impression. Mais le
monde reprit le dessus et, un an et un jour après son rêve, il disparaissait dans l’abîme, chargé
de tous ses péchés :

« Hâte-toi, le temps passe

Et ne reviendra plus.

Aujourd’hui, jour de grâce,

Viens à Jésus ».

« Veillez donc ; car vous ne savez ni le jour ni l’heure ». C’est ainsi que le Seigneur lui-même
termine cette solennelle parabole des dix vierges. Dieu veuille qu’elle ne soit présentée en
vain à aucun de nos lecteurs !

26.2 - Chapitre 25 v. 14-30 — Parabole des talents

« Car c’est comme un homme qui, s’en allant hors du pays, appela ses propres esclaves et leur
remit ses biens ». Cet homme, c’est Christ venu dans ce monde, chez les siens ; il ne fut pas
reçu, et dut s’en aller pour un temps. Nous savons où il se trouve maintenant. « Ses biens »
sont ceux qui dépendent de sa venue ici-bas et de son œuvre à la croix. Il les confie à chacun
selon sa sagesse pour qu’on les fasse valoir pendant son absence et qu’il en retire le profit à
son retour. Nous avons donc ici un autre côté de la conduite et de la responsabilité de ceux qui
attendent le Seigneur. Au chapitre 24, nous voyons le service de l’esclave qui a pour tâche de
nourrir ceux qui habitent la maison avec lui. La parabole des vierges parle de la lumière de la
vie divine qui doit briller en vue du retour de Christ. Ici ce sont les biens que la grâce nous a
apportés et qu’il faut mettre en valeur dans ce monde pour le compte du Seigneur.

À l’un il donne cinq talents, à un autre deux, et à un troisième un. À son retour, longtemps
après, comme les esclaves avaient eu le temps de trafiquer, le maître régla compte avec eux.
Les deux premiers avaient doublé les sommes qui leur avaient été confiées. Aussi le maître dit
à chacun d’eux : « Bien, bon et fidèle esclave ; tu as été fidèle en peu de chose, je t’établirai
sur beaucoup : entre dans la joie de ton maître ». Avec Dieu, les récompenses dépassent
infiniment les services rendus. Dieu agit toujours en grâce, quoiqu’il récompense le travail fait
pour lui. « Je t’établirai sur beaucoup », c’est une participation bien précieuse à la domination
du Seigneur, ainsi qu’à sa joie. Ces esclaves avaient joui de son amour, de sa communion
dans le temps du labeur ; la connaissance de sa personne leur avait fourni l’énergie nécessaire
pour le servir fidèlement, en sorte que leur part heureuse n’est pas seulement d’être établis sur

122
beaucoup, mais d’entrer dans la joie de celui qui jouira aussi, d’une manière infinie, du fruit
du travail de son âme.

Quelle différence lorsque le maître en vient à celui qui n’avait reçu qu’un talent ! Il n’en avait
rien fait, il l’avait caché dans la terre ; il s’était montré paresseux parce qu’il ne connaissait
pas le caractère de son maître, quoiqu’il dise : « Je te connaissais, que tu es un homme dur,
moissonnant où tu n’as pas semé et recueillant où tu n’as pas répandu ; et, craignant, je m’en
suis allé et j’ai caché ton talent dans la terre ; voici, tu as ce qui est à toi ». On ne saurait
trouver une appréciation plus opposée à la vérité quant au caractère du Seigneur, ce maître qui
a vécu dans la pauvreté afin de nous enrichir (2 Corinthiens 8:9), celui duquel « nous tous
nous avons reçu, et grâce sur grâce » (Jean 1:16), le Fils de l’homme qui « n’est pas venu pour
être servi, mais pour servir et pour donner sa vie en rançon pour plusieurs » (Matthieu 20:28),
le Fils du Père, « débonnaire et humble de cœur » (Matthieu 11:29). S’il avait vraiment cru
avoir affaire avec un maître tel qu’il prétendait le connaître, il aurait dû travailler
énergiquement pour le satisfaire. Seule la connaissance de la grâce dont le Seigneur Jésus a
été l’expression ici-bas, peut donner l’énergie de travailler avec zèle et intelligence au service
du maître. Malgré tous ces biens que le Seigneur a laissés dans ce monde pour son service,
personne ne peut les employer pour lui, s’il ne possède une connaissance vitale de lui-même.
Sans cela le talent est caché dans la terre. Si l’on connaît Christ, son amour remplit le cœur ; il
donne le zèle et l’intelligence nécessaires pour travailler pour lui ; si cet amour manque, rien
ne peut se réaliser, et l’on se fait de Dieu une fausse idée, car on ne peut connaître Dieu que
par Christ ; lui seul l’a révélé dans son amour infini. Sans cette connaissance, on ne peut
avoir, vis-à-vis de Dieu, que la méfiance introduite par Satan dans le cœur de l’homme à la
chute, lorsqu’il lui fit croire que Dieu ne lui avait pas donné tout le bonheur possible,
puisqu’il le privait du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. L’homme crut
Satan et il eut dès lors une fausse idée de Dieu ; puis sa conscience lui reprochant ses fautes,
au lieu de l’amener à s’humilier devant Dieu, le fit accuser Dieu d’être la cause de son
malheur. Dans son amour infini, Dieu a voulu montrer à l’homme qu’il était au contraire la
seule cause possible de son bonheur. Il est venu ici-bas dans la personne de son Fils unique
apporter le pardon et la paix. Mais pour le connaître ainsi, il faut accepter Christ ; car, si
Christ est rejeté, Dieu l’est aussi, et l’homme reste dans son état de péché pour l’éternité.

Le maître dit de l’esclave paresseux : « Ôtez-lui donc le talent, et donnez-le à celui qui a les
dix talents ; car à chacun qui a il sera donné, et il sera dans l’abondance ; mais à celui qui n’a
pas, cela même qu’il a lui sera ôté. Et jetez l’esclave inutile dans les ténèbres de dehors : là
seront les pleurs et les grincements de dents ». C’est comme « inutile » que l’esclave
paresseux est condamné. Il n’y a de vraie utilité dans ce monde que dans ce qui est fait pour
Christ. De toute l’activité humaine, si belle et si productive qu’elle puisse être ou paraître ici-
bas, rien ne subsistera dans l’éternité que ce qui aura été fait pour Christ et dans la
connaissance vitale de sa personne ; car on ne peut avoir Christ pour objet que si on a Christ
pour la vie.

Le fait que le talent a été ôté à cet homme et donné à celui qui en avait déjà dix, place devant
nous ce principe que celui qui est fidèle reçoit toujours davantage. Plus on grandit en
connaissance et en obéissance à Dieu, plus on reçoit de bénédiction, et cette bénédiction est
une part éternelle dans la présence du Seigneur. Tous les bienfaits du christianisme dont le
monde religieux s’est paré et se vante, en contraste avec les nations encore plongées dans
l’idolâtrie, lui seront ôtés un jour, lorsque ceux qui auront connu et servi le Seigneur entreront
dans sa joie et recevront une abondante et éternelle bénédiction.

123
Puissions-nous tous, jeunes et vieux, connaître toujours mieux Christ, afin d’acquérir, par
cette connaissance, la capacité d’accomplir pour lui un service dont les résultats seront
éternels. Choisissons, comme Marie, la bonne part qui ne peut être ôtée, ni ici-bas, ni dans
l’éternité ! (Luc 10:42).

26.3 - Chapitre 25 v. 31 à 41 — Le trône du Fils de l’homme

Lorsque le Fils de l’homme sera venu pour délivrer le résidu juif des terribles persécutions
mentionnées au chap. 24, il s’assiéra sur son trône pour juger les nations auxquelles
l’Évangile du royaume a été proclamé (voir 24:14). Cet Évangile invitera les hommes à
craindre Dieu et à lui donner gloire (Apocalypse 14:6, 7), en leur annonçant que le roi qu’il
faut reconnaître est le Seigneur qui viendra du ciel, et non les souverains impies et puissants
qui s’élèveront alors sur la terre grâce à la puissance de Satan.

« Or, quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il
s’assiéra sur le trône de sa gloire, et toutes les nations seront assemblées devant lui ». C’est de
ce fait probablement que parle Joël 3:2 et 12. Outre les nations assemblées devant lui, une
autre classe de personnes se présente aussi, ceux que le Seigneur appelle les petits « qui sont
mes frères » (v. 40 et 45), à savoir les messagers qui ont annoncé l’Évangile du royaume aux
nations qui n’auront pas entendu l’Évangile de la grâce dans le temps actuel.

Le Fils de l’homme est comparé à un berger qui sépare les brebis d’avec les chèvres. Il met
les brebis à sa droite et les chèvres à sa gauche. Il connaît ses brebis ; elles ont pris ce
caractère parce qu’elles ont écouté et reçu les messagers que le roi leur a envoyés. Elles se
distinguent des chèvres en ce qu’elles ont accueilli ceux qui, au travers de beaucoup de
privations, de douleurs et de persécutions, leur ont apporté l’Évangile du royaume, service
que le Seigneur considère comme rendu à lui-même ; il le dit aux douze, lorsqu’il les envoie
annoncer ce même Évangile (10:40, 42). « Celui qui vous reçoit, me reçoit ; et celui qui me
reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé… Et quiconque aura donné à boire seulement une coupe
d’eau froide à l’un de ces petits, en qualité de disciple, en vérité, je vous dis, il ne perdra point
sa récompense ». Le Seigneur tient compte de tout ce qui est fait à un des siens, en bien ou en
mal, comme si c’était fait à lui-même. C’est pourquoi il dit à Saul, lorsqu’il l’arrêta sur le
chemin de Damas : « Pourquoi me persécutes-tu ? » Saul ne savait pas qu’il persécutait le
Seigneur dans la gloire, en persécutant ceux qui croyaient en lui. Il en va toujours de même
aujourd’hui à cause de l’union qui existe entre Christ et les croyants, puisque chaque croyant
est membre du corps de Christ. Nous devons donc porter à chacun d’eux la bienveillance, le
respect, la considération, l’amour qui sont dus au Seigneur ; car nous aussi, nous aurons à
paraître devant lui, mais pas en même temps que les nations. Voir 2 Corinthiens 5:9, 10 :
« C’est pourquoi aussi, que nous soyons présents ou que nous soyons absents, nous nous
appliquons avec ardeur à lui être agréables ; car il faut que nous soyons tous manifestés
devant le tribunal du Christ, afin que chacun reçoive les choses accomplies dans le corps,
selon ce qu’il aura fait, soit bien, soit mal ».

À ceux qui sont à sa droite, le roi dira : « Venez, les bénis de mon Père, héritez du royaume
qui vous est préparé dès la fondation du monde », bénédiction précieuse, faveur qui accorde la
jouissance du royaume du Fils de l’homme ; ils y trouveront un bonheur parfait sur cette terre,
où règneront la justice et la paix après tant de souffrances. Mais ces privilèges font ressortir la
supériorité de ceux que possèdent déjà, par la foi, les croyants d’aujourd’hui ; ils font partie

124
de l’Église, qui participera à ce beau règne comme épouse du Roi, et non comme sujette de ce
royaume. Les croyants actuels non seulement sont bénis du Père, mais sont enfants de Dieu.
Le Seigneur Jésus les a identifiés avec lui dans la position qu’il occupe actuellement comme
homme ressuscité et glorifié, ainsi qu’il l’annonce aux disciples le jour de sa résurrection en
Jean 20:17. Actuellement nos bénédictions sont spirituelles et célestes en Christ, préparées
avant la fondation du monde (Éphésiens 1:3, 4), tandis que le royaume qui sera la part du
peuple béni sur la terre est préparé dès la fondation du monde, et il prendra fin après
l’accomplissement des mille ans (Apocalypse 20:6, 7). Cependant tous les croyants qui
participeront au règne de Christ sur la terre se trouveront aussi sur la nouvelle terre que nous
attendons tous, et cela pour l’éternité, lorsque la terre et les cieux actuels auront passé (2
Pierre 3:13, Apocalypse 21:1).

Le Roi rappelle à ceux qui sont à sa droite ce qu’ils ont fait pour lui : « Car j’ai eu faim, et
vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger, et
vous m’avez recueilli ; j’étais nu, et vous m’avez vêtu ; j’étais infirme, et vous m’avez visité ;
j’étais en prison, et vous êtes venus auprès de moi ». Tout ceci fait comprendre par quelles
circonstances pénibles ces envoyés du Seigneur auront à passer pour porter l’Évangile aux
nations, dans un temps de ténèbres où tous seront ligués pour s’opposer au règne de Christ.
Mais, du haut de sa demeure glorieuse, le Seigneur veillera sur eux et appréciera tout ce qui se
fera pour chacun de ceux qu’il appelle « ses frères » ; dans son jour les conséquences de la
conduite de chacun seront manifestées : les justes entrent dans la bénédiction qui leur avait été
annoncée.

Aucun des justes ne croit avoir rendu de tels services au Roi. Ils ne l’avaient pas fait en vue
d’une récompense ; ils n’avaient pas pensé à la portée de leurs actes envers les frères du Roi.
Mais le Seigneur, dans sa bonté, tient compte de tout ce qui est fait pour lui, accompli souvent
sans éclat devant le monde, dans l’obscurité, service méprisé par les hommes, mais apprécié
par Dieu qui discerne les motifs qui font agir et sont le fruit de l’amour pour lui, sans que
celui qui agit s’en rende compte. Au jour où tout sera manifesté, il montrera ce qui a eu du
prix pour son cœur. Nos services qui en auront eu le plus pour Christ seront, sans doute, ceux
dont la valeur nous aura le moins préoccupés, mais qui auront été le fruit naturel de
l’attachement à Christ, réalisé dans toute notre vie, dans les plus petits détails, comme aussi
par les soins prodigués aux enfants de Dieu dans les circonstances difficiles que tous ont à
traverser ici-bas, en un mot : tout ce qui aura été fait pour son nom.

À ceux qui sont à sa gauche, le Roi dira : « Allez-vous-en loin de moi, maudits, dans le feu
éternel qui est préparé pour le diable et ses anges ; car j’ai eu faim, et vous ne m’avez pas
donné à manger ; j’ai eu soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ; j’étais étranger, et vous ne
m’avez pas recueilli ; nu, et vous ne m’avez pas vêtu ; infirme et en prison, et vous ne m’avez
pas visité ». Eux non plus ne savent pas quand ils ont eu l’occasion de faire toutes ces choses
au Roi. Cette occasion, ils l’ont perdue pour toujours ; en méprisant les envoyés du Roi, ils
l’ont méprisé lui-même.

Aujourd’hui, comme alors, il n’y a rien d’attrayant pour le cœur naturel dans la présentation
de l’Évangile. Le monde et ses avantages présents font mettre de côté la bonne nouvelle du
salut et ceux qui l’annoncent. Mais le jour du Seigneur s’approche où tout sera manifesté dans
la lumière, et alors, nombreux seront ceux qui voudraient avoir agi autrement, car, dans ce
jour-là, que donneront les plaisirs et les avantages mondains ? Quelle sera la valeur des
raisonnements de l’esprit humain qui auront paru plus sages que la parole de Dieu ? Il sera
trop tard pour revenir en arrière ; le temps sera passé ; on aura beau n’être plus incrédule,

125
constater que toute sa sagesse était folie : le repentir est inutile au jour du jugement. Pour tous,
comme pour ceux qui seront à la gauche du roi, il sera dit : « Allez-vous-en loin de moi,
maudits, dans le feu éternel qui est préparé pour le diable et ses anges ». Toute protestation
sera inutile ; il fallait profiter, en son temps, de l’occasion fournie par la prédication de
l’Évangile. Que ce soit l’évangile de la grâce, comme aujourd’hui, ou l’évangile du royaume,
comme alors, il faut le recevoir lorsqu’il est présenté. « Aujourd’hui, si vous entendez sa voix,
n’endurcissez pas vos cœurs » (Hébreux 3:7). Cette scène de jugement se termine par ces
mots : « Et ceux-ci s’en iront dans les tourments éternels, et les justes, dans la vie éternelle »
Déclaration solennelle pour les condamnés, et réponse simple et claire à ceux qui nient les
peines éternelles, tout en admettant qu’il y a un bonheur éternel pour ceux qui croient ; car si
l’expression « éternelle » s’applique à la vie, elle s’applique nécessairement aussi aux peines.
Nier l’une, c’est nier l’autre.

Remarquez aussi, cher lecteur, combien la bonté de Dieu est grande et merveilleuse. Dieu a
préparé pour l’homme un royaume de gloire et de félicité sur cette terre, malgré la
connaissance qu’il avait de son état de péché et de révolte contre lui, comme il a préparé une
éternité de bonheur pour tout croyant, tandis qu’il n’a réservé aucun lieu de malheur pour
l’homme. Le feu éternel a été destiné au diable et à ses anges. Ceux qui écoutent la voix du
Seigneur tandis qu’il offre le salut, vont avec lui dans la gloire éternelle ; mais ceux qui
écoutent la voix de Satan iront avec lui dans les tourments éternels. Qui pourra accuser Dieu
d’être la cause de son malheur, comme, hélas ! nous l’entendons souvent dire à des hommes
insensés ? Tous, nous avons mérité le malheur éternel par nos péchés. Mais Dieu a préparé un
lieu de bonheur dans la gloire de sa présence, et il fait connaître à tous les hommes qu’ils
peuvent y avoir accès par la foi. De son côté, le diable, meurtrier et père du mensonge, trompe
les âmes en les détournant de Dieu et de sa Parole, en vue de les plonger dans le malheur
éternel, de sorte que chacun sera dans l’éternité avec celui qu’il aura écouté. Où serez-vous,
lecteur ?

En terminant ce sujet, remarquons que cette séance de jugement n’est nullement celle du
jugement dernier, comme on l’enseigne assez fréquemment. Celui-ci est décrit dans le
chapitre 20 de l’Apocalypse, v. 11-15. Il a lieu lorsque le ciel et la terre se sont enfuis ; c’est
le jugement des morts. Celui que nous voyons dans notre chapitre est un jugement des vivants
(*). Devant le grand trône blanc ne comparaissent que ceux qui sont morts dans leur état de
péché ; ils ont été ressuscités pour paraître devant Dieu et être jugés selon leurs œuvres.
Aucun de ceux dont les noms sont écrits dans le livre de vie ne paraît là, car tous ceux qui
sont morts en Christ ont été ressuscités avant le règne de mille ans, tandis que la séance de
jugement, où les nations sont assemblées devant le Fils de l’homme, a lieu avant le règne, et
seulement pour les nations qui seront alors sur la terre, dans le but d’ôter de la terre ceux qui
n’ont aucun droit à jouir du règne de Christ, puisqu’ils ont refusé de recevoir le message qui
leur en offrait l’entrée.

(*) Il y a aussi un Jugement guerrier qui fait partie du jugement des vivants (Apocalypse
19:11-21).

27 - Chapitre 26

126
27.1 - Chapitre 26 v. 1, 2

« Et il arriva, lorsque Jésus eut achevé tous ces discours, qu’il dit à ses disciples : Vous savez
que la Pâque est dans deux jours, et le Fils de l’homme est livré pour être crucifié ».

Les discours publics du Seigneur sont terminés ; il avait « annoncé la justice dans la grande
congrégation » — la congrégation d’Israël — il n’avait point retenu ses lèvres (Psaume 40:9,
10). Il avait accompli son travail d’une manière parfaite et, s’il n’avait pas dit, comme le
serviteur hébreu qui lui servait de type (Exode 21:5) : « J’aime mon maître, ma femme et mes
enfants, je ne veux pas sortir libre », il aurait pu monter au ciel sans passer par la mort ; car le
péché, dont la mort est le salaire, ne s’était pas trouvé en lui. Il pouvait se présenter devant
Dieu tel qu’il était, dans une perfection absolue. Mais Jésus voulait glorifier Dieu dans sa
mort, afin de sauver son épouse et les croyants de tous les âges, aller jusqu’au bout dans
l’accomplissement de la volonté du Père, qui désirait sauver le pécheur au moyen des
souffrances expiatoires de son Fils unique. Un avec Dieu dans ses conseils et dans son amour,
il s’offre maintenant comme victime pour que ces conseils de grâce puissent avoir leur
accomplissement. Il va se livrer, pour être crucifié, entre les mains d’hommes sans cœur et
sans conscience, comme un agneau que l’on mène à la boucherie sans qu’il ouvre la bouche
(Ésaïe 53:7).

Jésus annonce à ses disciples, avec un calme digne de lui, ce qui va avoir lieu, car, victime
volontaire, il avait la divine connaissance de toutes choses.

27.2 - Chapitre 26 v. 3-5 — Premier conseil chez Caïphe

Les sacrificateurs et les anciens du peuple, réunis chez Caïphe, le souverain sacrificateur,
tinrent conseil pour se saisir de Jésus par ruse, pour le faire mourir, non pas pourtant pendant
la fête, car ils craignaient les foules que la fête de Pâques attirait à Jérusalem. Celles-ci
témoins de la bonté et de la puissance de Jésus en leur faveur durant son ministère, même si
elles ne croyaient pas en lui comme au Christ, le tenaient au moins pour un prophète (Chapitre
21:46). Ces malheureux chefs voulaient accomplir leur horrible forfait sans être incommodés
par l’opposition de ceux qui avaient profité de tous les bienfaits de leur victime. Mais,
indépendamment de leur volonté, il était dans les pensées de Dieu que l’antitype (*) de
l’agneau pascal soit sacrifié à la fête même de la Pâque, fête qui dès lors, n’avait plus sa
raison d’être. Comme nous le verrons plus loin, leur prudence ne leur servit à rien ; les
événements se précipitèrent, Jésus fut livré, et hélas ! personne ne fit d’opposition en sa
faveur.

(*) Antitype : ce que représentait le type. L’Agneau de la Pâque était le type de Christ, et
Christ en est l’antitype.

27.3 - Chapitre 26 v. 6-13 — Jésus chez Simon le lépreux

Jésus était à Béthanie où, depuis plusieurs jours, il se rendait de Jérusalem pour la nuit (Jean
12:1 ; Matthieu 21:17, Marc 11:11, 12, 19, 20 et 27). Son cœur trouvait là un paisible refuge
où il jouissait de l’affection de Lazare et de ses sœurs ; on voit qu’il y rencontrait aussi un

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Simon appelé « le lépreux », qu’il avait, sans doute, nettoyé de sa lèpre. Combien cette
affection lui était chère, dans ce moment où la haine des hommes contre lui gagnait tous les
cœurs et où l’on complotait, pour le faire mourir, dans la ville même qui aurait dû l’acclamer
comme roi ! Ce cher Sauveur, sachant tout ce qui se passait, sentait douloureusement la haine
à son égard ; aussi jouissait-il d’autant plus vivement de l’affection qu’on lui témoignait ; son
cœur humain avait besoin de sympathie et l’appréciait selon les perfections de sa nature.

Dans la maison de Simon où se trouvait Jésus — nous savons par le récit de Jean qu’on lui
avait fait un souper où Marthe servait ; Lazare était un des convives (Jean 12:2) — une
femme, Marie, sœur de Marthe, apporta un vase d’albâtre plein d’un parfum de grand prix, et
le répandit sur la tête de Jésus pendant qu’il était à table. Quel contraste offre cette scène avec
celle qui se passait à Jérusalem, chez Caïphe, où l’on prenait les mesures nécessaires pour
mettre à mort Celui à qui, chez Simon, on témoignait tant d’affection et le plus grand
honneur ! On aime à penser à ce que le Seigneur éprouvait dans cette circonstance, où il
trouvait la sympathie et l’affection de quelques personnes, influencées par la grâce qu’il avait
déployée lui-même envers elles. Parmi les cœurs qui savaient un peu jouir de sa personne,
celui de Marie brûlait pour lui d’un amour sans pareil dans ce moment-là, amour qui la
conduisit à accomplir un acte dont la portée dépassait son intelligence, mais que le Seigneur
seul savait comprendre et apprécier. Les disciples mêmes, étrangers aux motifs qui la faisaient
agir, ne comprenaient pas ce qui la conduisait à répandre sur leur Maître ce parfum de grand
prix. Indignés, ils disent : « À quoi bon cette perte ? Car ce parfum aurait pu être vendu pour
une forte somme et être donné aux pauvres ». Pauvres disciples ! à quelle distance ils se
trouvaient de la communion qui existait entre Jésus et Marie et qui formait les pensées de
cette pieuse femme ! Pour eux, cet honneur rendu au Seigneur est une perte, un sacrifice
inutile ; à leurs yeux les pauvres avaient plus de valeur que Jésus. Combien il est vrai que
l’amour pour Christ est le vrai chemin de l’intelligence spirituelle ! Quelle blessure cette
appréciation charnelle n’a-t-elle pas dû produire dans le cœur de Jésus, ainsi que dans celui de
Marie ? Aussi Jésus leur dit : « Pourquoi donnez-vous du déplaisir à cette femme ? car elle a
fait une bonne œuvre envers moi ; car vous avez toujours les pauvres avec vous, mais moi,
vous ne m’avez pas toujours ; car cette femme, en répandant ce parfum sur mon corps, l’a fait
pour ma sépulture ». La haine des Juifs pour Jésus, qui augmentait à chaque heure, pesait sur
le cœur de Marie, et faisait en proportion brûler son amour pour lui. Le mépris qui atteignait
le Seigneur, et qui allait arriver à son comble, l’engageait d’autant plus à lui manifester
l’honneur qu’elle lui portait ; aussi, comme Matthieu l’indique, c’est sur sa tête que le parfum
a été répandu. Marie sait que celui qu’on va mettre à mort est son roi. Les Juifs le
couronneront d’épines, mais elle oint de parfum cette tête royale, et, si la royauté de Christ ne
peut s’établir sans passer par la mort, Christ accepte ce parfum pour sa sépulture. Marie seule
put faire quelque chose pour l’embaumement du Seigneur ; car, lorsque les autres femmes
vinrent au sépulcre avec les aromates qu’elles avaient préparés en vue de ce service, Jésus
était déjà ressuscité (Luc 24:1).

L’acte de Marie était unique dans la merveilleuse histoire de Jésus ici-bas, vu le moment où
elle l’accomplit et l’amour dont il provenait ; le Seigneur le considère comme si important
qu’il dit : « En vérité, je vous dis : En quelque lieu que cet évangile soit prêché dans le monde
entier, on parlera aussi de ce que cette femme a fait, en mémoire d’elle ». Ce fait se lie
tellement à la mort de Christ, mort qui sert de base à l’Évangile prêché au monde entier, que
partout, en l’annonçant, on parlerait de l’acte de Marie. « Ceux qui m’honorent, je les
honorerai », avait dit l’Éternel (1 Samuel 2:30).

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Aujourd’hui encore, nous avons l’occasion de témoigner au Seigneur que nous l’aimons ; car
nous vivons dans un monde où grandissent chaque jour la haine et le mépris pour lui.
Puissions-nous tous, petits et grands, ne pas craindre d’affirmer notre attachement à la
glorieuse personne de celui qui s’est livré à la mort pour nous sauver, en lui rendant
témoignage et en faisant connaître à tous le prix qu’il a pour nous ! Pour le faire, nos cœurs
doivent être remplis de son amour ; pour qu’ils le soient, soyons occupés de lui ; apprenons à
ses pieds, là où Marie a fait une connaissance si intime de lui-même, où son amour s’est
développé d’une manière qui l’a rendue capable d’honorer Jésus dans une occasion unique,
qui eut un si grand prix pour son cœur, alors que les disciples ne pouvaient comprendre ce que
cette femme faisait.

27.4 - Chapitre 26 v. 14-16 — Judas vend son Maître

Judas assistait à cette scène touchante chez Simon ; mais son cœur, endurci par l’amour de
l’argent, malgré sa prétendue pitié pour les pauvres, l’avait rendu absolument étranger à ce
qui se passait. Si Jésus avait tant de prix pour Marie, Judas ne voyait en lui qu’un moyen de se
procurer de l’argent, chose terrible à constater, qui nous montre où l’on peut arriver en
tolérant chez soi de mauvais penchants, au lieu de les juger afin d’en être délivré. Si l’on
nourrit des convoitises mauvaises, le mal se fortifie dans le cœur, quoique, pendant un temps,
on puisse les maîtriser ; mais le moment arrive où, dominé par le péché, on devient « esclave
de celui par qui on est vaincu » (2 Pierre 2:19), et apte à être le jouet de Satan qui prend alors
entière possession de celui qu’il a fasciné par les charmes de la convoitise. C’est ce qui eut
lieu pour Judas : « Et Satan entra dans Judas, surnommé Iscariote » (Luc 22:3). Après lui
avoir mis au cœur de faire la chose (Jean 13:2), il entra en lui afin qu’il l’accomplisse. C’est
ainsi que Satan procède avec tous les criminels ; sans crainte de Dieu, sans l’éducation
chrétienne et morale dont nos jeunes lecteurs jouissent, ces malheureux ne cherchent pas à
réprimer leurs dispositions naturelles au mal et Satan, le meurtrier, les conduit à ces crimes si
souvent répétés. Le dernier assassin qui termina sa vie sur l’échafaud dans notre pays trouvait
son plaisir, dans son enfance, à faire souffrir les animaux ; il ne lutta pas contre cet
endurcissement à la vue de la souffrance et fut conduit au crime. Il importe de résister aux
mauvaises dispositions de nos cœurs naturels, dès qu’elles se manifestent, afin de ne pas
devenir le jouet de Satan lorsqu’il trouvera l’occasion favorable pour faire tomber et pour
perdre, si possible, celui qui l’aura écouté. Une fois arrivé là, le diable a terminé son œuvre.
Ni lui, ni ceux dont il aura pu se servir pour accomplir ses desseins n’auront la moindre
compassion de leur victime, quand ils verront son désespoir, ainsi que nous le constaterons
pour Judas (chap. 27:3-6).

Sous l’empire de Satan, Judas quitte Jésus et les disciples et va auprès des sacrificateurs
s’enquérir du prix qui lui sera payé, s’il leur livre Jésus. Sur-le-champ, ils lui comptèrent
trente pièces d’argent, le prix d’un esclave (Exode 21:32). Pour les chefs, Jésus ne valait pas
plus : c’est là « ce prix magnifique auquel j’ai été estimé par eux », est-il dit en Zacharie
11:12, 13. « Dès lors, il cherchait une bonne occasion pour le livrer ». Son aveuglement est
complet jusqu’au moment où, son forfait consommé, ses yeux furent ouverts sur son crime,
mais trop tard, éternellement trop tard !

27.5 - Chapitre 26 v. 17-25 — La dernière Pâque

129
Le moment de célébrer la Pâque étant arrivé, les disciples demandèrent à Jésus où il voulait
qu’ils préparent ce qu’il fallait pour la manger. Il leur dit : « Allez à la ville auprès d’un tel, et
dites-lui : Le Maître dit : Mon temps est proche ; je ferai la pâque chez toi avec mes disciples.
Et les disciples firent comme Jésus leur avait ordonné, et ils apprêtèrent la pâque ». Celui qui
va se présenter comme le véritable Agneau de pâque, l’Agneau de Dieu, dispose de sa toute
science divine et de son autorité de Maître pour faire trouver à ses disciples le lieu où il
prendra, avec eux, son dernier repas. Pénétré du moment qui s’approche, il fait dire au maître
du logis : « Mon temps est proche ». Que de pensées se pressaient dans ce cœur humain
capable de tout sonder divinement : la mort, la trahison, le reniement de Pierre, la haine d’un
peuple aimé qu’il aurait voulu rassembler et bénir, et tant d’autres choses pénibles ; mais quel
amour dans ce cœur parfait ! Amour divin qui a tout surmonté dans ce chemin de douleur afin
de glorifier Dieu en rendant possible le salut des pécheurs. « Le soir étant venu, il se mit à
table avec les douze. Et comme ils mangeaient, il dit : En vérité, je vous dis que l’un d’entre
vous me livrera ». Jésus savait que c’était Judas ; mais il voulait sonder le cœur et la
conscience de chacun des disciples, et leur faire sentir ce qu’il y avait de pénible pour lui à la
pensée que l’un d’eux le trahirait. Un de ceux avec lesquels il avait accompli son ministère
d’amour et de puissance, et auquel le même amour avait été manifesté, « un d’entre vous »,
ces paroles devaient transpercer leur cœur. « Étant fort attristés, ils commencèrent, chacun
d’eux, à lui dire : Seigneur, est-ce moi ? » Les disciples, sauf Judas, étaient si éloignés de
penser à une chose pareille qu’ils s’en remettaient à la connaissance du Seigneur pour savoir
lequel c’était. Jésus répondit : « Celui qui aura trempé la main avec moi dans le plat, celui-là
me livrera. Le Fils de l’homme s’en va, selon qu’il est écrit de lui ; mais malheur à cet homme
par qui le Fils de l’homme est livré ! Il eût été bon pour cet homme-là qu’il ne fût pas né ».
D’un côté, les conseils de Dieu devaient avoir leur accomplissement ; mais de l’autre, les
instruments de la méchanceté du cœur de l’homme contre Dieu sont responsables de leurs
actes et en porteront les conséquences. Pour Judas, et, hélas ! pour tant d’autres, mieux aurait
valu qu’ils ne soient jamais nés. Judas dit aussi : « Est-ce moi, Rabbi ? Il lui dit : Tu l’as dit ».
Ni cette affirmation, ni le fait de manger le morceau trempé dans le plat, qu’on donnait à un
convive comme gage d’affection, n’ébranla le traître ; Satan était en lui. Dans l’évangile de
Jean, nous apprenons qu’après cela Judas sortit et alla chercher ceux qui devaient se saisir de
Jésus.

27.6 - Chapitre 26 v. 26-30 — Institution de la Cène

Pendant qu’ils étaient à table, Jésus, préoccupé des siens, institua le mémorial de sa mort. La
dernière pâque était accomplie. Instituée en souvenir de la délivrance du jugement des
premiers-nés en Égypte, elle était le type du sacrifice de l’Agneau de Dieu, « Agneau sans
défaut et sans tache, préconnu dès avant la fondation du monde, mais manifesté à la fin des
temps pour vous » (1 Pierre 1:19, 20). La pâque n’avait plus sa raison d’être. Au lieu d’un
acte parlant d’un sacrifice à accomplir dans un temps futur, Jésus laisse aux siens un souvenir
de lui-même, mort pour accomplir leur délivrance du jugement éternel. « Et comme ils
mangeaient, Jésus ayant pris le pain et ayant béni, le rompit et le donna aux disciples, et dit :
Prenez, mangez, ceci est mon corps. Et, ayant pris la coupe et ayant rendu grâces, il la leur
donna, disant : Buvez-en tous ». Le corps, représenté par le pain rompu, et le sang, représenté
par le vin, figurent la mort, car le sang séparé du corps, c’est la mort. Les croyants se
souviennent donc d’un Christ mort jusqu’à ce qu’il revienne.

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Que de souvenirs le pain et le vin évoquent chez ceux qui ont le privilège d’y participer ! Leur
cœur se reporte à ce moment suprême où leur Seigneur et Sauveur passait par la mort
ignominieuse de la croix, souffrant de la main des hommes, et subissant de la part de Dieu le
jugement qui aurait pesé sur eux durant l’éternité. En présence des signes parlant de Jésus
mort, tout son amour, manifesté dans cet acte, revient à la pensée. Ce mémorial rappelle aussi
le fait que le Seigneur n’a trouvé ici-bas que le mépris, les souffrances et la mort de la part de
ses créatures. Lui, le Fils de Dieu, le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs, le Juge des
vivants et des morts. C’est donc en reconnaissant toutes ses gloires et tous ses droits, au
milieu d’un monde qui le rejette toujours, que ses rachetés se souviennent de lui en attendant
qu’il revienne pour les prendre auprès de lui, et avec la pensée que bientôt il reparaîtra en
gloire avec eux tous, pour établir son règne et recevoir l’honneur qui lui est dû par son peuple
et toutes ses créatures.

En présentant la coupe, le Seigneur ajoute : « Car ceci est mon sang, le sang de la nouvelle
alliance, qui est versé pour plusieurs en rémission de péchés ». Dieu avait fait avec Israël en
Sinaï une alliance par laquelle le peuple s’engageait à faire tout ce que l’Éternel lui avait
commandé (Exode 19:5-8), et que confirmait le sang des taureaux (Exode 24:8 et Hébreux
9:20). Mais le peuple, par sa désobéissance, manqua à sa parole : « Ils ont transgressé mon
alliance et ont été rebelles à ma loi » (Osée 8:1), et toutes les bénédictions découlant de leur
fidélité ont disparu. En outre, lorsque le Messie leur est présenté, ils le mettent à mort. C’est
pourquoi le peuple d’Israël — et par conséquent, tout homme — sur le pied de sa
responsabilité, n’a plus droit à rien de la part de Dieu, si ce n’est en jugement. Mais selon la
grâce infinie de Dieu, Christ ayant satisfait la justice divine, a établi, par sa mort, la base sur
laquelle Dieu peut sauver le pécheur et donner à Israël les bénédictions impossibles à obtenir
sous l’ancienne alliance. « Voici, des jours viennent, dit le Seigneur, et je conclurai, pour la
maison d’Israël et pour la maison de Juda, une nouvelle alliance, non selon l’alliance que j’ai
faite avec leurs pères, au jour où je les pris par la main pour les tirer du pays d’Égypte ; car ils
n’ont pas persévéré dans mon alliance, et moi je les ai délaissés, dit le Seigneur. Car c’est ici
l’alliance que j’établirai pour la maison d’Israël après ces jours-là, dit le Seigneur : En mettant
mes lois dans leur entendement, je les écrirai aussi sur leurs cœurs, et je leur serai pour Dieu,
et ils me seront pour peuple… et je ne me souviendrai plus jamais de leurs péchés ni de leurs
iniquités » (Hébreux 8:8-13 et Jérémie 31:31-34). Si Dieu peut dire de telles choses à l’égard
de son peuple terrestre, c’est en vertu de la mort de son Fils, dont le sang a pleinement
satisfait la justice. C’est pourquoi, en présentant la coupe aux disciples, le Seigneur dit :
« Ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance ». Ainsi les disciples avaient dans la
coupe la garantie de l’accomplissement des bénédictions d’Israël, en attendant leur réalisation.
Mais ce sang n’avait pas été versé seulement pour Israël. Le Seigneur dit en effet : « qui est
versé pour plusieurs en rémission de péchés », c’est-à-dire pour tous ceux qui, en tous lieux,
se placeront par la foi, au bénéfice de ce sang. L’alliance est faite avec Israël, et non avec les
chrétiens, mais c’est le même sang qui donne aux uns et aux autres la rémission des péchés.
Lorsque quelqu’un participe à la cène, il le fait parce que ses péchés sont pardonnés, en se
souvenant du Seigneur mort à sa place ; c’est pourquoi celui qui ne possède pas le pardon de
ses péchés ne doit pas prendre la cène, comme aussi ceux qui sont sauvés ne doivent pas se
priver de ce privilège, qui, en même temps, répond au désir exprimé par le Seigneur, la nuit
qu’il fut livré.

Jésus ajoute encore : « Mais je vous dis que désormais je ne boirai plus de ce fruit de la vigne,
jusqu’à ce jour où je le boirai nouveau avec vous dans le royaume de mon Père ». Le fruit de
la vigne, le vin, qui est le symbole de la joie de Dieu et des siens, n’a pu se boire avec Israël
selon la chair ; il n’a procuré aucune joie au cœur de Dieu, mais cette joie sera accomplie dans

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le millénium. Le Seigneur, en parlant du « fruit de la vigne », fait allusion à la coupe qui se
prenait avec la pâque et qui symbolisait la joie (voir Luc 22:17, 18), ce qui n’est pas le cas
pour la coupe de la cène, figure du sang du Seigneur. Le Seigneur dit : « Je n’en boirai plus,
jusqu’à ce jour où je le boirai nouveau avec vous dans le royaume de mon Père ». Jésus
réalisera cette joie avec ses disciples, au ciel, dans le royaume de son Père, d’une manière
nouvelle, et non sur cette terre comme les disciples pouvaient s’y attendre, ce qui sera le cas
pour ceux qui jouiront du règne de Christ ici-bas.

« Ayant chanté une hymne, ils sortirent et s’en allèrent à la montagne des Oliviers ».

27.7 - Chapitre 26 v. 31-35 — Avertissement donné aux disciples

Pour se rendre au mont des Oliviers il fallait sortir de la ville, descendre jusqu’au torrent du
Cédron et remonter la colline en face de Jérusalem. Au lieu de se laisser accabler par le poids
de tout ce qui l’attendait, Jésus met à profit le temps pendant lequel il marche vers
Gethsémané, pour avertir les disciples de ce qui se passerait.

La prophétie de Zacharie allait s’accomplir : « Je frapperai le berger, et les brebis… seront
dispersées » (Zacharie 13:7). Lui, le bon berger, avait pris soin de ses brebis, il les avait
appelées par leur nom, en allant devant elles ; mais afin qu’elles aient la vie, il devait mourir
pour elles, être frappé à leur place. Lorsque ces pauvres brebis, faibles, ignorantes et
craintives, verraient le berger frappé, elles se disperseraient, comme un troupeau effrayé
abandonne son conducteur. Mais lui, le bon Berger qui met sa vie pour ses brebis, pense à
elles et leur donne un centre de ralliement à retrouver une fois la mort traversée et vaincue,
lorsqu’il serait ressuscité. Il irait devant eux en Galilée, comme nous le verrons au chapitre
28.

Quoique très attaché au Seigneur, Pierre s’appuyait sur l’amour qu’il avait pour lui, au lieu de
se défier de lui-même, afin de regarder à Dieu pour réaliser ce que son amour lui suggérait. Il
répond donc à Jésus : « Si tous étaient scandalisés en toi, moi, je ne serai jamais scandalisé en
toi ». Pauvre Pierre, il ne savait pas que son moi, sur lequel il comptait pour manifester à
Jésus son grand attachement, allait l’engager dans le chemin de la défaite. Jésus lui dit : « En
vérité, je te dis, que cette nuit-ci, avant que le coq ait chanté, tu me renieras trois fois. Pierre
lui dit : Quand même il me faudrait mourir avec toi, je ne te renierai point. Et tous les
disciples dirent la même chose ». Pierre, tout particulièrement, avait à apprendre, comme
chacun de nous, que si nous avons le désir d’être fidèles et dévoués au Seigneur, nous ne
pouvons compter sur nos propres forces. La force ne se trouve pas dans les désirs de la
nouvelle nature. Il faut, dans le sentiment de notre faiblesse, la chercher en celui qui produit le
vouloir et le faire selon son bon plaisir (Philippiens 2:13). Si nous ne nous défions pas de
nous-mêmes, Dieu peut permettre, comme pour Pierre, que nous tombions, afin d’apprendre,
par expérience, ce que sa Parole nous dit quant à nos propres capacités. Si Pierre avait écouté
les avertissements du Seigneur, effrayé de ce dont il était capable, il aurait cherché le secours
en Dieu. Au lieu de cela, il affirme qu’il ira jusqu’à la mort, et tombe à la première attaque.
Dieu veuille que cette leçon, si humiliante et douloureuse pour Pierre, nous soit utile aussi !

27.8 - Chapitre 26 v. 36-46 — Gethsémané

132
Arrivé à Gethsémané avec ses disciples, Jésus leur dit : « Asseyez-vous ici, jusqu’à ce que,
m’en étant allé, j’aie prié là ». Jésus éprouve le besoin de se retirer pour épancher son cœur
devant son Père à cette heure solennelle ; cependant il prend avec lui les trois disciples
favorisés qui avaient assisté à la scène de la transfiguration : Pierre, Jean et Jacques, pour
chercher auprès d’eux quelque sympathie. Mais, rempli de tristesse et d’angoisse, il leur dit :
« Mon âme est saisie de tristesse jusqu’à la mort ; demeurez ici et veillez avec moi ». Ce cher
Sauveur, dans sa parfaite humanité, était accablé par la pensée de la mort qui s’avançait dans
toute son horreur et projetait, sur son âme pure et sainte, son ombre terrifiante. Mais si
douloureuse était l’étreinte des ombres d’une mort telle que celle qui l’attendait qu’il laissa
ses trois compagnons et s’en alla plus avant pour présenter à son Père la prière à laquelle nul
ne pouvait se joindre, car qui pouvait comprendre les affres d’un tel moment ? Il tomba sur sa
face en disant : « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ; toutefois,
non pas comme moi je veux, mais comme toi tu veux ». Il s’agissait, dans ce moment
suprême, d’accepter la coupe de la colère divine que nous avions méritée, la mort, jugement
de Dieu. Satan faisait peser sur l’âme de notre adorable Sauveur toutes les conséquences
terrifiantes de son obéissance jusqu’à la mort ; son âme pure et sainte ne pouvait que souhaiter
que l’heure terrible de la mort passe loin de lui, et d’un autre côté ses perfections ne pouvaient
que lui faire accepter d’aller jusqu’au bout dans l’accomplissement de la volonté de son Père.
Après avoir prié, Jésus revient vers ses disciples et les trouve endormis. Dans sa divine bonté,
il dit à Pierre : « Ainsi, vous n’avez pas pu veiller une heure avec moi ? » parole qui aurait dû
toucher son cœur et le rendre vigilant. Puis il ajoute : « Veillez et priez, afin que vous
n’entriez pas en tentation ; l’esprit est prompt, mais la chair est faible ». Il ne leur demande
pas de veiller avec lui, mais de veiller pour leur propre compte, afin que, conscients de leur
faiblesse, ils ne s’exposent pas à une épreuve qu’ils ne pourront supporter. Le Seigneur
soutenait à lui seul la lutte dans laquelle Satan ne ménageait rien pour le faire reculer devant
l’œuvre par laquelle lui, la « Semence de la femme », devait lui briser la tête. Jésus s’éloigne
de nouveau et dit à son Père pour la seconde fois : « Mon Père, s’il n’est pas possible que ceci
passe loin de moi, sans que je le boive, que ta volonté soit faite ». Puis il revient vers les
disciples et les trouve rendormis. Cette fois, il ne leur dit rien ; il n’attend plus rien d’eux.
Ainsi s’accomplit ce qui est dit au Psaume 69:20 : « J’ai attendu que quelqu’un eût
compassion de moi, mais il n’y a eu personne,… et des consolateurs, mais je n’en ai pas
trouvé ».

« Et les laissant, il s’en alla de nouveau, et pria une troisième fois, disant les mêmes paroles ».
C’est dans ces moments où Jésus était accablé par cette tristesse mortelle, que se passait ce
qui est dit en Hébreux 5:7 : « Qui, durant les jours de sa chair, ayant offert, avec de grands
cris et avec larmes, des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort ».
Qui saura les angoisses et les douleurs de ce cher Sauveur, mis, par Satan, en présence des
horreurs de la mort pour le détourner de l’œuvre qu’il avait entreprise, sans qu’il puisse ni
désirer la mort ni se soustraire à la volonté de son Père ? Là, comme lors de la tentation, au
début de son ministère, l’obéissance lui a fait trouver la victoire. Jésus prend la coupe, non de
la main de Satan, mais comme il le dit en Jean 18:11, de la main de son Père. Aussi, dans un
calme parfait, il revient vers ses disciples et leur dit : « Dormez dorénavant et reposez-vous ;
voici, l’heure s’est approchée, et le fils de l’homme est livré entre les mains des pécheurs.
Levez-vous, allons ; voici, celui qui me livre s’est approché ». Ils auront du repos. Quelles
paroles de grâce, qui nous concernent aussi ! Désormais les coupables pourraient jouir du
repos, parce que le juste, l’innocent allait endurer la mort qu’ils avaient méritée !

Nous voyons donc, dans cette scène de Gethsémané, tout ce que Jésus a souffert en présence
de la mort que Satan lui présentait avec toutes ses terreurs, comme jugement de Dieu. Grâces

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soient rendues à Dieu et gloire au Seigneur Jésus ! Il a obéi ; son amour a été plus fort que la
mort, amour que beaucoup d’eaux ne peuvent éteindre (Cantique 8:7), pas même celles de
l’angoisse de la mort, car, si c’était arrivé, dans ce moment où notre salut était, pour ainsi dire,
en jeu, nous aurions tous été perdus.

Maintenant cette mort restait à traverser dans sa terrible réalité pour un être aussi saint et
parfait que le Fils de Dieu, le Fils de l’homme. Il marche à cette heure ; celui qui le livrait
était proche.

27.9 - Chapitre 26 v. 47-56 — Arrestation de Jésus

Quel contraste entre la scène où la gloire de Jésus brille au milieu des nuages de l’ombre de la
mort, où ses perfections triomphent dans l’obéissance, et celle que ces versets nous
présentent, où nous voyons Judas, l’homme sous le pouvoir de Satan, accomplissant le plus
infâme des forfaits pour trente pièces d’argent ! Comme Jésus parlait encore à ses disciples
qu’il avait dû lui-même réveiller, Judas arrive, « et avec lui une grande foule avec des épées et
des bâtons, de la part des principaux sacrificateurs et des anciens du peuple ». Précautions
bien inutiles que ces armes, pour prendre celui qui s’offrait lui-même à Dieu, comme « un
agneau conduit à la boucherie ». Mais aucun d’eux ne le connaissait comme tel, car, s’ils
l’eussent connu, « ils n’eussent pas crucifié le Seigneur de gloire » (1 Corinthiens 2:8).
Accomplissant son œuvre de traître, Judas s’approche de Jésus et lui dit : « Je te salue,
Rabbi », et lui donne avec empressement le baiser de trahison qui devait le désigner à cette
bande inique. Avec toute sa dignité, Jésus lui dit : « Ami, pourquoi es-tu venu ? » nouvelle
parole propre à sonder Judas. Alors ceux qui le suivaient se saisirent de Jésus. Un de ses
disciples, nous savons que c’est Pierre (Jean 18:10), tira son épée, en frappa l’esclave du
souverain sacrificateur et lui emporta l’oreille. Pierre voulait montrer qu’il pouvait défendre
son Maître avant d’aller à la mort, comme il l’avait dit ; tandis que le Seigneur n’a pas ouvert
la bouche (Ésaïe 53:7), car s’il l’avait ouverte pour sa défense, il aurait anéanti ses ennemis.
Au contraire, il dit à Pierre : « Remets ton épée en son lieu ; car tous ceux qui auront pris
l’épée périront par l’épée. Penses-tu que je ne puisse pas maintenant prier mon Père, et il me
fournira plus de douze légions d’anges ? Comment donc seraient accomplies les écritures, qui
disent qu’il faut qu’il en arrive ainsi ? »

Les perfections de Jésus brillent avec beauté, au milieu du sombre tableau du cœur de
l’homme, en tous ceux qui l’entourent : Judas entièrement dans les mains de Satan ; la foule
aveuglée, qui s’est laissé armer contre son bienfaiteur ; les disciples absolument étrangers à
tout ce qui concerne Jésus, et lui est là au milieu d’eux pour accomplir ce que disaient les
Écritures, dans tout le calme et la dignité de sa personne. Il répond avec douceur et fermeté à
Judas comme à Pierre, et à cette foule, au milieu de laquelle il a vécu en répandant bienfaits
sur bienfaits, il cherche à faire sentir son égarement en disant : « Êtes-vous sortis comme
après un brigand, avec des épées et des bâtons, pour me prendre ? J’étais tous les jours assis
parmi vous, enseignant dans le temple ; et vous ne vous êtes pas saisis de moi. Mais tout ceci
est arrivé, afin que les écritures des prophètes soient accomplies ». Jésus montre aux uns et
aux autres qu’en dehors de toute la méchanceté et de l’ignorance qui les caractérisent, il est là
pour accomplir les Écritures, se soumettant à tout, mais en souffrant profondément de tout ce
qui caractérise l’attitude de chacune de ces classes de personnes à son égard.

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Voyant Jésus pris, tous les disciples le laissèrent et s’enfuirent. Le Fils de l’homme était livré
entre les mains des pécheurs.

27.10 - Chapitre 26 v. 57-68 — Comparution devant Caïphe

Pendant que Judas conduisait sa troupe pour se saisir de Jésus, les scribes et les anciens,
assemblés chez Caïphe, le souverain sacrificateur, attendaient l’issue de cette triste
expédition. La foule arrive, et ceux qui s’étaient saisis de Jésus l’amènent à Caïphe, qui
présidait le sinistre conseil. Derrière ce cortège, Pierre suivait de loin ; il voulait tenir sa
parole, suivre Jésus jusqu’à la mort, tandis qu’il aurait dû s’écarter et prier afin de ne pas
entrer en tentation. Au contraire, il entra dans la cour du souverain sacrificateur, d’où il
pouvait voir ce qui se passait devant Caïphe. « Étant entré, il s’assit avec les huissiers pour
voir la fin ».

Tout le sanhédrin (conseil et tribunal suprême du peuple juif) avait le dessein bien arrêté de
faire mourir Jésus. Il s’agissait seulement de trouver pour cela un motif pour couvrir leur
haine. Ne sachant lequel invoquer, ils introduisirent quelques faux témoins contre lui, mais ne
trouvèrent rien qui puisse le faire condamner. À la fin, deux d’entre eux déclarèrent : « Celui-
ci a dit : Je puis détruire le temple de Dieu, et en trois jours le bâtir ». Jean 2:19-22 démontre
la fausseté de cette assertion. Le souverain sacrificateur se leva et dit à Jésus : « Ne réponds-tu
rien ? De quoi ceux-ci témoignent-ils contre toi ? Mais Jésus garda le silence ». Jésus ouvrira
la bouche lorsqu’il s’agira de rendre témoignage à la vérité de sa personne ; mais il ne se
défend pas contre un faux témoignage. Alors Caïphe, irrité de ce silence, lui dit : « Je t’adjure,
par le Dieu vivant, que tu nous dises si toi, tu es le Christ, le Fils de Dieu. Jésus lui dit : Tu
l’as dit. De plus, je vous dis : dorénavant vous verrez le Fils de l’homme assis à la droite de la
puissance, et venant sur les nuées du ciel ». En effet, Jésus était le Christ, le Fils de Dieu, mais
si, comme tel, il était rejeté, un jour viendra où son peuple le verra comme Fils de l’homme
venant sur les nuées du ciel avec puissance et une grande gloire (Chap. 24:30 et Apocalypse
1:7). À l’ouïe de ce beau témoignage, Caïphe déchira ses vêtements, et s’adressant au conseil,
dit : « Il a blasphémé ; qu’avons-nous encore besoin de témoins ? Voici, vous avez ouï
maintenant son blasphème : que vous en semble ? » La réponse désirée ne se fait pas
attendre : « Il mérite la mort ». La sentence, décidée depuis longtemps par les Juifs, était
prononcée ; dès lors, plus d’égards envers ce condamné, et ces hommes, les dignitaires de la
nation, donnent libre cours à leur haine et à leur mépris. Avec une vulgaire bassesse, ils lui
crachent au visage, lui donnent des soufflets, d’autres le frappent et disent : « Prophétise-nous,
Christ ; qui est celui qui t’a frappé ? » Jésus demeure calme et silencieux au milieu de cette
scène, jugeant de tout, sentant tout et sachant tout. Il réalisait ce que l’apôtre Pierre, témoin de
ces outrages, a dit de lui : « Lui qui n’a pas commis de péché, et dans la bouche duquel il n’a
pas été trouvé de fraude ; qui, lorsqu’on l’outrageait, ne rendait pas d’outrage, quand il
souffrait, ne menaçait pas, mais se remettait à celui qui juge justement » (1 Pierre 2:22, 23).
Dans ces versets, Pierre présente Jésus comme modèle, Puissions-nous tous l’imiter !

27.11 - Chapitre 26 v. 69-75 — Reniement de Pierre

Pendant que Jésus était devant Caïphe, une autre scène avait lieu dans la cour où Pierre se
trouvait. Une servante survint et lui dit : « Et toi, tu étais avec Jésus le Galiléen ». Et il nia

135
devant tous, disant : Je ne sais ce que tu dis. Une autre servante vint et, s’adressant à ceux qui
étaient présents, leur dit en désignant Pierre : « Celui-ci aussi était avec Jésus le Nazaréen. Et
il le nia de nouveau avec serment : Je ne connais pas cet homme ! Et un peu après, ceux qui se
trouvaient là s’approchèrent et dirent à Pierre : Certainement, toi, tu es aussi de ces gens-là ;
car aussi ton langage te fait reconnaître. Alors il se mit à faire des imprécations et à jurer : Je
ne connais pas cet homme ! Et aussitôt le coq chanta. Et Pierre se souvint de la parole de
Jésus, qui lui avait dit : Avant que le coq chante, tu me renieras trois fois. Et étant sorti
dehors, il pleura amèrement ».

Pauvre Pierre ! Il aimait sincèrement Jésus ; mais trop confiant en lui-même, il n’avait pas pris
garde aux avertissements du Seigneur (v. 31, 34, 40, 41). N’ayant pas serré ces paroles dans
son cœur, il se laissa surprendre par la scène qui s’était déroulée devant ses yeux : témoin de
la haine dont son Maître était l’objet et qui se donnait alors libre cours, il ne voit que le danger
de s’identifier avec celui que tous haïssent. Sa chair, qu’il n’avait pas discernée dans ses
bonnes résolutions, redoute les crachats et les soufflets, et là, sans ressources spirituelles, il
n’est plus en état de faire autre chose que de s’épargner en reniant son cher Maître.

Le chant du coq, le souvenir des paroles de Jésus (en Luc 22:61, son regard), viennent
subitement dissiper l’obscur et froid brouillard qui l’avait enveloppé. La lumière se fait dans
son cœur ; il comprend avec amertume ce qu’il vient de faire ; il sort brisé et pleure
amèrement sur sa terrible faute.

Lecteurs, qui de nous n’a pas connu quelque chose de cette amertume ? Dans bien des
occasions, n’avons-nous pas préféré n’être pas connus comme disciples de Christ ? Sans
proférer un reniement avec imprécation, nous avons, plus d’une fois, évité de laisser voir que
nous sommes chrétiens, disciples de celui qui a souffert de la part des hommes les crachats,
les soufflets et tant d’outrages, et de la part de Dieu sa terrible colère à cause de nos péchés.
Lorsque nous préférons la faveur du monde, qui ne veut rien de notre Sauveur, à l’opprobre
qui se rattache à son nom, nous le renions. Alors quelle tristesse remplit le cœur à la pensée de
son amour qui demeure toujours le même et dont nous tenons si peu compte ! Un jour tout
sera manifesté et nous verrons les conséquences éternelles de notre conduite ici-bas. « Car
quiconque aura honte de moi et de mes paroles, le Fils de l’homme aura honte de lui quand il
viendra dans sa gloire et dans celle du Père et des saints anges » (Luc 9:26). Pensons au
Seigneur et non à nous-mêmes, à son amour pour nous et à la gloire dans laquelle il apparaîtra
avec tous ses saints, afin d’être gardés fidèles et éviter l’amertume de l’avoir déshonoré.
Sachons, comme Moïse, estimer « l’opprobre du Christ un plus grand trésor que les richesses
de l’Égypte ; car il regardait à la rémunération » (Héb. 11:26).

28 - Chapitre 27
28.1 - Chapitre 27 v. 1-10 — Fin de Judas

La mort de Jésus se décida dans le conciliabule tenu chez Caïphe après son arrestation ; mais
l’assemblée entière des sacrificateurs et des anciens devait ratifier officiellement la sentence.
Aussi, dès le matin, ce conseil se réunit pour prononcer la condamnation de Jésus. La Parole
ne dit pas ce que l’on avait fait de lui depuis sa comparution de la veille devant Caïphe. Après
l’avoir lié, ils le livrèrent à Pilate, le gouverneur romain, qui seul pouvait ordonner sa mort et
l’envoyer au supplice.
136
Lorsque Judas vit son Maître condamné, ses yeux s’ouvrirent sur l’horreur de son action et,
dans les tourments d’un remords inutile, il reporta les trente pièces d’argent à ceux qui les lui
avaient comptées, leur confessant son iniquité : « J’ai péché », leur dit-il, « en livrant le sang
innocent ». Cette confession trouva des cœurs aussi endurcis que le sien. Les sacrificateurs et
les anciens ne se souciaient pas davantage des remords de Judas que de l’innocence de Jésus.
Ils lui répondirent : « Que nous importe ! tu y aviseras ». Leur dessein s’accomplissait ; ils ne
s’occupaient pas d’autre chose. Judas pensait probablement que Jésus échapperait à ceux qui
viendraient le prendre, comme il l’avait fait plusieurs fois, tandis que lui jouirait de son argent
(voir Luc 4:29,30 ; Jean 8:59 et 10:39). C’est pourquoi, voyant Jésus condamné, le désespoir
s’empara de lui et, après avoir jeté l’argent dans le temple, il alla se pendre. Il avait vécu dans
l’aveuglement, tout en étant avec le Seigneur ; sa cupidité avait donné à Satan une prise facile
sur son âme. Ayant vendu son Maître, il ne trouve de compassion ni chez les hommes, ni en
Satan, et privé de toute ressource, il ne lui restait qu’à se précipiter dans l’abîme, en attendant
le jour où il comparaîtra devant celui qu’il vendit pour trente pièces d’argent.

Les sacrificateurs, gens scrupuleux, mais sans conscience, ne veulent pas que cet argent aille
au trésor sacré, parce que c’était le prix du sang. Ils décident d’acheter un champ, « le champ
du potier », pour la sépulture des étrangers. Hélas ! la séparation d’avec les étrangers n’avait
plus sa raison d’être ; ils s’étaient élevés contre le Dieu qui les avait appelés d’entre toutes les
familles de la terre, ils s’étaient associés aux Gentils pour rejeter leur Messie ; Dieu allait les
rejeter comme peuple et les disperser parmi les nations. La provenance de cet argent fit
appeler ce champ « Champ de Sang ». Les malheureux Juifs accomplissaient de la sorte une
prophétie qu’ils auraient dû connaître : « Et ils ont pris les trente pièces d’argent, le prix de
celui qui a été évalué, lequel ceux d’entre les fils d’Israël ont évalué ; et ils les ont données
pour le champ du potier, comme le Seigneur m’avait ordonné » (Matt. 27:9, 10, voir Zacharie
11:12, 13).

28.2 - Chapitre 27 v. 11-26 — Jésus devant Pilate

Jésus est amené lié devant le gouverneur romain, Pilate, qui lui demande : « Es-tu, toi, le roi
des Juifs ? Et Jésus lui dit : Tu le dis ». On comprend que les Juifs l’aient accusé auprès de
Pilate de prétendre à la royauté ; c’était un bon moyen de gagner le gouverneur et d’obtenir de
lui une condamnation, car Pilate devait maintenir l’autorité impériale contre toute usurpation.
Mais Jésus ne nia pas son droit au trône. Il fit ce que l’apôtre Paul appelle sa « belle
confession devant Ponce Pilate » (1 Timothée 6:13). Comme cet aveu ne le faisait pas
condamner par Pilate, les sacrificateurs et les anciens l’accusèrent encore, mais il ne répondit
rien. Alors Pilate lui dit : « N’entends-tu pas de combien de choses ils portent témoignage
contre toi ? » Au grand étonnement du gouverneur, Jésus ne lui répondit pas un seul mot. À
quoi aurait servi qu’il se défende à ce moment-là ? Sa vie tout entière avait prouvé ce qu’il
était de la part de Dieu au milieu du peuple, et rien n’avait convaincu les Juifs. La méchanceté
de l’homme devait se manifester à son comble par la mort de Jésus, là où l’amour de Dieu
aussi serait révélé.

Pour plaire aux Juifs, Pilate avait coutume, à la Pâque, de relâcher un prisonnier à leur choix.
Embarrassé pour prononcer un jugement sur Jésus, qu’il ne reconnaissait pas comme
coupable, il leur proposa de le laisser aller, ou bien un prisonnier fameux nommé Barabbas.
Pendant que Pilate siégeait au tribunal, sa femme lui fit dire : « N’aie rien à faire avec ce
juste ; car j’ai beaucoup souffert aujourd’hui à son sujet dans un songe ». Dieu voulut qu’un

137
témoignage à la justice de son Fils fût rendu à ce moment-là par une païenne, en présence de
ceux qui sont appelés « les siens » et qui ne l’ont pas reçu (Jean 1:11). Ce témoignage
augmenta le malaise de Pilate, mais les principaux sacrificateurs et les anciens persuadèrent
aux foules de demander Barabbas et de faire périr Jésus. « Le gouverneur… leur dit : Lequel
des deux voulez-vous que je vous relâche ? Et ils dirent : Barabbas. Pilate leur dit : Que ferai-
je donc de Jésus, qui est appelé Christ ? Ils disent tous : Qu’il soit crucifié ! Et le gouverneur
dit : Mais quel mal a-t-il fait ? Et ils s’écriaient encore plus fort, disant : Qu’il soit crucifié ! Et
Pilate, voyant qu’il ne gagnait rien, mais que plutôt il s’élevait un tumulte, prit de l’eau et se
lava les mains devant la foule, disant : Je suis innocent du sang de ce juste ; vous, vous y
aviserez. Et tout le peuple, répondant, dit : Que son sang soit sur nous et sur nos enfants !
Alors il leur relâcha Barabbas ; et ayant fait fouetter Jésus, il le livra pour être crucifié ».

Cette scène nous présente un tableau affreux du cœur naturel de l’homme. Nous y voyons les
chefs du peuple, hommes religieux et scrupuleux, mais sans conscience, mus par une haine
aveugle et terrible contre le Dieu qu’ils prétendaient servir, persuader la foule de demander de
Pilate la libération, contre son gré, d’un brigand plutôt que de Jésus, des soins duquel ces
foules mêmes avaient profité durant son ministère d’amour. Pilate, représentant de l’autorité
que Dieu avait confiée aux Gentils, quoique convaincu de l’innocence de Jésus, sans force
devant les Juifs, cède à leurs instances, plus soucieux de maintenir sa réputation au milieu
d’un peuple qui le haïssait à cause du joug de Rome, que d’exercer la justice.

On peut remarquer que Matthieu fait ressortir, dans son récit, la responsabilité des Juifs dans
le rejet de leur Messie. C’est sur eux, tout particulièrement, que pèse la culpabilité de la mort
de Christ ; ils en endossent volontairement les conséquences quand ils disent : « Que son sang
soit sur nous et sur nos enfants ! » Aussi faut-il s’étonner de tout ce que ce peuple a souffert et
soufffrira encore, jusqu’à ce qu’il se tourne vers « Celui qu’ils ont percé ? » Toutes les
atrocités qu’ont endurées les Juifs depuis la prise de Jérusalem jusqu’à nos jours encore, dans
certains pays, sont comme l’écho qui répond au cri poussé devant Pilate. Toutefois les Gentils
ont leur part de responsabilité dans la mort de Jésus. Le gouverneur romain, qui ne
connaissait, ni ne craignait ce Dieu dont il tenait son pouvoir, n’use de son autorité que pour
fouetter et crucifier celui qu’il sait innocent, au lieu de maintenir la justice devant le peuple
qui aurait dû se soumettre à lui. Il croit dégager sa responsabilité en se lavant les mains et
rejeter la faute entière sur les Juifs, mais devant Dieu, chacun est responsable de ses propres
actes. Comme la faute de Judas ne disculpait pas les chefs, celle des Juifs ne disculpera pas
Pilate au jour du jugement. Chacun sera jugé d’après ses œuvres et sa propre responsabilité.

Vouloir rejeter sa faute sur autrui est un acte qui date de la chute. C’est ce que firent nos
premiers parents. Adam rejette sa faute sur sa femme et sur Dieu lui-même, en disant : « La
femme que tu m’as donnée pour être avec moi, — elle, m’a donné de l’arbre, etc. », et la
femme dit : « le serpent m’a séduite » (Genèse 3:12, 13).

On ne peut se justifier du mal que l’on a commis ; pour obtenir le pardon et la purification, il
faut confesser sa faute et s’en humilier. C’est Dieu seul qui justifie ; le coupable ne le peut
pas.

Au milieu de cette scène, où tous les hommes ont l’occasion de manifester ce qu’ils sont
quant à Dieu, comme la loi même n’avait pu le faire, Jésus, l’homme divin, l’homme parfait,
se tient là, seul au milieu des pécheurs. Victime volontaire, il accepte tout ce que les hommes
lui infligent sur le chemin qui le conduit à la croix où il va glorifier Dieu ; et ainsi, par sa
mort, de tels hommes, et vous et moi, nous pouvons être sauvés par la foi.

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Quel amour et quelle reconnaissance ne devons-nous pas à celui qui s’est laissé conduire à la
croix, pour nous, comme un agneau à la boucherie !

28.3 - Chapitre 27 v. 27-44 — La crucifixion

Lorsque Pilate eut rendu son inique verdict, les soldats assemblèrent contre Jésus toute la
cohorte (*). Après avoir comparu successivement devant les chefs des Juifs et devant le
gouverneur romain, le Seigneur est livré entre les mains des soldats, gens grossiers et brutaux
qui trouvaient, dans sa personne, une occasion de se moquer des Juifs, en le maltraitant et en
le faisant souffrir avant de le crucifier. Ils le dépouillèrent de ses vêtements et le revêtirent
d’un manteau d’écarlate ; ils tressèrent une couronne d’épines qu’ils mirent sur sa tête et
placèrent dans sa main droite un roseau, en guise de sceptre. Vêtu, par dérision, comme un
roi, notre précieux Sauveur subit toutes les moqueries, les insultes et les outrages de ces
hommes barbares qui fléchissaient les genoux devant lui et lui disaient : « Salut, roi des Juifs !
Et ayant craché contre lui, ils prirent le roseau et lui en frappaient la tête ». Sous ces coups, les
épines devaient s’enfoncer douloureusement dans le front divin de l’homme parfait dont le
cœur n’était pas moins meurtri que le front. C’est ainsi que, d’une manière humiliante et
douloureuse, Jésus endurait la contradiction de la part des pécheurs contre lui-même (Hébreux
12:3). Un jour, ces soldats païens, ainsi que tous les hommes, ploieront les genoux devant le
même Seigneur lorsqu’il sera manifesté en gloire. Mais dans ce moment le Roi des rois et le
Seigneur des seigneurs était l’Agneau sans défense, la victime allant à la croix pour accomplir
l’œuvre de la rédemption en faveur d’impies tels que ceux qui nous représentaient. À cette
heure solennelle, la haine des hommes contre Dieu et son amour pour eux allaient se
rencontrer à la croix.

(*) La cohorte était une unité de troupe romaine, composée de 400 à 600 soldats.

Dieu veuille que beaucoup encore ploient les genoux devant Jésus, comme Sauveur et
Seigneur, dans leur reconnaissance envers lui pour l’amour qu’il a montré envers eux en
accomplissant l’œuvre de leur salut ! Et puissent-ils ne pas avoir à les ployer comme pécheurs
devant leur Juge !

Les soldats, après s’être moqués de Jésus, lui ôtèrent le manteau d’écarlate, le revêtirent de
ses propres vêtements et l’emmenèrent en Golgotha pour le crucifier. C’était en général le
condamné qui portait sa croix jusqu’au lieu du supplice. En Jean 19:17, il est dit que Jésus
« sortit portant sa croix ». Ici, nous lisons : « Comme ils sortaient, ils trouvèrent un homme de
Cyrène, nommé Simon, qu’ils contraignirent de porter sa croix ». Il n’y a pas de contradiction
entre ces récits : Simon passait au moment où Jésus sortait chargé de sa croix et on le
contraignit de la porter. Pourquoi ? La Parole ne le dit pas.

Arrivés au lieu du supplice, les soldats donnèrent à Jésus du vinaigre mêlé de fiel, boisson qui
avait pour effet d’insensibiliser quelque peu le condamné pendant la crucifixion ; mais, après
l’avoir goûté, Jésus refusa d’en boire. Il voulait supporter d’une manière consciente tout ce
qui lui était imposé ; il trouvait ailleurs, en son Père, le secours dont il avait besoin pour

139
endurer ses souffrances jusqu’à la fin. Dépouillé de ses vêtements, Jésus est crucifié entre
deux malfaiteurs. Les soldats partagent entre eux ses vêtements et accomplissent, à leur insu,
ce qui était dit au Psaume 22:18 : « Ils partagent entre eux mes vêtements ». Leur œuvre
achevée, ils s’assirent pour veiller sur lui. Sur la croix, on plaça au-dessus de sa tête une
inscription indiquant le sujet de sa condamnation qui n’était autre que sa belle confession
devant Ponce Pilate, et que Pilate lui-même écrivit : « Celui-ci est… le roi des Juifs ». Malgré
les Juifs, le témoignage de ce que Jésus était pour la nation devait être rendu publiquement
jusqu’au bout.

Les passants l’injuriaient, hochaient la tête, tournaient en dérision les paroles de Jésus
touchant le temple. Les principaux sacrificateurs, les scribes et les anciens se moquaient de lui
et disaient : « Il a sauvé les autres, il ne peut se sauver lui-même ; s’il est le roi d’Israël, qu’il
descende maintenant de la croix, et nous croirons en lui. Il s’est confié en Dieu ; qu’il le
délivre maintenant, s’il tient à lui ; car il a dit : Je suis Fils de Dieu ». Tout ce qu’il y avait de
plus sensible pour son cœur était foulé et broyé dans ce moment où l’épreuve terrible ne
faisait que manifester ses perfections. Il n’ouvrait pas la bouche. C’est là que, selon le Psaume
22, il était entouré par ces lions déchirants et rugissants, ces taureaux de Basan, cette
assemblée de méchants. Les brigands mêmes qui étaient crucifiés avec lui l’insultaient.

On comprend que de terribles jugements ont été, et seront encore, la conséquence de toute la
méchanceté manifestée par ses bourreaux, et tout particulièrement par les Juifs, contre la
personne adorable du Seigneur Jésus, car toutes les souffrances qu’il a endurées de la part des
hommes amèneront les jugements annoncés dans les Psaumes et les prophètes, et non le salut
des pécheurs.

Du côté du Seigneur, combien tout est de nature à attirer nos cœurs à sa personne adorable,
quand nous le voyons exposé à la méchanceté du cœur naturel, sans qu’il ouvre la bouche,
sans défense, endurant « une telle contradiction des pécheurs contre lui-même », lorsqu’il
pouvait anéantir ses ennemis par une parole. Son amour pour son Dieu, qu’il voulait glorifier
dans sa mort comme dans sa vie ; son amour pour le pécheur qu’il voulait sauver, lui faisaient
tout accepter. Puissions-nous ne pas considérer cette scène de Golgotha sans qu’elle remplisse
nos cœurs d’amour et de reconnaissance envers Jésus qui s’est laissé placer sous la
condamnation que nous avions méritée ! Pour celui qui ne possède pas encore le salut, cette
scène n’est-elle pas propre à l’attirer au Sauveur ?

28.4 - Chapitre 27 v. 45-49 — L’abandon de Dieu

Une autre scène commence avec ces versets, scène impossible à décrire, dont nous avons
toute l’explication possible dans le cri de Jésus : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu
abandonné ? » Nous avons assisté aux angoisses de Gethsémané, où Jésus avait à affronter la
puissance de Satan qui se servait des terreurs de la mort pour le faire reculer si possible en
présence d’une telle mort. Puis nous avons un peu vu les supplices moraux et physiques que
les hommes ont infligés à Jésus avec une haine raffinée autant que brutale ; mais tout cela
n’était que le chemin par lequel Jésus, la victime volontaire, allait s’offrir à Dieu et endurer de
sa part le jugement dû au coupable. Car aucune des souffrances qui ont précédé cette heure
terrible, la sixième heure, n’a expié un seul péché, et si Jésus était descendu de la croix,
comme ces méchants le lui disaient (et il aurait pu le faire), aucun pécheur n’eût pu être sauvé.

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Toutes ces souffrances-là, comme nous l’avons dit, ont pour résultat les jugements de Dieu
sur les hommes, et non leur salut.

« Mais, depuis la sixième heure (notre midi), il y eut des ténèbres sur tout le pays, jusqu’à la
neuvième heure (trois heures) ». Ces ténèbres vinrent interrompre les hommes dans la
manifestation de leur haine contre Jésus, et isolèrent complètement la sainte Victime de la
scène au milieu de laquelle elle avait souffert jusqu’ici, afin que, dans ces trois heures
terribles, elle fût élevée entre le ciel et la terre, dans de profondes ténèbres, et abandonnée de
Dieu sous le jugement éternel qui était notre part, cela pour que l’expiation des péchés fût
accomplie.

Là, Jésus souffrait de la part du Dieu juste et saint le châtiment que méritaient tous ceux qui
sont et seront sauvés par la foi, afin que Dieu puisse donner la vie éternelle à quiconque croit.
Là, sur cette croix maudite, rien ne lui a été épargné. Si les hommes rendront compte au jour
du jugement de toutes les paroles oiseuses qu’ils auront dites (Matthieu 12:36), le Seigneur a
souffert de la part de Dieu pour chacune de ces paroles afin que, par la foi, tous ceux qui les
ont prononcées puissent recevoir le pardon. C’est ce jugement complet qui, dans les sacrifices
pour le péché, était représenté par le feu qui consumait entièrement la victime (Lévitique
16:27). C’est pourquoi nous ne pouvons décrire les souffrances que Jésus a endurées de la
part de Dieu contre le péché ; pauvres misérables pécheurs, nous les avons attirées sur le Fils
de Dieu, qui a bien voulu les endurer pour nous les épargner. Si nous avions dû boire la plus
petite partie de la coupe de la colère de Dieu contre le moindre de nos nombreux péchés, cela
aurait été pour nous une éternité de souffrances, sans que jamais ce péché soit expié. Dans la
mesure où les croyants comprennent l’œuvre de la croix et l’amour que Jésus a montré en
accomplissant une telle œuvre pour des coupables, ils peuvent bien dire au Seigneur :

Tu souffris, ô Jésus, Sauveur, Agneau, Victime !

Ton regard infini sonda l’immense abîme,

Et ton cœur infini, sous ce poids d’un moment,

Porta l’éternité de notre châtiment.

… en attendant que, semblables à Christ, dans la gloire, nous comprenions pleinement


l’œuvre de la croix. Devant le tribunal de Christ, nous verrons la somme immense de nos
péchés et comprendrons la sainteté, la justice, et toutes les gloires de Dieu que Jésus a
maintenues quand il était chargé de nos péchés. Ainsi Dieu peut introduire de tels êtres dans
sa présence comme de bien-aimés enfants, dans un état de perfection qui lui convient, et là
nous pouvons jouir de tout son amour. Nous verrons aussi alors la gloire que Jésus a quittée
pour devenir homme et victime pour le péché, et, connaissant comme nous avons été connus,
nous serons capables d’adorer et de louer dans la perfection l’Agneau qui fut immolé pour
nous racheter et nous introduire dans une telle gloire.

Ce culte rendu à Dieu le Père et au Seigneur Jésus par les rachetés commence ici-bas dans une
grande faiblesse et beaucoup d’imperfections, mais l’objet et le sujet de ce culte où nous

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adorons le Père et le Fils sont les mêmes que dans la gloire et c’est par le même Esprit que sur
la terre et dans les cieux il est et sera éternellement offert.

Lorsque Jésus eut fait entendre ce cri : « Éli, Éli, lama sabachthani ? c’est-à-dire : Mon Dieu,
mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » ceux qui l’entouraient ne comprenant sans doute
pas ce langage dirent : « Il appelle Élie » ; l’un d’eux courut et lui offrit au bout d’un roseau,
une éponge remplie de vinaigre, accomplissant ce qui avait été dit de lui : « Dans ma soif, ils
m’ont abreuvé de vinaigre » (Psaume 69:21). D’autres disaient : « Laisse, voyons si Élie vient
pour le sauver ». Divin Sauveur ! il n’avait pas besoin d’Élie pour le sauver ; il accomplissait
l’œuvre en vertu de laquelle Élie avait pu monter au ciel sans passer par la mort, en y passant
lui-même. Personne ne savait ce qui arrivait sur cette croix ; pour que le pécheur le sache, il
fallait que Jésus descende dans la mort, qu’il ressuscite, qu’il soit glorifié et qu’il envoie le
Saint Esprit. Grâces à Dieu, tout croyant maintenant le sait et peut chanter :

Pour toi, Jésus, la souffrance,

Les pleurs, la mort, l’abandon !

Et pour nous la délivrance,

Le salut et le pardon.

28.5 - Chapitre 27 v. 50-61 — Mort et ensevelissement de Jésus

« Et Jésus, ayant encore crié d’une forte voix, rendit l’esprit ». Tout ce que Jésus avait à faire
étant accompli, il n’était pas nécessaire qu’il reste plus longtemps sur la croix, tandis que les
autres crucifiés devaient attendre qu’à force de souffrir, une mort lente et naturelle viennet
mettre fin à une longue agonie, ils restaient parfois trois ou quatre jours sur la croix avant
d’expirer. Jésus, venu pour donner sa vie, avait « le pouvoir de la laisser, et… le pouvoir de la
reprendre », il avait reçu ce commandement de son Père (Jean 10:18). S’il se laissait prendre
volontairement par les hommes, il laissait aussi sa vie lui-même par obéissance ; personne ne
pouvait la lui ôter. Lui-même rendit l’esprit lorsque tout fut accompli (ce qu’aucun homme ne
pourrait faire), en pleine possession de toute sa force et après avoir crié d’une forte voix.

Lorsque ce cri, cri de victoire et non d’agonie, retentit, « le voile du temple se déchira en
deux, depuis le haut jusqu’en bas ; et la terre trembla, et les rochers se fendirent, et les
sépulcres s’ouvrirent ». Le premier acte qui suivit la mort de Christ fut que le voile du temple
se déchira. Dieu montrait ainsi que le pécheur lavé de ses péchés avait le droit d’entrer dans sa
bienheureuse présence, dont le voile le séparait. Dieu pouvait librement satisfaire le désir
éternel de son cœur qui voulait des hommes sauvés et parfaits devant lui. Le chemin des lieux
saints manifesté, les adorateurs, rendus parfaits à perpétuité, pouvaient entrer librement dans
la présence du Dieu trois fois saint (Héb. 9:8 ; 10:19).

Le second acte qui suivit la mort de Jésus fut la manifestation de la puissance victorieuse de la
mort : la terre trembla, les rochers se fendirent et les sépulcres s’ouvrirent. Ainsi l’homme
sortait de la puissance de la mort et ressuscitait, capable d’entrer devant Dieu. Vérités

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merveilleuses que nous indiquent ces faits ! Mais rien ne pouvait se réaliser pour l’homme
avant que Christ ne soit ressuscité d’entre les morts. C’est pourquoi il est dit que « beaucoup
de corps des saints endormis ressuscitèrent, et étant sortis des sépulcres après sa résurrection,
ils entrèrent dans la sainte ville, et apparurent à plusieurs ». Ils ne pouvaient sortir auparavant.

« Le centurion et ceux qui avec lui veillaient sur Jésus, ayant vu le tremblement de terre et ce
qui venait d’arriver, eurent une fort grande peur, disant : Certainement celui-ci était Fils de
Dieu ». La mort d’un tel homme, en pleine possession de sa force et les événements qui la
suivirent, étaient propres à arracher ce témoignage à un païen, mais ils laissaient les chefs des
Juifs indifférents et incrédules.

Un certain nombre de femmes qui avaient suivi Jésus depuis la Galilée en le servant,
regardaient de loin et furent témoins de ce qui arriva. Parmi elles se trouvaient Marie de
Magdala et Marie, la mère de Jacques et de Joses, ainsi que la mère des fils de Zébédée.

En Ésaïe 53:9, il est dit : « On lui donna son sépulcre avec les méchants ; mais il a été avec le
riche dans sa mort ». Aussi, pour l’accomplissement de cette prophétie, un homme riche,
Joseph d’Arimathée, disciple de Jésus, demanda à Pilate le corps du Seigneur. Pilate ayant
donné l’ordre que le corps lui soit livré, il l’enveloppa d’un linceul net, et le mit dans son
sépulcre neuf taillé dans le roc ; puis il roula une grande pierre contre la porte et s’en alla. Les
femmes qui avaient suivi Jésus de la Galilée, restaient assises vis-à-vis du sépulcre. Leur
attachement au Seigneur est bien touchant ; il leur faisait vaincre toute crainte, pour voir
jusqu’au bout ce qui en adviendrait de leur Seigneur, les disciples demeuraient à distance ;
l’amour pour Jésus fait faire des choses qui le réjouissent. Mais que de pensées devaient
s’élever dans leurs cœurs ! Elles avaient suivi et servi leur Seigneur, avaient été témoins et
objets de sa puissance et de sa grâce ; l’une d’elle fut délivrée de sept démons (Marc 16:9).
Elles assistaient à la fin douloureuse d’une vie d’activité merveilleuse. Celui qui l’avait
accomplie, auquel elles avaient cru comme au Messie, qui devait amener la bénédiction sur la
nation, était là inanimé, couché dans un sépulcre ; tout semblait terminé pour elles. En effet,
c’était, pour Dieu, la fin de l’homme perdu et pécheur, la fin du temps pendant lequel il avait
réclamé, mais en vain, à un tel homme l’accomplissement de la loi, la fin du peuple juif selon
la chair. Mais ces femmes n’en savaient rien. Cependant, trois jours après, elles entrèrent, par
la résurrection du Seigneur, dans un commencement nouveau et éternel ; elles furent témoins
de la résurrection du vainqueur de la mort le matin du premier jour de la semaine, premier
jour du christianisme. Comme le Seigneur l’avait dit aux disciples, leur tristesse fut changée
en joie (Jean 16:20).

28.6 - Chapitre 27 v. 62-66 — La garde au sépulcre

Jésus fut crucifié le jour de la Pâque, quoique les Juifs l’aient désiré autrement ; il s’appelait
la Préparation parce qu’on se préparait à fêter le sabbat qui avait lieu le lendemain. Cette
année-là, la Pâque tombait sur un vendredi ; c’est donc le sabbat qui est appelé (v. 62) le
lendemain, qui est après la Préparation, et que le Seigneur passa tout entier dans le sépulcre.
Les principaux sacrificateurs et les pharisiens s’assemblèrent auprès de Pilate ce jour-là et lui
dirent : « Seigneur, il nous souvient que ce séducteur, pendant qu’il était encore en vie, disait :
Après trois jours, je ressuscite. Ordonne donc que le sépulcre soit gardé avec soin jusqu’au
troisième jour ; de peur que ses disciples ne viennent et ne le dérobent, et ne disent au peuple :
Il est ressuscité des morts ; et ce dernier égarement sera pire que le premier. Et Pilate leur dit :

143
Vous avez une garde, allez, rendez-le sûr comme vous l’entendez ». Comme tous les
incrédules, les chefs des Juifs redoutent de voir se confirmer ce qu’ils prétendent ne pas
croire. Aussi ils veulent prévenir tout ce qui pourrait faire croire à la résurrection de Jésus.
Mais leurs précautions n’ont servi qu’à leur donner la preuve de cette résurrection, comme
nous le verrons au chapitre suivant, car les gardiens qu’ils placèrent au sépulcre s’enfuirent
effrayés à la vue de l’ange qui roula la pierre, pour que les femmes pussent constater la
résurrection de Jésus.

L’ennemi avait intérêt à empêcher la divulgation de la résurrection, ce fait d’une importance


capitale, fondement de l’Évangile. Si Jésus n’était pas ressuscité, sa mort, qui était la fin de
l’homme en Adam, le jugement de Dieu, aurait clôturé la triste histoire du pécheur et tout
serait fini par là. Mais cela ne se pouvait pas. Celui qui était entré dans la mort était le Fils du
Dieu vivant, le Prince de la vie ; elle ne pouvait le retenir. Il avait dit : « À cause de ceci le
Père m’aime, c’est que moi je laisse ma vie, afin que je la reprenne » (Jean 10:17). Il l’a
reprise et, en la reprenant, il a introduit dans la vie tous ceux pour lesquels il est mort. Il a
ainsi remporté la victoire sur la mort et toutes les promesses de Dieu pourront s’accomplir.
C’est pourquoi les apôtres rendaient témoignage, avec une grande puissance, de la
résurrection de Jésus, d’entre les morts (Actes 4:33. Voir aussi Actes 1:22 ; 2:24, 31, 3:15, 4:2
et 10 ; 5:30, etc).. L’apôtre Paul dit : « Si Christ n’a pas été ressuscité, votre foi est vaine,
vous êtes encore dans vos péchés » (1 Cor. 15:17). On comprend que l’ennemi, qui n’avait pu
détourner Jésus du chemin de l’obéissance, ait fait tous ses efforts pour empêcher le
témoignage rendu à sa résurrection. Il fait toujours une œuvre trompeuse, ainsi que ceux qui
l’écoutent, mais Dieu accomplit son œuvre de grâce pour la délivrance des pécheurs.

29 - Chapitre 28
29.1 - Chapitre 28 v. 1-14 — Résurrection de Jésus

Les femmes qui avaient été témoins de l’ensevelissement de Jésus se tinrent en repos le jour
du sabbat, selon la loi ; mais, préoccupées de la personne de leur Seigneur et des soins
qu’elles voulaient apporter à son précieux corps, Marie de Magdala et l’autre Marie, la mère
de Jacques et de Joses (Marc 15:40, 47 et 16:1), se rendirent au sépulcre, le jour du sabbat, au
crépuscule du premier jour de la semaine (*). Cette visite leur fit constater qu’il n’y avait rien
de changé depuis la veille, et elles attendirent le matin pour embaumer le corps de Jésus.

(*) Les Juifs comptaient le jour d’un coucher de soleil à l’autre, donc du soir au lendemain
soir (voir Lévitique 23:32).

Les versets 2 à 4 nous disent ce qui se passa pendant la nuit. « Il se fit un grand tremblement
de terre ; car un ange du Seigneur, descendant du ciel, vint et roula la pierre, et s’assit sur elle.
Et son aspect était comme un éclair, et son vêtement blanc comme la neige. Et de la frayeur
qu’ils en eurent, les gardiens tremblèrent et devinrent comme morts ». Matthieu seul raconte
l’ouverture du sépulcre par l’ange ; dans les autres évangiles, lorsque les femmes arrivent,

144
elles trouvent le tombeau ouvert et vide. Mais Matthieu est seul à parler des précautions prises
par les Juifs, afin que l’on ne puisse pas dire que Jésus était ressuscité. Dieu a permis que les
Juifs fassent garder le sépulcre pour leur donner, par leurs propres gardes, le témoignage
irrécusable de la résurrection de son Fils et leur montrer ainsi leur folie. Cependant (v. 11 à
15) les chefs poursuivaient leur pensée, car, après le rapport des gardes, qui rendait évidente
la résurrection de Jésus, ils s’assemblèrent et donnèrent une bonne somme d’argent aux
soldats, afin qu’ils dissent que ses disciples étaient venus de nuit et avaient dérobé le corps du
Seigneur pendant qu’ils dormaient. Aujourd’hui encore les Juifs donnent créance à ce récit.

Nous voyons en cela que l’incrédulité résulte de la volonté perverse de l’homme. On est
incrédule parce qu’on ne veut pas croire ; beaucoup disent qu’ils ne le peuvent pas, mais le
fait est qu’ils ne veulent pas ; le cœur naturel n’aime pas à croire les choses telles que Dieu les
dit, quoique l’incrédule ne veuille pas se l’avouer ; car si l’homme coupable envers Dieu croit
ce que Dieu dit, il est trouvé en défaut et condamné. Voulant, dans son orgueil, éviter ce
reproche, il demeure dans son incrédulité, tandis que, s’il accepte ce que Dieu dit de lui, il est
sur le chemin du salut.

En effet, dans le jour de la grâce, la même Parole, qui présente l’état de l’homme pécheur et
perdu, présente aussi le moyen de salut. Le Seigneur avait dû dire aux Juifs : « Vous ne
voulez pas venir à moi pour avoir la vie » (Jean 5:40). Devant le sanhédrin, lorsque les chefs
lui demandent s’il est le Christ, Jésus répond : « Si je vous le disais, vous ne le croiriez point »
(Luc 22:67). Ainsi ils demeurèrent dans leur incrédulité et par conséquent sous le jugement
(voir Jean 3:18 et 8:24) ; telle sera la part de quiconque ne croira pas.

29.2 - Chapitre 28 v. 5-10 — Apparition de l’ange aux femmes

Arrivées au sépulcre, les femmes trouvèrent l’ange qui avait roulé la pierre. Elles aussi eurent
peur en le voyant (Luc 24:5), mais l’ange leur dit : « Pour vous, n’ayez point de peur ; car je
sais que vous cherchez Jésus le crucifié ». Ceux qui aiment le Seigneur et le recherchent ici-
bas n’ont rien à craindre ; aujourd’hui comme alors, le monde peut être contre eux, mais ils
sont du côté de Dieu au sujet de son Fils, et les anges sont des esprits administrateurs qui
servent en leur faveur (Héb. 1:14). Quelle paix cela donne au cœur d’avoir pour objet le
Seigneur Jésus, surtout comme nous pouvons le connaître aujourd’hui, comme ces saintes
femmes le connurent bientôt, un Christ ressuscité qui a vaincu la mort et a délivré ainsi « tous
ceux qui, par la crainte de la mort, étaient, pendant toute leur vie, assujettis à la servitude »,
puisqu’il a rendu « impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable »
(voir Hébreux 2:14-16). Pour l’incrédule, pour celui qui veut avoir sa part avec le monde qui a
rejeté Christ, il n’y a que crainte. « Il n’y a pas de paix, dit l’Éternel, pour les méchants »
(Ésaïe 48:22).

L’ange confirme aux femmes, en ces termes, ce que Jésus avait dit touchant sa résurrection.
« Il n’est pas ici ; car il est ressuscité, comme il l’avait dit ». Elles étaient ignorantes ; leur foi
en lui comme Messie vivant sur la terre avait rendu obscures les vérités concernant son rejet,
vérités qui devaient les introduire dans des bénédictions plus grandes que celles que le Messie
aurait apportées, s’il avait été reçu ici-bas. Mais leur attachement à sa personne leur ouvrait
l’intelligence à son égard et les introduisait dans les bénédictions qui découlaient de sa mort.
« Qui cherche trouve », avait dit Jésus. Si l’on cherche le Seigneur, il se révèle à l’âme d’une
manière qui dépasse toujours ce qu’elle est capable de désirer de lui. Rappelons-nous que le

145
vrai chemin de l’intelligence spirituelle est l’amour pour Christ. De celui qui aime le Seigneur
et qui montre cet amour par l’obéissance, il dit : « Et moi je l’aimerai, et je me manifesterai à
lui » (Jean 14:21). C’est ce qui eut lieu pour ces femmes. L’ange ajoute : « Venez, voyez le
lieu où le Seigneur gisait ; et allez promptement, et dites à ses disciples qu’il est ressuscité des
morts. Et voici, il s’en va devant vous en Galilée : là vous le verrez ; voici, je vous l’ai dit ».
Heureuse nouvelle ! Au lieu d’embaumer le corps de Jésus, elles allaient le voir vivant. Puis,
comme il arrive toujours lorsque le cœur reçoit des vérités qui le réjouissent, on ne peut les
garder pour soi et l’on devient un moyen de porter la joie et la bénédiction à d’autres. « Et
sortant promptement du sépulcre avec crainte et une grande joie, elles coururent l’annoncer à
ses disciples ». Chemin faisant, elles virent Jésus venir lui-même au-devant d’elles en disant :
« Je vous salue. Et elles, s’approchant de lui, saisirent ses pieds et lui rendirent hommage ». Il
y a toujours à gagner d’obéir à la Parole en ayant le Seigneur comme objet de son cœur.
Comme il l’a dit, il se révèle lui-même. Quelle joie pour ces femmes de retrouver vivant celui
qu’elles étaient venues chercher parmi les morts ! Quelle joie pour tous les croyants, lorsque
nous le verrons dans sa beauté ! Puissions-nous tous désirer toujours plus ardemment ce
glorieux et prochain moment, afin de jouir de lui mieux que nous ne le faisons ici-bas ! Pour
que ce désir soit plus vivant, nous devons le rechercher actuellement dans une plus grande
mesure, car, pour souhaiter de voir une personne, il faut la connaître au préalable.

Jésus renouvelle aux femmes le message dont l’ange les avait chargées, en ajoutant ce qui
caractérise le récit dans l’évangile selon Jean (chap. 20:17), un titre précieux pour les siens.
L’ange avait dit : « Dites à ses disciples », et Jésus leur dit : « Allez annoncer à mes frères
qu’ils aillent en Galilée, et là ils me verront ». En vertu de la mort de Christ, qui a mis fin à
tout ce qui caractérisait l’homme en Adam, pécheur et perdu, le croyant est placé dans une
position nouvelle, celle de Christ ressuscité, il est un avec lui, comme il est dit en Hébreux
2:11 : « Il n’a pas honte de les appeler frères », car ceux qu’il a sanctifiés sont dans la même
relation que lui avec son Dieu et son Père, qu’il appelle, dans l’évangile selon Jean, « votre
Dieu et votre Père ».

29.3 - Chapitre 28 v. 16-20 — Jésus et ses disciples en Galilée

Dans le message de l’ange aux femmes, comme dans celui du Seigneur, nous trouvons la
réponse à un besoin réel, celui de voir le Seigneur, besoin que l’Esprit de Dieu reconnaît chez
tout croyant ; c’est pourquoi il est dit les deux fois : « Là vous le verrez ». Pour répondre à ce
besoin des disciples, témoins de l’ascension du Seigneur, deux anges sont envoyés afin de
leur dire : « Ce Jésus, qui a été élevé d’avec vous dans le ciel, viendra de la même manière »
(Actes 1:11). Beaucoup de passages annoncent cette venue, non pour dire seulement que nous
quitterons les misères de cette terre, mais afin que nous soyons avec le Seigneur. L’apôtre
Paul termine la révélation de la venue de Christ pour enlever les siens en disant : « Et ainsi
nous serons toujours avec le Seigneur » (1 Thessaloniciens 4:17). Mais, chers lecteurs qui
aimez le Seigneur, en attendant le glorieux moment où nous le verrons tel qu’il est et lui
serons rendus semblables, nous avons le privilège de le voir par la foi, présent au milieu des
saints réunis en son nom sur cette terre. C’est ce dont jouirent les disciples auxquels les
femmes transmirent le message du Seigneur. « Et les onze disciples s’en allèrent en Galilée,
sur la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre. Et l’ayant vu, ils lui rendirent
hommage ». Il leur « avait ordonné », est-il dit ; la parole du Seigneur fait autorité pour le
croyant. Sa pensée, une fois connue, devient un ordre et chacune de ses paroles un
commandement. Les disciples obéirent et virent le Seigneur alors sur la terre ; mais nous

146
avons ce même privilège dans ce temps où le Seigneur est absent corporellement. Il nous
invite lui-même en disant : « Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au
milieu d’eux » (Matthieu 18:20). C’est un grand privilège de pouvoir répondre au désir
exprimé par celui qui est mort non seulement pour nous soustraire au jugement de Dieu, mais
aussi pour rassembler en un les enfants de Dieu dispersés. Rien n’a plus de force que
l’autorité de l’amour qui nous invite à nous rencontrer avec Jésus sur cette terre, en attendant
de le faire dans le ciel. Comment pourrions-nous désirer son retour pour être avec lui, et
négliger le rassemblement des croyants autour de sa personne ici-bas ? Tous ceux qui
répondent au désir exprimé par le Seigneur en se rencontrant là où il a dit qu’il serait,
remportent une joie et une bénédiction pour leur âme infiniment plus grandes que ceux qui se
réunissent simplement pour entendre un exposé de la Parole ou un discours par tel ou tel frère
ou prédicateur de leur choix ; car se réunir dans ce but, c’est préférer le serviteur au Maître.
Sans doute, le Maître peut se servir d’un frère pour faire éprouver de la bénédiction, mais
cette bénédiction se réalisera surtout par ceux qui seront venus chercher premièrement la
présence du Seigneur par obéissance à sa Parole et pour répondre au désir de son cœur.

Dans le message adressé aux disciples, on trouve un principe important à retenir quant au lieu
où l’on voit le Seigneur ; pour les disciples, c’était en Galilée. Pourquoi n’était-ce pas au
temple à Jérusalem, l’endroit où l’Éternel avait mis son nom et d’où la bénédiction devait se
répandre et se répandra sur toute la terre ? La présence de l’Éternel n’était plus dans ce qu’il
avait appelé autrefois sa maison ; il avait été rejeté dans la personne de Jésus. Un nouvel ordre
de choses est introduit, ordre de choses célestes quoique se passant ici-bas et dont Christ
rejeté et méprisé est le centre. Ceux qui suivent Christ en obéissant à sa parole le cherchent là
où il leur ordonne de se rendre. C’est tout ce qu’il leur faut. Ils participent au mépris jeté sur
son nom par le monde qui veut sa religion à lui, sans se conformer aux commandements du
Seigneur. Les Juifs de Judée dédaignaient la Galilée, mais, selon cet évangile, le Seigneur s’y
retira, lorsqu’il eut appris que Jean le Baptiseur avait été jeté en prison, et c’est là que
s’accomplit la plus grande partie de son ministère.

Souvenons-nous que le mépris du monde accompagnera toujours la fidélité au Seigneur, mais


l’opprobre de Christ est plus glorieux que tout ce que l’homme peut estimer.

Le récit de la résurrection correspond au caractère de tout l’évangile selon Matthieu, dans


lequel Jésus est présenté comme Messie. Après avoir vécu surtout parmi les pauvres
Galiléens, il se retrouve, après sa mort, au milieu de ceux qui l’ont reçu. Là, il leur donne des
ordres, non pour Israël, mais pour toutes les nations, afin de les faire disciples en les
introduisant par le baptême chrétien sur le terrain où son autorité est reconnue, pour qu’ils se
conforment aux enseignements qu’il avait donnés aux siens. Le baptême se fait au nom du
Père, du Fils et du Saint Esprit, pleine révélation de Dieu en grâce, en contraste avec l’Éternel,
le Dieu d’Israël. Selon cette révélation, la bénédiction s’étend au-delà des limites d’Israël.
Jésus leur dit qu’il sera avec eux — Emmanuel, Dieu avec nous (voir chap. 1:23) — jusqu’à
la consommation du siècle, c’est-à-dire jusqu’au moment où il établira son royaume en gloire.

L’ascension du Seigneur n’est pas mentionnée dans cet évangile, parce que l’Esprit de Dieu
présente Jésus prenant place au milieu de ses disciples sur la terre, comme résidu de son
peuple qu’il envoie dans le monde entier. Il leur promet sa présence avec eux jusqu’à la fin,
puisqu’il a reçu toute autorité dans les cieux et sur la terre.

On voit, dans ces dernières paroles du Seigneur, que sa fidélité demeure envers les siens. Au
commencement de l’Évangile, il s’était présenté à son peuple comme Emmanuel, « Dieu avec

147
nous », mais le peuple l’ayant rejeté, il est encore Emmanuel pour ceux qui l’ont reçu,
jusqu’au moment où le peuple le reconnaîtra. Aussi tous ceux qui ont cru en lui peuvent
compter aujourd’hui sur cette promesse jusqu’à la fin.

Puissent tous les croyants éprouver le besoin de réaliser cette précieuse promesse et en faire
l’encourageante expérience, à la gloire de Celui qui les a tant aimés !

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Réflexions sur l’évangile selon Marc


F. B. Hole

Les Réflexions sur les évangiles et les Actes de F.B. Hole ont premièrement paru en anglais
en 1937-1939 dans le périodique « Edification » et en 1940 à 1944 dans le périodique
« Scripture Truth ».

1 - Chapitre 1

2 - Chapitre 2

3 - Chapitre 3

4 - Chapitre 4

5 - Chapitre 5

6 - Chapitre 6

7 - Chapitre 7

8 - Chapitre 8

9 - Chapitre 9

10 - Chapitre 10

11 - Chapitre 11

149
12 - Chapitre 12

13 - Chapitre 13

14 - Chapitre 14

15 - Chapitre 15

16 - Chapitre 16

1 - Chapitre 1
L’auteur de cet évangile est ce Jean, appelé Marc, dont nous parle Actes 15:37, qui avait
manqué dans son service, quand il avait accompagné Paul et Barnabas dans leur premier
voyage missionnaire, et qui par la suite était devenu entre eux un sujet de discorde. Il avait
d’abord manqué lui-même et puis était devenu aussi une occasion de défaillance pour d’autres
plus grands que lui. Triste début dans une carrière où il est plus tard si pleinement restauré
qu’il devient un instrument utile au Seigneur, dans ce travail éminent qu’est la rédaction de
l’évangile qui présente le Seigneur Jésus comme le parfait serviteur de l’Éternel, le vrai
prophète du Seigneur.

Il intitule son livre « évangile », ou « bonne nouvelle » de « Jésus Christ, Fils de Dieu » ;
ainsi, dès le début, il ne nous est pas permis d’oublier qui est ce parfait serviteur. Il est le Fils
de Dieu, et ce fait est encore souligné par les citations tirées de Malachie et d’Ésaïe aux
versets 2 et 3, où celui dont le précurseur devait préparer le chemin est présenté comme étant
d’origine divine : l’Éternel lui-même. La mission du messager, de celui qui crie dans le désert,
marque le commencement même de l’annonce de la bonne nouvelle qu’apporte le Seigneur.

Ce messager, c’est Jean le baptiseur, et dans les versets 4 à 8, nous avons un bref résumé de sa
mission et de son témoignage. Le baptême qu’il prêche est le baptême de repentance, en
rémission de péchés, et ceux qui s’y soumettent viennent, confessant leurs péchés. Il leur faut
reconnaître qu’en eux il n’y a rien de bon. Et donc, comme cela convient tout à fait, Jean se
tient entièrement séparé de cette société qu’il lui faut condamner. Ce dont il est vêtu, ce dont
il se nourrit, le lieu où il se tient, allant dans le désert, lui font prendre une place de séparation.

Moïse avait donné la loi ; Élie avait accusé le peuple de s’en être détourné, et l’avait appelé à
s’y soumettre à nouveau. Jean, bien qu’il vienne dans l’esprit et la puissance d’Élie, ne les
exhorte pas à garder la loi, mais plutôt à confesser honnêtement qu’ils l’ont entièrement
enfreinte. Cela les prépare pour la suite de son message concernant celui qui est infiniment
plus grand, qui est sur le point de venir et les baptisera du Saint Esprit. Le baptême dont il les
baptisera sera beaucoup plus grand que celui de Jean, exactement comme sa personne même
est bien au-dessus de lui, Jean. Celui qui peut ainsi répandre l’Esprit Saint ne peut être moins
que Dieu lui-même.

Le commencement de l’annonce de la bonne nouvelle dans l’œuvre de Jean étant ainsi décrit,
nous sommes ensuite amenés au baptême de Jésus, résumé par les versets 9 à 11. Ici, comme
dans tout cet évangile, une brièveté et une concision extrêmes caractérisent le récit. Jésus
vient de Nazareth, cet endroit humble et méprisé de la Galilée, et se soumet au baptême de
150
Jean, non pas qu’il ait quoi que ce soit à confesser, mais parce qu’il veut s’identifier avec ces
âmes qui, par la repentance, font un pas dans la bonne direction. Alors il convient, avant son
entrée dans le ministère public, que soit manifestée l’approbation du ciel sur le parfait
Serviteur, de peur que ne soit mal interprétée l’humilité dont il fait preuve en se laissant
baptiser. L’Esprit descend sur lui comme une colombe, et la voix du Père se fait entendre,
rendant témoignage à sa personne et à sa perfection. Le serviteur du Seigneur est lui-même
scellé de l’Esprit Saint, la colombe étant l’emblème de la pureté et de la paix. Étant devenu
homme, il faut qu’il reçoive l’Esprit lui-même ; bientôt, dans son élévation, il répandra cet
Esprit comme baptême sur d’autres. C’est dans la puissance de cet Esprit qu’il s’avance pour
servir. Il faut noter également que, pour la première fois, il y a une révélation claire de la
divinité comme Père, Fils et Saint Esprit.

La première action de cet Esprit en ce qui concerne le Seigneur nous est présentée aux versets
12 et 13. S’avançant pour répondre à la volonté de Dieu, il faut qu’il soit mis à l’épreuve, et
l’Esprit le pousse à cela. C’est ici que pour la première fois nous trouvons le mot « aussitôt »,
que nous rencontrons si souvent dans cet évangile. Pour être accompli comme il convient, le
service doit être caractérisé par une prompte obéissance ; c’est pourquoi nous voyons notre
Seigneur comme celui qui n’a jamais perdu un instant dans le sentier où il a servi.

Il faut qu’il soit mis à l’épreuve avant d’entrer dans son ministère public, et cette épreuve a
lieu tout de suite. Lorsque le premier homme est apparu, il a vite été mis à l’épreuve par le
diable et il est tombé. Le second homme est là maintenant, et lui aussi doit être également mis
à l’épreuve par le diable. Seulement, au lieu d’être dans un beau jardin, il est dans le désert —
c’est ce qu’avait fait de son jardin le premier homme. Il est avec des bêtes qui sont sauvages,
à cause du péché d’Adam. Il est mis à l’épreuve pendant quarante jours, un temps complet de
mise à l’épreuve, et il en sort vainqueur, car à la fin de saints anges le servent.

Aucun détail quant aux différentes tentations n’est mentionné ici, simplement le fait que la
tentation a eu lieu, dans quelles conditions, et ce qui en est résulté. Le serviteur du Seigneur
est pleinement mis à l’épreuve et sa perfection est rendue manifeste. Il est prêt à servir. Aussi,
au verset 14, Jean quitte la scène. L’introduction à l’annonce de l’évangile est finie, et sans
autre explication nous pénétrons tout de suite dans un bref récit du merveilleux service
accompli par le Seigneur.

Son message est décrit comme étant « l’évangile du royaume de Dieu », et un très court
résumé de ce qu’il comporte se trouve au verset 15. Dans l’Ancien Testament, il est parlé du
royaume de Dieu, en particulier dans Daniel. Au chapitre 9 de ce livre, une certaine période
avait été fixée pour la venue du Messie et l’accomplissement de la prophétie. Le temps était
accompli et, en lui, le royaume s’était approché. Il appelle les hommes à se repentir, et à
croire à l’évangile. C’est en proclamant cela qu’il vient en Galilée. Pour le moment, il est seul
dans ce service.

Mais il ne reste pas seul longtemps. Ici et là son message est reçu, et des rangs de ceux qui
croient, il commence à en appeler quelques-uns qui doivent être plus étroitement associés à lui
dans son service pour devenir à leur tour « pêcheurs d’hommes ». Lui-même est le grand
pêcheur d’hommes, comme cela est montré dans les deux circonstances rapportées aux versets
16 à 20. Il sait qui il veut appeler à son service. Voyant les fils de Zébédée, il les appelle
aussitôt, et il est dit des fils de Jonas que lorsqu’il les appela, « aussitôt, ayant quitté leurs
filets, ils le suivirent ». Comme grand serviteur de Dieu, Jésus a été prompt à adresser son
appel ; comme serviteurs placés sous ses ordres, ils ont été prompts pour obéir.

151
Il vaut la peine de remarquer que ces quatre hommes qui ont été appelés sont diligents dans
leur travail. Pierre et André sont occupés à pêcher, Jacques et Jean ne se prélassent pas
pendant leur temps de repos, ils raccommodent les filets.

Au verset 16 nous lisons : « il marchait », mais au verset 21, ils entrent. Les hommes qu’il a
appelés sont maintenant avec lui, écoutant ce qu’il dit et voyant ses œuvres de puissance.
Entrant dans Capernaüm, il enseigne « aussitôt » le jour de sabbat, et ce qu’il dit porte la
marque de l’autorité. Les scribes ne faisaient que répéter les pensées et les opinions d’autres
personnes, s’appuyant sur l’autorité des grands rabbins des siècles précédents ; aussi est-ce ce
signe d’autorité qui étonne les gens. Elle est si évidente qu’ils la remarquent immédiatement.
Il est vraiment ce prophète qui a les paroles de l’Éternel dans la bouche et dont Moïse avait
parlé en Deutéronome 18:18-19.

Et non seulement il y a en lui autorité, mais aussi puissance, une vraie force active. Cela se
manifeste à la même occasion dans la façon dont il s’occupe de l’homme possédé d’un esprit
immonde. Sous la dépendance du démon, l’homme le reconnaît comme étant le Saint de Dieu,
tout en le voyant comme celui qui est venu pour détruire. Devant cette provocation, le
Seigneur se révèle comme le libérateur et non pas le destructeur. C’est le diable qui est le
destructeur, et donc le démon, qui est son serviteur, fait ce qu’il peut dans ce sens en déchirant
le pauvre homme avant de sortir de lui. Il ne peut garder son emprise sur sa victime en
présence de la puissance du Seigneur.

De nouveau les gens sont saisis d’étonnement. Ils voient l’autorité qui s’exprime dans ce qu’il
fait, comme ils l’avaient auparavant sentie dans ce qu’il disait, d’où leur double interrogation :
Qu’est-ce que ceci ? Qu’est-ce que cette nouvelle doctrine ? Ces deux choses doivent toujours
être maintenues ensemble dans le service de Dieu. Ce que l’on dit doit être étayé par ce que
l’on fait. Lorsqu’il n’en est pas ainsi ou que, pire encore, nos œuvres contredisent nos paroles,
notre service est faible ou vain.

Dans le cas de Jésus, les deux choses sont parfaites. Son enseignement est plein d’autorité et,
avec la même autorité, il exige l’obéissance des démons ; de là vient que sa renommée se
répand avec une rapidité qui s’accorde à la promptitude avec laquelle il sert Dieu de façon
admirable en faveur de l’homme.

Nous n’en avons pas encore fini avec les activités de cette admirable journée à Capernaüm,
car le verset 29 nous dit qu’ayant quitté la synagogue ils entrèrent dans la maison de Simon et
d’André. Ils font cela « aussitôt », c’est toujours le même mot caractéristique, indiquant la
promptitude. Pas de perte de temps pour notre bien-aimé Maître, pas de perte de temps pour
ceux qui le suivent maintenant, car ils lui parlent aussitôt (même mot) du besoin qui se trouve
dans cette maison. Besoin humain, fruit du péché de l’homme, qui se présente à lui à tout
moment. Il se manifeste aussi bien dans la maison de ceux qui sont devenus ses disciples qu’il
s’est manifesté dans la synagogue, centre local de leurs rites religieux.

La puissance du démon était bien présente dans le cercle religieux, et la maladie dans le cercle
familial. Et Jésus peut répondre largement à ces deux besoins. Le démon quitte l’homme
complètement et aussitôt. La fièvre quitte la femme avec la même promptitude ; et il ne faut
aucune période de convalescence avant qu’elle reprenne ses tâches ménagères habituelles.
Rien d’étonnant si, rapidement, « la ville tout entière est rassemblée à la porte ».

152
Le tableau présenté aux versets 32 à 34 est très beau. « Le soir étant venu, comme le soleil se
couchait », le travail de la journée étant terminé, des foules se rassemblent, apportant un grand
nombre de personnes dans le besoin, et il dispense la grâce de sa puissance en guérison. Il ne
veut pas qu’aucun témoignage lui soit rendu de la part des puissances des ténèbres. La grâce
et la puissance qu’il manifeste sont un témoignage suffisant pour dire qui est celui qui sert
parmi les hommes. Dans son évangile, Jean nous dit qu’il y a beaucoup d’autres choses que
Jésus a faites et qui n’ont pas été rapportées. Quelques-unes sont indiquées ici sans que des
détails soient donnés.

Le récit tel qu’il nous est donné par Marc avance rapidement. Tard dans la soirée, l’œuvre de
grâce continue encore et puis, longtemps avant le jour, Jésus se lève et cherche la solitude
pour la prière. Nous venons de remarquer l’autorité et la puissance du parfait serviteur de
Dieu. Ici nous voyons sa dépendance de Dieu, sans laquelle il ne peut y avoir de vrai service.
Il faut que le serviteur reste étroitement attaché au maître, et quoique celui qui sert soit fils, il
ne se dispense pas de cette dépendance ; au contraire, il en est l’expression la plus élevée dans
son obéissance parfaite. En Hébreux 5:8, nous lisons qu’il apprit l’obéissance par les choses
qu’il a souffertes et ce mot, sans aucun doute, s’applique à tout son chemin sur la terre, et pas
seulement aux dernières scènes de souffrances d’un ordre plus physique.

Comme cela parle à tous ceux qui servent, si modeste que soit le service ! Sa journée était si
remplie d’activités, qu’il consacrait une grande partie de la nuit à la prière, et il était le Fils de
Dieu. Notre impuissance est causée principalement par notre insuffisance dans le domaine de
la prière individuelle dans le secret.

Les quatre versets suivants, 36 à 39, nous montrent la consécration du serviteur de Dieu.
Simon et d’autres semblent avoir considéré sa retraite à l’écart comme un inexplicable excès
de modestie ou peut-être comme une perte d’un temps qui était précieux. Tous le cherchaient
et il semblait laisser échapper ce flot de popularité grandissante. Mais la popularité n’était en
aucune façon ce qu’il poursuivait. Il s’était avancé comme serviteur pour prêcher le message
divin et ainsi, sans tenir compte des sentiments de la foule, il continue son service dans les
villes de la Galilée. Il se consacre à la mission qui lui a été confiée.

Et maintenant, dans les derniers versets de ce premier chapitre, nous avons un délicieux
tableau de la compassion de ce parfait serviteur de Dieu. Un lépreux vient à lui, et il ne peut y
avoir, quant à l’aspect physique, de spécimen plus repoussant de l’humanité. Ce pauvre
homme ne manque pas de foi, mais elle est imparfaite. Il a foi en la puissance de Jésus, mais
des doutes quant à sa grâce. Ce qui nous aurait animés, c’est le dégoût, accompagné
d’indignation devant la méconnaissance de nos sentiments bienveillants. Le Seigneur est ému
de compassion. Il est mû par elle, remarquez-le bien. Non seulement il regarde cette personne
misérable avec un amour plein de compassion, mais il agit. La source profonde de l’amour
divin qui est en lui jaillit et déborde. De sa main, Jésus le touche, de ses lèvres il parle, et
l’homme est guéri. Il n’était pas vraiment nécessaire qu’il le touche, car le Seigneur a guéri de
loin maint cas désespéré. Aucun Juif n’aurait songé à le toucher et à contracter ainsi la
souillure. Mais c’est ce qu’a fait le Seigneur. Il était absolument impossible qu’il soit souillé
et, s’il a touché le malade, c’est pour exprimer sa compassion autant que sa puissance. Cela
confirmait sa parole — « je veux » — et enlevait pour toujours de l’esprit de cet homme tout
doute quant à la volonté du Seigneur.

Nous voyons encore une fois comment notre Seigneur ne recherche pas l’enthousiasme des
foules, ni la notoriété. Les instructions qu’il donne à l’homme sont destinées à permettre que

153
le témoignage de sa guérison puisse se faire selon ce que Moïse avait prescrit. Mais lui, dans
sa grande joie, fait exactement ce qu’on lui avait dit de ne pas faire, de sorte que pendant
quelques jours le Seigneur doit éviter les villes et se tenir dans des lieux déserts. Peu de
choses suscitent davantage l’intérêt et la passion de l’homme qu’une guérison miraculeuse.
Mais le Seigneur recherchait des résultats spirituels. Il y a actuellement des mouvements
religieux pour la guérison qui sont à l’origine de beaucoup d’agitation, en dépit du fait que
leurs prétendues guérisons ressemblent bien peu à celles qu’opérait notre Seigneur. Les
acteurs, dans ces mouvements, ne fuient pas les projecteurs de la publicité, mais y trouvent
plutôt leur plaisir.

2 - Chapitre 2
Ce chapitre s’ouvre sur une autre œuvre de puissance qui s’accomplit dans une maison
particulière quand, après un certain temps, le Seigneur se trouve à nouveau à Capernaüm. Ce
qui apparaît ici, c’est une foi caractérisée par la ténacité et, ce qui est assez remarquable, ce
n’est pas celui qui souffre qui fait preuve d’une telle foi, mais ses amis. Le Seigneur est en
train de prêcher à nouveau la Parole. C’est là son service avant tout ; son travail de guérison
ne s’exerce que lorsque l’occasion se présente.

Les quatre amis ont cette sorte de foi qui se rit des impossibilités, qui dit : Cela se fera, et
Jésus le voit. Il s’occupe tout de suite du côté spirituel des choses, accordant le pardon des
péchés au paralytique. Pour les scribes raisonneurs qui sont présents, ce n’est que blasphème.
Il est bien certain qu’ils avaient raison en pensant que personne sinon Dieu ne peut pardonner
les péchés, mais ils se trompent entièrement en ne discernant pas que Dieu est présent au
milieu d’eux, et qu’il parle dans le Fils de l’homme. Le Fils de l’homme est sur la terre, et sur
la terre il a le pouvoir de pardonner les péchés.

Cependant le pardon des péchés n’est pas quelque chose qui est visible aux yeux des
hommes ; il faut qu’il soit accepté par la foi dans la Parole de Dieu. La guérison instantanée
d’un cas grave d’infirmité corporelle est visible aux yeux des hommes, et le Seigneur
accomplit ensuite ce miracle. Ceux qui sont là ne peuvent pas plus délivrer l’homme de la
maladie qui le tient prisonnier, qu’ils ne peuvent pardonner ses péchés.

Jésus peut faire les deux choses avec une égale facilité. C’est ce qu’il fait, présentant le
miracle accompli dans le corps comme preuve du miracle qui concerne l’âme. Ainsi il met les
choses en bon ordre. Le miracle d’ordre spirituel vient en premier lieu, celui qui concerne le
corps ne vient qu’après.

Ici encore le miracle est instantané et complet. L’homme qui avait été complètement impotent
se lève immédiatement, prend son lit et sort en présence de tous d’une manière qui fait rendre
gloire à Dieu par toutes les lèvres. Le Seigneur commande et l’homme n’a qu’à obéir, car la
possibilité de le faire lui est donnée en même temps qu’il reçoit le commandement du
Seigneur.

Cette circonstance, qui souligne le but spirituel du service qu’accomplissait notre Seigneur,
est suivie de l’appel de Lévi, qui nous est connu par la suite comme étant Matthieu le
publicain. L’appel de cet homme à suivre le maître nous montre la puissante attraction de la
parole de notre Seigneur. C’était une chose que d’appeler d’humbles pêcheurs à quitter leurs
154
filets et leur dur labeur. C’en était une autre d’appeler un homme qui avait de la fortune et la
tâche agréable de faire rentrer l’argent. Mais Jésus le fait avec deux mots : « Suis-moi », deux
mots qui tombent dans l’oreille de Lévi avec une telle force qu’il se lève et le suit. Dieu
veuille que nous sentions la puissance de ces deux mots dans notre cœur.

Quel merveilleux aperçu nous a été accordé du serviteur de Dieu, de sa promptitude, de son
autorité, de sa puissance, de sa dépendance, de sa consécration, de ses compassions, de son
refus de ce qui est superficiel et démagogique pour s’attacher à ce qui est spirituel et qui
demeure, et finalement des puissants attraits de sa personne !

S’étant levé pour suivre le Seigneur, Lévi montre bien vite qu’il est devenu disciple d’une
manière pratique. Il reçoit son nouveau maître dans sa maison en même temps qu’un grand
nombre de publicains et de pécheurs, manifestant par là quelque chose de l’esprit du Maître.
Lui qui était assis au bureau de recette fait montre maintenant de libéralité, afin que d’autres
puissent s’asseoir à sa table. Il se met à accomplir cette parole : « Il répand, il donne aux
pauvres » (Psaume 112:9), et cela sans qu’on lui dise de le faire. Il a commencé à exercer
l’hospitalité envers ceux de son entourage, afin qu’eux aussi rencontrent Celui qui a gagné
son cœur.

En cela il est un excellent modèle pour nous. Il a commencé par se dépenser pour les autres. Il
a fait la chose qui était le plus à sa portée. Il a rassemblé pour qu’ils rencontrent le Seigneur
ceux qui avaient des besoins et qui le savaient, plutôt que ceux qui étaient contents d’eux-
mêmes dans leur pratique religieuse. Il a découvert que Jésus est un donateur qui cherche
ceux qui sont disposés à recevoir.

Tout ceci est observé par les scribes et les pharisiens, propres justes qui expriment leur
désapprobation sous la forme d’une question posée aux disciples de Jésus. Pourquoi Jésus
fréquente-t-il des gens aussi vils, aussi dégradés ? Les disciples n’ont pas à répondre, car le
Seigneur lui-même répond à ces attaques. Sa réponse est complète et satisfaisante et elle est
presque passée en proverbe. Ceux qui se portent mal ont besoin de médecin, et les pécheurs
ont besoin du Sauveur. Ce ne sont pas des justes mais des pécheurs qu’il est venu appeler.

Peut-être les scribes et les pharisiens étaient-ils bien versés dans la loi, mais ils ne
comprenaient rien à la grâce. Or Jésus était le serviteur de la grâce de Dieu. Et Lévi avait saisi
quelque chose de cela. Et nous ? Bien plus que Lévi, nous devrions saisir cela dans la mesure
où nous vivons au moment où le jour de la grâce a atteint son plein midi. Cependant il peut
nous arriver d’avoir quelque ressentiment contre Dieu parce qu’il est si bon envers des gens
que nous aimerions dénoncer comme coupables : c’est ce que fit Jonas dans le cas des
habitants de Ninive, et ce que faisaient les pharisiens pour les pécheurs. Le grand Serviteur de
la grâce de Dieu est à la disposition de tous ceux qui ont besoin de lui.

La circonstance suivante (versets 18 à 22) montre les contradicteurs encore à l’œuvre. Ils
s’étaient plaints du Maître aux disciples et maintenant c’est des disciples qu’ils se plaignent
au Maître. Évidemment ils manquent de courage pour dire les choses en face. Cette façon
détournée de critiquer est très courante, rejetons-la. Dans les deux cas, les disciples n’ont rien
eu à répondre. Quand les pharisiens ont soutenu le caractère exclusif de la loi, c’est Jésus qui
s’est opposé à eux en faisant valoir le caractère libéral de la grâce, et c’est Jésus qui les a
réduits au silence. Maintenant ils veulent mettre sur les disciples le joug de la loi, et avec
force Jésus revendique la liberté de la grâce.

155
La parabole, ou l’image dont il se sert implique de façon évidente que Lui est l’Époux, la
personne importante, au centre de tout. Sa présence gouverne tout et apporte une merveilleuse
abondance. Bientôt il sera absent et alors seulement il conviendra de jeûner. Notons cela, car
nous sommes en un temps où jeûner est une chose qui convient. Depuis longtemps l’Époux
est absent et nous l’attendons. Au moment où le Seigneur parlait, les disciples étaient dans la
position d’un résidu pieux en Israël, recevant le Messie à sa venue. Après la Pentecôte, ils ont
été baptisés en un seul corps, et ont été établis comme fondement de cette cité qui est appelée
« l’Épouse, la femme de l’Agneau » en Apocalypse 21:9. À ce moment-là, ils avaient la place
d’Épouse plutôt que celle de fils de la chambre nuptiale. Cette position, c’est la nôtre
aujourd’hui. Cela ne fait que rendre encore plus clair qu’il ne nous convient pas de festoyer,
mais de jeûner. Jeûner, c’est s’abstenir de choses légitimes pour être davantage consacré à
Dieu, et pas simplement s’abstenir de nourriture pendant un certain temps.

Les pharisiens ne pensaient qu’à maintenir intacte la loi. Le danger pour les disciples, comme
les évènements l’ont prouvé par la suite, n’était pas tellement cela, mais plutôt d’essayer de
mélanger le judaïsme à la grâce qu’apportait le Seigneur Jésus. Le système légal était comme
un vieil habit ou une vieille outre. Jésus apportait ce qui ressemblait à un solide morceau de
drap neuf, ou à du vin nouveau avec son pouvoir d’expansion. Dans les Actes, nous pouvons
voir comment les vieilles formes extérieures de la loi ont cédé devant la puissance débordante
de l’évangile.

En vérité, nous voyons cela dans l’incident qui suit immédiatement et qui termine le chapitre
2. De nouveau les pharisiens viennent se plaindre des disciples au Maître. Maintenant, ils sont
coupables de ne pas conformer leurs activités à la vieille outre qu’étaient certaines
prescriptions concernant le sabbat. Les pharisiens poussaient leur respect du sabbat si loin,
qu’ils condamnaient même le fait qu’on froisse des épis de blé dans la main, comme s’il
s’agissait d’actionner un moulin. Ils soutenaient une interprétation très rigide de la loi dans
ces questions mineures. Ils étaient de ceux qui observaient la loi avec un soin méticuleux,
tandis qu’ils considéraient les disciples comme peu zélés.

Le Seigneur reçoit leur plainte et défend ses disciples en rappelant aux pharisiens deux
choses. Premièrement ils auraient dû connaître les Écritures, qui rapportent comment il était
arrivé à David de se nourrir, lui et ceux qui le suivaient, dans une situation critique. Ce qui
normalement n’était pas selon la loi avait été permis en un jour où les choses n’étaient pas
normales en Israël, à cause du rejet du roi légitime. 1 Samuel 21 nous en parle. À nouveau les
choses ne sont pas normales et le roi légitime va être rejeté. Dans les deux cas, des besoins
concernant l’Oint du Seigneur devaient être considérés comme plus importants que des détails
qui se rapportaient aux exigences cérémonielles de la loi.

Deuxièmement, le sabbat a été institué pour l’homme et non l’inverse. Donc l’homme passe
avant le sabbat et le Fils de l’homme, qui a sous son autorité tous les hommes, selon le
Psaume 8, doit nécessairement être le Seigneur du sabbat et, en conséquence, il est habilité à
en disposer selon sa volonté. Qui étaient les pharisiens pour contester son droit de le faire,
même si Jésus était venu parmi les hommes sous la forme de serviteur ?

Le Seigneur du sabbat était parmi les hommes et on le rejetait. Dans ces circonstances, les
préoccupations de ceux qui étaient étroitement attachés au respect de la loi cérémonielle
étaient déplacées. Leurs « outres » étaient vieilles et incapables de contenir la grâce
débordante et l’autorité du Seigneur. L’« outre » de leur sabbat se perce devant leurs yeux
mêmes.

156
3 - Chapitre 3
Cependant les pharisiens n’étaient en rien convaincus, et ils ouvrent à nouveau tout le débat,
un peu plus tard, quand, un autre jour de sabbat, Jésus entre en contact avec un besoin de
l’homme, dans une de leurs synagogues. Le conflit se déchaîne autour de cet homme qui avait
la main desséchée. Ils regardent Jésus, escomptant que leur sera fournie une occasion de
l’attaquer. Il relève ce défi qui, quoique inexprimé, se trouve dans leur cœur, en disant à
l’homme : « Lève-toi là, devant tous », le mettant ainsi bien en vue pour que tous les
assistants soient témoins de ce défi.

Une autre question concernant le sabbat est maintenant soulevée. Par la loi Dieu a-t-il voulu
interdire de faire du bien comme de faire du mal ? Le sabbat fait-il d’un acte de miséricorde
une transgression ?

On peut rapprocher cette question : « Est-il permis de faire du bien… ou de faire du mal ? »,
de Jacques 4:17. Si nous savons faire le bien et si nous ne le faisons pas, c’est pécher. Fallait-
il que le parfait Serviteur de Dieu, qui connaissait le bien, et qui de plus avait toute la
puissance pour le faire, retienne sa main d’agir parce qu’il se trouvait que c’était jour de
sabbat ? Impossible !

C’est de cette manière frappante que le saint Serviteur de Dieu justifiait son ministère de
grâce, en la présence de ceux qui lui auraient lié les mains par des interprétations rigides de la
loi de Dieu. Il est important que nous apprenions la leçon que nous enseigne tout cela, au cas
où nous tomberions dans une erreur semblable. La « loi du Christ » est très différente dans
son caractère et son esprit de la loi de Moïse ; cependant, de la même façon on peut en faire
mauvais usage. Si le joug de Christ, qui est léger et aisé, est tordu pour devenir un fardeau
pesant et aussi un véritable obstacle à l’effusion de la grâce et de la bénédiction, cela devient
une perversion plus grave que tout ce que nous voyons dans ces versets.

Le cœur des pharisiens était dur. Il était bien sensible à tous les aspects techniques de la loi,
mais dur s’il s’agissait d’avoir de la sollicitude pour les besoins de l’homme ou d’avoir
quelque sentiment de leur propre péché. Jésus voyait dans quel état affreux ils se trouvaient et
il en était affligé, mais il ne retient pas la bénédiction. Il guérit cet homme et les laisse à leur
péché. Ils étaient indignés parce qu’il avait enfreint la loi sur un des points auxquels ils
tenaient tant. Eux-mêmes sortent pour enfreindre une des plus importantes prescriptions de la
loi en tenant conseil pour le faire mourir. Voilà le pharisaïsme !

Devant cette haine meurtrière, le Seigneur se retire avec ses disciples. Nous le voyons, à la fin
du chapitre 1, se retirer de tout l’éclat que donne la popularité. Il ne cherche pas à se faire bien
voir, il ne désire pas non plus attiser la contestation. Ici nous trouvons le parfait Serviteur
agissant exactement comme est exhorté à le faire l’esclave du Seigneur en 2 Timothée 2:24.

Mais sa personne a un tel pouvoir d’attraction que les hommes affluent vers lui, même quand
il se retire. Une grande multitude se presse autour de lui ; sa puissance et sa grâce se
manifestent de bien des façons, et des esprits impurs reconnaissent en lui le Maître auquel il
faut qu’ils obéissent, bien qu’il n’accepte pas leur témoignage. Il apporte la bénédiction aux
hommes et les délivre ; cependant il n’attend rien d’eux. D’abord il a à sa disposition sur le
lac une petite barque, dans laquelle il peut se retirer loin de la foule qui le presse ; et puis il
157
monte sur une montagne où il appelle à lui seulement ceux qu’il veut, et d’entre eux il en
choisit douze destinés à être apôtres.

Ainsi, non seulement il répond à la haine des chefs religieux en se retirant d’eux, mais aussi
en appelant les douze qui, le moment voulu, iront poursuivre son service incomparable. Ainsi
prépare-t-il l’élargissement du service et du témoignage. Les douze qui ont été choisis doivent
être avec lui, et puis, quand leur temps d’instruction et de préparation sera terminé, il les
enverra. Cette période d’instruction dure jusqu’au verset 6 du chapitre 6. Au verset 7 de ce
même chapitre, nous avons le récit du vrai début de leur mission.

Le fait d’« être avec lui » est d’une immense importance pour celui qui est appelé à servir.
Cela est tout aussi nécessaire pour nous que cela l’était pour eux. Ils avaient sa présence et sa
compagnie sur la terre. Nous ne l’avons pas, mais nous avons son Esprit qui nous est donné et
sa Parole écrite. Ainsi nous est-il permis, dans un esprit de prière, de garder le contact avec
lui, et de recevoir cette éducation spirituelle qui seule nous forme pour le servir avec
intelligence. Les douze furent d’abord choisis, puis formés, puis envoyés avec la puissance
qui leur était accordée. Tel est l’ordre divin, et nous voyons ces choses présentées dans les
versets 14 et 15. Ayant appelé et choisi les douze sur la montagne, il revient aux endroits
fréquentés par les hommes et se trouve dans une maison. Immédiatement les foules
s’assemblent. L’attirance qu’il exerce est irrésistible et l’on exige tant de lui qu’il n’y a pas de
temps pour prendre les repas. Aussi la première chose dont sont témoins les douze, quand ils
sont avec lui, est cette forte vague d’intérêt, et l’apparente popularité de leur Maître.

Cependant ils voient vite un autre aspect des choses, et en premier lieu que Jésus n’est
absolument pas compris de ceux qui sont les plus proches de lui selon la chair. Sans doute
sont-ils remplis de bienveillante sollicitude pour lui. Ils ne peuvent comprendre un tel labeur
incessant et ils ont le sentiment qu’il convient de le saisir pour l’arrêter comme s’il n’avait
plus son bon sens. Jean 7:5 éclaire cette attitude extraordinaire de leur part. Quand le Seigneur
est parvenu à ce point de son service, ses frères ne croient pas en lui et apparemment sa mère
n’a encore qu’une obscure idée de ce qu’il est vraiment en train de faire.

Mais en deuxième lieu, il y a des ennemis qui deviennent encore plus durs et qui ont encore
moins de scrupules. Au verset 6 de notre chapitre, nous avons vu les pharisiens s’allier à leurs
adversaires les hérodiens, pour tenir conseil contre lui afin de le faire mourir. Maintenant nous
trouvons les scribes qui descendent de Jérusalem pour s’opposer à lui et l’accuser. C’est ce
qu’ils font de la manière la plus irréfléchie, attribuant ses œuvres de grâce à la puissance du
diable. Il ne s’agissait pas simplement d’outrage grossier, mais de quelque chose de délibéré,
inspiré par la ruse. Ils ne pouvaient pas nier ce qu’il faisait, mais ils essayaient de noircir sa
réputation. Ils admettaient l’évidente réalité des miracles et puis, volontairement et
officiellement, déclaraient que c’étaient les œuvres du diable. Tel était le caractère de leur
blasphème, et il convient d’être au clair à ce sujet pour examiner les paroles du Seigneur au
verset 29.

Mais pour commencer il les fait venir à lui, et répond par un appel au bon sens. Leur
opposition blasphématoire comportait une absurdité. Ils suggéraient en effet que Satan s’était
mis à chasser Satan, que son royaume et sa maison étaient divisés contre eux-mêmes. Et si
c’était vrai, cela impliquerait la fin de tout ce qui est activité satanique. Satan est bien trop
avisé pour agir de la sorte.

158
Il nous faut admettre, hélas, que nous autres, chrétiens, n’avons pas été trop avisés pour agir
de la sorte. La chrétienté est pleine de divisions qui sont proprement suicidaires, et c’est Satan
lui-même qui, sans aucun doute, est à l’origine de cela. Sans la puissance du Seigneur Jésus
dans le ciel, qui est restée toujours la même, et sans la présence de l’Esprit Saint qui habite
dans la vraie Église de Dieu, le témoignage public de la chrétienté serait mort depuis
longtemps. Que la foi n’ait pas péri pour disparaître de la terre est à la louange, non de la
sagesse des hommes, mais de la puissance de Dieu. Après avoir démontré la folle absurdité de
leurs paroles, le Seigneur se met à donner la vraie explication de ce qui s’est passé. Il est celui
qui est plus fort que l’homme fort, et maintenant il est en train de piller ses biens en libérant
beaucoup de ceux qui ont été emmenés captifs par Satan. Celui-ci est lié lorsque le Seigneur
est là présent.

Troisièmement il avertit clairement ces malheureux scribes et pharisiens de l’énormité du


péché qu’ils ont commis. Le parfait Serviteur a délivré des hommes de l’emprise de Satan
dans la puissance de l’Esprit Saint. Pour éviter de l’admettre, ils taxent l’œuvre du Saint
Esprit d’œuvre de Satan. C’est pur blasphème, le blasphème aveugle d’hommes qui ferment
les yeux à la vérité. Ils se placent au-delà du pardon, avec comme seule perspective la
condamnation éternelle. Ils ont atteint cet affreux état d’endurcissement dans la haine et
l’aveuglement qui avait caractérisé autrefois le Pharaon en Égypte, et qui plus tard avait
marqué le royaume du nord d’Israël quand la Parole du Seigneur avait été : « Éphraim s’est
attaché aux idoles, laisse-le faire » (Osée 4:17). La volonté de Dieu est de laisser faire ces
scribes de Jérusalem et cela signifie : pas de pardon, mais condamnation.

Voilà ce qu’était le péché qui ne pouvait être pardonné. Comprenant ce qu’il est réellement,
nous pouvons facilement voir que les personnes qui ont une conscience délicate et qui
aujourd’hui sont troublées parce qu’elles craignent de l’avoir commis, sont les dernières qui
ont vraiment pu le commettre.

Le chapitre se termine avec l’arrivée des proches dont le verset 21 nous a parlé. Les paroles
du Seigneur concernant sa mère et ses frères ont paru à certains inutilement dures. Il y avait
certainement en elles une note de sévérité qui était la conséquence de leur attitude. Le
Seigneur saisissait l’occasion de donner à ses disciples l’instruction dont ils avaient besoin. Ils
l’avaient vu au milieu de beaucoup de labeur et apparemment populaire, et aussi au centre
d’une opposition blasphématoire. Maintenant il faut que les disciples aient une démonstration
frappante du fait que les relations que Dieu reconnaît et honore sont celles qui ont une base
spirituelle.

Autrefois, en Israël, les liens de parenté dans la chair comptaient beaucoup. Maintenant ils
doivent être mis de côté, pour faire place aux liens spirituels. Et la base de ce qui est spirituel
se trouve dans l’obéissance à la volonté de Dieu ; et pour nous aujourd’hui la volonté de Dieu
se trouve enchâssée dans les Saintes Écritures. L’obéissance est la chose fondamentale. Elle
est à la base de tout vrai service et il faut qu’elle nous caractérise, si nous voulons être liés au
seul vrai et parfait Serviteur. Ne l’oublions jamais.

4 - Chapitre 4
Le chapitre précédent se termine par cette déclaration solennelle du Seigneur, que les liens
qu’il allait maintenant reconnaître étaient ceux qui avaient une base spirituelle dans
159
l’obéissance à la volonté de Dieu. Cette déclaration a très certainement fait naître dans l’esprit
des disciples des questions sur la manière dont ils pourraient savoir quelle est la volonté de
Dieu. En commençant ce chapitre, nous trouvons la réponse. C’est par sa parole qu’il nous
fait connaître ce qu’il est et ce qu’il a fait pour nous. C’est de ces choses que découle sa
volonté pour nous.

Il y a encore de grandes foules rassemblées auprès de lui, si bien qu’il les enseigne en étant
sur une barque ; mais c’est à ce moment qu’il commence à parler par des paraboles. La raison
nous en est donnée aux versets 11 et 12. Les chefs du peuple l’ont déjà rejeté, comme l’a bien
montré le chapitre précédent ; les gens eux-mêmes sont, dans l’ensemble, indifférents, quand
ils ne sont pas attirés par la passion du sensationnel, la curiosité, « les pains et les poissons ».
Plus tard ils changeront de bord, ils soutiendront les chefs dans leur hostilité meurtrière. Le
Seigneur sait cela ; aussi commence-t-il à dispenser son enseignement sous une forme qui le
réserve à ceux qui ont des oreilles pour entendre. Il parle au verset 11 de « ceux qui sont
dehors ».

Cela montre que déjà une rupture se manifestait et qu’on pouvait distinguer ceux qui étaient
dedans de ceux qui étaient dehors. Ceux qui étaient dedans pouvaient voir et entendre,
percevoir et comprendre, et ainsi le « mystère » ou le « secret » du royaume de Dieu devenait
clair pour eux. Les autres étaient aveugles et sourds, et le chemin de la conversion et du
pardon se fermait pour eux. Si l’on ne veut pas entendre, vient un moment où on ne le peut
pas. Les gens voulaient un Messie qui leur apporterait prospérité et gloire dans ce monde. Ils
n’avaient que faire, comme les événements l’ont montré, d’un Messie qui leur apportait le
royaume de Dieu sous la forme mystérieuse de la conversion et du pardon des péchés.

Aujourd’hui nous avons le royaume de Dieu précisément sous cette forme mystérieuse et nous
y entrons par la conversion et le pardon, car c’est ainsi que l’autorité de Dieu s’établit dans
notre cœur. Nous attendons toujours le royaume dans sa manifestation en gloire et en
puissance.

La première parabole de ce chapitre est celle du semeur, de la semence et de ce qui est


produit. Ayant dit cette parabole, Jésus conclut par ces mots solennels : « Qui a des oreilles
pour entendre, qu’il entende ». Qu’on ait des oreilles pour entendre ou qu’on n’en ait pas,
montrerait immédiatement si un homme appartenait à ceux qui sont dedans ou à ceux qui sont
dehors. La grande majorité des auditeurs du Seigneur ont évidemment pensé que c’était une
jolie histoire agréable à entendre, mais ils ne vont pas plus loin, montrant qu’ils sont dehors.
Pour d’autres, comme pour les disciples, cela ne suffit pas. Ils veulent arriver au sens profond
de la parabole et s’informent plus avant. Ils appartiennent à ceux qui sont dedans.

Ce que dit le Seigneur au verset 13 montre qu’il faut comprendre cette parabole du semeur,
sinon ses autres paraboles ne nous seront pas intelligibles. Elle détient la clef qui ouvre toutes
les autres. Le Seigneur Jésus, quand il est venu, a tout d’abord soumis Israël à une épreuve
capitale. Allait-on recevoir le Fils bien-aimé et rendre à Dieu le fruit qui était dû sous le
régime de la loi ? Il devient évident que non. Eh bien, un second ordre de choses doit alors
commencer. Au lieu d’exiger quoi que ce soit de leur part, c’est le Seigneur qui sèmera la
parole ; celle-ci, au temps convenable, dans certains cas du moins, produira le fruit désiré.
C’est ce que montre cette parabole, et si nous ne saisissons pas ce qu’elle signifie, nous ne
comprendrons pas ce que le Seigneur a à nous dire par la suite.

160
Le Seigneur lui-même est le Semeur, sans aucun doute, et la Parole est le témoignage divin
qu’il répand, car le « si grand salut qui a commencé par être annoncé par le Seigneur, nous a
été confirmé par ceux qui l’avaient entendu » (Hébreux 2:3). Dans l’évangile selon Jean, nous
découvrons que Jésus est la Parole. Ici il sème la parole. Qui pouvait la semer comme lui qui
était la Parole ? Mais même quand c’est lui qui sème la parole, tous les grains qu’il sème ne
fructifient pas. Dans un cas sur quatre seulement du fruit est produit.

Il est également certain que la parabole s’applique dans ses principes à tous ceux qui sont
sortis après le Maître pour semer la parole, comme envoyés par lui, depuis lors jusqu’à
aujourd’hui. Donc tout semeur de la semence doit s’attendre à connaître ces différentes
expériences comme cela est indiqué dans la parabole. Les serviteurs imparfaits d’aujourd’hui
ne peuvent espérer mieux que ce qui a marqué les semailles du parfait Serviteur quand il était
sur la terre. La semence était la même dans chaque cas. La différence se trouvait dans l’état du
sol sur lequel tombait la semence.

Chez ceux qui ont entendu la parole et sont semblables aux grains tombés le long du chemin,
la parole n’a absolument aucune entrée. Leur cœur est comme un sentier où on est passé et
repassé. Il n’y a pas même une impression superficielle, et Satan, par ses nombreux agents,
ôte la parole. Le cas de ces auditeurs est celui d’une indifférence complète.

Les auditeurs assimilés à des terrains pierreux sont ceux qui sont impressionnables mais
superficiels. Ils reçoivent la parole aussitôt avec joie, mais ils ne sont pas du tout sensibles à
ce qu’elle implique réellement. Il a été dit, de vrais convertis, qu’ils ont « reçu la parole
accompagnée de grandes afflictions, avec la joie de l’Esprit Saint » (1 Thessaloniciens 1:6).
Cette affliction, qui avait précédé leur joie, résultait du fait qu’ils avaient été rendus
conscients de leur péché, convaincus par l’action puissante de la parole. L’auditeur du terrain
pierreux ne connaît pas ce temps d’affliction parce qu’il n’est pas conscient de ses vrais
besoins, pour s’établir dans une joie qui n’est que superficielle, et qui disparaît — et lui avec
elle — en présence de l’épreuve.

Les auditeurs assimilés à un terrain plein d’épines sont ceux qui sont préoccupés. Le monde
remplit leurs pensées. Sont-ils pauvres, ils sont submergés par ses soucis. Sont-ils riches, par
ses richesses et les plaisirs qu’apportent les richesses. Ne sont-ils ni pauvres ni riches, ils
convoitent d’autres choses. Ils ont réussi à se sortir de la pauvreté, et ils convoitent pour avoir
encore plus de ces bonnes choses du monde qui semblent être maintenant à leur portée.
Absorbée par le monde, la parole est étouffée.

Les auditeurs semblables aux grains tombés dans la bonne terre sont ceux qui non seulement
écoutent la parole, mais la reçoivent et portent du fruit. La terre a subi le travail de la charrue
et de la herse. Ainsi a-t-elle été préparée. Cependant, même ainsi, toute bonne terre n’est pas
également fertile. Il peut ne pas y avoir la même quantité de fruit, mais il y a du fruit.

Dans tout cela il y avait une grande instruction pour les disciples, il y en a une également pour
nous. Bientôt le Seigneur va les envoyer prêcher, et alors eux aussi deviendront semeurs. Il
fallait qu’ils sachent que c’était la parole qu’ils devaient semer, et à quoi ils devaient
s’attendre quand ils la sèmeraient. Alors ils ne seraient pas trop affectés quand une grande
partie de la semence semée semblerait s’être perdue, ou quand, après quelques résultats, au
bout d’un certain temps on ne verrait plus rien ; ou même quand, du fruit ayant été produit, il
n’y en aurait pas autant qu’ils l’avaient espéré. Si nous savons, d’un côté quel est le but

161
poursuivi, et de l’autre ce à quoi il faut s’attendre, nous sommes grandement fortifiés et
affermis dans notre service.

Nous devons nous souvenir que cette parabole s’applique tout autant à la parole qui est semée
dans le cœur des saints que dans le cœur des pécheurs. Aussi méditons-la avec des cœurs très
exercés quant à la manière dont nous-mêmes nous recevons la parole qu’il nous est donné
d’entendre, et aussi quant à la manière dont d’autres recevront la parole que nous leur
présenterons.

Dans les versets 21 et 22 suit la courte parabole de la lampe, et puis au verset 23 une autre
parole d’avertissement, afin que nous ayons des oreilles pour entendre. À première vue,
passer de la semence qui a été semée dans le champ à la parabole de la lampe allumée dans
une maison peut paraître bizarre et sans lien apparent. Mais si vraiment nous avons des
oreilles pour entendre, nous verrons vite que, dans leur signification spirituelle, les deux
paraboles vont bien ensemble et sont liées. Quand la parole de Dieu est reçue dans un cœur
exercé et préparé, elle produit du fruit que Dieu apprécie, et aussi de la lumière qui est vue et
appréciée des hommes.

Aucune lampe n’est allumée pour être cachée sous un boisseau ou sous un lit. Elle doit
rayonner tout autour d’elle à partir du pied de lampe. La deuxième partie du verset 22 est
assez frappante : « Et rien de caché n’arrive, si ce n’est afin de venir en évidence ». Le travail
de Dieu dans le cœur par sa parole a bien lieu secrètement, et le regard de Dieu discerne le
fruit lorsqu’il commence à apparaître. Mais lorsque c’est le moment, cette chose secrète qui a
eu lieu doit nécessairement être mise en lumière. Toute vraie conversion est comme une
nouvelle lampe qui s’allume.

Le boisseau peut représenter les affaires de la vie, et le lit, les aises et les plaisirs de la vie. On
ne doit permettre ni à l’un ni à l’autre de cacher la lumière, comme on ne doit pas permettre
aux soucis et aux richesses et aux « autres choses » d’étouffer la semence qui est semée.
Avons-nous des oreilles pour entendre cela ? Laissons-nous briller la lumière de notre petite
lampe ? Il n’y a rien de caché qui ne sera manifesté ; aussi est-il tout à fait certain que, si une
lampe a été allumée, elle doit nécessairement briller. Si rien n’est manifesté, c’est parce qu’il
n’y a rien à manifester.

Cette parabole est suivie de l’avertissement qui concerne ce que nous entendons. Les voies de
Dieu dans son gouvernement des hommes font partie de ce sujet. De la mesure dont nous
mesurerons il nous sera mesuré. Si vraiment nous entendons la parole de telle manière que
nous nous en emparions, nous en aurons plus de profit. Sinon nous commencerons à perdre
même ce que nous avions. En Luc 8:18, nous avons des déclarations semblables qui se
rapportent à la « manière » dont nous entendons. Ici elles se rapportent à « ce que » nous
entendons.

L’accent est mis sur : « comment » nous entendons, dans la parabole du semeur, mais « ce
que » nous entendons est d’importance au moins égale. Bon nombre se sont vus enlever
même ce qu’ils avaient en prêtant l’oreille à l’erreur. Ils ont entendu et entendu très
attentivement, mais, hélas, ce qu’ils ont entendu n’était pas la vérité, et les a pervertis. Si, en
passant par notre oreille, l’erreur est semée dans notre cœur, elle produira des fruits
désastreux, et le gouvernement de Dieu le permettra et ne l’empêchera pas.

162
Les versets 26 à 29 contiennent la parabole qui concerne le travail secret de Dieu. Un homme
sème la semence et, quand la moisson est prête, il se remet au travail en y mettant la faucille
pour la récolte. Mais quant à la croissance elle-même de la semence, depuis le début jusqu’à
ce que le fruit soit produit, il ne peut rien faire. Pendant de nombreuses semaines il dort et se
lève, de nuit et de jour ; les opérations de la nature que Dieu a ordonnées font silencieusement
le travail, bien que l’homme ne les comprenne pas. Le : « sans qu’il sache comment » est vrai
aujourd’hui. Les hommes ont poussé très loin leurs recherches, mais le vrai comment de ces
opérations merveilleuses qui se déroulent dans le grand laboratoire de la nature de Dieu leur
échappe toujours.

Il en est de même dans ce que nous pouvons appeler l’atelier spirituel de Dieu et c’est une
bonne chose que nous nous en souvenions. Certains d’entre nous tiennent beaucoup à analyser
et à décrire exactement ce que sont les opérations de l’Esprit dans les âmes. Ces choses
cachées exercent parfois une grande fascination sur notre esprit, et nous voulons saisir
complètement tout ce qui se passe. C’est impossible. C’est notre heureux privilège de semer
la semence et aussi, au temps convenable, de mettre la faucille et de récolter. Ce que la parole
opère dans le cœur des hommes est secrètement accompli par le Saint Esprit. Son travail, bien
sûr, est parfait.

L’œuvre de l’homme porte toujours la marque de l’imperfection. S’il arrive qu’il nous soit
permis d’être pour quelque chose dans l’œuvre de Dieu, nous apportons l’imperfection dans
ce que nous faisons. C’est ce que nous montre la parabole suivante aux versets 30 à 32. Le
royaume de Dieu aujourd’hui existe d’une façon vitale et réelle dans l’âme de ceux qui, par la
conversion, sont passés sous l’autorité et le contrôle de Dieu. Mais on peut aussi le considérer
comme une chose plus extérieure qui se trouvera partout où des hommes font profession de
reconnaître Dieu. Le premier est le royaume tel qu’il est établi par l’Esprit. L’autre le
royaume tel qu’il est établi par les hommes. Ce dernier est devenu une chose grande et
imposante sur la terre, étendant sa protection sur beaucoup d’« oiseaux du ciel ». Et ce que ces
oiseaux représentent, nous venons de le voir aux versets 4 et 15 : des agents de Satan.

Cette parabole qui termine la série est pleine d’avertissements pour les disciples, comme les
autres ont été pleines d’instruction. Ils sont avec le Seigneur et formés avant d’être envoyés
pour leur mission. Nous avons vu au moins sept choses, à savoir que :

1 — Actuellement le travail du disciple est fondamentalement de semer.

2 — Ce qui doit être semé, c’est la parole.

3 — Les résultats du travail du semeur doivent être classés en quatre catégories ; et dans un
cas seulement il y a du fruit, et encore est-ce de façon variable.

4 — La parole produit de la lumière aussi bien que du fruit, et cette lumière doit être
manifestée publiquement.

5 — Le disciple lui-même est auditeur de la parole aussi bien que semeur de la parole, et à cet
égard il doit faire attention à ce qu’il entend.

6 — Le travail de la parole dans des âmes est le travail de Dieu et non le nôtre. Notre travail
est de semer et de récolter.

163
7 — Comme le travail de l’homme participe à ce travail actuel qui est d’étendre le royaume
de Dieu, le mal y pénétrera. Le royaume, considéré comme l’ouvrage de l’homme, donnera
quelque chose d’imposant et pourtant de corrompu. C’est l’avertissement solennel dont nous
avons à faire notre profit.

Il y a eu beaucoup d’autres paraboles exposées par le Seigneur et qui pourtant ne nous ont pas
été rapportées. Celles qui ont été exposées et expliquées aux disciples étaient sans doute très
importantes pour eux dans leurs circonstances particulières, mais pas de la même importance
pour nous. Celles qui nous concernent directement sont rapportées en Matthieu 13.

Avec le verset 34 se terminent les enseignements du Seigneur et, du verset 35 à la fin du


chapitre 5, nous reprenons le récit de ses actes merveilleux. Les disciples avaient besoin
d’observer attentivement ce qu’il faisait et sa façon d’agir, comme d’entendre les
enseignements sortant de ses lèvres ; et nous aussi.

La foule qui a écouté ce qu’il a dit, sans le comprendre, est alors renvoyée, et Jésus et ses
disciples passent à l’autre rive. C’est le soir, et Jésus est à la poupe, il dort sur un oreiller. Ce
lac est connu pour les tempêtes soudaines et violentes qui l’agitent et l’une d’elles, d’une rare
violence, se lève, menaçant de submerger la barque. Satan est « le chef de l’autorité de l’air »,
et donc nous croyons que sa puissance se trouvait derrière les forces déchaînées de la nature.
Immédiatement donc les disciples sont placés devant une épreuve et un défi. Qui est cette
personne qui dort à la poupe ?

Satan pouvait-il disposer des forces de la nature au point de faire couler une barque où
reposait le Fils de Dieu ? Mais le Fils de Dieu est vu dans son humanité et il dort. Eh bien,
quelle importance, vu qu’il est le Fils de Dieu ! L’action de l’adversaire soulevant la tempête
pendant qu’il dort est vraiment un défi qu’il lance. Jusqu’alors cependant les disciples n’ont
compris ces choses que d’une manière très obscure — et ce n’est même pas sûr. Par
conséquent ils sont remplis de crainte, car leurs ressources dans l’art de la navigation sont
épuisées. Et ils le réveillent avec un cri d’incrédulité qui est un affront à sa bonté et à son
amour, bien que témoignant de quelque foi dans sa puissance.

Le Seigneur se lève immédiatement dans la majesté de sa puissance. Il reprend le vent qui est
l’instrument le plus direct de Satan. Il dit à la mer de faire silence et de se taire, et elle obéit.
Comme un chien de chasse turbulent se couche humblement à la voix de son maître, ainsi la
mer se couche à ses pieds. Il est le Maître absolu de la situation.

Ayant ainsi repris les forces de la nature et la puissance qui se cache derrière elles, Jésus se
tourne vers ses disciples pour leur adresser de doux reproches. La foi a une vision spirituelle
des choses, et jusque-là leurs yeux s’étaient à peine ouverts, pour discerner qui il était. S’ils
avaient tant soit peu saisi ce qu’était sa gloire personnelle, ils n’auraient pas été si craintifs.
Ayant été les témoins du déploiement de sa puissance, ils sont encore craintifs et ils se
demandent encore quelle sorte d’homme il est. Un homme qui peut commander aux vents et à
la mer et les soumettre à sa volonté, n’est évidemment pas un homme ordinaire. Mais qui est-
il ? Voilà la question.

Aucun disciple ne peut s’avancer pour servir, tant qu’il n’a pas répondu à cette question une
fois pour toutes dans son âme. Voilà pourquoi, avant de les envoyer, Jésus doit présenter
d’autres témoignages de sa puissance et de sa grâce devant leurs yeux, comme cela nous est
rapporté au chapitre 5.

164
Nous aussi, de nos jours, nous devons être pleinement assurés de savoir qui il est avant
d’essayer de le servir. Cette question : « Qui donc est celui-ci ? » est une question qui
vraiment requiert notre attention. Tant que nous ne pourrons pas y répondre comme il
convient et de façon très claire, il faut que nous nous tenions tranquilles.

5 - Chapitre 5
« Qui donc est celui-ci ? » Lorsque la foi a été amenée à une pleine conviction en répondant à
cette question qui concerne le Seigneur Jésus, cela entraîne l’assurance qu’il doit
nécessairement être à même de répondre à n’importe quelle circonstance difficile. Cependant,
malgré tout, il est bon pour le disciple de le voir vraiment ayant affaire aux hommes et aux
peines qu’ils connaissent à cause du péché, dans sa grâce qui délivre. Dans ce chapitre, nous
voyons le Seigneur qui manifeste sa puissance et, par là même, continue la formation de ses
disciples. Cette formation peut être aussi la nôtre en parcourant le récit qui nous est donné.

Pendant la traversée du lac, la puissance de Satan a été à l’œuvre, cachée derrière la furie de la
tempête ; à l’arrivée sur l’autre rive, elle devient tout à fait évidente dans l’homme possédé
d’un esprit immonde. Ayant connu la défaite dans ses œuvres les plus secrètes, l’adversaire
maintenant lance ouvertement un défi sans perdre de temps, car cet homme rencontre
immédiatement Jésus au moment où celui-ci débarque. C’est une sorte d’épreuve-test. Le
diable a fait de ce pauvre malheureux une forteresse où il espère tenir bon à tout prix et, dans
cette forteresse, il a jeté toute une légion de démons. Si jamais il y a eu un homme qui a été
maintenu irrémédiablement captif des puissances des ténèbres, c’est bien lui. Dans son
histoire, nous voyons le reflet de la condition où a sombré l’humanité, sous le pouvoir de
Satan.

Il « avait sa demeure dans les sépulcres », et les hommes aujourd’hui vivent dans un monde
qui devient de plus en plus un vaste cimetière, à mesure qu’une génération après l’autre
disparaît dans la mort. Alors « personne ne pouvait le lier », car on avait souvent essayé fers
et chaînes, mais en vain. Il n’était pas question de le maîtriser. Ainsi aujourd’hui il ne manque
pas de mouvements, de méthodes qui ont pour but de refréner les mauvais penchants de
l’homme, de réprimer leurs actions les plus violentes et de soumettre ce monde afin de le
rendre agréable et d’y faire régner l’ordre. Mais rien n’y fait.

Alors, avec ce démoniaque, on a essayé autre chose. Et si on changeait sa nature ? Il est dit
cependant que « personne ne pouvait le dompter ». Ainsi cette idée s’est-elle révélée inutile et
il en a toujours été ainsi. Il n’est pas davantage au pouvoir des hommes de changer leur nature
que de lui mettre un frein et de l’empêcher d’agir, « La pensée de la chair… ne se soumet pas
à la loi de Dieu, car aussi elle ne le peut pas » (Romains 8:7). Aussi ne peut-elle pas être
contrainte. Il est dit encore : « Ce qui est né de la chair est chair » (Jean 3:6), quelles que
soient les tentatives pour l’améliorer. Aussi n’est-il pas question de la modifier ou de la
changer. « Et il était continuellement, de nuit et de jour, dans les sépulcres et dans les
montagnes », toujours agité, criant, toujours malheureux, se meurtrissant avec des pierres, se
détruisant lui-même dans sa folie. Quel tableau ! Et il nous faut ajouter, quel tableau
caractéristique de l’homme sous la puissance de Satan ! C’était un cas exceptionnel, il est
vrai. L’emprise de Satan sur la majorité des hommes se fait d’une manière plus douce et les
symptômes sont bien moins prononcés. Ils sont pourtant là. On peut entendre le cri de
l’humanité, alors que les hommes se font du tort à eux-mêmes par leurs péchés.

165
Quand l’homme parle, les mots se forment sur ses lèvres, mais l’intelligence qui est derrière
est celle des démons qui le contrôlent. Eux, ils savaient quelle sorte d’homme était le
Seigneur, même si d’autres ne le savaient pas. D’un autre côté, ils ne savaient absolument pas
à quoi correspondait son service. En vérité, il y aura une heure où le Seigneur livrera ces
démons avec Satan leur maître aux tourments, mais tel n’était pas son service à ce moment-là.
Encore moins était-ce son service à l’égard des hommes. Au démoniaque Jésus vient apporter,
non pas les tourments, mais la délivrance.

Le Seigneur a ordonné aux démons de sortir, et ils savent qu’ils ne peuvent pas résister. Ils
sont en présence du Tout-Puissant et ils sont obligés de faire ce qui leur a été ordonné. Il leur
faut même demander la permission d’entrer dans les pourceaux qui paissent non loin de là.
Les pourceaux, animaux impurs selon la loi, n’auraient pas dû se trouver là. Les esprits étant
également impurs, il y a affinité entre eux et les pourceaux, affinité qui a des conséquences
mortelles pour ces animaux. Les démons ont mené l’homme à l’auto-destruction en se servant
de pierres tranchantes ; avec les pourceaux, l’emprise est immédiate et complète. L’homme
est délivré, les pourceaux sont détruits.

Le résultat, en ce qui concerne l’homme lui-même, est merveilleux. Ses errances incessantes
sont finies, car il est « assis ». Autrefois il ne portait pas de vêtements, comme Luc nous le dit.
Maintenant il est « vêtu ». Ses hallucinations ont cessé, car il est « dans son bon sens ».
L’application qu’on peut faire de tout ceci pour l’évangélisation est tout à fait évidente.

Le résultat, en ce qui concerne les gens de la contrée, est cependant tout à fait tragique. Ils
montrent un état d’esprit qui laisse douter de leur bon sens, bien qu’aucun démon ne soit entré
en eux. Ils n’ont aucune compréhension ou juste appréciation de Christ. En revanche ils
s’accommodent fort bien de la présence des pourceaux. Si la présence de Jésus signifie la
perte des pourceaux, alors ils préfèrent s’en passer, même si cette présence fait disparaître un
démoniaque furieux. Et les voilà qui le prient de s’en aller de leur territoire.

Le Seigneur accède à leur désir et s’en va. Tout cela est une bien grande tragédie, même s’ils
ne s’en rendent pas compte à ce moment-là. Suivra une tragédie plus grande encore : le Fils
de Dieu sera chassé de ce monde ; et la conséquence, ce sont dix-neuf siècles remplis de mal
de toute sorte. Le départ du Seigneur a créé une nouvelle situation pour l’homme qui vient
d’être délivré des démons. Naturellement il désire la présence de son Libérateur, mais il
apprend que, pour le moment, il doit demeurer à la place où le laisse l’absence de Jésus et
témoigner pour lui, particulièrement auprès des siens.

Notre position aujourd’hui est tout à fait semblable. Bientôt nous serons avec Jésus, mais
actuellement il nous appartient de témoigner pour le Seigneur là où il n’est pas. Nous aussi
nous pouvons raconter aux nôtres quelles grandes choses le Seigneur a faites pour nous.

Ayant retraversé le lac, le Seigneur se trouve immédiatement en présence d’autres cas de


misère humaine. En chemin vers la maison de Jaïrus, où est couchée sa fille qui est à toute
extrémité, il est arrêté par la femme qui a une perte de sang. Son mal dure depuis douze ans et
échappe complètement à la compétence des médecins. Son cas à elle est désespéré, tout
comme l’était celui du démoniaque. Lui était irrémédiablement captif d’une foule de démons,
elle l’est d’une maladie incurable.

166
De nouveau, nous pouvons y voir une analogie avec l’état spirituel de l’humanité, et
particulièrement avec les efforts d’une âme réveillée, comme cela nous est décrit en Romains
7.

Beaucoup de luttes, beaucoup d’efforts sincères, mais aucun soulagement comme résultat ;
c’est plutôt une aggravation de l’état du malade qui décrirait le cas qui nous est présenté ici,
jusqu’à ce que l’âme arrive au bout de ses recherches et, après avoir tout dépensé, entende
parler de Jésus. Alors, quand elle a cessé tout effort pour obtenir une amélioration et qu’elle
est venue à Jésus, lui se révèle être le grand Libérateur.

Dans le cas du démoniaque, nous ne pouvons pas vraiment parler de foi, car il était
complètement dominé par les démons. Dans le cas de la femme, nous pouvons seulement
parler d’une foi qui est imparfaite. Elle a confiance dans la puissance de Jésus, puissance si
grande que même ses vêtements la communiquent. Cependant elle doute de pouvoir parvenir
jusqu’à lui. Les foules qui se pressent l’en empêchent et elle ne se rend pas compte à quel
point lui, le parfait Serviteur, est à la disposition de tous ceux qui ont besoin de lui.
Cependant, la guérison dont elle a besoin, elle la reçoit en dépit de tout. L’accès dont elle a
besoin est rendu possible et la bénédiction lui est apportée. Satisfaite de cette bénédiction, elle
se serait éloignée furtivement.

Mais il ne doit pas en être ainsi. Elle aussi doit témoigner de ce que la puissance de Jésus a
fait, et par là elle doit recevoir une autre bénédiction pour elle-même. La façon qu’a notre
Seigneur d’agir envers elle est pleine d’instruction spirituelle.

La parfaite connaissance que Jésus a de toutes choses est révélée. Il sait que de la puissance
est sortie de lui et qu’on a touché ses vêtements. Il a posé la question, mais il connaît la
réponse, car il se retourne pour voir « celle » qui a fait cela.

Sa question révèle aussi le fait que beaucoup l’ont touché de bien des manières ; cependant
personne d’autre n’a fait sortir de lui de la puissance en le touchant. Pourquoi cela ? Parce
qu’entre tous, elle seule l’a fait dans la conscience de ses besoins et avec foi. Quand ces deux
choses sont là, ce n’est point en vain qu’on est en contact avec Jésus. Bon nombre d’entre
nous aimeraient être comme cette femme et souhaiteraient recevoir la bénédiction, sans
reconnaître publiquement celui qui les a bénis. Il ne doit pas en être ainsi. Le Seigneur mérite
que nous confessions la vérité et que nous fassions connaître sa grâce qui sauve. Dès que la
puissance est sortie de lui pour notre délivrance, vient pour nous le moment de témoigner. Et
comme l’homme a dû aller dans sa maison vers les siens, la femme doit s’agenouiller à ses
pieds en public. Tous deux lui ont rendu témoignage et, notons-le, tout à fait différemment de
ce que nous aurions pu attendre. La plupart des hommes trouveraient peut-être que rendre
témoignage chez soi est difficile. Pour les femmes ce serait plutôt rendre témoignage en
public. L’homme a dû parler à la maison et la femme en présence de la foule. Cependant ce
n’est pas à la foule qu’elle s’est adressée, mais à lui.

Comme fruit de sa confession, la femme elle-même reçoit une autre bénédiction : elle reçoit
l’assurance définitive, par la parole du Seigneur, que sa guérison est entière et complète.
Quelques minutes auparavant, elle a senti dans son corps qu’elle était guérie, et puis elle
déclare toute la vérité, sachant ce qui lui était arrivé. C’est très bien, mais pas tout à fait
suffisant. Si le Seigneur lui avait permis de s’en aller simplement avec ses bons sentiments et
cette connaissance de ce qui lui était arrivé, elle aurait pu être la proie de bien des doutes et de
bien des craintes dans les jours suivants. La moindre sensation de malaise aurait fait naître

167
l’inquiétude quant à une rechute éventuelle, mais en l’occurrence elle reçoit la parole
définitive de Jésus : « Sois guérie de ton mal ». Voilà qui règle tout, sa parole à lui était
beaucoup plus sûre que ses sentiments à elle.

Ainsi en est-il pour nous : quelque chose a été vraiment accompli en nous par l’Esprit de Dieu
à la conversion, et nous le savons, et nos sentiments peuvent être des sentiments de bonheur.
Mais cependant il n’y a pas une base solide sur laquelle puisse se fonder notre assurance, ni
dans des sentiments, ni dans ce qui a été fait en nous. Le fondement solide pour l’assurance se
trouve dans la parole du Seigneur. Nombreux sont ceux qui aujourd’hui manquent
d’assurance, tout simplement parce qu’ils ont commis l’erreur que cette femme a été sur le
point de commettre : ils n’ont jamais vraiment confessé Christ et reconnu ce qu’ils lui
devaient. S’ils acceptent de réparer cette erreur, comme l’a fait cette femme, sa parole leur
donnera toute assurance.

Au moment même où la femme est délivrée, le cas de la fille de Jaïrus devient plus critique.
Arrive la nouvelle de sa mort, et ceux qui ont envoyé le message admettaient que la maladie
puisse disparaître devant la puissance de Jésus, mais ils estiment que la mort est un domaine
qui lui échappe. Nous avons vu Jésus triompher des démons et de maladie, même quand les
victimes ne pouvaient compter sur aucun secours humain. La mort est, de toutes les choses, la
plus irrémédiable. Jésus peut-il triompher de cela ? Il le peut et c’est ce qu’il fait.

La manière dont il soutient la foi vacillante du chef de synagogue est très belle. Jaïrus avait
été tout à fait confiant que Jésus pouvait guérir, mais maintenant, il s’agit de la mort. C’est la
grande mise à l’épreuve de sa foi et aussi de la puissance de Jésus. « Ne crains pas, crois
seulement », est la parole qui vient à lui. La foi en Christ ôtera la peur de la mort pour nous
comme pour cet homme.

La mort n’était qu’un sommeil pour Jésus ; cependant les pleureuses professionnelles se
moquent de lui dans leur incrédulité. Il les met dehors et, en la présence des parents et de ceux
de ses disciples qui sont avec lui, il ramène l’enfant à la vie. Ainsi, pour la troisième fois dans
ce chapitre, la délivrance est apportée à quelqu’un dont le cas est désespéré à vues humaines.

Mais le commencement du verset 43 s’oppose absolument aux versets 19 et 33. Il ne doit pas
y avoir de témoignage, cette fois-ci. Cela s’explique, nous le supposons, par l’incrédulité
méprisante qui vient de se manifester. En même temps, le Seigneur montre le plus grand souci
pour les besoins en nourriture de l’enfant. Tout comme il en a montré pour les besoins
spirituels de Jaïrus quelques instants auparavant. Jésus pensait à la fois à son corps à elle et à
sa foi à lui.

6 - Chapitre 6
Après ces choses, laissant le rivage de la mer, Jésus va dans la région où il a passé son
enfance. Comme il enseignait dans la synagogue, ses paroles étonnent les assistants. Ils
reconnaissent parfaitement la sagesse de ses enseignements, et la puissance de ses actes, et
cependant cela ne produit aucune conviction, aucune foi dans leur cœur. Ils le connaissaient,
lui et ceux qui étaient sa parenté selon la chair (lire v. 3), et cela ne faisait que les rendre
aveugles quant à sa réelle identité. Ils ne l’insultent pas par la façon dont ils expriment leur

168
incrédulité, comme ceux qui pleuraient dans la maison de Jaïrus, mais ce n’en est pas moins
pure incrédulité, et elle est si grande qu’il s’en étonne.

L’idée qu’ils se font de Jésus est exactement celle des unitaires modernes. Ils sont pleinement
convaincus de l’humanité de Jésus, car ils connaissent bien ses origines selon la chair. Ils la
voient si clairement que cela les rend aveugles à tout ce qu’il y a au-delà, et ils sont
scandalisés en lui. L’unitaire voit l’humanité de Jésus, mais rien au-delà. Nous, nous voyons
son humanité, aussi clairement que l’unitaire, mais au-delà nous voyons sa divinité. Cela ne
nous trouble pas, que nous ne puissions pas saisir intellectuellement comment les deux choses
peuvent se trouver en lui. Sachant que notre esprit est fini, nous n’espérons pas expliquer ce
qui comporte l’infini. Si nous pouvions saisir et expliquer, nous saurions que ce que nous
comprenons ainsi n’est pas d’essence divine.

Par suite de cette incrédulité « il ne put faire là aucun miracle », sinon qu’il guérit quelques
malades qui évidemment avaient foi en lui. Cela souligne ce que nous venons de remarquer à
propos du verset 43 du chapitre 5. De même qu’en présence de l’incrédulité grossière et
moqueuse le Seigneur a retiré tout témoignage pour lui, de même, en présence de ses
compatriotes incrédules, il ne fait aucun miracle.

Or nous pourrions être portés à penser qu’il aurait dû agir tout à fait différemment. Mais les
Écritures semblent bien montrer que, lorsque l’incrédulité s’élève à la hauteur de la moquerie,
le témoignage s’arrête. Voir Jérémie 15:17 ; Actes 13:41 ; Actes 17:32 jusqu’au premier
verset du chapitre 18. Il est également évident que si Jésus de Nazareth était « approuvé de
Dieu… par des miracles, des prodiges et des signes » (Actes 2:22), cependant le but principal
n’était pas de convaincre l’incrédulité obstinée, mais d’encourager et de fortifier la foi qui
était faible. Nous voyons en Jean 2:23-25 que lorsque les miracles de Jésus produisaient la
conviction intellectuelle chez certains hommes, lui-même ne se fiait pas à la conviction ainsi
produite. De là vient qu’il ne fait pas de grands miracles dans la contrée de Nazareth. Il ne
« peut » pas en faire. Il est limité par des considérations morales et non pas physiques. Dans
de telles circonstances, il ne convenait pas qu’il y eût des miracles, selon les voies de Dieu ; et
Jésus était le Serviteur de la volonté de Dieu.

Mais ce qui convenait, c’était de rendre fidèlement un témoignage clair, et alors « il visitait
l’un après l’autre les villages à la ronde en enseignant ». Un grand déploiement de miracles
aurait pu produire un changement dans les sentiments et une conviction intellectuelle qui
n’auraient été d’aucun profit. L’enseignement soutenu de la Parole signifiait : semer la
semence, et de cela il y aurait du fruit qui en vaudrait la peine, comme nous l’avons vu.

Cela nous amène au verset 7 de ce chapitre, où nous lisons que les douze sont envoyés pour
leur première mission. Leur période d’apprentissage est maintenant terminée. Ils ont écouté,
telles qu’elles sont données au chapitre 4, les instructions du Seigneur, et ils ont été témoins
de sa puissance telle qu’elle se manifeste au chapitre 5. Ils avaient également eu cette
illustration frappante de la place que doivent occuper les miracles, et du fait que, s’il y a des
moments où ils peuvent ne pas convenir, l’enseignement et la prédication de la Parole de Dieu
sont toujours de saison.

On ne voit guère de nos jours de miracles et de signes dignes de ce nom ; mais la Parole de
Dieu demeure. Soyons reconnaissants que la parole soit vraiment toujours de saison, et soyons
diligents pour la semer.

169
L’envoi des douze est le début d’un prolongement du ministère et du service du Seigneur.
Jusque-là, tout avait été entre ses propres mains, avec les disciples comme spectateurs.
Maintenant ils devaient agir en son nom. Le Seigneur tout seul peut répondre à tout. Eux ne
peuvent pas répondre à tout ; c’est pourquoi ils doivent aller deux par deux. Il y a aide et
courage dans le fait qu’on est deux, car là précisément où l’un est faible, l’autre peut être fort,
et celui qui les avait envoyés savait exactement comment les appareiller. Être deux est
particulièrement utile dans le travail missionnaire ; et ainsi dans les Actes nous voyons Paul
qui agit selon cette instruction du Seigneur. Le service est une affaire individuelle, il est vrai,
mais même aujourd’hui nous faisons bien d’estimer à sa juste valeur la communion dans le
service. « Nous sommes collaborateurs de Dieu » (1 Corinthiens 3:9).

Avant leur départ, il leur est donné pouvoir ou autorité sur toute la puissance de Satan. Il leur
est également commandé de se dépouiller même de ce qui semble normalement nécessaire
aux voyageurs de ce temps-là. De plus leur message leur est donné. De même que leur maître
avait prêché la repentance en vue du royaume (voir chapitre 1:15), ils devaient la prêcher.

Ceux qui servent aujourd’hui ne sont pas envoyés par un Christ qui est sur la terre, mais par
un Christ qui est dans le ciel, et ceci amène certaines modifications. Notre message porte
essentiellement sur la mort, la résurrection et la gloire de Christ, alors que le leur, dans la
nature même des choses, ne le pouvait pas. Ils mettaient de côté ce qui est nécessaire aux
voyageurs, vu qu’ils représentaient le Messie sur la terre, qui n’avait rien, mais qui était tout à
fait capable de les soutenir.

Nous, nous suivons un Christ qui a été élevé dans la gloire, et en général sa puissance est en
exercice pour libérer ses serviteurs de toute dépendance d’appui d’ordre spirituel, plutôt que
d’ordre matériel. Cependant, nous pouvons certainement être réconfortés à la pensée qu’il
n’envoie pas ses serviteurs sans leur donner de la puissance pour le service qui est placé
devant eux. Si nous sommes appelés à chasser les démons, il nous donne la puissance pour le
faire. Et si notre service ne consiste pas en cela, mais en quelque chose d’autre, la puissance
nous sera aussi donnée pour y répondre.

Eux, comme nous-mêmes, doivent être caractérisés par la plus grande simplicité. Il ne s’agit
pas de courir çà et là, de maison en maison pour chercher quelque chose de mieux. Ils sont ses
représentants. Lui agissait par procuration par leur moyen ; par conséquent, les rejeter, c’était
le rejeter lui. Ceux qui le servent aujourd’hui ne sont pas apôtres, et pourtant, à un degré
moindre, la même chose sans aucun doute demeure vraie. Le message de Dieu n’en est pas
moins son message, même s’il est donné par des lèvres que marque la faiblesse.

Leur service, que ce soit pour prêcher, chasser les démons ou guérir, produit un tel effet que
c’est son nom à lui, et non pas le leur, qui est rendu public, et même Hérode entend parler de
sa renommée. Ce misérable roi avait si mauvaise conscience qu’immédiatement il croit que
Jean le baptiseur, sa victime, est ressuscité. D’autres croient que Christ est Élie, ou l’un des
prophètes d’autrefois. Personne ne sait, car personne n’a l’idée que Dieu puisse faire une
chose nouvelle. À ce moment-là, Marc fait une petite digression pour nous raconter, dans les
versets 17 à 28, comment Jean a été mis à mort sur l’ordre d’une femme vindicative. Tout
méchant qu’il fût, Hérode possédait une conscience qui lui parlait, et nous voyons la ruse
magistrale par laquelle le diable s’empare de lui. Le piège est tendu par le moyen d’une jeune
femme belle de visage et de taille, d’une femme plus âgée, séduisante, qui rêve de vengeance,
ainsi que d’une vanité stupide qui fait que ce malheureux roi fait plus de cas de son serment
que de la loi de Dieu. Ainsi cet homme vaniteux et sensuel est, sans qu’il s’en rende compte,

170
poussé jusqu’au meurtre, avec pour fin le jugement éternel. Sa conscience mal à l’aise ne fait
naître que des craintes superstitieuses.

Au verset 29, Marc rapporte simplement que les disciples de Jean ont mis dans un sépulcre
son corps supplicié. Il n’ajoute pas comme Matthieu qu « ils rapportèrent à Jésus ce qui était
arrivé » (Matthieu 14:12). Il continue en relatant le retour des disciples de leur voyage,
racontant à leur Maître tout ce qu’ils avaient fait et tout ce qu’ils avaient enseigné. C’est alors
que le Seigneur les fait venir à l’écart, dans un lieu désert, pour que, loin de la foule et du
service qui les a occupés, ils passent un moment de tranquillité en sa présence. Il est instructif
de remarquer que le passage de Matthieu laisse très certainement supposer que les disciples de
Jean, affligés, sont arrivés aussi exactement au même moment.

N’oublions jamais qu’une période de repos dans la présence du Seigneur, loin des hommes,
est nécessaire après une période où l’on a été occupé du service. Les disciples de Jean sont
revenus de leur triste service, affligés, le cœur lourd. Les douze sont revenus de triomphantes
rencontres avec la puissance des démons et de la maladie, et probablement tout exaltés par le
succès. Les uns et les autres ont besoin de la paix que procure la présence du Seigneur, qui est
bonne tout autant pour relever les cœurs abattus, que pour mettre un frein à un enthousiasme
exagéré.

Cependant cette période de calme n’est que de courte durée, car les gens cherchent le
Seigneur au milieu de la foule, et il ne veut pas se dérober à eux. Le cœur du grand Serviteur
se révèle de façon très belle au verset 34, où il nous est dit qu’il est « ému de compassion ».
Les voir « comme des brebis qui n’ont pas de berger » ne faisait naître en lui que de la
compassion, et non pas, comme si souvent dans notre cas, des sentiments de contrariété ou de
mépris. Et il est mû par la compassion qu’il ressentait. Voilà qui est merveilleux.

Sa compassion le pousse à agir dans deux domaines différents. D’abord à s’occuper d’eux
quant aux choses spirituelles, puis à subvenir aux besoins de leur corps. Remarquez l’ordre :
ce qui est spirituel vient en premier lieu. « Il se mit à leur enseigner beaucoup de choses »,
bien que ne soit pas rapporté ce qu’il a dit. Puis comme le soir est venu, il calme leur faim.
D’après cet exemple, comment faut-il agir ? Si les hommes ont des besoins matériels, il est
bon que nous y subvenions, selon qu’il est en notre pouvoir. Mais donnons toujours la priorité
à la Parole de Dieu. Les besoins du corps ne doivent jamais prendre le pas sur les besoins de
l’âme dans notre service.

Nourrissant les cinq mille, le Seigneur met tout d’abord à l’épreuve ses disciples. Qu’avaient-
ils compris du pouvoir qu’il avait de répondre à tous les besoins ? Très peu de chose, semble-
t-il, car en réponse à ses paroles : « Vous, donnez-leur à manger », ils pensent seulement aux
ressources humaines et à l’argent. Or les ressources d’ordre humain ne sont absolument pas
négligées. Elles sont très insignifiantes, mais le Seigneur fait en sorte que sa puissance se
déploie en elles. Il aurait pu changer des pierres en pain ou, à la vérité, faire du pain à partir de
rien, mais sa façon de faire est d’utiliser les cinq pains et les deux poissons.

Son œuvre s’est continuée exactement de la même manière pendant toute l’époque actuelle.
Ses serviteurs possèdent certaines petites choses qu’il se plaît à utiliser. Et de plus il dispense
ses libéralités d’une façon bien ordonnée, les gens étant assis en rangées de cent et de
cinquante, et il emploie ses disciples à ce travail. Les pieds et les mains qui portent la
nourriture aux gens sont ceux des disciples. Aujourd’hui les pieds et les mains des serviteurs
sont employés, leur esprit et leur bouche sont mis à sa disposition pour que le pain de vie

171
parvienne aux nécessiteux. Mais la puissance qui produit des résultats est entièrement la
sienne. La faiblesse même des instruments employés rend cela manifeste.

Comme parfait Serviteur, Jésus prenait soin de rattacher au ciel tout ce qu’il faisait. Avant que
le miracle s’opère, il lève les yeux vers le ciel et il rend grâces. Par là les pensées de la foule
sont dirigées vers Dieu, source de tout, plutôt que vers lui, le Serviteur de Dieu sur la terre.
Une parole pour nous contenant un principe semblable se trouve en 1 Pierre 4:11. Le serviteur
qui dispense de la nourriture spirituelle doit la donner comme venant de Dieu, pour que ce soit
Dieu qui soit glorifié en elle, et pas le serviteur.

Nous pouvons aussi tirer encouragement du fait que, lorsque cette grande foule est nourrie, il
leur reste beaucoup plus que le peu avec lequel ils ont commencé. Les ressources divines sont
inépuisables et le serviteur qui compte sur son maître ne sera jamais à court. De ce point de
vue, il y a une très heureuse ressemblance entre les pains et les poissons placés dans les mains
des disciples, et la Bible placée dans les mains des disciples aujourd’hui.

Après avoir nourri la foule, le Seigneur envoie immédiatement ses disciples de l’autre côté du
lac et se consacre à la prière. Non seulement il rattachait tout au ciel en rendant grâces en
présence des hommes, mais il gardait toujours le contact pour lui-même comme serviteur de
la volonté divine. C’est dans Jean 6 que nous apprenons qu’à ce moment le peuple est
enthousiaste et l’aurait, de force, fait roi. Les disciples auraient pu se laisser prendre à ce
piège, mais pas Jésus.

La traversée de la mer fournit aux disciples une nouvelle preuve de l’identité de leur maître.
Le vent contraire fait obstacle à leur progression, et c’est péniblement et lentement qu’ils
avancent. À nouveau il se montre au-dessus du vent et des flots, marchant sur la mer et
pouvant passer à côté d’eux. Ses paroles calment leurs alarmes, et sa présence dans leur
barque met fin à la tempête ; et malgré tout, le sens profond de ces choses leur échappe. Leurs
cœurs n’étaient pas encore prêts à le comprendre. Néanmoins les gens en général avaient
appris à reconnaître le Seigneur et sa puissance. Abondance de besoins lui est présentée, et il
y répond avec abondance de grâce.

7 - Chapitre 7
En commençant ce chapitre, nous voyons se manifester à nouveau l’opposition des chefs
religieux. Les disciples, accaparés par le travail, comme nous l’a dit le verset 31 du chapitre
précédent, n’observaient pas certaines ablutions traditionnelles, ce qui irritait les pharisiens
qui montraient un attachement rigoureux à la tradition des anciens. Le Seigneur relève le défi
pour le compte des disciples et répond en mettant à nu, allant au fond des choses, la position
pharisaïque. C’étaient des hypocrites, et il le leur dit.

L’essence de leur hypocrisie était qu’ils faisaient profession d’un culte consistant en rites
extérieurs, alors qu’intérieurement leur cœur était complètement éloigné. Rien ne compte pour
Dieu si le cœur n’est pas droit.

Puis, en accomplissant leurs rites, ils mettaient de côté le commandement de Dieu pour le
remplacer par leur propre tradition. Le Seigneur ne fait pas qu’affirmer cela, mais il en donne
la preuve en prenant pour exemple la façon dont ils mettaient de côté le cinquième
172
commandement par leurs règles concernant le « corban », c’est-à-dire les choses consacrées
au service de Dieu. Sous prétexte de « corban », plus d’un Juif se débarrassait de tous ses
devoirs légitimes envers ses parents âgés et pauvres. Et il faisait cela avec une apparence de
sainteté, car apparemment n’y avait-il pas plus de piété à consacrer des choses à Dieu plutôt
qu’à ses parents ?

Les choses comprises sous le « corban » n’étaient pas des choses que Dieu exigeait. S’il en
avait été ainsi, ces exigences auraient dû prévaloir. Il y avait des choses qui pouvaient être
consacrées à Dieu si on le voulait, tandis que l’obligation de prendre soin de son père et de sa
mère était un commandement formel. La tradition pharisaïque permettait à un homme
d’utiliser une ordonnance facultative pour éviter d’observer un commandement formel. Ils
pouvaient bien essayer de justifier leur tradition avec des arguments fallacieux qui avaient une
apparence de piété, mais le Seigneur les accusait d’annuler la parole de Dieu. Ce qui est écrit
en Exode 20:12 était, pour Jésus, « la parole de Dieu ». Il n’y a dans ce passage aucune
justification pour cette religiosité tâtillonne qui refuse le titre de « parole de Dieu » à la parole
écrite.

Nous croyons que nous serions en droit de dire que toute tradition humaine dans les choses de
Dieu va finalement à l’encontre de ce qu’enseigne la parole de Dieu. Ceux qui sont à l’origine
de la tradition n’ont probablement pas une telle pensée, mais l’esprit du mal, qui régit tout
cela et qui est derrière, a précisément cette intention.

Ayant démasqué les pharisiens comme étant des hommes dont le cœur était éloigné de Dieu et
qui ont osé annuler la parole de Dieu, le Seigneur appelle la foule et proclame publiquement
la vérité qui coupe à la racine toute prétention religieuse. L’homme n’est pas souillé par le
contact avec les choses extérieures, mais c’est en lui-même que siège ce qui souille. Parole
dure que celle-là, et seuls ceux qui ont des oreilles pour entendre la recevront.

Les disciples l’interrogèrent à ce sujet en particulier et, du verset 18 au verset 23, nous avons
l’explication. L’homme est corrompu dans sa nature. Ce qui vient de son cœur même le
souille. De son cœur viennent les mauvaises pensées qui deviennent toutes sortes de
mauvaises actions. C’est l’acte d’accusation le plus terrible qui ait jamais été prononcé contre
la nature humaine. Rien d’étonnant que le cœur du pharisien soit loin de Dieu, mais quelle
chose terrible que des hommes, avec un cœur comme celui-là, déclarent s’approcher de Dieu
et l’adorer !

Ces paroles pénétrantes de notre Seigneur coupent à la racine tout orgueil humain, et montrent
le peu de valeur de toutes les démarches de l’homme sur le plan religieux comme sur le plan
politique, quand elles ne s’occupent que de choses extérieures et laissent le cœur de l’homme
tel qu’il est.

Les disciples ne comprenaient encore ces choses qu’à peine, et l’expérience nous montrera
que les chrétiens professants sont très lents à les accepter et à les comprendre de nos jours.
Mais nous n’irons pas très loin, sauf si nous les comprenons vraiment.

Cependant, c’est une chose de mettre à nu le cœur de l’homme, mais il faut encore autre
chose, il faut faire connaître ce qu’est le cœur de Dieu. C’est ce que va faire le Seigneur,
comme le montre le reste du chapitre.

173
Il va aux frontières mêmes de ce pays qui abritait tant d’hypocrisie, et là entre en contact avec
une pauvre femme des nations, qui a le plus grand des besoins. La renommée du Seigneur est
parvenue à ses oreilles et elle ne veut pas se voir opposer un refus. Cependant le Seigneur la
met à l’épreuve par sa petite parabole sur le pain des enfants et les chiens. Sa réponse : « Oui,
Seigneur, car même les chiens sous la table mangent des miettes », est heureusement exempte
d’hypocrisie. En fait elle dit : Oui, Seigneur, il est vrai que je ne suis pas un enfant du
royaume, mais un pauvre chien des nations, sans aucun droit à faire valoir ; pourtant, j’ai
confiance qu’il y a assez de puissance en Dieu, et assez de bonté dans son cœur, pour nourrir
un pauvre chien comme moi.

Voilà la foi. Matthieu, en vérité, nous dit que le Seigneur l’a appelée une « grande foi », et
elle le réjouit. Elle apporte à cette femme tout ce que son cœur désire. Sa fille est délivrée.
Combien est grand le contraste entre le cœur de Dieu et le cœur de l’homme ! L’un plein de
bonté et de grâce, l’autre plein de toutes sortes de mal. Comme c’est heureux pour nous
quand, au lieu d’entretenir l’hypocrisie, nous sommes caractérisés par la droiture et la foi.

Au verset 31, Jésus retourne à nouveau vers les contrées de la mer de Galilée, pour y
rencontrer un homme qui est sourd et muet, condition qui, de façon frappante, symbolisait
l’état dans lequel se trouvaient les Juifs. La pauvre femme des nations a eu des oreilles pour
entendre, et en conséquence sa langue s’est déliée, et a pu prononcer des paroles de foi ; mais
eux sont sourds, et n’ont rien à dire.

En guérissant cet homme, le Seigneur accomplit certaines actions qui, sans aucun doute, ont
un sens symbolique. Il le tire à l’écart, loin des foules, pour s’occuper de lui en particulier. Ses
doigts, symbole de l’action divine, touchent ses oreilles. Ce qui vient de sa bouche touche la
bouche du muet. C’est ainsi que s’accomplit l’œuvre, et le sourd-muet entend et parle tout à la
fois. S’il y a des oreilles qui s’ouvrent pour entendre la voix du Seigneur, c’est le fruit de
l’action divine qui s’opère en secret. Et si une langue peut prononcer la louange de Dieu ou la
parole de Dieu, c’est parce que ce qui vient de sa bouche a été amené en contact avec la nôtre.

Rien n’est dit quant à la foi de cet homme. Ce qu’il ressent, il ne peut pas l’exprimer, et
d’autres l’ont amené à Jésus. Cependant c’est une grâce pleine et sans réserve qui vient à sa
rencontre. Encore une fois c’est un cas où la bonté du cœur de Dieu est manifestée par Jésus.

Évidemment la foule, dans une certaine mesure, est consciente de cela, et dans leur
étonnement ils confessent : « Il fait toutes choses bien ». À ce point du récit, ces paroles sont
d’autant plus frappantes. Le début du chapitre nous révèle l’homme sous son vrai caractère, et
nous trouvons que son cœur est une source d’où ne sort que le mal. Il fait toutes choses mal.
Le parfait Serviteur révèle la bonté du cœur de Dieu. Il fait toutes choses bien.

Que de motifs nous avons nous aussi d’être d’accord avec ce verdict !

8 - Chapitre 8
Quand les cinq mille ont été nourris, comme cela nous est rapporté dans le chapitre 6, les
disciples ont pris l’initiative en attirant l’attention de leur Maître sur les besoins des foules. En
cette deuxième occasion, c’est le Seigneur qui prend l’initiative et qui attire l’attention des
disciples sur le dénuement des foules, exprimant sa compassion et son souci à leur égard. De
174
nouveau, comme la première fois, les disciples ont simplement l’homme devant eux, et ne
pensent qu’à ce qu’il peut faire, ce qui ne répond absolument pas à la situation. Ils n’avaient
pas encore appris à mesurer la difficulté en la rapportant à la puissance de leur Seigneur.

C’est pourquoi, l’enseignement que Jésus avait donné, en nourrissant une grande foule avec
des ressources matérielles vraiment infimes, est répété. Il y a de légères différences, aussi bien
dans le nombre de personnes que dans le nombre de pains et de poissons utilisés, mais pour
l’essentiel, ce miracle est une répétition de l’autre, et une fois encore le verset 15 du Psaume
132 est accompli, tandis que la puissance de Dieu se trouve manifestée devant leurs yeux.

Ayant nourri la multitude, Jésus la renvoie lui-même, et immédiatement après, part avec ses
disciples pour gagner l’autre côté de la mer, comme la fois précédente. À son arrivée viennent
certains pharisiens avec des intentions hostiles, demandant un signe du ciel. En fait, Jésus
vient de donner des signes du ciel impressionnants, en la présence de milliers de témoins. Les
pharisiens n’avaient aucune intention de le suivre, et donc n’avaient pas été là pour voir le
signe pour eux-mêmes ; cependant il y avait un témoignage suffisant, s’ils voulaient l’écouter.
Bien sûr le fait est que, d’une part, ils n’avaient aucun désir d’être témoins d’un signe qui
authentifiait Jésus et sa mission, et d’autre part, ils étaient incapables de voir et de reconnaître
le signe même quand il était manifesté devant leurs yeux. Leur complète incrédulité remplit le
cœur du Seigneur de chagrin.

Au verset 34 du chapitre précédent, lorsqu’il était confronté à la faiblesse humaine et à


l’infirmité corporelle, Jésus a soupiré. Ici, placé devant l’aveuglement spirituel, il soupire
profondément en son esprit. L’infirmité spirituelle est chose beaucoup plus grave que
l’infirmité corporelle. Ils étaient les conducteurs aveugles d’une génération aveugle, et qui à
tâtons cherchaient un signe. Aucun signe ne leur serait donné, car pour des aveugles, des
signes sont inutiles. C’est l’occasion où, comme cela nous est rapporté au commencement de
Matthieu 16, le Seigneur leur dit qu’ils savaient discerner l’apparence du ciel, mais pas les
signes des temps.

Ne laissons pas là ce sujet comme si c’était quelque chose qui ne concernait que les
pharisiens ; dans son principe, il nous concerne nous aussi. Combien de fois le vrai croyant a
été troublé et découragé, pensant que Dieu n’a pas parlé, n’a pas agi, n’a pas répondu, alors
qu’en réalité il l’a fait ; seulement nous n’avons pas eu des yeux pour voir. Peut-être avons-
nous continué à le supplier pour qu’il donne plus de lumière, alors que pendant tout ce temps-
là, tout ce qu’il fallait, c’était quelques fenêtres dans notre maison.

Le mobile qui faisait agir ces pharisiens était entièrement mauvais, puisque leur but était de le
tenter. Aussi le Seigneur les laisse brusquement et gagne de nouveau l’autre rive qu’il venait
de quitter peu de temps auparavant, et les disciples n’ont pas de pain. Ainsi, pour la troisième
fois, ils sont en présence du problème soulevé par les cinq mille et les quatre mille qu’il fallait
nourrir, mais à une toute petite échelle.

Hélas, les disciples n’affrontent pas dans la force de la foi un problème relativement petit, pas
plus qu’ils ne l’ont fait quand il s’est posé dans des proportions plus grandes. Eux également
n’avaient pas eu jusqu’ici des yeux pour voir la puissance et la gloire de leur Maître, comme
elles avaient été manifestées par deux fois dans la multiplication des pains et des poissons. La
foi véritable a une vision pénétrante. Ils auraient dû discerner qui il était, et alors ils auraient
regardé non pas à leurs pauvres pains ou à leurs pauvres poissons, mais à Lui, et toutes

175
difficultés se seraient évanouies. Dans les petites crises qui marquent notre propre vie, valons-
nous mieux qu’eux ?

L’accusation du Seigneur concernant le levain des pharisiens et le levain d’Hérode ne nous est
pas expliquée ici comme dans Matthieu, mais il nous faut noter ce qu’elle signifie. Jésus fait
allusion à la doctrine de ces deux factions, qui travaillait comme du levain dans ceux qui
venaient d’être placés sous l’influence de l’une ou de l’autre. Le levain des pharisiens était
l’hypocrisie, celui des hérodiens était une extrême mondanité. En Matthieu nous lisons ce qui
concerne le levain des sadducéens, et il s’agissait de l’orgueil intellectuel qui les amenait à
l’incrédulité rationaliste. Rien n’aveugle davantage l’esprit et l’intelligence que ces trois
sortes de levain.

L’aveugle de Bethsaïda, dont il nous est parlé dans les versets 22 à 26, illustre exactement
l’état des disciples à ce moment là. Quand on amène l’aveugle au Seigneur, celui-ci le prend
par la main et le mène hors de la bourgade, le séparant des lieux fréquentés par les hommes,
tout comme auparavant il a tourné le dos aux pharisiens, et à ceux qui étaient avec eux. En
dehors de la ville, le Seigneur s’occupe de lui, accomplissant son œuvre en deux temps. C’est
la seule fois, autant que nous nous en souvenions, qu’il a agi ainsi. Après avoir été touche une
première fois, l’aveugle voit « des hommes comme des arbres qui marchent ». Il voit, mais les
choses sont terriblement brouillées. Il sait que les objets qu’il voit sont des hommes, mais ils
ont l’air beaucoup plus grands qu’ils ne sont en réalité.

Il en était ainsi des disciples ; l’homme avait trop d’importance à leurs yeux. Même quand ils
regardaient le Seigneur lui-même, il semblait que, à leurs yeux, son humanité éclipsait sa
déité. Ils avaient besoin comme l’aveugle d’être touchés une seconde fois avant de voir toutes
choses clairement. La présence du Fils de Dieu parmi eux, dans le sang et dans la chair, a été
cette première fois où ils ont été touchés et où en conséquence ils ont commencé à voir. Après
sa mort, sa résurrection et son ascension dans la gloire, le Seigneur les a touchés une seconde
fois, en répandant son Esprit, comme cela nous est rapporté en Actes 2. Alors ils ont vu toutes
choses clairement. Nous pouvons bien prier avec ferveur que notre vision spirituelle ne soit
pas celle d’une vue basse et brouillée, de peur que les grands arbres que nous croyons voir ne
se révèlent être seulement de faibles petits hommes qui se pavanent. Nous pouvons connaître
un tel état, comme la seconde épître de Pierre (1:9) le montre. Et nous sommes inexcusables,
puisque le Saint Esprit a été donné.

L’aveugle, une fois guéri, ne devait pas entrer dans la bourgade, ni le dire à personne dans la
bourgade ; de plus le Seigneur lui-même se retire maintenant avec ses disciples à Césarée de
Philippe, la bourgade la plus septentrionale dans les confins du pays, et très proche de la
frontière des nations. Il est évident qu’il commence à se retirer et à retirer le témoignage rendu
à sa messianité, de devant ces aveugles et leurs chefs encore plus aveuglés. Ici il soulève
auprès de ses disciples cette question de savoir qui il était. Les hommes avaient avancé
différentes suppositions, mais tous imaginaient qu’il était quelque prophète d’autrefois,
revenu à la vie, tout simplement un homme, et personne ne s’intéressait assez à cette question
pour trouver vraiment la réponse.

Alors Jésus interpelle ses disciples. Pierre devient leur porte-parole et répond en confessant
qu’il est le Messie, mais ceci provoque seulement une réponse qui probablement les a
grandement étonnés, et qui peut nous étonner aussi lorsque nous la lisons aujourd’hui. Il leur
enjoint de ne dire à personne qu’il est le Messie et il commence à les instruire de son rejet, de
sa mort et de sa résurrection qui doivent arriver bientôt.

176
Tout témoignage qui lui a été rendu comme Messie sur la terre est maintenant officiellement
retiré. Dorénavant il accepte sa mort comme inévitable, et il commence à diriger les pensées
de ses disciples vers ce qui, en conséquence, va arriver. Tel est le déroulement régulier des
choses sur le plan humain, et cela ne contredit ni ne heurte le côté divin. Il sait dès le départ ce
qui est devant lui.

De plus les disciples ne sont encore guère qualifiés pour rendre plus ample témoignage, si
cela avait été nécessaire. Pierre, en vérité, a une certaine mesure de discernement spirituel, car
il vient de confesser Jésus comme étant le Christ ; cependant l’affirmation que son rejet et sa
mort approchent soulève dans cet homme même une véhémente protestation. Pour cela
l’esprit de Pierre était gouverné par Satan, et le Seigneur reprend cet esprit de mal qui était
derrière les paroles de Pierre. Les pensées de Pierre étaient aux « choses des hommes », et
ainsi il est tout à fait comme cet homme dont il nous a été parlé, et qui voyait les hommes
comme des arbres qui marchaient. Bien qu’en Jésus il reconnût le Christ, il avait encore des
hommes devant lui, et en cela les autres disciples ne valaient pas mieux que lui. Aussi
comment pouvait-il aller comme témoin efficace du Christ qu’il reconnaissait ? Rien
d’étonnant, après tout, qu’à ce moment Jésus ait enjoint à ses disciples de ne parler de lui à
personne.

Nous pouvons nous arrêter ici, chacun de nous, pour bien nous rendre compte que nous ne
pouvons pas aller témoigner efficacement, si nous ne connaissons pas vraiment celui à qui
nous rendons témoignage, et si nous ne connaissons pas et ne comprenons pas ce que sont les
circonstances dans lesquelles nous sommes appelés à témoigner.

Dans les derniers versets de notre chapitre, en présence de la foule, le Seigneur commence à
instruire ses disciples des conséquences qui suivraient son rejet et sa mort. Les disciples se
voyaient suivre un Messie destiné à être reçu et glorifié sur la terre, mais la réalité était qu’il
allait mourir et ressusciter, pour être alors glorifié dans le ciel. Cela entraînait un immense
changement dans leurs perspectives d’avenir immédiat. Cela signifiait renoncer à soi-même,
prendre sa croix, perdre sa vie dans ce monde, porter l’opprobre en étant identifié avec Christ
et ses paroles au milieu d’une génération perverse.

La force de l’expression « se renoncer soi-même » va plus loin que « se sacrifier », qui
exprime l’idée de se refuser quelque chose. Le Seigneur ne parle pas simplement de renoncer
à quelque chose, mais de dire « non » à soi-même. Également, « prendre sa croix » ne signifie
pas seulement supporter les épreuves et les difficultés. L’homme qui en ce temps-là prenait sa
croix était mené à l’exécution capitale. C’était un homme qui devait accepter la mort des
mains du monde. Dire « non » à soi-même, c’est accepter la mort intérieurement pour son
propre esprit ; prendre sa croix, c’est accepter la mort extérieurement des mains du monde.
Voilà ce que doit nécessairement signifier être disciple, puisque nous suivons le Christ qui est
mort, rejeté de ce monde.

Cette pensée est développée aux versets 35 à 37. Le vrai disciple de Christ n’aspire pas à
gagner le monde entier ; au contraire il est prêt à faire la perte de ce monde, et dans ce monde,
à faire la perte de sa propre vie, pour l’amour du Seigneur et de son évangile. Le parfait
Serviteur que dépeint Marc a donné sa vie pour qu’il y ait un évangile à prêcher. Ceux qui le
suivent et sont ses serviteurs doivent être prêts à donner leur vie en prêchant cet évangile.
S’ils avaient honte de Jésus maintenant, il aurait honte d’eux dans le jour de sa gloire.

177
9 - Chapitre 9
Ces paroles ont dû être un grand coup pour les disciples, si peu qu’ils en aient saisi la portée.
C’est pourquoi le Seigneur, tenant compte de cela dans la tendresse qu’il avait pour eux, se
met à leur donner toute assurance nécessaire quant à la réalité de la gloire à venir. Ils avaient
espéré que le royaume de Dieu viendrait avec puissance et gloire de leur vivant, et cette
illusion étant dissipée, ils risquaient facilement de tirer hâtivement cette conclusion qu’il ne
devait pas venir du tout. Alors les trois disciples qui semblent être au premier plan parmi eux
sont menés à l’écart sur une haute montagne, afin qu’ils soient témoins de la transfiguration
du Seigneur. Là, ils voient le royaume de Dieu venant avec puissance, non pas dans sa
plénitude, mais comme un échantillon. Il leur est accordé d’en avoir la vision à l’avance.

Dans le premier chapitre de sa seconde épître, Pierre nous montre l’effet que cette scène a eu
sur lui. Il avait été témoin oculaire de la majesté de Christ, et par cela il savait que sa
puissance et la promesse de sa venue n’étaient pas une fable ingénieusement imaginée, mais
un fait glorieux, et ainsi la parole prophétique était rendue « plus ferme », ou était
« confirmée ». Il savait, et nous pouvons savoir, que pas un iota ou un seul trait de lettre de ce
qui a été annoncé, concernant la gloire du royaume à venir de Christ, ne manquera.

Cette scène de la transfiguration elle-même était une prophétie. Christ doit être le centre
resplendissant de la gloire du royaume, comme il l’a été au sommet de la montagne. Les
saints seront avec lui dans des conditions célestes, tout comme l’étaient Moïse et Élie, certains
d’entre eux ensevelis puis ressuscités et appelés par Dieu comme Moïse, d’autres enlevés au
ciel sans mourir comme Élie. Dans le royaume il y aura également des saints en bas sur la
terre, jouissant de bénédictions terrestres dans la lumière de la gloire céleste, comme les trois
disciples étaient conscients qu’ils avaient une bénédiction, durant cette brève vision. Cela se
passa « après six jours », et six personnes seulement étaient présentes ; donc tout était à une
échelle réduite et incomplète, cependant l’essentiel s’y trouvait.

Pierre, prêt à parler comme toujours, laisse échapper ce qu’il croit être un compliment, mais
qui en réalité est tout autre chose. Cette scène de gloire ne pouvait pas se prolonger sur la
terre, et ni Christ, ni même Moïse et Élie, ne pouvaient être mis dans les limites étroites de
tentes terrestres. Mais plus grave que cette erreur était la pensée que Jésus n’était que le
premier parmi les plus grands des hommes. Il n’est pas le premier parmi les grands, mais « le
Fils bien-aimé » du Père, parfaitement unique, sans aucune commune mesure, au delà de toute
comparaison. On ne peut pas, dans la même seconde, parler de quelqu’un d’autre et de lui. Il
est à part. C’est ce que déclare la voix du Père, ajoutant que Jésus est celui qu’on doit écouter.

La voix du Père a été très rarement entendue par des hommes. Le Père a parlé au baptême de
Christ, et à nouveau maintenant il parle, lors de sa transfiguration, ajoutant cette fois-ci :
« Écoutez-le ». Depuis lors, sa voix n’a jamais été entendue par les hommes de façon
intelligible. Le Fils est le porte-parole de la divinité et c’est lui que nous devons écouter. Dieu
a parlé autrefois par les prophètes, Moïse et Élie ; maintenant il a parlé en son Fils bien-aimé.
Cela exclut Pierre, ainsi que Moïse et Élie, ce qui est important quand nous nous souvenons
de ce que le système catholique romain a fait de Pierre et de sa prétendue autorité. Dans cette
circonstance, Pierre a montré de nouveau qu’il était encore exactement comme l’homme dont
la vue était brouillée et qui voyait des hommes comme des arbres qui marchaient.

La voix du Père n’a pas plus tôt exalté son Fils bien-aimé, que toute la vision disparaît, et
qu’il ne reste plus que Jésus avec les trois disciples. Les saints disparaissent, mais Jésus reste.
178
Ces mots : « Ils ne virent plus personne, sinon Jésus seul » ont beaucoup d’importance. Si
nous tendons vers cela dans notre vie spirituelle, nous ne serons plus semblables à un homme
qui voit les hommes tels des arbres qui marchent, mais nous serons comme a été cet homme
après avoir été touché une seconde fois, nous verrons toutes choses clairement. Jésus occupera
tout notre champ de vision en ce qui nous concerne, et tout ce qui est de l’homme sera éclipsé.

Tout cela a été révélé aux disciples, comme nous le montre le verset 9, en vue d’un temps où
sa mort et sa résurrection seront accomplies. C’est seulement alors qu’ils comprendront tout
cela, illuminés par le Saint Esprit, et qu’ils pourront efficacement s’en servir pour témoigner.
Mais avant, ils ne comprennent même pas ce que « ressusciter d’entre les morts » signifiait
vraiment, comme le montre le verset suivant. La résurrection des morts ne les aura pas
intrigués de façon particulière ; c’est cette résurrection « d’entre » les morts, qui a eu lieu pour
la première fois avec Christ, qui soulève de telles questions. La première résurrection des
saints, la résurrection de vie, est du même ordre. N’y en a-t-il pas beaucoup qui s’appellent
chrétiens, et qui se posent aujourd’hui bien des questions à ce sujet ?

La question des disciples quant à Élie et l’annonce de sa venue est naturellement née dans leur
esprit à la suite de la scène de la transfiguration. Le Seigneur s’en sert pour diriger encore une
fois leurs pensées vers sa propre mort. En ce qui concerne la première venue du Seigneur, le
rôle d’Élie avait été joué par Jean le baptiseur, et sa mise à mort indiquait bien ce qui devait
arriver à celui qui était plus grand que lui et dont il était le précurseur.

La scène sur la haute montagne se termine rapidement, mais il n’en est pas ainsi des scènes de
péché, de misère et de souffrance de l’humanité qui remplissent les plaines en bas. Il fallait
que, des hauteurs, ils descendent aux abîmes, pour trouver les autres disciples qui ont perdu la
bataille et qui sont très inquiets en l’absence de leur Maître. Dès que Jésus apparaît, les foules
sont saisies d’étonnement, et tous les regards quittent les disciples affolés pour se porter sur le
Maître, serein, et qui, à lui seul, peut répondre à tout. L’instant d’avant, les scribes avaient
posé des questions embarrassantes aux disciples ; maintenant c’est Jésus qui interroge les
scribes, invite le père troublé à la confiance et montre qu’il suffit à tout.

Heureux le saint qui peut apporter quelque chose de la grâce et de la puissance de Christ dans
ce monde troublé ! Toutefois, il nous faudra attendre sa venue et le royaume, pour voir
pleinement accompli ce que cette scène annonce. Alors seulement il transformera le monde
entier, et fera passer son peuple éprouvé et troublé, de la défaite et de l’inquiétude au calme de
sa présence, dans une victoire complète et manifestée.

Il y avait eu une manifestation particulière de la gloire de Dieu dans la scène paisible au


sommet de la montagne, tandis qu’au pied de la montagne la sombre puissance de Satan
s’était déployée avec toute la confusion qu’elle apporte. Un garçon possédé du démon, un
père déçu et égaré par la douleur, des disciples abattus après leur échec, des scribes qui ne
répugnent pas à exploiter en leur faveur cette circonstance. Le Seigneur arrive au milieu de
tout cela et tout est changé.

D’abord il met le doigt là où se trouvait la racine de l’échec. Ils étaient une génération
incrédule. La racine était l’incrédulité. Cela était vrai pour ses disciples comme pour les
autres. Si leur foi avait pleinement saisi qui il était, ils n’auraient pas été déconcertés par cette
épreuve, pas plus que lorsqu’il s’était agi de nourrir les multitudes. Ils étaient encore comme
l’homme du chapitre 8, avant de voir toutes choses clairement.

179
Mais maintenant le Maître lui-même est au milieu d’eux et sa parole est : « Amenez-le moi ».
Cependant, lorsque le jeune garçon a été amené, le premier résultat est décevant, car le démon
le jette à terre dans des convulsions terribles. Mais tout cela arrive pour servir les desseins du
Seigneur, car d’un côté cela ne fait que rendre plus manifeste le terrible état dans lequel se
trouvait ce garçon, juste avant qu’il soit délivré, et d’autre part cela sert à mettre en évidence
les sentiments et les pensées de ce père angoissé. Son cri : « Si tu peux quelque chose, assiste-
nous, étant ému de compassion envers nous », révèle qu’il manque de foi dans la puissance de
Jésus, en même temps qu’il n’est pas très sûr de sa bonté.

La réponse de Jésus est : « Le « Si tu peux », c’est : « Crois ! » Ce qui revient à dire : Il n’y a
pas de « si », de mon côté à moi, le seul « si » qui intervient ici est de ton côté. Ce n’est pas :
« si je peux faire quelque chose », mais « si tu peux croire ». Cela met tout dans la vraie
lumière et l’homme le voit en un éclair. En voyant il croit, tout en confessant son incrédulité
passée.

Ayant suscité la foi dans cet homme, le Seigneur agit. Son but n’est pas de faire sensation
parmi le peuple. Si cela avait été le cas, il aurait attendu que la foule se rassemble. Son but
évidemment est d’affermir la foi du père et de tous ceux qui ont des yeux pour voir. Le démon
doit obéir, bien qu’il fasse tout le mal qu’il peut avant de relâcher sa proie. Ce déploiement de
puissance démoniaque, après tout, ne fait que donner occasion à un plus grand déploiement de
puissance divine. Non seulement le garçon est complètement délivré, mais il est aussi délivré
pour toujours, puisque le démon reçoit l’ordre de ne plus entrer en lui.

Ayant ainsi manifesté la puissance et la bonté de Dieu, le parfait Serviteur ne recherche pas la
popularité parmi les foules, mais se retire dans une certaine maison. Là, dans la tranquillité,
ses disciples lui demandent la raison de leur échec, et reçoivent la réponse du Seigneur. Nous
ne devrions pas cesser de poser leur question, lorsque nous expérimentons notre faiblesse en
présence de l’ennemi. En le faisant, nous recevrons sans aucun doute la réponse même qu’ils
ont reçue, comme nous la trouvons au verset 29. Le Seigneur avait déjà déclaré qu’à la racine
de leur impuissance, il y avait l’incrédulité. Maintenant il désigne deux autres choses. Non
seulement la foi est nécessaire, mais aussi la prière et le jeûne.

La foi indique un esprit de confiance en Dieu, la prière un esprit de dépendance envers Dieu,
le jeune un esprit de séparation pour Dieu, sous la forme d’abstinence de choses légitimes.
Voilà les choses qui mènent à la puissance dans le service de Dieu. Leurs contraires,
incrédulité, confiance en soi, complaisance envers soi-même sont les choses qui amènent à la
faiblesse et à l’échec. Ces paroles de notre Seigneur jouent le rôle d’un projecteur sur nos
nombreux manquements dans notre service pour lui. Qu’à leur lumière nous considérions nos
voies.

Aux versets 30 et 31, nous voyons à nouveau le Seigneur se retirer loin de la foule et instruire
ses disciples de sa mort et de sa résurrection prochaines. C’est ce que nous avons vu, pour la
première fois, dans les versets 30 et 31 du chapitre précédent.

C’était le prochain grand événement du programme divin, et Jésus commence à le présenter


de façon continue à l’esprit de ses disciples, bien qu’à ce moment là ils soient incapables de le
comprendre. Leur esprit était encore rempli de l’attente de la venue d’un royaume visible.
Aussi sont-ils incapables de concevoir toute idée qui viendrait contredire cela.

180
L’idée que le royaume de Christ apparaîtrait immédiatement leur souriait, parce qu’ils
s’attendaient à y avoir une place d’honneur. Ils le concevaient de façon chamelle, et cela
éveillait dans leur cœur des désirs charnels. C’est pourquoi, pendant le trajet qui les mène à
Capernaüm, ils se mettent à discuter entre eux pour savoir qui serait le plus grand. La question
du Seigneur suffit à les persuader de leur folie, comme le prouve leur silence embarrassé.
Cependant il sait tout, car il se met à leur répondre, bien qu’ils ne fassent aucune confession.

Sa réponse se trouve avoir une double portée. D’abord le seul chemin qui mène à la vraie
grandeur est celui qui vous fait descendre au plus bas, pour être serviteur de tous. Et les
choses étant ainsi, nous pouvons voir comment le Seigneur Jésus est prééminent, même si
l’on met à part sa déité. Dans son humanité, il a pris la place la plus humble et est devenu
serviteur de tous, d’une manière qui va infiniment au-delà de tout ce qu’a pu faire qui que ce
soit. Et très vraisemblablement le premier est celui qui lui ressemble le plus.

En deuxième lieu, il montre que la personnalité du serviteur a peu d’importance : ce qui


compte, c’est au nom de qui il vient. Nous avons cette scène belle et touchante où il place
d’abord un petit enfant au milieu d’eux, et puis le prend dans ses bras pour bien faire
comprendre ce qu’il veut dire. Cet enfant n’est qu’un échantillon insignifiant de l’humanité ;
cependant, recevoir un de ces petits enfants, c’était recevoir le Seigneur lui-même et aussi le
Père qui l’avait envoyé. Recevoir mille enfants semblables, au nom d’un autre quel qu’il soit,
ou sur un tout autre terrain, n’aurait que peu de sens. Le fait est que le Maître est si
suprêmement grand que la position relative de ses petits serviteurs ne vaut pas la peine qu’on
en discute.

Cet enseignement semble avoir été comme une illumination pour Jean, et avoir aiguillonné sa
conscience quant à l’attitude qu’ils avaient eue envers un homme zélé qui agissait au nom de
Jésus, bien qu’il ne suivît pas les douze. Pourquoi ne les suivait-il pas, cela ne nous est pas dit,
mais il faut nous souvenir que chacun n’avait pas la latitude, s’il le voulait, de se joindre aux
douze. Le propre choix du Seigneur décidait de cela. De toute façon, la réponse du Seigneur
met tout l’accent sur la valeur de son nom. En agissant au nom de Jésus, l’homme était
évidemment pour Christ et non contre lui.

En fait, cette personne, qui n’avait pas été investie de mission officielle, avait fait la chose
même que les disciples n’avaient pas réussi à faire : il avait chassé un démon. La charge est
une chose, la puissance en est une autre, tout à fait différente. Elles devraient aller ensemble
dans la mesure où la charge est une institution dans le christianisme. Mais très fréquemment,
ce n’a pas été le cas. Et dans les derniers temps, où des charges ont été instituées de façon non
scripturaire, nous voyons bien souvent une personne simple, et qui n’a pas de charge
particulière, faire la chose que la personne investie d’une charge n’a pas la puissance de faire.
La puissance est dans le Nom, pas dans la charge.

Le verset 41 montre que le plus petit don fait au nom de Christ et pour l’amour de Christ a de
la valeur aux yeux de Dieu et recevra sa récompense de ses mains. Le verset 42 nous donne la
réciproque : être en piège au plus faible de ceux qui appartiennent à Christ, c’est mériter et
recevoir un jugement sévère. Perdre sa vie dans ce monde est une petite chose, comparée à la
perdre dans le monde à venir.

Cela mène à ce passage très solennel qui clôt ce chapitre. Quelques-uns des auditeurs ont
peut-être pensé que ce qu’avait dit le Seigneur en parlant de pierre de meule était un peu
outrancier. Il ajoute des paroles encore plus fortes qui ouvrent la perspective du feu de l’enfer

181
lui-même. Ses pensées, à ce moment-là, évidemment s’élargissaient et vont au-delà de ses
disciples, pour s’adresser aux hommes en général, et il montre que toute perte, dans ce monde
ci, est très petite, comparée à la perte de tout ce qui est la vie dans le monde à venir, et au fait
que l’on soit jeté dans le feu de la géhenne. La main, le pied et l’œil sont des membres de
notre corps qui ont beaucoup de prix et dont on ne se sépare pas facilement, mais la vie dans
le siècle à venir n’a pas de prix, et les flammes de l’enfer sont une affreuse réalité.

La vallée de Hinnom, le champ d’immondices à l’extérieur de Jérusalem, où des feux


brûlaient toujours et où les vers faisaient continuellement leur travail, était connue sous le
nom de la Géhenne. Et ce mot, sur les lèvres du Seigneur, devenait une image qui convenait
parfaitement au séjour des perdus. En vérité, l’enfer sera le grand dépotoir de l’éternité, où
tout ce qui est irrémédiablement mauvais sera séparé de ce qui est bon, et restera à jamais
sous le jugement de Dieu. Ce fait terrible nous est communiqué par la bouche de celui qui a
aimé les pécheurs et a pleuré sur eux.

La première déclaration du verset 49 découle de ce que vient de dire le Seigneur. Le feu


sonde, consume, purifie. Le sel non seulement assaisonne, mais il conserve. Le feu symbolise
le jugement de Dieu, que tous doivent rencontrer d’une façon ou d’une autre. Le croyant doit
le connaître comme l’indique 1 Corinthiens 3:13, et par lui il sera « salé », puisque cela
signifiera que tout ce qui est bon sera conservé. Les impies y seront soumis dans leur
personne, et même ce jugement les salera, c’est-à-dire qu’ils y seront conservés en lui et non
pas détruits par lui.

La fin du verset est une allusion à Lévitique 2:13. On a décrit le sel comme le symbole de
cette puissance de grâce sanctifiante qui lie l’âme à Dieu et intérieurement la garde du mal.
Nous ne pouvons pas présenter notre corps comme sacrifice vivant à Dieu si cette grâce
sanctifiante est absente. En vérité le sel est bon, et rien ne pourrait compenser son absence. Il
nous faut avoir en nous-mêmes cette sainte grâce qui veut nous juger et nous séparer de tout
ce qui est mal. Si chacun veille à l’avoir en lui-même, il n’y aura pas de difficulté à être en
paix entre nous.

10 - Chapitre 10
Le début de ce chapitre, nous rapproche des dernières scènes de la vie du Seigneur. Il est au-
delà du Jourdain, mais près des limites de la Judée, et les pharisiens viennent pour s’opposer à
lui, le mettant à l’épreuve. En soulevant des questions sur le mariage et le divorce, ils
espéraient l’entraîner dans quelque contradiction avec les commandements donnés par Moïse,
et ainsi trouver un point sur lequel l’attaquer. Le Seigneur ne contredit pas Moïse, mais il
remonte bien avant lui, à ce qu’avait été la pensée de Dieu au commencement en créant
l’homme et la femme. Les pharisiens étaient des observateurs très scrupuleux de la loi de
Moïse, mais il leur montre que, dans ce cas, la loi n’était pas l’application de ce qu’était la
pensée de Dieu au commencement. Il est important de le remarquer, car cela nous fournit une
explication du fait que la loi ne constitue pas la règle de vie pour le chrétien.

La loi se plaçait à un niveau qui était en dessous de la pensée de Dieu. Le Seigneur maintenait
cette pensée dans sa plénitude. Le verset 9 élève toute cette question du mariage, du niveau de
l’homme et de ses convenances, au niveau de Dieu et de son œuvre. Il s’agit d’une institution

182
divine, et non d’un arrangement humain, c’est pourquoi l’homme ne doit pas y toucher. Si
Dieu unit, l’homme ne doit pas séparer.

Ce verset établit un grand principe qui est une vérité d’une portée générale. L’inverse aussi
serait vrai, l’homme ne doit pas unir ce que Dieu a séparé. C’est une triste réalité que, depuis
que le péché est là, l’homme n’a eu de cesse qu’il ait défait ce que Dieu a fait. C’est vrai pour
les choses naturelles, et beaucoup de maux dont nous souffrons viennent de ce que nous avons
touché aux choses données de Dieu, même en ce qui concerne la nourriture, etc., bouleversant
dans tous les domaines l’équilibre que lui avait établi. Il en est certainement ainsi dans le
domaine des choses spirituelles. Maintes difficultés, beaucoup de problèmes d’âme, qu’on
aurait pu s’épargner, viennent de la méconnaissance des choses que Dieu dans sa parole a
unies ou de celles qu’il a séparées.

Ayant placé devant eux le mariage sous son vrai jour, le Seigneur s’occupe, dans les versets
13 à 16, des enfants. En ce qui les concerne, les disciples partagent les idées habituelles du
monde, qui sont loin d’être au niveau des pensées de Dieu. Les disciples jugeaient que les
enfants ne méritaient vraiment pas de retenir l’attention du Maître, mais lui pensait bien
différemment. Il les reçoit avec joie, les prend dans ses bras, pose les mains sur eux, et les
bénit. Il montre aussi que la seule manière d’entrer dans le royaume de Dieu, c’est d’avoir
l’état d’esprit et l’état d’âme du petit enfant. Celui qui s’approche de ce royaume comme étant
quelqu’un qui a quelque chose à faire valoir, trouve l’entrée fermée. Celui qui vient comme
n’ayant rien à faire valoir, peut entrer.

Puis aux versets 17 à 27, nous avons l’enseignement du Seigneur en ce qui concerne nos
biens. Et il est frappant de voir comment le mariage, les enfants et les biens se suivent dans ce
chapitre, car une part si importante de notre vie dans ce monde est prise par ces trois choses.
Toutes trois sont perverties, mal employées entre les mains d’hommes pécheurs. Toutes trois
sont mises à la place qui convient dans les enseignements de notre Seigneur.

Celui qui accourt vers Jésus montre beaucoup de qualités louables. Matthieu nous dit qu’il
était jeune, et Luc que c’était un chef du peuple. Il était sérieux, plein de révérence, et
reconnaissait en Jésus un grand rabbi, qui pouvait montrer aux hommes le chemin de la vie
éternelle. Pour lui, il était entendu que cette vie éternelle devait s’obtenir par des œuvres
humaines, selon la loi. Évidemment il n’avait aucune idée de la divinité de Jésus, d’où les
paroles du Seigneur au verset 18. Celui-ci repoussait l’idée d’être bon à moins d’être Dieu,
disant en fait : Si je ne suis pas Dieu, je ne suis pas bon.

Comme le jeune homme lui posait sa question en pensant à la loi, le Seigneur le renvoie à la
loi, particulièrement aux commandements qui concernent les devoirs d’un homme envers son
prochain. Le jeune homme pouvait prétendre qu’il les avait observés, au moins en ce qui
concernait ses actes. Et Jésus, l’ayant regardé, l’aime. Cela montre que lorsqu’il prétend avoir
correctement observé les choses que la loi prescrivait, il dit la vérité. C’était une personne tout
à fait remarquable dont les traits de caractère, en eux-mêmes, étaient agréables à Dieu. Le
Seigneur n’a pas méconnu ces traits de caractère agréables. Il les reconnaît, et considère le
jeune homme avec le regard de l’amour.

Cependant, il le met à l’épreuve. Une chose lui manquait, et c’était la foi que Dieu donne,
celle qui aurait saisi qui était Jésus et l’aurait amené à prendre la croix et à le suivre ; la foi qui
aurait préféré un trésor dans le ciel à un trésor sur la terre. Il espérait que le Seigneur lui
indiquerait quelque œuvre de loi par laquelle il pourrait hériter de la vie éternelle ; au lieu de

183
cela, on lui a indiqué une œuvre de foi. Affligé dans son cœur, il s’en va. Il ne possédait pas la
foi, aussi il lui est impossible de montrer sa foi par ses œuvres. La même mise à l’épreuve
vient à nous. Comment y avons-nous répondu ?

C’est une question d’une portée immense. Comme nous sommes tous lents à renoncer à
l’observance de la loi pour avoir Christ, et à la terre pour avoir le ciel ! Rien d’étonnant à ce
que le Seigneur parle de la difficulté avec laquelle les riches entrent dans le royaume. Le
verset 23 parle de ceux qui « ont des biens » et le verset 24 de ceux qui « se confient dans les
richesses ». Le fait est, bien sûr, qu’il est très difficile d’avoir les richesses sans se confier en
elles. Par nature nous nous accrochons aux richesses et à la terre. Christ offre la croix et le
ciel.

Les disciples, habitués à considérer les richesses comme un signe de la faveur de Dieu, sont
tout étonnés de ces paroles. Ils ont le sentiment qu’elles font se dérober sous eux le terrain sur
lequel ils se tiennent. Et en vérité c’est bien cela. Et « qui peut être sauvé ? » est une question
capitale. Le verset 27 donne une réponse nette : Le salut est impossible pour les hommes,
quoique possible pour Dieu. En d’autres termes c’est comme si le Seigneur disait : s’il s’agit
de savoir ce que l’homme peut faire, personne ne peut être sauvé, mais s’il s’agit de savoir ce
que Dieu peut faire, il n’y a personne qui ne puisse être sauvé.

Nous mettons bien l’accent sur ce mot. Le salut pour les hommes n’est pas improbable, mais
impossible. La porte, en ce qui concerne nos efforts, nous est complètement fermée. Dieu a
ouvert une autre porte cependant, mais c’est par la mort et la résurrection, vers lesquelles le
Seigneur, maintenant, dirige les pensées de ses disciples.

Bien que la mort et la résurrection soient devant l’esprit du Seigneur, la gloire terrestre occupe
toujours l’esprit de Pierre, et il trahit cela par la remarque qu’il fait et qui est rapportée au
verset 28. Bien sûr il fait allusion à l’épreuve à laquelle le Seigneur vient de soumettre le
jeune chef des Juifs. Pierre a le sentiment que si le jeune homme riche a échoué devant cette
épreuve, il n’en a pas été de même pour lui et ses compagnons. En effet il a bien ajouté,
comme Matthieu le rapporte : « Que nous adviendra-t-il donc ? » Son esprit curieux et
impétueux veut voir à l’avance les bonnes choses à venir. La réponse du Seigneur montre
qu’en ce temps-ci il doit y avoir un grand gain, quoique avec des persécutions, et dans le
siècle qui vient la vie éternelle.

Ce que dit notre Seigneur est illustré par la vie de service de Paul, comme on le voit dans des
passages tels que : Actes 16:15 ; 18:3 ; 21:8 ; Romains 16:3, 4 et 23 ; 1 Corinthiens 16:17 ;
Philippiens 4:18 ; Philémon 22. Des maisons étaient à sa disposition dans plus d’une ville et
beaucoup estimaient que c’était un honneur de jouer auprès de lui le rôle de frère, de sœur, de
mère, ou d’enfant. Les persécutions ont certainement été sa part. La vie éternelle dans le
monde à venir est là devant lui. Voilà la condition de ceux qui suivent et servent le parfait
Serviteur de Dieu.

Ce que nous avons dans le verset 31 a évidemment été prononcé pour avertir et reprendre
Pierre. Être au premier plan sur la terre ne signifie pas obligatoirement la première place là-
haut. Tout dépend de ce qui, au fond, a poussé à servir. Si Pierre veut faire un marché — tant
de consécration pour tant de récompense — rien que cela révèle des mobiles qui ne sont pas
les bons. Mais le verset ne dit pas que tous ceux qui sont les premiers doivent nécessairement
être les derniers, et tous les derniers les premiers. Paul a dépassé tous ceux de son temps, et

184
qui peut mettre en doute la pureté de ses intentions, ou la réalité de sa consécration à son
Seigneur ?

Ce dont Pierre et les autres disciples avaient grand besoin, c’était de réaliser et de comprendre
que la mort et la résurrection de leur Maître approchaient rapidement. Dix-neuf siècles après
cet événement, c’est ce que nous avons encore grand besoin de réaliser et de comprendre
aujourd’hui. Non seulement c’est le fondement de toute bénédiction pour nous, mais cela
imprime son propre caractère à toute vie et tout service chrétiens. Aucun service intelligent ne
peut être accompli si ce n’est à la lumière de ce que nous avons là.

Les versets 32 à 34 nous donnent la quatrième occasion où le Seigneur a instruit ses disciples
au sujet de sa mort et de sa résurrection ; et la requête de Jacques et de Jean, rapportée au
verset 37, fournit au Seigneur une cinquième occasion. Leur esprit était encore plein de ce
qu’ils espéraient dans un royaume glorieux sur la terre, et ils veulent faire quelque chose qui
soit favorable à leurs intérêts dans ce royaume-là. Or le Seigneur Jésus était ici le parfait
Serviteur de la volonté de Dieu, et cela entraînait pour lui la coupe des souffrances et le
baptême de la mort. Des places d’honneur dans ce royaume à venir seront distribuées à ceux
qui auront servi ce merveilleux Serviteur, dans la mesure où ils auront accepté la souffrance et
la mort pour l’amour de son nom. Mais quoi qu’il en soit, Jésus ne distribue pas ces places de
distinction. Tout cela est laissé à la discrétion du Père, car Jésus garde cette place de Serviteur
qu’il a prise. Si nous ne gardons pas la place où nous avons été mis, cette place
d’identification à notre Seigneur rejeté, nous ne pouvons pas espérer de considération
particulière dans la gloire du royaume.

Cette chasse éhontée aux honneurs que font Jacques et Jean pourrait nous pousser à les blâmer
plus que les autres, s’il n’y avait pas le verset 41 qui montre que tous les autres nourrissaient
les mêmes désirs égoïstes, et qu’ils ont protesté, non pas parce que les deux disciples avaient
fait cette requête, mais parce qu’ils les avaient devancés par leur démarche. Leur contrariété,
cependant, ne fait que donner à la parfaite grâce de leur Seigneur une autre occasion de se
manifester.

Comme c’était facile, pour les disciples de Jésus, et comme ce l’est encore, d’accepter et
d’adopter les critères et les coutumes du monde qui nous entoure, de considérer comme
normal de faire ceci ou cela, puisque, apparemment, tout le monde le fait ! Mais notre
Seigneur ne se lassera pas de nous dire : « Il n’en est pas ainsi parmi vous ». Les nations ont
leurs grands hommes qui exercent leur autorité avec arrogance. Parmi les disciples du
Seigneur, la grandeur se manifeste d’une façon tout à fait différente. La vraie grandeur se
manifeste en prenant l’humble place de celui qui sert les autres — et qui sert le Seigneur en
les servant.

Le Fils de l’homme lui-même est l’exemple insigne d’un tel service. Qui est aussi grand que
lui dans la sphère d’où il vient ? « Mille milliers le servaient » (Daniel 7:10). Qui a pris une
place aussi humble que lui qui servait les autres ? Qui a accompli son service jusqu’au point
de « donner sa vie en rançon pour beaucoup » ? Pour cette seule raison, mise à part toute autre
considération, la place de prééminence doit nécessairement être la sienne. Ce sont ceux qui
maintenant le suivent de plus près dans un humble service qui seront les premiers en ce jour-
là.

Au verset 45, le Seigneur non seulement présente sa mort à ses disciples pour la cinquième
fois, mais explique ce qu’elle signifie. Auparavant il avait insisté sur le fait qu’il devait mourir

185
pour que l’esprit des disciples ne soit plus obsédé par l’attente de la venue d’un royaume
visible. Maintenant apparaît le pourquoi de sa mort. Il va mourir pour payer la rançon de
beaucoup. Nous avons donc ici, de sa bouche même, une déclaration claire que sa mort aura le
caractère de substitution et de propitiation. Ici c’est pour « beaucoup », car il est question des
résultats effectifs et réels de sa vie donnée en rançon. En 1 Timothée, où il s’agit de la portée,
du champ d’action qu’a sa mort, le mot est pour « tous ».

Le Seigneur s’occupait ainsi de ses disciples « alors qu’ils étaient en chemin, montant à
Jérusalem » (verset 32). Au verset 46, ils arrivent à Jéricho, et alors commencent les dernières
scènes de sa vie. Bartimée, le mendiant aveugle, fournit au Seigneur une occasion
remarquable de déployer la miséricorde de Dieu. La miséricorde, c’est ce dont avait grand
besoin cet aveugle, alors que ceux qui ne comprenaient pas la miséricorde divine auraient
aimé le faire taire. Cependant il reçoit la miséricorde, et bien au-delà de ce qu’il escompte, car
non seulement elle lui donne la vue, mais elle l’enrôle comme disciple à la suite de celui qui
faisait déborder la miséricorde. La foi de Bartimée se montre en ce qu’il appelle Jésus : Fils
de David, alors que d’autres ne parlaient de lui que comme Jésus de Nazareth. Peut-être que
sa foi était petite, car elle ne s’élève pas jusqu’à donner au Seigneur le titre élevé de Fils de
Dieu ; cependant une petite foi reçoit une réponse abondante aussi sûrement qu’une grande
foi. Soyons reconnaissants pour cela.

11 - Chapitre 11
Maintenant Jésus approche de Jérusalem. Ses disciples marchent à sa suite, et pas seulement
ceux qui avaient passé trois ans en sa compagnie, mais Bartimée aussi qui n’y est peut-être
que depuis trois heures. C’est à Béthanie qu’habitaient quelques personnes qui l’aimaient ; et
là il trouve l’ânon, pour entrer dans la ville de Jérusalem comme Zacharie l’avait annoncé. Le
Seigneur a besoin de cet ânon ; il en connaît le propriétaire et sait qu’il y aura une réponse
immédiate à ce dont il a besoin. Il était le serviteur de la volonté de Dieu, et il savait où
trouver tout ce qui était nécessaire pour accomplir son service, qu’il s’agisse de l’âne dans ce
chapitre, ou de la grande pièce garnie au chapitre 14, ou en d’autres occasions.

Jésus entre dans Jérusalem comme l’avait dit le prophète : « juste », « humble », et « ayant le
salut ». Il y a un élan d’enthousiasme éphémère, car les hommes n’ont aucun désir durable de
ce qui est juste, et la sainteté ne les attire pas. De plus, le salut qu’ils désiraient était un salut
simplement pour la terre : Ils auraient été contents d’être libérés de la tyrannie de Rome, mais
n’avaient aucun désir d’être délivrés de l’esclavage du péché. Leurs Hosannas concernaient le
royaume de David qu’ils espéraient voir venir, ce qui fait que bien vite s’éteignent leurs cris.
Le Seigneur va droit au fond des choses en entrant dans le temple. En ce qui concerne les
relations d’Israël avec leur Dieu, c’était le centre de tout ; et c’était là que se manifestait le
mieux leur état sur le plan religieux. Rien n’échappe à l’examen du Seigneur, car il est dit
qu’« il promena ses regards de tous côtés sur tout ».

L’incident concernant le figuier a lieu le lendemain matin. Le figuier est une figure d’Israël, et
plus particulièrement du résidu de la nation qui avait été rétabli dans la terre de leurs pères et
au milieu duquel était venu le Christ. Luc 13:6 à 9 nous le montre. La nation entière avait été
la vigne du Seigneur et le résidu restauré était comme un figuier planté dans cette vigne. Le
roi étant entré, selon la parole prophétique, le moment suprême de l’épreuve était venu. Il n’y
avait que des feuilles. Bien que ce ne fût pas le temps des figues, il aurait dû y avoir beaucoup
186
de figues vertes, promesse d’une fécondité à venir. Le figuier n’était bon à rien, et ne devrait
plus jamais porter de fruit.

Suite à cela, aux versets 15 à 19, nous avons ce que fait le Seigneur pour purifier le temple. La
pensée de Dieu, en établissant sa maison à Jérusalem, était que ce soit un lieu de prière pour
toutes les nations. Si un homme, quel qu’il soit, et à quelque race qu’il appartienne,
recherchait Dieu en tâtonnant, il pouvait venir à cette maison et entrer en relation avec lui. Les
Juifs l’avaient transformée en caverne de voleurs. Voilà l’effroyable spectacle que rencontre
le saint regard de Jésus quand il inspecte la maison de Dieu, le soir précédent.

Sans doute les Juifs auraient donné de bonnes raisons pour permettre de telles abominations :
les étrangers n’étaient-ils pas obligés de changer leurs différentes monnaies ? Ne fallait-il pas
des colombes pour les plus pauvres qui n’avaient pas les moyens d’offrir un sacrifice plus
important ? Mais tout cela avait été ravalé au niveau d’une entreprise lucrative. Celui qui
venait de loin chercher Dieu risquait, quand il arrivait au temple, d’être repoussé par la
malhonnêteté de ceux qui y faisaient leurs affaires. Terrible situation ! Les gardiens de la
maison étaient une bande de voleurs, et le Seigneur le leur dit. Cela met les scribes et les
principaux sacrificateurs en fureur et ils décident de le faire mourir.

Depuis bien longtemps, des maux exactement semblables se manifestent dans la chrétienté.
C’est une chose terrible à dire, mais la vérité exige que ce soit dit. De nouveau la religion a
été transformée en entreprise lucrative, au point que celui qui prétendait vouloir trouver Dieu
a souvent été complètement dégoûté. On peut voir cela, sous ses formes les plus outrées, dans
le grand système catholique romain, mais on peut le voir ailleurs sous une forme différente.
C’est l’erreur de Balaam, et beaucoup s’y abandonnent « pour une récompense », comme
nous le dit Jude. Veillons soigneusement à éviter cela. Aujourd’hui la maison de Dieu sur la
terre est formée de saints — non pas de pierres mortes mais de pierres « vivantes » — et il
faut que nous apprenions comment nous devons nous y conduire : la première lettre de Paul à
Timothée nous donne les instructions nécessaires. Dans cette lettre, sont tout à fait
remarquables des expressions comme : « n’aimant pas l’argent », « non avides d’un gain
honteux » ; « privés de la vérité, ils estiment que la piété est une source de gain… Or la piété
avec le contentement est un grand gain ». Si de telles expressions nous gouvernent, nous
serons gardés de ce piège.

Comme ils entrent dans Jérusalem, le lendemain matin, ils voient le figuier auquel le Seigneur
avait parlé, séché depuis les racines. Le mal qui l’a frappé a agi d’une manière qui n’est pas
naturelle ; sinon il aurait séché à partir du haut jusqu’en bas. Ce fait proclame que c’est Dieu
qui l’a fait et cela surprend Pierre qui attire l’attention sur ce point, invitant ainsi le Seigneur à
faire une double remarque sur ce qui est arrivé.

D’abord il dit : « Ayez foi en Dieu ». La tendance des disciples était d’avoir foi dans les
choses visibles, dans le système mosaïque, dans le temple, en eux-mêmes en tant que peuple,
ou dans leurs sacrificateurs et dans leurs chefs. Nous avons exactement la même tendance, et
ne nous arrive-t-il pas facilement d’accrocher notre foi à des systèmes, à des mouvements ou
à des conducteurs doués ? Aussi avons-nous besoin d’apprendre exactement la même leçon,
qui est que toutes ces choses-là viennent à manquer, mais que Dieu demeure. Il est fidèle, et il
reste comme l’objet de la foi quand une malédiction tombe sur le petit figuier que nous avons
chéri. Littéralement l’expression est : « Ayez la foi de Dieu ». C’est comme si le Seigneur
nous disait : Comptez fermement sur la fidélité de Dieu, peu importe ce qui peut sécher et
disparaître.

187
Mais cela conduit à ce que le Seigneur dit ensuite concernant la prière, et où l’accent est à
nouveau mis sur la foi. « Quiconque dira… et ne doutera pas dans son cœur… mais croira…,
tout ce qu’il aura dit lui sera fait ». Les expressions « quiconque » et « tout ce que » en font
une déclaration absolue et des plus saisissantes quand nous en mesurons la portée. Mais cela
se lie à la prière mentionnée dans le verset qui suit, où nous avons : « Tout ce que vous
demanderez… croyez… et il vous sera fait ». Dans ces deux versets, évidemment, il s’agit
avant tout de savoir si l’on croit.

Or croire, c’est avoir la foi, et la foi n’est pas simplement quelque chose qui vient de
l’homme, une sorte de chimère ou de produit de l’imagination. Le verset 24, par exemple, ne
signifie pas qu’il suffit que je réussisse à imaginer que je reçois ce que j’ai demandé pour que
je le reçoive effectivement. Mes prières, d’après le verset 24, et mes paroles, d’après le verset
23, doivent être le résultat d’une foi authentique ; et la foi est cette faculté spirituelle en moi
qui reçoit la Parole divine. La foi est l’œil de l’âme, qui reçoit et apprécie la lumière divine. Si
ma prière est fondée sur une foi intelligente, je croirai que je reçois et je recevrai
effectivement ce que je désire. Et il en sera de même de ce que je peux dire, comme nous le
trouvons au verset 23.

On pourrait citer des cas dans l’œuvre missionnaire contemporaine qui illustrent le verset 23.
Plus d’une fois, dans des contrées païennes, les serviteurs du Seigneur se sont trouvés en
présence de tristes cas de possession démoniaque, qui défiaient la puissance de l’Évangile.
Avec une pleine foi dans la puissance de l’Évangile, ils ont à la fois prié et parlé. Ce qu’ils ont
dit s’est accompli et le démon a été obligé de partir.

Les versets 25 et 26 introduisent une autre condition indispensable. La foi nous amène dans
des relations avec Dieu qui sont ce qu’elles doivent être, mais nos relations avec notre
prochain doivent être ce qui convient si nous voulons prier et parler, et qu’il y ait des résultats.
Ayant été nous-mêmes des objets de miséricorde, à qui il a été tellement pardonné, nous
devons être nous-mêmes remplis de cet esprit de miséricorde et de pardon. Sinon nous aurons
affaire au gouvernement de Dieu.

Comme le Seigneur, de nouveau à Jérusalem, se promène dans le temple, les principaux


sacrificateurs et autres responsables du temple viennent contester l’autorité par laquelle il a
agi la veille en purifiant ces bâtiments. Le Seigneur leur répond en leur demandant de se
prononcer sur une question préliminaire : le ministère et le baptême de Jean étaient-ils
recevables ou non ? Ils réclamaient les lettres de créance du Maître suprême, mais que fallait-
il penser de celles de l’humble précurseur ? Il serait bien temps de considérer le problème
capital, quand on aurait réglé celui qui était secondaire. Qu’ils tranchent la question en ce qui
concerne Jean.

Ils se trahissent par la façon dont ils répondent. Ils n’avaient pas l’intention de se prononcer
sur le fond ; pour eux la grande affaire était ce qui pouvait les servir sur le moment, et sur ce
point ils se trouvaient enfermés dans un dilemme. Se prononcer d’un côté ou de l’autre les
mettrait dans une position difficile. Ils sont assez avisés pour s’en rendre compte et ils
décident donc de plaider l’ignorance. Mais ce prétexte ne leur permet plus d’exiger que le
Seigneur soumette ses lettres de créance à leur examen rigoureux. Ils proclament leur
incompétence dans ce qui était facile et ainsi ne peuvent pas insister pour qu’on se rende à
leurs exigences dans ce qui était difficile.

188
« Du ciel ou des hommes ? » telle était la question en ce qui concernait Jean. C’est aussi la
question qui se posait au sujet de notre Seigneur lui-même. À notre époque, nous pouvons
aller plus loin et dire que cette question se pose pour la Bible. Jean n’était qu’un homme, et
pourtant son ministère était du ciel. Le Seigneur était vraiment venu sur la terre, étant né de la
Vierge, cependant il était du ciel, comme l’était aussi son ministère incomparable. La Bible
est un livre qui nous est donné par des hommes, cependant ce n’est pas une parole d’homme,
car ceux qui ont écrit « étaient poussés par l’Esprit Saint » (2 Pierre 1:21).

Lorsque nous avons dans notre âme une conviction qui nous est donnée par Dieu, que la
Parole vivante et la Parole écrite sont toutes deux du ciel, leur autorité est bien établie dans
notre cœur.

12 - Chapitre 12
À la fin du chapitre 11, nous avons entendu les chefs des Juifs plaider l’ignorance. Le
baptême de Jean était-il du ciel ou des hommes, ils ne pouvaient pas le dire ; et encore moins
pouvaient-ils comprendre le travail et le service de notre Seigneur. Nous ouvrons ce chapitre
12 pour y voir démontré de façon évidente que Jésus connaissait et comprenait parfaitement
ces hommes. Il savait ce qui les poussait, ce qu’ils pensaient, et le but qu’ils poursuivaient. Il
révèle qu’il sait bien qui ils sont dans une parabole remarquable.

Le premier verset nous parle de « paraboles », et l’Évangile selon Matthieu nous montre
qu’alors Jésus en a dit trois. Marc ne rapporte que la deuxième des trois, celle qui annonçait à
l’avance ce que ces chefs juifs allaient faire, et quelles en seraient pour eux les conséquences.
Dans cette parabole, les « cultivateurs » représentaient les chefs responsables en Israël, et un
résumé nous est donné de la manière dont, à travers les siècles, ils avaient refusé toutes les
exigences de Dieu.

En parlant d’une vigne, le Seigneur Jésus reprenait une image qui avait été utilisée dans
l’Ancien Testament au Psaume 80, en Ésaïe 5, et ailleurs. Dans ce Psaume, le cep représente
de façon évidente Israël, et de lui doit sortir « une branche », « un provin » qui est « le Fils de
l’homme que tu as fortifié pour toi ». Dans Ésaïe, il est tout à fait clair que Dieu n’a pas retiré
de sa vigne ce qu’il était en droit d’attendre. Et voilà que maintenant, bien des années après,
nous retrouvons cette histoire. Le maître de la vigne avait fait ce qui lui incombait en
fournissant tout ce qui était nécessaire, et la responsabilité quant au fruit reposait sur les
cultivateurs à qui la vigne était confiée. Ils n’ont pas été à la hauteur de leur responsabilité, et
puis ils se sont mis à nier les droits du Maître et à maltraiter ses représentants. Et finalement
ils ont été mis à l’épreuve par la venue du fils du Maître de la vigne. De la même manière, les
chefs d’Israël avaient maltraité les prophètes et en avaient tué quelques-uns. Et alors est
apparu le Fils, qui est cette branche dont parle le Psaume. Voilà la mise à l’épreuve suprême.

La position des Juifs placés sous la loi est décrite dans cette parabole. Donc la question est de
voir s’ils peuvent produire ce que Dieu exige. Ils ne l’ont pas fait. Non seulement il y a eu
absence de fruit, mais la présence d’une haine déclarée pour Dieu et ceux qui le représentent,
et cette haine a atteint son apogée quand le Fils est apparu. Les chefs responsables étaient
poussés par la jalousie et ils voulaient garder tout l’héritage pour eux seuls ; aussi se
préparent-ils à faire mourir Jésus. Un ou deux jours avant, ils avaient décidé de le faire

189
mourir, comme nous l’a appris le verset 18 du chapitre précédent. Maintenant le Seigneur leur
révèle qu’il connaissait leurs méchantes pensées.

Et il leur montre aussi quelles en seront pour eux les terribles conséquences. Ils seront
dépossédés et détruits. Cela s’est accompli historiquement à la destruction de Jérusalem, et
sans aucun doute aura plus tard un plein accomplissement qui sera définitif aux derniers jours.
Celui qu’ils ont rejeté deviendra la maîtresse pierre du coin de tout ce que Dieu est en train de
bâtir pour l’éternité. Quand se réalisera cette prédiction, ce sera, en vérité, une merveille
devant les yeux d’Israël.

Cette déclaration que le Maître de la vigne « donnera la vigne à d’autres » est une annonce de
ce qui est davantage mis en lumière en Jean 15. D’autres deviendront des sarments du vrai cep
et porteront du fruit. Seulement ce ne sera plus en étant sous la loi qu’ils le feront, et ils ne
seront pas choisis seulement parmi les Juifs. Les paroles du Seigneur les avertissent que,
puisqu’ils l’ont rejeté, Dieu les mettra de côté : d’autres seront assemblés et introduits, jusqu’à
ce que, à la fin, celui qu’ils rejetaient domine sur tout. Ils se rendent compte que cette
parabole a prononcé contre eux un jugement.

N’osant pas, pour l’instant, mettre les mains sur le Seigneur, ils se lancent dans une attaque
verbale contre lui, essayant de le surprendre dans ses paroles. Viennent d’abord les pharisiens
associés aux hérodiens. Leur question sur l’argent du tribut est habilement combinée pour
que, d’une manière ou d’une autre, Jésus offense les sentiments patriotiques des Juifs ou des
Romains. Cependant sa réponse les réduit à l’impuissance. Il les oblige à admettre leur
servitude à l’égard de César, en ayant recours à la frappe de leur monnaie. Et ce sont leurs
bouches et non la sienne qui déclarent qu’elle était l’image de César. Puis non seulement il
donne à leur question la réponse qui est parfaitement évidente, à la lumière de ce qu’ils ont
reconnu eux-mêmes, mais cela amène à introduire la question bien plus importante des droits
que Dieu avait sur eux. On comprend bien qu’ils soient dans l’étonnement à son sujet.

Nous pouvons remarquer, au verset 14, que ces adversaires rendaient hommage à sa parfaite
vérité d’une manière qui allait bien au-delà de tout ce qu’ils pouvaient concevoir, dans le sens
le plus absolu ; il était la vérité et enseignait la vérité, sans se laisser détourner par l’homme et
son petit univers. Cela n’a pu être dit d’aucun autre serviteur de Dieu. Même Paul a été
influencé par des considérations humaines, comme nous le montre Actes 21:20-26. Seul Jésus
est le parfait Serviteur de Dieu, et il était si pauvre qu’il a dû demander qu’on lui apporte un
denier.

Ensuite viennent les sadducéens, qui lui demandent de démêler l’imbroglio matrimonial qu’ils
lui exposent. C’est ce que Jésus fait et il les convainc de leur folie. Mais avant de le faire, il
révèle les causes profondes de cette folie. Ils ne connaissaient pas les Écritures — ce qui était
de l’ignorance. Ils ne connaissaient pas la puissance de Dieu — ce qui était de l’incrédulité.
Leur erreur incrédule reposait sur ces deux piliers. L’incrédulité moderne, qu’on peut
apparenter à celle des sadducéens, repose exactement sur ces deux mêmes piliers.
Continuellement on cite les Écritures, mais de travers, et on les interprète mal, ou on les
mutile et on conçoit Dieu comme s’il n’était pas vraiment le Tout-Puissant, comme si c’était
tout simplement un homme ayant seulement des pouvoirs plus grands que nous.

Le Seigneur prouve la résurrection des morts en citant l’Ancien Testament. La chose se trouve
de façon implicite en Exode 3:6. Dieu était toujours le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob,
des centaines d’années après leur mort. Bien que morts pour les hommes, ils vivaient pour

190
Dieu et cela signifiait qu’ils devaient nécessairement ressusciter. Le fait était là, dans les
Écritures. En le niant, le sadducéen démontrait tout simplement son ignorance.

Puisque ce fait se trouvait là dans les Écritures, le Seigneur, conséquent avec son caractère de
Serviteur, fait appel aux Écritures et ne l’affirme pas de façon dogmatique en se fondant sur sa
propre autorité. Ce qu’il déclare de façon dogmatique se trouve au verset 25, où il indique
clairement dans quel état ou dans quelle condition la résurrection nous introduira, allant ainsi
au-delà de ce qu’enseignait l’Ancien Testament. Le monde de la résurrection est différent du
monde où nous sommes. Les relations terrestres cessent, dans cet état céleste. Nous ne
sommes pas destinés à être des anges, mais à être « comme des anges qui sont dans les
cieux ». L’immortalité et l’incorruptibilité seront notre part.

Il est donc clair que, dans leur ignorance, les sadducéens avaient soulevé une difficulté qui, en
réalité, n’avait pas de raison d’être. Leur déroute était complète.

L’un des scribes qui écoutait s’en rend compte et se risque à soulever une question qui était
souvent sujet de discussion entre eux et portait sur l’importance relative des différents
commandements. La réponse du Seigneur balaye leurs laborieux raisonnements et disputes de
mots quant à l’un ou l’autre des dix commandements, en allant droit à ce qui se trouve en
Deutéronome 6:4-5. Il y a là un commandement qui englobe tous les autres. Dieu exige d’être
absolument au-dessus de tout dans les affections de ses créatures. S’il en est ainsi, tout le reste
prend la place qui convient. Il s’agit du commandement suprême qui gouverne tout.

Dans ce commandement se trouvait un élément de grand encouragement. Pourquoi Dieu se


soucierait-il de posséder sans partage l’amour de sa créature ? À cette question la foi répondra
en disant : Parce que lui-même est amour. Étant amour, et aimant sa créature, même si elle est
perdue dans ses péchés, il ne peut être satisfait sans l’amour de sa créature. Les fils d’Israël ne
pouvaient pas arrêter leurs yeux sur la consommation de la loi (2 Cor. 3:13). S’ils avaient pu
le faire, c’est ce qu’ils auraient vu.

Pour le second commandement, le Seigneur renvoie le scribe à Lévitique 19:18, autre passage
inattendu. Mais évidemment ce commandement découle du premier. Personne ne peut avoir la
capacité et le désir d’agir comme il convient avec son prochain, s’il n’est d’abord dans une
juste relation avec son Dieu. Mais l’amour est l’essence de ce second commandement tout
autant que du premier. Aimer son prochain comme soi-même est la mesure que donne la loi.
Seulement, sous la grâce, on peut faire un pas de plus. C’est ce qu’ont fait, par exemple,
Aquilas et Priscilla, comme cela nous est rapporté en Romains 16:4. Cependant « l’amour est
la somme de la loi » (Rom. 13:10), et cela est dit en rapport avec ce second commandement.

Le scribe sent la force de cette réponse, comme le montrent les versets 32 et 33. La série de
questions avait commencé avec cette déclaration : « Maître, nous savons que tu enseignes la
voie de Dieu avec vérité ». Cela avait été dit par les pharisiens et les hérodiens dans un esprit
d’hypocrisie. Elle se termine avec ce scribe qui dit en toute sincérité : « Bien, Maître, tu as dit
selon la vérité ». Cet homme voyait que l’amour qui amènerait au plein accomplissement de
ces deux grands commandements était bien plus important que l’offrande de tous les
sacrifices que prescrivait la loi. Les sacrifices avaient leur place, mais ils n’étaient qu’un
moyen pour arriver à une fin. « L’amour est la fin de l’ordonnance » comme nous le dit 1
Tim. 1:5. La fin est plus grande que les moyens. Ainsi ce scribe approuvait la réponse qui lui
avait été donnée.

191
La réplique du Seigneur au verset 34 est très frappante. Il déclare que cet homme n’est « pas
loin du royaume de Dieu », et cela montre deux choses. Premièrement : quiconque s’éloigne
de ce qui est extérieur et rituel pour se rendre compte de l’importance de ce qui est intérieur et
vital devant Dieu, n’est pas loin de la bénédiction. Deuxièmement : tout important que cela
soit, ce n’est pas suffisant pour entrer dans le royaume ; il faut quelque chose de plus. Il faut
avoir aussi la disposition d’esprit d’un petit enfant, comme nous l’avons vu en considérant le
chapitre 10. Ce scribe était près du royaume, mais il n’y était pas encore entré. Cette réponse,
nous semble-t-il, désarçonne cet homme, ainsi que les autres auditeurs, et à cause de cela
personne n’ose plus poser à Jésus d’autres questions. Un homme comme ce scribe, bien versé
dans la loi de Dieu, était considéré comme étant dans le royaume. Cela allait de soi. Les
paroles du Seigneur perturbent leurs pensées. Cependant, parce que ce scribe voyait que Dieu
cherche et apprécie ce qui est moral et spirituel, au-delà de ce qui est rituel et charnel, il avait
fait un bon bout de chemin en direction du royaume. Romains 14:17 souligne cela en ce qui
nous concerne, au moins dans le principe. L’avons-nous pleinement reçu ?

Ses adversaires en ayant fini avec leurs questions, le Seigneur leur pose, à eux, sa question
fondamentale sur ce qui est dit au Psaume 110. Les scribes savaient parfaitement que le
Messie devait être le Fils de David ; cependant voilà David qui parle de lui comme étant son
Seigneur. Parmi les hommes, en ce temps-là, un père ne s’adressait jamais à son fils en ces
termes. C’était plutôt le contraire. Le fils appelait son père : seigneur.

Comment le Christ pouvait-il être le Fils de David ? Les scribes avaient-ils tort d’affirmer
cela ? Ou alors, pouvaient-ils donner une explication ?

Ils ne peuvent pas donner d’explication. Ils se taisent. L’explication était extrêmement
simple ; mais confrontés au Christ, et ne voulant pas, de propos délibéré, reconnaître ses
droits, ils se refusent à la voir. Jésus était le Fils de David et David l’appelait Seigneur par le
Saint Esprit ; aussi n’y avait-il pas à s’y tromper. L’explication, la voici : le Fils de Dieu
devenait le Fils de David selon la chair, comme cela est si nettement déclaré en Romains 1:3.
Une fois que la déité de Christ est pleinement reconnue, tout devient simple. Ces versets
jettent beaucoup de lumière sur ce qui est dit en 1 Cor. 12:3. « Nul ne peut dire : « Seigneur
Jésus », si ce n’est par l’Esprit Saint ».

Le Seigneur avait maintenant répondu à toutes les questions de ses adversaires et leur avait
posé une question à laquelle ils n’avaient pas su répondre. S’ils avaient été capables d’y
répondre, ils seraient entrés en possession de la clé de toute la situation. La foule prenait
encore plaisir à l’entendre, mais les scribes étaient aveugles et, aux versets 38 à 40, le
Seigneur met en garde le peuple contre eux. Ceux qui aveuglément se laissaient mener sont
mis en garde contre leurs conducteurs aveugles. Les mobiles et les buts véritables des scribes
sont démasqués. La Parole de Dieu qui sort de la bouche du Seigneur atteint jusqu’à la
division de l’âme et de l’esprit de façon infaillible.

Le péché qui les caractérisait était qu’ils recherchaient leur propre intérêt dans les choses de
Dieu. Que ce soit sur la place publique — centre des affaires, à la synagogue — centre
religieux, aux repas — cercle social, il fallait absolument qu’ils aient une position dominante,
et c’est dans ce but qu’ils portaient des habits qui les distinguaient des autres. Ayant obtenu
cette position prééminente, ils s’en servaient pour amasser des biens au détriment des veuves,
la partie la plus désarmée de la communauté. Acquérir le pouvoir et l’argent était la fin et le
but de leur religion. Ils suivaient « le chemin de Balaam, fils de Bosor, qui aima le salaire
d’iniquité » (2 Pierre 2:15). Et ils sont trop nombreux, de nos jours, ceux qui foulent ce

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mauvais chemin, dont la fin est « une sentence plus sévère ». Le qualificatif, vous le
remarquez, n’est pas : « plus longue », comme s’il pouvait y avoir des différences de durée
dans le châtiment. Mais il y aura bien des différences quant à la sévérité.

Les adversaires du Seigneur avaient provoqué cette discussion avec leurs questions. Mais
c’est lui qui a le dernier mot. Et les mots avec lesquels il clôt la discussion ont dû tomber de
ses lèvres avec la force d’un couperet. Calmement, il assume la fonction de juge de toute la
terre et prononce leur condamnation irrévocable. S’il n’avait pas été le Fils de Dieu, cela
aurait été folie et même pire.

Mais c’est aussi le Fils de Dieu qui s’assied vis-à-vis du trésor du temple et qui regarde les
dons de la foule, et c’est avec la même sûreté qu’il apprécie la valeur de ces dons. Une pauvre
veuve s’approche — peut-être une veuve qui avait souffert des escroqueries de scribes rapaces
— et elle jette au trésor tout le peu qu’elle a. Il ne lui restait que deux pièces de monnaie, les
plus petites qui soient, et elle les jette toutes les deux. Selon l’estimation des hommes, son don
était absurde et méprisable tant il était petit ; sa présence ne serait pas remarquée et son
absence n’aurait pas été ressentie. Selon l’estimation de Dieu, il avait plus de valeur que tous
les autres dons réunis. L’arithmétique de Dieu, dans de tels cas, n’est pas la nôtre.

Pour Dieu, les mobiles qui font agir sont tout. Voilà une femme qui, au lieu de faire des
reproches à Dieu à cause des méfaits des scribes qui prétendaient le représenter, consacre tout
ce qu’elle a au service de Dieu. Cela réjouit le cœur de notre Seigneur.

Il appelle ses disciples, comme nous le rapporte le verset 43, et leur montre cette femme,
proclamant la valeur de ce qu’elle a fait. Cela est particulièrement frappant si nous
remarquons comment s’ouvre le chapitre 13, car ses disciples désirent lui faire remarquer la
grandeur et la beauté des bâtiments du temple. Eux signalent les pierres magnifiques
façonnées par le travail de la main de l’homme. Le Seigneur, lui, souligne la beauté morale de
ce qu’a fait une pauvre veuve. Il leur dit que leurs grands bâtiments s’effondreront pour
devenir des ruines. C’est ce que cette veuve a fait qui sera rappelé dans l’éternité.

Et cependant, cette veuve a donné deux pites au trésor qui recevait les contributions pour
l’entretien des bâtiments du temple. Le Seigneur a déjà tourné le dos au temple et prononce
maintenant sa condamnation. Elle ne le sait pas ; mais même si son intelligence n’a pas encore
saisi cela, son don est accepté et estimé à la mesure du dévouement de son cœur qui l’a
poussée à le faire. Quel encouragement !

En faisant un don, elle a Dieu devant elle, et Dieu demeure, alors même que les temples sont
détruits. Les choses matérielles, dans lesquelles nous risquons de mettre notre cœur,
disparaissent. Dieu demeure.

13 - Chapitre 13
L’annonce faite par le Seigneur que le temple devait être complètement détruit introduit ses
discours prophétiques. Les disciples ne mettent pas en doute l’accomplissement de ses
paroles : ils veulent simplement connaître le temps où elles auront leur accomplissement et, en
bons Juifs qu’ils étaient, quel en serait le signe. Sa réponse à leurs questions est très
instructive.
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En premier lieu, il ne fixe aucune date : toutes les réponses qui concernent le temps, il les
donne de manière indirecte. En deuxième lieu, il déborde les perspectives immédiates de leurs
questions pour aboutir à l’horizon plus vaste des derniers jours et de son propre avènement en
gloire. On trouve cette façon de faire dans beaucoup de prophéties de l’Ancien Testament qui
ont été données pour un événement historique proche, qui ont eu effectivement une
application directe à cet événement, et qui cependant ont été aussi formulées pour s’appliquer,
avec une portée plus étendue encore, à des événements qui doivent arriver au dernier jour.
Pour le cas qui nous concerne maintenant, il y a eu un accomplissement dans la destruction du
temple par les Romains en l’an 70 de notre ère. Cela ressort plus nettement dans le compte-
rendu de ce discours que nous fait Luc. Et cependant, l’accomplissement proprement dit de
cette prophétie est lié à la venue du Seigneur. C’est à cette particularité de la prophétie qu’il
est fait allusion dans ce que dit Pierre dans sa seconde épître, chapitre 1, verset 20 : « Aucune
prophétie de l’Écriture ne s’interprète elle-même ».

En troisième lieu, il fait peser l’importance de la prophétie présentée sur la conscience et le


cœur de ses auditeurs. Si leur question est dictée en grande partie par la curiosité, le Seigneur
élève tout le sujet à un niveau bien supérieur par ses mots d’introduction : « Prenez garde que
personne ne vous séduise ». Le cours des choses que révèle la prophétie va à l’opposé de toute
l’attente naturelle des hommes. Ce qui attire chez de faux prophètes, c’est qu’ils prédisent
toujours des choses qui répondent aux désirs des hommes et qui paraissent tout à fait
raisonnables. Il nous faut être sur nos gardes, car les faux prophètes ne manquent pas
aujourd’hui dans les chaires de la chrétienté.

Le premier avertissement, au verset 6, concerne ceux qui viennent, se faisant passer pour le
Christ. C’est là que se trouve toujours le centre du conflit. Le diable sait que s’il peut tromper
les hommes en ce qui concerne le Christ, il peut les tromper sur tout le reste. Si nous nous
trompons sur ce qui est le centre, nous nous trompons forcément sur tout ce qui est autour.
Être enraciné dans notre connaissance du vrai Christ nous met à l’abri des séductions de ceux
qui sont de faux christs.

Ensuite nous sommes avertis qu’il ne faut pas attendre des temps faciles quant à l’état du
monde. On doit s’attendre à des guerres, des troubles parmi les nations et à des perturbations
dans l’univers. Il ne faut pas interpréter ces choses comme indiquant la grande conflagration
finale, car il ne s’agit que de commencement de douleurs. De plus, il faut que les disciples
s’attendent à être confrontés à des difficultés particulières. Ils seront en butte à l’opposition et
à la persécution ; ceux qui leur sont le plus proches se tourneront contre eux ; et la haine des
hommes doit être le plus souvent leur part. Mais en revanche, comme le Seigneur le montre,
ces circonstances adverses deviendront des occasions de rendre témoignage, et ils auront un
soutien particulier, une sagesse particulière, donnés par l’Esprit Saint, pour ce qu’ils auront à
dire.

Certains ont déduit du verset 10, en le rapprochant de Matthieu 24:14, que le Seigneur ne peut
pas venir chercher ses saints tant que l’Évangile n’a pas été apporté à toutes les nations
d’aujourd’hui. Mais il ne faut pas oublier que les disciples à qui s’adressait le Seigneur
étaient, à ce moment-là, le résidu pieux d’Israël, et qu’ils n’avaient pas encore été baptisés en
un seul corps, l’Église. Il ne faut pas oublier non plus que l’« Évangile », dans ce verset, est
un terme général qui se rapporte non seulement au message prêché aujourd’hui, mais aussi à
cet « Évangile du royaume » dont parle Matthieu, et qui sera annoncé par le résidu pieux qui
sera suscité après l’enlèvement de l’Église.

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C’est le verset 14 qui nous donne le signe que demandaient les disciples. Daniel parle de
l’« abomination qui désole » (12:11) et c’est à quoi il est fait allusion dans notre verset, car ce
mot « désolation », nous dit-on, est un mot à sens actif, ayant le sens de : « qui cause la
désolation ».

Il doit y avoir l’installation publique d’une idole dans le sanctuaire de Jérusalem — comme
cela est annoncé en Apocalypse 13:14-15 — insulte à Dieu des plus grossières. Ce signe
indiquera deux choses : d’abord que le temps de détresse particulier, dont parle Daniel 12:1 a
commencé. Ensuite que la fin du temps présent et l’intervention de Christ dans sa gloire sont
très proches. Le reste du discours du Seigneur traite de ces deux choses. Les versets 15 à 23
traitent de la première ; les versets 24 à 27 traitent de la seconde.

La façon dont s’exprime le Seigneur au verset 19 montre qu’il parle de la grande tribulation,
et les versets qui précèdent montrent qu’elle aura son centre et sa plus grande intensité en
Judée. Les versets 15 et 16 semblent indiquer qu’elle commencera très soudainement. Une
fuite instantanée sera le seul moyen d’échapper pour ceux qui craignent Dieu. La violence de
cette tribulation sera telle que, s’il était permis qu’elle se prolonge cela signifierait
l’extermination. À cause des élus, cette détresse ne pourra pas se prolonger, mais elle sera
brusquement interrompue par l’avènement de Christ. En lisant Daniel 9:27, nous comprenons
que cette tribulation commencera au moment où le chef de l’empire romain rétabli fera
« cesser le sacrifice et l’offrande », au milieu des sept dernières années. Et ainsi il ne restera
que trois ans et demi à s’écouler jusqu’à ce que le Seigneur y mette fin par sa glorieuse
apparition.

Par cette tribulation, le diable cherchera à écraser et à exterminer les élus. Mais ce n’est pas
tout, comme le montrent les versets 21 et 22. Il y aura à ce moment-là un nombre
exceptionnel de faux christs et de faux prophètes qui apparaîtront et par lesquels il cherchera à
séduire les élus. Il le ferait « si c’était possible ». Grâce à Dieu, ce n’est pas possible. Les
vrais saints sauront que le Christ véritable ne va pas se cacher dans quelque lieu secret, de
telle sorte que les hommes doivent dire : « Voici, le Christ est ici, voici, il est là ». À sa venue,
il apparaîtra resplendissant dans sa gloire, et tout œil le verra.

Cette tribulation se terminera dans d’ultimes convulsions qui affecteront même les cieux,
comme le montrent les versets 24 et 25. Le soleil, la lune et les étoiles sont quelquefois
utilisés dans les Écritures comme symboles respectivement du pouvoir suprême, du pouvoir
conféré, et des puissances subordonnées ; et il est question ici des « puissances qui sont dans
les cieux », comme le montre la fin du verset 25. Pourtant le discours du Seigneur n’est pas
marqué par un grand emploi de symboles, comme l’est l’Apocalypse. Aussi pensons-nous
qu’il ne faut pas exclure qu’il y aura littéralement des convulsions qui affecteront les corps
célestes, d’autant plus que nous savons que le soleil a été vraiment obscurci quand Jésus est
mort. L’obscurcissement de ce jour-là servira à faire mieux ressortir l’éclat de son apparition,
quand il viendra sur les nuées avec grande puissance et gloire.

La glorieuse apparition du Fils de l’homme sera suivie par le rassemblement de « ses élus ».
Ceux-ci ont été mentionnés au verset 20 : il s’agit de ceux qui « persévèrent jusqu’à la fin »,
et c’est par l’apparition de Christ qu’ils doivent être sauvés. Ces élus sont le résidu pieux
d’Israël des derniers jours, car le Seigneur s’adressait à ses disciples qui étaient alors le résidu
pieux au milieu d’Israël, et c’est dans ce sens-là, sans aucun doute, qu’ils auront compris ses
paroles. Ces élus se trouveront dans toutes les parties de la terre, et les instruments qui
serviront à les rassembler seront des anges. Une fois rassemblés, ils deviendront l’Israël

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racheté qui entrera dans le règne de mille ans. Tout cela doit être distingué de la venue du
Seigneur pour ses Saints, comme cela est annoncé en 1 Thessaloniciens 4, où le Seigneur lui-
même descendra du ciel et nous rassemblera vers lui.

L’allusion au figuier au verset 28 est une parabole ; nous devons donc nous attendre à y
trouver un sens plus profond que celui qui se rattache à une comparaison ou à une illustration.
Sans aucun doute le figuier représente Israël, comme nous l’avons vu en lisant le chapitre 11,
et donc le bourgeonnement de ses branches indique le commencement du réveil national de ce
peuple. L’été représente l’ère de bénédiction millénaire pour la terre. Quand une vraie
renaissance nationale commencera pour Israël, alors l’apparition du Christ et le Millénium
seront très proches.

Le mot « génération » au verset 30 est évidemment employé dans un sens moral et non pas
littéral. Il représente des personnes de même type et de même caractère, comme le Seigneur
l’emploie au verset 19 du chapitre 9 et en Luc 11 verset 29. La génération incrédule ne
passera pas avant la deuxième venue de Christ, ni même la génération de ceux qui cherchent
le Seigneur. La venue du Seigneur signifiera la disparition de la génération méchante, et en
même temps le plein accomplissement de toutes ses paroles, qui sont plus fermes et plus
durables que toutes les choses créées.

Le verset 32 a présenté beaucoup de difficulté à plus d’un, à cause de l’expression : « ni


même le Fils ». Il ne nous est sans doute pas possible de l’expliquer entièrement, mais nous
pouvons au moins dire deux choses. D’abord, dans cet évangile, le Seigneur est présenté
comme le grand prophète de Dieu, et il s’agit d’une affaire réservée par le Père et qu’il ne lui
est pas donné de révéler en tant que prophète. Ensuite, si nous lisons Matthieu 20:23 et Jean
5:30 en les comparant à notre verset, nous verrons que les trois passages sont parallèles mais
sur trois plans différents : respectivement donner, savoir et faire. En Matthieu nous avons :
« Ce n’est pas à moi pour le donner ». Nous pourrions résumer Marc par : « Ce n’est pas à
moi de savoir », et Jean : « Ce n’est pas à moi de faire ». L’incrédulité s’est beaucoup servie
de ce qui est dit en Philippiens 2:7 : « Il s’est anéanti lui-même », ou plus littéralement : « Il
s’est vidé lui-même », construisant là-dessus cette théorie qu’il s’est dépouillé lui-même de
connaissance, pour devenir un Juif avec les idées de son temps ; et ainsi, croient-ils, on peut
lui imputer des erreurs sur beaucoup de points. Il s’est bien « vidé de lui-même », car les
Écritures disent qu’il l’a fait. Les trois passages que nous avons cités nous donnent l’idée
exacte de ce qui était impliqué en cela, et nous amènent à bénir son nom pour son abaissement
plein de grâce. La théorie de l’incrédulité voudrait le dépouiller, lui, de sa gloire, et nous, de
tout respect pour ses paroles. Paroles qui, il vient de nous le dire, ne passeront jamais.

Les cinq versets qui terminent ce chapitre contiennent un appel très solennel qui devrait nous
atteindre tous. Au verset 33 nous avons pour la quatrième fois ces mots : « Prenez garde ».
C’est avec ces mots que le Seigneur a commencé son discours. C’est avec eux qu’il le
termine. Pendant le discours même, il les a prononcés deux fois (v. 9, 23). Les révélations
prophétiques qu’il a données sont toutes faites pour attirer l’attention de notre conscience et
influencer notre vie. Il nous prévient pour que nous soyons prémunis. Connaissant
l’infaillibilité de ses paroles, mais ne connaissant pas quand sera le temps, ce que nous avons
à faire c’est de « veiller », c’est-à-dire de ne pas dormir du tout et d’être très attentifs ; et il
nous convient aussi de « prier », car nous sommes une proie facile pour les puissances des
ténèbres, et ainsi il nous faut absolument rester dépendants de Dieu. Nous sommes laissés sur
la terre pour faire le travail qui nous a été assigné dans un esprit d’attente, ayant devant nous
la venue du Fils de l’homme.

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La triple répétition du mot : « veillez » dans ces cinq versets, est très frappante. Il faut que
nous y apportions une attention toute particulière dans notre esprit, d’autant plus que notre
part est de nous trouver aux derniers jours de cette dispensation où sa venue ne peut pas être
très lointaine. C’est très facile de succomber aux séductions de ce monde quand notre esprit
s’assoupit et n’est plus sur ses gardes. C’est une expression de la plus haute importance que
cette expression :

« VEILLEZ », et le dernier verset de notre chapitre montre que certainement elle nous
concerne.

14 - Chapitre 14
En commençant ce chapitre, nous revenons à des détails historiques, et nous arrivons aux
derniers moments de la vie de notre Seigneur. Les versets 1 à 11 nous donnent une
introduction très remarquable à ces dernières scènes. Aux versets 1 et 2, une haine pleine de
ruse atteint son apogée. Aux versets 10 et 11 est brièvement rapportée la manifestation
suprême d’une trahison impitoyable. Et les versets qui séparent ces deux paragraphes
racontent l’histoire d’un amour plein de dévouement que témoigne une femme ordinaire. La
beauté de ce récit est rehaussée par le fait qu’il se trouve entre ce qui nous est dit d’une telle
haine et d’une telle trahison.

La haine des principaux sacrificateurs et des scribes n’avait d’égale que leur ruse ; cependant
ils n’étaient que des instruments dans les mains de Satan. Ils disent : « Non pas pendant la
fête », mais ce sera pendant la fête. Et encore : « De peur qu’il n’y ait du tumulte parmi le
peuple », mais il y aura un tumulte parmi le peuple, seulement ce sera en leur faveur et contre
le Christ de Dieu. Ils connaissaient mal le pouvoir du diable auquel ils s’étaient vendus.

Cette femme de Béthanie — Marie, comme nous le savons d’après Jean 12 — ne comprend
peut-être pas pleinement elle-même la portée et la valeur de ce qu’elle fait. Elle est
probablement poussée par une intuition spirituelle, se rendant compte de la haine meurtrière
qui entoure celui qu’elle aime. Elle a apporté son parfum de grand prix et le répand sur Jésus.
Son geste est mal interprété par « quelques-uns ». Matthieu nous dit que ce sont des disciples,
et Jean ajoute que le traître Judas était à l’origine de cette critique. Ils pensent à l’argent et aux
pauvres, mais surtout à l’argent. Le Seigneur prend le parti de cette femme, et cela suffit. Il
accepte ce qu’elle a fait et l’estime selon la compréhension qu’il a de ce que cela signifiait, et
non selon son intelligence à elle, même si cette femme était, comme nous le pensons, la plus
intelligente des disciples. En cela nous pouvons voir l’annonce, pleine de la douceur de la
grâce, avec laquelle il passera en revue, à son tribunal, les actes de ses saints.

Son verdict est : « Ce qui était en son pouvoir, elle l’a fait », et c’est un très grand éloge. De
plus il annonce qu’il sera parlé de ce qu’elle a fait partout où sera prêché l’évangile. Son nom
est connu et ce qu’elle a fait est rappelé par des millions de personnes aujourd’hui, 19 siècles
plus tard et tout à son honneur, tout comme aussi Judas est connu, mais à sa honte, et son nom
est devenu synonyme de bassesse et de perfidie.

Ces versets d’introduction nous montrent alors que, comme s’approche le moment décisif,
chacun apparaît sous son vrai jour. La haine et la perfidie des adversaires deviennent plus
noires. L’amour vrai est avivé, bien que personne ne l’exprime comme Marie de Béthanie. Au
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verset 12, nous passons à la préparation du dernier souper, au cours duquel le Seigneur donne
un témoignage bien plus émouvant à la force de son amour pour les siens. Il y a quelques
marques de leur amour pour lui, mais ce n’est rien en comparaison de son amour pour eux.

Le Seigneur Jésus n’avait pas de demeure personnelle, mais il savait bien comment se
procurer tout ce qui était nécessaire au service de Dieu. Le propriétaire de la grande chambre
garnie était sans aucun doute quelqu’un qui le connaissait et le révérait. Les disciples savaient
que leur Maître pouvait pourvoir à tout. Ils ne tentent rien de leur propre initiative. Ils
regardent simplement à lui pour avoir ses instructions et agissent en conséquence. Ainsi, celui
qui n’a pas un lieu où reposer sa tête ne manque pas du logement qui convient pour la
dernière réunion avec les siens.

Pendant bien des siècles on avait célébré la Pâque, et ceux qui la mangeaient savaient qu’elle
commémorait la délivrance d’Israël de l’Égypte ; il y avait peu d’Israélites, si même il y en
avait, qui se rendaient compte qu’elle annonçait la mort du Messie. Maintenant, pour la
dernière fois, elle doit être mangée avant de trouver son accomplissement. Ce qui occupait
l’esprit des disciples, nous ne le savons pas, mais de toute évidence l’esprit du Seigneur est
tourné vers sa mort, et c’est vers elle qu’il tourne leurs pensées en annonçant que celui qui le
livrera est parmi eux et qu’il était sous la malédiction. Puis il institue son propre Souper.

La concision caractérise tout le récit de Marc, mais elle n’est nulle part plus marquée que dans
la relation qu’il fait de l’institution de la Cène. Cependant tous les éléments s’y trouvent : le
pain et ce dont il est le signe ; la coupe, ce qu’elle représente et ce à quoi on peut l’appliquer,
ce qui fait qu’elle est désignée par Paul comme étant « la coupe de bénédiction que nous
bénissons ». Pour le Seigneur lui-même, le fruit de la vigne — et ce qu’il symbolise, la joie
terrestre — est entièrement passé. Plus jamais il n’en boira jusqu’à ce que, dans le royaume de
Dieu, il en boive d’une manière tout à fait différente. Toutes les espérances et toutes les joies
terrestres qui reposaient sur le fondement ancien sont pour lui fermées.

La leçon que nous avons à retenir est bien en harmonie avec ce que nous avons là. Dieu peut,
dans ses dons providentiels pleins de grâce, nous permettre de jouir sur la terre de beaucoup
de choses qui sont heureuses et agréables ; cependant toutes nos vraies joies de chrétien ne
sont pas d’ordre terrestre, mais céleste.

De la chambre haute, où il a institué son souper, le Seigneur mène ses disciples à Gethsémané.
Une hymne (ou psaume) est chantée, les Psaumes 115 à 118 étant, dit-on, la portion des
Écritures qui était généralement chantée alors. Pour les disciples, c’était sans doute
simplement ce qui se faisait d’habitude ; mais qu’est-ce que cela a dû être pour le Seigneur ?
Chanter, alors qu’il s’avançait pour accomplir ce qu’était la Pâque en type, en devenant le
sacrifice ; et le Psaume 118, dans ses derniers versets, parle de « lier avec des cordes le
sacrifice aux cornes de l’autel ». Il allait vers la souffrance et la mort, lié par les cordes de son
amour, et les disciples vers les défaillances, la défaite, la dispersion.

Il les avertit de ce qui les attend, les renvoyant à la prophétie de Zacharie, qui avait annoncé
que le berger de l’Éternel serait frappé et le troupeau dispersé. Mais le prophète avait ajouté :
« et je tournerai ma main sur les petits » ; c’est ce qui correspond au verset 28 de notre
chapitre. Ceux qui étaient ses brebis sur le plan national seraient dispersés, mais « les petits »,
que Zacharie appelle ailleurs « les pauvres du troupeau », seraient rassemblés encore sur une
base nouvelle, dès lors que le Berger serait ressuscité. C’est donc en Galilée et non pas à
Jérusalem qu’il doit les rencontrer.

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Pierre, sûr de lui, affirme que lui ne bronchera pas, même si cela arrivait aux autres, et il dit
cela après la déclaration très explicite du Seigneur qui prévoit sa chute. Les autres ne veulent
pas rester en arrière et se lancent dans les mêmes affirmations que Pierre. Cela s’explique par
cette rivalité profane qu’il y avait entre eux pour savoir qui serait le plus grand. Marc fait
ressortir cela avec une netteté particulière, comme on peut le voir si on compare les versets 29
à 31 avec ce qui est dit aux versets 33 et 34 du chapitre 9, et aux versets 35-37, 41 du chapitre
10. Certainement, Pierre sent que maintenant lui est fournie l’occasion de démontrer, une fois
pour toutes, qu’il dépasse tous les autres d’une tête. Et ceux-ci sont bien décidés à ne pas lui
laisser prendre l’avantage. Ils doivent se maintenir à sa hauteur. La chute de Pierre semble
bien soudaine, mais tout cela nous montre que les racines secrètes de cette chute remontaient
loin dans le passé.

Les paroles téméraires de Pierre devaient rapidement être mises à l’épreuve, et tout d’abord à
Gethsémané où ils arrivent aussitôt après. À lui et à ses compagnons, il n’est demandé que de
veiller une heure. Ils sont incapables de le faire, mais ce n’est qu’à Pierre, qui s’est tellement
vanté, que le Seigneur adresse ses paroles de reproche pleines de douceur, employant son nom
d’autrefois, Simon. C’est ce qui convient car, à ce moment-là, Pierre n’est pas conséquent
avec son nouveau nom, mais il montre plutôt les caractères de la vieille nature qui est encore
en lui. Leur Maître est « saisi d’effroi », « fort angoissé », et « saisi de tristesse jusqu’à la
mort », et pourtant les disciples dorment, et non seulement une fois, mais à trois reprises.

Sur cet arrière-plan sombre de leur défaillance, brille cependant avec d’autant plus d’éclat la
perfection de leur Maître. La réalité de son humanité nous est présentée de façon très
frappante aux versets 33 et 34, ainsi que sa perfection. Étant Dieu, il savait, dans une
plénitude infinie, tout ce que cela comporterait que de mourir en portant le péché. Il était
parfaitement homme, et tout ce qui fait la sensibilité humaine était intact en lui. Notre
sensibilité à nous a été émoussée par le péché, mais en lui il n’y avait pas de péché. Il
ressentait donc tout dans une mesure cette infinie et c’est ardemment qu’il désirait que cette
heure passât loin de lui. Et cependant encore, ayant pris cette place de Serviteur, il est parfait
dans sa consécration à la volonté de Dieu et ainsi, bien qu’il désire que la coupe passe loin de
lui, il ajoute : « Toutefois non pas ce que je veux, moi, mais ce que tu veux, toi ».

Nous pouvons peut-être tout résumer en disant « qu’étant parfaitement Dieu, il avait la faculté
infinie de savoir et de ressentir tout ce que signifiait pour lui cette heure de la mort qui
approchait. Étant parfaitement homme, il entrait pleinement dans la tristesse de cette heure-là
et ne pouvait faire autrement que de prier que cette coupe passe loin de lui. Serviteur parfait, il
se présentait lui-même pour le sacrifice, dans une entière soumission de cœur à la volonté de
son Père.

Trois fois notre Seigneur converse ainsi avec son Père, puis il revient pour affronter le traître
et sa troupe d’hommes pécheurs. Nous pouvons nous souvenir que trois fois il a été tenté par
Satan au désert au début de sa carrière, et il semble certain, bien que cela ne soit pas
mentionné ici, que le pouvoir de Satan était aussi présent à Gethsémané, car en sortant de la
chambre haute il avait dit : « Le prince de ce monde vient, et il n’a rien en moi » (Jean 14:30).
Cela aide aussi à expliquer l’extraordinaire assoupissement des disciples. La puissance des
ténèbres était trop grande pour eux, comme elle l’est toujours pour nous, sauf quand nous
sommes activement soutenus par la puissance divine. N’oublions pas que non seulement la
puissance de Satan incite quelquefois les croyants à commettre de mauvaises actions mais
qu’aussi, quelquefois, elle se contente de les endormir.

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En disant à Pierre : « l’esprit est prompt », le Seigneur reconnaît évidemment qu’il y avait
chez ses disciples ce qu’il pouvait apprécier et estimer. Cependant, « la chair est faible », et
Satan, à ce moment même, était terriblement actif, si bien que rien, si ce n’est veiller et prier,
n’aurait répondu à la situation. Prenons cela aussi pour nous. Alors que s’approche la fin des
temps, l’activité de Satan ne peut que croître et non diminuer, et il nous faut être éveillés, avec
toutes nos facultés spirituelles en alerte, et être aussi remplis d’un esprit de prière dans la
dépendance de Dieu.

Les versets 42 à 52 nous occupent de l’arrestation de Jésus par la populace envoyée par les
principaux sacrificateurs, sous la direction de Judas. Il ne s’agit pas, bien sûr, de soldats
romains mais de gens au service du temple et des classes dirigeantes des Juifs. Quel récit ! La
foule et sa violence, qu’elle montre par des épées et des bâtons, Judas avec la traîtrise la plus
abjecte, qui livre le Seigneur par un baiser, Pierre qui se lance brusquement dans une activité
chamelle, tous les disciples qui abandonnent le Seigneur et s’enfuient, un jeune homme
inconnu qui tente de suivre, mais qui finit par prendre la fuite, la honte s’ajoutant à sa panique
— violence, trahison, fausse activité qui s’égare, peur et honte. Nous le redisons : Quel récit !
Voilà ce que nous sommes quand nous sommes confrontés au pouvoir des ténèbres, sans être
en communion avec Dieu.

Quant à Pierre, c’est la troisième étape sur son chemin qui descend. Il s’est d’abord laissé
prendre dans cette rivalité qui cause tant de torts, pour avoir la première place parmi les
disciples, et qui a abouti à la confiance en soi et à l’affirmation de sa propre importance. Puis
c’est son manque de vigilance et de prière qui l’a amené à dormir, alors qu’il aurait dû être
éveillé. Troisièmement c’est sa colère et sa violence charnelles, suivies de sa fuite honteuse.
La quatrième étape, qui mettra un comble à tout cela, nous la trouvons à la fin de ce chapitre.

Mais, pour le Seigneur Jésus, tout est sérénité dans une soumission parfaite à la volonté de
Dieu, comme cela a été exprimé dans les Écritures prophétiques. Sa lumière ne cesse pas de
briller sans jamais vaciller :

« Fidèle parmi les infidèles

Seule lumière dans les ténèbres ».

Les versets 53 à 65 résument pour nous le procès qui se déroule devant les autorités
religieuses juives. Tous sont assemblés pour juger le Seigneur, et ainsi la chose se fait, en ce
qui les concerne, au vu et au su de tous. Cela montre à l’évidence quelles passions ont été
soulevées. Un sanhédrin au complet, et ceci en pleine nuit ! Un feu brûle dans la cour et nous
voyons Pierre qui se glisse au milieu des ennemis de son Seigneur, pour se réchauffer un peu.

Il n’est pas question de jugement impartial. Les Juges du Seigneur, avec cynisme, cherchent
des témoins qui leur permettront de prononcer contre lui la sentence de mort. Cependant la
puissance de Dieu est à l’œuvre derrière la scène. Toute tentative pour imputer à Jésus les
accusations forgées contre lui est vaine. Les efforts n’ont pas manqué. Un exemple nous est
donné au v. 58, et nous reconnaissons une déformation de ce qu’il a déclaré et qui nous est
rapporté en Jean 2:19. Une accusation après l’autre s’effondre, car ces parjures sombrent dans

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la confusion et se contredisent. C’est comme si Dieu enveloppait leur esprit, d’ordinaire si
subtil, d’un brouillard qui les plonge dans le désarroi.

En désespoir de cause, le souverain sacrificateur se lève pour l’interroger, mais à sa première


question Jésus ne répond rien. Évidemment, pour la simple raison qu’il n’y a rien à répondre.
Lorsqu’on le somme de dire s’il est le Christ, le Fils de Dieu, il répond immédiatement et dit :
« Je le suis ». La question et la réponse sont toutes deux bien précises. Là se tient le Christ, le
Fils de Dieu, selon qu’il le reconnaît lui-même nettement ; et non seulement cela, mais il
affirme qu’en tant que Fils de l’homme, il aura tout pouvoir en sa main et qu’il reviendra du
ciel en gloire. En conséquence de cette confession, Jésus est condamné à mort.

Le prophète Michée avait annoncé que le juge d’Israël devrait être soumis au jugement des
hommes. C’est ce qui arrive. Cependant, il est tout à fait remarquable que, lorsque le grand
Juge est effectivement appelé à être jugé par des hommes, toute tentative pour le condamner
sur témoignage humain échoue. Tous ces hommes qui témoignent contre lui tombent dans une
confusion totale. On le condamne en se fondant sur le témoignage qu’il s’est rendu à lui-
même, et ce faisant ils transgressent eux-mêmes la loi. Il était écrit en Lévitique 21:10 : « Et
le grand sacrificateur d’entre ses frères ne découvrira pas sa tête et ne déchirera pas ses
vêtements ». Et de cela le souverain sacrificateur ne tient pas compte, tellement il est troublé
en présence de sa victime, et emporté par la colère et la haine.

Cette tempête de haine s’abat sur le Seigneur dès qu’ils ont découvert un prétexte pour le
condamner ; mais avec leurs soufflets et leurs crachats, ils ne font, sans s’en rendre compte,
qu’accomplir les Écritures. Cette parodie de procès devant le sanhédrin se termine par des
scènes de désordre, exactement comme la confusion avait marqué leurs premiers débats —
confusion mise d’autant plus en évidence par sa présence, pleine de sérénité, au milieu d’eux.
Les seules paroles que le Seigneur prononce, dans le récit de Marc, sont rapportées au verset
62.

Les versets 66 à 72 nous font voir dans une parenthèse jusqu’où aboutit enfin la défaillance de
Pierre. Nous avons déjà vu les premières étapes qui l’ont amené là. Le voilà maintenant en
train de se chauffer en compagnie de ceux qui servent les adversaires de son Seigneur, et, à
trois reprises, il le renie. Satan est derrière la scène, comme Luc 22:31 nous le montre, et c’est
ce qui explique la manière habile dont ces différents serviteurs, par leurs remarques,
l’empêchent de se dérober. La première servante affirme qu’il a été « avec » Jésus. La
seconde qu’« il est de ces gens-là », voulant évidemment dire par là qu’il est l’un de ses
disciples. C’est ce qu’affirme à nouveau le troisième serviteur, qui prétend en avoir la preuve
dans sa manière de s’exprimer, et il semble qu’il s’agisse d’un parent de ce Malchus dont
Pierre avait coupé l’oreille, comme le rapporte Jean.

À mesure que Pierre voit le filet d’accusations, avec ses mailles fines, se resserrer autour de
lui, ses dénégations deviennent plus violentes ; d’abord, il fait celui qui ne comprend pas ;
ensuite, il oppose un démenti formel ; et enfin il déclare qu’il ne connaît même pas le
Seigneur, « et il se met à faire des imprécations et à jurer ». Les autres n’étaient pas disposés à
accepter qu’il déclare ne pas être disciple de Jésus, mais ils ont dû être convaincus, par les
tristes œuvres qu’il accomplissait que Jésus est vraiment pour lui un inconnu. Méditons cet
avertissement que nous donne la conduite de Pierre, et veillons à avoir la foi qui s’exprime par
des œuvres qui la reflètent.

201
Mais si Satan est à l’œuvre en ce qui concerne Pierre, le Seigneur l’est aussi, comme nous le
montre Luc 22:32. Il a prié pour lui et le Seigneur fait que, dans l’esprit enfiévré de Pierre,
reviennent les paroles mêmes de l’avertissement qui a été donné. Lorsqu’il s’en souvient sa
conscience est réveillée ; il est amené à verser des larmes, et dans ce travail qui s’opère dans
son cœur et sa conscience, se trouve le point de départ de sa restauration. Quand il est permis
qu’un saint fasse une chute semblable et que son péché devienne public et fasse scandale,
nous pouvons être sûrs que ce péché a des racines cachées qui remontent dans le passé. Nous
pouvons bien être sûrs que le chemin du retour vers une guérison complète ne se fait pas en
un instant.

15 - Chapitre 15
Le premier verset de ce chapitre reprend le fil du récit au verset 65 du chapitre 14. Les
Romains avaient ôté aux Juifs le droit de prononcer la peine de mort et seul le représentant de
César était habilité à le faire. Les chefs religieux savaient donc qu’il fallait faire comparaître
Jésus devant Pilate et réclamer la peine de mort avec des motifs qui lui sembleraient fondés.
Le verset 3 nous dit qu’ils « l’accusaient de beaucoup de choses », mais Marc ne nous dit pas
de quoi il s’agissait. Nous sommes cependant frappés par la manière dont une expression
revient sans cesse dans la première partie de ce chapitre : « Le roi des Juifs » (versets 2, 9, 12,
18, 26). Luc nous rapporte expressément qu’ils disaient que Jésus « défendait de donner le
tribut à César, se disant lui-même être le Christ, un roi ». C’est ce qui semble être sous-
entendu dans le bref récit de Marc, bien que ce ne soit pas d’une manière précise.

De nouveau, devant Pilate, le Seigneur confesse qui il est. Sommé de dire s’il est le roi des
Juifs, il répond simplement : « Tu le dis », ce qui revient à dire : « Oui ». Pour le reste, de
nouveau il ne répond rien, parce qu’il n’y a rien à répondre aux accusations extravagantes des
principaux sacrificateurs. Il vaut la peine de remarquer que Marc ne rapporte que deux paroles
de notre Seigneur devant ses juges. Devant la hiérarchie juive, il confesse lui-même qu’il est
le Christ, le Fils de Dieu et le Fils de l’homme. Devant le gouverneur romain, il confesse qu’il
est le roi des Juifs. Aucun témoignage ne peut être retenu contre lui. Il est condamné à cause
de ce qu’il est et il ne peut se renier lui-même.

De plus, Pilate était suffisamment averti pour discerner ce qu’il y avait à la racine de toutes
ces accusations. « Il savait que les principaux sacrificateurs l’avaient livré par envie », d’où sa
vaine tentative pour amener la multitude à penser à Jésus, quand il s’agit du prisonnier qu’on
devait relâcher. L’influence des sacrificateurs sur le peuple est cependant trop forte pour lui,
et par conséquent, voulant plaire à la foule, Pilate renie tout sens de la justice qu’il pourrait
avoir. Il relâche Barabbas, rebelle et meurtrier, et ayant fait fouetter Jésus, il le leur livre pour
être crucifié.

La voix du peuple l’a emporté sur la meilleure appréciation des choses qu’a le représentant de
César. En d’autres termes, à cette occasion, l’autocratie a abdiqué en faveur de la démocratie
et c’est le vote populaire qui en a décidé. Un vieux proverbe latin dit que la voix du peuple est
la voix de Dieu. Ce qui s’est passé à la crucifixion du Seigneur dément absolument ce
proverbe. Ici la voix du peuple est la voix du diable.

Les versets 16 à 32 nous décrivent d’une manière très réaliste les terribles circonstances qui
entourent la crucifixion. Toutes les classes de la société sont unies contre le Seigneur. Pilate
202
l’a déjà fait fouetter. Les soldats romains se moquent de lui de manière aussi cruelle que
méprisante. Les gens du commun — simples passants — l’invectivent. Les sacrificateurs se
moquent de lui avec leurs sarcasmes. Les deux brigands crucifiés, qui représentent les
criminels, le rebut même de l’humanité, l’insultent. Qu’ils soient de noble extraction ou
d’humble naissance, tous, Juifs et gentils, sont impliqués. Et pourtant, en définitive, tous
contribuent à accomplir les Écritures, quoiqu’ils le fassent, sans aucun doute, à leur insu.

C’est particulièrement frappant dans le cas des soldats romains, des hommes qui ignoraient
l’existence des Écritures. Le verset 28 relève que la crucifixion des brigands de chaque côté
était l’accomplissement d’Ésaïe 53:12, mais ils ont fait beaucoup d’autres choses qui
accomplissaient aussi la Parole. Par exemple, son visage devait être « défait plus que celui
d’aucun homme » (Ésaïe 52:14), et il y a eu un accomplissement de cela avec la couronne
d’épines et les coups. Le juge d’Israël devait être « frappé avec une verge sur la joue » d’après
Michée 5:1 : c’est ce qu’ont fait les soldats, comme le montre le verset 19 de notre chapitre.
Le verset 24 rapporte comment ils ont accompli le verset 18 du Psaume 22. « Ils ont mis du
fiel dans ma nourriture, et, dans ma soif, ils m’ont abreuvé de vinaigre », dit le Psaume 69,
verset 21. Et c’est également ce qu’ont fait les soldats, bien que l’accomplissement de cette
prophétie ne soit pas rapporté ici, mais dans Matthieu. Nous pensons que nous sommes fondés
à dire qu’au moins 24 prophéties ont été accomplies dans cette journée de 24 heures où Jésus
est mort.

Tous les hommes, à ce moment-là, se présentent sous l’aspect le plus noir et, dans ces versets,
nous ne lisons pas que Jésus ait dit quoi que ce soit. C’est exactement comme le prophète
l’avait dit : « Comme une brebis muette devant ceux qui la tondent, il n’a pas ouvert sa
bouche ». C’est l’heure de l’homme et l’apogée de la puissance des ténèbres. La perfection du
saint Serviteur de l’Éternel se manifeste en ce qu’il souffre en silence tout ce qu’il endure de
la main des hommes.

Les souffrances que le Seigneur Jésus a endurées de la main des hommes ont été très grandes,
et cependant cela devient relativement insignifiant si nous nous mettons à considérer ce qu’il
a enduré de la main de Dieu, quand il était la victime, étant fait péché pour nous. Pourtant tout
ce sujet, d’une importance tellement plus grande, est condensé par Marc en deux versets : les
versets 33 et 34 ; tandis que le récit qu’il fait de ce qui est de moindre importance comprend
52 versets (du verset 53 du chapitre 14 au verset 32 du chapitre 15). C’est que, bien sûr, ce qui
est le moins important peut se décrire, tandis que ce qui est le plus important ne peut pas
l’être. Les ténèbres qui descendent à midi cachent au regard de l’homme le décor même de
cette scène.

Tout ce qui peut être raconté d’un point de vue historique, c’est que, pendant trois heures,
Dieu a mis le silence de la nuit sur la terre, et qu’il a ainsi rendu les yeux des hommes
aveugles, et qu’à la fin de ces heures, Jésus a poussé ce cri d’angoisse qui avait été écrit
comme prophétie mille ans plus tôt, au verset 1 du Psaume 22. Celui qui est saint et qui porte
le péché est abandonné, car il faut que Dieu juge le péché et le bannisse irrévocablement de sa
présence. Ce bannissement complet et éternel, c’est nous qui le méritions, et il tombera sur
tous ceux qui meurent dans leurs péchés. Lui, il l’a pleinement enduré, mais comme il
possédait la sainteté, l’éternité, l’infini de la déité dans sa plénitude, il a pu en sortir au terme
de ces trois heures. Cependant ce cri, sorti de sa bouche à ce moment-là, montre qu’il en a
ressenti toute l’horreur, et la mesure avec laquelle il pouvait tout ressentir était infinie.

203
Ce qu’il a souffert de la main de l’homme ne doit pas être estimé comme peu de chose.
Hébreux 12:2 dit : « Qui a enduré la croix, ayant méprisé la honte », mais il faut noter la
différence entre la honte et la souffrance. Plus d’un homme, physiquement courageux,
ressentira la honte plus que la souffrance. Le Seigneur a ressenti la souffrance, mais il a
méprisé la honte dans la mesure où il était infiniment au-dessus, et il savait qu’il était, selon
Ésaïe 49:5, « glorifié aux yeux de l’Éternel ». Nous croyons que l’on peut dire qu’il n’a
jamais été plus glorieux aux yeux de Dieu qu’au moment où il souffrait sous le jugement
divin comme celui qui porte le péché. C’est le paradoxe de la sainteté et de l’amour divins !

L’effet qu’a produit ce cri sur ceux qui sont là présents nous est donné aux versets 35 et 36.
On voit mal comment ils auraient vu une allusion à Élie dans les paroles de Jésus s’ils
n’avaient pas été juifs. Mais alors quelle profonde ignorance ils montrent, en ne reconnaissant
pas ce cri qui monte vers Dieu et qui se trouvait enchâssé dans leurs propres Écritures !

Ce qui concerne la mort même de Jésus est donné par Marc de la manière la plus brève. Il
expire et remet son esprit entre les mains de Dieu immédiatement après avoir crié d’une forte
voix. Ce qu’il a dit est rapporté dans Luc et dans Jean. Ici nous est simplement indiquée la
manière dont il l’a dit. Il n’y a pas eu peu à peu affaiblissement des forces pour que ses
dernières paroles ne soient plus qu’un faible chuchotement. L’instant d’avant il crie d’une
forte voix, l’instant d’après il est mort. Sa mort a été surnaturelle d’une façon si manifeste,
qu’elle impressionne grandement le centurion qui était de service et qui observait la scène.
Quel qu’ait pu être dans son esprit le sens exact de ses paroles, il a dû au moins sentir qu’il
était témoin de quelque chose de surnaturel. Nous souscrivons à ce qu’il a dit, et nous disons
de la manière la plus absolue : « Certainement cet homme était Fils de Dieu ».

Témoignage est aussi rendu à la vérité de ces paroles par le fait que le voile du temple se
déchire. Ce grand événement semble avoir eu lieu au moment même de la mort de Jésus.
C’est la main divine qui le déchire, car une main humaine aurait été obligée de le déchirer
depuis le bas jusqu’en haut. Tout le système minutieux des types institué en Israël concernant
les sacrifices et le temple, tout, à l’avance, annonçait la mort de Christ et lorsque cette mort
est accomplie, la main divine déchire le voile du temple pour signifier que le temps des types
a pris fin, et que le chemin pour entrer dans le lieu très saint est révélé.

En cas de besoin, Dieu a toujours en réserve un serviteur qui s’avancera pour accomplir sa
volonté. Des pierres crieraient ou seraient dressées pour devenir des hommes, si Dieu en avait
besoin en cas de difficulté ; mais cela n’arrive jamais, car jamais Dieu ne se trouve en
difficulté. Il a toujours un homme en réserve, et Joseph est cet homme à cette occasion. Ce
disciple timide et secret est soudain rempli de courage et affronte Pilate hardiment. Il est
l’homme qui est né dans ce monde pour accomplir en son temps la parole prophétique d’Ésaïe
53. 9, « avec le riche dans sa mort » ; et après qu’il l’a accomplie, on n’entend plus du tout
parler de lui. Il a manqué l’occasion de réaliser la communion avec Christ quand celui-ci était
vivant, mais cette communion, il l’a réalisée quand Christ était mort. Voilà qui est
remarquable, car c’est exactement le contraire de ce qu’ont fait les disciples. Ils s’étaient
associés à Jésus pendant sa vie, et ils ont manqué misérablement quand il est mort. La défaite
apparente de Jésus a eu pour effet d’enhardir Joseph. Cela a ravivé sa foi, comme s’embrasent
soudain les braises d’un feu qui couve. Il « attendait le royaume de Dieu » et nous pouvons
être sûrs qu’au jour du royaume, la foi et les œuvres de Joseph ne seront pas oubliées par
Dieu. Cette foi qu’il a est précisément celle dont nous avons besoin aujourd’hui, une foi qui
s’enflamme quand la défaite semble certaine.

204
Ce qu’a fait Joseph a incidemment pour effet d’attirer l’attention de Pilate sur le caractère
surnaturel de la mort de Christ. Personne ne pouvait lui ôter la vie, il l’a laissée de lui-même,
et au moment convenable, quand tout a été accompli. Pour les deux brigands, comme nous le
savons, la mort a été beaucoup plus lente ; l’agonie s’est prolongée encore pendant des heures
et elle a dû être abrégée par des moyens cruels. Pilate s’étonne, mais, après confirmation que
Jésus est déjà mort, il cède à la requête de Joseph. Ainsi s’accomplit la volonté de Dieu, et à
partir de ce moment-là, le corps saint du Seigneur est ôté des mains des incrédules. Des mains
guidées par la foi et l’amour lui rendent les derniers devoirs et le déposent dans le tombeau. Il
y a aussi des femmes, attachées au Seigneur, qui sont restées là comme témoins, alors que
même les disciples ont disparu, et elles voient où on l’a mis.

16 - Chapitre 16
L’amour et la foi, c’est évident, sont là, mais leur foi est encore lente et sans intelligence
quant à la résurrection du Seigneur. Même ces femmes dévouées ne pensent qu’à embaumer
son corps, comme le montrent les premiers versets de ce chapitre. Mais ce manque de
discernement qui les caractérise ne fait que mettre en valeur ce qu’il y a d’irréfutable dans ces
preuves, qui finalement leur imposent la conviction que le Seigneur est ressuscité. Comme le
soleil se lève, le premier jour de la semaine, elles sont au sépulcre pour découvrir seulement
que la grosse pierre qui ferme l’entrée a été roulée. Elles entrent et ne trouvent pas le corps
saint du Seigneur, mais un ange, ayant l’apparence d’un jeune homme.

Matthieu et Marc parlent d’un ange. Luc et Jean parlent de deux. Ceci ne représente, bien sûr,
aucune difficulté, puisque les anges apparaissent et disparaissent à volonté. L’ange qui
apparaît aux femmes effrayées sous la forme d’ « un jeune homme vêtu d’une robe blanche »
était apparu un peu avant aux gardiens comme quelqu’un dont l’aspect était « comme l’éclair,
et le vêtement blanc comme la neige », si bien qu’une sorte de paralysie s’était emparée
d’eux. Il apparaissait sous un aspect au monde et sous un autre tout différent aux disciples. Il
savait faire la distinction. Il savait que ces femmes cherchaient Jésus, même si elles croyaient
que Jésus était toujours dans la mort. Ignorantes, elles l’étaient. Cependant elles l’aimaient, et
cela changeait tout.

Pourtant le témoignage des anges n’a pas grand résultat sur le moment. Sans doute fait-il sur
elles une forte impression, mais celle-ci se traduit surtout par la peur, le tremblement, la
stupéfaction. Il ne produit pas cette calme assurance de la foi qui ouvre la bouche pour
témoigner aux autres. Elles ne pouvaient pas encore s’approprier ces paroles : « J’ai cru, c’est
pourquoi j’ai parlé » (Psaume 116:10 ; 2 Cor. 4:13). Bientôt elles partageront cet « esprit de
foi » qu’ont possédé Paul et le Psalmiste, mais ce sera quand elles seront personnellement
mises en contact avec le Christ ressuscité.

L’Écriture indique clairement que les anges ont un ministère à accomplir en faveur des saints,
comme en témoigne Héb. 1:14. Leur ministère, quand il s’adresse aux saints, n’est pas
fréquent, et provoque généralement une grande frayeur chez ceux qui en sont les objets,
comme c’est le cas ici. Leur message pourtant est très clair. « Il n’est pas ici » en est la partie
négative, et c’est ce que les femmes peuvent vérifier par elles-mêmes. La partie positive
c’est : « Il est ressuscité ». Cela, elles ne peuvent pas le vérifier à ce moment-là, et en
conséquence il ne semble pas qu’elles soient profondément convaincues.

Suit, aux versets 9 à 14, un bref résumé des trois apparitions marquantes du Seigneur
ressuscité, dont nous avons un récit plus détaillé dans les autres évangiles.
205
Il y a d’abord l’apparition à Marie de Magdala, qui nous est donnée avec tellement de détails
dans l’évangile selon Jean. Elle a été la première à voir vraiment le Seigneur ressuscité. Marc
ne permet aucun doute à ce sujet. Cela a son importance, car cela montre que le Seigneur a
d’abord pensé à celle dont le cœur est peut-être plus accablé que tout autre, parce qu’elle a
perdu le Seigneur. En d’autres termes, l’amour a les premiers droits à l’attention de Jésus. En
conséquence, elle croit vraiment et peut donc parler pour témoigner devant les autres.
Pourtant, ses paroles n’ont que peu d’effet. Les autres aiment vraiment le Seigneur, car ils
sont dans le deuil et pleurent, et la profondeur même de leur chagrin les rend insensibles à
tout témoignage qui ne les amène pas à le voir lui-même de leurs propres yeux.

Il y a ensuite son apparition aux deux qui s’en vont aux champs, ce qui nous est donné avec
tant de détails dans Luc. Ceux-là ne l’ont pas renié comme Pierre, mais ils ont tellement perdu
courage qu’ils s’en vont à la dérive, sans but, loin de Jérusalem, comme s’ils voulaient tourner
le dos à un endroit qui n’évoquait pour eux que des espoirs déçus, une perte et une
déconvenue des plus tragiques. La vue d’un Christ ressuscité leur fait faire demi-tour et les
ramène vers leurs frères avec cette bonne nouvelle. Pourtant, cela ne vient pas à bout de
l’accablement des autres, qui se refusent à croire. Et c’est une bonne chose pour nous qu’il en
ait été ainsi. La résurrection nous transporte en dehors du présent ordre de choses, et la
résurrection du Seigneur est un fait d’une portée si considérable qu’il faut absolument qu’il
soit établi par de multiples preuves irrécusables.

Troisièmement, son apparition aux onze. Il se peut fort bien que ce ne soit pas une de ces
occasions qui nous sont données de façon plus détaillée en Luc et en Jean, car il est dit :
« Comme ils étaient à table ». Prenez le récit de Luc par exemple. On conçoit mal que le
Seigneur ait demandé : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? » s’ils avaient été à table.
La présence de nourriture aurait été trop évidente. Il se peut donc que ce soit une occasion qui
n’a pas été rapportée dans les autres évangiles. À cette occasion-là, il leur fait bien sentir leur
incrédulité en leur faisant des reproches, et pourtant, malgré tout, il leur confie une mission.

Il est remarquable de voir comment ces missions, qui sont rapportées dans les quatre
évangiles, différent l’une de l’autre. Ce qui nous est dit en Actes 1:3 nous amène à
comprendre pourquoi. C’est souvent, pendant les quarante jours, qu’il est apparu à ses
disciples, parlant des choses qui regardent le royaume de Dieu. Évidemment, pendant cette
période, il leur a présenté leur mission selon différents points de vue, et Marc nous donne l’un
d’eux. On peut bien s’étonner qu’après avoir été obligé de leur reprocher leur incrédulité, il
les envoie prêcher l’Évangile afin que d’autres croient. Cependant, après tout, celui qui, par
dureté de cœur, s’est obstiné dans l’incrédulité est, lorsqu’il a été lui-même complètement
gagné, un précieux témoin pour d’autres.

Le champ d’application de cette mission qui est d’annoncer l’Évangile est on ne peut plus
vaste. C’est « le monde entier » et non pas seulement le petit territoire d’Israël. De plus,
l’évangile doit être prêché à « toute la création » et pas seulement aux Juifs. C’est, en d’autres
termes, pour tout le monde et partout. La bénédiction à laquelle amène cet Évangile est
spirituelle dans sa nature, car il apporte le salut quand la foi est là et qu’on se soumet au
baptême. Il ne nous faut pas transposer les mots baptisés et sauvés et dire : « Celui qui croit et
qui est sauvé sera baptisé ».

Dans aucun passage de la Parole le baptême n’est lié à la justification ou à la réconciliation,


mais il y a d’autres passages qui rattachent le baptême au salut. C’est parce que le salut est un
mot qui comprend beaucoup de choses et dont la portée inclut la délivrance pratique du

206
croyant, qu’il soit juif ou gentil, par rapport à tout le système de ce monde dans lequel il était
autrefois plongé. Ses liens avec le système de ce monde doivent être coupés, et le baptême
montre le fait que ces liens sont coupés, qu’il y a, en un mot, « dissociation ». Celui qui croit à
l’évangile et accepte la rupture des liens avec ce monde qui le tenait captif, est un homme
sauvé. Quelqu’un peut bien dire qu’il croit, et même le dire en vérité, cependant, s’il ne veut
pas se soumettre à cette rupture des liens d’autrefois, on ne peut pas parler de lui comme de
quelqu’un qui est sauvé. Le Seigneur connaît ceux qui lui appartiennent, bien sûr, mais c’est
une autre question.

Quand il est question de « condamnation », le baptême n’est pas mentionné. C’est très
significatif. Cela montre sur quel terrain repose la condamnation. Même si quelqu’un est
effectivement baptisé, mais ne croit pas, il sera condamné. L’ordonnance extérieure est
prescrite par le Seigneur de façon claire, mais elle ne peut être administrée que s’il est fait
profession de foi ; et la profession, comme nous ne le savons que trop bien, n’est pas
synonyme de possession. Le salut n’est pas effectif indépendamment de la foi. Pierre peut
bien nous dire : « Le baptême vous sauve aussi maintenant » (1 Pierre 3:21), mais notez qu’il
s’agit de « vous » et que ce « vous » représente des croyants.

Les versets 17 et 18 ont fait l’objet de beaucoup de controverses acharnées. Les signes
miraculeux qui y sont mentionnés accompagnent, selon certains, ceux qui prêchent
l’Évangile, et il conviendrait qu’ils soient vus, sans restriction aucune, de nos jours. Il est
peut-être utile de faire remarquer deux ou trois points.

En premier lieu, ces signes doivent accompagner non pas ceux qui prêchent, mais ceux qui
croient.

En deuxième lieu, le Seigneur déclare que ces signes se manifesteront sans qu’il y ait de
conditions préalables pour celui qui prêche. Il n’est pas stipulé qu’il doit faire l’expérience
d’un « baptême de l’Esprit » particulier, comme on l’affirme souvent. Si des hommes croient,
ces signes les accompagneront ; c’est ce que dit le Seigneur. Tout ce qu’on pourrait déduire de
leur absence, c’est que personne n’a vraiment cru.

En troisième lieu, il y a des mots qui n’apparaissent pas dans cette déclaration, et certains,
dans leur esprit, semblent les y trouver dans la lecture qu’ils en font. Il n’est pas dit que ces
signes accompagneront tous ceux qui croient, en tout lieu et en tout temps. Si c’était le cas,
nous serions forcés d’en venir à la conclusion qu’aujourd’hui, pratiquement personne n’a cru
à l’Évangile : nous n’y avons même pas cru nous-mêmes !

Ces paroles de notre Seigneur, bien sûr, ont eu leur accomplissement. Sur les cinq signes
mentionnés, nous pouvons en indiquer quatre qui ont eu lieu et qui sont rapportés dans le livre
des Actes. Pour le cinquième, « boire quelque chose de mortel, sans que cela nuise », nous
n’avons aucun témoignage et cependant il n’y a pas l’ombre d’un doute que cela soit arrivé.
Le Seigneur a dit que cela arriverait et nous le croyons. Sa Parole nous suffit. Il donne les
signes selon son bon plaisir, et quand il voit qu’ils sont nécessaires.

Les deux versets qui terminent notre évangile sont d’une extrême beauté. Nous nous
souvenons qu’il a placé devant nous notre Seigneur sous le caractère du grand prophète qui
nous a pleinement apporté la Parole de Dieu, du parfait Serviteur qui a pleinement accompli la
volonté de Dieu. Tout a été rapporté avec une concision frappante, comme il convient à une
telle représentation de sa personne. Et maintenant, à la fin, avec la même brièveté, est placé

207
devant nous le terme de cette merveilleuse histoire. Le Seigneur, ayant communiqué aux
disciples tout ce qu’il désirait, « fut élevé en haut dans le ciel et s’assit à la droite de Dieu ».

Sur la terre il avait été rejeté, mais il a été reçu dans le ciel. Ses œuvres sur la terre avaient été
refusées, et maintenant il s’assied à une place qui parle d’un gouvernement et d’un pouvoir
auxquels on ne saurait résister. Mais il est indiqué qu’il a été « élevé » et ainsi l’accent est mis
sur le fait que sa réception et sa séance à la droite de Dieu sont la conséquence d’un acte de
Dieu. Sur la terre le Serviteur parfait a bien pu être rejeté, mais par l’acte souverain de Dieu, il
prend cette place d’autorité, où rien n’empêchera sa main d’accomplir le bon plaisir du
Seigneur.

Le dernier verset indique dans quelle direction se déploie l’activité du Seigneur dans le temps
actuel. Il ne s’occupe pas encore de la terre rebelle pour la gouverner en justice. Il le fera
quand l’heure sonnera pour cela, selon les desseins de Dieu. Aujourd’hui, les pensées du
Seigneur sont tournées vers la propagation de l’Évangile, comme il venait de le leur dire. Ses
disciples sont bien allés prêcher sans observer ni frontières ni limites, mais la puissance qui a
rendu efficaces leurs paroles et leurs travaux était la puissance du Seigneur lui-même et non la
leur. Là-haut, de son trône élevé, il a coopéré avec eux, et leur a donné les signes qu’il avait
promis, comme cela est rapporté aux versets 17 et 18. Il a donné ces signes pour confirmer la
Parole, et cette confirmation était particulièrement nécessaire lorsque la Parole a commencé à
être proclamée.

Bien que les signes mentionnés aux versets 17 et 18 ne se voient que rarement de nos jours,
des signes accompagnent bien encore la prédication, signes du domaine moral et spirituel, des
caractères et des vies qui sont entièrement transformés. Le parfait Serviteur, à la droite de
Dieu, est toujours à l’oeuvre.

Marc
Marc 1:1-13
L'Évangile selon Marc est celui du parfait Serviteur. Aussi n'y trouvons-nous pas le récit de
la naissance du Seigneur Jésus, ni non plus sa généalogie. Car pour apprécier un serviteur,
seules comptent ses qualités d'obéissance, de fidélité, de promptitude… Mais il est désigné
dès les premiers mots comme le Fils de Dieu pour que le lecteur ne se méprenne pas sur la
personne dont l'humble service va lui être raconté: il s'agit d'un esclave volontaire. Étant en
forme de Dieu, Jésus a lui-même pris la forme d'esclave (Phil. 2:6, 7 ph 2.5-11 ).

Précédé par le témoignage de Jean, le Seigneur commence donc immédiatement son


ministère, et ce premier chapitre est caractérisé par l'emploi du mot aussitôt (onze fois).

Jésus se soumet au baptême. Bien que «saint, exempt de tout mal, sans souillure» (Héb. 7:26
hb 7.26-28), il prend place au milieu des pécheurs repentants. Mais pour qu'il ne soit pas
confondu avec eux, Dieu fait du ciel une solennelle déclaration au sujet de son «saint serviteur
Jésus» (Act. 4:27 et 30 ac 4.27-31 ), déclaration qui devance son ministère. Ce n'est pas: en
toi je trouverai; mais «j'ai trouvé mon plaisir».

208
Puis Jésus est poussé par l'Esprit au désert pour y lier l'Ennemi qui nous tenait asservis (voir
ch. 3 v. 27 mc 3.27 ). Partout où le péché nous avait amenés, l'amour et l'obéissance ont
conduit Jésus pour notre délivrance.

Marc 1:14-28
Jésus ayant paru, le ministère de Jean le Baptiseur se trouve par là même terminé.

Le royaume de Dieu s'est approché; le Roi en personne se trouve au milieu de son peuple. Et
il fait une proclamation qui se résume à deux commandements toujours actuels: «Repentez-
vous et croyez à l'évangile». Le Seigneur lit dans le cœur de chacun la réponse donnée à
cette pressante invitation. Puis, à ceux qui l'ont écoutée et reçue, il adresse un autre appel
individuel à servir à sa suite: «Venez après moi», dit-il aux quatre disciples dont il connaît les
dispositions intérieures. «Et aussitôt ils le suivent». Ils vont avoir le privilège d’accompagner
Jésus tout au long de son ministère, d’être ainsi ses témoins de tout ce qu’ils ont vu et entendu
(1 Jean 1:1 j 1.1-4), ses disciples, apprenant de Lui (Matt. 11:29 mt 11.28-30), ceci étant la
condition pour être aussi plus tard ses apôtres, autrement dit ses envoyés (Jean 20:21 j 20.19-
23) pour prêcher l’évangile dans le monde!

À Capernaüm, Jésus guérit un homme possédé d'un esprit impur qui se trouve dans la
synagogue même, preuve caractéristique du terrible état de ruine dans lequel Israël était
tombé. Dès le début du ministère du Seigneur, Sa puissance est aux prises avec celle de Satan
— à laquelle on croit si peu — et qui agit sur les corps aussi bien que sur les âmes.

Marc 1:29-45
Après la synagogue de Capernaüm, c'est la maison d'André et de Simon qui est la scène d'un
miracle de grâce. Jésus est toujours prêt à être reçu dans nos maisons et à nous accorder ses
délivrances. Faisons comme les disciples, parlons-Lui de ce qui nous tourmente (v. 30).

Sitôt guérie, la belle-mère de Simon s'empresse de servir le Seigneur et les siens. N'avait-elle
pas sous les yeux l'exemple du plus grand des services?

Le soir tombe; mais pour un tel serviteur la journée n'est pas terminée. On lui amène ceux qui
se portent mal et inlassablement il les soulage et les guérit. Quel était le secret de cette
merveilleuse activité? Où Jésus puisait-il des forces constamment renouvelées? Le v. 35 nous
apprend que c'est dans la communion avec son Dieu. Voyez de quelle manière cet homme
parfait commençait sa journée (comp. És. 50, fin du v. 4 es 50.4-6). Mais lorsqu'on l'informe
de sa popularité, il quitte ces foules qui sont seulement curieuses de voir des miracles, et s'en
va prêcher l'évangile ailleurs.

Puis Jésus guérit un lépreux et lui dit exactement de quelle manière il doit rendre son
témoignage, un témoignage selon la Parole (v. 44; Lév. 14 lv 14.1-32). Malheureusement
l'homme agit selon ses propres pensées et c'est au détriment de l'œuvre de Dieu dans cette
ville.

Marc 2:1-17

209
Dans la maison de Capernaüm, Jésus se fait reconnaître selon le Ps. 103 v. 3 ps 103.1-
5 comme celui qui pardonne toutes les iniquités, qui guérit toutes les infirmités. À l'égard
du paralysé, il accomplit, et dans le même ordre, les deux parties de ce verset en témoignage à
tous. Oui, celui qui pardonne les péchés — œuvre spirituelle — et qui en donne une preuve
matérielle en guérissant aussi la maladie, ne peut être que l'Éternel, le Dieu d'Israël.

Les publicains percevaient les impôts pour le compte des Romains, ce qui leur procurait à la
fois richesse (ils en gardaient une partie pour eux)… et le mépris de leurs compatriotes. Mais
le Seigneur, en appelant Lévi et en acceptant son invitation, montre qu'il ne méprise et ne
repousse personne. Au contraire, il est venu pour les pécheurs notoires, ceux qui ne cachent
pas leur état (1 Tim. 1:15 1tm 1.12-17). Et il est à table avec eux, s'étant fait leur ami. Car
depuis la chute, l'homme a peur de Dieu, et le fuit, à cause de sa mauvaise conscience. Avant
de sauver sa créature, le premier travail de Dieu consistait donc à s'approcher d'elle, à gagner
sa confiance. C'est ce qu'a fait Jésus en s'abaissant jusqu'à rencontrer l'homme misérable, afin
de lui faire comprendre que Dieu l'aime.

Marc 2:18-28
Si le mot du parfait Serviteur est «aussitôt», celui des Juifs incrédules est «pourquoi?» (v. 7,
16, 18, 24). Interrogé au sujet du jeûne, Jésus explique qu'il s'agit d'une marque de tristesse
qui, par conséquent, ne saurait convenir pendant qu'il était avec eux. Sa venue n'était-elle pas
pour tout le peuple un grand sujet de joie (Luc 2:10 lc 2.8-16)? Puis il saisit cette occasion
pour mettre en contraste les règles et les traditions du judaïsme avec l'évangile de la libre
grâce qu'il était venu leur apporter. Il est triste de constater que l'homme préfère à celle-ci des
formes religieuses, parce qu'elles lui permettent de se faire une bonne réputation aux yeux
d'autrui… tout en continuant à faire sa propre volonté. Inversement, le v. 22 nous suggère que
le chrétien est quelqu’un d’entièrement renouvelé. Si son cœur est changé, s'il est rempli d'une
joie nouvelle, son comportement extérieur doit nécessairement s'en trouver aussi transformé.

Les pharisiens blâment les disciples parce qu'ils arrachent des épis le jour du sabbat.
L'homme détourne toujours de son but ce que Dieu lui a donné. Le sabbat était une grâce
accordée à Israël, mais celui-ci s'en est servi comme d'un joug pour augmenter son esclavage
moral (Act. 15:10 ac 15.6-12).

Marc 3:1-19
Une seconde guérison a lieu dans la synagogue de Capernaüm et c'est de nouveau un jour de
sabbat (ch. 1 v. 21… mc 1.16-22). À ce malade dont la main est sèche, le Seigneur demande
exactement l'acte qu'il est incapable d'accomplir. En commençant par obéir, l'homme donne
la preuve de sa foi et c'est elle qui permet à Jésus de le guérir. Hélas, voyez la dureté de cœur
des assistants! Au lieu de se réjouir avec l'homme guéri, et d'admirer la puissance du
Seigneur, ces hommes méchants prennent prétexte de ce miracle pour chercher à Le faire
périr. Mais lui poursuit son ministère de grâce, et les foules, y compris des étrangers de Tyr et
de Sidon (et même des Édomites) continuent d'affluer vers lui pour l'entendre et trouver la
guérison. Puis il met à part douze disciples et les établit «pour être avec lui, et pour les
envoyer…» (comp. Jean 15:16 j 15.14-17). Être avec Jésus: immense privilège, et, en même
temps, condition indispensable pour pouvoir ensuite être envoyé. Comment accomplir un
service sans avoir d'abord reçu ses directions (Jér. 23:21, 22 jr 23.21-22)?

210
Dans cet évangile chacun des Douze est nommé seul, pour nous rappeler qu'un serviteur doit
s'attendre directement et personnellement à son Maître pour recevoir direction et secours.

Marc 3:20-35
Toujours prêt à se laisser approcher, le Seigneur permet à la foule d'envahir la maison dans
laquelle il est entré, de sorte qu'il recommence aussitôt à les enseigner sans même avoir le
temps de manger. Nous qui sommes souvent si peu disposés à ouvrir notre porte à des
étrangers, à nous laisser déranger et à changer quoi que ce soit de nos habitudes, prenons
exemple sur cet infatigable dévouement et sur ce complet renoncement. Pensons aussi que tel
visiteur indésirable nous est peut-être envoyé pour que nous lui parlions du salut de son âme.

Certaines personnes sont troublées par le v. 29. Elles craignent d'avoir prononcé une fois, sans
y prendre garde, une parole coupable qui ne pourrait jamais être pardonnée. C'est méconnaître
la grâce de Dieu. «Le sang de Jésus Christ son Fils nous purifie de tout péché» (1 Jean 1:7 j
1.5-7). Le blasphème contre le Saint Esprit était le terrible péché d'Israël incrédule. Ce
peuple attribuait à Satan la puissance de l'Esprit Saint dont Jésus était revêtu. C'était d'une
extrême gravité et de plus contraire à tout bon sens (v. 26).

Dans le dernier paragraphe, le Seigneur distingue nettement ceux qu'il considère comme
membres de sa famille. Faire la volonté de Dieu, c'était — et c'est encore — écouter le
Seigneur Jésus.

Marc 4:1-12
Jésus se tient près de la mer et enseigne les foules en se servant du langage imagé des
paraboles. La première est celle du Semeur. Il s'y présente lui-même comme celui qui
apporte et répand dans le monde la bonne semence de l'Évangile. Bien que connaissant les
cœurs et la manière dont ils recevront — ou ne recevront pas — la vérité, Il donne à chacun
l'occasion d'être en contact avec la Parole de vie. L'avez-vous reçue?

Le v. 12 ne doit pas nous déconcerter. Comme si le Seigneur pouvait craindre de voir les
hommes se convertir et qu'il soit obligé, malgré lui, de pardonner leurs péchés! Comprenons
que c'est du peuple juif dans son ensemble qu'il s'agit ici. Il a accusé Jésus d'avoir un démon,
rejetant ainsi le témoignage du Saint Esprit. Un tel péché ne peut lui être pardonné, et Israël
sera endurci en tant que peuple (ch. 3 v. 29 mc 3.28-30; Rom. 11:7, 8 et 25 rm 11.1-26). Mais
tous ceux qui désirent interroger Jésus «en particulier» trouvent place «autour de lui» (v. 10),
aujourd'hui comme alors, pour entendre la révélation des mystères du royaume de Dieu (v. 11,
34 mc 4.33-34; comp. Prov. 28, fin du v. 5 pv 28.5). Usons de ce grand privilège et en
particulier ne nous privons pas des réunions où nous entourons le Seigneur pour écouter sa
Parole.

Marc 4:13-25
Le Seigneur explique à ses disciples la parabole du semeur. Elle est le point de départ de tout
son enseignement (v. 13). En effet, pour comprendre celui-ci, il est nécessaire que l'Évangile
ait d'abord pris racine dans le cœur.

211
Même si nous sommes de vrais croyants, craignons de ressembler parfois aux trois premiers
terrains, car ce n'est pas seulement la bonne nouvelle du salut que Satan cherche à ravir
aussitôt semée. Combien de paroles Dieu ne nous a-t-il pas adressées auxquelles notre cœur
n'a pas été sensible parce que nos contacts avec le monde l'avaient endurci comme le
chemin (voir ch. 6 v. 52 mc 6.45-52)? Ou bien ne nous est-il pas souvent arrivé d'agir sous
l'effet de nos sentiments, jusqu'à ce qu'une épreuve manifeste notre manque de dépendance et
de foi (comp. v. 17)?

À l'opposé de l'insouciance, les soucis sont également nuisibles (Luc 21:34 lc 21.34-36)!
Avec «la tromperie des richesses et les convoitises à l'égard des autres choses», ils peuvent
étouffer un temps la vie spirituelle d'un enfant de Dieu et priver le Seigneur du fruit qu'il
aurait dû porter dans sa saison (Tite 3:14 fin tt 3.13-14). «Prenez garde à ce que vous
entendez» — recommande le Seigneur Jésus (v. 24). En Luc 8:18 lc 8.16-18 nous lisons:
«Prenez garde comment vous entendez». Oui, de quelle manière recevons-nous la divine
Parole?

Marc 4:26-41
La parabole des v. 26 à 29 qui correspond à celle de l'ivraie dans le champ en Matt. 13,
présente un enseignement sensiblement différent. Il n'est question ici que du travail de Dieu,
tandis qu'en Matthieu l'ennemi intervient aussi, à cause de la négligence des hommes qui
dormaient. Dans notre v. 27, le grand Semeur lui aussi paraît dormir. Mais en réalité, de jour
comme de nuit, sans être vu, il veille sur sa précieuse semence et l'entoure de tous les soins
nécessaires pour qu'elle croisse jusqu'à la moisson. Chers amis chrétiens, il peut nous sembler
quelquefois que le Seigneur est indifférent, qu'il n'entend pas nos prières, que son œuvre est
abandonnée. Mais levons les yeux, comme Jésus invite ses disciples à le faire par la foi. Les
campagnes sont déjà blanches pour la moisson (Jean 4:35 j 4.35-38).

Pour passer à l'autre rive, ce qui correspond à la périlleuse traversée du monde, les disciples
ne sont pas seuls. Avec eux, dans la nacelle, ils ont pris le Seigneur «comme il était» (v. 36).
Que de personnes se font de Jésus une image fausse et lointaine. «Qui est celui-ci?»
demandent les disciples. — Le même qui a rassemblé le vent dans le creux de ses mains,
serré les eaux dans un manteau (Prov. 30:4 pv 30.4).

Marc 5:1-20
Le Seigneur et les disciples abordent au pays des Gadaréniens. La première personne qu'ils y
rencontrent est un homme entièrement possédé par des démons qui le rendent furieux et
indomptable. Réalité terrible, nous avons dans ce forcené le portrait moral de l'homme
pécheur, jouet du diable, entraîné et tourmenté par ses passions brutales, demeurant dans la
mort — les tombeaux — ne pouvant que se faire du mal à lui-même, et danger pour ses
semblables. Ceux-ci avaient vainement tenté de le réduire à l’impuissance en le couvrant de
chaînes, images des règles morales par lesquelles la société cherche à réfréner les
débordements de la nature humaine.

Nous nous serions probablement écartés avec effroi et horreur d'une telle créature. Jésus ne
s'en détourne pas. Au contraire, il va s'occuper de ce malheureux, non pour le lier de chaînes,
comme l'avaient vainement essayé ses concitoyens, mais bien pour le délivrer de sa misère et
de son esclavage.

212
Les habitants de la ville, eux, ne semblent retenir de ce miracle que la perte de leurs porcs!
Sur leur demande le Seigneur s'en va, mais laisse maintenant derrière lui un témoin, et
lequel? «Celui qui avait été démoniaque». — N'est-ce pas l'image du temps actuel? Rejeté par
ce monde, Christ y maintient ceux qu'il a sauvés, et leur donne pour mission de parler de Lui.
Comment nous en acquittons-nous (lire Ps. 66:16 ps 66.13-20)?

Marc 5:21-43
Un chef de synagogue, nommé Jaïrus, a fait appel à Jésus pour la guérison de sa fille. Mais
pendant que le Maître est en chemin, une femme qu'aucun médecin n'avait pu soulager va
secrètement recourir à sa puissance.

Cher ami, qui a cherché peut-être de divers côtés un remède à tes souillures morales, Jésus
passe encore aujourd'hui près de toi. Fais comme cette pauvre femme: saisis le bord de son
vêtement (comp. ch. 6 v. 56 fin mc 6.54-56)!

La femme sait qu'elle est sauvée, et le Seigneur le sait aussi. Mais il est nécessaire que tous
l'entendent; c'est pourquoi Jésus veut l'amener à vaincre sa timidité, à se faire connaître, à
confesser publiquement «toute la vérité». Ainsi obtiendra-t-elle, en réponse à sa foi, une
parole de grâce infiniment meilleure que la simple guérison: «Ma fille, ta foi t'a guérie; va en
paix…» (v. 34).

Durant ce temps, la maison de Jaïrus retentissait de lamentations et de cris de désespoir (sans


grande réalité; voir v. 40). Mais d'une parole Jésus réconforte le pauvre père (v. 36) tournant
vers Dieu les pensées de cet homme… et les nôtres: «Ne crains pas; crois seulement». Puis
d'une autre parole, si touchante que l'Esprit nous l'a donnée dans la langue même employée
par le Sauveur, il ressuscite la jeune fille.

Marc 6:1-13
Pour les habitants de Nazareth, Jésus était «le charpentier». Durant 30 années, il avait caché
sa gloire sous l'humble condition d'un artisan de village. Un tel abaissement est
incompréhensible pour l'homme naturel habitué à juger d'après les apparences.

S'il était difficile que le témoignage du Seigneur soit reçu «dans son pays et parmi ses
parents et dans sa maison», à plus forte raison est-ce le cas pour le nôtre là où nous sommes
connus… avec tous nos défauts et notre triste passé. Mais c'est aussi là que les fruits d'une vie
nouvelle seront les plus évidents et constitueront la plus puissante des prédications (Phil. 2:15
ph 2.14-16). Ayant été choisis au ch. 3 v. 13 à 19 mc 3.13-19, les Douze sont maintenant
envoyés prêcher la repentance. Le Seigneur les exhorte à ne rien prendre pour le chemin. Leur
vie doit être celle de la foi. Moment après moment, ils recevront ce qui leur est nécessaire et
pour le service, et pour leurs propres besoins. Se munir de provisions les priverait de riches
expériences et leur ferait perdre de vue le lien qui les unit à leur Maître absent. En revanche
les sandales sont indispensables. Elles suggèrent ce que Éph. 6:15 ep 6.10-20 appelle «la
préparation de l'évangile de paix». Tout croyant doit en orner sa marche pour confirmer le
message de la grâce dont il est porteur (comp. Rom. 10:15 rm 10.12-17).

Marc 6:14-29

213
Tout est sujet d'effroi pour une mauvaise conscience (Prov. 28:1 pv 28.1). Lorsque Hérode,
qui avait fait décapiter Jean, entend parler de Jésus, il est terrifié à la pensée que le prophète
pourrait être ressuscité. Car cela signifierait que Dieu lui-même a pris fait et cause pour sa
victime. Pour la même raison les hommes seront saisis d'épouvante quand Jésus le crucifié
paraîtra sur les nuées du ciel (Apoc. 6:2, 15-17 ap 6.1-17; voir aussi Apoc. 11:10, 11 ap 11.3-
13).

Bienheureuse est la part de Jean, le plus grand des prophètes, et quel contraste avec le sort de
son misérable meurtrier! Ce dernier est lâche, plutôt que cruel comme son père, Hérode le
grand. Faible de caractère, dominé par ses convoitises, «il faisait beaucoup de choses» quand
il avait écouté Jean, excepté de mettre sa vie en accord avec la volonté de Dieu. Faire
beaucoup de choses, même de bonnes choses, ne suffit pas pour Lui être agréable. Mais voici
qu'arrive «un jour favorable», oui, favorable pour Satan et les deux femmes dont il va se
servir. Un banquet, la séduction d'une danse, une promesse inconsidérée tenue par amour-
propre… il n'en faut pas davantage pour commettre un crime abominable, payé des plus
affreux tourments d'esprit.

Marc 6:30-44
Les apôtres qui reviennent auprès du Seigneur sont tout occupés de ce qu'ils ont fait et
pressés de le raconter. Le Maître sait qu'ils ont besoin maintenant d'un peu de repos et il le
leur a préparé «à l'écart» avec lui. Nous qui invoquons parfois un peu légèrement la nécessité
de nous détendre, considérons quelques-unes des conditions dans lesquelles les disciples
goûtent ce repos:

1. Il succède à une activité pour le Seigneur.


2. Il ne peut s'agir que d'un peu de repos, car la terre ne saurait en offrir de durable (voir
Mich. 2:10 mi 2.10-11).
3. Il est pris à l'écart du monde et non dans les distractions que celui-ci peut offrir.
4. On en jouit avec le Seigneur.

Repos de courte durée en effet! Déjà les foules se rassemblent. Jésus va nourrir leurs âmes,
puis leurs corps (Matt. 4:4 mt 4.1-11); mais d'abord, il met ses disciples à l'épreuve. Ceux-ci
venaient de raconter tout ce qu'ils avaient accompli. Eh bien! C'était le moment de prouver
leurs capacités au lieu de vouloir renvoyer ces gens. «Vous, donnez-leur à manger», leur dit le
Seigneur, pour leur faire réaliser que tout pouvoir vient de lui. En même temps il les associe
en grâce à son geste de bonté. Sagesse, puissance, amour, une fois de plus nous voyons briller
ensemble ces caractères du parfait Serviteur.

Marc 6:45-56
Lors de la première traversée du lac (ch. 4 v. 35 à 41 mc 4.35-41), le Seigneur était avec ses
disciples, bien qu'il dorme dans la nacelle. Ici la foi des Douze est encore plus profondément
éprouvée, puisque leur Maître n'est pas avec eux. Il est monté sur la montagne pour prier,
pendant qu'eux, seuls dans la nuit, luttent contre le vent et les vagues. Ils ont perdu Jésus de
vue, mais Lui, détail remarquable, les voit sur la mer agitée (v. 48). Et il vient vers eux vers la
fin de la nuit (lire Job 9:8 jb 9.1-13). Combien ils sont peu préparés à le rencontrer! Alors,
d'une parole, il se fait reconnaître et les rassure: «Ayez bon courage, c'est moi; n'ayez
pas peur» (v. 50; És. 43:2 es 43.1-7). Que de croyants, traversant l'épreuve, parvenus au bout

214
de leurs forces et ayant perdu tout courage, ont pu entendre ainsi la voix connue du Seigneur
leur rappeler sa présence et son amour!

En abordant dans la contrée de Génésareth, Jésus est reçu avec empressement et fait de
nombreux miracles. Quel contraste avec le commencement du chapitre (v. 5, 6 mc 6.1-6)!
«Reconnaître Jésus comme ces gens l’ont fait, même après l’avoir méconnu un temps, le
recevoir, cela suffit pour se trouver au bénéfice des trésors infinis de sa grâce, toujours à la
disposition de la foi» (S.P.).

Marc 7:1-16
Les pharisiens sont jaloux du succès du Seigneur auprès des foules, mais craignant celles-ci,
ils n'osent pas lui tenir tête. Alors ils accusent ses disciples comme ils l'ont déjà fait au ch. 2 v.
24 mc 2.23-28. Pour ces hypocrites, la pureté extérieure avait une importance d'autant plus
grande que celle de leur conscience les préoccupait moins. Tant il est vrai que la religion sans
la sainteté convient parfaitement au cœur naturel. Les pharisiens se souciaient de
l'approbation des hommes et nullement de celle de Dieu.

À l'inverse, le but des croyants est avant tout de plaire au Seigneur (voir Gal. 1:10 gl 1.6-12).
Et comme Lui regarde au cœur, cela nous conduira à pratiquer un soigneux «nettoyage»
intérieur, autrement dit à juger nos pensées, nos motifs et nos intentions à la lumière de la
Parole qui met la moindre souillure en évidence.

Jésus montre à ces pharisiens que leurs traditions vont jusqu'à contredire les
commandements divins et ceci dans un cas flagrant: celui des égards et du respect dus aux
parents. Insistons sur le danger de la tradition. Faire quelque chose simplement «parce qu'on
l'a toujours fait» enlève tout exercice et peut gravement nous égarer. Nous devrions toujours
nous enquérir de ce que dit l'Écriture.

Marc 7:17-37
Le Seigneur, qui connaît bien le cœur de l'homme met en garde ses disciples contre ce qui
peut en sortir. Ce cœur naturel est aussi le nôtre, mais, Dieu soit béni, il existe un remède à
cet état (Ps. 51:12 ps 51.9-15).

Après la constatation qu'il vient de faire, on peut penser quelle joie procure à Jésus sa
rencontre avec la femme syrophénicienne. La sévérité dont il paraît user d’abord envers elle
va mettre en évidence non seulement une grande foi que rien ne décourage, mais aussi une
vraie humilité, car, en contraste avec les pharisiens orgueilleux, cette femme ne fait valoir
aucun titre ni aucun mérite; elle prend sa vraie place devant Dieu et accepte le jugement porté
sur sa condition (És. 57:15 es 57.15).

C'est ensuite un sourd-muet auquel Jésus rend l'usage de ses sens après l'avoir préalablement
mené à l'écart de la foule. Qui aurait eu le droit de se mêler à cette entrevue du Sauveur avec
celui dont il s’occupe? La conversion d'un pécheur exige un contact direct, personnel et
intime avec le Seigneur (voir aussi ch. 8 v. 23 mc 8.22-26).

215
Notre lecture s'achève sur le témoignage rendu à Jésus par ces foules: «Il fait toutes choses
bien» (v. 37). Et chaque croyant regardant en arrière devrait pouvoir le confirmer pour son
propre compte: Oui, Seigneur, tu fais toutes choses bien!

Marc 8:1-21
On peut avoir en faisant le bien différents motifs plus ou moins avouables: rechercher de la
considération comme les pharisiens, ou apaiser sa conscience en accomplissant un devoir
social. Et, dans la chrétienté, combien d'œuvres n'ont pas d'autres mobiles! Mais ce qui ne
cessait d'animer le Seigneur Jésus, c'était sa compassion pour ces foules qu'il nourrit une
seconde fois par un acte de puissance (v. 2; ch. 6 v. 34 mc 6.30-34). Nos contacts quotidiens
avec le monde, ses convoitises, sa souillure, ont tendance à nous endurcir. Habitués à voir
autour de nous la misère matérielle, morale et par-dessus tout spirituelle, nous n'en souffrons
plus beaucoup. Mais Jésus conservait un cœur divinement sensible. L'état du sourd-muet au
ch. 7 v. 34 mc 7.31-37 le faisait soupirer — ou gémir — en regardant vers le ciel. Au v. 12
de notre chapitre, c'est l'incrédulité des pharisiens qui le fait profondément soupirer. Et enfin,
la dureté de cœur de ses propres disciples l'afflige également (voir aussi ch. 6 v. 52 mc 6.45-
53; ch. 7 v. 18 mc 7.17-23). Les deux miracles auxquels ils avaient participé n'avaient pas
suffi à leur donner confiance en leur Maître (comp. Jean 14:8, 9 j 14.5-11)! Combien le
Seigneur a souffert pendant sa vie par sympathie, mais aussi en raison de l'incrédulité, de
l'ingratitude des hommes… et quelquefois des siens!

Marc 8:22-38
À Bethsaïda, cette ville dont le Seigneur souligne spécialement l'incrédulité (Matt. 11:21 mt
11.20-24), il accomplit encore un miracle en faveur d'un pauvre aveugle. Une double
intervention est nécessaire pour le guérir; et de même c'est quelquefois progressivement que
nous venons à la lumière de Dieu (Ps. 138:8 ps 138.6-8; Phil. 1:6 ph 1.3-8).

Après cela, Jésus interroge ses disciples sur les opinions qui ont cours à son sujet. Puis il leur
pose la question directe et capitale: Qui suis-je pour vous? Oui, quelles que soient les pensées
des autres hommes au sujet du Seigneur Jésus, je dois avoir de lui une appréciation
personnelle. Mais celle-ci n'est que le point de départ du chemin dans lequel il m'invite à le
suivre: celui du renoncement à moi-même et de la croix où je suis mort avec Lui. Certaines
personnes éprouvées parlent de la croix qu'elles ont à porter, ou du «calvaire» qu'il leur faut
accepter avec résignation. Mais ce n'est pas ce que le Seigneur veut dire ici. Il demande à
chaque croyant de prendre volontiers le fardeau d'opprobre et de souffrance que le monde ne
manque pas de lui présenter s'il est fidèle (Gal. 6:14 gl 6.14-16). «Pour l'amour de moi»,
spécifie le Seigneur Jésus, car tel est le grand secret qui permet au chrétien d'accepter la mort
par rapport au monde et à lui-même (v. 35; Rom. 8:36 rm 8.31-39).

Marc 9:1-13
Selon la promesse du v. 1, trois disciples sont maintenant admis à contempler par avance «le
royaume de Dieu venant avec puissance». Ce royaume est représenté par le Roi lui-même,
en qui ils reconnaissent Jésus, leur maître, revêtu de majesté et de gloire resplendissante.
Celui qui habituellement voilait cette gloire et la cachait sous l'humble «forme d'esclave», la
découvre un moment aux regards des siens éblouis et stupéfaits (Ps. 104:1 ps 104.1-9). Alors
une voix sort de la nuée; elle est aussi pour nous: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-
216
le». Plus une personne a de grandeur et de dignité, plus ses paroles ont d'importance. Or celui
que nous sommes invités à écouter n'est autre que le Fils bien-aimé de Dieu. Prêtons à son
enseignement une attention d'autant plus grande (Héb. 12:25 hb 12.25-29; rapprocher aussi
Héb. 1:1, 2 hb 1.1-4 et 2:1 hb 2.1-4).

Si bon qu'il fasse sur la montagne (v. 5), il est nécessaire d'en redescendre, et le Seigneur fait
comprendre aux trois disciples que ce qu'ils ont vu n'aura son accomplissement que plus tard.
Ni Jean — qu'Élie représentait — ni Lui-même, n'ont été reçus. C'est pourquoi il est
nécessaire maintenant qu'il passe par la croix et souffre beaucoup avant d'entrer dans sa
gloire.

Marc 9:14-32
Descendu de la montagne, le Seigneur reprend son service d'amour dont l'apôtre Pierre, qui
en a été le témoin privilégié, fait dans les Actes un résumé merveilleux. Jésus de Nazareth,
dit-il, «est passé de lieu en lieu, faisant du bien, et guérissant tous ceux que le diable avait
asservis à sa puissance; car Dieu était avec lui» (Act. 10:38, 39 ac 10.36-41). Le Seigneur
trouve un grand rassemblement de gens discourant et discutant entre eux. L'objet de toute
cette agitation est un malheureux garçon, sujet depuis son plus jeune âge à de terribles crises
nerveuses provoquées par un démon. C'est en vain que le pauvre père a soumis aux disciples
le cas de son fils unique; ils n'ont pu chasser cet esprit. Avant d'opérer lui-même la délivrance,
Jésus met le doigt sur la raison de leur échec: l'incrédulité; car «toutes choses sont possibles
à celui qui croit». Alors, avec larmes, cet homme s'abandonne au Seigneur. Il comprend que
ce n'est pas un effort de volonté qui pourra lui donner la foi et s'en reconnaît incapable.
L'aide divine est nécessaire non seulement pour la délivrance proprement dite, mais même
pour la demander.

Au v. 26 la puissance démoniaque se manifeste encore une fois, pour que la victoire du


Seigneur soit évidente. Il prend tendrement l'enfant par la main et le fait lever.

Marc 9:33-50
Pauvres disciples! Alors que leur Maître vient de les entretenir de ses souffrances et de sa
mort, la seule chose qui les intéresse, au point de provoquer une dispute entre eux, est de
savoir lequel sera le plus grand. Par sa question, le Seigneur les sonde (v. 33), puis avec
grâce et patience, il leur apprend ce qu'est l'humilité.

Cette leçon est suivie d'une autre. Les disciples avaient cru devoir empêcher un homme
d'accomplir des miracles au nom de Jésus. «Il ne nous suit pas», est le prétexte invoqué par
Jean. Le Seigneur leur montre qu'en cela aussi ils ont été occupés d'eux-mêmes et non de
Lui. Veillons à ne pas être sectaires! De nombreux chrétiens, tout en ne marchant pas avec
nous, suivent le Seigneur de très près dans le chemin du renoncement et de la croix (ch. 8 v.
34 mc 8.34-38).

Nous avons trouvé dans Matthieu ce qui correspond aux v. 42 à 51 (voir Matt. 5:29 mt 5.27-
32; 18:8 mt 18.7-11). Mais d'une manière générale, nous remarquons dans l'évangile de Marc
que les enseignements du Seigneur tiennent peu de place par rapport à son activité. Nous n'y
avons pas par exemple l'équivalent du sermon sur la montagne. Peu de paroles, mais
beaucoup de dévouement, tel est bien le caractère du fidèle serviteur.

217
Marc 10:1-22
Les pharisiens essayent de mettre Jésus en contradiction avec Moïse sur la question du
divorce. Mais Il leur ferme la bouche en remontant avant la Loi, leur rappelant l'ordre des
choses tel que Dieu l'avait créé au commencement. Le monde a souillé et gâté tout ce que
Dieu avait établi dans sa belle création et en particulier l'institution du mariage.

La dureté de cœur, l'égoïsme qui conduisent les hommes à mépriser et à dénaturer tout ce qui
touche au mariage, se montre aussi souvent dans leur peu de considération pour les petits
enfants. Et les disciples n'échappent pas à cet esprit. Les v. 13 à 16 nous apportent par rapport
à Matthieu quelques détails supplémentaires qui sont bien touchants: Le Seigneur commence
par être indigné de l'attitude des disciples. Il prend ensuite ces petits tendrement entre ses
bras où ils sont en parfaite sécurité. Enfin il les bénit expressément (comp. Matt. 19 v. 13, 14
mt 19.13-15).

Dans la scène qui suit, Marc est également le seul à mentionner un point de toute importance:
l'amour du Seigneur pour l'homme venu le rencontrer. Mais celui-ci y reste insensible et s'en
va, peut-être pour toujours, préférant ses vaines richesses à la compagnie présente et éternelle
de Celui qui l'a aimé.

Marc 10:23-34
Dans l'Ancien Testament les bénédictions étaient terrestres et les richesses considérées
comme une preuve de la faveur de Dieu (Deut. 8:18 dt 8.11-20). D'où l'étonnement des
disciples! Ils venaient de voir un homme comblé, donc en apparence béni de Dieu, aimable,
de conduite irréprochable, et qui était disposé à faire beaucoup de bien. Et le Seigneur l'avait
laissé partir. Vraiment, si de tels avantages ne donnaient pas accès au royaume de Dieu, qui
donc pouvait être sauvé? En effet, leur répond Jésus, le salut est chose impossible pour les
hommes; Dieu seul a pu l'accomplir.

Le Seigneur condamne ici non les riches, mais «ceux qui se confient aux richesses». Au reste,
aller après Lui implique inévitablement des renoncements. Mais s'ils sont consentis pour
l'amour du Seigneur et de l'évangile, ils seront en même temps la source de joies
incomparables, dont la première sera le sentiment de Son approbation. Oui, le regard si
pénétrant du Seigneur (v. 21, 23, 27) lit dans notre cœur pour voir si c'est bien ce motif-là qui
nous fait agir. Juste réponse à l'amour de Celui qui a tout quitté pour nous (voir Zach. 7:5 za
7.4-7).

Dans ce chapitre, nous trouvons la chair aimable (v. 17 à 22 mc 10.17-22), présomptueuse


(v. 28), timorée (v. 32), jalouse (v. 41 mc 10.35-41), enfin égoïste (v. 35 à 40 mc 10.35-41).

Marc 10:35-52
Ne manquons pas de remarquer la foi de Jacques et de Jean. Ils savaient que leur maître était
le Messie, l'héritier du royaume et qu'ils y auraient part avec lui. Mais leur demande trahit
l'ignorance et la vanité de leur cœur naturel. Plein de grâce, le Seigneur réunit ses disciples
autour de lui et fait servir à leur instruction (ainsi qu'à la nôtre) cette intervention malheureuse
des deux frères. Ne comprennent-ils pas qu'ils ont devant eux le Modèle par excellence de
l'humilité, celui qui, ayant tous les droits à être servi, a voulu se faire lui-même esclave pour
218
délivrer sa créature et payer de sa propre vie la rançon exigée par le souverain Juge? Ce v. 45
a pu être appelé le verset clé de l'évangile, et il le résume tout entier.

L'Esprit nous montre dans ce chapitre trois attitudes bien différentes: l'homme que le
Seigneur invite à le suivre et qui s'en va (v. 21, 22 mc 10.17-34); les disciples appelés eux
aussi, qui l'ont suivi, en tremblant (v. 32 mc 10.17-34) et font valoir leur renoncement (v. 28
mc 10.17-34); enfin ce pauvre aveugle, auquel Jésus n'a rien demandé en le guérissant, mais
qui, sans un mot, et jetant loin le vêtement qui pouvait entraver sa marche, le suivit «dans le
chemin» (v. 52).

Observons l'inconstance de la foule qui d'abord reprend l'aveugle, mais l'instant d'après lui
dira: «Aie bon courage…»!

Marc 11:1-14
Le chemin de Jésus approche de son terme. Il fait son entrée solennelle à Jérusalem et se rend
au temple où il commence par promener ses regards de tous côtés sur tout (v. 11) comme
pour demander: «Suis-je ici chez moi?». Ce détail, particulier à Marc, nous montre que Dieu
ne juge jamais hâtivement d'un état de choses avant de le condamner (comp. Gen. 18:21 gn
18.17-22). Mais qu'ont dû être les sentiments du Seigneur en voyant à ce point profanée cette
maison de prière!

Il quitte ce lieu souillé et se retire à Béthanie avec le petit nombre de ceux qui le
reconnaissent et qui l'aiment. Béthanie signifie «maison de l'Affligé» ou aussi «des figues».
Comme souvent dans l'Écriture, ce double sens nous paraît caractéristique. Au moment où
Jésus est contraint de maudire le figuier stérile qui représente Israël tel qu'Il l'a trouvé, c'est
comme si Lui, l'Affligé, le Pauvre (Ps. 40:18 ps 40.14-18), rencontrait là, et seulement là, du
fruit pour Dieu (de «bonnes figues» selon l'expression de Jér. 24:2 jr 24.1-10), consolation
pour son cœur, et avant-goût du fruit du travail de son âme à la croix. En dépit d'une
abondance de feuilles, image d'une belle religion, «il n'y a pas de figues sur le figuier»
d'Israël, comme le constate le même prophète (Jér. 8:13 jr 8.11-13).

Marc 11:15-33
Le Seigneur purifie ce temple qu'il avait inspecté la veille. Le zèle du parfait Serviteur le
dévore pour la Maison de son Dieu (Jean 2 v. 17 j 2.13-17).

Le soir venu, il quitte la ville souillée, mais il y retourne le jour suivant en passant devant le
figuier. En réponse à la remarque de Pierre, Jésus ne souligne pas son propre pouvoir, mais
dirige sur Dieu la pensée des disciples. C'est comme s'il leur disait: Celui qui m'a répondu est
prêt à exaucer aussi vos prières et à ôter tout obstacle de votre route, serait-il aussi grand
qu'une montagne. Avoir foi en Dieu, ce n'est pas nous forcer à croire à la réalisation de nos
désirs, c'est compter sur quelqu'un que nous connaissons, qui nous a fait des promesses et
est fidèle pour les tenir, et qui nous aime. Mais il est un cas où Dieu ne pourra absolument
pas nous répondre: celui où nous avons «quelque chose contre quelqu'un». Voilà sur le
chemin de nos relations avec Dieu une montagne infranchissable. Il faut nous en occuper
séance tenante afin de retrouver vers Lui, et aussi vers nos frères, ces «chemins frayés» du
cœur, dont parle le Ps. 84 v. 6 ps 84.1-8.

219
Au v. 27 commencent les derniers entretiens du Seigneur, au cours desquels il va confondre
successivement tous ses adversaires.

Marc 12:1-17
Les chefs du peuple sont contraints de se reconnaître dans la parabole accablante des
méchants cultivateurs.

Remarquez comment est désigné (dans Marc seulement) le dernier envoyé du Maître de la
vigne: «Ayant donc encore un unique fils bien-aimé…» (v. 6). Cette expression rappelle la
parole de l'Éternel à Abraham: «Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes» (Gen. 22:2
gn 22.1-3) et traduit d'une manière émouvante les affections du Père pour le Bien-aimé qu'il a
sacrifié pour nous!

Ainsi démasqués, les pharisiens et les hérodiens vont essayer de riposter. Avec des
compliments hypocrites, mais qui sont involontairement un témoignage à Jésus («tu es vrai…
tu enseignes la voie de Dieu avec vérité», v. 14) ils essaient de le surprendre par une question
des plus subtiles. Son oui l'aurait disqualifié comme Messie; son non, condamné auprès des
Romains. Il leur répond de la seule façon qu'ils n'attendaient pas, en s'adressant à leur
conscience. Divine et admirable sagesse! Toutefois, combien le Sauveur en qui tout était
vérité et amour, a souffert de cette mauvaise foi, de cette méchanceté, oui, de cette continuelle
«contradiction de la part des pécheurs contre lui-même» (Héb. 12:3 hb 12.1-3; voir aussi Éz.
13:22 ez 13.22-23).

Marc 12:18-34
À leur tour les Sadducéens tentent de se mesurer à la sagesse de Jésus. En réalité ils ne
croient pas à la résurrection (v. 18; voir Act. 23:8 ac 23.6-11), mais le Seigneur au v. 26 va
les chercher sur ce terrain-là et leur fermer la bouche par la Parole. La résurrection est
doublement attestée: par les Écritures et par la puissance de Dieu qui a ressuscité Christ (v.
24). Pourtant il est probable qu'aucune vérité ne s'est davantage heurtée à l'incrédulité des
hommes (voir Act. 26:8 ac 26.6-8). Or, comme le démontre Paul en 1 Cor. 15 1cr 15.1-28, il
s'agit là d'un des fondements essentiels du Christianisme; on ne peut y toucher sans que toute
notre foi s'effondre.

Contrairement aux discuteurs précédents, il y a de la droiture et de l'intelligence chez le scribe


qui interroge le Seigneur au sujet du commandement le plus grand. L'amour, répond Jésus,
voilà le premier commandement; l'amour pour Dieu et pour le prochain, qui constitue le
résumé de la Loi (Rom. 13:10 rm 13.7-10; Gal. 5:14 gl 5.13-15). Chers amis, ne devrions-
nous pas aimer beaucoup plus qu'Israël, nous qui avons été cherchés plus loin que lui (du
milieu des nations étrangères aux promesses) et amenés plus près dans la relation d'enfants
du Dieu d'amour (Éph. 2:13 ep 2.11-13)?

Marc 12:35-44
C'est maintenant à Jésus de poser un problème embarrassant à ses interlocuteurs. Comment le
Christ peut-il être à la fois le fils et le seigneur de David (voir aussi Ps. 89:4, 5, 24, 37 ps
89.1-38)? Ils ne savent pas l'expliquer et leur orgueil les empêche de demander la réponse…

220
au Christ lui-même. Car c'est à cause de son rejet que le Fils de David va occuper la position
céleste que lui attribue le Ps. 110 ps 110.1-7.

Pour mettre le peuple en garde contre ses chefs indignes, le Seigneur fait ensuite un triste
portrait des scribes, vaniteux, avares et hypocrites. Hélas! Ces traits ont parfois caractérisé
d'autres chefs religieux que ceux d'Israël (1 Tim. 6:5 1tm 6.3-6).

Le v. 41 nous montre Jésus assis près du trésor du Temple. De ce regard pénétrant que nous
l'avons déjà vu porter sur tout et sur tous, il observe non pas combien (seule chose qui
intéresse les hommes), mais comment chacun donne au trésor. — Et voici cette pauvre veuve
qui s'approche avec sa touchante obole: les quelques centimes qui lui restaient pour vivre.
Ému, le Seigneur appelle ses disciples et commente ce qu'il vient de voir. Ah! Cette offrande
extraordinaire — «tout ce qu'elle avait» — prouvait non seulement les affections de cette
femme pour l'Éternel et Sa Maison, mais aussi la totale confiance qu'elle avait mise en Dieu
pour subvenir à ses besoins (comp. 1 Rois 17:13-16 1r 17.8-16).

Marc 13:1-13
Les disciples sont impressionnés par la grandeur et la beauté extérieure des bâtiments du
temple. Mais le Seigneur ne regarde pas «ce à quoi l'homme regarde» (1 Sam. 16:7 1s 16.6-7;
És. 11:3 es 11.1-5). Il était entré dans ce temple et avait constaté l'iniquité qui le remplissait
(ch. 11 v. 11 mc 11.7-11). Aussi sa vue se porte-t-elle au-delà, sur les événements qui, peu
d'années après son rejet, amèneront la ruine de la cité coupable. L'histoire nous apprend qu'en
l'an 70, Jérusalem a été l'objet d'un siège effroyable et d'une destruction quasi totale par les
armées romaines de Titus. Ce châtiment terrible n'a pas été sans éprouver beaucoup la foi des
croyants si attachés à la ville sainte. Mais Jésus les avait encouragés d'avance par les paroles
que nous avons ici. Combien d'enfants de Dieu, traversant les persécutions, ont fait à cette
occasion des expériences bénies. Au moment de rendre témoignage, ce qu'ils avaient à dire
leur a été dicté par l'Esprit Saint. Il en a été ainsi de Pierre quand il a été traduit devant les
chefs, les anciens et les sacrificateurs au ch. 4 des Actes (v. 8 ac 4.5-12) et d'Étienne au ch. 7
v. 55 ac 7.51-60. Mais, dans notre mesure et selon nos besoins, nous pouvons aussi réaliser
cette puissance du Saint Esprit en le laissant agir en nous.

Marc 13:14-37
L'Église n'aura pas à traverser les terribles détresses que connaîtra le résidu juif (Apoc. 3:10
ap 3.7-13). En nous reposant sur cette certitude, craignons toutefois de nous endormir du
sommeil spirituel qui nous guette si dangereusement dans la longue et éprouvante nuit morale
de ce monde. Pensons au retour imminent du Seigneur et prenons pour nous les sérieuses
exhortations de ce chapitre. Une courte parabole nous présente le Seigneur comme un maître
de maison qui s'est absenté après avoir laissé son domaine à la responsabilité de ses serviteurs.
Chacun d'eux a reçu «son ouvrage…» précis, particulier. Et le Maître n'a pas fait de
restrictions non plus quant à la diversité des tâches à accomplir. Les points de suspension qui
suivent le mot «ouvrage…» ne suggèrent-ils pas un nombre illimité de services différents que
le Seigneur a préparés pour les siens (comp. Rom. 12:6-8 rm 12.4-8)?

La brève consigne reçue par le portier (fin du v. 34) s'adresse également «à tous»… donc à
vous et à moi (v. 37). Et, détail remarquable, c'est sur ce mot «veillez» que se termine dans

221
Marc le ministère de Jésus. Serrons-le précieusement dans notre cœur, comme on conserve
la dernière recommandation d'un être cher qui nous a quittés… mais qui revient!

Marc 14:1-16
À l'approche de la mort du Seigneur, les sentiments des cœurs s'affirment et se manifestent.
Haine et mépris de la part des chefs du peuple qui complotent à Jérusalem! Amour et respect
dans la maison familière de Béthanie où cette femme accomplit à Son égard une «bonne
œuvre», fruit d'un amour intelligent. Belle illustration du culte des enfants de Dieu! Ils
reconnaissent dans un Sauveur rejeté celui qui est digne de tout hommage; ils lui expriment
par l'Esprit et dans le sentiment de leur indignité, cette adoration qui est pour son cœur un
parfum d'un prix inestimable (remarquons que ce sont les hommes qui font l'évaluation — v.
5 — ramenant tout à une affaire d'argent). Les critiques ne manquent pas à l'adresse de ces
adorateurs, même de la part de certains croyants qui placent la bienfaisance (v. 5) ou
l’évangile avant toute autre activité chrétienne. Sans négliger ces choses, n'oublions pas que la
louange est le premier de nos devoirs. Et contentons-nous de l'approbation du Seigneur pour
accomplir avec un esprit brisé (dont ce vase est le symbole) le saint service de l'adoration, le
seul qui soit directement envers Lui et pour l'éternité.

Les v. 10 à 16 nous montrent les dispositions que prennent les disciples pour préparer la
Pâque… et Judas pour trahir son Maître.

Marc 14:17-31
C'est l'instant du dernier souper. Dans cette heure intime des adieux, où Jésus voudrait laisser
parler librement ses affections, un fardeau accable son âme. Non pas la croix qui s'approche,
mais l'indicible tristesse de savoir que se trouve là, au milieu des Douze, un homme qui a
décidé sa perte. «L'un d'entre vous… me livrera». À leur tour les disciples s'attristent et
s'interrogent. Ils n'ont pas ici la confiance en eux-mêmes qui apparaîtra aux v. 29 et 31 dans
leurs protestations de dévouement, en particulier de la part de Pierre.

Quand le traître est sorti, le Seigneur institue le saint repas du souvenir. Il bénit, rompt le pain
et le distribue aux siens; il prend la coupe, rend grâces et la leur donne. Et il leur explique la
portée de ces symboles simples et cependant solennels par les grands faits dont ils perpétuent
la mémoire: son corps donné, son sang versé, sûrs fondements de notre foi. Lecteur, n'auriez-
vous pas aimé vous trouver dans cette salle auprès de votre Sauveur? Alors, pourquoi ne pas
vous joindre, chaque premier jour de la semaine, à ceux qui annoncent Sa mort en attendant
son retour?

Puis Jésus chante des hymnes avec ses onze disciples et se rend au jardin des Oliviers.

Marc 14:32-54
Il appartient maintenant à Celui qui a pris la forme d'esclave de montrer jusqu'où ira son
obéissance. Sera-ce jusqu'à la mort… la mort même de la croix (Phil. 2:7, 8 ph 2.5-11)?
Satan met tout en œuvre pour faire sortir Jésus du chemin de sa perfection. Dans cette lutte
décisive, il se sert de l’effroi et de l’angoisse du Seigneur, qui mesure toute l'horreur de la
coupe de la colère de Dieu contre le péché. L'arme de Jésus, c'est sa dépendance. Un nom
que nous ne l'entendons employer qu'ici traduit l'intimité la plus profonde dans un tel
222
moment: «Abba Père», s'écrie-t-il dans la conscience que cette parfaite communion devra
s'interrompre quand il portera le péché. Mais précisément, son amour sans réserve pour le
Père entraîne une obéissance sans réserve. «Non pas ce que je veux, moi, mais ce que tu
veux, toi»!

En présence d'un tel combat, combien le sommeil des disciples est coupable! Peu de temps
avant, leur Maître les a exhortés à veiller et à prier (ch. 13 v. 33 mc 13.28-33). Il le leur
demande encore instamment à trois reprises. En vain; mais lui est prêt. Voici le traître qui
s'avance avec ceux qui viennent Le prendre. Alors tous l'abandonnent et s'enfuient, y compris
finalement ce jeune homme enveloppé d'un drap de fin lin: image de la profession chrétienne
qui ne résiste pas à l'épreuve.

Marc 14:55-72
En pleine nuit, le palais du souverain sacrificateur est en grande effervescence. Jésus se tient
devant ses accusateurs. De faux témoins font des dépositions qui ne s'accordent pas. Mais lui
n'en tire pas parti pour se défendre. Il est condamné, giflé, frappé; on lui crache au visage.
Notre adorable Sauveur accepte tous ces outrages, annoncés par la prophétie (És. 50:6 es
50.4-7). Hélas! Une autre scène se joue dans la cour du palais. Pierre n'avait pas cru son
Maître, à qui il avait assuré: «Je ne te renierai absolument pas» (v. 31). Il ne l'avait ensuite
pas écouté pour veiller et prier à Gethsémané. Le secret de sa défaite est là. Pourtant le
Seigneur les avait avertis que «la chair est faible» (v. 38). Mais c'était une vérité que Pierre
n'était pas prêt à accepter, aussi doit-il en faire l'amère expérience. Ce que nous ne voulons
pas apprendre avec le Seigneur en recevant humblement sa Parole, nous pourrons avoir à
l'apprendre douloureusement en ayant affaire avec l'Ennemi de nos âmes.

Pour mieux confirmer qu'il ne connaît pas «cet homme», le pauvre Pierre profère des
imprécations et des jurons. Ne l'accablons pas; pensons plutôt de combien de manières nous
pouvons renier le Seigneur si nous ne veillons pas: par nos actes, par nos paroles, ou… par
nos silences (lire 1 Cor. 10:12 1cr 10.10-14).

Marc 15:1-21
L'œuvre de mort doit, elle aussi, s'accomplir aussitôt (v. 1). Pressés par l'approche de la
Pâque et dans leur hâte d'en finir avec ce prisonnier qui leur inspire de la crainte, les chefs du
peuple ne perdent pas un instant. Ils conduisent Jésus à Pilate après avoir lié ces mains qui
avaient guéri tant de misères et qui n'avaient jamais fait que le bien. Devant le gouverneur
romain, le Sauveur à nouveau garde un silence dont les Ps. 38 v. 14 à 16 ps 38.13-16; 39 v.
10 ps 39.8-10 et Lam. 3 v. 28 lm 3.28-30 révèlent les profonds motifs. Sa prière dans le même
moment est: «Je m'attends à toi,… toi tu répondras, Seigneur, mon Dieu»… et: «c'est toi qui
l'as fait».

Sous la pression des principaux sacrificateurs, tout le peuple dans sa folie aveugle réclame à
grands cris la mise en liberté du meurtrier Barabbas et la crucifixion de son Roi. Alors Pilate,
voulant contenter la foule, libère le criminel et condamne celui dont il reconnaît l'innocence.
Voilà jusqu'où peut aller le désir de plaire aux hommes (Jean 19:12 j 19.7-12)!

223
Les soldats brutaux se moquent, feignant de se soumettre à Celui qui est en leur pouvoir
(parce qu'il s'est livré volontairement). Et l'homme couronne son Créateur des épines que la
terre avait produites comme conséquence de son péché (Gen. 3:18 gn 3.17-19).

Marc 15:22-41
L'homme accomplit le plus grand forfait de tous les temps. Il crucifie le Fils de Dieu et ne lui
épargne aucune forme de souffrance et d'humiliation. Le Sauveur est sur le bois d'infamie où
le retient son amour pour le Père et pour les hommes. «Compté parmi les iniques», comme
l'annonçaient les Écritures (v. 28; És. 53:12 es 53.10-12), il connaît en outre sur cette croix
toutes sortes d'insultes et de provocations. Le monde le rejette, se condamnant ainsi lui-même;
mais voici que le ciel se ferme aussi comme l'exprime le cri de son indicible détresse: «Mon
Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?» (voir Amos 8:9, 10 am 8.4-10). Le ciel est
fermé pour lui afin qu'il puisse s'ouvrir pour nous. Car c'est pour amener «plusieurs fils à la
gloire», que le chef de notre salut a été rendu parfait par des souffrances (Héb. 2:10 hb 2.10-
13). Cette page de l’Écriture sainte, sur laquelle notre foi se fonde avec adoration, constitue le
document incontestable qui nous garantit l'accès du ciel de gloire; accès dont un signe est
donné par le voile qui s'est déchiré. Et le grand cri du Sauveur expirant est la preuve qu'il
laisse sa vie de lui-même, en pleine possession de sa force. C'est le dernier acte d'obéissance
de Celui qui était venu ici-bas pour servir, souffrir et mourir, donnant sa vie précieuse en
rançon pour beaucoup (ch. 10 v. 45 mc 10.35-45).

Marc 15:42-47; 16:1-8


Maintenant qu'est passée l'heure de la croix où le Sauveur a été seul, Dieu se plaît à relever
l'empressement et les égards de quelques personnes dévouées qui ont honoré son Fils. C'est en
premier lieu Joseph d'Arimathée qui demande à Pilate le corps de Jésus et s'occupe
pieusement de son ensevelissement. Puis l'aube du jour de la résurrection nous montre trois
femmes se hâtant vers le sépulcre. Elles étaient de celles qui «l'avaient suivi et l'avaient
servi», avant d'assister avec douleur à la crucifixion (ch. 15 v. 40, 41 mc 15.37-41; Jean 12:26
j 12.23-26). Dans leur désir d'accomplir un dernier service envers celui qu'elles pensent avoir
perdu, elles apportent des aromates pour embaumer son corps. Mais elles ont à apprendre
l'inutilité de ces préparatifs, car un ange leur annonce la glorieuse nouvelle: Jésus est
ressuscité. Or il est une autre femme que nous ne trouvons pas au sépulcre: celle qui au ch. 14
v. 3 mc 14.3-9 avait oint les pieds de Jésus. Était-ce un manque d'affection de sa part? Elle a
donné la preuve du contraire. Mais elle avait su discerner le moment de répandre son parfum.
Souvenons-nous que le dévouement de l'amour est d'autant plus agréable au cœur du
Seigneur qu'il est accompagné du discernement de sa volonté et de l'obéissance à sa Parole.

Marc 16:9-20
Une parole de Pierre au début des Actes résume bien l'évangile selon Marc. L'apôtre évoque
«tout le temps que le Seigneur Jésus entrait et sortait au milieu de nous (deux verbes
caractérisant le service) en commençant depuis le baptême de Jean, jusqu'au jour auquel il a
été élevé au ciel d'avec nous…» (Act. 1:21, 22 ac 1.15-26). Premier tableau de l'évangile: au
Jourdain le ciel s'ouvre sur Jésus; dernier tableau: ce même ciel s'ouvre pour le recevoir; entre
les deux, sa vie de service et de dévouement. Approuvé de Dieu, il occupe désormais à la
droite de la Majesté la place de gloire qui lui revient, son œuvre achevée. C'est aux disciples
qu'il appartient maintenant d'accomplir la leur en suivant les instructions des v. 15 à 18… et
224
le grand exemple qu'ils ont eu sous les yeux. Mais ils ne sont pas abandonnés à leurs propres
ressources. Le Seigneur est vu là-haut comme celui qui dirige le travail des siens. Le service
est un privilège éternel que son amour se réserve. Serviteur à toujours (Ex. 21:5-6 ex 21.2-6;
Luc 12:37 lc 12.35-40) il va coopérer avec ses disciples et les accompagner de sa puissance
(v. 20; Act. 14:3 ac 14.1-7; Héb. 2:4 hb 2.1-4). Et nous chrétiens, appelés à notre tour à suivre
Ses traces, et témoins du même évangile, nous pourrons aussi compter sur Lui si nous avons à
cœur de le servir en l'attendant.

Exposé de l’Évangile de Jean


William Kelly

Traduit de l’anglais selon l’édition de 1908 de E.E.Whitfield. Les observations sur la


traduction du texte biblique grec n’ont pas été traduites quand elles paraissaient mineures.
Les titres, sous-titres et tables des matières ont été ajoutés par Bibliquest.

Les citations du texte biblique traduit par W.K. sont généralement identiques à celles de
J.N.Darby, mais on a conservé la traduction de W.K. quand les variantes sont significatives,
auquel cas celles-ci sont en général soulignées. L’expression « Son of man » a été
régulièrement traduite par « Fils de l’homme », quoique littéralement on devrait traduire
« Fils d’homme »

À titre informatif, on a indiqué occasionnellement les choix de leçons et de traductions du


texte Biblique de Carrez (Maurice Carrez, seul Nouveau Testament interlinéaire grec-français,
1993), et ceux de la TOB (traduction œcuménique de la Bible) et du Nouveau Testament en
français courant, que Carrez donne en marge. Il a paru utile d’en rendre compte dans les cas
où W.K. justifie sa manière de traduire.

Table des matières abrégée :

1 - Introduction

2 - Chapitre 1

3 - Chapitre 2 — Noces de Cana et nettoyage du temple

4 - Chapitre 3 — Royaume de Dieu, nouvelle naissance, choses célestes, pardon et croix +


Témoignage de Jean le Baptiseur au Seigneur

5 - Chapitre 4 — En Samarie

6 - Chapitre 5 — À Jérusalem au réservoir de Béthesda

7 - Chapitre 6 — Fête de Pâque. Le pain du ciel, le pain de vie

225
8 - Chapitre 7:1-52 — Fête des Tabernacles. Saint Esprit

9 - Chapitre 7:53 et chapitre 8

10 - Chapitre 9

11 - Chapitre 10

12 - Chapitre 11

13 - Chapitre 12

14 - Chapitre 13

15 - Chapitre 14

16 - Chapitre 15

17 - Chapitre 16

18 - Chapitre 17

19 - Chapitre 18

20 - Chapitre 19

21 - Chapitre 20

22 - Chapitre 21

Table des matières détaillée :

1 - Introduction

1.1 - Caractères de l’évangile de Jean

1.2 - Sommaire du contenu de l’évangile de Jean

2 - Chapitre 1

2.1 - Jean 1:1-5

2.1.1 - Jean 1:1 — La Déité

2.1.2 - Jean 1:2

2.1.3 - Jean 1:3 — Création

226
2.1.4 - Jean 1:4 — Source de vie

2.1.5 - Jean 1:5 — la lumière luit dans les ténèbres, les ténèbres ne l’ont pas comprise

2.2 - Jean 1:6-8 — Jean rendant témoignage de la lumière

2.3 - Jean 1:9 — La lumière qui éclaire tout homme

2.4 - Jean 1:10-13

2.4.1 - Jean 1:10-11 — Pas connu, pas reçu, rejeté

2.4.2 - Jean 1:12-13 — Le droit d’être enfant de Dieu

2.4.3 - Distinction enfants / fils

2.4.4 - Christ est notre vie

2.5 - Jean 1:14-18 — L’Incarnation

2.5.1 - Jean 1:14 — Devenu chair, une gloire comme d’un fils unique d’auprès du Père

2.5.2 - Plein de grâce et de vérité

2.5.3 - Jean 1:15 — Jésus présenté au monde par Jean le baptiseur

2.5.4 - Jean 1:16 — Nous avons reçu et grâce sur grâce

2.5.5 - Jean 1:17 — La grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ

2.5.6 - Jean 1:18 — Dieu connu dans le Fils unique qui est dans le sein du Père

2.6 - Jean 1:19-28 — Qui est Jean ?

2.6.1 - Fin de la préface, début de l’introduction à cet évangile

2.6.2 - Jean 1:19-28 — Nature de la mission de Jean le baptiseur

2.6.3 - Jean 1:19-20 — Jean n’était pas le Messie

2.6.4 - Jean 1:21 — Jean était-il Élie ou ne l’était-il pas ?

2.6.5 - Jean 1:23 — Jean était la voix qui crie dans le désert

2.6.6 - Jean 1:21 — Jean n’est pas le prophète

2.6.7 - Jean 1:25-28 — Baptême de Jean et baptême chrétien

2.7 - Jean 1:29-34 — L’œuvre de Christ dans toute l’étendue de puissance en grâce

227
2.7.1 - Jean 1:29 — L’Agneau qui ôte le péché du monde

2.7.2 - L’Agneau

2.7.3 - Le péché ôté : portée de l’expression

2.7.4 - Le péché ôté : l’accomplissement ultime

2.7.5 - Le péché du monde, non pas les péchés

2.7.6 - Jean 1:30-31 — Dignité du Seigneur Jésus. Jean ne Le connaissait pas

2.7.7 - Jean 1:32-34 — L’Esprit comme une colombe. Baptême du Saint Esprit

2.7.8 - Jean 1:34 — Témoignage rendu au Fils de Dieu

2.8 - Jean 1:35-40 — Effet du ministère de Jean

2.9 - Jean 1:41-43 — Centre de rassemblement

2.10 - Jean 1:44-52

2.10.1 - Jean 1:44-45 — Suivre Christ, Christ le chemin

2.10.2 - Jean 1:46 — Les préjugés qui entravent

2.10.3 - Jean 1:47-48 — Pas de fraude dans le cœur

2.10.4 - Jean 1:49 — Ne pas résister à la lumière qui émane de Christ

2.10.5 - Jean 1:50 — Jésus confessé comme Messie

2.10.6 - Jean 1: 51-52 — De plus grandes choses à voir

3 - Chapitre 2 — Noces de Cana et nettoyage du temple

3.1 - Jean 2:1-11 — L’eau transformée en vin

3.1.1 - Jean 2:1-4 — Place de Marie, la mère de Jésus. Rien du premier Adam, tout par grâce

3.1.2 - Jean 2:5-10 — Signification du miracle

3.1.2.1 - Spécificités de l’évangile de Jean


3.1.2.2 - Les noces de Cana, une ombre des choses futures

3.2 - Jean 2:12

3.3 - Jean 2:13-17 — Les marchands du temple chassés

228
3.4 - Jean 2:18-22 — Le temple rebâti en trois jours

3.5 - Jean 2:23-25 — Jésus connaissait ce qui était dans l’homme

3.5.1.1 - La ruine complète de l’homme


3.5.1.2 - Ceux qui sont dans la chair ne peuvent pas plaire à Dieu. Se soumettre au
témoignage de Dieu quant à son état
3.5.1.3 - Religion traditionnelle : un doctrine chrétienne qu’on a adaptée au monde
3.5.1.4 - Déduction logique devant les miracles, sans effet sur l’état de l’homme

4 - Chapitre 3 — Royaume de Dieu, nouvelle naissance, choses célestes, pardon et croix +


Témoignage de Jean le Baptiseur au Seigneur

4.1 - Jean 3:1-21 — Nicodème, la nouvelle naissance et la croix

4.1.1 - Jean 3:1-3

4.1.1.1 - L’état de Nicodème


4.1.1.2 - Ce qui manquait à Nicodème
4.1.1.3 - Le royaume de Dieu était là en Christ

4.1.2 - Jean 3:4 — Nouvelle naissance : un changement de nature

4.1.3 - Jean 3:5 — Être né d’eau et d’Esprit pour entrer dans le royaume de Dieu

4.1.3.1 - Un passage souvent perverti


4.1.3.2 - L’eau ne figure pas ici le baptême
4.1.3.3 - Raisonnements erronés pour appuyer l’idée du baptême
4.1.3.4 - L’eau : la parole de Dieu appliquée par Son Esprit
4.1.3.5 - Être né d’eau et d’Esprit : être engendré de Dieu, rendu participant de la nature
divine

4.1.4 - Jean 3:6 — Deux natures totalement distinctes

4.1.5 - Jean 3:7-8 — Les païens / Gentils comme les Juifs ont besoin de naître de l’Esprit

4.1.6 - Jean 3:9-10 — Ce que l’Ancien Testament disait déjà de ces choses

4.1.7 - Jean 3:11 — Le Fils de Dieu rendait témoignage de ce qu’Il connaissait et avait vu

4.1.7.1 - Le Fils connaissait le Père


4.1.7.2 - Différence entre le témoignage de Christ et celui d’un prophète
4.1.7.3 - Un témoignage précieux et divin, mais rejeté par l’homme
4.1.7.4 - Le besoin des Juifs d’être entièrement renouvelés

229
4.1.7.5 - La prophétie d’Ézéchiel 36

4.1.8 - Jean 3:12

4.1.8.1 - Au-delà des choses terrestres


4.1.8.2 - La révélation de choses nouvelles et célestes
4.1.8.3 - Le royaume du Père est la sphère céleste du royaume

4.1.9 - Jean 3:13

4.1.9.1 - L’homme aveugle rejette le Fils de l’homme


4.1.9.2 - Compétence unique pour parler de tout ce qu’Il connaît, y compris les choses
célestes
4.1.9.3 - Monté au ciel, descendu du ciel. Le Fils de l’homme qui est dans le ciel

4.1.10 - Jean 3:14-16 — L’œuvre puissante que le Seigneur venait accomplir pour les
pécheurs

4.1.10.1 - Jean 3:14 — La croix : une nécessité pour le pardon et pour la vie éternelle. Christ la
seule victime possible
4.1.10.2 - Jean 3:14-15 — Jésus Christ crucifié  : en croyant en Lui on a la vie éternelle
4.1.10.3 - Jean 3:16 — Révélation de l’amour souverain de Dieu
4.1.10.4 - La vérité que Dieu a tant aimé le monde

4.1.11 - Jean 3:17-21 — Sauvés ou jugés. Le croyant et l’incrédule

4.1.11.1 - 3:17 — Sauveur pour le monde entier


4.1.11.2 - Jean 3:17-18a — Le croyant n’est pas jugé
4.1.11.3 - Jean 3:18 — La Personne de Christ  : un test
4.1.11.4 - Jean 3:18 — Gravité du refus du Fils de Dieu
4.1.11.5 - Jean 3:19-21 — Motif du jugement  : est-ce la loi ?
4.1.11.6 - Jean 3:19 — Le rejet n’a pas pour cause l’ignorance. Ne pas différer une décision
4.1.11.7 - Jean 3:19-20 — Le jugement sera selon les œuvres
4.1.11.8 - Jean 3:21 — Le croyant cherche à marcher selon la lumière. Les deux résurrections

4.2 - Jean 3:22-34 — Hommage de Jean le baptiseur au Seigneur

4.2.1 - Rappel sur les v. 12 à 21

4.2.2 - Jean 3:22-24 — Les disciples baptisant avant le ministère du Seigneur

4.2.3 - Jean 3:25-26 — Zèle des disciples de Jean pour leur maître

230
4.2.4 - Jean 3:27-28 — Jean répond dans un esprit de dépendance et de soumission

4.2.5 - Jean 3:29-30 — Jean content de sa position d’ami de l’époux et achevant sa course

4.2.6 - Jean 3:31 — Jésus est à la fois d’en haut et au-dessus de tous. Il est Dieu

4.2.7 - Jean 3:32-33 — Le témoignage reçu ou non reçu

4.2.7.1 - Le témoignage des choses divines, célestes et éternelles  : personne ne le reçoit


4.2.7.2 - Pourquoi l’homme ne croit pas à la grâce de Dieu
4.2.7.3 - Différences entre la vraie foi et une foi humaine sans valeur
4.2.7.4 - Jean 3:33 — La grâce efficace et refusée, la haine. Celui qui a reçu son témoignage, a
scellé que Dieu est vrai
4.2.7.5 - Caractère de la foi réelle et vivante

4.2.8 - Jean 3:34 — Un témoignage qui découle de l’Esprit

4.3 - Jean 3:35-36

4.3.1 - Jean 3:35 — Le Père aime le Fils, et a mis toutes choses entre ses mains

4.3.2 - Jean 3:36 — Pour la foi, la vie éternelle dès maintenant ; pour l’incrédulité, la mort et
la colère de Dieu

5 - Chapitre 4 — En Samarie

5.1 - Jean 4:1-3

5.1.1 - Jésus ne baptisait pas

5.1.2 - Le Fils de Dieu forcé de quitter le peuple de Dieu

5.2 - Jean 4:4-6 — Sujets de lassitude

5.3 - Jean 4:7-10

5.3.1 - Le Seigneur accède au cœur

5.3.2 - Chassé par la jalousie, la haine et le mépris, le Seigneur va s’occuper d’une


Samaritaine malheureuse

5.3.3 - L’œuvre dans une âme sans opérer de miracle

5.3.4 - La grâce ne passe pas légèrement sur le péché

5.3.5 - Faire connaître Dieu comme le Donateur

5.3.6 - Connaître la dignité personnelle du Fils de Dieu

231
5.3.7 - Produire la confiance dans la grâce

5.3.8 - Ce qu’est le don de Dieu (4:10)

5.4 - Jean 4:11-12 — Raisonnements, mais ignorance de la Personne du Seigneur et de la


vérité

5.5 - Jean 4:13-14 — Don du Saint Esprit et de la puissance pour adorer

5.6 - Jean 4:15-19 — Travail du Seigneur dans la conscience

5.6.1 - Jean 4:15 — Des besoins terre à terre

5.6.2 - Jean 4:16a — Le Seigneur éveille l’âme à autre chose que les besoins matériels

5.6.3 - Jean 4:16b — Le Seigneur usant de grâce lorsqu’Il touche la conscience

5.6.4 - Jean 4:17-19 — Une démonstration de l’Esprit et de puissance qui produit la


confession

5.7 - Jean 4:20-26 — La femme en recherche

5.7.1 - Différences religieuses. Celles qui bénéficient d’une haute antiquité

5.7.2 - Le texte de Jean 4:20-26

5.7.3 - Jean 4:20-21 — L’adoration du Père à la place de Garizim et Jérusalem

5.7.4 - Jean 4:22 — Le salut vient des Juifs

5.7.5 - Jean 4:22 — Vous adorez, vous ne savez quoi

5.7.6 - Jean 4:23 — L’heure vient, et elle est maintenant, où les vrais adorateurs…

5.7.7 - Jean 4:23 — Adorer en esprit et en vérité

5.7.8 - Jean 4:23 — Le Père en cherche de tels qui L’adorent

5.7.9 - Jean 4:24 — Dieu est esprit… ceux qui L’adorent, L’adorent en esprit et en vérité

5.7.10 - Jean 4:25 — Le Messie

5.7.11 - Jean 4:26 — Je le suis, moi qui te parle

5.8 - Jean 4:27 — Étonnement des disciples

5.9 - Jean 4:28-30 — Changement moral de la femme

5.10 - Jean 4:31-34 — Faire la volonté du Père renouvelle la force

232
5.11 - Jean 4:35-38 — État de la moisson

5.11.1 - Quand est-ce que la moisson est mûre ?

5.11.2 - S’agit-il de semer ou de moissonner ?

5.12 - Jean 4:39-45a — Les hommes de Samarie

5.12.1 - Jean 4:39-42 — Le travail divin opéré chez les Samaritains

5.12.2 - Jean 4:43-46a — Voyage vers la Galilée

5.13 - Jean 4:46b-54 — La guérison du fils du courtisan

5.13.1 - Jean 4: 46b-48 — Foi étriquée

5.13.2 - Luc 7:1-10 — Contraste avec l’esclave du centurion de Capernaüm

5.13.3 - Jean 4:49-50 — Guérison, mais avec exercice de la foi

5.13.4 - Jean 4:51-54 — Le moment où le Seigneur intervient

6 - Chapitre 5 — À Jérusalem au réservoir de Béthesda

6.1 - Jean 5:1-9

6.1.1 - Jean 5:1

6.1.2 - Jean 5:2-6 — Un témoignage de la grâce en puissance avant le ministère du Seigneur

6.1.3 - Jean 5:7-9 — Le Seigneur surmonte l’impuissance de l’homme à être sauvé

6.1.3.1 - Image de l’homme sous la loi


6.1.3.2 - Excellence du Fils
6.1.3.3 - Sentir son besoin pour être guéri, même un jour de sabbat
6.1.3.4 - Il porte son lit en public

6.2 - Jean 5:10-18

6.2.1 - Jean 5:10-13 — Qui a fait le miracle ? un homme ?

6.2.2 - Jean 5:14-15 — Ce qui est important dans la vie

6.2.3 - Jean 5:16 — Le miracle source de reconnaissance et source de haine

6.2.4 - Jean 5:17 — Le Père ne peut pas se reposer au milieu du péché

6.2.5 - Jean 5:18 — Être Fils de Dieu c’est être égal à Dieu

233
6.3 - Jean 5:19-30

6.3.1 - Jean 5:19 — Parfaite dépendance, parfaite humanité

6.3.2 - Jean 5:20 — Relations dans la Déité. Foi qui étonne, foi qui croit.

6.3.3 - Jean 5:21-23 — Le Fils de Dieu ressuscite, le Fils de l’homme juge

6.3.4 - Jean 5:24 — Comment avoir la vie ?

6.3.4.1 - La foi : croire Christ


6.3.4.2 - Le croyant ne vient pas en jugement

6.3.5 - Jean 5:25 — L’homme naturel : un mort

6.3.5.1 - Les hommes dans leur généralité  : des morts


6.3.5.2 - La vie éternelle en écoutant le Fils
6.3.5.3 - Incrédulité religieuse, incrédulité profane

6.3.6 - Jean 5:26-27 — Toute la vérité est centrée sur la Personne de Christ

6.3.6.1 - Homme, mais parfaitement Dieu


6.3.6.2 - Le Fils de l’homme recevant l’autorité de juger

6.3.7 - Jean 5:28-29 — Distinction entre les deux résurrections. Importance de les différencier

6.3.8 - Jean 5:30 — Le Seigneur à la hauteur de Sa tâche comme homme humble dépendant
du Père

6.4 - Jean 5:31-47

6.4.1 - Jean 5:31-35 — Témoignage de Jean le baptiseur

6.4.2 - Jean 5:36 — Témoignage rendu par les œuvres de Christ

6.4.3 - Jean 5:37-38 — Témoignage de la voix du Père

6.4.4 - Jean 5:39-40 — Témoignage des Écritures

6.4.5 - Jean 5:41-43 — Ceux qui seront testés par la présence de l’antichrist

6.4.6 - Jean 5:44 — L’idolâtrie est la mort de la foi

6.4.7 - Jean 5:45-47 — Autorité des Écritures et des écrits de Moise

7 - Chapitre 6 — Fête de Pâque. Le pain du ciel, le pain de vie

7.1 - Jean 6:1-15


234
7.1.1 - Jean 6:1-9

7.1.1.1 - Jean 6:1-4


7.1.1.2 - Jean 6:5-9

7.1.2 - Jean 6:10-15

7.2 - Jean 6:16-21

7.3 - Jean 6:22-51

7.3.1 - Jean 6:22-29

7.3.1.1 - Jean 6:26


7.3.1.2 - Jean 6:27
7.3.1.3 - Jean 6:28-29 — Une seule œuvre peut être faite  : croire = confiance parla foi
7.3.1.4 - L’homme croit toujours être capable de faire les œuvres de Dieu
7.3.1.5 - Justification par grâce, donc par la foi. Le travail de l’homme est exclu

7.3.2 - Jean 6:30-33

7.3.3 - Jean 6:34-36

7.3.4 - Jean 6:37-38

7.3.5 - Jean 6:39-40

7.3.6 - Jean 6:41-42

7.3.7 - Jean 6:43-46

7.3.8 - Jean 6:47-48

7.3.9 - Jean 6:49-51

7.4 - Jean 6:52-59

7.4.1 - Jean 6:52 et texte de 6:52-59

7.4.2 - Jean 6:53-55 — Deux sens de manger et boire

7.4.3 - Jean 6:56-57 — Demeurer en Christ et Christ en nous

7.4.4 - Manger la chair et boire le sang, est-ce la cène ou eucharistie ?

7.4.4.1 - Changement de sujet au v. 51


7.4.4.2 - Le changement de sujet est au v. 51, non pas au v. 47

235
7.4.5 - Jean 6:56 — La mort du Seigneur objet de foi

7.4.6 - Manger et boire continuellement

7.4.7 - Jean 6:57-58

7.5 - Jean 6:59-65

7.5.1 - Jean 6:63

7.6 - Jean 6:66-71

8 - Chapitre 7:1-52 — Fête des Tabernacles. Saint Esprit

8.1 - Jean 7:1-13

8.1.1 - Jean 7:1-5

8.1.2 - Jean 7:6-8

8.1.3 - Jean 7:9-13

8.2 - Jean 7:14-36

8.2.1 - Jean 7:14-18

8.2.2 - Jean 7:19

8.2.3 - Jean 7:20-24

8.2.4 - Jean 7:25-29

8.2.5 - Jean 7:30-31

8.2.6 - Jean 7:32-34

8.2.7 - Jean 7:35-36

8.3 - Jean 7:37-52

8.3.1 - Jean 7:37-39

8.3.1.1 - Comparaison avec Jean 4


8.3.1.2 - Ceux qui ont soif
8.3.1.3 - La fête des Tabernacles et le témoignage à Christ glorifié
8.3.1.4 - … de son ventre
8.3.1.5 - L’Esprit n’était pas encore
8.3.1.6 - La chrétienté infidèle à cette caractéristique du christianisme

236
8.3.2 - Jean 7:40-44

8.3.3 - Jean 7:45-49

8.3.4 - Jean 7:50-52

9 - Chapitre 7:53 et chapitre 8

9.1 - Jean 7-53 à 8:11

9.1.1 - Qualité médiocre des textes originaux pour ce passage

9.1.2 - Jean 7-53 à 8:2

9.1.3 - Jean 8:3-6

9.1.4 - Jean 8:7-9

9.1.5 - Jean 8:10-11

9.2 - Jean 8:12-20

9.2.1 - Jean 8:12

9.2.2 - Jean 8:13-16

9.2.3 - Jean 8:17-18

9.2.4 - Jean 8:19-20

9.3 - Jean 8:21-30

9.3.1 - Jean 8:21-24

9.3.2 - Jean 8:25-26

9.3.3 - Jean 8:27-30

9.4 - Jean 8:31-59

9.4.1 - Jean 8:31-47

9.4.1.1 - Jean 8:31-33


9.4.1.2 - Jean 8:34
9.4.1.3 - Jean 8:35-36
9.4.1.4 - Jean 8:37-41a
9.4.1.5 - Jean 8:41b-47
9.4.1.6 - Jean 8:42-45

237
9.4.1.7 - Jean 8:46-47

9.4.2 - Jean 8:48-51

9.4.3 - Jean 8:52-59

10 - Chapitre 9

10.1 - Jean 9:1-12

10.1.1 - Jean 9:1-5

10.1.2 - Jean 9:6-7

10.1.3 - Jean 9:8-12

10.2 - Jean 9:13-34

10.2.1 - Jean 9:13-14

10.2.2 - Jean 9:15-16

10.2.3 - Jean 9:17

10.2.4 - Jean 9:18-23

10.2.5 - Jean 9: 24-25

10.2.6 - Jean 9:26-29

10.2.7 - Jean 9:30-34

10.3 - Jean 9:35-41

10.3.1 - Jean 9:35-38

10.3.2 - Jean 9:39-41

11 - Chapitre 10

11.1 - Jean 10:1-6 — le Berger des brebis

11.1.1 - Jean 10:1-2

11.1.2 - Jean 10:3-4

11.1.3 - Jean 10:5

11.1.4 - Jean 10:6

238
11.2 - Jean 10:7-21

11.2.1 - Jean 10:7-10 — la Porte

11.2.1.1 - Jean 10:7-8


11.2.1.2 - Jean 10:9
11.2.1.3 - Jean 10:10 — les voleurs, la vie en abondance

11.2.2 - Jean 10:11-13 — le bon Berger

11.2.2.1 - Jean 10:11


11.2.2.2 - Jean 10:12-13

11.2.3 - Jean 10:14-15

11.2.4 - Jean 10:16

11.2.5 - Jean 10:17-18

11.2.6 - Jean 10:19-21

11.3 - Jean 10:22-30

11.3.1 - Jean 10:22-24

11.3.2 - Jean 10:25-26

11.3.3 - Jean 10:27

11.3.4 - Jean 10:28

11.3.5 - Jean 10:29-30

11.4 - 10:31-33

11.5 - 10:34-36 « vous êtes des dieux »

11.6 - 10:37-38

11.7 - 10:39-42

12 - Chapitre 11

12.1 - Jean 11:1-3

12.2 - Jean 11:4-10

12.2.1 - Jean 11:4-6

239
12.2.2 - Jean 11:7-8

12.2.3 - Jean 11:9-10

12.3 - Jean 11:11-16

12.4 - Jean 11:17-29

12.5 - Jean 11:30-32

12.6 - Jean 11:33-37

12.7 - Jean 11:38-44

12.8 - Jean 11:45-54

12.9 - Jean 11:55-57

13 - Chapitre 12

13.1 - Jean 12:1-8

13.2 - Jean 12:9-11

13.3 - Jean 12:12-19

13.3.1 - Jean 12:12-15

13.3.2 - Jean 12:16

13.3.3 - Jean 12:17-19

13.4 - Jean 12:20-26

13.4.1 - Jean 12:20-24

13.4.2 - Jean 12:25-26

13.5 - Jean 12:27-28

13.6 - Jean 12:28b-29

13.6.1 - Jean 12:28b

13.6.2 - Jean 12:29

13.7 - Jean 12:30-36a

13.8 - Jean 12:36b-43

240
13.8.1 - Jean 12:37-40

13.8.2 - Jean 12:41

13.8.3 - Jean 12:42-43

13.9 - Jean 12:44-50

14 - Chapitre 13

14.1 - Jean 13:1-5

14.1.1 - Jean 13:1a

14.1.2 - Jean 13:1b

14.1.3 - Jean 13:2-4

14.1.4 - Jean 13:5

14.2 - Jean 13:6-11

14.2.1 - Jean 13:6

14.2.2 - Jean 13:7

14.2.3 - Jean 13:8

14.2.4 - Jean 13:9

14.2.5 - Jean 13:10-11

14.2.6 - Erreurs dénoncées. Pas de renouvellement de la réconciliation ni de ré-application du


sang

14.3 - Jean 13:12-17

14.3.1 - Jean 13:12

14.3.2 - Jean 13:13-14

14.3.3 - Jean 13:15-17

14.4 - Jean 13:18-22

14.4.1 - Jean 13:17-18a

14.4.2 - Jean 13:18-19

14.4.3 - Jean 13:20

241
14.4.4 - Jean 13:21

14.4.5 - Jean 13:22

14.5 - Jean 13:23-30

14.5.1 - Jean 13:23-26a

14.5.2 - Jean 13:26b

14.5.3 - Jean 13:27

14.5.4 - Jean 13:28-29

14.5.5 - Jean 13:30

14.6 - Jean 13:31-38

14.6.1 - Jean 13:31

14.6.1.1 - Le Fils de l’homme glorifié pour être centre d’attrait — 12:23


14.6.1.2 - Le Fils éternel du Père glorifié comme homme — 17:1-5
14.6.1.3 - Dieu glorifié du fait de la gloire du Fils de l’homme — 13:31
14.6.1.4 - Dieu glorifié à la croix comme nulle part ailleurs — 13:31
14.6.1.5 - Gloire de Jésus et Dieu glorifié en Lui — 13:31
14.6.1.6 - Dieu « redevable » au Fils de l’homme de L’avoir glorifié
14.6.1.7 - La mort de Christ pour nous

14.6.2 - Jean 13:32

14.6.3 - Jean 13:33

14.6.4 - Jean 13:34-35

14.6.5 - Jean 13:36-38

14.6.6 - Jean 13:37

14.6.7 - Jean 13:38

15 - Chapitre 14

15.1 - Jean 14:1-4

15.1.1 - Jean 14:1

15.1.2 - Jean 14:2 — la maison du Père

242
15.1.3 - Jean 14:3

15.1.4 - Jean 14:4

15.2 - Jean 14:5-7

15.2.1 - Le Chemin

15.2.2 - La Vérité

15.2.3 - La Vie

15.2.4 - Jean 14:6b

15.2.5 - Jean 14:7

15.3 - Jean 14:8-14

15.3.1 - Jean 14:8

15.3.2 - Jean 14:9 / 9-12

15.3.3 - Jean 14:10-11

15.3.4 - Jean 14:12

15.3.5 - Jean 14:13-14

15.4 - Jean 14:15-19

15.4.1 - Jean 14:15-16a

15.4.2 - Jean 14:16b-17

15.4.3 - Jean 14:17

15.4.4 - Jean 14:18-19

15.5 - Jean 14:20

15.6 - Jean 14:21

15.7 - Jean 14:22-24

15.7.1 - Jean 14:22-23

15.7.2 - Jean 14:23-24

15.8 - Jean 14:25-31

243
15.8.1 - Jean 14:25-26

15.8.2 - Jean 14:27 — la paix laissée

15.8.3 - Jean 14:28-29

15.8.4 - Jean 14:30

16 - Chapitre 15

16.1 - Jean 15:1-4

16.1.1 - Jean 15:1

16.1.2 - Jean 15:2

16.1.3 - Jean 15:3

16.1.4 - Jean 15:4

16.2 - Sommaire de ce début de chapitre 15

16.3 - Jean 15:5

16.4 - Jean 15:6

16.5 - Jean 15:7-8

16.6 - Jean 15:9-11

16.6.1 - Jean 15:9

16.6.2 - Jean 15:10

16.6.3 - Jean 15:11

16.7 - Jean 15:12-17

16.7.1 - Jean 15:12-13

16.7.2 - Jean 15:13-14

16.7.3 - Jean 15:15

16.7.4 - Jean 15:16-17

16.7.5 - Jean 15:17

16.8 - Jean 15:18-21

244
16.8.1 - Jean 15:18

16.8.2 - Jean 15:19

16.8.3 - Jean 15:20

16.8.4 - Jean 15:21

16.9 - Jean 15:22-23

16.10 - Jean 15:24-25

16.11 - Jean 15:26-27

17 - Chapitre 16

17.1 - Jean 16:1-6

17.1.1 - Jean 16:1

17.1.2 - Jean 16:2

17.1.3 - Jean 16:3

17.1.4 - Jean 16:4

17.1.5 - Jean 16:5-6

17.2 - Jean 16:7

17.3 - Jean 16:8-11

17.3.1 - Jean 16:8

17.3.2 - Traduction de έλέγξει fournir la preuve, convaincre

17.3.3 - Jean 16:9

17.3.4 - Jean 16:10

17.3.5 - Jean 16:11

17.4 - Jean 16:12-15

17.4.1 - Jean 16:12

17.4.2 - Jean 16:13-14

17.4.3 - Jean 16:14-15

245
17.5 - Jean 16:16-22

17.6 - Jean 16:23-24

17.6.1 - Jean 16:23 — Sens de « demander » ; à qui adresser les prières

17.6.2 - Jean 16:24 — La prière du « notre Père »

17.7 - Jean 16:25-28

17.7.1 - Jean 16:25

17.7.2 - Jean 16:26a

17.7.3 - Jean 16:26b-27

17.7.4 - Jean 16:28

17.8 - Jean 16:29-30

17.9 - Jean 16:31-33

18 - Chapitre 17

18.1 - Jean 17:1-5

18.1.1 - Jean 17:1

18.1.2 - Jean 17:1-2

18.1.3 - Jean 17:3

18.1.4 - Jean 17:4-5

18.2 - Jean 17:6-8

18.2.1 - Jean 17:6

18.2.2 - Jean 17:6b

18.2.3 - Jean 17:7-8

18.3 - Jean 17:9-11

18.3.1 - Jean 17:9

18.3.2 - Jean 17:10-11a

18.4 - Jean 17:11b-13

246
18.5 - Jean 17:14-16

18.5.1 - Jean 17:14

18.5.2 - Jean 17:15

18.5.3 - Jean 17:16

18.6 - Jean 17:17-19

18.6.1 - Jean 17:17

18.6.2 - Jean 17:18

18.6.3 - Jean 17:19

18.7 - Jean 17:20-21

18.7.1 - Jean 17:20

18.7.2 - Jean 17:21

18.7.3 - Jean 17:22-23

18.7.4 - Jean 17:23

18.8 - Jean 17:24-26

18.8.1 - Jean 17:24

18.8.2 - Jean 17:25

18.8.3 - Jean 17:26

19 - Chapitre 18

19.1 - Jean 18:1-11

19.2 - Jean 18:11

19.2.1 - Sens de Gethsémané

19.2.2 - Omission de la souffrance du Seigneur à Gethsémané

19.3 - Jean 18:2-3

19.4 - Jean 18:4-6

19.5 - Jean 18:7-9

247
19.6 - Jean 18:10-11

19.7 - Jean 18:12-27

19.7.1 - Jean 18:12-14

19.7.2 - Jean 18:15-17

19.7.3 - Jean 18:18-23

19.7.4 - Jean 18:24-27

19.8 - Jean 18:28-40

19.8.1 - Jean 18:28-31

19.8.2 - Jean 18:32

19.8.3 - Jean 18:33-34

19.8.4 - Jean 18:35

19.8.5 - Jean 18:36

19.8.6 - Jean 18:37

19.8.7 - Jean 18:37c-40

20 - Chapitre 19

20.1 - Jean 19:1-15

20.1.1 - Jean 19:1-5

20.1.2 - Jean 19:6-11

20.1.3 - Jean 19:12-15

20.2 - Jean 19:16-30

20.2.1 - Jean 19:16-22

20.2.2 - Jean 19:23-24

20.2.3 - Jean 19:25-27

20.2.4 - Jean 19:28-30

20.3 - Jean 19:31-37

248
20.3.1 - Jean 19:31-34

20.3.2 - Jean 19:35 — L’eau et le sang coulant du côté du Seigneur

20.3.3 - Jean 19:36-37

20.4 - Jean 19:38-42

21 - Chapitre 20

21.1 - La croix et la résurrection : Ce que l’homme a vu et ce qu’il n’a pas vu

21.2 - Importance de la résurrection ; le témoignage qui lui a été rendu

21.2.1 - Prédication de la résurrection par les apôtres

21.2.2 - La résurrection selon les différents évangélistes

21.2.3 - La résurrection renverse le scepticisme

21.2.4 - Rejeter la résurrection, c’est rejeter Dieu

21.2.5 - Une conviction progressive

21.3 - Jean 20:1-18

21.3.1 - Jean 20:1-2

21.3.1.1 - Jean 20:1 — Des cœurs qui ne répondent pas en vain à l’amour du Seigneur
21.3.1.2 - Jean 20:2 — Marie de Magdala s’adresse à Pierre et Jean
21.3.1.3 - Comparaison et concordance des récits de la résurrection dans les divers évangiles
21.3.1.4 - Diversité des évangiles : Infirmité humaine ou sagesse divine ?

21.3.2 - Jean 20:3-10

21.3.2.1 - Jean 20:3-7


21.3.2.2 - Jean 20:6, 7, 10
21.3.2.3 - Jean 20:8 — La foi et les conclusions humaines
21.3.2.4 - Jean 20:9 — Voir et croire. Foi basée sur la vue ou sur la Parole de Dieu
21.3.2.5 - Jean 20:10

21.3.3 - Jean 20:11-16

21.3.3.1 - Jean 20:11-13 — Nature de la tristesse de Marie


21.3.3.2 - Jean 20:14-15 — Marie reconnaît Jésus

249
21.3.4 - Jean 20:17-18

21.3.4.1 - Jean 20:17a — Toucher ou ne pas toucher le Seigneur  : comparaison avec Matt. 28
21.3.4.2 - Jean 20:17c — Va vers mes frères

21.4 - Jean 20:19-23

21.4.1 - Jean 20:19a – Premier jour de la semaine

21.4.2 - Jean 20:19b — Portes fermées et corps ressuscités

21.4.3 - Jean 20:20-21 — Paix vous soit

21.4.4 - Jean 20:22-23 — Il souffla en eux, et leur dit : Recevez l’Esprit Saint

21.4.5 - Jean 20:23 — Remettre ou retenir les péchés

21.5 - Jean 20:24-29 — Thomas

21.5.1 - Jean 20:24-25 — Thomas absent

21.5.2 - Jean 20:26-29 — Thomas huit jours après, le Résidu juif futur

21.6 - Jean 20:30-31 — Interruption du fil du récit

21.6.1 - Croire sans voir

21.6.2 - Ce livre écrit par Jean est inspiré par l’Esprit, au sujet de Christ

21.6.3 - Jean 20:30-31 n’est pas la fin de cet évangile

21.6.4 - Jean 20:30-31 suggéré par le cas de Thomas. Ne pas découper l’évangile selon des
apparences superficielles

21.6.5 - Jean 20:30-31 — Style de Jean. Continuité des ch. 20 et 21

22 - Chapitre 21

22.1 - Lien entre les ch. 20 et 21

22.2 - Jean 21:1-14

22.2.1 - Jean 21:1-6

22.2.2 - Comparaison avec la pêche de Luc 5. La puissance vient toujours du Seigneur

22.2.3 - Image du millénium. Suite de la comparaison avec Luc 5

22.2.4 - Anciennes interprétations, la plupart erronées

250
22.2.4.1 - Augustin et Grégoire le grand
22.2.4.2 - Ceux qui voient dans Jean 21 une image de la résurrection
22.2.4.3 - Ceux qui confondent l’église et le millénium

22.2.5 - Jean 21:7-14

22.2.5.1 - Jean 21:7


22.2.5.2 - Jean 21:8
22.2.5.3 - Jean 21:9
22.2.5.4 - Jean 21:10-11
22.2.5.5 - Jean 21:12-14

22.3 - Jean 21:15-17

22.3.1 - Jean 21:15 — Le premier m’aimes-tu ?

22.3.2 - Jean 21:16 — Le second m’aimes-tu ?

22.3.3 - Jean 21:16 — Les brebis sont celles de Christ

22.3.4 - Jean 21:17 — Le troisième m’aimes-tu ?

22.4 - Jean 21:18-19

22.4.1 - La grâce qui rétablit au-delà de ce qui a été perdu

22.4.2 - La communion des souffrances de Christ et la conformité à sa mort

22.4.3 - la grâce exclut toute possibilité de se vanter

22.4.4 - La mort même de Christ, avec ses souffrances

22.4.5 - Ni héroïsme, ni ascétisme pour le chrétien, mais l’obéissance

22.5 - Jean 21:20-23 — Toi, suis-moi

22.5.1 - Jean 21:20-21 — Pierre questionne sur Jean par affection

22.5.2 - Jean 21:22 — L’énigme

22.5.3 - Jean 21:23 — La tradition égare ; la norme est la Parole de Dieu écrite

22.6 - Jean 21:24-25

251
1 - Introduction
1.1 - Caractères de l’évangile de Jean

Aucun chrétien intelligent ne peut mettre en doute que le quatrième évangile est caractérisé
par la présentation du Seigneur Jésus comme la Parole, le Fils unique, Dieu Lui-même, sur la
terre. Il n’est pas présenté comme le Messie, fils de David et d’Abraham, pourtant en même
temps l’Éternel (Jehovah) d’Israël, et Emmanuel [Matthieu] ; ni encore comme le Fils adonné
au service de Dieu, surtout au service dans l’Évangile [Marc] ; Il n’est pas non plus présenté
comme la Sainte Chose née de la vierge par l’opération miraculeuse du Saint Esprit, et dans
ce sens aussi Fils de Dieu [Luc], — selon qu’Il est présenté dans chacun des autres récits
inspirés respectivement par Matthieu, Marc et Luc. Dans l’Évangile de Jean, Sa nature divine
brille de dessous le voile de chair, quand Il va ici ou là, manifestant toujours le Père dans Sa
personne, dans Ses paroles et dans Ses voies ; puis, une fois remonté au ciel, donnant et
envoyant le Saint Esprit pour être avec et dans les Siens éternellement.

Voilà pourquoi Il est donné à connaître comme Celui qui donne la vie éternelle au croyant,
lequel a droit, en vertu de cette vie nouvelle, de devenir enfant de Dieu. Car il n’est pas
question ici de voies dispensationnelles, ni de témoignage rendu à la créature, ni même des
perfections morales de l’homme Christ Jésus. Tous ces éléments ont la place qui leur convient
ailleurs ; mais ici l’Esprit de Dieu s’occupe d’une tâche plus profonde — la manifestation du
Père dans le Fils, et ce en tant que la Parole faite chair et tabernaclant ici-bas, avec les
conséquences immenses qui en résulte pour toute âme, et même pour Dieu Lui-même, glorifié
à la fois dans les exigences de Son être moral, et dans les profondeurs intimes de Sa relation
comme Père.

On remarque aussi la sagesse divine qui a écrit et donné un tel Évangile à une date
relativement tardive, lorsque l’ennemi cherchait à corrompre et détruire, non pas par des
adversaires Pharisiens ou Sadducéens, ni par les Gentils idolâtres, mais par des docteurs
[enseignants] apostats et antichrétiens. Ceux-ci, armés des plus hautes prétentions en matière
de connaissance et de puissance, sapaient la vérité de la Personne de Christ, à la fois sur le
plan de Sa Déité propre et sur le plan de Son humanité réelle, — tout cela menant l’homme à
la ruine et jetant sur Dieu le déshonneur le plus ingrat et le plus effronté. Aucun témoignage
n’était plus approprié que celui de Jean qui, comme auteur du premier des évangiles, fut un
témoin oculaire, et qui même, si l’on peut dire cela en toute révérence, était plus que tout
autre familier avec le Seigneur Jésus comme homme sur la terre. Néanmoins, il fut plus que
tout autre l’instrument attestant de Sa gloire divine. La portée de ces deux caractères [témoin
oculaire et défenseur de la gloire divine] sur les derniers efforts de Satan, prédominants alors
et dès lors (1 Jean 2:18), est tout à fait évidente et d’une importance extrême. D’un autre côté,
le Seigneur fit face, comme toujours dans Sa grâce, aux efforts de Satan en affirmant plus
complètement « ce qui était dès le commencement », pour la gloire divine, et pour la
clarification, la consolation et l’affermissement de la famille de Dieu — y compris des petits
enfants. Car quelle plus grande sécurité que d’être les objets de l’amour du Père, aimés
comme le Fils a été aimé, Lui-même en eux, et eux en Lui, et d’avoir au moment où Il les
quittait l’assurance de Sa part de la présence à demeure de cet autre Paraclet, l’Esprit Saint ?
— une bénédiction si grande qu’Il déclare que Sa propre absence, tant regrettée, leur serait
avantageuse, afin de leur assurer cette autre présence.

Par conséquent, en même temps que la réalité et la manifestation de la vie éternelle dans
l’homme, en Christ le Fils, il est procédé avec soin à l’abolition complète et nette des relations
252
de l’homme dans la chair avec Dieu, qu’elles soient juives ou autres, et il est montré
clairement à la fois dans l’introduction et à la fin de l’évangile, que les dispensations de Dieu
ne sont pas méconnues, ni non plus la relation de Christ avec elles, — Sa personne, divine
mais pourtant homme, étant le pivot sur lequel tout tourne.

Cela a été en effet une grande bévue des écrivains ecclésiastiques anciens de considérer Jean
comme l’évangéliste qui voyait le Seigneur ou les Siens dans leurs relations célestes ; cela est
aussi erroné que de voir l’aigle (Apoc. 4:7) comme symbole d’une telle chose, même si
Augustin lui-même en a accepté l’idée, qui semble avoir été suggérée en premier par
Victorinus. Mais les théologiens ne sont pas du tout d’accord ; car Irénée pense que Marc est
l’aigle, et Andreas suit cette ligne. Williams, récemment — et il n’est pas seul — a relancé
l’interprétation d’Augustin, qui, de manière étrange, appliquait l’homme à Marc et le bœuf à
Luc, alors que l’inverse aurait au moins été plus plausible. Il y a encore beaucoup d’autres
applications aussi folles, mais elles ne valent guère la peine d’être rapportées.

Car les quatre animaux [ou : « êtres vivants »] d’Apoc. 4, et d’ailleurs, n’ont aucune relation
réelle ni voulue avec les quatre évangiles. Ceux-ci nous présentent la grâce de Dieu apparue
en Christ parmi les hommes, et la rédemption qu’Il a accomplie dans le Messie rejeté. Les
chérubins, au contraire, sont révélés quand le trône en haut prend un caractère judiciaire en
châtiments, — ce qui est une phase préparatoire à la prise en main du royaume du monde par
le Seigneur, et à Son apparition du ciel pour régner. Ils symbolisent les attributs divins par des
figures tirés des têtes de la création. Des analogies ingénieuses, mais superficielles, ne
peuvent prévaloir contre toute la portée morale de ce qui leur est associé, car l’opposition est
aussi forte que celle de la grâce par rapport au jugement.

La vérité caractéristique qu’on ne peut guère ignorer chez Jean, avec quelques légères
exceptions ici et là, c’est Dieu se manifestant dans Son Fils, pourtant homme sur la terre ; non
pas l’homme dans Christ exalté en haut, ce qui est la ligne suivie par l’apôtre Paul, et qu’on
trouve aussi dans les récits inspirés au sujet du Seigneur à la fin de Luc, et même, dans une
certaine mesure, à la fin de Marc. C’est pourquoi, on peut remarquer que la scène de
l’Ascension ne figure pas dans Jean (bien qu’elle y soit abondamment supposée), pas plus que
dans Matthieu, mais pour des raisons entièrement différentes. Car le premier évangile nous
montre le Seigneur dans Sa présentation finale, certes ressuscité, mais conservant Ses liens de
relations avec les disciples et le résidu juif en Galilée, où Il leur donne leur grande mission, et
les assure de Sa présence avec eux jusqu’à la consommation du siècle. Le dernier évangile
nous Le montre réunissant dans Sa personne non seulement la gloire de l’homme ressuscité et
la gloire de Fils de Dieu, le dernier Adam, mais aussi la gloire du Seigneur Dieu, — qui,
comme l’esprit vivifiant souffle dans Ses disciples la respiration d’une vie meilleure en
puissance de résurrection, et là-dessus ce dernier évangile donne une vue mystique du siècle à
venir, avec les places spéciales données à Pierre et à Jean.

C’est donc Dieu sur la terre qui apparaît dans le récit sur notre Seigneur ici, non pas l’homme
glorifié dans le ciel (sauf pour des buts tout à fait spéciaux) comme dans les écrits de Paul.
C’est pourquoi dans le premier chapitre, si remarquable pour la plénitude avec laquelle les
titres de Christ sont placés devant nous, il ne nous est parlé de Lui ni comme sacrificateur, ni
comme tête de l’assemblée — relations qui se rattachent exclusivement à Son exaltation en-
haut et à Son service à la droite de Dieu. Jean présente tout ce qui est divin dans la personne et
l’œuvre de Christ sur la terre ; et puisqu’il nous donne la mise de côté du premier homme sous
sa meilleure forme, il y a aussi par conséquent le besoin absolu de la nature divine pour que
l’homme puisse voir le royaume de Dieu ou y entrer. Ce qui est essentiel et qui demeure

253
découle naturellement de la présence d’une Personne divine se révélant ici bas en grâce et en
vérité.

De plus le caractère de la vérité que le Saint Esprit a en vue exclut évidemment toute
généalogie comme on en trouve dans les évangiles selon Matthieu et Luc, qui suivent la
lignée en descendant depuis Abraham et David, ou en remontant à Adam « qui était [le fils]
de Dieu ». Ici Jean ne donne aucune liste de naissances ; car comment retracer la lignée de
Celui qui, au commencement et avant qu’aucune créature existe, était auprès de Dieu et était
Dieu ? Marc, de son côté, se consacre aux détails de Son service, spécialement Son service
dans l’évangile accompagné par des miracles et signes appropriés (car Il voulait réveiller
l’homme et faire appel aux incrédules selon la patiente bonté de Dieu), et il fut donc conduit,
selon la sagesse du même Esprit qui a conduit Jean, à supprimer toute mention de Sa filiation
terrestre et des débuts de Sa vie sur la terre, et à commencer de suite par Son œuvre, en ne la
faisant précéder que par une brève revue du travail de Son héraut, Jean le baptiseur. C’est
pourquoi, du fait que le Seigneur était le parfait Serviteur, il s’ensuit que le récit parfait qu’en
fait Marc ne mentionne aucune généalogie ; car qui s’intéresserait à la lignée d’un serviteur ?
Ainsi, si Son service semble exclure toute généalogie de Marc, c’est Sa Déité, en tant que
vérité primordiale, qui rend toute généalogie impropre au but de l’Esprit par Jean. Ce n’est
qu’à partir de tous les quatre évangélistes que nous recevons la vérité dans la plénitude de sa
variété : C’était la seule manière pour Dieu de pouvoir nous révéler de manière adéquate notre
Seigneur Jésus Christ. Dans les évangiles, Il nous est donné de voir non seulement nos
besoins, mais l’amour divin et la gloire divine.

1.2 - Sommaire du contenu de l’évangile de Jean

Le contenu de cet évangile peut être plus facilement appréhendé par le sommaire qui suit (*).
Les chapitres 1-4 précèdent le ministère en Galilée de notre Seigneur donné par les trois
évangiles synoptiques. Jean le héraut baptisait encore, et était encore libre (3:23-24), tandis
que le Seigneur était en route pour la Galilée (ch. 4) à travers la Samarie. Jean 1 à 2:22 est un
préliminaire, Jean 1:1-18 étant la préface merveilleuse et appropriée à Sa gloire personnelle,
vue tout au long du chapitre. Ensuite, dans les versets 19-43, on a le témoignage de Jean
historiquement, non seulement un témoignage à d’autres au sujet de Jésus, mais un
témoignage rendu à Lui-même, avec le fruit de ce témoignage. À partir du verset 44, Christ
appelle individuellement et rassemble, tandis qu’Il passe de la vérité de Sa position comme le
Christ selon le Psaume 2 à la gloire plus vaste et plus élevée de Fils de l’homme selon le
Psaume 8. Puis nous avons en Jean 2:1-22 les noces de Cana de Galilée, qui manifestent Sa
gloire, et Son exécution du jugement dans la purification du temple, comme ressuscité d’entre
les morts.

(*) Voir « L’inspiration par Dieu des Écritures » (Dessein divin, § 31. Jean), pages 347-357
de l’édition anglaise]

À partir de Jean 2:23 il nous est montré l’impossibilité pour Dieu de se fier à l’homme tel
qu’il est, et en Jean 3 la nécessité d’être né de nouveau pour voir ou entrer dans le royaume de
254
Dieu, même sous son côté terrestre. La croix du Fils de l’homme n’en est pas moins
nécessaire ; mais le Fils unique de Dieu est donné dans Son amour pour sauver le monde.
Seulement la foi en Son nom est indispensable. Il ne s’agit pas d’une accusation de violation
de la loi, mais il s’agit de la lumière venue et haïe, les œuvres des hommes étant mauvaises.
Jean, l’ami de l’Époux, se réjouit d’être éclipsé par la gloire de Celui qui vient du ciel et est
au-dessus de tout, de Celui qui est non seulement l’Envoyé avec les paroles de Dieu, mais le
Fils de Son amour entre les mains duquel le Père a mis toutes choses. C’est pourquoi, croire
en Lui, c’est avoir la vie éternelle ; Lui désobéir dans l’incrédulité, c’est avoir la colère de
Dieu demeurant sur soi. Voilà l’introduction.

Jean 4, c’est le Fils de Dieu s’humiliant en grâce pour attirer à Dieu une Samaritaine rejetée,
pour qu’elle L’adore, Lui et le Père, en esprit et en vérité, — Jérusalem étant maintenant finie,
tandis que sa rivale [Samarie] n’était rien. Car Il est le Sauveur du monde. Et encore, le
courtisan de Capernaüm prouve que sa foi dans le Sauveur à l’égard de son fils malade n’avait
pas été vaine, quoiqu’elle fût sous une forme juive. Le Sauveur ne méprise pas la foi faible.

Jean 5 nous montre Jésus le Fils de Dieu, qui ne se borne pas à guérir, mais qui vivifie les
âmes mortes qui L’écoutent maintenant, et qui ressuscitera pour une vie de résurrection à Sa
venue — tandis que ceux qui n’écoutent pas et vivent dans le mal, Lui le Fils de l’homme les
ressuscitera en résurrection de jugement. Les bases de la foi sont ensuite ajoutées dans le reste
du chapitre.

En Jean 6, le signe du pain qu’Il a donné à la grande foule introduit l’enseignement sur Lui-
même : incarné, Il est le vrai Pain descendu du ciel ; dans la mort, Sa chair est la vraie
nourriture et Son sang le vrai breuvage ; tout cela est suivi de Son ascension. Il est ainsi
l’objet de la foi, comme Il était Celui qui vivifie au chapitre précédent.

De là, Jean 7 nous dévoile Son envoi du Saint Esprit d’auprès de Lui en gloire, avant que la
fête des tabernacles soit littéralement accomplie. Voilà la puissance pour témoigner, comme
en Jean 4 pour adorer. Dans ces quatre chapitres, le Seigneur est établi comme étant Lui-
même la vérité dont Israël avait eu les formes.

Dans Jean 8 et Jean 9 respectivement, Sa parole et Son œuvre sont rejetées de manière
absolue. Néanmoins, les brebis, qui reçoivent l’une et l’autre pour leur bénédiction, non
seulement Il les garde, mais Il les conduit en dehors de la bergerie pour être mieux encore, un
seul troupeau et un seul Berger. Rien ne peut nuire. Elles sont dans la main du Père et dans
celle du Fils (Jean 10).

Jean 11 et Jean 12 nous donnent le témoignage rendu à Christ comme Fils de Dieu en
puissance de résurrection, comme Fils de David selon la prophétie, et comme Fils de l’homme
introduisant par Sa mort une gloire nouvelle, infinie et éternelle, que Ses cohéritiers doivent
partager avec Lui.

De Jean 13 à Jean 17 la position du Seigneur dans les cieux est dévoilée, ainsi que ce qu’Il est
dès lors pour nous dans cette position — une chose entièrement nouvelle pour les disciples
qui s’attendaient au royaume ici et maintenant. Il est notre Avocat (1 Jean 2:1), et lave par la
Parole nos pieds souillés dans le chemin ; quand Judas est sorti, Il expose Sa mort comme Le
glorifiant moralement, en glorifiant Dieu de toute manière, et Sa glorification en Lui comme
conséquence immédiate. Mais (Jean 14) il va recevoir les Siens auprès de Lui dans la maison
du Père : c’est l’espérance chrétienne proprement dite. En attendant Christ promet un autre

255
Avocat, ou Paraclet, pour demeurer avec eux et être en eux éternellement : Il est la puissance
actuelle du christianisme, et travaille à former l’obéissance du chrétien. Dans Jean 15, nous
avons la position chrétienne sur la terre en contraste avec le judaïsme. Ce n’est pas l’union,
mais la communion avec Christ pour porter du fruit, et rendre témoignage à Sa gloire : il est
question de gouvernement moral plutôt que de grâce souveraine. Jean 16 traite de la présence
de l’Esprit, ce qu’elle prouve au monde, et comment Il s’occupe des croyants qui demandent
maintenant au Père au nom de Christ. Jean 17, où Christ s’épanche auprès du Père, nous
donne notre place auprès de Lui, et en dehors du monde, dans une unité passée, présente et
future, à la fois un privilège dans le ciel avec Lui bientôt, et notre merveilleuse bénédiction
déjà maintenant.

Jean 18 et Jean 19 dépeignent de manière caractéristique les scènes finales de Ses divers
simulacres de procès après Sa reddition volontaire, et l’expérience humiliante de Ses
disciples ; puis la mort de la croix, et ses fruits, ainsi que le témoignage du disciple bien-aimé,
à qui Il confie Sa mère. Jean 20 présente Christ ressuscité, Son message par l’intermédiaire de
Marie de Magdala, et Sa manifestation aux disciples rassemblés le jour de la Résurrection, et
huit jours après à Thomas, type d’Israël qui voit pour croire. Jean 21 ajoute l’image mystique
de l’âge millénaire, quand les Gentils se mettent à appartenir à Christ, et que le filet ne se
rompt pas comme par le passé. En annexe, nous avons Pierre restauré et rétabli, avec
l’assurance que dans la faiblesse de l’âge la grâce le fortifierait pour mourir pour son Maître,
qu’il avait manqué de glorifier de cette manière, au jour où il avait davantage la confiance en
soi de la jeunesse. Jean est laissé avec une apparence non moins mystérieuse, bien qu’il ne
soit pas dit qu’il ne mourrait pas, mais la question est laissée en suspens : « Si je veux qu’il
demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? Toi, suis-moi ». Nous savons ainsi que la
même plume, que Dieu a employée pour présenter le Fils de Dieu dans Sa gloire personnelle
et dans Sa grâce ineffable, devait nous donner, après l’élévation dans les lieux célestes en
haut, le tableau du gouvernement divin qui à la fin donnera à Christ et aux disciples la charge
du royaume du monde, — au jour où Il sera le centre manifeste de toute gloire, céleste et
terrestre. C’est ce que nous trouvons, et plus encore, dans l’Apocalypse.

2 - Chapitre 1
2.1 - Jean 1:1-5

2.1.1 - Jean 1:1 — La Déité

« Au commencement était la Parole ; et la Parole était auprès de Dieu ; et la Parole était
Dieu » (1:1). La Parole, l’expression de la Déité, a une existence éternelle, une personnalité
distincte et la Déité propre, non pas simplement Θειότης (Rom. 1:20 ; « divinité »), mais
Θεότης (Col. 2:9 ; « Déité »). Nous voyons Celui qui était avant que le temps commence. Ce
n’est même pas le début de la création, mais antérieurement, quand la Parole était auprès de
Dieu avant que toutes choses soient faites par Lui. Regardez en arrière, si c’est possible, avant
la création, la Parole était — non pas έγένετο = existait, comme quelqu’un qui eût commencé
à être, mais ήν, était, la Parole incréée — oui, le Créateur. De plus, Il « était auprès de Dieu »,
non pas exactement auprès du Père comme tel ; car l’Écriture ne parle jamais d’une telle
corrélation. « La Parole était auprès de Dieu ». Le Père, le Fils et le Saint Esprit étaient là ;
mais la Parole était auprès de Dieu, « et la Parole était Dieu ». Il (Elle) n’était pas une

256
créature, mais essentiellement Divin, bien qu’Il ne fût pas seul à être Divin. D’autres
personnes étaient là dans la Déité.

2.1.2 - Jean 1:2

« Elle était au commencement auprès de Dieu » (1:2) ; non pas à une date ultérieure, mais
« au commencement », quand aucune créature n’avait commencé à exister. Pour cette vérité
nous sommes entièrement redevables à Dieu. Qui pouvait parler de choses pareilles sinon
Dieu ? C’est Lui qui se sert de Jean pour écrire, et tout ce qu’Il dit est implicitement digne de
foi. La Parole « était au commencement auprès de Dieu ». Sa personnalité était éternelle, tout
autant que Sa nature et Son être. Il n’était pas une simple émanation, selon le rêve des Indo-
Aryens dans leur forme de pensée la plus ancienne que nous connaissions. Car alors Dieu ne
serait pas vraiment suprême ni libre, mais soumis à des restrictions nécessairement
incompatibles avec la souveraineté, et tendant toujours vers ce panthéisme qui, faisant de
l’univers Dieu, nie le seul vrai Dieu. Dans cette manière de penser, Il serait simplement Tad
(ou : That), une énergie abstraite, qui ne se suffirait pas à elle-même, mais attendrait
ardemment d’autres pour pouvoir émaner : Brahma, Vishnou et Shiva, le Créateur, le
Préservateur et le Destructeur. Dans le système hindou développé plus tard, du fait que la
divinité se ramenait, dans leur imagination, à des émanations, l’univers également était, de
manière panthéiste, une émanation plutôt qu’une création formée par la volonté, la puissance
et le dessein divins. Tout est des flux et de l’illusion. Quel contraste entre sa Triade et la
Trinité — le Père, et le Fils et le Saint Esprit, un seul Dieu ! Et ses Avatars, même celui de
Krishna, dont la légende naquit tardivement, combien ils sont loin de l’Incarnation ! Dans
celle-ci Dieu et l’homme sont unis pour toujours en une seule Personne, qui, par Sa mort, est
le Réconciliateur de toute la création, céleste et terrestre, et de ceux qui par grâce doivent
régner avec Lui sur toutes choses à la gloire de Dieu le Père (*).

(*) « Je ne peux faire autrement que de considérer Jean 1:2 comme la mise de côté frappante
et complète de la distinction Alexandrine et patristique de λόγος ένδιάθετος [parole résidant
dans l’esprit] et λόγος προφορικός [parole proférée]. Certains des premiers pères grecs, de
platonisme, considéraient que le λόγος avait été conçu dans la pensée de Dieu dès l’éternité, et
seulement énoncé, pour ainsi dire, dans le temps. Cela a donné prise aux Aryens qui, comme
d’autres incrédules, cherchent avidement les traditions des hommes. L’apôtre affirme ici, par
le Saint-Esprit, la personnalité éternelle de la Parole auprès de Dieu » (« Conférences sur les
Évangiles », p. 409, note).

2.1.3 - Jean 1:3 — Création

Puis, comme si c’était une communication rajoutée après coup, il nous est dit que « Toutes
choses furent faites par elle, et sans elle pas une seule chose ne fut faite de ce qui a été fait »
(1:3). La Parole n’a pas été faite, mais c’est Lui, la Parole, qui a tout fait (*). La Parole est le
Créateur de tout ce qui a eu une existence dérivée. Il (Elle) a tout créé. Aucune créature n’a
reçu l’existence en dehors de Lui. La Parole était l’agent. S’il n’avait pas été Dieu, cela aurait
été pour Lui une tâche impossible. S’Il n’avait pas été « au commencement auprès de Dieu »,

257
la création n’aurait pas pu Lui être attribuée en aucune manière particulière, à Lui la Parole
éternelle. Mais la création est ici affirmée comme étant Son œuvre, non pas seulement d’une
manière positive, mais sans exception pour aucune créature. Ainsi, en Colossiens 1:16-17 il
nous est dit que « par (έν, en vertu de) Lui ont été créées toutes choses, les choses qui sont
dans les cieux et les choses qui sont sur la terre, les visibles et les invisibles, soit trônes, ou
seigneuries, ou principautés, ou autorités : toutes choses ont été créées par Lui et pour Lui ; et
Lui est avant toutes choses, et toutes choses subsistent (ou : sont maintenues ensemble) par
(έν) Lui ». Quelles preuves répétées et irréfutables de la Déité ! (**)

(*) On a prétendu qu’implicitement, le mal lui-même (et non pas toute matière seulement) a
été fait par la Parole. Je pense que cette idée est non seulement malheureuse, mais elle mérite
d’être réprouvée. C’est de la fausse philosophie, de l’Hégélianisme, même si beaucoup de ses
tenants s’opposent à Hegel. Le mal n’a rien à faire avec la création, sauf qu’il est en
contradiction avec elle. La question maintenant n’est pas celle du mal au sens de châtiment
physique ; car celui-ci est avant tout envoyé par Dieu. Mais le mal moral dans un être
quelconque est en contradiction avec la relation dans laquelle Dieu a placé cet être. Il n’est
donc ni en Dieu ni de Dieu, étant l’échec par rapport à ce qui existait auparavant comme fruit
du plaisir de Dieu, qui néanmoins le permet en vue du gouvernement et de la rédemption.
Ainsi des anges ont abandonné leur premier état (Jude 6). Satan n’a pas persévéré dans la
vérité (8:44), et Adam est déchu de son innocence originelle. Il n’y a là nullement une
limitation de la puissance divine ; mais, au contraire, l’erreur que je combats limite Sa bonté
ou Sa vérité. Il est impossible qu’en Dieu ou de la part de Dieu, il y ait le contraire de ce qu’Il
est : or Il est bon, Lui seul ; dans la créature, il peut facilement y avoir, et il y a, le contraire de
ce que Dieu est, là où la création n’est pas soutenue par Dieu, ni délivrée par Sa grâce.

(**) Voir « Notes sur Colossiens », p 19-21.

Chacun de ces passages nous donne un enseignement précis de la plus haute importance.
Genèse 1 ne commence qu’avec Jean 1:3, même si les versets 1 et 2 de Gen. 1 concernent des
états de la création antérieurs à Adam sans précision de temps. Aucune écriture ne nous donne
des informations aussi complètes sur les détails qui suivirent dans le temps. Ce qui était avant
la création est complètement omis par Moïse. Jean 1:1-2 nous montre l’éternité avant la
création, ainsi que la création elle-même (1:3) dans des termes tout à fait précis.

2.1.4 - Jean 1:4 — Source de vie

Mais il y a bien plus que la puissance d’un Être éternel ; car nous en venons maintenant à une
chose plus élevée et plus intime : non pas à ce qui a été amené à l’existence par Lui, mais à ce
qui était en Lui. « Lui est le Dieu véritable et la vie éternelle » (1 Jean 5:20). « En elle [la
Parole] était la vie » (*) (1:4a). La seule vie notée ici est celle qui, étant éternelle, est capable
de connaître, de jouir, de servir et d’adorer Dieu, — celle qui est appropriée à Sa présence, et
qui doit y être pour toujours. Les croyants ont la vie ; mais la vie est dans le Fils : non pas en
eux, mais en Lui. Ici cependant on ne dépasse pas la source de la vie en Lui ; la
communication de la vie suivra bientôt, en temps voulu. L’Esprit est occupé par le caractère

258
de Sa personne. Il ajoute seulement à ce moment-là l’annonce très intéressante : « et la vie
était la lumière des hommes » (1:4b). Ce ne sont pas les anges, mais les hommes qui étaient
l’objet en vue. Il ne dit pas la vie, mais la lumière des hommes. La vie n’était que pour ceux
qui croient en Son nom ; la lumière va bien au-delà. Ce qui manifeste tout, c’est la lumière
(Éph 5:13). Ainsi, en Proverbes 8, la belle introduction de la Sagesse (que l’Éternel possédait
au commencement de Sa voie, avant Ses œuvres d’ancienneté, 8:22), Ses délices tout autant
que les délices de la Sagesse étaient avec les fils des hommes (Prov. 8:31).

(*) L’arrangement des versets 3, 4, que Lachmann, Tregelles, et Westcott et Hort [« Notes sur
des leçons choisies » p 73 et suiv.] préfèrent (en partie à cause de l’absence de ponctuation
dans certains manuscrits très anciens, en partie parce que certaines copies, versions, et pères le
prennent expressément ainsi), est ό γέγονεν έν αύτώ ζωή ήν [ce qui a été en elle, était la vie].
Il en est ainsi dans les manuscrits A C D G L, Vulgate, etc.. Mais avec Tischendorf et d’autres
[comme Weiss et Blass], je décide catégoriquement pour une virgule ou un point après
γέγονεν, et je commence une nouvelle phrase avec έν αύτώ ζωή ήν. Il y a un contraste voulu
entre ce qui a été créé ou amené à l’existence par la Parole d’une part, et la vie en Elle (Lui)
d’autre part ; ce contraste est perdu quand la nouvelle phrase commence par ό γέγονεν. N’est-
ce pas une fausse doctrine de réduire ainsi la vie dans la Parole ? De plus ce n’est pas
conforme au caractère des écrits de Jean, si même c’est correct grammaticalement, de prendre
γέγονεν έν αύτώ [a été en elle, ou : a existé en elle] comme « fait par elle ». Et encore, cette
vie, ce qui signifierait l’univers vivant (ce qui est déjà en soi une phrase étrange, non
scripturaire, et dépourvue de sens), doit alors être la lumière des hommes, contrairement à
l’enseignement exprimé formellement juste après, que la Parole était la lumière à titre
exclusif. D’un autre côté, la phrase telle qu’on la prend d’habitude, est en parfaite harmonie
avec le style de l’évangéliste ailleurs, comme le Doyen Alford l’a souligné.

— Note Bibliquest : Carrez et le Nouveau Testament en français courant découpent les v. 3 et


4 comme ce que critique W.Kelly. La TOB, par contre, découpe comme WK.

2.1.5 - Jean 1:5 — la lumière luit dans les ténèbres, les ténèbres ne l’ont pas comprise

Mais les hommes étaient dans une condition déchue, et éloignés de Dieu ; et il est donc
indiqué ici que l’obscurité qui régnait était pire que les ténèbres qui couvraient l’abîme avant
le commencement de l’œuvre des six jours. « Et la lumière luit dans les ténèbres ; et les
ténèbres ne l’ont pas comprise » (1:5).

Les ténèbres ne sont ni la mère de tout, comme disent les païens, ni un Démiurge malin,
l’adversaire inlassable du bon Seigneur de lumière. Les ténèbres sont vraiment l’état moral de
l’homme, de l’homme déchu ; elles sont la négation de la lumière, et elles diffèrent totalement
de la réalité physique, en ce qu’elles-mêmes ne sont pas affectées par la lumière. La grâce
seule, comme nous allons le voir bientôt, peut agir efficacement contre cette difficulté.

On peut remarquer ici que Jean ne parle pas de la vie dans l’absolu, mais de la vie dans la
Parole, et c’est cette vie qui est affirmée être la Lumière des hommes. Elle exclut tout autre
objet — en tout cas la proposition ne va pas au-delà des hommes. Ainsi en Colossiens 1,
Christ est dit être l’image du Dieu invisible, qui, ici seulement, est révélée à la perfection dans

259
l’homme et aux hommes. Il est la lumière des hommes, et il n’y en a pas d’autre : car si
l’homme a ce que l’écriture appelle la lumière, il ne l’a que dans la Parole, qui est la vie. Sans
contredit Dieu est lumière, et en Lui il n’y a pas du tout de ténèbres (1 Jean 1:5) ; or Il habite
la lumière inaccessible, et aucun des hommes ne L’a vu, ni ne peut Le voir (1 Tim. 6:16). Il
n’en est pas ainsi de la Parole selon ce que nous lisons. « Et la lumière luit dans les ténèbres ;
et les ténèbres ne l’ont pas comprise ». Notez la précision frappante des phrases. La lumière
apparaît dans les ténèbres — voilà sa nature ; « elle luit », non pas « elle luisait » ; tandis que
la forme abstraite est changée en expression historique quand il nous est dit que les ténèbres
ne l’ont pas comprise.

Ainsi, nous avons eu la déclaration de l’Esprit au sujet de la Parole, en relation d’abord avec
Dieu, puis avec la création, enfin avec les hommes ; et nous avons eu une phrase solennelle
sur l’état moral des hommes en rapport avec la lumière, et non pas seulement en rapport avec
la vie.

2.2 - Jean 1:6-8 — Jean rendant témoignage de la lumière

Il nous est ensuite présenté Jean envoyé par Dieu pour rendre témoignage de la lumière. « Il y
eut un homme envoyé de Dieu ; son nom était Jean. Celui-ci vint pour [rendre] témoignage,
pour rendre témoignage de la lumière, afin que tous crussent par lui. Lui n’était pas la
lumière, mais pour rendre témoignage de la lumière » (1:6-8).

Dieu, qui est amour, était actif dans Sa bonté pour attirer l’attention sur la Lumière ; car les
besoins de l’homme étaient profonds. C’est pourquoi il y eut un homme envoyé par Lui ; il
s’appelait Jean. Comme il nous est dit ailleurs, il était la lampe ardente et brillante (5:35) (ό
λύχιος) ; mais la Parole était la Lumière (τό φως) concernant Celui à qui Jean venait rendre
témoignage. Car sa mission n’est vue ici ni en relation avec la loi ni en relation avec un but
légal, mais en relation avec la Lumière (c’est pourquoi sa portée dépasse de loin Israël) afin
qu’il pût témoigner de la Lumière, afin que tous crussent par lui. C’est une question de foi
personnelle dans le Seigneur, non pas simplement d’exhortation morale à la multitude, aux
collecteurs d’impôts, aux soldats, ou autres, comme dans l’évangile de Luc. Toute écriture est
parfaite, et parfaitement adaptée au propos divin de glorifier Jésus.

2.3 - Jean 1:9 — La lumière qui éclaire tout homme

La Lumière est ici l’objet du dessein de grâce de Dieu. Jean n’est qu’un instrument et un
témoin ; lui n’était pas la Lumière, mais il était envoyé afin de pouvoir témoigner de la
Lumière. « La vraie Lumière était celle (ou : Il était la vraie Lumière), qui, venant dans le
monde, éclaire tout homme » (1:9), ce qui exclut le Philonisme et le Platonisme, comme nous
l’avons vu plus haut au sujet de la matière éternelle et du manichéisme. La loi s’occupait de
ceux qui étaient sous elle, c’est-à-dire Israël ; la lumière, en venant dans le monde — un point
cardinal dans l’enseignement de l’apôtre (1 Jean 1:1-4 ; 2:8, 14, etc.) — répand sa lumière sur
tout homme. Venir, ou venu au monde est une expression utilisée par les rabbins pour la
naissance d’un homme, et c’est justement pour cette raison que ce ne serait absolument
qu’une tautologie si on considérait « venant dans le monde » comme une apposition avec π.

260
άνθρ. c’est-à-dire « tout homme » (*). Cette expression qualifie le rapport, et affirme que, en
tant qu’incarnée, la vraie lumière éclaire tout homme, c’est-à-dire répand sa lumière sur lui.

(*) Il semble n’y avoir aucune force à prendre ήν avec έρχόμενον comme équivalent d’un
« venu » imparfait, même si une proposition indépendante telle que ό φ. π. άνθρ. peut
légitimement s’intercaler entre le verbe et le participe, ce dont on n’a encore aucun exemple,
pour autant que je sache — Marc 2:18 (que Lücke avance et qu’Alford approuve) n’est en
aucune manière parallèle. Mais s’il en était ainsi, en quoi est-il approprié de nous dire dans ce
prologue merveilleux (où chaque phrase courte, et même chaque mot, regorge de la plus
profonde vérité), que la vraie Lumière qui éclaire tout homme était en train de venir dans le
monde (non pas en train de se manifester Elle-même, ce qui est une tout autre pensée) ?
D’autre part, la construction donnée dans la Version Autorisée [« … la vraie Lumière qui
éclaire tout homme qui vient dans le monde »], bien qu’attestée par des traductions anciennes,
occidentales et orientales, et même par des pères grecs, ne semble réellement pas acceptable.
Il faudrait l’article avec έρχόμενον. Le participe sans article ne veut pas dire « qui vient »,
mais « en tant que venant » ou « en venant », ce qui ne peut avoir aucun sens propre en
relation avec άνθρωπον (hommes). Car combien serait étrange la doctrine qui en résulte, que
tout homme en venant dans ce monde de ténèbres a ou reçoit la lumière de Christ ! Avec ό on
a une vérité capitale, qui anéantit, et non pas suggère, l’idée Quaker. Car c’est la Parole dans
sa propre nature, non pas une lumière intérieure, qui se répand sur tout homme. Elle (Lui)
seule, en venant ici-bas, est la vraie Lumière pour l’homme, et la répand sur tous, petit ou
grand, Juif ou Grec. C’est comme la lumière du soleil pour toute l’humanité, mais d’une
manière spirituelle.

2.4 - Jean 1:10-13

2.4.1 - Jean 1:10-11 — Pas connu, pas reçu, rejeté

Cependant, du fait de l’opposition de nature, le résultat en soi est, et ne peut être, que la
condamnation ; car il a été dit : « Il était dans le monde, et le monde fut fait (ou : amené à
l’existence) par Lui ; et le monde ne L’a pas connu. Il vint chez soi ; et les siens ne L’ont pas
reçu. Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il leur a donné le droit d’être enfants de Dieu, [savoir] à
ceux qui croient en son nom ; lesquels sont nés, non pas de sang, ni de la volonté de la chair,
ni de la volonté de l’homme (άνδρός), mais de Dieu » (1:10-13).

Quelle infinie condescendance pleine d’amour que Lui, la Parole éternelle, la vraie Lumière,
soit dans le monde — le monde qui Lui devait son existence ! Quelle ignorance épaisse que
celle du monde, de ne pas Le connaître, Lui son créateur ! Il y avait un endroit sur terre qu’il
Lui plaisait de considérer comme le Sien propre (τά ίδια) : c’est là qu’Il est venu, et les Siens
(οί ίδιοι) [ou : Son propre peuple] ne L’a pas reçu (il n’est pas dit qu’il ne L’a pas connu, mais
qu’il ne L’a pas reçu) ! C’était un rejet, et non pas de l’ignorance.

2.4.2 - Jean 1:12-13 — Le droit d’être enfant de Dieu

261
Ceci ouvrait la voie à la manifestation de quelque chose de nouveau : des hommes issus du
monde ruiné séparés en vue d’une relation nouvelle et incomparablement plus proche avec
Dieu, auxquels ayant reçu Christ (car il n’est pas question de « tout homme » ici), Il donne le
droit d’entrer dans la position d’enfant de Dieu, savoir à ceux qui croient en Son nom. Ce
n’est pas une simple position extérieure honorifique, dans laquelle la souveraineté peut choisir
de faire entrer, de manière à maintenir par l’adoption le nom de famille et la grandeur. Il s’agit
d’une véritable communication de la vie et de la nature, un lien vivant par naissance. Ils
étaient [et : sont] τέκνα Θεου, enfants de Dieu. Ce n’est pas qu’ils aient été meilleurs que
d’autres. Ils étaient autrefois étrangers, et ennemis quant à leur entendement et dans les
mauvaises œuvres (Col. 1:21). Ils ont cru au nom de Christ, ils sont nés de Dieu. Cela a été
une oeuvre de la grâce divine par la foi. En recevant la Parole, ils étaient nés de Dieu.
L’engendrement naturel quel qu’il soit, l’effort personnel, l’influence d’autrui même de haut
niveau, tout cela n’a aucune place ici.

2.4.3 - Distinction enfants / fils

Jean ne décrit nulle part les croyants comme υιοί (fils) mais comme τέκνα (enfants), car son
sujet, c’est la vie en Christ plutôt que les conseils de Dieu par la rédemption. Inversement
Paul (comme dans Rom. 8), nous appelle tantôt υίούς (fils) tantôt τέκνα Θεου (enfants de
Dieu), parce qu’il met aussi bien en avant d’une part la position élevée qui nous est donnée
aujourd’hui en contraste avec la servitude sous la loi, et d’autre part l’intimité de notre
relation en tant qu’enfants de Dieu. Par ailleurs, il est remarquable que Jésus ne soit jamais
appelé τέκνον = enfant (bien que comme Messie, il est qualifié de παις, ou Serviteur), mais
υίός. Il est le Fils, le Fils unique qui est dans le sein du Père, mais non pas τέκνον comme s’Il
était né de Dieu comme nous. Ainsi, τέκνα (enfants) est un nom de relation très proche, mais
dérivée. C’est tout à fait confirmé par la déclaration de Jean, qui suit immédiatement :
« lesquels sont nés… de Dieu ». C’est ce qu’on trouve partout ailleurs, en dépit de la Version
Autorisée, qui traduit à tort τέκνα par « fils » dans 1 Jean 3. Ils croient en Son nom, d’après la
manifestation de ce qu’est la Parole. Toute source propre à la créature est exclue, et toutes les
relations précédentes sont closes et terminées ; une nouvelle race est introduite. C’était des
hommes bien sûr, et ils ne cessaient pas d’être des hommes en fait ; mais ils sont nés de
nouveau spirituellement, nés de Dieu au sens le plus vrai, participants de la nature divine (2
Pierre 1) en ce sens que leur nature découle de leur nouvelle vie provenant de Dieu.

2.4.4 - Christ est notre vie

La vie, comme on peut toujours l’observer tout au long des écrits de Jean et de Paul, est
entièrement distincte de la simple existence. C’est la possession de ce caractère divin de
l’être, qui dans le Fils n’a jamais eu de commencement, car Il était la vie éternelle qui était
auprès du Père et qui nous a été manifestée. Il est notre vie ; parce qu’Il vit, nous aussi nous
vivons. Cela est vrai en Lui et en nous : en lui de manière essentielle, en nous de manière
dérivée par grâce ; il n’en est pas ainsi au point que nous soyons indépendants de Lui, ne
serait-ce qu’un instant, mais nous avons la vie en Lui. Et encore, nous avons la vie
maintenant ; nulle part il est enseigné que nous serons nés de Dieu, mais uniquement que,
comme croyants, nous le sommes. Distinguer « engendrés » aujourd’hui, par opposition à
« nés », est faux, absurde, et sans l’ombre d’un passage de l’Écriture pour le justifier.

262
2.5 - Jean 1:14-18 — L’Incarnation

2.5.1 - Jean 1:14 — Devenu chair, une gloire comme d’un fils unique d’auprès du Père

De la révélation de la Parole dans Sa nature intrinsèque, nous passons maintenant à Sa


manifestation effective comme homme ici-bas. L’Incarnation est placée devant nous, la pleine
révélation de Dieu à l’homme et dans l’homme. « Et la Parole devint chair, et tabernacla
[habita] au milieu de nous (et nous vîmes sa gloire, une gloire comme d’un fils unique
d’auprès du Père), pleine de grâce et de vérité » (1:14). Ici ce n’est pas ce que la Parole était,
mais ce qu’Il (Elle) est devenu. Il était Dieu ; Il devint chair et habita parmi nous, plein de
grâce et de vérité.

Ce n’était pas une vision passagère, aussi importante soit-elle, comme sur la montagne sainte.
C’était une contemplation de Sa gloire accordée à Ses témoins, non pas celle d’un conquérant
terrestre, ni même messianique, mais la gloire d’un fils unique d’auprès (παρά) d’un père.
Aucune épée ne ceint ses reins, pas de chevauchée vers la victoire, pas de choses terribles en
justice : la Parole incarnée habita parmi nous, pleine de grâce et de vérité. Tel est Celui qui
était au commencement et dès le commencement, et qui a été connu comme tel. Il était sans
aucun doute le Roi, mais n’est pas dépeint de cette manière ici. Il est infiniment plus que Roi,
Dieu Lui-même, et Dieu sur la terre, homme habitant parmi les hommes, plein de grâce et de
vérité. Dieu ne pouvait être manifesté que de cette manière, hormis en jugement ce qui
n’aurait laissé aucun espoir, mais n’aurait fait que détruire définitivement, sur-le-champ et
sans réserve. Or Il était venu pour un but infiniment différent, comme ce passage le déclare,
au temps propre et en connaissant et ressentant parfaitement le mal universel de l’homme. Il a
« tabernaclé » au milieu de nous, plein de grâce et de vérité. Ce n’était pas une simple visite
ou une théophanie [manifestation], comme dans les expériences de l’Ancien Testament. C’est
ainsi qu’Il manifesta ici-bas Dieu qui est amour. Mais la grâce est plus que cela ; c’est
l’amour au milieu du mal, l’amour qui s’élève au-dessus du mal, descendant en dessous, et le
surmontant par le bien.

2.5.2 - Plein de grâce et de vérité

Tel était Jésus, séjournant sur la terre, et en même temps plein de vérité ; car autrement la
grâce n’aurait plus été la grâce, mais une imitation grossière, et très ruineuse tant pour Dieu
que pour l’homme. Jésus n’était pas ainsi, Il était plein de grâce et de vérité aussi, et dans cet
ordre. Car la grâce introduit la vérité, et rend les âmes capables de recevoir la vérité et de la
supporter, elles-mêmes, comme pécheurs, étant jugées par la vérité. Lui, et Lui seul était plein
de grâce et de vérité. Il vint pour les faire connaître, pour faire connaître Dieu Lui-même de
cette manière. Car comme la grâce est l’activité de l’amour divin au milieu du mal, ainsi la
vérité est la révélation de toutes choses telles qu’elles sont réellement, depuis Dieu Lui-même
et Ses voies et Ses conseils jusqu’à l’homme et toutes ses pensées et ses sentiments, ainsi que
la parole et l’œuvre de l’homme, — et notamment la révélation de toute action invisible en
bien ou en mal dans tous les temps, et dans toute l’éternité (*). C’est ainsi qu’Il habita parmi
nous, plein de grâce et de vérité.

263
(*) Voir plus loin l’exposé sur Jean 14:6.

2.5.3 - Jean 1:15 — Jésus présenté au monde par Jean le baptiseur

Dieu n’a pas manqué de Lui rendre ainsi témoignage. « Jean rend témoignage de Lui, et a
crié, disant : C’était Celui-ci duquel je disais : Celui qui vient après moi prend place avant
moi ; car Il était avant moi » (1:15). Jean est introduit de manière très frappante, avec son
témoignage, dans chacune des grandes divisions de ce chapitre. Précédemment, c’était pour la
révélation abstraite de la Lumière. Ici c’est pour Sa présentation effective au monde, et
comme c’est historique, nous avons ainsi ce que Jean crie, non pas simplement une
description comme précédemment. Il dit : « C’était Celui-ci duquel je disais », etc. La venue
de Jésus après Jean ne faisait pas déroger à Sa gloire, bien au contraire. Aucun prophète plus
grand que Jean le baptiseur n’a été suscité d’entre ceux qui sont nés de femmes (Matt. 11:11).
Mais Jésus est Dieu. S’il Lui a plu de venir après Jean dans le temps, Il était devenu
incomparablement avant lui quant à la position et au titre ; oui, Il était vraiment avant lui,
mais seulement parce qu’Il est divin.

2.5.4 - Jean 1:16 — Nous avons reçu et grâce sur grâce

Le verset 15 semble être une parenthèse, bien qu’elle soit riche d’enseignement. Mais la ligne
directe de la vérité se poursuit en sautant de la fin du v. 14 au début du v. 16 : « pleine de
grâce et de vérité… car, de sa plénitude, nous tous nous avons reçu, et grâce sur grâce ».
Voilà une vérité étonnante ! Il est le don et le Donateur : plein de grâce et de vérité ; et de Sa
plénitude nous avons tous reçu (*). Telle est la part du moindre croyant. Le plus fort n’est plus
fort que parce qu’il L’apprécie mieux. Car il n’y a pas de bénédiction en dehors de Lui, et par
conséquent, l’âme qui possède Jésus ne manque de rien. Si les saints à Colosses, ou partout
ailleurs, cherchaient à ajouter quelque chose au Seigneur, c’était une vraie perte, et non pas un
gain. C’est seulement ajouter ce qui Le rabaisse. Car Christ est tout (τά π.) et en tous (Col.
3:11).

(*) Le gnosticisme a semé ses funestes semences avant la mort de l’apôtre Jean, et même
avant la mort de l’apôtre Paul, semble-t-il. Au début du deuxième siècle, nous savons que
Basileides avait développé le système jusqu’à séparer Jésus de Christ, ce dernier étant une
émanation [« Eon »] de Dieu unie à Jésus lors de Son baptême, et retournant à la Plénitude en
haut avant Sa mort sur la croix. Ainsi l’incarnation était annulée, tout autant que l’expiation.
Or dans cette rêverie impie, Christ n’était même pas le vrai Dieu, mais seulement une
émanation, envoyée pour faire connaître le Dieu bon, et présenter le Démiurge (l’Éternel) qui
avait fait le monde, avec tous ses maux, inséparables de la matière. On voit aisément
comment la doctrine des apôtres barre la voie par anticipation à ce mensonge irrévérencieux
et destructeur en établissant la vérité simple de la Personne et de l’œuvre de Christ, bien que
seuls les germes de ces mensonges aient pu alors apparaître.

264
L’expression « et grâce sur grâce » a embarrassé plusieurs, mais sans grande raison, car on
trouve assez souvent une expression analogue, même chez les auteurs profanes, ce qui devrait
suffire à tout demandeur : cela signifie simplement « grâce sur grâce », l’une succédant à une
autre sans restriction ni manquement — une surabondance de la grâce, et non pas une simple
notion littérale de la grâce en nous en réponse à la grâce en Lui. On remarquera, en outre, que
l’écriture parle de grâce sur grâce, non pas de vérité sur vérité, ce qui serait tout à fait
inapproprié ; car la vérité est une, et on ne peut pas parler d’elle de cette manière. Le même
apôtre écrivit aux petits enfants, non pas parce qu’ils ne connaissaient pas la vérité, mais parce
qu’ils la connaissaient, et qu’aucun mensonge ne vient de la vérité (1 Jean 2:21). L’onction
qu’ils avaient en effet reçue de Lui, les enseigne sur toutes choses, et elle est vraie, et n’est
pas un mensonge. Mais comme la grâce apporte la vérité, de même la vérité s’exerce en grâce.
Combien il est précieux que nous tous ayons reçu de Sa plénitude, et grâce sur grâce !

2.5.5 - Jean 1:17 — La grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ

Ce qui a été vu au Sinaï était totalement différent, « car la loi a été donnée par Moïse ; la
grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ » (1:17). Cela ne veut pas dire que la loi est péché.
Loin de nous cette idée ! La loi est sainte, et le commandement saint et juste et bon (Rom.
7:12). Mais la loi est tout à fait impuissante pour délivrer l’homme ou révéler Dieu. Elle n’a
pas de vie à donner ni d’objet à faire connaître. Elle requiert de l’homme ce qu’il devrait
rendre à Dieu et à ses semblables ; mais requérir de l’homme est vain, car il est déjà pécheur
avant que la loi ne soit donnée. Car le péché est entré dans le monde par Adam aussi sûrement
que la loi a été donnée par Moïse. L’homme est tombé et a été perdu ; personne ne pouvait
apporter la vie éternelle sinon Jésus Christ le Seigneur. Même celle-ci était tout à fait
inaccessible à l’homme sans Sa mort en expiation du péché. Ici, cependant, nous ne sommes
pas encore arrivés à l’œuvre de Christ, ni au message de la grâce diffusé dans le monde dans
l’évangile, et qui est basé sur cette œuvre, mais nous en sommes ici seulement à Sa Personne
dans le monde ; et à cet égard, le témoignage est : « la grâce et la vérité vinrent (έγένετο) par
Jésus Christ ». Là, et là seulement, l’amour divin s’est trouvé supérieur au mal de l’homme ;
là et là seulement, tout a été révélé, et révélé dans sa relation avec Dieu, car telle est la vérité.
Jésus est véritablement un Sauveur divin.

2.5.6 - Jean 1:18 — Dieu connu dans le Fils unique qui est dans le sein du Père

Mais il y a encore plus que cela. Dieu Lui-même doit être connu, non pas simplement la
plénitude de la bénédiction venue en Christ, et les âmes introduites dans la bénédiction par la
rédemption. Pourtant, l’homme comme tel est incapable de connaître Dieu. Comment cette
difficulté va-t-elle être résolue ? « Personne ne vit jamais Dieu ; le (*) Fils unique (**), qui est
dans le sein du Père, Lui, l’a fait connaître » (1:18). C’est seulement de cette manière que
Dieu peut être connu comme Il est, car Christ est la vérité, le révélateur et la révélation de
Dieu et de tout ce que Dieu a en vue. Il n’est dit nulle part dans l’écriture que Dieu est la
vérité, selon ce que disent les rationalistes, et également les théologiens (c’est triste à dire). Il
n’en est pas ainsi : Dieu est le « JE SUIS », Celui qui subsiste par Lui-même ; Il est lumière, Il
est amour. Mais Christ est la vérité objectivement, comme l’Esprit l’est en puissance, opérant
dans l’homme. Et Christ a fait connaître Dieu, comme Quelqu’un qui, en tant que Fils, est
dans le sein du Père, non pas y était, comme s’Il l’avait quitté, — comme Il a quitté la gloire

265
et est maintenant retourné dans la gloire comme homme. Il n’a jamais quitté le sein du Père.
C’est Sa place constante, Son mode particulier de relation avec le Père. C’est pourquoi nous,
par le Saint Esprit, nous avons le privilège, par grâce, de connaître Dieu, et même de Le
connaître comme le Fils L’a fait connaître, Lui qui jouissait parfaitement et infiniment de
l’amour dans cette relation d’éternité en éternité. Dans quel cercle d’association divine ne
nous a-t-Il pas introduits ! Ce n’est pas la Lumière des hommes, pas encore la Parole en
action, ou devenant chair, mais le Fils unique qui est dans le sein du Père, Le faisant connaître
selon Sa propre compétence de nature et selon la plénitude de Sa propre intimité avec le Père.
Jean le baptiseur, ayant son origine sur la terre, était de la terre et parlait comme étant de la
terre (3:31). De Jésus seul parmi les hommes, il pouvait être dit qu’Il venait du ciel et était au-
dessus de tous (3:31b), témoignant de ce qu’Il avait vu et entendu, ce que l’Esprit Saint fait
aussi. C’était à Lui de faire connaître Dieu, et de le faire dans la relation qui Lui était propre.

(*) l’article est omis par aleph, B, C, L.

(**) aleph B C L, 33, et les versions syriaques et éthiopiennes ont ici l’étrange leçon Θεός,
Dieu, adoptée par Tregelles, Westcott et Hort. Ce dernier a écrit une monographie érudite
pour la défendre. [Weiss et Zahn vont dans le même sens]. Comme la variante semble n’avoir
absolument aucune corrélation avec « le Père », le poids de la preuve va contre cette leçon.
[Blass lit « le Fils unique, qui » etc., avec aleph, A, etc.] —

Note Bibliquest : Carrez et la TOB et le Nouveau Testament en français courant suivent cette
leçon rejetée par W.Kelly.

2.6 - Jean 1:19-28 — Qui est Jean ?

2.6.1 - Fin de la préface, début de l’introduction à cet évangile

Si les versets qui précèdent comprennent la préface divine, les sections qui suivent peuvent
être considérées comme une introduction. Jean le baptiseur, en réponse aux questions d’une
délégation, donne un témoignage explicite au Seigneur Jésus, bien qu’il commence par un
témoignage de forme négative. Il fut un vase de témoignage au Messie tout spécialement
approprié, étant rempli par l’Esprit dès le ventre de sa mère, et il n’y en a guère d’autres qui
furent pareillement soutenus ; lui l’a été pour exercer une seule fonction : faire droit le chemin
de l’Éternel.

2.6.2 - Jean 1:19-28 — Nature de la mission de Jean le baptiseur

« Et c’est ici le témoignage de Jean, lorsque les Juifs envoyèrent de Jérusalem des
sacrificateurs et des lévites, pour lui demander : Toi, qui es-tu ? Et il confessa, et ne nia pas, et
confessa : Moi, je ne suis pas le Christ. Et ils lui demandèrent : Quoi donc ? Es-tu Élie ? Et il
dit : Je ne le suis pas. Es-tu le prophète ? Et il répondit : Non. Ils lui dirent donc : Qui es-tu,
afin que nous donnions réponse à ceux qui nous ont envoyés ? Que dis-tu de toi-même ? Il
dit : Moi, je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Faites droit le chemin de l’Éternel,
266
comme dit Ésaïe le prophète. Et ils avaient été envoyés d’entre les pharisiens. Et ils
l’interrogèrent et lui dirent : Pourquoi donc baptises-tu, si tu n’es ni le Christ, ni Élie, ni le
prophète ? Jean leur répondit, disant : Moi, je baptise d’eau ; [mais] au milieu de vous il y en
a un que vous ne connaissez pas, celui qui vient après moi, duquel moi je ne suis pas digne de
délier la courroie de la sandale. Ces choses arrivèrent à Béthanie (*), au delà du Jourdain, où
Jean baptisait » (1:19-28).

(*) La meilleure leçon selon les anciennes autorités est Béthania (aleph
ABCEFGHLMSVXΓΔΠ et plus de cent trente cursives, et beaucoup d’anciennes versions),
non pas Bethabara ni Betharaba. Ce n’était pas le village bien connu proche de Jérusalem,
mais un autre district du même nom au-delà du Jourdain.

2.6.3 - Jean 1:19-20 — Jean n’était pas le Messie

Dieu a donc pris soin de réveiller une attente générale du Messie dans les esprits de Son
peuple, et de leur envoyer le témoignage le plus complet. Et il n’y eut jamais un témoin plus
strictement indépendant que Jean, né et élevé et gardé jusqu’au moment convenable pour
témoigner du Messie. Car les questions détaillées de ceux qui avaient été envoyés par les Juifs
de Jérusalem montrent comment les esprits des hommes étaient alors exercés, comment ils
souhaitaient vérifier le caractère réel et l’objectif de ce mystérieux Israélite (étant lui-même de
lignée sacerdotale, ils auraient dû savoir que cela l’excluait du titre messianique) : en face de
tout cela, il n’y eut rien de vague dans la réponse. Jean n’était pas l’Oint. C’était le but
principal de leur recherche ; et notre évangile présente sa réponse, très simplement et
complètement.

2.6.4 - Jean 1:21 — Jean était-il Élie ou ne l’était-il pas ?

Il y a une certaine difficulté dans la réponse suivante. Car quand on lui demande : « Es-tu
Élie ? » il dit : « je ne le suis pas ». Comment cette négation des lèvres de Jean lui-même
peut-elle être conciliée avec le témoignage du Seigneur rendu à Son serviteur en Matthieu
17:11-13 ? « En effet, Élie vient premièrement, et il rétablira toutes choses ; mais je vous dis
qu’Élie est déjà venu, et ils ne l’ont pas reconnu ; mais ils lui ont fait tout ce qu’ils ont voulu ;
ainsi aussi le fils de l’homme va souffrir de leur part. Alors les disciples comprirent qu’il leur
parlait de Jean le baptiseur ». Or ils avaient raison. La clé semble se trouver en Matthieu
11:14 : « Et si vous voulez le recevoir [c’est-à-dire recevoir ce que je vous dis — dit le
Seigneur en défendant Jean à un moment où Jean lui-même semblait hésiter dans son
témoignage ; car qui, hormis Un seul, est le Témoin fidèle ?], celui-ci est Élie qui devait venir
— littéralement : qui doit venir ». Une telle parole, cependant, nécessitait des oreilles pour
entendre. Le témoignage et le sort de Jean devaient être à l’unisson avec une venue dans la
honte et la douleur aussi bien qu’en puissance et en gloire, comme celle du Seigneur (Fils de
l’homme, non moins que Messie). Les Juifs naturellement ne se souciaient que de la venue en
puissance et en gloire ; mais, pour servir pour Dieu, et en même temps répondre aux vrais
besoins de l’homme, Jésus devait d’abord souffrir avant d’être glorifié et revenir en puissance.
Ainsi pour la foi, Élie était venu (« si vous voulez le recevoir ») dans Jean le baptiseur, mais il

267
avait témoigné dans l’humiliation, et les résultats étaient maigres et fugaces aux yeux
humains. Mais Élie viendra d’une manière en accord avec le retour du Seigneur pour délivrer
Israël et bénir le monde sous Son règne. Pour les Juifs, qui ne regardaient qu’à l’extérieur, il
n’était pas venu. Désigner Jean le baptiseur comme étant Élie aurait paru être de la moquerie ;
car s’ils ne saisissaient rien des secrets de Dieu ni de Ses voies, s’ils ne voyaient aucune
beauté dans l’humilité du Maître, à quoi bon parler du serviteur ? Les disciples, tout faibles
qu’ils aient pu être, entraient dans les vérités cachées aux hommes, et il leur était donné de
voir sous la surface le véritable caractère du serviteur et du Maître pour la foi.

2.6.5 - Jean 1:23 — Jean était la voix qui crie dans le désert

Néanmoins Jean prend sa position de témoin de Jésus, en témoignant de Sa gloire personnelle


et divine ; et à cette fin, quand on lui demande de dire vraiment qui il est, il s’applique à lui-
même dans chaque évangile l’oracle prophétique qui le concerne : « Moi, je suis la voix de
celui qui crie dans le désert : Faites droit le chemin du Seigneur ». Jésus était le Seigneur,
l’Éternel ; Jean n’était qu’une voix dans la désolation de la terre, oui, la désolation d’Israël —
pour préparer le chemin devant Lui.

2.6.6 - Jean 1:21 — Jean n’est pas le prophète

Ils s’enquièrent en outre pourquoi il baptisait s’il n’était ni le Messie, ni Élie (c’est à dire, le
précurseur immédiat du royaume en puissance et en gloire sur la terre - Malachie 4), ni le
prophète (c’est à dire le prophète selon Deutéronome 18, ce que l’apôtre Pierre applique
clairement au Seigneur Jésus en Actes 3:22-23, alors que les Juifs semblaient avoir refusé
cette qualité au Messie). Cela donne à Jean l’occasion de rendre un nouveau témoignage à la
gloire de Christ, car sa réponse est que lui-même baptisait d’eau ; mais il se trouvait parmi
eux, Quelqu’un qui leur était encore inconnu, qui venait après lui, et dont il n’était pas digne
de délier les sandales.

2.6.7 - Jean 1:25-28 — Baptême de Jean et baptême chrétien

Il est évident que le baptême de Jean avait une sérieuse importance dans l’esprit des hommes
puisque, sans aucun autre signe ou miracle, il suscitait la question de savoir si Jean le
Baptiseur était le Christ. Le baptême de Jean signifiait la fin de l’ancien état de choses et une
nouvelle position, au lieu d’être la pratique familière que les traditionalistes voudraient en
faire. D’un autre côté, l’écriture est également claire que ce baptême est tout à fait distinct du
baptême chrétien : au point que des disciples précédemment baptisés du baptême de Jean
durent être baptisés pour Christ quand ils reçurent la pleine vérité de l’évangile (Actes 19).
Les Réformateurs et d’autres manquent singulièrement d’intelligence en niant cette
différence, qui est non seulement importante, mais claire et certaine. Pensez à Calvin qui
qualifie de « bêtise dans laquelle certains ont été amenés », le fait de supposer que le baptême
de Jean était différent du nôtre ! La confession d’un Messie à venir diffère largement de celle
de Sa mort et de Sa résurrection ; or c’est là la racine de différences lourdes de conséquences.

268
2.7 - Jean 1:29-34 — L’œuvre de Christ dans toute l’étendue de puissance en
grâce

Dans les versets 19 à 28, Jean le baptiseur ne s’élève pas au-delà de ce qui était juif et
dispensationnel. Le paragraphe suivant place devant nous le témoignage qu’il a rendu quand il
vit Jésus s’approcher. Et nous avons alors l’œuvre de Christ considérée dans toute l’étendue
de puissance en grâce à laquelle on peut s’attendre dans cet évangile, qui est consacré à faire
voir la gloire de Sa Personne.

2.7.1 - Jean 1:29 — L’Agneau qui ôte le péché du monde

« Le lendemain, il voit Jésus venant à lui, et il dit : Voilà l’Agneau de Dieu qui ôte le péché
du monde » (1:29).

2.7.2 - L’Agneau

Il n’y avait pas d’image plus familière à l’esprit des Juifs que celle de l’agneau. C’était le
sacrifice journalier d’Israël, matin et soir. En outre, l’agneau pascal était le gage de la paix
fondamentale de l’année, et son institution à l’origine coïncidait avec le départ des enfants
d’Israël de la maison de servitude. Nous pouvons donc comprendre les pensées et les
sentiments qui ont dû s’accumuler sur le cœur de ceux qui attendaient alors un Sauveur,
quand Jésus a été désigné par ces paroles de Son précurseur : « Voilà l’Agneau (άμνός) de
Dieu ». Dans le livre de l’Apocalypse, Il est fréquemment vu comme l’Agneau, mais là avec
un mot différent (άρνίον) et d’une manière significative : il s’agit de Celui qui a souffert, saint
et rejeté de la terre, en contraste avec les bêtes sauvages voraces, instruments civils ou
religieux de la puissance de Satan dans le monde (Apoc. 13). Ici, l’idée semble centrée non
pas tant sur Celui qui a été immolé et exalté en haut, mais plutôt sur le sacrifice : « Voilà
l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ».

2.7.3 - Le péché ôté : portée de l’expression

Jean ne dit pas « qui ôtera », et encore moins « qui a ôté » ; la notion qu’Il fût alors en train
d’ôter le péché ne semble pas non plus du tout défendable. Comme souvent chez Jean et
ailleurs, c’est la manière abstraite de parler ; et la signification doit être comprise dans toute
son étendue, indépendamment du moment de son accomplissement. Voilà la Personne, et
voici Son œuvre. Ainsi le témoignage regarde vers l’avenir aux effets de la mort de Christ
globalement ; mais ces effets n’allaient pas apparaître tous d’un coup. Le premier résultat
allait être l’évangile, le message de rémission des péchés à tout croyant. Au lieu qu’il y ait
seulement le péché du monde devant Dieu, le sang de l’Agneau est mis devant Lui ; Dieu
pouvait dès lors rencontrer le monde en grâce, et non en jugement. Non seulement l’amour
était venu dans la Personne de Christ comme il a été durant Sa vie, mais désormais il y avait

269
le sang versé par lequel Dieu pouvait purifier les plus souillés ; l’évangile est pour toute
créature la proclamation de Dieu qu’Il est prêt à toutes les recevoir, et qu’Il purifie
parfaitement tous ceux qui reçoivent effectivement Christ. En fait, seuls ceux qui sont les
Siens maintenant, l’Église, Le reçoivent, mais le témoignage est communiqué à toute la
création.

2.7.4 - Le péché ôté : l’accomplissement ultime

Lorsque le Christ reviendra dans son royaume, il y aura un résultat supplémentaire : toute la
création sera alors délivrée de la servitude de la corruption (Rom. 8:21), et Israël regardera
enfin le Messie qu’ils ont percé dans leur incrédulité aveugle. La bénédiction résultant du
sacrifice de Christ s’étendra alors partout, mais ne sera pas complète. Seuls les nouveaux
cieux et la nouvelle terre verront l’accomplissement ultime (cela dépasse la portée limitée des
prophètes Juifs, mais c’est la pleine signification que les apôtres chrétiens donnent aux divers
passages de la Parole) ; et c’est alors qu’on verra en effet combien Jésus a été véritablement
« l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ». Car alors, et alors seulement, le péché aura
absolument disparu avec toutes ses conséquences actives. Les méchants ayant été jugés et
jetés pour toujours dans l’étang de feu, ainsi que Satan et ses anges, la justice sera alors la
base de la relation de Dieu avec le monde, non pas l’innocence comme au commencement, ni
les voies de Dieu en Christ en vue du péché depuis que le péché est intervenu et jusqu’à
maintenant, mais toutes choses seront faites nouvelles.

2.7.5 - Le péché du monde, non pas les péchés

Notez cependant, que Jean le baptiseur ne dit pas « les péchés » du monde. Que d’erreurs
fatales courent parmi les hommes lorsque ceux-ci se permettent de traiter la vérité de Dieu à
la manière humaine ! Cette bévue banale et grave ne se trouve pas seulement dans des
sermons ou dans des livres. Les liturgies solennelles du catholicisme et du protestantisme sont
pareillement dans l’erreur sur ce point. Elles altèrent et falsifient inconsciemment la parole de
Dieu quand elles font référence directement à ce passage. En parlant des croyants, les apôtres
Paul et Pierre montrent tous les deux que le Seigneur Lui-même a porté leurs péchés sur la
croix. Sans cela, en effet, il ne pourrait y avoir ni paix assurée pour la conscience, ni une base
juste pour adorer Dieu, selon l’efficace de l’œuvre de Christ. Le chrétien est exhorté à entrer
en pleine liberté dans les lieux saints par le sang de Jésus, qui l’a, dans le même temps, lavé
de ses péchés et l’a approché (Héb. 10:19 et suiv.) ; mais cela n’est vrai que du croyant. L’état
et la condition de l’incrédule, et de tout homme dans son état naturel, se trouvent en contraste
total avec la part du chrétien. Il est loin, dans la culpabilité, dans les ténèbres, dans la mort. Le
langage des liturgies confond tout ceci dans la pratique de leur culte ; car le monde est traité
comme l’Église, et l’Église comme le monde. Si Christ était l’Agneau qui ôte les péchés du
monde, tous les hommes se tiendraient absous devant Dieu, et pourraient donc s’approcher en
pleine liberté pour rendre culte ; mais il n’en est rien. Le sang est maintenant répandu pour le
péché du monde, de sorte que l’évangéliste peut aller prêcher l’évangile, et assurer du pardon
de Dieu tous ceux qui croient ; mais tous ceux qui refusent, doivent mourir dans leurs péchés,
et être jugés de manière d’autant plus terrible qu’ils ont refusé le message de la grâce.

270
2.7.6 - Jean 1:30-31 — Dignité du Seigneur Jésus. Jean ne Le connaissait pas

Mais Dieu n’oublie jamais ici la dignité personnelle du Seigneur Jésus. C’est pourquoi Jean le
baptiseur ajoute : « C’est de celui-ci que moi, je disais : Après moi vient un homme qui prend
place avant moi (ou, qui a préséance sur moi), car il était avant moi (*). Et pour moi, je ne le
connaissais pas ; mais afin qu’il fût manifesté à Israël, à cause de cela, je suis venu baptiser
d’eau (έν) » (1:30-31). Il n’est pas fait référence ici à Son jugement en tant que Messie,
comme dans les autres évangiles, qui inversement sont muets quant à un témoignage comme
celui-ci rendu à Sa gloire. Sans doute Jean appelait aussi les âmes en Israël à se repentir en
vue du royaume qui était proche ; mais ici le seul objet de ce témoignage est de manifester
Jésus à Israël. C’est en effet un sujet majeur de cet évangile. Le fait que Jean le Baptiseur ne
connaissait pas Jésus jusque-là rendait son témoignage d’autant plus solennel et manifestait
par excellence qu’il était de Dieu ; quelle que fût la conviction intime qu’il avait quand le
Seigneur vint se faire baptiser, elle n’a pas empêché le signe extérieur, ni le témoignage rendu
à Sa Personne et à Son œuvre, comme il l’avait déjà rendu auparavant.

(*) Il est intéressant et instructif de noter que, vis-à-vis des pharisiens, Jean est silencieux
(1:27) quant à l’éternité préexistante de Christ comme raison de Sa préséance sur lui-même,
bien que Jésus fût né après lui. Comparez les versets 15, 30.

2.7.7 - Jean 1:32-34 — L’Esprit comme une colombe. Baptême du Saint Esprit

C’est pourquoi nous lisons : « Et Jean rendit témoignage, disant : J’ai vu l’Esprit descendant
du ciel comme une colombe, et il demeura sur lui. Et pour moi, je ne le connaissais pas ; mais
celui qui m’a envoyé baptiser d’eau (έν), celui-là me dit : Celui sur qui tu verras l’Esprit
descendre, et demeurer sur lui, c’est celui-là qui baptise de (έν) l’Esprit Saint. Et moi, j’ai vu
et j’ai rendu témoignage que celui-ci est le Fils de Dieu » (1:32-34).

Tel était le signe approprié pour le Sauveur. Les corbeaux ont pu être employés dans la
sagesse de Dieu pour nourrir le prophète affamé en un autre jour sombre ; mais telle n’a pas
été l’apparence de l’Esprit descendant du ciel pour demeurer sur Jésus. La colombe seule
pouvait être la forme convenable, comme emblème de la pureté immaculée de Celui sur
lequel l’Esprit vint. Pourtant, l’Esprit vint sur Lui comme homme, mais Jésus était un homme
sans péché — aussi véritablement homme que n’importe quel autre homme, mais combien
différent de tous les autres, avant et après ! Il était le second Homme en contraste brillant avec
le premier. Et Il est le dernier Adam : c’est en vain que l’incrédulité cherche un
développement supérieur, en négligeant Celui en qui toute la plénitude de la Déité habitait
corporellement (Col. 2:9).

Notez encore que l’Esprit vint avant la mort du Seigneur Jésus. Si Christ est mort, Il est mort
pour les autres. S’Il a souffert et est devenu un sacrifice, ce n’était pas pour Lui-même. Jésus
n’avait pas besoin de sang pour être ensuite oint d’huile sainte. Il était, Lui, le Saint de Dieu
dans cette nature même qui, dans tous les autres cas, avait déshonoré Dieu.

Or si l’Esprit est demeuré sur Lui comme homme, c’est Lui qui baptise de l’Esprit Saint. Nul
autre ne pouvait baptiser ainsi, sinon Dieu. Ce serait un blasphème de dire autrement. C’est la

271
pleine prérogative d’une Personne Divine d’agir ainsi ; et c’est pourquoi Jean le baptiseur
dément tout à fait que lui le fasse, et dans tous les évangiles il désigne Jésus comme le seul
qui baptise par (έν) le Saint Esprit, comme lui-même était venu baptiser d’eau. C’est l’œuvre
puissante de Jésus depuis le ciel, après avoir été l’Agneau de Dieu sur la croix.

Ainsi, bien que l’objectif immédiat de la mission de Jean, avec le baptême qui s’y rattachait,
fût de manifester Jésus à Israël, il Lui rend témoignage comme l’Agneau de Dieu en relation
avec le monde, comme Celui qui est Éternel quel que soit le temps où Il vînt (et sûrement
c’était le bon moment, « la plénitude [JND : l’accomplissement] du temps », comme le grand
apôtre nous l’assure - Galates 4:4), — non pas simplement comme l’objet de la descente du
Saint-Esprit pour demeurer sur Lui (1:33a), mais comme baptisant du Saint Esprit (1:33b).

2.7.8 - Jean 1:34 — Témoignage rendu au Fils de Dieu

« Et moi, j’ai vu et j’ai rendu témoignage que celui-ci est le Fils (*) de Dieu » (1:34). Telle
était Sa relation éternelle : non pas le Fils de l’homme qui doit être élevé pour que nous ayons
la vie éternelle, mais l’Agneau de Dieu et le Fils de Dieu. D’un autre côté, ce n’est pas ici le
Père donné à connaître par Son Fils unique, ou se révélant Lui-même dans Son Fils unique,
mais c’est Dieu en face du fait immense du péché du monde, et Jésus Son Agneau qui doit
l’ôter. Ainsi le baptême du Saint Esprit ne vivifie pas, mais cette puissance de l’Esprit qui agit
sur la vie déjà possédée par le croyant, le sépare de tout ce qui est de la chair et du monde, et
le met en communion avec la nature et la gloire de Dieu telles que révélées en Christ. Comme
homme sur la terre, Il était non seulement le Fils de Dieu, mais Il en était toujours conscient ;
nous, en devenant tels par la foi en Lui, nous sommes rendus conscients de notre relation par
le Saint Esprit qui nous a été donné. Néanmoins, Lui aussi a été placé dans une nouvelle
position ici-bas par la descente de l’Esprit qui L’oignit (les divers Évangiles le montrent).
Tout ici est une annonce publique qui a pour résultat d’atteindre le monde.

(*) aleph et d’autres manuscrits insèrent « choisi » après « Fils ».

2.8 - Jean 1:35-40 — Effet du ministère de Jean

Nous avons eu devant nous le témoignage de Jean allant bien au-delà du Messie en Israël ;
nous voyons maintenant l’effet de son ministère. « Le lendemain encore, Jean se tint là, et
deux de ses disciples ; et regardant Jésus qui marchait, il dit : Voilà l’Agneau de Dieu ! Et les
deux disciples l’entendirent parler, et ils suivirent Jésus. Et Jésus se retournant, et voyant
qu’ils le suivaient, leur dit : Que cherchez-vous ? Et ils lui dirent : Rabbi (ce qui, interprété,
signifie maître), où demeures-tu ? Il leur dit : Venez et voyez. Ils allèrent donc, et virent où il
demeurait ; et ils demeurèrent auprès de lui ce jour-là : c’était environ la dixième heure »
(1:35-40).

Ce n’est pas l’énonciation la plus complète et la plus claire de la vérité qui a le maximum
d’effet sur les autres. Rien ne parle aussi puissamment que l’expression de la joie et des
délices du cœur à l’égard d’un objet qui en est digne. C’est ce qui se passa alors. « Regardant
272
Jésus qui marchait, il dit : Voilà l’Agneau de Dieu ! » Le plus grand parmi ceux qui sont nés
de femme reconnaît le Sauveur avec un hommage des plus sincères ; et ses propres disciples
l’ayant entendu parler, ils suivent Jésus. « Il faut que Lui croisse, et que moi je diminue »
(3:30). Il fallait qu’il en soit ainsi. Le centre n’est pas Jean, mais Jésus : non pas un homme,
mais Dieu, car nul autre ne peut être un centre sans qu’il soit dérogé à la gloire divine. Jésus
garde cette place, y compris comme homme. Quelle vérité merveilleuse, et combien elle est
précieuse et réjouissante pour l’homme ! Jean était le serviteur du propos de Dieu, et la
meilleure exécution de sa mission a eu lieu quand ses disciples ont suivi Jésus. L’Esprit de
Dieu supplante les motifs humains et terrestres. En effet comment pourrait-il en être
autrement quand on croit réellement que Lui dans Sa Personne était Dieu sur la terre ? Il faut
qu’Il soit le seul centre exclusif d’attraction pour tous ceux qui Le connaissent ; et la mission
de Jean était de préparer le chemin devant Lui. Ainsi ici son ministère rassemble auprès de
Jésus, envoyant d’auprès de lui vers le Seigneur.

Mais si dans l’évangile de Matthieu (9:1) le Seigneur a une ville à lui, voire une maison qu’on
peut nommer, ici dans l’évangile de Jean, le lieu où il demeurait n’est pas indiqué. Les
disciples entendirent Sa voix, vinrent et virent où Il demeurait, et demeurèrent avec Lui ce
jour-là ; mais pour les autres, le lieu n’est pas nommé et reste inconnu. Nous pouvons
comprendre qu’il fallait qu’il en soit ainsi pour Celui qui était Dieu dans l’homme sur la terre,
alors que ce fait était entièrement rejeté par le monde. Et la vie divine a le même effet sur
ceux qui sont à Lui : « c’est pourquoi le monde ne nous connaît pas, parce qu’il ne L’a pas
connu » (1 Jean 3:1).

2.9 - Jean 1:41-43 — Centre de rassemblement

Et le travail ne s’arrête ni là ni à ce moment-là. « André, le frère de Simon Pierre, était l’un


des deux qui l’avaient ouï dire par Jean, et qui l’avaient suivi. Celui-ci trouve d’abord son
propre frère Simon, et lui dit : Nous avons trouvé le Messie (ce qui, interprété, est Christ). Et
il le mena à Jésus. Jésus, l’ayant regardé, dit : Tu es Simon, le fils de Jonas (ou : Jean) ; tu
seras appelé Céphas, qui est interprété Pierre » (1:41-43).

Il y a un profond intérêt à considérer ces aperçus de la première introduction auprès de Jésus


de ces âmes qui, en Le recevant, trouvaient la vie éternelle en Lui, et furent ensuite appelées à
être les fondements de ce nouvel édifice qui devait remplacer l’ancien, — l’habitation de Dieu
par [ou : dans] l’Esprit. Mais tout ici se concentre dans la Personne de Jésus, à qui Simon est
amené par son frère, l’un des deux premiers dont l’âme fut attirée à Lui, même s’ils
appréciaient encore bien peu Sa gloire. Mais c’était une œuvre divine, et il est répondu à la
venue de Simon par une connaissance du passé, du présent et du futur qui disait Qui était et ce
qu’était Celui qui parlait maintenant à l’homme sur la terre en grâce.

Ici le même principe réapparaît. Jésus, l’image du Dieu invisible, la seule manifestation
parfaite de Dieu, est le centre reconnu au-delà de toute rivalité. Il devait mourir, comme cet
évangile le relate (11:52), pour rassembler en un les enfants de Dieu dispersés ; et bientôt
toutes choses dans les cieux et sur la terre vont être réunies en un sous Sa primauté (Éph.
1:10). Mais alors Sa Personne ne pouvait être que le seul centre d’attraction pour tous ceux
qui voyaient par la foi ce qu’Il avait le droit d’être pour toute créature. Mais Il n’était pas venu
seulement pour faire connaître Dieu, et nous montrer le Père en Lui-même le Fils, mais pour
se charger de tout sur la base de Sa mort et de Sa résurrection, ayant parfaitement glorifié

273
Dieu à l’égard du péché qui avait tout ruiné ; et à la suite de cela, pour prendre Sa place dans
les cieux, celle de tête glorifiée sur toutes choses à l’assemblée qui est Son corps sur la terre,
comme nous le savons maintenant (fin de Éph 1). Mais sur ce point, nous n’allons pas plus
loin, car cela implique la révélation des conseils de Dieu et du mystère caché dès les siècles et
dès les générations, — et cela nous amènerait plutôt vers les épîtres de l’apôtre Paul, le vase
choisi pour la révélation de ces merveilles célestes.

Ce qui nous occupe maintenant c’est Jean en train de nous faire voir le Seigneur sur la terre,
un homme mais véritablement Dieu, attirant ainsi à Lui les cœurs de tous ceux qui sont
enseignés de Dieu. S’Il n’avait pas été Dieu, cela aurait été du vol, non seulement à l’encontre
de Dieu, mais parfois aussi à l’encontre de l’homme. Mais ce n’est pas le cas : toute la
plénitude habitait en Lui — habitait en Lui corporellement. Il était donc dès le
commencement le centre divin des saints sur la terre, comme plus tard, quand Il fut l’homme
exalté, il a été le centre en haut, à qui, en tant que tête, l’Esprit a uni ces saints en tant que
membres de Son corps. Ce dernier ne pouvait pas exister jusqu’à ce que la rédemption le
rende possible selon la grâce, mais sur la base de la justice. Ce que nous voyons dans Jean
attache à la gloire de sa Personne divine : autrement amener à Jésus aurait eu pour effet de
séparer de Dieu, au lieu de séparer vers Dieu, comme c’est le cas. Mais, en vérité, Il était et Il
est le seul centre révélé, comme il a été et est le seul révélateur complet de Dieu, et cela parce
qu’il est le vrai Dieu et la vie éternelle, bien qu’Il soit aussi Celui qui a été manifesté en chair,
et qu’ainsi Il a trouvé et gagné l’homme pour Dieu par Sa mort.

2.10 - Jean 1:44-52

2.10.1 - Jean 1:44-45 — Suivre Christ, Christ le chemin

« Le lendemain, Il voulut s’en aller en Galilée. Et Jésus trouve Philippe, et lui dit : Suis-moi.
Or Philippe était de Bethsaïda, de la ville d’André et de Pierre » (1:44-45).

C’est une chose immense d’être délivré par Jésus du gaspillage de sa propre volonté, ou de
l’attachement du cœur à la volonté d’un homme plus fort que nous — une chose immense de
savoir que nous avons trouvé en Lui, non pas simplement le Messie, mais le centre de toutes
les révélations de Dieu, de Ses plans et de Ses conseils, de sorte que nous sommes rassemblés
avec Lui parce que nous nous rassemblons auprès de [ou : vers] Lui. Tout le reste, quelles que
soient les excuses ou les prétentions, ne fait que disperser, et c’est donc du travail en vain,
voire pire.

Or il nous faut davantage, et nous trouvons davantage en Jésus, qui daigne en effet être, non
seulement notre centre, mais aussi notre « chemin » sur la terre, sans être du monde, comme
Lui n’en est pas. Car Il est bien le chemin, autant que la vérité et la vie. Quelle bénédiction
dans un tel monde ! C’est maintenant un désert où il n’y a pas de chemin (Ps. 107:40). Lui est
le chemin. Avons-nous peur de savoir où il faut marcher, et quel pas faire ? Voici ici des
pièges pour séduire, là des dangers pour effrayer. Au-dessus d’eux, la voix de Jésus dit :
« Suis-moi ». Aucun autre n’offre la sécurité. Les meilleurs de Ses serviteurs peuvent se
tromper, comme tous l’ont fait. Mais même si ce n’était pas le cas, Lui dit : « Suis-moi ».
Chrétien, n’hésite plus. Suis Jésus. Tu trouveras une communion plus profonde et meilleure
avec ceux qui sont à Lui ; mais ceci a lieu en suivant Celui qu’ils suivent. Seulement veille
bien à Le suivre selon la Parole, non pas selon tes propres pensées et sentiments ; car ceux-ci

274
sont-ils meilleurs que ceux des autres ? Considère tes motifs selon la lumière où tu marches.
« Si donc ton oeil est simple, ton corps tout entier sera plein de lumière » (Matt. 6:22). Or la
simplicité de l’œil est assurée en regardant à Jésus, non pas à nous-mêmes ni aux autres. Nous
avons assez vu de nous-mêmes quand nous nous sommes jugés devant Dieu. Suivons Jésus :
cela n’est dû qu’à Lui, et absolument qu’à Lui, une Personne divine sur la terre. C’est la vraie
dignité d’un saint ; c’est la seule sécurité pour celui qui doit encore veiller contre le péché qui
est en lui ; c’est le chemin de la véritable humilité, et du vrai amour, et de la foi. Dans ce
chemin nous serons sûrs de la conduite de l’Esprit qui est ici pour Le glorifier, prenant de ce
qui est à Lui pour nous le communiquer (16:14).

2.10.2 - Jean 1:46 — Les préjugés qui entravent

Celui qui a trouvé Christ et qui Le suit, en cherche bientôt d’autres, et en trouve. Mais ils ne
sont pas toujours préparés à suivre tout de suite. C’est ce que montre Philippe ici avec le fils
de Talmai, qui n’est pas appelé ici Barthélémy, mais Nathanaël (cf Matt. 10:3 & Luc 6:14 &
Jean 21:2). Nous apprenons aussi par-là qu’un homme par ailleurs excellent peut être entravé
par des préjugés de taille. C’est une leçon salutaire de ne pas être pressés dans nos attentes, ni
abattus si un homme de bien est lent à écouter, comme on en fait souvent l’expérience.

« Philippe trouve Nathanaël et lui dit : Nous avons trouvé celui duquel Moïse a écrit dans la
loi et duquel les prophètes ont écrit, Jésus, le fils de Joseph, qui est de Nazareth » (1:46).
Nathanaël n’était pas du tout préparé à cela. Très certainement son cœur cherchait Celui
duquel Moïse et les prophètes avaient écrit ; mais il fallait encore qu’il apprenne que le Christ
était Jésus de Nazareth, le fils de Joseph. Il croyait à la gloire de la Personne du Messie, selon
ce que l’Ancien Testament en avait révélé auparavant : il ne lui était jamais venu à l’esprit que
le Messie pût être « de Nazareth », sans parler de ce qu’Il fût « le fils de Joseph ». Car ce
village était méprisable, même aux yeux d’un Galiléen méprisé, car sa propre piété pratique
lui faisait sans doute ressentir d’autant plus la réputation morale misérablement basse de ce
village. Si Philippe lui avait dit : « de Bethléem, le Fils de David », l’attente de ce Juif
n’aurait pas reçu pareil choc. Mais en vérité, le Seigneur est considéré ici comme entièrement
au-dessus de toutes les relations terrestres, et c’est pourquoi Il pouvait descendre jusqu’aux
plus basses. Car Il était le Fils de Dieu venu à Nazareth, et c’est seulement ainsi qu’il pouvait
être considéré comme étant « de Nazareth », plus que « fils de Joseph ».

2.10.3 - Jean 1:47-48 — Pas de fraude dans le cœur

Quoi qu’il en soit, Nathanaël ne cache pas son hésitation. « Et Nathanaël lui dit : Peut-il venir
quelque chose de bon de Nazareth ? Philippe lui dit : Viens et vois » (1:47). Or il y en avait un
autre qui voyait. Car Jésus, voyant Nathanaël venant à Lui, lui fit entendre dans Sa salutation
des paroles de grâce sur lui-même qui avaient bien lieu de le surprendre : « Voici un vrai
Israélite, en qui il n’y a pas de fraude » (1:48). L’Esprit de prophétie opérait déjà selon le Ps.
32 (cf v. 2), et il allait bientôt connaître l’Esprit d’adoption et la liberté par laquelle le Fils
rend libre.

275
2.10.4 - Jean 1:49 — Ne pas résister à la lumière qui émane de Christ

« Nathanaël lui dit : D’où me connais-tu ? Jésus répondit et lui dit : Avant que Philippe t’eût
appelé, quand tu étais sous le figuier, je te voyais » (1:49). Jésus est Dieu toujours et partout
dans cet évangile. Inaperçu Lui-même, Jésus avait vu Nathanaël. Il l’avait vu là où, de toute
évidence, il pensait que personne ne le voyait ; mais Celui qui entendait les méditations de son
cœur dans ce lieu-là, « sous le figuier », le voyait lui : c’était la preuve irréfragable de Sa
gloire, de Son omniscience et de Son omniprésence. Pourtant Celui qui l’avait vu, était de
toute évidence un homme de chair et de sang. Il ne pouvait être que le Messie promis,
Emmanuel, le compagnon de l’Éternel (Zach. 13:7), « Celui qui doit dominer en Israël, et
duquel les origines ont été d’ancienneté, dès les jours d’éternité » (Michée 5:2). Son préjugé
disparaît instantanément comme la brume devant le soleil dans sa force. Il pouvait ne pas être
en mesure d’expliquer le rapport avec Nazareth ou avec Joseph ; mais un homme bon ne
voulait pas (seul un homme mauvais le pourrait) résister à la lumière positive de Celui qui
connaissait ainsi toutes choses, et les révélait en grâce pour gagner le cœur de Nathanaël, et de
quiconque entend Sa parole et craint Dieu depuis ce jour-là jusqu’à maintenant.

2.10.5 - Jean 1:50 — Jésus confessé comme Messie

Mais il nous est dit davantage ici. Certes, le figuier n’est pas une circonstance matérielle ou
isolée, mais il revêt une signification trouvée habituellement dans l’écriture. Dans la grande
prophétie de notre Seigneur, le figuier est utilisé comme le symbole de la nation, et on ne peut
douter qu’il en soit de même ici. Si Nathanaël étaient là en train de méditer dans son cœur
devant Dieu au sujet du Messie attendu et au sujet des espoirs du peuple élu (comme c’était le
cas de beaucoup à cette époque, et même de tous les hommes, sous l’impulsion de Jean le
baptiseur, se demandant si Lui ne serait pas le Christ, Luc 3:15), on conçoit d’autant mieux la
force étonnante par laquelle les paroles de Jésus ont fait appel au cœur et à la conscience de
cet Israélite sans fraude. Ceci apparaît puissamment confirmé par le caractère de sa
confession : « Nathanaël répondit et lui dit : Rabbi, tu es le Fils de Dieu ; tu es le roi d’Israël »
(1:50). C’était justement une confession du Messie selon le Psaume 2. Il pouvait être Jésus de
Nazareth, le fils de Joseph ; mais Il pouvait être — Il n’était rien d’autre que — « mon roi »
[le roi de l’Éternel], « le Fils » (Ps. 2:6,12), bien qu’Il ne fût pas encore oint sur Sion, la
montagne de la sainteté de l’Éternel. Nathanaël était rapide et net maintenant, autant il avait
été précédemment lent et prudent.

2.10.6 - Jean 1: 51-52 — De plus grandes choses à voir

Le Seigneur ne freina pas le flux de grâce et de vérité, et Nathanaël dut emprunter des vases,
pas en petit nombre, jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus pour recevoir la bénédiction qui débordait
encore (2 Rois 4:3-6). « Jésus répondit et lui dit : Parce que je t’ai dit que je te voyais sous le
figuier, tu crois ? tu verras de plus grandes choses que celles-ci. Et il lui dit : En vérité, en
vérité, je vous dis : [Désormais] (*) vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu montant et
descendant sur le fils de l’homme » (1:51-52). La gloire messianique était-elle l’horizon de ce
que l’âme de Nathanaël voyait et confessait en Jésus ? Non pas « plus tard », mais selon la
parole ici « à partir du moment présent » les disciples devraient voir les cieux ouverts (même
si la puissance terrestre était encore différée), et l’hommage de ses glorieux habitants au

276
Messie rejeté, le Fils de l’homme. Lui que tous les peuples, et nations et langues devront
servir, quand Il entrera dans Sa domination qui ne doit jamais disparaître, et dans Son
royaume qui ne doit jamais être détruit (Dan. 2:44 ; 6:26). En vérité voilà les « plus grandes
choses », la garantie de ce que Nathanaël verrait désormais dans l’assistance fournie par les
anges de Dieu à Celui que l’homme méprisait et que la nation abhorrait (à leur propre honte et
pour leur ruine, mais pour l’accomplissement des conseils célestes et pour une sphère de
bénédiction et de gloire incomparablement plus vaste qu’Israël ou le pays). Le lecteur peut
voir ces choses au Psaume 8, spécialement s’il consulte l’usage qui en est fait en 1 Corinthien
15 (v. 27), Éphésiens 1 (v. 22) et Hébreux 2 (v. 6-8).

(*) Les plus anciennes copies [aleph, B L] et versions omettent άπ άρτι qui, s’ils sont lus,
doivent être rendus par « à partir de maintenant », ou « désormais », non pas « plus tard ».
[Ces mots sont rejetés par Weiss et Blass].

3 - Chapitre 2 — Noces de Cana et nettoyage du temple


3.1 - Jean 2:1-11 — L’eau transformée en vin

Le second chapitre s’ouvre sur un miracle frappant, l’eau transformée en vin. Il n’est donné
qu’ici. Jésus est Dieu, le Dieu de la création. Il avait montré Son omniscience à Nathanaël,
maintenant Il montre Son omnipotence à d’autres. C’était « le troisième jour » (*), peut-être le
troisième depuis la première fois qu’Il avait vu Nathanaël. Mais le passage est si significatif
que l’on ne se sent pas disposé à douter de la pensée qu’ici, de manière figurée, l’Esprit peut
avoir voulu donner le type d’un jour encore à venir où la gloire apparaîtra, en le distinguant
du jour du témoignage de Jean le baptiseur, et de celui du Seigneur et de Ses disciples. Car,
comme la lumière a brillé dans la Galilée méprisée quand Il vint en humiliation, ainsi elle
brillera sur les pauvres en esprit quand Il apparaîtra en gloire ; et le jugement tombera sur les
orgueilleux et les hautains, sur Jérusalem avec ses prétentions religieuses, si grandes et si
creuses, jusqu’à ce que la grâce la rende humble devant Lui.

(*) note de E.E.Whitfield : La prééminence du chiffre trois dans cet évangile mérite d’être
notée. Outre les trois jours ici, nous avons le Seigneur allant trois fois en Galilée, trois fois
vers la Judée ; on admet généralement que trois pâques sont mentionnées effectivement, et
trois autres fêtes ; le discours du dernier jour de la fête des Tabernacles se divise en trois
parties ; Judas est désigné trois fois comme traître ; le Seigneur subit trois séances de
tribunal ; Pilate essaie trois fois de Lui épargner la crucifixion ; Jean rapporte trois paroles
prononcées sur la croix. Mais on trouve aussi des « triades » dans l’évangile de Matthieu. Le
chiffre sept se retrouve aussi souvent dans l’évangile de Jean : « les sept miracles » ; « ces
choses que je vous ai dites » revient sept fois ; il y a sept témoignages ; on trouve sept fois
« Je suis », si on inclut le « Je suis la résurrection et la vie » et « Je suis le chemin, la vérité et
la vie ». On trouve bien d’autres arrangements numériques dans la Bible, en sorte que ceux de
cet évangile n’ont rien de très spécial, et encore moins sont-ils artificiels.

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3.1.1 - Jean 2:1-4 — Place de Marie, la mère de Jésus. Rien du premier Adam, tout par
grâce

« Et le troisième jour, il y eut une noce à Cana de Galilée, et la mère de Jésus était là. Et Jésus
fut aussi convié à la noce, ainsi que ses disciples » (2:1-2). C’est la figure de choses se passant
sur la terre : ce n’est pas une image des cieux ouverts. C’est pourquoi dans cette scène, nous
trouvons la mère de Jésus mise spécialement en avant et se trouvant comme chez elle. « Et le
vin étant venu à manquer, la mère de Jésus lui dit : Ils n’ont pas de vin » (2:3). Le premier
Adam échoue toujours, et là où il échoue le plus, c’est quand on a le plus de besoin. Mais
Jésus veut répondre à tous les besoins, même si Son temps n’est pas encore venu. La foi,
cependant, ne regarde jamais à Lui en vain, et « Jésus lui dit : Qu’y a-t-il entre moi et toi,
femme ? Mon heure n’est pas encore venue » (2:4). C’est une réponse remarquable, que les
théologiens catholiques trouvent très difficile à faire cadrer avec leur doctrine et leur pratique.
Il ne dit pas « Mère ». Il n’est plus question du premier Adam : ce n’est pas là un manque de
respect, mais c’est que la Mariolâtrie est sans fondement et est un péché. Jésus était là pour
faire la volonté de Dieu. Il voulait montrer que la bénédiction descend du Père par le Fils. La
chair et ses relations n’ont rien à faire en la matière. Tout doit être par grâce.

3.1.2 - Jean 2:5-10 — Signification du miracle

« Sa mère dit aux serviteurs : Faites tout ce qu’il vous dira. Or il y avait là six pots à eau en
pierre, pour tenir de l’eau, placés là selon [l’usage de] la purification des Juifs, pouvant
recevoir chacun deux ou trois mesures » (2:5-6). Le système juif était un témoignage de la
présence de la souillure ; et ses ordonnances ne pouvaient rien faire de plus que sanctifier
pour la purification de la chair. C’était humain. Jésus était ici dans un but divin, — à ce
moment-là en témoignage, bientôt en puissance. « Jésus leur dit : Emplissez d’eau les pots. Et
ils les emplirent jusqu’au haut. Et il leur dit : Puisez maintenant, et portez-en au maître de la
fête. Et ils lui en portèrent. Mais lorsque le maître de la fête eut goûté l’eau qui était devenue
du vin (et il ne savait point d’où celui-ci venait, mais les serviteurs qui avaient puisé l’eau le
savaient), le maître de la fête appelle l’époux, et lui dit : Tout homme sert le bon vin le
premier, et puis le moins bon, après qu’on a bien bu ; toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à
maintenant » (2:7-10).

C’est ainsi que fera Jésus à bien plus grande échelle au jour à venir. Il inversera la
douloureuse histoire de l’homme. Le vin ne manquera pas quand Il règnera. Il y aura de la joie
pour Dieu et pour l’homme en heureuse communion ensemble. Jésus fournira tout à la gloire
de Dieu le Père. En ce jour-là, aussi, Il sera à la fois l’époux et le maître de la fête ; et la joie
de ce jour-là trouvera sa racine non seulement dans la gloire de Sa Personne, mais dans la
profondeur de cette œuvre d’humiliation faite sur la croix auparavant. Plus rien ne sera secret
alors. Ce ne seront pas seulement les serviteurs qui seront au courant alors, mais tous sauront,
du plus petit au plus grand. « Jésus fit ce commencement de [ses] miracles à Cana de Galilée,
et il manifesta Sa gloire ; et Ses disciples crurent en lui » (2:11). La foi croît là où elle est
réelle (2 Thes. 1:3).

278
3.1.2.1 - Spécificités de l’évangile de Jean

On remarquera que notre évangile donne des détails très importants, ignorés par tous les
autres évangiles, et qui eurent lieu avant le commencement de Son ministère en Galilée
lorsque Jean fut jeté en prison. Ainsi, nous avons le témoignage de Jean en rapport avec la
gloire personnelle du Seigneur, au sujet de Son œuvre sur la terre en faveur de l’univers
jusque dans l’éternité même, et au sujet de Son œuvre céleste avec le baptême du Saint Esprit.
Nous avons eu le témoignage de Christ « le lendemain » après celui de Jean, et ici c’est « le
troisième jour ».

3.1.2.2 - Les noces de Cana, une ombre des choses futures

L’heure de Jésus n’est pas encore venue. Les noces de Cana ne sont qu’une ombre, non pas la
vraie image. Pour les vraies noces ici-bas comme en haut, il nous faut encore attendre. La
mère de Jésus, la mère du vrai Fils mâle (cf Apoc. 12:5), sera là quand la fête arrivera. Ce qui
a été n’est qu’un témoignage, un commencement de miracles (2:11), pour manifester Sa
gloire. Le jour de l’Éternel pour Israël viendra.

3.2 - Jean 2:12

« Après cela, il descendit à Capernaüm, lui et sa mère et ses frères et ses disciples ; et ils y
demeurèrent peu de jours » (2:12). Il faut noter que Joseph n’apparaît nulle part depuis la fin
de Luc 2 quand le Seigneur avait douze ans. Sans doute s’était-il endormi entre-temps. Marie
est de nouveau vue avec le Seigneur. Son absolue séparation pour faire la volonté et l’œuvre
de Son Père (Luc 2:49) n’interfère en aucune façon avec les relations terrestres qu’Il avait
prises en grâce. Et il en sera ainsi avec ce qu’Il représente.

Les noces [de Cana] ne constituent qu’une partie de la manifestation prochaine de Sa gloire
dans le royaume ; quant au jugement qui doit être exécuté, Il en donne un gage dans la scène
qui suit, et ce, lors de la première Pâque mentionnée depuis celle de son enfance. Notre
évangéliste prend soin de mentionner cette fête tout au long du parcours [terrestre] de notre
Seigneur (6:4 ; 11:55). Hélas ! Combien peu les Juifs entraient dans sa signification !

3.3 - Jean 2:13-17 — Les marchands du temple chassés

« Et la Pâque des Juifs était proche, et Jésus monta à Jérusalem. Et il trouva dans le temple les
vendeurs de bœufs et de brebis et de colombes, et les changeurs qui y étaient assis ; et ayant
fait un fouet de cordes, il les chassa tous hors du temple, et les brebis et les bœufs ; et il
répandit la monnaie des changeurs et renversa les tables ; et il dit à ceux qui vendaient les
colombes : Ôtez ces choses d’ici ; ne faites pas de la maison de mon Père une maison de
trafic. Et ses disciples se souvinrent qu’il est écrit : « Le zèle de ta maison me dévore » (2:13-
17).

279
Non seulement ce nettoyage du temple est distinct de celui rapporté par les évangiles
synoptiques dans le cadre de Sa dernière visite à Jérusalem, mais il est instructif de remarquer
que Jean ne donne que le premier, tandis qu’eux ne donnent que le dernier. C’est un
témoignage frappant, par un fait significatif, de ce que nous avons déjà vu doctrinalement
dans l’introduction : Jean commence là où les autres évangélistes finissent, non pas d’une
manière strictement littérale, mais dans toute la profondeur de ce que Jésus est, dit et fait.
L’état du temple, l’égoïsme qui y régnait, l’indifférence vis-à-vis de la vraie crainte de Dieu,
de Son honneur et de Sa sainteté, alors qu’on était très méticuleux dans un rituel-spectacle de
leur propre invention, — voilà des caractéristiques de l’état de ruine d’un peuple appelé au
privilège terrestre le plus élevé par la faveur de Dieu.

Salomon avait agi avec vigueur au début de son règne en chassant le souverain sacrificateur
indigne ; lorsque le royaume fut divisé, Ézéchias et Josias, descendants de David, avaient
chacun cherché à défendre la gloire de l’Éternel. Néhémie, protégé par les Gentils, n’y avait
pas manqué non plus, quand, hélas ! le résidu revenu avait si vite manifesté que ni la captivité
ni la miséricorde de Dieu n’avaient réussi à les amener à la repentance. Maintenant le Fils
donne à la Jérusalem orgueilleuse et religieuse un signe ; et ce signe est d’une grande
solennité, comme le miracle de l’eau changée en vin était plein d’un espoir brillant pour la
Galilée méprisée.

Il agit bien en tant que Seigneur ayant des droits divins, mais aussi en tant qu’envoyé humble
et que serviteur. Néanmoins, Il ne refrène pas le témoignage à la gloire de Sa Personne,
justement dans le commandement de ne pas faire de la maison de Son Père une maison de
trafic. Il était le Fils de Dieu, annoncé comme tel, déjà reconnu tel par Nathanaël, agissant
judiciairement non seulement pour des raisons d’ordre moral, comme tout Israélite pieux
aurait pu le faire, mais ouvertement comme celui qui s’identifiait aux intérêts de Son Père ; or
c’était Sa maison. L’Esprit de prophétie lui aussi parlait du Messie rejeté, et les disciples s’en
souvinrent ultérieurement.

3.4 - Jean 2:18-22 — Le temple rebâti en trois jours

« Les Juifs donc répondirent et lui dirent : Quel miracle nous montres-tu, que tu fasses ces
choses ? Jésus répondit et leur dit : Détruisez ce temple (ναόν), et en trois jours je le relèverai.
Les Juifs donc dirent : On a été quarante-six ans à bâtir ce temple, et toi, tu le relèveras en
trois jours ! Mais lui parlait du temple de son corps. Lors donc qu’il fut ressuscité d’entre les
morts, ses disciples se souvinrent qu’il avait dit cela ; et ils crurent à l’écriture, et à la parole
que Jésus avait dite » (2:18-22).

Le signe qu’Il donnerait était celui de Sa propre puissance de résurrection, ne ressuscitant pas
simplement les autres, mais aussi Son propre corps, le véritable temple, le seul dans lequel
Dieu était (car la Parole était Dieu). Celui dont ils se vantaient n’en avait que le nom, mais
sans Dieu ; il allait bientôt être formellement qualifié de « leur » maison (Matt. 23), et livré à
la destruction (Matt. 24). C’est la résurrection qui Le détermine comme Fils de Dieu en
puissance (Rom.1:4). Quand Il fut ressuscité, les disciples se souvinrent de ce qu’Il avait dit,
d’autant plus qu’ils trouvèrent encore davantage la meilleure confirmation de leur foi, à la fois
dans l’Écriture et dans Sa parole. Sa résurrection est la vérité fondamentale à la fois de
l’évangile et de notre position spéciale comme chrétiens. Il n’est pas étonnant que les Juifs en
fussent jaloux, et que les Gentils s’en moquassent ou l’éludent. Puissions-nous toujours nous

280
en souvenir, et nous souvenir de Celui qui donne ainsi à l’Écriture toute sa grâce et toute sa
puissance.

3.5 - Jean 2:23-25 — Jésus connaissait ce qui était dans l’homme

Nous arrivons maintenant à une nouvelle division de l’évangile (ch. 3), introduite par une
sorte de préface au sujet de l’homme et de son état, qui forme la conclusion du ch.f 2.
L’arrivée de Nicodème avec ses questions donne lieu au témoignage de notre Seigneur quant
à la nécessité de la nouvelle naissance pour le royaume de Dieu, et quant à la croix, la vie
éternelle, l’amour de Dieu, et la condamnation du monde, et le chapitre se termine par le
témoignage de Jean le baptiseur rendu à la gloire de Sa Personne.

« Et comme il était à Jérusalem, à la Pâque, pendant la fête, plusieurs crurent en son nom,
contemplant les miracles qu’il faisait. Mais Jésus lui-même ne se fiait pas à eux, parce qu’il
connaissait tous [les hommes], et qu’il n’avait pas besoin que quelqu’un rendît témoignage au
sujet de l’homme ; car lui-même connaissait ce qui était dans l’homme » (2:23-25).

3.5.1.1 - La ruine complète de l’homme

C’était la ville des fêtes solennelles ; c’était une fête de l’Éternel, et même la plus
fondamentale des fêtes sacrées. Le Messie était là, objet de foi, opérant en puissance, et
manifestant Sa gloire par des signes appropriés. Beaucoup crurent donc en Son nom. C’était
l’homme faisant et ressentant de son mieux dans les circonstances les plus favorables.
Pourtant Jésus ne se fiait pas à eux. Certainement ce n’était pas du manque d’amour ni de
pitié de sa part ; car qui aimait et pouvait aimer comme Lui ? Mais la raison donnée
calmement, est vraiment accablante : « parce qu’il connaissait tous [les hommes], et qu’il
n’avait pas besoin que quelqu’un rendît témoignage au sujet de l’homme ; car lui-même
connaissait ce qui était dans l’homme ». Quelle sentence ! et venant de Quelle Personne, et
accompagnée de quelles raisons ! Il est bon de peser cela avec gravité : qui oserait prétendre
ne pas être concerné ? C’est le Juge établi des vivants et des morts (Actes 10:42) qui prononce
ainsi la sentence. Tout n’est-il pas terminé quant à l’homme ?

3.5.1.2 - Ceux qui sont dans la chair ne peuvent pas plaire à Dieu. Se soumettre au témoignage de Dieu
quant à son état

Un grand fait, une vérité, conduit à l’explication : c’est le mal total, la ruine irrémédiable, de
l’homme en tant que tel. Les voies du Seigneur sont dans la plus stricte conformité avec les
paroles de l’Esprit par l’apôtre Paul : « la pensée de la chair » — voilà tout ce qui est dans
l’homme — « est inimitié contre Dieu, car elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, car aussi elle
ne le peut pas ». Par conséquent « ceux qui sont dans la chair ne peuvent plaire à Dieu »
(Rom. 8:7-8). Ses faits et gestes et ses souffrances sont égoïstes et sans valeur à l’égard de
Dieu. Sa foi, comme ici, ne vaut pas mieux, car ce n’est pas l’âme soumise au témoignage de
Dieu, mais l’esprit jugeant qu’une preuve est satisfaisante pour lui. On conclut que Jésus doit
être le Messie ; ce n’est ni la soumission au témoignage divin, ni sa réception : dans un tel cas,

281
l’esprit s’assied sur le trône de jugement, et se prononce pour ou contre, selon son estimation
des raisons favorables ou défavorables, au lieu que l’âme mette son sceau sur le fait que Dieu
est vrai (en face de toutes les apparences, cela peut être vraiment très difficile). Sur quelle
base peut-on espérer l’amour du Saint pour des êtres vils et rebelles ? Sur la seule base de
Christ reçu selon le témoignage de Dieu, Christ en grâce pour les perdus et mourant pour les
impies et ceux qui sont sans force (Rom. 5:6) : c’est Lui qui explique tout et qui manifeste
tout, et non pas du tout les miracles et les signes. Ceux-ci arrêtent l’œil, exercent les pensées,
et peuvent même toucher et gagner les affections. Mais rien sinon la parole de Dieu juge
l’homme, ou révèle ce qu’il est en Christ une fois ainsi jugé ; voilà ce qui seul est de l’Esprit,
comme nous le verrons, car Lui seul, non pas l’homme, a devant Lui le véritable objet, le Fils
de l’amour de Dieu donné en grâce pour un monde ruiné et coupable.

La vérité est que nos jugements découlent de nos affections. Ce que nous aimons, nous le
croyons facilement ; ce qui ne tient pas compte de nous, nous y résistons naturellement, et
nous le rejetons. Tant que Jésus était considéré comme un agent d’amélioration de l’humanité,
il semble avoir reçu l’accueil le plus prompt et le plus cordial. L’homme veut bien accréditer
Jésus s’il pense que Jésus accrédite l’homme. Mais comment recevoir ce qui ne tient pas
compte de l’homme, ce qui le condamne moralement, ce qui maintient devant lui
l’avertissement solennel du jugement éternel et de l’étang de feu ? Non, il hait le témoignage,
et la Personne qui en est l’objet central, et la vérité qui se rapporte à ce témoignage et à cette
Personne. Mais quand l’homme est brisé devant Dieu et est rendu disposé à reconnaître son
état de péché, et à reconnaître qu’il est totalement dans les péchés, et des péchés inexcusables,
la question est tout à fait différente ; Celui qui était redouté et à l’égard duquel on éprouvait
de la répulsion, c’est vers Lui qu’on se tourne comme le seul espoir de la part de Dieu, Jésus
qui nous délivre de la colère qui vient (1 Thes. 1:10). Voilà en effet la conversion, et seule la
grâce par sa puissance vivifiante l’accomplit.

3.5.1.3 - Religion traditionnelle : un doctrine chrétienne qu’on a adaptée au monde

Voilà ce qui arrive quand on adapte la doctrine chrétienne pour qu’elle convienne au monde,
en l’émasculant et l’altérant, en vue de bâtir et affermir ce qu’en vérité elle juge. Alors, en
effet, elle n’est plus une semence qui prend racine et croît et porte du fruit, mais elle n’est que
du levain qui se propage, et contamine largement. Telle est la chrétienté, lorsque la volonté de
l’homme est engagée à son côté, et que la religion devient traditionnelle.

3.5.1.4 - Déduction logique devant les miracles, sans effet sur l’état de l’homme

Mais ici, c’est le témoignage saint et terrible de Jésus quant à l’homme dans son meilleur état,
où il n’y a pas d’inimitié, et que tout semble empli de promesse humaine. Ici de nouveau,
nous voyons Jean commencer là où les autres évangiles s’achèvent. Ce n’est pas le Messie
rejeté, mais Jésus le Fils de Dieu, qui connaît la fin dès le commencement, qui traite l’homme
comme n’étant que vanité et péché — parce que dans ses pensées Dieu n’a aucune place, mais
seulement le moi, sans qu’il n’ait aucune peine réelle ni honte d’être en opposition avec Dieu,
sans qu’il n’ait aucun sens de ce que le péché mérite, ni qu’il s’en soucie aucunement. Les
miracles qui étaient devant lui étaient pour lui une preuve l’amenant à conclure que personne
d’autre que le Messie ne pouvait les avoir opérés ; mais cette déduction n’avait pas d’effet sur

282
son état moral, ni par rapport à Dieu, ni par rapport à l’homme. Il restait comme il avait été
avec tout ce qui avait occupé et fait travailler son esprit, — et sa nature demeurait non jugée,
Dieu n’étant pas mieux connu, et l’ennemi conservant toujours le même pouvoir sur lui.
Jusqu’alors, seul l’homme était en action, et non pas Dieu ; car il n’y a pas d’œuvre de Dieu
tant que la Parole n’a pas été reçue comme étant la Sienne (ce qu’elle est en vérité), révélant
Sa grâce à l’homme qui a conscience d’en avoir besoin. Ici en Jean 2, il n’y avait là rien de la
sorte, mais un simple processus des pensées et des sentiments de l’homme, sans qu’il soit
question de ses péchés ni de son état devant Dieu, et sans qu’il ressente le moindre besoin
d’un Sauveur. Jésus en savait la valeur, et ne se fiait pas à l’homme, même quand il croyait en
Lui de cette manière. C’était une foi humaine, dont les exemples ne sont pas rares dans cet
évangile ni ailleurs, tandis qu’il est clair que la foi que nous avons est donnée de Dieu et a la
vie éternelle : cette foi a à faire avec Dieu, tandis que l’autre est de l’homme, et ne s’élève pas
au-dessus de sa source. « Soyez en garde contre les hommes » (Matt. 10:17), dira-t-Il plus tard
à Ses disciples, au moment où Il sera sur le point de prouver à la croix combien Il connaissait,
véritablement et depuis le début, ce qui était en l’homme.

4 - Chapitre 3 — Royaume de Dieu, nouvelle naissance,


choses célestes, pardon et croix + Témoignage de Jean le
Baptiseur au Seigneur
4.1 - Jean 3:1-21 — Nicodème, la nouvelle naissance et la croix

Nous avons vu combien croire en Christ à partir de preuves est sans valeur. Mais dans la foule
de ceux qui avaient ainsi cru, il pouvait y avoir des âmes éveillées au sentiment de leurs
besoins, ce qui les conduisait à Jésus personnellement. En Lui était la vie : ce n’est pas
simplement que toutes choses aient été amenées à l’existence par Lui, et que les signes opérés
et les choses faites par Jésus, s’ils étaient écrits un par un dans des livres, le monde même ne
pourrait pas contenir ces livres (21:25) — mais, bien au-dessus de tout, la vie pour le croyant
est dans le Fils (1 Jean 5:11). Voilà le fait relaté ici en détail.

4.1.1 - Jean 3:1-3

« Mais il y avait un homme d’entre les pharisiens, dont le nom était Nicodème, qui était un
chef des Juifs. Celui-ci vint à lui de nuit, et lui dit : Rabbi, nous savons que tu es un docteur
venu de Dieu ; car personne ne peut faire ces miracles que toi tu fais, si Dieu n’est avec lui.
Jésus répondit et lui dit : En vérité, en vérité, je te dis : Si quelqu’un n’est né de nouveau, il ne
peut voir le royaume de Dieu » (3:1-3).

4.1.1.1 - L’état de Nicodème

C’était un chef d’entre les plus orthodoxes du peuple élu — suffisamment sincère pour
chercher Jésus afin de connaître la vérité, mais appréciant encore assez le monde pour

283
craindre sa condamnation et son mépris. Aussi vint-il à Jésus de nuit ; cependant il se place
sur le terrain d’une conviction partagée avec ses confrères et issue du fait des miracles opérés
par le Seigneur. Il ne savait pas qu’un travail plus profond était en route intérieurement, qui
l’attirait à Jésus, lui mais pas les autres. Lui, le docteur d’Israël, reconnaissait en Jésus un
docteur venu de Dieu, et que Dieu était avec Lui : pour tout autre né d’une femme, cela aurait
été un honneur insigne ; mais pour Jésus c’était la preuve que Sa véritable gloire était
inconnue. Nicodème était donc encore égaré quant à lui-même, quant aux Juifs et quant à
Jésus. En bref, le vrai Dieu lui était inconnu.

4.1.1.2 - Ce qui manquait à Nicodème

Le Seigneur l’arrête donc tout de suite avec la déclaration que tout homme a besoin d’être né
de nouveau dès le départ, dès l’origine. Pour voir le royaume de Dieu, ce qui manque n’est
pas un enseignement, mais une nouvelle nature, une nouvelle source de l’être spirituellement.
Aucune déduction, aussi logique soit-elle, n’est de la foi. Même une conviction de la
conscience n’en est pas. Il peut y avoir une conclusion tirée honnêtement de prémisses saines,
à partir de faits tangibles du plus grand poids dans nos pensées ; mais voilà que Dieu n’est pas
connu, et l’esprit ne s’est pas jugé. Le nouveau caractère de vie qui convient au royaume de
Dieu n’existe pas encore pour l’âme. Enseigner quand on est dans un tel état ne ferait
qu’aggraver le danger, ou exposer à un nouveau mal. La Parole de Dieu n’avait jamais pénétré
le cœur de Nicodème. Il ne se savait pas entièrement souillé, spirituellement mort dans ses
péchés. Ce dont il avait besoin, c’était d’être vivifié, non pas d’avoir un nouvel aliment pour
exercer ses pensées. Alors Jésus, au lieu de commenter ses paroles, répond à son vrai besoin,
ce qu’il aurait aussi cherché lui-même s’il l’avait seulement connu.

Si Nicodème considérait alors comme indiscutable sa propre capacité (dans l’état où il était) à
profiter de la vérité et à servir Dieu et à hériter de Son royaume, le Seigneur lui assure avec
une solennité incomparable, que la nouvelle naissance est indispensable pour voir le royaume.
Car Dieu n’enseigne ni n’améliore la nature humaine. Il avait déjà essayé patiemment, et
l’épreuve qui en était faite allait sous peu être entièrement achevée.

4.1.1.3 - Le royaume de Dieu était là en Christ

Il est question du royaume de Dieu, et non pas de quoi que ce soit dans l’homme déchu. Le
royaume n’était pas encore établi ni manifesté en puissance sur la terre, comme il le sera à
l’apparition de Jésus. Il n’était pas encore prêché aux Gentils comme il le fut après la croix.
Mais pour la foi, il était venu dans la Personne de Christ, et c’était le gage qu’il serait bientôt
mis en place dans toute son étendue, à la fois dans les choses terrestres et dans les choses
célestes qui lui appartiennent. Le royaume de Dieu était parmi eux en Christ, qui manifestait
la puissance de ce royaume, les ennemis eux-mêmes visibles ou invisibles en étant juges.
Pourquoi donc Nicodème ne le voyait-il pas ? car il n’y avait aucune carence dans l’objet de
foi, ni dans Son témoignage, et il suffisait d’une condamnation et d’une confession générales ;
et il ne manquait pas non plus de signes attestant la présence et la puissance de Dieu. Hélas, la
carence est dans l’homme, et pour l’homme, c’est incurable, car qui peut changer sa nature ?
En fait, si cela était possible, cela n’aurait servi à rien. « Si quelqu’un n’est né de nouveau, il

284
ne peut voir le royaume de Dieu ». Dieu ne peut que donner une nouvelle nature, et une nature
appropriée à Son royaume. Sans cela, nul ne peut le voir.

4.1.2 - Jean 3:4 — Nouvelle naissance : un changement de nature

« Nicodème lui dit : Comment un homme peut-il naître quand il est vieux ? Peut-il entrer une
seconde fois dans le sein de sa mère et naître ? » (3:4).

Nous apprenons par-là ce que le Seigneur donnait à entendre : il ne s’agissait pas que la
naissance nécessaire soit d’en haut, mais qu’elle soit nouvelle ; s’il en était autrement, la
difficulté formulée par Nicodème n’aurait pas eu lieu d’être. Toutefois il y avait encore à
préciser : car en vérité, même si la conversion fabuleuse d’un homme vieux en un homme de
nouveau jeune pouvait être véritable, même si le cas étrange suggéré par le pharisien étonné
pouvait avoir été opéré dans un fait réel miraculeux (comme Jonas sorti vivant du grand
poisson qui l’avait avalé), cela n’aurait pas suffi pour répondre aux exigences du royaume de
Dieu, comme nous allons le voir expressément dans les explications supplémentaires de notre
Seigneur. Car ce serait encore la nature humaine, même si elle était renouvelée dans sa
jeunesse, ou répétée dans sa naissance jusqu’à ce point, et aussi souvent qu’on veut. Une
chose pure ne peut pas sortir d’une chose impure ; or telle est la nature de l’homme depuis la
chute. Ce n’est pas non plus la manière de renouveler de Dieu ; mais Sa manière consiste à
donner une nature entièrement nouvelle en commençant à la source ; car le croyant est né de
Dieu, non pas d’une semence corruptible, mais d’une semence incorruptible, par la vivante et
permanente parole de Dieu (1 Pierre 1:23).

4.1.3 - Jean 3:5 — Être né d’eau et d’Esprit pour entrer dans le royaume de Dieu

« Jésus répondit : En vérité, en vérité, je te dis : Si quelqu’un n’est né d’eau et d’Esprit, il ne


peut entrer dans le royaume de Dieu (*). Ce qui est né de la chair est chair ; et ce qui est né de
l’Esprit est esprit » (3:5-6).

(*) note de E.E. Whitfield : c’est la leçon de la plupart des éditeurs appuyés par la majorité
des manuscrits. Blass lit : « des cieux », comme dans aleph. Les preuves internes supportent
« Dieu ». Quant au « royaume », W.Kelly dans ses « Méditations sur l’évangile de Matthieu »
(ch. 17) estime qu’« Il parle d’un royaume dans lequel nous entrons maintenant ».

4.1.3.1 - Un passage souvent perverti

Ce sont des paroles d’une importance incalculable pour l’homme, et d’une profonde
bénédiction chez ceux à qui la grâce donne des oreilles pour entendre, et un cœur pour
recevoir et garder. Pourtant, je ne connais guère de passages de l’Écriture qui ait été autant
perverti que celui-ci, pour en faire le baptême, ni de passage où la tradition qui s’y rapporte
est la plus dangereusement fausse, bien qu’elle ait été tenue et crue « toujours, partout et par

285
tous » (quod semper, quod ubique, quod ab omnibus) comme bien d’autres interprétations de
l’Écriture. De cette interprétation, il s’ensuivrait le double résultat suivant : 1. aucune âme ne
pourrait entrer dans le royaume de Dieu sinon ceux qui ont été baptisés, et, 2. comme le
contexte prouverait l’identification de la nouvelle nature avec la vie éternelle, aucun des
baptisés ne pourrait périr — Voilà une déclaration que tous (sauf les plus grossièrement
ignorants ou pleins de préjugés) avouent être, dans ses deux parties, opposée à d’autres
passages clairs de l’Écriture, et à un fait notoire.

4.1.3.2 - L’eau ne figure pas ici le baptême

Le baptême chrétien (c’est ce que traditionnellement on pense être la signification visée, non
pas le baptême de Jean, ni celui des disciples) n’était pas alors institué, et les faits qu’il
symbolise n’existaient pas, jusqu’à ce que le Seigneur meure et ressuscite. Comment alors
Nicodème aurait-il eu une possibilité quelconque de les anticiper ou de comprendre ce que le
Seigneur donne comme éclaircissement de la difficulté relative à être né de nouveau ?
Pourtant, le Seigneur lui reproche comme « docteur d’Israël » sa lenteur à comprendre.
Autrement dit, il aurait dû savoir ces choses (justement comme enseignant les Juifs), mais il
n’avait aucune possibilité de les connaître si le Seigneur faisait allusion à une institution
chrétienne non encore divulguée.

4.1.3.3 - Raisonnements erronés pour appuyer l’idée du baptême

Le raisonnement de Hooker (*) (« Works » ii. 262, etc., 5eme édition de Keble), comme
d’autres avant et après lui, est à côté du sujet, et démontre simplement l’inattention vis-à-vis
de l’Écriture, et la connaissance superficielle de la vérité. Il n’est pas vrai que « né d’eau et
d’Esprit », si on l’interprète littéralement, signifie le baptême. Ce rite n’est jamais présenté
comme figurant la vie, mais la mort, comme en Rom. 6, Col. 2, et 1 Pierre 3 : « Ignorez-vous
que nous tous qui avons été baptisés pour Jésus Christ, nous avons été baptisés pour sa
mort ? ». Le baptême n’est jamais un signe de vivification, mais plutôt d’identification de
ceux qui sont vivifiés avec la mort de Christ, afin qu’en vertu de Lui, ceux-ci puissent prendre
la place d’hommes morts au péché, mais vivants pour Dieu, et se compter tels par grâce, car
c’est bien sous la grâce que nous sommes, non pas sous la loi. Voilà la doctrine apostolique.
Les paroles de notre Seigneur n’enseignent pas autrement, et ne le peuvent pas, alors qu’elles
le devraient si Jean 3:5 s’appliquait au baptême. Prenez l’eau ici comme une figure de la
parole que l’Esprit utilise pour vivifier, et tout est clair, cohérent, et vrai. S’il était dit dans
l’Écriture que nous sommes nés de l’Esprit par le moyen de l’eau, nous nous rapprocherions
de ce que les Pères en ont tiré, et de ce qui est nécessaire pour supporter la construction bâtie
dessus dans l’Anglicanisme et d’autres formulaires de liturgie qui l’appliquent au baptême. La
manière dont ils traitent cette expression « né d’eau et de l’Esprit » semble être vraiment
« licencieuse », « induisant en erreur » et « dangereuse », — et en opposition avec ce que
notre Seigneur dit même au verset 5, et encore plus avec son omission de l’« eau » au verset
6, et par-dessus tout avec la place du baptême donnée partout ailleurs dans l’Écriture. Le
baptême peut être l’expression formelle d’un lavage qui ôte les péchés, mais il n’exprime
jamais la communication de la vie : ceci est sans équivoque un faux enseignement.

286
(*) Cartwright avait dit que le baptême irrégulier s’était développé à partir d’une fausse
interprétation de Jean 3:5, « où certains interprètent le mot « eau » comme l’eau en tant que
matière physique, alors que Christ notre Sauveur prend l’eau ici comme signifiant l’Esprit,
selon un langage d’emprunt ». Le lecteur verra que cela est imparfait ; car l’eau est ici la
figure de la parole qui apporte la sentence de mort sur la chair ; et ainsi l’homme pécheur est
purifié par Celui du côté duquel ont coulé du sang et de l’eau, selon le témoignage de Jean.

Sur un plan général, Hooker dit : « je tiens pour une vérité tout à fait infaillible quand on
expose l’Écriture sacrée, que, là où une interprétation littérale tient la route, plus on s’éloigne
de la lettre du texte, plus on fait mal en général. Rien n’est plus dangereux que cet art
licencieux et trompeur consistant à changer le sens des mots (comme l’alchimie le fait ou
voudrait le faire avec la substance des métaux, faisant ce qui semble bon de n’importe quoi),
et qui finalement réduit toute vérité à néant… Pour masquer l’orientation générale de
l’antiquité qui s’accorde avec l’interprétation littérale, ils affirment habilement que
« certains » ont pris ces mots comme signifiant l’eau matérielle, alors qu’ils savent qu’on ne
peut citer aucun de tous les anciens qui n’ait jamais exposé ou soutenu ce passage comme
impliquant autre chose qu’un baptême externe » (E. P., V. lix. 2, 3).

L’antiquité a été peut-être aussi unanime pour appliquer Jean 6 à la Cène du Seigneur, avec
des raisons aussi peu solides. Dans aucun de ces deux cas, ceux qui interprètent ainsi depuis
l’antiquité ne font une interprétation littérale, mais ils s’accrochent à une ressemblance
superficielle ; dans les deux cas, il en résulte une hétérodoxie très dangereuse pour les âmes,
et qui a énormément contribué à la ruine de la chrétienté et à celle d’individus trompés. Il est
impossible de nier que le Seigneur a souvent employé ailleurs l’eau au sens figuré ; maintenir
qu’Il l’entendait littéralement ici, c’est abaisser le sens immensément et impliquer les pires
conséquences, comme celle d’une ordonnance sauvant ex opere operato (**). Je voudrais
ajouter qu’il est remarquable que l’évangile de Jean omet l’institution à la fois du baptême et
de la Cène du Seigneur, s’appesantissant plus que tous les autres sur la vie et l’Esprit.

(**) note Bibliquest : en doctrine catholique, ex opere operato désigne l’efficacité du


sacrement inhérente à sa seule administration, indépendamment de l’état de celui qui
l’administre et de celui qui le reçoit.

4.1.3.4 - L’eau : la parole de Dieu appliquée par Son Esprit

Il en est ainsi en Jean 13 et 15 [13:7-10 & 15:3], pour ne pas parler de Jean 4 et 7. Pour la
figure de l’eau, comparer Éph. 5:26 ; pour la vérité sous-jacente à cette figure, voir 1 Cor.
4:15, Jacq. 1:18, 1 Pierre 1:23. Ce n’est pas un rite donnant un honneur à une classe officielle,
mais la parole de Dieu appliquée par Son Esprit, apportant la mort sur la nature, afin que nous
puissions vivre quant à Dieu en Christ.

4.1.3.5 - Être né d’eau et d’Esprit : être engendré de Dieu, rendu participant de la nature divine

Car Christ est venu par l’eau et par le sang ; Il purifie et expie (1 Jean 5). Il est la vérité, que la
parole de Dieu applique dans la puissance de l’Esprit, jugeant la vieille nature et introduisant
la nouvelle. « Je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi » (Gal. 2:20). On est la même

287
personne, mais une vie est communiquée qu’on n’avait pas auparavant, non pas la vie
d’Adam, mais celle de Christ, le second Homme. On est engendré de Dieu, rendus
participants de la nature divine par les très grandes et très précieuses promesses, ayant
échappé à la corruption qui est dans le monde par la convoitise (2 Pierre 1:4). Voilà ce que
c’est qu’être né d’eau et d’Esprit — une chose infiniment plus profonde que toute formule de
la vérité correspondante, aussi précieuse soit-elle à sa place et dans le but que le Seigneur
avait en vue lorsqu’il l’a instituée. Le baptême était l’admission formelle ; c’était la
confession de Christ sur la base de Sa mort et de Sa résurrection, non pas sur la base d’une
vivification, ce qui était vrai de tous les saints avant Christ, quand il n’y avait pas de baptême
chrétien. Si le baptême était vraiment le signe et le moyen d’avoir la vie, la cohérence
voudrait qu’on dénie la vie aux saints de l’Ancien Testament, ou bien il aurait fallu qu’ils
soient baptisés du baptême chrétien, ce qu’ils n’étaient pas. C’est là un terrain évidemment
faux. Il n’y a aucune raison d’estimer que les douze aient été baptisés du baptême chrétien ;
ils ont baptisé les autres, sans l’être eux-mêmes, semble-t-il. N’étaient-ils pas, alors, nés de
nouveau ? La circoncision non plus ne signifiait pas la vie ; or nous savons que les âmes
étaient nées de nouveau avant même que la circoncision ait été imposée à Abraham déjà
justifié par la foi.

4.1.4 - Jean 3:6 — Deux natures totalement distinctes

C’est pourquoi aussi, il est important d’observer que celui qui est ainsi né de nouveau, est dit
être né de l’Esprit, l’eau étant omise au verset 6 : « Ce qui est né de la chair est chair ; et ce
qui est né de l’Esprit est esprit » (3:6).

Sans l’Esprit, la Parole (ou l’eau, de manière figurée) ne peut rien pour vivifier, car Il est
l’agent efficace dans la communication de la vie de Christ. L’eau purifie, mais par elle-même,
elle n’est pas capable de vivifier ; elle est la mort pour la chair. Il n’y avait eu que la chair
auparavant ; maintenant, comme croyant en Christ, l’homme est né de Dieu (1 Jean 5) ; et
chaque nature garde ses propres caractéristiques. Comme la chair ne devient jamais esprit,
ainsi l’esprit ne dégénère jamais en chair. Les natures demeurent distinctes, et ce que le
croyant a à faire pratiquement, c’est de se tenir pour mort vis-à-vis de l’une afin de pouvoir
vivre dans l’autre, par la foi au Fils de Dieu qui l’a aimé et s’est donné pour lui (Gal. 2:20).

4.1.5 - Jean 3:7-8 — Les païens / Gentils comme les Juifs ont besoin de naître de l’Esprit

Nicodème n’avait pas non plus à s’étonner que lui et les autres Juifs aient besoin d’être nés de
nouveau, et non pas simplement les païens (ce à quoi ils auraient consenti tout de suite). « Ne
t’étonne pas de ce que je t’ai dit : Il vous faut être nés de nouveau » (3:7).

Si la grâce souveraine satisfaisait ce besoin, pouvait-elle s’arrêter là, le voudrait-elle ?


Certainement pas. Elle voulait exhaler la bénédiction aussi largement que les ravages du
péché, selon le choix de Dieu. « Le vent souffle où il veut, et tu en entends le son ; mais tu ne
sais pas d’où il vient, ni où il va : il en est ainsi de tout homme qui est né de l’Esprit » (3:8).
Ainsi dans « tout homme », il y a la place pour tout homme déchu, un Gentil tout autant qu’un
Juif. Quel que soit ce qui les distingue selon la chair, l’Esprit peut affluer librement et bénir
ceux qui sont les plus éloignés, tandis que le plus proche n’est rien sans Lui.

288
4.1.6 - Jean 3:9-10 — Ce que l’Ancien Testament disait déjà de ces choses

En outre, il a déjà été remarqué que, dans tout cela, il n’y a pas de privilège qui fût si spécial
qu’il ait été hors de portée d’un Juif intelligent. C’est pourquoi quand « Nicodème répondit et
lui dit : Comment ces choses peuvent-elles se faire ? Jésus répondit et lui dit : Tu es le docteur
d’Israël, et tu ne connais pas ces choses ? » (3:9-10). N’avait-il jamais lu la promesse faite à
Israël dans l’un des prophètes ? : « Car je verserai de l’eau sur celui qui a soif, et des
ruisseaux d’eau sur la terre sèche ; je verserai mon Esprit sur ta semence, et ma bénédiction
sur ceux qui sortent de toi » (Ésaïe 44:3). Avait-il aussi oublié les paroles d’un autre
prophète ? : « Et je répandrai sur vous des eaux pures, et vous serez purs : je vous purifierai de
toutes vos impuretés et de toutes vos idoles. Et je vous donnerai un cœur nouveau, et je
mettrai au-dedans de vous un esprit nouveau ; et j’ôterai de votre chair le cœur de pierre, et je
vous donnerai un cœur de chair ; et je mettrai mon Esprit au-dedans de vous, et je ferai que
vous marchiez dans mes statuts, et que vous gardiez mes ordonnances et les pratiquiez. Et
vous habiterez dans le pays que j’ai donné à vos pères, et vous serez mon peuple, et moi je
serai votre Dieu » (Ézéchiel 36:25-28).

On ne peut s’y tromper : Israël aura besoin de la nouvelle naissance même pour recevoir
bientôt les bénédictions terrestres du royaume de Dieu et pour en jouir correctement, — et
Dieu dans Sa grâce le leur accordera dans ce but. Nicodème n’avait donc pas à être surpris de
la nécessité universelle de la nouvelle naissance, y compris pour les Juifs, selon que le
Seigneur la proclamait ; mais comme la bénédiction n’est pas de la chair, mais de l’Esprit, la
grâce ne mettra personne à l’écart de cette bénédiction pour des raisons susceptibles de
donner du poids à l’homme. Les Gentils ne seront pas laissés en dehors d’une miséricorde si
riche et si indispensable pour le royaume de Dieu, — lequel est par grâce, et ne provient pas
de la loi ni de la chair comme les Juifs étaient enclins à l’admettre. « Ho ! quiconque a soif,
venez aux eaux, et vous qui n’avez pas d’argent, venez, achetez et mangez ; oui, venez,
achetez sans argent et sans prix du vin et du lait » (Ésaïe 55:1). N’est-ce pas là la grâce, et
exprimée de manière à ouvrir la porte à toute personne des nations au sens du besoin, du
besoin sans ressource, où qu’il soit ? Pourtant qui était celui qui tirait, ou pouvait tirer des
prophètes le principe, et lui donner sa forme absolue, comme ici, à Nicodème, si ce n’est
Celui qui parlait ? D’autres inspirés par l’Esprit allaient bientôt suivre, et parmi eux aucun
plus nettement que l’apôtre Paul.

Jusque-là donc, Nicodème en tant que Juif et que docteur d’Israël, aurait dû connaître la
nature autant que la nécessité de la nouvelle naissance. Les anciens prophètes n’étaient pas
silencieux sur son application à Israël, même pour les jours où la bénédiction sera versée en
abondance sur eux de la part de Dieu selon Sa promesse. Non seulement les païens sont
décrits comme impurs, mais aussi Son peuple (quelle que fût leur présente autosatisfaction et
l’orgueil qui s’enveloppait d’ignorance), et il en sera ainsi jusqu’à ce qu’Il fasse aspersion de
l’eau pure sur eux, et qu’Il mette Son Esprit en eux. Sans aucun doute, le Seigneur, comme
cela était dû à Sa gloire personnelle, présente la vérité avec une clarté et une profondeur
incomparablement plus grandes, ainsi qu’une portée qui embrasse tout ; mais ce qui était
présenté n’aurait pas dû être étrange à Nicodème sur son propre terrain. La nouvelle chose
suit la croix, soit dans ce que le Seigneur établit, soit dans les faits, comme nous le verrons
impliqué au ch. 4.

289
4.1.7 - Jean 3:11 — Le Fils de Dieu rendait témoignage de ce qu’Il connaissait et avait vu

4.1.7.1 - Le Fils connaissait le Père

Or même ici le Seigneur parle d’une connaissance à communiquer, comme en fait elle l’était,
d’abord par Lui-même en Personne, puis par le Saint Esprit à travers des témoins choisis,
transcendant le témoignage des prophètes et tout à fait différente à la fois dans son caractère
et dans sa mesure. « En vérité, en vérité, je te dis : Nous disons ce que nous connaissons, et
nous rendons témoignage de ce que nous avons vu, et vous ne recevez pas notre témoignage »
(3:11). Ce n’est pas une vision de choses situées hors de la sphère ordinaire de celui qui était
inspiré pour être prophète, ni un message fondé sur l’autorité de Celui qui a envoyé Son
serviteur avec un « Ainsi dit l’Éternel ». Jésus seul, vrai homme parmi les hommes, pouvait
néanmoins dire, parce qu’Il n’en était pas moins Dieu : « Nous disons ce que nous
connaissons, et nous rendons témoignage de ce que nous avons vu ». Il savait ce qui était dans
l’homme, n’ayant besoin d’aucun témoignage au sujet de l’homme (Jean 2) ; Il savait ce qui
était en Dieu, et Il était le seul homme à pouvoir témoigner de Dieu sans [avoir besoin
d’aucun] témoignage au sujet de Lui (Jean 3). « Moi je t’ai connu », dit-Il Lui-même au Père
plus loin dans cet évangile (17:25). Mais le monde ne connaissait pas le Père ; encore moins
le Père et le Fils étaient-ils connus par ceux qui, en persécutant les disciples, pensaient faire le
service de Dieu (16:2-3). Mais, béni soit Son nom, si personne ne connaissait le Père, si ce
n’est le Fils, ils ne manquaient pas de gens à qui le Fils révélait le Père (Matt. 11:27) ; et ainsi
le Saint Esprit, qui sonde toutes choses, même les choses profondes de Dieu (1 Cor. 2:10),
révèle ce qui était auparavant caché (y compris aux prophètes), et Il donne aux chrétiens la
pensée, ou l’intelligence, de Christ (1 Cor. 2:16).

4.1.7.2 - Différence entre le témoignage de Christ et celui d’un prophète

Car une Personne Divine connaît en Elle-même, toutes choses en elles-mêmes ; non pas
comme les prophètes qui connaissaient de la part de Quelqu’un d’extérieur et d’en haut, Qui
donnait une mission, une vision, un message. Ceux-ci pouvaient donc souvent parler de ce
qu’ils ne connaissaient pas, et apprendre en recherchant, que « ce n’était pas pour eux-mêmes,
mais pour vous, qu’ils administraient ces choses, qui vous sont maintenant annoncées par
ceux qui vous ont annoncé la bonne nouvelle par (έν) l’Esprit Saint envoyé du ciel » (1 Pierre
1:12). Mais Jésus parlait de ce qu’Il connaissait. Venant de Dieu, et étant Lui-même Dieu, Il
connaissait parfaitement la nature divine, et était ici un homme pour la révéler aux hommes.
Si personne n’avait jamais vu Dieu, le Fils unique, qui est dans le sein du Père, Lui, L’a fait
connaître (1:18) ; Il était le seul né de femme à avoir cette compétence, à la fois en tant que
Fils et en tant qu’image du Dieu invisible : Il était et est cette image dans un sens non
seulement prééminent, mais exclusif, comme l’enseignent formellement les épîtres aux
Colossiens (Col. 1:18.) et aux Hébreux (Héb. 1:3). Et Il parlait avec une grâce ineffable,
exprimant la grâce et la vérité de Celui qui est Dieu et Père, à travers le cœur d’un homme et
s’adressant aux cœurs des hommes. Il témoignait aussi de la gloire, qui lui était familière
auprès du Père avant que le monde fût. Car qu’est-ce que l’amour divin retenait caché à ceux
qui allaient partager avec Lui la gloire dans laquelle Lui et eux seront manifestés au monde,
— à ceux qui allaient contempler Sa gloire comme personne d’autre ne la verra ? (17:24).
Dans le ciel, oui, dans la gloire la plus brillante du ciel, Il était chez Lui ; et de même qu’Il
allait préparer une place dans la maison du Père pour les Siens (14:3), ainsi ce qu’Il était seul

290
à avoir vu, Il en rendait témoignage à ceux que la grâce souveraine voulait appeler pour les
rendre aptes à être avec Lui dans cette maison.

4.1.7.3 - Un témoignage précieux et divin, mais rejeté par l’homme

Et quel témoignage cette double connaissance rend à la Personne de Jésus, dans l’absolu, et
pourtant aussi dans une relation ! Il est en effet le vrai Dieu, mais en même temps la vie
éternelle. Ce n’était pas empirique, mais intrinsèque. Comme une Personne divine seule le
pouvait, Il connaissait à la fois l’homme et Dieu ; et après avoir insisté sur le besoin
indispensable d’être né de nouveau, Il parle de Dieu connu en haut, en nature et en gloire,
comme précédemment nous avions Sa connaissance de ce qui est dans l’homme. Combien il
est précieux qu’une telle connaissance nous soit communiquée, comme elle l’est maintenant
en Christ et dans le christianisme ! L’homme dans le besoin, ignorant, aveugle, ne voulait-il
pas accueillir un tel privilège ? Hélas, non : même pas quand la grâce le fait descendre jusqu’à
tout nous expliquer avec les expressions du langage humain. « Et vous ne recevez pas notre
témoignage » (3:11). Ce témoignage fait connaître Dieu, et révèle le Père. Il ne laisse pas de
place pour recevoir de la gloire l’un de l’autre. Il condamne l’homme tel qu’il est, rempli de
propre volonté et orgueilleux, non seulement sans cœur pour Dieu, mais ne voulant pas croire
ce qui est dans le cœur de Dieu pour l’homme, et qui a été exprimé dans chaque mot et acte de
Jésus. Comme l’apôtre nous le dit : « Personne ne connaît les choses de Dieu, si ce n’est
l’Esprit de Dieu… L’homme naturel ne reçoit pas les choses qui sont de l’Esprit de Dieu, car
elles lui sont folie ; et il ne peut les connaître, parce qu’elles se discernent spirituellement » (1
Cor. 2:11, 14).

Il y a une répulsion naturelle dans les pensées de l’homme à l’égard du témoignage divin. Le
jugement dépend des affections, et les affections de l’homme sont étrangères par rapport à
Dieu. Les privilèges n’y changent rien, ni la responsabilité qui découle de la relation dans
laquelle on peut être vis-à-vis de Dieu. Il faut être né de nouveau. Une nature divine s’attache
à Dieu ; la vie qui provient de Lui en tant que source, s’élève vers Lui dans ses désirs, si ce
n’est pas même toujours (jusqu’à ce que la rédemption soit connue) en confiance de cœur.

4.1.7.4 - Le besoin des Juifs d’être entièrement renouvelés

Or, dans Sa déclaration solennelle, le Seigneur n’était pas allé au-delà de la nécessité
universelle de l’homme en vue du royaume de Dieu, et le docteur juif était donc inexcusable
d’en avoir ainsi méconnu la vérité au point de s’étonner de l’affirmation du Seigneur à son
sujet. Il aurait dû connaître les anciennes écritures, spécialement des Psaumes et des
prophètes, qu’Israël doit être renouvelé pour entrer dans la jouissance de la portion qui leur a
été promise sur la terre. « Certainement Dieu est bon envers Israël », comme le royaume
messianique le manifestera ; mais ce n’était pas assuré à tous. C’était en faveur de « ceux qui
sont purs de cœur » (Ps. 73:1). La masse des Juifs sera si loin d’être prête pour le royaume,
que l’Esprit de Christ dans le résidu pieux n’hésitera pas à demander le jugement de Dieu et à
plaider sa cause contre une nation sans piété et sans miséricorde (Ps. 43). Ils n’étaient pas
meilleurs que les Gentils, mais plus coupables. Ils y avaient des ennemis au-dedans comme au
dehors. « Et j’ai dit : Oh ! si j’avais des ailes comme une colombe, je m’envolerais et je
demeurerais tranquille ; voici, je m’enfuirais loin, et je me logerais au désert. Sélah. Je me

291
hâterais de m’échapper loin du vent de tempête, loin de l’ouragan. Engloutis-[les], Seigneur !
divise leur langue ; car j’ai vu la violence et les querelles dans la ville. Jour et nuit ils font la
ronde sur ses murailles ; et l’iniquité et le tourment sont au milieu d’elle ; les perversités sont
au milieu d’elle, et l’oppression et la fraude ne s’éloignent pas de ses rues. Car ce n’est pas un
ennemi qui m’a outragé, alors je l’aurais supporté ; ce n’est point celui qui me hait qui s’est
élevé orgueilleusement contre moi, alors je me serais caché de lui ; mais c’est toi, un homme
comme moi, mon conseiller et mon ami : nous avions ensemble de douces communications ;
nous allions avec la foule dans la maison de Dieu » (Ps. 55:6-14). Ainsi dans la pensée des
saints, la ville (la sainte cité en titre, et en fait la cité tout à fait profane) est pire que le désert,
aussi désolé soit-il. Ce ne sont pas seulement les Gentils qui ont besoin d’être nés de nouveau,
mais les Juifs aussi, autrement le nom de Dieu est blasphémé parmi les Gentils à leur sujet,
comme il est écrit (Rom. 2:24).

4.1.7.5 - La prophétie d’Ézéchiel 36

Il est frappant de noter que le chapitre d’Ézéchiel, déjà cité en partie et naturellement utilisé
pour illustrer ces paroles de l’apôtre Paul, déclare dans des termes tout à fait clairs et
inconditionnels que Dieu sanctifiera Son grand nom qui a été blasphémé parmi les païens, et
« que vous avez profané au milieu d’elles ; et les nations sauront que je suis l’Éternel, dit le
Seigneur, l’Éternel, quand je serai sanctifié en vous, à leurs yeux. Et je vous prendrai d’entre
les nations, et je vous rassemblerai de tous les pays, et je vous amènerai sur votre terre ; et je
répandrai sur vous des eaux pures, et vous serez purs : je vous purifierai de toutes vos
impuretés et de toutes vos idoles. Et je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai au-
dedans de vous un esprit nouveau ; et j’ôterai de votre chair le cœur de pierre, et je vous
donnerai un cœur de chair ; et je mettrai mon Esprit au-dedans de vous, et je ferai que vous
marchiez dans mes statuts, et que vous gardiez mes ordonnances et les pratiquiez. Et vous
habiterez dans le pays que j’ai donné à vos pères, et vous serez mon peuple, et moi je serai
votre Dieu. Et je vous délivrerai de toutes vos impuretés. Et j’appellerai le blé, et je le
multiplierai, et je ne vous enverrai pas la famine ; et je multiplierai le fruit des arbres et le
produit des champs, afin que vous ne portiez plus l’opprobre de la famine parmi les nations.
Et vous vous souviendrez de vos mauvaises voies et de vos actions qui ne sont pas bonnes, et
vous aurez horreur de vous-mêmes à cause de vos iniquités et à cause de vos abominations.
Ce n’est point à cause de vous que je le fais, dit le Seigneur, l’Éternel : sachez-le. Soyez
honteux et soyez confus à cause de vos voies, maison d’Israël ! Ainsi dit le Seigneur,
l’Éternel : Au jour où je vous purifierai de toutes vos iniquités, je ferai que les villes seront
habitées, et les lieux désolés seront rebâtis ; et le pays désert sera labouré, au lieu d’être une
désolation aux yeux de tous les passants. Et ils diront : Ce pays qui était désolé, est devenu
comme le jardin d’Éden ; et les villes ruinées et désertes et renversées sont fortifiées et
habitées. Et les nations qui demeureront de reste autour de vous, sauront que moi, l’Éternel,
j’ai rebâti les [villes] renversées, j’ai planté ce qui était désolé. Moi, l’Éternel, j’ai parlé, et je
le ferai » (Ézéchiel 36:23-36).

4.1.8 - Jean 3:12

En outre, ces paroles du prophète donnent une illustration des « choses terrestres » dont parle
notre Seigneur dans Son entretien avec Nicodème : « Si je vous ai parlé des choses terrestres,

292
et que vous ne croyiez pas, comment croirez-vous, si je vous parle des choses célestes ? »
(3:12).

4.1.8.1 - Au-delà des choses terrestres

En parlant comme Il l’avait fait de la nécessité d’être né de nouveau — né d’eau et d’Esprit


— le Seigneur n' était pas allé au-delà « des choses terrestres ». On ne pouvait voir le
royaume de Dieu ni y entrer sans cette nouvelle naissance. Bien sûr, elle est indispensable
pour les cieux ; mais le Seigneur va plus loin, et insiste sur ce qu’elle est essentielle même
pour la province inférieure du royaume de Dieu. Même les Juifs ont besoin d’être nés de
nouveau, tant pour les bénédictions milléniales que pour l’éternité. Cela est si vrai que « tous
ceux qui sont [issus] d’Israël ne sont pas Israël » et aussi parce qu’ils sont « la semence
d’Abraham, ils ne sont pas tous enfants » (Rom. 9:6-7).

4.1.8.2 - La révélation de choses nouvelles et célestes

Nous allons voir aussi, quand notre Seigneur se met, dans Son discours, à évoquer Sa croix et
l’amour de Dieu donnant Son Fils, qu’être né de nouveau n’est pas une description adéquate
de ce qui est donné au croyant, mais il y a la vie éternelle. Substantiellement, sans doute, c’est
la même nouvelle nature que tous les saints ont et doivent avoir ; mais maintenant que la
gloire et l’œuvre de Christ sont révélées, son caractère complet brille. Il y a encore plus,
comme nous le savons, et le chapitre suivant le montre : l’Esprit donné, et la jouissance de la
relation d’enfants de Dieu, et les résultats de la mort et de la résurrection et de l’ascension de
Christ qui sont notre part déjà maintenant. Mais je ne m’étends pas davantage là-dessus pour
le moment. Nous apprenons seulement ici que le royaume de Dieu a des « choses célestes »,
tout autant que « les choses terrestres » dont les prophètes avaient parlé. Jésus, le Fils, aurait
pu dévoiler les choses célestes, mais la condition d’un Nicodème ne le permettait pour le
moment. Toutes ces profondeurs de Dieu, et d’autres encore, ont été révélées amplement par
l’Esprit après que le sang versé a justifié Dieu et purifié leurs consciences. Alors seulement,
les disciples ont été libres de tout apprendre dans la puissance de la résurrection de Christ et
dans la lumière du ciel. Telle est la connaissance chrétienne.

4.1.8.3 - Le royaume du Père est la sphère céleste du royaume

Mais même quand Christ était ici-bas, Il a indiqué nettement que le royaume du Père était une
sphère céleste où les saints ressuscités ont à resplendir comme le soleil, par contraste au
royaume du Fils de l’homme, qui est clairement le monde, duquel les anges, à Sa venue
auront mission d’ôter tout scandale et ceux qui commettent l’iniquité (Matt. 13:41-43). Dans
la prière donnée aux disciples (Matt. 6:10), on peut reconnaître une distinction semblable,
quoique moins tranchée, quand Il leur commande de prier pour le royaume à venir de leur
Père, où eux et tous les saints ressuscités seront glorifiés ; et ensuite, que Sa volonté soit faite
comme dans le ciel, aussi sur la terre, ce qui ne sera assuré qu’à la fin de l’ère, quand le Fils
de l’homme viendra dans son royaume. Ces deux royaumes (du Père et du Fils de l’homme)
constituent ensemble le royaume de Dieu, qui comprend, par conséquent, comme le Seigneur

293
l’assure ici, « les choses célestes » et « les choses terrestres ». Le lecteur trouvera une
abondante confirmation en Éph. 1:10, Col. 1:20, et Héb. 12:22-24.

4.1.9 - Jean 3:13

4.1.9.1 - L’homme aveugle rejette le Fils de l’homme

Il nous est ensuite donné d’apprendre qui est Celui qui pouvait parler des choses célestes avec
une connaissance et une autorité compétentes. C’est le Fils de l’homme, la même Personne,
sans aucun doute, qui a daigné naître de la vierge, le Fils de David, le Messie. Mais comme
Messie, Il a à juger en justice le peuple de l’Éternel, et à régner avec une puissance qui ne
saurait être contestée, sauf à conduire à la ruine, ce qui sera le cas de tous les rebelles. Car
« l’Esprit de l’Éternel reposera sur lui, l’esprit de sagesse et d’intelligence, l’esprit de conseil
et de force, l’esprit de connaissance et de crainte de l’Éternel. Et son plaisir sera la crainte de
l’Éternel ; et il ne jugera pas d’après la vue de ses yeux, et ne reprendra pas selon l’ouïe de ses
oreilles ; mais il jugera avec justice les misérables, et reprendra avec droiture les débonnaires
de la terre » (Ésaïe 11:2-4). C’est ainsi qu’Il s’est présenté à Israël, mais Il a été rejeté ; et
comme nous le savons, ils Le rejettent jusqu’à ce jour. Car l’homme, étant perdu, prouve qu’il
est totalement aveugle, et parmi les hommes, nul ne l’a davantage prouvé qu’Israël à
l’encontre de leur gloire la plus vraie et de leur trésor le meilleur : Christ, le Seigneur. C’est
ce que nous avons vu dès le début de l’évangile selon Jean, qui a été donné pour traiter les
choses comme elles sont, et comme elles sont en présence de la grâce et de la vérité dans Sa
Personne qui révèle le Père.

4.1.9.2 - Compétence unique pour parler de tout ce qu’Il connaît, y compris les choses célestes

Nous n’avons donc pas ici un prophète en train de révéler l’avenir du royaume de l’Éternel
sur la terre, ou des jugements qui l’introduiront, ou des maux qui devront être jugés avant
l’établissement de la bénédiction en ce jour-là. C’est plus qu’un prophète qui fait connaître ce
qu’il a reçu, avec la responsabilité de le communiquer à l’homme de la part de Dieu. Jésus n’a
pas simplement la connaissance de ce qui est dans l’homme sur la terre, comme personne ne
l’a jamais connu, comme seule la Parole faite chair l’a connu, mais Jésus connaît ce qui est en
Dieu en haut comme seule une Personne divine le pouvait, et maintenant comme homme
aussi. Aucun prophète n’a jamais parlé, n’a jamais pu parler comme Lui ; nul autre n’a connu
comme Lui, et n’a donc témoigné comme Lui. Lui pouvait donc parler des choses célestes,
aussi bien que des terrestres, non pas comme quelqu’un inspiré pour dire ce qui était inconnu
auparavant, mais Lui pouvait parler de ce qu’Il connaissait et avait vu dans la communion de
la Déité. Le fait de devenir homme n’a rien enlevé à Sa capacité divine ni à Ses droits divins ;
c’était une grâce indicible pour ceux pour l’amour desquels Il était venu d’auprès de Dieu et
s’en allait à Dieu (13:1, 3), — étant non seulement la vérité et le témoin de ce qu’Il
connaissait et avait vu, comme Lui seul pouvait l’être, mais étant témoin sur le point de
mourir de manière expiatoire, comme nous allons le voir bientôt dans ce même contexte, afin
que le croyant puisse vivre éternellement et justement.

294
4.1.9.3 - Monté au ciel, descendu du ciel. Le Fils de l’homme qui est dans le ciel

À quoi pouvaient être utile un homme, un ange, ou toute autre créature, pour connaître ces
choses ? C’était Sa gloire, Son œuvre. L’homme, Adam, que l’Éternel Dieu a formé, avait été
mis par Dieu en Éden, chef de toutes les créatures autour de lui, et Dieu avait déclaré que cela
était très bon. Mais le ciel est le trône de l’Éternel, bien que ni le ciel, ni les cieux des cieux ne
puissent Le contenir (1 Rois 8:27). « Et personne n’est monté au ciel, sinon celui qui est
descendu du ciel, le fils de l’homme qui est (*) dans le ciel » (3:13). Des hommes ont été, et
seront enlevés au ciel ; des anges ont été envoyés du ciel. À Jésus seul il appartenait de
monter, comme Lui seul en est descendu. Car Il était une Personne divine, et Il est venu par
amour ; et l’amour est toujours libre aussi bien que saint. « Voici, je viens… pour faire, ô
Dieu, ta volonté » (Ps. 40:7). Dans le rouleau du livre il n’était écrit que de Lui seul. Et Celui
qui s’était plu à être trouvé en figure comme un homme, prenant le corps que Dieu Lui avait
préparé, se réjouissait toujours de parler de Lui-même comme l’Envoyé, l’homme Christ
Jésus, descendu du ciel pour faire non pas Sa volonté propre, mais la volonté de Celui qui
L’avait envoyé (4:34). Il s’est fait serviteur, mais Il n’a pas cessé d’être Dieu, Il ne pouvait
pas cesser. Mais il est en même temps homme, aussi véritablement qu’Adam ; oui, Il est ce
qu’Adam n’était pas : un Fils d’homme, issu d’une femme.

(*) Le manuscrit Alexandrin et une cursive des évangiles (4949 au British Museum) omettent
ών. Bien plus sérieuse est l’omission de ό ών έν τω ούρανω [= qui est dans le ciel] dans le
Sinaïticus, le Vaticanus, deux autres onciaux [L, T.], une cursive de valeur, de Paris [33], etc.
Il n’y a toutefois pas matière à hésitation pour accepter la masse des autorités [y compris Latt.
et Syrr] contre ces témoignages. Cela illustre le danger d’être entraîné par quelques favoris,
aussi vénérables soient-ils et dignes de confiance en général. Je suis heureux de voir que le Dr
Tregelles [comme Tischendorf] insère ce membre de phrase, mais il est difficile de
comprendre avec quelle cohérence il le fait dans son système de recension.

Note Bibliquest : Carrez, la TOB et le Nouveau Testament en français courant omettent tous
« qui est dans le ciel ».

Et c’est ainsi que dans la forme de l’expression utilisée, Il est caractérisé comme Celui qui est
monté au ciel, Lui qui est le seul à en être descendu : άναβέβηκεν (*) [est monté]… ό έκ του
ούρανου καταβάς [celui qui est descendu du ciel]. Car, comme l’apôtre Paul le demande,
« Or, qu’il soit monté, qu’est-ce, sinon qu’il est aussi descendu dans les parties inférieures de
la terre ? Celui qui est descendu est le même que celui qui est aussi monté au-dessus de tous
les cieux, afin qu’il remplît toutes choses » (Éph. 4:9-10). Seulement, tandis que l’apôtre Paul
nous le dit en relation avec Son œuvre et avec les conseils de Dieu, Jean le présente dans les
paroles de notre Seigneur en relation avec la vérité de Sa Personne, « le Fils de l’homme qui
est dans le ciel ». Or c’est une vérité étonnante. Dire « le Fils de Dieu qui était dans le ciel »
aurait été vrai ; mais quelle vérité infinie que de dire ce qui est dit, « le Fils de l’homme qui
est dans le ciel » ! Ceci aurait été impossible à dire s’Il n’avait pas été Dieu, le Fils du Père, et
pourtant (ce qui était de la plus grande importance), cela est dit de Lui comme homme, le
Messie rejeté, « le Fils de l’homme qui est dans le ciel ». L’incarnation n’était pas une simple
émanation de la divinité ; ce n’était pas non plus une Personne auparavant divine qui a cessé
de l’être en devenant homme (en soi c’est une absurdité impossible), mais l’incarnation c’est

295
Celui qui, pour glorifier le Père, et dans l’accomplissement des propos de grâce à la gloire de
Dieu, a pris l’humanité en union avec la Déité dans Sa Personne. C’est pourquoi Il a pu dire,
et de Lui seul cela pouvait être dit : « le Fils de l’homme qui est dans le ciel », de même qu’Il
est le Fils unique qui est (pas simplement qui était (2*)) dans le sein du Père. C’est Lui qui a
répondu, et même plus que cela, au défi d’Agur (Prov. 30:4), parlant prophétiquement à Ithiel
et Ucal : « Qui est monté dans les cieux, et qui en est descendu ? Qui a rassemblé le vent dans
le creux de ses mains ? Qui a serré les eaux dans un manteau ? Qui a établi toutes les bornes
de la terre ? Quel est son nom, et quel est le nom de son fils, si tu le sais ? » C’est Dieu, et non
pas l’homme, qui peut relever le défi ; mais c’est Dieu fait homme, oui, le Fils de l’homme.
Combien est-Il adapté autant que compétent pour dévoiler toutes choses, célestes, terrestres,
humaines et divines ! Il est, en effet, la Vérité.

(*) Nous ne devons pas supposer άναβήσεται [montera] ici. Le futur de l’ascension est
parfaitement juste en Jean 6. Mais ici il y a un caractère anticipatif attaché à la Personne du
Seigneur ; et donc pour exprimer cela, aucun temps n’était plus approprié que le parfait, c’est-
à-dire la continuité dans le présent d’un acte passé. Les anomalies apparentes de l’Écriture
sont très instructives quand on les comprend.

(2*) Il est surprenant que Bengel suive Raphelius en préférant « qui était » à « qui est », alors
que presque tous les anciens, Grecs et Latins insistent à juste titre là-dessus.

4.1.10 - Jean 3:14-16 — L’œuvre puissante que le Seigneur venait accomplir pour les
pécheurs

Nous avons vu que l’ascension du Seigneur est basée sur Sa descente du ciel, et que les deux
découlent de et appartiennent à Sa Personne comme le Fils de l’homme qui est dans le ciel.
Mais le Seigneur poursuit cela en présentant l’œuvre puissante qu’Il venait accomplir pour les
pécheurs, afin qu’ils aient la vie éternelle — par grâce, en effet, mais sur la base de la justice
divine.

« Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, ainsi il faut que le fils de l’homme soit
élevé, afin que quiconque croit en lui (ne périsse pas, mais qu’il (*)) ait la vie éternelle. Car
Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son (2*) Fils unique, afin que quiconque croit en lui
ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle » (3:14-16).

(*) Le membre de phrase entre parenthèse μή άπόληται άλλ’ manque ici dans quatre
manuscrits onciaux de très haut niveau, sept cursives et de nombreuses versions, etc. [non pas
la syriaque] ; mais presque tous le lisent au verset 16.

(2*) Le Sinaïticus et le Vaticanus (B) omettent αύτου, « son ».

296
4.1.10.1 - Jean 3:14 — La croix : une nécessité pour le pardon et pour la vie éternelle. Christ la seule
victime possible

On a déjà insisté sur la nécessité de la nouvelle naissance pour que l’homme voie le royaume
de Dieu et y entre. Mais la croix est pareillement une nécessité pour que l’homme coupable
reçoive le pardon de Dieu et ait la vie en Lui. Tous deux (la nouvelle naissance et la croix)
sont pareillement indispensables. Comparez 1 Jean 4:9-10. Christ a été envoyé comme
propitiation pour nos péchés (Lui seul pouvait l’être). Le Seigneur illustre ici cette dernière
vérité par la scène bien connue dans le désert, où Dieu ordonne à Moïse, dans sa détresse pour
les Israélites coupables et mordus par les serpents brûlants, et mourant de tous côtés, de mettre
un serpent d’airain sur une perche, afin que celui qui le regardait puisse vivre. C’était une
image de Celui, qui n’a pas connu le péché, mais qui a été fait péché pour nous (2 Cor. 5:21)
et a été identifié, dans le traitement divin, aux conséquences de notre mal dans le jugement sur
la croix. Le péché ne pouvait pas autrement être expié de manière adéquate. Il fallait que ce
soit par le jugement du péché par Dieu sur Une Personne capable de porter ce qu’il méritait de
Sa part, et il fallait que ce soit sur un homme, sur le Fils de l’homme, pour que cela profite à
l’homme. Si cela avait été sur tout autre que Jésus, cela aurait été une offense pour Dieu, et
n’aurait pas été efficace pour l’homme, car Lui seul était le Saint ; dans aucun sacrifice, il n’y
avait un soin plus jaloux pour que la victime soit sans défaut. « C’est une chose très sainte »,
dit la loi du sacrifice pour le péché (Lév. 6:22 et 7:1). Adam tomba, et tous les autres hommes
ont été enfantés dans l’iniquité, et conçus dans le péché (Ps. 51:5).

En Lui seul né de femme il n’y avait pas de péché, non seulement aucun péché commis (1
Pierre 2:22), mais il n’y avait pas de péché en Lui (1 Jean 3:5). C’est pourquoi un corps Lui a
été préparé comme pour personne d’autre quand l’Esprit Saint est venu sur la vierge Marie, et
que la puissance du Très-haut l’a couverte de Son ombre. C’est pourquoi cette Sainte Chose
qui naquit fut appelée Fils de Dieu (Luc 1:35) ; non seulement Fils de Dieu avant d’être
envoyé du Père, mais aussi une fois que la Parole fut devenue ainsi chair (en grâce), un
homme parfait, et néanmoins véritablement Dieu. Car il n’y avait pas d’autre façon pour qu’il
fût remédié à la situation désespérée de l’homme devant Dieu. Ce ne pouvait être fait en
justice que par l’expiation, et le Fils de l’homme était la seule victime convenable. Car il est
impossible que le sang de taureaux et de boucs ôte les péchés, quoique de tels sacrifices aient
pu être instructifs à l’avance quant aux besoins de l’homme et au moyen de Dieu. « C’est
pourquoi, en entrant dans le monde, il dit : « Tu n’as pas voulu de sacrifice ni d’offrande,
mais tu m’as formé un corps. Tu n’as pas pris plaisir aux holocaustes ni aux sacrifices pour le
péché ; alors j’ai dit : Voici, je viens, (il est écrit de moi dans le rouleau du livre) pour faire, ô
Dieu, ta volonté » (Héb. 10:5-7, citant Ps. 40:6 et suiv.).

4.1.10.2 - Jean 3:14-15 — Jésus Christ crucifié : en croyant en Lui on a la vie éternelle

C’est ainsi que l’homme Christ Jésus, qui est en même temps le Fils de Dieu, oui, Dieu sur
toutes choses béni éternellement (Rom. 9:5), daigna souffrir une fois pour les péchés, le Juste
pour les injustes, afin de nous amener à Dieu (1 Pierre 3:18). Il ne pouvait en être qu’ainsi, car
Dieu ne pouvait pas traiter le péché à la légère, même s’il est certain qu’Il peut pardonner aux
pécheurs, et qu’Il le fait ; mais sans le sang de la croix, Dieu ne pouvait pardonner en restant
cohérent avec Lui-même et avec Sa Parole, et avec la vraie bénédiction de la créature. C’est
pourquoi le Seigneur dit ici à Nicodème, qui connaissait la loi, même s’il ne connaissait guère
les prophètes : « Comme Moïse éleva le serpent dans le désert, ainsi il faut que le Fils de
l’homme soit élevé » (3:14). C’est ainsi qu’Il a racheté de la malédiction de la loi, étant
297
devenu malédiction pour nous (Gal. 3:13). Ce n’est pas un Messie vivant régnant sur Son
peuple sur la terre, mais c’est Lui, rejeté par eux, pécheurs et perdus comme il y en avait
maintenant la preuve ; c’est Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié, — dans ce caractère ou ce
titre qui Le rattache au seul objet dont a besoin un homme pécheur : ou, comme Il le dit Lui-
même ici, « afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle »
(3:15). Par Lui seul ainsi présenté, on vient à Dieu avec tous les péchés jugés et portés sur Sa
croix. C’est pourquoi, c’est en croyant en Lui qu’on a la vie éternelle. Le croyant ne regarde
plus à lui-même mais au Seigneur Jésus.

4.1.10.3 - Jean 3:16 — Révélation de l’amour souverain de Dieu

Mais s’il n’y avait que cela, l’âme, même en regardant à Christ par la foi, pourrait rester sans
liberté ni paix, bien qu’elle soit vraiment bénie jusque-là. C’est pourquoi le Seigneur révèle
une autre vérité. « Car Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que
quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle » (3:16). Ce n’est plus le
besoin abject et absolu de l’homme coupable, qu’il soit Juif ou non. Il y a maintenant la
révélation de l’amour souverain de Dieu, qui ne se confine pas dans des limites quelconque,
telles que la loi ou l’homme sous la loi les avait vues, mais il y a cet amour qui s’épanche
librement et pleinement vers le monde, où Il était inconnu et haï, — un amour non pas en
création ou en grâces providentielles, mais un amour d’une sorte telle qu’il est allé jusqu’à
donner Son Fils, Son unique, « afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la
vie éternelle » (3:16). C’est la grâce à l’extrême. Il n’est pas question ici d’un besoin existant.
Il n’y avait aucune nécessité morale que Dieu donne Son Fils ; c’était Son amour, non pas une
obligation de Sa part, ni une réclamation de la part de l’homme. Quel que soit le besoin
inhérent à l’état de l’homme, il y a été amplement répondu dans la croix du Fils de l’homme,
et c’est là que s’est accomplie l’expiation ou la propitiation pour les péchés de ceux qui
croient. Mais il y a incomparablement plus dans le Fils unique donné par le Dieu d’amour,
non pas au peuple élu, mais au monde. Ainsi l’amour divin a été manifesté aussi parfaitement
que l’a été Son exigence juste et sainte de juger le péché ; et cela en Christ, le Fils unique de
Dieu, le Fils de l’homme souffrant, mais maintenant glorifié, — ces deux choses (l’amour et
la sainte exigence) étant aussi à la fois déployées dans, et goûtées par, cette vie éternelle que
le croyant a en Lui.

4.1.10.4 - La vérité que Dieu a tant aimé le monde

La grande vérité a été mise au clair : non seulement l’homme, l’homme pécheur, avait besoin
d’une expiation adéquate ainsi que d’une nouvelle naissance, mais Dieu a tant aimé le monde,
le monde coupable et perdu des Gentils tout autant que des Juifs, et Il l’a tant aimé qu’Il a
donné son Fils unique, afin que tous ceux qui croient en Lui ne périssent pas, mais aient la vie
éternelle. C’est dans le Fils de Dieu que les deux lignes de la vérité se rencontrent, car Il est
incarné et crucifié. En conséquence, la vraie lumière brille, la vie éternelle est donnée,
l’amour de Dieu est connu, la rédemption est accomplie, le salut est venu. Il y a davantage en
Lui et par Lui maintenant, que si le royaume avait été établi en puissance, — ce royaume
qu’attendaient ceux dont les espérances étaient formées et limitées par l’Ancien Testament.
« La bonté et la vérité se sont rencontrées, la justice et la paix se sont entre-baisées » ; et bien
que personne ne puisse dire, peut-être jusqu’à « ce jour-là », que « la vérité germera de la

298
terre, et la justice regardera des cieux » (Ps. 85:10-11), pourtant l’on sait assurément que « la
grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ » (1:17), et que la justice est établie et manifestée en
Lui exalté sur le trône et glorifié en Dieu Lui-même en haut. Dans les jours brillants du ciel
sur la terre, Il jugera avec justice Son peuple et le monde (Ps. 72:2 et 96:13), et ôtera très tôt le
méchant ; car les vivants doivent être jugés par Lui à Sa venue (Matt. 25:31 et suiv.), ainsi que
les morts enfin (Apoc. 20 fin), avant qu’Il ne remette le royaume à Dieu (1 Cor. 15:24).

4.1.11 - Jean 3:17-21 — Sauvés ou jugés. Le croyant et l’incrédule

4.1.11.1 - 3:17 — Sauveur pour le monde entier

Mais des desseins plus profonds étaient en route, maintenant que le Messie est considéré
comme rejeté par les Juifs : la vie éternelle dans le Fils de Dieu, et le salut par Lui, qui meurt
en expiation sur la croix. « Car Dieu n’a pas envoyé Son (*) Fils dans le monde afin qu’Il
jugeât le monde, mais afin que le monde fût sauvé par Lui » (3:17). Et comme une œuvre
incomparablement plus profonde et avec des conséquences éternelles était devant Dieu, ainsi
les objets de Sa grâce ne sont plus dans les limites circonscrites du pays d’Israël. S’Il a à se
manifester maintenant comme un Dieu Sauveur dans Son Fils, il convient à Son amour
d’envoyer la bonne nouvelle au monde dans son entier. « Dieu était en Christ, réconciliant le
monde avec Lui-même, ne leur imputant pas leurs fautes » (2 Cor. 5:19). Il est vrai que Christ
présent de cette manière a été rejeté ; mais le message d’amour n’a nullement été abandonné ;
il est plutôt entré sur un nouveau fondement d’où il pouvait se diffuser dans la puissance de
l’Esprit. Car Celui qui ne connaissait pas le péché, Dieu L’a fait péché pour nous (c’est-à-dire,
à la croix), afin que nous devinssions justice de Dieu en Lui (2 Cor. 5:21).

(*) Le mot αύτου (Son) est omis par aleph,B L T, cinq cursives et quelques pères, mais lu par
toutes les autres autorités.

note Bibliquest : ce mot est rejeté par Carrez mais accepté par TOB et le Nouveau Testament
en français courant.

4.1.11.2 - Jean 3:17-18a — Le croyant n’est pas jugé

Ainsi Christ comme Sauveur, non pas comme Juge, exprime le témoignage caractéristique de
Dieu, donné maintenant à connaître à l’homme, et déclaré ici par notre Seigneur, en contraste
avec Sa gloire prédite de Messie et de Fils de l’homme gouvernant, comme Il le fera bientôt
sur la terre, dans l’ère à venir. Cela est suivi par le résultat pour celui qui reçoit Christ
maintenant : « Celui qui croit en lui n’est pas jugé, mais celui qui ne croit pas est déjà jugé,
parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu » (3:18). Non seulement le croyant
n’est pas condamné, mais il n’est pas l’objet d’un jugement. Il rendra des comptes, mais il
n’est jamais mis en accusation. Cela est explicitement enseigné en Jean 5 (v. 24), où la double
issue est rattachée au mystère de la Personne de Christ. Comme Il est Fils de Dieu et Fils de
l’homme, ainsi Il donne la vie et exercera le jugement, le premier côté pour la bénédiction des

299
croyants qui reconnaissent Sa gloire, l’autre côté en revendication [de Ses droits] sur ceux qui
L’ont déshonoré.

4.1.11.3 - Jean 3:18 — La Personne de Christ : un test

Ainsi, comme Son abaissement pour devenir homme fit de Lui la cible de l’incrédulité, c’est
comme Fils de l’homme qu’Il jugera ceux qui L’ont méprisé ; il est clair que ceci ne
s’applique pas au croyant, dont la joie est, déjà maintenant et pour l’éternité, de L’honorer Lui
comme il honore le Père (5:23). Et comme dans ce ch. 5 de Jean le croyant est déclaré avoir la
vie éternelle et ne pas venir en jugement, mais être passé de la mort à la vie (5:24), ainsi ici
« celui qui croit en lui n’est pas jugé, mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a
pas cru au nom du Fils unique de Dieu » (3:18). Car Jean présente le Seigneur comme faisant
savoir que tout est décidé par le test de Sa propre Personne reçue par la foi ou rejetée dans
l’incrédulité. Le bien ou le mal sous tous les autres aspects tournent autour de cela, comme Il
le montre peu après. C’est une pierre de touche sans équivalent, pas même la loi de Dieu
malgré son importance et son caractère incisif. C’est là que nous voyons l’erreur des plus
anciens théologiens qui ramènent la loi ici, comme partout, et en font seulement une question
de condamnation morale ; tandis que le point clé de l’enseignement est que c’est Christ Lui-
même cru ou non, bien que, sans doute, la conduite pratique s’ensuive en conséquence.

4.1.11.4 - Jean 3:18 — Gravité du refus du Fils de Dieu

Ici il ne s’agit pas de la mort en conséquence de ne pas avoir fait les commandements de
Dieu, mais de l’incrédule déjà jugé par Celui qui voit la fin d’une chose dès son
commencement, et qui prononce la sentence sur toutes les personnes et les choses selon ce
qu’elles sont devant Dieu. Un Seul peut être utile à celui qui est mort dans ses fautes et dans
ses péchés : c’est le Fils, qui est la vie et qui donne la vie au croyant ; la loi ne lui est
d’aucune utilité, car elle ne peut que condamner celui dont la marche ne s’accorde pas avec
elle. Quant à l’incrédule, c’est le Fils de Dieu qu’il refuse : qu’il le fasse par négligence ou
délibérément, par orgueil hautain ou par adhésion couarde à d’autres espérances, plaisirs ou
intérêts, il n’y a dans tout cela que des différences de forme ou de degré. Car il n’a pas cru au
nom du Fils unique de Dieu, dont le nom n’est pas caché, mais prêché. Ce qu’Il est, et ce qu’Il
est vis-à-vis des pécheurs, a été pleinement donné à connaître, de sorte que toutes les excuses
sont vaines et ne font que rajouter péché sur péché. Son nom même indique, et assure, qu’Il
est le Sauveur, un Sauveur divin, et pourtant un Homme, et donc Sauveur pour des hommes.
On ne peut pas non plus honnêtement avancer qu’il reste quelque doute quant aux sentiments
et aux pensées de Dieu, car il vient d’être dit que Dieu L’a envoyé dans le monde dans le but
de le sauver, — quel que doive être le caractère de Sa venue dans un autre jour, lorsqu’Il
demandera des comptes à ceux qui voudraient ne Lui en rendre aucun. Mais qu’est-ce pour
Dieu que des pécheurs misérables, coupables et ruinés, osent mépriser et rejeter Celui qui est
à la fois l’unique Sauveur de l’homme, et le Fils unique de Dieu ! Quand ceux qui ont le plus
besoin de la miséricorde en ressentent le moins le besoin, quand dans leur totale dégradation
ils refusent le Très-haut, descendu vers eux en amour immense pour bénir, — que reste-t-il
sinon le jugement pour ceux qui ont ainsi rendu la grâce de Dieu nulle à leur égard, alors que
cette grâce est rehaussée par la gloire de Celui qui est venu en amour à cause d’eux, et est
approfondie par l’humiliation dans laquelle Il a daigné venir ?

300
4.1.11.5 - Jean 3:19-21 — Motif du jugement : est-ce la loi ?

Je sais bien que les théologiens puritains ramènent la loi même ici, et soutiennent que Christ,
en illustrant la certitude du salut pour ceux qui croient en Lui, montre au contraire que la
condamnation des incrédules est double, une fois par la loi et une autre fois par l’évangile.
Leur idée est que, si les incrédules sont déclarés ici être déjà condamnés, c’est par la sentence
de la loi, et qu’ils restent sous cette sentence, et qu’elle est confirmée par l’évangile,
puisqu’ils n’ont pas saisi par la foi le seul remède offert en Christ.

Or il n’y a trace d’un tel schéma ni ici ni ailleurs dans l’Écriture ; elle enseigne expressément
que « tous ceux qui ont péché sans loi, périront aussi sans loi ; et tous ceux qui ont péché sous
[la] loi, seront jugés par [la] loi… au jour où Dieu jugera par Jésus Christ les secrets des
hommes » (Rom. 2:12-16). La doctrine de Paul exclut donc l’hypothèse que tout incrédule est
déjà sous la loi ; on comprendrait bien que cela impliquerait qu’il soit condamné par elle, la
loi n’affectant que ceux qui sont sous elle, tandis que ceux qui ne l’ont pas sont traités sur leur
propre terrain. Le langage de notre évangile s’accorde entièrement avec ce que dit Paul ; notre
évangile ne dit pas un mot de la loi, alors même qu’un docteur de celle-ci était devant le
Seigneur pour s’enquérir de la vie éternelle et du salut. Il n’est question que de Christ. « Or
c’est ici le jugement, que la lumière est venue dans le monde, et que les hommes ont mieux
aimé les ténèbres que la lumière ; car leurs œuvres étaient mauvaises. Car quiconque fait des
choses mauvaises hait la lumière, et ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne
soient reprises ; mais celui qui pratique la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient
manifestées, qu’elles sont faites en Dieu » (3:19-21).

Vu que la vraie lumière luit maintenant (et non plus la loi en Israël, mais la lumière venue
dans le monde), il y a un critère en vigueur qui décide pour tout homme. Il y a une question
beaucoup plus profonde que l’état d’un homme ou sa conduite. En effet, cela, aussi, est déjà
décidé ; l’homme n’est plus en période probatoire, comme l’était le Juif sous la loi. Il est
perdu : qu’il soit Juif ou Gentil, il est pareillement perdu. C’est pourquoi il est question de
croire en Jésus, Fils de Dieu et Fils de l’homme, qui (comme nous l’avons vu plus haut) a été
envoyé de Dieu, non pas comme Il va bientôt l’être pour juger les vivants et les morts, mais
afin que le monde (non pas la nation élue maintenant, mais le monde en dépit de sa ruine,
dans Sa grâce) soit sauvé par Lui (3:17). Ceci fait subir un test jusqu’au for intérieur. Tout
dépend ainsi du fait de croire en Lui. Si on ne croit pas, on est déjà jugé (3:18b). Ce n’est pas
simplement faillir à une obligation, mais lutter contre la grâce et la vérité venues par Jésus
Christ. C’est rejeter la vie éternelle, et l’amour parfait de Dieu, dans le Fils unique de Dieu, au
nom duquel on ne croit pas ou dont on fait pas cas.

4.1.11.6 - Jean 3:19 — Le rejet n’a pas pour cause l’ignorance. Ne pas différer une décision

Il est totalement vain de se plaindre d’un manque de lumière. C’est même l’inverse qui est
vrai. « C’est ici le jugement, que la lumière est venue dans le monde, et que les hommes ont
mieux aimé les ténèbres que la lumière, car leurs œuvres étaient mauvaises » (3:19). Quelle
terrible révélation de leur état ! Hélas, c’était notre état : nos affections étaient corrompues à
l’extrême, au point de préférer les ténèbres à la lumière, et cela pour la raison la plus coupable
et avec mauvaise conscience : car nos actes étaient mauvais. Assurément la trompette ne

301
donne pas un son incertain. Avons-nous entendu son avertissement clair au-dessus et au-
dessous du vacarme de ce monde ? Nous sommes-nous soumis à la sentence de Celui qui sait
ce qui est dans l’homme, tout autant que ce qui est en Dieu ? Ou sommes-nous encore raidis
dans notre propre justice et notre propre suffisance ? Osons-nous contester les paroles du
Seigneur, solennelles et claires — trop claires pour mal les interpréter ? Voudrions-nous
différer la décision jusqu’au grand trône blanc ? Et quel sera alors le jugement du Juge sur
l’incrédulité qui Lui attribue pratiquement le mensonge ? Car nul homme qui a cru à Ses
paroles maintenant voudrait différer jusqu’à ce moment-là, mais il rejetterait sûrement son
âme sur Celui qui, s’Il sera alors le Juge, est Sauveur, et rien d’autre qu’un Sauveur, pour le
perdu qui croit maintenant en Son nom.

4.1.11.7 - Jean 3:19-20 — Le jugement sera selon les œuvres

Mais quand le jugement éternel viendra, il est faux de dire que la seule question alors
soulevée sera celle de l’incrédulité de l’homme. De la description divine qui nous est donnée,
nous apprenons que les morts seront jugés selon leurs œuvres. Il n’y a jamais quelque chose
qui ressemble à un salut selon nos œuvres ; pour tous ceux qui rejettent Christ, il y aura le
jugement selon leurs œuvres. Ils auront refusé le Sauveur, ils auront méprisé la grâce de Dieu
par suite de leur religion ou de leur irréligion, par opposition ou par indifférence. Ils ne sont
pas trouvés écrits dans le livre de vie, ils sont jugés selon ce qui est écrit de leurs œuvres dans
le livre. Ils sont jetés dans l’étang de feu. C’est la seconde mort, l’étang de feu, la fin de tous
ceux qui ont mieux aimé les ténèbres que la lumière. Car leurs œuvres étaient mauvaises : leur
jugement n’est-il pas juste ? Quelle est l’analyse morale du Seigneur ? « Car quiconque fait
des choses mauvaises hait la lumière, et ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne
soient reprises » (3:20). Comment une telle personne pourrait-elle convenir au lot des saints
dans la lumière ? (Col. 1:12). Cette personne hait la lumière qui est venue ici-bas :
correspondrait-elle mieux à cette lumière en haut, ou aimerait-elle mieux cette lumière en
haut ? Elle est intérieurement fausse et malhonnête, préférant délibérément et résolument
continuer dans ses péchés, au lieu de se soumettre à ce que la lumière les détecte
complètement, afin qu’ils puissent être effacés et pardonnés par la foi au sang de Christ. Est-
ce là de la vérité dans l’homme intérieur ? Cela ne prouve-t-il pas plutôt que ceux qui refusent
Christ ont le diable pour père, et qu’ils désirent suivre leurs passions, au lieu d’écouter la
parole de Dieu en étant soumis à Son Fils ?

4.1.11.8 - Jean 3:21 — Le croyant cherche à marcher selon la lumière. Les deux résurrections

D’un autre côté, « celui qui pratique la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient
manifestées, qu’elles sont faites en Dieu » (3:21). Car la foi de l’élu de Dieu (Tite 1:1), n’est
jamais impuissante, mais vivante, et non seulement elle produit des résultats vus parmi les
hommes, mais des résultats qui ont la saveur de leur source et de leur sphère divines.
Personne ne fait davantage cas de la vérité et de la connaissance de Dieu que Jean ; personne
n’a une horreur plus profonde du gnosticisme. C’est la vie, la vie éternelle, que de connaître le
Père, le seul vrai Dieu, et Jésus Christ qu’Il a envoyé (17:3) ; or Son commandement est la vie
éternelle (12:50), comme notre Seigneur a pu dire de Celui qui Lui donnait ce qu’Il devait dire
et comment Il avait à parler (12:49).

302
Si nous connaissons ces choses, nous sommes bénis si nous les faisons. L’auditeur oublieux
n’est pas béni, ni celui qui ne pratique pas la vérité, ni ne vient à la lumière, mais qui s’est
plutôt éloigné après s’être considéré lui-même, et qui perd aussitôt tout souvenir de ce qu’il
était (Jacq. 1:22-24). N’est-il pas évident que ses œuvres sont, au mieux, impulsives et
naturelles ? Mais celui qui pratique la vérité vient à la lumière ; marchant dans la lumière, il
cherche à marcher selon la lumière, éprouvant par elle ses pensées intérieures et ses
sentiments, ses motifs et ses buts, ses paroles et ses voies. La présence de Dieu réalisée donne
sa couleur à ses œuvres. Elles sont manifestement faites en Dieu (3:21). Elles portent Son
image et Son empreinte. C’est pourquoi, lorsque tous ceux qui sont dans les tombeaux
entendront la voix du Seigneur et s’en iront, pour ceux qui ont pratiqué le bien ce sera une
résurrection de vie, et pour ceux qui auront fait le mal ce sera une résurrection de jugement
(5:29). Il y a eu la vie dans un cas, pas dans l’autre. Celui qui a entendu la parole du Sauveur
et a cru le Dieu qui L’a envoyé, a la vie éternelle, et par suite il pratique le bien. Celui qui
rejette le Fils de Dieu n’a pas d’autre motif que l’homme, et ne peut pas avoir d’autre
puissance que celle de Satan ; il a refusé Celui qui est la sagesse de Dieu et la puissance de
Dieu (1 Cor. 1:24). Il peut ne pas aimer être perdu et jugé ; mais il méprise le seul moyen de
salut offert à tous, le Fils de l’homme crucifié, le Fils de Dieu qui donne la vie. Tout à l’heure,
il ne sera pas en mesure de refuser ou de mépriser Son jugement.

4.2 - Jean 3:22-34 — Hommage de Jean le baptiseur au Seigneur

4.2.1 - Rappel sur les v. 12 à 21

Le paragraphe suivant a pour objet l’hommage rendu par Jean le baptiseur au Seigneur.
L’Esprit de Dieu l’introduit en nous parlant de l’occasion de cet hommage. La conversation
avec Nicodème avait eu lieu à Jérusalem, et c’est alors qu’Il dévoila le besoin absolu à la fois
de la nouvelle naissance et de la croix. Seulement, lorsque le Seigneur a parlé de ces choses, Il
ne pouvait que nous faire savoir que c’est la vie éternelle que le croyant reçoit, et que Lui-
même était tout aussi sûrement le Fils de l’homme qui doit être élevé pour le cas désespéré de
l’homme, que le Fils unique de Dieu donné au monde dans l’amour divin. Le salut était dans
Sa pensée, non pas le jugement, bien que celui qui ne croit pas en Lui doive être jugé, et
même il l’est déjà — et le motif de ce jugement est le plus profond de tous : avoir préféré les
ténèbres (afin de pouvoir faire leurs mauvaises œuvres à l’aise) à la Lumière venue dans le
monde en Christ. Dès lors, le cas de tous ceux qui Le rejettent est ainsi décidé solennellement.

Il est évident que la Personne de Christ est la clé de tout, et brille de plus en plus dans la scène
secrète avec Nicodème. Néanmoins, le Saint Esprit ayant donné un témoignage encore plus
complet à Sa gloire par Jean dans un moment critique, il Lui a paru bon de le reproduire de
manière permanente pour nous, avec les circonstances qui y ont conduit. Certains pourraient
penser que le Seigneur ne faisait que poursuivre l’œuvre de Son prédécesseur et la surpasser.
Il convenait, par conséquent, que Jean le baptiseur donne un dernier témoignage au Seigneur,
là où la nature humaine était portée à être très réticente.

4.2.2 - Jean 3:22-24 — Les disciples baptisant avant le ministère du Seigneur

303
« Après ces choses, Jésus et ses disciples vinrent dans le pays de Judée ; et il séjourna là avec
eux, et baptisait. Et Jean aussi baptisait en Énon, près de Salim, parce qu’il y avait là
beaucoup d’eau ; et on venait, et on était baptisé car Jean n’avait pas encore été jeté en
prison » (3:22-24).

Il s’agit là d’une description de ce qui se passait avant le ministère public de notre Seigneur en
Galilée selon les trois évangiles synoptiques. Ceux-ci ne montrent aucune œuvre de Sa part
avant l’emprisonnement de Jean, tandis que les premiers chapitres du quatrième évangile sont
consacrés à ce sujet, après la révélation de Sa Personne et de Ses gloires au commencement.

4.2.3 - Jean 3:25-26 — Zèle des disciples de Jean pour leur maître

« Il y eut donc une discussion entre quelques-uns des disciples de Jean et un Juif, touchant la
purification. Et ils vinrent à Jean, et lui dirent : Rabbi, Celui qui était avec toi au-delà du
Jourdain, à qui tu as toi-même rendu témoignage, voilà, Il baptise, et tous viennent à Lui »
(3:25-26).

Le raisonnement d’un Juif ne les trouble pas, car leurs âmes ne pouvaient que sentir la
supériorité morale de l’appel de Jean à la repentance et de son baptême pour la repentance
dans la foi au Messie qui venait ; mais la proximité de Jésus et Sa puissance d’attraction, aussi
voilée soit-elle, les déconcertaient, bien que l’appel adressé à leur maître prît la forme d’un
zèle pour celui qui avait été prompt à reconnaître la dignité de Jésus quand Il était venu à Jean
pour être baptisé. Mais maintenant, Il baptisait, et tous affluaient vers Lui : c’est ce dont les
disciples de Jean se plaignaient.

4.2.4 - Jean 3:27-28 — Jean répond dans un esprit de dépendance et de soumission

Pesons bien la réponse. « Jean répondit et dit : Un homme ne peut rien recevoir, à moins qu’il
ne lui soit donné du ciel. Vous-mêmes, vous me rendez témoignage que j’ai dit : Ce n’est pas
moi qui suis le Christ, mais je suis envoyé devant lui » (3:27-28). C’était à la fois humble et
sage ; comme la vérité le fait toujours, cette réponse mettait chacun à sa juste place, à la fois
Dieu et nous ; elle permettait d’assurer pareillement à la fois la reconnaissance de ce que Dieu
dispose souverainement de tout, et le contentement de chacun avec son propre sort, et, peut-on
ajouter, la tranquille fermeté dans l’accomplissement du devoir qui en découle. Car il n’y a
pas de plus grande erreur que de penser que notre propre volonté est réellement forte. Même
si c’était le cas, l’obéissance est encore plus forte. « Celui qui fait la volonté de Dieu demeure
éternellement » (1 Jean 2:17). C’est dans cet esprit de dépendance et d’heureuse soumission à
Dieu que Jean répond à ses disciples. S’il était éclipsé comme l’étoile du matin par l’aube du
jour, c’était l’achèvement de sa mission, et non pas son échec. Lui, le serviteur et le
précurseur, ne s’était jamais mis en avant pour être le Maître, comme ils pouvaient tous en
témoigner s’ils le voulaient.

4.2.5 - Jean 3:29-30 — Jean content de sa position d’ami de l’époux et achevant sa


course

304
Puis Jean applique à lui-même une image tirée de la circonstance d’une fête de noces pour
illustrer sa relation avec le Seigneur, en magnifique harmonie avec l’usage même qu’en fait le
Seigneur ailleurs. Ici, bien sûr, tout se rattache à Israël, bien que, lorsque l’église prit la place
de cette nation, l’Esprit Saint applique librement cette image à la nouvelle relation
constamment devant nous dans les épîtres et dans l’Apocalypse. « Celui qui a l’épouse est
l’époux ; mais l’ami de l’époux, qui assiste et l’entend, est tout réjoui à cause de la voix de
l’époux ; cette joie donc, qui est la mienne, est accomplie. Il faut que lui croisse, et que moi je
diminue » (3:29-30). Jean était en effet le serviteur le plus favorisé, « l’ami » même de
l’Époux. C’était donc sa joie que l’épouse soit à Christ, non pas à lui ; quant à lui, sa plus
haute distinction était d’être Son héraut et précurseur immédiat, qui voyait ces jours que les
rois et les prophètes avaient si ardemment désirés voir, et qui voyait Celui qui donnait leur
éclat à ces jours. C’était sa plus grande joie d’entendre Sa voix d’amour et de satisfaction en
ceux qu’Il daignait aimer comme son épouse. Sa propre mission était achevée. Si Siméon
pouvait aller en paix, Jean le baptiseur pouvait dire que sa joie était accomplie. Il était juste et
nécessaire que Lui, Jésus, croisse et que lui, Jean, décroisse, bien que personne de plus grand
ne fût né de femme. Au lieu de ressentir un serrement, son cœur s’inclinait et trouvait là son
sujet de joie. Bientôt, quand Christ viendra en puissance et en gloire, et s’assiéra sur le trône
de David et de la domination encore plus vaste qui est celle du Fils de l’homme, il n’y aura
pas de fin à l’accroissement de Son empire, comme le prophète le déclare (Ésaïe 9:7). Mais
Jean pouvait le dire maintenant aux jours de Son humiliation, tandis que son âme se reposait
sur la gloire de Sa Personne, et que l’Esprit le poussait dans le sens de ce qui Lui était dû.

4.2.6 - Jean 3:31 — Jésus est à la fois d’en haut et au-dessus de tous. Il est Dieu

La gloire de la Personne de Christ brille ici d’un riche éclat. Ce n’est pas simplement la
proximité de Sa relation avec Son peuple qui Le distingue de Jean, ni Son accroissement
tandis que le plus grand parmi ceux qui sont nés de femme décroît. Il est au-dessus de toute
comparaison. « Celui qui vient d’en haut est au-dessus de tous » (3:31a). Ni Adam ni
Abraham, ni Énoch ni Élie, ne pouvaient prendre une telle position. Eux, tout comme Jean, ne
venaient pas d’en haut, et il ne pouvait être dit d’aucun d’eux qu’il était au-dessus de tous.
Notre précieux Seigneur Lui-même, en tant que né de Marie et héritier de David, n’aurait pas
pu être ainsi décrit s’Il n’avait pas été Dieu — ce qui est le grand thème de cet évangile. Voilà
le grand but de cet évangile : montrer qui Il est : une vérité de la plus grande importance, nous
pouvons le dire hardiment, non seulement pour nous les enfants, mais pour Dieu le Père. Car
c’est ainsi et maintenant que doivent être résolues toutes les questions qui ont été, à quelque
moment, soulevées entre Dieu et l’homme, — elles étaient insolubles jusqu’à ce qu’Il
apparaisse, et qu’Il apparaisse comme un homme véritable, qui n’en est pas moins vraiment
Dieu, à la fois d’en haut et au-dessus de tous.

Il convenait que Jean le baptiseur énonce de sa bouche même la suprématie incontestable du


Seigneur Jésus, et qu’il le fasse en présence de ses propres disciples, jaloux de l’honneur de
leur leader. Et alors l’explication suit : « Celui qui est de la terre est de la terre, et parle
[comme étant] de la terre. Celui qui vient du ciel est au-dessus de tous » (3:31bc). Le Seigneur
peut justifier Jean, mais Jean affirme la gloire de Jésus, qui n’avait rien perdu de Sa dignité
intrinsèque et suprême en daignant, en amour divin, devenir homme. Comme tous les autres
hommes, Jean ne pouvait pas prétendre avoir une origine naturelle autre que de la terre. Jésus
seul est du ciel ; car la vertu de Sa Personne est telle qu’Il a élevé la nature humaine pour la

305
mettre en union avec Sa nature divine, au lieu d’être abaissé par la nature humaine jusque
dans la dégradation du péché, comme certains l’ont vainement et méchamment rêvé.

4.2.7 - Jean 3:32-33 — Le témoignage reçu ou non reçu

4.2.7.1 - Le témoignage des choses divines, célestes et éternelles : personne ne le reçoit

Ce n’est pas sur Sa seule personne que nous sommes enseignés ici. Son témoignage est revêtu
d’une valeur analogue. « Et de ce qu’Il a vu et entendu, de cela Il rend témoignage ; et
personne ne reçoit Son témoignage » (3:32). Son témoignage est la perfection ; car y avait-il
quelque chose que le Fils n’avait pas vu ou entendu en rapport avec Dieu, en rapport avec le
Père, et cela dans les cieux ? On ne pouvait concevoir de défaut dans la gloire d’où Il venait,
et dans la grâce avec laquelle Il faisait tout connaître à l’homme. Combien ce triste résultat est
donc desséchant ! Car bien sûr, on aurait partout prévu que tous, sauf les plus abrutis, auraient
accueilli avec empressement un tel témoignage des choses divines, célestes et éternelles. Mais
voilà l’état de l’homme par suite du péché, non seulement chez le sauvage et la brute, non
seulement chez l’idolâtre ou le sceptique, mais chez ceux qui sont fiers de leur religion, que
ce soit de la théorie ou de la pratique, des ordonnances ou de la tradition, de l’effort, de
l’extase ou de l’expérience — « personne ne reçoit Son témoignage ». Quelle phrase
solennelle ! d’autant plus que c’est un oracle dépassionné sur la sainteté. Sans doute ils ne
savaient pas ce qu’ils faisaient dans leur aversion, ou leur indifférence à Son témoignage ;
mais dans quel état faut-il que soit l’homme pour n’avoir jamais découvert la valeur du
Témoin et du témoignage, alors qu’il était en présence du céleste et divin Sauveur en train de
rendre témoignage des choses qui lui étaient le plus profondément nécessaires en rapport avec
Dieu, le ciel et l’éternité ! Certes la grâce a ouvert quelques cœurs, ici et là, maintenant et en
ce temps-là ; mais le point noté ici est le rejet de Son témoignage par l’homme, et non pas la
réserve de la miséricorde souveraine quand tout était perdu dans le péché et la ruine.

4.2.7.2 - Pourquoi l’homme ne croit pas à la grâce de Dieu

La foi n’est en aucune façon une croissance naturelle pour le cœur de l’homme pécheur. Sans
la foi il est impossible de plaire à Dieu (Héb. 11:6) ; et sans Sa grâce, la foi est impossible, au
moins une foi qui Lui plaise. Car ceux qui sont dans la chair ne peuvent pas plaire à Dieu
(Rom. 8:8) ; mais qui n’est pas dans la chair avant d’être amené à Dieu ? L’homme conscient
du péché et qui recule face au jugement divin, n’aime pas le Dieu dont il redoute le châtiment.
Il ne voit aucune raison de croire à Sa grâce, en ce qui le concerne ; il n’est pas étonnant qu’il
n’en voie aucune, car ce ne serait pas la grâce de Dieu s’il y avait en lui-même une base pour
elle. La grâce exclut le mérite de celui à qui elle est montrée, et donc à la fois elle est une
offense contre son autosatisfaction, et à la fois elle suppose l’amour chez Celui dont il sait
encourir le déplaisir. Ainsi, il n’y a aucune disposition dans son cœur pour croire à la grâce de
Dieu, et il y a largement de quoi le faire douter — d’autant plus qu’il raisonne sur ce que Dieu
doit être, et sur ce qu’il a lui-même été envers Dieu. Christ n’est pas vu comme Celui qui
change tout, ni comme la manifestation de l’amour, ni Sa mort comme le fondement de la
justice de Dieu qui justifie le croyant, en dépit des péchés et de l’impiété passés.

306
4.2.7.3 - Différences entre la vraie foi et une foi humaine sans valeur

Le témoignage de Dieu met donc le cœur entièrement à l’épreuve ; car il dit la vérité sur le
pécheur aussi résolument qu’il annonce la grâce de Dieu, et le cœur résiste à l’un et se méfie
de l’autre. La dernière chose à laquelle le cœur est prêt à se soumettre, c’est de penser du mal
de soi, et du bien de Dieu. Mais c’est justement l’effet de recevoir le témoignage de Christ.
Quand cela arrive, on commence alors à prendre le parti de Dieu contre soi-même ; car s’il y a
une foi authentique, il y a une repentance sincère, sans laquelle, en effet, la foi est humaine et
sans valeur, comme dans Jean 2, où les hommes croyaient en voyant les signes opérés, et
Jésus ne se fiait pas à eux. Une telle foi n’est pas de l’Esprit de Dieu, mais simplement de
l’esprit qui tire une conclusion à partir des probabilités du cas. Avec ce genre de foi, l’homme
juge ce qui lui plaît, au lieu d’être moralement jugé, ce qui est humiliant et outrageant. Il ne
voit pas de raison suffisante pour rejeter les preuves [quand il voit les miracles] et, sa volonté
allant de pair avec ce genre de foi, il croit en accord avec cela. Comme c’était le cas de
beaucoup de ceux qui étaient à Jérusalem pour la Pâque, c’est encore aussi le cas maintenant
et toujours pour des multitudes dans toute la chrétienté. La croyance vague qui prévaut
généralement ne réveille ni assez d’intérêt ni assez d’opposition pour mettre les hommes à
l’épreuve. Mais quand n’importe quelle grande vérité, même celles du credo, est exposée avec
force à la conscience ou se dresse nettement devant le cœur, on voit alors combien peu
d’hommes croient ce qu’ils approuvent en paroles : il en est ainsi parce qu’ils ne l’ont jamais
sérieusement appliqué à leurs âmes devant Dieu.

Prenez par exemple la vérité simple de notre évangile de Jean, la Parole, qui était Dieu,
devenue chair et habitant parmi nous ; ou encore la rémission des péchés en Son nom, un
message communiqué à toutes les âmes, la possession de tout croyant : personne n’en doute
tant que cela reste au niveau du prêche abstrait en chaire. Mais dès l’instant où un homme les
reçoit pour sa propre âme, et qu’il sent ses péchés et les reconnaît plus que jamais, et qu’il
bénit Dieu pour le pardon et qu’il se réjouit en Christ en même temps qu’il adore Dieu et
l’Agneau, — voilà les autres qui se rétractent et crient à la présomption ! Ils font comme si de
telles vérités n’avaient jamais été prévues pour le cœur et la vie et les bouches de tous les
jours, mais seulement comme un service religieux ou, plutôt, comme un rite pour les
multitudes célébrant des jours fériés.

4.2.7.4 - Jean 3:33 — La grâce efficace et refusée, la haine. Celui qui a reçu son témoignage, a scellé que
Dieu est vrai

Le fait est cependant que la grâce et la vérité qui vinrent par Jésus Christ éprouvent l’homme
de manière absolue, « et personne ne reçoit Son témoignage » (pourtant la grâce et la vérité
sont parfaites en elles-mêmes et en Lui, dont la gloire est appropriée pour les manifester et les
faire opérer chez l’homme, du fait qu’elles sont parfaitement adaptées à l’homme, dans sont
état de pécheur perdu). Là où la puissance vivifiante de l’Esprit agit, il en est tout autrement.
Elle est si appropriée pour gagner le cœur, que celui qui n’est pas gagné montre que sa
volonté est contre Dieu et contre Sa grâce et contre la vérité en Christ, et sa haine suit
naturellement et rapidement. Celui qui s’incline, étant engendré par la parole de vérité (Jacq.
1:18), se juge lui-même. Il a reçu non pas la parole de l’homme, mais comme elle est
réellement, la parole de Dieu (1 Thes. 2:13) qui opère efficacement dans le croyant ; ou
comme c’est dit ici, « celui qui a reçu son témoignage, a scellé que Dieu est vrai » (3:33).

307
4.2.7.5 - Caractère de la foi réelle et vivante

Voilà le caractère essentiel de la foi réelle et vivante. Le témoignage de Christ est reçu parce
que Lui le donne : rien de plus simple, mais nous ne sommes pas simples ; rien de plus juste et
qui Lui soit dû, mais nous avons tous tort, et hautement tort envers Lui. Son témoignage est
reçu parce qu’Il le dit, non parce qu’il semble raisonnable, ou sage ou bon ou à cause d’une
quelconque preuve — bien qu’on n’ait pas besoin de dire qu’il y a les preuves les plus
complètes, et que le témoignage est celui qui seul pouvait convenir à Dieu et à l’homme, l’un
étant un pécheur, l’autre étant un Sauveur quand Son témoignage est reçu. Une foi divine est
due à un témoignage divin ; mais une foi fondée sur des motifs humains n’est pas divine :
seule celle fondée sur la parole de Dieu sonde véritablement le cœur et la conscience. Quand
un homme est brisé en sentant son état de péché, et tout ce qu’il a fait contre un pareil Dieu, le
cœur désire que la bonne nouvelle de l’évangile soit la vérité, au lieu de céder à l’indifférence
ou à une répulsion naturelle et active ; c’est cela croire du cœur (Rom. 10:9-10).

4.2.8 - Jean 3:34 — Un témoignage qui découle de l’Esprit

En outre, la raison d’avoir confiance est établie clairement et exprimée pleinement. Nous ne
sommes pas laissés à faire des suppositions : « Car celui que Dieu a envoyé parle les paroles
de Dieu, car Dieu ne donne pas l’Esprit par mesure » (3:34). Recevoir les paroles de Jésus,
c’est donc recevoir celles de Dieu. Quelle raison y aurait-il d’hésiter ? La foi seule a des
certitudes absolues. Et l’Esprit en est la puissance, en Christ parfaitement, et en nous et par
nous dans la mesure où la chair est jugée. Il était le vase saint de l’Esprit, de sorte que le
témoignage en a découlé aussi pur qu’il y avait été versé, ou plutôt, tel qu’il est en Celui qui
est Lui-même la vérité. Quant à ce que des hommes inspirés ont écrit, c’est juste la même
chose : « Si quelqu’un pense être prophète ou spirituel, qu’il reconnaisse que les choses que je
vous écris sont le commandement du Seigneur » (1 Cor. 14:37). Dans tous les autres hommes,
quelle que soit la puissance, il n’y a pas une telle garantie contre l’infirmité ou l’erreur, bien
qu’on puisse être parfaitement gardé et guidé, si on est seulement et simplement dépendant,
tellement le lien entre la vérité et l’Esprit est réel.

4.3 - Jean 3:35-36

4.3.1 - Jean 3:35 — Le Père aime le Fils, et a mis toutes choses entre ses mains

Nous avons eu la suprématie de Jésus, et Son témoignage, qui le distinguent si complètement


de tous les autres. Mais il y a plus. Il est « le Fils », et l’objet spécial de l’affection et de
l’honneur divins. C’est ce qui suit ; et ici, par conséquent, nous nous élevons bien au-dessus
de Sa position soit comme Messie ou Époux d’un coté, soit comme prophète céleste d’un
autre coté, — Son témoignage détectait absolument tout enfant d’Adam, tandis qu’il amenait
celui qui le recevait à la connaissance de Dieu et de Ses pensées avec une certitude divine.
C’est pourquoi il est parlé du Père et du Fils. « Le Père aime le Fils, et a mis toutes choses
entre ses mains » (3:35). Jésus est l’héritier de tout, comme le Fils du Père dans un sens qui
Lui est particulier, le vrai Isaac (Gen. 25:5) qui demeure pour toujours, le Fils bien-aimé qui a
tout ce que le Père Lui-même a, et a tout donné pour être dans Ses mains, les mains du Fils.

308
4.3.2 - Jean 3:36 — Pour la foi, la vie éternelle dès maintenant ; pour l’incrédulité, la
mort et la colère de Dieu

Par conséquent, il n’est pas question ici de bénédiction pour un temps limité ou pour la gloire
terrestre sous Son règne comme Roi. Tout vient à point d’un coup et pour toujours devant Lui,
qui est l’objet du témoignage, et non pas simplement le témoin. « Celui qui croit au Fils a la
vie éternelle » (3:36). On n’a pas besoin donc d’attendre la bénédiction dans les jours du
royaume. Sans doute, l’Éternel commandera alors la bénédiction, et la vie pour l’éternité (Ps.
133:3). Mais celui qui croit au Fils a la vie éternelle dès maintenant. Pour la même raison, la
chose la plus fatale est de refuser de se soumettre à Sa Personne maintenant. Par conséquent,
il est ajouté, « et qui ne croit pas au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure
sur lui » (3:36). Si la désobéissance est voulue, c’est la désobéissance à Lui-même et à Ses
paroles ; de la même manière, chez l’apôtre Paul, l’obéissance de la foi ne signifie pas
l’obéissance pratique, si importante soit-elle à sa place et en sa saison, mais la soumission à
Christ, à la vérité révélée en Lui. Celui qui Le refuse dans l’incrédulité demeure dans la mort
et sous la colère de Dieu, qui ne peut que ressentir une telle insulte de cœur faite à Son Fils.

5 - Chapitre 4 — En Samarie
Il s’agit ici de cette partie de notre évangile qui précède le ministère en Galilée de notre
Seigneur tel que le présentent les trois évangiles synoptiques, bien que ce voyage à travers la
Samarie amenât le Seigneur au point de départ de ce ministère. On aura noté que selon Jean
3:24, Jean le baptiseur n’était pas encore jeté en prison. Quand il fut emprisonné (Marc 1:14),
et que Jésus l’apprit (Matt. 4:12), Jésus vint en Galilée et commença à prêcher. Notre chapitre
parle d’un moment antérieur et, comme d’habitude, nous mène dans une vue plus profonde de
tout ce qui était à l’œuvre.

5.1 - Jean 4:1-3

« Quand donc le Seigneur connut que les pharisiens avaient entendu dire : Jésus fait et baptise
plus de disciples que Jean (toutefois Jésus lui-même ne baptisait pas, mais ses disciples), il
quitta la Judée, et s’en alla [encore](*) en Galilée » (4:1-3).

(*) A, B, E, Δ, etc. [comme Weiss et Blass], omettent « encore ». Aleph, C, D, L, M, T, 1, 33,


69, et de nombreuses versions anciennes [y compris la syriaque] l’insèrent.

5.1.1 - Jésus ne baptisait pas

309
Les disciples connaissaient peu la profondeur de la gloire qui était en Lui, ni la bénédiction
qui s’ensuivait pour l’homme, même s’ils baptisaient avec zèle et exposaient donc leur Maître
au dépit de ceux qui supportaient mal Sa notoriété grandissante. On remarquera que ce n’était
pas Lui, mais Ses disciples, qui baptisaient. Il savait la fin dès le commencement, et c’est bien
ce qui avait lieu ici. Ils pouvaient baptiser pour Lui comme Messie ; mais Lui, le Fils de Dieu,
savait dès le début qu’il Lui faudrait souffrir et mourir comme le Fils de l’homme : c’est ce
qu’Il avait déjà déclaré à Nicodème, avec les résultats bénis qui en découleraient pour le
croyant. Le baptême qu’Il institua se situait, par conséquent, après Sa mort et Sa résurrection
et était pour Sa mort et Sa résurrection. Le Fils de Dieu savait ce qu’il y avait dans l’homme,
même quand l’homme était disposé à Lui rendre hommage à cause des miracles qu’Il opérait.
Aussi connaissait-Il l’effet de l’activité de Ses disciples sur les hommes religieux de l’époque.

5.1.2 - Le Fils de Dieu forcé de quitter le peuple de Dieu

C’est donc la jalousie des Pharisiens qui en réalité amena le Seigneur à quitter la Judée.
Qu’était ce pays dorénavant ? Qu’était-il sans Lui, par-dessus tout, quand il Le rejetait et que
Lui l’abandonnait ? Ils pouvaient se vanter de la loi, mais ils ne l’avaient pas gardée ; ils
pouvaient proclamer les promesses, mais Lui — à la fois Celui qui était promis et Celui qui
allait accomplir toutes les promesses, — avait été là, et ils ne Le connaissaient pas, ni ne
L’aimaient, mais ils prouvaient de plus en plus qu’ils Lui étaient étrangers de cœur, à Lui leur
Messie. À quoi donc pouvait servir la première alliance maintenant ? Elle ne pouvait
qu’assurer leur condamnation ; elle ne pouvait aucunement les délivrer. Les Juifs n’allaient
récolter que ruine et mort selon les termes de cette alliance. Nous allons voir bientôt
davantage ; et pourtant ici au début de ce chapitre, à cause des mauvais sentiments de ceux
qui auraient dû le plus apprécier Sa présence, on voit le Fils de Dieu forcé, peut-on dire, de
quitter le peuple de Dieu et la scène de Ses institutions, mais dans la puissance de la vie
éternelle, malgré toute l’humiliation mise sur Lui par les gens religieux arrogants, — eux qui
ne voyaient en Lui qu’un homme, sans se douter qu’Il était la Parole devenue chair.

5.2 - Jean 4:4-6 — Sujets de lassitude

« Et il fallait qu’il traversât la Samarie. Il vient donc à une ville de la Samarie, nommée
Sichar, près de la terre que Jacob donna à Joseph son fils. Et il y avait là une fontaine de
Jacob. Jésus donc, étant lassé du chemin, se tenait là assis sur la fontaine ; c’était environ la
sixième heure ». Il est aussi véritablement homme que Dieu, mais toujours et seulement le
Saint. Lassé et rejeté, Il s’assied là dans un amour jamais lassé. Les fausses prétentions devant
Lui ne peuvent pas plus entraver maintenant que l’iniquité orgueilleuse qu’Il venait de laisser
derrière. Jérusalem et Samarie s’effacent pareillement. Que pourraient-elles faire, l’une ou
l’autre, en faveur d’un cœur misérable, d’un pécheur coupable ? Et voilà qu’un tel cœur
s’approche.

5.3 - Jean 4:7-10

310
« Une femme de la Samarie vient pour puiser de l’eau. Jésus lui dit : Donne-moi à boire (car
ses disciples s’en étaient allés à la ville pour acheter des vivres). La femme samaritaine lui dit
donc : Comment toi qui es Juif, me demandes-tu à boire à moi qui suis une femme
samaritaine ? (Car les Juifs n’ont point de relations avec les Samaritains). Jésus répondit et lui
dit : Si tu connaissais le don de Dieu, et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, toi, tu lui
aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive » (4:7-10).

5.3.1 - Le Seigneur accède au cœur

Celui qui a fait le cœur connaît parfaitement la voie d’accès à ses affections. Et quelle grâce
ne peut-Il pas montrer, Lui qui est venu donner une nature nouvelle et divine, et révéler Dieu
en amour, là où il n’y avait rien que péché, égocentrisme et malaise ? Dieu, avec l’humilité
d’un homme, demande une faveur, un peu d’eau, à la femme samaritaine, mais c’était pour
ouvrir son cœur à ses besoins, et lui donner la vie éternelle dans la puissance du Saint Esprit,
la communion avec le Père et Son Fils Jésus-Christ.

5.3.2 - Chassé par la jalousie, la haine et le mépris, le Seigneur va s’occuper d’une


Samaritaine malheureuse

« Combien sont beaux sur les montagnes les pieds de celui qui apporte de bonnes nouvelles,
qui annonce la paix, qui apporte des nouvelles de bonheur, qui annonce le salut, qui dit à
Sion : Ton Dieu vient ! » C’est ainsi que parlait l’Esprit de prophétie par Ésaïe autrefois
(Ésaïe 52:7) ; et c’est ce qui sera bientôt accompli dans sa plénitude, et qui l’est déjà
maintenant en principe. Quel spectacle pour Dieu, et certes aussi pour la foi, que le Fils de
Dieu, chassé par la jalousie, la haine et le mépris de l’homme (de Son propre peuple qui ne Le
recevait pas !) et s’occupant ainsi Lui-même d’une Samaritaine malheureuse qui avait épuisé
sa vie à la recherche d’un bonheur jamais trouvé ! Surprise, elle demande comment un Juif
pouvait demander quelque chose d’une personne comme elle : Qu’avait-elle senti ? Avait-elle
alors imaginé qui Il était, et qu’Il savait tout ce qu’elle était ? Combien ce fut rassurant pour
elle, par la suite, en regardant en arrière au chemin par lequel Dieu l’avait conduite ce jour-là,
dans Sa sagesse pleine de grâce, afin qu’elle puisse Le connaître pour toujours !

5.3.3 - L’œuvre dans une âme sans opérer de miracle

Il se met à lui parler seul à seul, commençant dans son âme Son œuvre pour le ciel, pour
l’éternité, pour Dieu. Aucun miracle extérieur n’est opéré devant ses yeux, il n’est besoin
d’aucun signe du dehors. Le Fils de Dieu parle dans Son amour divin, bien que, comme nous
le verrons, il n’y ait pas d’intelligence tant que la conscience n’est pas atteinte et exercée. La
loi est bonne, si on en use légitimement, sachant ceci, que [la] loi n’est pas pour le juste, mais
pour les iniques et les insubordonnés, pour les impies et les pécheurs, pour les gens sans piété
et les profanes, et, en bref, à tout ce qui s’oppose à la saine doctrine (1 Tim. 1:8-10). Mais
Christ est ce qu’il y a de mieux en matière de révélation de Dieu en grâce, donnant tout ce qui
est nécessaire, produisant (non pas cherchant) ce qui doit être, non pas pour se passer de la
leçon absolument nécessaire sur ce que nous sommes, mais nous rendant capable de la

311
supporter, maintenant que nous connaissons combien Dieu Lui-même prend vraiment soin de
nous en amour parfait, malgré tout ce que nous sommes.

5.3.4 - La grâce ne passe pas légèrement sur le péché

C’est cela la grâce, la vraie grâce de Dieu. Aucune erreur n’est plus complète ni plus
dangereuse que la notion que la grâce attache peu d’importance au péché. Était-ce faire peu de
cas de nos péchés quand Christ les a porté en Son corps sur le bois ? La loi a-t-elle jamais
frappé d’un pareil coup aucun pécheur, quand Dieu, envoyant Son propre Fils en
ressemblance de chair de péché, et pour le péché, a condamné le péché dans la chair, et a donc
permis qu’il n’y ait aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus ? (Rom. 8:1-
3). Non, c’est justement ce que la loi ne pouvait pas faire. La loi pouvait condamner le
pécheur pour ses péchés, mais Dieu a condamné ainsi en Christ non pas seulement les péchés,
mais la racine du mal — le péché dans la chair — et cela dans un sacrifice pour le péché, afin
que ceux qui, autrement, n’auraient rien eu d’autre que de la condamnation, pour l’intérieur et
pour l’extérieur, pour le passé et pour le présent, pour leur nature comme pour leurs voies, —
que ceux-là n’aient désormais par la grâce « aucune condamnation ». Tout ce qui pouvait être
condamné a été condamné ; et ils sont en Christ, et ils ne marchent pas selon la chair, mais
selon l’Esprit. Voilà désormais la loi de la liberté.

5.3.5 - Faire connaître Dieu comme le Donateur

Ici dans ce ch. 4, sans doute, une telle position n’existait pas encore, et personne donc ne
pouvait l’avoir. Mais le Fils était là agissant et parlant dans la plénitude de la grâce qui allait
bientôt tout accomplir pour le croyant, et tout lui donner. Pourtant, il fait comprendre à la
Samaritaine qu’elle ne savait rien. Car, quelle que soit Sa bonté (et elle est sans limites), la
grâce n’épargne pas les théories de l’homme ; et la révélation qu’elle apporte de la part de
Dieu et au sujet de Dieu ne pénètre jamais réellement tant que le moi n’est pas jugé. La
Samarie et Jérusalem ignoraient toutes les deux la grâce ; et seul Christ par l’Esprit peut
ouvrir le cœur pour qu’il s’incline et la reçoive. « Si tu connaissais le don de Dieu » : voilà la
réalité et le caractère de Dieu dans l’Évangile. Il n’est pas un exacteur, mais un donateur. Il
n’ordonne pas à l’homme de L’aimer, mais Il proclame Son amour pour l’homme — oui, au
plus misérable des pécheurs. Il ne requiert pas la justice de la créature, mais Il révèle la
Sienne. Mais l’homme est lent à croire, et l’homme religieux est le plus lent à comprendre ce
qui ne fait aucun cas de lui, et compte en tout sur Dieu. Or telle était la parole de vérité,
l’évangile de notre salut, tel est le don gratuit de Dieu, que le Seigneur manifestait alors, et
faisait connaître à la femme samaritaine.

5.3.6 - Connaître la dignité personnelle du Fils de Dieu

Mais il y avait plus, et il y a plus. La connaissance du don de Dieu, en contraste avec la loi
d’un côté, et avec l’ignorance totale de Son amour actif de l’autre, est inséparable de la foi en
la dignité personnelle du Fils de Dieu. C’est pourquoi le Seigneur, aussi humble qu’Il fût,
ajoute : « et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire ». Car, sans cela, on ne connaît rien

312
correctement. Jésus est la Vérité, et demeure toujours le critère pour l’âme, qui reconnaît avec
d’autant plus de décision et d’actions de grâce pleine d’adoration la gloire de Celui qui, vrai
Dieu, s’est fait homme en amour infini, afin que nous ayons la vie éternelle en Lui. Car
autrement, on peut le dire hardiment, cela ne pouvait pas être. La vérité est exclusive et
immuable ; elle n’est pas seulement la révélation de ce qui est, mais de ce qui seul peut et doit
être, en accord avec la vraie nature de Dieu et l’état de l’homme. Mais Dieu agit dans Sa
propre liberté, car Son amour est toujours libre et toujours saint ; et la vérité ne peut qu’être ce
qu’elle est ; car c’est Lui qui a apporté ici-bas cet amour dans un homme et pour les hommes
dans tout leur péché et la mort et les ténèbres.

5.3.7 - Produire la confiance dans la grâce

C’est la révélation de Dieu à l’homme en Celui qui, quoique Fils de Dieu, s’est abaissé si bas
pour bénir les plus nécessiteux, et les plus souillés, et les plus éloignés de Dieu, jusqu’à
demander un peu d’eau afin de trouver là l’occasion de donner l’eau vivante (= vive) à une
telle personne. À cause de cela aussi, Il ne manque pas en conséquence de dire : « Si tu
connaissais le don de Dieu, et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, toi, tu lui aurais
demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive » (4:10). Car la grâce, véritablement connue en
Christ, produit la confiance dans la grâce, et pousse le cœur à demander la plus grande faveur
de Celui qui ne sera jamais en dessous, mais au-dessus de la position la plus élevée qui peut
Lui être conférée. Jamais la foi de l’homme ne pourra égaler, encore moins surpasser, les
richesses de la grâce de Dieu. Si les hommes, malgré leur mauvais état, savent donner de
bonnes choses à leurs enfants, combien plus le Père qui est du ciel donnera-t-Il l’Esprit Saint à
ceux qui le Lui demandent ? (Luc 11:13). S’il est vrai qu’une Samaritaine coupable est
assurée par le Fils de Dieu que, connaissant le don de Dieu et qui est Celui qui lui a demandé
à boire alors qu’Il était las auprès de la fontaine, elle n’avait qu’à Lui demander pour recevoir
l’eau vive, encore aucun de ceux qui demandèrent cela et le reçurent n’avait le moindre sens
adéquat de cette bénédiction infinie : le Saint Esprit donné pour être dans le croyant.

5.3.8 - Ce qu’est le don de Dieu (4:10)

Telle est l’eau vive dont Christ parle ici, non pas de la puissance dans un don, ni non plus
simplement la vie éternelle, mais l’Esprit donné par le Fils pour être dans le croyant comme la
source de communion avec Lui et avec le Père.

Il n’est donc pas tout à fait correct, comme certains l’ont dit, que « le don de Dieu », ici, fasse
allusion à Christ, la proposition suivante étant alors considérée comme simplement
explicative. Sans doute, Lui était le moyen de manifester ce don ; mais la première
propositions [« si tu connaissais le don de Dieu] de cette riche parole de notre Seigneur met en
avant la pensée si étrange pour l’homme, de ce que Dieu donne gratuitement. La nature
comme telle, ne le comprend jamais ; la loi le rend encore moins compréhensible. Seule la foi
résout la difficulté dans la Personne, la mission et l’œuvre de Christ, qui en est le témoin, la
preuve, et la substance ; mais c’est la grâce gratuite de Dieu qui est le sens visé par « le don
de Dieu ». Par conséquent, la deuxième proposition [et qui est Celui qui te dit : donne-moi à
boire] au lieu d’être simplement l’explication de la première, dirige l’attention vers Celui qui
était là, dans l’humiliation extrême (fatigué de Son voyage, et demandant un peu d’eau à boire

313
à quelqu’un qu’Il savait être la plus indigne des Samaritains), et pourtant Il était le Fils du
Père dans la plénitude sans borne de la gloire divine et de la grâce pour la plus misérable. Et
c’était si vrai que cette Samaritaine qui était encore aveugle quant à tout cela, n’avait qu’à Lui
demander, pour obtenir le plus beau et le plus grand don que le croyant peut recevoir : l’eau
vive, non seulement la vie, mais le Saint Esprit. Ainsi, alors que Christ en est le chemin, la
Trinité est vraiment impliquée pour rendre effective ces paroles de notre Seigneur chez la
Samaritaine, toute la Déité étant à l’œuvre dans la bénédiction prononcée.

5.4 - Jean 4:11-12 — Raisonnements, mais ignorance de la Personne du


Seigneur et de la vérité

« La femme lui dit : Seigneur, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond ; d’où as-tu donc
cette eau vive ? Es-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné le puits ; et lui-même
en a bu, et ses fils, et son bétail ? » Elle ne comprenait aucune des paroles de grâce qu’elle
avait entendues ; elles n’étaient pas mêlées de foi dans son cœur. Elle raisonne donc contre
elles. Si l’eau devait être tirée du puits de Jacob, où était le seau pour puiser, puisque le puits
était profond ? Prétendait-Il être plus grand que Jacob, ou Son puits était-il meilleur que celui-
ci qui avait autrefois fourni de l’eau à Jacob et à sa maison, — ce puits qui était le leur
maintenant ? Ainsi, les pensées raisonnent contre le Seigneur, selon les sens naturels ou la
tradition, tellement l’ignorance de Sa personne et de la vérité est funeste. Les circonstances
mettent à l’épreuve la foi, et sont le marais de l’incrédulité, qui prend plaisir à se servir (à tort
ou à raison) d’un grand nom et de ses dons, hélas ! pour négliger un plus grand don, et même
le plus grand des dons.

5.5 - Jean 4:13-14 — Don du Saint Esprit et de la puissance pour adorer

Notez maintenant la grâce du Sauveur. À cette âme dans les ténèbres, Il développe le don
ineffable de Dieu dans toute son ampleur, en contraste avec ses propres pensées, et celles de
l’homme en général. « Jésus répondit et lui dit : Quiconque boit de cette eau-ci aura de
nouveau soif ; mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai, moi, n’aura plus soif à jamais
(*) ; mais l’eau que je lui donnerai, sera en lui une fontaine d’eau jaillissant en vie éternelle ».

(*) Ce n’est pas simplement ού μή … πώποτε, mais ού μή… εις τόν αιωνα [sûrement pas…
pour l’éternité], c’est-à-dire l’exclusion la plus forte possible de ce qui est en question, et une
exclusion pour l’éternité.

L’eau, issue de la meilleure des sources de la nature, peut rafraîchir, mais la soif revient ;
Dieu a fait qu’il en soit ainsi pour la créature. Mais il n’en est pas ainsi quand il nous est
donné de boire dans l’Esprit. Christ donne le Saint Esprit au croyant afin qu’Il soit en lui une
source fraîche de jouissance divine, non seulement la vie éternelle de la part du Père dans la
personne du Fils, mais la communion du Saint Esprit, et donc la puissance d’adorer, comme

314
nous le verrons plus loin dans cette même conversation. Ainsi, ce n’est pas seulement la
délivrance d’une avidité de plaisir, de vanité et de péché, mais c’est une source vivante de joie
inépuisable et divine, se réjouissant en Dieu par notre Seigneur Jésus, et ceci dans la
puissance de l’Esprit. Cela suppose la possession de la vie éternelle dans le Fils, mais aussi
l’amour de Dieu versé dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné (Rom. 5:5).

5.6 - Jean 4:15-19 — Travail du Seigneur dans la conscience

Même avec cela, la Samaritaine reste toujours aussi insensible. « La femme lui dit : Seigneur,
donne-moi cette eau, afin que je n’aie pas soif et que je ne vienne pas ici pour puiser. Jésus lui
dit : Va, appelle ton mari, et viens ici. La femme répondit et dit : Je n’ai pas de mari. Jésus lui
dit : Tu as bien dit : Je n’ai pas de mari ; car tu as eu cinq maris, et celui que tu as maintenant
n’est pas ton mari ; en cela tu as dit vrai. La femme lui dit : Seigneur, je vois que Tu es un
Prophète » (4:15-19).

5.6.1 - Jean 4:15 — Des besoins terre à terre

Elle voudrait bien apprendre la manière d’être délivrée de ses besoins et de son travail pour ce
monde. Pour l’instant pas un rayon de lumière céleste n’est encore entré en elle. Ne pas avoir
soif et ne pas venir ici pour puiser, voilà les limites de ce qu’elle désire de la part du Sauveur
qu’elle ne connaît pas encore comme Sauveur, et encore moins comme le Fils unique.

Ceci clôt la première partie de l’entretien de notre Seigneur avec elle. Il était inutile de parler
davantage que ce qui avait été dit. Jésus avait déjà mis devant elle le principe selon lequel
Dieu agit, et Sa propre compétence en grâce pour lui donner de l’eau vive, si elle en
demandait ; Il avait également montré la supériorité incomparable de Son don, du fait qu’il
était un don divin, par rapport à tous les bienfaits laissés par Jacob. Mais son cœur ne s’élève
pas au-dessus de la sphère de ses besoins journaliers, et de désirs terrestres. Elle était sourde à
Ses paroles qui, pourtant, étaient esprit et vie (6:63), et qui révélaient ce qui est éternel.

5.6.2 - Jean 4:16a — Le Seigneur éveille l’âme à autre chose que les besoins matériels

Avait-il donc été vain alors, de lui avoir parlé, comme Il l’avait fait dans la plénitude de
l’amour de Dieu ? Loin de là. Il était de toute importance, une fois que la porte était ouverte
de l’intérieur, de réfléchir pour constater quelles richesses de grâce lui avaient été apportées
alors qu’elle ne les avait pas du tout cherchées. Mais il était inutile d’en rajouter davantage.
De là l’appel abrupt du Seigneur, apparemment sans lien avec ce qui précède : « Va, appelle
ton mari, et viens ici ». Était-ce une digression s’écartant de la question de son salut ? Pas du
tout. C’était le second moyen, un moyen nécessaire, à l’égard d’une âme, si l’on veut qu’elle
soit bénie divinement. C’est par une conscience éveillée que la grâce et la vérité entrent, et
c’était parce que sa conscience n’avait pas été atteinte jusqu’alors, que la grâce et la vérité
n’étaient pas du tout comprises.

315
D’un côté, il était de toute importance qu’elle et nous et tous, nous ayons la preuve la plus
claire que le témoignage de la grâce du Sauveur s’épanche avant que nous soyons en état en
aucune mesure de le recevoir ; en cela, ce témoignage de la grâce à la fois magnifie Dieu et le
fait qu’Il donne gratuitement, et en même temps il humilie et dévoile l’état entièrement
mauvais et effroyablement dangereux de l’homme.

D’un autre côté, il était tout aussi important que cette femme soit amenée à ressentir le besoin
qu’elle avait de cette grâce merveilleuse et gratuite que le Sauveur lui assurait, dans toutes ses
profondeurs et son amplitude et sa continuation éternelle, avant même qu’elle se soit jugée
comme pécheresse devant Dieu. C’est à cela que le Seigneur la conduit maintenant ; car si
d’un côté il est impossible de plaire à Dieu sans la foi, d’un autre côté, sans la repentance, la
foi est intellectuelle et sans valeur : ce second coté, c’est l’homme discernant des preuves, et
acceptant ce qu’il juge le meilleur selon sa sagesse — et ce n’est pas le pécheur qui, placé en
face de la grâce souveraine, est jugé, reconnaissant qu’il est dans ses péchés, mais il est aussi
trop heureux de ce que, en Jésus Christ le Seigneur, il trouve, le Sauveur, le seul Sauveur.

5.6.3 - Jean 4:16b — Le Seigneur usant de grâce lorsqu’Il touche la conscience

Pourtant, le Seigneur s’en tient encore à la grâce. Il ne dit pas simplement : « Va, appelle ton
mari », mais Il ajoute : « et viens ici ». Il ne se repent pas de Sa bonté, parce que la femme ne
comprenait rien ; au contraire, Il use de ce nouveau moyen nécessaire pour arriver à faire
sentir le besoin d’une telle bonté. Combien la grâce se donne de la peine, opérant dans l’âme
pour y entrer et y demeurer, maintenant qu’il lui a été rendu témoignage dans toute sa
plénitude, sans davantage de préparation pour elle que le vide chez l’homme

5.6.4 - Jean 4:17-19 — Une démonstration de l’Esprit et de puissance qui produit la


confession

La femme répond « je n’ai pas de mari », et est alors stupéfaite d’entendre la réponse sèche :
« Tu as bien dit : Je n’ai pas de mari ; car tu as eu cinq maris, et celui que tu as maintenant
n’est pas ton mari ; en cela tu as dit vrai ». Elle était démontrée coupable. C’était une
démonstration de l’Esprit et de puissance (1 Cor. 2:4). Pourtant, les mots étaient simples et
peu nombreux, et aucun d’entre eux n’était dur ou fort. C’était la vérité de son état et de sa
vie, que le Seigneur lui faisait sentir de manière tout à fait inattendue, comme Dieu sait le
faire, et le fait sous une forme ou sous une autre chez toutes les âmes converties. La vérité ne
l’épargnait pas, et mettait ses péchés à nu devant Dieu et devant sa propre conscience. Elle ne
douta pas un instant de ce qui rendait tout manifeste. Elle le reconnut comme la lumière de
Dieu. Elle reconnaît que Ses paroles ne sont pas la sagesse de l’homme, mais la puissance de
Dieu. Elle tombe sous la conviction, et confesse tout de suite : « Seigneur, je vois que tu es un
prophète ». Ce n’était pas seulement le fait en lui-même, mais la vérité de la part de Dieu.

Il est donc clair que « prophète » ne signifie pas seulement celui qui prédit le futur, car il n’en
est pas question ici, mais quelqu’un qui dit la pensée de Dieu — quelqu’un qui parle sous la
direction évidente de l’Esprit en disant ce qui ne peut pas être connu naturellement, mais qui
par conséquent place d’autant l’âme devant Dieu et Sa lumière. Ainsi Abraham est un
prophète (Gen. 20:7), et les pères en général (Ps. 105:15), et les prophètes de l’Ancien

316
Testament dans tout leur ministère et leurs écrits, non pas simplement dans ce qui était prédit.
La même chose est vraie par excellence avec le don de prophétie du Nouveau Testament,
comme on peut le voir en 1 Cor. 14:24-25. C’est ce qui est communiqué de Dieu, ce qui juge
la vie, et même qui juge les secrets du cœur devant Lui.

5.7 - Jean 4:20-26 — La femme en recherche

5.7.1 - Différences religieuses. Celles qui bénéficient d’une haute antiquité

Reconnaissant la puissance divine de Ses paroles, la Samaritaine saisit l’occasion d’avoir de


la lumière de la part de Dieu sur ce qui avait été un sujet de perplexité et d’intérêt, y compris
pour elle : quelle était la différence religieuse entre sa race et la nation élue, non pas
simplement dans l’hommage rendu à Dieu, mais dans l’adoration exprimée publiquement et
formellement. Elle veut que la question, si ancienne soit-elle, soit réglée pour elle maintenant.
La Samaritaine, comme tant d’autres installés dans une erreur grave, pouvait parler de ce qui
bénéficiait d’une haute antiquité. Heureuse l’âme qui, en matière d’antiquité, a recours à
Jésus ! Lui seul est la Vérité. Les autres peuvent tromper, étant eux-mêmes trompés.

Jésus était né pour ceci, et était venu dans le monde pour ceci, afin de rendre témoignage à la
vérité (18:37). Qui plus est : « Quiconque est de la vérité, écoute Sa voix » (18:37). Hélas !
combien il en a été différemment dans la chrétienté, corrompue d’abord, puis déchirée sans
espoir, d’autant plus arrogante qu’elle a davantage de raison d’avoir honte ! Que dans un tel
état de ruine, notre part soit de garder Sa parole et de ne pas renier Son nom (Apoc. 3:8).

Un temps de déclin éprouve l’âme plus que tout autre chose, car il semble que c’est de
l’orgueil de se distinguer des excellents de la terre, surtout s’ils sont nombreux, et que ceux
qui s’attachent à la Parole de Dieu sont peu nombreux, et n’ont pas de quoi se vanter. Pour
cette raison même, une telle position est précieuse aux yeux de Dieu, et n’est pas un petit
témoignage rendu au Maître absent. Et encore, il convient à tous ceux qui diffèrent de la
masse, qu’ils soient sûrs des raison qui sont les leurs, comme cette femme qui se met à
chercher, et qui fait appel à Jésus ; le chrétien n’a pas besoin de chercher quelqu’un d’autre
que Jésus parlant par Sa parole et Son Esprit : il est même coupable et entêté s’il tient compte
de quelqu’un d’autre, dans le moment où l’incertitude des hommes est si grande et si grave.

5.7.2 - Le texte de Jean 4:20-26

« Nos pères ont adoré sur cette montagne-ci, et vous, vous dites qu’à Jérusalem est le lieu où
il faut adorer. Jésus lui dit : Femme, crois-moi : l’heure vient que vous n’adorerez le Père, ni
sur cette montagne, ni à Jérusalem. Vous, vous adore, vous ne savez quoi ; nous, nous savons
ce que nous adorons ; car le salut vient des Juifs. Mais l’heure vient, et elle est maintenant,
que les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; car aussi le Père en cherche
de tels qui l’adorent. Dieu est esprit, et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en
vérité. La femme lui dit : Je sais que le Messie qui est appelé le Christ, vient ; quand celui-là
sera venu, il nous fera connaître toutes choses. Jésus lui dit : Je le suis, moi qui te parle »
(4:20-26).

317
5.7.3 - Jean 4:20-21 — L’adoration du Père à la place de Garizim et Jérusalem

Le Seigneur fait plus que répondre à tous les désirs du cœur de la Samaritaine. Car ici nous
avons, non seulement la justification du culte israélite par rapport à son rival samaritain, mais
la première révélation du culte chrétien jamais donnée par Dieu à l’homme, et remplaçant non
seulement le samaritanisme, mais aussi le judaïsme — un changement total très proche. Tout
est communiqué dans un langage assez clair, y compris pour l’âme à laquelle cela s’adressait,
alors qu’il y a là une profondeur de vérité qu’aucun saint n’a jamais sondée, aussi profond
qu’il ait jamais pu atteindre, et en jouir.

C’est « le Père » qui serait dorénavant adoré : en soi, quelle révélation ! Il n’est plus question
de l’Éternel Dieu d’Israël, ni même du Tout-Puissant, selon le nom sous lequel Il s’était fait
connaître aux pères. Il y a une manifestation plus riche de Dieu, et bien plus intime. Ce n’est
pas en tant qu’Éternel qui s’est mis en alliance et qui gouvernait, — qui accomplira sûrement
Ses voies avec Israël, comme Il les a châtiés à cause des leurs. Ce n’est pas non plus le Dieu
qui était le bouclier de Ses pauvres pèlerins (Gen. 15:1) qui s’accrochaient à Ses promesses
dans leurs pérégrinations au milieu d’étrangers hostiles, avant que leurs enfants aient formé
une nation et aient reçu Sa loi. C’était Dieu comme le Fils Le connaissait, et Le faisait
connaître dans la plénitude d’amour et de communion, qui par conséquent introduirait les
Siens qui étaient dans le monde dans la relation consciente d’enfants nés de Lui (comparez
Jean 1:12-13, 18 ; Jean 14:4-10, 20 ; 16:23-27 ; 20:17-23).

Il n’est pas étonnant qu’en présence d’une telle proximité et de l’adoration qui lui convient, la
montagne de Garizim s’évanouit, et le sanctuaire de Jérusalem s’efface. Car l’un n’était que
l’effort de la propre volonté, et l’autre était le test et la preuve de l’incapacité du premier
homme à rencontrer Dieu et vivre. L’adoration chrétienne est basée sur la possession de la vie
éternelle dans le Fils, et sur le don de l’Esprit comme puissance d’adoration.

5.7.4 - Jean 4:22 — Le salut vient des Juifs

Au verset 22 le Seigneur ne laisse pas la Samaritaine conclure que, si l’adoration chrétienne


était allait être la seule acceptable pour Dieu, indépendamment du lieu et de la race, le culte
Samaritain avait été jusque-là aussi bon que le culte juif. Il n’en était pas ainsi. Les
Samaritains adoraient ils ne savaient quoi, les Juifs savaient ce qu’ils adoraient, « car »,
ajoute-t-Il, « le salut vient des Juifs ». Ils avaient « l’adoption, et la gloire, et les alliances, et
le don de la loi, et le service [divin], et les promesses ; auxquels sont les pères, et desquels,
selon la chair, est [issu] le Christ, qui est sur toutes choses Dieu béni éternellement. Amen ! »
(Rom. 9:4-5). Les Samaritains n’étaient que de simples imitateurs, des Gentils jaloux d’Israël
et hostiles à leur égard, sans crainte de Dieu sinon ils se seraient soumis à Ses voies et à Sa
parole.

Ainsi le Seigneur prend la défense des privilèges accordés par Dieu à Israël ; or à ce moment-
là Il était pourtant chassé par la jalousie des pharisiens, et malgré tout Il mettait de côté toute
prétention à une bénédiction issue de la tradition ou d’une succession. Il était là pour donner
des communications de la part de Dieu, non pas pour accréditer l’homme ; et comme Il était
rejeté, Jérusalem et Samarie disparaissent pareillement. Les choses vieilles sont jugées ; toutes

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choses doivent devenir nouvelles (2 Cor. 5:17). Maintenant que ceux qui avaient les
institutions divines rejetaient Son conseil contre eux-mêmes, Dieu était en Christ, réconciliant
le monde avec Lui-même (2 Cor. 5:19). Et si cette incrédulité allait jusqu’à l’extrême dans la
haine du Père et du Fils, cela ne ferait que mettre en évidence la plénitude de la grâce et de la
justice divines, laissant Son amour absolument libre d’agir souverainement au-dessus de tout
mal pour Sa propre gloire ; et nous savons que c’est ce qui a eu lieu en Christ crucifié, puis
ressuscité.

5.7.5 - Jean 4:22 — Vous adorez, vous ne savez quoi

Il est remarquable donc que le Seigneur ne dit pas « vous ne savez pas qui vous adorez »,
mais « vous adorez, vous ne savez quoi ». Dans le judaïsme, Dieu demeurait dans d’épaisses
ténèbres, et le témoignage rendu par tout le système lévitique (avec ses sacrifices et
sacrificateurs, la porte, le voile, l’encens, en bref tout) faisait que le chemin dans les lieux
saints n’avait pas encore été rendu manifeste (Héb. 9:8). Quand Christ mourut, il le fut : le
voile fut déchiré de haut en bas, et la rédemption éternelle trouvée ; les adorateurs une fois
purifiés, n’ont plus conscience de péchés, et sont invités à s’approcher (Héb. 10:22, 2). Voilà
le christianisme, Dieu s’étant révélé comme le Père dans le Fils par l’Esprit. Le connaître Lui,
le seul vrai Dieu, et Celui qu’Il a envoyé pour Le révéler, Jésus, voilà la vie éternelle. Et
l’œuvre immense qui a été faite à la croix a traité tout notre mal, de sorte que nous sommes
libres de jouir de Lui. Nous, nous savons donc Qui nous adorons, et non pas seulement
« quoi ». Quand Dieu était caché dans les profondes ténèbres, et que seule l’unité de Sa nature
était proclamée, la Déité restait vague. Quand le Père est révélé comme aujourd’hui dans le
Fils par l’Esprit, quelle différence !

5.7.6 - Jean 4:23 — L’heure vient, et elle est maintenant, où les vrais adorateurs…

C’est pourquoi cette bénédiction immense est ouverte dans son caractère positif aux versets
24 et 25. Car voilà une heure où la forme est répudiée, comme elle ne pouvait pas l’être dans
le judaïsme. La réalité seule est avalisée. Un culte national est donc aujourd’hui une illusion
évidente, n’étant qu’un effort pour ressusciter ce qui a disparu après n’avoir plus été reconnu
par Dieu. Le culte national était reconnu en Israël, sous la loi, dans un but spécial ; il le sera
de nouveau à plus grande échelle plus tard durant le millénium ; mais il ne l’est pas
actuellement, si nous croyons le Sauveur, durant cette heure qui était alors à venir et qui est
maintenant. L’heure maintenant est celle où les vrais adorateurs adorent le Père. Qui sont-ils
et que sont-ils ? Les déclarations doctrinales des apôtres répondent d’un commun accord que
ce sont des enfants de Dieu, nés de Lui par la foi en Christ, et en conséquence scellés par
l’Esprit du fait qu’ils se reposent sur Sa rédemption. Ainsi, l’apôtre dit (Phil. 3:3) que nous
(en contraste avec les simples Juifs ou judaïsants), nous sommes la vraie circoncision, qui
rendons culte par l’Esprit de Dieu, et nous glorifions dans le Christ Jésus, et n’avons pas
confiance en la chair. Mais il faut citer le Nouveau Testament dans son ensemble pour donner
la preuve complète, si quelqu’un demande davantage de preuves que ce que le Seigneur
fournit dans ce contexte, bien que je sois assuré que celui qui ne s’incline pas devant un tel
témoignage ne serait pas gagné par dix mille autres témoignages. Un seul mot de la part de
Dieu a plus de poids pour le croyant que toute autre preuve : combien en faudrait-il pour
convaincre un incrédule ?

319
5.7.7 - Jean 4:23 — Adorer en esprit et en vérité

De plus, ce qui est dit de l’adoration exclut toute personne autre que les vrais croyants. Car ils
ont à adorer en esprit et en vérité. Comment quelqu’un le pourrait-il s’il n’a pas l’Esprit ni ne
connaît la vérité ? Il est vrai que l’article manque [en esprit et vérité]. Mais dans un cas tel que
celui qui est devant nous, cela ne fait qu’ajouter à la force de la déclaration, car cela affirme
un caractère spirituel et vrai de l’adoration. Autrement dit, les paroles du Seigneur expriment
davantage que la nécessité d’avoir le Saint Esprit ou la connaissance de la vérité, bien que tout
cela implique déjà des chrétiens ayant leurs privilèges distinctifs. Mais le Seigneur dit qu’ils
adorent sous ce caractère, non pas simplement qu’ils ont l’Esprit et la vérité pour pouvoir
adorer. Or, évidemment, même un vrai chrétien peut agir de manière non spirituelle et non pas
selon la vérité. Pierre et Barnabas eux-mêmes, manquèrent de marcher selon la vérité de
l’évangile lors d’une crise grave (Gal. 2:14). Un adorateur, si vrai soit-il, s’il attriste l’Esprit
ou déshonore le Seigneur, ne peut adorer en esprit et en vérité. Mais il est encore plus évident
que personne hormis « les vrais adorateurs » ne peut adorer ainsi, même si, dans telle
circonstance ou dans tel état donné, ceux-ci peuvent, en fait, ne pas adorer comme ils le
devraient.

5.7.8 - Jean 4:23 — Le Père en cherche de tels qui L’adorent

En outre, il est dit « car aussi le Père en cherche de tels qui l’adorent ». Pesons cela. Il fut un
temps où tout Juif montait à Jérusalem pour chercher l’Éternel ; le temps viendra où toutes les
nations afflueront à ce même centre quand le Fils de l’homme viendra en puissance régner en
gloire. Mais l’œuvre caractéristique de la grâce est que le Père cherche de vrais adorateurs.
Sans doute, une fois qu’ils sont trouvés, ils se rassemblent au nom du Seigneur, et jouissent de
Sa présence par l’Esprit. Il ne suffit pas qu’ils soient lavés, ni qu’ils soient lavés par l’eau
seulement, mais il faut qu’ils soient lavés par l’eau et le sang, et qu’ainsi ils soient propres en
tous points ; ce n’est pas seulement qu’ils ont l’Esprit comme le témoin du seul sacrifice
efficace, et comme la source de louange et de puissance d’actions de grâces continuelles, « car
aussi le Père en cherche de tels qui l’adorent ». Quelle confiance cela leur donne ! Quelle
grâce en Lui ! Et encore, Sa recherche d’adorateurs est vraie pour tout chrétien. Puissent-ils
répondre à Sa grâce en s’abstenant de tout ce qui en est indigne en ce jour mauvais !

5.7.9 - Jean 4:24 — Dieu est esprit… ceux qui L’adorent, L’adorent en esprit et en vérité

Mais il y a d’autres paroles de profonde importance. « Dieu est esprit, et il faut que ceux qui
l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité ». C’est de la nature de Dieu qu’il est question ici,
non pas de la relation de grâce qu’Il révèle maintenant en Christ et par Christ. C’est de la plus
grande importance pour nous. Car Dieu doit être adoré de manière qui corresponde à Sa
nature, et Il y a tout à fait pourvu, vu que la nouvelle vie dont nous jouissons est par l’Esprit,
et est esprit, non pas chair (3:6), — comme, en effet, Il nous a engendré de Sa propre volonté
par la parole de la vérité (Jacq. 1:18), et nous sommes donc nés de nouveau, non pas d’une
semence corruptible, mais d’une semence incorruptible, par la vivante et permanente parole
de Dieu (1 Pierre 1:23). Assurément nous devrions marcher et adorer dans [ou : par] l’Esprit,

320
si nous vivons dans [ou : par] l’Esprit. L’Esprit nous est donné afin que nous jugions et
rejetions le premier Adam, ne glorifiant que le Second homme, notre Seigneur Jésus. De plus,
comme Dieu est Esprit, une adoration spirituelle est tout ce qu’Il accepte. Ses adorateurs
doivent adorer en esprit et en vérité. C’est une nécessité morale découlant de Sa nature — une
nature pleinement révélée en Celui qui est l’image du Dieu invisible, et nous qui sommes nés
de Lui comme croyants en Christ, nous ne devrions pas ignorer cette nature, ni ignorer son
caractère.

5.7.10 - Jean 4:25 — Le Messie

La femme, frappée par ces paroles effectivement simples, mais qui la dépassaient sans doute
(car elles s’élèvent jusqu’à Dieu, aussi sûrement qu’elles descendent jusqu’à l’homme), pense
de suite au Messie, et affirme sa confiance en Sa venue, et la certitude que, quand il sera venu,
Il nous dira toutes choses (4:25). Puissent tous ceux qui croient en Lui, croire la même chose
de Lui ! Puissent-ils, quand Il leur a parlé de paix, ne pas retourner à la folie ! (Ps. 85:8). Et y
a-t-il une folie plus grande que de se détourner de Ses paroles sur ce sujet, et selon ce qu’on
trouve par exemple dans ce même chapitre, de suivre les traditions des hommes et les voies du
monde dans le culte rendu à Dieu ?

5.7.11 - Jean 4:26 — Je le suis, moi qui te parle

Et c’est maintenant que résonnent à son oreille et dans son cœur les dernières paroles
nécessaires pour confirmer tout le reste, et assurer sa bénédiction pour toujours : « Jésus lui
dit : Je le suis, moi qui te parle » (4:26). C’est peut-être la forme la plus basse pour présenter
le Seul qui peut être à profit à un pécheur, mais il demeure toujours vrai du commencement à
la fin que quiconque croit que Jésus est le Christ est né de Dieu (1 Jean 5:1). Or la
Samaritaine l’avait cru. Son cœur était touché, sa conscience sondée, et maintenant la grâce et
la vérité qui vinrent par Jésus Christ étaient tout pour elle. Toute la bénédiction était à elle
dans la personne de Celui qui était là présent et reçu par elle par la foi.

Quel moment : un Messie présent, et Il parle à une femme samaritaine, et le sujet est
l’adoration chrétienne !

5.8 - Jean 4:27 — Étonnement des disciples

« Et là-dessus ses disciples vinrent ; et ils s’étonnaient de ce qu’il parlait avec une femme ;
toutefois nul ne dit : Que lui demandes-tu ? ou, de quoi parles-tu avec elle ? »

Leur étonnement venait de ce qu’Il parlait avec une femme : Quel devait être son étonnement
à elle, elle qui savait que tous les secrets de son cœur étaient à nu et à découvert devant Celui
avec qui elle avait à faire ? (Héb. 4:13). Sa grâce, cependant, avait entièrement préparé la
voie. Celui qui sondait tous les recoins de son âme l’avait déjà encouragée en lui révélant la
très riche grâce de Dieu le Père, étant Lui-même le seul vrai Révélateur de cette grâce, et étant
sur le point de donner l’Esprit Saint qu’elle pourrait recevoir (même elle !), et dont elle
321
pourrait vraiment jouir. En tout cas, de son côté, il n’était pas question de chercher : c’est le
Père qui cherchait de tels ; il n’était pas non plus question de parler avec elle, mais de lui
révéler. Les disciples avaient beaucoup à apprendre. S’ils avaient su le sujet de la
conversation, ils auraient été surpris bien davantage.

5.9 - Jean 4:28-30 — Changement moral de la femme

« La femme donc laissa sa cruche et s’en alla à la ville, et dit aux hommes : Venez, voyez un
homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait ; celui-ci n’est-il point le Christ ? Ils sortirent de la
ville, et ils venaient vers lui ».

Le changement moral était immense. Un nouveau monde s’ouvrait pour elle, qui éclipsait le
monde présent avec de nouvelles affections, de nouveaux devoirs, et dont la puissance
s’affirmait en l’élevant entièrement au-dessus des choses visibles, — quel qu’en soit l’effet
ordinaire, qui est de fortifier pour mieux accomplir le labeur terrestre présent. Mais la
révélation de Christ pour son âme l’absorbait entièrement et était à la fois le plus puissant
stimulant pour Le faire connaître aux autres. Quand l’œil est simple, le corps est plein de
lumière. Elle sentait qui avait le plus besoin de Lui, et elle s’en occupa sur-le-champ. Elle
laissa sa cruche, s’en alla à la ville, et parla aux hommes de Jésus. Combien elle Le
comprenait bien ! Il ne l’avait pas formellement envoyée, et pourtant elle alla hardiment faire
son invitation. Or ce n’était pas une simple invitation : « Venez, voyez un Homme ». Elle
voulait aller avec eux. Son cœur était dans le courant de Sa grâce, et comptait que les autres
bénéficieraient du même accueil, même si cela ne lui paraissait pas certain, quant à elle. Telle
est la puissance de l’amour divin, même dès le tout début.

Pourtant, Sa grâce n’était pas une source d’affaiblissement de la vérité. Eux aussi, devaient se
préparer à ce qui avait sondé cette femme : « Venez, voyez un homme qui m’a dit tout ce que
j’ai fait ; celui-ci n’est-il pas le Christ ? » Eux savaient bien ce qu’elle avait été ; et si Lui
l’avait traitée ainsi, ne pourraient-ils pas eux aussi Le voir et L’entendre ? Une telle
expérience personnelle a une grande puissance, et elle est aussi sans risque, lorsqu’elle ne fait
pas seulement appel aux affections, mais que la conscience est en même temps sondée.

5.10 - Jean 4:31-34 — Faire la volonté du Père renouvelle la force

« Pendant ce temps, les disciples le priaient, disant : Rabbi, mange. Mais il leur dit : Moi, j’ai
de la viande à manger que vous, vous ne connaissez pas. Les disciples donc dirent entre eux :
Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger ? Jésus leur dit : Ma viande est de faire la volonté de
celui qui m’a envoyé, et d’accomplir son œuvre ».

Comme il est humiliant dans un tel moment, de trouver Ses disciples occupés du corps et de
ses besoins. Le Seigneur le leur fait sentir dans Sa réponse. Tout disciples qu’ils fussent, ils ne
connaissaient pas une telle nourriture. Ce n’est pas comme les hommes le citent souvent : « Sa
viande et Sa boisson », car en supplément de faire la volonté du Père et d’accomplir Son
œuvre, il y avait une source intérieure d’amour et de jouissance dans Son Père. Or faire Sa
volonté et accomplir Son œuvre était Sa nourriture. Il était venu pour faire Sa volonté. Pour
cela, Il n’était jamais fatigué, et nous, nous ne devrions pas non plus l’être maintenant, quelle
322
que soit la fatigue du corps. Car « Il donne de la force à celui qui est las, et il augmente
l’énergie à celui qui n’a pas de vigueur ». Sans Lui « les jeunes gens seront las et se
fatigueront, et les jeunes hommes deviendront chancelants ; mais ceux qui s’attendent à
l’Éternel renouvelleront leur force ; ils s’élèveront avec des ailes, comme des aigles ; ils
courront et ne se fatigueront pas, ils marcheront et ne se lasseront pas » (Ésaïe 40:29-31).
Jésus connaissait cela Lui-même en perfection, et nous en avons ici un échantillon.

5.11 - Jean 4:35-38 — État de la moisson

« Ne dites-vous pas, vous : Il y a encore quatre mois, et la moisson vient ? Voici, je vous dis :
Levez vos yeux et regardez les campagnes ; car elles sont déjà (*) blanches pour la moisson.
(2*) Celui qui moissonne reçoit un salaire et assemble du fruit en vie éternelle, afin que à la
fois (3*) celui qui sème et celui qui moissonne, se réjouissent ensemble. Car en ceci est
[vérifiée] la vraie parole : L’un sème, et un autre moissonne. Moi, je vous ai envoyés
moissonner ce à quoi vous n’avez pas travaillé ; d’autres ont travaillé, et vous, vous êtes
entrés dans leur travail » (4:35-38).

(*) Tischendorf, etc., sépare ήδη (déjà) d’avec le verset 35, et le fait commencer le verset 36,
à la suite de quelques autorités anciennes ; mais les plus anciennes (aleph, B, M, Π, etc.)
laissent les deux possibilités, et la plupart [comme Weiss] donnent le texte comme on l’a mis
ici, ce qui semble être le seul en harmonie avec le contexte.

note Bibliquest : Carrez, la TOB et le NT français courant rattachent « déjà » au v. 36.

(2*) Le Texte Reçu met la conjonction « et » = καί appuyé par beaucoup d’autorités, mais les
plus anciens manuscrits onciaux, et quelques bons cursifs, etc., y sont hostiles.

note Bibliquest : Carrez, la TOB et le NT français courant omettent cette conjonction.

(3*) Certaines bonnes autorités anciennes omettent καί [= « et », traduit ici par « à la fois »].

note Bibliquest : Carrez, la TOB et le NT français courant omettent cette conjonction.

5.11.1 - Quand est-ce que la moisson est mûre ?

Quels que fussent les temps et les saisons de la moisson naturelle, les champs étaient
spirituellement mûrs pour le moissonneur. L’homme, le monde, méritaient sans aucun doute
le jugement ; mais l’état même du péché, qui appelle le jugement, Dieu l’utilise pour Son
appel de grâce. L’évangile vient expressément sur le terrain de la ruine totale de l’homme, et
donc nivelle toutes les distinctions. Juifs, Samaritains, Gentils, que sont-ils sinon des
pécheurs ? Les Juifs avaient été en probation, mais ils rejetaient maintenant le Messie, le Fils
de Dieu. Tous étaient perdus, mais le Christ rejeté est le Sauveur, et maintenant il y a le salut
pour quiconque, et la grâce l’apporte au milieu de gens tels que ces Samaritains.

323
Cela ne veut pas dire que la grâce n’ait pas œuvré pendant les temps de probation passés.
L’homme avait sombré entièrement ; mais Dieu préparait la voie pour le moment où il ne
s’agirait plus de faire l’expérience de l’homme, ni de chercher une justice de l’homme, mais
où la justice de Dieu serait révélée (Rom. 1:17) en vertu de l’œuvre de Christ. Ses témoins
n’avaient pas travaillé en vain, malgré la petitesse des résultats constatés entre temps. Or la
vraie lumière brillait maintenant, et les choses apparaissaient comme elles sont à l’œil de la
grâce. Quel spectacle pour Christ de voir les Samaritains venir à Lui, venir écouter Celui qui
nous dit tout ce que nous avons fait ! Les champs étaient effectivement blancs pour la
moisson.

5.11.2 - S’agit-il de semer ou de moissonner ?

Il est remarquable que le Seigneur parle de moissonner maintenant, plutôt que de semer, bien
que les semailles se poursuivent bien sûr, et aient leur place ailleurs, comme en Matt. 13.
Autrefois il s’agissait plutôt de semer que de récolter ; maintenant au jour de la grâce, il y a
une récolte caractéristique : du fruit non seulement issu des œuvres de Dieu dans le passé,
mais du fruit de Son œuvre puissante à venir, Lui qui parle à Ses disciples en disant : « Celui
qui moissonne reçoit un salaire et assemble du fruit en vie éternelle ; afin que, et celui qui
sème et celui qui moissonne, se réjouissent ensemble » (4:36). Il en sera ainsi dans le jour de
gloire, et l’esprit de cela se trouve déjà maintenant dans le cœur de l’Église et du chrétien.
« Car en ceci est [vérifiée] la vraie parole : L’un sème, et un autre moissonne » (4:37). Mais
tandis qu’il y a encore ces différences, il reste que les apôtres sont caractérisés par le fait de
récolter plutôt que de semer ; et il en est aussi de même, bien sûr, des autres ouvriers. « Moi,
je vous ai envoyés moissonner ce à quoi vous n’avez pas travaillé ; d’autres ont travaillé, et
vous, vous êtes entrés dans leur travail ». Combien ceci s’est vérifié par excellence à la
Pentecôte et ensuite.

5.12 - Jean 4:39-45a — Les hommes de Samarie

5.12.1 - Jean 4:39-42 — Le travail divin opéré chez les Samaritains

« Or plusieurs des Samaritains de cette ville-là crurent en lui, à cause de la parole de la femme
qui avait rendu témoignage : Il m’a dit tout ce que j’ai fait. Quand donc les Samaritains furent
venus vers lui, ils le priaient de demeurer avec eux. Et il demeura là deux jours ; et beaucoup
plus de gens crurent à cause de sa parole. Et ils disaient à la femme : Ce n’est plus à cause de
ton dire que nous croyons ; car nous-mêmes nous [l’]avons entendu, et nous connaissons que
celui-ci est véritablement le Sauveur du monde ».

Il est réconfortant de voir comment Dieu a honoré le simple témoignage de la femme.


Plusieurs de cette ville crurent en Lui à cause de son témoignage. Il est encore répété qu’elle a
rendu témoignage de ce que sa conscience avait été sondée par Sa parole : « Il m’a dit tout ce
que j’ai fait ». C’est une bonne garantie que le travail est divin quand on ne recule pas devant
le fait d’être scruté ; autrement la grâce est susceptible d’être utilisée abusivement pour
couvrir le péché ou pour ménager le pécheur, au lieu de juger tout à la lumière de Dieu. Mais
la foi, quand elle est réelle, s’élève au-dessus de l’instrument [humain] utilisé jusqu’à Celui
qui daigne s’en servir, et Dieu aime honorer la parole de Jésus Lui-même. C’est pourquoi il

324
nous est dit que, quand il accéda en grâce au désir des Samaritains, et y demeura deux jours :
« beaucoup plus de gens crurent à cause de sa parole » (4:41). Combien ce dut être doux pour
la femme de les entendre dire : « Ce n’est plus à cause de ton dire que nous croyons ; car
nous-mêmes nous [l’]avons entendu, et nous connaissons que celui-ci est véritablement le
Sauveur du monde » (4:42). Dieu les conduisit aussi à ne plus s’occuper de Son caractère de
Messie, titre que des copistes ont inséré sans raison valable. L’ancienne autorité semble
concluante pour affirmer que les mots « le Christ » [avant « le Sauveur du monde »] doivent
disparaître. Leur confession était beaucoup plus simple et plus solennelle lorsqu’on écrit
comme indiqué ici. Maintenant ils connaissaient et confessaient la vérité — la grâce et la
vérité qui vinrent par Jésus Christ (comparez 1 Jean 4:14).

Ainsi, sans miracle, le Seigneur a été reconnu en Samarie, d’abord comme prophète par une
personne, finalement comme le Sauveur du monde par tous ceux qui ont cru là en Lui. Là où
l’on se serait le moins attendu à de l’intelligence, c’est là que fut trouvée la confession la plus
complète de Sa grâce ; la foi donne une sagesse nouvelle si différente de l’ancienne, que ceux
qui sont sages doivent devenir fous s’ils veulent être sages selon Dieu. Combien cela est béni
pour ceux qui n’ont pas de sagesse en laquelle se vanter, et que la grâce forme en toute
simplicité selon sa propre puissance ! Tels étaient les Samaritains parmi lesquels le Seigneur
demeura pour ce court espace de temps.

5.12.2 - Jean 4:43-46a — Voyage vers la Galilée

Passages correspondants : Matthieu 4:12-17 ; Marc 1:14-16 ; Luc 4:14-16.

« Or, après les deux jours, il partit de là (*) en Galilée ; car Jésus lui-même rendait
témoignage qu’un prophète n’est pas honoré dans son propre pays ».

(*) Le Texte Reçu, avec la plupart des onciaux et des cursives, etc., a aussi καί άπηλθεν [et
s’en alla], contrairement à aleph, B, C, D, T, 13, 69, et quelques autres autorités excellentes.

Il reprend sa place parmi les méprisés et les humbles. Le premier évangile souligne que ce
domaine de Son ministère était conforme à la prophétie, car Ésaïe, en exposant les péchés et
le jugement d’Israël du premier au dernier, avait parlé de la lumière qui brillerait en Galilée
quand les ténèbres enveloppaient les centres favorisés du pays. Tous les évangélistes, en effet,
pour une raison ou pour une autre, s’étendent spécialement sur Son ministère en Galilée ; Jean
est le seul à mettre en avant quelques incidents caractéristiques à Jérusalem. Marc parle
beaucoup de la Galilée, parce que son service était de décrire le ministère du Seigneur, et c’est
là en fait qu’il faut Le suivre si l’on veut en retracer les détails. Luc, encore une fois, le donne
à titre d’illustration des voies morales de Dieu dans la grâce de notre Seigneur Jésus, et des
activités de Celui qui est allé de lieu en lieu faisant le bien et guérissant tous ceux qui étaient
opprimés par le diable (Actes 10:38). Jean, d’autre part et comme d’habitude, place Son
ministère sur un terrain qui se rapporte plus strictement à Sa Personne.

325
C’est le témoignage propre du Seigneur qu’un prophète n’est pas honoré dans son propre
pays. Il n’était pas descendu chercher Son propre honneur, mais l’honneur de Celui qui
L’avait envoyé. Il avait à dispenser des richesses de grâce et de vérité. Il avait été envoyé, Il
était venu, pour faire la volonté de Son Père ; satisfait de n’être rien, de ne rien recevoir des
hommes, Il s’en va en Galilée. Mais si les Galiléens ne Lui rendaient aucun honneur quand Il
était au milieu d’eux, ils n’étaient pas insensibles à la renommée qui s’était répandue,
spécialement par l’impression qu’Il avait faite dans la capitale. « Quand donc il fut venu en
Galilée, les Galiléens le reçurent, ayant vu toutes les choses qu’il avait faites à Jérusalem
pendant la fête ; car eux aussi allaient à la fête » (4:45). La Galilée n’était pas seulement le
lieu où Il avait passé la plus grande partie de Sa vie terrestre dans l’humiliation et
l’obéissance, mais c’est là qu’Il avait commencé à se faire connaître aux disciples, et où Il
avait d’abord opéré un signe en témoignage de Sa gloire. « Il vint donc encore à Cana de
Galilée, où il avait, de l’eau, fait du vin » (4:46a). Ce premier miracle fournissait la promesse,
le gage et les arrhes de la joie future d’Israël et de sa bénédiction future ; et Lui-même, dans le
jour à venir, sera là dans le pays, non plus comme invité, ni comme maître de la fête
seulement, mais comme l’Époux. Et la stérile connaîtra Celui qui l’a faite comme son mari,
Son nom est l’Éternel des armées, le Rédempteur, le Saint d’Israël : il sera appelé non
seulement le Dieu du pays, mais le Dieu de toute la terre (Ésaïe 54:5).

Or ce n’est pas encore le jour de chanter, mais celui de la tristesse ; pas encore le jour
d’élargir le lieu de la tente d’Israël, ni d’étendre les tentures de leur habitation, ni d’affermir
les pieux ; ni de s’étendre à droite ou à gauche, ni d’hériter des Gentils, ni de rendre habitées
les villes désertes (Ésaïe 54:2-3). Au contraire, le Messie n’est-Il pas venu chez Lui, et les
Siens ne l’ont pas reçu ? Ils étaient alors sur le point de consommer leur péché à Sa croix, et
de sceller leur incrédulité dans le rejet de l’évangile, interdisant à Ses serviteurs de parler aux
Gentils pour qu’ils soient sauvés, pour combler toujours la mesure de leurs péchés, de sorte
que la colère était venue sur eux à son dernier terme (1 Thes. 2:16), même si la grâce peut
transformer leur chute en salut et en richesse des nations (Rom. 11:12). Néanmoins, la grâce a
encore à accomplir tous les signes annoncés à Israël, et le Seigneur ajoute à cette occasion une
manifestation nouvelle de Sa puissance, adaptée à leurs circonstances et à leurs besoins
présents.

5.13 - Jean 4:46b-54 — La guérison du fils du courtisan

5.13.1 - Jean 4: 46b-48 — Foi étriquée

« Et il y avait à Capernaüm un certain courtisan dont le fils était malade ; celui-ci, ayant ouï
dire que Jésus était venu de Judée en Galilée, s’en alla vers lui, et le pria de descendre et de
guérir son fils ; car il allait mourir. Jésus donc lui dit : Si vous ne voyez des signes et des
prodiges, vous ne croirez point ».

Quel contraste frappant avec les âmes simples de Samarie ! Il y avait la foi en la puissance de
Jésus, mais c’était une foi de type juif. Le courtisan avait sans doute entendu parler de
miracles opérés par Lui personnellement présent. Sa foi ne s’élevait pas plus haut, mais
évidemment, si c’était la puissance de Dieu, elle ne pouvait pas avoir de limites. L’absence ou
la présence ne jouent pas — ce ne sont que des circonstances, tandis que l’essence même d’un
miracle, c’est que Dieu s’élève au-dessus de toutes les circonstances. C’est illogique, aussi
bien que de l’incrédulité, de mesurer un miracle par l’expérience de quelqu’un. C’est

326
uniquement une question de volonté de Dieu, de Sa puissance et de Sa gloire, et c’est
pourquoi le Seigneur reproche à juste titre, l’incrédulité de tout ce genre de pensées.

5.13.2 - Luc 7:1-10 — Contraste avec l’esclave du centurion de Capernaüm

Combien aussi la grâce qui opéra dans le centurion Gentil dont le serviteur était malade (Luc
7:1-10) fait un contraste admirable avec les attentes limitées de ce courtisan juif ! Là, juste
pour exercer et manifester la puissance de sa foi, le Seigneur proposa d’aller avec les anciens
des Juifs, qui le priaient de venir sauver son serviteur. Mais bien qu’il ne fût pas loin de la
maison, le centurion Lui envoya des amis expressément pour ne pas Le déranger, car il n’était
pas digne qu’Il vienne sous son toit, pas plus qu’il ne s’estimait lui-même digne de venir à
Lui. Il n’avait qu’à dire un mot, et son serviteur serait guéri. Ceci par conséquent suscita une
forte approbation de la part du Seigneur, et non pas une censure comme ici. Jésus n’avait pas
trouvé alors une si grande foi, même en Israël (Luc 7:9).

5.13.3 - Jean 4:49-50 — Guérison, mais avec exercice de la foi

Néanmoins, la grâce du Seigneur ne manque jamais, et la petite foi reçoit sa bénédiction aussi
sûrement que la plus grande reçoit une réponse plus grande. « Le courtisan lui dit : Seigneur,
descends avant que mon enfant meure ». Là encore, combien la foi est étriquée, même si
l’appel est urgent ! Pourtant la foi doit avoir une assurance en grâce. « Jésus lui dit : Va, ton
fils vit ». C’était mieux pour l’âme du courtisan de toute manière, et davantage à la gloire de
Dieu, que Jésus lui dise d’aller, au lieu d’aller avec lui. Si cela allait à l’encontre des pensées
et des paroles de l’homme, c’était destiné à exercer d’autant plus sa foi. « Et l’homme crut la
parole que Jésus lui avait dite, et s’en alla ». Il n’eut pas à attendre longtemps avant de
connaître la bénédiction.

5.13.4 - Jean 4:51-54 — Le moment où le Seigneur intervient

« Et, déjà comme il descendait, ses esclaves vinrent au-devant de lui, et lui rapportèrent que
son fils vivait. Alors il s’enquit d’eux à quelle heure il s’était trouvé mieux ; et ils lui dirent :
Hier, à la septième heure, la fièvre l’a quitté. Le père donc connut que c’était à cette heure-là à
laquelle Jésus lui avait dit : Ton fils vit. Et il crut, lui et toute sa maison » (4:51-53).

Ainsi Dieu prit soin d’arrêter l’attention des esclaves, qui étaient d’autant plus intéressés et
responsables que leur maître était absent. Ils voulaient surveiller le cas et noter l’évolution de
la maladie du patient, et ils avaient donc été les premiers à voir quand il avait commencé à
mieux aller. Ils purent dire au maître l’heure précise à laquelle la fièvre avait quitté l’enfant :
c’était l’heure même, comme le maître put le leur dire, où Jésus avait prononcé la parole de
puissance en guérison.

« Jésus fit encore ce second miracle, quand il fut venu de Judée en Galilée » (4:54).

327
N’est-ce pas un signe de ce qu’Il va faire au jour où, ranimant la fille morte de Sion, Il
changera l’eau de purification en vin de joie pour Dieu et pour l’homme ? En attendant, Il
soulage celui qui est prêt à périr en Israël, là où il y a de la foi pour chercher ce soulagement
de la part de Christ, même si cette foi est faible. Déjà à ce moment-là, c’était vrai de Son
ministère dans tout son sens et toute sa force. Au ch. 5, les droits de Sa Personne sont affirmés
avec encore plus de force par le moyen d’effets présents et futurs. Ici, il s’agit plutôt d’arrêter
la puissance de la mort, que de donner la vie. Même cela, Lui seul pouvait le faire, et Il le
faisait là où il y avait la foi.

6 - Chapitre 5 — À Jérusalem au réservoir de Béthesda


L’une des particularités de notre évangile c’est de voir fréquemment le Seigneur à Jérusalem,
tandis que les évangiles synoptiques s’occupent de Son ministère en Galilée. Le miracle au
réservoir de Béthesda en est un exemple : seul Jean le relate. Tant l’événement lui-même que
le discours qui a suivi font ressortir Sa personne au plus haut degré. Ceci seul demeure, et
c’est tout pour le croyant, avec l’œuvre infinie qui Lui doit son infini. Dans les autres
évangiles, le processus de mise à l’épreuve est considéré comme toujours en cours ; dans
Jean, tout est vu dès le début, comme clos devant Dieu. C’est pourquoi nous voyons Son
jugement moral de Jérusalem au début de Jean, comme aussi Son rejet. C’est ce qui, dans
l’évangile de Jean, explique à mon avis le récit de l’œuvre du Seigneur à Jérusalem ainsi
qu’en Galilée. Si tout était considéré comme une scène de naufrage et de ruine moralement,
l’endroit où Il œuvrait aurait été sans importance. Du point de vue de la mise à l’épreuve, tout
était fini ; la grâce pouvait et voulait opérer également partout : la Galilée et Jérusalem étaient
semblables. Le péché nivelle tout : l’une comme l’autre avait besoin de la vie de Dieu. C’est
ce que notre évangile développe.

6.1 - Jean 5:1-9

6.1.1 - Jean 5:1

« Après ces choses, il y avait la (*) fête des Juifs, et Jésus monta à Jérusalem » (5:1).

(*) Ici les autorités sont à peu près également divisées pour et contre l’insertion de l’article. Si
on accepte l’article, il ne peut guère s’agir que de la fête de Pâque, la première fête de l’année
sainte juive, la fête fondamentale. Certains ont pensé qu’il pourrait s’agir de la fête de Pourim,
mais on ne s’expliquerait pas que Jésus soit monté à Jérusalem pour une fête qui n’était pas
une exigence divine.

6.1.2 - Jean 5:2-6 — Un témoignage de la grâce en puissance avant le ministère du


Seigneur

328
« Or il y a à Jérusalem, près de la porte des brebis (*), un réservoir d’eau, appelé en hébreu
Béthesda, ayant cinq portiques. Dans ceux-là étaient couchés une (2*) multitude d’infirmes,
d’aveugles, de paralytiques et de gens qui avaient les membres secs, [attendant le mouvement
de l’eau. Car de temps en temps un ange descendait dans le réservoir et agitait l’eau. Le
premier donc qui entrait après que l’eau avait été agitée, était guéri, de quelque maladie qu’il
fût pris]. Or il y avait là un homme infirme depuis trente-huit ans. Jésus, le voyant couché là,
et sachant qu’il était dans cet état déjà depuis longtemps, lui dit : Veux-tu être guéri ? » (5:2-
6)

(*) Il y a beaucoup de confusion dans les manuscrits, même si le texte est sûr ici. Ainsi, tandis
que έπί τη προβατικη (à la porte des brebis, Néhémie 3 selon les Septante) est lu par
Vaticanus, le Rescrit de Paris, et plus de treize onciaux et la majorité des cursives, confirmé
par la plupart des anciennes versions, [W. et H., Weiss] ; pourtant aleph (corr), A, D, G, L,
etc., ont έν τη προβατικη, probablement avec le sens de la Version Autorisée (le marché aux
brebis) ; tandis que aleph (pm) et quelques autres autorités inférieures omettent έπί τη ou έν
τη, et semblent donc exprimer le « réservoir des brebis » : ainsi la Vulgate et les versions
éthiopienne et slavonne. — note Bibliquest : D’autres variations secondaires sont aussi
signalées par l’auteur.

(2*) Dans les versets 3-4, il y a des différences plus graves… La grande omission est celle de
la phrase ‘attendant le mouvement de l’eau… et tout le verset 4’ (aleph B, C, L, 18, 157, 314,
etc.)… Il est certain que le texte donné ordinairement a dû être lu par Tertullien (de Bapt. 5) ;
et la réponse de l’infirme dans le texte critique, au verset 7, implique sinon exige, une telle
explication. Le fait peut avoir été trop renversant pour que les copistes croient qu’il ait pu
avoir lieu dans les jours allant jusqu’au ministère de Christ (ils pouvaient le croire plus
facilement dans l’ère chrétienne). Les catholiques ont du mal à accepter toute preuve de bonté
de Dieu envers les Juifs en tant que tels, et dans les temps où cela se passait. Même Lachmann
garde le passage. Je ne pense pas qu’il y ait un poids réel dans l’argument d’Alford contre son
authenticité fondé sur le fait que sept mots ne sont utilisés qu’ici, ou seulement ici dans ce
sens ; car un fait aussi remarquable et singulier appelle naturellement des mots appropriés. Il y
a des variations parmi les manuscrits qui contiennent le passage omis, mais pas plus, peut-
être, que d’habitude. Voir Westcott, « note complémentaire sur le chapitre V », et Hort « Note
sur des leçons particulières ». Weiss et Blass abandonnent le verset.

Note Bibliquest : Carrez et la TOB rejettent ce passage (de la fin du v. 3 au v. 4 inclus). Le


NT en français courant le conserve.

6.1.3 - Jean 5:7-9 — Le Seigneur surmonte l’impuissance de l’homme à être sauvé

« L’infirme lui répondit : Seigneur, je n’ai personne qui, lorsque l’eau a été agitée, me mette
dans le réservoir ; et, pendant que moi je viens, un autre descend avant moi. Jésus lui dit :
Lève-toi, prends ton petit lit, et marche. Et aussitôt l’homme fut guéri, et il prit son petit lit, et
marcha. Or c’était sabbat ce jour-là » (5:7-9).

329
6.1.3.1 - Image de l’homme sous la loi

Cette scène est une image frappante de l’homme, des Juifs sous la loi. Ils gisaient là sans
force, et bien que la grâce de Dieu pût intervenir occasionnellement, plus leur besoin était
grand, moins les âmes pouvaient profiter de Sa miséricorde. C’était « ce qui était impossible à
la loi, en ce qu’elle était faible par la chair » (Rom. 8:3). L’homme impotent en était le témoin
jusqu’à ce que Jésus vienne le chercher sans que l’homme le cherche. Aucun mouvement de
l’eau par l’ange ne pouvait être utile à un homme incapable de descendre sans une aide pour
le plonger dans le réservoir. Celui qui était plus fort arrivait toujours à passer avant
l’impotent. Mais maintenant la grâce, en Jésus le Fils de Dieu, regarde celui qui a si
longtemps souffert ; la grâce lui parle ; la grâce opère pour lui, d’une parole, sans tarder ; car
la parole était accompagnée de puissance. « Et aussitôt l’homme fut guéri, et il prit son petit
lit, et marcha. Or c’était sabbat ce jour-là » (5:9).

Mais comment le Sabbat pouvait-il être gardé ou imposé en ce jour de misère de l’homme ?
Jésus était venu travailler (5:17), non pas se reposer ; quoi que les pharisiens pussent avancer,
Il ne voulait pas enfermer l’homme dans un repos brisé devant Dieu par le péché et la ruine.

6.1.3.2 - Excellence du Fils

Ainsi le miracle opéré en ce jour de sabbat poursuit l’accomplissement de ce qu’on voit le


Seigneur faire tout au long de ces chapitres de l’évangile : se substituer à tous les objets de
confiance et tous les moyens de bénédiction, d’autrefois ou d’alors, en-dehors d’Israël ou en
Israël. Même les anges s’inclinent devant le Fils ; pourtant Il était incarné, travaillant dans
l’humiliation, et allant tout droit à la croix. La loi ne pouvait pas délivrer de la culpabilité, ni
de la puissance et des effets du péché ; aucune intervention extraordinaire de Dieu par le
moyen des créatures les plus élevées ne pouvait répondre de manière adéquate à ce besoin —
rien ni personne, sauf Jésus, le Fils de Dieu. Mais nous avons aussi la preuve la plus évidente
que les Juifs étaient si satisfaits d’eux-mêmes dans leur misère, par un mauvais usage de la loi
qui les aveuglait quant à leur péché et quant au Fils, qu’ils se contentaient de continuer avec
un tel sabbat, irrités par Celui qui opérait un miracle qui proclamait aussi sûrement Sa grâce
que leur ruine (5:16). Leur situation était sans espoir puisqu’ils rejetaient le remède et qu’ils
se complaisaient dans leur propre justice.

6.1.3.3 - Sentir son besoin pour être guéri, même un jour de sabbat

Observez toutefois que le Seigneur fait sentir à l’infirme plus que jamais son impuissance,
avant de prononcer les mots qui le firent se lever (5:6-7). Il éveille le désir d’être guéri, tandis
qu’Il regarde avec une compassion infinie et une connaissance du cas à fond ; mais le désir
ressenti alors s’exprime dans la conviction qu’a l’homme de sa propre misère. C’était comme
ce que dit l’âme en Rom. 7:24 : « Misérable homme que je suis, qui me délivrera de ce corps
de mort ? » Combien peu l’infirme connaissait Celui qui avait daigné être son « prochain », et
jouer le rôle du bon Samaritain, et même infiniment mieux ici où le besoin est ressenti plus
profondément. Ici, il y a Celui qui vivifie les morts. « Lui a parlé, et la chose a été » (Ps.
33:9), même que ce fût un jour de sabbat ; mais le péché et la misère peuvent-ils observer un
sabbat agréable à Dieu ? Dieu merci ! Jésus fit ce miracle ; mais ils estimèrent que s’Il avait

330
raison, c’en était fini d’eux. C’est pourquoi ils Le jugèrent, sans se juger eux-mêmes, comme
nous le verrons, — pour le déshonneur de Dieu et leur propre perdition.

6.1.3.4 - Il porte son lit en public

C’était sans doute étrange en Judée de voir un homme transporter son lit un jour de sabbat,
surtout à Jérusalem. Mais cela venait, bien sûr, d’une injonction délibérée de la part du
Seigneur. Il soulevait une question chez les Juifs qui, Il le savait bien, entraînerait une rupture
avec leur incrédulité. C’était un coup frappé délibérément à l’observation du sabbat à laquelle
ils se complaisaient, alors qu’ils étaient aveuglés, non seulement par volonté propre pour
violer la loi, mais par incrédulité contre leur propre Messie, en dépit des preuves les plus
complètes de Sa mission et de Sa Personne. Dieu pouvait-Il agréer l’observation du sabbat par
un peuple dans un état pareil ? Ici donc, le Seigneur commande un acte expressément public
le jour du sabbat à Jérusalem.

6.2 - Jean 5:10-18

6.2.1 - Jean 5:10-13 — Qui a fait le miracle ? un homme ?

« Les Juifs donc dirent à celui qui avait été guéri : C’est [un jour de] sabbat, et il ne t’est pas
permis de prendre ton petit lit. Il leur répondit : Celui qui m’a guéri, celui-là m’a dit : Prends
ton petit lit, et marche » (5:10-11).

L’homme guéri était simple, et sa réponse porte le cachet de la droiture et de la vérité. La


puissance divine qui avait opéré au-delà même des limites et de la mission d’un ange, et sans
elle, était sa garantie d’agir selon la Parole. « Ils lui demandèrent donc : Qui est l’homme qui
t’a dit : Prends ton petit lit, et marche ? Mais celui qui avait été guéri ne savait pas qui c’était ;
car Jésus s’était retiré de là, une foule se trouvant dans ce lieu » (5:12-13). Les Juifs parlaient
avec malveillance et mépris : « Qui est l’homme ? » On ne peut guère concevoir qu’ils fussent
ignorants de ce qu’il y avait plus [qu’un homme] au milieu d’eux, ni de Qui Il était. Ils
connaissaient Ses œuvres, s’ils ne Le connaissaient pas Lui-même ; et Ses œuvres ainsi que
Ses voies proclamaient une mission plus qu’humaine. Le miracle opéré devant eux, qu’ils ne
pouvaient pas nier, dépassait celui d’un ange ; et pourtant ils demandent à la personne guérie :
« Qui est l’homme qui t’a dit : Prends ton petit lit, et marche ? » Le Seigneur avait ordonné les
choses de telle sorte que l’homme guéri n’en sache pas plus ; Il s’était retiré inaperçu, une
foule se trouvant là.

6.2.2 - Jean 5:14-15 — Ce qui est important dans la vie

« Après ces choses, Jésus le trouva dans le temple, et lui dit : Voici, tu es guéri ; ne pèche
plus, de peur que pis ne t’arrive. L’homme s’en alla et annonça aux Juifs que c’était Jésus qui
l’avait guéri » (5:14-15).

331
C’était une parole pleine de grâce, mais en même temps solennelle. Vivre maintenant, et jouir
de la vie présente, n’est pas le plus important. Aucune guérison, même annonciatrice de la
puissance et de la bonté de Dieu, ne pouvait répondre aux besoins profonds de l’homme, car
le péché subsistait encore. Une guérison n’était que provisoire. L’homme guéri, bien que
guéri par Jésus, devait être mis en garde : « ne pèche plus, de peur que pis ne t’arrive ». Il ne
semble pas avoir alors jugé de manière adéquate la méchanceté des Juifs. Ils avaient
probablement caché leurs sentiments réels. Il en est souvent ainsi avec les hommes vis-à-vis
de Jésus, surtout les hommes réputés religieux. Ils ne croient pas en Lui, ni ne L’aiment. Ainsi
l’homme guéri, dans sa simplicité, n’a pas sondé leur but, mais il semble avoir plutôt supposé
qu’ils avaient hâte de connaître son bienfaiteur merveilleux. C’est pourquoi il partit leur dire
que c’était Jésus qui l’avait guéri. Il n’y a aucune raison, je pense, de supposer qu’il partageait
les sentiments des Juifs, ni qu’il voulait trahir Jésus auprès de ceux qui Le haïssaient.

6.2.3 - Jean 5:16 — Le miracle source de reconnaissance et source de haine

Ils avaient maintenant confirmation du fait qu’ils avaient sans doute soupçonné dès le début, à
savoir que le malade avait eu à faire avec Jésus. Leur informateur aurait normalement dû
mieux le savoir, car ils avaient demandé : « Qui est l’homme qui t’a dit : Prends ton petit lit,
et marche ? » Il leur dit maintenant que c’était Jésus qui l’avait guéri. Son cœur était plein de
la bonne et puissante action qui avait été faite, tandis que leurs cœurs à eux ne pensaient qu’à
la Parole qui avait porté atteinte à leur observation du Sabbat. « Et à cause de cela les Juifs
persécutaient Jésus (*), parce qu’il avait fait ces choses en un jour de sabbat » (5:16). C’était
l’aveuglement des hommes qui, perdus dans les formes, ne connaissaient pas la réalité de
Dieu, et par conséquent ne se savaient pas être eux-mêmes en Sa présence. Tôt ou tard, de tels
hommes se trouvent en conflit avec Jésus ; qu’allaient-ils bientôt ressentir ?

(*) Le Texte Reçu ajoute καί έζήτουν αύτόν άποκτειναι [et cherchaient à le faire mourir] avec
quatorze onciaux, la plupart des cursives et quelques versions, contrairement à aleph, B, C, D,
L, 1, 22, 33, 69, 249, quelques vieilles versions Latines, la Vulgate, etc. et des premières
versions Grecques.

Note Bibliquest : ce membre de phrase se trouve dans la version J.N. Darby, mais dans
aucune des versions Carrez, TOB, NT en français sourant.

6.2.4 - Jean 5:17 — Le Père ne peut pas se reposer au milieu du péché

« Mais Jésus leur répondit : Mon Père travaille jusqu’à maintenant, et moi je travaille »
(5:17).

C’était une réponse accablante. Ils ne connaissaient rien de la communion avec le Père. Lui
Jésus, et non pas eux, pouvait appeler Dieu « Mon Père », et Il aimait à dire qu’Il « travaillait
jusqu’à maintenant ». Car le Père ne pouvait pas se reposer au milieu du péché, Il ne voulait
pas se reposer au milieu de la misère. Ce n’est pas encore Dieu en train de juger. Par
conséquent Il travaillait en tant que Père, et Il travaillait encore jusqu’à maintenant, bien que

332
ce ne fût que maintenant qu’Il se faisait connaître comme Père dans et par le Fils. Pourtant
même auparavant, Il ne s’était pas laissé sans témoignage à Jérusalem même, comme en
témoignait la foule de malades en attente autour du réservoir de Béthesda. Mais ce n’était que
partiel et transitoire. Le Fils était là pour faire connaître le Père complètement, et Le faire
connaître comme Quelqu’un qui ne pouvait plus garder Son sabbat, malgré tout ce que
pouvaient vouloir dire ou faire les Juifs ignorants à Son égard. « Mon Père travaille jusqu’à
maintenant, et moi je travaille ». Jésus, le Fils, avait une communion ininterrompue et parfaite
avec Son Père.

6.2.5 - Jean 5:18 — Être Fils de Dieu c’est être égal à Dieu

Or ces paroles prononcées étaient encore plus choquantes que l’œuvre qu’ils venaient de
voir ; et la manière par laquelle Jésus avait ouvertement fait pour l’opérer et la faire voir,
heurtait tous leurs préjugés, et remuait les profondeurs de leur incrédulité. Car en parlant
ainsi, Sa gloire personnelle ne pouvait que briller à l’entour.

À la fois le Père et le Fils travaillaient, et ne se reposaient pas. « À cause de cela donc les Juifs
cherchaient d’autant plus à le faire mourir, parce que non seulement il violait le sabbat, mais
aussi parce qu’il disait que Dieu était Son propre Père, se faisant égal à Dieu » (5:18).

Ils ne se trompaient pas, au moins en tirant cette conclusion. Lui avait donc chargé
expressément l’homme guéri de faire ce qu’Il savait devoir amener une rupture, et maintenant
Il ne nie pas, mais confesse que Dieu était Son propre Père dans un sens qui n’était vrai
d’aucun autre, sinon de Lui-même. Voilà la vérité, et une vérité due à Dieu plus que toute
autre parmi toutes les vérités, et le pivot central de toute bénédiction pour l’homme. Par elle,
le croyant connaît Dieu, et a la vie éternelle ; sans elle, on est un ennemi de Dieu, comme les
Juifs se montraient l’être en ce jour-là, et toujours depuis. Ils étaient des hommes endurcis,
aveuglés fatalement dans la perversité, et qui, dans un prétendu zèle pour Son honneur,
cherchaient d’autant plus à tuer Jésus, Son propre Fils, venu en amour infini pour faire
connaître le Père, et réconcilier l’homme avec Dieu. Mais Dieu est sage et infiniment bon
dans Son œuvre ; car en les laissant faire preuve de méchanceté à l’extrême, jusqu’à mettre
Jésus à mort le moment venu, Il prouvait Son propre amour jusqu’à ce sommet qu’est
l’expiation, faisant que Christ, ‘qui n’a pas connu le péché, soit fait péché pour nous, afin que
nous devinssions justice de Dieu en Lui’ (2 Cor. 5:21).

6.3 - Jean 5:19-30

6.3.1 - Jean 5:19 — Parfaite dépendance, parfaite humanité

Le Seigneur note le rejet incrédule de Sa Personne, et révèle la vérité qui met tout à sa place.
« Jésus donc répondit et leur dit : En vérité, en vérité, je vous dis : Le Fils ne peut rien faire de
lui-même, à moins qu’il ne voie le Père faire quelque chose ; car quelque chose que celui-ci
fasse, cela, le Fils aussi le fait de la même manière » (5:19-20).

Ceci exprime qu’il était entièrement exclu que Sa volonté fût distincte de celle de Dieu le
Père. Il parle de Lui-même comme homme sur la terre, mais en même temps Dieu : c’est le

333
sujet spécial de notre évangile. Il était ici manifestant Dieu, lequel, autrement, n’avait été vu
ni pu être vu par personne ; Lui Le manifestait comme le Père, même si les disciples étaient
bien obtus pour Le discerner jusqu’à ce que la rédemption eut ôté le voile de devant leurs
yeux et le sentiment de culpabilité de la conscience, et jusqu’à ce que leur cœur eut saisi
l’amour qui L’a donné. Or Il avait daigné prendre la place d’homme, sans perdre un instant Sa
nature divine et Ses droits divins ; et c’est comme tel qu’Il rejette la moindre nuance d’auto-
exaltation, ou d’indépendance par rapport à Son Père. Ceci, la chair ne peut le comprendre
aujourd’hui, pas plus qu’alors ; et comme alors, cela conduisait les Juifs à répudier le Fils,
ainsi aujourd’hui cela conduit une large partie de la chrétienté à nier ouvertement Sa gloire
divine ou à le ramener en pratique au niveau de l’homme. De la vient l’effort de tant de
personnes de se débarrasser d’un symbole tel que le credo d’Athanase (*), et l’approbation
oiseuse d’un nombre encore bien plus grand, qui ne croient pas plus qu’eux en Lui. La vérité
est que l’Écriture va au-delà de tout credo qui ait jamais été formulé pour maintenir Son
honneur ; et ceci à la fois dans la doctrine de Ses serviteurs inspirés, et dans le récit qu’ils ont
fait de Ses propres paroles, comme ici.

(*) note Bibliquest : le 8ème article des trente neuf articles de la confession de foi anglicane
requiert l’acceptation du credo d’Athanase qui insiste beaucoup sur la Trinité.

Cependant, en dehors du fait d’être l’Éternel, Dieu sur toutes choses béni éternellement (Rom.
9:5), Il parle de Lui-même comme étant un homme dans ce monde, et pourtant le Fils, et
comme tel ne faisant que ce qu’Il voit le Père faire : faire autre chose ne serait pas révéler le
Père. Or Il était ici pour cela. Et encore, Il est si véritablement divin que toutes les choses que
le Père fait, le Fils les fait pareillement. Il est l’image du Dieu invisible, et seul compétent
pour nous montrer le Père. Quelle perfection dans le travail conjoint du Père et du Fils ! Nous
apprenons ainsi ici leur unité, comme en Jean 10. Ce n’est pas seulement que le Fils fait tout
ce que le Père fait, mais Il le fait de la même manière. Quelle communion bénie !

6.3.2 - Jean 5:20 — Relations dans la Déité. Foi qui étonne, foi qui croit.

Les raisons que le Seigneur en donne sont aussi à considérer. « Car le Père aime (φιλει) le
Fils, et lui montre toutes les choses qu’il fait lui-même, et il lui montrera des œuvres plus
grandes que celles-ci, afin que vous soyez dans l’admiration » (5:20).

S’il y a quelque chose de réel, c’est bien les Personnes dans la Déité ; et comme la nature
divine est moralement parfaite, les affections qui y règnent ne le sont pas moins. Le travail en
commun du Père et du Fils, notre précieux Seigneur, s’explique par le fait que le Père aime le
Fils et qu’Il Lui montre tout ce qu’Il fait Lui-même (5:20a) ; et même (5:20b), Il leur fait
savoir, comme Il le savait Lui-même, que des œuvres plus grandes Lui seraient montrées par
le Père, selon que la dernière partie de cet évangile en témoigne, « afin que vous soyez dans
l’admiration » — Il ne dit pas « afin que vous croyez ». Car Il parle, non pas de grâce, mais de
puissance manifestée en témoignage aux Juifs, dont l’effet serait, non pas la foi qui honore
Dieu, mais l’étonnement [ou ici : admiration] qui est le compagnon fréquent et stupide de
l’incrédulité.

334
6.3.3 - Jean 5:21-23 — Le Fils de Dieu ressuscite, le Fils de l’homme juge

Le Seigneur met ensuite en relief l’immense miracle de la résurrection. « Car comme le Père
réveille les morts et les vivifie, de même aussi le Fils vivifie ceux qu’il veut ; car aussi le Père
ne juge personne, mais il a donné tout le jugement au Fils ; afin que tous honorent le Fils
comme ils honorent le Père. Celui qui n’honore pas le Fils, n’honore pas le Père qui l’a
envoyé » (5:21-23).

Il n’y a pas de doute que donner la vie aux morts revient à Dieu et Le caractérise ; mais si le
Père le fait, le Fils le fait tout autant, et non pas en tant qu’instrument, mais souverainement :
« le Fils aussi vivifie ceux qu’il veut ». Il est une Personne divine aussi véritablement que le
Père, de plein droit et avec toute la puissance. Mais il y a plus : Lui seul juge. Le jugement
dans son ensemble, et sous toutes ses formes, est remis au Fils par le Père (qui dans ce sens ne
juge personne), avec le but explicite que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père. Et
il en est ainsi réellement ; car ceux qui n’honorent pas l’Envoyé du Père, le Fils, non
seulement n’honorent pas le Père, mais Le méprisent. C’est au Fils, de par le bon plaisir du
Père, qu’il est dévolu de juger ; on va voir un peu plus loin qu’il y a une raison morale à cela.
En bref, nous apprenons que le Fils vivifie en communion avec le Père, et que Lui seul juge.
Son honneur est ainsi mis à l’abri de tous les hommes, soit qu’ils soient vivifiés s’ils croient,
soit qu’ils soient jugés s’ils ne croient pas.

6.3.4 - Jean 5:24 — Comment avoir la vie ?

6.3.4.1 - La foi : croire Christ

Comment une âme peut-elle savoir qu’elle est vivifiée et ne sera pas jugée ? Celui qui révèle
la part qui appartient à certains et ce qui attend les autres, n’a pas laissé dans l’obscurité ni
dans le doute ce qui est de toute importance ; Il a fait savoir ce qui concerne si profondément
tout fils des hommes. L’incrédulité seule ne sait pas, ou a des incertitudes, bien que ce soit
sans raison, car sa fin douloureuse est trop évidente pour les autres, si elle ne l’est pas pour
elle-même. Défiant Dieu, elle doit être jugée par Celui qu’elle ne pourra plus continuer à
déshonorer. D’autre part, qu’y a-t-il de plus marqué spécialement par la grâce que la portion
accordée par notre Seigneur à la foi ? » En vérité, en vérité, je vous dis que celui qui entend
ma parole, et qui croit celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement ;
mais il est passé de la mort à la vie » (*) (5:24). Il ne s’agit plus d’une question de loi, mais
d’écouter la parole de Christ, de croire Celui qui a envoyé Christ (non pas ‘croire en Dieu’,
comme dit la Version Autorisée, quel que soit le sens dans lequel on le prend), en croyant Son
témoignage. Il avait envoyé Son Fils dans le but qu’Il donne la vie éternelle. Par conséquent
celui qui Le croit « a la vie éternelle ». C’est un don présent de Dieu et une possession
présente du croyant ; sans doute il n’en jouira parfaitement que dans le ciel, mais c’est
néanmoins une possession vraiment donnée déjà maintenant, et exercée ici où Christ était
alors.

6.3.4.2 - Le croyant ne vient pas en jugement

335
(*) Le contraste de la vie et du jugement ici, comme du salut et du jugement en Hébreux 9:27-
28, est révélé si nettement, et sur une base aussi solennelle que celle de l’honneur et du
déshonneur du Fils, que l’on s’étonne du préjugé du professeur Knightsbridge de l’Université
de Cambridge (pourtant compétent) qui s’oppose à M. Gr. Guinness, là où celui-ci a raison
alors que lui-même a tort, sur le jugement d’Apoc 20.

Quant au fait que le fidèle ne vienne absolument jamais en jugement, M. T.R. Birks n’y
voyait « aucune base, sinon la traduction altérée d’Alford de Jean 5:24, que je crois être une
erreur » (« Réflexions sur le Temps et les Saisons de la Prophétie sacrée » p . 65, 1880) : c’est
une déclaration surprenante, non seulement du point de vue philologique, puisque le grec
n’admet aucun autre sens, mais non moins certainement aussi du point de vue de la grâce et
de la vérité divines, et de la justice divine. Ce n’est rien moins qu’une offense hétérodoxe ou
incrédule contre l’évangile, et même contre ce qu’un saint de l’Ancien Testament pouvait dire
avant la venue du Seigneur, comme au Psaume 143 v. 2. Si la manifestation de tous de
manière absolue devant le tribunal de Christ avait été affaiblie, c’est avec raison qu’il y aurait
eu lieu d’adresser l’avertissement le plus sévère. Mais on est d’accord que chacun de nous
rendra compte pour lui-même à Dieu, et recevra les choses accomplies dans le corps selon
qu’il aura fait soit bien soit mal (2 Cor. 5:10). Ceci, cependant, ne donne pas du tout le droit
de nier la parole de Christ, ni le privilège spécifique du croyant de ne pas venir en jugement et
de n’avoir pas besoin d’« acquittement » en ce jour-là, du fait qu’il a déjà été justifié.
Doctrinalement, cela déshonore le Seigneur et Son œuvre, encore plus que la foi du saint ;
cela replonge dans le doute et dans les ténèbres ceux que la grâce a sauvés parce qu’ils ont
cru ; cela ramènerait la détresse dans des cœurs exercés, et ébranlés par le mauvais rendu de
Jean 5 et de 1 Cor. 11. Ce mauvais rendu dans la Version autorisée anglaise [Jean 5:24 « ne
vient pas en condamnation » au lieu de « ne vient pas en jugement » ; 1 Cor. 11:29 « mange et
boit une damnation contre lui-même » au lieu de « mange et boit un jugement contre lui-
même »] est corrigé sans hésitation par la Version révisée anglaise.

Quant à la traduction prétendument altérée d’Alford, il y a lieu de remarquer que la Version


autorisée anglaise de Jean 5:22 [« il a donné tout le jugement au Fils »] et 5:27 [« autorité
d’exécuter le jugement »] corrige l’erreur des versets 5:24 [« ne viendra pas en
condamnation »] et 5:29 [« résurrection de damnation »]. C’est partout le même mot κρίσις,
qui signifie incontestablement « jugement », et non pas « damnation » ni « condamnation »
comme κατάκριμα ; le verbe des v. 22 et 30 signifie « juger ». Il est important de remarquer
l’ignorance qu’il y a à parler de cette manière du Doyen Alford, vu que la version peut-être la
plus influente de toutes les versions, la Vulgate de Jérôme, est tout à fait correcte à la fois en
Jean 5:24 et 1 Cor. 11:29, alors que la Version autorisée anglaise est erronée de manière
lamentable et inexcusable. Dans l’évangile (Jean 5:24), les vieux manuscrits latins Vercell.
Veron. Brix., etc. sont corrects. Beaucoup de versions orientales sont correctes ; certaines sont
flottantes comme la Version autorisée anglaise, ce qui ruine une vérité bien déterminée sur un
point de grande importance. Mais là où la doctrine sur les peines éternelles est erronée, il n’est
pas surprenant d’apprendre qu’il y a un manque de foi quant à la vie éternelle et à l’exemption
du jugement.

Note Bibliquest : pour 5:24, Carrez dit « ne va pas en jugement », la TOB dit « ne vient pas en
jugement », et le Nouveau Testament en français courant dit « ne sera pas condamné ». Tous
les trois ont « il est passé de la mort à la vie », et le Nouveau Testament en français courant
dit même « il est déjà passé de la mort à la vie ».

336
Mais il y a plus que la communication effective d’une nouvelle vie par la foi, une vie dont
Christ, non pas Adam, est la source et le caractère : celui qui a la vie ne vient pas en jugement
(κρίσιν). La Version Autorisée anglaise a « condamnation » ; mais le Seigneur dit davantage :
le croyant « ne vient pas en jugement ». Il sera manifesté devant le tribunal de Christ où il
rendra compte de tout ce qu’il aura fait dans le corps ; mais, si on doit croire Christ, il ne vient
pas en jugement. Il ne sera jamais jugé pour déterminer s’il doit être perdu ou non. Notion
étrange ! Après être éventuellement passé par l’état séparé [séparation de l’âme d’avec le
corps] et être délogé pour « être avec Christ, ce qui est de beaucoup meilleur » (Phil. 1:23), en
tous cas après avoir été changé en la conformité de Sa gloire (Phil. 3:21), nous devrions être
jugés ! Pensez au « disciple bien-aimé », quand glorifié, il devrait comparaître dans un procès
aussi terrible ! C’est autant incohérent pour tout autre croyant, car la vie éternelle est la même
pour tous. Le salut ne varie pas de l’un à l’autre, pas plus que Christ ne varie. Non ! Une telle
idée est de la théologie, c’est la doctrine trop commune dans la chrétienté, protestante ou
papiste, arminienne ou calviniste ; mais elle se heurte directement aux paroles simples et sûres
de Christ.

Toutes les grandes traductions anglaises sont erronées sur ce point, Wyclif, Tyndale,
Cranmer, et Genève, ainsi que la Version Autorisée. Il est singulier de noter que la version de
Reims est la seule correcte, suivant en cela la Vulgate : un simple accident sans aucun doute,
car personne n’est aussi éloigné que les docteurs de Rome, de la vérité transmise par leur
propre traduction, ni aussi éloigné de saisir l’exemption du jugement. Et personne d’autre
n’est aussi infidèle dans la proposition qui suit, car ils font réellement comme si le Seigneur
avait dit : « passera de la mort à la vie » [au lieu de « est passé de la mort à la vie »]. Il a
vraiment dit « άλλά μεταβέβηκεν έκ τ. θ. είς τ. ζ., c’est-à-dire « mais il est passé (ou : a passé
— c’est le résultat présent d’un acte passé) de la mort à la vie ». Ici les versions protestantes
sont justes, Wyclif faible, la version de Reims fausse, et il n’y a même pas l’excuse de la
Vulgate, qui dit « transiit ».

Quoi qu’il en soit, la vérité énoncée par notre Sauveur est de toute importance : puisse tout
croyant la connaître et se réjouir en elle avec simplicité et dans sa plénitude, comme ce verset
la présente ! C’est la parole de Christ qui est entendue par une foi donnée de Dieu, et ceci
vivifie l’âme : il n’y a pas la moindre pensée, ici ou n’importe où ailleurs, d’une quelconque
vertu de ce genre dans un rite administré [note Bibliquest : c’est-à-dire baptême, sacrement].
Certes la foi ne néglige pas Son jugement ; au contraire, le croyant se courbe moralement
maintenant devant ce jugement dans Sa parole ; il reçoit le témoignage de Dieu à l’égard de
Son Fils, et il est passé de la mort à la vie.

Le Seigneur a ainsi répondu à la question que Ses paroles solennelles voulaient susciter chez
toute âme qui craint Dieu. Il avait montré que ce n’était pas une question de loi ou de rite,
mais d’entendre Sa parole et de croire Le Père qui L’avait envoyé. Ceux-là seuls ont la vie
éternelle ; mais celui qui croit l’a maintenant. Combien sa part est bénie et assurée en Christ !

6.3.5 - Jean 5:25 — L’homme naturel : un mort

337
Ensuite Il passe à un état de choses plus général. « En vérité, en vérité, je vous dis que l’heure
vient, et elle est maintenant, que les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui
l’auront entendue vivront » (5:25).

6.3.5.1 - Les hommes dans leur généralité : des morts

Voilà en effet la triste vérité : les hommes dans toutes les activités du monde sont ici « les
morts ». Ce n’est pas une question d’une moralité plus stricte ou d’une religion plus sainte. Ils
peuvent avoir l’une ou l’autre ou les deux, sans pour autant avoir la vie. Le dogme ne peut pas
donner la vie, pas plus que la pratique. Elle provient du Fils de Dieu, qui vivifie qui Il veut ;
mais c’est par la foi, et aussi par la parole que l’Esprit applique de manière vivante.

C’est ici que l’évangélisme (*) est faible et le sacramentalisme (*) est faux. Ce dernier, par
superstition, donne aux ordonnances (rites) de la créature l’honneur qui n’appartient qu’à une
personne divine ; l’évangélisme ignore et abaisse la vérité en parlant d’un caractère converti
et de consacrer à Dieu ce qui était autrefois abandonné au moi et au péché ; mais ni l’un ni
l’autre n’a une estimation adéquate de la ruine totale de l’homme, ni par conséquent de son
besoin absolu de la grâce divine, ni de la puissance réelle de cette grâce. « Les morts », ce
sont les hommes en général (universellement), jusqu’à ce qu’ils soient nés de Dieu. Ce n’est
pas une image de la résurrection future, soit des justes soit des injustes, comme on la trouve
aux versets 28-29, mais c’est le tableau du moment actuel, comme le Seigneur l’indique ; car
« l’heure… est maintenant, que les morts entendront la voix du Fils de Dieu » (5:25b). Sa
voix s’adresse dans l’évangile à « toute créature » ; « et ceux qui l’auront entendue vivront »
(5:25c). Voilà les moyens et la condition de la vie. C’est par la foi afin que ce soit selon la
grâce (Rom. 4:16). L’extrême impuissance de l’homme est aussi manifeste et certaine que
l’énergie glorieuse du Fils de Dieu.

(*) note Bibliquest : Évangélisme : ici, il s’agit de la doctrine de la partie évangélique de


l’église anglicane en fin du 19ème siècle. Sacramentalisme : il s’agit de la doctrine de la partie
ritualiste de l’église anglicane qui donnait une importance croissante aux sacrements, comme
l’église catholique.

6.3.5.2 - La vie éternelle en écoutant le Fils

Ceux donc qui l’auront entendue vivront. Hélas ! La masse de l’humanité a des oreilles, mais
ils n’entendent pas ; quand les Juifs Le virent, ils n’ont pas vu de beauté pour Le faire désirer
(És 53:1). Que l’homme soit superstitieux ou sceptique, il ne se soumet à la sentence de Dieu
sur son propre état, ni ne sent, par conséquent, la nécessité de la miséricorde souveraine en
Christ, Qui seul peut donner la vie dont l’homme manque pour Dieu maintenant et durant
toute l’éternité. Mais quelle que soit la miséricorde de Dieu, Il veut que Son Fils soit honoré,
et cela dès maintenant en écoutant Sa parole et en croyant le témoignage de Celui qui L’a
envoyé. Cela teste l’homme à fond, ce que la loi n’a fait que partiellement. Car le pécheur ne
fait jamais confiance à Dieu pour la vie éternelle jusqu’à ce que la grâce lui fasse voir ses
péchés et l’amène à perdre toute confiance en lui-même. Alors, combien il est heureux

338
d’apprendre que la bonté de Dieu donne la vie éternelle en Christ, et qu’Il L’a envoyé afin
qu’il puisse le savoir ! Combien [ce pécheur gracié] se reconnaît volontiers comme l’un des
« morts », ce que personne n’admet vraiment jusqu’à ce qu’il vive de la vie nouvelle qui est
en Christ ! Combien il s’incline de tout cœur devant le Fils de Dieu, et bénit le Dieu qui L’a
envoyé en amour et compassion, ne voulant pas la mort du pécheur, mais plutôt qu’il ait la vie
par Son nom ! (20:31 ; Éz. 18:23 ; 33:11).

6.3.5.3 - Incrédulité religieuse, incrédulité profane

Or l’incrédulité qui autrefois chez les Juifs violait la loi et convoitait les idoles, est la même
qu’on retrouve maintenant chez les Gentils, mettant sa confiance dans une ordonnance (rite),
exaltant ceux qui s’arrogent le droit exclusif et prétendument valide de l’administrer ; on
retrouve aussi cette incrédulité chez ceux qui se méfient ouvertement de Dieu et manquent
d’égards pour Son Fils, se confiant en eux-mêmes sans Lui. Voilà l’incrédule religieux et le
profane. Ce sont « les morts » ; ils n’ont jamais entendu la voix du Fils de Dieu, mais
seulement celle de leurs prêtres ou de leurs philosophes. Quelles que soient leurs vanteries, ils
ne vivront pas, car ils n’ont pas Christ ; ils n’ont que des idées imaginatives ou rationnelles ;
ils n’ont pas la vérité qui est inséparable de Christ reçu par la foi à la gloire de Dieu et pour
l’anéantissement des prétentions humaines.

6.3.6 - Jean 5:26-27 — Toute la vérité est centrée sur la Personne de Christ

Il est capital de voir que toute la vérité est centrée sur la Personne de Christ, qui, étant Dieu
d’éternité en éternité, a daigné se faire homme, sans déchoir d’aucune gloire divine, mais
acceptant loyalement la position propre à l’humanité. D’où les propos suivants du Seigneur,
dont la mauvaise compréhension a entraîné bien des théologiens éminents au bord, sinon dans
la fosse de l’hétérodoxie fondamentale. « Car comme le Père a la vie en Lui-même, ainsi Il a
donné au Fils aussi d’avoir la vie en Lui-même ; et Il Lui a donné autorité de juger aussi,
parce qu’Il est fils de l’homme » (5:26-27).

6.3.6.1 - Homme, mais parfaitement Dieu

Le Seigneur parle évidemment ici comme Celui qui est descendu, un homme, l’Envoyé de
Dieu et le Serviteur des propos divins, — non pas comme Celui qui est sur toutes choses,
Dieu béni éternellement (Rom. 9:5), bien que les deux soient vrais de Lui dans Sa Personne.
Comme Fils éternel, Il vivifie qui Il veut ; comme venu en humiliation, il Lui est donné du
Père d’avoir la vie en Lui-même. Né d’une femme, Il est encore Fils de Dieu (Luc 1:35). Mais
les hommes méprisent l’homme Christ Jésus. Certains se confient en eux-mêmes comme étant
justes (Luc 18:9), tous détestent Celui qui ne faisait pas Sa propre volonté, mais celle de Celui
qui l’avait envoyé. Ceux qui vivent pour eux-mêmes trouvent ennuyeux Celui qui vivait à
cause du Père (6:57), et ceux qui cherchent la gloire l’un de l’autre (5:44) le trouvent odieux.
Ils se servent à tort de Son humanité pour nier Sa divinité. Ils n’ont pas la vie, car ils n’ont pas
la foi. Mais ils ne peuvent pas échapper au jugement, et un jugement exécuté dans cette nature
même d’homme pour laquelle ils ont rejeté le Fils de Dieu.

339
6.3.6.2 - Le Fils de l’homme recevant l’autorité de juger

C’est comme Fils de l’homme que le Seigneur Jésus s’assiéra sur le trône. Certes Il
manifestera Sa connaissance divine en jugeant ; mais, comme Il le dit expressément, l’autorité
Lui a été donnée par le Père pour exécuter le jugement, parce qu’Il est Fils de l’homme.
Comme Fils de Dieu, Il vivifie ; comme Fils de l’homme, Il jugera. Combien c’est solennel !
S’Il n’avait été que Fils de Dieu, qui aurait osé Le mépriser ? La lumière de Sa gloire aurait
consumé instantanément devant Lui tout adversaire orgueilleux. C’était Sa grâce, donc, en
devenant homme, de sauver des hommes qui L’exposèrent au mépris dans Son chemin
d’humble obéissance et de souffrance en amour. L’archange est un serviteur ; Lui s’est
abaissé pour en devenir un (Phil. 2:6-7). Mais le dieu de ce monde les aveuglait pour ne voir
qu’un homme dans Celui qui n’a jamais mieux démontré être Dieu à ceux qui, par grâce,
avaient des yeux pour voir. S’ils L’insultaient dans Son œuvre de grâce, qu’arrivera-t-il quand
Il exécutera le jugement, et cela en tant que Fils de l’homme ? Telle est la rétribution de Dieu.

6.3.7 - Jean 5:28-29 — Distinction entre les deux résurrections. Importance de les
différencier

« Ne vous étonnez pas de cela ; car l’heure vient en laquelle tous ceux qui sont dans les
tombes entendront sa voix ; et ils sortiront, ceux qui auront pratiqué le bien, en résurrection de
vie ; et ceux qui auront fait le mal, en résurrection de jugement » (5:28-29)

Ainsi, une autre heure est annoncée, distincte de celle qui « est maintenant » (5:25), une heure
dont il est dit seulement qu’« elle vient », une heure non pas de vivification des morts qui
entendent la voix de Christ, mais une heure de résurrection de « tous ceux qui sont dans les
tombes ». C’est l’heure de résurrection proprement dite ; le Seigneur réfute soigneusement
l’idée populaire d’une résurrection générale. Il n’en est pas ainsi ; ici, comme ailleurs, il nous
est parlé de deux résurrections entièrement distinctes et de caractères nettement opposés,
comme elles le sont aussi dans le temps, selon ce qu’on voit en Apoc. 20 : il y a le millénium,
et même davantage, entre deux.

Il n’entrait pas dans la portée du discours du Seigneur, ni dans la portée du dessein de l’Esprit
dans l’évangile, de révéler en détail l’ordre chronologique des événements [se rapportant aux
résurrections]. Cela a sa place dans la grande prophétie du Nouveau Testament [Apocalypse].
Mais la différence bien plus profonde de la relation de ces deux résurrections à Christ Lui-
même, considéré comme Fils de Dieu et Fils de l’homme, est placée devant nous en quelques
mots du plus profond intérêt — une différence qui resterait vraie si moins de dix minutes
séparaient ces deux résurrections, mais qui est rendue bien plus nette et impressionnante, dans
la mesure où l’Apocalypse nous laisse voir un intervalle de plus de mille ans. Quelle grande
confusion est celle de la théologie des écoles et des chaires, qui suppose une seule
résurrection mélangeant justes et injustes, en se basant principalement sur une exégèse aussi
absurde que celle qui applique Matthieu 25:31-46 à la résurrection ! Car c’est certainement là
un jugement des vivants, de « toutes les nations », devant le Fils de l’homme quand Il
reviendra en gloire ; ce n’est pas le jugement des morts méchants et de leurs œuvres devant le
grand trône blanc, après que le ciel et la terre se soient enfuis, et où toute question de retour
du Seigneur sera close. Il y a un autre dommage résultant de cette interprétation : elle tend à

340
insinuer que le juste et l’injuste viennent en jugement, ce qui détruit la vérité capitale de
l’évangile, où la vie et le jugement sont mis en contraste l’un avec l’autre, comme nous
l’avons vu dans les paroles de notre Seigneur et comme on peut le trouver ailleurs encore.

Une différence essentielle entre les deux « heures » est celle-ci : dans la première, seuls un
certain nombre entendent par grâce Sa voix et ont la vie ; dans la seconde tous ceux qui sont
dans les tombes l’entendront et sortiront. Mais il n’y a plus aucune confusion entre justes et
injustes. Ils avaient été plus ou moins mélangés dans le monde. Dans le champ où le bon grain
était semé, l’ennemi avait semé de l’ivraie ; et, malgré la suggestion des esclaves, le Seigneur
décida de les laisser croître ensemble toutes deux jusqu’à la moisson (Matt. 13:23-43). Mais
dans l’heure à venir, il n’y aura plus de mélange : la séparation solennelle de tous prend
place : « ceux qui auront pratiqué le bien, en résurrection de vie ; et ceux qui auront fait le
mal, en résurrection de jugement ». Car la vie éternelle en Christ n’est jamais inopérante, et le
Saint Esprit (qui est donné au croyant en conséquence de la rédemption accomplie et de
l’ascension de Christ) opère dans cette vie, afin qu’il y ait le fruit de la justice par Jésus Christ
à la gloire de Dieu et à Sa louange (Phil. 1:11). C’est pourquoi ceux qui ont cru sont
caractérisés ici comme « ceux qui auront pratiqué le bien », et comme cela aura eu sa source
dans la vie, alors l’issue est la résurrection de vie ; tandis que ceux qui n’avaient pas la vie,
ayant rejeté Celui qui en est la source, sont décrits comme « ceux qui auront fait le mal », et
leur fin est la résurrection de jugement. Dans l’heure qui est maintenant, ils n’ont pas voulu
du Fils de Dieu dans toute Sa grâce ; ils doivent alors être jugés dans l’heure qui vient par le
Fils de l’homme. Les deux résurrections sont aussi différentes que les caractères de ceux qui
ressuscitent dans l’une et dans l’autre. Or Jésus est Seigneur de tous, bien que sur des
principes différents, dans des classes différentes, et pour une fin différente.

La revendication par le Fils des pouvoirs les plus caractéristiques de Dieu le Père, à savoir de
vivifier et de ressusciter les morts, est tout à fait nette et précise ; la résolution du Père de
maintenir l’honneur de Son Fils incarné est tout à fait décidée. Tous les titres et formes de
jugement sont remis au Fils de l’homme, et dans le but exprès, qui s’exécutera sûrement, que
tous doivent honorer le Fils comme ils honorent le Père. Or donner la vie est une action de la
grâce dans son caractère le plus complet, tandis que le jugement est la défense de l’honneur
du Fils sur ceux qui L’ont traité sans considération, et n’ont jamais eu ni la vie éternelle ni le
salut. Confondre les deux, c’est l’inintelligence de l’homme et de sa tradition, en opposition
totale avec la révélation claire. C’est une erreur énorme.

6.3.8 - Jean 5:30 — Le Seigneur à la hauteur de Sa tâche comme homme humble


dépendant du Père

Le Seigneur parle encore en tant que Fils, mais comme homme sur la terre ; et au verset 30, Il
rattache ce qu’Il a déjà révélé aux différents témoignages rendus à Sa gloire dans ce qui suit.
Il était à la hauteur de la tâche de juger, bien qu’Il fût le plus humble des hommes, et Il l’était
parce qu’en aucune de Ses voies ni de Ses pensées Il était indépendant du Père. C’est la
perfection de l’homme ; Lui seul était comme cela, ne regardant pas comme un objet à ravir
d’être égal à Dieu (Phil. 2:6). Mais étant Dieu, Il était devenu homme pour la gloire de Dieu ;
et ainsi Il dit : « Je ne puis rien faire, moi, de moi-même ; je juge selon ce que j’entends, et
mon jugement est juste ; car je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de celui (*) qui
m’a envoyé » (5:30).

341
(*) Le Texte Reçu ajoute πατρός, « Père », avec de nombreuses autorités, mais pas les plus
anciennes.

Il voyait et Il entendait comme l’homme parfaitement dépendant et obéissant, et personne


n’aurait pu arriver à ce niveau à moins d’être une personne divine. Il avait une volonté, mais
elle était utilisée dans la soumission entière au Père. Il voyait tout ce que le Père faisait pour
faire la même chose ; Il entendait avec une oreille ouverte et éveillée, matin après matin, pour
écouter comme ceux qu’on enseigne (És. 50:4), et ainsi Il jugeait, et Son jugement était juste.
Rien n’était susceptible de Le distraire ou de L’induire en erreur, bien qu’il y en eût un qui
cherchait à le faire avec toute subtilité. Mais celui-ci fut déjoué, et échoua complètement, car
il ne faisait pas l’assaut du premier homme, mais du Second, venu pour faire la volonté de
Dieu. Une telle décision de cœur maintient à la fois l’œil simple et la fidélité sans faille. C’est
ainsi que l’Envoyé a toujours marché. Qui était aussi compétent et apte à juger l’humanité, et
ceci en tant qu’Homme ?

6.4 - Jean 5:31-47

6.4.1 - Jean 5:31-35 — Témoignage de Jean le baptiseur

Nous avons ensuite la présentation des témoins qui Lui rendent témoignage. « Si moi je rends
témoignage de moi-même, mon témoignage n’est pas vrai. C’est un autre qui rend témoignage
de moi ; et je sais (*) que le témoignage qu’il rend de moi est vrai. Vous, vous avez envoyé
auprès de Jean, et il a rendu témoignage à la vérité ; mais moi, je ne reçois pas témoignage de
l’homme, mais je dis ces choses afin que vous, vous soyez sauvés. Celui-là était la lampe
ardente et brillante ; et vous, vous avez voulu vous réjouir pour un temps à sa lumière » (5:31-
35).

(*) Le Sinaïticus et le manuscrit de Cambridge de Bèze, avec quelques autres bonnes


autorités, lisent « vous savez », mais presque tout le reste supporte la lecture commune.

Jean le baptiseur est donc le premier témoin auquel le Seigneur fait appel dans cet amour prêt
à agir et éternel, qui ne dit rien de Son propre témoignage, si quelque autre moyen pouvait les
convaincre et les amener à croire la vérité. Il était né pour cela, et c’est pour cela qu’Il était
venu dans le monde (18:37). Il vivait à cause du Père (6:57), qui témoignait à Son sujet
(5:37). Jamais Son témoignage ne fut intéressé ou isolé ; mais il renonça à la faire valoir
(5:31), et désigna Son précurseur comme témoin à Son égard (5:32-33). Jean avait été
incontestablement suscité à cet effet, et on ne pouvait pas concevoir un témoignage d’homme
qui fût plus inattaquable. Sa naissance, sa vie, sa prédication, sa mort, tout portait l’empreinte
de la véracité ; et jamais on n’en avait signalé d’autre que lui comme témoin du Seigneur

342
Jésus. Les Juifs avaient aussi cherché solennellement sa mort, et il n’avait pas bronché. Qui
d’autre que lui avait toujours témoigné pareillement avant et après la venue de l’objet du
témoignage ? Il n’était pas le Christ, comme il l’avait confessé et ne l’avait pas nié, alors que
les hommes étaient prêts à lui donner la gloire due au Maître (1:20). D’un autre coté, Christ ne
cherchait pas de témoignage de la part de l’homme (5:34) ; et pourtant jusqu’où ne s’est-Il pas
abaissé afin que des âmes puissent être sauvées ? Si, cependant, il y avait un homme qui dut
être utilisé en quelque mesure, aucun plus grand que Jean ne s’était levé d’entre ceux nés de
femmes, comme dit le Seigneur (Matt. 11:11). La lampe ardente et brillante avait été une
source de joie pour un temps (5:35) ; mais les hommes sont inconstants, et le témoignage de
celui qui était véritablement « une voix dans le désert », fut refusé.

6.4.2 - Jean 5:36 — Témoignage rendu par les œuvres de Christ

Le second témoignage, plus grand que le premier, nous le voyons dans les œuvres de Christ.
« Mais moi, j’ai un témoignage plus grand que celui de Jean ; car les œuvres que le Père m’a
données pour les accomplir, ces œuvres mêmes que je fais rendent témoignage de moi, que le
Père m’a envoyé » (5:36). De toute manière les œuvres de Christ témoignent, non pas tant de
la puissance manifestée, mais plutôt de leur caractère. Quelle grâce et quelle vérité brillent à
travers elles comme en Lui !

6.4.3 - Jean 5:37-38 — Témoignage de la voix du Père

Le troisième témoin est la voix du Père. « Et le Père qui m’a envoyé, lui, a rendu témoignage
de moi. Jamais vous n’avez entendu sa voix, ni vu sa figure ; et vous n’avez pas sa parole
demeurant en vous ; car celui-là que lui a envoyé, vous, vous ne le croyez pas » (5:37-38). Ce
témoignage de la relation et de la gloire du Fils s’élève encore plus haut — on aurait pu
penser au plus haut sommet, si notre Seigneur n’avait pas encore ajouté un autre témoignage
suprême dans ce que la chrétienté dégénérée est en train d’apprendre à abandonner avec
mépris, — pour sa propre ruine et son jugement rapide.

6.4.4 - Jean 5:39-40 — Témoignage des Écritures

Le quatrième et suprême témoignage est celui des Écritures. « Sondez (ou : vous sondez) les
Écritures, car vous, vous estimez avoir en elles la vie éternelle, et ce sont elles qui rendent
témoignage de moi : - et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie » (5:39-40).

La différence pratique entre l’indicatif et l’impératif (sondez / vous sondez) n’est pas grande
parce que le contexte décide qu’il s’agit d’un appel plutôt que d’un commandement, comme
on l’a déjà fait remarquer. Ils n’étaient pas imbus d’eux-mêmes au point de supposer qu’ils
avaient la vie éternelle en eux-mêmes ; ils la cherchaient dans les Écritures, et ils avaient donc
l’habitude de les sonder, comme ils le font plus ou moins jusqu’à ce jour. Mais bien que les
Écritures témoignent au sujet du Seigneur Jésus, ils n’ont pas la volonté de venir à Lui pour
avoir la vie que Lui seul peut donner. Car les Écritures ne peuvent pas donner la vie en dehors
de Lui, et le Père ne le veut pas ; pourtant les Écritures sont le témoin permanent de Christ, le

343
présentant continuellement comme la ressource révélée pour l’homme et pour le triomphe
pour Dieu, — et ce, en bonté, non pas simplement en jugement, à la confusion totale de
l’ennemi et de tous ceux qui prennent parti avec lui contre Dieu. La présence de Christ met à
l’épreuve, non pas seulement l’homme dans sa misère et son éloignement universel de Dieu,
mais aussi ceux auxquels les oracles de Dieu ont été confiés ; et le Fils Sauveur, méprisé par
les Juifs, n’a qu’à prononcer la sentence sur ceux qui ainsi méconnaissent volontairement
leurs meilleurs témoignages à Son sujet : « Vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie »
(5:40).

6.4.5 - Jean 5:41-43 — Ceux qui seront testés par la présence de l’antichrist

Le Seigneur Jésus cherchait-Il donc présentement de l’honneur ? Toute Sa vie, de Sa


naissance à Sa mort, a fait savoir le contraire avec une netteté sur laquelle personne ne pouvait
se méprendre. Qu’en était-il avec Ses adversaires ? « Je ne reçois pas de gloire des hommes ;
mais je vous connais, [et je sais] que vous n’avez pas l’amour de Dieu en vous. Moi, je suis
venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas ; si un autre vient en son propre nom,
celui-là vous le recevrez » (5:41-43).

La gloire des hommes, voilà le tremplin du monde : non seulement Jésus ne la cherchait pas,
mais Il ne la recevait pas (5:41). Il faisait toujours les choses qui plaisaient au Père, qui Lui-
même commandait ce qu’Il avait à dire et ce sur quoi Il avait à parler. Il gardait les
commandements de Son Père, et demeurait dans Son amour. En aucune façon les Juifs
n’avaient l’amour de Dieu en eux (5:42) : ambitieux de gloire humaine, se complaisant en
eux-mêmes, leur âme abhorrait Jésus, comme Son âme était à l’étroit pour eux. Sa venue les
avait de nouveau mis à l’épreuve, et bien plus complètement. Il avait apporté Dieu trop près
d’eux, oui, le Père même ; mais ils ne connaissaient ni Christ ni le Père : s’ils avaient connu
l’un, ils auraient dû connaître l’autre (8:19).

Mais il fallait encore un autre test : non pas Sa venue au nom du Père dans le simple but de
faire Sa volonté et de Le glorifier, mais un autre devait venir en Son nom propre. Cela
conviendrait aux Juifs, à l’homme. L’exaltation de soi est son poison, et l’appât de Satan, et
en cela la ruine totale et irrémédiable sous le jugement divin. C’est l’homme de péché, en
contraste avec le Fils de Dieu, l’Homme obéissant et juste ; et, selon que nous avons entendu
dire que l’Antichrist vient, maintenant aussi il y a plusieurs antichrists (1 Jean 2:18). Mais la
présence de l’Antichrist sera selon l’opération de Satan, en toute sorte de miracles et signes et
prodiges de mensonge, et en toute séduction d’injustice pour ceux qui périssent, parce qu’ils
n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés (2 Thes. 2:9-10). Ils n’ont pas voulu du
vrai Dieu ni de la vie éternelle dans le Fils fait homme et souffrant par amour pour l’homme ;
ils recevront l’homme de Satan quand il s’assiéra pour être Dieu. C’est le grand mensonge de
la fin, et ils seront perdus en lui, eux qui ont rejeté la vérité en Christ.

6.4.6 - Jean 5:44 — L’idolâtrie est la mort de la foi

Il n’y a rien d’étrange dans une telle fin pour ceux qui connaissent les voies de l’homme dès
le commencement. « Comment pouvez-vous croire, vous qui recevez de la gloire l’un de
l’autre et qui ne cherchez pas la gloire qui [vient] de Dieu seul ? » (5:44). Tel est le monde, la

344
scène où l’homme marche dans un spectacle vain, bénissant son âme tant qu’il vit, et loué par
ses camarades quand il s’est fait du bien à lui-même ; mais de tels ne verront jamais la
lumière (Ps. 49:18-19). Ce chemin qu’ils tiennent est leur folie, et ceux qui viennent après eux
prennent plaisir aux propos de leur bouche. Ils gisent dans le shéol comme des brebis : la mort
se repaît d’eux, et au matin les hommes droits domineront sur eux » (Ps. 49:13-14). S’il est dit
aux « enfants » de Dieu de se garder des idoles (1 Jean 5:21), il n’est pas étonnant que
l’idolâtrie de l’homme — ou du moi — soit la mort de la foi. Tout objet et tout but est le
bienvenu, pourvu qu’il ne soit pas le Dieu vrai et unique « qui rendra à chacun selon ses
œuvres : à ceux qui, en persévérant dans les bonnes œuvres, cherchent la gloire et l’honneur et
l’incorruptibilité, — la vie éternelle ; mais à ceux qui sont disputeurs et qui désobéissent à la
vérité, et obéissent à l’iniquité, — [il y aura] la colère et l’indignation ; tribulation et
angoisse » (Rom. 2:6-9).

6.4.7 - Jean 5:45-47 — Autorité des Écritures et des écrits de Moise

Le Seigneur se met-Il donc en position d’accuser les Juifs ? Non : ils se vantaient de Moïse,
mais ils trouveront en lui le témoignage qui leur sera fatal. « Ne pensez pas que moi, je vous
accuserai devant le Père ; il y en a un qui vous accuse, Moïse en qui vous espérez. Car si vous
croyiez Moïse, vous me croiriez aussi ; car lui a écrit de moi. Mais si vous ne croyez pas ses
écrits, comment croirez-vous mes paroles ? » (5:45-47).

Jamais un tel honneur n’a été mis sur la parole écrite. Jésus avait, plus que tout autre, la parole
de Dieu demeurant en Lui. Personne n’a jamais eu les paroles du Père et Sa parole comme
Lui ; personne ne les citait invariablement, et en tout temps, comme Lui ; pourtant Il place les
écrits de la Bible au-dessus de Ses propres paroles, comme un témoignage à la conscience
juive. Il n’était pas question qu’ils prétendent à une supériorité en eux-mêmes, ou dans le
caractère de la vérité transmise ; car aucune parole d’autrefois ne pouvait rivaliser avec les
paroles de Christ. Le Père sur la sainte montagne avait répondu Lui-même aux folles paroles
de Pierre, qui voulait mettre Moïse, Élie, et le Seigneur dans trois tentes et dans une gloire du
même genre. Il n’en est pas ainsi : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le » (Marc 9:7).
Le législateur, le prophète, doivent s’incliner devant Jésus. Ils avaient leur place comme
serviteurs ; Lui est le Fils et Seigneur de tous. Ils se retirent, Le laissant comme seul objet du
bon plaisir du Père, et de notre communion avec le Père en écoutant le Fils Jésus Christ notre
Seigneur.

Néanmoins, c’est le Fils lui-même qui donne ici aux écrits de Moïse une place de témoignage
dépassant Ses propres paroles, non pas que le serviteur approchât le Maître, ni que le
décalogue approchât le sermon sur la montagne, mais parce que l’Écriture, en tant que telle, a
un caractère de permanence en témoignage qui ne peut s’attacher qu’à la Parole écrite. Et
Moïse en tant que prophète (et donc nécessairement par la puissance divine) écrivit au sujet de
Christ comme du « prophète qui doit venir dans le monde », comme du Prophète qui est
incomparablement plus que prophète, le Fils de Dieu, qui vivifie tout croyant, et qui jugera
tous ceux qui méprisent, les ressuscitant de la tombe, — ces derniers pour une résurrection de
jugement, et les croyants pour une résurrection de vie. Si donc les Juifs avaient cru Moïse, ils
auraient cru Christ : voilà des paroles qui nous enseignent que la foi n’est pas l’exercice
superflu auquel certains voudraient la réduire ; car les Juifs ne mettaient pas du tout en cause
ses écrits, ils les recevaient comme divins. Mais ‘ne pas douter’ est loin de ‘croire’ ; dans
aucun de ses livres, ils ne voyaient le grand objet de témoignage (alors qu’il s’y trouve dans

345
tous), Jésus le Messie, un homme, mais beaucoup plus qu’un homme, un Sauveur divin pour
les pécheurs et le Sacrifice pour les péchés, l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde. S’ils
croyaient Moïse, ils L’auraient cru Lui, car Moïse a écrit de Lui. Mais s’ils ne croyaient pas
ses écrits, le Sauveur ne s’attendait pas à ce qu’ils croient Ses propres paroles.

Quelle estimation de l’autorité des écritures ! ces même écritures que des hommes vaniteux
ont attaquées comme indignes de confiance ! Ils osent nous dire qu’elles ne proviennent pas
de Moïse, qu’elles ne rendent pas un témoignage messianique, mais qu’elles sont un ramassis
de légendes qui ne sont même pas cohérentes avec les pauvres rapports humains de
l’antiquité. D’un autre coté, le Juge des vivants et des morts déclare que les Écritures
témoignent de Lui, et que Moïse a écrit de Lui, mettant la parole écrite à un niveau d’autorité
supérieur à celui de Ses propres paroles. Comme le Sauveur et le rationalisme sont ainsi en
opposition frontale, le chrétien n’a aucune hésitation pour savoir lequel recevoir et lequel
rejeter, car on ne peut servir deux maîtres. Ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou il
s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Il en est et doit en être ainsi, et devrait en être ainsi, car
Christ et le rationalisme sont inconciliables. Ceux qui prétendent servir les deux n’ont pas de
principe, ni vis-à-vis de l’un ni vis-à-vis de l’autre, et ils sont les pires corrupteurs de dogmes
de tous les hommes. Non seulement ils ne possèdent pas la vérité, mais ils rendent l’amour de
la vérité (2 Thes. 2:10) impossible, — ennemis de Dieu et de l’homme.

7 - Chapitre 6 — Fête de Pâque. Le pain du ciel, le pain de


vie
7.1 - Jean 6:1-15

Voir Matthieu 14:13-21 ; 15:32-39 ; Marc 6:32-44 ; 8:1-10 ; Luc 9:10-17.

L’évangile de Jean donne maintenant le grand miracle, ou signe plutôt, commun aux quatre
évangiles ; et ceci, comme d’habitude, à titre d’introduction au discours qui suit : Christ
incarné et dans la mort, la nourriture de la vie éternelle pour ceux qui croient en Son nom. Ici,
Il est vu comme le Fils de l’homme abaissé et monté [au ciel], tandis qu’au ch. 5, Il était le
Fils de Dieu vivifiant ceux qui entendaient, et bientôt le Fils de l’homme sur le point de juger
ceux qui ne croient pas.

7.1.1 - Jean 6:1-9

« Après ces choses Jésus s’en alla de l’autre côté de la mer de Galilée, [qui est la mer] de
Tibérias, et une grande foule le suivit, parce qu’ils voyaient les signes [JND : miracles] qu’il
faisait sur ceux qui étaient malades. Mais Jésus monta sur la montagne, et Il s’assit là avec Ses
disciples ; or la Pâque, la fête des Juifs, était proche. Jésus donc, ayant levé les yeux, et voyant
qu’une grande foule venait à Lui, dit à Philippe : D’où achèterons-nous des pains, afin que
ceux-ci mangent ? Mais Il disait cela pour l’éprouver, car Lui savait ce qu’Il allait faire.
Philippe lui répondit : Pour deux cents deniers de pain ne leur suffirait pas, pour que chacun
d’eux en reçût quelque peu. L’un de Ses disciples, André, le frère de Simon Pierre, Lui dit : Il

346
y a ici un petit garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons ; mais qu’est-ce que cela pour
tant de monde ? » (6:1-9)

7.1.1.1 - Jean 6:1-4

La scène a tout à fait changé par rapport à celle de Jérusalem. Nous voyons le Seigneur en
Galilée, dans cette partie du lac nommée d’après la ville de Tibérias et d’après la province
bordant son côté ouest. Une grande foule le suit à cause des miracles (signes) qu’Il opérait sur
les malades. Le Seigneur se retire sur la hauteur, où Il s’assied avec Ses disciples, la Pâque
étant alors proche. Nous ne trouvons ici aucun des motifs mentionnés dans les récits des
évangiles synoptiques : ni la décapitation de Jean le baptiseur, ni le retour des apôtres de leur
mission, ni le besoin de repos après les fatigues d’avoir enseigné ou fait d’autres travaux.
Jésus remplit le tableau : tout est dans Sa main. C’est Lui qui prend l’initiative ; certes les
disciples avaient de quoi être perplexes, et Jean l’avait su autant que Matthieu et les autres,
mais il a plu au Saint Esprit de présenter Christ Lui-même seul maître de la situation, comme
toujours dans cet évangile. La proximité de la Pâque est notée, comme à plusieurs reprises
dans cet évangile. Ici la raison en était qu’il fallait que le discours qui suit, et le miracle
(signe) opéré, soient fondés sur le fait de manger et boire comme signe de communion.

7.1.1.2 - Jean 6:5-9

« Jésus donc, ayant levé les yeux, et voyant qu’une grande foule venait à lui, dit à Philippe :
D’où achèterons-nous des pains, afin que ceux-ci mangent ? » (6:5). L’évangéliste cependant
est soucieux de Sa gloire, et il ne perd pas du temps à nous faire savoir qu’il ne s’agissait pas
d’une quelconque incertitude dans Son esprit, mais il s’agissait de tester Philippe : Lui savait
ce qu’Il allait faire (6:6). Néanmoins, Il attend les paroles désespérées de celui qui habitait la
même ville que Philippe, c’est-à-dire André, pour enseigner à tous ce que Sa puissance en
grâce aime faire avec ce qui est petit et méprisé, même en face du plus grand besoin. Le frère
de Simon Pierre (André), qui avait vu le Messie avant même son frère, pense à un petit garçon
qui avait cinq pains d’orge et deux poissons, au lieu de penser à Jésus. Mais où était Pierre ?
où était Jean, le disciple qu’Il aimait ? Ils n’étaient allés nulle part par la foi. En vérité, la
chair ne peut pas se glorifier en Sa présence.

7.1.2 - Jean 6:10-15

Tournons-nous vers Celui en qui nous pouvons et devons nous glorifier, et nous honorerons le
Père en L’honorant Lui. « Et Jésus dit : Faites asseoir les gens (άνθρώπους). Or il y avait
beaucoup d’herbe en ce lieu-là. Les hommes (άνδρες) donc s’assirent, au nombre d’environ
cinq mille. Et Jésus prit les pains ; et ayant rendu grâces, il les distribua à ceux qui étaient
assis ; de même aussi des poissons, autant qu’ils en voulaient. Et après qu’ils furent rassasiés,
il dit à ses disciples : Amassez les morceaux qui sont de reste, afin que rien ne soit perdu. Ils
les amassèrent donc et remplirent douze paniers des morceaux qui étaient de reste des cinq
pains d’orge, lorsqu’ils eurent mangé. Les hommes (οί άνθρωποι) donc, ayant vu le miracle
(signe) que Jésus avait fait, disaient : Celui-ci est véritablement le prophète qui vient dans le

347
monde. Jésus donc, sachant qu’ils allaient venir et l’enlever afin de le faire roi, se retira
encore sur la montagne, lui tout seul » (6:10-15).

Il est effrayant de voir que, malgré la pauvre intelligence de la foule de Galilée, ils avaient
mieux compris l’importance de ce grand miracle (signe) que la chrétienté des dix-neuf
derniers siècles. Ils étaient, sans doute, assez obtus quant à leurs besoins les plus profonds, et
ils n’appréciaient pas la grâce du Sauveur en humiliation et en rédemption, — que Lui met
pleinement en évidence dans le discours qui suit. Ils avaient quand même quelques pensées à
peu près correctes sur le royaume que Dieu va mettre en place ici-bas, même si ces pensées
étaient humaines et plutôt courtes. Depuis de nombreux siècles et jusqu’à maintenant, la
théologie s’est laissée aller à une sorte de rêve mystique dans lequel l’évangile ou l’église sont
le royaume de Christ, un royaume de grâce qui finit par devenir Son royaume de gloire. Mais
ils n’ont aucune idée de Sa venue dans le royaume qu’Il recevra (Luc 19:12), où non
seulement Israël, mais tous les peuples, nations et langues Le serviront, dans une domination
éternelle qui ne passera point, dans Son royaume qui ne sera pas détruit (Dan. 7:14). Il y a là
une double erreur, qui d’une part laisse échapper l’unité du corps de Christ, l’Église, avec sa
Tête glorifiée en haut, et qui d’autre part nie la miséricorde et la fidélité de Dieu pour Israël,
qui est le centre arrêté des plans terrestres de l’Éternel pour le royaume, tandis que nous,
changés en la conformité de la gloire de Christ (Phil. 3:21), nous régnerons avec Lui.

La foule était frappée par la réalisation de ce nouveau miracle (signe) prodigieux. Ils n’avaient
pas encore abandonné leurs espérances. Ils savaient que l’Éternel a choisi Sion ; qu’Il l’a
désirée pour Son habitation ; qu’Il bénira abondamment ses vivres et rassasiera de pain ses
pauvres (Ps. 132:13-15). Celui qui manifestait maintenant cette puissance de l’Éternel, n’était-
ce pas Lui le Fils de David promis, que l’Éternel établira sur Son trône ? Telle était leur
conclusion : « Celui-ci est véritablement le prophète qui vient dans le monde ». Ils reliaient
ainsi ensemble la loi, les Psaumes et les prophètes dans leur témoignage rendu au Messie ; et
jusque-là ils avaient tout à fait raison. Mais ils ne l’étaient pas dans leur désir, que le Seigneur
connaissait, de le forcer à être roi. Car ceci n’aurait pas été le royaume de Dieu, mais un
royaume de l’homme, — ni un royaume des cieux, mais de la terre. Il n’en est pas ainsi :
comme Lui-même l’enseigna par la suite (Luc 19:12), Il devait se rendre dans un pays éloigné
pour recevoir pour Lui-même un royaume et en revenir. Le royaume de Dieu n’apparaîtra pas
avant cela.

Jusque-là, le royaume est pour nous une question de justice et paix et joie dans le Saint Esprit
(Rom. 14:17), et le royaume n’est pas en parole, mais en puissance (1 Cor. 4:20) ; la foi le
connaît, mais il n’est pas encore manifesté. Il ne sera pas toujours caché, comme aujourd’hui,
et il ne sera pas non plus le domaine d’une énergie purement spirituelle. Christ viendra dans
Son royaume et règnera jusqu’à ce qu’Il ait mis tous Ses ennemis sous Ses pieds (1 Cor.
15:25), après avoir demandé à l’Éternel de Lui donner les nations pour héritage et les bouts de
la terre pour Sa possession (Ps. 2:8). Il ne sera plus question alors, comme aujourd’hui, de
travailler patiemment par l’évangile, mais de briser les nations avec une verge de fer et de les
mettre en pièces comme le vase d’un potier (Ps. 2:9).

L’incrédulité cherche ou bien à avoir le royaume avant le temps, s’efforçant de le mettre en


place aujourd’hui par la volonté de l’homme, ou bien elle le met de côté au profit de l’illusion
du progrès humain, — sans avoir égard au propos de Dieu qui est de l’établir par Christ le
second homme, lorsque le premier sera jugé. La foi l’attend patiemment entre-temps. Le
Seigneur déclina donc alors cette offre de royaume, et monta en-haut [sur la montagne] —
tout seul cette fois-ci. C’était la figure de la réalité présente. Reconnu comme prophète, il

348
refuse d’être le roi de l’homme, et monte en-haut exercer Son intercession, comme Il le fait
actuellement, en tant que souverain sacrificateur dans la présence de Dieu.

Le Seigneur accorde un autre miracle (signe) à ce peuple qui, pourtant très peu après, en
demande encore un autre afin de pouvoir voir et croire (6:30). L’homme est tellement
aveugle, alors même que la grâce multiplie ces aides pour ceux qui la discernent ! Ce qui leur
manquait en réalité, c’était la soumission à Dieu, et non pas des miracles (signes)
supplémentaires.

7.2 - Jean 6:16-21

Matthieu 14:22-33 et Marc 6:45-52

« Et quand le soir fut venu, ses disciples descendirent à la mer. Et étant montés sur une
barque, ils allèrent de l’autre côté de la mer, à Capernaüm. Et il faisait déjà nuit, et Jésus
n’était pas encore venu à eux. Et la mer s’élevait par un grand vent qui soufflait. Ayant donc
ramé environ vingt-cinq ou trente stades, ils voient Jésus marchant sur la mer et s’approchant
de la barque ; et ils furent saisis de peur. Mais il leur dit : C’est moi, n’ayez point de peur. Ils
étaient donc tout disposés à le recevoir dans la barque ; et aussitôt la barque prit terre au lieu
où ils allaient » (6:16-21).

Combien est frappant le contraste avec cette autre tempête sur le même lac, où les flots se
jetaient contre la barque de sorte qu’elle s’emplissait, et Lui était à bord, mais endormi, et les
disciples L’avaient réveillé d’un cri égoïste et incrédule : « Maître, ne te mets-tu pas en peine
que nous périssions ? », et Il s’était levé et avait repris le vent et dit à la mer, « Fais silence,
tais-toi », et les deux avaient obéi au Créateur de tout, que l’homme était seul à mépriser parce
que Son amour faisait de Lui le serviteur de tous à la gloire de Dieu !

Ici on a l’image du peuple du Seigneur tandis que Lui est en haut : ils sont exposés aux
tempêtes que l’ennemi sait exciter, et font peu de progrès malgré la peine énorme qu’ils se
donnent. Il en sera ainsi aussi pour ceux qui nous suivent à la fin de notre ère. Ils feront
l’expérience de tribulations des plus rigoureuses et inouïes, avec très peu de réconfort et très
peu d’intelligence des circonstances, sauf que les « méchants » les comprendront encore bien
moins. Les ténèbres se seront déjà installées ; mais au milieu de leurs difficultés croissantes,
Jésus apparaîtra, bien qu’alors ils ne seront pas encore délivrés de leurs craintes, car la
lumière glorieuse aura plutôt tendance à les augmenter, jusqu’à ce qu’ils entendent Sa voix et
sachent qu’Il est en effet leur Sauveur, longtemps absent, et maintenant revenu. Reçu dans la
barque, il fait qu’elle atteint immédiatement le port désiré. Il en sera bientôt ainsi avec le
résidu juste. Que ce soit pour eux ou pour nous, tout tourne autour de Christ, et c’est le rôle
particulier de notre évangile de l’illustrer.

Matthieu, qui est le seul à nommer spécifiquement l’assemblée comme prenant maintenant la
place du peuple désavoué après le rejet du Messie, est aussi le seul à nous montrer Pierre
quittant la barque pour marcher sur l’eau vers Jésus, marcher là où rien sinon la foi ne pouvait
le soutenir, et où nous le voyons bientôt enfoncer par incrédulité, comme l’église l’a fait de
manière encore plus déplorable ; mais le Seigneur, fidèle dans Ses soins, garde malgré tout.
C’est seulement quand Jésus et Pierre montent dans la barque (la position juive à proprement

349
parler) que le vent cesse, et Il est accueilli avec toute Sa puissance bienfaisante dans le pays
d’où autrefois on L’avait supplié de se retirer hors de leurs frontières (Matt. 14).

Cependant, notre évangéliste n’évoque pas ces bénédictions terrestres qui doivent attendre
« ce jour-là », mais il passe aux circonstances et aux questions qui vont fournir au Seigneur
l’occasion du discours merveilleux qui suit. Il s’attache à sa tâche de manifester la grâce et la
vérité qui vinrent par Jésus Christ (1:17).

7.3 - Jean 6:22-51

7.3.1 - Jean 6:22-29

« Le lendemain, la foule qui était de l’autre côté de la mer, voyant qu’il n’y avait point là
d’autre barque sauf une (*), et que Jésus n’était pas entré dans le bateau avec ses disciples,
mais que ses disciples s’en étaient allés seuls — mais (d’autres) barques étaient venues de
Tibérias, près du lieu où ils avaient mangé le pain, après que le Seigneur eut rendu grâces —
lors donc que la foule vit que Jésus n’était point là, ni ses disciples, ils montèrent eux-mêmes
sur les bateaux, et vinrent à Capernaüm, cherchant Jésus ; et l’ayant trouvé de l’autre côté de
la mer, ils lui dirent : Rabbi, quand es-tu venu ici ? Jésus leur répondit et dit : En vérité, en
vérité, je vous dis : Vous me cherchez, non parce que vous avez vu des miracles [signes],
mais parce que vous avez mangé des pains et que vous avez été rassasiés. Travaillez, non
point pour la nourriture qui périt, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie
éternelle, laquelle le Fils de l’homme vous donnera ; car c’est lui que le Père, Dieu, a scellé.
Ils lui dirent donc : Que ferons-nous pour faire les œuvres de Dieu ? Jésus répondit et leur dit :
C’est ici l’œuvre de Dieu, que vous croyiez en Celui qu’Il a envoyé » (6:22-29).

(*) aleph A B L, quelques cursives, et d’excellentes versions, supportent ce qui est retenu ici,
mais le Texte Reçu, suivant au moins une douzaine de manuscrits onciaux, la plupart des
cursifs, etc., ont « celle-là sur laquelle ses disciples étaient montés ».

Les détails relatés servent à montrer combien la foule était frappée par la disparition
mystérieuse du Seigneur. Ils savaient qu’Il n’avait pas accompagné les disciples dans leur
barque, et qu’il n’y en avait pas d’autre dans laquelle Il aurait pu traverser le lac quand Il avait
dû quitter la montagne. Ils mettent en avant leur curiosité quant à Son mode de traversée pour
couvrir leur désir de profiter, comme précédemment, de la satisfaction miraculeuse de leurs
besoins. Dans Sa réponse, le Seigneur leur enlève leur déguisement, et les confronte à leur
égoïsme. C’est cela qui les poussait à Le chercher, non pas leur intérêt vis-à-vis des miracles
(signes) qu’Il venait de faire. Il fait précéder ce dévoilement par la formule d’une solennité
inhabituelle qu’Il réservait à l’énonciation de grandes vérités (« en vérité, en vérité », 6:26).
Ils Lui disent : « Rabbi, quand es-tu venu ici ? » Ils avaient cherché Jésus, ils avaient pris de
la peine pour Le trouver ; et une fois trouvé, ils s’adressent à Lui avec honneur. Mais ils
manifestent par leur question que ce qui les attiraient, n’était pas Lui-même, ni même les
miracles (signes) qu’Il avait opérés. Il n’y avait pas de foi dans leur cœur, mais seulement de

350
la curiosité sur le moment et le mode de Sa venue, et au fond l’envie des commodités de vie
présente par Son moyen. Le Fils de Dieu était-Il ici-bas pour assouvir tout cela ?

7.3.1.1 - Jean 6:26

« En vérité, en vérité, je vous dis : Vous me cherchez, non parce que vous avez vu des
miracles, mais parce que vous avez mangé des pains et que vous avez été rassasiés ».

Ici le Seigneur sonde ceux qui L’avaient cherché, et Il les sonde en profondeur, car un acte de
belle apparence, mais unique, peut présenter un caractère creux et vil. Il regardait
attentivement et écoutait, et ne se fiait pas à eux, parce qu’Il connaissait tous les hommes, et
n’avait pas besoin que quelqu’un rendît témoignage au sujet de l’homme ; car lui-même
connaissait ce qui était dans l’homme (2:25). Faire de Lui un roi, afin de jouir de Ses faveurs
terrestres promises n’était rien à Ses yeux, — cela Le contraignait même de leur faire sentir ce
qu’Il détectait de vraiment grave chez eux. Il n’était pas question maintenant du Messie pour
Israël, mais d’un Sauveur pour les pécheurs. Il était rejeté comme Christ, par ceux qui avaient
le plus le devoir de L’accueillir avec joie, mais ils ne le faisaient pas parce que la manière
dont Il venait ne faisait aucun cas d’eux ni de leur religiosité, alors que c’est tout ce qu’ils
appréciaient. Et si cette pauvre foule affamée semblait sentir les choses tout à fait
différemment, et souhaiter Lui donner l’honneur qui Lui était dû, il fallait démontrer qu’ils ne
valaient pas mieux d’un iota, mais qu’ils cherchaient leur propre profit, et non pas la gloire de
Dieu en Lui. Il était vraiment venu dans un monde de mort sur lequel le jugement était
suspendu, afin que les plus pauvres des pécheurs puissent se nourrir de Lui et vivre
éternellement : que pensaient-ils de Son amour, et quel cas en faisaient-ils ? Ils ne pensaient
qu’à eux-mêmes, à leur façon, juste comme leurs chefs et comme leurs docteurs à leur façon
aussi. Dieu n’était dans aucune de leurs pensées. Les grands comme les petits n’avaient aucun
sens ni de leurs péchés ni de leur ruine, ni aucune connaissance de Dieu et de Sa grâce. Un
Messie pour leur bien temporel, voilà ce qu’ils voulaient, non pas un Jésus pour sauver Son
peuple de leurs péchés. Mais le Messie comme Personne divine ne pouvait que mettre à nu
leur aliénation et leur éloignement de Dieu ; et ainsi Il leur devenait toujours plus odieux,
jusqu’à ce que leur haine s’achève à Sa Croix. Ceci faisait comprendre le propos profond de la
grâce qui L’avait envoyé dans le monde, non pas pour Israël seulement, mais étant maintenant
rejeté par eux, afin que nous vivions par Lui et qu’Il soit la propitiation pour nos péchés.

7.3.1.2 - Jean 6:27

C’est pourquoi Il ajoute : « Travaillez, non point pour la nourriture qui périt, mais pour la
nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle, laquelle le fils de l’homme vous donnera ;
car c’est lui que le Père, Dieu, a scellé ».

Il n’est pas question d’honneur ou de bénédiction messianiques, mais de ce que le Fils de


l’homme a à donner ; et du fait qu’Il donne la nourriture qui demeure jusque dans la vie
éternelle, c’est de rien moins que cela que l’homme a besoin. C’est comme tel, [comme
donnant la nourriture jusque dans la vie éternelle], que Dieu le Père a scellé le Fils. Se donner
de la peine ne suffira pas, ni aucune sincérité apparente. Le Messie humilié, le Fils de
l’homme, est à la fois l’objet (*) de Dieu lorsqu’Il L’a scellé du Saint Esprit, et en même

351
temps Il est le Donateur de la seule nourriture qui demeure jusqu’en la vie éternelle ; et rien
moins que cela ne peut subvenir aux besoins de l’homme perdu, qu’il soit Juif ou Gentil.

(*) note Bibliquest : « objet de Dieu » : le terme « objet » est pris dans le sens de ce qu’on
possède et à quoi on tient et qui est le but pour lequel on agit. Bien sûr cet « objet » est ici une
Personne.

7.3.1.3 - Jean 6:28-29 — Une seule œuvre peut être faite : croire = confiance parla foi

Mais l’homme naturel ne reçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu, et il ne peut les connaître
parce qu’elles se discernent spirituellement (1 Cor. 2:14). C’est pourquoi ces hommes
appliquent mal l’exhortation du Seigneur « travaillez, non point pour la viande qui périt, mais
pour la viande qui demeure jusque dans la vie éternelle » : ils en déduisent qu’ils ont une
capacité personnelle à faire quelque chose d’acceptable pour Dieu. « Ils lui dirent donc : Que
ferons-nous pour faire les œuvres de Dieu ? Jésus répondit et leur dit : C’est ici l’œuvre de
Dieu, que vous croyiez en celui que Lui a envoyé » (6:28-29). Jésus est l’objet de la foi.
Croire en Lui est la seule œuvre qui convient à l’homme pécheur, si on peut appeler cela une
œuvre. C’est en vérité l’œuvre de Dieu, car l’homme ne lui fait pas confiance, et refuse de se
confier en Lui pour la vie éternelle. Il voudrait mieux se confier en ses propres performances
pitoyables, ou dans sa misérable expérience, c’est-à-dire se confier en n’importe quoi plutôt
qu’à Jésus seul. Mais Dieu ne veut pas permettre aux hommes de mélanger leur « moi » avec
Jésus, — quel que soit ce « moi », aussi bien qu’on l’imagine bon ou qu’on l’avoue mauvais.
C’est le Fils de l’homme que le Père a scellé, et Il est la seule base que le Père pouvait
accepter pour permettre au pécheur de s’approcher de Dieu, et c’est Lui seul qu’Il fournit
comme la nourriture qui demeure jusqu’en la vie éternelle. C’est pour cela qu’Il L’a envoyé,
non pas pour que l’homme fasse de Lui un roi sur un peuple encore dans ses péchés, mais
pour être la vraie Pâque, et la seule nourriture qu’Il garantisse. La foi, cependant, est la seule
manière par laquelle on peut se nourrir de Lui — non pas par les œuvres, auquel cas ce serait
par la loi, et alors pour les Juifs seulement. Au contraire, c’est par la foi afin que ce soit par la
grâce, et donc que ce soit ouvert aux Gentils aussi librement qu’aux Juifs. En vérité, ce n’est
pas là la manière de l’homme (2 Sam. 7:19), mais l’œuvre de Dieu, que nous croyions en
Celui qu’Il a envoyé (6:29).

7.3.1.4 - L’homme croit toujours être capable de faire les œuvres de Dieu

La foule n’était pas ignorante au point de ne pas savoir que le Seigneur revendiquait une
position d’importance quand Il parlait de Lui-même comme le Fils de l’homme. Les Psaumes
et les prophètes avaient parlé d’un tel Homme, et de Sa gloire vaste et exaltée. Par ailleurs, le
témoignage de l’Ancien Testament étant mis à part, et différemment de lui, Il venait de leur
dire que le Fils de l’homme était le Donateur de la nourriture qui demeure jusque dans la vie
éternelle, et que le Père, Dieu Lui-même, L’avait scellé. « Ils lui dirent donc : Que ferons-
nous pour faire les œuvres de Dieu ? Jésus répondit et leur dit : C’est ici l’œuvre de Dieu, que
vous croyiez en celui qu’Il a envoyé » (6:28-29). Ainsi, tandis qu’Il parlait clairement, ils
manifestaient de nouveau l’opinion invétérée des hommes, de toute condition, de toute
époque et de tout pays, à savoir que l’homme déchu est capable de faire les œuvres de Dieu.
Ils ignoraient tout à la fois leur propre péché, Sa sainteté et Sa majesté. C’est le chemin de

352
Caïn, et la chrétienté professante en est autant infectée que le judaïsme et le paganisme. C’est
le mensonge universel de l’homme, tant que le Saint Esprit ne l’a pas amené à la repentance.
Alors dans la nouvelle vie, il ressent et juge la vie ancienne, et trouve, comme on le voit en
Rom. 7, que ce n’est pas une question d’œuvres, mais de ce qu’il est ; et qu’il n’y a aucune
ressource pour lui, sinon la délivrance de tout, en Christ par la foi.

7.3.1.5 - Justification par grâce, donc par la foi. Le travail de l’homme est exclu

C’est ainsi que le Seigneur répond ici que l’œuvre de Dieu, c’est de croire en Celui qui L’a
envoyé (6:29). L’apôtre raisonne de la même manière en Rom. 4, à savoir que, si Abraham
avait été justifié par des œuvres, il aurait eu de quoi se vanter, mais non pas devant Dieu que
cela aurait rabaissé. L’Écriture met en garde contre de tels malentendus, et dit clairement qu’il
a cru Dieu, et que cela lui a été compté à justice. Le principe est donc évident : à celui qui fait
des œuvres, le salaire n’est pas compté à titre de grâce, mais de chose due ; mais à celui qui ne
fait pas des œuvres, mais qui croit en Celui qui justifie l’impie, sa foi lui est comptée à justice
(Rom. 4:4-5). L’homme peut être béni pleinement et de manière sûre, mais c’est seulement
par grâce, et donc par la foi, qui donne la gloire à Dieu, étant elle-même Son don. La foi est
donc l’œuvre de Dieu, et exclut le travail de l’homme, — non pas le travail de l’homme en
tant qu’effet de la foi (car la foi produit des œuvres, et des bonnes œuvres en abondance),
mais en tant que précédant la foi, ou en tant que placé au même rang qu’elle ; et il est juste
qu’il en soit ainsi, sinon il faudrait que Dieu soit un partenaire de l’homme, ce que le croyant
serait le premier à éviter. L’Envoyé du Père est un objet de foi.

7.3.2 - Jean 6:30-33

Les gens sentirent tout de suite que, du côté de Dieu, c’était là demander de plus en plus, bien
qu’Il eût refusé d’être fait roi par l’homme. « Ils lui dirent donc : Quel miracle fais-tu donc,
toi, afin que nous le voyions, et que nous te croyions ? Quelle œuvre fais-tu ? Nos pères ont
mangé la manne au désert, ainsi qu’il est écrit : « Il leur a donné à manger du pain venant du
ciel ». Jésus donc leur dit : En vérité, en vérité, je vous dis : Moïse ne vous a pas donné le pain
qui vient du ciel, mais mon Père vous donne le véritable pain qui vient du ciel. Car le pain de
Dieu est celui qui descend du ciel, et qui donne la vie au monde » (6:30-33).

Voilà l’incrédulité, toujours insatisfaite des miracles (signes) admirablement appropriés et


magnifiques de Dieu, — refusant peut-être de demander un signe quand Dieu en offre (És.
7:12), mais méprisant ceux qu’Il donne. Ils ne dirent pas ouvertement ce qu’ils voulaient dire
à cette occasion, mais il semble y avoir eu une pensée comme celle-ci : « Tu nous demandes
de croire, mais après tout, qu’était le miracle des pains comparé à celui de la manne ? Donne-
nous la nourriture du ciel, comme le fit Moïse, pendant quarante ans ; et alors il sera temps de
parler de croire. Fais une œuvre équivalente, si tu ne peux la surpasser ». — Le Seigneur
répond que ce n’est pas Moïse qui a donné le pain du ciel, mais que Son Père leur donnait le
vrai Pain du ciel. Le pain de Dieu, c’est Jésus Lui-même, et voilà deux grandes
caractéristiques qui Lui sont propres, à Lui tout seul parmi tous les hommes : Il descend du
ciel, et Il donne la vie au monde. Il est une personne divine, et pourtant un homme ici-bas, le
Pain de Dieu pour tous ceux qui en ont besoin. Il ne s’agit plus simplement d’Israël au désert :
Il donne la vie au monde. Moins que cela, ce n’est pas la vérité, ni ne convient à Dieu.

353
7.3.3 - Jean 6:34-36

« Ils lui dirent donc : Seigneur, donne-nous toujours ce pain-là. Et Jésus leur dit : Moi, je suis
le pain de vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; et celui qui croit en moi n’aura
jamais soif. Mais je vous ai dit qu’aussi vous m’avez vu, et vous ne croyez pas » (6:34-36).

C’était leur dernière tentative d’obtenir ce qu’ils cherchaient, à savoir du pain pour ce monde,
du pain pour toujours, soit par eux en quelque manière, soit au moins de Sa part. Mais
l’incrédulité a tort de toutes manières. C’est la vie que Dieu donne, et rien moins ne répond au
vrai besoin de l’homme ; et cette vie est en Christ, non pas de Lui. En dehors de Lui, donné en
dehors de Lui, et donc indépendamment de Lui, il n’existe pas de vie. En lui était la vie, et ce
n’est qu’en Lui qu’on trouve la vie. Il est le Pain de vie. Il n’est pas vu ici comme le Fils de
Dieu, vivifiant qui Il veut, de même que le Père. Ici Il est le Fils de l’homme scellé, objet de la
foi. « Moi, je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; et celui qui croit
en moi n’aura jamais soif » (6:35). Hélas ! La foule qui Le voyait n’avait pas foi en Lui. Le
privilège qu’ils avaient de Le voir ne faisait qu’augmenter leur incrédulité coupable ; et il faut
ajouter que, maintenant que l’œuvre expiatoire a été faite, et qu’Il est mort, ressuscité, glorifié
et a été prêché parmi les Gentils, c’est un péché encore plus grand de ne pas croire, là dans le
monde. Pourtant les hommes ne croient pas plus en Lui que ceux qui Le suivaient alors, et les
motifs de ceux Le professent et Le prêchent ne sont pas plus purs que les motifs de ceux qui
auraient voulu Le faire roi en Galilée.

7.3.4 - Jean 6:37-38

Dans les paroles qui suivent, le Seigneur se met à expliquer ce qui était derrière et au-dessus
des propos précédents : « Tout ce que le Père me donne viendra à moi [a] ; et je ne mettrai
point dehors celui qui vient à moi [b] ; car je suis descendu du ciel, non pour faire ma volonté,
mais la volonté de celui qui m’a envoyé » (6:37-38).

Voilà donc la clé, et elle est double ; et ce n’est qu’avec cette étendue [a+b] que nous
connaissons la vérité. Si l’un des côtés est pris à l’exclusion de l’autre, l’enseignement est
imparfait, et les conséquences sont susceptibles d’être une erreur d’une manière ou de l’autre.
Les réprobationistes [qui considèrent qu’il y a des gens réprouvés d’avance — calvinistes
selon TULIP,] insistent sur la première phrase, les Arminiens sur la seconde. Ni les uns ni les
autres ne donnent le poids qu’elle mérite à la phrase qu’ils omettent. Le théologien qui ne voit
que les décrets divins [a] ne tient guère compte de l’encouragement donné par le Seigneur à
l’individu qui vient à Lui. Le défenseur de ce qu’on appelle le libre-arbitre [b] cherche à
neutraliser, voire ignorer absolument, la déclaration que tout ce que le Père donne à Christ
viendra à Lui ; et ce n’est pas étonnant, car c’est une affirmation de Sa souveraineté, laquelle
est inexplicable par la théorie qui est la sienne. Mais la ligne dure du réprobationisme ne peut
pas davantage admettre de bon gré l’assurance du Seigneur qu’Il accueillera celui qui vient à
Lui.

Le propos du Père [a] est aussi certain que la réception par le Fils de tous ceux qui viennent à
Lui [b]. L’incrédulité d’Israël, pourtant si favorisé, n’affaiblit pas les conseils du Père [a] : et
le Fils ne voulait pas refuser les plus vils ni les plus hostiles qui venaient à Lui [b]. La raison

354
donnée est aussi très touchante. Il était entièrement serviteur de Dieu dans cette affaire. Que
vienne à Lui qui que ce soit, car Il était descendu du ciel pour servir, non pour faire Sa propre
volonté. Il revenait au Père de choisir et de donner. Lui [le Fils] était descendu pour servir, et
ne chasserait en aucune façon même l’homme qui L’aurait le plus vilipendé. Il était le
serviteur du Père pour le salut comme pour tout le reste. Le serviteur ne voulait pas choisir,
mais recevoir celui qui venait à Lui, sachant que tout ce que le Père Lui donnait viendrait à
Lui. Il est descendu du ciel pour faire la volonté du Père qui L’a envoyé, non pas pour faire Sa
propre volonté.

7.3.5 - Jean 6:39-40

Ceci est développé encore plus pleinement dans les v. 39 à 40 où le Seigneur dit : « Or c’est
ici la volonté de celui qui m’a envoyé : que je ne perde rien de tout ce qu’il m’a donné, mais
que je le ressuscite au dernier jour. Car c’est ici la volonté de mon Père : que quiconque
contemple (*) le Fils et croit en lui, ait la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier
jour ».

(*) Note Bibliquest : W.K. traduit « contemple » tandis que JND traduit « discerne », mais
JND met en note que ce sens retenu par WK est une alternative possible.

Ainsi, d’une part, rien ne fait défaut à la volonté de Celui qui a envoyé Christ, et qui L’a
donné dans Sa grâce souveraine, car Christ n’en laisse rien perdre [a] ; et d’autre part, Christ
demeure le test pour toute âme d’homme qui reçoit la vie éternelle en Lui, par la foi seule [b ],
— et en rapport avec ces deux points, soit qu’il s’agisse de l’ensemble soit qu’il s’agisse de
chaque individu, Christ ressuscite lorsque le jour de l’homme est fini pour toujours. Tout
espoir de délivrance présente sous le Messie était vain, alors qu’ils aimaient en rêver comme
hommes dans la chair et morts qu’ils étaient. La volonté du Père pour Ses enfants
collectivement ou individuellement, demeurera : [a] tout ce qu’Il a donné au Fils sera
préservé, et [b] quiconque croit en Lui a la vie éternelle, — comme la résurrection de Christ le
prouvera vis-à-vis de ces deux points, lorsque le dernier jour viendra.

Le Seigneur met ainsi en contraste Sa gloire comme Messie sur la terre et le fait qu’Il
ressuscitera le croyant au dernier jour. Même alors l’incrédulité utilisait le premier point pour
méconnaître le second ; mais le Seigneur met ici en relief ce qui est invisible et éternel, et Il le
fait parce que, à cause de la gloire de Dieu et par amour, Il avait pris une place de serviteur
pour accomplir des desseins encore plus profonds. S’Il avait cherché Sa propre volonté ou Sa
propre renommée, Il aurait mieux tenu que les Juifs à Son règne comme Messie. Mais non ! Il
cherchait la gloire et la volonté de Son Père et, tandis qu’Il se livrait pour souffrir, Il n’allait
rien perdre, car Il le ressusciterait au dernier jour. Pour l’individu tout tourne autour du fait de
contempler le Fils et de Le croire : quiconque le ferait aurait la vie éternelle, et Christ le
ressusciterait au dernier jour. Ceux qui ne recherchent rien d’autre que le règne du Messie
périront inévitablement. Ils ne reconnaissent pas leurs péchés, ils sont insensibles à la
violation de la majesté et de la sainteté de Dieu, ils ne croient pas au Sauveur et, ne croyant
pas, ils n’ont pas la vie. Celui qui croit sait qu’Il est davantage que le Messie, le Fils du Père ;

355
il sait qu’il n’a la vie éternelle qu’en Lui seul, et qu’il aura sa part avec Christ en résurrection
au dernier jour. Il n’est question ni de l’homme ni du monde tels qu’ils sont aujourd’hui, mais
de Christ à ce moment-là.

7.3.6 - Jean 6:41-42

Ceci était particulièrement étrange pour le peuple de Judée et de Jérusalem, qui se reposait sur
la tradition ; d’où ce qui suit : « Les Juifs donc murmuraient contre lui, parce qu’il avait dit :
Moi, je suis le pain descendu du ciel ; et ils disaient : N’est-ce pas ici Jésus, le fils de Joseph,
duquel nous connaissons le père et la mère ? Comment donc celui-ci dit-il : Je suis descendu
du ciel ? » (6:41-42).

À la vérité de Christ, ils opposaient les circonstances telles qu’ils les connaissaient (or ils les
connaissaient de travers). C’était juger selon les apparences, et par conséquent c’était un
jugement injuste. Il était fils de Marie : véritablement et proprement un homme ; sans cela
Son œuvre n’aurait pas été utile à l’homme. Il n’était fils de Joseph que légalement ; mais
cela, Il l’était afin qu’Il fût Messie selon la loi. S’Il avait vraiment été fils de Joseph, comme
de Marie, il n’aurait pas été Fils de Dieu, ni une personne divine ; or ceci était le fondement
de tout le reste, et sans cela l’incarnation était un mensonge, et l’expiation inexistante. Il était
vraiment le Fils, le Fils unique du Père, qui avait daigné devenir fils de Marie, et légalement
par conséquent fils de Joseph, qui l’avait épousée (ce point est de toute importance pour son
droit au titre de Messie, car Il n’aurait pas pu être proprement Messie à moins d’être héritier
des droits de Joseph). Mais comme Fils de Dieu, la Parole incarnée, Il était le Pain descendu
du ciel : c’est ainsi que l’homme pouvait se nourrir de Lui par la foi et être béni pour toujours.

7.3.7 - Jean 6:43-46

« Jésus donc répondit et leur dit : Ne murmurez pas entre vous. Nul ne peut venir à moi, à
moins que le Père qui m’a envoyé ne le tire ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. Il est
écrit dans les prophètes : « Et ils seront tous enseignés de Dieu » [És. 54:13]. Quiconque a
entendu (*) du Père et a appris [de lui], vient à moi. Non pas que quelqu’un ait vu le Père,
sinon celui qui est de Dieu ; celui-là a vu le Père » (6:43-46).

(*) Participe aoriste.

L’incrédulité ne peut que détruire et troubler ; elle ne peut ni donner la vie ni consoler.
L’homme, sous l’emprise de Satan est la source de l’incrédulité, qui éloigne toujours de
Christ, et n’en rapproche jamais. Mais comme le Père a envoyé Christ, de même Il tire le
croyant à Christ, qui le ressuscitera au dernier jour. Ce par quoi on vient à Christ n’est donc
pas la valeur de l’homme ni son travail ni sa volonté, mais la grâce du Père. En bref, toute la
bénédiction provient de la miséricorde souveraine, et c’est ce que les prophètes ont écrit. Tout
vrai enseignement vient de Dieu, et tous sont enseignés de Dieu, qui n’oublie jamais ce qui est
dû à Christ. « Quiconque a entendu le Père et a appris [de lui] », vient à Christ. Non pas que le
Père ait été vu par l’homme. Il est connu dans le Fils. « Celui qui est de Dieu, celui-là a vu le
Père » (6:46) ; c’est Christ seul qui l’a vu.

356
7.3.8 - Jean 6:47-48

Le Seigneur répète alors solennellement : « En vérité, en vérité, je vous dis : Celui qui croit
[en moi (*)], a la vie éternelle. Moi, je suis le pain de vie » (6:47-48).

(*) aleph, B L T, etc. omettent « en moi », bien que cela figure dans A C D E Δ, etc., les
cursives, etc.

En vérité, en tant que Celui qui était promis, Il avait toujours été l’objet de la foi ; et comme
Fils éternel, Il avait toujours vivifié le croyant. Mais maintenant, Il était la Parole faite chair,
Il était le Fils de Dieu, et cela comme homme dans le monde ; et, comme rejeté par Israël, Il
annonce qu’Il est le donateur de la vie éternelle. Voilà le grand point : non pas simplement le
royaume bientôt, mais la vie éternelle maintenant dans le Fils, et inséparable de Lui, mais en
Lui maintenant, Lui qui est homme.

7.3.9 - Jean 6:49-51

Le Seigneur poursuit ce sujet : « Vos pères ont mangé la manne au désert, et sont morts ; c’est
ici le pain qui descend du ciel, afin que quelqu’un en mange et ne meure pas. Moi, je suis le
pain vivant qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ;
or le pain aussi que moi je donnerai, c’est ma chair, laquelle moi je donnerai pour la vie du
monde » (6:49-51).

Ainsi, dans la mesure où le Seigneur était typifié par la manne, Il allait incomparablement au-
delà de sa vertu. Les pères des Juifs mangèrent la manne dans le désert ; mais elle ne put pas
les préserver de la mort, car ils sont morts comme les autres. Christ est le pain qui descend du
ciel afin qu’un homme puisse en manger et ne pas mourir. La vie éternelle est dans le Fils de
Dieu, et il n’en était pas moins ainsi du fait qu’Il était alors le Fils de l’homme. La grâce de
Dieu n’en était que plus manifeste en Lui ; car, s’Il était un homme, n’était-ce pas pour que
les hommes en mangent et ne meurent pas ? Il était le pain vivant descendu du ciel. Si
quelqu’un mangeait de ce pain, il vivrait éternellement.

Ceci, nous le verrons, implique une autre vérité outre l’incarnation : Sa mort en expiation ; car
le pain qu’Il donnerait, c’est Sa chair pour la vie du monde. Il fait allusion ici à ce qu’Il allait
révéler davantage un peu plus loin : Sa mort expiatoire. Quand Sa vie est donnée, ce n’est pas
pour la vie d’Israël seulement, mais pour celle du monde. La grâce de Dieu qui était sur le
point de descendre si bas ne pouvait pas être circonscrite aux seuls Juifs. « Dieu a tant aimé le
monde qu’Il a donné Son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne périsse pas mais
qu’il ait la vie éternelle » (3:16). Cependant, Il s’étend davantage sur ce point dans ce qui suit.
Contestaient-ils contre Ses paroles dans l’incrédulité ? Il met en avant la vérité, de manière à
offenser encore davantage l’orgueil de l’homme et Son opposition contre Dieu, mais de
manière à nourrir et à fortifier la foi chez Ses élus.
357
7.4 - Jean 6:52-59

7.4.1 - Jean 6:52 et texte de 6:52-59

De telles paroles de la part de notre Seigneur, Sa chair donnée pour la vie du monde, étaient
assez choquantes pour ceux qui les entendaient, mais des déclarations encore plus claires
suivent. Il insiste sur la nécessité de boire Son sang : « Les Juifs disputaient donc entre eux,
disant : Comment celui-ci peut-il nous donner sa chair à manger ? Jésus donc leur dit : En
vérité, en vérité, je vous dis : à moins que vous ne mangiez la chair du fils de l’homme et ne
buviez son sang, vous n’avez pas la vie en vous-mêmes. Celui qui mange ma chair et qui boit
mon sang a la vie éternelle, et moi, je le ressusciterai au dernier jour. Car ma chair est en
vérité un aliment, et mon sang est en vérité un breuvage. Celui qui mange ma chair et qui boit
mon sang demeure en moi et moi en lui. Comme le Père [qui est] vivant m’a envoyé, et que
moi, je vis à cause du Père, de même celui qui me mangera, celui-là aussi vivra à cause de
moi. C’est ici le pain qui est descendu du ciel, non pas comme les pères mangèrent et
moururent : celui qui mangera ce pain vivra éternellement. Il dit ces choses dans la
synagogue, enseignant à Capernaüm » (6:52-59).

Ainsi, comme le Seigneur s’est présenté Lui-même incarné sous la forme du pain descendu du
ciel pour être mangé par la foi, de même ici nous avons Sa mort sous la figure de la chair qui
doit être mangée, et du sang qui doit être bu. C’est la vie livrée, le sang bu comme une chose
séparée, ce qui est par excellence le signe de la mort. La foi y participe, et y trouve expiation
et communion. Sans cela, il n’y a pas de vie. C’était d’autant plus important que certains
professaient Le recevoir comme le Christ, mais achoppaient sur Sa mort. Le Seigneur montre
que telle n’est pas la foi des élus de Dieu (Tite 1:1), car celui qui L’accueille comme descendu
du ciel veut se glorifier dans Sa croix ; et bien que personne ne pût anticiper Sa mort, tous
ceux qui croient vraiment allaient se réjouir une fois qu’elle serait connue, et que son objet et
son efficace seraient révélés. Ceux qui reçoivent l’incarnation par la foi, reçoivent aussi Sa
mort avec une foi semblable ; et ceux-là seuls ont la vie éternelle. Car ceux qui acceptent
l’incarnation selon une manière humaine ont tendance à disputer sur Sa mort. Les deux sont
des objets de foi et des tests pour la foi ; mais le plus déterminant des deux, c’est Sa mort.

7.4.2 - Jean 6:53-55 — Deux sens de manger et boire

On peut observer que, comme il y a deux figures dans la partie centrale de ce chapitre, de
même dans la dernière, il y a deux formes d’expression à distinguer : l’acte d’avoir mangé
[φάγητε] Sa chair et bu [πίητε] Son sang comme au v. 53 ; et le manger [τρώγων] et le boire
[πίνων] en continu comme au v. 54. C’est important pour ôter toute occasion à ceux qui
raisonnent pour et ceux qui objectent contre le fait de séparer la vie éternelle d’avec sa source.
L’Écriture ne laisse aucune place pour cette idée. Le croyant a la vie éternelle, mais elle est
dans le Fils (1 Jean 5:11), et non pas séparée de Lui. Le croyant mange Sa chair et boit Son
sang. Il ne se satisfait pas de le faire une fois : s’il s’en satisfaisait, pourrait-on supposer
qu’une telle personne ait la vie en lui ? Assurément non. Si sa foi était réelle, il voudrait
toujours manger Sa chair et toujours boire Son sang ; et celui qui le fait a la vie éternelle, et le
Seigneur le ressuscitera au dernier jour. L’amour qui est descendu du ciel est précieux, et le
cœur reçoit Christ ainsi humilié avec reconnaissance, ne doutant pas, mais désirant que ce soit

358
la vérité. Et si cet amour va plus loin, et descend même jusqu’à la mort, la mort de la croix, le
cœur est élargi et presque submergé ; et il estime que rien n’est trop grand, et rien n’est trop
beau pour le Fils de Dieu et le Fils de l’homme. Il s’incline et bénit Dieu pour le fait que
Christ soit mort pour accomplir la rédemption. Pour la même raison, s’il a goûté que le
Seigneur est ainsi plein de grâce, il persévère, il ne peut jamais se lasser, et il recommence
toujours à se nourrir de Lui. Car il a éprouvé que Sa chair est vraiment de la nourriture, et Son
sang est vraiment un breuvage (6:55).

7.4.3 - Jean 6:56-57 — Demeurer en Christ et Christ en nous

C’est pourquoi il est ajouté : « Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang demeure en moi
et moi en lui » (6:56). Ce fait de « demeurer en Christ et Christ en lui » est l’un des privilèges
caractéristiques du chrétien dans les écrits de Jean. Ce n’est pas simplement la sécurité pour le
chrétien, mais c’est Christ la demeure de l’âme, puisque celle-ci est de Christ. Quelle
proximité indicible ! Et comme la vie de communion est ainsi bénie, pareillement béni est
l’effet de cette vie de communion sur le motif et sur le but qui l’accompagnent : « Comme le
Père [qui est] vivant m’a envoyé, et que moi, je vis à cause du Père, de même celui qui me
mangera, celui-là aussi vivra à cause de moi » (6:57). Comme la volonté et la gloire du Père
étaient toujours devant le Seigneur ici-bas, de même Il est Lui-même devant le croyant. Sinon,
on vit pour soi ou pour le monde. « Pour moi vivre c’est Christ » (Phil. 1:21), dit l’apôtre
Paul, et c’est là l’expérience proprement chrétienne. Quand le Christ est le motif, voilà le
résultat.

7.4.4 - Manger la chair et boire le sang, est-ce la cène ou eucharistie ?

Il est bien connu que beaucoup se sont efforcé de prouver que « manger la chair et boire le
sang » signifie la cène, sachant que notre Seigneur insiste sur le fait que boire le sang est
distinct de manger le pain. Ceci est sans fondement, non seulement parce que l’Eucharistie
n’a été instituée que longtemps après, mais surtout parce que, ce qui est affirmé ici sur
« manger la chair et boire le sang » est totalement inconciliable avec la participation à la cène
du Seigneur, tant positivement que négativement. Car il s’ensuivrait qu’avec cette formule
extrêmement impressionnante de la vérité, le Seigneur établirait d’une part l’impossibilité
d’avoir la vie sauf pour ceux qui y ont ainsi participé, et d’autre part, la certitude d’avoir la
vie éternelle déjà maintenant et au dernier jour de participer à la bienheureuse résurrection,
pour celui qui y participe habituellement — oui, le plus grand privilège du christianisme serait
nécessairement attaché à la célébration constante de la cène. Une doctrine aussi absolue que
celle-ci doit être répudiée par tous les catholiques et les protestants, sauf par ceux qui sont
entièrement aveuglés par la superstition. Mais cette formule de « manger la chair et boire le
sang » n’est pas un iota trop forte lorsqu’on l’applique à se nourrir par la foi de la mort de
Christ, ce qui est réellement ce dont elle parle.

7.4.4.1 - Changement de sujet au v. 51

359
Il n’est pas correct de dire que le même sujet se poursuit, avant et après le v. 51. On retrouve
le manger à la fois avant et après ; et on admet de toutes parts que « manger le pain descendu
du ciel » doit être compris comme une affaire de foi. Il est dès lors tout à fait discordant de
prétendre que « manger la chair et boire le sang » signifie autre chose qu’une participation par
la foi — que ce serait figuratif dans un cas, et littéral dans l’autre. Le minimum de cohérence
veut que, comme manger dans la première partie du discours signifie incontestablement la
communion par la foi, ainsi ce sens doit se poursuivre dans la seconde partie. Les deux parties
du discours font clairement référence à ce qui était littéral, à savoir le fait de manger le pain
fourni miraculeusement à la multitude. Mais la doctrine, bien qu’apparentée d’une manière
vitale, n’est pas la même dans les deux parties, car le sujet et l’objet de la foi dans la
première partie sont l’incarnation du Seigneur, tandis que c’est Sa mort dans la
seconde. C’est la manière de Jean de partir de faits ou miracles extérieurs, et d’y accrocher
quelque vérité essentielle de la personne ou de l’œuvre de Christ ; et c’est le cas ici. Il
commence par Lui-même comme le pain incarné, correspondant plus directement aux pains
fournis de manière divine ; puis, tandis que l’incrédulité ergote, il poursuit en révélant la
vérité de Lui-même mourant, — quelque chose d’encore plus répugnant pour la nature,
surtout pour un Juif.

Ainsi, tout s’accorde simplement et en profondeur. Christ fait savoir aux Juifs (car le discours
s’adressait à eux, non pas aux disciples) qu’Il n’était pas venu pour être roi selon la chair,
mais pour qu’on se nourrisse de Lui dans Son humiliation — et même dans Sa mort : la seule
nourriture de la vie éternelle aboutissant en la résurrection au dernier jour, non pas dans un
pouvoir temporel ni dans une gloire présente, comme le peuple aimait l’espérer (souhaitant
même Le couronner sur le champ). Introduire l’Eucharistie ici, c’est y importer un élément
étranger qui ne convient ni à la portée du chapitre dans son ensemble, ni à l’une quelconque
des sections de ce discours. Et c’est d’autant plus absurde que nous voyons un autre sujet
suivre le raisonnement principal pour en constituer la conclusion appropriée : l’ascension du
même Fils de l’homme dont l’incarnation et la mort viennent d’être présentées comme la
nourriture de la foi, et cela comme un point culminant pour la foi alors que l’incrédulité
achoppait d’abord sur Sa descente du ciel, et encore plus sur Sa mort. Comme il est dit
ensuite : « Nous, nous avons appris de la loi, que le Christ demeure éternellement : et
comment, toi, dis-tu qu’il faut que le fils de l’homme soit élevé ? Qui est ce fils de
l’homme ? » (12:34). « Ceci vous scandalise-t-il ? » dit le Seigneur à Ses disciples quand eux
aussi se mirent à murmurer (6:61). « Si donc vous voyez le fils de l’homme monter où il était
auparavant… ? » (6:62). Ce n’est pas une institution que le Seigneur suggère d’établir. Tout
au long de Son discours, Il est Lui-même l’objet de la foi comme le Fils de l’homme incarné,
mort et élevé.

7.4.4.2 - Le changement de sujet est au v. 51, non pas au v. 47

Je sais bien qu’un controversiste célèbre s’est efforcé de persuader les gens que la première
partie s’achève au v. 47. Mais c’est arbitraire au plus haut degré. Le v. 51 est la véritable
transition, où le pain est déclaré être la chair de Christ qu’Il devrait donner pour la vie du
monde. C’est ce que le Seigneur développe dans les v. 53-58 en réponse à la question
incrédule du v. 52. Car la question du pain en tant que tel se poursuit dans les v. 48-50, ce qui
ne devrait pas être le cas si nous étions réellement passés à la deuxième partie. « Manger Sa
chair et boire Son sang » ne commence proprement qu’au v. 53. C’est clair et positif dans le
chapitre ; et c’est bien audacieux d’affirmer autre chose ; ainsi donc, « manger le pain »

360
appartient à la première partie aussi clairement et certainement que « manger la chair et boire
le sang » appartient à la seconde partie. En fait, manger est supposé dès le début (6:32-35),
mais affirmé franchement avant la fin (6:48-50). Il n’y a pas de doute que le langage est plus
fort lorsqu’il est insisté sur la nécessité de la foi en Sa mort au v. 53 et suivants. Mais cela ne
fait que prouver avec certitude l’exclusion de l’Eucharistie, sauf pour ceux qui peuvent
imaginer que notre Seigneur fasse de la cène quelque chose de plus important que Son œuvre
et que la foi en Son œuvre. Qu’Il veuille parler plus fortement de laisser Sa vie que de Sa
descente du ciel pour devenir un homme, aucun chrétien ne pourrait en douter, - ni douter non
plus du danger plus grave pour l’homme de mépriser Sa mort, - ni douter de la bénédiction
encore plus profonde pour le croyant d’avoir communion avec elle.

J’ajouterai qu’il n’est pas totalement vrai que, dans la première partie, on voit le Père seul en
train de donner, tandis que dans la seconde ce serait le Fils de l’homme ; car au début de la
première partie (6:33), il est dit du pain de Dieu qu’il est Celui qui descend du ciel et qui
donne la vie au monde, non pas seulement « qui doit être donné ». Mais ce qui est vraiment
dit, correspond tout à fait à la différence réelle entre ces deux parties. Le Père a donné le Fils
pour être incarné ; le Fils se donne pour mourir, et par conséquent Il donne Sa chair pour
qu’elle soit mangée et Son sang pour qu’il soit bu. En outre, il n’est pas vrai que les
conséquences s’opposent ; car comme dans la première partie la vie éternelle aboutit à la
résurrection au dernier jour, ainsi cela est soigneusement répété dans la seconde (6:54).

7.4.5 - Jean 6:56 — La mort du Seigneur objet de foi

Il est vrai, comme nous pouvons facilement l’observer, que quelque chose de plus s’attache au
fait de « manger Sa chair et boire Son sang » : celui qui le fait demeure en Christ et Christ en
lui (6:56) ; or il est certain que ceci est une conséquence de la foi en la mort de Christ, car
nulle part dans l’Écriture ce n’est attribué à l’Eucharistie. Les passages qui s’en
rapprocheraient le plus seraient Jean 15, où Christ parle de Lui-même, et 1 Jean 4:13-16, où
l’apôtre parle de Dieu ; mais ni l’un ni l’autre ne fait allusion à la Cène du Seigneur ; l’un
présente Christ comme la seule source pour porter du fruit par une dépendance continuelle de
Lui, tandis que l’autre affirme que toute âme qui confesse que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu
demeure en lui et lui en Dieu. Cela fait que ces passages confirment la conviction qu’en Jean
6:56, le Seigneur décrit le privilège dont jouit celui qui se nourrit de Sa propre mort par la foi.
Sans doute celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu en lui (1 Jean 4:16) ;
mais tout découle d’une vie nouvelle, qui ne vient que par la foi en Christ ; car sans la foi il
est impossible de plaire à Dieu (Héb. 11:6). Ceci montre donc un pas en avant, non pas un
thème nouveau et différent, mais le même Christ vu non pas dans Sa vie mais dans Sa mort,
avec des conséquences approfondies pour le croyant.

Étant Lui-même la vie qui était auprès du Père avant que tous les mondes fussent, Il devint
chair afin de pouvoir non seulement montrer le Père et être le parfait modèle de l’obéissance
comme homme, mais afin de mourir en grâce pour nous et afin de régler pour toujours la
question du péché, en glorifiant Dieu à la croix de manière absolue et à tout prix. À moins que
le grain de blé (comme Lui-même l’a enseigné) ne tombe en terre et meurt, il reste seul ; s’il
meurt il porte beaucoup de fruit. Sa mort n’est pas considérée ici comme une offrande à
Dieu (comme souvent ailleurs), mais sous la forme de l’appropriation de cette mort par le
croyant dans son être propre. C’est pourquoi ce qui était relativement vague quand Il
parlait du pain donné d’en haut, devient plus précis quand Il fait allusion à Sa mort.

361
C’était dans le dessein du Père et dans le cœur du Fils de l’homme de ne pas régner sur Israël
maintenant, mais de donner Sa chair pour la vie du monde : car, Juifs ou Gentils, tous sont ici
considérés comme des réprouvés, perdus, et morts. Lui seul est la vie ; pourtant Il ne l’est pas
en vivant, mais en mourant pour nous, afin que nous puissions avoir la vie en Lui et avec Lui,
comme fruit de Sa rédemption : la vie éternelle — la vie éternelle comme une chose présente,
mais vue pleinement seulement en puissance de résurrection, — la vie éternelle déjà constatée
et vue en Lui lorsqu’Il a été élevé comme homme là où Il était auparavant comme Dieu, et qui
doit être bientôt vue en nous, au dernier jour, quand nous serons manifestés avec Lui en
gloire.

7.4.6 - Manger et boire continuellement

Il est donc dit ici du croyant qu’il mange Sa chair et boit Son sang, et ceci non pas une fois
seulement lorsqu’il a cru en Lui et en l’efficacité de Sa mort, mais il le fait continuellement
puisant dans la profondeur et la force de cette mort, en tant que mort au monde et à l’état de
l’homme (qui est constitué étranger vis-à-vis de Dieu). Boire Son sang donne d’autant plus
d’importance à l’expression de la pleine réception de Sa mort par le croyant. S’il avait
simplement quitté le monde comme quelqu’un qui lui a été toujours étranger, nous aurions été
définitivement laissés en arrière, des objets du jugement de Dieu. Mais, en mourant au monde,
et pour nous par la grâce de Dieu, Il a donné, à nous qui croyons, ce qui nous a séparés pour
Dieu et qui nous a purifiés de nos péchés. Si cela avait été simplement notre mort, cela aurait
été notre jugement et il n’y aurait pas eu d’honneur pour Dieu, mais plutôt le triomphe de
l’ennemi. Béni soit Dieu, ce dont Il parle ici, c’est de Sa mort, et de notre entrée par la foi
dans Sa mort dans toute sa réalité et sa valeur. Il ne parle pas de la cène ; mais la cène, comme
signe, montre la mort de Christ, et ces versets parlent de la même mort. Cependant, ils parlent
de la réalité efficace de cette mort, non pas de son symbole, lequel, quand on le confond avec
la vérité, ne devient pas meilleur qu’une vanité idolâtre ; et quand ce symbole est dépouillé de
la vérité pour l’essentiel, il devient alors ouvertement, même comme signe, un objet de culte.
C’est ce que nous voyons dans le catholicisme, où leurs fidèles sont condamnés à ne pas boire
le sang. Christ est contenu tout entier, disent-ils, sous l’espèce du pain : de sorte que tout est là
ensemble, chair et sang, âme et divinité ; mais dans ce cas, le sang n’est pas versé, et la messe
est pour le catholique qui communie un témoin tellement vrai de la non-rémission de ses
péchés. Voilà ce que montrent leur propre doctrine officielle et leurs théologiens auxquels on
fait le plus confiance.

7.4.7 - Jean 6:57-58

On peut ajouter que, après le riche témoignage rendu à Sa mort comme objet de foi et qui
devait suivre avec toutes ses conséquences, le Seigneur, au v. 57, me semble fermer la porte à
toute excuse pour ceux qui méconnaîtraient Ses intentions. Ce dont Il parlait ici, c’était Lui-
même, et non pas un acte symbolique, comme cela devrait être clair d’après l’expression
« celui qui me mangera ».

En outre, il unit les deux parties du discours par le verset suivant (6:58) qui clôt la partie sur
Sa chair et Son sang en utilisant de nouveau l’image du « pain descendu du ciel », et de
« celui qui mangera ce pain vivra éternellement » : une déclaration absolument vraie

362
lorsqu’elle est appliquée à la foi en Lui, et absolument fausse lorsqu’elle est appliquée à
l’Eucharistie, quel que soit le sens où on la prend.

7.5 - Jean 6:59-65

Le Seigneur avait maintenant achevé Son discours dans la synagogue de Capernaüm, dont les
sujets principaux étaient Son incarnation et l’expiation, comme nourriture indispensable de la
foi, malgré tout le mépris dont les hommes pourraient les entourer — et malgré toutes leurs
réclamations après la manne ou autre chose, qui n’avait ni une telle source divine et céleste, ni
un tel effet éternel, et qui laisse finalement les hommes mourir ; car en Lui, et en nul autre,
était la vie.

« Plusieurs donc de ses disciples, l’ayant entendu, dirent : Cette parole est dure ; qui peut
l’ouïr ? Et Jésus, sachant en lui-même que ses disciples murmuraient là-dessus, leur dit : Ceci
vous scandalise-t-il ? Si donc vous voyez le fils de l’homme monter où il était auparavant… ?
C’est l’Esprit qui vivifie ; la chair ne profite de rien : les paroles que moi je vous ai dites sont
esprit et sont vie ; mais il y en a quelques-uns d’entre vous qui ne croient pas ; car Jésus
savait, dès le commencement, qui étaient ceux qui ne croiraient pas, et qui était celui qui le
livrerait. Et il dit : C’est pour cela que je vous ai dit que nul ne peut venir à moi, à moins qu’il
ne lui soit donné du Père » (6:60-65).

Une forme très grave d’incrédulité se révélait maintenant, non pas parmi ceux de Judée ou
d’ailleurs seulement, mais au sein des disciples, dont beaucoup murmuraient, achoppant sur
Ses paroles. S’ils trouvaient déjà difficile d’accepter Sa descente du ciel ou Sa mort, qu’allait-
il arriver s’ils contemplaient le Fils de l’homme montant là où Il était auparavant ? C’était
implicite dans les Psaumes 8, 80, 110 et dans Daniel 7. Mais depuis longtemps la volonté
juive ne s’était intéressée qu’à l’espérance d’Israël dans leur pays, et elle n’aimait ni ce qui
avait un aspect plus élevé, ni ce qui en avait un plus bas. La croix et le ciel étaient
pareillement hors de leur champ de vision. C’est pourquoi le Seigneur les confronte ici à Sa
propre ascension comme une vérité très dure à digérer. Or c’est une vérité qui fait suite de
manière tout à fait appropriée à Sa mort, et elle cadre également bien avec Sa descente pour
être un homme par l’incarnation. Il est monté comme un Sauveur en justice, ayant glorifié
Dieu à l’extrême quant au péché, et cela est aussi certain que Sa descente pour servir en
amour. Tout se tient ensemble ici ; et en fait, c’est pendant qu’Il est ainsi monté en haut, que
la foi se nourrit de Lui dans la vie et la mort ici-bas. Puis comme des disciples murmuraient à
l’ouïe de Ses paroles d’humiliation, Il se met à parler de Son exaltation ; mais il est triste à
dire que l’effet en a été de les scandaliser davantage. S’ils avaient été fidèles, s’ils avaient
connu et aimé la vérité, cela aurait été leur joie ; mais ils préféraient le premier homme au
Second, et étaient de plus en plus scandalisés.

7.5.1 - Jean 6:63

Telle est la chair, même chez des disciples. Elle ne profite de rien. C’est l’Esprit qui vivifie, et
Il le fait par Christ et en Christ, jamais en dehors de Lui, et encore moins à Son déshonneur.
Ses paroles ont donc un caractère essentiellement divin et une efficacité divine ; elles sont
esprit et vie, comme Il le dit Lui-même à propos de ce dont Il venait de parler dans Ses

363
discours, et malgré le scandale qu’ils pouvaient en éprouver. Peu de paroles ont été perverties
à un point aussi désastreux que celles-ci jusqu’à ce jour, transformant le signe en idole, à la
honte de Celui que ce signe représente comme étant venu mourir en amour suprême, et Qui
bénit la foi en conséquence. Mais hélas, « il y en a quelques-uns d’entre vous qui ne croient
pas ». Ne pas croire est fatal à tous, mais c’est tout à fait incohérent chez un disciple. Christ
doit être tout ou rien. S’Il est tout, Ses paroles ne sont pas un opprobre pour le croyant, mais
un délice, et elles sont puissantes tout du long — et même de plus en plus, à mesure que
Christ est mieux connu par elles. Jésus connaissait leur incrédulité, non pas par observation ni
par expérience, mais dès le commencement (6:64). Il est Dieu, et Il ne l’est pas moins parce
qu’Il est devenu homme : c’est la thèse constante de notre évangéliste. Pourtant Il faisait la
distinction entre ceux qui ne croyaient pas, et celui qui le trahirait ; mais qui l’aurait jamais
deviné sinon maintenant d’après Ses propres paroles ? Qui avait jamais vu chez Lui la grâce
vaciller dans Ses voies envers tous ? Combien la patience de l’amour divin est solennelle !
D’autre part, ceux qui croyaient n’avaient pas de quoi se vanter car, bien qu’ils restassent
attachés à Jésus, nul ne pouvait venir à Lui à moins qu’il ne Lui ait été donné par le Père.
C’était la grâce souveraine de Dieu.

7.6 - Jean 6:66-71

« Dès lors plusieurs de ses disciples se retirèrent ; et ils ne marchaient plus avec lui. Jésus
donc dit aux douze : Et vous, voulez-vous aussi vous en aller ? Simon Pierre lui répondit :
Seigneur, auprès de qui nous en irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ; et nous,
nous avons cru et su que toi, tu es le Saint de Dieu. Jésus leur répondit : N’est-ce pas moi qui
vous ai choisis, vous, les douze, et l’un d’entre vous est un diable ? Or il parlait de Judas,
[fils] de Simon Iscariote ; car c’était lui qui allait le trahir, lui qui était l’un des douze » (6:66-
71).

Ainsi, les avertissements du Seigneur précipitent le départ des incrédules, tandis qu’ils
attachent plus étroitement les fidèles à Lui, et font ressortir leur sentiment de ce qu’Il est pour
leurs âmes. La cause résidait dans leur propre volonté qui donnait le pouvoir à Satan.
Pourtant, le Seigneur n’hésite pas à faire savoir aux douze que, tandis que l’un d’entre eux
confessait de la part de tous qu’Il était le Saint de Dieu, l’un d’eux Le trahirait. Quel contraste
avec tous sauf avec Lui-même et avec ceux qui ont appris de Lui ! Combien différents sont
ceux qui cherchent à attirer des disciples après eux ! Et encore, Ses paroles voulaient affermir
les Siens, surtout ceux qui l’étaient réellement. Plus ils étaient libres, plus ils étaient attachés.
Il est seul digne, Il est le Saint de Dieu.

Je suis conscient qu’un érudit allemand, très sûr de lui, déclare que « le Saint » n’est pas une
expression typique de Jean. Mais c’est un jugement téméraire et ignorant. Il s’agit d’un titre
donné à notre Seigneur une fois dans sa première épître et une fois dans son évangile, ici. Il
est le seul écrivain du Nouveau Testament à l’avoir utilisé à l’égard du Seigneur en relation
avec les saints. C’est donc davantage caractéristique de Jean que de tout autre apôtre. Marc et
Luc parlent de mauvais esprits qui, en tremblant, Le reconnaissent ainsi. Ils faisaient bien de
se courber devant le Saint qui doit s’occuper d’eux en jugement. Qu’il est précieux d’entendre
un saint confesser de la part de tous leur foi en Lui sous ce caractère, s’attachant à Lui et à Ses
paroles de vie éternelle en toute confiance ! Quelle grâce d’entendre un autre réconforter les
petits enfants de la famille de Dieu avec la réflexion qu’ils avaient reçu l’onction de la part du
Saint et qu’ils connaissaient toutes choses ! (1 Jean 2:20). Des antichrists pouvaient sortir

364
d’entre ceux qui portaient le nom de Christ, mais ils n’étaient pas de la famille de Dieu : s’ils
l’avaient été, ils seraient sûrement restés, comme Pierre l’a fait ici, et comme Judas ne l’a pas
fait au moment critique à la fin. Au commencement comme à la fin, ils sortaient afin qu’il soit
manifeste qu’ils n’étaient aucun des « nôtres » — de la famille (1 Jean 2:19). Pour les enfants
de Dieu, le Saint est la source de toute joie et de toute paix ; Il est une source de répulsion
pour les incrédules, de terreur pour les démons. Les petits enfants réprouvent l’orgueil de la
simple intelligence humaine incrédule qui nie le Père et le Fils, et qui nie que Jésus soit le
Christ ; et ils périssent loin de Celui qui seul a la vie et la donne à tout croyant. Il en est ainsi
dans l’évangile comme dans l’épître.

Mais nous voyons ici aussi la très grande importance de marcher avec Lui, de s’identifier
ouvertement à Lui de cette manière devant les hommes, aussi bien que devant Dieu, et nous
voyons le danger et la ruine qu’il y a à s’écarter. La foi, si importante soit-elle, n’est pas tout :
on doit marcher avec Lui ici-bas. Peut-on trouver ailleurs les paroles de la vie éternelle ? Sans
elles, il peut y avoir la religion, la philosophie, le bien-être présent, l’honneur et la puissance.
Avec Lui sont ceux qui pensent à l’appréciation du Fils par le Père, et qui agissent pour
l’éternité.

L’apostolat même, comme le Seigneur le montre ici, ne donne pas un terrain sûr pour y
construire dessus — rien, si ce n’est Lui-même, n’est un terrain sûr. Ainsi, Son serviteur très
honoré fait savoir aux Corinthiens (trop entichés de dons) qu’il pourrait prêcher à d’autres, et
cependant, s’il ne gardait pas son corps assujetti, il serait lui-même un réprouvé (1 Cor. 9: 27).
La vie éternelle maintenant, et la résurrection au dernier jour, ne sont assurées que par le Fils
de l’homme, dans Sa vie et dans Sa mort que la foi s’approprie.

8 - Chapitre 7:1-52 — Fête des Tabernacles. Saint Esprit


8.1 - Jean 7:1-13

Le Seigneur avait ainsi exposé à l’avance Son humiliation et Sa mort et Son ascension au ciel,
mettant complètement de côté les attentes charnelles qui prévalaient alors quant à Son
royaume. Il avait même fait davantage ; Il avait enseigné la nécessité absolue de s’approprier
Lui-même, à la fois incarné et mourant, pour avoir la vie éternelle. Il avait déterminé tous les
espoirs de résurrection en les plaçant au dernier jour, — ce qui était incompréhensible pour
les Juifs, et repoussant même pour beaucoup de Ses disciples. Ils cherchaient l’honneur et la
gloire présentement par le moyen du Messie ; ils ne pouvaient supporter la mort avec Lui,
ouvrant sur la vie de résurrection et la gloire.

8.1.1 - Jean 7:1-5

« Et après ces choses, Jésus se tenait en Galilée, car il ne voulait pas se tenir en Judée, parce
que les Juifs cherchaient à le faire mourir. Or la fête des Juifs, celle des tabernacles, était
proche. Ses frères lui dirent donc : Pars d’ici et va en Judée, afin que tes disciples aussi voient
les œuvres que tu fais ; car nul ne fait quelque chose en secret et ne cherche à être lui-même

365
publiquement connu ; si tu fais ces choses, montre-toi au monde toi-même. Car ses frères ne
croyaient pas en lui non plus » (7:1-5).

Ainsi, nous voyons le Seigneur être la Vraie Lumière dans le lieu méprisé, non pas dans la
ville des [fêtes] solennelles, où l’obscurité était d’autant plus épaisse qu’on l’y suspectait le
moins ; et en Galilée, il allait ça et là dans Sa mission d’amour. Il n’attend pas que les âmes
Le cherchent ; c’est Lui qui les cherche afin qu’en croyant, elles puissent avoir la vie en Lui.
Il évite la Judée, sachant que le peuple de cette partie du pays s’identifiait à la haine
meurtrière de ses dirigeants, et cherchait à le tuer. Il ne voulait pas parcourir cette région, mais
ce n’était pas par peur, inutile de dire. Il était soumis à la volonté de Son Père en cela. Il lui
fallait achever l’œuvre qui Lui avait été donnée à faire (17:4). Comme Il le dit à certains
pharisiens qui cherchaient à Le faire partir en Lui indiquant le désir d’Hérode de Le tuer :
« Voici, je chasse des démons et j’accomplis des guérisons aujourd’hui et demain, et le
troisième jour je suis consommé [c’est-à-dire, j’atteint la fin de ma course]. Mais il faut que je
marche aujourd’hui et demain et le jour suivant, car il ne se peut qu’un prophète périsse hors
de Jérusalem » (Luc 13:32-33). Il savait parfaitement la fin dès le commencement. Il ne
craignait pas l’homme. Il monte au moment déterminé pour faire et souffrir toute la volonté
de Dieu, ainsi que tout de la part des hommes et de Satan.

La fête des tabernacles qui était proche est de nouveau un test pour l’homme, ou plutôt notre
Seigneur le teste par ce moyen. Ceux qui Lui étaient attachés par parenté naturelle, Ses frères
(*), s’impatientaient en face de Son séjour en Galilée, et de Sa séparation d’avec le centre de
la vie religieuse et des honneurs religieux. Comme la Pâque se rattachait étroitement à la
vérité du ch. précédent, ainsi aussi la fête des Tabernacles fournissait l’occasion pour ce que
le Seigneur révèle ici. Au ch. 6 le sang de l’agneau, lui-même mangé par les Israélites,
désigne Sa mort, qu’ils L’écoutent ou non. Ici, le rassemblement du peuple pour se réjouir
avait lieu après la moisson et la vendange, types des différentes formes du jugement divin à la
fin de l’ère quand Israël, en repos dans sa terre, se souviendra de ses jours anciens de
pèlerinage ; c’était par excellence une période de triomphe, qui proclamait les promesses
accomplies.

(*) « Ses frères » : il s’agissait de fils de Marie après Sa naissance. Bien sûr nous comprenons
que les catholiques se sont donnés toute peine pour établir qu’ils étaient fils de Joseph sans
être fils de Marie, mais ils étaient bien fils de Marie et de Joseph. Les catholiques voudraient
prouver qu’il s’agissait de fils d’un précédent mariage de Joseph. Or il n’y a aucune indication
qu’il y eût un précédent mariage, et les catholiques n’ont aucun commencement de preuve
dans ce sens. Ce que nous savons, c’est que l’Écriture est tout à fait claire » — Extrait des
Exposés publics (Lectures, WK) sur Jude.

Mais en était-il vraiment ainsi maintenant ? Du fait que Jésus, le Messie, était là, opérant des
œuvres telles que les Siennes, le temps était-il venu pour l’accomplissement des espérances
d’Israël ? Ses frères le pensaient, parce qu’ils en avaient envie pour eux-mêmes, bien qu’ils
missent en avant [comme prétexte] Ses disciples, et leur besoin de voir Ses œuvres, et de les
voir en Judée. Ils n’avaient aucune égards à Dieu, et pas la moindre idée que dans l’obscurité
de la Galilée, Jésus fût en train de glorifier le Père, et de manifester le nom du Père à ceux que
le Père Lui donnait (17:6). Ils trahissaient leur état, - leur ignorance de Dieu, - leur manque de

366
jugement de soi, - l’inconscience qui était la leur, non seulement de leur propre ruine, mais
aussi de celle du monde, - leur incrédulité vis-à-vis de Celui qui avait daigné naître dans leur
famille : Qui était-Il, et qu’était-Il venu faire ? - cela n’était dans aucunes de leurs pensées. Ils
raisonnaient à partir d’eux, non pas à partir de Dieu, et en conséquence ils se trompaient
d’autant plus désespérément en ce qui concerne le Seigneur. « Nul ne fait quelque chose en
secret et ne cherche à être lui-même publiquement connu ; si tu fais ces choses, montre-toi au
monde toi-même », disaient ces frères. C’est ce qu’ils auraient fait. Ils imaginaient que tout
homme sage doit rechercher la gloire présente. N’avaient-ils jamais entendu Celui qui
enseignait à Ses disciples à faire leurs aumônes, à jeûner et à prier dans le secret leur Père,
Lequel rendrait en conséquence ? S’ils l’avaient entendu, la vérité et la volonté de Dieu ne les
avaient certainement pas impressionnés. Le véritable motif de leur désir et de leurs paroles
provenait de ce que ses frères même ne croyaient pas en Lui, selon ce que l’évangéliste ajoute
solennellement. Tel est l’homme naturel, même s’il est un proche parent.

8.1.2 - Jean 7:6-8

« Jésus donc leur dit : Mon temps n’est pas encore venu, mais votre temps est toujours prêt.
Le monde ne peut pas vous haïr ; mais il me hait, parce que moi je rends témoignage de lui,
que ses œuvres sont mauvaises. Vous, montez à la fête ; moi, je ne monte pas à cette fête, car
mon temps n’est pas encore accompli » (7:6-8).

La chair ne profite en aucune manière, et l’amitié du monde est inimitié contre Dieu (Jacq.
4:4), Satan prenant avantage des deux contre l’homme aussi bien que contre Dieu. Jésus
demeure dans la dépendance parfaite (pour ne parler que de cela). Ses mouvements étaient
invariablement dans l’obéissance. En tout, il n’était question pour lui que du Père. Son œil
simple voyait que Son temps de se montrer au monde n’était pas encore là, et ne pouvait pas
l’être. La mort, comme Il l’avait laissé entendre avant même que Son ministère en Galilée ait
commencé (2:19-22), et comme elle est révélée de manière encore plus absolue en Jean 6,
intervenait avant qu’Il soit manifesté au monde. Cela aura lieu en son temps ; mais ici, comme
toujours, l’ordre est : les souffrances qui devaient être la part de Christ, puis les gloires qui
suivraient (1 Pierre 1:11). Premièrement, il devait souffrir beaucoup et être rejeté par cette
génération (Luc 17:25). Le temps de l’homme, au contraire, était toujours prêt. Ils parlaient
comme étant du monde, et le monde les écoutait. Ils aimaient le monde, et les choses du
monde, et l’amour du Père n’était pas en eux ; mais, ce qu’ils appréciaient davantage, c’était
d’être aimés par le monde comme lui appartenant. Quelle situation terrible pour ses frères,
mais aussi terrible que vraie ! Comment le monde pouvait-il haïr ceux qui prisaient tant ses
honneurs ? Le monde haïssait Jésus d’une haine mortelle, parce qu’Il rendait témoignage que
ses œuvres sont mauvaises, — un témoignage blessant plus que tout autre chose pour le
monde religieux, pour les hommes de Judée et de Jérusalem. Le Seigneur leur dit donc de
monter à cette fête, tandis qu’Il leur dit que Lui n’y allait pas ; Son temps n’était pas encore
accompli (7:8).

8.1.3 - Jean 7:9-13

La signification de cela est renforcée par le fait qu’Il agit d’une manière opposée à la leur,
surtout d’après ce qui est rapporté quant à la lumière de Son témoignage ultérieur lors du

367
grand jour de la fête. « Leur ayant dit ces choses, il demeura en Galilée. Mais lorsque ses
frères furent montés, alors lui aussi monta à la fête, non pas publiquement, mais comme en
secret. Les Juifs donc le cherchaient à la fête et disaient : Où est cet [homme] ? Et il y avait
une grande rumeur à son sujet parmi les foules. Les uns disaient : Il est homme de bien.
D’autres disaient : Non, mais il séduit la foule. Toutefois personne ne parlait ouvertement de
lui, par crainte des Juifs » (7:9-13).

Le ch. 7 de Jean a ce point de vue, car la vérité qui y est enseignée est basée sur le ch. 6 ; elle
suppose le Seigneur, non seulement mort, mais monté au ciel. Il y a une rupture manifeste
avec le monde ; et comme il a été démontré qu’il n’est plus possible qu’il y ait association ou
communion avec la chair, celle-ci est traitée en conséquence. En réalité cela n’avait jamais été
possible, mais maintenant la chair va son propre chemin, et le Seigneur se retire. Ses frères
montent à la fête des Tabernacles sans Lui ; Lui ne monte pas, mais reste en Galilée. C’est
seulement après leur départ que Lui monte, et alors Il ne le fait pas ouvertement comme eux le
souhaitaient, mais comme en secret, plus que jamais auparavant. Il est content d’être, si l’on
peut dire, caché : c’est un type de ce qu’Il est vraiment maintenant, et nous avec Lui, quant à
notre vie, qui est cachée en Dieu.

Cela donne lieu à des questions et des rumeurs à Son sujet parmi les foules, certains parlant
avec condescendance, d’autres avec la plus grande malveillance et le plus grand mépris ; mais
même ainsi, il n’y eut pas de discours public et franc. Les dirigeants de la Judée tenaient les
hommes par la peur.

Il devint bien vite manifeste que le Seigneur avait en vue un dessein plus profond. Il avait
refusé d’aller avec Ses frères ; Il avait affirmé que le moment approprié pour se manifester au
monde n’était pas venu. Mais Dieu avait une mission présente pour Son Fils, et Il va à
Jérusalem pour la remplir.

8.2 - Jean 7:14-36

8.2.1 - Jean 7:14-18

« Mais, comme on était déjà au milieu de la fête, Jésus monta au temple, et il enseignait. Les
Juifs donc s’étonnaient, disant : Comment celui-ci connaît-il les lettres, vu qu’il n’a point
appris ? Jésus donc leur répondit et dit : Ma doctrine n’est pas mienne, mais de celui qui m’a
envoyé. Si quelqu’un veut faire sa volonté, il connaîtra de la doctrine si elle est de Dieu, ou si
moi je parle de par moi-même. Celui qui parle de par lui-même cherche sa propre gloire ;
mais celui qui cherche la gloire de celui qui l’a envoyé, celui-là est vrai, et il n’y a point
d’injustice en lui » (7:14-18).

Il n’y avait plus de secret maintenant. Jésus enseignait dans le temple. C’était Son travail
effectif. Il allait bientôt souffrir en expiation, mais maintenant c’était le moment d’annoncer la
vérité à ceux qui vivaient dans le domaine de la loi et des ordonnances ; ceux-ci en étaient
surpris et ne pouvaient que se demander comment Il le pouvait, puisqu’Il n’avait pas appris.
Ils ne Le connaissaient pas, et ne s’élevaient pas au-dessus des ressources humaines. Jésus
était prompt et attentif à défendre son Père. L’homme est fier de ce qu’il a appris de l’homme.
Lui ne voulait pas permettre que Sa doctrine fût considérée comme la Sienne, dans le sens
qu’Il serait indépendant, ou qu’elle serait dérivée d’un enseignement humain, — ce que Ses

368
auditeurs reconnaissaient être hors de question. Elle ne venait pas de l’homme, mais de Celui
qui L’avait envoyé. Était-ce une haute prétention, facile à atteindre ? Tous ceux qui avaient un
œil simple allaient bien vite en voir la réalité. Seule la foi donne un œil simple. Les autres
spéculent et errent. Dieu guide et enseigne celui qui désire pratiquer Sa volonté, et Christ
donne l’assurance positive que celui-ci saura si la doctrine est de Dieu ou s’Il parle de Lui-
même. Combien cela est réconfortant, et la vérification en est certaine ! Le Fils faisait
connaître le Père ; et Dieu est fidèle dans ce chemin comme dans toute autre voie. Lui qui
compte chaque cheveu de nos têtes, et sans qui aucun passereau ne tombe en terre, — Lui
prend soin de Ses enfants.

Quiconque est de la vérité entend la voix de Christ. Quelles que soient leurs prétentions, tous
les autres ne sont pas de la vérité : sinon ils sauraient que Son enseignement est de Dieu.
Quand nous ne savons pas, il nous faut porter nos soupçons sur nous-mêmes, et non pas
blâmer Dieu : si nous désirons réellement faire la volonté de Dieu, nous apprendrons bientôt à
la connaître. Certes, Il ne parlait pas de Lui-même. Pourtant, parmi tous les hommes, c’est Lui
qui en avait le plus le droit. Mais s’Il est le vrai Dieu, Il est le vrai homme, et Il était venu
exalter Son Père, non pas Lui-même. Il Le servait, mais ce n’était pas pour des motifs privés.
Seigneur de tous, Il était devenu serviteur de tous, et par excellence le serviteur de Dieu. C’est
le moi qui aveugle la race, y compris les fidèles, dans la mesure où on le laisse agir. Celui qui
parle de lui-même cherche sa propre gloire ; mais Jésus ne l’a jamais fait — Il a toujours servi
pour la gloire de Celui qui L’avait envoyé. Il n’y a pas, il ne peut y avoir aucune garantie
solide de vérité là où l’on ne recherche pas la gloire de Dieu et où celle-ci n’est pas assurée.
En ceci Christ fut parfait ; et c’est ainsi qu’Il déclare ici qu’Il est vrai, et il n’y a pas
d’injustice en Lui. Comme le moi est ce qui entrave la vérité, il n’est donc juste ni pour Dieu
ni pour l’homme. Jésus est à la fois vrai et juste.

8.2.2 - Jean 7:19

En outre, quand les hommes se vantent, ils sont sûrs de se tromper, non seulement dans
d’autres domaines, mais surtout là où ils sont le plus orgueilleux. Les Juifs se glorifiaient-ils
de la loi de Moïse ? Combien était-il vain de se vanter de cette loi qu’aucun d’eux ne
pratiquait ! Pourtant, c’est ce qu’ils faisaient ici dans le moment où le Seigneur pesait sur
leurs consciences. Ils raisonnaient, mais comment marchaient-ils ? « Moïse ne vous a-t-il pas
donné la loi ? Et nul d’entre vous n’observe la loi. Pourquoi cherchez-vous à me faire
mourir ? » (7:19). Jésus est toujours la pierre de touche. On aurait pu ne jamais avoir appris
leur méchanceté meurtrière, si Lui n’avait pas apporté Dieu de près et ne les avait pas
convaincus de péché. C’est ce qu’ils ne pouvaient supporter, et qui les faisait chercher à se
débarrasser de Lui, dans leur zèle pour la loi qu’ils violaient entièrement ; et dans leur sombre
esprit de rébellion, ils rejetaient Celui qui avait donné cette loi par Moïse. Mais est-ce
maintenant si rare de se glorifier dans la loi et de haïr la vérité ?

8.2.3 - Jean 7:20-24

Pourtant, le peuple en général n’était pas conscient à quel point la haine poussait les chefs, et
il ne soupçonnait pas leur désir de la mort de Jésus. « La foule répondit et dit : Tu as un
démon ; qui cherche à te faire mourir ? Jésus répondit et leur dit : J’ai fait une œuvre, et vous

369
vous étonnez tous. Moïse vous a donné la circoncision (non qu’elle soit de Moïse, mais elle
est des pères), et vous circoncisez un homme en un jour de sabbat. Si un homme reçoit la
circoncision en un jour de sabbat, afin que la loi de Moïse ne soit pas violée, êtes-vous irrités
contre moi de ce que j’ai guéri un homme tout entier en un jour de sabbat ? » (7:20-23).

Dans son ignorance, la foule parlait avec un irrespect grossier et avec violence contre le
Seigneur. Celui-ci ne s’arrête pas à en faire la remarque, mais Il attire l’attention sur
l’absurdité à la fois de leur motif de dispute, et de leur étonnement à l’égard de l’une de Ses
œuvres, la guérison de l’infirme de Béthesda un jour de sabbat. Pourtant, il était courant de
circoncire un enfant mâle le huitième jour même si c’était jour de sabbat, et ceci par égard à la
loi de Moïse, bien qu’en fait, la circoncision fût plutôt des pères. Le Seigneur termine Ses
reproches par une exhortation qui touche à la racine de leurs chicanes. « Ne jugez pas sur
l’apparence, mais portez un jugement juste » (7:24). Ils n’avaient pas introduit Dieu, et
avaient tort par conséquent, non pas de manière superficielle seulement, mais absolument sur
le fond. Si les leçons du texte original (comme dans le texte de Tischendorf) sont κρίνετε…
κρίνατε, le premier [« ne jugez pas »] met en garde contre la mauvaise habitude en général, le
second [« portez un jugement »] insiste sur le jugement juste qu’ils devaient suivre dans le cas
présent. Il est clair qu’on a besoin de direction divine, si l’on ne veut pas juger selon
l’apparence ; mais c’est ce que Dieu est tellement disposé à accorder à Ses enfants, — non pas
de l’enseignement seulement, mais des directions et du jugement. Sachant tout, Il sait aussi
comment communiquer ce qui est nécessaire aux Siens.

8.2.4 - Jean 7:25-29

Le franc-parler du Seigneur surprend, même si la multitude comme telle ne connaissait pas


l’hostilité des chefs du peuple. « Quelques-uns donc de ceux de Jérusalem disaient : N’est-ce
pas celui qu’ils cherchent à faire mourir ? Et voici, il parle librement, et ils ne lui disent rien :
les chefs auraient-ils vraiment reconnu que celui-ci est le Christ ? Mais nous connaissons
celui-ci, [et nous savons] d’où il est ; mais lorsque le Christ viendra, personne ne sait d’où il
est. Jésus donc criait dans le temple, enseignant et disant : Et vous me connaissez, et vous
savez d’où je suis : et je ne suis pas venu de par moi-même, mais celui qui m’a envoyé est
véritable, et vous ne le connaissez pas. Moi, je le connais, car je viens de lui, et c’est lui qui
m’a envoyé » (7:25-29).

Les hommes de Jérusalem, connaissant trop bien leurs dirigeants pour accepter d’emblée leurs
décisions, se laissent aller à l’ironie ; mais eux aussi montrent leur ignorance comme les
autres. Ils ne savaient pas d’où venait Jésus, alors qu’ils auraient dû savoir où et quand le
Messie devait naître. Ésaïe 7 et Michée 5 en disent beaucoup plus.

8.2.5 - Jean 7:30-31

Jésus leur réplique en soulignant le contraste entre, d’une part, leur connaissance présumée de
Lui et de Son origine, et d’autre part leur ignorance positive du Père qui L’avait envoyé. Il
connaissait bien sûr le Père, puisqu’Il venait de Lui et était envoyé par Lui. Et le Père n’était
pas seulement fiable, mais véritable, comme le Fils pourrait l’attester de manière absolue,
contrairement aux Juifs qui ne connaissaient pas le Père. — Cela attira contre Lui le désir

370
ouvert de L’arrêter Lui et Ses accusations. Combien l’homme se connaît peu lui-même, pas
plus qu’il ne connaît Dieu ! et c’est ce que Jésus montre : « Ils cherchaient donc à le prendre ;
et personne ne mit la main sur lui, parce que son heure n’était pas encore venue. Et beaucoup
de la foule crurent en lui, et disaient : Le Christ, quand il sera venu, fera-t-il plus de miracles
que celui-ci n’en a fait ? » (7:30-31).

Ceux qui rejetaient le Seigneur volontairement et à cause de leur tradition, étaient d’autant
plus exaspérés par la vérité ; mais ils étaient impuissants jusqu’à ce que Son heure fût venue.
Dieu demeure Dieu, malgré l’homme et Satan. Son propos demeure, malgré ce que les
ennemis trahissent et commettent ; mais même au pire de ce qu’ils font, ils ne font
qu’accomplir les Écritures qu’ils nient, et la volonté de Dieu qu’ils détestent. Un autre effet
apparaît aussi : « beaucoup de la foule crurent en Lui ». La vérité pouvait ne pas pénétrer la
conscience, et le résultat pouvait n’être qu’humain, mais au moins on sentait et reconnaissait
qu’il n’y avait pas à attendre davantage de miracles de la part du Messie. Pourtant, dans le
chemin vers Dieu, tout est vain sauf Christ et la foi qui Le reçoit de la part du Père qui L’a
envoyé.

8.2.6 - Jean 7:32-34

Les chefs religieux sont perturbés par la moindre impression faite sur la multitude, petite ou
grande, et ils montrent leur peur, ainsi que leur inimitié. Ils n’aiment pas la vérité qu’ils ne
possèdent pas, et seraient contents de se débarrasser de Celui qui la disait ouvertement. « Les
pharisiens entendirent la foule murmurant ces choses de lui ; et les pharisiens et les principaux
sacrificateurs envoyèrent des huissiers pour le prendre. Jésus donc dit : Je suis encore pour un
peu de temps avec vous, et je m’en vais à celui qui m’a envoyé. Vous me chercherez, et vous
ne me trouverez pas ; et là où moi je serai, vous, vous ne pouvez venir » (7:32-34).

Le Seigneur parle avec un calme solennel. Tous les efforts pour Le saisir seraient vains
jusqu’au moment déterminé ; ils n’avaient donc pas besoin de se presser. Il ne Lui restait
qu’un peu de temps pour être avec eux, puis Il allait à Son Père. Il en est toujours ainsi dans
cet évangile. Il n’est pas seulement question du rejet par les hommes et du mépris de la part
des Juifs, bien que les deux fussent vrais et largement exposés par les évangiles synoptiques ;
mais l’Esprit nous montre ici quelqu’un pleinement conscient de là où Il allait, et parlant de
cette manière à tous, afin que, si ce fût quand même possible par grâce, certains croient et
voient la gloire de Dieu en Lui. Bientôt l’incrédulité Le chercherait et ne Le trouverait pas.
Qu’est-ce que le monde connaît du Père ? Pour lui, le ciel est plus aride que la terre. « Là où
moi je serai, vous, vous ne pouvez venir », et ils ne le voudraient pas, s’ils le pouvaient. Rien
n’est plus répugnant pour un pécheur que la lumière, la présence et la gloire de Dieu.

8.2.7 - Jean 7:35-36

« Les Juifs donc dirent entre eux : Où celui-ci va-t-il aller que nous ne le trouverons pas ? Va-
t-il aller à la dispersion [au milieu] des Grecs, et enseigner les Grecs ? Quelle est cette parole
qu’il a dite : Vous me chercherez, et vous ne me trouverez pas ; et là où moi je serai, vous,
vous ne pouvez venir ? » (7:35-36).

371
Ils étaient bien aveugles, et il n’y a pas de ténèbres aussi épaisses que celles de l’incrédulité.
Mais il est frappant de voir que ce que l’orgueil incrédule des Juifs jugeait incroyable, c’est ce
que Dieu a rendu vrai en Christ exalté à Sa droite. Qu’Il soit monté en-haut, cela est tout aussi
certain que le fait d’être venu prêcher la paix aux nations qui étaient loin et la paix à ceux qui
étaient près (les Juifs), donnant à tous les deux accès au Père par un seul Esprit (Éph. 2:17-
18). Les dispersés parmi les Grecs (*) sont ceux que Pierre montre avoir trouvé en Lui l’objet
de leur foi (1 Pierre 1:8-9), croyant en Jésus dans la maison du Père, comme ils croyaient en
Dieu (Jean 14:3) ; et Paul, tout aussi clairement, montre qu’il enseigne les Grecs. Pour ceux
qui sont appelés, tant Juifs que Grecs, Christ est la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu —
Christ crucifié, que les autres tiennent pour un scandale ou une folie (1 Cor. 1:23-24). Mais il
est néanmoins le Seigneur de gloire, qu’aucun des princes de ce siècle n’a connu : s’ils
L’avaient connu, ils ne L’auraient pas crucifié (1 Cor. 2:8). Et c’est ainsi que l’Écriture a été
vérifiée, que l’homme a été humilié, et que Dieu a été glorifié ; de même que ceux qui
habitaient à Jérusalem et leurs chefs, ne connaissant ni Lui, ni la voix des prophètes qui
étaient lus chaque sabbat, accomplirent ces écritures en Le jugeant (Actes 13:27). Et il a plu
maintenant à Dieu de faire connaître les richesses de la gloire de ce mystère parmi les nations,
qui est Christ parmi vous l’espérance de la gloire (Col. 1:27). Entre temps, Il est perdu pour
les Juifs qui, ne Le cherchant pas avec foi, ne peuvent ni Le trouver ni venir où il est ; car Il
est dans les cieux, et eux, abandonnés de plus en plus à des pensées terrestres, rampent après
un gain honteux.

(*) Le doyen Alford dit (le Testament grec, in loco) que la diaspora ne doit pas être
interprétée comme désignant « les Juifs Hellénistes », car les Héllénistes sont toujours
distingués des Juifs ; et cela n’aurait guère de sens. Le sens de diaspora (épîtres de Jacques et
de 1 Pierre) est « le pays où les Juifs étaient dispersés ». — Cela semble une mystification
singulière du grec qui est clair. Le sens est incontestablement « les Juifs dispersés parmi les
Grecs, en tant que représentants des nations en général ». Le pays n’est pas précisé.

8.3 - Jean 7:37-52

8.3.1 - Jean 7:37-39

Mais le Témoin Fidèle parle : « Et en la dernière journée, la grande journée de la fête, Jésus se
tint là et cria, disant : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive. Celui qui croit en
moi, selon ce qu’a dit l’écriture, des fleuves d’eau vive couleront de son ventre. Or il disait
cela de l’Esprit qu’allaient recevoir ceux qui croyaient en lui ; car l’Esprit n’était pas encore,
parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié » (7:37-39).

8.3.1.1 - Comparaison avec Jean 4

Ce n’est pas la nouvelle naissance, mais le Saint Esprit en puissance de témoignage, plutôt
que d’adoration. Cela se distingue ainsi non pas simplement de Jean 3, mais aussi de Jean 4,
même si l’Esprit est donné en même temps pour être une fontaine d’eau vive jaillissant en vie
éternelle dans le croyant, et pour être des fleuves d’eau vive s’écoulant au-dehors, et que cela

372
suppose que l’âme est déjà née de nouveau. Cependant, ce n’est pas ici la communion avec le
Père et le Fils dans l’énergie de l’Esprit qui monte en adoration, mais le même Esprit qui, à
partir des affections intimes du croyant, s’écoule au-dehors pour rafraîchir abondamment ceux
qui sont fatigués et desséchés dans le désert. Les deux images sont étonnamment vraies, mais
différentes, bien que ce soit le même individu qui en jouisse. Les deux sont la puissance et le
privilège caractéristiques du chrétien, non seulement la vie divine, mais cette vie dans la
puissance de l’Esprit remontant à sa source en louange, ou bien s’écoulant effectivement au-
dehors en témoignage à Christ dans une terre sèche et assoiffée. Ici c’est l’Homme glorifié qui
est l’objet considéré, tandis qu’au chapitre 4 le Fils de Dieu est le donateur.

8.3.1.2 - Ceux qui ont soif

Même ainsi il y a une mise en garde très soigneuse contre le danger de venir au Seigneur
simplement pour de l’enseignement comme un érudit, ou pour du terre-à-terre en tant que
professeur : dans les choses divines, ces deux attitudes sont dangereuses pour l’âme. « Si
quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive » (7:37). C’est le cœur rencontré dans son
propre besoin, — non pas des gens invités à puiser pour les autres, mais à boire pour eux-
mêmes ; et c’est là la manière d’apprendre sûrement et mieux, de façon à instruire aussi les
autres. « Des fleuves d’eau vive couleront de son ventre » (7:38). Tel est le témoignage
général des écritures de l’Ancien Testament, mais le Seigneur insiste ainsi plus nettement. Or
ceci ne fait pas suite seulement à la venue de Jésus, mais à Sa glorification fondée sur Son
œuvre. Ce n’est qu’alors que les fleuves pourraient découler ainsi abondamment des « parties
intérieures », la vérité y étant déjà, et Dieu, de Son côté, étant parfaitement glorifié dans la
croix. Le Saint Esprit pourrait agir librement et en puissance, sur la ruine reconnue du premier
homme, à la gloire de Celui qui est à la droite de Dieu, et dans ceux qui sont à Lui pour un
peu de temps dans une terre aride et desséchée, dépourvue d’eau par ailleurs. Mais maintenant
l’eau est donnée, à la louange de Celui que l’Esprit est ici-bas pour glorifier, non pas
seulement la fontaine pour rafraîchir à l’intérieur (ch. 4), mais des fleuves pour s’écouler au-
dehors. Les Israélites ne se sont jamais élevés à ce niveau, même en figure. Ils burent l’eau du
rocher frappé ; et après, lorsque la verge du pouvoir sacerdotal eut bourgeonné, il n’y avait
qu’à parler au rocher pour fournir l’eau en abondance. Mais aucun Israélite, pas même un
Moïse ni un Aaron, ne pouvait être un canal pour de l’eau vive, comme tout croyant l’est
maintenant ; et ceci est donné, répétons-le, non pas en récompense aux chrétiens, mais
seulement en témoignage du délice de Dieu en Christ et de Son appréciation de l’œuvre de
Christ, dans laquelle comme Il est, Lui, ainsi nous sommes nous aussi dans ce monde (1 Jean
4:17).

8.3.1.3 - La fête des Tabernacles et le témoignage à Christ glorifié

La fête et le jour de ces paroles du Seigneur sont notés, et la signification en est profonde. Ce
n’était pas la Pentecôte, comme on l’aurait pensé naturellement au vu du don de l’Esprit, mais
c’était la fête des Tabernacles. En effet, si la fête des semaines a toujours été l’époque des
actes et discours de notre Seigneur dans le quatrième évangile, cette fête est ici soigneusement
gardée hors de vue ; et ceci parce qu’elle relève de la sphère de Paul, plutôt que de Jean, dont
la vérité caractéristique est la révélation de Dieu et du Père dans l’homme Jésus Christ sur la
terre, non pas la Tête du corps en haut. Ce n’est donc pas l’Esprit baptisant en un seul corps

373
dont il s’agit ici, mais la puissance de témoignage, et ce à partir de la jouissance la plus intime
de l’âme, par cet Esprit qui provient de Jésus glorifié.

Nous ne sommes pas encore au ciel, mais nous traversons le désert. Le jour de gloire n’est pas
venu ; mais Celui qui est mort en expiation est dans la gloire, et de là Il envoie l’Esprit sur
nous ici-bas afin que nous soyons en association divine avec Lui là-haut. Qu’est-ce qui
pourrait donner une telle force au témoignage ? Il y a plus que la plus brillante espérance ; car
l’Esprit est un lien présent avec Celui qui est en haut ; cependant il y a toute la puissance
d’espérance nous portant en-avant et au-dessus des circonstances environnantes. Car la gloire
elle-même n’apparaît pas encore, bien que Celui qui l’introduira y soit déjà (Il en est le centre)
et dans sa plus haute sphère. Son heure viendra de se montrer au monde. Entre temps, nous
sommes dans le secret de Son exaltation et nous attendons Sa manifestation — tandis que
nous avons le Saint Esprit envoyé par Lui depuis cette gloire qu’Il nous donne à connaître, ce
qui fait d’autant plus ressentir le triste désert que nous traversons. Celui-ci n’est pas notre lieu
de repos ; il est pollué ; et nous n’avons pas ici de cité permanente, mais nous recherchons
celle à venir (Héb. 13:14). Or nous n’attendons pas la justice ni l’Esprit de gloire, mais, par
l’Esprit sur le principe de la foi, nous attendons l’espérance de la justice (Gal. 5:5 — c’est à
dire la gloire de Dieu). Et Celui qui n’est pas seulement dans la gloire, le Chef et l’Héritier de
toutes choses, mais qui viendra bientôt pour nous amener à être comme Lui-même là-bas, Lui
nous donne l’Esprit comme des fleuves d’eau vive pour nous remplir intérieurement et pour
s’écouler au-dehors, laissant le désert toujours aussi desséché.

8.3.1.4 - … de son ventre

Je ne connais pas d’expression plus forte de l’intimité de l’habitation de l’Esprit en nous, en


contraste avec Son travail d’autrefois, même si c’était par des saints. Mais ici, il est supposé y
avoir une imbrication profonde avec les affections et pensées de l’homme intérieur qui est
éminemment caractéristique de la possession de l’Esprit par le chrétien, et d’autant plus
remarquable que c’est en vue d’une riche effusion du témoignage rendu à Christ en haut.
C’est pourquoi il ne pouvait y avoir un pareil privilège avant que Jésus ne soit glorifié, à la
suite de ce que Lui ait glorifié Dieu moralement par la mort de la croix (13:31-32).

8.3.1.5 - L’Esprit n’était pas encore

La phraséologie du v. 39 [« l’Esprit n’était pas encore parce Jésus n’avait pas encore été
glorifié »], bien qu’étrange au premier abord, est strictement exacte et appropriée. L’Esprit est
sans aucun doute une personne, mais Il est vu ici comme le fait caractéristique d’un état
n’existant pas encore. C’est pourquoi il y a πνευμα (esprit) sans article. Encore une fois, il y a
ήν (était), et non pas έγένετο (existait). Il n’a jamais commencé à exister, car Son être était
(est) divin et éternel. Mais ce n’était pas encore un fait pour l’homme sur terre. À la
Pentecôte, Il a été envoyé du ciel. Comparez Actes 19, où la question était : « Avez-vous reçu
l’Esprit Saint après avoir cru ? » Et la réponse est : « Mais nous n’avons même pas ouï dire si
l’Esprit Saint est ». Le sens ne se rapporte pas du tout à l’existence de l’Esprit, mais à Son
baptême, dont Jean le baptiseur avait d’avance rendu témoignage à Ses disciples.

374
8.3.1.6 - La chrétienté infidèle à cette caractéristique du christianisme

Nous avons eu alors, la déclaration anticipative du Seigneur de la puissance de l’Esprit que le


croyant allait recevoir, et qu’il a reçu effectivement à la Pentecôte et qu’il reçoit désormais :
non pas la vivification de l’incrédule, ni encore la puissance s’élevant en adoration, mais
l’effusion abondante en témoignage depuis l’homme intérieur, les deux étant éminemment
caractéristiques du christianisme. Qu’il est douloureux que la chrétienté, maintenant et depuis
des siècles, se montre incrédule et hostile ! Mais il en est ainsi pour que l’avertissement de
Dieu soit vérifié dans le moindre trait de plume. Entre les mains de l’homme, chaque
dispensation rend manifeste par-dessus tout l’infidélité à ses propres privilèges spéciaux et à
sa responsabilité spéciale. Ainsi Israël, non seulement s’est rebellé contre la loi, mais a
renoncé à l’Éternel au profit de vanités païennes, — ceux qui revinrent de captivité allant
même jusqu’à rejeter leur propre Messie. L’Esprit est-Il maintenant envoyé d’en haut et est-il
présent depuis Jésus a été glorifié ? La chrétienté, depuis les temps apostoliques, a couru
avidement après la loi et des formes, rétablissant ainsi le premier homme, reniant la croix sur
la terre, et le Second Homme dans le ciel sur le point de revenir. Il n’y a pas de vérité à
laquelle elle s’oppose si expressément que celle à laquelle elle est par-dessus tout appelée à
témoigner en paroles et en actes.

8.3.2 - Jean 7:40-44

Les paroles de notre Seigneur firent une certaine impression, mais tout est en vain si la
conscience n’est pas atteinte devant Dieu. « Des gens de la foule donc, ayant entendu cette
parole, disaient : Celui-ci est véritablement le prophète. D’autres disaient : Celui-ci est le
Christ. D’autres disaient : Le Christ vient-il donc de Galilée ? L’écriture n’a-t-elle pas dit que
le Christ vient de la semence de David et de la bourgade de Bethléhem, où était David ? Il y
eut donc de la division dans la foule à cause de lui. Et quelques-uns d’entre eux voulaient le
prendre ; mais personne ne mit les mains sur lui » (7:40-44).

Les hommes n’unissent pas seulement ce que Dieu sépare, mais séparent ce que Dieu unit.
Certains L’appelaient le prophète, d’autres le Christ, comme nous l’avons vu depuis le début
de cet évangile : cette distinction prévalait alors, mais n’est pas fondée. Les objections dues à
un manque de connaissance révèlent une ignorance que l’enquête la plus élémentaire aurait pu
dissiper. Quand il y a la foi, il peut y avoir aussi, et il y a souvent, un manque de lumière ;
mais, malgré les obstacles, la foi s’accroche à ce qu’elle discerne être de Dieu, au lieu
d’achopper à cause d’une difficulté qu’une connaissance plus approfondie aurait montré être
inexistante. Bartimée, quand il entendit que Jésus de Nazareth était tout près, ne manqua pas
de crier : « Fils de David, aie pitié de moi » ; et sa foi récolta la bénédiction immédiatement.
Le fait qu’il était le prophète méprisé de Galilée, n’empêchait nullement qu’Il fût le Messie de
Bethléhem, issu de la lignée de David. Mais l’incrédulité est aveugle à Sa gloire ; et elle ne
voit qu’une occasion de division dans le seul centre d’union. Pourtant, quelle que fût
l’hostilité des hommes, ils ne purent pas Le prendre jusqu’à ce que l’heure fût venue pour
Dieu d’accomplir la réconciliation par Sa croix, ce à quoi ils ne pensaient guère.

8.3.3 - Jean 7:45-49

375
Il y avait cependant chez les chefs religieux des traits plus sombres que dans la foule ; c’est ce
que l’Esprit place ensuite devant nous. « Les huissiers donc s’en vinrent vers les principaux
sacrificateurs et les pharisiens ; et ceux-ci leur dirent : Pourquoi ne l’avez-vous pas amené ?
Les huissiers répondirent : Jamais homme ne parla comme cet homme. Les pharisiens donc
leur répondirent : Et vous aussi, êtes-vous séduits ? Aucun d’entre les chefs ou d’entre les
pharisiens, a-t-il cru en lui ? Mais cette foule qui ne connaît pas la loi est maudite » (7:45-49).

Ici la conscience des huissiers répondit aux paroles du Seigneur d’une manière qui faisait au
moins jaillir devant leurs maîtres une confession involontaire de la puissance avec laquelle Il
parlait. Ce n’était pas comme les scribes. Mais les pharisiens, avec une dureté inflexible,
ripostèrent en accusant leur faiblesse, les mettant au défi de produire un seul des chefs ou des
pharisiens qui auraient cru, et faisant ressortir le mépris qu’ils avaient pour la masse de leurs
compatriotes. En même temps qu’ils se glorifiaient de la loi, ils la transgressaient, et bien pire,
ils déshonoraient Dieu. Mais Dieu met en avant parmi eux un témoin inattendu, quoique
faible ; non seulement il était pharisien, mais c’était un chef.

8.3.4 - Jean 7:50-52

« Nicodème, qui était l’un d’entre eux, leur dit : Notre loi juge-t-elle l’homme avant de l’avoir
entendu et d’avoir connu ce qu’il fait ? Ils répondirent et lui dirent : Et toi, es-tu aussi de
Galilée ? Enquiers-toi, et vois qu’un prophète n’est pas suscité de Galilée » (7:50-52).

Incapable de résister aux justes exigences de leur propre loi, ils démontrent, par leur mépris
hautain, que leur insoumission avait une racine plus profonde ; ce n’était plus le mépris de la
populace ignorante, mais celui d’un de leurs chefs, et non des moindres. Comme d’habitude,
ils manifestent que les hommes ne sont jamais aussi sûrs de se tromper que lorsqu’ils sont les
plus confiants dans un bras de chair. En effet, c’est la fatalité des tenants de la tradition d’être
toujours égarés, aussi bien dans le judaïsme que dans la chrétienté. L’Écriture seule est fiable ;
et ceux qui professent être gouvernés par l’Écriture interprétée par la tradition, se révèlent être
comme tous ceux qui servent deux maîtres : ils s’accrochent à la tradition et à son incertitude,
et méprisent l’Écriture malgré son autorité divine, étant aveuglés vis-à-vis de leur propre état
de manière vraiment pitoyable, mais non moins condamnable. Ainsi Eusèbe de C., loin d’être
le moins capable ou le plus superstitieux des pères de l’église, fait les erreurs les plus
grossières quand il rapporte des faits ecclésiastiques des Actes des Apôtres, ou d’ailleurs.

Ainsi ici les pharisiens admettent qu’aucun prophète n’est suscité de Galilée. Ils se trompaient
de toutes les manières possibles. Étaient-ils prophètes pour parler pour Dieu en ce temps-là ?
N’avaient-ils jamais entendu parler de Jonas ou de Nahum ? Le plus grand des prophètes
jamais suscité (mais il n’a laissé aucun écrit) et qui doit de nouveau se lever — le mystérieux
Thishbite — était de Galaad, une contrée, située à l’est du Jourdain, encore plus éloignée que
la Galilée du siège de l’orgueil religieux. Mais la vérité est, que Celui que leur âme abhorrait,
que les pauvres du troupeau attendaient, était sorti de Bethléem Éphrata ; Il était Celui dont
les origines ont été d’ancienneté, dès les jours d’éternité (Michée 5:2). Ils étaient
profondément ignorants de Lui, bien que la loi et les prophètes aient partout témoigné de Lui ;
mais la colonne de nuée qui L’entourait ne donnait aucune lumière aux hommes orgueilleux
de Jérusalem. Leurs ténèbres n’ont pas compris la vraie lumière (1:5).

376
9 - Chapitre 7:53 et chapitre 8
9.1 - Jean 7-53 à 8:11

9.1.1 - Qualité médiocre des textes originaux pour ce passage

Nous sommes maintenant arrivés à une section de notre évangile pour laquelle la condition
extérieure des manuscrits fournit à celui qui réfléchit une preuve solennelle de l’incrédulité
humaine, — autant effrontée que d’habitude elle est hésitante. Aucun évangéliste n’a autant
souffert sur ce plan, pas même Marc, dont la fin disparaît de deux des plus anciens
manuscrits. Nous avons déjà vu que la visite de l’ange pour agiter les eaux de Béthesda était
malvenue pour de nombreux copistes de Jean 5, et ici de nouveau, l’incrédulité a indisposé
certains à reproduire l’histoire de la femme adultère. Ceci est évident pour certaines copies
(comme L et Δ), qui laissent un blanc — ce qui serait tout à fait inexplicable sauf de la part
d’un scribe connaissant l’existence d’un certain paragraphe, mais estimant qu’il méritait
d’être omis pour des raisons qui lui était propre. D’autres encore, comme les cursives 1, 19,
20, 129, 135, 207, 215, 301, 347, 478, etc., ont déplacé ce paragraphe pour le renvoyer à la fin
de l’évangile (ou après Jean 7:36 dans le cas de la cursive 225), ou même dans un autre
évangéliste, comme 13, 69, 124, 346 et 556, alors que ce texte est, par son ton, étranger
partout ailleurs que dans Jean, et dans Jean sa place ne convient qu’ici, conformément à la
masse des autorités. Plusieurs manuscrits l’omettent tout simplement (aleph, A, B, C, T, X,
avec de nombreuses cursives et versions anciennes) ; il figure dans D, F (défectueux), G, H,
K, U, Γ (défectueux), plus de 330 cursives, et de nombreuses versions. Il est distingué par un
astérisque, ou obelus, dans E, M, S, Λ, Π, etc. Les variations des copies qui le donnent sont
considérables. Ce bref aperçu peut suffire pour le lecteur en général, et est plus que suffisant
pour prouver la particularité extérieure de ce texte.

En ce qui concerne les preuves internes, certains ont allégué à l’encontre de ce passage un
style entièrement différent de celui du reste de l’évangile — et ce, non seulement quant à des
mots et des expressions que Jean n’utilise jamais ailleurs, mais dans l’ensemble des tournures
et des caractères ; il y aurait plutôt ressemblance avec les évangiles synoptiques, dit-on.

Tout ceci, cependant, ne parvient pas à porter atteinte au poids positif de la vérité dans ce
passage ; et il est tout à fait impossible d’expliquer par une falsification ou une tradition à quel
point ce passage convient à cet endroit précis de l’évangile. Le Seigneur manifeste la vraie
lumière dans Sa Personne, par contraste avec les autres qui se glorifiaient dans la loi. Nous
avons vu leur discussion dépourvue de conscience dans le chapitre précédent.

9.1.2 - Jean 7-53 à 8:2

« Et chacun s’en alla dans sa maison. Et Jésus s’en alla à la montagne des Oliviers » (7:53 à
8:1). Le Fils de Dieu se retire loin de l’incertitude de l’homme et de son mépris, pour jouir de
la communion du Père. Puis Il retourne au service. « Et au point du jour il vint encore au
temple, et tout le peuple vint à lui ; et s’étant assis, il les enseignait » (8:2). L’habitude du
Seigneur à cet égard, rapportée par Luc (Luc 21:37-38 ; 22:39), est une raison étrange pour
discréditer la mention que fait Jean de ce fait particulier. Il n’apparaît non plus aucune raison

377
valable pour mettre en doute que ce ne fût pas simplement « la foule » (όχλος), mais « le
peuple » au sens large (λαός), qui affluait ici vers l’enseignement du Seigneur dans le temple.

9.1.3 - Jean 8:3-6

« Et les scribes et les pharisiens lui amènent une femme surprise en adultère ; et l’ayant placée
devant lui, ils lui disent : Maître, cette femme a été surprise sur le fait même, commettant
adultère. Or, dans la loi, Moïse nous a commandé de lapider de telles femmes : toi donc, que
dis-tu ? Or ils disaient cela pour l’éprouver, afin qu’ils eussent de quoi l’accuser. Mais Jésus,
s’étant baissé, écrivait avec le doigt sur la terre » (8:3-6).

Tel est l’homme à son meilleur niveau quand il voit et entend Jésus, mais refuse la grâce et la
vérité qui vinrent par Lui. Ce n’était pas des ignorants, mais des érudits vis-à-vis de
l’Écriture ; ce n’était pas la foule qui ne connaissait pas la loi, mais ils possédaient la plus
haute réputation en matière de religion. En outre il n’y avait aucun doute quant à la culpabilité
et à la dégradation de la femme. On ne voit pas pourquoi ils n’avaient amené qu’elle, et non
pas son amant. Elle, ils l’avaient amenée non seulement pour mettre le Seigneur dans
l’embarras, mais dans l’espoir de trouver de quoi L’accuser. Cela leur semblait être un
dilemme sans échappatoire. Moïse, disaient-ils, commandait aux Juifs de lapider de pareilles
femmes. Qu’en disait Jésus ? S’Il confirmait seulement le décret de la loi, où était la grâce
tellement vantée ? S’Il laissait aller la femme, ne se mettait-Il pas en opposition évidente non
seulement avec Moïse, mais avec l’Éternel ? Quelle iniquité profonde que la leur ! Pas
d’horreur du péché, même le plus noir, mais une perversion dépourvue de sentiments vis-à-vis
de la femme adultère exposée de manière à piéger le Saint de Dieu.

Mais si le Seigneur écrivait sur le sol, ce n’était en aucune manière comme s’Il ne les
entendait pas. C’était plutôt pour leur donner le temps de peser leur question coupable et leur
motif encore plus coupable, tandis que leur espoir de Le piéger les trahissait de plus en plus,
les poussant à se compromettre davantage comme Il se baissait jusqu’au sol.

9.1.4 - Jean 8:7-9

« Et comme ils continuaient à l’interroger, s’étant relevé, il leur dit : Que celui de vous qui est
sans péché, jette le premier la pierre contre elle. Et s’étant encore baissé, il écrivait sur la
terre. Et eux, l’ayant entendu, (*) sortirent un à un, en commençant depuis les plus anciens
jusqu’aux derniers ; et Jésus fut laissé seul avec la femme devant lui » (8:7-9).

(*) La portion de phrase traduite par « et étant convaincus par leur conscience » qui figure
dans le Texte Reçu est supportée par EGHKS, etc., mais elle est omise par de meilleures
autorités.

378
Le Seigneur se montrait, ainsi, être Lui-même la vraie lumière qui éclaire tout homme.
Occupés par la loi qui condamne la femme adultère et, essayant surtout de condamner le
Seigneur Lui-même, leurs ténèbres sont mises à nu par ces quelques mots solennels. Dieu
juge le péché, non pas les péchés grossiers, mais tout péché, quel qu’il soit ; et le Juge des
vivants et des morts était Celui qui les sondait jusque dans leurs tréfonds. Il n’était plus
question de la loi pour aucun d’eux maintenant : ils reculent décontenancés par la lumière,
même si Jésus se baissait de nouveau pour écrire sur le sol. Assurément, Il avait entendu leurs
questions, et discerné leur but inique, si voilé soit-il ; et maintenant ils L’entendaient, et se
faisaient tout petits devant Ses paroles cinglantes de lumière. Condamnés par leurs
consciences, mais nullement repentants, ils cherchaient la fuite, honteux de voir la face de
Celui qui s’était de nouveau baissé, et qui leur donnait donc le temps de se retirer s’ils
refusaient de s’incliner avec un esprit brisé et une confession sincère.

Cependant ce n’est pas cela que le passage cherche à illustrer, mais plutôt la suprématie de la
lumière divine en Jésus, toujours si humble, même en présence des plus orgueilleux. Ils
partirent un par un, en commençant par les plus âgés jusqu’aux derniers, c’est-à-dire en
commençant par ceux qui redoutaient le plus d’être exposés ; les plus jeunes ne pouvaient pas
davantage le supporter, mais ils sentaient moins la honte devant leurs semblables que devant
Jésus qui avait éveillé ce sentiment. Quel terrible contraste avec le psalmiste d’Israël qui,
malgré ses péchés, a pu dire par grâce : « Tu es mon asile ! » (Ps. 32:7) un asile en Dieu, non
pas loin de Lui, alors qu’il avait devant lui Celui qui pouvait et voulait couvrir toutes ses
iniquités, et ne rien lui imputer. En effet, notre effort de couvrir nos péchés, ou d’échapper à
Sa présence, est vain. Mais l’incrédulité se fie à elle-même, et non pas à Lui, et elle trahit sa
volonté de s’éloigner de Sa lumière, autant que possible pour un peu de temps, jusqu’à ce que
le jugement vienne. Mais qu’en sera-t-il alors ? Ce sera à eux de se baisser dans la honte et le
mépris éternel, quand ils ne pourront échapper même pas pour un instant, et que tout sera fixé
pour toujours.

9.1.5 - Jean 8:10-11

Jésus fut alors laissé seul, au moins en ce qui concerne les scribes et pharisiens tentateurs,
avec la femme au milieu, car il semble que « tout le peuple » soit resté à l’entour ; et il
s’adresse à eux dans le discours suivant qui semble être fondé sur l’incident précédent,
comme lui en ayant donné l’occasion (voir le v. 12 et suivants). « Et Jésus, s’étant relevé et ne
voyant personne que la femme, lui dit : Femme, où sont-ils, ceux-là, tes accusateurs ? Nul ne
t’a-t-il condamnée ? Et elle dit : Nul, Seigneur. Et Jésus lui dit : Moi non plus, je ne te
condamne pas ; va, - dorénavant ne pèche plus » (8:10-11). C’est l’erreur d’Augustin, et
d’autres des temps modernes comme anciens, d’estimer que nous avons ici « misera » en
présence de « Misericordia » (la misère en présence de la miséricorde), ce qui est beaucoup
plus vrai de la scène de la fin de Luc 7.

Ici, le Seigneur agit en tant que lumière, non seulement pour détecter Ses adversaires propre-
justes et pécheurs, mais vis-à-vis de tout. Il n’était pas nécessaire qu’Il expose la femme prise
en flagrant délit de péché. C’est pourquoi l’ignorance des scribes qui mirent ce récit de côté
est aussi criante que leur impiété est sans excuse. Il n’y a pas le moindre semblant de légèreté
dans la manière dont le Seigneur a traité le mal de la femme. Le Seigneur fait simplement
ressortir le fait que ses accusateurs ont fui la lumière qui avait condamné leur conscience,
tandis que la loi avait été entièrement incapable de l’atteindre ; et comme ils ne pouvaient pas

379
condamner la femme du fait qu’ils étaient non moins pécheurs qu’elle, Lui non plus ne la
condamne pas. Ce n’était pas Son travail de traiter de causes criminelles, pas plus que civiles
(Luc 12:14). Mais s’il est vrai que par Lui vinrent la grâce et la vérité, Lui n’en est pas moins
la vraie lumière, et Il garde ce caractère ici. Comme nous n’entendons pas de repentir ni de foi
chez la femme, nous n’entendons rien de la part du Seigneur, du genre « Tes péchés sont
pardonnés », ou « Ta foi t’a sauvée », ou « Va en paix ». Il est pourtant la lumière, et ne va
pas au-delà de « Va et ne pèche plus ». Bientôt Il agira en tant que Roi, et jugera avec justice ;
selon le propre propos des scribes et pharisiens, Il parle en tant que docteur (enseignant), non
pas en tant que magistrat. Et ce qui était en cause était le péché, mais de manière très
inattendue les leurs autant que ceux de la femme, du fait qu’ils se trouvaient placés dans la
lumière de Dieu.

Ceux qui supposent que dans Sa réponse aux accusateurs ou à l’accusée, le Seigneur a réduit
le péché dont la femme était coupable à une infraction contre la pureté, — ceux-là rabaissent
complètement les paroles de notre Seigneur. Le sens de Ses propos est que tout péché est
intolérable pour Dieu, qui est lumière, et en qui il n’y a point du tout de ténèbres.

9.2 - Jean 8:12-20

Le Seigneur continue à enseigner le peuple, en faisant allusion à l’incident qui venait de se


passer, ou plutôt au caractère qu’Il avait pris pour le traiter. Rien ne saute davantage aux yeux
que la Vraie Lumière qui, alors, brillait et éclairait tout homme. C’est d’autant plus frappant
que le mot « lumière » ne se trouve pas dans cet épisode, mais le fait est parfaitement en
harmonie avec ce qui suit immédiatement.

9.2.1 - Jean 8:12

« Jésus donc leur parla encore, disant : Moi, je suis la lumière du monde ; celui qui me suit ne
marchera point dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie » (8:12). Son rejet par les
Juifs Le manifeste toujours dans un caractère encore plus grand de bénédiction et de gloire
pour les autres. Dans notre évangile, cependant, l’Esprit parle de ce qu’Il est personnellement
et indépendamment de toutes les circonstances, et au-dessus de toutes les dispensations. Il est
« la lumière du monde ». Sa gloire, Sa grâce, ne pouvaient être confinées à Israël. Il est venu
délivrer de la puissance de Satan, et donner la jouissance de Dieu et du Père. Ainsi, quelles
que soient les ténèbres dans lesquelles se trouvent les hommes — et elles étaient désormais
profondes parmi les Juifs — « celui qui me suit ne marchera point dans les ténèbres, mais il
aura la lumière de la vie ». Le chrétien n’est pas seulement appelé des ténèbres à la
merveilleuse lumière de Dieu, mais il devient lumière dans le Seigneur, enfant de lumière, et
il marche dans la lumière, étant amené à Dieu qui est lumière ; et dans la lumière, comme le
dit Jean, nous avons communion les uns avec les autres, car en lui est la vie aussi bien que la
lumière, ou, comme il est dit ici, celui qui Le suit a « la lumière de la vie ». Il a Christ, qui est
les deux.

9.2.2 - Jean 8:13-16


380
Un témoignage aussi énergique suscita l’orgueil et l’inimitié de ceux qui écoutaient. Ils ne
pouvaient que sentir qu’Il parlait d’un privilège et d’une bénédiction dont ils ne jouissaient
pas. « Les pharisiens donc lui dirent : Tu rends témoignage de toi-même ; ton témoignage
n’est pas vrai » (8:13). Ils retournent Ses propres paroles du ch. 5 v. 31 contre Lui-même,
mais très injustement. Car là Il parlait du témoignage seul et humain, tel que la vanité se
donne à elle-même ; ici Il se met à montrer qu’Il a le soutien absolument le plus élevé en Dieu
Lui-même. « Jésus répondit et leur dit : Quoique moi je rende témoignage de moi-même, mon
témoignage est vrai, car je sais d’où je suis venu et où je vais ; mais vous, vous ne savez pas
d’où je viens et où je vais » (8:14). Ils étaient totalement ignorants du Père comme du Fils. Ils
ne pensaient jamais au ciel. Le Seigneur avait la conscience constante de la vérité de Sa
Personne et de Sa mission ; et Son témoignage était inséparable de celui du Père. Comme Il le
dit ailleurs : « Moi et le Père, nous sommes un » — ce qui était tout aussi vrai dans la nature
divine que dans le témoignage rendu à l’homme. Il n’a jamais perdu un instant le sentiment
d’où Il venait et où Il allait, tandis qu’eux n’avaient aucune idée ni de l’un ni de l’autre. Ils
étaient complètement dans les ténèbres, même si la lumière était là en train de briller en Lui.
Combien Il pouvait dire alors véritablement : « Vous, vous jugez selon la chair ; moi, je ne
juge personne. Et si aussi moi, je juge, mon jugement est vrai, car je ne suis pas seul, mais
moi et le Père qui m’a envoyé » (8:15-16).

9.2.3 - Jean 8:17-18

Le moi est la source et l’objet de toute l’activité de la chair ; or les Juifs jugeaient selon la
chair. Christ apportait à la fois l’amour et la lumière dans le monde. Il ne jugeait personne ; Il
était au service de tous. C’est ce qui Le rendait intolérable pour ceux qui se complaisent en
eux-mêmes. Mais Il doit être le juge de tous. Dans Sa résurrection Dieu a donné la promesse
qu’Il doit juger le monde (Actes 17:31) ; dans Sa propre Personne, Il est Celui qui est
approprié pour le faire, étant à la fois Fils de l’homme et Fils de Dieu. « Et si aussi moi, je
juge, mon jugement est vrai, car je ne suis pas seul, mais moi et le Père qui m’a envoyé »
(8:17). C’était un principe admis que par la bouche de deux ou trois témoins toute parole est
établie. C’est ce à quoi le Seigneur fait appel ici : « Et il est écrit aussi dans votre loi, que le
témoignage de deux hommes est vrai » (8:17). Combien plus alors le témoignage du Père et
du Fils ! « Moi, je rends témoignage de moi-même ; et le Père qui m’a envoyé rend aussi
témoignage de moi » (8:18). Le Seigneur en avait déjà parlé au ch. 5, mais ils avaient écouté
pour Le mépriser et non pas pour le recevoir.

9.2.4 - Jean 8:19-20

« Ils lui dirent donc : Où est ton père ? Jésus répondit : Vous ne connaissez ni moi, ni mon
Père ; si vous m’aviez connu, vous auriez connu aussi mon Père » (8:19). Une telle ignorance
de l’unique vrai Dieu et de Jésus qu’Il a envoyé, c’est la mort, la mort éternelle ; et c’est
d’autant plus solennel que ce n’était pas dit à des païens, mais à des Juifs qui avaient les
oracles de Dieu. Ils disaient ces choses parce qu’ils ne connaissaient ni le Père ni le Fils ; et
l’heure viendrait où ils penseraient rendre service à Dieu en tuant les disciples de Christ.
Leurs faits et gestes trahissaient leur état d’aliénation totale du Père, et leur complète
ignorance du Père. Tout ce qui suivit en matière de persécution et de haine, que ce soit envers
Christ ou envers l’église, n’en était que la conséquence. « Il dit ces paroles dans le trésor,

381
enseignant dans le temple ; et personne ne le prit, parce que son heure n’était pas encore
venue » (8:20). Leur méchanceté était aussi manifeste que mortelle ; et elle était contre le Père
autant que contre le Fils.

Mais, malgré leur volonté, ils étaient impuissants jusqu’à ce que l’heure soit venue. Alors Il
serait abandonné à leur iniquité meurtrière ; alors, aussi, des conseils encore plus profonds
s’accompliraient dans le sacrifice de Lui-même. Si d’un côté Il allait être retranché et ne rien
avoir de Ses droits messianiques (Dan. 9:26) au milieu des Juifs dans le pays, d’un autre côté
il fallait qu’Il souffre pour les péchés, le Juste pour les injustes, afin d’amener à Dieu tous
ceux qui croient (1 Pierre 3:18), et afin d’être glorifié en haut, et d’avoir une épouse qui Lui
soit associée dans Sa suprématie sur toutes choses. Mais ceci nous transporterait dans
l’enseignement de l’apôtre Paul. Poursuivons la ligne donnée à Jean, où nous contemplons la
Parole faite chair, et Sa gloire divine qui brille à travers le voile de l’humiliation, spécialement
dans ce chapitre, d’abord comme lumière qui convainc de péché, puis comme lumière de vie
possédée par ceux qui Le suivent ; mais si Sa parole était rejetée, Il n’en était pas moins le
Fils qui seul peut rendre libre — oui, le JE SUIS — même si les hommes se prévalent de Son
humanité pour Le mépriser et Lui jeter des pierres et Le crucifier comme ils peuvent.

9.3 - Jean 8:21-30

Le discours suivant tourne autour de l’annonce que notre Seigneur fait de Son départ — une
vérité de la plus solennelle importance, en particulier pour Israël qui était responsable de Le
recevoir comme son Messie.

9.3.1 - Jean 8:21-24

« Il leur dit donc encore : Moi, je m’en vais, et vous me chercherez ; et vous mourrez dans
votre péché : là où moi je vais, vous, vous ne pouvez venir. Les Juifs donc disaient : Se tuera-
t-il, qu’il dise : Là où moi je vais, vous, vous ne pouvez venir ? Et il leur dit : Vous êtes d’en
bas ; moi, je suis d’en haut : vous êtes de ce monde ; moi, je ne suis pas de ce monde. Je vous
ai donc dit que vous mourrez dans vos péchés ; car si vous ne croyez pas que c’est moi, vous
mourrez dans vos péchés » (8:21-24).

Le départ de Jésus après Sa venue est le renversement du judaïsme et la condition nécessaire


du christianisme. Ne soyons donc pas surpris si notre Seigneur y revient à de multiples
reprises, ainsi qu’à ses associations et conséquences morales, et par-dessus tout, à sa portée
sur Lui-même personnellement, ce qui est toujours la pensée supérieure de notre évangéliste.
Il s’en allait, et ils Le chercheraient et mourraient dans leur péché. Ils cherchaient mal, et ne
Le trouvaient pas. Ils cherchaient un Messie qui leur permette d’assouvir leurs ambitions et
convoitises mondaines : or tel n’est pas le Messie de Dieu, lequel est maintenant trouvé par
ceux qui ne Le cherchaient pas, après qu’Il ait étendu Ses mains tout le jour vers un peuple
rebelle qui marchait dans une voie qui n’est pas bonne, après leurs propres pensées (Rom.
10:20-21 ; És. 65:1-2). Mais on ne se moque pas de Dieu, et celui qui sème pour la chair
moissonnera la corruption (Gal. 6:8) : si ce n’est pas par un jugement public, c’est néanmoins
la récompense du mal dans le sein du coupable. « Vous mourrez dans votre péché » (8:21). Ils
rejetaient Christ et s’accrochaient à leur propre volonté et à leur propre voie. Il n’y avait pas

382
de communion entre eux et Lui. « Mon âme fut ennuyée d’eux, et leur âme aussi se dégoûta
de moi » (Zach. 11:8). L’issue le rendrait encore plus apparent : « Là où moi je vais, vous,
vous ne pouvez venir ». Ils ne pouvaient Le suivre.

Le Seigneur allait au ciel, à Son Père. Leur trésor n’était pas là, et leur cœur non plus par
conséquent, tandis que les deux (le ciel et le Père) étaient Sa part. Et aussi, de même que la
grâce attire le cœur du croyant à Christ, la foi Le suit là où Il est, et Il viendra et nous y
amènera au temps voulu, afin que, là où Il est, là nous puissions être aussi (14:3).
L’incrédulité s’accroche au moi, à la terre, pour présenter les choses ; c’est ce qui en était, et
qui en est des Juifs : « Là où moi je vais, vous, vous ne pouvez venir » (8:22). Ils rejetaient le
seul qui pouvait sevrer de la terre ou rendre prêt pour le ciel, en ayant affaire avec eux dans
leur péché afin qu’ils ne meurent pas dans ce péché, mais qu’Ils vivent par Lui. Mais Lui, ils
ne voulaient pas L’avoir, et ils sont perdus, et ils le prouvaient par leur estimation
complètement fausse de Lui et d’eux-mêmes, que ce soit dans le présent ou dans le futur,
comme nous le voyons dans ce qui suit. « Les Juifs donc disaient : Se tuera-t-il, qu’il dise : Là
où moi je vais, vous, vous ne pouvez venir ? » Il n’y avait rien de trop mauvais à imputer à
Celui qu’ils haïssaient de plus en plus.

Mais Il leur révèle davantage. « Et il leur dit : Vous êtes d’en bas ; moi, je suis d’en haut :
vous êtes de ce monde ; moi, je ne suis pas de ce monde. Je vous ai donc dit que vous mourrez
dans vos péchés » (8:23-24a). Ici le Seigneur dévoile solennellement les sources des choses.
Être de ce monde maintenant, ce n’est pas simplement être de la terre, mais d’en bas. Tels
sont les Juifs qui rejettent Jésus, Lequel n’est pas de ce monde mais d’en haut. Ils mourraient
donc dans leur péché : leur nature étant mauvaise autant que leurs œuvres, et comme ils
refusaient l’unique lumière de vie, comment pourraient-ils finir autrement ? « Car si vous ne
croyez pas que c’est moi, vous mourrez dans vos péchés » (8:24b). La vérité brille pleinement
d’un Christ rejeté — non pas seulement Sa gloire personnelle, mais leur soumission à Satan,
qui les emploie pour Le déshonorer. Mais Son rejet est leur ruine éternelle. Ils meurent dans
leurs péchés, et ont comme juge Celui qu’ils ont refusé de croire pour la vie éternelle.

9.3.2 - Jean 8:25-26

« Ils lui disaient donc : Toi, qui es-tu ? Et Jésus leur dit : Absolument (*) ce qu’aussi je vous
dis » (8:25). Jésus n’est pas simplement le chemin et la vie, mais Il est la vérité. Il est, dans le
principe de Son être, ce qu’aussi Il dit. Il ne pouvait y avoir de réponse moins attendue et plus
flétrissante vis-à-vis de ce qu’ils pensaient d’eux-mêmes et de Lui. Lui seul de tous les
hommes pouvait en dire autant ; et pourtant Il était le plus humble des hommes. Son chemin
et Ses paroles étaient en parfait accord ; et tout exprimait la pensée de Dieu. Ce n’est pas
simplement qu’Il faisait ce qu’Il disait, mais Il est totalement et essentiellement ce qu’aussi Il
expose en parole. La vérité est la réalité des choses dites. Nous ne pouvons connaître Dieu
que par Lui, ni ne pouvons connaître l’homme que par Lui. Le bien et le mal sont manifestés
et détectés seulement par Lui, et Il s’identifie Lui-même à Son discours.

(*) La Version Autorisée ici est fautive, comme beaucoup d’autres anciennes et modernes. Il
est vrai que άρχήν avec ou sans article peut être utilisé en grec courant pour « en premier » ou
« précédemment ». C’est le cas dans la Septante en Genèse 13:4 et 43:18, 20, etc. ; et c’est

383
ainsi que Nonnus a compris le langage de notre évangéliste dans ce passage. Cependant dans
cette phrase remarquable, le sens du mot n’est pas le sens temporel, mais un sens à caractère
d’archétype, ou de premier principe. [Suit une discussion des traductions de Tyndale (1534),
de Cranmer (1539), de la version de Reims, de la Vulgate, du codex Vero, du codex Brix, de
la version de Genève]. — [Note Bibliquest : Carrez, le Nouveau Testament en français
courant et la TOB donnent le sens temporel rejeté par l’auteur, et par JND]

Comme le quatrième évangile emploie ostensiblement έν άρχή, άπ’ άρχής [au


commencement, dès le commencement] (et dans deux cas έξ άρχής), il y a d’autant moins de
raison de confondre la seule occurrence (8:25) de τήν άρχήν avec l’un d’eux. Le Seigneur
utilise la phrase d’une manière marquée comme réponse à la question : « Toi, qui es-tu ? »
posée par les pharisiens incrédules et méprisants. Il avait déjà déclaré être la lumière du
monde, mais qu’ils ne connaissaient ni Lui ni Son Père, et qu’ils allaient mourir dans leur
péché à cause de leur incrédulité. Il n’avait pas encore divulgué en paroles Son Être éternel
comme au v. 58, mais Il s’en rapproche progressivement à partir de l’épisode qui ouvre le
chapitre de manière si appropriée. La loi de mort dans la main de l’homme est impuissante
devant la Lumière de la Vie, qui est d’en haut, et non pas de ce monde. Il est la Parole de
Dieu. Lui, et Lui seul, quand Il était contesté, pouvait dire : « Je suis absolument [kuinoel],
entièrement, ce qu’aussi je vous dis ». Son discours exprime parfaitement qui Il est. Ce qu’Il
est essentiellement [Alford], précisément [Godet], c’est ce qu’Il dit. Ces alternatives,
suggérées par divers interprètes, diffèrent sans aucun doute en degré d’exactitude ; mais en
substance, elles s’accordent pour identifier le Seigneur avec ce qu’Il prononce, car Lui est la
vérité. Elles semblent meilleures que « originellement », qui n’est guère mieux que « au
début », ou « au commencement », et qui, bien que souvent légitime, semble tout à fait hors
de place lorsqu’on l’applique à Christ, le témoin fidèle, qui est « le même hier, aujourd’hui et
éternellement ». Lui seul pouvait dire qu’Il était entièrement ce qu’aussi Il disait. M.
McClellan a raison de soutenir que la parole du Christ révèle Son Être éternel ; mais
« originellement » ne manque-t-il pas de transmettre cette pensée ?

[L’auteur continue en discutant la traduction fournie par toute sorte d’auteurs, remontant
même au sanscrit]. « Absolument [ou, en principe] ce qu’aussi je vous dit », reflète d’une
manière juste la langue, l’ordre des mots, la grammaire, et par-dessus tout la portée du
contexte et de cette phrase en particulier. Il n’est pas nécessaire, par conséquent, de faire un
lien entre la fin du v. 25 et le début du 26, comme Bengel, Raphelius, et Wakefield le
suggèrent..

Tel était Celui que les Juifs étaient en train de rejeter. C’est là et alors qu’ils ont perdu la
vérité. Impossible d’avoir la vérité en dehors de Jésus, qui ajoute : « J’ai beaucoup de choses à
dire de vous et à juger ; mais celui qui m’a envoyé est vrai, et les choses que j’ai ouïes de lui,
moi, je les dis au monde » (8:26). Bien que Fils, Il était serviteur, et disait la vérité nécessaire
qu’il plaisait au Père de dire, non pas selon l’abondance de ce qu’Il avait à dire et à juger à
l’égard des Juifs (8:26).

9.3.3 - Jean 8:27-30

384
Il n’est possible de connaître le Père qu’en recevant le Fils ; et Lui, ils L’ont rejeté, et ont
continué jusqu’à la croix. « Ils ne connurent pas qu’il leur parlait du Père. Jésus donc leur dit :
Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous connaîtrez que c’est moi, et que je ne
fais rien de moi-même, mais que, selon que le Père m’a enseigné, je dis ces choses. Et celui
qui m’a envoyé est avec moi ; il ne m’a pas laissé seul, parce que moi, je fais toujours les
choses qui lui plaisent » (8:27-29). Il est la vérité effectivement, la vérité présentée par Dieu
qui teste l’âme. Un témoignage précédent, pourtant vrai, ne provoque pas d’opposition de la
même manière. Souvent, en effet, l’incrédulité se prévaut du passé pour renforcer son
antagonisme présent à ce que Dieu est en train de faire. Ainsi, les Juifs se prévalaient de
l’unité de Dieu pour nier le Fils et le Père, car ils ne savaient pas de qui Jésus parlait. Sa croix
pourrait ne pas les convaincre divinement ni gagner leur cœur à Dieu ; mais elle les
convaincrait d’un rejet délibéré et volontaire du Messie, et prouverait que ce qu’Il disait était
prononcé de la part de la plus haute autorité. Comme Il avait été envoyé, ainsi Il avait été
enseigné. Le Père était avec Lui aussi, car Christ faisait toujours les choses qui Lui plaisent. Si
nous connaissons cela dans notre mesure, combien était-ce vrai de manière bien plus pleine et
ferme pour Celui qui ne péchait pas, et dans la bouche duquel on ne trouvait pas de fraude !

Combien il est solennel de peser la force de « Quand vous aurez élevé le fils de l’homme,
alors vous connaîtrez que c’est moi, et que je ne fais rien de moi-même, mais que, selon que
le Père m’a enseigné, je dis ces choses ! » Car le Fils de l’homme équivaut à Son titre comme
Messie rejeté, et comme juge établi des vivants et des morts (Actes 10:42). C’est avec ce titre
qu’Il a été crucifié, et aussi qu’Il reviendra pour le royaume de la gloire universelle selon le
Psaume 8 et Daniel 7. Qu’il est terrible de savoir cela trop tard, quand l’orgueil ferme la porte
à la repentance pour reconnaître la vérité (2 Tim. 2:25) !

C’est un fait encourageant de constater qu’un moment de dénigrement incrédule peut être
utilisé par Dieu pour travailler intensivement dans les âmes. « Comme il disait ces choses,
beaucoup [ou : plusieurs] crurent en lui » (8:30). Or la foi, lorsqu’elle est donnée divinement,
est inséparable de la vie, elle s’exerce en toute liberté, et elle est soumise au Fils de Dieu ;
quand elle est humaine, elle se lasse vite de Sa présence, et elle abandonne Celui qu’elle n’a
jamais réellement apprécié, pour laisser libre cours aux pensées et aux voies de rébellion
contre Lui. D’où l’urgence de l’appel solennel du Seigneur. Continuer en Lui et avec Lui est
de Dieu.

9.4 - Jean 8:31-59

9.4.1 - Jean 8:31-47

« Jésus donc dit aux Juifs qui avaient cru en lui : Si vous persévérez dans ma parole, vous êtes
vraiment mes disciples ; et vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira. Ils lui
répondirent : Nous sommes la postérité d’Abraham, et jamais nous ne fûmes dans la servitude
de personne ; comment dis-tu, toi : Vous serez rendus libres ? Jésus leur répondit : En vérité,
en vérité, je vous dis : Quiconque pratique le péché est esclave du péché. Or l’esclave ne
demeure pas dans la maison pour toujours ; le fils y demeure pour toujours. Si donc le Fils
vous affranchit, vous serez réellement libres. Je sais que vous êtes la postérité d’Abraham ;
mais vous cherchez à me faire mourir, parce que ma parole n’a pas d’entrée auprès de vous.
Moi, je dis ce que j’ai vu chez mon Père ; vous aussi donc, vous faites les choses que vous
avez entendues de la part de votre père. Ils répondirent et lui dirent : Abraham est notre père.

385
Jésus leur dit : Si vous étiez enfants d’Abraham, vous feriez les œuvres d’Abraham ; mais
maintenant vous cherchez à me faire mourir, moi, un homme qui vous ai dit la vérité que j’ai
ouïe de Dieu : Abraham n’a pas fait cela. Vous, vous faites les œuvres de votre père. Ils lui
dirent donc : Nous ne sommes pas nés de la fornication ; nous avons un père, Dieu. Jésus leur
dit| : Si Dieu était votre père, vous m’aimeriez, car moi je procède de Dieu et je viens de lui ;
car je ne suis pas venu de moi-même, mais c’est lui qui m’a envoyé. Pourquoi n’entendez-
vous pas mon langage ? Parce que vous ne pouvez pas ouïr ma parole. Vous, vous êtes de
votre père le diable, et vous voulez faire les convoitises de votre père. Lui a été meurtrier dès
le commencement, et il n’a pas persévéré dans la vérité, car il n’y a pas de vérité en lui.
Quand il profère le mensonge, il parle de son propre fonds, car il est menteur, et le père du
mensonge. Mais moi, parce que je dis la vérité, vous ne me croyez pas. Qui d’entre vous me
convainc de péché ? Si je dis la vérité, vous, pourquoi ne me croyez-vous pas ? Celui qui est
de Dieu entend les paroles de Dieu ; c’est pourquoi vous, vous n’entendez pas, parce que vous
n’êtes pas de Dieu » (8:31-47).

9.4.1.1 - Jean 8:31-33

Demeurer dans Sa parole est donc la condition pour être en vérité disciple de Christ. D’autres
peuvent être très intéressés, mais ils se lassent vite, ou se tournent rapidement vers d’autres
objets. Le disciple de Christ s’attache à Sa parole, et trouve de nouvelles sources dans ce qui a
commencé à l’attirer. Sa parole se démontre être ainsi divine, comme l’est la foi qui demeure
en elle, et ainsi la vérité n’est pas seulement apprise mais connue. Le vague et l’incertitude
disparaissent, tandis que la vérité, au lieu d’engendrer la servitude comme la loi, rend l’âme
libre [ou : l’affranchit] quel que soit son esclavage précédent. Il y a croissance dans la vérité
et liberté par elle. La loi s’occupe de la volonté de l’homme, corrompue et orgueilleuse, pour
la condamner de la part de Dieu, et cela est juste ; la vérité communique la connaissance de
Christ selon qu’Il est révélé dans Sa Parole, et ainsi elle donne la vie et la liberté : des
privilèges incompréhensibles à l’homme naturel, qui déteste la grâce souveraine de Dieu
autant qu’il s’exalte et s’aime lui-même, tandis qu’il méprise les autres et s’en méfie.
L’homme donc, pour obtenir la justice, n’a pas d’autre pensée que la loi. Les hommes ne
connaissent pas la vertu de la vérité, et redoutent la liberté comme si elle devait se terminer
dans la licence ; tandis qu’en même temps, ils sont fiers de leur propre position, comme si elle
était inaliénable, et comme si Dieu était leur serviteur, au lieu que ce soient eux qui sont tenus
d’être Ses serviteurs. C’est pourquoi les Juifs répondirent à Jésus : « Nous sommes la
postérité d’Abraham, et jamais nous ne fûmes dans la servitude de personne ; comment dis-tu,
toi : Vous serez rendus libres ? » (8:33).

La vérité était loin de cela. Même extérieurement, pour ne pas parler de l’âme, les Juifs
étaient, et avaient été depuis longtemps, dans la servitude des nations. Ainsi Esdras avouait à
l’offrande du soir : « Dès les jours de nos pères jusqu’à ce jour, nous avons été grandement
coupables ; et à cause de nos iniquités, nous, nos rois, nos sacrificateurs, nous avons été livrés
en la main des rois des pays, à l’épée, à la captivité, et au pillage, et à la confusion de face,
comme [il paraît] aujourd’hui ; et maintenant, pour un moment, nous est arrivée une faveur de
la part de l’Éternel notre Dieu, pour nous laisser des réchappés et pour nous donner un clou
dans son saint lieu, afin que notre Dieu éclaire nos yeux et nous redonne un peu de vie dans
notre servitude, car nous sommes serviteurs ; mais, dans notre servitude, notre Dieu ne nous a
pas abandonnés, et il a étendu sa bonté sur nous devant les rois de Perse », etc. (Esdras 9:7-9).
De même Néhémie confessait aussi : « Et tu différas à leur égard pendant beaucoup d’années,

386
et tu rendis témoignage contre eux par ton Esprit, par le moyen de tes prophètes ; mais ils ne
prêtèrent pas l’oreille, et tu les livras en la main des peuples des pays… Voici, nous sommes
aujourd’hui serviteurs ; et quant au pays que tu donnas à nos pères pour qu’ils en mangeassent
le fruit et les bons produits, voici, nous y sommes serviteurs ; et il rapporte beaucoup aux rois
que tu as établis sur nous à cause de nos péchés ; et ils dominent à leur gré sur nos corps et sur
notre bétail, et nous sommes dans une grande détresse » (Néh. 9:30, 36-37).

9.4.1.2 - Jean 8:34

Ainsi des hommes de conscience le ressentaient alors qu’ils se trouvaient sous des
conquérants bien plus doux que les Romains qui dominaient maintenant. Ce n’est pas que les
Juifs alors aient reçu un soulagement, mais ils étaient tellement habitués au joug qu’ils
l’oubliaient et le niaient complètement. Et quant à ce que la cause en fût le juste
gouvernement de Dieu extérieurement, leur estimation de leur véritable état devant Dieu était
encore bien moins correcte, et c’est cet état que le Seigneur Jésus faisait ressortir maintenant.
Leur esprit hautain fut piqué au vif par Sa parole qui mettait à nu leur asservissement à
l’ennemi. « Nous sommes la postérité d’Abraham, et jamais nous ne fûmes dans la servitude
de personne ; comment dis-tu, toi : Vous serez rendus libres ? » Jésus, dans Sa réponse,
apporte la lumière de Dieu, pour l’éternité certes, mais aussi pour le présent. « En vérité, en
vérité, je vous dis : Quiconque pratique le péché est esclave du péché ». Combien cela est
vrai, solennel et humiliant ! Il n’y a pas d’esclavage aussi réel et aussi dégradant que celui du
péché : pouvaient-ils sérieusement contester que ce fût leur cas ? L’incrédulité aveugle
vraiment quant à l’état moral, et même vis-à-vis des simples faits. Seule la grâce délivre, et
par la vérité lorsqu’on la croit.

9.4.1.3 - Jean 8:35-36

Mais le Seigneur en dit davantage. Personne sous le péché n’est en droit de parler de
permanence. Celui-là n’existe que par tolérance jusqu’au jugement. Il n’y avait pas
d’esclavage quand Dieu créa, et fit tout selon Sa pensée ; et il n’y en aura pas quand Il fera
toutes choses nouvelles. L’esclave, dans tous les sens du terme, n’appartient qu’au règne
éphémère du péché et de la douleur. C’est ainsi que le Seigneur parle : « Or l’esclave ne
demeure pas dans la maison pour toujours ». Il y a une autre relation qui convient à la volonté
de Dieu, mais elle est en contraste complet : « le fils y demeure pour toujours ». Mais il y a
infiniment plus en Christ. Il n’est pas seulement Fils, mais « le Fils ». Il est le Fils dans Son
propre droit et titre, comme Dieu et quand Il fut homme, dans le temps et dans l’éternité. Il
n’est donc pas seulement « libre », comme tous les fils le sont, mais Sa gloire est telle qu’Il
peut rendre libre, et qu’Il rend effectivement libre, en vertu de la grâce qui est de Son seul
ressort. Ainsi, ce n’est pas seulement la vérité qui rend libre, là où la loi ne pouvait que
condamner, mais le Fils donne et confirme le même caractère de liberté selon Sa propre
plénitude. C’est une question de ce qui convient non pas simplement à eux, mais à Lui. Il
pouvait affranchir ceux qui L’écoutaient et demeuraient dans Sa parole, et ainsi Il rendait libre
et rien d’autre que libre. C’est digne de Lui de délivrer du péché et de Satan ; et « si donc le
Fils vous affranchit, vous serez réellement libres ». Il rend libre selon une manière divine. Il
sort de la servitude du péché et introduit dans une relation selon Son propre caractère, tandis
que le premier homme fit du péché notre triste héritage. Le dernier Adam est un esprit

387
vivifiant et un Libérateur. Tenons ferme dans Sa liberté, et ne nous laissons pas de nouveau
entraver sous un quelconque joug de servitude, selon l’exhortation que l’apôtre adresse aux
Galates à l’encontre du mauvais usage de la loi, quelle qu’en soit la forme (Gal. 5:1).

9.4.1.4 - Jean 8:37-41a

Être la postérité d’Abraham, comme le Seigneur le fait savoir aux Juifs, est une triste
sauvegarde. On pouvait être d’Abraham, et être le pire ennemi de Dieu. Tels étaient alors les
Juifs, qui cherchaient à tuer Christ, parce que Sa parole n’avait pas d’entrée auprès d’eux.
Chacun agit selon sa source ; le caractère s’ensuit. C’est ainsi que notre Seigneur daigne dire :
« Moi, je dis ce que j’ai vu chez mon Père ; vous aussi donc, vous faites les choses que vous
avez entendues de la part de votre père ». Être d’Abraham ne sauve pas de Satan. Écouter le
Fils, croire en Lui, c’est tirer sa propre nature de Dieu et avoir la vie éternelle. Ils se
glorifiaient beaucoup d’Abraham, alors qu’ils étaient encore dans les ténèbres de l’incrédulité
et sous la puissance de l’ennemi. C’est pourquoi « ils répondirent et lui dirent : Abraham est
notre père. Jésus leur dit : Si vous étiez enfants d’Abraham, vous feriez les œuvres
d’Abraham ; mais maintenant vous cherchez à me faire mourir, moi, un homme qui vous ai
dit la vérité que j’ai ouïe de Dieu : Abraham n’a pas fait cela. Vous, vous faites les œuvres de
votre père » (8:39-41a). Il était admis qu’ils descendaient du père des fidèles ; mais
ressemblaient-ils à la famille ? N’était-ce pas aggraver leur mal que d’être mis en contraste
avec celui dont ils se vantaient d’être issus ? Abraham crut, et cela lui fut compté à justice.
Eux ne croyaient pas, mais cherchaient à tuer l’Homme, quoique qu’Il fût le Fils de Dieu qui
leur disait la vérité qu’Il avait entendue de Dieu le Père. De qui ces œuvres étaient-elles ?
Certainement pas d’Abraham, mais d’un père très différent. Ils étaient corrompus et violents.

9.4.1.5 - Jean 8:41b-47

Les Juifs sentirent ce que cela impliquait, et le prirent de suite de haut. « Ils lui dirent donc :
Nous ne sommes pas nés de la fornication ; nous avons un père, Dieu. Jésus leur dit : Si Dieu
était votre père, vous m’aimeriez, car moi je procède de Dieu et je viens de lui ; car je ne suis
pas venu de moi-même, mais c’est lui qui m’a envoyé. Pourquoi n’entendez-vous pas mon
langage ? Parce que vous ne pouvez pas ouïr ma parole. Vous, vous avez pour père le diable,
et vous voulez faire les convoitises de votre père. Lui a été meurtrier dès le commencement, et
il n’a pas persévéré dans la vérité, car il n’y a pas de vérité en lui. Quand il profère le
mensonge, il parle de son propre fonds, car il est menteur, et le père du mensonge. Mais moi,
parce que je dis la vérité, vous ne me croyez pas. Qui d’entre vous me convainc de péché ? Si
je dis la vérité, vous, pourquoi ne me croyez-vous pas ? Celui qui est de Dieu entend les
paroles de Dieu ; c’est pourquoi vous, vous n’entendez pas, parce que vous n’êtes pas de
Dieu » (8:41b-47).

9.4.1.6 - Jean 8:42-45

L’affaire est donc close en ce qui concerne les Juifs. Ils étaient du diable sans aucun doute,
comme cette controverse solennelle le prouvait. C’est vraiment la condamnation de l’homme

388
comme étant contre Christ, dans tous les pays, toutes les langues et tous les âges. Il ne se
manifeste pas autrement lorsqu’il est testé par la vérité, par le Fils ; même si les circonstances
diffèrent, voilà l’aboutissement, et cela se révèle le pire là où l’apparence est la meilleure. S’il
y avait une famille sur la terre qui semblait la plus éloignée de l’impureté, c’était bien les
Juifs ; s’il y en avait qui pouvaient prétendre avoir Dieu comme leur Père, c’était eux par-
dessus tous. Mais Jésus est la pierre de touche ; et cela démontre qu’ils sont ennemis de Dieu,
et non pas ses enfants ; sinon ils auraient aimé Celui qui était venu de Dieu, et qui était alors
présent au milieu d’eux, — qui n’était pas venu de Sa propre initiative, mais avait été envoyé
par Dieu (8:42). Il vint, et fut envoyé dans un amour au-delà de la pensée et de la mesure de
l’homme ; et ils se levèrent contre Lui dans la haine, cherchant à Le tuer.

Les Juifs ne connurent même pas Son discours, tant ils étaient totalement étrangers à Lui et à
Dieu qui parlait par Lui. La raison est très grave : ils ne pouvaient pas entendre Sa parole
(8:43). C’est par la compréhension de la pensée, de la portée et de l’esprit de la personne qui
parle que l’on connaît le langage, et non l’inverse. Si le but interne n’est pas reçu, la forme
extérieure reste inconnue. C’est ce qui arrivait avec Jésus parlant aux Juifs ; c’est ce qui en est
au plus haut point avec le témoignage dans les écrits de Jean maintenant. Les hommes se
plaignent du mysticisme dans l’expression, parce qu’ils n’ont aucune idée de la vérité qu’il
veut exprimer. L’obstacle est dans la puissance d’aveuglement du diable, qui est la source de
leurs pensées et de leurs sentiments aussi sûrement qu’il est l’adversaire de Christ. Les
jugements des hommes proviennent de leur volonté et de leurs affections ; or celles-ci sont
sous l’emprise de Son ennemi. Et comme il pousse les hommes, surtout ceux qui sont les plus
responsables de se courber devant Christ (comme les Juifs d’alors), — comme il les pousse à
pratiquer les convoitises de leur père, il en résulte naturellement de la violence et du
mensonge. Car Satan est meurtrier dès le commencement, et ne se tient pas dans la vérité,
parce qu’il n’y a pas de vérité en lui (8:44), le grand adversaire personnel du Fils.

Seul parmi les hommes, Jésus est la Vérité ; Il n’est pas seulement Dieu, mais Il est Celui qui
révèle Dieu à l’homme. En Lui il n’y a pas de péché, et Il n’a pas péché, ni la fraude n’a pas
été trouvée dans Sa bouche (1 Pierre 2:22). Il était le contraire évident du diable, à tous
égards, car le diable, lorsqu’il profère le mensonge, parle de son propre fonds, parce qu’il est
menteur et le père du mensonge. Jésus est la vérité, et la fait connaître à ceux qui, autrement,
ne pourraient pas la connaître. « Mais moi, parce que je dis la vérité, vous ne me croyez pas »
(8:45). Combien est terrible le jugement de Dieu sur de telles personnes, et pourtant combien
il est juste ! Car nous sommes sûrs que le jugement de Dieu est selon la vérité ; quelle peut
être la fin de ces choses sinon la mort et le jugement ?

9.4.1.7 - Jean 8:46-47

Finalement, le Seigneur les défie, afin de mettre à nu leur méchanceté sans fondement. « Qui
d’entre vous me convainc de péché ? Si je dis la vérité, vous, pourquoi ne me croyez-vous
pas ? Celui qui est de Dieu entend les paroles de Dieu ; c’est pourquoi vous, vous n’entendez
pas, parce que vous n’êtes pas de Dieu » (8:46-47). Il était le Saint, autant que la Vérité, et
sûrement les deux vont ensemble. Et c’est ainsi qu’ils étaient démontrés être, en paroles et en
actes, en pensée et sentiment, totalement étrangers à Dieu, et rebelles contre Lui. Ils n’étaient
pas de Dieu, sauf dans une prétention hautaine qui rendait encore plus criants leur
éloignement de Lui et leur opposition contre Lui. Au lieu de convaincre Christ de péché, ils
étaient eux-mêmes esclaves du péché ; au lieu de dire la vérité, ils rejetaient Celui qui est la

389
Vérité ; au lieu d’entendre les paroles de Dieu, ils haïssaient Celui qui les disait parce qu’ils
n’étaient pas de Dieu mais du diable. Terrible image de Ses adversaires que la lumière
infaillible ne manquait pas de faire paraître et de laisser marquée à jamais de manière
ineffaçable ! Ne pas être de Dieu, c’est être totalement dépourvu de bien, et laissé dans le mal,
exposé à ses conséquences, selon le jugement de Celui qui ne changera pas et ne peut pas
changer quant à Son horreur du mal. Voilà ce qu’étaient et ce que sont, ceux qui rejettent
Jésus.

Il n’y a rien qu’un homme admette autant à contrecœur que le mal en lui-même ; il n’y a rien
qui l’indigne autant que quelqu’un dise du mal de lui, et le laisse sans échappatoire. Il en était
ainsi maintenant avec les Juifs que le Seigneur niait être de Dieu, tandis qu’ils n’entendaient
pas Ses paroles. Leur propre-suffisance n’avait jamais été autant troublée auparavant. Le
mépris des païens n’était rien comparé à une telle qualification, d’autant plus sévère qu’elle
était une vérité évidente. Car sa base était indiscutable. Qui pourrait douter que celui qui est
de Dieu entend les paroles de Dieu ? Qu’il était solennel, alors, d’être en face du fait que
Celui qui parlait comme jamais personne ne parla, déclarait avec un calme rempli de sainteté
qu’ils n’étaient pas de Dieu puisqu’ils n’entendaient pas ! La conscience pouvait se crisper,
mais elle refusait de se courber. La volonté seule se manifestait, — la mauvaise volonté, —
sauf, en effet, qu’elle était animée d’en bas.

9.4.2 - Jean 8:48-51

« Les Juifs répondirent et lui dirent : Ne disons-nous pas bien que tu es un Samaritain, et que
tu as un démon ? Jésus répondit : Moi, je n’ai point un démon, mais j’honore mon Père, et
vous, vous jetez du déshonneur sur moi. Mais pour moi, je ne cherche pas ma gloire ; il y en a
un qui cherche, et qui juge. En vérité, en vérité, je vous dis : Si quelqu’un garde ma parole, il
ne verra point la mort, à jamais » (8:48-51). Dès lors les Juifs, incapables de réfuter la vérité,
et refusant de la reconnaître, se réfugièrent dans une réplique insolente et des invectives. Ils
justifient et répètent ouvertement leur utilisation à Son égard du terme « Samaritain » ; car à
leurs yeux, qu’est-ce qui pouvait mieux démontrer l’inimitié que de refuser leur revendication
d’être par excellence le peuple de Dieu ? S’Il les déclarait être de leur père, le diable, ils
n’hésitaient pas à répliquer qu’Il avait un démon. Ils osaient impliquer qu’Il était en dehors de
l’Israël de Dieu et du Dieu d’Israël. Pourtant, Il était le véritable Israël et le vrai Dieu.

Aucun chrétien n’a jamais souffert davantage que Christ dans ce chemin de déshonneur. Le
disciple n’est pas au-dessus de son Seigneur, et ne peut s’attendre à y échapper. Et personne
n’est aussi enclin à blâmer faussement les autres que ceux qui sont eux-mêmes de réels
esclaves de l’ennemi. Mais apprenons de Celui qui était débonnaire et humble de cœur, et qui
repousse maintenant tranquillement leur accusation d’avoir un démon. Il n’en était pas ainsi,
mais Il honorait Son Père, et eux Le déshonoraient. Pourtant, il n’y avait pas de rancune
personnelle de Sa part, comme c’est le cas chez ceux qui, aujourd’hui, cherchent leur propre
honneur, ou cherchent à blesser quand ils peuvent, jusqu’à insulter. « Mais pour moi, je ne
cherche pas ma gloire ; il y en a un qui cherche, et qui juge » (8:50). Il laisse tout à Son Père,
étant content de servir, pouvant sauver et étant prêt à le faire. « En vérité, en vérité, je vous
dis : Si quelqu’un » — même s’il était le plus vil de ses ennemis — « garde ma parole, il ne
verra point la mort, à jamais » (8:51). Une telle déclaration était digne d’être dite en toute
solennité de Sa part, et d’être reçue en toute acceptation de la leur.

390
9.4.3 - Jean 8:52-59

« Les Juifs donc lui dirent : Maintenant nous connaissons que tu as un démon : Abraham est
mort, et les prophètes, et toi, tu dis : Si quelqu’un garde ma parole, il ne goûtera point la mort,
à jamais. Es-tu plus grand que notre père Abraham, qui est mort ? et les prophètes sont morts.
Qui te fais-tu toi-même ? Jésus répondit : Si moi je me glorifie moi-même, ma gloire n’est
rien ; c’est mon Père qui me glorifie, lui de qui vous dites : Il est notre Dieu. Et vous ne le
connaissez pas ; mais moi, je le connais : et si je disais que je ne le connais pas, je serais
menteur, semblable à vous ; mais je le connais, et je garde sa parole. Abraham, votre père, a
tressailli de joie de ce qu’il verrait mon jour ; et il l’a vu, et s’est réjoui. Les Juifs donc lui
dirent : Tu n’as pas encore cinquante ans, et tu as vu Abraham ! Jésus leur dit : En vérité, en
vérité, je vous dis : Avant qu’Abraham fût, je suis. Ils prirent donc des pierres pour les jeter
contre lui ; mais Jésus se cacha et sortit du temple, passant au milieu d’eux ; et ainsi Il s’en
alla » (8:52-59).

L’incrédulité raisonne d’après ses propres pensées, et n’est jamais aussi confiante que quand
elle a complètement tort. Aussi les Juifs, interprétant de travers les paroles fidèles du Seigneur
Jésus, s’en prévalent triomphalement comme la preuve qu’Abraham et les prophètes ne
pouvaient pas avoir été de son école, car eux, indiscutablement, étaient déjà morts. Il devait
donc être possédé pour parler ainsi (8:52). Se présentait-Il pour être plus grand qu’eux ? Qui
se faisait-Il Lui-même ? (8:53). Hélas, c’est ici que l’homme, Juif ou Gentil, est aveugle.
Jésus ne se faisait rien, Il s’anéantissait, prenant la forme d’esclave, devenant homme bien
qu’étant Dieu sur toutes choses, béni éternellement (Rom. 9:5), et devenant un homme abaissé
et exalté par Dieu le Père. Si l’œil est simple, tout le corps est plein de lumière. Il en était ainsi
de Lui qui vint ici-bas et devint homme pour faire la volonté de Dieu en qui Il pouvait se
confier, et en qui Il se confia effectivement pour Le glorifier. Son chemin était un chemin de
communion et d’obéissance ininterrompues. Il ne cherchait jamais Sa propre gloire, Il gardait
toujours la parole de Son Père ; Il pouvait dire, du début à la fin, je Le connais ; en tout Il
nous a laissé un exemple afin que nous suivions Ses traces (1 Pierre 2:21). Nous pouvons
apprendre de Lui : car si c’était la plus grossière présomption pour les hommes du monde
d’affecter de connaître Dieu le Père, c’est le plus grand tort pour un de Ses enfants de le nier.
« Si je disais que je ne le connais pas, je serais menteur, semblable à vous » (8:55b). Mais
Celui qui prétend Le connaître garde Sa parole, et par-là donne le témoignage de la réalité de
cette affirmation. L’Esprit de vérité est l’Esprit Saint, et là où Il communique la vérité, Il
travaille aussi efficacement en sainteté, selon la volonté de Dieu.

Mais le Seigneur n’hésita à affronter leur défi sur Abraham, et fit savoir aux Juifs que le père
des fidèles exultait de voir Son jour (comme toujours, je présume qu’il s’agit de Son
apparition en gloire, qui est le jour où les promesses seront accomplies), et il l’a vu et s’est
réjoui (8:56). Dans le contexte, c’était, bien sûr, par la foi, comme le fait de ne pas voir ou de
ne pas goûter la mort ; mais les Juifs prirent tout sous l’angle matériel et physique ; et en
réponse à leur argument basé sur Son âge relativement jeune pour nier qu’Abraham ait pu Le
voir, Il prononce cette déclaration encore plus profonde : « En vérité, en vérité, je vous dis,
avant qu’Abraham fût, je suis » (8:58), c’est-à-dire « Je suis Celui qui subsiste à toujours ».

C’était dit : la belle confession (1 Tim. 6:13) devant les Juifs, la vérité suprême, l’infini
mystère de Sa Personne, dont la connaissance consiste à connaître le vrai Dieu et la vie
éternelle, puisqu’Il est les deux. Tel Il était, tel Il est, d’éternité en éternité. L’incarnation n’a

391
en aucune façon porté atteinte à ce qu’Il est, mais a plutôt donné l’occasion de le révéler aux
hommes dans l’homme. Lui qui était Dieu est devenu homme ; et comme Il ne peut cesser
d’être Dieu, de même Il ne cessera pas d’être homme. Il est l’Éternel, mais aussi un homme,
et a pris la condition d’homme en union avec Lui-même, le Fils la Parole, non pas seulement
auprès de Dieu, mais Dieu également. « Avant qu’Abraham fût (γενέσθαι), je suis (είμί) »
(8:58). Abraham est né. Jésus est Dieu, et Dieu est. « Je suis » est l’expression de l’existence
éternelle, l’expression de la Déité. Il aurait aussi pu dire en vérité « Avant qu’Adam fût, je
suis » ; mais la question portait sur Abraham, et avec cette dignité calme qui ne va jamais au-
delà de la vérité nécessaire, Il l’affirme, sans plus ; mais ce qu’Il affirme ne pouvait pas être
vrai, s’Il n’était pas Le toujours-présent et immuable, le JE SUIS avant Adam, avant les anges
et avant toutes choses ; car en effet, c’est Lui qui les avait créés. Toutes choses furent faites
par Lui, et sans Lui pas une seule chose ne fut faite de ce qui a été fait (1:3).

L’ignorance fatale du monde, c’est de ne pas Le connaître ; Le renier, c’est le mensonge


incrédule des Juifs, comme de tous ceux qui prétendent connaître Dieu de façon indépendante,
et à l’exclusion de Sa gloire divine. Et c’est la mort en vivant, la mort éternelle, qui sera
bientôt la seconde mort, non pas l’extinction, mais le châtiment dans l’étang de feu. En
attendant l’incrédulité peut montrer sa malveillance en toute impunité. « Ils prirent donc des
pierres pour les jeter contre lui ; mais Jésus se cacha et sortit du temple » (8:59). Les paroles
restantes [passant au milieu d’eux ; et ainsi Il s’en alla] sont probablement tirées de Luc 4:30,
bien que de nombreux témoins (A, C, E, L, K, Δ, etc., avec certaines versions très anciennes)
les insèrent.

10 - Chapitre 9
La lumière de Dieu avait brillé en Jésus (lumière non pas seulement des Juifs, mais du
monde) ; pourtant Il était rejeté, de plus en plus et complètement, et avec une haine mortelle.
Il n’y avait aucun miracle opéré. C’est par-dessus tout Ses paroles que nous entendons, mais
affirmant constamment la gloire divine de Sa Personne. Cela réveillait, comme c’est toujours
le cas, la rancœur de l’incrédulité. Ils ne croient pas en Lui, parce qu’ils ne se courbent ni
devant leur propre ruine, ni devant la grâce de Dieu, descendue ainsi à la rencontre de
l’homme, et révélant le Dieu qui est inconnu. Mais Jésus poursuit Son chemin d’amour, et le
déploie sous une forme nouvelle et appropriée, seulement avec le résultat d’essuyer à nouveau
un rejet du même genre, comme on va le voir dans les ch. 9 et 10.

10.1 - Jean 9:1-12

10.1.1 - Jean 9:1-5

« Et comme il passait, il vit un homme aveugle dès sa naissance. Et ses disciples
l’interrogèrent, disant : Rabbi, qui a péché : celui-ci ou ses parents, pour qu’il soit né
aveugle ? Jésus répondit : Ni celui-ci n’a péché, ni ses parents ; mais c’est afin que les œuvres
de Dieu soient manifestées en lui. Il me faut faire les œuvres de celui qui m’a envoyé, tandis
qu’il est jour ; la nuit vient, en laquelle personne ne peut travailler. Pendant que je suis dans le
monde, je suis la lumière du monde » (9:1-5).

392
C’était un acte de pure grâce que le Seigneur allait faire. Personne n’avait fait appel à Lui, pas
même l’aveugle ni ses parents. Les disciples posent seulement une question, l’une de ces
spéculations de curiosité auxquelles se plaisaient les Juifs d’alors : était-ce le péché de cet
homme ou de ses parents qui lui avait valu cette cécité congénitale ? En Judée, on ne trouvait
pas encore répandu ce genre de fantaisie pythagoricienne selon laquelle un homme pouvait
avoir péché dans une vie antérieure sur la terre, et être puni pour cela dans une vie ultérieure
sur terre. Il n’y a pas non plus de raison suffisante pour endosser la vue d’un auteur pieux et
savant selon laquelle les disciples auraient envisagé la notion de péché avant la naissance, que
les rabbins tirèrent par la suite de Genèse 25:22.

Il semble facile de comprendre, même si c’est étrange, qu’ils imaginaient un châtiment infligé
à l’avance à quelqu’un dont le péché éventuel était prévu par Dieu. C’était sans doute un
principe faux, mais il n’y a pas de difficulté à ce que cette question ait surgi de cette manière,
car combien de questions ou assertions erronées de la part des disciples ont suscité une
correction infaillible de notre Seigneur, si précieuse pour eux et nous ! Il expose maintenant le
cas selon son but réel dans la pensée divine — afin que les œuvres de Dieu soient manifestées
en lui. C’est aujourd’hui le jour de la grâce : c’est pour cela que Jésus était venu ; et ce cas
était juste une occasion de manifester Sa puissance en grâce. Pourtant, l’homme ne comprend
la grâce que par la foi, et même les croyants ne la comprennent que dans la mesure où la foi
est en exercice. Le gouvernement est la pensée naturelle quand on voit que la connaissance de
Dieu porte sur tout et tous ici-bas. Mais ce n’était pas alors, ni maintenant, le temps de Son
gouvernement du monde. C’est là l’erreur des disciples comme autrefois celle des amis de
Job : une erreur qui conduit les âmes non seulement à un esprit de censure ou de jugements
erronés, mais qui fait oublier ses propres péchés et la nécessité de la repentance en s’occupant
de ce qu’on estime être la vengeance de Dieu sur les autres.

Ici, cependant, le Seigneur ne met pas en avant le côté de propre-justice, dépourvue de charité,
du pharisaïsme. Il parle de l’activité de la grâce et du propos de la grâce comme étant la clé. Il
n’était pas question de péché, ni chez l’aveugle ni chez ses parents, mais de Dieu manifestant
Ses œuvres au travers d’un besoin douloureux et affligeant. Dans ce monde, Il était la lumière
du monde. Il était l’Envoyé et le Serviteur en faisant Son œuvre, et en disant Sa parole.
Parfaitement Dieu, Il était parfaitement homme, ne déviant jamais de la place qu’Il avait prise
ici-bas.

En outre, notre Seigneur ressentait la pression de son rejet, quel que soit le calme saint qui,
chez Lui, pouvait si rapidement se détourner de la haine meurtrière de l’homme pour passer
au travail de l’amour divin. « Il me faut faire les œuvres de celui qui m’a envoyé, tandis qu’il
est jour ; la nuit vient, en laquelle personne ne peut travailler ». Il était la « lumière » du
« jour » qui brillait alors pour Lui pour faire la volonté de Celui qui L’avait envoyé et pour
manifester Son amour — oui, pour faire connaître Dieu (voir 1:18), que l’homme est
autrement incapable de voir. En vérité le besoin était grand, car l’homme, comme celui de ce
chapitre, était totalement aveugle. Mais Jésus était le Créateur, bien qu’Il fût homme parmi les
hommes. S’Il était dans le monde, Il en était la lumière. Elle s’attachait aussi bien à Sa
mission qu’à Sa Personne, en vertu de Sa nature divine.

10.1.2 - Jean 9:6-7

393
« Ayant dit ces choses, il cracha en terre et fit de la boue de son crachat, et mit la boue comme
un onguent sur ses yeux, et lui dit : Va, et lave-toi au réservoir de Siloé (ce qui est interprété
Envoyé). Il s’en alla donc, et se lava, et revint voyant » (9:6-7). Ce n’était pas un acte vide de
sens de la part de Christ, ni simplement un test d’obéissance de la part de l’homme. C’était un
signe de la vérité que ce chapitre révèle ou, du moins, un signe en harmonie avec elle. Car
Celui qui manifestait là les œuvres de Dieu, était Lui-même un homme, et Il avait daigné
prendre le corps préparé pour Lui — un corps très saint, sans aucun doute, comme il
convenait au Fils de Dieu qui n’a pas connu le péché, et qui allait être fait péché pour nous sur
la croix, mais néanmoins réellement né de femme, et participant au sang et à la chair comme
les enfants (Héb. 2:14). Mais l’incarnation, si précieuse soit-elle, comme la grâce du Seigneur
en elle, est en elle-même tout à fait insuffisante pour le besoin de l’homme ; elle semble
même, au premier abord, ajouter plutôt à la difficulté, tout comme l’argile sur les yeux de
l’homme. L’Esprit doit travailler par la parole, ainsi que le Fils envoyé dans le monde, Jésus
Christ venu en chair. Sans le travail efficace de l’Esprit Saint dans l’homme, celui-ci ne peut
pas voir. Comparez Jean 3. Il en est ainsi ici : l’homme doit aller au réservoir de Siloé, et s’y
laver. L’attention est d’autant plus fixée là-dessus par l’interprétation donnée pour le mot
Siloé. Il signifie la reconnaissance par l’âme de ce que Jésus était l’envoyé de Dieu, envoyé
pour accomplir Sa volonté et achever Son œuvre, étant également le Fils pourtant serviteur,
envoyé pour accomplir le grand salut de Dieu. Le cœur est ainsi purifié par la foi. Maintenant
l’homme a des yeux pour voir, non pas quand l’argile y a été mise dessus, mais quand il les a
lavés au réservoir de Siloé. Il faut Christ ici-bas, et il faut qu’Il soit un homme aussi [c’est
l’incarnation], en contact avec les hommes dans toutes leurs ténèbres, mais ils reçoivent la
vue seulement lorsque le Saint Esprit applique la parole à la conscience, et qu’ils Le
reconnaissent comme l’Envoyé de Dieu. L’incarnation seule est nécessaire, mais non pas
suffisante ; en plus de l’incarnation, le travail efficace de l’Esprit est aussi nécessaire pour que
l’homme puisse voir selon Dieu. « Il nous sauva… selon sa propre miséricorde, par le lavage
de la régénération et le renouvellement de l’Esprit Saint, qu’il a répandu richement sur nous
par Jésus Christ, notre Sauveur, afin que, ayant été justifiés par sa grâce, nous devinssions
héritiers selon l’espérance de la vie éternelle » (Tite 3:5-7).

10.1.3 - Jean 9:8-12

« Les voisins donc, et ceux qui, l’ayant vu auparavant, [savaient] qu’il était mendiant, dirent :
N’est-ce pas celui qui était assis et qui mendiait ? Quelques-uns disaient : C’est lui. D’autres
disaient : Non, mais il lui ressemble. Lui dit : C’est moi-même. Ils lui dirent donc : Comment
donc tes yeux ont-ils été ouverts ? Il répondit et dit : Un homme, appelé Jésus, fit de la boue et
oignit mes yeux, et me dit : Va à Siloé et lave-toi. Et je m’en suis allé, et je me suis lavé, et
j’ai vu. Et ils lui dirent donc : Où est cet [homme] ? Il dit : Je ne sais » (9:8-12).

Ceux qui étaient habitués au mendiant aveugle, ne pouvaient cacher leur surprise et leur
perplexité ; car les yeux éteints sont une défiguration de premier ordre du visage humain, et
les yeux vivants changeaient de manière inattendue toute l’expression de l’homme. Il n’est
donc pas étonnant qu’ils fussent surpris ; pourtant le fait était certain, et l’évidence
incontestable. Dieu prit soin qu’il y eût de nombreux témoins, et Il voulut rendre le
témoignage d’autant plus sensible qu’il fut discuté et analysé. S’ils avaient su qui était Jésus,
et pour quelle raison Il avait été envoyé, ils auraient compris la convenance de l’œuvre opérée
ce jour-là. Or celui sur qui l’œuvre avait été opérée n’était pas flou dans ce qu’il disait. C’était
lui l’homme qu’ils avaient l’habitude de voir assis et mendier. Son témoignage pour Jésus est

394
tout à fait explicite. Il n’en savait pas encore beaucoup, mais ce qu’il savait, il le déclare de
manière tout à fait décidée. Comment pouvait-il douter, lui dont les yeux avaient été ouverts ?
Demandaient-ils comment cela s’était passé ? Sa réponse était prête et sans réserve : « Un
homme, appelé Jésus, fit de la boue et oignit mes yeux, et me dit : Va à Siloé et lave-toi ».
L’effet puissant s’ensuivi immédiatement : « Et je m’en suis allé, et je me suis lavé, et j’ai
vu ». Ils demandaient où était Jésus ; alors l’homme est aussi franc dans la reconnaissance de
son ignorance qu’il l’avait été auparavant dans la confession de ce qui avait réellement eu
lieu. Qu’il ne soit pas revenu à Jésus en remerciement de la grâce de Dieu pourrait ne pas être
à son honneur ; mais Dieu voulut utiliser cela pour montrer combien l’ouvrier et l’objet de
l’œuvre étaient entièrement au-dessus de toute collusion. Combien peu ont l’honnêteté de dire
« Je ne sais pas » quand ils savent aussi peu que celui qui reconnaît ici son ignorance !
Pourtant il n’y a rien de misérable à apprendre davantage.

Ensuite nous voyons que non seulement le Seigneur voulait attirer l’attention par le moyen
des débats des hommes, et par le témoignage franc de l’homme, mais nous voyons qu’Il laisse
l’homme temporairement afin que, par sa propre réflexion sur ce qui avait été fait et sa
réponse à leurs questions, il soit préparé à la fois pour l’épreuve qui allait venir, et pour la
bénédiction encore meilleure qui allait provenir de Lui et qui serait trouvée en Lui. L’agitation
parmi les voisins allait être suivie rapidement par l’inquisition plus sérieuse des chefs
religieux. Ceux-ci, comme nous le verrons, trouvèrent facilement, dans la bonne action,
matière à alimenter leur malveillance habituelle envers ce qui honorait Dieu indépendamment
d’eux. La religion mondaine, quelle que soit sa profession, est, réellement et toujours, un
effort systématique pour faire de Dieu le serviteur de l’orgueil et de l’égoïsme de l’homme.
Elle ne connaît pas l’amour, et n’apprécie pas la sainteté ; elle est offensée par la foi qui, se
nourrissant de la Parole, rend culte par l’Esprit de Dieu et se glorifie en Jésus Christ, et n’a
pas confiance en la chair (Phil. 3:3). Elle déteste marcher constamment dans la lumière, car
elle ne veut de la religion qu’en temps utile pour servir de protection contre le jour de la mort
et l’heure du jugement. Il était donc intolérable que le Fils de Dieu soit ici sur la terre, un
homme présenté aux yeux des hommes — aveugles comme ils sont, — et qu’Il les envoie là
où ils peuvent se laver et voir, en dehors de la religion établie selon les règles du pays, et sans
l’intermédiaire de guides accrédités. C’est ce qui ressort clairement du récit instructif qui suit,
une leçon puissante et intentionnelle, je n’en doute pas : C’était le Témoin de Dieu en œuvres,
comme précédemment (ch. 8) en paroles.

Chaque fois que Dieu agit, les hommes religieux se dressent pour juger, et les voisins ont plus
de crainte de leur déplaire que de compassion pour l’aveugle ou de joie au sujet de la
guérison. Certains hommes sont accrédités par le monde, et pensent que c’est à eux qu’il
revient de décider de telles questions, tandis que les autres aiment qu’il en soit ainsi. Alors
que vont dire les pharisiens ? Auparavant, ils avaient ergoté.

10.2 - Jean 9:13-34

10.2.1 - Jean 9:13-14

« Ils amenèrent aux pharisiens celui qui auparavant avait été aveugle » (9:13). Les pharisiens
détectent vite une faille, à leurs yeux du moins. Ce n’était pas que l’homme n’avait pas été
aveugle, ni que Jésus ne lui avait pas rendu la vue ; mais n’avaient-ils pas tous les deux violé
la loi, spécialement Jésus ? « Or c’était un jour de sabbat que Jésus fit la boue, et qu’il ouvrit

395
ses yeux » (9:14). Combien les hommes, en particulier ceux que l’opinion publique considère
comme des piliers, sont peu enclins à penser que leur volonté les expose à Satan ! Or il est
bien ainsi, surtout là où le Fils de Dieu est en cause, Lui qui a été manifesté afin de détruire
les œuvres du diable (1 Jean 3:8), et nous donner une intelligence afin que nous connaissions
Celui qui est le Véritable (1 Jean 5:20). Pourtant, ceux qui, se confiant dans leurs traditions,
osent accuser le Sauveur, ceux-là se compromettent d’autant plus avec l’ennemi qu’ils se
flattent d’être les défenseurs de la cause de Dieu. Ainsi sont-ils pris au piège pour leur propre
destruction et celle de tous ceux qui les écoutent. « Celui qui n’honore pas le Fils, n’honore
pas le Père qui l’a envoyé » (5:23).

10.2.2 - Jean 9:15-16

« Les pharisiens donc aussi lui demandèrent encore comment il avait recouvré la vue. Et il
leur dit : Il a mis de la boue sur mes yeux, et je me suis lavé, et je vois. Quelques-uns donc
d’entre les pharisiens dirent : Cet homme n’est pas de Dieu, car il ne garde pas le sabbat.
D’autres disaient : Comment un homme pécheur peut-il faire de tels miracles ? Et il y avait de
la division entre eux » (9:15-16). Ils sont mal à l’aise, même s’ils affectent une sainteté
supérieure et du zèle pour l’honneur de Dieu. La puissance qui avait donné la vue là où la
cécité avait toujours régné jusqu’ici, les surprenait et excitait leur curiosité, avec le désir de
découvrir une source mauvaise, et d’éventuellement effrayer l’homme. Mais la grâce opérait
en lui, et lui donna un courage tranquille pour confesser la bonne action opérée, quoique ce
fût un jour de sabbat, mais sans dire un mot à ce sujet. « Il a mis de la boue sur mes yeux, et je
me suis lavé, et je vois ». Dieu nous appelle tous, quand nous sommes bénis par Christ, à être
des confesseurs, mais nous ne sommes pas tous appelés à être des martyrs ; or être des
confesseurs est certainement le moins que nous Lui devions en louange, et en amour pour
notre prochain.

Toute vraie confession est odieuse au monde religieux et à ses conducteurs. « Quelques-uns
donc d’entre les pharisiens dirent : Cet homme n’est pas de Dieu, car il ne garde pas le
sabbat » (9:16). Ce prétexte malveillant avait déjà été réfuté ; mais le pharisaïsme n’a pas de
cœur pour la vérité, et ne s’y soumet pas. Elle n’avait jamais pénétré leurs consciences, ou
bien ils l’avaient oubliée dans leur zèle pour les formes et les traditions. Mais combien est
triste le fait de se tromper soi-même chez des hommes dépourvus de vraie sainteté, ou de
réelle obéissance, osant accuser le Saint de Dieu !

Mais d’autres parmi eux n’étaient pas aussi aveuglés par l’esprit de parti ou l’envie
personnelle, et ils s’aventurèrent à dire un mot, même s’ils ne firent rien de plus. « D’autres
disaient : Comment un homme pécheur peut-il faire de tels miracles ? » Tout ce qu’ils
voulaient dire, c’était que Celui qui agissait ainsi ne pouvait être un trompeur ou un imposteur
comme les autres l’imaginaient. Ils n’avaient pas de vue juste de Lui-même, ni de Sa
Personne, ni de Sa relation avec Dieu. Ils n’avaient pas la moindre idée qu’Il était Dieu
manifesté en chair ; mais ils se demandaient s’Il ne devait pas être « de Dieu », puisqu’Il
faisait de tels miracles. « Et il y avait de la division entre eux ». Ainsi, comme ils n’étaient pas
encore d’une même pensée, il y eut un retard au dessein de Satan.

10.2.3 - Jean 9:17

396
Dans leur nervosité, ils examinent l’homme une nouvelle fois, et sont utilisés sans le vouloir
par le Dieu de grâce pour l’aider à saisir et reconnaître la vérité qui est selon la piété (Tite
1:1). « Ils disent donc encore à l’aveugle : Toi, que dis-tu de lui, sur ce qu’il t’a ouvert les
yeux ? Et il dit : C’est un prophète » (9:17). Le premier examen concernait le fait et la
manière. Maintenant, ils veulent forcer l’homme à dire ce qu’il pense de son Bienfaiteur,
désirant par malice trouver de quoi les condamner tous les deux. D’autre part, la grâce de
Dieu est aussi manifeste que douce en ce qu’elle utilise à Sa propre gloire l’épreuve
douloureuse et l’exercice de l’âme, par le moyen de l’homme qui n’en est que d’autant plus
encouragé et béni. Il connaissait leur haine de Jésus, mais il répond hardiment à leur défi :
« C’est un prophète » : voilà un progrès décisif par rapport à sa confession précédente, même
si elle est loin de la vérité comme il va bientôt l’apprendre. Il reconnaît que Jésus a la pensée
de Dieu aussi bien que Sa puissance.

10.2.4 - Jean 9:18-23

Déconcertés par sa fermeté tranquille, les inquisiteurs religieux se tournèrent vers d’autres
moyens d’attaque auxquels ils étaient habitués. Comme les voisins dans leur perplexité en
avaient appelé aux pharisiens, ceux-ci continuèrent, en se servant des relations naturelles. Ils
voulaient essayer si certaines réfutations ne pouvaient pas être tirées de ses parents. Il est clair
que l’incrédulité se trouve dans le fond chez tous. L’homme, déchu et mauvais, n’est pas
disposé à croire en la bonté de Dieu — par-dessus tout, dans Sa grâce envers lui. Si les voisins
s’étaient inclinés devant la preuve claire de l’intervention de Dieu, ils n’auraient pas amené
l’homme aux pharisiens ; si les pharisiens s’étaient inclinés, ils n’auraient pas persisté à faire
leurs examens répétés, au-delà de la constatation du fait ; encore moins auraient-ils éveillé les
craintes de la famille. « Les Juifs donc ne crurent pas qu’il avait été aveugle et qu’il avait
recouvré la vue, jusqu’à ce qu’ils eussent appelé les parents de celui qui avait recouvré la vue.
Et ils les interrogèrent, disant : Celui-ci est-il votre fils, que vous dites être né aveugle ?
Comment donc voit-il maintenant ? Ses parents donc [leur] répondirent et dirent : Nous
savons que celui-ci est notre fils, et qu’il est né aveugle ; mais comment il voit maintenant,
nous ne le savons pas ; et qui lui a ouvert les yeux, nous ne le savons pas, nous ; il a de l’âge,
interrogez-le, il parlera de ce qui le concerne. Ses parents dirent ces choses, parce qu’ils
craignaient les Juifs ; car les Juifs étaient déjà convenus que si quelqu’un le confessait comme
le Christ, il serait exclu de la synagogue. C’est pourquoi ses parents dirent : Il a de l’âge,
interrogez-le » (9:18-23).

La question de fait est donc à nouveau la question cardinale, comme elle l’était vraiment ; et à
celle-ci les parents répondirent de façon concluante. Il était indéniable que l’homme voyait
maintenant, et qu’il voyait par l’intermédiaire de Jésus, comme il l’avait déclaré. Par ailleurs
les parents maintinrent sans hésitation le fait que l’homme était leur fils et qu’il était aveugle
de naissance. La conclusion était irrésistible, si l’incrédulité ne résistait pas à tout quand il
s’agit de Dieu. Les parents ne répondirent que sur ce qui les concernait. Ce n’était pas qu’eux,
ou aucune personne raisonnable, doutassent que Jésus ait accompli le miracle, mais à cause de
l’inimitié pharisaïque, ils redoutaient la conséquence de dépasser leur propre cercle de
connaissance naturelle, et ils plaidèrent l’ignorance sur la façon dont cela s’était fait, et sur la
personne par qui cela avait été fait. Intimidés par la crainte des pharisiens, ils oublient même
l’affection qui aurait autrement protégé leur progéniture du coup imminent ; et ils rejettent
tout le fardeau sur leur propre fils. « Il a de l’âge, interrogez-le, il parlera de ce qui le
concerne » (9:21b). Ainsi leurs craintes mêmes, sur lesquelles les pharisiens comptaient pour

397
nier les faits, Dieu les utilisait pour en faire uniquement une controverse entre les pharisiens et
l’homme lui-même, après avoir été contraints par la preuve provenant des parents à accepter
comme un fait certain que celui qui voyait maintenant avait toujours été aveugle, et aveugle
jusqu’à ce moment-là.

Une autre chose ressort aussi très clairement, à savoir que l’inimitié des Juifs envers le
Seigneur Jésus était connue auparavant pour aller jusqu’à la menace d’excommunication
envers quiconque confesserait qu’Il était le Christ. La volonté de l’homme est aveugle quant
aux preuves ; et comme ceci découle de la corruption, cela finit par la destruction

10.2.5 - Jean 9: 24-25

C’est pourquoi il est une fois de plus fait appel à l’homme, et toute question de miracle est
abandonnée. « Ils appelèrent donc, pour la seconde fois, l’homme qui avait été aveugle, et lui
dirent : Donne gloire à Dieu ; nous savons que cet homme est un pécheur. Il répondit donc :
S’il est un pécheur, je ne sais ; je sais une chose, c’est que j’étais aveugle, et que maintenant
je vois » (9:24-25). Ils prétendent maintenant être sur le terrain le plus élevé ; eux au moins
tiennent au côté divin, même si d’autres sont entraînés par le bien apparent fait à l’homme. En
conséquence, ils lui demandent de donner gloire à Dieu, alors qu’ils affirment leur assurance
catégorique que Jésus était un pécheur. Depuis ce jour-là jusqu’à aujourd’hui, il est devenu
fréquent, chez les hommes, de professer honorer Dieu au détriment de son Fils ; le Seigneur
aussi avertissait Ses disciples d’attendre le pire là où le Père et le Fils ne sont pas connus.
Mais l’homme dans sa simplicité met en avant le fait qu’il sentait profondément, et qu’eux
voulaient faire semblant de cacher. « S’il est un pécheur, je ne sais ; je sais une chose, c’est
que j’étais aveugle, et que maintenant je vois » (9:25). Aucun argument ne peut tenir face à la
logique de la réalité — par-dessus tout, quand il s’agit d’une réalité pareille. Il ne savait
certainement pas ce qu’ils prétendaient savoir ; mais que Jésus fût un pécheur, cela ne pouvait
pas être : il allègue la preuve la plus nette et la plus irrécusable ; et cela sur leur propre terrain
en rapport avec ce qui était devant tous. Si le raisonnement est inopportun et impuissant,
qu’en est-il de l’antipathie religieuse en présence d’un fait indéniable qui prouve la toute
puissance et la bonté de Dieu ? Leurs efforts prouvaient leur mauvaise volonté à l’égard de
Celui qui avait ainsi œuvré : la réalité bénie restait, malgré toutes les insinuations et tous les
assauts de l’incrédulité.

Il est bon aussi de remarquer que la foi s’accompagne d’une opération puissante de Dieu, avec
ses effets propres caractéristiques ; et dans toute âme qui croit l’évangile, cette opération est
plus importante que même ce miracle, auquel était si sensible l’homme, autrefois aveugle
mais maintenant voyant. Ceux qui croient sont vivifiés de la mort dans leurs fautes et dans
leurs péchés, et donc ils vivent pour Dieu. Crucifiés avec Christ, ils vivent néanmoins, mais
non pas eux à proprement parler, mais Christ vit en eux. Ils sont ainsi participants d’une
nature divine, étant nés de Dieu. Ce n’est pas une amélioration de leur vieille nature comme
hommes. Ils sont nés d’eau et de l’Esprit ; ils sont engendrés par la parole de vérité. La foi
s’accompagne de cette vie nouvelle, qui se montre dans des pensées et des affections tout à
fait différentes, ainsi que dans les voies ou dans la marche. L’histoire de cet aveugle, qui
voyait maintenant, est une bonne illustration de ces progrès graduels de la vie nouvelle au
milieu de l’opposition et de la persécution.

398
10.2.6 - Jean 9:26-29

L’acharnement des pharisiens trouve en l’homme un courage tranquille qui forme un


contraste marqué avec les craintes de ses parents, et qui insiste même sur la défense de Celui
qui avait opéré un acte si bon et si grand, en en faisant une application auprès de Ses
adversaires d’une manière à laquelle ils ne pouvaient résister. S’ils pressent l’homme avec la
question comment ? il répond avec la question pourquoi ?

« Et ils lui dirent donc encore : Que t’a-t-il fait ? Comment a-t-il ouvert tes yeux ? Il leur
répondit : Je vous l’ai déjà dit, et vous n’avez pas écouté. Pourquoi voulez-vous encore
l’entendre ? Voulez-vous aussi, vous, devenir Ses disciples ? Ils l’injurièrent et dirent : Toi, tu
es le disciple de celui-là ; mais nous, nous sommes disciples de Moïse. Pour nous, nous
savons que Dieu a parlé à Moïse ; mais, pour celui-ci, nous ne savons d’où il est » (9:26-29).
C’était du mépris incrédule, et non pas une ignorance véritable.

Celui qui était autrefois aveugle, mais qui voyait maintenant, discernait l’état véritable de
l’affaire, contrairement à ceux qui n’avaient jamais fait l’expérience de Sa puissance en grâce.
Il s’accommodait de leur opposition invincible. Ceux qui méprisaient la grâce, l’apôtre de la
grâce les avertit, non pas d’autant moins - mais d’autant plus, de leur incrédulité volontaire et
du danger où ils sont de périr (Actes 13:41). Le même esprit de foi s’exprime chez celui qui,
tout à l’heure, n’était encore qu’un mendiant aveugle, — tandis qu’à ceux qui n’avaient pas,
cela même qu’ils semblaient avoir, devrait leur être ôté (Luc 8:18). Christ est le rocher de la
force pour l’un, et la pierre d’achoppement pour les autres. Ils s’exposent donc à la
réprimande sévère de leur folie par l’homme qu’ils affectaient de mépriser. Zélés pour le
serviteur [Moïse] qu’ils établissaient comme maître, ils avouaient leur ignorance de Celui qui
est Seigneur de tous.

10.2.7 - Jean 9:30-34

« L’homme répondit et leur dit : En ceci pourtant il y a une chose étrange, que vous ne
sachiez pas d’où il est, et il a ouvert mes yeux. Or, nous savons que Dieu n’écoute pas les
pécheurs ; mais si quelqu’un est pieux envers Dieu et fait sa volonté, celui-là il l’écoute.
Jamais on n’ouït dire que quelqu’un ait ouvert les yeux d’un aveugle-né. Si celui-ci n’était pas
de Dieu, il ne pourrait rien faire. Ils répondirent et lui dirent : Tu es entièrement né dans le
péché, et tu nous enseignes ! Et ils le chassèrent dehors » (9:30-34).

La réponse de l’homme était aussi solide que pertinente. Il ignore l’attaque personnelle contre
lui, et la traite comme une question entre chefs religieux, qui avouaient ne pas pouvoir dire
d’où venait Celui qui avait opéré une œuvre absolument sans pareille de manifestation de la
puissance de Dieu. Il était difficile, voire impossible, de croire qu’un tel homme pût être
mauvais, comme ils l’avaient imputé. « Nous savons que Dieu n’écoute pas les pécheurs ;
mais si quelqu’un est pieux envers Dieu et fait sa volonté, celui-là Il l’écoute » (9:31). Car y
a-t-il un principe général plus sûr que « Ceux qui m’honorent, je les honorerai ; et ceux qui
me méprisent seront en petite estime » (1 Sam. 2:30) ? En effet, c’était clairement un
problème entre Jésus (pour prendre le terrain le plus bas) et les pharisiens, dont l’incapacité
morale étonnait l’homme. Que restait-il donc pour ses adversaires ? Rien que la rage
méprisante, et le coup extrême du bras ecclésiastique. « Ils le chassèrent dehors », mais pas

399
avant d’avoir inconsciemment témoigné de la force de ses paroles : « Tu es entièrement né
dans le péché, et tu nous enseignes ! » Ils étaient trop orgueilleux pour apprendre.

10.3 - Jean 9:35-41

10.3.1 - Jean 9:35-38

Mais ils le chassent droit dans les bras et le sein du Seigneur. Car il nous est dit ensuite :
« Jésus apprit qu’ils l’avaient chassé dehors, et l’ayant trouvé, il lui dit : Crois-tu au Fils de
Dieu ? Il répondit et dit : Et qui est-il, Seigneur, afin que je croie en lui ? Et Jésus lui dit : Et
tu l’as vu, et celui qui te parle, c’est lui. Et il dit : Je crois, Seigneur ! Et il lui rendit
hommage » (Jean 9:35-38). Voilà l’étape finale de la grâce de Dieu dans ses opérations envers
l’aveugle. Il est poussé hors du judaïsme pour l’amour de la vérité, à la suite de l’œuvre
opérée sur sa personne ; là il est trouvé par Christ, et conduit à Le connaître et à croire en Lui,
bien au-delà de toute pensée, si vraie fût-elle, qu’il aurait déjà conçue. C’était la foi en Son
propre témoignage et en Sa propre Personne.

C’est vraiment l’histoire d’une âme qui avance sous la direction de Dieu, Qui fait briller la
grâce du Seigneur et Sa gloire d’autant plus complètement après qu’elle est sortie de la
religion du monde, — soit chassée soit sortant d’elle-même. Et tel est le caractère du
christianisme, comme les croyants finirent par l’apprendre de l’épître aux Hébreux,
spécialement son dernier chapitre. L’Esprit de grâce était si patient avec ceux de l’ancien
peuple de Dieu, malgré leur lenteur à apprendre la chose nouvelle que Dieu a introduite par et
dans notre Seigneur Jésus. Mais, aussi tardive qu’elle soit, la rupture avec la religion terrestre
doit se produire. Sortons donc vers lui hors du camp, portant son opprobre ; et ce d’autant plus
que nous avons une pleine liberté pour entrer dans les lieux saints par le sang de Jésus, par le
chemin nouveau et vivant qu’Il nous a consacré à travers le voile, c’est-à-dire Sa chair (Héb.
13:13 & 10:19-20). Mais au moment de notre chapitre, l’œuvre qui a ouvert ce chemin n’était
pas encore faite, et l’Esprit n’avait pas encore été répandu pour donner aux âmes la
conscience d’une position à laquelle elles avaient droit de manière juste. C’est pourquoi nous
n’avons pas encore quelqu’un qui avance en progressant de cette manière, mais quelqu’un
chassé par la haine, une haine dirigée bien plus contre le nom de Jésus que contre l’homme,
— cette haine contre l’homme étant uniquement à cause de Jésus, qui avait entendu parler de
la brebis, qui avait ressenti pour elle, et avait trouvé celle-ci fatiguée des hommes.

Mais il y a ensuite une différence troublante de lecture du texte original, qui demande
davantage qu’une simple remarque critique. « Crois-tu au Fils de l’homme ? » disent les
manuscrits Sinaïticus, Vaticanus, et de Cambridge [de Bèze], soutenus par les versions
syriaques, sahidique, l’édition romaine de la version éthiopienne, [note Bibliquest : idem
Carrez, TOB et NT français courant] etc, tandis que plus d’une douzaine d’onciaux [A, L,
etc], toutes les cursives, et le reste des anciennes versions, etc, donnent « crois-tu au Fils de
Dieu » [Lachmann et Tregelles]. Tischendorf, dans sa huitième édition, et Weiss et Blass
adoptent Fils de l’homme. On ne peut pas nier qu’en règle générale, le Seigneur en grâce
aimait habituellement se présenter en relation avec l’homme ; de même il est clair que ce
chapitre, en particulier, Le présente non seulement comme la Lumière, la Parole, et Dieu,
comme le chapitre précédent, mais comme l’Incarné qui a été envoyé pour manifester les
œuvres de Dieu, et le Messie rejeté sur le point de souffrir, mais qui doit être exalté au-dessus
de tout. D’autre part, nul ne peut négliger le fait que le Fils de Dieu soit le grand témoignage

400
spécial de notre évangile ; et nous pouvons bien comprendre comment la lumière de cette
glorieuse vérité l’amène à rendre hommage au Seigneur — cette lumière éclatant
graduellement sur l’âme en train de progresser, malgré l’hostilité aveugle des pharisiens, et en
un certain sens par le moyen de cette hostilité. C’était, en tout cas, le Fils de Dieu en grâce, un
homme sur la terre, Qui avait été vu par celui qui avait expérimenté Sa puissance qui donnait
de la lumière, et Qui parlait avec lui.

10.3.2 - Jean 9:39-41

« Et Jésus dit : Moi, je suis venu dans ce monde pour [le] jugement, afin que ceux qui ne
voient pas, voient ; et que ceux qui voient deviennent aveugles. Et quelques-uns d’entre les
pharisiens qui étaient avec Lui entendirent ces choses, et Lui dirent : Et nous, sommes-nous
aussi aveugles ? Jésus leur dit : Si vous étiez aveugles, vous n’auriez pas de péché ; mais
maintenant vous dites : Nous voyons ! — votre péché demeure » (9:39-41).

Là-dessus le Seigneur montre comment Sa venue agissait, et était censée agir sur les âmes.
Elle avait un but plus élevé et un résultat plus permanent que toute autre énergie opérant sur le
corps, aussi puissante et douce qu’elle fût. Il était la vie pour ceux qui Le recevaient, si
enténébrés fussent-ils : ceux qui Le rejetaient scellaient leur propre ruine éternellement, quelle
que soit l’estimation qu’ils avaient d’eux-mêmes ou que les autres avaient d’eux. Les Juifs,
spécialement les pharisiens, pouvaient avoir beaucoup de confiance en eux, et s’estimer guide
d’aveugles et lumière de ceux qui étaient dans les ténèbres (Rom. 2:19) ; mais la venue de la
seule Vraie Lumière anéantissait de manière évidente toute prétention orgueilleuse, aussi
sûrement qu’elle donnait des yeux à ceux qui reconnaissaient leur cécité. Aucune chair par
conséquent ne se glorifiera : celui qui se glorifie, qu’il se glorifie dans le Seigneur (1 Cor.
1:31 ; 2 Cor. 10:17) qui était venu comme homme, mais Dieu sur terre, pour le retournement
des pensées de l’homme déchu, et la manifestation de Sa propre grâce. L’orgueil pharisien
refuse de s’incliner devant Jésus qui leur imputait la cécité, comme ils le pensaient ; mais s’il
parle, il est obligé d’entendre la sentence la plus flétrissante du Juge de toute l’humanité. Pour
la cécité, il y a toute la grâce et la puissance en Christ ; mais quelle peut être la part de ceux
qui, complètement aveugles, disent qu’ils voient ? Leur péché demeure, ainsi que leur cécité,
laquelle en soi n’est pas du péché, mais est la conséquence du péché.

11 - Chapitre 10
Le Seigneur continue à exposer, sous des formes diverses, les conséquences de Son rejet,
malgré Sa dignité. C’est la révélation de Sa grâce envers les brebis et pour elles (à partir de
Son abaissement comme homme et comme serviteur, allant même jusqu’à laisser Sa vie dans
toute son excellence intrinsèque), et la révélation de Sa gloire comme un avec le Père. Le côté
lumineux de la vérité apparaît.

11.1 - Jean 10:1-6 — le Berger des brebis

401
« En vérité, en vérité, je vous dis : Celui qui n’entre pas par la porte dans la bergerie des
brebis, mais qui y monte par ailleurs, celui-là est un voleur et un larron ; mais celui qui entre
par la porte, est le berger des brebis. À celui-ci le portier ouvre, et les brebis écoutent sa voix ;
et il appelle ses propres brebis par leur nom, et les mène dehors. Quand il a mis dehors toutes
ses propres [brebis], il va devant elles ; et les brebis le suivent, car elles connaissent sa voix ;
mais elles ne suivront point un étranger, mais elles s’enfuiront loin de lui, parce qu’elles ne
connaissent pas la voix des étrangers. Jésus leur dit cette similitude ; mais ils ne comprirent
pas ce que c’était qu’il leur disait » (10:1-6).

11.1.1 - Jean 10:1-2

Le mode d’expression est allégorique ; il s’écarte assez loin du langage ordinaire, tout en
adoptant une figure très familière à la loi, aux psaumes et aux prophètes (Genèse 49 ; Psaume
80 ; Ésaïe 40 ; Ézéchiel 34 ; Zacharie 11 et 13). L’application aux pasteurs de l’église est
ridiculement hors de place et de temps. C’est le berger d’Israël, en contraste avec ceux qui
prétendaient guider l’ancien peuple de Dieu. Même Lui est entré de la manière prescrite,
quoiqu’Il fût une Personne divine. Les autres étaient à la fois dépourvus de compétence, de
qualification et de mission. La Semence de la femme, le Fils de la Vierge, la Semence
d’Abraham, le Fils de David, le Dieu puissant, le Père du siècle à venir, celui qui est issu de
Bethléhem, celui qui est d’ancienneté, de toute éternité, et pourtant qui devait être retranché
après la soixante-neuvième des soixante-dix semaines de Daniel, le serviteur juste, rabaissé
au-delà de toute expression, mais devant être exalté au-dessus de tout, — qu’est-ce qui
manquait à Son signalement et à l’exclusion de tout rival ? Oui, le Christ rejeté est Celui qui
est entré par la porte, le Berger des brebis — il n’y en a pas d’autre.

Tous les autres cherchaient à monter d’une autre manière. Theudas se vantait d’être quelque
chose (Actes 5:36), Judas le Galiléen entraîna des gens après lui (Actes 5:37), les pharisiens
aimaient les premiers sièges (Luc 11:43), les scribes et les docteurs de la loi chargeaient de
lourds fardeaux sur les hommes (Luc 11:46). Mais les brebis, enseignées de Dieu, entendent
Sa voix, non pas la leur ; même s’il a plu à l’Esprit, dans Son soin pour la gloire de Dieu, de
faire le travail de portier, ouvrant la porte à Lui seul, comme on le voit dès le début avec les
Siméon et Anne et tous ceux qui attendaient la rédemption à Jérusalem. Les autres, petits ou
grands, conformes à l’ordre ou révolutionnaires, n’avaient aucun droit sur les brebis ; ils ne
valaient en rien mieux que des voleurs ou des bandits s’ils revendiquaient (comme ils le
faisaient) les brebis qui étaient à Lui. Lui seul est le berger, et les brebis écoutent Sa voix.
Elles sont à lui, et Il les appelle comme telles par leur nom. Qui pourrait, qui voudrait, si ce
n’est Lui ? Il les connaît et Il les aime, leur faisant sentir Son intérêt pour elles, comme Dieu
seul peut sentir, et selon un droit sur elles que Dieu seul avait et donnait.

11.1.2 - Jean 10:3-4

De plus Christ entre, mais Il mène dehors (10:3). Le judaïsme est condamné. L’Israël de Dieu
Le suit dehors. Il n’était pas question maintenant de ramener et rassembler dans le pays les
exilés d’Israël, ou les dispersés de Juda ; cela doit attendre un jour futur. Maintenant Il appelle
Ses propres brebis par leur nom, et Il les conduit dehors. « Et quand Il a mis dehors toutes Ses
propres [brebis] » — car si tel était le principe de Son action maintenant, ce devait être encore

402
l’effet nécessaire de Sa mort sur la croix — Il va devant elles ; et les brebis Le suivent, car
elles connaissent Sa voix » (10:4). C’est la sagesse de Dieu pour les simples.

11.1.3 - Jean 10:5

Précieuse Parole de Dieu, l’écoute de Sa voix ! Elle est due à Sa Personne, elle est le fruit de
Sa grâce, elle est leur vraie sauvegarde, et la meilleure. « Et elles ne suivront point un
étranger, mais elles s’enfuiront loin de lui, parce qu’elles ne connaissent pas la voix des
étrangers » (10:5). L’« étranger » n’a rien à voir avec elles ; même s’il les cherche, qu’ont-
elles à faire avec lui ? Leur sagesse est de suivre Jésus, à qui elles sont, et dont elles entendent
et connaissent la voix. Comme c’est simple, si nous étions seulement simples ! Combien cela
honore le Fils ! C’est ce qui plait le mieux au Père. C’est par la foi que nous sommes gardés,
non pas en discernant les nuances du scepticisme et de la superstition, bien que ce puisse être
un devoir pour certains, un appel de l’amour pour d’autres, — mais en adhérant à la vérité.

Pourtant, de telles paroles n’ont aucune puissance sur les raisonneurs ou les traditionalistes.
Car ils cherchent leur propre honneur, ils le donnent ou le reçoivent l’un de l’autre. Jésus vint
au nom du Père, et Lui, ils ne Le reçoivent pas. Ils s’avouent eux-mêmes être des étrangers
vis-à-vis de Lui ; ils nient que qui que ce soit puisse connaître Sa voix. S’ils l’avaient
entendue eux-mêmes, ils ne douteraient pas qu’elle puisse être connue. Ils préfèrent suivre un
étranger. Les superstitieux exaltent leur église ; si elle était l’église de Dieu, elle répudierait
une telle exaltation au détriment de Christ. Les sceptiques exaltent l’homme comme il est. Et
les deux s’accordent pour ignorer la voix du Berger. Il en est ainsi maintenant, comme il en
était alors.

11.1.4 - Jean 10:6

« Jésus leur dit cette similitude (*) ; mais ils ne comprirent pas ce que c’était qu’il leur
disait ». Ses paroles sont comme Lui-même : s’Il est apprécié, Ses paroles le sont ; si on ne Le
croit pas, Ses paroles ne sont pas comprises. Il est la lumière et la vérité. Tout ce qu’Il dit,
dépend de la foi en Lui pour être saisi. Et c’est ainsi que, dans 1 Jean 2, il est dit des petits
enfants eux-mêmes, dans la famille de Dieu, qu’ils connaissent toutes choses. Connaissant
Christ, ils ont une onction de la part du Saint. Ce n’est pas par l’étude ni par la logique, pas
plus que par le sentiment, l’enthousiasme, ou la bigoterie, mais c’est par la possession de
Christ qu’ils refusent les erreurs qui ont piégé d’innombrables docteurs en théologie. Ils sont
ainsi gardés lumineux et frais, simples et sûrs, car ils dépendent de Lui. Ceux qui se croient
sages, se risquent à juger par eux-mêmes, et périssent dans leur présomption incrédule.
Écouter Sa voix est la place la plus humble au monde, et pourtant cela s’accompagne de la
puissance et de la sagesse de Dieu. Ce que les brebis ont entendu dès le commencement, cela
demeure en elles (1 Jean 2:24), mais pour l’étranger, elles n’ont ni oreille ni cœur. Elles sont
satisfaites de la voix de Christ. Elles connaissent la vérité en Lui, et qu’aucun mensonge ne
vient de la vérité (1 Jean 2:21). Elles sont heureuses de toute aide qui leur rappelle Ses
paroles, et qui les leur fait goûter dans leurs âmes. Elles se méfient de la voix d’un étranger, et
fuient loin de lui. Elles ont raison : Dieu ne voudrait pas que nous ayons de l’estime pour une
autre voix.

403
(*) L’évangile de Jean n’utilise pas le mot ordinaire de « parabole » comme les synoptiques le
font fréquemment pour les narrations basées sur des comparaisons que faisait notre Seigneur
lorsqu’Il illustrait la vérité (les synoptiques n’utilisent pas d’autre mot que le mot parabole).
Jean a été conduit à employer le mot [παροιμια] donné dans la Septante [Proverbes 1:1] pour
un « proverbe » au sens d’une « allégorie », ou pour une déviation d’avec la façon commune
de parler, tandis que parabole signifie une comparaison.

11.2 - Jean 10:7-21

11.2.1 - Jean 10:7-10 — la Porte

« Jésus donc leur dit encore : En vérité, en vérité, je vous dis que moi je suis la porte des
brebis. Tous, autant qu’il en est venu avant moi, sont des voleurs et des larrons ; mais les
brebis ne les ont pas écoutés. Moi, je suis la porte : si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé ;
et il entrera et il sortira, et il trouvera de la pâture. Le voleur ne vient que pour voler, et tuer, et
détruire : moi, je suis venu afin qu’elles aient la vie, et qu’elles l’aient en abondance » (10:7-
10)

11.2.1.1 - Jean 10:7-8

Dans la précédente allégorie, le Seigneur parle de Lui en général comme étant le Berger des
brebis, qui a en vue de les mettre dehors, allant à leur tête tandis qu’elles Le suivent.
Maintenant, Il emploie une figure différente de Lui-même en termes directs, et avec non
moins de solennité : « En vérité, en vérité, je vous dis que moi je suis la porte des brebis »
(10:7). Il n’y a pas de confusion avec la relation précédente. Il n’est pas question maintenant
de la bergerie. Dans celle-ci, Il était entré avec toutes les preuves désirables pour l’homme et
fournies par Dieu — preuves personnelles, morales, preuves dans son ministère et par ses
miracles et selon la prophétie ; mais l’esprit charnel est d’une incrédulité irréductible, et en
même temps, étant en inimitié contre Dieu, il est (pour autant que cela soit possible) moins
soumis à Sa grâce (qu’il ne comprend pas, mais suspecte) qu’à Sa loi, que la conscience sent
être juste et droite. Lorsqu’on s’incline ou qu’on est brisé dans le sentiment du péché contre
Dieu, combien il est doux d’entendre la voix de Jésus ! disant : « Je suis la porte des brebis »,
non pas la porte de la bergerie, mais la porte de ceux qui sont de Dieu, qui aspirent après la
connaissance de Lui et après la délivrance du moi. « Tous, autant qu’il en est venu avant moi,
sont des voleurs et des larrons ; mais les brebis ne les ont pas écoutés » (10:8). Ils n’étaient
pas envoyés, mais étaient venus sans mandat ; ils cherchaient leurs propres intérêts, et non pas
ceux de Jésus Christ (Phil. 2:21), ni des autres, donc. Corrompus ou violents, comment
pouvaient-ils profiter aux brebis, ou à la gloire de Dieu ? À eux, le portier n’a pas ouvert, et si
l’adversaire trompait, les brebis n’écoutaient pas ; elles étaient préservées, même en étant
éprouvées.

11.2.1.2 - Jean 10:9

404
Mais un tout autre était là. « Moi, je suis la porte : si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé ; et
il entrera et il sortira, et il trouvera de la pâture » (10:9). Combien est frappante, et pourtant
parfaitement simple, la plénitude de la grâce abordée dans Ses paroles ! Ce n’est plus l’enclos
étroit, mais comme principe, « quiconque » peut entrer ; et si l’on est entré par Christ, il y a le
salut, la liberté et la nourriture — la bénédiction sûre, libre, et riche du christianisme. Tout est
basé sur Sa Personne glorieuse. La grâce qui apporte le salut est apparue à quiconque, à tous
(Tite 2:11). Lorsque la loi enfermait un peuple pour le préserver de la dépravation d’une race
rebelle et idolâtre, quand elle instruisait ceux qui en tenaient compte, nous pouvons voir
pourquoi la sagesse de Dieu a choisi une nation unique pour cette grande expérience morale.
Mais quand la plénitude [ou : l’accomplissement, version JND] du temps est venue, Dieu a
envoyé Son Fils, né de femme, né sous la loi, pour racheter ceux qui étaient sous la loi, afin
que nous (les brebis de la bergerie) nous puissions recevoir la condition de fils [ou :
l’adoption]. Mais parce que vous êtes fils (vous, les Gentils qui croyez l’Évangile), Dieu a
envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs, criant « Abba, Père » (Gal. 4:4-6). Le don était
trop précieux, le bienfait trop efficace, pour être renfermé dans les limites étroites d’Israël,
surtout que la Lumière manifestait les ténèbres universelles tout autour.

Quiconque, alors, est entré par Christ sera sauvé ; il entrera et sortira, et il trouvera tout ce qui
lui manque. Dieu « qui n’a pas épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous,
comment ne nous fera-t-il pas don aussi, librement, de toutes choses avec lui ? » (Rom. 8:32).
La loi condamnait le pécheur, le plaçait dans la servitude, et le condamnait à mort. Celui qui
est immuable change tout pour le croyant, quel qu’il puisse être. C’est la grâce, ainsi que la
vérité, et les deux vinrent par Christ le Seigneur et en Lui. Quel Sauveur ! Qu’Il est digne de
ce Dieu qui L’a donné et L’a envoyé dans le monde, Lui Son Fils unique, afin que nous
vivions par Lui !

11.2.1.3 - Jean 10:10 — les voleurs, la vie en abondance

En dehors de Christ, on a le péché et la misère. Tel est le monde ; et de tout le monde aucune
partie n’est aussi illusoire, aussi égoïste, aussi funeste pour elle-même et totalement
gouvernée par lui, que le monde religieux et ses conducteurs, — qui sont maintenant les chefs
de l’incrédulité et de la superstition. Voici le témoignage de Christ, de Celui qui est la vérité :
« Le voleur ne vient que pour voler, et tuer, et détruire » (10:10a). Aucune créature ne peut
s’élever au-dessus de son niveau ; que peut faire, alors, la créature qui est plongée dans un
mal et un égoïsme persistants ? Elle peut s’enfoncer indéfiniment ; elle ne peut pas s’élever
au-dessus d’elle-même. La haine du monde peut devenir plus mortelle, ses ténèbres peuvent
s’épaissir ; et pourtant aucune idée ni aucun sentiment, aucune aide ni aucune ordonnance ne
peuvent changer sa nature. Mais la prétention d’être de Dieu, quand on ne l’est pas, peut
précipiter et précipite dans les profondeurs de l’avarice et de la cruauté. C’est d’autant plus
destructeur que la fausse revendication de Son nom ferme toutes les voies d’accès de la pitié
humaine ordinaire ; et la réalité de ce qui est de Dieu provoque, dans ce qui n’est pas de Lui
en réalité, la détermination de se débarrasser de ce qui le condamne.

Combien le contraste avec Christ est béni ! « Moi, je suis venu afin qu’elles aient la vie, et
qu’elles l’aient en abondance » (10:10b). Il était la vie, et la vie était en Lui — non pas la
lumière seulement, mais la vie. Tous en dehors de Lui gisaient dans les ténèbres et la mort.
Non seulement Lui était envoyé du Père, mais Il est venu, et est venu pour que les brebis aient
la vie ; et Il voulait la donner en abondance, comme cela était dû par excellence à Sa gloire

405
personnelle et à Son œuvre — une œuvre qu’Il avait toujours devant Lui ici-bas. C’est
pourquoi ce n’est qu’en résurrection qu’Il a soufflé dans les disciples (20:22). Comme
l’Éternel Dieu souffla en Adam, et l’homme devint une âme vivante, d’une sorte différente de
tous les autres êtres vivants sur terre, — de même Lui, qui était à la fois et pareillement
l’Homme ressuscité et le vrai Dieu, souffla une vie meilleure en ceux qui croyaient en Lui.
C’est la vie éternelle, et ceci après que toute question du péché et de loi ait été réglée pour la
foi par Sa mort.

11.2.2 - Jean 10:11-13 — le bon Berger

Le Seigneur se présente ensuite sous le beau caractère du bon Berger — une preuve très
touchante et expressive de Son humble amour quand nous pensons à Qui Il est et à ce que
nous sommes. « Moi, je suis le bon berger : le bon berger met sa vie pour les brebis ; mais
l’homme qui reçoit des gages, et qui n’est pas le berger, à qui les brebis n’appartiennent pas
en propre, voit venir le loup, et laisse les brebis, et s’enfuit ; et le loup les ravit, et il disperse
les brebis. Or l’homme à gages s’enfuit, parce qu’il est un homme à gages et qu’il ne se met
pas en souci des brebis » (10:11-13).

11.2.2.1 - Jean 10:11

Voilà en effet l’amour ; non pas que nous L’ayons aimé, mais que Lui nous aima, et qu’Il est
mort pour être la propitiation pour nos péchés (1 Jean 4:10). Laisser sa vie pour d’autres aurait
été, en tout cas, la manifestation la plus complète de l’amour : combien plus dans Son cas à
Lui, à qui les brebis appartenaient, au sujet duquel il avait été promis dès les temps anciens
qu’il se tiendrait et paîtrait avec la force de l’Éternel, dans la majesté du nom de l’Éternel, son
Dieu (Mich. 5:4) ! La grandeur jusqu’aux bouts de la terre (Ps. 72:8) est peu de chose par
comparaison avec le bon Berger mettant (ou : laissant) Sa vie pour les brebis. C’est le même
Messie ; mais combien le témoignage rendu à Son amour est infiniment plus grand en
mourant ainsi, qu’en régnant, aussi glorieux que soit jamais Son règne, — et cela même que
ce règne soit convenable pour Lui et qu’il Lui soit dû, et dû à la gloire de Dieu, et béni pour
l’homme lorsque le royaume viendra !

11.2.2.2 - Jean 10:12-13

Une autre phase de la prétention humaine dans les choses de Dieu apparaît ensuite, non pas
celle des voleurs et des larrons comme auparavant, mais « l’homme à gages », l’homme qui se
mêle des brebis, sans avoir de meilleur motif que le lucre et la cupidité. « Les brebis affamées
regardent, et ne sont pas nourries », comme l’un de nos poètes [Lycidas de Milton] a chanté à
juste titre. Ici donc ce que le Seigneur décrit d’abord, n’est pas leurs épreuves, mais le
caractère de celui qui revendique ce n’est pas à lui, mais qui appartient à Christ : il abandonne
ouvertement les brebis à l’heure du danger. Il « voit venir le loup, et laisse les brebis, et
s’enfuit » (10:12b). C’est l’adversaire, quels que soient les moyens ou les instruments par
lesquels il travaille. Puis suit le danger qu’elles courent, et le mal effectif qui est fait. « Et le
loup les ravit, et il disperse les brebis. Or l’homme à gages s’enfuit, parce qu’il est un homme

406
à gages et qu’il ne se met pas en souci des brebis » (10:12c-13). Dans la mort de Christ,
l’amour divin a opéré comme il œuvrait déjà dans le propos de Dieu et dans Sa volonté ; or il
n’y a rien de bon ni d’acceptable quand l’amour n’est pas le motif. C’est la seule et vraie
source du service ; c’est ce que le Seigneur indiquait à Son serviteur (Pierre), une fois
pleinement restauré et rétabli, après qu’il L’eut renié : « Pais mes agneaux — pais mes
brebis » (21:15, 17). Certes Il propose les récompenses les plus glorieuses pour encourager le
serviteur qui est déjà sur le chemin de Christ, et qui est susceptible d’être abattu par les
difficultés qu’il y rencontre ; mais l’amour seul est reconnu comme ce qui le force à servir.
Christ était la perfection de l’amour qui se sacrifie ; et c’est Satan, comme le loup, qui saisit et
disperse ce qui Lui est si précieux, par le moyen de l’égoïsme de ceux qui abandonnent les
brebis dans leur pire danger, du fait que l’homme à gages (un mercenaire) ne se soucie pas
des brebis. Le caractère de l’homme et celui de Satan sont aussi clairs que celui de Christ, —
lequel ressort pour d’autres aspects dans les versets suivants. Chez Lui l’égoïsme était
totalement absent ; il n’y avait que de l’amour.

11.2.3 - Jean 10:14-15

« Moi, je suis le bon berger, et je connais les miens et je suis connu des miens, comme le Père
me connaît et moi je connais le Père ; et je mets ma vie pour les brebis » (10:14-15).

Ici Sa bonté est manifestée dans la connaissance mutuelle du Berger et des brebis ; et celle-ci
(c’est merveilleux à dire) est selon le modèle de la connaissance du Père par le Fils, et du Fils
par le Père. C’est une connaissance d’un genre divin, aussi vraie en l’absence du Berger qu’en
Sa présence. Ce n’était pas des soins protecteurs comme ceux que le Messie pouvait déployer
et déploiera envers Son peuple, si tendres soient-ils ; car « Comme un berger il paîtra son
troupeau ; par son bras il rassemblera les agneaux et les portera dans son sein ; il conduira
doucement celles qui allaitent » (Ésaïe 40:11). Or auparavant il n’y avait jamais eu entre le
Berger et Son peuple une intimité transparente, telle que celle existant entre Son Père et Lui
lorsqu’Il était sur la terre ; mais c’est selon ce modèle, et aucun autre, que devait être
l’intimité entre Lui en haut et les brebis ici-bas. Cette réciprocité de connaissance disparaît
presque entièrement dans la Version anglaise Autorisée à cause du point malheureux entre les
v. 14 et 15, et à cause de l’erreur de traduction qui s’ensuit à la première phrase du v. 15.

Le Seigneur revient au fait de mettre [ou : laisser] Sa vie pour Ses brebis. Ce n’est pas
étonnant ; car comme Il ne pouvait pas donner une plus grande preuve d’amour, il n’y a donc
rien qui fortifie autant nos âmes, tout en étant humiliant pour elles, rien qui glorifie autant
Dieu, et aucun tournant aussi décisif pour la bénédiction de l’univers. À ce stade, cependant,
c’est l’amour du bon Berger pour les brebis.

11.2.4 - Jean 10:16

Ici, le Seigneur peut parler distinctement pour la première fois d’autres objets de Son amour.
Il pouvait venir comme ministre de la circoncision pour les brebis perdues de la maison
d’Israël (Matt. 15:24). Mais Son amour ne pouvait pas être aussi restreint, lorsque Sa mort
ouvre les vannes. La mention de Sa mort L’amène à parler de ce qui était tout à fait en dehors
d’Israël. « Et j’ai d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie » — qui ne sont pas du

407
peuple juif à l’intérieur de l’enclos de la loi et des ordonnances ; « il faut que je les mène,
elles aussi ; et elles écouteront ma voix, et il y aura un seul troupeau, un seul berger » (10:16).

Ce n’est pas, comme dans la Bible anglaise (version autorisée) et d’autres, à la suite de la
Vulgate, « il y aura une seule bergerie », mais « il y aura un seul troupeau ». Dieu ne
reconnaît pas maintenant quelque chose comme une bergerie. C’est exclusivement Juif ; l’idée
en est venue parmi les chrétiens à travers la judaïsation de l’Église, tandis que la vérité de
l’église (ou : assemblée), quand on l’a saisie, rend intolérable de lui appliquer une telle pensée
ou un tel mot. La vérité est, comme nous l’avons entendu, que le Seigneur allait mettre dehors
toutes Ses brebis, Lui marchant devant elles, et les brebis Le suivant (10:4). C’était donc en
dehors de la bergerie juive. Or Il avait d’autres brebis qui ne faisaient pas partie de celle-ci.
« Il faut que je les mène, elles aussi ; et elles écouteront Ma voix » (10:16b). Ce devait être
d’entre les Gentils, et là les croyants entendent Sa voix, croyant l’évangile. Mais ils ne
forment pas un nouvel enclos, clôturée par la loi comme la bergerie d’Israël. La liberté de
Christ fait partie de l’essence du christianisme, non seulement la vie et le pardon, mais la
liberté ainsi que la nourriture. Car si Christ est tout, que peut-il manquer là ? Les brebis juives
ont été menées dehors, les brebis Gentiles sont rassemblées, et les deux forment un seul
troupeau, aussi véritablement qu’il y a un seul berger.

L’une des pires causes qui a engourdi les saints à la perception de la vérité, est l’existence du
grand nombre d’enclos dénominationnels où ils se trouvent. Est-ce dur d’affirmer qu’un tel
état de choses, construit par les réformateurs, et par d’autres doués d’une énergie particulière
depuis la Réformation, n’est pas autorisée par l’Écriture ? Mais que dit celle-ci qui est notre
seule norme ? « Un seul troupeau, un seul berger » (10:16c). Combien il est douloureux de
trouver des personnes si remplies de préjugés qu’elles enseignent : « beaucoup de bergeries,
mais un seul troupeau » ! Or ceci, c’est pervertir la parole de Dieu plutôt que l’exposer ; la
Parole de Dieu n’admet aucune bergerie, maintenant que l’esprit et la lettre en refusent la
justification.

Un autre élément qui a opéré puissamment en faveur d’« une bergerie » c’est la confusion
nuisible de l’Église avec Israël, Sion, etc., qui est répandue non seulement dans la théologie
ordinaire, mais même dans les en-têtes de la Version Autorisée anglaise, et est par suite
constamment devant tous les yeux. Par conséquent, si nous sommes maintenant identifiés
ainsi avec l’ancien peuple de Dieu au point d’être autorisés à interpréter tout ce qui est dit
d’eux dans l’Ancien Testament comme notre part actuelle, on ne peut pas être surpris que cela
tende à produire un même résultat dans le Nouveau Testament.

11.2.5 - Jean 10:17-18

Mais mort de Christ a un aspect par rapport à Son Père, qui est d’être un délice et une
satisfaction des plus profonds, outre qu’elle est la base de la rédemption et du christianisme.
« À cause de ceci le Père m’aime, c’est que moi je laisse ma vie, afin que je la reprenne.
Personne ne me l’ôte, mais moi, je la laisse de moi-même ; j’ai le pouvoir [ou : l’autorité] de
la laisser, et j’ai le pouvoir de la reprendre : j’ai reçu ce commandement de mon Père »
(10:17-18). Le Seigneur n’ajoute pas ici que Sa vie est laissée « pour les brebis », et nous ne
devons pas non plus limiter Sa mort à son effet pour nous. Le Seigneur nous laisse voir la
valeur que le fait de laisser Sa vie avait en soi. C’était un nouveau motif pour l’amour du
Père ; et ce n’est pas étonnant, si ce motif n’était déjà que la profondeur insondable à laquelle

408
Son propre dévouement pouvait descendre. Or personne si ce n’est le Père sait tout ce qu’Il a
trouvé dans cette mort en fait d’amour, de confiance en Lui, d’abandon de soi, et d’excellence
morale de toute manière, le tout étant couronné par la dignité personnelle de Celui qui, se
trouvant dans une relation ineffablement proche avec le Père Lui-même, s’est donc plus à
mourir. Par conséquent, il ne pouvait être autrement que le Fils puisse reprendre Sa vie, non
pas maintenant en relation avec la terre et avec l’homme qui y vit, mais comme ressuscité
d’entre les morts, et devenant ainsi la puissance et le modèle du christianisme.

Dans cette profonde humiliation à laquelle le Seigneur s’est soumis en grâce, il est pris le plus
grand soin pour qu’on soit gardé de tout soupçon susceptible de rabaisser Sa gloire comme le
Fils et comme Dieu. Ce n’est pas, comme dans Matthieu (où Il est vu comme le Messie rejeté,
le Fils de l’homme, non pas simplement Celui qui est destiné à être chef de toutes nations et
tribus, et langues, mais aussi Celui qui est à la tête des saints anges — Ses anges) : Il n’avait
qu’à faire appel à Son Père, qui Lui fournirait plus de douze légions d’anges. Et à quoi
auraient servi toutes les légions de Rome en face de ces êtres célestes, puissants en force, qui
exécutent Sa parole ? (Ps. 103:20). Mais comment, alors, ajoute-t-Il d’une manière bénie,
pourraient être accomplies les écritures qui disent qu’il doit en être ainsi ? (Matt. 26:54).

Bien qu’Il fût une personne divine, Il était venu pour mourir ; Il était la vie éternelle qui était
auprès du Père avant qu’il n’y eût ni homme ni terre, et pourtant Il avait daigné devenir
homme afin de pouvoir ainsi laisser Sa vie et la reprendre. Mais ici Il parle autant en amour
humble, que dans la conscience d’être Dieu : « Personne ne me l’ôte, mais moi, je la laisse de
moi-même ; j’ai le pouvoir de la laisser, et j’ai le pouvoir de la reprendre : j’ai reçu ce
commandement de mon Père » (10:18). D’une part il y a l’affirmation tranquille du droit ainsi
que du pouvoir de laisser Sa vie et de la reprendre. Comme personne hormis le Créateur ne
pouvait reprendre sa vie, aucune créature n’est en droit de laisser sa vie. Personne sinon Dieu
n’a le pouvoir et le droit de faire les deux ; et la Parole, sans bien sûr cesser d’être divine (en
effet, elle ne pourrait pas cesser de l’être), devint chair afin de pouvoir ainsi mourir et
ressusciter. D’autre part, même en cela qui pourrait avoir été à juste titre considéré comme le
plus strictement personnel de tous les actes, Il demeure l’homme obéissant et ne voulait faire
que la volonté de Son Père. Il était venu pour faire la volonté de Dieu. C’est la perfection, et
elle ne se trouve qu’en Jésus seul. Eh bien, puissions-nous L’adorer avec le Père qui L’a
donné. Il en est digne.

11.2.6 - Jean 10:19-21

Ces merveilleuses paroles ne furent pas sans effet, même alors parmi les Juifs. Un amour
inconnu auparavant, l’humilité d’un serviteur, la dignité de Quelqu’un qui est consciemment
divin, — cela opérait dans certaines consciences, tandis que, chez d’autres, cela réveillait une
haine profonde. Il en est ainsi, et il faut qu’il en soit ainsi dans un monde d’hommes pécheurs,
où Dieu et Satan sont tous les deux à l’œuvre dans le conflit gigantesque du bien et du mal.

« Il y eut encore de la division parmi les Juifs à cause de ces paroles ; et plusieurs [ou :
beaucoup] d’entre eux disaient : Il a un démon, et il est fou ; pourquoi l’écoutez-vous ?
D’autres disaient : Ces paroles ne sont pas d’un démoniaque ; un démon peut-il ouvrir les
yeux des aveugles ? » (10:19-21). Plus la grâce est grande, et plus la vérité est profonde,
moins l’esprit naturel apprécie Christ. Il est, en effet, le test de toute âme qui entend Sa parole.
Mais si certains imputaient ce qui était infiniment au-dessus de l’homme à un démon, et au

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délire résultant de cette possession, il y en avait d’autres qui sentaient à quel point ces paroles
étaient éloignées de celles d’un démoniaque, et qui s’inclinaient devant la puissance divine
qui les scellait. Les paroles et les œuvres avaient un autre caractère et une autre importance
pour leurs consciences.

11.3 - Jean 10:22-30

« Or la fête de la Dédicace se célébrait à Jérusalem, (et) c’était en hiver. Et Jésus se promenait
dans le temple, au portique de Salomon. Les Juifs donc l’environnèrent et lui dirent : Jusques
à quand tiens-tu notre âme en suspens ? Si toi, tu es le Christ, dis-le nous franchement. Jésus
leur répondit : Je vous l’ai dit, et vous ne croyez pas. Les œuvres que moi je fais au nom de
mon Père, celles-ci rendent témoignage de moi ; mais vous, vous ne croyez pas, car vous
n’êtes pas de mes brebis. Mes brebis écoutent ma voix, et moi je les connais, et elles me
suivent, et moi, je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais ; et personne ne les
ravira de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous, et personne ne
peut les ravir de la main de mon Père. Moi et le Père, nous sommes un » (10:22-30).

11.3.1 - Jean 10:22-24

Nombre d’entre nous sont familiers avec l’effort que font certains qui se servent de passages
comme le début du v. 22 pour soutenir la tradition et l’autorité humaine dans les choses
divines. Mais l’argument est vraiment futile. Car ici, nous n’apprenons rien au sujet d’une
éventuelle et quelconque participation de notre Seigneur à des observances des hommes. Nous
y voyons seulement le Seigneur se trouvant alors à Jérusalem, alors que c’était l’hiver, et Il se
promenait dans le portique de Salomon, lorsque les Juifs L’entourèrent, et Lui dirent : Jusques
à quand (ou : combien de temps) exciteras-tu notre âme (ou : tiens-tu notre âme en suspens) ?
Même si l’incrédulité des Juifs était misérable et coupable, ceux-ci ne tiraient aucune
conclusion de Sa présence effective là et alors. Ils étaient mal à l’aise, en dépit de leur
opposition à Son égard. « Si toi, tu es le Christ, dis-le nous franchement ».

11.3.2 - Jean 10:25-26

Mais l’heure fatale était proche, ainsi que la puissance des ténèbres (Luc 22:53) ; et la lumière
était sur le point de s’éloigner d’eux, après avoir été pleinement manifestée au milieu d’eux
(12:35). « Jésus leur répondit : Je vous l’ai dit, et vous ne croyez pas » (10:25a). Prenez
seulement Ses paroles rapportées en Jean 5, 6 et 8. Il ne pouvait y avoir de témoignage plus
clair et plus riche. Mais un témoignage ne dure pas toujours. Il est donné librement,
pleinement, patiemment, et peut alors être ôté à ceux qui rejettent, et être remis à ceux qui
écoutent. C’est ainsi que Dieu a l’habitude d’agir, et c’est ainsi que le Seigneur répond en
cette occasion : « Je vous l’ai dit, et vous ne croyez pas ».

Mais il y avait plus que des paroles, bien qu’elles fussent véritablement divines — des paroles
de grâce et de vérité selon Sa Personne. Il y avait des œuvres de caractère similaire ; et les
Juifs étaient habitués à chercher des signes. S’ils cherchaient honnêtement, ils pouvaient voir
410
plus de signes que l’homme n’en peut compter ou faire l’estimation. « Les œuvres que moi je
fais au nom de mon Père, celles-ci rendent témoignage de moi » (10:25b). Comment
expliquer une telle dureté dans un cœur quel qu’il soit ? « Mais vous, vous ne croyez pas, car
vous n’êtes pas de mes brebis » (10:26a). Voilà l’explication solennelle d’une difficulté, d’une
résistance à la vérité, d’un rejet de Christ, aussi vrai aujourd’hui que toujours !

Les hommes se fient à eux-mêmes, à leurs propres sentiments, à leurs propres jugements.
Ceux-ci ne les ont-ils jamais induits en erreur ? Ont-ils toujours été vrais devant Dieu ? Quelle
folie suicidaire de ne pas se méfier de soi-même, au lieu de regarder à Dieu, de crier à Dieu,
de demander de Dieu quel est Son chemin, Sa vérité, Son Fils ! Mais non : ce serait croire et
être sauvé ; et ils ne le veulent pas. Ils sont trop orgueilleux. Ils ne veulent pas s’incliner
devant la Parole qui les accuse d’être pécheurs, même si elle leur envoie le message de
rémission des péchés pour la foi. Ils estiment qu’une telle grâce de la part de Dieu suppose
une culpabilité totale et la ruine de leur côté ; et cela, ils sont trop durs, trop orgueilleux pour
le reconnaître. Ils ne croient pas ; ils ne sont pas les brebis du Sauveur. Les criminels, les
païens, peut-être, peuvent avoir besoin d’un Sauveur ; non pas des hommes comme eux, des
gens convenables, moraux et religieux ! Ils ne croient pas, ne veulent pas croire, et sont
perdus, non pas parce qu’ils sont de trop grands pécheurs pour Christ, mais parce qu’ils
refusent Christ comme Sauveur, et nient leur ruine comme pécheurs. Ils préfèrent continuer
comme ils sont, comme la grande masse des hommes : Dieu, pensent-ils, est trop
miséricordieux, et ils espèrent s’améliorer un jour s’ils ne se sentent pas tout à fait justes
aujourd’hui. C’est ainsi qu’ils sont perdus. Voilà le chemin et la fin d’un grand nombre
d’incrédules maintenant, comme des Juifs alors.

11.3.3 - Jean 10:27

Comment sont alors caractérisées les brebis de Christ ? Il n’y a pas lieu d’hésiter pour la
réponse, car voici ce que Lui en dit : « Mes brebis écoutent ma voix » : une qualité
incomparablement meilleure que de faire ceci ou cela, ou toutes choses sans elle. C’est
l’obéissance de la foi, le saint parent de tous les saints résultats. Sans la foi il est impossible
de plaire à Dieu (Héb. 11:6) ; or voici la caractéristique présente de ceux qui sont de la foi : ils
écoutent la voix de Christ, et sont vraiment humbles, et pourtant fermes. Il n’y a pas
d’affirmation du moi, ni d’oubli de leur propre état de péché, ni d’oubli de Sa gloire. C’est la
simple reconnaissance de Sa grâce, et de leur propre besoin ; et c’est ainsi seulement que les
âmes sont bénies par le moyen de Christ à la gloire de Dieu.

Cependant ceci n’est pas leur seul privilège. « Et moi je les connais », dit le Seigneur. Il n’est
pas dit ici qu’elles connaissent Christ, bien que ce soit vrai par grâce. Mais Il les connaît, avec
toutes leurs pensées et leurs sentiments, toutes leurs paroles et leurs voies, tous leurs dangers
et leurs difficultés, tout leur passé, leur présent et leur futur. Il les connaît en bref
parfaitement, et dans un amour parfait. Quelles faveurs et bénédictions infinies ! Quelle
ressource et quelle joie !

Mais il y a plus. Non seulement les brebis entendent la voix de Christ, mais Il ajoute : « et
elles me suivent ». Car la foi est vivante et pratique, — sinon pire qu’inutile. Et s’il est dû à
Christ que Ses brebis Le suivent, c’est aussi ce dont elles ont besoin du fait qu’elles sont
exposées à des ennemis innombrables, visibles et invisibles. Voilà leur sécurité, quelles que
soient les circonstances qu’elles traversent : Christ qui conduit les brebis ne peut pas manquer,

411
et comme Il les connaît, elles Le suivent. Ainsi, Il les garde dans le chemin, et le chemin c’est
Lui.

11.3.4 - Jean 10:28

« Et moi, je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais ; et personne ne les ravira de
ma main » (10:28). Ainsi le Seigneur leur garantit Sa propre vie, non pas la vie d’Adam qui
introduisit la mort, et mourut, et laissa le triste héritage à tous ses descendants ; tandis que le
second Homme et le dernier Adam (1 Cor. 15:47, 45), étant le Fils de Dieu, vivifie ceux qu’Il
veut (5:21), et vivifie avec et pour la vie éternelle. Dit-on, cependant, que les brebis sont
faibles ? C’est incontestable, mais, ici, Il exclut la peur et l’anxiété pour tous ceux qui croient
en Lui, car il ajoute aussitôt qu’« elles ne périront jamais » (« elles ne seront en aucune
manière jamais perdues »). Aucune faiblesse intrinsèque, par conséquent, ne compromettra
leur sécurité pour un moment ; ni aucune force hostile ou ruse ne les mettra en danger ; car
« personne ne les ravira de ma main ».

11.3.5 - Jean 10:29-30

L’amour pouvait-il donner davantage d’assurances à ceux qui sont ses objets ? Son amour
voulait leur conférer la certitude de Sa joie la plus profonde, l’amour de Son Père aussi sûr
que le Sien ; et c’est donc par cela qu’Il termine Sa communication : « Mon Père, qui me les a
données, est plus grand que tous, et personne ne peut les ravir de la main de mon Père. Moi et
le Père, nous sommes un » (10:29-30). Ici nous nous élevons dans cette hauteur de l’amour
saint et de la puissance infinie dont personne ne pouvait parler, sinon le Fils ; et Il parle des
secrets de la Déité avec la familiarité intime propre au Fils unique qui est dans le sein du Père
(1:18). Il n’avait besoin de personne pour témoigner de l’homme, car Il savait ce qui était
dans l’homme (2:25), étant Lui-même Dieu ; et Il savait ce qui était en Dieu pour la même
raison. Le ciel ou la terre, le temps ou l’éternité, ne faisaient aucune différence. Aucune
créature n’est cachée devant Lui, mais toutes choses sont nues et découvertes aux yeux de
Celui auquel nous avons à faire (Héb. 4:13). Et Il déclare que le Père qui avait fait le don
résiste à tout ce qui peut menacer de nuire ; et comme Il a donné à Christ, alors Il est plus
grand que tous, et personne ne peut ravir de Sa main. En effet, le Fils et le Père sont un, non
pas une seule personne (ce qui est réfuté par έσμεν, avec toutes les autres écritures qui s’y
rapportent), mais une chose, έν, une nature ou essence divine (comme d’autres écritures le
prouvent pareillement). Le plus humble des hommes, le Berger des brebis, Lui est le Fils du
Père, vrai Dieu et vie éternelle (1 Jean 5:20). Et Lui et le Père sont réellement un, autant en
essence divine que dans la communion de l’amour divin pour les brebis.

Ainsi le Seigneur assume et implique la gloire divine comme étant Sienne, pas moins que
celle du Père, malgré la place d’homme qu’Il avait prise dans l’humiliation de l’amour, afin
de détruire les œuvres du diable, et de délivrer de l’esclavage du péché et du très juste
jugement de Dieu les pécheurs coupables qui écoutent Sa voix. Cela suscita à nouveau la
haine meurtrière de Ses auditeurs.

412
11.4 - 10:31-33

« Les Juifs donc levèrent encore des pierres pour le lapider. Jésus leur répondit : Je vous ai
fait voir plusieurs bonnes œuvres de la part de mon Père : pour laquelle de ces œuvres me
lapidez-vous ? Les Juifs lui répondirent : Nous ne te lapidons pas pour une bonne œuvre, mais
pour blasphème ; et parce que toi, étant homme, tu te fais Dieu » (10:31-33).

Hélas ! il y a la volonté de l’homme et sa confiance en lui-même ! Ils avaient raison de dire


que Jésus était un homme ; ils n’avaient pas tort de comprendre qu’Il revendiquait être Dieu.
Mais l’insinuation de Satan opère sur l’incrédulité de l’homme vis-à-vis de tout ce qui
dépasse ses sens et ses pensées ; il insinuait que Celui qui était Dieu ne voudrait pas daigner
devenir homme pour accomplir la rédemption, dans son amour pour les hommes et en vue de
la gloire de Dieu. Était-ce incroyable que Dieu s’abaisse si bas à des fins si excellentes ? Jésus
n’avait-Il pas donné des preuves suffisantes de Sa gloire et de Sa relation avec le Père, en
puissance et en bonté, autant qu’en vérité ? Il avait montré une vie de pureté inconnue jusque-
là, de dépendance de Dieu sans pareille, de bonté active et inlassable, d’humilité et de
souffrance, et cette vie était d’autant plus surprenante qu’Il disposait d’une puissance illimitée
en témoignage au Père, et pouvant accomplir toute la chaîne des types et prophéties de
l’Écriture ; tout cela se combinait pour rejeter l’imputation d’imposture sur le serpent ancien,
le menteur et père du mensonge, dont le grand mensonge est de supplanter Dieu en tant
qu’objet de foi, de service et d’adoration de la part de l’homme, au profit de faux objets, ou au
profit du moi tout seul sans autre objet, ce qui n’est rien d’autre que le service de Satan, même
si on ne s’en rend guère compte.

Rien n’éveille donc autant la fureur de Satan que Dieu ainsi présenté, dans et par le Seigneur
Jésus, manifestant Sa débonnaireté parfaite et l’inimitié de l’homme, sans pour autant
intervenir en puissance pour échapper aux insultes et aux blessures. « Mais auparavant il faut
qu’il souffre beaucoup, et qu’il soit rejeté par cette génération » (Luc 17:25), une génération
qui subsiste encore moralement, et qui continuera jusqu’à Son retour en gloire pour juger. Ils
prirent donc des pierres pour Le lapider, car Satan est meurtrier autant que menteur, et rien ne
suscite autant la violence, même jusqu’à la mort, que la vérité qui condamne l’homme dans
ses prétentions religieuses. Pour leurs esprits aveuglés et en fureur, c’était un blasphème de
dire qu’Il donnait la vie éternelle à ceux qui Le suivaient, indépendamment de la faiblesse ou
de la force de la créature, et un autre blasphème de dire qu’Il était un avec le Père, — alors
que c’est une vérité si vitale et si nécessaire qu’on ne peut être sauvé si on la rejette. Ses
paroles étaient aussi bonnes que Ses œuvres, et même plus importantes pour l’homme, et elles
provenaient toutes deux du Père. Celui que Dieu avait envoyé parlait les paroles de Dieu,
comme Jean en a rendu témoignage (3:34). C’était eux qui blasphémaient en niant qu’Il fût
Dieu, Lui qui, en grâce à leur égard, avait condescendu à devenir homme.

11.5 - 10:34-36 « vous êtes des dieux »

Alors le Seigneur fait face aux Juifs sur leur propre terrain par un argument « a fortiori » qui
laisse intact Sa gloire personnelle. « Jésus leur répondit : N’est-il pas écrit dans votre loi :
« Moi j’ai dit : Vous êtes des dieux » ? S’il appelle dieux ceux à qui la parole de Dieu est
venue (et l’écriture ne peut être anéantie), dites-vous à celui que le Père a sanctifié, et qu’il a
envoyé dans le monde : Tu blasphèmes, parce que j’ai dit : Je suis le Fils de Dieu ? » (10:34-
36). Il raisonne de manière très probante en partant du moindre pour aller au plus grand ; les

413
Juifs savaient bien que leurs livres inspirés, par exemple le Ps. 82, appelaient leurs juges
elohim (dieux) en tant qu’ils étaient commis par Dieu et responsable de juger en Son nom. Si
un tel titre pouvait être utilisé dans l’Écriture à l’égard d’un simple magistrat (et l’autorité de
l’Écriture ne peut pas être anéantie), combien était-il déraisonnable de taxer de blasphème
Celui que le Père avait mis à part (*) et envoyé dans le monde, au motif qu’Il avait dit être
Fils de Dieu ! En cela, Il n’affirme ni ne démontre ce qu’Il est, mais Il les convainc
simplement de perversité sur la base de leur loi. Ils n’avaient pas la moindre excuse alors
qu’ils prétendaient tenir à leur loi d’autorité divine. Si Dieu appelait les juges par Son nom
(elohim) comme étant Ses représentants, combien plus cela était-il dû à Celui qui avait une
place aussi unique ?

(*) [Sur les termes sanctification et sanctifier] Il est bon de noter que le Seigneur parle de se
« sanctifier » Lui-même en 17:19 comme « mis à part » maintenant dans le ciel, Lui l’Homme
modèle dans la gloire, — et ici comme « mis à part » [= sanctifié, selon la version JND] par le
Père pour Sa mission dans le monde. Cet usage du terme « sanctifier » est tout à fait différent
de son application à nous qui sommes pécheurs, et sommes même morts dans nos péchés. La
sanctification, dans le cas de Celui qui est le Saint, se ramène au sens pur et abstrait de « mise
à part ».

11.6 - 10:37-38

 « Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, ne me croyez pas ; mais si je les fais, alors même
que vous ne me croiriez pas, croyez les œuvres, afin que vous connaissiez et que vous croyiez
que le Père est en moi, et moi en lui » (10:37-38). La force irrésistible de cet appel n’était pas
niée. Le caractère des œuvres rendait témoignage non seulement à la puissance divine, mais à
la puissance divine en plénitude d’amour. Qu’ils pensent ce qu’ils veulent de Lui, les œuvres
ne permettaient pas de se tromper, et elles amenaient à apprendre à connaître l’unité du Père
et du Fils. Il n’affaiblissait pas la dignité de Sa personne, ni la vérité de Ses paroles ; mais Il
plaidait avec eux, et travaillait leurs consciences par ces œuvres qui attestaient autant la
puissance que la grâce de Dieu, et en conséquence Sa gloire à Lui qui les a écrites. Mais la
propre volonté se dresse contre toutes les preuves.

11.7 - 10:39-42

« Ils cherchaient donc encore à le prendre ; mais il échappa de leur main et s’en alla encore
au-delà du Jourdain, à l’endroit où Jean avait baptisé au commencement, et il demeura là. Et
plusieurs vinrent à lui, et ils disaient : Jean n’a fait aucun miracle ; mais toutes les choses que
Jean a dites de celui-ci étaient vraies. Et plusieurs crurent là en lui » (10:39-42). On ne
pouvait pas dire que leur incrédulité n’était pas encore complète, mais Son heure n’était pas
encore venue. Le Seigneur se retire donc jusqu’au moment voulu de Dieu, et entre temps, il
retourne à la scène de l’œuvre de Jean au commencement, et Il demeure là, où la grâce gagne
bien des âmes qui reconnaissent en Lui la vérité du témoignage de Jean Baptiste.

414
12 - Chapitre 11
Le Seigneur était rejeté, rejeté dans Ses paroles et rejeté dans Ses œuvres. Elles étaient
parfaites toutes les deux, mais l’homme sentait que Dieu s’approchait de lui par les paroles
comme par les œuvres ; alors, comme ennemi de Dieu, il accumulait de plus en plus la haine
contre Son Fils, Son image.

Mais la grâce de Dieu attend encore l’homme coupable, et elle voulait donner un nouveau
témoignage, complet et final, à Jésus. Et nous commençons ici par ce qui caractérise par-
dessus tout notre évangile : Sa condition divine de Fils manifestée en puissance de
résurrection. Tout est public maintenant, tout se passe près de Jérusalem, ou à Jérusalem. Le
dessein de Dieu gouverne ici, comme partout. Tous les évangélistes présentent le témoignage
rendu à Sa gloire comme Messie, le second de ces trois témoignages, quoique aucun ne le
fasse avec autant de détails que Matthieu, dont la fonction était par excellence de Le montrer
comme Fils de David selon la prophétie, mais maintenant rejeté et sur le point de revenir en
puissance et en gloire. C’est la place de Jean, par-dessus tout, de Le signaler comme Fils de
Dieu, et c’est ce que le Saint Esprit fait en nous donnant par Son Évangile la résurrection de
Lazare. Christ est en résurrection l’Esprit vivifiant, en contraste avec Adam (1 Cor. 15:45) ;
mais Il est le Fils éternellement, et le Fils vivifie ceux qu’Il veut (5:21), avant la mort autant
qu’après la résurrection ; c’est ce qui est manifesté ici avec toute la richesse de détails que
cela méritait.

12.1 - Jean 11:1-3

« Or il y avait un certain homme malade, Lazare, de Béthanie, du village de Marie et de


Marthe sa sœur. (Et c’était la Marie qui oignit le Seigneur d’un parfum et qui lui essuya les
pieds avec ses cheveux, de laquelle Lazare, le malade, était le frère). Les sœurs donc
envoyèrent vers lui, disant : Seigneur, voici, celui que tu aimes (φιλεις) est malade » (11:1-3).

C’est ainsi que Jean introduit son récit. Cela nous met tout de suite en présence de tous ceux
qui étaient concernés — le foyer où Il avait l’habitude de se retirer loin des partis stériles et
coupables de Jérusalem. Qui n’a pas entendu parler de la femme qui oignit le Seigneur avec
un parfum, et essuya Ses pieds avec ses cheveux ? (12:3). Partout où l’évangile a été prêché
dans le monde entier, ceci a été raconté en mémoire d’elle. Mais son nom n’avait pas encore
été rendu public. C’est à Jean qu’il revenait de mentionner ce qui touchait de si près la
Personne du Seigneur. Jean nomme les personnes autres que lui, mais il cache son propre
nom. Il s’agissait donc de Marie. Elle et sa sœur envoyèrent un message au Seigneur,
comptant sur la promptitude de Son amour. Elles ne furent pas déçues. Son amour dépassa
toutes leurs pensées, comme Sa gloire dépassait leur foi, pourtant bien réelle. Mais leur foi fut
mise à l’épreuve, comme elle l’est toujours.

12.2 - Jean 11:4-10

« Jésus, l’ayant entendu, dit : Cette maladie n’est pas à la mort, mais pour la gloire de Dieu,
afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle. Or Jésus aimait (ήγάπα) Marthe, et sa sœur, et

415
Lazare. Après donc qu’il eut entendu que Lazare était malade, il demeura encore deux jours
au lieu où il était. Puis après cela, il dit à ses disciples : Retournons en Judée. Les disciples lui
disent : Rabbi, les Juifs cherchaient tout à l’heure à te lapider, et tu y vas encore ! Jésus
répondit : N’y a-t-il pas douze heures au jour ? Si quelqu’un marche de jour, il ne bronche
pas, car il voit la lumière de ce monde ; mais si quelqu’un marche de nuit, il bronche, car la
lumière n’est pas en lui » (11:4-10).

12.2.1 - Jean 11:4-6

Les premières apparences dans ce monde sont toujours à l’encontre de ce qui est bon, saint et
vrai. Ceux qui cherchent des occasions contre ce qui est selon Dieu peuvent facilement
trouver des excuses pour le mal qui est le leur. L’objectif moral de Dieu, comme de Sa Parole,
teste toutes les âmes qui entrent à son contact. Ainsi le Seigneur connaissait la fin depuis le
commencement quand Il dit : « cette maladie n’est pas à la mort ». Mais celui qui se hâte de
juger selon le commencement se trompera inévitablement dans son jugement. Quel aurait été
le jugement de celui qui, ensuite, L’entendit dire « Lazare, sors dehors ! », et qui vit le mort
sortir de la grotte servant de sépulcre ?

La résurrection manifeste par-dessus tout la puissance glorieuse de Dieu. Elle arrête l’homme
(c’est son but) qui sait que trop bien ce qu’est la maladie, et combien la mort le sépare sans
espoir de toutes ses activités. Et c’est justement parce qu’elle allait se poursuivre jusqu’à la
mort, que la maladie de Lazare allait fournir une occasion appropriée pour la gloire de Dieu,
et elle allait le faire aussi en glorifiant Son Fils par ce moyen.

Il y a des gens qui prennent leur plaisir dans ce qu’ils appellent « le règne de la loi ». Mais
quel est le sens de telles pensées ou de telles paroles quand elles sont mises en contact avec la
pierre de touche de la résurrection ? Ressusciter des morts ne démontre-t-il pas la suprématie
de la puissance de Dieu sur tout ce qui est une loi, alors qu’un sort immuable est assigné à
l’homme pécheur ici-bas, celui de la loi de la mort ? Car certainement la cause de la
résurrection n’est pas la mort, mais le Fils est Celui qui exerce la puissance de vie. Il vivifie
ceux qu’Il veut (5:21), car Il est Dieu ; mais Il le fait comme l’Envoyé, le Serviteur dépendant
et obéissant, car Il est homme. Tel était Jésus ici-bas dans ce monde, et ceci se manifesta
pleinement peu de temps avant qu’Il laisse Sa vie pour les brebis.

L’homme est un pauvre juge de l’amour divin, et même les saints ne l’apprennent que par la
foi. Jésus veut que nous ayons confiance en Son amour. Car en ceci est l’amour, non en ce
que nous ayons aimé Dieu, mais en ce que Lui nous aima, et Il l’a démontré en mourant
comme propitiation pour nous (1 Jean 4:10). Même ici, combien il est significatif que Jean
l’évangéliste dise que Jésus aimait Marthe et sa sœur et Lazare, juste avant l’indication de Son
séjour de deux jours supplémentaires au lieu où Il était quand Il reçut le message ! Si un
homme ordinaire avait le pouvoir de guérir et aimait un malade, combien se hâterait-il d’aller
guérir le patient ! Or Jésus avait déjà montré son pouvoir de guérison sur-le-champ. Quelle
que soit la distance, et même si celui qui souffrait n’en était pas conscient, pourquoi ne pas
dire une parole en faveur de Lazare ? Aimait-Il le seigneur noble de Capernaüm et son fils
(ch. 4) mieux que Lazare ? aimait-Il le centurion Gentil et son serviteur mieux que Lazare ?
Assurément non ; mais c’était pour la gloire de Dieu que le Fils de Dieu soit glorifié justement
par cette maladie, et par le fait que cette maladie ne soit pas arrêtée, et qu’il lui soit permis de
faire son oeuvre.

416
12.2.2 - Jean 11:7-8

Le Seigneur allait ressusciter Lazare, et ceci en l’absence de toute loi ; au contraire, par grâce,
il s’agissait de faire échapper quelqu’un à la loi de la mort. Combien le résultat fut vraiment
pour la gloire de Dieu ! L’homme n’aurait pas du tout agi de cette manière, il aurait agi sur-le-
champ s’il avait pu. Celui qui était Dieu et qui aimait comme aucun homme n’a jamais aimé,
demeura deux jours de plus là où il était, puis Il dit calmement aux disciples : « Retournons en
Judée ». Les disciples s’étonnèrent. Ne savait-Il pas mieux qu’eux la rancœur des Juifs ?
Avait-Il oublié leurs efforts répétés pour le lapider ? Pourquoi proposait-Il d’y retourner ?
C’était pour faire la volonté de Son Père, et ici c’était une œuvre à faire pour Sa gloire. Son
œil était certainement toujours simple, Son corps plein de lumière.

12.2.3 - Jean 11:9-10

« Jésus répondit : N’y a-t-il pas douze heures au jour ? Si quelqu’un marche de jour, il ne
bronche pas, car il voit la lumière de ce monde ; mais si quelqu’un marche de nuit, il bronche,
car la lumière n’est pas en lui » (11:9-10). Si c’était la volonté du Père, il faisait jour ; et
comme Jésus n’était pas seulement envoyé par le Père vivant, mais qu’Il vivait à cause de Lui
(6:57), ainsi pour le disciple, Lui est la lumière, la nourriture et le motif d’action. La volonté
de Dieu connue et la Parole de Dieu, voilà la lumière du jour. Être sans cette lumière, c’est
marcher dans la nuit, et broncher en est le résultat certain. Si Christ est devant nous, la
lumière sera en nous, et nous ne broncherons pas. Puissions-nous toujours davantage tenir
compte de Sa Parole !

Le Seigneur voulait exercer les cœurs des Siens. Tarder deux jours au même endroit n’était
pas une impulsion de sentiments humains, et pareillement, aller là où il y avait la haine
mortelle était selon la lumière dans laquelle Il était et dans laquelle Il marchait. Il avait
davantage à leur dire pour qu’ils y réfléchissent. Il demeurait dans la dépendance ; Il attendait
la volonté de Son Père. Celle-ci étant donnée, elle Le décide immédiatement à aller.

12.3 - Jean 11:11-16

« Il dit ces choses ; et après cela il leur dit : Lazare, notre ami, s’est endormi ; mais je vais
pour l’éveiller. Les disciples donc lui dirent : Seigneur, s’il s’est endormi, il sera guéri. Or
Jésus avait parlé de sa mort ; mais eux pensaient qu’il avait parlé du dormir du sommeil. Jésus
leur dit donc alors ouvertement : Lazare est mort ; et je me réjouis, à cause de vous, de ce que
je n’étais pas là, afin que vous croyiez. Mais allons vers lui. Thomas donc, appelé Didyme, dit
à ses condisciples : Allons-y, nous aussi, afin que nous mourions avec lui » (11:11-16).

Le Seigneur commence à leur faire savoir ce qu’Il allait faire ; mais ils étaient trop stupides
pour penser à Sa mort, ou à Sa puissance de résurrection. Prévenir la mort, guérir les maladies
est loin d’être le triomphe sur la mort. Il fallait que les disciples soient fortifiés par la vue de
la résurrection avant qu’Il meure sur la croix et qu’Il ressuscite.

417
Il est important de noter qu’ici comme partout, il est parlé du sommeil en rapport avec le
corps. C’est le mot que la foi considère comme approprié pour désigner la mort : quelles
ténèbres que celles de l’incrédulité qui le pervertissent pour matérialiser l’âme ! Celui qui est
la vérité parle comme les choses sont en réalité. Il savait qu’Il allait ressusciter Lazare.

Mais le Seigneur qui éprouve la foi répond à la faiblesse de Ses disciples, et solutionne la
difficulté. Il leur dit ouvertement « Lazare est mort », et Il exprime Sa joie à leur égard de ce
qu’Il n’était pas là (c’est-à-dire pas là pour guérir) afin qu’ils croient une fois qu’ils auraient
mieux connu Sa puissance pour vivifier et ressusciter les morts. Quand le Seigneur propose
d’aller en Judée, le sombre Thomas n’y voit rien d’autre qu’une ruée vers la mort, quoique
son amour pour le Seigneur l’amène à dire : « allons aussi afin que nous mourions avec Lui ».
Combien les pensées des disciples sont pauvres, même quand il y a une vraie affection pour le
Maître, qui effectivement allait pour mourir volontairement en grâce pour eux, pour leurs
péchés, afin qu’ils vivent éternellement, étant justifiés de tout ; mais Il était aussi ce Maître
qui voulait prouver, avant de mourir en sacrifice, que non seulement Il vivait, mais qu’Il
pouvait donner la vie aux morts comme Il voulait, tout en restant dans l’obéissance à Son Père
et dans la communion avec Lui ! Tel est notre Sauveur.

12.4 - Jean 11:17-29

« Jésus étant donc arrivé trouva qu’il était déjà depuis quatre jours dans la tombe. Or Béthanie
était près de Jérusalem, à une distance d’environ quinze stades. Et plusieurs d’entre les Juifs
étaient venus auprès de Marthe et de Marie, pour les consoler au sujet de leur frère. Marthe
donc, quand elle eut ouï dire que Jésus venait, alla au-devant de lui ; mais Marie se tenait
assise dans la maison. Marthe donc dit à Jésus : Seigneur, si tu eusses été ici mon frère ne
serait pas mort ; [mais] même maintenant je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu
te le donnera. Jésus lui dit : Ton frère ressuscitera. Marthe lui dit : Je sais qu’il ressuscitera en
la résurrection, au dernier jour. Jésus lui dit : Moi, je suis la résurrection et la vie : celui qui
croit en moi, encore qu’il soit mort, vivra ; et quiconque vit, et croit en moi, ne mourra point,
à jamais. Crois-tu cela ? Elle lui dit : Oui, Seigneur, moi je crois [j’ai cru et je crois] que tu es
le Christ, le Fils de Dieu, qui vient dans le monde. Et ayant dit cela, elle s’en alla et appela
secrètement Marie, sa sœur, disant : Le maître est venu, et il t’appelle. Celle-ci, aussitôt
qu’elle l’eut entendu, se lève promptement et s’en vient à lui » (11:17-29).

L’intervalle entre la mort et l’enterrement est précisé avec soin, ainsi que la proximité du lieu
où Jésus était par rapport à Jérusalem, et le nombre de Juifs qui à ce moment-là s’étaient
joints à Marie et Marthe pour les consoler dans leur douleur. Dieu disposait tout pour qu’il y
ait un témoignage brillant rendu à Son Fils. Le païen Eschyle exprime (Eum. 647) le
sentiment universel des païens, à savoir qu’une fois l’homme mort, il n’y a pas de résurrection
pour lui. Qu’est-ce que Dieu réserve pour ceux qui croient en Jésus ? Qu’est-ce que Jésus
réserve ? Qu’est-Il sinon la résurrection et la vie ? Il ne s’agissait pas seulement du dernier
jour. Jésus était là, vainqueur de la mort et de Satan.

Quand elle entend que Jésus approchait, Marthe toujours prompte, va à Sa rencontre, tandis
que Marie reste assise dans la maison avec un sens plus profond de la mort, mais prête à aller
tout de suite si on l’appelait. Entre temps, elle attend, comme le Seigneur le savait bien et
l’appréciait. Quand Marthe rencontre le Seigneur, elle confesse Sa puissance pour préserver
de la mort par Sa présence. Elle Le reconnaît comme Messie, et comme tel, elle a confiance

418
que, maintenant encore, tout ce qu’Il peut « demander » à Dieu, Dieu le Lui donnera. Sans
doute pense-t-elle que c’est là une expression forte de sa foi. Mais c’est pour corriger cette
erreur, pour donner une intelligence infiniment plus complète, que le Seigneur venait
maintenant ressusciter Lazare. Elle applique au Seigneur un langage bien en-dessous de Sa
véritable relation avec le Père : « tout ce que tu demanderas à Dieu… » [όσα άν αιτήση τόν
Θεόν]. Si elle avait dit [έρωτήση τόν πατέρα] « … la demande que tu feras à ton Père », cela
aurait été beaucoup plus convenable. Il est tout à fait juste, pour nous, d’utiliser le verbe
« αιτέω » [demander], car la place de suppliant, de requérant nous convient ; mais le terme
plus familier « έρωτάω » est convenable pour Lui. Bien qu’elle fût croyante, c’est une leçon
qu’elle avait à apprendre.

Quand Jésus dit à Marthe que son frère ressusciterait, elle répond sur-le-champ : « Je sais
qu’il ressuscitera en la résurrection, au dernier jour ». Mais le Seigneur était ici non pas pour
enseigner des vérités déjà connues, mais pour donner ce qui était encore inconnu, et ceci à
l’égard de la gloire de Sa propre Personne. Jésus dit donc à Marthe : « Je suis la résurrection
et la vie », et Il le dit dans cet ordre comme étant strictement applicable au cas présent,
puisque Lazare était mort et enterré. Jésus est la Résurrection non moins que la Vie, et ceci en
plénitude de puissance. « Celui qui croit en moi, encore qu’il soit mort, vivra ; et quiconque
vit, et croit en moi, ne mourra point, à jamais. Crois-tu cela ? » Voilà la supériorité de vie en
Christ au-dessus de tous les obstacles ; elle sera manifestée à Sa venue. « Car nous ne nous
endormirons pas tous, mais nous serons tous changés : en un instant, en un clin d’œil, à la
dernière trompette, car la trompette sonnera et les morts seront ressuscités incorruptibles, et
nous, nous serons changés » (1 Cor. 15:51-52). Ainsi à la venue du Seigneur, « les morts en
Christ ressusciteront premièrement, puis nous les vivants qui demeurons », sans être passé par
la mort, nous serons ravis ensemble avec eux dans les nuées à la rencontre du Seigneur, en
l’air ; et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur » (1 Thes. 4:17). C’est ainsi qu’Il sera
démontré être la résurrection et la vie : la résurrection parce que les croyants morts
ressusciteront immédiatement, obéissant à Sa voix ; la vie, parce qu’au même moment la
mortalité de tous ceux qui vivent et qui croient en Lui sera engloutie en vie.

C’était un test pour Marthe. À la question du Seigneur « crois-tu cela ? », elle ne peut donner
qu’une réponse vague : « Oui, Seigneur, moi j’ai cru et je crois [πεπιστευκα] que tu es le
Christ, le Fils de Dieu, qui vient dans le monde ». Cette parole contenait de la vérité sans
doute, mais elle ne répondait pas réellement à la question. Elle éprouvait le malaise habituel,
même chez les saints, de ceux qui entendent quelque chose qui les dépasse ; alors elle pense à
sa sœur comme susceptible de bien mieux comprendre qu’elle ; alors sans rester pour
chercher à apprendre, elle se hâte d’aller appeler secrètement Marie pour lui dire « le Maître
est là, et Il t’appelle ». Marie, quand elle l’entend, se lève rapidement et arrive. Quelle
douceur pour son cœur dans cet appel !

Il n’y a pas la moindre hâte dans les mouvements de notre Seigneur. Nous pouvons même
plutôt noter Son calme en présence d’une sœur si prompte à aller avant d’être appelée, et de
l’autre sœur si prompte à venir quand elle est appelée. Jésus demeure le même, un homme,
mais dans toute la dignité paisible du Fils de Dieu.

12.5 - Jean 11:30-32

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« (Or Jésus n’était pas encore arrivé dans le village ; mais il était au lieu où Marthe l’avait
rencontré). Les Juifs donc qui étaient avec Marie dans la maison et qui la consolaient, ayant
vu que Marie s’était levée promptement et était sortie, la suivirent, disant : Elle s’en va au
sépulcre pour y pleurer » (11:30-31).

Or ce n’était pas le cas, mais la grâce de Christ voulait rencontrer Marie là, et voulait qu’elle
contemple bientôt un éclat brillant de la gloire de Dieu dans son bien-aimé Seigneur. Combien
ils étaient étrangers à Jésus, tous ces vains consolateurs qui prétendaient la consoler en
présence de la mort !

Marie n’était pas sous la pression de la mort plus que d’autres. Elle répète ce que Marthe a dit,
mais dans un tout autre état d’esprit. « Marie donc, quand elle fut venue là où était Jésus, et
qu’elle l’eut vu, se jeta à ses pieds, lui disant : Seigneur, si tu eusses été ici, mon frère ne
serait pas mort. » (11:32). Mais si elle ne voyait encore chez Lui que la puissance pour
préserver, si elle avait à apprendre qu’Il est la résurrection et la vie, au moins elle tombe à Ses
pieds, contrairement à Marthe. Et si le Seigneur ne dit rien, Il va bientôt répondre en action et
en vérité. Mais la conscience de la gloire divine au moment où elle va se manifester
supérieure à la mort en présence de tous, ne Le détache en aucune manière des sensibilités de
Son esprit. Au contraire, le verset suivant nous fait savoir à quel point les émotions de notre
précieux Seigneur en ce moment-là étaient grandes.

12.6 - Jean 11:33-37

« Jésus donc, quand il la vit pleurer, et les Juifs qui étaient venus avec elle, pleurer, frémit en
[son] esprit, et se troubla, et dit : Où l’avez-vous mis ? Ils lui disent : Seigneur, viens et vois.
Jésus pleura. Les Juifs donc dirent : Voyez comme il l’affectionnait (έφ.). Mais quelques-uns
d’entre eux dirent : Celui-ci, qui a ouvert les yeux de l’aveugle, n’aurait-il pas pu faire aussi
que cet homme ne mourût pas ? » (11:33-37).

Le mot traduit par « frémit » figure ailleurs avec le sens d’une contrainte sévère, comme en
Matt. 9:30 et Marc 1:43, ou des propos courroucés comme en Marc 14:5. Ici c’est plutôt le
sentiment intérieur, plus que son expression ; il semble que si on le traduisait par « gémit »,
on approcherait de près le sens, selon l’usage fait par Lucian (Nec.20). Il s’agit de l’affection
forte du Seigneur, peut-être indignée, en face de la puissance de la mort non seulement sur les
Juifs, mais sur Marie elle-même, cette puissance étant encore maniée par l’ennemi. Ceci est
encore exprimé plus loin dans la proposition qui suit [« et se troubla »], ainsi que par le v. 38.
Sa tendre sympathie apparaît plutôt dans les pleurs (11:35) après qu’Il eût demandé où on
avait mis Lazare, et qu’on l’ait invité à venir voir. Son sens indigné de la puissance de Satan
par le moyen du péché n’interférait nullement avec Sa profonde compassion. Ce que nous
voyons ici correspond à ce qu’Il faisait habituellement quand Il portait les maladies et prenait
nos langueurs, selon l’application que Matt. 8:17 fait de Ésaïe 53:4. Ce n’était jamais de la
puissance seulement, ni de la sympathie seulement, mais Il entrait en esprit dans tous les cas
qu’Il guérissait, portant sur Son cœur devant Dieu le poids de tout ce qui oppressait l’homme
frappé par le péché. Ici on était en présence du ravage encore plus grand causé par la mort
dans la famille qu’Il aimait.

Notons que, dans le cas de notre Seigneur, aussi profonde que fût Sa douleur, elle Lui était
comme servante. « Il se troubla ». Elle ne prit pas le dessus, comme nos affections ont

420
tendance à le faire avec nous. Tous les sentiments de Christ étaient parfaits dans leur genre,
dans leur mesure et dans le moment où Il les éprouvait : Son frémissement, Son trouble, Ses
pleurs, que n’étaient-ils pas aux yeux de Dieu ! Combien ils devraient nous être précieux !
Même les Juifs sont contraints de s’exclamer : « Voyez comme il l’affectionnait » (11:36).
Qu’auraient-ils pensé s’ils avaient su qu’Il était justement sur le point de ressusciter le mort ?
Comme ils ne se souvenaient pas de Sa puissance, ils avaient seulement le regret que, Lui qui
avait guéri l’aveugle, n’avait pas agi pour empêcher la mort de Lazare (11:37). Ils étaient
entièrement dans l’erreur au sujet de la maladie, et aveugles à la fois vis-à-vis de la gloire de
Dieu et de la manière dont elle se manifesterait, pour que le Fils de Dieu soit glorifié à
l’occasion de cette maladie. Seule la foi en la gloire de Sa Personne interprète correctement, et
saisit dans sa mesure la profondeur de Son amour. « Jésus pleura ». Quelle différence dans
l’effet produit par ces paroles sur ceux qui ne voient qu’un homme, et sur ceux qui savent
qu’Il est le Dieu puissant, le Fils unique ! Le croyant ne peut pas manquer dans ce cas de
reconnaître Son amour ; mais si immense que soit cet amour, il est encore rehaussé par Sa
dignité divine, et par la conscience qu’Il allait agir dans la puissance de la vie divine au-
dessus de la mort !

Il est de toute importance que nous croyions et sachions, sans aucun doute, que tout ce que
Jésus se montrait être en ce jour en faveur de Lazare, Il l’est pour les Siens, et encore bien
plus, — et qu’Il le prouvera pour chacun de nous à Sa venue. Car il y a maintenant aussi le
fruit du travail de Son âme, et la puissance de Sa résurrection, après le plein jugement du
péché à la croix. C’est pourquoi tout Son amour et toute Sa puissance peuvent agir sans
empêchement en notre faveur, comme ils le feront sûrement à la gloire de Dieu, afin que le
Fils de Dieu soit glorifié par-là. Ce que les hommes apercevaient n’était qu’un témoignage,
mais un témoignage vraiment divin ; mais à Sa venue, la vérité sera pleinement déployée en
puissance. Maintenant est le temps de croire et de confesser la vérité au milieu d’une
génération tortue et perverse. Puissions-nous être capables en toute humilité d’esprit,
d’apparaître comme des luminaires dans le monde, présentant la parole de vie ! (Phil. 2:15-
16).

12.7 - Jean 11:38-44

« Jésus donc, frémissant encore en lui-même, vient au sépulcre (or c’était une grotte, et il y
avait une pierre dessus). Jésus dit : « Ôtez la pierre ». Marthe, la sœur du mort, lui dit :
« Seigneur, il sent déjà, car il est [là] depuis quatre jours ». Jésus lui dit : « Ne t’ai-je pas dit
que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ? » Ils ôtèrent donc la pierre. Et Jésus leva les yeux
en haut et dit : « Père, je te rends grâces de ce que tu m’as entendu. Or moi je savais que tu
m’entends toujours ; mais je l’ai dit à cause de la foule qui est autour de moi, afin qu’ils
croient que toi, tu m’as envoyé ». Et ayant dit ces choses, il cria à haute voix : « Lazare, sors
dehors ! ». Et le mort sortit, ayant les pieds et les mains liés de bandes ; et son visage était
enveloppé d’un suaire. Jésus leur dit : « Déliez-le, et laissez-le aller » (11:38-44).

Ce n’était plus le moment pour des paroles, et Jésus, réalisant de nouveau pour Lui-même la
puissance qui cache à l’homme la gloire de Dieu, vient à la grotte qui servait de tombe et qui
avait une pierre posée dessus. Là l’incrédulité de Marthe se met à s’opposer à la parole du
Seigneur qui demandait qu’on ôte la pierre (que ne ferait-elle pas cette incrédulité !) : Lui
voulait que tous soient au clair ; elle s’oppose parce que Ses paroles décevaient sa hâte, si tant
est qu’elle attendît quoi que ce soit. Mais si Marthe ne pouvait pas s’élever au-dessus des

421
effets humiliants de la mort, qu’elle voulait cacher aux autres, Jésus ne voulait pas cacher ce
qui était dû à Dieu agissant en grâce envers l’homme. Combien la parole du Seigneur est vite
oubliée en présence des tristes circonstances de la ruine humaine ! La foi tient compte de la
Parole, et récolte la bénédiction en son temps. Écoutez Jésus. On L’entend déjà. Il sait à
l’avance qu’Il aura ce qu’Il a demandé, qu’Il est entendu comme toujours auparavant. Le Père
était concerné non moins que le Fils, et Il prononça ces paroles afin que ceux qui les
entendaient crussent que le Père L’avait envoyé.

Là-dessus vient la parole de puissance : « Lazare, sors dehors ! ». Il avait prié le Père (11:41),
étant jaloux par-dessus tout de Sa gloire, et n’oubliant jamais la place où Lui-même était
descendu vers l’homme. Mais Il était le Fils, et Il pouvait vivifier qui Il voulait (5:21) ; c’est
ce qu’Il fit. Pourtant même dans la majesté de cette manifestation divine, Il entremêle ensuite,
comme avant, ce qui attire l’attention des hommes, afin qu’ils ne soient pas incrédules mais
croyants (11:44c et 42b). Quelle difficulté y avait-il avec la pierre ? Car Lui-même n’avait
rien besoin d’ôter. C’était à cause d’eux. Voyez l’homme dans le caractère repoussant de
l’état de mort avant qu’il ressuscite ! Mais pour Christ, qu’importe qu’il soit lié avec des
bandes et avec un suaire ? La grâce du Seigneur, tant par les bandes que par le suaire, voulait
simplement donner aux assistants la meilleure confirmation de ce qu’Il avait opéré. Il aurait
pu libérer Lazare aussi facilement qu’il aurait pu faire disparaître la pierre ; Il aurait pu tout
faire sans crier à voix haute ; mais Lui, qui voulait que nous nous ayons confiance dans la
puissance de Sa parole, Il voulait aussi que nous notions la corruption qui précédait la
vivification, et la servitude qui s’y rattache maintenant. Il y a besoin de liberté autant que de
vie ; mais il est anormal que quelqu’un rendu à la vie soit encore assujetti à la servitude.

Aussi puissante que soit l’œuvre de résurrection de Lazare, nous voyons ici comme partout
combien l’homme dépend de la grâce. Le péché fait de lui l’esclave de Satan, même s’il ne
s’en doute pas. Sa volonté est opposée à Dieu, aussi bien vis-à-vis de Sa bonté que vis-à-vis
de Son jugement, vis-à-vis de Sa Parole et vis-à-vis de Ses œuvres ; plus Sa miséricorde est
grande, moins l’homme aime ce qui est si contraire à ses pensées et qui humilie son orgueil.
Si beaucoup furent frappés et crurent, quelques-uns allèrent malicieusement informer
l’ennemi.

12.8 - Jean 11:45-54

« Plusieurs donc d’entre les Juifs qui étaient venus auprès de Marie, et qui avaient vu ce que
Jésus avait fait, crurent en lui ; mais quelques-uns d’entre eux s’en allèrent auprès des
pharisiens et leur dirent ce que Jésus avait fait. Les principaux sacrificateurs et les pharisiens
donc assemblèrent un sanhédrin, et dirent : Que faisons-nous ? car cet homme fait beaucoup
de miracles. Si nous le laissons ainsi [faire], tous croiront en lui, et les Romains viendront, et
ôteront et notre lieu et notre nation. Et l’un d’entre eux, [appelé] Caïphe, qui était souverain
sacrificateur cette année-là, leur dit : Vous ne savez rien, ni ne considérez qu’il nous est
avantageux qu’un seul homme meure pour le peuple et que la nation entière ne périsse pas. Or
il ne dit pas cela de lui-même ; mais étant souverain sacrificateur cette année-là, il prophétisa
que Jésus allait mourir pour la nation ; et non pas seulement pour la nation, mais aussi pour
rassembler en un les enfants de Dieu dispersés. Depuis ce jour-là donc, ils consultèrent
[ensemble] pour le faire mourir. Jésus donc ne marcha plus ouvertement parmi les Juifs ; mais
il s’en alla de là dans la contrée qui est près du désert, en une ville appelée Éphraïm ; et il
séjourna là avec les disciples » (11:45-54).

422
Les principaux sacrificateurs et les pharisiens furent immédiatement mis en alerte. Ils
s’assemblent pour tenir conseil ; ils s’étonnent de leur inaction en présence de tant de signes
opérés par Jésus ; ils craignent qu’en Le laissant faire, Il ne devienne acceptable
universellement, et que les Romains en soient provoqués à les détruire — l’Église et l’État,
comme les gens disent maintenant. Combien il est affligeant de voir la puissance de Satan
aveuglant la plupart de ceux qui ont les plus hautes places dans le zèle pour Dieu selon la
chair ! C’était leur intention de Le mettre à mort, une intention acharnée dans la méchanceté
et dans la volonté d’aboutir, qui mena à la croix dans laquelle Il devint le centre d’attrait pour
les hommes de toute classe, de toute nation et de toute condition morale ; et c’est leur
culpabilité sur ce point spécialement (mais pas seulement ce point) qui attira sur eux la colère
du « roi » qui envoya ses forces, détruisit ces meurtriers et brûla leur ville (Matt. 22:7). Tout
le sang juste vint sur eux (Matt. 23:35), et leur maison a été laissée déserte jusqu’à ce jour
(Matt. 23:38-39) — ceci a été opéré par la main terrible des Romains, qu’ils prétendaient se
rendre propices par la mort de Jésus. Telle est la voie et la fin de l’incrédulité.

Il est extrêmement solennel de voir que finalement Dieu endurcit ceux qui se sont longtemps
endurcis contre la vérité. C’est ainsi qu’Il enverra bientôt aux hommes « une énergie d’erreur
pour qu’ils croient au mensonge, afin que tous ceux-là soient jugés qui n’ont pas cru la vérité,
mais qui ont pris plaisir à l’injustice » (2 Thes. 2:11-12), et ceci justement « parce qu’ils n’ont
pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés » (2 Thes. 2:10). C’est Lui qui parlait par
Balaam, contre sa volonté, pour bénir le peuple, bien qu’il eût été engagé par Balak pour les
maudire ; Balaam prouva par la suite par le moyen de ses ruses corruptrices, et jusqu’à sa
propre destruction, combien peu ses prophéties provenaient de lui-même. C’est Lui qui parlait
maintenant par Caïphe dont la fonction de souverain sacrificateur cette année-là donnait
d’autant plus de poids officiel à ses paroles. Qu’il y eut de telles transmissions de fonction
parmi les souverains sacrificateurs, n’était pas une marque d’ordre. Mais telle était la
confusion générale quand le Fils de Dieu vint ici-bas, et telle elle était encore au temps de Sa
mort. Il n’est pas étonnant que Dieu, resté longtemps silencieux, ait parlé par le moyen du
souverain sacrificateur de l’année. Il est souverain Lui-même. Il peut employer le mal autant
que le bien — les uns de bon cœur, les autres malgré eux, et si leur volonté est engagée dans
cette action, ils agissent avec des sentiments aussi méchants qu’eux-mêmes.

Tel était le cas de Caïphe quand il dit : « Vous ne savez rien, ni ne considérez qu’il nous est
avantageux qu’un seul homme meure pour le peuple et que la nation entière ne périsse pas »
(11:49-50). Ce qui était dans ses pensées, ce n’était pas Dieu, mais le moi sans conscience.
Jean fait le commentaire qu’« il ne dit pas cela de lui-même ; mais étant souverain
sacrificateur cette année-là, il prophétisa que Jésus allait mourir pour la nation ; et non pas
seulement pour la nation, mais aussi pour rassembler en un les enfants de Dieu dispersés »
(11:51-52). Les sentiments qui se trouvaient dans le cœur de Caïphe étaient dépourvus de
principes ; dans la pensée de l’Esprit, il n’y avait pas seulement la plus grande sainteté, mais
l’expression du fondement de la justice de Dieu en Christ. L’espoir futur d’Israël est basé sur
Sa mort, de même que le rassemblement actuel des enfants de Dieu dispersés, l’Église. À
partir de ce jour-là, des mesures concertées furent prises pour comploter pour parvenir à la
mort de notre Seigneur ; alors Il se retira au nord du désert de Judée, et y demeura quelque
temps avec les disciples dans la localité dénommée Éphraïm. L’heure s’approchait.

12.9 - Jean 11:55-57

423
« Or la Pâque des Juifs était proche, et plusieurs montèrent de la campagne à Jérusalem, avant
la Pâque, afin de se purifier. Ils cherchaient donc Jésus, et se disaient l’un à l’autre, comme ils
étaient dans le temple : Que vous semble ? [Pensez-vous] qu’il ne viendra point à la fête ? Or
les principaux sacrificateurs et les pharisiens avaient donné ordre que si quelqu’un savait où il
était, il le déclarât, afin qu’on le prît » (11:56-57).

On approche de la scène finale ; Jésus poursuit Son service dans une retraite durant le court
intervalle séparant de la Pâque, — la dernière Pâque qui allait bientôt être accomplie dans Sa
mort. Ils montaient pour se purifier avant la fête, ce qui les amenait à Le chercher et à faire
des suppositions sur Son éventuellement absence. Car des ordres avaient été donnés pour les
informer de ce qui Le concernait, afin de l’arrêter. Aucun de Ses amis ni de Ses ennemis
n’imaginait trouver l’un des douze pour indiquer l’endroit fréquenté par le Seigneur. Mais Lui
savait que ceci Lui arriverait. Combien l’homme est loin d’imaginer que tout se joue entre
Satan et Dieu, et que, si le mal semble l’emporter, pour la foi le bien triomphe même
maintenant, comme il le fera sous peu aux yeux de tous dans le jugement du mal.

Mais si le Seigneur se retire des machinations des hommes endurcis dans leur inimitié contre
Lui à cause de leur fausse prétention à sentir et agir pour Dieu, Il avait toujours devant Lui Sa
propre mort sur la croix à la gloire de Dieu. Elle n’allait pas avoir lieu dans un coin retiré, ni
ne resterait une information secrète. Elle devait avoir lieu à cette fête, et à aucune autre — à la
Pâque qui approchait, quand tous les chefs religieux se compromettraient entièrement, les
anciens, les principaux sacrificateurs et les scribes ; quand toute la nation, hormis le petit
résidu croyant, jouerait leur rôle aveugle ; quand tous Le livreraient aux Gentils pour qu’on se
moque de Lui, qu’on Le fouette et Le crucifie. Tous ces gens, dans toute leur faiblesse et leur
infidélité, ne pensaient guère à Lui comme le Fils de Dieu, et comme le Fils de l’homme venu
non pas pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie en rançon pour plusieurs !
(Marc 10:45). Puis Il devait rapidement, mais dans un temps mesuré et prédit, ressusciter dans
une puissance de résurrection transcendant celle de Lazare au-delà de toute comparaison ;
puis dorénavant Il allait œuvrer spirituellement dans tous ceux qui croient, vivifiés avec Lui et
ressuscités ensemble, et placés assis ensemble dans les lieux célestes en Lui (selon
l’enseignement d’un autre apôtre, Éph. 2:5, 6), avant qu’arrive le moment glorieux de Sa
venue pour nous, lorsque nous serons tous changés (1 Cor. 15:51).

13 - Chapitre 12
13.1 - Jean 12:1-8

Tel était le témoignage que Dieu donna au Seigneur Jésus comme Fils dans la puissance de
résurrection, avec le résultat manifeste d’une haine mortelle chez ceux qui ne se courbaient
pas avec foi. Avant qu’un nouveau témoignage soit donné, il nous est permis de Le voir dans
la maison de ceux qu’Il aimait à Béthanie, où l’Esprit nous donne une nouvelle preuve de
grâce dans la reconnaissance de Sa gloire, et ceci en vue de Sa mort. Là se reposait l’homme
si récemment ressuscité d’entre les morts avec Celui qui l’avait ressuscité.

« Jésus donc, six jours avant la Pâque, vint à Béthanie où était Lazare, que Jésus avait
ressuscité d’entre les morts. On lui fit donc là un souper ; et Marthe servait, et Lazare était un
de ceux qui étaient à table avec lui. Marie donc, ayant pris une livre de parfum de nard pur de

424
grand prix, oignit les pieds de Jésus et lui essuya les pieds avec ses cheveux ; et la maison fut
remplie de l’odeur du parfum. L’un de ses disciples donc, Judas Iscariote, [fils] de Simon, qui
allait le livrer, dit : Pourquoi ce parfum n’a-t-il pas été vendu trois cents deniers et donné aux
pauvres ? Or il dit cela, non pas qu’il se souciât des pauvres, mais parce qu’il était voleur, et
qu’il avait la bourse et portait ce qu’on y mettait. Jésus donc dit : Permets-lui d’avoir gardé
ceci pour le jour de ma sépulture. Car vous avez les pauvres toujours avec vous ; mais moi,
vous ne m’avez pas toujours » (12:1-8).

En présence du Seigneur chacun se dévoile. Jésus personnellement, comme partout, est l’objet
de Dieu, la lumière qui manifeste tout. Mais il fait davantage. Comme Il a apporté la vie dans
la scène de la mort, les témoins de Sa puissance et de Sa grâce sont là à leur place, selon leur
mesure ; un seul de ces témoins a le discernement spécial que confère l’amour qui est de
Dieu, quoique la grâce puisse l’interpréter selon sa propre puissance. Ils firent là un souper
pour Lui, Marthe servant, Lazare étant à table et Marie oignant les pieds du Seigneur avec le
nard pur ; et la maison fut remplie de l’odeur du parfum. Le Seigneur en ressentit la
signification, et l’expliqua, selon Sa sagesse et Son amour.

D’un côté on voit un membre de la famille bénie, guidée par une sagesse au-dessus de sa
sagesse naturelle, et conduite à faire un acte extrêmement approprié et significatif à ce
moment-là ; son dévouement était celui d’un œil simple. Mais d’un autre côté on voit un des
disciples donnant prise au travail de l’ennemi, qui ne fait aucun cas de Jésus. Tout ce qui est
bien ou mal revient au fond à l’estimation fausse ou vraie qu’on a de Lui. Nous pouvons être,
et nous sommes lents à apprendre cette leçon, bien qu’elle soit plus importante que toutes les
autres ; mais l’objet de l’Esprit dans toute l’Écriture est de nous l’enseigner, et nulle part de
manière si visible et si profonde aussi que dans cet évangile. Ainsi Judas Iscariote, un des
disciples qui était sur le point de le livrer, dit : pourquoi ce parfum n’a-t-il pas été vendu pour
300 deniers et donné aux pauvres ? Il ne pensait pas du tout à Jésus ! Pourtant l’acte de Marie
aurait pu réveiller naturellement ses affections. Que n’était-Il pas pour elle ? Judas calcule
froidement le prix minimum du nard ; il met faussement les pauvres en avant (12:5), dont il ne
se souciait pas en réalité ; il aurait voulu que cette somme s’ajoutât à ses gains illicites. Le v. 6
est un commentaire du Saint Esprit : rien de plus calmement vrai, mais rien de plus flétrissant.
Or que dit Jésus ? (12:7) « Permets-lui d’avoir gardé ceci pour le jour de ma sépulture. Car
vous avez les pauvres toujours avec vous ; mais moi, vous ne m’avez pas toujours ».

Voilà la vérité dite dans l’amour divin. Marie n’avait pas reçu d’indication par prophétie.
C’était l’instinct spirituel d’un cœur qui a trouvé le Fils de Dieu en Jésus, d’un cœur qui
sentait le danger suspendu au-dessus de Lui comme homme. D’autres pouvaient penser à Ses
miracles et espérer que les intentions meurtrières puissent disparaître à Jérusalem comme à
Nazareth. Marie n’était pas aussi facile à satisfaire, bien qu’elle ait été témoin de Sa puissance
de résurrection avec des sentiments aussi profond que ceux de toute autre âme. Elle était
conduite par Dieu à faire ce qui avait, de loin, beaucoup plus d’importance aux yeux du
Seigneur qu’à ses propres yeux. L’amour qui l’avait animée pour agir était de Dieu, et ceci
était au-dessus de tout prix. « Si un homme donnait tous les biens de sa maison pour l’amour,
on l’aurait en un profond mépris » (Cant. d. Cant. 8:7). Ce sont les paroles de celui [Salomon]
qui connaissait, mieux que tous les fils des hommes, la vanité de l’amour humain, alors qu’il
disposait des moyens les plus vastes jamais accordés à un chef de maison. Or le parfum de
Marie, ou l’amour qui avait poussé à l’utiliser (le parfum avait été gardé, et maintenant elle
savait pourquoi, à ce moment critique), qu’étaient-ils comparés à Son amour à Lui, qui la
défendait, et qui allait mourir pour tous, même pour Judas ?

425
C’est en effet une scène sur laquelle il faut s’arrêter, tellement elle est instructive et touchante,
soit qu’on considère la famille dans son ensemble, ou Marie en particulier, soit qu’on pense
aux disciples (Matthieu et Marc montrent qu’aucun n’appréciait le geste, et que quelques-uns
étaient même indignés), ou à celui dont l’influence ténébreuse était si néfaste sur les autres, et
par-dessus tout quand on regarde et écoute Celui dont la grâce avait formé le cœur de Marie
selon Sa propre nature et Ses propres voies.

13.2 - Jean 12:9-11

« Une grande foule d’entre les Juifs sut donc qu’il était là, et vint, non seulement à cause de
Jésus, mais aussi pour voir Lazare qu’il avait ressuscité d’entre les morts. Mais les principaux
sacrificateurs tinrent conseil, afin de faire mourir aussi Lazare ; car, à cause de lui, plusieurs
des Juifs s’en allaient et croyaient en Jésus » (12:9-11).

On a souvent remarqué que l’expression « les Juifs » ne désigne pas simplement des
Israélites, mais des habitants de Judée, subissant grandement l’influence de leurs chefs dans
leur hostilité à Jésus, et dans d’autres domaines. Mais ils étaient distincts de leurs chefs, et ces
versets font bien voir la différence. La grande foule, cependant, semble avoir été influencée
autant par la curiosité que par des motifs meilleurs. Voir Lazare qui avait été ressuscité
d’entre les morts, c’est tout à fait différent de croire Dieu. Pourtant il y avait de la réalité chez
certains, et il s’ensuivait une malice plus profonde et plus délibérée chez les principaux
sacrificateurs, parce que beaucoup de Juifs les quittaient et croyaient en Jésus.

Marie n’avait pas du tout mal interprété la position du Seigneur. La crise s’approchait. Lui
comprenait parfaitement vers où chaque courant s’orientait. Il savait ce qui est dans l’homme,
dans Satan et en Dieu ; Il savait aussi que, comme la malice de la créature poussait à
l’extrême dans la haine rebelle, Dieu voulait aller encore plus loin dans Son amour
rédempteur, mais en même temps dans le plus solennel jugement du péché. Combien peu les
cœurs présents concevaient ou pouvaient concevoir quelque chose de cette gloire morale !
Cependant les affections de Marie étaient conduites par Dieu pour deviner l’inimitié qui
croissait rapidement et sans relâche contre Celui qui, plus que jamais, possédait l’hommage et
l’amour de Son cœur.

Mais le témoignage final devait être complet. Jésus s’était déjà montré comme Fils de Dieu en
puissance en ressuscitant Lazare du tombeau où il gisait mort : témoignage spécifique et
caractéristique de l’évangile de Jean. Les hommes ont soulevé des objections qui ne font que
prouver leur incapacité spirituelle ; car ce témoignage convient exactement, mieux que partout
ailleurs, et au bon moment et au bon endroit. Tout est divinement agencé.

13.3 - Jean 12:12-19

Le témoignage suivant est rendu à Son titre de Messie, et c’est pourquoi il est convenable
qu’on le trouve dans tous les évangiles. Il ne pouvait manquer à aucun d’eux ; c’est le fait
suivant relaté par notre évangéliste.

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« Le lendemain, une grande foule qui était venue à la fête, ayant ouï dire que Jésus venait à
Jérusalem, prit les rameaux des palmiers et sortit au-devant de lui, et criait : Hosanna ! béni
soit celui qui vient au nom du Seigneur, le roi d’Israël ! Et Jésus, ayant trouvé un ânon, s’assit
dessus, selon qu’il est écrit : « Ne crains point, fille de Sion ; voici, ton roi vient, assis sur
l’ânon d’une ânesse » ». Or ses disciples ne comprirent pas d’abord ces choses ; mais quand
Jésus eut été glorifié, alors ils se souvinrent que ces choses étaient écrites de lui et qu’ils
avaient fait ces choses à son égard. La foule donc qui était avec lui, [lui] rendait témoignage,
parce qu’il avait appelé Lazare hors du sépulcre, et qu’il l’avait ressuscité d’entre les morts.
C’est pourquoi aussi la foule alla au-devant de lui, parce qu’ils avaient appris qu’il avait fait
ce miracle. Les pharisiens donc dirent entre eux : Vous voyez que vous ne gagnez rien ; voici,
le monde est allé après lui » (12:12-19).

13.3.1 - Jean 12:12-15

Ainsi la foule L’accueille comme Messie, Lui appliquant très justement le langage du Ps.
118 ; en Matt. 22, le Seigneur déclare que ces expressions seront utilisées par le résidu
repentant qui Le verra quand Il reviendra régner. Leur maison autrefois sanctifiée par
l’Éternel et porteuse de Son nom, n’est plus que leur maison, et leur est laissée déserte ; en
effet ils en avaient fait une maison de trafic et une caverne de voleurs. Il ne s’agissait pas d’un
simple enthousiasme chez la foule, mais Dieu était à l’œuvre ; et le Seigneur Lui-même
s’assied sur l’ânon selon la prophétie de Zacharie 9. Il est remarquable que, à la fois Matthieu
et Jean omettent la phrase [« Il est juste et ayant le salut »] qui ne s’appliquait pas alors, même
si elle est certaine pour bientôt ; car Il savait bien qu’Il devait souffrir à ce moment-là, afin
d’apporter le salut quand Il reviendra en gloire. Ce n’était qu’un témoignage pour la foi à ce
moment-là et selon la Parole ; quand Il reviendra, ayant le salut pour les Siens, ce sera en
jugement destructif de tout ce qui s’oppose.

13.3.2 - Jean 12:16

Il est de nouveau noté à notre intention que même Ses disciples ne connaissaient pas ces
choses au début ; mais quand Jésus fut glorifié, alors ils se souvinrent que ces choses étaient
écrites de Lui, et qu’ils Lui avaient fait ces choses. Lui n’avait pas besoin que quelqu’un
rendît témoignage de Lui-même ou de l’homme (2:25). Passé, présent, futur, terre et ciel, tout
était ouvert à Son regard. Lui qui a tout fait, connaît tout : c’est ce que Jean montre
constamment en harmonie avec la gloire de Sa Personne, ce qui ressort partout, — sauf ce
qu’il Lui a plu, en Sa qualité de serviteur, de ne pas savoir, le laissant à l’autorité du Père
(Marc 13). À la lumière de Sa glorification, les disciples apprirent l’importance de la Parole et
des faits.

13.3.3 - Jean 12:17-19

C’était Sa puissance de résurrection qui impressionnait la foule si fortement. Ils ne tiraient pas
complètement la leçon que la foi tire, mais ils concluaient qu’Il devait être le Fils de David
promis, et Le traitaient comme tel, tandis que les pharisiens, entre eux, ne pouvaient que

427
reconnaître à l’évidence l’inutilité de leur position et de leur opposition, vu que le monde
(l’objectif visé par l’incrédulité) allait après Lui. Ils ne savaient guère ce qui est proclamé
juste après : « Maintenant est le jugement de ce monde » (12:31). En se trompant dans le
jugement à Son égard, la sentence sur le monde était scellée ; Lui cherchait le salut du monde,
non pas la popularité ; Il cherchait la volonté de Dieu.

13.4 - Jean 12:20-26

Une autre scène complète la chaîne de témoignages donnés ici avant la fin.

« Or il y avait quelques Grecs, d’entre ceux qui étaient montés pour adorer pendant la fête.
Ceux-ci donc vinrent à Philippe qui était de Bethsaïda de Galilée, et ils le priaient, disant :
Seigneur, nous désirons voir Jésus. Philippe vient, et le dit à André ; et puis André vient, et
Philippe, et ils le disent à Jésus. Et Jésus leur répondit, disant : L’heure est venue pour que le
fils de l’homme soit glorifié. En vérité, en vérité, je vous dis : À moins que le grain de blé,
tombant en terre, ne meure, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Celui
qui affectionne sa vie (âme), la perdra ; et celui qui hait sa vie dans ce monde-ci, la conservera
pour la vie éternelle. Si quelqu’un me sert, qu’il me suive ; et où je suis, moi, là aussi sera
mon serviteur : si quelqu’un me sert, le Père l’honorera » (12:20-26).

13.4.1 - Jean 12:20-24

Il s’agissait de Gentils, de Grecs, non pas des Hellénistes. Ils désiraient voir le Seigneur et
Philippe les signale au Seigneur. Cela suffisait. Le Seigneur dévoile la grande vérité. Il ne
s’agit plus maintenant du Fils de Dieu vivifiant ou ressuscitant des morts, ni du Fils de David
venant à Sion selon la prophétie, mais il s’agit du Fils de l’homme glorifié. C’est ce qu’Il
explique après la formule d’affirmation solennelle [En vérité, en vérité] qu’on trouve si
souvent dans cet évangile, et Il l’explique en se servant de la figure bien connue de la mort et
de la résurrection qu’on trouve dans la nature : « En vérité, en vérité, je vous dis : À moins
que le grain de blé, tombant en terre, ne meure, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte
beaucoup de fruit ». Lui-même était le vrai grain de blé qui allait produire du fruit en
abondance, mais cela ne pouvait avoir lieu que par la mort et la résurrection. Il ne s’agissait
pas, il ne pouvait pas s’agir d’un manque de puissance en Lui. C’est à cause de l’état de
l’homme qu’il ne pouvait pas en être autrement avec justice devant Dieu. Seule la mort peut
remédier au péché, ou remplir le vide, et Sa mort seule. Toutes les autres morts étaient vaines,
et même fatales. La mort pour les autres, c’était périr. Lui seul pouvait sauver, mais Il le
pouvait par Sa mort et Sa résurrection ; car s’Il mourait, Il pourrait ressusciter, et par la valeur
infinie de Sa mort, Il profiterait aux autres de manière à les ressusciter avec justice.
Demeurant vivant, Lui (même Lui !) ne pouvait que rester seul ; mourant, Il porterait
beaucoup de fruit dans l’énergie de Sa résurrection.

Ainsi c’était Lui, le Fils de l’homme glorifié. C’était pour le péché qu’Il allait être glorifié,
afin que Dieu fût finalement glorifié ; et maintenant Il l’était. Le péché a introduit la mort ;
qu’Il meure pour le péché, cela posait la base, par la grâce de Dieu et à Sa gloire, pour le
changement de toutes choses, y compris les nouveaux cieux et la nouvelle terre dans l’état
éternel ; combien plus cela posait-il la base pour tous ceux qui croient, pour être entre temps

428
bénis dans une vie nouvelle, avant d’être changés en la ressemblance de Sa gloire, quand Il
viendra les chercher ! « Il verra une semence ; il prolongera ses jours, et le plaisir de l’Éternel
prospérera en sa main. Il verra [du fruit] du travail de son âme, [et] sera satisfait » (Ésaïe
53:10-11). C’est ce que dit le premier des prophètes, et ceci est fondé sur Sa mort : « S’il livre
son âme en sacrifice pour le péché » (Ésaïe 53:10), en accord avec Ses propres paroles
prononcées bien des siècles après, quand approchaient cette heure prodigieuse et l’acte
coupable de l’homme où Il n’allait avoir que douleur et ignominie, et où Dieu, dans Son
jugement impitoyable et insondable, allait L’affliger de manière incomparablement pire. Pour
Lui, l’heure était venue où le Fils de l’homme devait être glorifié. Quel parfait sacrifice de
soi-même ! Quel dévouement pour Dieu ! Quel amour envers l’homme, y compris Ses
ennemis les plus acharnés ! Voilà comment Jésus allait à la mort — à la mort même de la
croix ; et tel était le fruit qui ne manquerait pas.

13.4.2 - Jean 12:25-26

Le principe devient désormais un principe de base, non pas la facilité et l’honneur et


l’avancement pour soi (ce qui est en vérité la plus grande perte), mais la souffrance et la
honte, et si nécessaire, la mort, maintenant dans ce monde à cause de Christ. Tel est le
christianisme pratique. « Celui qui affectionne sa vie, la perdra ; et celui qui hait sa vie dans
ce monde-ci, la conservera pour la vie éternelle. Si quelqu’un me sert, qu’il me suive ; et où je
suis, moi, là aussi sera mon serviteur : si quelqu’un me sert, le Père l’honorera » (12:25-26).
Et quel honneur ! Il sait assurément ce qu’est cet honneur et comment le donner. Mais cela ne
passe pas par un abaissement conçu soi-même ou qu’on s’impose à soi-même, ni dans des
flagellations du dos ; ce n’est pas lécher la poussière, ni des efforts comme ceux du
paganisme, qui déshonorent le corps pour la satisfaction de la chair (Col. 2:23). C’est dans le
chemin où le Saint Esprit seul peut guider et soutenir, dans le service de Christ — un service
inséparable du fait de Le suivre, son commencement étant la vie éternelle dans le Fils, sa fin
étant la même vie dans la gloire avec Lui ; car celui qui Le sert et Le suit, le Père l’honorera.
Puissions-nous être fortifiés pour discerner et faire la vérité !

13.5 - Jean 12:27-28

Le Seigneur revient aux pensées sur Sa mort qui approchait. Il ne cherche pas à éviter de la
voir en face, et cela faisait partie de Sa perfection de la ressentir comme personne ne l’a
jamais fait. Il l’apprécie justement et pleinement comme auparavant, au lieu de la braver
comme font les gens qui ne peuvent lui échapper. Il n’y avait pas de sentence inévitable à Son
encontre, mais il y avait l’amour divin, afin que Dieu soit glorifié dans un monde coupable, et
que des pécheurs soient sauvés avec justice, et que toute la création du ciel et de la terre (je ne
dis pas ceux sous la terre, les êtres infernaux de Phil. 2) puissent être réconciliés et bénis pour
toujours. Lui, et seulement Lui, avait l’autorité de laisser Sa vie (ψυχήν) et l’autorité de la
reprendre (10:18). Lui est la Résurrection et la Vie (ζωή), de sorte que personne ne Lui ôte la
vie qu’Il a dans ce monde, mais Il la laisse de Lui-même, bien qu’Il le fasse aussi dans
l’obéissance à Son Père et pour la gloire éternelle de Dieu (10:18), comme la plénitude de Sa
Personne Le rend capable de faire. Mais Il ressentait d’autant plus, et non pas d’autant moins,
la gravité, l’humiliation et la souffrance de ce qui était devant Lui. Il y avait là le sens le plus
profond de la mort, non seulement comme homme et comme Messie, mais le sens de sa

429
signification comme de la part de la main de l’homme comme de la part du jugement de Dieu.
Aucun élément de douleur, peine, honte et horreur n’était absent de Son cœur, et tous étaient
compatibles avec la perfection de Sa Personne et de Sa relation avec Dieu.

« Maintenant mon âme est troublée ; et que dirai-je ? Père, délivre-moi de cette heure ; mais
c’est pour cela que je suis venu à cette heure. Père, glorifie ton nom » (12:27-28a). Il était la
vie, et pourtant Il vint pour mourir ; Il était lumière et amour, et pourtant Il a été rejeté et haï
comme aucun homme ne l’a jamais connu ni ne le connaîtra jamais. La réalité de Son
humanité, la gloire de Sa déité, n’empêchaient nullement Sa douleur ; étant qui Il était et ce
qu’Il était, et parfait en tout, cela ne faisait que Lui donner une capacité infinie de sentir et de
sonder ce qu’Il a enduré, d’autant plus qu’Il était venu pour tout endurer, et qu’Il l’avait
comme perspective immédiate, quoique personne ne s’en rendît compte sinon Lui. Il n’aurait
pas été un homme parfait si son âme n’avait pas été troublée, de manière à ressentir, « et que
dirai-Je ». Il n’aurait pas été Fils de Dieu comme homme s’Il n’avait pas prié dans le trouble
de Son âme « Père, délivre-moi de cette heure », et aussi brièvement « mais c’est pour cela
que je suis venu à cette heure », couronné par « Père glorifie ton nom ». Avoir senti et
exprimé la première demande convenait parfaitement à Celui qui était homme dans de telles
circonstances ; avoir ajouté la seconde phrase était digne de Celui qui était Dieu non moins
qu’homme dans une seule Personne non divisée ; avoir dit les deux phrases était une
perfection dans toutes les deux, en douleur comme en joie, en rapport avec la mort comme en
rapport avec la vie.

13.6 - Jean 12:28b-29

13.6.1 - Jean 12:28b

Le Père apprécie et donne une réponse bien en harmonie : « Il vint donc une voix du ciel : Et
je l’ai glorifié, et je le glorifierai de nouveau. La foule donc qui était là et qui avait entendu,
dit qu’un coup de tonnerre avait eu lieu ; d’autres disaient : Un ange lui a parlé » (12:28-29).
Augustin et Jérôme confondent ceci avec Jean 17:5, alors que c’est tout à fait différent — on
peut bien le montrer ; mais nous ne devons jamais nous attendre à de l’intelligence spirituelle
chez ceux qu’on appelle les pères de l’église, ni même nous attendre à de l’orthodoxie
ordinaire. En Jean 17:5 il s’agit du Fils demandant au Père d’être glorifié comme l’Homme
ressuscité, ayant achevé l’œuvre, en conformité avec les droits de Sa Personne, auprès du Père
Lui-même dans la gloire que le Fils avait auprès de Lui avant que le monde fut.

Le passage devant nous se rapporte à ce qui venait d’être fait dans ce monde, et à ce qui allait
se faire ; car comme le Père avait glorifié Son nom dans la résurrection de Lazare, ainsi Il
voulait le glorifier infiniment plus en ressuscitant d’entre les morts Son propre Fils. Les
commentateurs modernes, comme le doyen Alford, passent à côté du sujet autant ou plus que
les anciens, avec des pensées maigres, vagues et même erronées. Combien il est pauvre de
nous dire que « pour cela » [v. 27b, διά τουτο = ίνα σωτώ έκ τής ώρας ταύτης ; c’est pour cela
que je suis venu à cette heure], c’est « pour être délivré de cette heure » (v. 27a) ! — « pour
cela », c’était entrer dans cette heure, dans cette coupe, et l’épuiser jusqu’à son terme : voila
ce qui était justement le moyen destiné à Ma glorification, ou comme Meyer le dit, le moyen
que Ton nom soit glorifié, ce qui correspond à anticiper ce qui suit. C’était réellement mourir,
quoique, sans doute, à la gloire du Père par le Fils. – Ainsi, de nouveau, έδόξασα = « je l’ai
glorifié » (v. 28b) vise quelque chose de beaucoup plus précis que « dans la manifestation du

430
Fils de Dieu jusqu’ici, si imparfaite fut-elle (voir Matt. 16:16, 17) ; dans tous les types et la
prophétie de l’Ancien Testament, dans la création, et même (Augustin) avant que le monde
fut » (in Joan. 52.4). – Finalement c’est perdre la force exacte du texte que de traiter πάλιν [=
de nouveau, v. 28b, je le glorifierai de nouveau] comme un simple moyen d’accentuer
δοξάζειν [= je le glorifierai], — au lieu de voir une manifestation distincte et plus haute de la
puissance de résurrection.

13.6.2 - Jean 12:29

Quant à la question de savoir pourquoi il est dit que la voix venant du ciel était comme un
tonnerre, tandis que d’autres parlent de la voix d’un ange s’adressant au Seigneur, il semble
vain de chercher une réponse. Ce n’était que des spéculations de la foule, qui étaient toutes en
deçà de la vérité. L’incrédulité vis-à-vis de Lui peut aller jusqu’à affaiblir ou éliminer tout
témoignage jusqu’à ce qu’Il vienne pour juger.

13.7 - Jean 12:30-36a

Or en réalité cette voix venue du ciel était en grâce envers eux, car « Jésus répondit et dit :
Cette voix n’est pas venue pour moi, mais pour vous. Maintenant est le jugement de ce
monde ; maintenant le chef de ce monde sera jeté dehors. Et moi, si je suis élevé de la terre,
j’attirerai tous les hommes à moi-même. Or il disait cela pour indiquer de quelle mort il allait
mourir. La foule lui répondit : Nous, nous avons appris de la loi, que le Christ demeure
éternellement : et comment, toi, dis-tu qu’il faut que le fils de l’homme soit élevé ? Qui est ce
fils de l’homme ? Jésus donc leur dit : Encore pour un peu de temps la lumière est au milieu
de vous ; marchez pendant que vous avez la lumière, afin que les ténèbres ne s’emparent pas
de vous ; et celui qui marche dans les ténèbres ne sait où il va. Pendant que vous avez la
lumière, croyez en la lumière, afin que vous soyez fils de lumière » (12:30-36a).

Ces paroles sont sûrement de l’importance la plus solennelle, d’autant plus que la chrétienté,
maintenant comme toujours, ignore leur vérité. Car les gens, les chrétiens ne croient pas du
tout que « maintenant est le jugement de ce monde » (12:31), même si certains d’entre eux
s’attendent à ce que le chef de ce monde soit jeté dehors en son temps. La gloire du Fils de
l’homme est fondée sur la mort. Le rejet du Messie donne occasion à ce qui est
incomparablement plus vaste et plus profond ; et ainsi la gloire de Dieu est assurée de manière
immuable, et beaucoup de fruit est porté, et il y a également la bénédiction de ceux qui
auraient été autrement perdus, et qui maintenant sont bénis avec Christ et en Christ, non pas
simplement par Christ. Mais si le ciel est par-là ouvert (car la croix et le ciel se répondent l’un
à l’autre), le monde est jugé. Devant Dieu et pour la foi, son jugement est déjà maintenant, et
non pas seulement quand son exécution prendra place publiquement et en puissance. Mais
maintenant le monde est jugé pour celui qui a la pensée de Christ, qui partage Son rejet et
attend la gloire avec Lui en haut. Que signifie moralement la croix ?

Un Messie vivant aurait dû rassembler les douze tribus d’Israël autour de Lui comme leur
chef, suscité par Dieu selon la promesse ; mais il fallait qu’Il soit élevé de la terre, crucifié
comme une victoire apparente de Satan, alors que c’était sa défaite réelle et éternelle, et
connue comme telle pour la foi ; mais aujourd’hui nous attendons le jour où cette défaite sera

431
déclarée sans conteste. Christ sur la croix est quelque chose de très différent de Christ régnant
sur Son peuple en grâce, et demeurant éternellement ; pourtant ils auraient dû le savoir en
lisant la loi, car cela s’y trouve, même si c’est obscurément. Or la grâce montre ouvertement
Christ dans cet état élevé, centre d’attraction pour tous, Gentils ou Juifs, malgré leurs péchés,
qu’Il allait porter en Son corps. Un Fils de l’homme souffrant n’était pas, et n’est pas, un
article de la foi juive, quoiqu’Il soit certainement révélé dans leurs Écritures. Le Seigneur
répond à l’ignorance qu’ils expriment, en leur disant combien brève allait être la présence de
la lumière, en les avertissant des ténèbres qui allaient les saisir, et en les exhortant à la foi
dans la lumière, si échappant aux ténèbres, ils voulaient être caractérisés par la lumière.

13.8 - Jean 12:36b-43

La fin était proche, et un signe leur fut alors donné que la lumière n’allait pas toujours rester
là. « Jésus dit ces choses, et s’en allant, il se cacha de devant eux. Et quoiqu’il eût fait tant de
miracles devant eux, ils ne crurent pas en lui ; afin que la parole d’Ésaïe le prophète, qu’il
prononça, fût accomplie : « *Seigneur, qui est-ce qui a cru à ce qu’il a entendu de nous, et à
qui le bras du *Seigneur a-t-il été révélé ? » C’est pourquoi ils ne pouvaient croire, parce
qu’Ésaïe dit encore : « Il a aveuglé leurs yeux et il a endurci leur cœur, afin qu’ils ne voient
pas des yeux, et qu’ils n’entendent pas du cœur, et qu’ils ne soient pas convertis, et que je ne
les guérisse pas ». Ésaïe dit ces choses parce qu’il vit sa gloire et qu’il parla de lui. Toutefois
plusieurs d’entre les chefs mêmes crurent en lui ; mais à cause des pharisiens, ils ne le
confessaient pas, de peur d’être exclus de la synagogue ; car ils ont aimé la gloire des hommes
plutôt que la gloire de Dieu » (12:36b-43).

13.8.1 - Jean 12:37-40

Voilà le résultat du seul témoignage absolument parfait qui ait jamais été rendu dans ce
monde, celui des paroles et des voies et des signes du Fils de Dieu ; et ce témoignage avait été
rendu non pas là où l’on aurait pu plaider l’ignorance pour atténuer son rejet, mais là où Dieu
avait fait tout Son possible pour préparer le chemin par prophétie, et pour attirer l’attention
par signe — la grâce et la vérité au milieu d’un peuple habitué à l’intervention divine. Mais
l’incrédulité de l’homme, laissée à elle-même et à Satan, ne peut pas faire disparaître tout ce
qu’on voit et ce qu’on entend de la part de Dieu. Il en était ainsi parmi les Juifs aux jours du
Seigneur, et cela perdure jusqu’à ce jour. C’est encore « cette génération » qui ne passera pas
jusqu’à ce que toutes les menaces de Dieu soient accomplies. Pourtant Jean ne parle pas de
jugements extérieurs ; ce sont les évangiles synoptiques qui en parlent. Jean parle de ne plus
avoir Celui qui est tout. Car qu’est-ce que perdre la lumière, qu’être abandonné à ces ténèbres
où celui qui marche ne sait pas où il va ? Or c’était précisément l’état des Juifs, d’autant plus
aggravé qu’ils avaient encore la lumière pour un petit bout de temps parmi eux, et qu’ils ne
croyaient pas, de sorte qu’ils ne pouvaient devenir enfants de lumière, et que les ténèbres
s’emparaient d’eux (12:36). Ainsi le prince des prophètes [Ésaïe] se trouvait accompli par leur
incrédulité amenant leur ruine, et ceci dans les deux parties de sa prophétie, la plus ancienne
(12:40 = És. 6:9-10) et la plus récente (12:38 = És. 53:1), que les spéculations des critiques
ont tenté en vain de séparer. Mais nous croyons l’évangéliste inspiré plutôt que le professeur
présomptueux, et nous sommes assurés que les deux prophéties émanent d’Ésaïe, et qu’elles

432
ont été données divinement et accomplies maintenant dans les Juifs restés si longtemps
incrédules.

Tandis que la première citation (12:38) prouve la culpabilité du rejet du témoignage de Dieu,
la seconde (12:40), bien qu’antérieure, montre le fait solennel de l’aveuglement judiciaire, qui
n’a jamais été prononcé et encore moins exécuté par Dieu, jusqu’à ce que la patience ait eu
son œuvre parfaite (Jacq. 1:4) et que l’homme eut comblé la mesure de sa culpabilité au-delà
de toute mesure (Matt. 23:32). Sous une telle sentence d’endurcissement, certes ils ne
pouvaient pas croire, mais la sentence était venue à cause de la méchanceté consommée dans
le rejet volontaire de Dieu et de Sa volonté ; ils ne croyaient pas malgré les appels les plus
complets à leurs cœurs et à leurs consciences. La première citation montre la totale incrédulité
vis-à-vis de Christ venu en humiliation et souffrant pour faire l’œuvre de l’expiation, de sorte
que la seconde citation prononce la terrible parole qui les renferme dans l’aveuglement vis-à-
vis de la lumière qu’ils avaient si longtemps méprisée.

13.8.2 - Jean 12:41

Cette citation est suivie du commentaire inspiré (12:41) qu’Ésaïe dit ces choses quand il vit la
gloire de Christ et qu’Il parla de Lui. C’est l’Éternel dans la prophétie, Christ dans
l’Évangile ; mais ils sont un, et Actes 28:25-27 nous autorise à inclure le Saint Esprit.
Combien cela est confirmé, et combien cela confirme l’oracle encore plus ancien de Deut.
6:4 : « l’Éternel notre Dieu est un, l’Éternel ! ». Jean 12 et Actes 28 ne l’affaiblissent
nullement, mais ajoutent à sa force et à son caractère expressif, en ce qu’ils montrent toujours
plus la patience de Dieu et les ténèbres des Juifs après des siècles de légèreté vis-à-vis de Sa
miséricorde et de Ses menaces. Et les ténèbres se sont accrues à mesure que la lumière brillait
davantage.

13.8.3 - Jean 12:42-43

Mais l’impiété se trahit non seulement dans son insoumission de cœur à croire, mais dans la
lâcheté quand il s’agit de confesser le Seigneur (voir les ‘timides’ de Apoc. 21:8) ;
pareillement ici, nous voyons « beaucoup d’entre les chefs crurent en Lui, mais à cause des
pharisiens, ils ne le confessaient pas afin qu’on ne puisse pas les exclure de la synagogue ». Et
le motif, ou la raison morale, sont donnés : ils ont mieux aimé la gloire des hommes plutôt
que la gloire de Dieu. Ils craignaient le monde religieux, étant vivement sensibles à la gloire
humaine, mais insensibles à celle qui vient de Dieu. Or nous ne devons pas oublier que, si
« du cœur on croit à justice, de la bouche on fait confession à salut » (Rom. 10:10). Dieu
attache beaucoup d’importance à la confession de Son Fils, et autrement nous ne pouvons pas
posséder le salut avec certitude.

13.9 - Jean 12:44-50

Nous avons ensuite le témoignage public final de notre Seigneur selon ce qui est donné dans
cet évangile. « Et Jésus s’écria et dit : Celui qui croit en moi, ne croit pas en moi, mais en
433
celui qui m’a envoyé ; et celui qui me voit, voit celui qui m’a envoyé. Moi, je suis venu dans
le monde, [la] lumière, afin que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres. Et
si quelqu’un entend mes paroles et ne les garde pas, moi, je ne le juge pas ; car je ne suis pas
venu afin de juger le monde, mais afin de sauver le monde. Celui qui me rejette et qui ne
reçoit pas mes paroles, a qui le juge ; la parole que j’ai dite, celle-là le jugera au dernier jour.
Car moi, je n’ai pas parlé de moi-même ; mais le Père qui m’a envoyé, lui-même m’a
commandé ce que je devais dire et comment j’avais à parler ; et je sais que son
commandement est la vie éternelle. Les choses donc que moi je dis, je les dis comme le Père
m’a dit » (12:44-50).

Le Seigneur parlait avec ferveur comme partout et toujours. Selon Sa grâce, il le fallait pour
les hommes au vu des questions solennelles qui étaient en jeu, et de la gloire divine
concernée. Ce dont il s’agissait, c’était Son Père qui L’avait envoyé, non moins que Lui-
même. Croire au Fils et Le discerner, c’était discerner le Père et croire en Lui. Ils étaient
inséparablement un, comme Il l’avait déjà déclaré ; et celui qui avait le Fils, avait aussi le
Père. De plus le Seigneur était venu comme la lumière dans le monde (car il n’était pas
question d’Israël seulement) afin que quiconque croit en Lui ne demeure pas dans les ténèbres
(11:46) ; celui-là a la lumière de la vie (8:12), et non pas la vie seulement ; il est lumière dans
le Seigneur (Éph 5:8). C’était donc une ruine d’avoir entendu et de ne pas avoir gardé Ses
paroles (12:47) ; mais telle était la grâce dans laquelle Il était venu, qu’Il pouvait ajouter
« Moi, je ne le juge pas ; car je ne suis pas venu afin de juger le monde, mais afin de sauver le
monde ». Comment dès lors Sa gloire serait-elle défendue dans Son cas vis-à-vis de ceux qui
Le tiennent pour rien et ne reçoivent pas Ses paroles ? Celui-là a qui le juge, c’est-à-dire la
Parole (10:48). « La parole que j’ai dite, celle-là le jugera au dernier jour », et d’autant plus
sûrement que Jésus n’a pas parlé de Lui-même comme s’Il cherchait Sa propre volonté ou Sa
propre gloire, mais Il était simplement et continuellement soumis au Père, qui non seulement
L’avait envoyé, mais en outre Lui avait commandé ce qu’Il devait dire et comment Il avait à
parler (10:49) ; Il savait que le commandement du Père est la vie éternelle (10:50 – Ps. 133:3).
Jésus était aussi soumis à Lui dans ce qu’Il prononçait que dans ce qu’Il faisait, car Il était ici
pour Le faire connaître et faire Sa volonté.

14 - Chapitre 13
Nous entrons maintenant dans une nouvelle section de notre évangile, celle des dernières
communications du Seigneur à Ses disciples, se terminant par la prière où Il ouvre Son cœur
au Père à leur sujet. Le sens général de cette section est partout et en tout de conduire les
Siens dans une vraie intelligence spirituelle de leur nouvelle position devant Dieu le Père, en
contraste net avec celle d’Israël dans le monde. Il ne s’agit pas de la position en tant
qu’Église, mais de la position chrétienne, très complète et très nette, en vertu de Christ, qui
met Israël de côté à tous égards. Il allait auprès du Père en haut, et ici Il révèle ce que, dans
cette gloire, Il allait faire pour eux tandis qu’ils étaient encore ici-bas. Il fallait que Son amour
prenne une forme nouvelle, tout en restant fidèle, immuable et parfait.

14.1 - Jean 13:1-5

434
14.1.1 - Jean 13:1a

« Or, avant la fête de Pâque, Jésus, sachant que son heure était venue pour passer de ce monde
au Père, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à la fin » (13:1).

Il était le seul homme que rien ne prenait par surprise. Tout était lu et connu et senti dans la
présence de Dieu Son Père. Il était constamment conscient de la mort qui L’attendait, et de ce
que serait cette mort dans sa forme, dans son caractère et dans son but dans le dessein de
Dieu, ainsi que dans la malice de l’homme et de Satan ; et en outre nous voyons ici que la
proximité immédiate de cette mort était dans Ses pensées avec ses immenses conséquences.
Pourtant en Jean, il ne s’agit pas du fait qu’Il soit abandonné par l’homme ou par Dieu dans
cette crise aiguë ; mais l’heure de Son départ de ce monde pour aller au Père arrive, au lieu
qu’Il demeure ici-bas selon l’attente des Juifs en rapport avec leur Messie selon l’Ancien
Testament. Les autres évangiles mettent en avant les preuves de Son rejet par le peuple, tandis
que notre évangéliste Le voit rejeté d’emblée, et à la fin il Le montre en train de prépare les
disciples au changement proche et inattendu, lorsque Christ serait dans le ciel, — et que le
Saint Esprit serait envoyé ici-bas pour être dans et avec les Siens sur la terre, — et que le Père
serait le caractère de Dieu dans Sa relation non pas seulement avec Christ, mais avec eux
aussi, en son temps et à sa manière.

14.1.2 - Jean 13:1b

Il voulait ensuite montrer Son amour sous des formes nouvelles et appropriées. « Ayant aimé
les siens qui étaient dans le monde », Il les aima non pas simplement jusqu’à la fin comme
une question de temps, si vrai que ce fût, mais Il les aima en se chargeant de chaque besoin,
endurant tout ce qu’il y avait de travail pénible pour eux, sans relâche et sans vaciller, malgré
tout ce qui pesait sur Lui. Tel est l’amour de Jésus pour les Siens dans le monde, où ils en ont
constamment besoin. Nous savons quel amour Il leur a exprimé lors de la dernière Pâque (Luc
22:15), et combien cet amour fut mis à l’épreuve et démontré comme étant infini, dans Son
sang et dans Sa mort pour eux, comme un Agneau sans défaut et sans tache, préconnu dès
avant la fondation du monde, mais manifesté à la fin des temps pour ceux qui croyaient (1
Pierre 1:19-21). Mais maintenant Il voulait leur montrer un amour aussi actif pour eux chaque
jour quand Il serait parti auprès du Père, que quand Il accomplirait la Pâque en mourant pour
eux.

14.1.3 - Jean 13:2-4

« Et le souper étant venu, le diable ayant déjà mis dans le cœur de Judas Iscariote, [fils] de
Simon, de le livrer, — [Jésus], sachant que le Père lui avait mis toutes choses entre les mains,
et qu’il était venu de Dieu, et s’en allait à Dieu, se lève du souper et met de côté ses
vêtements ; et ayant pris un linge, il s’en ceignit » (13:2-4).

La version autorisée anglaise regarde la phrase comme ayant trait à la fin du repas ; mais je
suis d’accord avec ceux qui estiment qu’elle veut dire que le moment du repas était arrivé, ce
qui est confirmé par l’action surprenante dont il est parlé. Je ne doute pas qu’il était habituel
d’avoir les pieds lavés avant le repas et non pas après.

435
Mais si Jésus avait des voies d’amour infini dans Son cœur, le diable avait déjà mis dans le
cœur de Judas Iscariote la terrible trahison contre son divin Maître, qu’aucun siècle ne pourra
jamais effacer. C’est ce qui eut lieu avec Jésus : la haine de l’ennemi éclata au grand jour au
moment où l’amour de Dieu se manifestait dans et par Lui ; le fait que le diable ait opéré dans
un homme, et même un disciple, combien cela flétrit les prétentions humaines, d’autant plus
que ce disciple avait l’honneur de suivre étroitement et personnellement le Seigneur Jésus !
« Mais c’est toi, un homme comme moi, mon conseiller et mon ami » (Ps. 55:13). Dans cette
sainte compagnie, il avait joué avec le péché, — ce péché d’habitude qui était la cupidité. Et
maintenant le diable en accélérait la rétribution par la trahison du Fils de Dieu. Le Seigneur,
comme nous le verrons plus tard, ressentait cela profondément, mais Il poursuit ici Son
dessein d’amour dans la conscience des desseins et des plans d’amour du Père, dans la
conscience aussi qu’Il retournait au Père dans la même pureté absolue dans laquelle Il était
venu d’auprès de Lui. Il ne s’agissait pas simplement du cadre messianique, ni de celui du Fils
de l’homme. Le Père avait mis toutes choses entre les mains de Son Fils, et Il s’en retournait
en tant qu’homme sans qu’aucune ombre ne vienne déparer la sainteté intrinsèque qui avait
marqué Sa venue d’auprès de Dieu pour devenir un homme. Il demeurait toujours le Saint de
Dieu, cependant Il se lève du souper, met de côté Ses vêtements et prend un linge et se ceint.

14.1.4 - Jean 13:5

Jésus s’occupe d’un nouveau service, requis par la proximité des disciples avec Dieu en tant
que Ses enfants : il s’agissait d’ôter les souillures des Siens dans leur marche comme saints à
travers le monde. C’est le sens de ce qui suit. « Puis il verse de l’eau dans le bassin, et se met
à laver les pieds des disciples, et à les essuyer avec le linge dont il était ceint » (13:5). Notons
soigneusement qu’il s’agit d’eau ici, non pas de sang. Le lecteur de l’évangile de Jean n’aura
pas manqué de voir que le Seigneur fait beaucoup intervenir « l’eau » et le « sang ». Le
Seigneur le fit effectivement en présentant la vérité aux Siens, et c’est Jean qui le montre le
mieux. Sa première épître caractérise aussi le Seigneur comme étant venu par (δι) l’eau et par
le sang ; non pas dans (εν) l’eau seulement, mais dans l’eau et le sang (1 Jean 5:6). Il purifie
aussi bien qu’Il expie. Il emploie la Parole pour purifier ceux qui sont lavés de leurs péchés
dans Son sang. Les apôtres Paul, Pierre et Jacques insistent sur l’effet de la Parole, comme
Jean. Il est désastreux et dangereux au plus haut degré de méconnaître la purification par le
lavage d’eau par la Parole. Si « le sang » est vis-à-vis de Dieu (quoique pour nous), « l’eau »
est vis-à-vis du saint, pour ôter l’impureté en pratique, aussi bien que pour donner une
nouvelle nature qui juge le mal selon Dieu et selon Sa Parole, dont l’eau est le signe, lui
ajoutant la mort de Christ, laquelle donne sa mesure et sa force. C’est de Son côté percé
qu’ont jailli le sang et l’eau (ch. 19).

Vis-à-vis de cette vérité sérieuse et bénie, il y a lieu de craindre que la chrétienté demeure
autant dans l’obscurité que Pierre quand il refusa l’action du Seigneur en grâce. Pierre ne
pénétra qu’ultérieurement la vérité communiquée par l’action de portée si riche du Seigneur :
ce fut quand le Saint Esprit vint pour leur montrer ce qui concernait Christ. Dans cette
circonstance-ci, il se trompa complètement, et les hommes sont enclins à faire de même
aujourd’hui, alors que la lumière divine a été pourtant pleinement apportée. C’est une
perversion que de limiter cet acte du Seigneur à un enseignement sur l’humilité, comme le
font les hommes. Pierre ne voyait effectivement rien d’autre que cette humilité, d’où son
erreur de considérer comme excessif l’abaissement du Seigneur allant jusqu’à lui laver les
pieds ; mais une fois alerté par l’avertissement du Seigneur, il tomba dans l’erreur opposée.

436
Nous ne sommes en sécurité que lorsque nous nous soumettons à Sa Parole en n’ayant aucune
confiance en nous-mêmes.

Le fait est que, depuis les temps apostoliques, la vérité sur ce lavage des pieds (hormis peut-
être quant au fondement) a été ou bien mal comprise, ou souvent pervertie pour en faire des
ordonnances sans vie. Les évangéliques l’ignorent en général, ou bien la confondent avec le
sang de Christ. Les catholiques (grecs, orientaux, romains ou anglicans) l’appliquent à tort au
baptême. Il s’ensuit que, non seulement ils perdent la leçon spéciale du Seigneur relative au
lavage dans l’eau, mais ils affaiblissent la propitiation. En conséquence la non-imputation du
péché a été tout à fait inconnue déjà depuis le temps des premiers pères de l’église jusqu’à nos
jours. Les Réformateurs n’ont pas apporté de délivrance à cet égard, et les Puritains ont
augmenté la confusion et l’obscurité en insistant, non pas sur des ordonnances, mais sur la loi
comme règle de vie, au lieu de ramener, par l’Esprit du Seigneur, à Christ comme l’objet
d’après lequel le chrétien est transformé ici-bas. Le Seigneur a souffert une fois pour les
péchés, le juste pour les injustes (1 Pierre 3:18). L’efficace pour le croyant est aussi parfaite
que l’est Sa Personne ; et l’unicité de Son sacrifice est par suite le grand argument d’Hébreux
9 et 10 par contraste avec la répétition des sacrifices juifs. Par Son seul sacrifice, nous
sommes non seulement sanctifiés (Héb. 10:10), mais aussi rendus parfaits à perpétuité (Héb.
10:14). N’y a-t-il aucune défaillance chez les saints dans la suite ? Trop souvent peut-être.
Quelle est dès lors la ressource pour eux ? c’est le lavage d’eau par la Parole que le Saint
Esprit applique en réponse au service d’avocat auprès du Père. C’est ce dont Christ donnait ici
le signe.

14.2 - Jean 13:6-11

Le Seigneur se met alors à effectuer le travail commencé. « Il vient donc à Simon Pierre ; et
celui-ci lui dit : Seigneur, me laves-tu, toi, les pieds ? Jésus répondit et lui dit : Ce que je fais,
tu ne le sais pas maintenant, mais tu le sauras dans la suite. Pierre lui dit : Tu ne me laveras
jamais les pieds. Jésus lui répondit : Si je ne te lave, tu n’as pas de part avec moi. Simon
Pierre lui dit : Seigneur, non pas mes pieds seulement, mais aussi mes mains et ma tête. Jésus
lui dit : Celui qui a tout le corps lavé n’a besoin que de se laver les pieds ; mais il est tout net ;
et vous, vous êtes nets, mais non pas tous. Car il savait qui le livrerait ; c’est pourquoi il dit :
Vous n’êtes pas tous nets » (13:6-11).

14.2.1 - Jean 13:6

Dans les choses divines, la sagesse du croyant consiste à se soumettre à Christ et à Lui faire
confiance. Nous sommes appelés à accepter ce qu’Il fait avec reconnaissance de cœur, et à
dire comme Marie aux serviteurs aux noces de Cana : « Faites tout ce qu’Il vous dira » (2:5).
Or voilà que Pierre fait le contraire, et objecte quand le Seigneur s’approche de lui « en forme
d’esclave » (Phil. 2:7). La foi opérante par l’amour ne se trouvait-elle pas chez Pierre ? (Gal.
5:6). Sans doute il y avait la foi et l’amour chez Pierre, sans être pourtant en action à ce
moment-là, car ils étaient ensevelis sous un tas de sentiments humains ; sinon il ne se serait
pas permis de mettre en doute l’opportunité de ce que le Seigneur estimait approprié. Il se
serait plutôt incliné devant l’amour de Christ, et aurait cherché à apprendre selon que Lui sait
enseigner, — à apprendre le grand besoin qui était le sien et celui de ses compagnons au point

437
de susciter un service aussi humble, mais si nécessaire de la part de son Maître. Ah ! il ne
savait pas encore que Jésus devait aller plus loin que s’abaisser à laver les pieds de Ses
disciples, — qu’Il devait aller jusqu’à la mort même de la croix pour que Dieu soit glorifié et
que l’homme soit justifié et délivré en bénéficiant d’un droit incontestable. Mais la grâce qui
entreprenait cette œuvre infinie de propitiation (la base pour répondre à toutes les exigences
de la nature, de la majesté et de la justice divines, d’une manière qui soit à la gloire de Dieu,
étant donné notre culpabilité), — cette grâce voulait aussi pourvoir à chaque pas du chemin
où la souillure abonde. Nous pouvons ainsi jouir de la communion malgré la puissance et les
ruses de Satan et malgré notre faiblesse ; et en dépit des défaillances nous pouvons être
restaurés à la communion avec Lui dans la lumière et la gloire de Dieu dans laquelle Il allait
retourner et dans laquelle nous Le suivrons au moment convenable.

Pierre croyait, mais il ne croyait pas encore « toutes les choses que les prophètes ont dites »
(Luc 24:25). Il entrait faiblement dans ce que lui-même appellera ultérieurement « les
souffrances de Christ et les gloires qui suivraient » (1 Pierre 1:11). Il continuait à regarder le
Seigneur beaucoup trop exclusivement comme le Messie ; ce n’est que plus tard qu’il saura
estimer les profondeurs qui sont dans le Fils du Dieu vivant, bien que, de sa bouche, il ait déjà
confessé cette gloire auparavant (Matt. 16:16). La nature était trop peu jugée chez Pierre, de
sorte qu’il n’appréciait pas encore la signification de cette gloire, ni son application ni ses
résultats, comme il le fera plus tard sous l’effet de l’enseignement divin, quand la croix aura
démontré la valeur de la nature, ou plutôt son absence de valeur, devant Dieu et les hommes.
Pierre était trop confiant en lui-même, et il était effectivement ignorant à la fois de lui-même
et de ce qu’était la scène de souillure qui l’entourait, et il était également ignorant des
profondeurs et de la constance de l’amour de Christ ; c’est pourquoi il dit au Seigneur : « Me
laves-tu, toi, les pieds ? » (13:6). Certes il ne pouvait pas savoir ce qui n’était pas encore
révélé ; mais était-il convenable de sa part, était-ce respectueux de mettre en question ce que
le Seigneur était en train de faire ? Il a pu penser que refuser un service d’aussi bas niveau de
la part du Seigneur, c’était de l’humilité chez lui, et c’était rendre honneur au Seigneur. Mais
Pierre n’aurait jamais dû oublier que Jésus n’avait jamais dit une parole, ni fait aucun acte,
sinon ce qui était digne de Dieu et ce qui démontrait le Père ; et maintenant plus que jamais,
Ses paroles et Ses voies manifestaient Sa grâce divine, alors que le mal humain actionné par
Satan à la fois chez ceux du dehors et chez ceux du cercle plus restreint des Siens, réclamait
de se clarifier davantage et de montrer davantage d’ardeur à cause de son départ prochain.

La vérité est que nous avons besoin d’apprendre de la part de Dieu comment L’honorer et
comment aimer selon Sa pensée. Si quelqu’un pense savoir quelque chose, il ne connaît rien
comme il faut connaître (1 Cor. 8:2). Ceci aussi était une faute de la part de Pierre. Il aurait dû
se méfier de ses pensées et s’attendre en toute soumission à Celui qui fait toutes choses bien
(Marc 7:37 ; ce titre était confessé par beaucoup, alors qu’ils Le connaissaient bien moins
bien que Pierre), et qui était absolument ce qu’Il disait, vérité et amour dans la même
Personne bénie (8:25). Les pensées de l’homme ne sont jamais comme les nôtres, et les saints
glissent dans les pensées humaines, s’ils ne sont pas enseignés de Dieu par la foi, en détail
aussi bien qu’en gros ; car nous ne pouvons, ni ne devons, nous confier nous-mêmes en quoi
que ce soit. Dieu veut que Son Fils soit honoré, et Il est honoré avant tout quand on Le croit et
qu’on Le suit dans Son humiliation. Quand Pierre dit : « Me laves-tu, toi, les pieds ? », il
sortait autant de sa place que lorsqu’il se permettait de reprendre le Seigneur pour avoir osé
parler de Ses souffrances et de Sa mort.

438
14.2.2 - Jean 13:7

Mais dans Sa débonnaireté, le Seigneur répond par une plénitude de grâce : « Ce que je fais,
tu ne le sais (οιδας) pas maintenant, mais tu le sauras (γνωση) dans la suite » (13:7). N’était-
ce pas une indication solennelle, mais pleine de compassion adressée à Pierre, s’il avait été en
état de cœur pour apprendre ? Si même il ne s’était pas incliné tout de suite devant l’action du
Seigneur, Il aurait dû conclure de Ses paroles qu’il y avait une signification digne de Lui,
digne de Celui qui estimait que laver les pieds aux enfants était dû au Père, dans l’amour le
plus vrai et le plus humble envers eux ; il aurait dû conclure encore davantage, à savoir que ce
qu’il ne savait pas maintenant sur lui-même, il l’apprendrait plus tard : je présume que ce
« plus tard » signifie « après les choses qui étaient en train d’avoir leur cours, après Son rejet
et Sa mort, après la résurrection et l’ascension, une fois que le Saint Esprit serait là pour les
conduire dans toute la vérité » (16:13).

14.2.3 - Jean 13:8

Mais Pierre ne faisait pas encore partie de ceux qui sont guidés par l’œil du Seigneur (Ps.
32:8) ; il ne sentait pas le besoin d’être enseigné et instruit sur le chemin où il devait marcher.
Il y avait trop du cheval ou du mulet en lui, trop besoin d’être refréné par la bride et le mors
(Ps. 32:9) ; et faute d’accepter de la part du Seigneur qu’il fallait se soumettre maintenant et
apprendre plus tard, il s’enfonce davantage et plus hardiment dans l’erreur sur son propre
compte. « Tu ne me laveras jamais les pieds » : c’est le refus le plus absolu de ce lavage, non
seulement pour cette vie, mais pour celle à venir, — pour toujours.

C’était sentimental, sans doute de l’ignorance ; mais avait-il à se confier en lui-même jusqu’à
exprimer des paroles aussi fortes au sujet de la manière d’agir de son Maître, et de Ses voies
de grâce ? Combien il est précieux qu’il ait eu à faire, que nous ayons à faire à Celui qui ne
retient pas Sa paix au point de maintenir l’âme sous une obligation, — à Celui qui sait quand
et comment désavouer la parole insensée ou celle qui déshonore Dieu, de manière que la
parole par laquelle on s’oblige ne subsiste pas, et que l’âme soit pardonnée (voir Nombres
30). Le Seigneur rendit les paroles de Pierre entièrement inopérantes dès l’instant où Il les
entendit, comme nous allons le voir ; Il agissait avec cette grâce qui corrige toutes nos fautes
et a porté toute notre iniquité.

« Jésus lui répondit : Si je ne te lave, tu n’as pas de part avec moi » (13:8). Solennelle
assurance, non seulement pour Pierre, mais pour tous ceux qui négligent cette ressource de
grâce de Sa part, qui oublient ou qui n’ont même jamais réalisé le besoin qu’ils en ont. Ce
n’est pas tant une question de vie, mais une question de communion, de part avec Christ et
non pas en Christ, même si cela n’est guère séparable. Christ s’en retournait à Dieu en haut ;
Pierre et les autres restaient sur la terre, environnés de souillures dans le chemin. Christ ne
voulait pas restreindre Son amour pour les Siens, ni faire peu cas de leurs manquements. D’où
le besoin de laver les pieds des disciples, prompts à être souillés au cours de leur marche dans
ce monde. Et ceci s’effectue par la Parole appliquée à la conscience par l’Esprit. Le croyant se
courbe, se juge, et est pratiquement purifié. Sa communion est restaurée, et il peut jouir des
choses de Christ. Il a une part avec Lui.

439
14.2.4 - Jean 13:9

Alerté par l’avertissement du Seigneur, Son serviteur vire instantanément à l’autre extrême :
« Seigneur, non pas mes pieds seulement, mais aussi mes mains et ma tête » (13:9). Plus rien
ne suffit pour contenter Pierre maintenant. Il cherche à être baigné en entier, comme si la
valeur du précédent lavage s’était évaporée, comme s’il avait besoin qu’il soit recommencé,
comme s’il n’y en avait jamais eu. Mais il n’en est jamais ainsi. Pour voir le royaume de Dieu
et y entrer, il faut être né de nouveau, né d’eau et de l’Esprit (3:3-7). Or cela ne se répète
jamais. La nouvelle naissance n’admet pas de répétition. Cependant il était faux d’imaginer
qu’étant né de Dieu, on n’a plus besoin d’autre chose, et que les souillures ou bien ne peuvent
atteindre le croyant, ou bien, si elles l’atteignent, c’est sans conséquence.

Ce que Simon Pierre a pensé et dit dans son ignorance, une école de théologie l’a formulé
dans sa présomption. Mais ce n’est pas de la vraie connaissance de Dieu. Si la loi punit la
transgression, la grâce condamne le péché encore bien plus profondément. Aucun système de
théologie ne peut être de Dieu s’il passe légèrement par-dessus le mal ou l’ignore. Or Simon
Pierre, convaincu du danger de ce côté-ci, tombe dans un autre de ce côté-là ; rendu attentif au
besoin de lavage pour avoir une part avec Christ, il réclame le lavage complet aussi bien pour
le croyant que pour l’homme naturel. Ceci correspond à une autre école de théologie, opposée
à la précédente, et dont le dogme est le suivant : il nie la position du croyant si, par malheur, il
contracte une souillure, et il insiste sur le fait qu’il doit tout recommencer, plusieurs fois dans
sa vie peut-être. La vie éternelle comme possession présente disparaît donc, de même que la
responsabilité constante qui découle de la relation constante d’enfant de Dieu. Ainsi, on peut
être souvent perdu et souvent sauvé spirituellement !

14.2.5 - Jean 13:10-11

En corrigeant Pierre, le Seigneur corrige les deux écoles par anticipation. « Celui qui a tout le
corps lavé (λελουμενος) n’a besoin que de se laver (νιψασϑαι) les pieds ; mais il est tout net ;
et vous, vous êtes nets, mais non pas tous. Car il savait qui le livrerait ; c’est pourquoi il dit :
Vous n’êtes pas tous nets » (13:10-11). De manière simple et parfaite, Il met chaque vérité à
sa place et dans sa relation avec tout le reste. La grâce est maintenue, mais aussi la justice.
Aucun péché n’est pris à la légère. Aucun croyant n’a raison de se décourager ; chacun de ses
manquements fait l’objet d’une nouvelle attention de la part du Seigneur, avec une preuve
renouvelée de l’amour qui ne le laisse pas aller sans l’avoir béni, malgré toute la négligence
qui laisse aller le Seigneur. Mais Lui ne veut pas s’en aller. Il lave les pieds de celui qui a déjà
tout le corps lavé, afin qu’il soit tout net. Ainsi la nouvelle naissance demeure et n’est jamais
renouvelée, parce qu’elle demeure vraie et bonne ; tandis que le manquement de celui qui est
né de nouveau fait l’objet de l’amour actif de Christ et de Son service d’avocat, et l’âme est
amenée à se juger elle-même pour que la communion soit restaurée. Le cas de Judas n’est pas
celui de quelqu’un qui perd la vie, mais celui de quelqu’un qui n’est jamais né de Dieu, et
effectivement aucun passage n’appuie une nouvelle naissance chez lui. Il n’était pas une
brebis de Christ devenue impure, mais un chien retournant à son vomi (2 Pierre 2) — et même
bien pire, à cause de la proximité et de l’intimité desquelles il a abusé par amour de l’argent,
jusqu’à Le trahir auprès de Ses ennemis.

440
Il est d’importance capitale de tenir fermement à la fois à l’expiation et au lavage d’eau par la
Parole. Sinon le sang de Christ est détourné de son véritable but et de son effet devant Dieu, et
il est utilisé en pratique comme la ressource en cas de manquement.

14.2.6 - Erreurs dénoncées. Pas de renouvellement de la réconciliation ni de ré-


application du sang

Écoutons ce que dit Calvin en tant que témoin de poids de l’erreur dont il vient d’être parlé,
quand il traite de la parole de réconciliation en 2 Cor. 5:20 (« soyez réconciliés avec Dieu ») ;
selon lui, Paul s’adresse là à des croyants, au lieu d’y voir une illustration du message de
grâce adressé au monde. « Il leur déclare chaque jour cette mission d’ambassadeur. Christ
donc n’a pas simplement souffert pour expier nos péchés une fois, et l’Évangile n’a pas été
déterminé simplement en vue du pardon des péchés commis avant le baptême, mais comme
nous péchons chaque jour, c’était pour que nous soyons reçus dans la faveur de Dieu par le
moyen d’une rémission journalière. Car c’est là un message continuel d’ambassadeur qui doit
être proclamé avec assiduité dans l’église jusqu’à la fin du monde ; et l’évangile ne peut pas
être prêché sans que la rémission des péchés soit promise. Nous avons ici une déclaration
exprès et appropriée pour réfuter la confiance impie des papistes qui nous appellent à chercher
la rémission des péchés après le baptême de quelque source autre que l’expiation effectuée
par la mort de Christ. Or cette doctrine est communément admise dans toutes les écoles du
papisme, à savoir qu’après le baptême, nous méritons la rémission des péchés par le moyen de
la pénitence et à l’aide des clefs (Matt. 16:19) — comme si le baptême pouvait nous conférer
la rémission sans pénitence. Par ce terme « pénitence », ils entendent « satisfaction ». Mais
qu’est-ce que Paul dit ? Il nous appelle à aller, autant après qu’avant le baptême, à la seule
expiation faite par Christ, afin que nous sachions que nous l’obtenons toujours gratuitement.
En outre, toutes leurs balivernes sur l’administration des clefs ne servent à rien dans la mesure
où ils conçoivent les clefs à part de l’évangile, alors qu’elles ne sont rien d’autre que le
témoignage rendu à une réconciliation gratuite qui nous est faite par l’évangile »
(Commentaire sur les épîtres aux Corinthiens, Calvin Soc. ii.240, 241).

Cet enseignement [de Calvin] est clairement erroné, non seulement en ce qu’il est fondé sur
une application erronée aux saints, du ministère de l’évangile adressé aux pécheurs, mais
aussi en ce qu’il ébranle la réconciliation des saints comme si elle n’était pas un grand acte
achevé. Il est faux de dire que l’apôtre déclare ce message d’ambassadeurs tous les jours aux
croyants. Il déclare au contraire que l’œuvre est accomplie, et que les adorateurs sont purifiés
une fois pour toutes de manière à n’avoir plus aucune conscience de péché (Héb. 10:2). Il
n’est pas question d’imputer des péchés ou des erreurs, ni de jugement de Dieu sur eux
bientôt. L’erreur sape ou exclut une relation constante du chrétien sur la base de la paix faite
par le sang de la croix, et de l’aptitude présente et permanente à avoir part à l’héritage des
saints dans la lumière (Col. 1:12).

Le sacrifice unique de Christ ne se borne pas à expier une fois pour toutes nos péchés, mais il
a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés (Héb. 10:14). Les romanistes remédient
au besoin créé par les manquements après le baptême au moyen de la pénitence aidée des
clefs. Les protestants font un appel répété au sacrifice de Christ : les uns comme les autres
ignorent le lavage des pieds souillés au moyen de la Parole en réponse au service d’avocat de
Christ auprès du Père. Le message continuel d’ambassadeurs est communiqué par les
serviteurs du Seigneur dans la proclamation de l’Évangile au monde. La réception du croyant

441
par Dieu, dans Sa faveur, grâce à une rémission journalière des péchés est quelque chose qui
n’existe pas. Il peut y avoir la nécessité d’ôter la souillure de chair et d’esprit qui empêche la
communion ; mais ceci suppose qu’il y ait le fondement comprenant une propitiation
immuable et la faveur dans laquelle nous sommes (Rom. 5:2). Soutenir que le chrétien a
besoin d’être réconcilié de nouveau, et soutenir également que l’appel « soyez réconciliés
avec Dieu » s’adresse à des croyants en faute, cela prouve que Calvin ignorait la vérité
élémentaire et caractéristique de l’Évangile, malgré toute ses capacités et bien qu’il fût un
saint personnellement. Ceci ouvrait la porte à l’erreur opposée de l’Arminianisme, qui se base
sur la même erreur, mais de manière plus cohérente, comme si la vie éternelle n’avait pas de
sens, et que le sang de Christ était dépourvu d’efficace éternelle. Les deux systèmes sont
fautifs.

La vérité met tout à sa place. Le sang de Christ demeure dans sa valeur immuable devant Dieu
sacrificiellement et judiciairement ; or le croyant en faute est inexcusable ; il a besoin de laver
ses pieds. La Parole doit s’occuper de lui moralement, produisant le jugement de soi-même et
la confession ; et le Seigneur regarde à cela dans Sa grâce toujours vigilante en se chargeant
de Sa cause dans un amour vivant avec le Père. L’Esprit aussi a Sa fonction propre et
appropriée qui consiste à produire, non pas la joie de la communion avec Christ dans les
choses de Christ, mais l’affliction et la honte, la peine et l’humiliation, par le rappel à
l’homme de ses voies : la précipitation, la légèreté, l’orgueil, la vanité, et peut-être la
corruption et la violence ; car de quoi la chair non jugée n’est-elle pas capable ? Par cette
Parole de vérité, il a été engendré de Dieu, éveillé au jugement de soi sous Son regard ; c’est
par la même Parole que chaque souillure est jugée jour après jour, rendant ce jugement
d’autant plus douloureux que l’Esprit rappelle à l’âme ce que Christ a souffert pour les péchés
que la chair ressent si légèrement.

Mais loin de dissoudre la relation, le sentiment d’avoir été inconséquent avec cette relation et
avec la grâce qui a créé cette relation à un tel prix et par un amour souverain, voilà ce qui,
par-dessus tout, éprouve et humilie celui qui s’est égaré. La chair aime par-dessus tout avoir le
champ libre et la tolérance de ses plaisirs, et l’âme recommence ; mais Dieu maintient le
croyant dans une relation qui, si elle est réelle, est éternelle, et fait de tout écart de conduite un
péché d’autant plus profond qu’il n’est pas seulement contre la conscience et contre la justice,
mais contre la grâce la plus riche que Dieu pouvait montrer en Christ. Nous avons été
réconciliés avec Dieu par la mort de Son Fils. Il n’y a pas plus de répétition de la
réconciliation que de répétition de la nouvelle naissance. La rémission des péchés par Son
sang est complète, et c’est pourquoi il n’y a plus de sacrifice pour le péché. Le seul et unique
sacrifice qui pouvait être efficace a été offert et accepté. Mais chaque fois que cela est
nécessaire, il y a une nouvelle application de « l’eau par la Parole ». Et c’est avec l’âme que
ceci a à faire. La Parole détecte, puis ôte la souillure, appliquant ainsi la mort de Christ à
l’homme, tandis que le sang s’occupe des péchés devant Dieu. Ainsi l’œuvre s’effectue de
manière sainte sans affaiblir le seul fondement qui soit pour la paix de l’homme pécheur et
pour la gloire divine.

14.3 - Jean 13:12-17

« Quand donc il eut lavé leurs pieds et qu’il eut repris ses vêtements, s’étant remis à table, il
leur dit : Savez-vous ce que je vous ai fait ? Vous m’appelez Maître et Seigneur, et vous dites
bien, car je le suis ; si donc moi, le Seigneur et le Maître, j’ai lavé vos pieds, vous aussi vous

442
devez vous laver les pieds les uns aux autres. Car je vous ai donné un exemple, afin que,
comme je vous ai fait, moi, vous aussi vous fassiez. En vérité, en vérité, je vous dis :
L’esclave n’est pas plus grand que son seigneur, ni l’envoyé plus grand que Celui qui l’a
envoyé. Si vous savez ces choses, vous êtes bienheureux si vous les faites (ou : pratiquez) »
(13:12-17).

14.3.1 - Jean 13:12

L’humilité du Seigneur est sans doute incontestable dans Son lavage des pieds des disciples,
et Il voulait qu’ils la cultivent, ce sur quoi Il a solennellement insisté auprès d’eux en termes
tout à fait clairs, comme on le voit dans tous les évangiles synoptiques. Mais il y a une autre
instruction plus profonde. Au moment où Il va les quitter, Ses pensées se portent vers le
renouvellement de leurs souillures dans leur marche à travers ce monde. Et c’est sur cela qu’Il
voulait exercer leurs cœurs par la question : « Savez-vous ce que je vous ai fait ? ». C’est en
effet Sa manière d’enseigner : Il nous enseigne après coup, le bien qu’Il nous a déjà fait ; et à
mesure que nous croissons dans la vérité, nous apprécions mieux ce que nous n’avons
compris qu’un peu au commencement. La grâce nous instruit, et à la fois elle agit en notre
faveur ; et c’est humiliant de découvrir combien nous l’avons peu compris, alors que son
activité n’a jamais cessé. Mais combien il est bon et fortifiant d’apprendre ses voies et ses
leçons !

14.3.2 - Jean 13:13-14

Le Seigneur appuie ensuite ce qu’Il a dit en faisant appel aux titres qu’ils lui donnaient
habituellement : « Vous m’appelez Maître et Seigneur, et vous dites bien, car je le suis ». Il
était unique pour obéir aussi bien que pour instruire : il ne pouvait pas en être autrement là où
Sa gloire personnelle est connue. Si Lui s’est abaissé en amour jusqu’à laver leurs pieds, que
ne devaient-ils pas faire l’un à l’autre ? Il ne s’agit pas seulement de servir le Seigneur dans
l’Évangile. « À ceci tous connaîtront » dit-il un peu plus loin dans ce même chapitre, « que
vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour entre vous ». Ici cependant, c’est un appel
précis — car nous sommes tous enclins à manquer — à partager Sa grâce en cherchant la
restauration l’un de l’autre quand un manquement est arrivé. D’un côté il faut de la foi, du
renoncement et des affections divines. L’indifférence à ce sujet manifeste notre propre
manquement. D’un autre côté la justice qui censure l’autre est aussi loin que possible du
lavage des pieds, et ressemble plus au fouet qu’à l’usage du linge et du bassin. Assurément,
s’il y a besoin de grâce pour supporter le lavage, il faut l’activité d’une bien plus grande
mesure de grâce pour effectuer le lavage. C’est la raison pour laquelle l’apôtre dit : « Frères,
quand même un homme s’est laissé surprendre par quelque faute, vous qui êtes spirituels,
redressez un tel homme dans un esprit de douceur » (Gal. 6:1). Quand la chair est jugée,
l’amour peut agir avec davantage de puissance, et avec un sens plus profond que tout est
grâce. Le Moi est le grand obstacle pour s’occuper des fautes les uns des autres.

14.3.3 - Jean 13:15-17

443
Le service d’amour sous toutes ses formes, voilà la pensée qui était dans le Christ Jésus. C’est
pourquoi Il les appelle ici à peser ce qu’ils venaient de voir. « Car je vous ai donné un
exemple, afin que, comme je vous ai fait, moi, vous aussi vous fassiez. En vérité, en vérité, je
vous dis : L’esclave n’est pas plus grand que son seigneur, ni un apôtre [envoyé] plus grand
que Celui qui l’a envoyé. Si vous savez ces choses, vous êtes bienheureux si vous les faites ».
Le Seigneur connaissait la fin dès le commencement, et Il savait avec quelle rapidité Son
ministère dégénérerait en une institution mondaine, devenant un sujet d’orgueil, au lieu d’être
une œuvre de foi et un travail d’amour. D’où le besoin de cette formulation solennelle,
comme un témoin immuable vis-à-vis de tous les Siens si prompts à oublier Sa Parole et à
s’écarter de Son chemin, dans un monde de vaines apparences et d’égoïsme. Or là Son
avertissement demeure ; refuser Son service de lavage des pieds des Siens, c’est se mettre au-
dessus du Seigneur, et c’est réclamer une place plus grande que la Sienne, Lui qui a envoyé
même les apôtres. Oh ! quelle bénédiction de faire et à la fois de connaître ces choses ! C’est
la communion de Son amour dans l’une de ses formes les plus intimes ; et « l’amour est de
Dieu, et quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu » (1 Jean 4:7).

14.4 - Jean 13:18-22

L’allusion qui termine le v.10 est maintenant développée dans les indications en paroles et en
actes qui suivent et dont la solennité va croissant. Ce n’est plus l’amour de Christ prenant soin
des Siens, soit une fois pour toutes dans le sacrifice expiatoire de Lui-même à Dieu pour eux,
dont l’efficacité est éternelle — soit dans une purification incessante par la Parole à l’égard de
ceux pour lesquels Il est mort sur la terre, vivant pour eux dans le ciel, afin que, malgré les
souillures du chemin, ils soient pratiquement à l’unisson avec la relation de grâce dans
laquelle ils ont été amenés. Ici [ces versets traitent du cas de Judas], c’est l’indifférence de
nature dépourvue de foi, avec une conscience de plus en plus cautérisée par la tolérance d’un
péché d’habitude, que Satan était en train de séduire et d’aveugler jusqu’à une haute trahison
contre Christ, profitant de l’intimité très étroite pour vendre le Maître et Seigneur, le Fils de
Dieu, pour le prix minable d’un esclave — et de Le vendre entre les mains d’ennemis
assoiffés de Son sang. Il ne s’agit pas de la haine de la part de ceux-là ; c’est l’absence
complète d’amour, trahissant Celui qui, à ce moment-là, montrait et prouvait plus que jamais
Son amour, non seulement jusqu’à la mort et dans la mort, mais dans la vie au-delà, pour
toujours. Or l’incrédulité qui, malgré les yeux et le cœur qu’elle a, ne voit ni ne sent un tel
amour, c’est elle qui, par-dessus tout, précipite dans la tromperie de Satan et sous sa
puissance. C’est ce que nous contemplons tristement en Judas ; et personne n’en sentait la
douleur autant que le Seigneur.

« Je ne parle pas de vous tous ; moi, je connais ceux que j’ai choisis ; mais c’est afin que
l’écriture soit accomplie : « Celui qui mange le pain avec moi a levé son talon contre moi ».
Je vous le dis dès maintenant, avant que cela arrive, afin que, quand ce sera arrivé, vous
croyiez que c’est moi. En vérité, en vérité, je vous dis : Celui qui reçoit quelqu’un que
j’envoie, me reçoit ; et celui qui me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé. Ayant dit ces choses,
Jésus fut troublé dans [son] esprit, et rendit témoignage et dit : En vérité, en vérité, je vous dis
que l’un d’entre vous me livrera. Les disciples se regardaient donc les uns les autres, étant en
perplexité, [ne sachant] de qui il parlait » (13:18-22).

444
14.4.1 - Jean 13:17-18a

Le Seigneur attendait des Siens, et attend encore, l’activité de l’amour parmi eux. Comme ils
étaient les objets d’un amour indéfectible, Il voulait qu’à leur tour ils en soient des
instruments ou des canaux l’un envers l’autre, à l’égard du mal à ôter, le légalisme ne
pouvant, quant à lui, que condamner. Lui-même qui était le Fils, et pourtant serviteur en
amour, Il voulait exercer les Siens au service d’amour, là où la souillure repousserait sinon.
Mais de même qu’Il était venu souffrir pour nos péchés, ainsi Il s’en allait pour nous former,
durant notre séjour sur la terre, à Ses propres pensées et à Ses propres affections, par le moyen
de la vérité ; et en le faisant, Il voulait nous purifier de toute voie susceptible d’attrister le
Saint Esprit par lequel nous avons été scellés pour le jour de notre rédemption (Éph. 1:13-14).
Car il n’est pas question ici de simplement ôter la culpabilité du pécheur, mais il s’agit de
restaurer la communion d’un saint chaque fois qu’elle a été interrompue par la tolérance du
mal. Et dans cette dernière action d’amour, Il voulait que les Siens prennent soin les uns des
autres. Mais Il ne parlait pas de tous les disciples présents là : triste présage de ce qui serait
tellement plus commun ultérieurement ! Il savait qui Il avait choisi ; Judas n’en était pas, bien
qu’il fût appelé apôtre. Il n’avait jamais connu le Seigneur, il ne connaissait en réalité rien de
Sa grâce et de Ses pensées, et il n’était pas né de Dieu. Pourquoi donc l’avait-Il choisi pour
cette place d’honneur, l’apostolat, cette place de service direct et constant auprès du Seigneur
ici-bas ?

14.4.2 - Jean 13:18-19

Le Seigneur n’était pas inconscient du caractère de Judas, de sa conduite et de la catastrophe


qui allait survenir, mais celui qui mangeait le pain avec Lui avait levé son talon contre Lui
afin que l’Écriture fût accomplie (Ps. 41:9). Jeshurun autrefois s’était engraissé, et avait
regimbé ; et il avait abandonné le Dieu qui l’avait fait, et il avait méprisé le Rocher de son
salut » (Deut. 32:15). Judas était allé incomparablement plus loin dans son indifférence
coupable vis-à-vis du Fils de Dieu descendu en amour et en humiliation ; et dans son ardeur à
se servir lui-même à tout prix, il trahissait son Maître plein de grâce pour quelque chose de
dérisoire. Il n’y avait jamais eu pareil amour, et il n’y avait jamais eu pareil manque d’égards
et abus de cet amour, et ceci chez quelqu’un qui avait spécialement la responsabilité d’être
fidèle. Sans doute il y avait l’effet de la puissance de Satan, mais c’est à cela que la chair
s’expose, d’autant plus quand extérieurement il y a davantage de proximité du Seigneur et que
Celui-ci n’est pas cru pour être sauvé. Et c’est ainsi que survient, de manière tout à fait
tangible et fatale, la bassesse dure du cœur irrégénéré, à l’encontre même de la grâce de Celui
qui est Seigneur au-dessus de tout. — D’un côté les disciples étaient en danger d’achopper sur
une pareille défection, et d’un autre côté l’accomplissement évident de l’Écriture était là pour
fortifier leur foi en chaque parole écrite de Dieu. Par ceci l’homme vit pour Dieu : par du
pain, de l’argent, et tout ce qui, ici-bas, peut être l’occasion de sa ruine. Qu’elle est
merveilleuse la patience qui, sachant toutes choses dès le commencement, supporte tout
jusqu’à la fin, sans un signe de désapprobation ni de recul vis-à-vis du traître ! Mais la
sentence de jugement n’en sera que plus foudroyante quand elle viendra de la bouche du
Seigneur de gloire, l’homme haï et méprisé.

Le Seigneur montre la précision des anciens oracles, qu’on appliquait jusqu’alors seulement à
d’autres, ici à David souffrant de la part d’Akhitophel. Or c’est du Seigneur que le Saint
Esprit écrivait par-dessus tout ; et Lui aussi, le Seigneur, cite avant l’événement, la parole qui

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allait s’accomplir littéralement dans la trahison à Son encontre. Le Seigneur prouve ainsi Sa
parfaite et divine connaissance à la fois de ce qui était encore futur (tout en enseignant la
valeur inestimable de l’Écriture) et des prédictions non encore accomplies, répondant ainsi à
toutes les formes d’incrédulité, aussi bien des croyants que des incroyants. Car bien des
maximes courantes attribuent un caractère obscur et douteux aux prophéties non accomplies,
ce qui refuse le caractère prophétique non seulement aux prophètes, mais encore plus aux
Psaumes et à la loi. Les hommes devraient au moins craindre de faire menteur Celui qui se
déclare Lui-même comme étant la vérité (14:6) et qui parlait comme jamais aucun homme ne
parla (7:46). Ils ont effectivement lieu de craindre s’ils se détournent de Christ pour aller aux
vanités mensongères (Jonas 2:9) qui, loin de sauver leurs sectateurs au jour du besoin, ne
peuvent que brûler comme du chaume et mettre pareillement le feu à tous ceux qui s’y fient.
Jésus au contraire n’est jamais plus évidemment le Messie que quand il désigne à l’avance la
parole de l’Écriture sur le point de s’accomplir dans Son rejet et Sa mort à la croix, et qu’Il
fournit par-là une base plus solide pour la bénédiction des plus misérables pécheurs, que celle
tirée de toutes les gloires du royaume qui doivent être accomplies en leur temps.

14.4.3 - Jean 13:20

Ensuite, avec la profonde solennité qui Le marque habituellement, le Seigneur rattache la


réception de Ses envoyés à Lui-même et au Père : « En vérité, en vérité, je vous dis : Celui qui
reçoit quelqu’un que j’envoie, me reçoit ; et celui qui me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé ».
Il était spécialement important de le préciser à ce moment-là, car certains pouvaient remettre
en cause leur position devant Dieu à cause de la terrible sentence qui allait tomber sur Judas,
une fois qu’elle serait connue. Le Seigneur console de pareilles personnes, et les détourne de
s’occuper du serviteur déchu, pour les occuper du Maître qui demeure le même à toujours,
comme le Père. Que Judas trahisse le Seigneur, cela scellait son sort, mais ne portait atteinte
ni à l’autorité ni à la grâce de Christ, ni à celles de Dieu Lui-même. Si on recevait quelqu’un
que Christ envoyait, quelle que soit sa fin, c’était recevoir le Fils, et pareillement le Père, au
lieu de participer à la culpabilité et au danger de la punition du serviteur qui déshonorait son
Maître jusqu’à la perdition.

14.4.4 - Jean 13:21

Le Seigneur alors, manifestant une émotion très profonde, se met à faire sentir profondément
le péché, tout en limitant sa pire forme à un seul de Ses disciples. « Ayant dit ces choses,
Jésus fut troublé dans [son] esprit, et rendit témoignage et dit : En vérité, en vérité, je vous dis
que l’un d’entre vous me livrera ». C’était de la sainteté et de l’amour, que de prendre ainsi à
cœur l’iniquité imminente de Judas. Le Seigneur la ressentait à tout point de vue, — en soi,
dans ce qu’elle avait de contraire à Dieu, — dans sa portée sur les autres et sur Lui-même, —
et dans ce qu’elle avait de terrible pour le misérable coupable. C’est l’amour, non pas le moi,
qui se joint à la plus grande sensibilité ; et le Seigneur l’exprime comme un témoignage : « En
vérité, en vérité, je vous dis que l’un d’entre vous me livrera ». Les disciples étaient tous
déficients, mais un et un seul était en train de devenir la proie de Satan, et l’instrument de sa
malice contre le Seigneur. Leurs doutes étaient honnêtes, car la place de Judas au milieu d’eux
était désormais un mensonge contre la vérité. S’il se joignait aux autres pour se regarder les
uns les autres en cherchant le coupable, c’était de l’hypocrisie, car il ne pouvait pas douter

446
sérieusement de qui Jésus parlait. Pourtant ni rougeur ni pâleur ne trahissaient Judas. Les
disciples durent avoir recours à d’autres moyens pour connaître la triste vérité.

14.4.5 - Jean 13:22

L’annonce d’un traître parmi les douze troubla les disciples, et suscita de l’anxiété à mesure
qu’ils se regardaient les uns les autres. Quel témoignage à la parfaite grâce de Celui qui avait
connu cela tout le temps, et n’avait donné aucun signe de méfiance ou de répulsion ! Combien
cela était solennel pour les saints qui avaient à faire avec le même Christ qui ne change
jamais, jour après jour ! Rien ne précipite davantage dans les griffes de l’ennemi que l’abus de
la grâce et la tolérance du péché, tandis qu’on est extérieurement dans la présence du seul
dont la vie en est le blâme absolu. Voyons de plus près cette scène.

14.5 - Jean 13:23-30

« Or l’un d’entre ses disciples, que Jésus aimait, était à table dans le sein de Jésus. Simon
Pierre donc lui fait signe de demander lequel était celui dont il parlait. Et lui, s’étant penché
sur la poitrine de Jésus, lui dit : Seigneur, lequel est-ce ? Jésus répond : C’est celui à qui moi
je donnerai le morceau après l’avoir trempé. Et ayant trempé le morceau, il le donne à Judas
Iscariote, [fils] de Simon. Et après le morceau, alors Satan entra en lui. Jésus donc lui dit : Ce
que tu fais, fais-le promptement. Mais aucun de ceux qui étaient à table ne comprit pourquoi il
lui avait dit cela ; car quelques-uns pensaient que, puisque Judas avait la bourse, Jésus lui
avait dit : Achète ce dont nous avons besoin pour la fête ; ou, qu’il donnât quelque chose aux
pauvres. Ayant donc reçu le morceau, il sortit aussitôt ; or il était nuit » (13:23-30).

14.5.1 - Jean 13:23-26a

On voit souvent Pierre et Jean ensemble. Ainsi dans leur perplexité, Simon Pierre fait signe à
Jean qui était à table penché sur le sein de Jésus ; car il ne fait aucun doute que ce disciple
favorisé fût Jean, et aucun autre ; cela ressort des chapitres 19:26 et 20:2 et 21:7, 20, 24.
Combien cela provient véritablement de l’Esprit que celui qui jouissait d’une pareille faveur
se décrive, non pas comme aimant Jésus (bien que ce fût évidemment le cas), mais comme
aimé de Jésus. De plus en se nommant « le disciple que Jésus aimait », il omet son nom, ici et
dans d’autres passages moins importants ; pourtant à la fin il est décrit sans ambiguïté car
c’était nécessaire, et il est nommé là où les hommes risqueraient de nier sa qualité d’auteur, ce
qu’ils n’ont pas manqué de faire ! C’est l’intimité avec Jésus qui recueille les secrets, mais qui
les communique pour le bien des autres. Se penchant là où il était justement, sur la poitrine de
Jésus, Jean demande qui c’est ; et le Seigneur répond, non par une parole seulement, mais par
un signe correspondant de manière frappante au Ps. 41:9, bien que ce soit une marque
d’intimité plus particulière.

447
14.5.2 - Jean 13:26b

Dans un état tel que celui de Judas, ce gage d’amour ne fait qu’endurcir le cœur cautérisé
depuis longtemps par un péché secret, qui soustrait le cœur à tout sentiment d’amour. Il lui
était familier de voir Christ passer à travers les pièges et les dangers d’un monde hostile, et
cela peut lui avoir suggéré que cela arriverait une fois de plus à son Maître, tout en lui
permettant de récolter le fruit de sa trahison. Et encore, la connaissance de Sa grâce, sans que
son cœur en fût touché, peut l’avoir conduit à espérer une miséricorde qu’il n’avait jamais vu
refusée au pire des coupables. Le moment vient où l’amour saint devient insupportable à celui
qui ne l’avait jamais goûté ; et le péché qu’il préfère aveugle ses pensées et endurcit son cœur
à ce qui normalement aurait dû toucher le plus insensible.

14.5.3 - Jean 13:27

« Après le morceau, Satan entra en lui ». Le diable avait déjà mis dans son cœur de livrer le
Seigneur ; maintenant qu’il a reçu sans horreur et sans jugement de soi le dernier gage de
l’amour de son Maître, l’ennemi entre. Le fait d’avoir été pareillement désigné peut avoir
suscité de l’irritation, et quand l’irritation est contenue, elle laisse du champ libre à l’ennemi,
même dans les cas ordinaires, et bien plus dans ce cas où Judas a joué avec la grâce qui ne fait
point défaut, et où il a ainsi entièrement oublié Sa gloire, ayant toujours été insensible à la
nature de Dieu et à son propre péché. « Jésus donc lui dit : ce que tu fais, fais-le
promptement » — autrement dit plus rapidement que ce que suggérait sa prétention à partager
les doutes des autres disciples ou à partager ce qui était devant leurs cœurs.

Jamais Dieu n’abandonne ainsi à Satan un pauvre homme, aussi méchant et pécheur soit-il,
tant qu’il n’a pas rejeté Son amour, Sa sainteté et Sa vérité, surtout telles que montrées dans le
Seigneur Jésus et dans cet évangile. Il peut y avoir et il y a de l’endurcissement judiciaire, et
même jusqu’à une ruine irrémédiable, mais seulement après que le cœur se soit cuirassé
contre tous les appels de Sa bonté la plus patiente. L’endurcissement judiciaire est une réalité
de la part de Dieu, malgré tous les arguments que peuvent développer ceux qui semblent ne
pas vouloir accepter franchement et complètement l’activité de Dieu d’un côté, et celle de
Satan de l’autre. Il y a une école de pensée qui n’est pas un brin meilleure : c’est l’école
opposée qui semble bannir de la conscience le fait solennel de la responsabilité, aussi bien
chez l’homme que chez le chrétien, ou comme ici, chez quelqu’un qui, bien qu’il fût dans les
ténèbres propres à l’homme, a été si proche du Fils de Dieu, Celui qui est l’expression
personnelle dans l’homme de toute la lumière de Dieu et de tout Son amour.

14.5.4 - Jean 13:28-29

Nous avons déjà vu combien notre Seigneur a ressenti profondément le péché de Judas tandis
que le moment de ce péché approchait, et où Judas laissait son dessein se développer dans son
cœur. Maintenant est prononcée la sentence qui ferme la porte de la vie pour la terre au
Sauveur, et la porte de la colère éternelle à Judas. Pourtant les disciples regardent et écoutent
sans savoir le caractère terrible de ce qui se trame. Même Jean ne pénètre pas le sens des
paroles qui vont bientôt être claires pour tous. Il ne s’agissait pas d’acheter des biens ou des
denrées nécessaires, mais il s’agissait de vendre leur Seigneur et Maître ; il ne s’agissait pas

448
de préparatifs de la fête, mais il s’agissait de ce qui avait été toujours contemplé d’avance
(sauf par eux), l’accomplissement des pensées et du dessein de Dieu, bien que ce fussent les
Juifs qui crucifièrent leur propre Messie par la main d’hommes iniques (Actes 2:23) ; il ne
s’agissait pas de Judas donnant aux pauvres, la dernière chose susceptible d’occuper son
esprit, mais il s’agissait de Celui qui, quoique riche, était devenu pauvre à cause d’eux, afin
que par Sa pauvreté ils fussent enrichis (2 Cor. 8:9). Il s’agissait du pire péché d’un homme,
d’un disciple, et en même temps il s’agissait de l’amour infini de Dieu, les deux se
rencontrant dans la mort du Seigneur sur la croix ; mais là où la péché a abondé, la grâce a
surabondé (Rom. 5).

14.5.5 - Jean 13:30

Judas « ayant donc reçu le morceau, sortit aussitôt ». Quelles ténèbres régnaient désormais sur
cette âme ! « Or il était nuit » dit notre évangéliste. Cette nuit s’épaississait en horreur sur
l’homme sans foi, à qui il fut donné de voir son mal irréparable seulement après l’avoir
commis, et cette nuit s’acheva quand il alla en son propre lieu (Actes 1:25).

14.6 - Jean 13:31-38

14.6.1 - Jean 13:31

Le Seigneur sentait la gravité du moment ; il voyait le chemin et son aboutissement depuis le


commencement. Toutes les conséquences merveilleuses et éternelles s’étalaient devant Lui. Et
maintenant que Judas était parti, Il donne libre cours à l’expression de la vérité par des paroles
divinement parfaites : « Lors donc qu’il fut sorti, Jésus dit : Maintenant le fils de l’homme est
glorifié, et Dieu est glorifié en lui » (*) (13:31). Sa propre croix était en vue, pleinement, et
c’est là qu’était posée la base de toute vraie gloire durable — pour Dieu certes, car il n’y a
réellement aucune vraie gloire sans qu’Il soit en premier, mais aussi pour l’homme dans la
personne du Seigneur, le Fils de l’homme, qui est le seul à avoir montré ce que devrait être
l’homme pour Dieu, comme Il a montré, en Lui le Fils, ce que Dieu est, y compris le Père.

(*) Ce n’est pas tellement le fait que l’aoriste représente toujours le présent et le futur, comme
ici, mais le fait qu’en grec, l’acte dont il est parlé est vu comme complet et résumé du début à
la fin. Voir également 15:6 et Apoc. 10:7.

C’est en effet un sujet d’une profondeur incomparable, le Fils de l’homme glorifié, et Dieu
glorifié en Lui. On ne trouve nulle part ailleurs, même dans Ses propres propos, une
affirmation censée le présenter et le sonder, bien que tout ce qu’Il exprimât fût parfait quant à
son but, comme aussi ce qu’Il affirme ici.

449
14.6.1.1 - Le Fils de l’homme glorifié pour être centre d’attrait — 12:23

Au chapitre 12, on voit certains Grecs venir à Philippe l’apôtre, avec le désir de voir Jésus, et
André et Philippe le disent à Jésus qui répondit en disant : « l’heure est venue pour que le Fils
de l’homme soit glorifié » (12:23), à la suite de quoi Il parle avec la plus grande solennité de
Sa mort comme condition de bénédiction pour d’autres. Ce n’est que par ce moyen qu’Il
porterait du fruit, sinon le grain de blé demeurerait seul. Un Messie vivant est la couronne de
gloire pour Israël ; un Messie rejeté, le Fils de l’homme, ouvre la porte par le moyen de la
mort aux choses célestes, y compris pour les Gentils, et à partir de là Il est désormais le
modèle. Cela est si vrai, qu’aimer sa vie dans ce monde, c’est la perdre ; et la haïr ici-bas,
c’est la conserver pour la vie éternelle » (12:25) ; et par conséquent suivre Celui qui est mort
est le chemin pour Le servir, pour assurer l’honneur du Père, et pour être avec le Maître et
Seigneur céleste. La place qu’Il prend, Il la prend par la mort, et cette place n’est pas celle de
Fils de David selon les promesses (bien qu’Il la prenne aussi en grâce, selon l’évangile de
Paul), mais c’est la place de Fils de l’homme, et ainsi Il possède toutes choses et tous les
hommes, Grecs autant que Juifs, selon les conseils de Dieu, héritiers de Dieu et cohéritiers de
Christ. Il n’y avait pas d’autre moyen pour effacer la culpabilité, ni pour ouvrir le ciel à ceux
qui n’étaient autrefois que des pécheurs perdus, et pour qu’ils en jouissent. Ainsi la gloire
céleste suit la gloire morale ; et toute espérance dépend de l’obéissance de Christ jusqu’à la
mort (c’est spécialement manifeste pour les Gentils), dans laquelle la puissance de Satan a été
entièrement brisée, et le jugement de Dieu parfaitement satisfait. Car si par-là, le monde a été
jugé, et son chef jeté dehors, Christ élevé sur la croix devient le centre d’attrait de la grâce
pour tous, malgré la déchéance, les ténèbres et la mort.

14.6.1.2 - Le Fils éternel du Père glorifié comme homme — 17:1-5

Au ch.17 le Fils regarde au Père qu’Il a glorifié afin que le Père Le glorifie dans le ciel. Il était
Fils avant que le temps commençât ; Il avait donc bien sûr de la gloire avec le Père avant que
le monde fût. Mais Il avait pris la place d’un serviteur dans l’humanité sur la terre, et
maintenant Il demande que le Père Le glorifie auprès de Lui de la gloire qu’Il avait auprès de
Lui éternellement. Étant homme pour l’éternité, Il voulait tout recevoir de la part du Père,
bien qu’Il fût Fils de toute éternité ; et une fois glorifié, c’était pour qu’Il pût glorifier le Père.
Voilà la perfection de l’amour et du dévouement.

14.6.1.3 - Dieu glorifié du fait de la gloire du Fils de l’homme — 13:31

Ici au ch. 13 Il parle du Fils de l’homme glorifié et de Dieu glorifié en Lui. Cela a une force
particulière. Le premier homme fut un objet de honte et de jugement à cause du péché ; le
second Homme, Jésus Christ le juste, fut glorifié et Dieu fut glorifié en Lui. Il voit que tout se
résume dans la croix, et c’est ainsi qu’Il parle aux disciples, maintenant que le départ du
traître laisse Son cœur libre de communiquer tout ce qui le remplit. Il ne s’agit pas du Père,
comme tel, glorifié de manière vivante par Son Fils dans une obéissance sans limite hormis la
volonté de Son Père, mais il s’agit d’un homme, le Messie rejeté, le Fils de l’homme, se
dévouant à tout prix pour la gloire de Dieu. C’était en effet la gloire du Fils de l’homme que
Dieu soit glorifié en Lui, comme Il l’était. Précieux Sauveur ! quelle pensée, et maintenant
quel fait et quelle vérité ! — la vérité qui nous est donnée à connaître afin que nous ne

450
connaissions pas simplement Dieu venu à nous, mais nous-mêmes amenés à Dieu, et ceci
dans la paix et la joie, parce que l’homme est glorifié dans la Personne de Christ, et que Dieu
est glorifié en Lui comme Homme, l’homme Christ Jésus.

14.6.1.4 - Dieu glorifié à la croix comme nulle part ailleurs — 13:31

Car Dieu est glorifié en action et en vérité à la croix comme nulle part ailleurs — Son amour,
Sa vérité, Sa majesté, Sa justice. « En ceci a été manifesté l’amour de Dieu pour nous, c’est
que Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui ; en ceci est
l’amour, non en ce que nous, nous ayons aimé Dieu, mais en ce que lui nous aima et qu’il
envoya son Fils comme propitiation pour nos péchés » (1 Jean 4:9-10). Sa vérité, Sa majesté
et Sa justice ont été maintenues, tout autant que Son amour ; car si Dieu a menacé de mort et
de jugement l’homme coupable, Jésus a porté tout cela comme personne ne le pouvait, afin
que Sa parole soit pleinement justifiée. Jamais l’homme n’a autant prouvé son inimitié contre
Dieu, jamais Satan n’a autant prouvé sa puissance sur l’homme, que dans cette croix où le Fils
de l’homme s’est livré Lui-même en dévouement suprême et en amour qui se sacrifie à la
gloire de Dieu. Nulle part la sainteté de Dieu n’a autant été démontrée, ainsi que
l’impossibilité qu’il y avait à ce qu’Il tolère le péché ; nulle part il n’y a eu un pareil amour
pour Dieu et un pareil amour pour le pécheur. Le Fils de l’homme a été glorifié, et Dieu a été
glorifié en Lui.

14.6.1.5 - Gloire de Jésus et Dieu glorifié en Lui — 13:31

Quand et où Jésus a-t-Il été autant glorifié, sinon dans Son extrême abaissement quand Dieu
L’a fait péché, « Lui qui n’avait connu aucun péché, afin que nous devinssions justice de Dieu
en Lui » ? (2 Cor. 5:21). Où Jésus, sentant la vérité de la mort et du jugement comme
personne ne le pouvait, a-t-Il courbé la tête, non pas devant la haine arrogante de l’homme et
devant la ruse et la malice de Satan, mais devant l’indignation de Dieu contre le péché (alors
qu’Il était méprisé des hommes, abhorré par la nation (És. 49:7), délaissé par les disciples,
abandonné de Dieu, dans le moment où Il avait le plus besoin de consolation, et où Il faisait
parfaitement Sa volonté et souffrait pour la faire dans la seule forteresse de la puissance de
l’ennemi qui n’avait pas encore été prise) à la gloire de Dieu et dans Sa grâce ? Non, il n’y a
rien de pareil à cela, même là où tout était perfection, et où seulement il y avait la perfection :
dans la vie de Christ. Dans la vie de Christ, il s’agissait de glorifier le Père quant au bien dans
un dévouement et une dépendance incomparables — dans la croix, il s’agissait de glorifier
Dieu quant au mal en endurant tout ce que le Saint de Dieu pouvait souffrir de la part de Dieu
d’entre tout ce que Dieu pouvait infliger et infligea dans Son jugement impitoyable — l’un et
l’autre [glorifier le Père quant au bien, et Dieu quant au mal] ont été accomplis dans une
obéissance et un amour absolus et dans l’abnégation pour Sa gloire. Et tout cela, et davantage
encore, — béni soit Dieu ! — nous le voyons dans un Homme, le Fils de l’homme, afin que
Dieu soit glorifié en Lui, dans cette nature qui avait causé un déshonneur et une rébellion
infectes contre Dieu du début à la fin. « Maintenant le fils de l’homme est glorifié, et Dieu est
glorifié en lui ».

451
14.6.1.6 - Dieu « redevable » au Fils de l’homme de L’avoir glorifié

Dans cette Personne et par cette œuvre, tout était inversé. Le fondement était posé, la semence
était semée, pour un ordre de choses entièrement nouveau. Auparavant Dieu patientait, non
seulement avec l’homme, mais même avec les saints, regardant vers Celui qui devait venir.
Les péchés n’étaient pas remis, à proprement parler, mais supportés (Rom. 3:25), si nous
voulons nous exprimer correctement au point de vue doctrinal. L’homme était simplement et
seulement un débiteur vis-à-vis de la miséricorde de Dieu. Nous ne voulons pas affaiblir un
seul instant la pensée que l’homme est encore un débiteur de Sa miséricorde, et qu’il le sera
toujours. Mais en vertu de la mort de Christ, il y a maintenant une révélation, une vérité
nouvelle, différente et infinie, que Dieu est redevable au Fils de l’homme de L’avoir glorifié
quant au mal autant que quant au bien, non seulement en accomplissant toute justice (Matt.
3:15), mais en souffrant pour toute injustice. On ne trouve cela qu’à la croix, c’est ce qui
constitue sa gloire spéciale, qui échappe toujours aux yeux de l’homme dans sa faiblesse,
avant qu’ils soient remplis de la lumière venant de Christ en gloire ; cela n’est jamais oublié
de Dieu le Père qui, en réponse au cri « glorifie ton nom », déclare « je l’ai glorifié et je le
glorifierai de nouveau » (12:28). Et c’est ce qu’Il fait et fera toujours, même si pour un petit
moment, les apparences peuvent sembler contraires.

14.6.1.7 - La mort de Christ pour nous

Sa justice, un mot autrefois tellement redouté, armée contre nous (à un point où elle ne
pourrait pas l’être sans Christ), — voilà que, par Sa mort, cette justice est désormais
franchement pour nous, comme l’est la source de cette justice, la grâce qui règne par la justice
pour la vie éternelle (Rom. 5:21). Et nous nous glorifions dans l’espérance de Sa gloire qui,
par la mort de Christ, avait été auparavant la destruction immédiate et éternelle pour nous ; et
c’est avec autant de certitude que nous avons accès par la foi à cette faveur dans laquelle nous
sommes présentement (Rom. 5:2). Oh ! cette mort de Christ, que n’a-t-elle pas fait pour Dieu
et pour nous ?

14.6.2 - Jean 13:32

C’est pourquoi le Seigneur ajoute : « Si Dieu est glorifié [litt. : a été glorifié] en lui (*), Dieu
aussi le glorifiera en lui-même ; et il le glorifiera immédiatement » (13:32). S’il est permis de
parler ainsi avec révérence, c’est Dieu maintenant qui est devenu le débiteur pour défendre Sa
gloire à l’homme qui a souffert sur la croix. N’était-Il pas Dieu d’éternité en éternité, tout
autant que le Père ? Cependant Il est devenu véritablement un homme ; et comme homme, le
Fils de l’homme — ce qu’Adam n’était pas — Il a apporté de la gloire à Dieu, y compris par
rapport au péché. C’est pourquoi Dieu, ayant été glorifié en Lui, ne pouvait que Le glorifier
en Lui-même. C’est ce qu’Il a fait en Le faisant asseoir sur Son propre trône dans le ciel (non
pas celui de David), la seule réponse valable à la croix. Il est seul à avoir cette place sur le
trône de Dieu, le Fils, mais un homme ; et ceci « immédiatement ». Dieu ne pouvait pas, ne
voulait pas attendre et n’a pas attendu le royaume, qui arrivera certainement, et Christ avec,
en son temps. Mais l’œuvre de Christ était trop précieuse pour permettre un retard, et Dieu
avait depuis longtemps des conseils cachés à faire connaître entre temps. C’est pourquoi il

452
fallait glorifier Christ immédiatement, et c’est ce qui a eu lieu comme nous le savons tous
maintenant, même si cela paraissait étrange alors à l’attente des Juifs.

(*) Les manuscrits les plus anciens et les meilleurs omettent cette phrase, mais douze
manuscrits à lettres onciales et la masse d’autres manuscrits et versions et citations montrent
que ce passage fait partie indiscutablement de l’Écriture. C’est une répétition de valeur, et très
frappante.

Non seulement le Seigneur avait devant Lui Sa mort, mais aussi Son départ de ce monde, ce
qui était une notion absolument nouvelle pour un esprit Juif par rapport au Messie. Plus une
âme croyait qu’Il était l’objet des promesses, plus elle était convaincue qu’Il ne devait pas
quitter la scène où Il était venu pour la bénédiction. C’est peu de temps auparavant que le
peuple avait répondu : « Nous, nous avons appris de la loi, que le Christ demeure
éternellement : et comment, toi, dis-tu qu’il faut que le fils de l’homme soit élevé ? Qui est ce
fils de l’homme ? » (12:34). Là aussi Il avait indiqué aux Juifs non seulement qu’Il allait
mourir et être retiré d’au milieu d’eux, mais de quelle mort il mourrait. Une nouvelle création
et une gloire céleste dépassaient leur champ de vision. Mais ici le Seigneur prépare ses
disciples plus complètement à ce qui allait bientôt arriver et qui est maintenant arrivé : des
faits suffisamment simples pour nous qui avons à faire avec eux chaque jour, mais qu’on
n’attendait pas du tout en Israël : ils s’attendaient à une parution immédiate du royaume (Luc
19:11), et ils n’imaginaient nullement des choses invisibles et éternelles, que notre foi est
appelée à considérer de manière courante.

14.6.3 - Jean 13:33

« Enfants, je suis encore pour un peu de temps avec vous : vous me chercherez ; et, comme
j’ai dit aux Juifs : Là où moi je vais, vous, vous ne pouvez venir, je vous le dis aussi
maintenant à vous » (13:33). Personne n’avait passé par ce chemin auparavant. Il fallait que
ce soit un chemin nouveau et vivant, et seule Sa mort pouvait le rendre possible, d’une
manière qui soit compatible à la fois avec Dieu et avec l’homme. Vis-à-vis des Siens, Il utilise
un titre de tendresse ; puisqu’Il n’allait plus être longtemps avec eux, ils allaient Le chercher.
Cependant le ciel n’était nullement accessible à l’homme comme la terre dont la poussière est
la matière constituant son corps. Christ était venu de la part de Dieu, et s’en allait à Dieu
(13:3), et Il va bientôt venir et nous recevoir auprès de Lui, afin que là où Il est, nous nous
soyons aussi (17:24). Mais le chrétien n’est pas plus capable d’aller là que n’importe qui ;
Christ seul peut y amener quelqu’un, et Il le fera certainement avec les Siens à Sa venue.

14.6.4 - Jean 13:34-35

Entre temps, Il donne un ordre caractéristique à Ses disciples ici-bas : « Je vous donne un
commandement nouveau, que vous vous aimiez l’un l’autre ; comme je vous ai aimés, que

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vous aussi vous vous aimiez l’un l’autre. À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples,
si vous avez de l’amour entre vous » (13:34-35).

La nation disparaît. Il n’est plus question d’aimer son prochain, mais il est question des
disciples de Christ et de leur amour réciproque qui est selon Son amour. De nouvelles
relations allaient se faire jour avec de plus en plus de clarté quand Il serait ressuscité d’entre
les morts et qu’Il aurait envoyé le Saint Esprit ; et ce nouveau devoir, de s’aimer l’un l’autre,
découlerait de la nouvelle relation : une preuve convaincante pour tous les hommes, montrant
de Qui ils seraient, car Lui seul a montré cela tout au long de Sa vie et de Sa mort, et aussi
quand Il a vécu de nouveau — un amour sans faille. Combien les Juifs étaient loin d’un pareil
amour ! Les Gentils, quant à eux, n’en avaient même pas la pensée, ce qui n’est pas étonnant :
L’amour est de Dieu, non pas de l’homme, qui a compté pour rien jusqu’à ce que soit venu
Celui qui, quoique Dieu, a manifesté l’amour dans l’homme et envers l’homme, et qui devait
ainsi porter beaucoup de fruit par Sa mort et Sa résurrection. Leur amour devait être, si l’on
peut dire, du même matériau et du même moule que Lui, pour qu’il demeure quand Il serait
parti (s’il n’avait pas encore commencé). Car comme il est écrit en 1 Jean 2:8, le nouveau
commandement maintenant est « vrai en Lui et en vous ; parce que les ténèbres s’en vont et
que la vraie lumière luit déjà ». Tant qu’Il était ici-bas, cela était parfaitement vrai, mais
seulement en Lui ; quand Il leur a donné la rédemption en Lui par Sa mort et Sa résurrection,
cela est devenu vrai également en eux. Les ténèbres s’en allaient (c’est trop fort de dire « sont
passées »), et la vraie lumière luit déjà. Ce n’est pas ici l’activité du zèle à la recherche des
pécheurs, si précieuse qu’elle soit, mais c’est la recherche sans égoïsme du bien des saints
comme tels, dans l’humilité d’esprit et dans l’amour de Christ.

14.6.5 - Jean 13:36-38

Un disciple impossible à contenir, curieux comme d’habitude, passe de ce que le Seigneur


vient de commander, et revient aux paroles précédentes : « Simon Pierre lui dit : Seigneur, où
vas-tu ? Jésus lui répondit : Là où je vais, tu ne peux pas me suivre maintenant, mais tu me
suivras plus tard. Pierre lui dit : Seigneur, pourquoi ne puis-je pas te suivre maintenant ? Je
laisserai ma vie pour toi. Jésus répond : Tu laisseras ta vie pour moi ! En vérité, en vérité, je te
dis : Le coq ne chantera point, que tu ne m’aies renié trois fois » (13:36-38). Pierre connaissait
le Seigneur et L’aimait réellement, mais combien il se connaissait peu lui-même ! C’était bien
d’être sensible à l’absence du Seigneur, mais il aurait dû tenir davantage compte de
l’avertissement doux mais solennel, selon lequel il ne pouvait pas suivre maintenant le
Seigneur là où Il allait ; il aurait du apprécier l’assurance consolante qu’il Le suivrait plus
tard. Hélas quelle perte nous faisons tout de suite, quelle que soit la souffrance ultérieure,
quand nous ne prenons pas à cœur la vérité profonde des paroles de Christ ! Nous allons vite
voir les conséquences amères dans l’histoire de Pierre ; mais nous savons d’après d’autres
paroles du Seigneur à la fin de cet évangile, combien la grâce assure à la fin la faveur
compromise précédemment par la confiance en soi, et contre laquelle il est ici averti.

14.6.6 - Jean 13:37

Or nous sommes enclins à avoir une haute estime de nous-mêmes, de notre amour, de notre
sagesse, de notre puissance, de notre courage moral et de toutes les autres bonnes qualités,

454
alors que nous nous connaissons si peu, et que nous nous jugeons si peu dans la présence de
Dieu ; ainsi nous voyons ici Pierre impatient à la suite de l’indication donnée par le Seigneur,
et il fait jaillir une question pleine de confiance en soi : « Seigneur, pourquoi ne puis-je pas te
suivre maintenant ? Je laisserai ma vie pour toi ». Pierre dut apprendre, comme nous aussi, par
une expérience douloureuse, ce qu’il aurait mieux compris par la foi s’il avait soumis son
cœur aux paroles du Seigneur. Quand Lui donne un avertissement, c’est téméraire et fautif de
le mettre en question ; et la témérité d’esprit n’est qu’un élément qui, en fait, précède la chute
par laquelle nous devons être instruits si nous refusons de l’être autrement. Celui qui néglige
l’avertissement quand le Seigneur parle est exposé à avoir peur d’une servante. Le vrai
courage chrétien n’est jamais présomptueux, mais il s’accorde tout à fait avec la crainte et le
tremblement ; car sa confiance n’est pas dans ses propres ressources ni dans les circonstances
des autres, mais en Dieu, et elle se joint à un sens convenable de la puissance de Satan et de
notre propre faiblesse.

14.6.7 - Jean 13:38

Quand l’ignorance dérive vers la présomption, comme elle le fait souvent, le Seigneur
n’épargne pas la réprimande. « Tu donneras ta vie pour moi ? » Était-ce la résolution de
Pierre ? Ce cœur vaillant allait bientôt reculer devant l’ombre de la mort. Pourtant qu’est-ce
que la mort elle-même pour le saint par comparaison avec celle de Christ, quand Il a goûté le
rejet comme personne ne l’avait jamais fait, et quand Il a porté nos péchés en Son corps sur le
bois comme Il était seul à avoir à souffrir pour eux de la part de Dieu ! C’était le jugement
aussi bien que la mort, mais enduré comme Lui seul pouvait le faire.

Mais l’ignorance opère souvent d’une autre manière. On ne veut pas croire à sa propre
faiblesse malgré tous les avertissements nets de Christ, et on réclame de la lumière pour que
soit prouvé qu’Il dit vrai et qu’on se trompe. Et ce n’est pas tout. On admet que, si un croyant
commet une fois une faute, il doit se repentir immédiatement dans la poussière et dans la
cendre. Combien peu se connaît-on soi-même, et combien peu a-t-on tiré profit de l’Écriture !
« En vérité, en vérité, » dit le Maître plein de patience, « Le coq ne chantera point, que tu ne
m’aies renié trois fois ». Nous rappelons le reniement répété de Pierre à l’égard de son
Seigneur, avec serments, dans des circonstances extrêmement solennelles ; et nous le faisons
non pas pour le rabaisser, mais pour le profit de nos âmes, et pour exalter Celui qui seul en est
digne. Quelle grâce infinie qui se servit de la mesure de son péché [*] comme signal [2*] et
moyen de la repentance [3*], le Seigneur se servant de Sa propre parole [4*] et agissant en
une miséricorde opérant des prodiges. Et ce qu’Il est pour Pierre, Il l’est pour nous, et rien
moins que cela.

(*) Note Bibliquest : (*) 3 reniements — (2*) chant du coq à la troisième fois — (3*) Pierre
l’entend — [4*] Pierre se souvient de ce que le Seigneur a dit.

15 - Chapitre 14

455
15.1 - Jean 14:1-4

La voie était maintenant ouverte pour révéler l’espérance chrétienne. La mort dans son aspect
le plus solennel et le plus béni avait été placée devant les disciples, même si ceux-ci n’étaient
pourtant encore guère capables de suivre leur Maître en pensée ; et c’était même alors
impossible de Le suivre dans aucune de Ses voies, comme le Seigneur le laisse entendre à
Pierre qui avait trop de confiance, – ce qu’il n’apprit qu’après avoir fait l’expérience de son
impuissance totale par le reniement le plus vil de Celui qu’il aimait. Combien nous avons à
apprendre par des expériences personnelles tout à fait douloureuses et humiliantes pour avoir
manqué à être continuellement soumis à notre Seigneur et à dépendre de Lui ! Mais
maintenant, ceci étant mis au clair, le Seigneur se tourne vers ce qui brille d’un éclat sans
faille, parce que centré sur Lui. Il ne s’agit pas de venir comme Fils de l’homme pour juger, ni
d’apparaître en gloire pour redresser tout ce qui est tordu et tout gouverner en justice. Il s’agit
de Sa propre venue pour les Siens, Ses bien-aimés, afin qu’ils soient avec Lui là où Il est, dans
la maison du Père en haut.

« Que votre cœur ne soit pas troublé ; vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la
maison de mon Père, il y a plusieurs demeures ; s’il en était autrement, je vous l’aurais dit, car
je vais vous préparer une place. Et si je m’en vais et que je vous prépare une place, je
reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi ; afin que là où moi je suis, vous, vous soyez
aussi. Et où moi je vais, vous en savez le chemin » (14:1-4).

15.1.1 - Jean 14:1

Il ne pouvait pas y avoir de plus grande rupture par rapport aux sentiments juifs sinon par une
telle espérance, — c’était assurément un choc puisque cela changeait tout ce à quoi ils
s’étaient attendu, mais il s’agissait seulement de supplanter une perspective terrestre, si bénie
soit-elle, au moyen d’une perspective céleste incomparablement plus bénie. Leur cœur avait
certes de quoi être troublé par la perspective de Son départ par une mort qui n’était encore
comprise, ni dans sa profondeur de souffrance ni dans son efficace, et qui était considérée
comme un simple départ d’avec eux sur la terre. Il commence donc à en expliquer
l’importance extrême qui consistait à ouvrir un chemin pour la foi. Il n’allait plus être le
Messie d’Israël sur la terre, selon les indications des prophètes, encore moins le Messie
manifesté sur la terre en gloire incontestable et en puissance irrésistible. Il était sur le point
d’aller au ciel comme homme et en restant un homme, et d’y être comme objet de la foi,
n’étant plus visible, comme Dieu n’est pas visible. « Vous croyez en Dieu, croyez aussi en
moi ». C’était une pensée tout à fait nouvelle quant au Messie, rejeté ici-bas, glorifié dans le
ciel, cru sur la terre : une pensée qui paraît assez simple maintenant, mais qui résonnait
étrangement alors, et qui impliquait un ordre de relations entièrement nouveau, mettant de
côté pour un temps tout ce que les saints et prophètes avaient attendu. Il s’agissait de
beaucoup plus que simplement différer ces choses ; il s’agissait de ce que ces choses, à la fois
sans précédent et inattendues, allaient avoir lieu par le moyen de l’ascension du Seigneur
après la rédemption ; l’Ancien Testament en contenait juste assez (comme par exemple le v. 1
du Ps. 110) pour fermer la bouche des Juifs s’ils se mettaient à pervertir la loi afin de nier
l’évangile.

456
15.1.2 - Jean 14:2 — la maison du Père

Voilà le fait désormais central pour les chrétiens comme pour l’Église : Christ ne régnant pas
sur la terre, mais glorifié en haut comme fruit de Son rejet ici-bas. C’était loin d’être tout,
mais tout le reste n’en était que des conséquences en grâce ou en justice divines. La chose
suivante qu’Il se met à dévoiler est qu’il y a de la place en haut, là où Il est pour les saints qui
suivent leur Seigneur rejeté. « Dans la maison de mon Père, il y a plusieurs demeures ; s’il en
était autrement, je vous l’eusse dit, car je vais vous préparer une place » (14:2). Il ne voulait
pas que soit suscitée une espérance impossible à réaliser pour ces saints. S’Il annonçait Sa
demeure éclatante avec le Père, il y avait amplement de place tant pour eux que pour Lui ; et
Son amour qui se donnait Lui-même pour eux, ne voulait pas que rien leur soit retenu. Son
amour et l’amour du Père (car en effet, ils étaient Un, à la fois dans leur nature et dans leurs
desseins) voulaient les avoir auprès de Lui, là. Il y a plusieurs demeures dans la maison du
Père. Dans le royaume, il n’est pas question de couronnes, ni de cités, ni de place. Il y aura
des récompenses selon la marche, quoique la grâce préservera ses droits souverains. Mais ici
les différences s’estompent devant l’amour infini qui veut nous avoir auprès de Lui devant
Son Père. Si c’était trop ou non, Il nous l’aurait dit, car Il allait nous préparer une place.
L’amour ne peut jamais décevoir sciemment son objet, et il ne le fait pas.

15.1.3 - Jean 14:3

Il y a autre chose de grande importance qui dépend de cela : cela étant pleinement révélé,
nous ne sommes pas réduits à faire des déductions. Il va venir chercher les Siens pour les
amener au ciel. Et cela était censé agir toujours sur leur cœur, comme on le voit par
l’enseignement subséquent du Saint Esprit à travers tout le Nouveau Testament. Notre
nouveau lieu de résidence, notre chez nous, est là où Christ est, là où Il va bientôt nous
enlever, nous ne savons quand. Les durées, les dates, les signes et les circonstances sont
volontairement omis ; le chrétien les comprend par une saine intelligence de la Parole qui
traite de tout, mais il n’en sait rien par rapport à son espérance propre ; il les lit en rapport
avec les Juifs ou les Gentils sur la terre, mais ses affaires sont les choses célestes, où de telles
mesures n’ont pas cours. Il regarde au-dessus du soleil, de la lune et des étoiles, là où Christ
est assis à la droite de Dieu, et Il sait que Christ revient, aussi sûrement qu’Il s’en est allé ; et
s’Il s’en est allé, c’est pour nous préparer un place. Notez bien qu’Il n’envoie pas ses anges
pour nous rassembler en haut. Ce serait quelque chose de grand, mais il y a infiniment plus
d’amour et d’honneur à ce que Lui, le Fils de Dieu, revienne et veuille nous recevoir auprès
de Lui, afin que là où Il est, nous nous soyons aussi ! Il est venu pour nous, pour mourir pour
nos péchés à la gloire de Dieu ; Il va revenir pour nous avoir dans la même demeure de
l’amour divin et de la proximité du Père où Lui-même se trouve. Il ne pouvait pas faire plus,
Il ne voulait pas faire moins. Aucun amour n’est semblable à cet amour de notre Seigneur
Jésus ; et l’exaltation prédite pour Israël — et encore bien moins celle d’autres nations — ne
lui est pas comparable, pas plus que la terre est comparable au ciel.

15.1.4 - Jean 14:4

« Et là où moi je vais, vous en savez le chemin » (14:4). Sa propre Personne, le Fils du Père,
en grâce et en vérité, présentée à l’homme et révélant le Père, voilà le chemin qui ne peut

457
conduire qu’au ciel. Il était venu de Dieu et s’en allait à Dieu. Aucune bénédiction terrestre ne
pouvait exprimer correctement Sa gloire : Il pouvait et voulait la prendre, et glorifier Dieu en
gloire aussi bien qu’en humiliation ; mais le saint éprouve constamment qu’il y a et qu’il doit
y avoir quelque chose de plus et de plus grand. Le ciel Lui appartient, à Lui qui peut
communiquer avec Son Père et avoir à sa disposition les ressources de ce ciel, quand bien
même, lorsqu’Il était ici-bas, il n’ait jamais abandonné la place du plus humble des hommes,
la place du serviteur de tous ceux qui en avaient besoin. Cependant, du fait qu’Il était
consciemment le Fils, les saints savaient ainsi qu’Il devait aller au Père vers lequel Il était et
est le chemin.

15.2 - Jean 14:5-7

Le Seigneur avait établi la connaissance intérieure consciente des disciples selon Dieu, et la
gloire de Sa propre Personne qu’ils confessaient, — et, par la rédemption et le don du Saint
Esprit, celles-ci allaient bientôt resplendir en pleine intelligence. Mais dans ces choses, ils
n’arrivaient pas, pour le moment, à comprendre ce qu’Il voulait dire ; et celui qui se
distinguait parmi eux pour ses pensées enténébrées exprime, de la part de tous, la difficulté
qui est la sienne.

« Thomas lui dit : Seigneur, nous ne savons pas où tu vas ; et comment pouvons-nous en
savoir le chemin ? Jésus lui dit : Moi, je suis le chemin, et la vérité, et la vie ; nul ne vient au
Père que par moi. Si vous m’aviez connu, vous auriez connu aussi mon Père ; et dès
maintenant vous le connaissez et vous l’avez vu » (14:5-7).

Non ! Les pensées de Thomas limitaient le Seigneur à cet horizon terrestre qui formait la
limite de ses propres espoirs de voir Israël regroupé autour de leur Messie. Thomas donc, et
les autres disciples autant que lui, ne pouvaient concevoir que le Seigneur se retirât
maintenant qu’Il était venu à Son peuple et au pays qu’Il s’était engagé à bénir richement et
pour toujours. Dès lors, comment connaître le chemin ? Ses pensées étaient encore terrestres.
Du fait qu’il n’avait aucune idée du ciel pour le Seigneur Jésus, il en méconnaissait le chemin.
Mais ceci donna l’occasion au Seigneur d’annoncer en paroles simples et profondes : « Je suis
le chemin, et la vérité, et la vie ». Beaucoup du contenu de ces paroles pouvait avoir été glané
dans les témoignages qui Lui avaient été rendus, et dont la plupart se trouvent dans les
discours antérieurs figurant dans cet évangile lui-même ; mais on ne trouve nulle-part autant
de substance condensée dans une expression aussi brève que celle-ci. C’était digne de Lui, en
ce moment-là par-dessus tout.

15.2.1 - Le Chemin

Un chemin est un grand privilège, spécialement à travers un désert où normalement il n’y a


pas de chemin. Ni Eden ni la création avant la chute n’avaient de chemin, car ils n’en avaient
pas besoin. Car toutes choses étaient partout bonnes, et tant que l’homme ne mangea pas de
l’arbre défendu, il n’y avait pas d’égarement. Tout le reste était pour que l’homme en jouisse,
rendant grâces à Dieu. Mais le péché est intervenu, et la mort qui est le précurseur du
jugement ; tout fut alors changé en désert, et les hommes errèrent dans toutes les directions,
hélas ! toutes éloignaient de Dieu et étaient irrémédiablement mauvaises : le monde était

458
véritablement désertique, une place vide, où il n’y avait pas de chemin. La promesse contenait
certes plus ou moins l’espoir de choses meilleures, et la loi, en son temps, fit entendre son
tonnerre et briller ses éclairs ; mais le chemin de Dieu n’était pas connu, du fait que seule Sa
grâce pouvait le faire connaître. Maintenant il est connu ; car Christ est le Chemin, le seul
Chemin certain, pour le plus égaré des pécheurs, un Chemin ouvertement destiné aux perdus
qu’Il est venu chercher et sauver ; et Il est le chemin vers le Père, non pas vers Dieu manifesté
en puissance et en gloire sur la terre, comme les Juifs doivent l’attendre dans le jour à venir,
lorsque le Messie rejeté reviendra en tant que Fils de l’homme en gloire. Mais Il est beaucoup
plus que cela, Il est au-dessus de tous les temps et tous les changements, — le profond rejet ne
faisant que faire ressortir ce qui était toujours là, Sa gloire personnelle de Fils de Dieu
supérieur à toutes les dispensations. Et dans la pleine conscience de cela, Il dit à Thomas qui
ne voyait qu’obscurément : « Je suis le chemin ».

Pourquoi devrait-on attendre le temps où le désert se réjouira (És. 35:1) à cause de Sa


présence et de Sa puissance ? Alors sans doute « le mirage deviendra un étang, et la terre
aride, des sources d’eau… Et il y aura là une grande route et un chemin, et il sera appelé le
chemin de la sainteté : l’impur n’y passera pas, mais il sera pour ceux-là. Ceux qui vont [ce]
chemin, même les insensés, ne s’égareront pas » (Ésaïe 35:7-8). Or c’est Lui qui est cela, et
davantage encore maintenant pour tous ceux qui croient en Lui ; et la foi se réjouit de
reconnaître tout ce qu’Il est, comme Dieu se réjouit de le faire connaître, — tandis que
l’incrédulité Le méconnaît, n’en tient pas compte et Le rejette. Il est donc le seul chemin
divin ; et comme il n’y en a pas d’autre, Il est tout à fait suffisant pour celui qui n’a ni force ni
sagesse ni mérite d’aucune sorte. Mais Christ est le chemin maintenant pour les étapes de
ceux qui Le connaissent, la sagesse de Dieu dans un monde mauvais — Lui-même étant
l’expression la plus haute et la plus parfaite de cette sagesse, la quelle est ainsi ouverte autant
au petit enfant dans la foi qu’à un apôtre.

15.2.2 - La Vérité

Ensuite Il est la Vérité, la pleine expression de chacun et chaque chose comme ils sont. Il nous
dit dans Sa propre Personne ce que Dieu est ; Lui-même étant le Fils, Il nous montre le Père.
Mais c’est Lui, et non pas Adam, qui nous montre ce qu’est l’homme. Adam sans doute, nous
montre l’homme en chute ou déchu ; Christ seul est l’homme selon Dieu, à la fois moralement
(comme autrefois ici-bas) et dans Son dessein, en tant que maintenant ressuscité et dans le
ciel. De plus, comme Il nous montre la sainteté et la justice, ainsi aussi il fait ressortir le péché
sous son vrai jour ; comme Il le dit Lui-même : « Si je n’étais pas venu, et que je ne leur eusse
pas parlé, ils n’auraient pas eu de péché ; mais maintenant ils n’ont pas de prétexte pour leur
péché. Celui qui me hait, hait aussi mon Père. Si je n’avais pas fait parmi eux les œuvres
qu’aucun autre n’a faites, ils n’auraient pas eu de péché ; mais maintenant ils ont, et vu, et haï
et moi et mon Père » (15:22-24). C’est pourquoi Lui et Lui seul, dévoile Son adversaire le
diable personnellement, le prince de ce monde, l’ennemi constant du Fils.

Même la loi n’est pas la vérité, aussi saint, juste et bon que soit le commandement ; car elle
est plutôt, du côté de Dieu, l’exigence de ce que l’homme devrait être ; mais Christ exprime,
non seulement ce qu’il devrait être, mais ce qu’il est. La loi proclame son devoir ; Christ
déclare que tout est fini, et qu’il est perdu. Or Christ nous montre aussi un Sauveur dans Sa
Personne, et ceci de la part de Dieu et avec Dieu. Certes Il est aussi un juge, car Il jugera les
vivants et les morts ; cela est aussi certain que Son apparition pour établir Son royaume ; mais

459
maintenant Il est Sauveur, et Il sauve jusqu’à l’achèvement (Héb. 7:25). En effet il serait
impossible de dire en quoi Il n’est pas bon et glorieux, ni de quel mal Il ne délivre pas. Il est la
vérité, la manifestation de la vraie relation de toutes choses avec Dieu, et en conséquence de
tout écart d’avec Dieu. Lui et Lui seul, en face du défi « Qui es-tu », a pu répondre
« absolument ce qu’aussi je vous dis » (8:25). Il est ce qu’Il dit ; Il est la Vérité comme aucun
autre ne l’a été ; et ceci, comme Il l’indique dans le même chapitre 8 de notre évangile, parce
qu’Il n’est pas homme seulement, mais Dieu.

15.2.3 - La Vie

Mais Il est plus que le chemin et la vérité ; Il est la Vie, et ceci parce qu’Il est le Fils. En
communion avec le Père, Il vivifie. En jugement, il n’en est pas ainsi ; car le Père ne juge
personne, mais Il a donné tout jugement au Fils, parce qu’Il est Fils de l’homme (5:22-23) ; et
comme les hommes ont jeté du déshonneur sur Lui parce qu’Il a daigné en amour devenir
homme, ainsi le Père veut que le Fils soit honoré, non seulement comme Dieu, mais comme
homme en jugement. Les croyants L’honorent d’une manière très différente et bien plus
excellente. Ils se courbent devant Lui maintenant ; tandis qu’Il est rejeté par le monde, ils
L’exaltent volontairement et avec bonheur. Ils sont ainsi par grâce en communion avec Dieu,
qui L’a fait asseoir en haut à Sa droite, et qui va bientôt contraindre toute créature à se courber
et à Le reconnaître comme Seigneur à Sa propre gloire (Phil. 2). Mais ceux qui croient ont
maintenant en Lui la vie qui, par la puissance du Saint Esprit, a pour résultat la pratique du
bien ; et ensuite ils jouiront de la résurrection de vie à Sa venue, tandis que ceux qui ont fait
du mal devront, le jour venu, ressusciter dans la résurrection de jugement.

Ainsi le croyant a Christ pour tous les besoins possibles, et pour toute la bénédiction que notre
Dieu et Père peut accorder. On ne peut pas L’avoir comme le Chemin et la Vérité sans
L’avoir aussi comme la Vie, car Il est en effet la Résurrection et la Vie ; et cette vie que nous
avons en Lui, le Fils, le Saint Esprit la fortifie et l’exerce, tandis que Sa Parole la nourrit, Le
révélant toujours comme tout à nouveau à nos âmes. Le don de Dieu est la vie éternelle par
Jésus Christ notre Seigneur (Rom. 5:21) ; et comme le chemin en Christ est un chemin
d’amour, de liberté et de sainteté, ainsi la fin en est la vie éternelle.

15.2.4 - Jean 14:6b

Il n’y a pas d’autre moyen d’être béni : « Nul ne vient au Père que par moi » (14:6) dit le
Seigneur. Il y a la garantie la plus certaine, le bien le plus vaste et le plus élevé, mais c’est
absolument exclusif. On ne peut venir au Père par personne, sinon par le Fils ; par Lui,
n’importe qui peut venir, le Juif le plus fier comme le Gentil le plus vil. Par Lui nous avons
les uns et les autres accès auprès du Père par un seul Esprit, comme l’apôtre le dit
expréssément (Éph. 3:18) en montrant la nature de l’Église qui prend la place maintenant de
l’ancien peuple de Dieu. Et observons qu’il ne s’agit pas seulement d’un accès auprès de Dieu
en grâce souveraine s’élevant au-dessus du péché, sauvant les plus coupables et les plus
misérables ; mais c’est un accès au Père comme tel ; il y a dans cet accès, la relation de grâce
que le Fils a connue éternellement de Son plein droit et de par Son propre titre de Fils, —
relation qui était néanmoins, mais d’autant plus à l’honneur de Son Père quand Il Le glorifiait
sur la terre en tant qu’homme parfaitement dépendant et obéissant. Combien il est merveilleux

460
que nous puissions venir au Père, Son Père et notre Père, Son Dieu et notre Dieu ! Que toute
gloire soit à Lui et à Son œuvre de rédemption : c’est par elle seule que cet accès a pu être
nôtre, à nous qui croyons.

15.2.5 - Jean 14:7

Le Seigneur leur fait ensuite savoir que la connaissance du Père est inséparable de celle du
Fils : « Si vous m’aviez connu, vous auriez connu aussi mon Père ; et dès maintenant vous le
connaissez et vous l’avez vu » (14:7). Il est l’image du Dieu invisible ; le Père est connu dans
le Fils ; et c’est ce qui est désormais donné aux disciples d’apprendre objectivement

15.3 - Jean 14:8-14

15.3.1 - Jean 14:8

Il n’y a aucune capacité pour entrer dans les choses divines, pas plus chez le disciple brillant
et à l’esprit actif, que chez le disciple le plus réservé et sombre [Thomas]. « Philippe lui dit :
Seigneur, montre-nous le Père, et cela nous suffit » (14:8). Ce désir semble excellent à
beaucoup de ceux qui lisent ces paroles, surtout venant d’un disciple qui à la fois avait vu
Jésus et aidé les autres dans le désir de Le voir (12:21-22). Mais c’était de la triste incrédulité
chez Philippe, surtout après les paroles de grâce patiente qui venaient juste de leur être
exprimées pour leur montrer la voie.

15.3.2 - Jean 14:9 / 9-12

« Jésus lui dit : Je suis depuis si longtemps avec vous, et tu ne m’as pas connu, Philippe ?
Celui qui m’a vu, a vu le Père ; et comment toi, dis-tu : Montre-nous le Père ? Ne crois-tu pas
que moi je suis dans le Père, et que le Père est en moi ? Les paroles que moi je vous dis, je ne
les dis pas de par moi-même ; mais le Père qui demeure en moi, c’est lui qui fait les œuvres.
Croyez-moi, que je suis dans le Père, et que le Père est en moi ; sinon, croyez-moi à cause des
œuvres elles-mêmes. En vérité, en vérité, je vous dis : Celui qui croit en moi fera, lui aussi, les
œuvres que moi je fais, et il en fera de plus grandes que celles-ci ; parce que moi, je m’en vais
au Père » (14:9-12).

Le Seigneur déverse ainsi un flot de lumière sur la perplexité des disciples. Le Messie Lui-
même n’était pas un simple homme, fût-il doué et honoré de Dieu. Il était réellement homme,
et le plus humble des hommes ; mais qui était-Il celui qui s’était plu à naître de la Vierge ? Il
était le Fils — Il était Dieu non moins que le Père, et en Lui le Père se manifestait comme tel.
C’était Dieu en grâce, formant et façonnant Ses enfants par la manifestation de Ses affections
et de Ses pensées et de Ses voies en Christ, le Fils, un homme sur la terre. Ils avaient connu
cela, et pourtant ils ne l’avaient pas connu. Ils étaient familiers avec Lui, et avec les faits de
Ses actes et de Ses paroles journaliers, mais ils ne sentaient encore guère que c’était des
paroles et des actes du Créateur agissant pour l’éternité et en train de se manifester sous une

461
forme incomparablement plus profonde que dans les merveilles de Sa création ou de Son
gouvernement en Israël.

« Personne ne vit jamais Dieu ; le Fils unique qui est dans le sein du Père, Lui L’a fait
connaître » (1:18). C’est pour cela qu’Il est venu, non seulement pour abolir le péché par le
sacrifice de Lui-même (Héb. 9:26), mais pour manifester la vie éternelle qui était auprès du
Père, et ceci comme Fils révélant le Père (1 Jean 1:2). Pour les disciples, quelle existence d’un
genre nouveau, quelle gamme de pensées étranges ! Pourtant c’est ce que Jésus avait toujours
été en train de faire ici-bas, occupé des affaires de Son Père (Luc 2:49) longtemps avant le
commencement de Son ministère.

15.3.3 - Jean 14:10-11

« Ne crois-tu pas que moi je suis dans le Père, et que le Père est en moi ? » Tout tournait
autour de la gloire de Sa Personne ; et l’unité même de la Déité, la vérité cardinale dont Israël
avait à témoigner, constituait une difficulté pour l’esprit de l’homme occupé à raisonner, et
incapable de s’élever au-dessus de sa propre expérience. Non seulement la loi et les prophètes
avaient préparé le chemin et le témoignage de Jean le baptiseur, mais les paroles que Jésus
prononçait ne ressemblaient à celles d’aucun autre homme. Elles n’étaient pas de simples
choses humaines, ni n’étaient prononcées indépendamment de Son Père. Il était devenu chair,
mais n’avait jamais cessé d’être la Parole, le Fils ; et les œuvres qu’Il faisait portaient
l’empreinte indubitable de la même Personne pleine de grâce : le Père. C’était Lui qui faisait
les œuvres (ou : Ses œuvres). Les disciples étaient donc appelés à croire qu’Il était dans le
Père, et que le Père était en Lui — un état de l’être qui n’est possible que dans la nature
divine, et auquel les œuvres elles-mêmes rendaient un témoignage laissant l’incrédule sans
excuse.

15.3.4 - Jean 14:12

Le Seigneur poursuit avec une formule d’une solennité spéciale au v. 12 où Il indique le


témoignage qui serait rendu à la gloire de sa Personne quand et parce qu’Il serait allé auprès
du Père ; la puissance dont les croyants seraient investis et qui les rendrait capables de faire
non seulement ce qu’ils avaient vu Jésus faire, mais des choses encore plus grandes, en
l’honneur de Son nom. Ceci a été accompli à la lettre. Car nous ne voyons jamais que l’ombre
du Seigneur ait guéri des malades, ni que des mouchoirs pris de dessus Son corps (sauf dans
des légendes mensongères) aient guéri des maladies, ou chassé des démons, sans parler des
multitudes amenées, nombreuses et de partout, par la prédication apostolique. Quelle grande
preuve de puissance divine d’opérer comme Il l’a fait, et encore davantage d’opérer par Ses
serviteurs ! et cette preuve a été encore encore plus grande quand Il est monté en haut, que
quand Il les envoyait d’auprès de Lui présent sur la terre ! Mais si la puissance manifestée, si
les œuvres devaient être plus grandes, qui pourrait se comparer avec le Seigneur en amour qui
se renonce, en dépendance et en obéissance ? Certainement aucun de ceux qui croyaient en
Lui, aucun de ceux qui, par Lui, œuvraient si puissamment.

462
15.3.5 - Jean 14:13-14

Le Seigneur avait ainsi garanti la promesse solennelle et encourageante que le fait de s’en
aller auprès du Père n’allait pas retenir ni tarir le puissant courant de puissance en grâce dans
lequel Il avait opéré ici-bas. Celui qui croyait en Lui allait faire ce qu’Il faisait et des choses
plus grandes encore. Il poursuit maintenant ce sujet et l’explique par la place donnée à
l’exercice de foi qui s’épanche en prière, pour avoir désormais son plein caractère dans Son
nom qui avait glorifié le Père au degré suprême.

« Et quoi que vous demandiez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le
Fils. Si vous demandez quelque chose en mon nom, moi, je le ferai » (14:13-14). Les disciples
devaient ainsi compter sur une puissance infaillible, si elle était cherchée en Son nom ; car
Jésus n’était pas un simple homme dont le départ devait terminer ce qu’Il avait l’habitude de
faire étant présent. Absent, Il démontrerait qu’Il était divin, et non moins intéressé à leurs
requêtes du fait qu’Il était ressuscité d’entre les morts. Tout ce qu’ils demanderaient, Il le
ferait afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Et Il ne se contentant pas de l’assurance
générale du v. 13 : malgré toute la difficulté, Il la répète au v. 14 en rapport avec n’importe
quelle requête particulière qu’ils feraient, avec une garantie encore plus solennelle de Son
intervention personnelle.

15.4 - Jean 14:15-19

Mais le Seigneur ajoute beaucoup plus, et ce qu’Il ajoute est de la plus grande importance.

« Si vous m’aimez, gardez mes commandements ; et moi, je prierai (*) le Père, et il vous
donnera un autre Paraclet, pour être avec vous éternellement, l’Esprit de vérité, que le monde
ne peut pas recevoir, parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas ; mais vous, vous le
connaissez, parce qu’il demeure avec vous, et qu’il sera en vous. Je ne vous laisserai pas
orphelins ; je viens à vous. Encore un peu de temps, et le monde ne me verra plus ; mais vous,
vous me verrez ; parce que moi je vis, vous aussi vous vivrez » (14:15-19).

(*) Jean 14:16a : Il vaut la peine, et c’est même important de souligner la différence entre
« erotaô » utilisé pour Christ en rapport avec le Père et « aiteô » utilisé pour les disciples.
L’Écriture n’utilise jamais ce terme « aiteô » pour Christ ; ce terme est une expression de
supplication. Il y a quand même une exception et une seule en 11:22 où ce terme se trouve
dans la bouche de Marthe, mais justement sa foi était de bas niveau, quoique réelle. Christ
utilise « erotaô » en parlant au Père, tandis que les disciples utilisent « aiteô » en parlant au
Père, et les deux termes quand ils parlent à Christ. « Erotaô » est aussi utilisé dans le sens
d’interroger ou de questionner.

15.4.1 - Jean 14:15-16a

La manière de montrer leur affection et leur dévouement à leur Maître serait l’obéissance ; car
quelle que soit Sa grâce, Il ne leur dissimule pas Son autorité. Obéir à Ses commandements
463
démontrerait leur amour bien mieux que du zèle dans l’œuvre ou de la douleur en rapport
avec Son absence ; car Son absence, si triste soit-elle, était tournée par la bonté et la sagesse
de Dieu en des bénédictions meilleures et des voies plus profondes pour les saints, en ce
qu’elle fournissait même l’occasion de mettre en lumière les conseils (desseins) cachés de
Dieu à Sa propre gloire infinie en Christ. La place des disciples était d’obéir à Ses
commandements, du fait qu’ils L’aimaient, tandis qu’Il prierait le Père pour qu’Il leur envoie
quelqu’un d’autre, un Paraclet ou un Avocat, comme Il avait été Lui-même, quelqu’un qui
pourrait se charger de leur cause et mener leurs affaires, comme autrefois les patrons à Rome
avec leurs clients, ou aujourd’hui les chargés d’affaires, dans une petite mesure.
« Consolateur » (*) paraît être un terme trop restrictif et fait une séparation injustifiée entre
l’Esprit et le Seigneur qui ne pourrait guère être qualifié de la sorte en 1 Jean 2:1 où le terme
Paraclet est appliqué à Son action en haut, comme ici au Saint Esprit sur la terre

(*) Philologiquement il est difficile, voire impossible, de concevoir que le terme grec signifie
« consolateur ». Sa structure et son usage visent tous les deux « quelqu’un appelé à aider » ;
c’est une forme différente, mais de même racine, qui signifie « un consolateur ». Un paraclet
peut être un consolateur, mais Christ est beaucoup plus que cela, et il est fait appel à Lui pour
toute difficulté et tout besoin. Il en est ainsi du Paraclet, et d’une manière infinie, du fait qu’Il
est une Personne divine. « Consoler » n’est qu’une petite partie de Ses fonctions. « Être
avocat » peut aussi en faire partie comme en 1 Jean 2:1.

15.4.2 - Jean 14:16b-17

Ensuite cet autre Paraclet donné par le Père en réponse à Christ ne devait pas être présent pour
une brève période de temps, comme le Seigneur ici-bas : « Il vous donnera un autre Paraclet,
pour être avec vous éternellement ». Voilà une vérité profondément consolante, mais très
solennelle pour la chrétienté. Qui le croit ? Certainement pas ceux qui se vantent de vues
évangéliques, et qui pourtant proclament leur incrédulité inconsciente par des prières répétées
au début de chaque année pour que Dieu déverse à nouveau Son Saint Esprit sur Ses enfants
dans leur bas état. Cela signifie-t-il que la masse de gens contents d’eux-mêmes dans la
chrétienté soit plus réellement croyante (ces gens ne prononcent pas de telles requêtes
spéciales, mais admettent que le Saint Esprit agit nécessairement et infailliblement au travers
des papes ou patriarches ou autres officiels de ce genre) ? Loin de là. Ils sont enflés d’orgueil,
comme si Dieu soutenait et approuvait leur position ; un aveuglement complet ferme leurs
yeux, de sorte qu’ils ne peuvent pas voir que leur état est de s’être écartés de la volonté, de la
vérité et de la grâce de Dieu. Mais l’opposé d’une erreur peut aussi être une erreur ; pour
remédier à l’erreur consistant à admettre que le Saint Esprit dirige Babylone, laquelle confond
le monde et l’Église, il ne faut pas nier pratiquement la présence et l’habitation de l’Esprit
dans des requêtes périodiques demandant un renouvellement de l’effusion sur nous.

Il serait bon de demander un œil simple et un esprit d’humiliation, afin de cesser de mal faire
et apprendre à bien faire (És. 1:16), et ceci avec un cœur vraiment contrit (És. 57:15 & 66:2),
et un sens profond de là d’où on est déchu, et de la venue prochaine de Christ. Il serait bon de
nous juger nous-mêmes à l’aide de la Parole de Dieu, non seulement dans notre marche
individuelle, mais dans nos voies et notre adoration collectives, pour nous assurer que nous
n’attristons ni n’éteignons l’Esprit, – pour désirer ardemment « d’être fortifiés en puissance

464
par l’Esprit quant à l’homme intérieur » (Éph. 3:16), si en effet nous n’avons pas aussi besoin
premièrement d’être éclairés par Lui pour que nous sachions « quelle est l’espérance de son
appel, et quelles sont les richesses de la gloire de son héritage dans les saints, et quelle est
l’excellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons » (Éph. 1:18-19). Voilà les
vrais besoins, même là où on jouit de la paix avec Dieu individuellement ; car il n’y a rien de
si peu connu en général chez les chrétiens et dans l’église que ce que sont réellement le
chrétien et l’église ; or comment les fonctions peuvent-elles être remplies et les devoirs
accomplis quand les relations sont ignorées ou mal comprises ?

Or tout tourne autour des grandes vérités placées devant nous dans ces chapitres de notre
évangile : l’absence de Christ dans le monde, l’ayant quitté pour prendre place comme
Homme ressuscité dans le ciel sur la base de la rédemption, et la présence du Saint Esprit
envoyé d’en haut pour être avec les saints éternellement. Dès lors, il est évident que ce n’est
pas la foi qui considérerait que le Saint Esprit commet une faute en ce qu’Il demeure malgré
nos manquements, et qui se mettrait à prier pour une nouvelle effusion, comme s’Il avait fui
par dégoût et qu’Il aurait besoin d’être envoyé de nouveau — mais la foi se montre en se
séparant de tout mal condamné par la Parole, et en faisant la volonté de Dieu pour autant
qu’on l’ait apprise, comptant sur la présence assurée de l’Esprit selon la promesse du Sauveur.
La bénédiction et la puissance suivent l’obéissance, justement comme le Seigneur le présente
ici. Rien de plus faux moralement que de demeurer dans ce que nous savons être erroné,
attendant de la puissance, et obéissant ensuite. Il n’en est pas ainsi, d’autant plus encore que
cette vaine excuse nie le privilège spécifique du chrétien d’avoir déjà le Saint Esprit du fait
qu’il est chrétien. Et de même l’Église de Dieu a le Saint Esprit : sinon, c’est une quelconque
autre église, non pas Son église, car ce n’est que par la présence du Saint Esprit que l’Église
est réellement telle, responsable toujours et en tout d’être guidée par Lui, par « l’Esprit de
vérité, que le monde ne peut pas recevoir, parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas ; mais
vous, vous le connaissez, parce qu’il demeure avec vous, et qu’il sera en vous » (14:17).

15.4.3 - Jean 14:17

Le Seigneur dans ce passage continue à porter Ses regards en avant vers la présence du Saint
Esprit avec les saints, non seulement en les assurant qu’elle sera perpétuelle, mais expliquant
pourquoi le monde ne peut avoir aucune part en Lui, — tandis que les hommes voient et
connaissent le Messie objectivement, quoique extérieurement et en vain pour la vie éternelle.
Qu’est-ce que le monde pourrait avoir de commun avec le Saint Esprit tel qu’Il est donné
maintenant ? Par Sa présence avec les saints en dehors du monde, le Saint Esprit ne peut que
démontrer le péché, la justice, le jugement (16:8). Or le Saint Esprit n’est pas un objet pour la
vue ou pour la connaissance, et le monde n’a pas de foi (sinon Il ne serait pas le monde),
tandis que les saints, les chrétiens désormais sont caractérisés par le fait qu’Ils le connaissent,
malgré qu’Il soit invisible, « parce qu’il demeure avec vous, et qu’il sera en vous ».

Il y a une pensée erronée qu’il ne faut pas suivre, comme beaucoup l’ont fait jusqu’à ce jour à
la suite de Euthymius Zigabenus : Selon lui, la présence du Saint Esprit selon la fin de ce v.
17 signifie Sa présence en Jésus qui était parmi eux ; le sens de ce v. 17 est que, une fois
donné, le Saint Esprit allait demeurer avec eux, au lieu de faire un bref séjour comme le
Seigneur Jésus ; et non seulement Il demeurerait avec eux, mais Il serait en eux, ce que le
Messie, comme tel, ne pouvait pas, même quand Il les accompagnait. Ce devait être une
présence de Dieu nouvelle, spéciale et intime, dans et avec les saints, en contraste avec le

465
monde qui a rejeté Christ. Il n’y pas de signe plus certain de l’apostasie finale dans sa forme
complète, ou de la préparation de cette apostasie, que l’éloignement incrédule d’avec Dieu qui
lie les saints au monde : soit dans la considération papiste que le Saint Esprit l’approuve, soit
dans l’incrédulité protestante quant à la présence du Saint Esprit. On peut comprendre cette
dernière incrédulité, à cause de leur expérience de ce qui a le nom de vivre et qui est mort
(Apoc. 3:1), autour d’eux et en leur sein, ce qui les amène à crier pour avoir le Saint Esprit
comme s’Il était parti, au lieu de tout quitter ce qui L’attriste, et qui empêche la manifestation
de Son action en grâce.

15.4.4 - Jean 14:18-19

Or le Seigneur dit : « Je ne vous laisserai pas orphelins ; je viens à vous » (14:18). Il ne s’agit
pas ici de Sa venue future, mais de Sa venue par le don du Saint Esprit. Ainsi Il les consolerait
durant Son absence. « Encore un peu de temps, et le monde ne me verra plus ; mais vous,
vous me verrez ; parce que moi je vis, vous aussi vous vivrez » (14:19). Rien n’était plus
opposé à leurs pensées au sujet du Messie, et à leurs attentes de la part de ce Messie — un
Messie d’Israël, visible de tout œil, mais dans une proximité particulière avec Son peuple sur
la terre. Désormais par le Saint Esprit, Ils allaient voir Celui que le monde avait rejeté et perdu
et qu’il ne verrait plus sinon en jugement. Et les saints ne se borneraient plus à Le voir, mais
ils vivraient de la même vie, ayant Christ vivant en eux, comme dit l’apôtre Paul (Éph. 3:17),
ou comme dit le Seigneur ici : « parce que moi je vis, vous aussi vous vivrez » (14:19b).
Christ est leur vie, et ceci en puissance de résurrection, ce qui parait visé par le temps du
verbe au futur.

Or il y a là plus que la vie, si bénie soit-elle : c’est vivre parce que Christ vit, Lui-même étant
leur vie, non pas simplement comme Fils, mais comme ressuscité et monté au ciel. L’Esprit
est puissance pour voir et pour connaître, en contraste avec la chair et le monde. Et ici le Saint
Esprit est supposé être donné, connu, demeurant avec eux et en eux. Une chose très solennelle
est la puissance du Saint Esprit quand Christ n’est pas la vie : elle est au contraire
indiciblement bénie quand nous vivons de Sa vie.

15.5 - Jean 14:20

« En ce jour-là, vous connaîtrez que moi je suis en mon Père, et vous en moi et moi en vous »
(14:20). Ce n’est pas ici simplement la gloire de Sa Personne, comme aux v. 10 et 11. Ceci
était vrai, et un objet de foi alors. « Ne crois-tu pas » dit le Seigneur à Philippe, « que moi je
suis dans le Père, et que le Père est en moi ? » Les paroles et les œuvres l’attestaient.
« Croyez-moi » dit-Il à tous « que je suis dans le Père, et que le Père est en moi » (14:11). Le
fait qu’Il était homme n’empêchait ni n’abaissait en aucune manière Sa dignité, ni Son unité
d’essence avec le Père ; et pour les croyants, c’était et c’est encore de toute importance de le
maintenir de manière inébranlable, en adorant. Le Fils est Dieu, comme le Père. Mais
maintenant il allait y avoir davantage, et davantage à connaître ; c’était impossible sans Sa
gloire personnelle, mais cela dépendait de Son œuvre et du don du Saint Esprit. Ce don, nous
l’avons maintenant, car ce jour est venu. Ce n’est pas la gloire future, mais la grâce présente
qui nous met dans la plus étroite association de vie avec Celui qui est monté dans la gloire

466
céleste, et qui est cependant un avec nous ici-bas, comme nous, nous sommes un avec Lui là-
haut, par l’Esprit qui a été donné afin que nous connaissions tout cela.

Dans cette connaissance, les saints, de vrais saints de Dieu, sont tristement obtus, non
seulement en ce que cela les prive par d’innombrables manières de la plus grande importance,
mais en ce qu’il y a du déshonneur sur Celui qui ne peut être correctement servi et adoré
qu’en Esprit et en vérité. Le jour des formes et des ombres est fini ; la vraie lumière luit déjà
(1 Jean 2:8) en Christ seulement, dont Ses saints sont les luminaires responsables de diffuser
la parole de vie (Phil. 2:15-16). Mais il y a plus ici, quoique tout se rattache à Lui. Ce n’est
pas Christ présent dans le monde, et régnant sur le pays, ou même sur toute la terre. Il est ici
le méprisé et le rejeté des hommes, mais glorifié en haut. « En ce jour-là, vous connaîtrez que
moi je suis en mon Père » (14:20) — une relation et une sphère incomparablement plus
glorieuses que le trône de Son Père David. Ce n’est pas céleste seulement, mais cela exprime
la proximité infinie du Père ; et ceci donne son caractère au christianisme. Toute sa
bénédiction est basée sur qui, quoi et où est Christ. L’incrédulité dans les saints, marchant
avec le monde et engourdis par la tradition, traite tout comme des faits sans vie, non pas
comme une vérité qui forme et guide l’âme par le Saint Esprit ; l’incrédulité chez les hommes
apprend vite à nier et à se moquer même des faits. C’est un appel d’autant plus pressant
adressé à ceux qui croient par grâce, pour qu’ils poursuivent leur marche dans la lumière
céleste ; et cela d’autant plus que nous savons non seulement qu’Il est dans le Père, mais que
nous sommes en Lui et Lui en nous, comme le Seigneur le dit dans les paroles déjà citées.

Il n’y a guère de contraste plus frappant entre la position et la relation de Christ et des Siens
décrites ici, et celles du Messie et de Son peuple selon ce que ceux ici présents avaient
compris à partir des anciens oracles de Dieu (non pas à partir de la tradition des anciens).
Dieu est souverain, tout en étant toujours sage et jamais arbitraire. Toutes Ses voies sont
bonnes et glorieuses, car elles tournent toutes autour de Christ Son image et centre de Ses
voies, l’objet excellent qui est devant Ses yeux pour le ciel et la terre. En rapport avec le
gouvernement de la terre, Il était et Il sera le but ; pour le ciel, la grâce règne, mais en premier
lieu au travers de la souffrance à Sa gloire, et dans une supériorité morale infinie vis-à-vis du
mal, — bientôt elle régnera de manière suprême quand le mal serait traité et aura disparu sous
le jugement divin. Entre l’humiliation de la croix et le retour du Fils, il y a la place de Fils
comme connu maintenant dans le Père, et nous en Lui et Lui en nous.

Aucun saint de l’Ancien Testament ne pouvait ni ne savait parler ainsi ; jamais l’idée
d’attendre ces choses ne germa dans aucun cœur d’autrefois. Aucun saint du millénium ne
connaîtra jamais une relation semblable avec Christ ni avec ceux qui seront alors sur la terre.
Cela fait entièrement et nécessairement partie de ce que Dieu opère maintenant
intermédiairement pour la gloire du Seigneur ; et si la foi Le contemple dans une telle
élévation d’intimité divine, c’est qu’elle reconnaît la grâce incomparable qui nous a placés en
Christ, et qui nous fait sentir la responsabilité sérieuse du fait que Christ est en nous. Qu’est-
ce qui peut davantage exprimer notre proximité qu’une pareille identification de vie nouvelle
et de nature, et ceci en puissance par le Saint Esprit ? En vérité « celui qui est uni au Seigneur
est un seul esprit [avec lui] » (1 Cor. 6:17) ; et l’union est d’autant plus réelle et plus
permanente par rapport aux unions naturelles, que l’Esprit est plus puissant et plus proche et
demeure davantage que la chair. Mais si l’on est un avec Lui et en Lui par l’Esprit, Il est en
nous par le même Esprit. Il y a ainsi à la fois un privilège très élevé et une obligation très
forte ; gardons-nous de séparer ce que le Seigneur a uni. Si nous avons la vie dans le Fils,
nous avons besoin de rappeler à nos âmes que Christ vit en nous, et que ce que nous avons à
manifester, c’est Lui et non pas nous. Sans doute ceci demande un constant jugement de soi-

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même, vrai et profond, et il faut la foi qui porte toujours dans le corps le mourir de Jésus ; et
Dieu nous aide par des épreuves de toutes sortes, afin que la vie de Jésus soit manifestée dans
notre chair mortelle (2 Cor. 4:10). Ce n’est qu’ainsi que la pratique chrétienne découle des
principes et des privilèges chrétiens ; et tout est de Christ par le Saint Esprit en nous. Combien
il est consolant que notre devoir comme chrétien implique notre bénédiction ! Combien il est
humiliant que le don du Saint Esprit rende nos fautes inexcusables !

15.6 - Jean 14:21

Mais entre temps, et spécialement en relation avec Christ en nous, il y a, non pas un
gouvernement de la terre par Christ régnant en justice et en puissance, mais un gouvernement
moral de nos âmes dans l’obéissance, qui a une forme double : « Celui qui a mes
commandements et qui les garde, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime, sera aimé de
mon Père ; et moi je l’aimerai, et je me manifesterai à lui » (14:21). Il peut paraître étrange à
un esprit superficiel, que notre Seigneur parle d’avoir Ses commandements, et non pas
seulement de les garder comme preuve qu’on l’aime ; mais c’est profondément vrai. Le
méchant, le désobéissant, le négligent, ne comprennent pas cela, mais le sage le comprend, —
tous ceux dont la sagesse ne finit pas, mais commence avec la crainte du Seigneur. L’œil
simple est plein de lumière. Le désir de faire Sa volonté trouve et sait ce que c’est. Ainsi le
cœur qui aime a et garde Ses commandements ; et du fait qu’il L’aime, il attire l’amour de
Son Père, qui honore le Fils et ne veut pas être exalté à Ses dépens. L’obéissance ayant sa
source dans l’amour, elle est ainsi la condition des disciples qui assure l’amour de Jésus et la
manifestation de Lui-même à nous ici-bas.

15.7 - Jean 14:22-24

15.7.1 - Jean 14:22-23

Une telle manifestation prit les disciples par surprise ; et l’un d’eux, Jude, soigneusement
distingué du traître, ne peut pas s’empêcher de demander des explications : « Jude (non pas
l’Iscariote) lui dit : Seigneur, comment se fait-il que tu vas te manifester à nous, et non pas au
monde ? Jésus répondit et lui dit : Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père
l’aimera ; et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui. Celui qui ne m’aime
pas ne garde pas mes paroles. Et la parole que vous entendez n’est pas la mienne, mais celle
du Père qui m’a envoyé » (14:22-24). Quand le Messie se manifestera au monde, lorsque le
royaume du monde de notre Seigneur et de Son oint (Christ) sera venu (Apoc. 11:15),
beaucoup rendront une obéissance feinte, étant tenus en bride par la manifestation de Sa
puissance et de Sa gloire. L’obéissance maintenant qu’Il est absent est davantage mise à
l’épreuve, et elle Lui est précieuse car elle est réelle ; et elle doit croître comme étant la vie
dans l’Esprit, à mesure que la connaissance de Sa volonté progresse. Comparer Col. 1:9-10.
C’est pourquoi il y a un approfondissement en passant de Ses commandements à Sa Parole.
Ses commandements ne sont pas pénibles (1 Jean 5:3) ; Sa Parole est estimée comme un
trésor parce que c’est Lui-même qui est aimé. C’est ainsi que le Seigneur le met en compte ;
et l’on jouit d’une manifestation plus complète du Père et du Fils, et de manière plus durable.

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15.7.2 - Jean 14:23-24

On notera qu’au v. 23 il est dit « ma parole », non pas « mes paroles » comme dans la version
anglaise autorisée. Celui qui aime le Seigneur garde Sa Parole comme un tout, parce que c’est
la Sienne, et Il ajoute au v. 24 que celui qui ne L’aime pas ne garde pas Ses paroles, c’est-à-
dire ce qu’Il dit ; ce n’est ni son habitude ni sa manière de garder aucune d’elles en détail. La
désobéissance trahit une absence d’amour pour Jésus, et ceci est d’autant plus sérieux qu’il
n’est pas simplement question du Fils, mais du Père qui L’a envoyé ; c’est Lui dont la Parole
est négligée. Rien ne caractérise autant un saint aujourd’hui que l’obéissance. C’est ce qui a
eu lieu en perfection avec notre Seigneur Lui-même. Il est venu pour faire la volonté de Dieu ;
Il l’a faite et en a souffert à l’extrême. Ce n’est qu’ainsi que Dieu est connu de manière
croissante par Ses enfants, et de manière tout à fait intime, comme le Seigneur le déclare ici.
Nous devons Le connaître pour faire Sa volonté ce qui ne peut avoir lieu qu’en connaissant
Jésus Christ qu’Il a envoyé ; mais en gardant Sa Parole (comme expression de Sa volonté, non
pas comme expression de Sa seule autorité, quoique celle-ci nous soit chère d’emblée), nous
croissons par la connaissance de Dieu, continuellement tant que nous sommes ici-bas, —
même si c’est toujours avec un jugement de nous-mêmes impitoyable et dans une dépendance
confiante de Lui. Combien il est encourageant pour le cœur d’avoir le sentiment continuel de
la présence du Père et du Fils avec nous dans une telle marche ! Puissions-nous connaître
davantage ce sentiment ! Une manifestation, c’est bien — quelque chose qui demeure, c’est
mieux.

15.8 - Jean 14:25-31

15.8.1 - Jean 14:25-26

La valeur de ce qui dirige la vie, et qui est aussi le moyen de la révéler, ne saurait être trop
exagérée ; c’est ce que nous avons vu dans les commandements et les paroles de notre
Seigneur Jésus, par lesquels Il exerce la vie qu’Il a donnée au croyant, puisqu’Il est en effet
leur vie. Mais maintenant Il ajoute une consolation et une bénédiction supplémentaires en
rapport avec l’Avocat ou Paraclet (car maintenant ce terme non seulement caractérise l’Esprit,
mais c’est ainsi qu’Il est nommé) : « Je vous ai dit ces choses demeurant avec vous ; mais le
Paraclet, l’Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera toutes choses et
vous rappellera toutes les choses que je vous ai dites » (14:25-26). Quelle bénédiction que le
même Saint Esprit qui a oint Christ et a demeuré en Lui durant Son ministère sur la terre,
allait enseigner toutes choses aux disciples, et leur restituer les paroles de Jésus ! C’est ce qui
fut accompli, et davantage même, comme Il convient à une Personne divine [le Saint Esprit]
qui daigne servir en amour, étant envoyée par le Père au nom du Fils. Ce n’est pas ici le Fils
faisant requête au Père, et le Père donnant comme au v. 16, mais c’est le Père envoyant au
nom du Fils Celui qui pouvait et voulait leur enseigner toutes choses, en plus de leur faire
souvenir de tout ce que Jésus leur avait dit. Cela ouvrait la porte à la fois à ce qu’Il ravive
dans leur mémoire tous les commandements de Christ, mais aussi à Son enseignement sans
limites.

15.8.2 - Jean 14:27 — la paix laissée

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Mais il y a plus que de la doctrine. « Je vous laisse la paix ; je vous donne ma paix ; je ne vous
donne pas, moi, comme le monde donne. Que votre cœur ne soit pas troublé, ni craintif »
(14:27). Le Seigneur suppose continuellement Sa mort. Elle était nécessaire à la paix ; Sa
propre paix va encore plus loin. C’est la paix dont Il jouissait tandis qu’Il était ici-bas, une
paix qui n’est pas troublée par les circonstances, et est dans une communion ininterrompue
avec Son Père ; une paix aussi éloignée qu’il est possible du cœur de l’homme, dans un
monde tel que celui-ci, ignorant du Père et en conflit avec Lui en tout point. Or elle
caractérise le second Homme qui nous la donne. Ayant la foi en Celui qui nous a aimés
parfaitement et jusqu’à la fin, qui a tout accompli à la gloire de Dieu et pour nous, nous avons
droit à cette paix, et le Saint Esprit voudrait que nous en jouissions selon Sa parole. Celui qui
la donne, ne s’en est pas démuni, par le fait que nous la recevions. Comme tout le reste de ce
qu’Il donne, on en jouit sans ombre dans sa divine plénitude, et tous ceux qui la partagent ne
font qu’y ajouter au lieu d’en retrancher quelque chose. Il ne s’agit pas simplement de réalité,
mais de son cours et de son caractère. « Je ne vous donne pas, moi, comme le monde donne.
Que votre cœur ne soit pas troublé, ni craintif ». En effet, ayant la paix, pourquoi le cœur
devrait-il être confus ou craintif ?

15.8.3 - Jean 14:28-29

Or le Seigneur s’attend maintenant à ce que les cœurs purifiés par la foi se réjouissent dans Sa
gloire. « Vous avez entendu que moi je vous ai dit : Je m’en vais, et je viens à vous. Si vous
m’aviez aimé, vous vous seriez réjouis de ce que je m’en vais au Père, car mon Père est plus
grand que moi. Et maintenant je vous l’ai dit avant que cela arrive, afin que, quand ce sera
arrivé, vous croyiez » (14:28-29). Ainsi malgré toute Sa gloire personnelle et essentielle, Il
n’oublie jamais qu’Il est un homme sur la terre. Comme tel, Il s’en va et va revenir auprès de
Ses disciples. Comme tel Il les appelle à se réjouir de ce qu’Il s’en va au Père. Ce n’était pas
peu de chose qu’un homme, dans Sa Personne, entrât dans la gloire ; il y a à peu près autant
d’incrédulité dans la chrétienté quand elle prend cela comme allant de soi, et qu’elle est
entièrement indifférente à sa valeur, que chez les Juifs qui le considère comme incroyable,
voire impossible. Les Juifs comme tels s’attendent à ce que l’homme (l’homme pour lui-
même) soit béni au plus haut degré par Dieu sur la terre ; et c’est sans doute ce qui aura lieu
bientôt dans le royaume au-delà de toutes leurs pensées. Mais le Seigneur voudrait que les
chrétiens se réjouissent dans le second Homme, monté déjà maintenant dans le paradis de
Dieu, la sure garantie de ce que nous Le suivrons quand Il reviendra pour nous. C’est
pourquoi Il attire de la manière la plus pressante l’attention non pas sur le fait seulement, mais
sur le fait que Lui le mentionne avant que cela arrive, afin que quand ce sera arrivé, ils croient
(14:29). Lui-même dans la gloire, voilà l’objet vivant de la foi, lourd de conséquences et de
fruits bénéfiques pour nous. C’est bien de donner à Sa mort la plus profonde valeur. Nous ne
pouvons jamais, sans perte incalculable pour nos âmes, perdre de vue Sa profonde humiliation
dans un amour qui se sacrifie à la gloire de Dieu, et qui porte le fardeau de nos péchés et du
jugement ; mais nous faisons bien d’avoir les yeux fixés sur Lui « reçu dans la gloire », et de
toujours L’attendre comme étant sur le point de venir et de nous prendre avec Lui dans la
maison du Père.

15.8.4 - Jean 14:30

470
« Je ne parlerai plus beaucoup avec vous, car le prince de ce monde vient, et il n’a rien en
moi ; mais afin que le monde connaisse que j’aime le Père ; et selon que le Père m’a
commandé, ainsi je fais. Levez-vous, partons d’ici ! » (14:30-31). Le Seigneur indique ainsi
qu’Il n’a plus beaucoup de choses à leur dire. Il avait une autre tâche en charge ; car l’ennemi
venait, caractérisé maintenant comme le prince de ce monde qui a rejeté le Fils de Dieu,
démontrant par-là son opposition au Père et son assujettissement à Satan ; mais qu’il vienne
n’importe quand, il ne trouvait rien de plus en Christ à la fin qu’au commencement. Il aurait
bien voulu séduire le Sauveur pour Le faire sortir du chemin de l’obéissance en Lui offrant
des récompenses ; il s’efforce maintenant de Le remplir de peur et d’horreur de la mort qui
était devant Lui. Mais en vain : « la coupe que le Père m’a donnée, ne la boirai-je pas ? » En
nous naturellement, il y a tout ce qui donne prise à Satan ; en Christ il n’avait rien. Ce ne
pouvait donc être qu’à cause de la gloire et de la perfection sans tache de Sa Personne, vrai
Dieu et Homme irréprochable ; et il fallait pour nous qu’Il boive cette coupe, si nous devions
avoir la vie éternelle en Lui, et s’Il devait ôter nos péchés, et tout ceci dans l’obéissance et à la
gloire de Dieu Son Père. C’est pourquoi Il ajoute : « mais afin que le monde connaisse que
j’aime le Père ; et selon que le Père m’a commandé, ainsi je fais » (14:31). C’était en effet
l’amour du Fils jusqu’à l’extrême ; c’était une obéissance sans pareille.

Le Seigneur termine ici cette partie de Ses communications et le fait ressortir par la phrase
finale : « Levez-vous, partons d’ici ! »

16 - Chapitre 15
16.1 - Jean 15:1-4

Le changement de sujet vient d’être mis en relief. Alors le Seigneur se met à exprimer Ses
pensées par une de ces allégories particulières à notre évangile.

« Moi, je suis le vrai cep, et mon Père est le cultivateur. Tout sarment en moi qui ne porte pas
de fruit, il l’ôte ; et tout sarment qui porte du fruit, il le nettoie, afin qu’il porte plus de fruit.
Vous, vous êtes déjà nets, à cause de la parole que je vous ai dite. Demeurez en moi, et moi en
vous. Comme le sarment ne peut pas porter de fruit de lui-même, à moins qu’il ne demeure
dans le cep, de même vous non plus [vous ne le pouvez pas], à moins que vous ne demeuriez
en moi » (15:1-4).

16.1.1 - Jean 15:1

Le Seigneur met ainsi Israël de côté comme n’étant absolument plus susceptible de porter du
fruit. Il y avait longtemps que les prophètes avaient dénoncé la nation comme produisant des
raisins sauvages, comme une vigne déserte, ou juste bonne à être brûlée. Mais le Seigneur met
en lumière qu’Il est Lui-même le seul vrai porte-greffe acceptable pour Dieu. C’était une
immense vérité qu’il fallait que les Juifs apprennent. En Israël il y avait tout ce en quoi ils
avaient mis leur confiance en matière de religion. Il y avait le temple, la sacrificature, les
sacrifices, les fêtes, toutes les ordonnances publiques ou privées, grandes ou petites, instituées
de Dieu. En dehors d’Israël, il y avait les païens qui ne connaissaient pas Dieu. Maintenant le

471
Seigneur ne se borne pas à dévoiler l’état trompeur du peuple élu, mais il fait connaître le
secret. C’est Lui le Cep, le vrai Cep. Il n’est pas seulement une branche qui porte du fruit,
tandis que les autres sont stériles ; Il est Lui-même le vrai Cep. Nous avons ainsi un objet
positif devant nous, la source unique de ce qui porte du fruit.

« Et mon Père », ajoute-t-il, « est le cultivateur ». Une autre vérité était nécessaire, la
révélation de Son Père (pas encore pleinement révélé comme leur Père, quoique cela allait
bientôt l’être dans Sa résurrection), non plus la révélation de l’Éternel comme autrefois dans
la vigne de la nation, ni comme le Tout-Puissant connu par leurs pères. En tant que Père, Il
s’occupe des sarments du cep qui est Christ Lui-même sur la terre, et qui est l’objet de tout
l’intérêt actif et vigilant de Son Père qui cherche à avoir du fruit. Mais il ne s’agit pas de Lui
tout seul ; il y a des branches en Lui. Et c’est ici que leur responsabilité entre en jeu : car ils
étaient les disciples du Seigneur, autrefois simplement des Juifs dans leur condition naturelle,
mais ils sont désormais appelés à porter du fruit pour Dieu.

16.1.2 - Jean 15:2

Quelles sont les conditions posées ? « Tout sarment en moi qui ne porte pas de fruit, il l’ôte ;
et tout sarment qui porte du fruit, il le nettoie, afin qu’il porte plus de fruit ». Il s’agit
manifestement du gouvernement du Père vis-à-vis de ceux qui portent le nom du Seigneur. Il
ôte les professants sans fruits ; ceux qui portent du fruit, Il les nettoie afin qu’ils portent plus
de fruit. C’est le Père qui juge selon l’œuvre de chacun (1 Pierre 1:17). C’était d’abord les
disciples qui étaient en vue, mais bien entendu le principe s’applique à nous, maintenant
qu’Israël est mis de côté de manière encore plus évidente. Comme l’apôtre l’enseigne en Héb.
12:10, le Père nous châtie pour notre profit, afin que nous participions à Sa sainteté. En Jean
15, si nous ne sommes pas ôtés, nous sommes nettoyés pour porter plus de fruit. C’est un état
de choses entièrement différent de celui du règne du Messie en puissance sur la terre, où Son
peuple ne sera environné que de prospérité, où Satan sera enfermé, et où le désert se réjouira
et la rose fleurira (És. 35:1). Sans doute dans cet état de choses de Jean 15, il n’y a pas
d’union avec Christ dans le ciel, ni même de privilèges de grâce qu’on trouve en Lui en
général, mais c’est l’appel à faire en sorte que, dans les voies journalières, Lui soit tout sur la
terre, si nous voulons vraiment porter du fruit. C’est Lui, non pas la loi, qui est la règle de vie,
et la source de productivité ; il n’y en a pas d’autres que Lui pour le chrétien, pas même
l’Esprit qui se sert de la Parole pour glorifier Christ.

16.1.3 - Jean 15:3

Les disciples avaient déjà fait l’expérience de la puissance purifiante de la Parole. « Vous,
vous êtes déjà nets, à cause de la parole que je vous ai dite » (15:3). Ils avaient reçu cette
parole, et savaient qu’Il était venu de Dieu, bien qu’ils ne connussent le Père
qu’imparfaitement, si même ils Le connaissaient tout court. Cependant la Parole de Christ
avait opéré dans leurs âmes ; elle avait nettoyé leurs voies, elle avait jugé leurs pensées
mondaines, elle avait mis à nu leurs désirs charnels : l’effet dans leurs consciences était réel.
Judas était maintenant parti, de sorte que le Seigneur n’a pas besoin de leur dire « vous êtes
nets, mais non pas tous » (13:10). Au contraire Il leur dit « vous êtes déjà nets », avant même
que le Saint Esprit ait été donné comme puissance d’en haut. L’efficacité purifiante de la

472
Parole est une vérité majeure de l’Écriture qui tend à être oubliée, non pas simplement par les
Romanistes qui se fient aux ordonnances, mais aussi par les protestants qui parlent
exclusivement du sang du Sauveur « qui purifie de tout péché ». Que Dieu nous préserve de
dire la moindre des choses tendant à obscurcir la valeur justificatrice du sang, ou tendant à en
détourner les âmes. Mais du côté du Seigneur sont sortis l’eau et le sang, et nous avons besoin
des deux. Le sang expie, l’eau purifie ; et comme le sang demeure répandu et efficace une fois
pour toutes, en contraste avec les nombreux sacrifices inefficaces des Juifs, le lavage d’eau
par la Parole est non seulement appliqué dès le départ, mais il est tout le temps nécessaire
pour purifier. Quand on ne voit pas cela, on est dans la confusion totale, et la vérité
fondamentale est affaiblie, sinon détruite.

16.1.4 - Jean 15:4

Le Seigneur insiste ici davantage sur la nécessité et l’importance de dépendre de Lui et


d’avoir de l’intimité avec Lui. Voilà ce qu’est demeurer en Christ, et la parole qu’Il
prononce : « Demeurez en moi, et moi en vous ». Ce n’est pas la grâce souveraine envers le
pécheur, mais un appel au disciple ; et c’est pourquoi le fait que Lui demeure en nous, en tant
qu’affaire de communion journalière, dépend de ce nous nous demeurons en Lui. « Comme le
sarment ne peut pas porter de fruit de lui-même, à moins qu’il ne demeure dans le cep, de
même vous non plus [vous ne le pouvez pas], à moins que vous ne demeuriez en moi ». Rien
n’est plus simple que le fait extérieurement ; et dans notre expérience, rien n’est plus certain
qu’il en est ainsi intérieurement. Lui et Lui seul est la demeure pour l’âme dans ce monde de
pièges et de dangers, dans ce désert sans eau. Faites de Lui la ressource, faites de Lui le but
recherché, et ça sera comme si la sève coulait sans empêchement, et le fruit sera porté. Sans
Lui, l’enseignement n’est d’aucun profit, et toute excitation religieuse est un échec ;
introduisez-Le Lui, confiez-vous en Lui, et quels que soient la difficulté, la peine, la honte,
l’opposition ou le dénigrement, Lui soutiendra le cœur, et le fruit porté suivra. Séparés de Lui
nous ne pouvons rien faire, avec Lui nous pouvons tout. C’est ainsi que s’exprimait quelqu’un
qui l’avait bien appris : « Je puis toutes choses en Celui qui me fortifie » (Phil. 4:13).

Il ne semble guère nécessaire d’observer que la relation entre la tête et le corps sert à un tout
autre dessein dans l’Écriture, et doit être maintenue totalement à part. La grâce céleste forme
le seul corps uni par le seul Esprit à la tête glorifiée ; de ce côté-là il n’est question ni de
déchirement, ni de mutilation ni de retranchement. L’église y est vue comme l’objet de
l’amour infaillible de Christ, jusqu’à ce qu’Il se la présente à Lui-même en gloire. La
responsabilité sur la terre sous le gouvernement divin est une autre affaire, et c’est elle qui est
enseignée par le Cep et les sarments : il ne s’agit pas de la relation céleste et infaillible de
l’Église. C’est pourquoi les expédients calvinistes sont aussi déplacés que les attaques
arminiennes qu’ils sont censés prévenir. Il est incontestable que la profession peut faillir. La
vie est éternelle en face de tout cela ; et en Christ il n’y a rien moins que la vie éternelle ; mais
ce n’est pas ce qu’enseigne le Cep ; il n’enseigne pas non plus l’unité du corps. Il est triste
que des commentateurs instruits ne lisent pas l’Écriture avec soin et avec foi quand ils
cherchent à la commenter.

16.2 - Sommaire de ce début de chapitre 15

473
Les premiers versets ont posé le principe selon lequel Christ est la source du fruit, en contraste
avec Israël, sous les soins vivants et vigilants du Père. C’est entièrement différent du
gouvernement de la chair par la loi devant l’Éternel, et différent également d’une nation
choisie à laquelle appartiennent tous les sarments. Christ met de côté ici les anciennes
relations. Il a montré que le fruit est tellement indispensable aux yeux du Père, que n’en pas
porter implique d’ôter le sarment, tandis que ce qui porte du fruit est nettoyé pour en porter
davantage. Il a déjà déclaré que les disciples étaient nets à cause de Sa Parole (15:3), et Il a
insisté auprès d’eux pour qu’ils demeurent en Lui, comme Lui en eux, et ceci parce qu’ils ne
pourraient pas porter du fruit sinon en demeurant en Christ : le sarment non plus ne peut pas
en porter à moins qu’il ne demeure dans le cep.

16.3 - Jean 15:5

Il résume ensuite, et applique cette vérité capitale de la communion avec Lui dans ses grands
éléments positifs, en contraste absolu avec l’abandon de Lui. « Moi, je suis le cep, vous, les
sarments. Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit ; car,
séparés de moi, vous ne pouvez rien faire » (15:5). Rien de plus précis. Le Seigneur ne laisse
planer aucune incertitude sur un sujet qui Le touche de si près et nous aussi. Ils étaient les
sarments aussi sûrement que Lui est le Cep. Il n’y a pas de manquement de Sa part, et il ne
peut pas y en avoir. Il est facile pour nous de manquer de dépendance et de confiance en Lui.
Demeurer en Lui implique non seulement de nous défier de nous-mêmes, mais de Lui rester
attachés et de compter sur Lui. Toutes les influences qui nous entourent tendent à l’effet
contraire, de même que tous les sentiments naturels. Seule la foi opérante par l’amour produit
cet effet, car dans ce cas le moi et le monde sont pareillement jugés à la lumière de Dieu. Ce
n’est pas seulement que nous avons besoin de Lui, et que nous ne pouvons rien faire Sans Lui,
ni du grand ni du petit ; mais Lui nous attire par Son excellence positive. S’Il est la seule
source de fruit agréable au Père, on ne peut Le négliger impunément, et ceux qui Le
confessent le peuvent encore moins. Ce dont parle le Seigneur dans tous ces versets n’est pas
la grâce qui donne la vie éternelle en Lui, mais la responsabilité des disciples. C’est pourquoi
comme nous allons le voir, il y a danger de ruine, autant que de manque de fruit, quand on ne
demeure pas en Lui.

C’est donc ceci le secret pour porter du fruit : Il ne réside pas plus dans les saints que dans
nous-mêmes, mais dans le fait de demeurer en Christ et Christ en nous. Il y a alors plus que
des bourgeons prometteurs : le fruit arrive. Quand quelque chose s’interpose entre Lui et notre
regard, ou quand nous regardons ailleurs, il n’y a pas de puissance pour porter du fruit : nous
manifestons notre nature, non pas celle de Christ. Le caractère des circonstances n’affecte pas
davantage le résultat : Christ est supérieur à tout, malgré notre faiblesse. En demeurant en
Christ, nous pouvons faire face en sécurité à ce qu’il y a de plus hostile ; et si des pièges sont
posés, ou si l’on rencontre de la provocation, qu’importe si, selon Sa Parole, nous sommes
trouvés demeurant en Christ, et que Christ demeure en nous, comme Il le fait dans ce cas ?
Car les deux sont corrélatifs, nous garantit-Il, et nous le savons. Et encore : le fruit découle-t-il
de ce nous sommes avec de chers enfants de Dieu ? Hélas ! c’est le contraire qui est si souvent
démontré ! et la légèreté dans le cœur, sinon l’amertume, surgissent d’autant plus que nous
sommes des saints qui ne demeurons pas en Christ. Car le bavardage de saints au sujet de
saints est même plus douloureux qu’il ne l’est parmi les fils de ce siècle, car beaucoup d’entre
eux semblent être au-dessus de cela, bien qu’ils soient sur le terrain de la nature — pas sur le
terrain de Christ, bien sûr. Et encore : si nous demeurons en Christ et que Christ demeure en

474
nous, les épreuves ne peuvent pas faire tomber le fruit spirituel, ni faire s’insinuer les
influences flétrissantes ; mais plus la pression est grande, plus il y a de fruit quand nous
demeurons ainsi en Christ. Et le cœur sent bien qu’il faut qu’il en soit ainsi. Car tandis que les
ordonnances échouent, et que la loi est la puissance du péché (1 Cor. 15:56 — non pas la
puissance de la sainteté, la chair étant ce qu’elle est), alors ici comme partout, la gloire revient
à Christ par la foi et pour la foi, « parce que séparés de moi, vous ne pouvez rien faire ».

16.4 - Jean 15:6

D’un autre côté, le danger est proportionnellement plus grand. « Si quelqu’un ne demeure pas
en moi, il est jeté dehors comme le sarment, et il sèche : et on les amasse, et on les met au feu,
et ils brûlent » (15:6). Christ étant la seule source de fruit, L’abandonner est fatal. Et s’il en
est ainsi finalement, c’est d’autant plus grave qu’Il devrait être d’autant plus précieux du fait
qu’on apprend pratiquement la vanité de tout le reste, et que la foi connaît mieux l’excellence
de Christ. Il en était ainsi avec Judas, et il en est ainsi en général de ceux qui ne sont pas nés
de Dieu et qui essaient de suivre Jésus. L’occasion d’abandonner Christ peut être fournie par
les convoitises, mais aussi par Ses paroles, comme nous le voyons en Jean 6. Il est vain et
pernicieux de distinguer entre la personne et l’œuvre comme le font des théologiens, et
d’autres, qui raisonnent sur les deux côtés de l’équation de la vérité. Les calvinistes craignent
de faire des compromis sur leurs doctrines de la grâce, et les arminiens sont soucieux de
prendre avantage du côté de l’apostasie. Du coup, les calvinistes sont enclins à éluder les
avertissements solennels de la ruine personnelle et du jugement final qui sont présentés ici,
tandis que les arminiens argumentent qu’une âme sauvée peut finalement se retrouver perdue.
Les deux confondent l’image du Cep avec celle du corps d’Éphésiens 2 à 4, et en conséquence
tous les deux ont tort, et sont bien sûr incapables d’expliquer ces passages de l’Écriture de
manière satisfaisante, de manière à maintenir toute la vérité sans sacrifier une partie aux
dépens d’une autre.

L’erreur vient au grand jour dans la liturgie anglicane du baptême : « Voyant que cet enfant
est régénéré et est greffé sur le corps de l’église de Christ ». Être greffé sur l’olivier de
Romains 11 équivaut, selon cet enseignement, à être fait membre du corps de Christ ; le
résultat d’une telle confusion est toujours favorable aux adversaires de la vérité. La réponse
est que le Corps est l’expression de l’unité par le Saint Esprit ; le Cep insiste sur la
communion comme condition pour porter du fruit. En aucun cas l’appartenance à ces arbres
(olivier ou vigne) n’implique la vie, mais elle implique la possession du privilège dans le cas
de l’olivier, et la responsabilité de porter du fruit dans le cas de la vigne. Laisser Christ mène
à une ruine complète, non seulement à la stérilité, mais au brûlement par le feu. Il ne s’agit
pas simplement de souffrir une perte comme en 1 Cor. 3:15, mais d’être manifestement perdu
comme en 1 Cor. 9:27. Ainsi chacun de ces passages de l’Écriture rend son propre
témoignage, et a sa propre valeur, et aucun d’eux ne peut être anéanti, même si les hommes
achoppent sur la parole, étant désobéissants, selon l’avertissement d’un autre apôtre (1 Pierre
2:7-8).

16.5 - Jean 15:7-8

475
Le Seigneur laisse maintenant le triste cas de l’homme qui Le quitte, et Il revient à Ses
disciples et avec une simplicité et une plénitude divines, il indique le chemin de la bénédiction
et du fruit abondant. « Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, vous
demanderez ce que vous voudrez, et il vous sera fait. En ceci mon Père est glorifié, que vous
portiez beaucoup de fruit ; et vous deviendrez mes disciples » (15:7-8). Ainsi chaque chose
est mise à sa place. Le premier besoin du chrétien est de demeurer en Christ ; le besoin
suivant est d’avoir les paroles de Christ demeurant en lui ; alors il est enhardi à demander
avec assurance que les ressources de la puissance divine opèrent en conséquence. Car ainsi
Christ a la première place, et le saint est gardé dans la dépendance aussi bien que dans la
confiance. Alors Ses paroles dirigent aussi bien qu’elles corrigent ; or nous avons besoin des
deux, et nous les avons, bien que, sans doute, quand on demeure ainsi, ce qui caractérise ici
c’est la direction, plutôt que la sainte correction dont nous avons tant besoin durant notre
marche à travers ce monde impur et glissant. Si nous sommes ainsi conduits, la prière est
encouragée à attendre une réponse tout à fait certaine, car le cœur est en communion avec
Celui qui suscite le désir en vue de l’accomplir dans Son amour et Sa fidélité. En outre, c’est
en cela que le Père est glorifié, que nous portions beaucoup de fruit, et que nous devenions
Ses disciples. Combien le cœur est élargi quand il peut en être ainsi au milieu de ce qui, en
dehors de Lui, ne serait que douleur et inquiétude, sinon pire ! Avec Christ tout est changé, et
même les soucis les plus troublant tournent à produire du fruit, de sorte que vivre dans la chair
au lieu d’être avec Lui dans la gloire, cela en vaut bien la peine, mais seulement quand vivre
c’est Christ (Phil. 1:21-22). Ainsi Son Père est glorifié dès maintenant, et nous devenons des
disciples de Christ en action et en vérité.

16.6 - Jean 15:9-11

Un autre élément de valeur incalculable dans le sentier du disciple est la conscience de


l’amour du Sauveur. C’est ce qui est placé juste après. « Comme le Père m’a aimé, moi aussi
je vous ai aimés ; demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous
demeurerez dans mon amour ; comme moi j’ai gardé les commandements de mon Père, et je
demeure dans son amour. Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous, et que votre
joie soit accomplie » (15:9-11).

16.6.1 - Jean 15:9

Nous devons garder à l’esprit que le sujet traité est « porter du fruit durant le passage du
disciple à travers ce monde ». Ce n’est pas un propos éternel, ni non plus cet amour dans la
relation qui garantit infailliblement d’un bout à l’autre, mais c’est l’amour de Christ envers
chacun dans sa marche et ses épreuves journalières. Il savait ce que c’était de la part du Père
envers Lui comme homme, bien qu’Il ne cessât jamais d’être le Fils ici-bas. Tel a été Son
propre amour envers les disciples ; et maintenant Il les appelle à demeurer dans cet amour, —
non pas à demeurer en Lui seulement, mais à demeurer dans Son amour, ce qui est
davantage ; demeurer dans Son amour est une source immense et infaillible de consolation
dans le courant nécessairement douloureux et décevant des circonstances terrestres, si
fortement adverses à cause de Lui. « Donnez de la boisson forte » dit le livre des Proverbes
(31:6) « à ceux qui ont l’amertume dans le cœur », mais son amour est meilleur que le vin

476
(Cant. des cant. 1:2), encourageant et fortifiant sans exciter la chair. Il y a ainsi non seulement
la dépendance de Lui, mais la confiance en Lui que son amour est présumé inspirer.

16.6.2 - Jean 15:10

Mais ensuite, il y a quelque chose de plus : l’obéissance elle-même : « Si vous gardez mes
commandements, vous demeurerez dans mon amour ; comme moi j’ai gardé les
commandements de mon Père, et je demeure dans son amour » (15:10). Il est évident que cela
n’a aucun rapport avec la grâce souveraine de Dieu qui va vers les perdus, et réconcilie des
ennemis par la mort de Son Fils. Car comme par la désobéissance d’un seul (Adam) beaucoup
ont été constitués pécheurs, ainsi aussi par l’obéissance d’un seul (Christ), beaucoup seront
constitués justes (Rom. 5:19). La grâce en Christ surmonte tous les obstacles, et règne avec
justice, au-dessus de tout mal, soit de l’individu soit de la race. Il ne s’agit pas ici de la ruine
et de la délivrance du pécheur, mais du sentier du disciple ; et son obéissance est la condition
pour qu’il demeure dans l’amour de son Maître. Celui qui a et doit avoir en toutes choses la
prééminence, a foulé le même sentier et a accepté la même condition comme homme ici-bas ;
bien qu’il n’eût pas regardé comme un objet à ravir d’être égal à Dieu, il est devenu obéissant,
jusqu’au niveau le plus bas, à la gloire de Dieu le Père (Phil. 2:6-8). Dans une perfection
inébranlable, Il a fait la volonté de Celui qui L’avait envoyé, et Il a joui de son fruit dans une
même perfection ; nous Le suivons, bien qu’avec des pas inégaux, et assurément celui qui dit
demeurer en Lui doit marcher comme Lui a marché (1 Jean 2:6). C’est l’obéissance qui en est
le chemin. Rien d’autre ne nous convient moralement ; et c’est ce qui prouve notre amour
pour Lui, et le sens que nous avons de notre relation avec Dieu. Rien n’est si humble, rien
n’est si ferme que l’obéissance. Elle délivre du sentiment de sa propre importance, et d’autre
part de l’assujettissement aux opinions et traditions des hommes. Elle nous met en face de la
Parole de Dieu, et teste notre désir de Lui plaire au milieu des aises, des honneurs, des
convoitises et des passions du temps présent. Ici aussi il s’agit de garder les commandements
de Christ, comme étant ce qui assure Son amour, comme au ch. 14 nous avons vu que cela
prouvait l’amour pour Lui.

16.6.3 - Jean 15:11

Le dernier motif que le Seigneur apporte pour inciter les disciples à l’obéissance est au verset
suivant : « Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit
accomplie » (15:11). Il n’y a pas de meilleur critère de notre état, et par conséquent de notre
défaillance ou de notre réussite à entrer dans Ses pensées. Si nous prenons les paroles de ce
chapitre de manière légaliste, il n’y a guère de parole de la Bible plus apte à plonger une âme
droite dans la douleur et la dépression ; mais si nous les comprenons selon Son intention, elles
sont expréssément données pour nous donner la joie et rendre notre joie complète. Sa joie,
quand Il était ici-bas, était de plaire à Son Père ; obéir à Ses commandements n’était pas
pénible (1 Jean 5:3). Cette joie qui était la Sienne, intacte dans Son chemin, Il voudrait qu’elle
soit nôtre maintenant.

Quel contraste avec le gémissement stérile d’une âme sous la loi, même si elle est vivifiée,
selon la fin de Rom. 7 ! Quelle grâce si nous avons goûté une pareille amertume, de savoir
maintenant que notre joie dans l’obéissance est accomplie ! La dernière partie de Rom.7 est

477
un processus salutaire par lequel nous avons à passer, mais c’est un misérable terrain de
position : ce n’est pas ce que Dieu a en vue pour nous. Le chapitre 8 montre le chrétien
délivré, saint et abondant en bon fruit. Pouvons-nous être sur les deux terrains à la fois ? Celui
qui l’affirmerait montrerait par-là qu’il n’est pas encore affranchi. Regardez-y de près,
théologiens, et vous aussi, qui les écoutez et ne goûtez pas la joie de Christ.

Ceci est clairement Son désir à notre égard. Ceux qui l’ignorent ou le nient voudraient nous
priver de Sa joie, alors qu’eux-mêmes ne l’ont évidemment pas. Il n’y a pas lieu de s’étonner ;
car comme la philosophie ne peut jamais concevoir l’amour divin, ainsi la théologie, de
connivence avec la science humaine, manque toujours la joie du Sauveur, cherchant le plaisir
et les applaudissements dans les écoles du monde, ce qui ne connaît pas plus le Père
maintenant qu’autrefois. « Père juste » dira le Seigneur un peu plus loin, « le monde ne t’a pas
connu, mais moi je t’ai connu ; et ceux-ci (les disciples) ont connu que toi tu m’as envoyé. Et
je leur ai fait connaître ton nom, et je le leur ferai connaître, afin que l’amour dont tu m’as
aimé soit en eux, et moi en eux » (17:25-26).

Quelle ineffable bonté ! Toutes ces pensées, ces sentiments, ces paroles, ne montrent-ils pas
chacun leur caractère divin ? Une paix bien établie est quelque chose de grand comme
fondement de l’âme, quelque chose qui ne sera jamais ôté, et Dieu voudrait que nous le
connaissions simplement et de manière immuable. Mais il ne faut pas oublier la joie de
l’obéissance et la faveur du Seigneur comme une chose présente dans nos voies journalières.
Ceci a été trop souvent méconnu par les enfants de Dieu, — à peine plus au travers du laxisme
débraillé de l’évangélicalisme qu’au travers de la dureté morose des légalistes, ignorant
pareillement le terrain de la grâce et le vrai caractère du gouvernement de Dieu qui s’y
rattache comme quelque chose de présent.

16.7 - Jean 15:12-17

Le Seigneur précise maintenant un caractère spécial du fruit, toujours précieux, relatif aux
relations mutuelles des disciples, tandis que nous venons de voir la relation de Christ et du
Père avec eux.

« C’est ici mon commandement : Que vous vous aimiez les uns les autres, comme je vous ai
aimés. Personne n’a un plus grand amour que celui-ci, qu’il laisse sa vie pour ses amis. Vous
êtes mes amis, si vous faites tout ce que moi je vous commande. Je ne vous appelle plus
esclaves, car l’esclave ne sait pas ce que son maître fait ; mais je vous ai appelés amis, parce
que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai ouï de mon Père. Ce n’est pas vous qui m’avez
choisi ; mais c’est moi qui vous ai choisis et qui vous ai établis, afin que vous alliez, et que
vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure ; afin que tout ce que vous demanderez au
Père en mon nom, il vous le donne. Je vous commande ces choses, c’est que vous vous aimiez
les uns les autres » (15:12-17).

L’amour est par excellence l’injonction du Seigneur à Ses disciples, l’amour de l’un pour
l’autre. Il ne s’agit pas du devoir moral général d’aimer son prochain, mais de l’amour
réciproque des chrétiens, dont la norme est Son propre amour à Lui envers eux. La nature de
ce dont il s’agit ici exclut que cet amour soit l’amour de Dieu qui s’est épanché envers eux
quand ils étaient dans leur culpabilité, leur inimitié et leur faiblesse et qu’ils ont été des objets
de la grâce souveraine. Ils étaient maintenant nés de Dieu, et donc ils aimaient ; car l’amour,

478
du fait qu’il est de Dieu qui est amour, est l’énergie de la nouvelle nature. C’est pourquoi, si
même le Seigneur enjoint bien d’autres choses par ailleurs, voici Son commandement : Il les
aimait, et voulait qu’ils s’aiment l’un l’autre en conséquence. Ainsi Paul écrit aux
Thessaloniciens qu’il n’avait pas besoin de leur écrire à ce sujet, car bien que jeunes dans les
choses divines, ils étaient enseignés de Dieu à s’aimer l’un l’autre (1 Thes. 4:9). C’était aussi
le chemin bien plus excellent qu’il voulait montrer aux saints à Corinthe, alors que ceux-ci
étaient, à leur détriment, préoccupés de puissance plutôt que d’amour, et au mieux de la
manifestation de la victoire du Seigneur sur Satan dans Sa création plutôt que de l’énergie
intérieure qui jouit de Sa grâce envers nos âmes ou celle des autres, à la gloire de Dieu. Quant
aux saints de Rome, il est insisté auprès d’eux à plusieurs reprises sur l’amour afin qu’il soit
sans hypocrisie, et comme ce qui accomplit partout la loi en pratique sans même y penser.
Inutile de parcourir toutes les épîtres où le Saint Esprit déploie la place immense de l’amour et
sa puissance.

Les croyants qui ont l’habitude du Nouveau Testament se souviennent de la grande place que
l’amour occupe dans la première épître de Jean, — non pas que l’amour soit Dieu, mais Dieu
est amour comme Il est lumière ; celui qui aime est né de Dieu et connaît Dieu (1 Jean 4:7).
Car les hommes, comme alors, ont fait de la connaissance comme si elle était tout, tandis que
pour certains auparavant, c’est la puissance qui était tout ; or il est question de vie dans le Fils
de Dieu, et le Saint Esprit opère dans cette vie en vertu de la rédemption, et ceux qui ont la vie
marchent dans l’amour, comme ils marchent dans la lumière. Quant à la connaissance, il n’y
en a pas de vraie sauf en Celui qui est vrai, dans Son Fils Jésus Christ (1 Jean 5:20). Il est le
vrai Dieu et la vie éternelle : tout objet en dehors de Lui est une idole, dont nous avons à nous
garder (1 Jean 5:21), qu’il s’agisse de connaissance, de puissance, de position, d’amour, de
vérité ou de n’importe quoi ou n’importe qui d’autre. Car quiconque nie le Fils n’a pas non
plus le Père ; et celui qui confesse le Fils a aussi le Père (1 Jean 2:23). Et comme le Père nous
a octroyé l’amour au-delà de toute mesure, nous donnant maintenant d’être même enfants de
Dieu, ainsi l’amour des frères marque ceux qui sont passés de la mort à la vie (1 Jean 3:13).
Le commandement ancien est la parole de Christ nous enjoignant de nous aimer l’un l’autre,
mais c’est aussi un commandement nouveau en ce qu’il est vrai en Lui et en nous (1 Jean 2:7-
8). Si Christ vit en moi, je vis par la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré Lui-même
pour moi (Gal. 2:20) : et cette vie est caractérisée non seulement par l’obéissance, mais par
l’amour selon sa source.

16.7.1 - Jean 15:12-13

Et c’est ce qu’on a ici. Le Seigneur l’a établi comme un commandement nouveau qui devait
les distinguer et qu’Il leur a donné au ch. 13 (v. 34). Il reparle ici de l’amour l’un pour l’autre
selon le modèle de Son amour pour eux. Combien il était pur et sans limites ! Croyons-nous
que c’est là Sa volonté à notre égard ? Aimons-nous comme si nous Le croyons et apprécions
Son amour ? Y a-t-il quelque chose de plus creux, de plus dangereux ou nauséabond que des
paroles très élevées jointes à une marche de bas niveau et inconséquente ? Le « gnosticisme »
dévorait le cœur du christianisme du commencement, et sinon il tombait dans la superstition
et le formalisme, devenant toujours plus sombre et plus froid ; le même esprit est encore plus
destructif aujourd’hui parce qu’il dispose de beaucoup plus de matière, et qu’il s’endurcit
dans l’incrédulité jusqu’à l’agnosticisme. S’aimer l’un l’autre, non pas simplement aimer ceux
qui pensent pareil, et pire encore, aimer ceux qui pensent pareil sur une question assez pointue
et extérieure, — mais aimer ceux qui sont de Christ, en dépit de dix mille choses éprouvantes

479
pour notre nature, voilà qui, avec la vérité, est de toute importance — cet amour étant protégé
comme il l’est ici, en ce que l’on s’aime l’un l’autre comme Lui nous a aimés. Il s’est plu à
aimer jusqu’à la mort.

16.7.2 - Jean 15:13-14

Personne n’a un plus grand amour que celui qui laisse sa vie pour ses amis. L’amour de Dieu
en Jésus est allé infiniment plus loin, mais il demeure nécessairement unique, et il est
convenable qu’il en soit ainsi. Nous, nous devons laisser nos vies pour les frères selon ce que
nous sommes enseignés ailleurs (1 Jean 3:16). Mais où est la valeur d’une telle théorie si nous
manquons à aller chaque jour au-devant des besoins et souffrances ordinaires des enfants de
Dieu (1 Jean 3:16-18). Le Seigneur rattache immédiatement l’amour à l’obéissance, sans
laquelle l’amour n’est que de l’autosatisfaction, qui n’a pas de place pour Lui, et où Lui n’est
pas devant l’âme. « Vous êtes mes amis, si vous faites tout ce que moi je vous commande »
(15:14). Il ne parle pas de réconcilier des ennemis, mais de la raison pour laquelle Il nous
appelle Ses amis. L’obéissance en est le caractère et la condition. Il n’indique pas ici non plus
comment Il s’est tenu comme notre ami quand nous étions ennemis, mais Il nous appelle Ses
amis si nous pratiquons ce qu’Il a enjoint à Ses disciples.

16.7.3 - Jean 15:15

Est-ce tout ? Bien loin de là ! Il nous traite en amis selon Son amour parfait, car Il nous fait
entrer dans Ses secrets au lieu de simplement faire peser sur nous nos obligations. « Je ne
vous appelle plus esclaves, car l’esclave ne sait pas ce que son maître fait ; mais je vous ai
appelés amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai ouï de mon Père » (15:15).
Celui qui autrefois était appelé « ami de Dieu » [Abraham] jouissait de cette intimité avec son
protecteur Tout-Puissant, au milieu des races condamnées parmi lesquelles il vivait en pèlerin
séparé et circoncis (Gen. 17) ; or il en va de même avec les Siens maintenant que le Seigneur
agit avec une grâce encore plus surabondante ; car a-t-Il retenu quelque chose ? Dans un autre
sens, c’est notre sujet de gloire d’être Ses esclaves, comme disait un de Ses serviteurs mis à
part de manière pré-éminente pour l’évangile de Dieu (Rom. 1:1). Néanmoins, et même avec
beaucoup plus de réalité, nous entrons dans la libre communication de Son amour (et nous
l’apprécions et agissons en conséquence), si nous avons l’habitude d’être obéissants, comme
nous le voyons en Joseph autrefois et en Daniel plus tard. Ce devrait être, et c’est en principe,
le privilège précieux de l’Église de connaître ainsi Ses pensées, et d’interpréter par leur
moyen l’écheveau embrouillé de la vie humaine et des fortunes changeantes du monde ; mais
en pratique, si l’on veut que ce privilège soit une réalité vivante et non pas un simple droit,
nous devons être exercés constamment à l’obéissance. La chrétienté l’a cessé, l’estimant
n’être que de la présomption, et elle se contente de marcher par la vue et non par la foi, niant
pratiquement son privilège.

16.7.4 - Jean 15:16-17

480
Or Dieu est fidèle, et il y en a qui, marchant dans l’obéissance à Sa Parole, entrent dans ce
qu’Il a fait connaître, et y trouvent la bénédiction. Sans doute la responsabilité n’est pas
moindre que le privilège ; et c’est pourquoi les Siens ont besoin d’être encouragés par la grâce
qui est à la base de tout. C’est pourquoi Il ajoute : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi ;
mais c’est moi qui vous ai choisis et qui vous ai établis, afin que vous alliez, et que vous
portiez du fruit, et que votre fruit demeure ; afin que tout ce que vous demanderez au Père en
mon nom, il vous le donne. Je vous commande ces choses, c’est que vous vous aimiez les uns
les autres » (15:16-17).

La bénédiction vient toujours du Seigneur Jésus et de la grâce qui est en Lui. L’obéissance
suit, et doit suivre une faveur tellement imméritée, mais il est certain que dans l’obéissance il
y a une bénédiction supplémentaire. Or le cœur a besoin de se tourner de notre obéissance et
de la bénédiction qui s’y rattache, vers Celui qui bénit, s’il veut échapper aux dangers
nouveaux et au mal positif ; la source de puissance n’est jamais connue qu’en Lui, et en la
grâce qui cherche et trouve, qui sauve et qui bénit. C’est pourquoi il était de la plus grande
importance, en insistant sur le gouvernement divin des saints, de les faire se souvenir toujours
que la source de tout ce qui les distingue, c’est Lui et Sa volonté souveraine. Ce n’est pas eux
qui ont choisi Christ, mais Christ qui les a choisis. Et ce n’était pas seulement pour connaître
et suivre leur Maître. Il les a établis pour qu’ils aillent porter du fruit, et que leur fruit
demeure. Bien qu’ils fussent apôtres, ils étaient Ses amis pour Lui obéir d’autant plus.

Ainsi tandis que la responsabilité est maintenue intacte, il est montré que la grâce est la source
de tout ce qui est recherché et accompli ; en outre, il est montré la relation des deux (la
responsabilité et la grâce) avec la dépendance du Père qui seul fait réussir tout ce qu’ils ont pu
demander au nom de Jésus. Plus la bénédiction est profonde et élevée, plus il y a besoin de
prières ; mais alors le caractère et la confiance de la prière doivent croître avec le sens de la
grâce en Christ, et celui du propos inébranlable du Père de mettre de l’honneur sur le nom de
Christ, Celui par lequel ils se sont approchés avec leurs requêtes. Son nom, par la foi en lui,
peut rendre fort le faible, et le Père est ainsi glorifié dans le Fils qui Le glorifie (14:13). La
méfiance et la négligence sont pareillement exclues.

Il n’est guère besoin de s’étendre beaucoup pour réfuter l’exposé de Calvin et d’autres, qui
font de ceci une question de choix et d’ordination à l’apostolat, et qui prennent par conséquent
le fruit qui demeure comme signifiant que l’Église durera jusqu’à la fin du monde comme
étant le fruit du travail apostolique continué aussi dans leurs successeurs. Selon ce schéma,
l’amour qui est ordonné ici est restreint à l’affection réciproque parmi les serviteurs
[ministres]. Sans doute un courant franc et libre de confiance avec amour est essentiel à un
bon état, spécialement parmi ceux qui travaillent, tandis que les carences dans ce domaine
sont tout à fait déplorables ; mais le Seigneur ne limite pas Ses paroles aux apôtres, ni même à
ceux qui les suivraient dans le service public de Son nom.

16.7.5 - Jean 15:17

S’aimer l’un l’autre est le nouveau commandement de Christ aux Siens, et Il le répète. Aimer
est l’exercice propre, positif et constant de la nouvelle nature sous l’effet du ministère de
l’Esprit au service de Christ ; ce n’est pas toujours l’exercice de la bienveillance fraternelle,
mais c’est l’amour qui ne fait jamais défaut. Or cette affection elle-même, étrangère ici-bas,
expose ceux chez qui elle se trouve à l’action de Satan les contrecarrant directement, car il est

481
menteur et meurtrier dès le commencement. Conscients que l’absence d’égoïsme dans une
affection selon Dieu est une impossibilité pour la nature, les hommes considèrent toute
manifestation de cela comme de la pure hypocrisie, qu’il faut mépriser et détester chez les
chrétiens. Car comment ceux-ci pourraient-ils être différents des autres gens ?

16.8 - Jean 15:18-21

« Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous. Si vous étiez du monde, le monde
aimerait ce qui serait sien ; mais parce que vous n’êtes pas du monde, mais que moi je vous ai
choisis du monde, à cause de cela le monde vous hait. Souvenez-vous de la parole que moi je
vous ai dite : L’esclave n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous
persécuteront aussi ; s’ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre. Mais ils vous
feront toutes ces choses à cause de mon nom, parce qu’ils ne connaissent pas celui qui m’a
envoyé » (15:18-21).

16.8.1 - Jean 15:18

Être de Christ suffit à soulever l’animosité du monde. Il peut falloir des circonstances
spéciales pour la faire sortir au grand jour, mais elle est là quoi qu’il en soit. Le monde hait
ceux qui ne sont plus du monde, du fait qu’ils sont Siens. Or le Seigneur veut que nous
sachions que le monde L’a haï avant nous, aussi sûrement qu’il nous hait. N’est-ce pas doux
et consolant qu’il en soit ainsi, si terrible que ce soit en soi d’avoir une pareille conviction à
l’égard du monde ? Car il nous hait à cause de Lui, non pas Lui à cause de nous. Ce ne sont
donc pas nos fautes qui sont la vraie cause, mais Sa grâce et Son excellence morale, Sa nature
et Sa gloire divines ; c’est la répugnance et l’inimitié du monde à l’égard de ce qui est de Dieu
et à l’égard de Celui qui est Dieu. Le monde hait le Père manifesté dans le Fils ; c’est
pourquoi il hait les enfants qui sont ceux du Père et qui ont été donnés au Fils. C’est Christ
qui a été haï en premier, et eux ensuite, à cause de Lui.

16.8.2 - Jean 15:19

Le monde aime à sa manière ceux qui sont du monde, en contraste flagrant avec la grâce qui
s’étend à l’étranger, au misérable et au perdu, à ceux qui nous ont fait du tort ou nous ont
outragés. Mais la grâce est honnie par-dessus tout par le monde, qui peut aimer la nature dans
son état déchu. Même la justice, qui implique la condamnation du pécheur, n’est pas aussi
répugnante pour le monde que ne l’est la grâce qui peut s’élever au-dessus des péchés qu’elle
condamne, en ayant de la compassion envers le pécheur pour le sauver par Christ et en Christ.
Il en est ainsi parce la grâce traite l’homme comme rien, et donne toute la gloire à Dieu :
l’indignité est intolérable pour la chair, dont la pensée est inimitié contre Dieu. C’est pourquoi
le monde a haï et rejeté Christ qui a révélé parfaitement Dieu, et L’a parfaitement glorifié
dans toute Sa nature et toutes Ses voies. C’est pourquoi aussi le monde nous hait, nous qui
confessons Christ, non seulement parce que nous ne sommes pas du monde, mais parce que
nous avons été choisis par Christ et tirés de lui, ce qui implique qu’il est sans valeur et
condamné. Pour le monde, l’amour divin est aussi odieux que la lumière divine.
482
16.8.3 - Jean 15:20

Le Seigneur rappelle alors à leurs pensées Sa parole qu’aucun esclave n’est plus grand que
son Maître. Ils devaient plutôt s’attendre à avoir Sa position, Lui qui a été méprisé et rejeté
des hommes. À cause de Lui, eux et leur enseignement seraient également odieux à ceux du
monde. S’ils M’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi ; s’ils ont gardé Ma parole, ils
garderont aussi la vôtre. Sa Personne et Sa Parole apportent Dieu trop près de leurs âmes ;
alors ils se retirent, ne voulant ni reconnaître leurs péchés, ni être débiteurs à la seule grâce
qui pardonne et délivre. Or cette aversion prend sa forme la plus forte là où la religion est
honorée, et où les hommes ont quelque caractère à perdre ; comme ces choses étaient vraies
au plus haut degré parmi les Juifs, c’est chez eux qu’a éclaté au plus haut degré un
ressentiment tel qu’il prétendait que leur devoir envers Dieu était de persécuter le Maître
d’abord, les disciples ensuite. Le Seigneur les avertit à l’avance en grâce, afin qu’aucune
peine ne leur tombe dessus par surprise.

16.8.4 - Jean 15:21

Mais Il fait davantage. Il donne aux Siens la consolation de savoir qu’en de tels moments, ce
pourrait être une affliction amère (comme déjà auparavant), de réaliser que tout le mépris et la
souffrance qu’ils endureraient de la part du monde serait à cause de Lui, en raison de
l’ignorance du monde au sujet de Celui qui L’avait envoyé, l’ignorance du Père. Combien
cela est profondément vrai ! Il est impossible qu’une religion professante puisse persécuter si
elle connaissait réellement Celui qui a envoyé Christ.

Il peut y avoir de la discipline selon Sa Parole, et il faut qu’il y en ait dans ce qui porte le nom
du Seigneur : autrement la grâce même qui y est connue tend à sombrer en dessous du niveau
du monde par manque de vigilance, de persévérance et de sainte discipline. Mais la discipline
est mondaine, et n’est jamais sainte, lorsqu’elle prend la forme de persécution. Que faut-il
penser quand ce qui s’attribuait le nom le plus élevé, faisait appel au bras civil [séculier] pour
exécuter le châtiment sur les corps des hommes pour le prétendu bien de leurs âmes ? Que
faut-il penser quand ceux-là cherchaient et trouvaient des moyens pour débuter les séances de
tribunaux ecclésiastiques par des tourments acharnés jusqu’au bout, dans le secret et dans une
cruauté implacable qui n’a jamais eu rien de comparable même dans ce monde de ténèbres ?
En vérité c’est absolument le même esprit de haine mondaine qui avait animé au début les
Juifs contre le Seigneur et Ses disciples, qui opéra plus tard dans l’église-monde, lorsqu’elle
changea son habit païen pour revêtir l’habit papal, et que le baptême fut adopté plus
facilement que la circoncision. « Mais ils vous feront toutes ces choses à cause de mon nom,
parce qu’ils ne connaissent pas celui qui m’a envoyé » (15:21).

Non ! Les formes ne servent à rien : Dieu veut avoir de la réalité, et jamais de manière plus
claire et plus absolue que depuis Christ et la croix, laquelle démontre le caractère vain de
l’homme religieux et des sanctuaires mondains. Le christianisme est venu à l’existence et a
été manifesté quand il a été démontré que l’homme, dans son meilleur état, n’était pas
seulement sans valeur devant Dieu, mais ne voulait avoir Dieu à aucun prix, pas même Dieu
dans la Personne et la mission de Son propre Fils venu en grâce. « Père juste, le monde ne
T’as pas connu » (17:25). Pourtant il n’y a pas de vie éternelle pour l’homme sinon dans la

483
connaissance du seul vrai Dieu, le Père, et de Jésus Christ qu’Il a envoyé (17:3). Le monde est
perdu, et nulle part ce n’est plus évident et plus coupable que quand, dans son orgueil
religieux, il hait Christ et ceux qui sont Siens.

La présence et le témoignage du Fils de Dieu ont eu les plus lourdes conséquences possibles.
Il n’y a pas seulement eu une bénédiction infinie en soi, et à la gloire de Dieu, mais les
hommes, et spécialement Israël, ont été laissés à l’état de réprouvés. La loi avait démontré la
faiblesse de l’homme et son péché, et elle met sous malédiction tous ceux qui se placent sur
un principe légal. Il n’y a pas de justes, personne qui recherche Dieu, personne qui fasse le
bien, non pas même un seul (Rom. 3:10-12). Les païens étaient mauvais de manière évidente,
mais les Juifs ont montré qu’ils l’étaient aussi par le moyen de la sentence incontestable de la
loi. Ainsi toute bouche a été fermée, et tout le monde est passible du jugement de Dieu. Mais
la présence de Christ a manifesté non seulement l’incapacité à satisfaire aux obligations sous
la loi, mais aussi la haine de la bonté divine descendue vers l’homme en parfaite grâce.
Comme le dit l’apôtre, Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec Lui-même, ne leur
imputant pas leurs fautes (2 Cor. 5:19). Quel changement immense ! Combien cela était digne
de Dieu de se révéler dans Son Fils, comme Homme parmi les hommes ! mais ils ne purent
pas supporter Ses paroles ni Ses œuvres, et même de moins en moins, jusqu’à ce que la croix
démontre un rejet absolu de l’amour sans limites de Dieu. Ce n’est ici ni le lieu ni le moment
de montrer, comme Paul l’a fait, comment l’amour divin s’est élevé par une victoire complète
au-dessus du mal et de la haine de l’homme, comme l’atteste le ministère de la réconciliation
fondé sur la croix (2 Cor. 5:19). Ici le Seigneur affirme la position et l’état solennels du
monde dans son antagonisme contre les disciples, après les avoir préparés à la persécution au
vu de sa haine d’eux et de Lui, et de son ignorance de Celui qui a envoyé leur Maître.

16.9 - Jean 15:22-23

« Si je n’étais pas venu, et que je ne leur eusse pas parlé, ils n’auraient pas eu de péché ; mais
maintenant ils n’ont pas de prétexte pour leur péché. Celui qui me hait, hait aussi mon Père »
(15:22-23). Le péché d’autrefois ou de toute manière a été englouti dans ce péché suprême par
lequel a été rejeté le Fils venu en amour, et qui parlait comme jamais homme ne parla (7:46),
— et non pas simplement cela, mais qui parlait comme jamais Dieu ne parla ; car par qui
aurait-Il parlé comme Il l’a fait dans le Fils ? Il était convenable que Celui qui est l’image du
Dieu invisible, le Fils unique qui est dans le sein du Père, parlât de manière bien plus
excellente que tous, comme Il est Lui-même au-dessus de tous, Dieu béni éternellement
(Rom. 9:5). Des esclaves avaient été envoyés, des prophètes avaient parlé ; et leurs messages
avaient une autorité divine ; mais ils étaient partiels. La loi n’a rien amené à la perfection.
Maintenant Celui qui a ainsi parlé autrefois à plusieurs reprise et en plusieurs manières, nous
a parlé dans le Fils (Héb 1:1). Il était leur Messie, le Fils de David, né là où et quand ils
L’attendaient, témoignage lui étant rendu non seulement par les signes et les prophéties, mais
par les miracles de puissance du monde à venir (Héb. 6:5) ; mais Il était davantage, et même
infiniment plus ; Il était le Fils de Dieu, inaccessible dans sa gloire propre, et pourtant ici-bas
le plus accessible des hommes, énonçant les paroles du Père comme jamais personne n’avait
parlé depuis le commencement du monde. Il n’y avait jamais eu sur la terre d’objet approprié
susceptible de faire jaillir de telles communications ; mais maintenant il y en avait un,
approprié à la fois en dignité personnelle, en intimité de relation et en perfection morale
comme homme. Les disciples en récoltaient le bénéfice ; les Juifs, le monde qui L’avait sous
les yeux et à leurs oreilles, en avaient la responsabilité. Il y avait eu des défauts et des

484
imperfections chez tous les autres qui avaient parlé pour Dieu et de la part de Dieu (sauf
quand ils parlaient dans la Parole inspirée), et cela avait affaibli l’effet de leur témoignage
quand les hommes regardaient à l’homme et oubliaient le Dieu qui les avait envoyés.

Mais maintenant le Père avait envoyé le Fils qui était venu et avait parlé non pas selon la loi,
mais en amour, la vraie Lumière brillant dans un monde de ténèbres qui ne la comprenait pas
(1:5), et le péché apparut comme jamais auparavant. Quel prétexte pouvaient-ils plaider
maintenant ? Il n’était pas question de l’homme et de sa faiblesse, ni d’aucune exigence de
devoir déterminée par les dix commandements, ou par quelque autre statut ou jugement
quelconque. Il y avait le Fils, la Parole devenue chair habitant au milieu des hommes, pleine
de grâce et de vérité, dans un amour divin qui s’élevait au-dessus de toutes les fautes et tous
les choses mauvaises, pour donner ce qui est de Dieu pour l’éternité, — mais qui ne trouva en
face de Lui que haine croissante jusqu’à son point culminant. Leur ignorance de Celui qui
avait envoyé Christ était sans doute à la base de leur haine à Son égard, mais elle était
inexcusable. Car Il était Dieu aussi bien que Fils du Père, et ainsi parfaitement capable de
présenter la vérité, et de rendre l’homme entièrement et manifestement coupable s’il ne se
courbait pas. Mais ne pas se courber, qu’est-ce que cela prouvait sinon le péché (sans excuse),
ainsi que la haine du Père dans le fait de haïr le Fils ?

16.10 - Jean 15:24-25

Il y avait un autre facteur aggravant de leur péché : les œuvres qu’Il avait opérées. Certains
homme sont affectés puissamment par des paroles appropriées, d’autres le sont davantage par
des œuvres qui expriment non la puissance seulement, mais la bonté, la sainteté et l’amour. Ici
ils avaient eu des œuvres et des paroles, en parfaite harmonie, qui se confirmaient
réciproquement, comme jamais il n’y en eut, sinon en Jésus le Fils de Dieu. Mais quel fut
l’effet ? « Si je n’avais pas fait parmi eux les œuvres qu’aucun autre n’a faites, ils n’auraient
pas eu de péché ; mais maintenant ils ont, et vu, et haï et moi et mon Père. Mais c’est afin que
fût accomplie la parole qui est écrite dans leur loi : Ils m’ont haï sans cause » (15:24-25).

Voilà la reconnaissance de l’homme en présence de la grâce divine. La pleine manifestation


de la grâce ne peut avoir d’autre résultat. La pensée de la chair est inimitié contre Dieu (Rom.
8:7). Non seulement il y a insoumission à Sa loi, mais haine de Son amour ; et ceci était
maintenant démontré. Cette démonstration n’aurait pas été complète s’il y avait eu là moins
que Jésus (même très peu moins que Lui), — Jésus présent, parlant et oeuvrant parmi les
hommes comme Lui l’a fait. Le témoignage était complet ; Celui qui est la somme, la
substance, le sujet et l’objet de tout témoignage divin, était là ; et ils L’ont vu, et ont vu le
Père en Lui ; et ils ont haï tous les deux ! Eux qui autrefois étaient le peuple de Dieu n’avaient
que du péché : ils étaient perdus. Tels ils étaient alors, tels ils demeurent encore, même si la
grâce fera en un autre temps des merveilles pour sauver la génération à venir. Mais la haine
du Père et du Fils est en soi irréparable, complète et finale.

La loi dont ils se vantaient pour rejeter leur Messie ne parle pas autrement ; au contraire elle
est accomplie dans la parole qui y est écrite à Son sujet ; elle a été longtemps en suspens au-
dessus d’eux, et maintenant elle était appliquée de Sa propre bouche à Sa propre Personne : Ils
M’ont haï sans cause. Combien cela est vrai et solennel ! « Ô Jérusalem, Jérusalem ! » (Matt.
23:37). Ô Israël, que n’as-tu pas perdu dans le Messie rejeté, dans le Père et le Fils également
vus et haïs ! Et que n’avons-nous pas gagné, nous qui étions autrefois de pauvres pécheurs

485
d’entre les Gentils !? Nous avons gagné la vie éternelle dans la connaissance d’un Dieu qui ne
demeure plus dans l’obscurité profonde, mais qui est pleinement révélé en Christ, et qui est
dans la proximité la plus étroite avec le croyant, Son Père et notre Père, Son Dieu et notre
Dieu. En vérité la chute d’Israël s’est avérée être la richesse du monde, et leur perte la vraie
richesse des nations. Mais les nations si bénies se vantent et sont hautaines : elles ne seront
pas plus épargnées que les Juifs qui, ne restant plus dans l’incrédulité, seront greffés de
nouveau, et ainsi tout Israël sera sauvé (Rom. 11:26). Entre temps, ils ont perdu leur Messie
pour leur ruine, et leur péché ne peut être caché.

Le Seigneur a ainsi préparé les Siens à la haine du monde, non seulement parce qu’Il l’a
connue avant eux, mais parce qu’elle est tombée sur Lui avec une intensité et une absence de
cause dépassant tout ce qui avait été vécu auparavant. Du fait que même leur loi en avait
donné l’avertissement à l’avance, ils étaient d’autant plus inexcusables. Mais rien n’est si
aveugle que l’incrédulité, ni si cruel que sa volonté irritée par la lumière de Dieu qui la traite
comme étant du péché, — et du péché refusant Dieu en grâce souveraine, le Père et le Fils.
Car, comme dit Paul quelque part, « ceux qui habitent à Jérusalem et leurs chefs, n’ayant pas
connu [Jésus], ni les voix des prophètes qui se lisent chaque sabbat, ont accompli celles-ci en
le condamnant », « c’est pourquoi la colère est venue sur eux au dernier terme » (Actes 13:27-
28 & 1 Thes. 2:16).

16.11 - Jean 15:26-27

Il semblait que tout dût être balayé par la rancœur meurtrière de l’homme, spécialement de
l’homme religieux. Mais il n’en fut pas ainsi. Certes le Seigneur devait mourir et souffrir, et
ceux qui Le suivaient dans la faiblesse ne devaient pas échapper au sort de leur Maître, dans
la mesure où il plaisait à Dieu de le leur laisser goûter ; et Lui était sur le point de quitter le
monde pour la gloire en haut, et depuis là, d’envoyer le Saint Esprit ici-bas comme un témoin
nouveau, divin et céleste.

« Mais quand le Consolateur [Paraclet] sera venu, lequel moi je vous enverrai d’auprès du
Père, l’Esprit de vérité, qui procède du Père, celui-là rendra témoignage de moi. Et vous aussi,
vous rendrez témoignage ; parce que dès le commencement vous êtes avec moi » (15:26-27).

Le Saint Esprit est vu ici comme envoyé d’auprès du Père par Christ monté au ciel, et par
conséquent témoin de Sa gloire céleste. Ceci est un pas de plus par rapport à ce que nous
avons vu au ch. 14 où Christ demande, et le Père donne le Paraclet pour être avec eux
éternellement, L’envoyant au nom du Fils. Ici le Fils Lui-même envoie, même si bien sûr,
c’est d’auprès du Père. L’Esprit de vérité est ainsi le témoin approprié de Christ tel qu’Il est
en haut ; les disciples aussi rendent témoignage, comme étant Ses compagnons et choisis pour
cela dès le commencement. Pour la première fois il est dit : « quand le Paraclet sera venu »
(15:26a), non pas simplement « sera donné » ou « sera envoyé ». Il est une Personne divine
dans le sens le plus complet, non seulement pour demeurer, enseigner et faire souvenir, mais
pour rendre témoignage de ce qui concerne Christ et dont les compagnons choisis du
Seigneur, les apôtres, ne pouvaient pas rendre témoignage. Car comme tels, ils ne pouvaient
pas aller au-delà de ce qu’ils avaient vu et entendu, en tout cas de ce qui relevait du domaine
de leur vécu avec Lui dès le commencement. L’Esprit de vérité qui procède du Père ne voulait
pas simplement les fortifier pour qu’ils puissent accomplir parfaitement leur tâche, mais en

486
tant qu’envoyé par Christ personnellement d’auprès du Père, Il voulait ajouter un témoignage
tout autre, relatif à une bénédiction jusque-là inconnue.

Ainsi la position des disciples est clairement définie, et ils pourraient désormais être appelés
chrétiens, le moment venu : non pas du monde, mais choisis par Christ du milieu de ce
monde, — ayant reçu le commandement de s’aimer l’un l’autre comme Christ les a aimés, et
haï du monde, — avec le Paraclet l’Esprit de vérité envoyé par Christ pour rendre témoignage
de Lui, de Qui ils rendraient aussi témoignage comme étant avec Lui dès le commencement.
Qui est assez compétent pour dire la gloire de Christ auprès du Père sinon l’Esprit de vérité
qui procède du Père et est envoyé par Christ exalté ? C’est ainsi qu’a été assuré le plein
témoignage — à Sa gloire moralement sur terre par les disciples (non pas toute fois sans la
puissance déjà garantie du Saint Esprit), et — à Sa gloire actuellement dans le ciel comme
l’Homme glorifié par Celui [le Saint Esprit] qui de toutes manières pouvait le mieux le faire
connaître.

Il est évident que ceux qui avaient personnellement suivi le Seigneur avaient une place
spéciale dans le témoignage rendu à Sa manifestation sur la terre ; et nous avons ce
témoignage dans les Évangiles aussi pleinement qu’il a plu à Dieu de le préserver de manière
permanente pour tous les saints. De même le témoignage du Saint Esprit à Sa gloire céleste a
été présenté par excellence dans les épîtres inspirées de Paul pour un usage également
permanent, bien que sans doute ce témoignage ne soit nullement limité à lui ou à elles.

Assurément la place de témoignage demeure en principe pour ceux qui sont de Christ, quel
que soit le changement de circonstances, et hélas ! d’état. Aussi certainement que Christ
demeure en haut et que le Saint Esprit est venu pour ne plus nous quitter jamais, non
seulement nous connaissons par la foi la relation du Fils avec le Père, et notre bénédiction en
vertu de cette relation, et en Celui qui est dans le Père comme Il est en nous (14:20), — mais
nous avons tout le bénéfice de Sa place comme le Vrai Cep sur la terre, du fait que nous Le
connaissons monté en haut et exalté, quelque chose de tout nouveau. Et du fait que nous
avons la joie de Sa relation avec le Père et avec nous, nous sommes appelés à Lui rendre
témoignage de toute manière. Merveilleuse consolation dans notre faiblesse ! Lui, l’Esprit de
vérité devait rendre témoignage de Jésus, et spécialement de Jésus là où personne ne peut être
avec Lui, personne sinon le Paraclet Lui-même, qui est compétent. Il n’était pas nécessaire de
répéter ici ou plus tard qu’Il demeure : ceci a été dit d’emblée en rapport avec nous (ch. 14), là
où Sa présence garantie avec nous a été mentionnée avec tant de grâce, de peur que nous ne
nous sentions orphelins. Mais si nous avons l’assurance consolante de Sa présence avec nous
pour toujours, c’est sans doute beaucoup plutôt pour rendre témoignage à la gloire de Christ
que pour notre consolation. Nous allons entendre parler davantage de cela dans ce qui suit, où
le Seigneur reprend ce sujet plus complètement.

17 - Chapitre 16
17.1 - Jean 16:1-6

Le Seigneur explique ensuite pourquoi Il parlait maintenant, et non pas auparavant, des choses
qui occupaient Son cœur et qu’Il faisait connaître aux disciples.

487
« Je vous ai dit ces choses, afin que vous ne soyez pas scandalisés. Ils vous excluront des
synagogues ; même l’heure vient que quiconque vous tuera pensera rendre service à Dieu. Et
ils feront ces choses, parce qu’ils n’ont connu ni le Père, ni moi. Mais je vous ai dit ces
choses, afin que, quand l’heure sera venue, il vous souvienne que moi je vous les ai dites ; et
je ne vous ai pas dit ces choses dès le commencement, parce que j’étais avec vous. Mais
maintenant je m’en vais (ύπάγω) à celui qui m’a envoyé, et aucun d’entre vous ne me
demande : Où vas-tu ? Mais parce que je vous ai dit ces choses, la tristesse a rempli votre
cœur » (16:1-6).

17.1.1 - Jean 16:1

Beaucoup allaient être scandalisés parmi les Juifs qui s’attendaient à tout sauf à ce que la
tristesse, la honte et la haine sans fondement soient la part de ceux qui suivent le Messie. Mais
le Seigneur considère les Siens en grâce ; et tandis qu’Il utilise l’épreuve pour la bénédiction
des forts, Il voulait protéger et fortifier les faibles, à la fois en les prévenant de l’indéfectible
mauvaise volonté du monde, et de la venue du Saint Esprit pour ajouter Son témoignage au
leur, face à la persécution des serviteurs comme de leur Maître. Combien ce qu’Il a dit ainsi
est précieux !

17.1.2 - Jean 16:2

On chercherait à se débarrasser des chrétiens et de leur témoignage de deux manières : la


première, en bloc par des hommes affectant le plus grand zèle pour l’autorité et la sainteté
divines ; l’autre contre des individus, allant jusqu’au point extrême de la mort pour exterminer
les malfaiteurs qui ne sont pas dignes de vivre. « Ils vous excluront des synagogues ; même
l’heure vient que quiconque vous tuera pensera rendre service à Dieu » (16:2). Impossible de
concevoir une rancœur plus meurtrière (pourtant approuvée de tous) que celle où tous ceux
qui en auraient envie pourraient prendre sur eux de tuer un disciple de Christ (y compris avec
le sceau et la loi des autorités), non seulement en toute impunité, mais en prétendant rendre
ainsi un service religieux à Dieu. Saul de Tarse en fournit un exemple notoire jusqu’à ce que
la grâce souveraine le choisit pour porter le nom du Seigneur devant tous, et souffrir de
grandes choses par amour pour Lui.

Sans doute, il y a une disposition chez les hommes en général à se battre pour leur religion,
quelle qu’elle soit. Mais il y a une raison spéciale pour accentuer l’inimitié du monde, et des
Juifs en particulier, contre les chrétiens. Toute mesure de vérité possédée par quelqu’un est,
pour la chair, le plus puissant motif pour détester, et s’offenser de ce qui revendique avoir
davantage de lumière ; or le christianisme ne peut que confesser la vérité dans toute sa
plénitude en Christ par le Saint Esprit envoyé du ciel. Celui qui confesse le Fils a aussi le
Père, tandis que celui qui renie les deux est l’antichrist (1 Jean 2:23). Et c’est ce vers quoi
tend toujours l’incrédulité orgueilleuse du judaïsme quand elle est confrontée au témoignage
de Christ. Ils dressent leur connaissance partielle et préparatoire contre cette révélation
complète qui ne pouvait pas exister avant que vienne Celui qui montre le Père, et qu’Il
accomplisse la rédemption éternelle. Quelle bénédiction pour les petits enfants de la famille
de Dieu que, si ce qu’ils ont entendu dès le commencement demeure en eux, eux aussi
demeureront dans le Fils et dans le Père ! (1 Jean 2:24).

488
Et ce qui se passait avec les Juifs, se passe aussi avec tous les systèmes ecclésiastiques de la
chrétienté qui, afin d’embrasser le plus grand nombre possible, se satisfont de la confession la
plus réduite et la plus basse, et sont donc exposés au piège du diable qui se met à l’encontre
de tout ce qui va au-delà de l’ABC chrétien. Ainsi, même les corps réformés se sont placés au
niveau de ce que leurs fondateurs ont appris quand ils sortaient du papisme, et sous prétexte
de refuser les innovations, ils s’opposent à tout le travail de l’Esprit qui ramène à la plénitude
de Christ dans la parole écrite qui existait longtemps avant la Réforme comme avant la
papauté. Eux aussi ont persécuté quand ils avaient quelque confiance en leurs propres
confessions, jusqu’à ce que, plus récemment, ils aient été tellement ravagés par l’indifférence
et l’activité du scepticisme qu’ils ne se soucient plus guère de quoi que ce soit pour aller
encore persécuter quelqu’un. Mais là où on tient ferme une mesure de vérité traditionnelle au
point de s’arroger le nom d’orthodoxie, il y a toujours de la jalousie vis-à-vis de l’action de
l’Esprit qui insiste sur Christ et sur une connaissance plus riche de Christ avec une puissance
nouvelle sur les cœurs des hommes, et qui en conséquence, revendique que la foi soit en
exercice.

17.1.3 - Jean 16:3

Comme les Juifs invoquaient l’unité de la Déité pour nier le Père et le Fils et l’Esprit, de
même maintenant les hommes résistent à la vérité du seul corps et du seul Esprit, se
consacrant à l’unité charnelle de Rome, ou se vantant de la rivalité active des sociétés
protestantes. Mais plus ils détiennent ne serait-ce qu’une part de vérité, comme une forme,
moins ils sont disposés à accepter l’activité de l’Esprit par la parole de Dieu comme un tout.
« Et ils feront ces choses, parce qu’ils n’ont connu ni le Père, ni moi » (16:3). Pourtant,
connaître le Père et le Fils, c’est là la vie éternelle, qui est la possession caractéristique de tout
chrétien par l’évangile, bien que les plus avancés soient marqués par la connaissance
approfondie de Celui qui est dès le commencement (1 Jean 2:14). Quand et où régnaient les
idoles, il fallait l’énergie de la grâce pour se tourner vers Dieu, le Dieu vivant et vrai ; là où
Dieu se fait connaître dans le Fils, la chair peut se prévaloir de la vérité ancienne qui n’est
plus contestée, ni ne coûte plus aucun sacrifice, et en même temps avoir sa langue animée du
feu de l’enfer pour blasphémer la pleine révélation qui teste la réalité de la foi et de la
fidélité ; la chair cherche à exterminer ceux qui rendent témoignage à son sujet. Le principe
est valable dans les petites choses comme dans les plus grandes, maintenant comme toujours.

17.1.4 - Jean 16:4

Mais comme le Seigneur préparait ainsi les disciples à des choses de la part du peuple de Dieu
professant plus dures que de la part des hommes totalement ignorants, de même maintenant Il
leur fait savoir ce qu’ils devront subir, afin que, l’heure venue, ils trouvent du réconfort en se
souvenant de Ses paroles. Comme l’épreuve qui arrivait était connue de Lui et qu’Il la leur
faisait connaître, ils pouvaient maintenant se fier à Son assurance d’amour et de bénédiction,
de délivrance et de gloire. Par ailleurs, Il explique pourquoi Il n’avait pas dit ces choses
auparavant. Il était avec eux, — leur bouclier et leur Paraclet ; quel besoin y avait-il alors d’en
parler ? Mais comme Il était sur le point de les quitter, il était bon de leur annoncer ces
choses ; cela les aiderait tous à travailler pour le bien.

489
17.1.5 - Jean 16:5-6

« Mais maintenant je m’en vais à celui qui m’a envoyé, et aucun d’entre vous ne me
demande : Où vas-tu ? Mais parce que je vous ai dit ces choses, la tristesse a rempli votre
cœur » (16:5-6).

Cette tristesse relevait plus de la nature humaine que de la foi. Il n’est pas étonnant qu’ils
aient été surpris d’apprendre que leur divin Maître allait les laisser avec une telle perspective
devant eux, avec si peu de manifestation des effets de Sa venue dans le monde ou même en
Israël. Ils avaient tout abandonné pour Le suivre : qu’est-ce que cela pouvait signifier ? Il les
avait déjà assurés qu’Il ne les laisserait pas orphelins, mais qu’Il venait à eux (14:18). Si leur
foi avait été plus simple, ils n’auraient pas seulement compté sur Ses soins d’amour pour eux,
mais ils auraient demandé où Il allait, et en auraient appris la portée sur Sa gloire et sur leur
bénédiction. C’est l’ignorance de Ses pensées qui remplit le cœur de tristesse à l’ouïe de Ses
paroles, car celles-ci sont esprit et vie (6:63), même si nous devons nous attendre à Dieu pour
nous en emparer intelligemment. Mais le Seigneur continue en révélant tout clairement dans
ce qui suit.

17.2 - Jean 16:7

Cela ouvre la voie à la vérité principale et spéciale que le Seigneur leur indique : la présence
et l’action du Saint Esprit envoyé du ciel. Le Fils voulait L’envoyer.

« Toutefois, je vous dis la vérité : Il vous est avantageux que moi je m’en aille ; car si je ne
m’en vais, le Paraclet ne viendra pas à vous ; mais si je m’en vais, je vous l’enverrai » (16:7).

Le Seigneur leur avait déjà dit que, s’ils L’avaient aimé, ils se seraient réjouis de ce qu’Il s’en
allait au Père (14:28). Que n’était-ce pas pour le Fils de l’homme humble, saint et souffrant,
de quitter la scène de Ses douleurs inégalées pour retrouver la présence de Son Père en haut ?
Maintenant, Il montre la relation entre Son départ et leur bénédiction nouvelle et plus
profonde. Il pouvait sembler étrange, surtout pour eux, de dire que la perte de Sa présence
corporelle devrait être un gain pour eux. Or il allait bien en être ainsi. La vérité n’est pas ce
qui semble être, mais la manifestation de ce qui est réellement ; et cela ne se trouve pas dans
le premier homme, mais dans le Second ; et nous ne pouvons le savoir que par l’Esprit.
Dorénavant, ce devait être établi et goûté plus que jamais. Car Christ allait au ciel sur la base
d’une rédemption accomplie, et de là Il allait envoyer le Saint Esprit aux saints sur la terre.
Dès lors, il leur était profitable que Christ s’en aille. Celui qui seul accomplissait tout bien
spirituel ne voudrait pas venir autrement. La volonté de Dieu devait d’abord être faite (Héb.
10: 5-10).

Et maintenant que le Seigneur s’en allait en haut, ayant obtenu une rédemption éternelle, le
Saint Esprit allait non seulement travailler comme Il ne l’avait jamais fait chez les enfants des
hommes ou chez les enfants de Dieu, mais le Saint Esprit allait venir personnellement et
prendre en charge entièrement les disciples et leurs affaires. Car tel est le sens de παράκλητος
(Paraclet), que le terme « Consolateur » (*) traduit imparfaitement. Il était venu en personne
demeurer en Jésus ; Il avait scellé le Fils de l’homme (6:27) ; Il L’avait oint de puissance.

490
Personne d’autre ne pouvait L’avoir ainsi jusqu’à ce que le jugement de Dieu sur le péché ait
eu son cours à la croix. Non pas que la compassion ou la fidélité de la bonté, ou toute autre
forme ou voie de l’amour divin ait fait défaut dans le passé ; mais cette présence de l’Esprit ne
pouvait pas avoir lieu jusqu’alors. Lors du baptême de Jésus, l’Esprit était ainsi descendu et
avait demeuré sur Lui, — sur Lui en tant qu’homme parfait sans qu’il y ait eu effusion de
sang, car Il ne connaissait pas le péché (2 Cor. 5:21). Mais les autres étaient des pécheurs, et
ceux qui croyaient avaient une nature pécheresse, malgré leur foi. La chair restait encore, et la
chair et l’Esprit sont contraires l’un à l’autre. Voici qu’intervient l’efficace de l’œuvre de
Christ. Dieu fut glorifié là et alors dans Sa croix, y compris quant au péché. Son sang purifie
de tout péché. Dieu « l’a fait péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en
lui ». « Ce qui était impossible à la loi, en ce qu’elle était faible par la chair, Dieu, ayant
envoyé son propre Fils en ressemblance de chair de péché, et pour [le] péché, a condamné le
péché dans la chair » (Rom. 8:3). Non seulement les mauvais fruits ont disparu, mais la racine
du mal qui les portait a été jugée et la sentence exécutée. L’Esprit pouvait désormais venir et
habiter en nous comme jamais auparavant, non pas comme si nous étions meilleurs que les
saints des siècles passés, mais en vertu de la mort de Christ et de sa valeur infinie aux yeux de
Dieu, et dans l’accomplissement du conseil divin.

(*) Il est frappant de voir comment presque tous les traducteurs anciens se sont sentis obligés
d’adopter le mot grec plutôt que de le traduire ; car il en est ainsi dans des langues différentes
comme le syriaque, le sahidique et le memphitique, le latin (l’ancienne version Itala comme la
Vulgate), l’éthiopien, l’arabe, le gothique, et le perse. La traduction arménienne donne le
« Consolateur » suivi par le géorgien et le slavon et, semble-t-il, par l’anglo-saxon à sa
manière, et certainement par Wyclif et son disciple-traducteur ; mais en 1 Jean 2:1, ils ont
« Avocat » comme la Vulgate et la version syriaque et d’autres.

Ceci est donc le caractère distinctif du christianisme. Ce n’est pas le royaume, avec Christ
régnant en tant que l’Éternel, en puissance et gloire, et l’Esprit répandu sur toute chair ; mais
Christ s’en allant pour être dans le ciel, et l’Esprit comme Paraclet envoyé et demeurant avec
les saints sur la terre.

17.3 - Jean 16:8-11

« Et quand celui-là sera venu, il fournira au monde la preuve de péché, et de justice, et de
jugement : de péché, parce qu’ils ne croient pas en moi ; de justice, parce que je m’en vais à
mon Père, et que vous ne me voyez plus ; de jugement, parce que le chef de ce monde est (ou
a été) jugé » (16:8-11).

17.3.1 - Jean 16:8

491
Le monde ne peut recevoir l’Esprit de vérité parce qu’il ne Le voit pas et ne Le connaît pas. Il
n’est perçu ni par les sens ni par l’intelligence. Quels que soient les effets ou manifestations
de Son énergie, Il demeure invisible en Lui-même et hors de la portée du monde. Mais les
saints Le connaissent, et savent que leur corps sont Son temple (1 Cor. 6:19), de même que
c’est par Lui qu’ils connaissent tout ce qu’ils connaissent réellement. Dieu nous a révélé par
Son Esprit ce qui est au-delà de l’intelligence humaine comme telle ; car l’Esprit sonde toutes
choses, même les choses profondes de Dieu ; et de même que l’esprit de l’homme connaît les
choses de l’homme, de même personne ne connaît les choses de Dieu si ce n’est l’Esprit de
Dieu (1 Cor. 2:10-11). Et cet Esprit, nous, en tant que chrétiens, nous L’avons reçu, — non
pas l’esprit du monde, mais l’Esprit de Dieu, afin que nous connaissions les choses qui nous
sont librement données de Dieu (1 Cor. 2:12). Et non seulement cela, mais elles nous sont
communiquées en paroles par Lui, et elles sont reçues par Sa puissance dans le croyant, aussi
véritablement qu’elles sont révélées par Lui : tout est par le Saint Esprit de Dieu (1 Cor. 2:13-
15).

17.3.2 - Traduction de έλέγξει fournir la preuve, convaincre

Ici nous avons Sa relation présente, non pas avec les saints, mais avec ce monde au-dehors. Et
le Seigneur nous dit que, quand il reviendra, Il έλέγξει le monde. Il est difficile de rendre
justement la force de ce verbe. « Réprouver », comme dans la Version Autorisée anglaise, est
un sens trop étroit, voire faux. « Réprimander » est ici hors de question. « Déclarer coupable »
s’applique difficilement, même à la première phrase, et pas du tout à la deuxième et à la
troisième ; « déclarer coupable » suppose un effet produit, qui peut ne pas réellement exister,
dans tous les cas. On ne peut pas non plus être satisfait de « convaincre », sauf dans le sens de
« fournir la preuve par Sa présence », plutôt que par Son action. Car, par Sa venue et Sa
demeure dans les saints à part du monde, Il donne à ce dernier une preuve démonstrative de
péché, de justice et de jugement.

17.3.3 - Jean 16:9

La loi traitait avec Israël comme étant sous la loi. Mais maintenant, c’est l’Esprit qui
manifeste le « péché » du monde ; et ce n’est pas parce qu’ils violent telle mesure divine du
devoir de l’homme, mais parce qu’ils rejettent le Fils de Dieu : « [Il convaincra le monde] de
péché, parce qu’ils ne croient pas en moi ». Il était venu en grâce ; rejeter cela était fatal. Ce
n’est pas simplement manquer à une obligation, mais c’est manquer en dépit de l’amour de
Dieu. Voilà la jauge véritable et effective du monde devant Dieu, Qui teste et démontre la
culpabilité de tout le système qui s’oppose à Lui par son ignorance incrédule et par le refus de
Son Fils, malgré un témoignage tout à fait complet. C’est le péché démontré.

17.3.4 - Jean 16:10

En outre, l’Esprit fournit une démonstration de « justice ». Où est-elle ? Dans la race du


premier homme ? Au contraire, il n’y a point de juste, non, pas même un seul. Et quant au
seul Juste, Jésus, nous avons vu qu’Il a été méprisé et rejeté des hommes, — rejeté par

492
personne de manière aussi vigoureuse que par les Juifs, et rejeté par le monde de manière
extrême. Où donc est la preuve de justice fournie par l’Esprit ? « Parce que je m’en vais à
mon (ou au) Père, et que vous ne me voyez plus ». La justice n’est que du côté de Dieu.
L’homme a condamné et a mis à mort le Juste ; Dieu L’a ressuscité d’entre les morts et L’a
fait asseoir à Sa droite. C’est là, et non pas ici-bas, que le Fils « allant au Père » est le témoin
permanent de la justice. Selon l’homme, Celui qui est venu dans le monde en amour, est
purement et simplement parti. Ils ne voulaient pas de Lui, et « vous ne me verrez plus » (Matt.
23:39). Il va revenir pour le monde en tant que juge, mais cela est une affaire totalement
différente et très solennelle. Pour les hommes, Il est perdu quant à Sa présence en grâce
comme à Sa première venue ; tout est clos pour Sa mission dans le monde de la manière dont
Il est venu. Et l’Esprit témoigne, et Il ne démontre que de la justice divine, d’une part en Lui
en haut, et d’autre part dans le fait que l’homme qui Le rejette est perdu, tandis que Lui ne
sera plus vu comme auparavant ici-bas.

17.3.5 - Jean 16:11

Mais encore, l’Esprit donne une preuve « de jugement » ; et ceci « parce que le chef de ce
monde est (ou a été) jugé ». Là encore, ce n’est pas une question du royaume en puissance et
en gloire quand l’Éternel punira l’armée d’en haut, en haut, et mettra à bas les rois de la terre
sur la terre, et tuera le dragon qui est dans la mer (Ésaïe 24:21 ; 27:1). Le chrétien sait ce qui
sera pour la délivrance du peuple terrestre et la joie de toutes les nations, mais il voit déjà par
la foi que Satan est jugé dans la mort et la résurrection et l’ascension de Christ. Le Saint
Esprit résume tout dans la personne de Christ ; et c’est là la grande démonstration pour le
monde. Son chef est déjà jugé en rejetant Celui qui a fait connaître le Père, qui a glorifié Dieu,
et qui est glorifié par Dieu. Tout est clos pour le monde en Celui qui est venu en amour, et est
monté en justice. Le maître du monde est jugé dans Sa croix.

17.4 - Jean 16:12-15

Les hommes sont enclins à se tromper doublement dans leur estimation de la relation du Saint
Esprit avec nous. Ou bien ils négligent l’immense effet de Sa présence et de Son
enseignement, ou bien ils Lui attribuent ce qui peut être simplement le fruit de la conscience
naturelle et de l’information diffuse. Notre Seigneur explique ici à Sa manière parfaite ce que
l’Esprit ferait une fois envoyé du ciel ici-bas, non pas maintenant en démonstration extérieure
pour le monde, mais en bénédiction positive et en aide aux disciples.

« J’ai encore beaucoup de choses à vous dire ; mais vous ne pouvez les supporter maintenant.
Mais quand Celui-là, l’Esprit de vérité, sera venu, Il vous conduira dans toute la vérité ; car Il
ne parlera pas de par Lui-même ; mais Il dira tout ce qu’Il aura entendu, et Il vous annoncera
les choses qui vont arriver. Celui-là me glorifiera ; car Il prendra de ce qui est à Moi, et vous
l’annoncera. Tout ce qu’a le Père est à Moi ; c’est pourquoi j’ai dit qu’Il prend du mien, et
qu’Il vous l’annoncera » (16:12-15).

17.4.1 - Jean 16:12


493
Il a été montré à maintes reprises — et dans ce chapitre très expressément — que la présence
de l’Esprit dépendait du départ de Christ au ciel, à la suite de la rédemption accomplie. Cela a
changé tout le fondement, outre le fait que cela a mis les saints dans l’état convenable pour la
vérité nouvelle, l’œuvre, le caractère et l’espérance du christianisme. Les disciples n’étaient
pas ignorants de la promesse que l’Esprit serait donné pour inaugurer le règne du Messie. Ils
connaissaient le jugement sous lequel demeurait le peuple élu « jusqu’à ce que l’Esprit soit
répandu d’en haut sur nous, et que le désert devienne un champ fertile, et que le champ fertile
soit réputé une forêt » (Ésaïe 32:15) ; le changement si vaste extérieurement, ne le sera pas
moins intérieurement, quand Dieu manifestera Sa puissance pour le royaume de Son Fils. Ils
savaient qu’Il répandrait Son Esprit sur toute chair ; non seulement sur les fils et filles, les
vieillards et les jeunes gens d’Israël, qui jouiraient d’une bénédiction au-delà de toutes les
faveurs temporelles, mais sur les serviteurs et les servantes — en bref, toute chair y ayant part,
et non pas les Juifs seulement (Joël 2:28-29).

Mais ici il s’agit du son entendu quand le grand Souverain Sacrificateur pénètre dans le
sanctuaire devant l’Éternel, et non pas seulement quand Il sort pour la délivrance et la joie
d’Israël repentant dans les derniers jours. C’est l’Esprit donné lorsque le Seigneur Jésus est
monté au ciel, et qui a été envoyé par Lui une fois qu’Il est parti. Cela, ils n’y étaient
absolument pas préparés, car en effet, c’est l’une des caractéristiques essentielles du
témoignage de Dieu entre le rejet des Juifs et leur réception ; l’Esprit, lorsqu’Il serait donné,
devait fournir ce que l’état des disciples ne pouvait pas supporter à ce moment-là. Car l’Esprit
sonde toutes choses, même les choses profondes de Dieu (1 Cor. 2:10) (et Il est un esprit, non
pas de crainte, mais de puissance, d’amour et de sobre bon sens, 2 Tim. 1:7), outre les faits
incalculables de l’œuvre de Christ dans la mort, la résurrection et l’ascension, dont Il
témoigne. Vraiment le Seigneur avait beaucoup de choses à dire, réservées au Saint Esprit
pour le moment où les disciples auraient leur conscience purifiée et pourraient entrer en pleine
liberté dans les lieux saints (Héb. 10:19-22), et où un Homme glorifié dans le ciel donnerait
occasion à la manifestation de tout ce qui est en Dieu, y compris pour le mystère caché dès les
siècles en Dieu (Éph. 3:9), dont seul l’apôtre Paul, et non pas Jean ni aucun autre, devait être
l’administrateur.

17.4.2 - Jean 16:13-14

Mais quel que soit l’instrument, quand l’Esprit de vérité sera venu, comme le Seigneur
l’indique ici : « Il vous conduira dans toute la vérité ». Deux raisons principales sont
indiquées pour cela, outre Sa compétence nécessaire comme personne divine. D’abord, Il
n’agira pas indépendamment, mais Il accomplira la mission pour laquelle Il a été
expressément envoyé. « Car Il ne parlera pas de par Lui-même ; mais Il dira tout ce qu’Il aura
entendu, et Il vous annoncera les choses qui vont arriver » (16:13). Deuxièmement, Son
objectif premier sera d’exalter le Seigneur Jésus, et c’est ce qu’Il réalisera certainement en
témoignage auprès des disciples. « Celui-là me glorifiera ; car Il prendra de ce qui est à moi,
et vous l’annoncera » (16:14).

Le lecteur doit faire attention de ne pas tomber dans l’erreur populaire, facilement suggérée
par la Version Autorisée anglaise au v. 13, comme si le sens signifiait que l’Esprit ne parlerait
pas au sujet de Lui-même. Car ce n’est pas vrai dans les faits, et bien sûr ce n’est pas le sens
voulu ici. L’Esprit parle largement sur Lui-même dans cet évangile, et en particulier dans la
section que nous étudions. Il le fait aussi en Romains 8, en 1 Cor. 2 et 12, en 2 Cor. 3, en

494
Éphésiens 1, 2, 3 et 4, et de nombreux autres passages de l’Écriture. Cela rend d’autant plus
étrange que même les plus simples n’aient pas appris que le sens à retenir ici, à savoir qu’il ne
parlera pas de par Lui-même, mais comme la phrase suivante l’explique, tout ce qu’Il
entendra Il le dira. Comme le Fils n’est pas venu pour agir de manière indépendante (quelle
que soit Sa gloire), mais pour servir Son Père — de même l’Esprit est venu pour servir le Fils,
et tout ce qu’Il entendra, Il le dira.

Mais il y a plus. Non seulement Il peut parler du Fils dans le ciel comme étant Lui-même
envoyé par Lui, et ainsi porter le témoignage le plus élevé à Sa dignité intrinsèque et à la
nouvelle position de Christ là-haut, — mais aussi Il n’a pas cessé d’être l’Esprit de prophétie.
Il allait même opérer ainsi abondamment en rapport avec la ruine totale du monde qui est en
vue, et en rapport avec la bénédiction qui attend le retour du Seigneur. « Et il vous annoncera
les choses qui vont arriver » (16:13c). On trouve abondamment la parole prophétique dans le
Nouveau Testament, non seulement dans les évangiles, mais aussi dans les épîtres, et par-
dessus tout dans le merveilleux livre de l’Apocalypse. L’effet en a été immense pour détacher
les saints du monde, celui-ci étant comme sous le jugement, bien que ce dernier puisse tarder.
Ils connaissaient ces choses auparavant, et tenaient donc bon leur fermeté. Néanmoins la
prophétie concernant la terre, même quand elle va jusqu’au royaume de Dieu sur terre, elle
n’est qu’une petite partie du témoignage de l’Esprit, et même une partie inférieure, si
étonnante et précieuse qu’elle soit en elle-même aux yeux de l’homme.

17.4.3 - Jean 16:14-15

La propre gloire de Christ, maintenant en haut, est l’objet directement en vue, de toutes
manières. « Celui-là me glorifiera ; car Il prendra de ce qui est à moi, et vous l’annoncera »
(16:14). Ici aussi tout est en contraste avec la lumière messianique ou la domination terrestre,
si grandes et justes soient-elles. « Tout ce qu’a le Père est à moi ; c’est pourquoi j’ai dit qu’Il
prend du mien, et qu’Il vous l’annoncera » (16:15). Il est envoyé ici-bas, pour glorifier non
pas l’église, mais Christ ; et Il le fait en recevant et rapportant ce qui est à Christ (et tout ce
que le Père a est à Christ, 16:15 et 17:10), et non pas en exagérant l’importance de l’homme
ou en permettant la volonté de l’homme. Ainsi, ce qui est à Christ n’était pas seulement
l’univers créé par Dieu, mais aussi la nouvelle création en relation avec le Père, et même tout
spécialement cette création.

17.5 - Jean 16:16-22

Mais il y a une autre annonce sur laquelle il fallait insister : le « peu de temps » avec son
résultat de tristesse et de joie.

« Un peu de temps et vous ne me verrez pas, et encore un peu de temps et vous me verrez,
(parce que je m’en vais au Père). Quelques-uns donc d’entre ses disciples se dirent les uns aux
autres : Qu’est-ce que ceci qu’il nous dit : Un peu de temps et vous ne me verrez pas, et
encore un peu de temps et vous me verrez, et : Parce que je m’en vais au Père ? Ils disaient
donc : Qu’est-ce que ceci qu’il dit : Un peu de temps ? Nous ne savons ce qu’il dit. Jésus donc
savait qu’ils voulaient l’interroger (έρωτάν), et il leur dit : Vous vous enquérez entre vous
touchant ceci, que j’ai dit : Un peu de temps et vous ne me verrez pas, et encore un peu de

495
temps et vous me verrez. En vérité, en vérité, je vous dis, que vous, vous pleurerez et vous
vous lamenterez, et le monde se réjouira ; et vous, vous serez dans la tristesse ; mais votre
tristesse sera changée en joie. La femme, quand elle enfante, a de la tristesse, parce que son
heure est venue ; mais après qu’elle a donné le jour à l’enfant, il ne lui souvient plus de son
angoisse, à cause de la joie qu’elle a de ce qu’un homme est né dans le monde. Et vous donc,
vous avez maintenant de la tristesse ; mais je vous reverrai, et votre cœur se réjouira : et
personne ne vous ôte votre joie » (16:16-22).

Le « peu de temps », quel qu’en soit le sens et dans tous les sens, sonnait étrangement à des
oreilles de Juifs, de même que Son départ vers le Père. Il n’est pas question ici de leur Messie
perdu ni du Fils de l’homme souffrant. Bien sûr, ceci est vrai et important à sa place, et
entièrement traité dans les dernières scènes des évangiles synoptiques. Mais ici nous voyons
et entendons le Fils de Dieu conscient, un homme mais aussi une personne divine, qui était
venu du Père, et était maintenant en train de retourner au Père. C’est dans l’esprit de ceci que
nous avons surtout besoin d’être, pour apprécier ce « peu de temps », et aussi pour apprécier
le christianisme, en contradiction avec qui était et ce qui sera. La résurrection a introduit les
disciples dans l’intelligence de ce « peu de temps », bien que ce ne puisse pas être totalement
tiré au clair avant Son retour. Les Juifs pensaient de manière certaine que quand le Christ
viendrait, Il demeurerait pour toujours. Le « peu de temps » était donc une autre énigme que
Sa mort et Son ascension ont résolue, et l’Esprit a montré ensuite que c’était lié à tout ce qui
est caractéristique de l’œuvre de Dieu présente pour la gloire de Christ. Nous anticipons par la
foi ce qui va venir, et qui sera manifeste à Son apparition.

Il est très frappant de voir combien le Seigneur évite ici d’introduire Sa mort en tant que telle ;
et c’est d’autant plus remarquable que cette mort est si importante dans les ch. 1, 2, 3, 6, 8, 10
et 12. Ici, elle est sans aucun doute partout sous-jacente, et la joie aurait été en effet bien
pauvre sans Sa tristesse infinie sur la croix. Mais cette heure solennelle est ici passée sous
silence de la manière suivante : « Un peu de temps et vous ne me verrez pas, et encore un peu
de temps et vous me verrez. En vérité, en vérité, je vous dis, que vous, vous pleurerez et vous
vous lamenterez, et le monde se réjouira ; et vous, vous serez dans la tristesse ; mais votre
tristesse sera changée en joie » (16:19b-20). Ce fut sûrement vrai quand Il ressuscita après Sa
courte absence, mais ce sera entièrement confirmé quand Il viendra pour eux pour ne plus se
séparer jamais. Et Il illustre cela par la plus familière de toutes les images de la tristesse se
terminant dans la joie (16:21-22). L’absence du Seigneur, c’est pour le monde qui cherche à
se débarrasser de Lui ; mais même maintenant, Sa résurrection est une joie que nul n’enlève.
Que sera-ce quand Il viendra pour nous recevoir auprès de Lui ?

Le Seigneur continue à présenter encore plus pleinement la bénédiction et le privilège qui


allaient découler de Son ascension au ciel, faisant ainsi ressortir l’amour du Père pour eux.

17.6 - Jean 16:23-24

« Et en ce jour-là vous ne me ferez pas de demandes. En vérité, en vérité, je vous dis, que
toutes les choses que vous demanderez au Père, il vous les donnera en mon nom. Jusqu’à
présent vous n’avez rien demandé en mon nom ; demandez, et vous recevrez, afin que votre
joie soit accomplie » (16:23-24).

496
17.6.1 - Jean 16:23 — Sens de « demander » ; à qui adresser les prières

Il est bien connu que les mots grecs que nous sommes à peu près obligés de traduire par
« demander » au v. 23 ne sont pas les mêmes, le premier (έρωτάω ; traduit en français par
JND par « faire des demandes ») exprime plutôt une sollicitation familière, le deuxième
(αίτέω ; traduit en français par JND par « demander ») une pétition humble. Ainsi, notre
Seigneur utilise souvent dans cet évangile le premier mot quand Il demande au Père en faveur
des disciples (17:9), mais Il n’utilise jamais le second mot. Il s’est abaissé bien bas en grâce,
mais Il a toujours été conscient d’être Fils de Dieu en chair, et néanmoins une personne
divine ; tandis que Marthe montre son appréciation superficielle de Sa gloire en supposant
qu’Il pourrait opportunément et avec succès faire appel à Dieu avec une supplication (11:22 ;
le second des deux mots ci-dessus).

Mais il semble excessif de dire que tout juge compétent admet que le « vous ferez des
demandes » de la première moitié du v. 23 n’a rien à voir avec le « vous demanderez » de la
seconde moitié, — ou qu’avec le premier, Christ revient au désir des disciples du v. 19 de
l’interroger. Pourtant c’est ce que pensent Euthymius Z., ainsi que la Vulgate et une foule de
modernes de Bèze à Trench, y compris de nombreux théologiens allemands et britanniques.
Mais si le mot έρωτάω se trouve souvent dans le Nouveau Testament, et même dans ce
chapitre, avec le sens ordinaire classique de « questionner » (interrogo), il est utilisé tout aussi
souvent ou plus pour « faire une requête » ou « supplier », etc. (rogo), comme dans la
Septante ; ce mot est donc comme le mot français « demander » [ask en anglais] qui signifie
« faire une requête » autant que « questionner » ou « s’informer ». L’expression « s’enquérir
de Dieu » dans l’Ancien Testament est, en fait, plus proche de la prière pour quelqu’un ou
quelque chose que d’une question. Il semble donc que faire varier le mot dans la langue de
traduction pour le v. 23 n’est pas la vraie solution (*), bien qu’assez évidente à première vue
et superficiellement ; les commentateurs grecs du début étaient ainsi plus proches de la vérité,
sauf Origène qui, comme les erroristes plus tard, a perverti le passage pour nier la bienséance
de prier en s’adressant à notre Seigneur, ce qui contredit franchement les disciples au
commencement (Actes 1:24), Étienne (Actes 7:59), et l’apôtre Paul (2 Cor. 12:8). Dans les
affaires relatives à Son service et Son assemblée, il est d’ailleurs plus approprié, selon
l’Écriture, de prier le Seigneur plutôt que le Père, vers qui nous nous tournons instinctivement
pour tout ce qui concerne la famille de Dieu en général.

(*) note Bibliquest : le texte original de WK dit ici : « Il semble donc que faire varier le mot
anglais au v. 23 n’est pas la vraie solution », en conséquence de quoi le texte anglais de WK
utilise « ask » dans tous les cas pour ce verset 23 et dans tout ce passage. — Or pour le
français, JND a quand même choisit de faire ressortir la différence des deux mots grecs en
traduisant « faire des demandes » dans le premier cas (έρωτάω) et « demander » dans le
second (αίτέω).

Le Seigneur veut réellement faire connaître le grand changement entre a) le recours à Lui
comme leur Messie sur la terre pour chaque difficulté, non pas seulement pour des questions,
mais pour tous les besoins journaliers, et b) cet accès au Père, dans lequel Il voulait les
introduire comme l’Homme agréé et le Sauveur glorifié en haut. Jusqu’à ce que la rédemption
soit connue, et que l’âme par grâce soit établie dans la justice, les croyants eux-même ont peur

497
de Dieu, et se cachent, pour ainsi dire, derrière Christ. Ils s’approchent en esprit, comme les
disciples le faisaient en fait, de Celui qui par amour est descendu du ciel pour les bénir et les
réconcilier avec Dieu. Mais ils ne savent pas vraiment ce que c’est de s’approcher en toute
liberté du trône de la grâce afin d’obtenir miséricorde et de trouver grâce (Héb. 4:16 et 10:19-
22). Ils ne sont pas dans la conscience distincte d’enfants devant leur Père, jouissant de la
liberté en Christ par l’Esprit d’adoption.

Ceci (il me semble que c’est ce que le Seigneur donne à connaître aux disciples) devait suivre
Sa résurrection et Son départ « en ce jour-là » : c’est un jour déjà venu, le jour de grâce, non
pas un jour de gloire, sauf dans la mesure où nous y entrons en vertu de Celui qui est monté et
a envoyé d’en-haut l’Esprit pour être en nous. Il leur avait déjà dit pleinement ce que l’Esprit
de vérité ferait en les guidant dans toute la vérité (16:12-15). Ici, Il substitue l’accès auprès du
Père pour tout dans la prière, aux demandes personnelles faites à Lui-même comme leur
Maître, toujours prêt à aider sur la terre. Il n’est donc pas question d’une déclaration d’après
laquelle on serait tellement enseigné de l’Esprit qu’on n’aurait plus à s’enquérir de rien ; il
s’agissait seulement de ne plus avoir à portée de main Celui à qui ils avaient eu l’habitude de
faire appel pour chaque difficulté qui survenait. Le Fils de Dieu sur le point de partir voulait
provoquer la confiance du cœur dans le Père.

D’où la solennité de faire connaître leur nouvelle ressource. « En vérité, en vérité, je vous dis,
que toutes les choses que vous demanderez au Père en mon nom, il vous les donnera (en mon
nom) » (16:23). Le texte diffère dans les manuscrits et autres autorités ; mais les meilleurs
d’entre eux placent « en mon nom », après l’assurance que le Père donnera, non pas après que
les saints demandent au Père : cette dernière leçon est pourtant mieux soutenue par les
anciennes versions. Il ne fait aucun doute, comme nous allons le voir, que les saints sont
encouragés à préférer faire leurs demandes au Père, et ils y ont droit sur la base de la valeur de
la révélation de Christ ; mais si la leçon plus ancienne est retenue au v. 23, nous avons la
vérité collatérale que le Père donne, en vertu de ce nom, tout ce que les saints Lui
demanderont. Combien cela est béni et réconfortant pour les saints ! Quel plaisir pour le Père,
et quel honneur pour le Fils ! Le rejet du Messie ne fait que tourner à Sa plus grande gloire et
à de meilleures bénédictions pour les Siens.

17.6.2 - Jean 16:24 — La prière du « notre Père »

Et cela continue au v. 24 : « Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom ;
demandez, et vous recevrez, afin que votre joie soit accomplie ». L’importance de ceci ne
peut guère être exagérée : Je ne veux pas parler simplement de la conséquence à en tirer sur
l’utilisation de la prière bénie [le « Notre Père »] donnée longtemps auparavant aux disciples,
mais sur la question plus large de leur abord d’une nouvelle relation, et d’une nouvelle
position par la rédemption et le don de l’Esprit. Au vu de ces paroles, cependant, il est clair
que se servir de cette prière [le Notre Père] ce n’est pas demander au Père au nom de Christ.
Les disciples avaient, sans doute, l’habitude de l’utiliser journellement ; pourtant jusqu’à
présent ils n’avaient rien demandé en Son nom. Car demander ainsi au Père au nom du Fils,
ce n’est que là qu’on a une prière chrétienne dans le vrai sens plein. Ceux donc qui insistent
pour revenir à la prière des disciples [le Notre Père], ceux-là n’entrent pas dans la nouvelle
position où le Seigneur établit ici tous ceux qui sont à Lui. Cela peut être fait avec révérence ;
mais est-ce la foi qui entre vraiment dans les pensées de Dieu et qui honore le Maître ? Je ne
le crois pas. Comme prière à utiliser lorsque les disciples ne savaient pas comment prier,

498
c’était la perfection ; comme modèle, elle demeure toujours pleine de profondes instructions.
Mais le Seigneur, maintenant à la fin de Sa carrière ici-bas, leur fait connaître les lacunes du
fondement et de l’objectif de leurs requêtes précédentes, et Il leur dit ce que devrait être à
l’avenir le caractère approprié de leurs requêtes grâce à leur nouvelle bénédiction toute
proche, et grâce à la rédemption et à l’ascension.

Dans le passé, il aurait été déplacé et présomptueux de la part des disciples de s’approcher du
Père comme le Fils le faisait, alors que Celui-ci, dans Sa sagesse et Sa bonté, leur avait donné
une prière parfaitement adaptée à leur condition du moment, quand l’œuvre de l’expiation
n’avait pas encore été faite, et que le Saint Esprit n’avait donc pas encore été donné. Mais
maintenant, comme nous l’avons déjà vu si souvent dans ce contexte, à la suite de la
glorification de Dieu par Christ sur la terre par Sa mort et Son ascension, le Saint Esprit allait
venir pour être en eux et avec eux. C’était le grand résultat du côté de Dieu, tandis que nous
avons déjà largement vu le résultat du côté des saints : ils demanderaient au nom de Christ, et
ils sont appelés à demander et à recevoir, afin que leur joie soit accomplie. La vie en Christ
s’écoulerait dans des désirs appropriés, auxquels le Saint Esprit conférerait puissance et
intelligence ; et assurément, en se tenant devant Lui avec un fondement et un motif tel que le
Fils de l’homme qui s’était consacré Lui-même à tout prix pour Sa gloire, le Père ne ferait
défaut en rien pour Sa part. Leur joie serait en effet absolument accomplie.

17.7 - Jean 16:25-28

« Je vous ai dit ces choses par des proverbes (allégories) (*) : l’heure vient que je ne vous
parlerai plus par proverbes (*), mais je vous parlerai ouvertement du Père. En ce jour-là, vous
demanderez (αίτήσεσθε) en mon nom, et je ne vous dis pas que moi je ferai des demandes
(έρωτήσω) au Père pour vous ; car le Père lui-même vous aime tendrement [ou : avec
affection], parce que vous m’avez aimé tendrement [ou : avec affection] et que vous avez cru
que moi je suis sorti d’auprès (μαρά) de Dieu. Je suis sorti d’auprès du Père, et je suis venu
dans le monde ; et de nouveau je laisse le monde, et je m’en vais au Père » (16:25-28).

(*) note Bibliquest : JND traduit « par des similitudes »

17.7.1 - Jean 16:25

C’est dû, je présume, au sens large et varié du mot hébreu « mashal » que nous avons deux
mots en grec : παροιμία [JND traduit par « similitude »] ainsi que παραβολή [JND traduit par
parabole] ; ces deux mots sont utilisés également, non seulement dans la Septante, mais dans
le Nouveau Testament ; les Évangiles synoptiques utilisent toujours le deuxième terme et Jean
seulement le premier, comme dans Jean 10 et ici. Peut-être « allégorie » pourrait être plus
approprié, ou même un « propos obscur » dans notre chapitre où les termes « parabole » et
« allégorie » ne peuvent guère s’appliquer. Un examen attentif de l’usage de ces mots révèle
que les deux mots grecs sont employés avec une latitude considérable dans les quatre
évangiles, comme ailleurs.

499
Ici, le Seigneur était conscient que ce qu’Il exprimait ressemblait à des énigmes aux oreilles
de Ses disciples. Sa simple déclaration ou information au sujet du Père serait entièrement
clarifiée en son temps. Y a-t-il quelque chose qui soit resté non clarifié par Sa résurrection,
Ses apparitions et Ses conversations du premier au dernier jour des quarante jours après celle-
ci, ainsi que par Son ascension ? Prenez seulement le message communiqué par Marie de
Magdala, au premier jour de la semaine. N’a-t-Il pas clairement parlé au sujet du Père, qui
était désormais le Sien et le leur ? Le fait qu’Il était Son Dieu et leur Dieu, n’était-ce pas un
signe profond de bénédiction ? Mais par-dessus tout, quand Il a témoigné par le Saint Esprit
envoyé du ciel, la vérité n’a-t-elle pas éclaté plus que jamais ? Il leur a alors fait connaître le
nom de Son Père ; une fois monté en haut, Il devait le faire connaître (17:26), et Il l’a fait
connaître de manière encore plus effective depuis là-haut.

17.7.2 - Jean 16:26a

Cela s’est aussi tourné chez eux (c’était le but) en une appréciation croissante de la valeur du
nom de Christ. « En ce jour-là, vous demanderez (αίτ.) en mon nom ». Demander en Son
nom, ce n’est pas simplement à cause de Christ comme motif, mais dans la valeur de ce qu’Il
est Lui-même et de Son acceptation. Sa valeur est mise en totalité au compte de ceux qui
demandent ainsi ; et combien, aux yeux du Père, cela est précieux et prévaut sur tout !
Combien cela glorifie à la fois le Père et le Fils ! Combien cela est humiliant et néanmoins
fortifiant pour les saints eux-mêmes ! C’est ce à quoi tout chrétien a droit maintenant ;
personne n’en avait jamais joui auparavant. Il n’y a jamais eu une âme bénie sur terre en
dehors de Lui et de l’œuvre qu’il était prévu qu’Il fasse ; mais ici il y a une proximité et une
acceptation connues et appliquées même à nos demandes, en vertu de ce que Lui-même a été
pleinement révélé, une fois que Son œuvre a été achevée et agréée [ou : acceptée] dans une
efficace infinie.

17.7.3 - Jean 16:26b-27

« Et je ne vous dis pas que moi je ferai des demandes (έροτ.) au Père pour vous ; car le Père
lui-même vous aime tendrement [ou : avec affection], parce que vous m’avez aimé
tendrement [ou : avec affection] et que vous avez cru que moi je suis sorti d’auprès de Dieu ».
C’est une autre de ces phrases sur lesquelles achoppent les hommes et les érudits, mais aussi
des saints, parce que nombre de croyants ne jouissent même pas de cette vérité ; et pour
comprendre ce dont traitent l’évangile et les épîtres de Jean, il faut vraiment y entrer dedans.
Ce v. 26 ne nie nullement l’intercession de Christ pour nous, et de même, le v. 23 n’interdit
pas au serviteur de prier son Seigneur au sujet de Son travail et de Sa maison. Ce n’est pas
une déclaration absolue, et il n’est pas du tout nécessaire de faire appel à la technique de la
prétérition, comme on l’appelle, pour transformer une négation en affirmation forte, auquel
cas cela voudrait dire : « Je n’ai pas à vous assurer que je vais faire des demandes au Père
pour vous ». Ce n’est pas de cela qu’il s’agit, mais c’est tout simplement une ellipse, que les
mots suivants expliquent : « Je ne dis pas que je ferai des demandes au Père pour vous,
comme s’Il ne vous aimait pas ; car le Père Lui-même (proprio motu, de son propre
mouvement) vous aime tendrement, etc. ». Ceci aussi explique les mots d’affection spéciale,
φιλεί et πεφιλ., qui suivent. C’était la grâce, l’attraction du Père, qui leur faisait entendre la
voix du Fils et croire en Lui ; cependant le Seigneur parle de ce que le Père les aime

500
tendrement et de ce que eux ont tendrement aimé Celui à qui ils s’accrochaient en vérité,
quoique faiblement. Ils avaient cru qu’Il était sorti d’auprès de Dieu. Ils croyaient vraiment
qu’Il était le Christ de Dieu, et né de Dieu. C’était l’enseignement divin, et la grâce divine,
pour sa part.

17.7.4 - Jean 16:28

Mais c’était bien en deçà de la pleine vérité qu’Il se met à leur révéler : « Je suis sorti
d’auprès du Père, et je suis venu dans le monde ; et de nouveau je laisse le monde, et je m’en
vais au Père » (16:28). Ici, ils étaient tout à fait pris de court. Ils ne comprenaient encore que
peu, ou rien, de Sa pleine gloire divine et éternelle comme le Fils du Père. Dieu le Père était
pleinement révélé, sans doute, dans le Fils ; mais il fallait la présence et la puissance de
l’Esprit, envoyé en personne, pour leur donner la communion avec Lui donné ainsi à
connaître. C’est cela qui introduit dans une heureuse liberté, quand la conscience est purifiée.
Voilà donc ce dont tant de saints sont encore ignorants, étant dans l’état d’âme à peu près
identique à celui où les disciples étaient alors ; car bien qu’ils voient plutôt mieux la gloire du
Fils, ils manquent à voir en Lui et en Son œuvre leur droit à se reposer dans l’amour du Père.

Il est frappant de remarquer le contraste tout au long de cette série de discours avec les
évangiles synoptiques, où la mort de Christ est placée comme le sujet le plus important ; ici
c’est le fait d’aller au Père. Combien cela est fidèle au dessein que le Saint Esprit a imprimé
sur le récit de Jean !

Il serait difficile de trouver un verset de Jean qui présente de manière à la fois plus laconique
et plus complète le caractère de son évangile que celui que nous avons devant nous (16:28) ;
ni un verset moins bien réellement saisi par les disciples, tant aujourd’hui qu’alors. Sa relation
divine et Sa mission de la part du Père sont clairement révélées sur terre avant que ces
disciples ne Le rejoignent en haut. Sa présence comme homme dans le monde, autant que Son
départ du monde, et Son retour au Père ; Sa qualité néanmoins de Fils, maintenant devenu
homme, avec les immenses résultats de tout cela pour Dieu, et plus particulièrement pour les
saints — voilà de grandes vérités qui transcendent totalement toute gloire messianique
remplissant encore les esprits de ceux qui Le suivaient ; ceux-ci prouvaient combien peu ils
connaissaient, par le fait même qu’ils pensaient tout connaître clairement.

17.8 - Jean 16:29-30

« Ses disciples lui disent : Voici, maintenant tu parles ouvertement, et tu ne dis aucune
parabole. Maintenant nous savons que tu sais toutes choses, et que tu n’as pas besoin que
personne te fasse des demandes ; à cause de cela, nous croyons que tu es venu de Dieu »
(16:29-30).

Leur propre langage les trahissait. Ses paroles étaient toutes simples, et ils n’en avaient pas
saisi la profondeur. Ils n’avaient aucune idée du changement puissant qui allait intervenir,
partant des pensées qu’ils avaient tirées et amassées au sujet du royaume tel que révélé dans
l’Ancien Testament, et arrivant au nouvel état de choses qui suivrait Son absence auprès du
Père en haut, avec la présence de l’Esprit ici-bas. Tout semblait clair à leurs oreilles ; mais

501
même jusqu’à l’Ascension, ils n’en eurent qu’un faible aperçu, si tant est qu’ils en aient même
eu un. Jusqu’au dernier moment, ils s’accrochèrent aux espérances d’Israël, et celles-ci, sans
doute, restent encore à accomplir un jour. Mais ils ne comprenaient pas ce qu’était ce jour-là,
au cours duquel les Juifs seraient traités comme des réprouvés, du fait qu’ils Le rejetaient,
tandis que ceux qui sont nés de Dieu allaient être placés dans une relation immédiate avec le
Père, en vertu de Christ et de Son œuvre. Son retour au Père était encore une parabole, bien
que le Seigneur ne corrigeât pas leur erreur, car c’était en effet inutile : ils apprendraient assez
vite combien ils étaient ignorants. Mais au moins, ils avaient déjà la conscience intime que
Lui savait tout, et que, comme Il pénétrait leurs pensées, Il n’avait pas besoin qu’on Lui fasse
des demandes. « À cause de cela, nous croyons que tu es venu de Dieu ». Indiscutablement :
mais combien ce qu’ils confessaient ainsi était en dessous de la vérité qu’Il venait de
confesser ! L’Esprit de Son Fils envoyé dans leur cœur leur donnerait en temps voulu de
connaître le Père : la rédemption accomplie et agréée pouvait seule en jeter les bases
nécessaires.

17.9 - Jean 16:31-33

« Vous croyez maintenant ? Voici, l’heure vient, et elle est venue, que vous serez dispersés
chacun chez soi, et que vous me laisserez seul ; — et je ne suis pas seul, car le Père est avec
moi. Je vous ai dit ces choses, afin qu’en moi vous ayez la paix. Vous avez (*) de la
tribulation dans le monde ; mais ayez bon courage, moi j’ai vaincu le monde » (16:31-33).

(*) « vous aurez » est l’erreur du manuscrit D et de beaucoup de cursives, ainsi que la plupart
des copies latines, suivis par les Elzévirs, mais non pas par Étienne (sauf dans son édition de
1550). « Vous avez » est donné par aleph, A, B, C, L et plus d’une douzaine de manuscrits
onciaux. Beaucoup des anciennes versions sont erronées sur ce point, sauf quelques-unes
(syriaque, Memph, quelques anciennes latines). — Note Bibliquest : Carrez et la TOB
donnent « vous avez » tandis que le Nouveau Testament en français courant donne « vous
aurez ».

Leur foi était réelle, mais ils allaient bientôt montrer combien elle s’avèrerait petite à l’heure
de l’épreuve une fois venue. Le doute n’étant jamais justifiable, il est bon, dans notre
faiblesse, de vivre dans une dépendance constante. Quand nous sommes forts à nos propres
yeux, nous sommes faibles en pratique ; quand nous sommes faibles, nous sommes forts dans
la grâce de notre Seigneur Jésus. Mais ! Quel Sauveur ! et quels disciples ! Ils se dispersèrent
chacun chez soi, et Il fut laissé seul à l’heure où Il avait le plus grand besoin ! Quel cœur autre
que le Sien se serait empressé d’ajouter après une telle désertion de leur part : « et je ne suis
pas seul, car le Père est avec moi » ? Qui d’autre que Lui aurait pu ajouter, spécialement à de
tels saints et dans de telles circonstances : « Je vous ai dit ces choses, afin qu’en moi vous
ayez la paix » ? ou qui d’autre que Lui aurait pu donner un fondement suffisamment solide
pour avoir la paix, au moment même où ils allaient être en face de leur portion de trouble dans
ce monde ? « Ayez bon courage, moi j’ai vaincu le monde ». Christ était le seul à pouvoir
sentir et bénir de cette manière, et ainsi ces paroles sont dignes de Lui. On ne sait ce qu’on
doit le plus admirer, leur autorité divine ou leur grâce incomparable qui concorde à notre
502
besoin ici-bas. Comme Il est absolument ce qu’Il dit (8:25), ainsi il dit ce qu’Il est, pour le
réconfort sans faille du croyant.

Une caractéristique frappante de notre évangile est l’omission des douleurs de Gethsémané, et
encore plus de Son abandon par Dieu sur la croix. Or ni l’un ni l’autre ne cadraient avec le
récit de Jean qui fait ressortir la gloire de Sa personne, qui avait à faire la volonté de Celui qui
L’avait envoyé, et à accomplir Son œuvre. D’autres font ressortir Son rejet complet et Son
humiliation [Matthieu], le service que Lui a accompli [Marc], et la profondeur de Sa
sympathie comme l’Homme parfait [Luc]. Jean voit, entend et relate le Fils au-dessus de
toutes les circonstances, l’objet du Père et Celui qui révèle le Père, même quand est venue
cette tribulation qui les a dispersés, et cet abandon de Dieu, insondable sauf pour Lui.

Avec tout cela devant Lui, Il prononça ce qu’Il dit ici afin qu’en Lui ils puissent avoir la paix ;
et Lui-même marchait ainsi dans la paix. Dans le monde, la tribulation allait être leur part, non
pas comme pour les Juifs, en rétribution à une heure spécifiée et déterminée (Jér. 30:7 ; Dan.
12:1 ; Matt. 24:21 ; Marc 13:19) au temps de la fin, ni non plus à titre préparatoire en
attendant (Luc 21:22-24), mais de manière habituelle pour ceux qui ne sont pas du monde, et
qui peuvent donc être une proie. Pourtant, ils sont appelés à avoir bon courage, comme
connaissant Celui qu’ils ont cru, et Sa gloire et Sa grâce qui a vaincu le monde. Quelle source
et quel encouragement, pour permettre de surmonter un ennemi déjà vaincu ! Lui seul a
vaincu en effet ; nous, nous nous attendons à Celui qui donne la puissance pour toutes choses.
« Et c’est ici la victoire qui a vaincu le monde, savoir notre foi. Qui est celui qui est victorieux
du monde, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ? » (1 Jean 5:4-5).

18 - Chapitre 17
On peut dire qu’un caractère du chapitre 17 est d’être sans égal dans toutes les Écritures quant
à la profondeur et à la portée. La sainteté, le dévouement, la vérité, l’amour, la gloire y
règnent tout du long. Qui s’en étonnerait au vu de sont caractère unique : il s’agit du Fils
ouvrant Son cœur au Père peu avant de mourir et de laisser les Siens pour aller au ciel ?
Cependant, aussi intéressant et important que cela soit, le privilège si extraordinaire qui est le
nôtre est d’entendre le Fils s’adresser ainsi au Père. Tout ceci peut bien remplir nos cœurs du
sens de notre totale insuffisance pour parler convenablement sur de telles communications.
Néanmoins, comme le Seigneur a prononcé tout cela aux oreilles des disciples, le Saint Esprit
s’est plu également à reproduire Ses paroles avec une précision divine. Ces paroles sont donc
maintenant pour nous, comme elles l’étaient alors pour les favorisés qui suivaient le Seigneur.
Encouragés par cette grâce, nous désirons compter sur l’intérêt réel et vivant que le Seigneur a
pour nous, et sur la fidélité de Celui qui habite encore en nous pour Le glorifier en prenant de
ce qui est à Lui et en nous le montrant (16:14-15).

18.1 - Jean 17:1-5

« Jésus dit ces choses, et leva ses yeux au ciel, et dit, Père, l’heure est venue : glorifie ton Fils,
afin que ton Fils te glorifie, selon que tu lui as donné autorité sur toute chair, afin que, [quant
à] tout ce que tu lui as donné, il leur donne la vie éternelle. Et ceci est la vie éternelle, qu’ils te

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connaissent seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ. Moi, je t’ai glorifié sur la
terre, j’ai achevé l’œuvre que tu m’as donnée à faire ; et maintenant glorifie-moi, toi, Père,
auprès de toi-même, de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde fût » (17:1-5).

18.1.1 - Jean 17:1

Le Seigneur a fini Ses instructions d’adieu à Ses disciples ; ils avaient désormais à rendre
témoignage de Lui et pour Lui, du fait qu’Il allait les quitter, Son propre témoignage
personnel étant maintenant achevé. Il leur avait parlé non seulement de manière complète,
mais Il leur avait promis d’envoyer le Saint Esprit du ciel après Son départ afin qu’il y ait à la
fois de la puissance et de la vérité. Sous le ciel donc, le Sauveur lève les yeux en s’adressant à
Son Père. Lui qui, même comme Fils de l’homme, est dans le ciel en tant que Personne divine
(3:13), Il allait y aller et y être présent corporellement une fois l’œuvre de la rédemption
effectuée. En vertu de cette œuvre accomplie dans la mort, et démontrée en résurrection, Il
allait s’asseoir là-haut, Témoin du caractère infiniment agréable de cette œuvre. Son ministère
propre sur la terre s’était pleinement exercé à la fois envers les hommes et envers les
disciples. Il se tourne vers le Père comme toujours, mais en laissant les Siens L’écouter, car Il
voulait ouvrir Son cœur ; Il le voulait certes au sujet de Lui-même et de Son œuvre, mais
encore plus à leur sujet, car Il restait toujours l’Envoyé et le Serviteur en amour divin,
quoiqu’Il fût Seigneur de tout. Il avait regardé vers le ciel quand Il avait béni et rompu les
cinq pains pour nourrir les cinq mille (Marc 6:41). Il avait regardé vers le ciel en soupirant
lorsqu’Il avait donné au bègue-sourd d’entendre et de parler (Marc 7:34). C’est en haut qu’Il
regarda au tombeau de Lazare, et Il dit : Père, je te rends grâce de ce que tu m’as entendu
(11:41). Et ici Il lève une fois de plus les yeux et dit : « Père l’heure est venue, glorifie ton
Fils afin que ton Fils te glorifie » (17:1). Il est toujours une Personne Divine, le Fils, mais Il
est en chair ; Il n’est pas ici comme dans les autres évangiles, le rejeté qui souffre en agonie,
mais Il est le parfait exécutant des desseins de Dieu, célestes et éternels, et comme Fils, la
manifestation du Père.

18.1.2 - Jean 17:1-2

C’est pourquoi, quelle que soit la nécessité et l’importance extrême de Sa mort sans laquelle
tout le reste aurait été vain pour la gloire de Dieu en présence du péché et de la ruine, Il n’en
parle nulle part ici ; Il ne demande pas non plus la résurrection, mais seulement la
glorification. En outre, le nom du Père, tellement mis en avant dans cet évangile, et
spécialement dans ces discours finaux à Ses disciples, est à l’évidence encore plus abondant
dans ce chapitre. C’est en effet la caractéristique du chrétien ; même dans la forme la plus
simple de Sa bénédiction, les plus jeunes, les petits enfants sont décrits par notre apôtre
comme ayant la connaissance du Père (1 Jean 2:13) : c’est un privilège merveilleux, rendu
possible seulement par le fait de la venue du Fils de Dieu et de la rédemption opérée, dont on
ne peut jouir que par le Saint Esprit qui est donné, l’Esprit d’adoption. Or comme au
commencement le zèle de la maison de Son Père Le dévorait (2:17), ainsi ici Son cœur est
occupé à glorifier Son Père dans ce ciel vers lequel Ses yeux se lèvent. « Père l’heure est
venue : glorifie Ton Fils », mais même dans ces conditions, c’est encore « afin que ton Fils te
glorifie » (17:1). Devenu homme, Il demande au Père de Le glorifier ; Il est Fils, et une fois
glorifié au ciel, c’est encore pour glorifier le Père. « Comme tu lui as donné autorité sur toute

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chair, afin que, [quant à] tout ce que tu lui as donné, il leur donne la vie éternelle » (17:2).
Bien qu’Il fût Dieu, Il n’exerce aucun pourvoir de son propre chef ; Il tient fidèlement la place
dans laquelle Il s’est plu à venir, et comme homme Il reçoit l’autorité de la part du Père, mais
une autorité inconcevable s’Il n’était pas Dieu, à la fois à cause de l’universalité de la sphère
où elle s’exerce, et à cause de la particularité de Son objet. Car l’autorité qui Lui a été donnée
est « sur toute chair » ; et le but spécial maintenant, quant à tout ce que le Père Lui a donné,
c’est de leur donner la vie éternelle. Ainsi le droit de notre Seigneur s’étend sans limite, le
Gentil n’en étant pas plus écarté que le Juif, tandis que la vie éternelle n’est la part que de
ceux que le Père Lui a donnés, comme ailleurs il est dit qu’elle n’appartient qu’au croyant.

18.1.3 - Jean 17:3

Ceci conduit à l’explication de la « vie éternelle » en question. La vie pour toujours, la vie
pour l’éternité, était déjà la bénédiction commandée par l’Éternel sur les montagnes de Sion
(Ps. 133:3) ; et d’entre les nombreux Juifs qui dorment dans la poussière de la terre, quelques-
uns se réveilleront pour la vie éternelle, tandis que d’autres seront un objet de honte et de
mépris éternel (Dan. 12:2). Or ces deux passages de l’Écriture évoquent ce grand virage pour
la terre, le royaume au moment où il viendra en puissance et en gloire. Le Seigneur parle de la
vie comme donnée en Lui à la foi maintenant. « Et c’est ici la vie éternelle, qu’ils te
connaissent seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ » (17:3). Si on veut la
distinguer d’avec ce qui doit être goûté dans le royaume bientôt manifesté, elle réside, quant à
son caractère, dans la connaissance non pas du Très-Haut, possesseur des cieux et de la terre,
avec le vrai Melchisédec sacrificateur sur Son trône (Gen. 14 ; Zach. 6:13 ; Héb.7), mais dans
la connaissance du Père et de Celui qu’Il a envoyé, le seul vrai Dieu maintenant pleinement
révélé dans le Fils, le seul médiateur entre Dieu et l’homme (1 Tim. 2:5). Si l’on distingue du
passé, ce n’est plus le Dieu Créateur donnant des promesses aux pères protégés et logeant à
l’ombre du Tout-Puissant (Ps. 91:1) ; ce n’est pas encore les fils d’Israël en relation avec le
nom de l’Éternel, le gouverneur moral de cette nation élue. Mais les enfants de Dieu
possèdent maintenant la révélation du Père et de Jésus Christ qu’Il a envoyé ; et cette
connaissance est identifiée, non avec des promesses ni avec du gouvernement, mais avec la
« vie éternelle » comme une chose présente en Christ, la part de tout croyant. Il n’est pas
possible que Dieu accorde ni que l’homme reçoive une bénédiction plus profonde ; car c’est
exactement ce qui a caractérisé le Seigneur Lui-même, qui est la vie éternelle qui était auprès
du Père et qui nous a été manifestée (1 Jean 1:2). De Christ seul on peut dire qu’il est cette
vie ; nous comme croyants, nous ne sommes pas la vie éternelle, mais nous l’avons en Lui ; et
comme elle n’est reçue que par la foi, c’est pareillement par la foi qu’elle est exercée,
soutenue et fortifiée.

On peut noter en outre, que comme la vie éternelle se rattache à la connaissance du Père, le
seul vrai Dieu, en contraste avec les nombreux faux dieux des Gentils, ainsi elle ne peut être
que là où Christ est connu comme Celui que le Père a envoyé, en contraste avec Son rejet par
les Juifs qui a produit leur profonde culpabilité et leur ruine. Ni le Fils ni le Saint Esprit ne
sont exclus de la Déité, comme cela est prêché et admis ailleurs, en égalité avec le Père, tant
pour le Fils que pour le Saint Esprit. Le but de ce v. 3 est d’affirmer la Déité du Père et de
spécifier la place prise ici-bas par Celui qui n’a pas regardé comme un objet à ravir d’être égal
à Dieu, mais qui s’est anéanti Lui-même, prenant la forme d’esclave (Phil. 2:7). Il était ici
pour obéir, pour faire la volonté du Père qui L’a envoyé. Mais avoir pris une telle place dans
un amour humble, c’est la preuve la plus forte, même si elle est indirecte, de Sa Déité propre

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et éternelle ; car même l’archange est un serviteur, et ne peut jamais s’élever hors de sa
position ou de sa relation de serviteur. Par contre, le Fils s’est plu à prendre cette position
pour assurer la pleine bénédiction de la rédemption à la gloire de Dieu le Père. Ainsi la vie
était en Lui, et Il était la vie éternelle avant tous les âges ; mais Il est vu ici comme descendant
pour conférer la vie éternelle dans une scène qui s’est écartée de Dieu, et la conférer à une
créature qui autrement devait connaître la mort sous sa forme la plus terrible de jugement, et
la connaître maintenant du fait de sa culpabilité.

18.1.4 - Jean 17:4-5

Ensuite le Seigneur présente Son œuvre : nous avons vu Sa Personne comme cela a déjà été
évoqué. Mais maintenant Il insiste sur ce qu’Il a fait ici-bas. « Moi, je t’ai glorifié sur la terre,
j’ai achevé l’œuvre que tu m’as donnée à faire ; et maintenant glorifie-moi, toi, Père, auprès
de toi-même, de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde fût » (17:4-5). Le
langage ici est davantage celui d’une relation entretenue, tandis qu’au ch. 13:31-32 il était
plutôt question de glorifier Dieu devant qui le péché tombe sous un jugement impitoyable. Ici
il s’agit de glorifier Son Père, et il n’est donc pas particulièrement envisagé ce traitement final
où tout ce que Dieu est et ressent sortira contre le mal qui a été imputé sur la tête du Fils de
l’homme. Ici on a un sommaire de tout le chemin de Christ sur la terre se donnant Lui-même
pour obéir et plaire à Son Père. C’est pourquoi il était d’autant plus nécessaire de préciser son
achèvement : « j’ai achevé l’œuvre que tu m’as donnée à faire » (17:4b). Il parle autant
comme serviteur fidèle que comme Fils de Dieu conscient de l’être et qui voit tout achevé à la
gloire du Père, qui Lui avait donné à faire l’œuvre que Lui seul pouvait faire. Et là-dessus Il
demande au Père de Le glorifier, non pas seulement à cause de Sa gloire et de Sa relation
personnelles, mais en vertu de l’œuvre achevée ici-bas à Sa gloire afin de pouvoir nous
assurer un droit sûr et valable de nous joindre à Lui dans la même bénédiction céleste.

Il n’a jamais cessé d’être Dieu ni ne pouvait cesser de l’être, et pareillement après
l’incarnation Il n’a pas cessé ni ne cessera jamais d’être homme ; mais étant descendu ici-bas
en amour divin pour être un serviteur et un homme qui glorifie Dieu le Père et qui soit un bon
canal de justice pour tous les desseins de grâce divine, Il demande à être glorifié par le Père
auprès de Lui de la gloire qu’Il avait auprès de Lui avant que le monde fût. C’est là qu’Il avait
été dès l’éternité comme le Fils ; c’est là qu’Il demande à être pour l’éternité comme le Fils,
mais maintenant aussi comme homme, la Parole faite chair mais ressuscitée. C’était Sa
perfection comme homme de demander cette glorification. Il ne se glorifie pas Lui-même,
même pas comme ressuscité. Il s’est anéanti et s’est abaissé pour la gloire du Père ; Il
demande au Père de Le glorifier, bien qu’Il déclare Sa qualification divine et éternelle en
demandant d’être glorifié de la gloire qu’Il avait auprès du Père avant que le monde fût.
Jamais il n’y eut une requête si lourde de contenu, jamais de base aussi solide pour la justice,
jamais de grâce aussi exquise et infinie.

18.2 - Jean 17:6-8

Le Seigneur explique alors comment des âmes ont été amenées dans une telle proximité de
relation avec Lui devant le Père, ayant déjà posé la base de cette relation dans Sa Personne et
dans Son œuvre.

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« J’ai manifesté ton nom aux hommes que tu m’as donnés du monde ; ils étaient à toi, et tu me
les as donnés ; et ils ont gardé ta parole. Maintenant ils ont connu que tout ce que tu m’as
donné vient de (παρα) toi ; car je leur ai donné les paroles que tu m’as données, et ils les ont
reçues ; et ils ont vraiment connu que je suis sorti d’auprès de toi, et ils ont cru que toi tu m’as
envoyé » (17:6-8).

18.2.1 - Jean 17:6

La manifestation du nom du Père est ainsi posée en premier. C’est une vérité caractéristique et
très influente, et le Fils était seul qualifié pour manifester ce nom, quoique, bien sûr, personne
ne puisse entrer dans cette vérité même ainsi manifestée, sinon par l’Esprit, comme nous le
savons et comme cela est enseigné ailleurs (1 Cor. 2:14-15). Le Fils pouvait manifester le
nom de Son Père, et Il l’a fait dans un amour sans jalousie, afin que les disciples, les hommes
que le Père Lui avait donnés du monde, puissent connaître ce que le Père est, comme le Fils
Le connaît ; inutile de dire que ce ne pouvait pas être cette connaissance infinie qui est le
propre du Fils unique, mais une connaissance à la manière d’enfants de Dieu à qui le Fils
communique ce qui est entièrement en dehors de l’homme et au-dessus de l’homme, et qui est
intrinsèquement de Dieu pour la famille de Dieu.

Car bien que le Seigneur soit venu vers les Juifs comme leur Messie promis sur la terre, ils ne
voulurent pas L’avoir, et même ils Le rejetèrent, ce qu’ils étaient justement en train de faire,
jusqu’à la mort même de la croix. De là, quelle que soit la rétribution divine qui arrivera au
jour où Dieu redemandera le sang, et par-dessus tout le sang qu’ils ont mis sur leur tête et sur
la tête de leurs enfants par une imprécation aveugle (Matt. 27:25), cette mort de la croix est
devenue entièrement une affaire de grâce souveraine et céleste qui, venant dans la Personne
du Fils, a manifesté le nom de Son Père comme aucun saint n’en avait jamais joui, ni aucun
prophète ne l’avait tant prédit, sauf peut-être de manière à cadrer avec, et confirmer l’annonce
de ce si précieux privilège en son temps. Même Osée 1:10 est relativement vague. Ici tout est
complet et précis. C’est le côté positif de ce que le Seigneur a entrepris avec les Siens ici-bas,
dans son caractère le plus élevé : non pas remédier au péché et à la misère en grâce, ni même
déployer l’excellence en tant que Juste, que Serviteur ou qu’Homme, et donc comme Fils de
Dieu ; mais c’est la manifestation de ce que le Père était et est comme Lui L’a connu, et
comme l’apprenaient ceux que le Père avait donnés du monde au Fils. Car maintenant le
monde est défini et jugé comme étranger et opposé au Père. Quelle bénédiction pour les
disciples de s’entendre être pareillement distingués et désignés comme étant les Siens par le
Fils s’adressant au Père !

18.2.2 - Jean 17:6b

Mais ce n’est pas tout. « Ils étaient à toi, et tu me les as donnés ; et ils ont gardé ta parole »
(17:6b) (λογον). Cette description que le Seigneur fait de ceux qui le suivaient, certains la
rattachent simplement au fait qu’ils faisaient partie d’Israël jusque-là, et qu’ils marchaient
dans tous les commandements et ordonnances du Seigneur sans reproche : il me semble que
c’est une erreur. Ils étaient Ses élus tirés de la nation élue, tandis que ceux qui étaient pour le
moment Ses ennemis ne devaient être restaurés que dans un jour futur. Le Père avait un
dessein à l’égard de ceux-ci, et ainsi ils Lui appartenaient, et à Son tour Il les avait donnés à

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Son Fils, l’objet de Son amour et l’exécuteur de Ses conseils, du fait qu’Il est aussi Celui qui
accomplit la rédemption, à Sa gloire. Et comme les hommes qui Lui avaient été donnés du
monde sont ainsi vus sur un terrain divin en dehors des liens juifs, ainsi ce qui formaient leurs
âmes et leurs voies était tout à fait différent ; ils avaient gardé la Parole du Père, selon ce que
dit le Fils, — cette Parole qu’Il leur avait fait connaître quand Il était avec eux sur la terre.
C’est ce que nous avons d’une manière générale dans les évangiles avec beaucoup de ce qu’ils
ne pouvaient pas supporter alors, et qui se trouve dans les épîtres. Tout se rapporte au Père : le
Fils, un homme sur la terre, est toujours en train de L’exalter ; et en vue de Son propre départ,
Il voulait les rendre chers au Père et leur en donner l’assurance.

18.2.3 - Jean 17:7-8

Ceci est développé encore plus dans ce qui suit. « Maintenant ils ont connu que tout ce que tu
m’as donné vient de toi » (17:7). Ils étaient entrés dans le secret dont le monde ne connaissait
rien : le Père était la source de tout ce qui était donné au Fils. Certains s’étonnaient en face de
Ses paroles et de Ses œuvres ; d’autres remplis d’inimitié, blasphémaient en attribuant à Satan
ce qui était surnaturel. Les disciples avaient appris qu’ils étaient tous du Père, comme le Fils
désirait qu’ils soient. Leur droit à la bénédiction avec le Fils devant le Père ne provenait pas
seulement de ce qu’Il était venu d’auprès du Père, ni de ce qu’Il avait achevé l’œuvre que le
Père Lui avait donnée à faire ; mais les moyens mêmes de les amener dans la bénédiction
étaient aussi du Père ; « car je leur ai donné les paroles que tu m’as données, et ils les ont
reçues ; et ils ont vraiment connu que je suis sorti d’auprès de toi, et ils ont cru que toi tu m’as
envoyé » (17:8). Ainsi le Seigneur retransmettait à Ses disciples ces communications intimes
de grâce que le Père Lui avait données. Il n’était plus question des dix paroles données à
Moïse (Ex. 34:28 ; Deut. 4:13 ; 10:4), c’est-à-dire de la mesure de la responsabilité de
l’homme pour prouver son péché et sa ruine qu’il ne reconnaissait pas, ni ne ressentait.

Les paroles (ρηματα) que le Père donnait au Fils étaient l’expression de la grâce et de l’amour
divins selon cette relation bénie dans laquelle se trouvait le Fils, bien qu’Il fût homme ; et les
disciples, qui étaient autrefois simplement des hommes, mais qui maintenant étaient nés de
Dieu, avaient la vie éternelle en Lui, et il leur était donné ces paroles par le Fils afin qu’ils
connaissent la nouvelle relation que la grâce leur avait conférée, et qu’ils en jouissent. Et ce
n’était pas en vain, même s’ils étaient lents de cœur à les croire toutes. Car s’Il leur avait
donné les paroles que le Père Lui avait données, les disciples recevaient réellement la vérité,
même si c’était sans doute imparfaitement. Le résultat était qu’ils avaient été amenés à
connaître vraiment que Christ le Fils était venu du Père, et qu’ils croyaient aussi que le Père
L’avait envoyé. Tout est attribué à la grâce ici, il n’y a pas de mesure de degrés, mais il est
fait grand cas de la réalité, comme peut bien le faire Celui dont l’amour donne, approfondit et
met en sûreté du début à la fin. Son cœur ne se contente même pas de ce qu’eux sachent avec
assurance que le Fils est venu du Père, car, dans le fait de venir ainsi, ceci ne prouverait pas
nécessairement davantage que Son propre amour à Lui le Fils ; mais les disciples croyaient la
vérité supplémentaire que le Père L’avait envoyé, ce qui est une preuve de l’amour personnel
du Père envers eux. Combien chaque mot de Sa grâce est riche et indispensable !

18.3 - Jean 17:9-11

508
« Moi, je fais des demandes pour eux ; je ne fais pas de demandes pour le monde, mais pour
ceux que tu m’as donnés, parce qu’ils sont à toi (et tout ce qui est à moi, est à toi ; et ce qui est
à toi est à moi), et je suis glorifié en eux. Et je ne suis plus dans le monde, et ceux-ci sont dans
le monde, et moi, je viens à toi » (17:9-11a).

18.3.1 - Jean 17:9

Il fait une requête concernant les disciples, non pas concernant Israël, ni les nations, ni le
pays, ni la terre en général, mais concernant ceux que le Père Lui a donnés. Il n’est pas
question de prendre en main le monde pour le gouverner ou assurer sa bénédiction
maintenant : Le Seigneur est occupé des cohéritiers, et non pas encore de l’héritage. Bientôt,
comme le Ps.2 nous le fait savoir, l’Éternel dira : « Demande-moi, et je te donnerai les nations
pour héritage, et les bouts de la terre pour ta possession ». Mais le Fils régnera sur Sa sainte
montagne de Sion, au lieu d’être rejeté sur la terre et d’être reçu en haut. Alors, au lieu de
soutenir la famille de Dieu souffrante qui porte Son opprobre ici-bas et qui attend la gloire
céleste avec Lui, Il brisera les nations « avec un sceptre de fer, et les mettra en pièces comme
un vase de potier ». Ce ne sera pas la période intermédiaire de l’Évangile comme maintenant,
mais le jour du royaume en puissance et en gloire. Le Seigneur prie ici pour les Siens comme
le don précieux qu’Il a reçu du Père, tandis qu’Il est retranché et qu’Il n’a rien de ce qui Lui a
été promis ici-bas (Dan. 9:26) ; et Il demande d’autant plus qu’ils appartenaient au Père.

18.3.2 - Jean 17:10-11a

Mais il est bon de dire que cela donne lieu à une déclaration sous forme de parenthèse qui
jette beaucoup de lumière sur la gloire personnelle du Seigneur : « et tout ce qui est à moi, est
à toi ; et ce qui est à toi est à moi » (17:10). Comme Fils de David, le Messie, aurait-il été
possible d’exprimer cette réciprocité ? N’est-il pas évident que c’est en vertu de ce qu’Il est le
Fils éternel du Père, un avec le Père, et seulement en vertu de cela, qu’ils ont des droits et des
intérêts à la fois liés et communs ? Cependant après ceci, Il en revient (17:11a) aux saints
comme étant ceux en qui Il est glorifié, ce dont Il parle comme d’un fait, non pas passé, mais
comme d’un fait qui demeure, remettant au Père les soins à leur égard, parce qu’Il voit qu’Il
ne va plus être avec eux dans ce monde, et qu’ils sont d’autant plus exposés dans ce monde du
fait qu’Il retourne au Père. C’est la raison d’un nouvel appel.

18.4 - Jean 17:11b-13

« Père saint, garde-les en ton nom que tu m’as donné, afin qu’ils soient un comme nous.
Quand j’étais avec eux, moi je les gardais en ton nom que tu m’as donné ; et je [les] ai gardé,
(*) et aucun d’entre eux n’est perdu, sinon le fils de perdition, afin que l’Écriture fût
accomplie. Et maintenant je viens à toi, et je dis ces choses dans le monde, afin qu’ils aient
ma joie accomplie en eux-mêmes » (17:11b-13).

509
(*) note Bibliquest : JND traduit le v. 12 : « je les gardais en ton nom ; j’ai gardé ceux que tu
m’as donnés ». Carrez traduit comme W.Kelly.

Le Seigneur s’adresse au Père comme le Père saint, et Lui demande de garder les disciples en
Son nom afin qu’ils soient un, comme sont le Père et le Fils. Ceci a été accompli par la
puissance du Saint Esprit précisément en ceux qui se tenaient là autour de Lui. Jamais
auparavant ni depuis, une telle unité n’a été produite chez des êtres humains sur terre.
Pourtant les Évangiles sont bien la preuve très nette qu’ils en étaient loin, du temps où le
Seigneur était avec eux ici-bas. Ce devait être un des fruits de Sa grâce par la rédemption
après qu’Il fût monté en haut et qu’Il eût envoyé le Saint Esprit ici-bas pour produire ce fruit.
Or c’était essentiel comme base pratique pour le christianisme. Car la doctrine ne suffit pas
s’il n’y a pas de réalité dans la vie, et ce point est spécialement critique chez ceux que Dieu a
suscités pour poser le fondement. Leur œuvre et leurs écrits ont tous été compris dans un laps
de temps ne dépassant pas une génération, en contraste frappant avec ceux de l’Ancien
Testament.

Il est vrai qu’ils étaient des hommes ayant les même passions que nous (Actes 14:15 ; Jacq.
5:17) ou que tout autre ; il est vrai qu’ils manifestèrent des infirmités diverses, et non des
moindres, y compris sous les yeux de leur Maître et durant Son ministère sur la terre ; il est
vrai que d’un bout à l’autre ils firent voir leurs préjugés minables et l’étroitesse de leur cœur
et une grande jalousie l’un à l’égard de l’autre, même en présence de l’amour et de l’humilité
les plus profonds, et en présence de paroles et de voies qui faisaient contraste avec leurs
discordes (et l’égoïsme qui les suscitait toutes) de manière si humiliante et douloureuse : tout
ceci, et plus encore, ne fait qu’ajouter à la bénédiction de ce que Dieu a opéré chez ces
hommes par Son Esprit en réponse à la requête du Seigneur. La puissance du nom du Père que
le Seigneur connaissait si bien ici-bas, a été manifeste chez eux, et les douze [sic ; onze ?] ont
été un précisément comme le Père et le Fils. Personne, sinon Christ, n’aurait osé décrire cela
ainsi ; or Lui qui l’a fait, Il est la vérité ; et en fait avec qui ou avec quoi d’autre leur unité
peut-elle être comparée selon ce qu’on en voit dans les Actes et les épîtres ? Nulle part
ailleurs on a vu des hommes sur la terre s’élever à ce point au-dessus du moi, à la fois dans les
objectifs, les mesures, les objets, dans leur vie et dans leur service ; jamais on n’a vu un tel
dévouement commun à la volonté de Dieu, et une telle concentration pour faire cette volonté,
en vue de magnifier Jésus ressuscité et glorifié.

Ensuite le Seigneur, en remettant au Père les Siens qu’Il gardait en ce nom tandis qu’Il était
ici-bas, parle du fait qu’Il les a gardés en sécurité, sauf un voué à la destruction. Terrible
leçon, que même la présence constante du Seigneur n’arrive pas à gagner là où l’Esprit ne fait
pas sentir la vérité à la conscience ! Cela affaiblit-il l’Écriture ? au contraire, cela
accomplissait l’Écriture. Le ch. 13 parlait du cas de Judas afin que personne ne soit scandalisé
par une telle fin du ministère du Seigneur. Ici c’est plutôt afin que personne ne doute des soins
du Seigneur ni de l’Écriture. Il n’était pas l’un de ceux donnés à Christ par le Père, bien qu’il
fût appelé à être apôtre : de ceux qui avaient été ainsi donnés, Il n’en avait perdu aucun. Judas
n’était qu’une exception apparente, non pas réelle, puisqu’il n’était pas un enfant de Dieu,
mais le fils de perdition. Voir la fin terrible du déroulement d’une vie sans cœur, cela ne fait
que donner davantage de force à l’œuvre de grâce de Celui qui, s’Il laissait le monde pour
s’en aller au Père, était en train de les introduire dans Ses propres relations devant le Père.
Judas pouvait n’avoir jamais pensé au pire, contrairement à Satan qui entra en lui ; mais il
pensait satisfaire à tout prix son amour de l’argent, ayant confiance que Celui qui avait

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jusque-là déjoué Ses ennemis, serait capable une fois de plus de s’en sortir. Mais il se fiait à
ses propres pensées à l’égard de la mort de son Maître, pour sa ruine éternelle, tandis que
Jésus agissant en amour dans l’obéissance à Son Père, voulait par Sa mort amener les Siens à
la gloire en haut, là où Lui-même serait, — et Il l’exprimait ici-bas afin qu’ils puissent avoir
déjà maintenant Sa joie accomplie en eux-mêmes. Car maintenant que le Seigneur s’en allait
au Père, Il parlait de ces choses dans le monde dans ce but. Le Père prouverait la valeur de
Son nom quand le Fils ne serait plus ici-bas en personne pour veiller sur eux ; et la ruine
même de Judas, comprise correctement, ne devrait que rendre l’Écriture encore plus
solennelle et plus certaine pour leurs âmes.

18.5 - Jean 17:14-16

À partir du v. 14 le Seigneur plaide dans un autre but en faveur des disciples. Il avait prié pour
eux pour qu’ils soient établis dans Son amour en présence du Père ; Il demande maintenant
qu’ils aient Sa place en présence du monde. Comme Il avait déjà cherché dans le premier cas
à ce qu’ils Lui soient associés, Il voulait dans le second cas qu’ils Lui soient non moins
associés. Dans le premier cas c’était pour que Sa joie soit accomplie en eux ; dans le second
cas c’était pour que le témoignage du Père soit en eux et par eux. C’était Sa propre place sur
la terre comme au ciel.

« Moi, je leur ai donné ta parole, et le monde les a haïs, parce qu’ils ne sont pas du monde,
comme moi je ne suis pas du monde. Je ne fais pas la demande que tu les ôtes du monde, mais
que tu les gardes du mal. Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde »
(17:14-16).

18.5.1 - Jean 17:14

Il ne s’agit pas ici comme au v. 8 « des paroles » (ou « mots ») (ρηματα) données par le Père
au Fils et que le Fils avait données aux disciples, les communications d’amour qui leur
avaient fait vraiment connaître qu’Il était venu du Père et croire pour leur propre joie que le
Père L’avait envoyé. C’est ici, comme au v. 6 la parole (λογος) du Père, l’expression de Ses
pensées. Celle-ci, comme cela a déjà été dit (17:6), ils l’avaient gardée. Mais le Seigneur en
reprend la mention en relation avec le témoignage dans le monde qui se terminait pour Lui. Ils
devaient être des témoins de Lui dans le monde ; Il leur avait donné la parole du Père, et le
monde les haïssait, non pas seulement à cause de la Parole, si offensante pour le monde, mais
parce qu’eux, les disciples, qui avaient cette Parole, n’étaient pas du monde, comme leur
Maître n’en était pas non plus. C’est la vraie mesure de l’absence de mondanité, et elle est
intolérable aux yeux du monde, nulle part autant que dans le monde religieux. Que des
hommes sur la terre se sachent en possession de la vie éternelle, voilà ce qu’estiment
présomptueux ceux qui ne connaissent ni Christ ni Son œuvre. Et rajoutez encore à cela qu’ils
ne sont pas du monde, et le monde devra manifester la pire intolérance.

Pourtant rien n’est aussi humble que la foi, et la foi opère par l’amour, ce qui est juste
l’inverse du mépris des autres et de la confiance en soi et en sa propre justice. Christ est tout
pour le croyant, comme Il l’est pour le Père ; et comme Il n’est pas du monde, eux n’en sont
pas non plus. Le fait de ne pas être du monde dépend de la vérité préalable, à savoir qu’ils

511
sont du Père et ont été donnés au Fils, qui leur a manifesté le nom du Père et les a gardés en ce
nom, — comme Il suppliait le Père de les garder encore durant Son absence du monde. En
Jean, Christ est dès le commencement inconnu du monde et rejeté ; ceux du monde ne
connaissent ni le Père ni le Fils. Ainsi en est-il des enfants de Dieu. « C’est pourquoi le
monde ne nous connaît pas parce qu’il ne L’a pas connu » (1 Jean 3:1). La rupture est
complète. « Le monde les a haï » comme il a haï et le Père et le Fils (15:19, 23-24).

Jamais il n’y avait eu pareille rupture auparavant. Il n’y avait pas eu cela autrefois du temps
où Dieu agissait en rapport avec Israël, ni au temps de leur ruine, c’est-à-dire au temps des
nations qui a suivi. L’homme était encore à l’épreuve ; et tandis que le Seigneur était ici-bas,
le caractère de Son ministère était que Dieu était en Lui réconciliant le monde avec Lui-même
(2 Cor. 5:19). Mais le monde n’a rien voulu de Lui, et est jugé dans son chef [ou : prince]. Et
comme l’homme est déclaré perdu à la lumière de la croix, ainsi le saint est crucifié au monde
et le monde lui est crucifié (Gal. 6:14). Ils ne sont pas du monde comme Christ n’est pas du
monde (17:14). C’est un fait, et non pas simplement une obligation, bien que ce soit la base la
plus solide d’une obligation. Ils ne sont pas du monde : ce n’est pas simplement qu’ils ne
devraient pas en être ; car, s’ils ne sont pas du monde, c’est une grave inconséquence même
de paraître en être ; c’est être faux vis-à-vis de notre relation, car nous sommes du Père et
donnés au Fils rejeté qui en a fini avec le monde. Mais si l’on disait qu’en avoir fini avec le
monde, c’était pour introduire des relations célestes et éternelles déjà maintenant, d’accord,
qu’il en soit ainsi ; c’est exactement la portée du christianisme en principe et en pratique.
C’est la foi qui possède Christ, qui donne au croyant Sa propre place de relation et
d’acceptation en haut, — aussi bien qu’ici bas de témoignage à part du monde et rejeté par
lui ; c’est ce que le croyant a à réaliser en paroles et dans ses voies, en esprit et dans ses
relations, tandis qu’il attend le Seigneur.

C’est pourquoi, comme revenir à la loi et à la chair comme les Galates, c’est déchoir de la
grâce, c’est une chute non moins profonde qui caractérise le chrétien qui cherche le monde
dont il n’est pas. Prétendre que le monde s’améliore pour Christ ou pour les Siens, c’est aussi
faux que de dire que la chair peut s’améliorer. C’est la lumière qui devient ténèbres, et
combien grandes sont ces ténèbres (Matt. 6:23) ! Elles peuvent ne pas aller au point de la fin
de Romains 1, mais elles correspondent au début de 2 Tim. 3. C’est l’homme naturel qui en
sait assez pour renoncer à ce qui est éhonté, et qui revêt tout d’un voile religieux ; c’est le
monde qui s’occupe des choses de Dieu essentiellement comme profession, alors qu’elles sont
en réalité du monde, où le sens commun suffit pour le service et le culte, et où la pensée de
Christ est tout à fait inapplicable. Quel triomphe de l’ennemi ! C’est juste ce que nous voyons
dans la chrétienté ; et rien n’irrite autant que de refuser de marcher, de rendre culte et de
servir. Peu importe si vous dénoncez ou protestez très fort ; si vous vous joignez au monde, ils
ne se soucieront pas de vos paroles, et vous serez infidèles à Christ. Peu importe également
que vous montriez beaucoup de grâce et de patience : si vous vous tenez à part comme n’étant
pas du monde, vous encourrez l’inimitié, la haine et le mépris. Un disciple n’est pas au-dessus
de son Maître, mais tout homme accompli sera comme son Maître (Luc 6:40). Agir comme
n’étant pas du monde est ressenti comme la pire des condamnations, et aucune douceur ni
aucun amour ne peut le rendre acceptable. Ce n’est pas non plus la pensée de Dieu de le
rendre acceptable, car Il considère qu’agir comme n’étant pas du monde fait partie du
témoignage rendu à Son Fils. Et comme le monde ne reçoit ni ne comprend la Parole du Père,
ainsi il hait ceux qui ont cette parole et qui agissent en conséquence.

512
18.5.2 - Jean 17:15

Sans doute il y a un moment où ceux qui sont morts en Christ ressusciteront premièrement ;
puis nous les vivants qui demeurons, nous serons ravis ensemble avec eux dans les nuées à la
rencontre du Seigneur, en l’air, quand le Seigneur lui-même, avec un cri de commandement,
avec une voix d’archange, et avec [la] trompette de Dieu, descendra du ciel ; et ainsi nous
serons toujours avec le Seigneur (1 Thes. 4:14-18). Mais le Seigneur ne demande pas encore
que le Père ôte les Siens du monde, mais qu’Il les garde du mal. C’est ce qu’Il fait par Sa
grâce par Sa Parole, comme nous allons le voir tout de suite.

18.5.3 - Jean 17:16

Seulement, avant que le Seigneur explique comment le Père garde les Siens, Il répète Son
affirmation sous une nouvelle forme de manière à insister beaucoup dessus : « Ils ne sont pas
du monde, comme moi je ne suis pas du monde » (17:16). C’est quelque chose qu’on oublie
très vite, quand on n’a pas les yeux fixés sur Christ en haut avec une vigilance continuelle
quant à nos motifs, nos voies et nos objectifs, avec en même temps un jugement de soi
impitoyable. Il était de toute importance que soit affirmé fermement et clairement que le
monde et le chrétien n’ont rien en commun, et que Christ Lui-même (selon la grâce et pour la
gloire duquel nous sommes en communion avec le Père ici-bas) est le modèle de notre
absence de mondanité. Y a-t-il une séparation qui soit aussi absolue ? Y a-t-il une séparation
qui dépende aussi étroitement de la relation avec le Père, sauf la Sienne à Lui qui en est le
modèle le plus excellent ? Car le monde (au sens utilisé ici) est ce vaste système que le
l’homme a construit en dehors de Dieu, dans l’indépendance et la confiance en soi, à
l’exclusion de toute soumission réelle à Sa justice, à Sa volonté, à Sa Parole et à Sa gloire,
même si un honneur est rendu pour la forme. Cela a été pleinement manifesté dans le rejet et
la croix de Son Fils, qui a révélé par là, combien étaient entièrement distincts dans leur
source, leur nature, leur caractère et leur but, ceux que le Père reconnaît comme Siens dans le
monde, et dont la communion est en effet avec le Père et avec Son Fils Jésus Christ. De ce
monde-là, ils ne sont pas, comme Lui n’en est pas. Ils sont de Christ.

18.6 - Jean 17:17-19

Nous arrivons maintenant à la puissance formative, qui est totalement nouvelle et au-dessus
de l’homme, et non pas simplement de Dieu, mais du Père. « Sanctifie-les par [ou : dans] la
vérité ; ta parole est la vérité. Comme tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai
envoyés dans le monde. Et moi, je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’eux aussi soient
sanctifiés dans la vérité » (17:17-19).

18.6.1 - Jean 17:17

Il est impossible de surestimer les paroles du Sauveur à Ses disciples ; il est facile pour les
hommes de les comprendre de travers, comme le font ceux qui rabaissent et rétrécissent cette
parole à une séparation en vue du ministère. Mais le Seigneur avait à cœur un besoin plus
513
personnel et plus intime des disciples, celui d’être imprégnés de la vérité, et formés et
façonnés par elle. La loi ne suffisait pas, ni même la loi au sens large qui comprend les
prophètes et les psaumes. Car Christ est venu, le Fils unique qui a fait connaître Dieu qui
autrement était absolument invisible. Il a révélé le Père, qui voulait une révélation nouvelle et
complète, et néanmoins permanente, comme nous l’avons non seulement en Lui, mais aussi
dans l’ensemble des Écritures. La sanctification ou mise à part était donc à la fois nouvelle et
complète. C’est au Père que le Fils a exposé Sa requête pour des hommes dont aucun n’était
païen, mais tous de la semence sainte. Cependant c’est pour de tels qu’Il dit : « Sanctifie-les
par la vérité ». La vérité était révélée comme elle ne l’avait jamais été auparavant. « Ta
parole » (la parole du Père) « est la vérité » (17:17b). Des vérités avaient été données à
connaître, mais jamais la vérité, jusqu’à ce que Jésus vint, Lui qui est la vérité. Car c’est Lui
le premier, Lui seulement comme manifestation objective, qui a dévoilé chacun, Dieu,
l’homme, Satan même, et toutes choses, le ciel, la terre, l’enfer et tout ce qu’ils contiennent et
tout ce qu’ils sont réellement ; car Sa Personne seule (la Parole faite chair) était qualifiée pour
le faire. Sa venue et la rédemption ont fourni la bonne occasion et l’objet nécessaire pour une
pleine révélation, du fait qu’Il était le Fils de l’homme, et en même temps le vrai Dieu et la
vie éternelle. Les disciples devaient être sanctifiés par la vérité, la Parole du Père. Le Père
révélé non seulement dans le Fils personnellement, mais en détail dans Sa Parole, cela
changeait tout pour l’âme. Personne si ce n’est le Fils, et le Fils homme sur la terre, glorifiant
parfaitement le Père dans Sa vie, glorifiant Dieu comme tel dans Sa mort, pouvait fournir les
motifs appropriés à l’amour du Père, objet pour Ses voies, centre de Ses conseils et
manifestation de Sa gloire. En conséquence, tout est visible et en perfection : c’est en vain
qu’on attendrait un témoignage plus élevé, plus profond, plus complet, comme le savent ceux
qui, reconnaissant le Fils, ont aussi le Père (1 Jean 2:23), et ne sont pas du monde.

18.6.2 - Jean 17:18

Leur mission est alors présentée ; elle est tirée de la même source hors du monde, et est
caractérisée par elle. « Comme tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés
dans le monde » (17:18). Moïse a disparu, même comme modèle, et les prophètes aussi.
Même Jean Baptiste (et parmi ceux nés de femme, aucun prophète n’a été plus grand) n’a été
qu’un homme en mission de la part de Dieu ; mais le moindre dans le royaume est plus grand
que Jean. Celui qui venait d’en haut (du ciel) est au-dessus de tout (3:31). Tel a été Jésus ; et
comme le Père L’a envoyé, ainsi Il a envoyé ceux qui L’entouraient à ce moment-là, et leur
mission était aussi nouvelle que la Parole qui formait et équipait leurs âmes. Cette mission
découlait de Celui qui était à part du monde et au-dessus du monde, de Celui qui y avait été
envoyé avec une mission d’amour infini à la gloire du Père, et qui en esprit n’était plus ici-
bas, mais dans le ciel, où Il allait effectivement bientôt monter. C’est ainsi que le Fils envoyait
les disciples, associés à Lui dans le ciel et chargés du témoignage du Père envers le monde.
Du fait qu’ils n’étaient pas du monde comme Lui n’en était pas, ils pouvaient être envoyés
dans le monde, vers le monde, et ils l’ont été. S’ils avaient été du monde, ils n’auraient pas pu
être envoyés dans le monde, vers le monde ; mais tirés du monde par grâce en Christ, ils
n’étaient pas du monde, et pouvaient être envoyés.

18.6.3 - Jean 17:19

514
Ceci est suivi de manière appropriée d’un autre moyen de sanctification, qui en est un
couronnement ; le Seigneur en parle ainsi : « Et moi, je me sanctifie moi-même pour eux, afin
qu’eux aussi soient sanctifiés dans la vérité » (17:19). Ce n’est pas maintenant la Parole du
Père qui leur est donnée ici-bas, et qui Le révèle dans chaque détail selon que les disciples en
avaient besoin, — bien que cette Parole fût inséparable de la Personne de Christ venu dans ce
monde où eux-mêmes étaient envoyés. Cela était essentiel à la fois pour eux et pour leur
œuvre. Mais la grâce fait davantage, et le Seigneur continue en montrant comment Il s’est mis
à part en haut, Lui le Fils comme toujours, mais l’homme modèle devant le Père dans le ciel,
de manière à compléter leur sanctification en Le voyant ainsi dans la gloire.

Ainsi ce n’est pas seulement la vérité mise en lumière ici-bas dans toute son application, mais
la vérité dans Christ glorifié comme l’objet approprié pour animer, fortifier et transformer,
tandis qu’on Le contemple à face découverte : Dieu révélé dans l’homme, le Fils de l’homme
— le Fils de l’homme maintenant glorifié par Dieu en Lui-même, et ceci immédiatement
(13:32), afin que les disciples soient sanctifiés « dans la vérité », celle-ci ayant effet à la fois
sur leur nature et sur leur marche. Car sans un tel objet en haut, la démonstration la plus
complète de la justice et de la puissance de Dieu manquaient, et aussi, peut-on ajouter, la
démonstration de l’amour et de la gloire du Père, aussi bien que ce qui était dû à Sa propre
Personne, non seulement comme Personne divine, mais comme homme, et homme glorifié
selon les conseils de Dieu. Les disciples aussi avaient besoin de Sa Personne bénie ainsi
devant eux à la droite de Dieu afin de fixer et de remplir leurs affections, outre la Parole qui
révèle parfaitement toutes les pensées de Dieu en grâce. Car ce n’est simplement comme
incarné que le Seigneur se sanctifie en leur faveur ; ce n’est pas non plus en mourant comme
sacrifice, selon Chrysostome et Cyril d’Alexandrie, et une foule d’autres à leur suite. Car sur
la croix pour nous, Dieu L’a fait péché, Lui qui n’avait pas connu le péché. C’est comme
glorifié, en conséquence de Sa mort et de Sa résurrection, qu’Il est devenu le modèle des
Siens. En Le contemplant ils sont transformés à Son image de gloire en gloire comme par le
Seigneur en Esprit (2 Cor. 3:18) ; et quand Il sera manifesté, ils Lui seront semblables, Le
voyant comme Il est (1 Jean 3:2), et rendus conformes à l’image du Fils en gloire de
résurrection (Rom. 8:29). Dieu Lui-même ne pouvait donner de position aussi bénie que celle
où Christ sera Premier-né entre plusieurs frères.

18.7 - Jean 17:20-21

18.7.1 - Jean 17:20

Le Seigneur se met maintenant à prier pour ceux qui seraient amenés à la foi par le
témoignage apostolique, afin qu’eux aussi puissent former une unité selon Dieu et rendre
témoignage devant le monde à Sa mission de Fils. Le v. 11 envisageait seulement les disciples
qui étaient alors autour de Lui en vue d’une grâce spéciale et en vue de la responsabilité qui se
rattachait à eux en conséquence. Ceux qui allaient suivre étaient l’objet d’un intérêt nouveau
et particulier.

« Or je ne fais pas seulement des demandes pour ceux-ci, mais aussi pour ceux qui croient en
moi par leur parole ; afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi ; afin
qu’eux aussi soient un en nous, afin que le monde croie que toi tu m’as envoyé » (17: 20-21).

515
18.7.2 - Jean 17:21

Il allait y avoir, comme nous l’avons vu, une manifestation étonnante d’unité chez les apôtres.
Or il s’agit ici d’une autre unité, plus vaste. Ceux qui croiraient en Lui par leur parole sont
maintenant présentés au Père « afin qu’ils soient un ». Il y a place là pour des multitudes de
croyants, de gens qui confesseraient Son Nom, Juifs et Grecs, barbares, Scythes, esclaves ou
hommes libres (Col. 3:11) — pour ceux qui auparavant s’étaient accrochés tenacement aux
formes légales, refusant ce qui en faisait le fond du fait de leur incrédulité à Son égard — pour
ceux qui auparavant également avaient été presque autant obstinés en s’attachant aux rêveries
du paganisme et à son immoralité grossière, dans l’ignorance complète du seul vrai Dieu
connu vraiment par Celui qu’Il avait envoyé. L’Évangile allait se répandre en tout pays et
toute langue, comme le Saint Esprit en rendit témoignage au jour de la Pentecôte ; et ce fut
d’autant plus frappant en ce jour-là qu’il n’y avait jusqu’alors que des Juifs, soit qu’ils
viennent des pays des nations, soit de la Palestine. Le miracle ne fut pas, en effet, quelque
chose de dépourvu de signification et relativement facile, comme s’il s’était agi de faire
comprendre les œuvres merveilleuses de Dieu exprimées en hébreu à tous les fils d’Israël, de
Palestine ou de l’étranger ; c’était l’inverse : chaque personne entendit les disciples parler
dans sa langue maternelle. Dieu avait autrefois frappé l’orgueil des hommes et les avait
divisés en tant de langages différents. La grâce s’élevait maintenant au-dessus du jugement,
sans les ramener à une seule langue avec les mêmes mots, mais en allant au-devant de chacun
là, où ils subissaient l’effet de cette confusion et de cette dispersion.

Mais ce ne fut pas tout ; la puissance du Saint Esprit baptisa tous les croyants en un seul
corps, l’Église. Toutefois l’unité ici en Jean 17, bien que produite par le même Esprit chez
ceux qui composaient ce corps, n’est pas ce qui saisit l’apôtre Paul au commencement. De
nature spirituelle, l’unité ici se déploie dans ce que le monde peut voir et apprécier dans une
mesure. Ce n’est pas exactement « un comme nous », c’est-à-dire comme le Père et le Fils, ce
que le v. 11 affirme au sujet des disciples. Comme le Père et le Fils n’ont qu’une pensée et
une affection, un dessein et une voie, ainsi ce genre d’unité était désiré pour les apôtres dans
leur œuvre et dans leur vie ; et ce fut merveilleusement réalisé en eux comme nous l’avons
déjà noté. Ici l’ensemble des saints sont en vue, ceux qui allaient croire par leur parole ; et ce
qui faisait l’objet de la requête était que « tous soient un » « comme toi, Père, en Moi, et Moi
en Toi, afin qu’eux aussi soient un en nous » — non pas « comme nous », mais « en nous »
dans le Père et le Fils. C’est une communion en vertu du Père donné à connaître dans le Fils,
et du Fils l’objet de l’amour et des délices du Père, dans lesquels nous sommes introduits par
le Saint Esprit. Avec le Père, nous partageons le Fils ; avec le Fils nous partageons le Père.
Les saints allaient maintenant être introduits pour la première fois dans cette bénédiction, et
d’une manière telle qu’ils soient un, comme le Père dans le Fils, et le Fils dans le Père, de
sorte qu’ils soient aussi un dans le Père et le Fils.

Ceci devait être un témoignage au monde, non pas seulement de la prédication, mais cette
unité effective si étrangère à la terre, si inouïe parmi les hommes, l’unité effective dans la joie
de la grâce divine qui attire l’une vers l’autre des âmes si diverses, — qui attire par la
puissance d’objets, d’affections et de motifs divins ceux qui avaient été autrefois entièrement
indifférents ou violemment opposés, haïssant et haïs. Quel appel pour le monde à croire que le
Père a envoyé le Fils ! C’est pour cela et cela seulement qu’Il L’envoya, mais cela en donna la
justification tout à fait suffisante, quand le Saint Esprit envoyé du ciel donna l’énergie de la
vérité dans des cœurs purifiés par la foi. Car comme la chair tend à disperser par l’affirmation
de sa propre volonté, ainsi l’Esprit opère pour unir dans le Père et le Fils ; et quand le monde
voit les fruits d’une puissance si pleine de grâce et si sainte dans l’unité effective d’hommes

516
par ailleurs étrangers les uns aux autres, et étrangers de manière si aiguë et implacable sous
l’effet de leurs diverses religions, — quelle démonstration que le Père a envoyé le Fils ! Car
ici au moins il n’y a eu ni puissance de l’épée, ni flatterie des convoitises, ni motivation par
les richesses et les honneurs mondains, ni acceptation du péché et de la justice humaine, ni
orgueil tiré de la philosophie, de l’étalage religieux ou du ritualisme. Personne ne peut nier
que ce qui a été construit sur le fondement des Apôtres et prophètes a été exposé constamment
et sans résistance au mépris et à la violence du monde. L’amour qui se sacrifie a régné, la
grâce aussi a régné, et on peut dire par la justice (Rom. 5:21) dans le dévouement au nom de
Jésus, et dans une séparation céleste vers Celui qu’ils attendaient ouvertement des cieux.
Alors, qu’est-ce qui expliquait un changement si étonnant d’avec tout ce qui a caractérisé
auparavant l’humanité, à la fois chez les Gentils et même en Israël, même au temps de leur
état le plus florissant ? Qu’est-ce qui en a été l’attestation sinon que le Père avait envoyé le
Fils ? Combien de grâce et de vérité, de rédemption parfaite et éternelle, de relation intime et
céleste tout cela implique !

Car si le Père a envoyé le Fils, ce ne pouvait être que pour des buts impossibles à atteindre
autrement, et dignes du vrai Dieu se révélant en grâce souveraine, et en amour intime autant
que dans la lumière qui manifeste tout. Et il n’y avait que le Fils pour donner à connaître la
vérité, pour communiquer la nature divine, la vie éternelle capable de recevoir la lumière et
d’en jouir, et de marcher en elle par l’Esprit de Dieu. Une œuvre incomparablement
solennelle, et pourtant bénie, devait être accomplie à la gloire de Dieu et pour le besoin
profond de l’homme et pour son salut éternel : le péché devait être porté en jugement, la
propitiation faite pour nos péchés devait être si complète que Dieu fût juste en justifiant le
croyant (Rom. 3:26) et que les croyants devinssent justice de Dieu en Christ (2 Cor. 5:21).
Ainsi lavés, sanctifiés, justifiés, ayant la conscience d’être enfants de Dieu, et le Saint Esprit
leur étant donné, ils trouvent d’autres dans la communion de la même bénédiction. Ils sont
tous un, comme le Père dans le Fils et le Fils dans le Père, et ils sont tirés des préjugés les plus
forts pour être amenés dans une communauté de bénédictions goûtées, dans une unité
effective dans le Père et le Fils. Qu’est-ce qui pouvait rendre au monde un plus puissant
témoignage que le Père a envoyé le Fils ?

18.7.3 - Jean 17:22-23

Il y a encore une autre unité du plus profond intérêt que notre Seigneur étend ensuite devant le
Père : non pas l’unité des disciples ou Apostolique, qui a été si merveilleusement maintenue
— ni l’unité de témoignage en grâce qui allait embrasser tous les chrétiens, et qui après un
déploiement brillant au commencement a depuis longtemps été douloureusement brisée —
mais l’unité en gloire où tout est stable et selon Dieu en perfection.

« Et la gloire que tu m’as donnée, moi, je la leur ai donnée, afin qu’ils soient un, comme nous,
nous sommes un ; moi en eux, et toi en moi ; afin qu’ils soient rendus parfaits [JND :
consommés] en un, et que le monde connaisse que toi tu m’as envoyé, et que tu les as aimés
comme tu m’as aimé » (17:22-23).

Ceci est complètement distinct de ce que nous avons déjà vu, quoique tout soit à la gloire de
Christ. C’est une unité exclusivement future, bien que la gloire soit donnée à notre foi
maintenant, et que la grâce nous la fait saisir et sentir et marcher en conséquence. Car tout est
révélé pour agir sur nos âmes maintenant. Cette unité sera en gloire quand nous serons un

517
comme sont le Père et le Fils. C’est pourquoi ici la défaillance n’est pas possible ici. La
faiblesse de l’homme, la puissance de Satan ne peuvent plus faire tort.

La manière de cette unité est aussi à noter. Ce n’est pas la réciprocité décrite au v. 21 afin que
nous soyons un dans le Père et le Fils, comme le Père dans le Fils et le Fils dans le Père. Telle
est l’admirable manière dont le Sauveur a disposé ce à quoi nous sommes appelés maintenant
par l’Esprit, afin que le monde croie que le Père a envoyé le Fils. Mais bientôt, quand la gloire
sera révélée, et tandis que les saints seront un comme le Père et le Fils sont un, il y aura ce
nouveau caractère, à savoir Christ le Fils en eux et le Père en Lui. Ceci concorde exactement
avec Apocalypse 21 comme le caractère de l’unité qui précède concordait avec 1 Jean 1:3.

Car comme la sainte cité, nouvelle Jérusalem, est l’épouse, la femme de l’Agneau, le symbole
de nous-mêmes quand nous seront glorifiés en ce jour-là, ainsi il nous est montré que la cité a
« la gloire de Dieu », et l’Agneau pour sa lampe, tandis que les nations marchent à sa lumière
(Apoc. 21:11, 23, 24). Ainsi les bénis sur la terre jouiront de la gloire céleste, non pas
directement comme ceux qui seront glorifiés en haut et qui auront le Seigneur Dieu le Tout-
Puissant et l’Agneau comme leur temple, et n’auront besoin d’aucun autre, tandis que ceux
qui seront sur la terre n’auront la gloire que par intermédiaire. Pourtant combien la preuve que
le Père a envoyé le Fils sera devant eux de manière constante et impressionnante ! Sans cela,
comment pourrait-il se faire qu’un tel temple saint dans le Seigneur ait eu de la croissance
(Éph. 2:21) ? Et qu’est-ce qui pourrait valablement expliquer que des hommes soient ainsi à la
fois appelés hors de la terre et glorifiés en haut ? La grâce souveraine leur a donné cette
portion céleste comme le fruit de Sa mission qui a glorifié Dieu sur la terre quoi qu’il Lui en
coûtât à Lui. Et maintenant ils partagent Sa gloire en haut, et sont ainsi manifestés devant le
monde émerveillé.

La grâce qui apporte le salut est apparue à tous les hommes (Tite 2:11) et a fait l’œuvre
appropriée qui lui était assignée en rachetant et purifiant ces hommes pour Dieu comme
peuple de Sa possession, et ensuite cette grâce-là cèdera sa place à l’apparition de la gloire de
notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ (Tite 2:13) ; or ceci aura lieu par l’église régnant
dessus la terre, en tout cas comme le moyen ordinaire et normal de sa manifestation durant le
royaume. Tandis que nous voyons par la foi le Père dans le Fils pour la vie éternelle, eux dans
ce jour-là les contempleront et apprendront à Les connaître dans l’Église, le vase glorieux de
la lumière de Christ en qui brille la gloire de Dieu (2 Cor. 4:6). Car alors la fausse gloire de
l’homme sera jugée pour toujours, et elle ne sera plus jamais là pour égarer les cœurs ; et
Satan ne retrouvera plus jamais sa mauvaise place éminente dans les lieux célestes par
laquelle il a réussi efficacement à défigurer la représentation de Dieu, à s’opposer à Christ, à
accuser les saints et à tromper le monde. Ce sera dès lors la gloire de Dieu qui sera établie
devant tous les yeux, de sorte que les hommes la « connaîtront » dans et par les saints
glorifiés, au lieu d’être les objets de leur témoignage afin qu’ils « croient ». Car la terre sera
pleine de la gloire de l’Éternel (Nomb. 14:21), et pleine de la connaissance de l’Éternel (És.
11:9) et pleine de la connaissance de la gloire de l’Éternel (Habak. 2:14), comme les eaux
couvrent la mer. Christ sera auparavant venu pour être glorifié dans Ses saints et admiré dans
tous ceux qui auront cru (2 Thes. 1:10).

18.7.4 - Jean 17:23

518
C’est pourquoi nous entendons parler la première fois d’être rendus parfaits [JND : être
consommés] en un. L’unité Apostolique dont il a été parlé en premier (17:11), l’unité en
conseil et en action selon le modèle du Père et du Fils, était à la fois bénie et de toute
importance pour la place que les apôtres avaient à tenir et l’œuvre qu’ils avaient à faire dans
le témoignage de Christ. Cependant cette unité était relativement partielle, et forcément à
petite échelle. Beaucoup plus large était la seconde unité de communion dans le Père et le Fils
manifestée dans l’ensemble de l’assemblée de la Pentecôte, quand des milliers d’âmes ont
marché ensemble au-dessus des influences égoïstes, et qu’une grande grâce étant sur eux tous,
et que d’entre les autres, personne n’osait se joindre à eux, mais le peuple les louait
hautement ; et des croyants d’autant plus nombreux se joignaient au Seigneur, une multitude
tant d’hommes que de femmes » (Actes 5:13-14). Mais ceci n’était que transitoire. La
troisième unité sera parfaite en gloire, et ainsi à la fois permanente et complète.

L’effet sera immense et immédiat ; il serait en effet inconcevable qu’il en soit autrement. Le
monde contemplera avec stupéfaction l’Église en gloire et la gloire de Dieu dans l’Église, ou
(comme le Seigneur le dit), le Père en Lui et Lui en eux glorifiés. C’est l’unité parfaite à la
fois en relation avec sa source et dans la manifestation de la gloire divine. Quelle
démonstration que le Père a envoyé le Fils et a aimé les saints comme Il L’a aimé ! Car
comment le Fils pourrait-Il être là comme l’Homme glorifié sans au préalable avoir été
envoyé ici-bas en amour ? et comment pourrions-nous être manifestés ensemble avec Lui en
gloire, sans être aimés du même amour ? Il ne sera plus question alors de « croire », mais
seulement de faits indéniables à constater. Le monde alors « connaîtra ». Aujourd’hui nous ne
pouvons connaître que ce qui est révélé à notre foi dans la Parole ; mais en ce jour-là il y aura
un déploiement de la gloire divine.

18.8 - Jean 17:24-26

La dernière section des paroles de notre Seigneur est tout à fait distincte dans son caractère, et
encore plus intime, comme cela ressort de l’usage de l’expression « Je veux » (ou « je
désire »), pour la première et seule fois dans toute cette prière.

« Père, je veux, quant à ceux que tu m’as donnés, que là où moi je suis, ils y soient aussi avec
moi, afin qu’ils voient ma gloire, que tu m’as donnée ; car tu m’as aimé avant la fondation du
monde. Père juste, bien que le monde ne t’ait pas connu, mais moi je t’ai connu ; et ceux-ci
ont connu que toi tu m’as envoyé. Et je leur ai fait connaître ton nom, et je le leur ferai
connaître, afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et moi en eux » (17:24-26).

18.8.1 - Jean 17:24

En premier lieu, le Seigneur exprime au Père le désir que ceux qu’Il Lui a donnés soient avec
Lui là où Il est. Il est en esprit en haut devant le Père, et voudrait avoir les Siens avec Lui là. Il
ne s’agit pas de manifestation en gloire devant le monde, même si c’était en étroite
association avec Lui ; il s’agit d’être avec Lui là où aucun étranger ne peut le voir ni les voir
(je dis bien « voir » et non pas simplement se mêler dans la joie avec Lui ou avec eux) dans la
scène cachée que l’amour divin aura formée pour sa profonde satisfaction. C’est là que le Père
a le Fils, après qu’Il L’ait glorifié dans toutes les difficultés possibles, et les souffrances

519
suscitées non seulement par l’opposition et la malice de la créature, mais par le jugement
divin de Dieu sur ce mal — jugement dont les conséquences durent être portées
impitoyablement par Celui qui voulait à la fois justifier Dieu et délivrer entièrement les
coupables, selon ce qui convenait au dessein de grâce de Dieu. C’est ce que Jésus a fait dans
une obéissance absolue, et en devenant Lui-même un homme, dans une grâce sans mesure
quoi qu’il en coûte ; Il a fait ceci dans une souffrance infinie à la louange de Son Père, qui a
acquis une gloire nouvelle et éternelle et a pu dès lors agir à la fois librement et justement
selon Sa nature et Son amour.

Et comme nous avons vu au commencement du chapitre le Seigneur allant monter au ciel sur
la base non de Son droit personnel seulement, mais de Son œuvre, Il exprime maintenant Son
désir que les Siens aussi, les disciples que le Père Lui a donnés, soient avec Lui en haut « afin
qu’ils voient Ma gloire ». D’un côté ce n’est pas ce qui est personnel d’éternité en éternité, qui
dépasse la créature, ce que nul, je présume, ne connaît réellement dans le Fils ni ne peut
connaître, sinon le Père dont il n’est pas dit qu’Il Le révèle (Matt. 11:27) — d’un autre côté,
ce n’est pas non plus la gloire donnée au précieux Seigneur qui doit être manifestée au monde
en ce jour-là, cette gloire dans laquelle nous serons manifestés avec Lui (Col. 3:4). Ici c’est
une gloire qui Lui est propre, à Lui en haut, et pourtant elle Lui est donnée par le Père et nous
sommes dans Sa parfaite faveur pour la contempler : une gloire bien plus élevée que
n’importe quelle gloire partagée avec nous, — une gloire que le Seigneur (comptant sur des
affections sans égoïsme formées divinement en nous) attend que nous apprécions d’autant
plus qu’elle a ce caractère, étant davantage bénis en Le contemplant que si la moindre partie
nous en était conférée. C’est une joie pour nous seuls, entièrement en dehors du monde et au-
dessus du monde, et donnée parce que le Père L’a aimé avant la fondation du monde.
Personne hormis l’Éternel ne pourrait être glorifié ainsi, mais c’est la gloire secrète que
personne, hormis les Siens, n’est admis à contempler (réponse bénie à l’opprobre et à la
honte), et qui n’est pas la gloire publique dans laquelle tout œil Le verra. Rien moins que cela
ne peut contenter Sa volonté à notre égard. Combien nos cœurs peuvent, déjà maintenant et en
vérité, dire qu’Il est digne !

18.8.2 - Jean 17:25

Le Seigneur trace ensuite nettement la ligne départageant le monde d’avec les Siens, le critère
n’étant par le rejet de Lui-même, mais l’ignorance de Son Père. C’est pourquoi il est question
ici de jugement dans ce qui en résulte, même si la grâce peut retarder le jugement et faire
monter des supplications ; c’est pourquoi il dit « Père juste », et non pas « Père saint » comme
au v. 11 où Il Lui demandait de les garder en Son Nom, comme Lui-même l’avait fait pendant
qu’Il était avec eux (17:12). Il ne fait pas ressortir ici l’iniquité du monde, ni sa haine
meurtrière contre Lui-même ou contre Ses disciples, ni non plus contre la grâce et contre la
vérité révélées dans l’Évangile ; Il ne fait pas non plus ressortir les corruptions de la chrétienté
et de l’église (mises à nu devant Ses yeux qui voient tout, nous en sommes sûrs), — mais Il
fait ressortir que d’un côté le monde n’a pas connu le Père, et que d’un autre côté le Fils L’a
connu, tandis que les disciples ont connu que le Père a envoyé le Fils : paroles simples et
brèves, mais combien solennelles dans leur caractère et leurs résultats !

Jamais il n’y eut un témoin de quoi que ce soit ou de qui que ce soit, qui soit aussi qualifié
que Christ à l’égard du Père. Cependant le monde ne L’a pas connu, ni n’a reçu Son
témoignage ne serait-ce qu’un instant, mais il s’est dressé de plus en plus contre ce

520
témoignage jusqu’à ce que tout s’achève à la croix. Dès lors Il est caché dans le ciel, et ceux
qui croient en Lui sont célestes. Une fausse prétention à cet égard, c’est du sel qui a perdu sa
saveur. Et tous ceux qui sont vrais sont les premiers à reconnaître que le pivot central pour
eux est la connaissance que le Fils a du Père, et la connaissance qu’ils ont de ce que le Père a
envoyé le Fils. Il ne s’agit pas du tout d’eux, mais du Père ; et le Père est seulement connu
dans le Fils qu’Il a envoyé ; et ceci est la vie éternelle, soit que nous l’ayons maintenant en
Christ, soit que nous en jouissions sans mélange quand nous verrons Sa gloire en haut.
Inversement, l’ignorance du Père implique le rejet coupable du Fils, qui mène à la perdition
éternelle du monde, et non pas simplement à un jugement passager.

18.8.3 - Jean 17:26

Or finalement, là où Christ est connu comme l’envoyé du Père, la bénédiction la plus


profonde et les privilèges les plus excellents sont donnés déjà maintenant ; il n’y a pas
simplement ce qui attend les saints à la venue de Christ. « Et je leur ai fait connaître ton nom,
et je le leur ferai connaître, afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et moi en eux »
(17:26). Si jamais il y eut quelqu’un capable d’estimer quelqu’un d’autre, ce fut le Fils par
rapport au Père ; et il a été également parfaitement qualifié pour nous faire connaître Son
nom, c’est-à-dire l’expression de ce qu’Il est. Il l’a fait sur la terre envers les disciples ; Il a
voulu le faire pareillement du ciel où Il allait ; et ceci afin de pouvoir leur donner, et nous
donner, la conscience du même amour du Père que celui qui a toujours reposé sur Lui ici-bas.
Puis, comme si c’était pour retrancher l’hésitation naturelle des disciples, Il ajoute l’assurance
bénie de ce que Lui-même sera en eux, leur vie. Car ils pouvaient comprendre que, s’ils
vivaient de Sa vie, et pouvaient être en quelque manière comme Lui devant le Père, le Père
pourrait les aimer comme Lui. C’est juste ce qu’Il donne et assure en s’identifiant à eux, ou
plutôt comme Il l’exprime : « et Moi en eux ». Christ est tout et en tous.

19 - Chapitre 18
Le Seigneur avait achevé Ses paroles adressées à Ses disciples et à Son Père. Il avait eu
devant Lui Son œuvre sur la terre, maintenant sur le point de s’achever, ainsi que Son départ
pour en haut, et conditionnée par ces deux points, la prochaine mission du Saint Esprit qui
allait demeurer avec les Siens à part du monde. Le rejet du Sauveur, qui a été en vue tout au
long de cet évangile, allait maintenant atteindre son point culminant à la croix ; mais son
ombre sombre, loin d’obscurcir, ne servait qu’à faire jaillir plus nettement la vraie Lumière. Il
est homme, mais une Personne divine, le Fils partout où Il va.

19.1 - Jean 18:1-11

Voir Matt. 26:36, 47-56 ; Marc 14:32, 43-52 ; Luc 22:39, 47-53.

« Ayant dit ces choses, Jésus s’en alla avec ses disciples au-delà du torrent du Cédron, où était
un jardin, dans lequel il entra, lui et ses disciples. Et Judas aussi, qui le livrait, connaissait le

521
lieu ; car Jésus s’y était souvent assemblé avec ses disciples. Judas donc, ayant pris la
compagnie [de soldats], et des huissiers, de la part des principaux sacrificateurs et des
pharisiens, vient là, avec des lanternes et des flambeaux et des armes. Jésus donc, sachant
toutes les choses qui devaient lui arriver, s’avança et leur dit : Qui cherchez-vous ? Ils lui
répondirent : Jésus le Nazaréen. Jésus leur dit : C’est moi. Et Judas aussi qui le livrait était là
avec eux. Quand donc il leur dit : C’est moi, ils reculèrent, et tombèrent par terre. Il leur
demanda donc de nouveau : Qui cherchez-vous ? Et ils dirent : Jésus le Nazaréen. Jésus
répondit : Je vous ai dit que c’est moi ; si donc vous me cherchez, laissez aller ceux-ci, — afin
que fût accomplie la parole qu’il avait dite : De ceux que tu m’as donnés, je n’en ai perdu
aucun. Simon Pierre donc, ayant une épée, la tira et frappa l’esclave du souverain sacrificateur
et lui coupa l’oreille droite ; et le nom de l’esclave était Malchus. Jésus donc dit à Pierre :
Remets l’épée dans le fourreau : la coupe que le Père m’a donnée, ne la boirai-je pas ? »
(18:1-11).

19.2 - Jean 18:11

19.2.1 - Sens de Gethsémané

C’était le même verger ou jardin qui, dans les autres évangiles est appelé Gethsémané. Ce mot
est formé à partir de deux mots hébreux signifiant « un pressoir » et « huile », mais il n’y a
aucune base réelle pour dire, comme certains le font selon le style des pères de l’église et
médiéval, qu’il y a là par excellence un accomplissement de ces paroles sombres : « J’ai été
seul à fouler le pressoir », comme Ésaïe 63:3 le prédit, et comme le nom l’indique. Car le
foulage de la cuve aura lieu quand le Seigneur viendra juger, non pas souffrir, selon que cela
est établit clairement par le texte qui se rapporte à ce foulage (Apoc. 14:20). En effet, aucun
lecteur, sauf à être perverti par la tradition théologique, ne peut se méprendre ni sur le
prophète ancien (Ésaïe), ni sur le plus récent (Jean dans l’Apoc.). Ce qui est décrit dans ces
prophéties n’est pas de l’agonie, mais de la vengeance, — non pas la sueur sanglante avec de
grands cris et des larmes (Héb. 5:7), mais le Seigneur foulant aux pieds les peuples dans Sa
colère, et répandant leur sang sur Ses vêtements.

19.2.2 - Omission de la souffrance du Seigneur à Gethsémané

Mais un lecteur intelligent et réfléchi remarque l’absence frappante de cette scène surprenante
où ceux même qui aimaient le Seigneur — oui, Pierre, Jacques et Jean — ne purent veiller
une heure avec Lui. Car Son âme était saisie de tristesse jusqu’à la mort, et bien qu’Il leur eût
demandé de demeurer là et de veiller, tandis qu’Il s’en allait un peu plus avant pour prier, Il
les trouva endormis de tristesse, et même à plusieurs reprises. Il est notoire que certains
copistes n’ont pas inclus dans leurs exemplaires de Luc les versets qui rapportent l’apparition
d’un ange du ciel pour Le fortifier, et l’intensité du combat telle que Sa sueur devint comme
des grumeaux de sang découlant sur la terre (Luc 22:43-44), comme si le Seigneur eût été
abaissé par une telle expression de réelle humanité et de chagrin indicible, — au lieu de voir
combien il s’agit de faits caractéristiques de cet évangéliste, et de l’adoration de Celui qui
pouvait aimer et souffrir au point où cela est dépeint. Pourtant, de tous les quatre écrivains des
évangiles, Jean était le seul à être proche du Seigneur (plus que Matthieu), et il est le seul à ne
pas du tout décrire ce combat : la raison n’en est pas que ce ne fût pas infiniment précieux

522
pour son esprit, ni que les autres l’avaient déjà rapporté, mais ce qu’il donnait, comme les
trois autres évangélistes, était donné par inspiration, et ce n’était nullement une question de
jugement ou de sentiment humains. Jean rapporte, autant que Matthieu, Marc et Luc, le
miracle des cinq pains d’orge, et il le fait parce que, pour l’œuvre qui lui avait été donnée à
faire, c’était aussi essentiel que pour les autres évangélistes dans leur œuvre. Pour la même
raison Jean, conduit par le Saint Esprit, ne donne pas l’angoisse du combat dans le jardin : elle
ne tombait pas dans sa sphère d’attribution. Il la connaissait, bien sûr, et dans son esprit
profondément méditatif, il avait dû souvent s’y arrêter au-delà même de tous les autres ; et
pourtant il garde le silence sur ce sujet.

19.3 - Jean 18:2-3

Qu’est-ce qui peut davantage témoigner de la sagesse et de la puissance dominantes de


l’Esprit qui inspirait ? Oui, cela est attesté de toute part et dans tous les détails, dans l’un
autant que dans l’autre ; et cela est presque aussi évident, si nous n’étions pas aussi engourdis
à écouter, vis-à-vis de ce qui est omis, que vis-à-vis de ce qui est inséré par la grâce infinie.
Voyez ce que notre évangéliste rapporte ensuite. Il place devant nous le spectacle effroyable
de Judas se prévalant de sa connaissance intime des habitudes du Sauveur et des lieux qu’Il
fréquentait, pour guider ceux qui souhaitaient Le prendre et Le tuer. Judas guide la compagnie
de soldats et des huissiers envoyés par Ses ennemis vers l’endroit de la prière nocturne ; ils
ont des lanternes, des flambeaux et des armes pour s’assurer de leur proie, bien que la pleine
lune brillât et qu’Il n’eût jamais porté un coup pour se défendre. Mais en réalité Judas ne Le
connaissait pas plus que ne Le connaissaient ses compagnons. Combien il est terrible de voir
une âme aussi aveuglée, à la fois vis-à-vis de la méchanceté meurtrière en action, que vis-à-
vis de la gloire et de l’amour du Sauveur ! Bien sûr Satan était entré en lui quand on le voit se
tenir avec eux pour Le trahir !

19.4 - Jean 18:4-6

Jésus, sachant toutes les choses qui devaient Lui arriver, s’avance et leur dit : « Qui cherchez-
vous ? » Et eux ayant répondu « Jésus le Nazaréen » (*), Le Seigneur confesse que c’est Lui,
ce qui les fait reculer et tomber par terre. Quelle preuve manifeste de Sa gloire divine
intrinsèque ! Un homme envoyé et venu en amour, et qui est pourtant le vrai Dieu, voilà le
témoignage spécifique et constant de Jean, la véritable clé pour ce qu’il ne dit pas, autant que
pour ce qu’il dit. Pourtant, il n’y a aucun effort, mais la simplicité la plus attirante jointe à ce
profond et divin courant de fond. Toute la trahison de Judas, toute la haine et l’inimitié des
Juifs, et toute la puissance de Rome, n’auraient pas pu saisir le Seigneur si le moment n’était
pas venu pour qu’Il se livre (7:30 ; 8:20). Son heure était maintenant venue. Il aurait pu
détruire le groupe qui cherchait à Le saisir, aussi facilement qu’Il les fit tomber par terre
devant Son nom, et comme bientôt, en vertu de Son nom, tout genou des êtres célestes et
terrestres et infernaux se ploiera, et toute langue confessera que Jésus Christ est Seigneur à la
gloire de Dieu le Père (Phil. 2:10-11).

523
(*) Il semble désirable de noter que le terme « Nazaréen » aux v. 5, 7, et en Jean 19:19, is
Ναζωραίος. Il en est de même en Matthieu 2:23 et 26:71 et Marc 10:47 et Luc 18:37 (bien
qu’il y ait un doute pour ces deux dernières références) et en Actes 2:22 et 3:6 et 4:10 et 6:14
et 9:5 (bien que les meilleurs l’omettent) et Actes 22:8 et 24:5 et 26:9. C’est le nom de honte
et de mépris. — Ναζαρηνός (Nazarénien), comme έκ Ναζαρέτ (provenant de Nazareth) est un
habitant de Nazareth, que ce soit un sujet d’opprobre ou non ; on le trouve en Marc 1:24 et
14:67 et 16:6 et Luc 4:34. Notre Seigneur est caractérisé comme τόν άπο Ν « celui de
Nazareth » en Jean 1:45-46 et Actes 10:38.

19.5 - Jean 18:7-9

Et quand Il leur demanda de nouveau : « Qui cherchez-vous ? » et qu’ils Lui dirent « Jésus le
Nazaréen », la grâce brilla, non pas la puissance : la grâce maintenant, comme la puissance
auparavant, exprimaient le vrai Dieu qui se manifestait maintenant sur la terre dans Sa propre
Personne. « Si donc vous me cherchez, laissez aller ceux-ci, — afin que fût accomplie la
parole qu’il avait dite : De ceux que tu m’as donnés, je n’en ai perdu aucun » (18:8-9).
Comme l’arche dans le Jourdain, Il voulait aller seul dans les eaux de la mort, et que les Siens
passent à sec. Il se donne librement pour eux. Le grand salut, qui est infaillible, inclut toutes
les délivrances intermédiaires et de moindre portée, lesquelles conviennent et contribuent à la
gloire de Dieu entre temps. Et il est béni de retracer, jusqu’à la source même de la puissance
en grâce en Christ, toutes les miséricordes transitoires dont nous faisons l’expérience et où
Ses mains nous protègent de la malice de l’ennemi. Il se met Lui-même en avant pour tout
subir. Les Siens s’en vont libres ; Sa parole est accomplie de toute manière. Ceux que le Père
donne, le Fils n’en perd aucun. Quel réconfort et quelle assurance devant un monde hostile !

19.6 - Jean 18:10-11

Mais même Ses serviteurs les plus honorés faillissent, et sont aptes à faillir davantage là où ils
se portent en avant par du zèle naturel et par leur propre sagesse, trop confiants en eux-mêmes
pour prendre garde à Ses voies et tenir compte de Sa parole et ainsi apprendre de Lui. Ainsi
Simon Pierre manifeste alors sa hâte, en désaccord total avec la grâce de Christ ; car, ayant
une épée, il la tira, et frappa Malchus, le serviteur du souverain sacrificateur, le mutilant de
son oreille droite. Si Pierre avait veillé et prié au lieu de dormir, il aurait pu en être
autrement ; quand nous manquons de prier, nous entrons en tentation.

Luc seul, fidèle au témoignage qu’il rend à la grâce de Dieu, nous dit la réponse du Seigneur :
« Laissez faire jusqu’ici », et Il guérit l’homme blessé en touchant son oreille. Matthieu seul,
en harmonie avec le Messie rejeté pourtant vrai roi d’Israël, donne le reproche qui avertissait
Son serviteur de ce que c’est, pour des saints, de résister charnellement. Marc mentionne le
fait, sans plus. Jean, en accord heureux avec le propos de Dieu dans son domaine, présente le
Seigneur dans l’obéissance indéfectible à Son Père, comme précédemment en puissance et
grâce divines. Rien de plus calme que Sa façon de corriger l’énergie de Pierre, rien de plus net
que Sa soumission à la volonté du Père, quel qu’en soit le coût. « La coupe que le Père m’a
donnée, ne la boirai-je pas ? »

524
C’est le même Jésus en Jean que dans Luc et dans les autres évangiles, pourtant quelle
différence ! Digne partout, jamais un mot ou un pas indigne du Saint de Dieu, mais ici par-
dessus tout le Fils avec une dignité parfaite et en même temps une soumission entière de cœur
dans la souffrance comme dans l’œuvre. Pouvons-nous imaginer ce qu’était pour Lui de boire
[la coupe] maintenant en endurant Sa volonté, comme ce qu’était auparavant Sa viande en
faisant cette volonté ? Certainement l’épreuve intérieure, pour ne rien dire de toute la
souffrance extérieure, était bien plus profonde ; pourtant Son cœur se courbait devant tout,
quand se courber dans l’obéissance était la perfection infinie. Comme le Père qui est vivant
L’a envoyé, et qu’Il a vécu à cause du Père (6:57), de même Il laisse Sa vie afin de la
reprendre (10:17) ; mais s’Il dit : « J’ai le pouvoir [l’autorité] de la laisser, et j’ai le pouvoir
[l’autorité] de la reprendre », Il ajoute : « J’ai reçu ce commandement de mon Père » (10:18).
Jamais il n’y eut un conflit aussi profond et saint que celui que le second Homme a connu
dans le jardin ; mais rien n’en transparaît dans Jean. Ici c’est toute la puissance et la grâce et
le calme du Fils n’ayant d’autre motif que la volonté du Père. Il n’y eut jamais quelque chose
d’approchant à ce point le fait de glorifier Dieu le Père.

Le croyant notera la prestance de notre Seigneur dans toutes ces scènes finales, Son humilité
et Sa dignité, Son infinie supériorité sur tous ceux qui L’entouraient, amis ou ennemis, Son
entière soumission et en même temps Sa puissance intacte. Il est un homme, l’Envoyé mais
tout du long le Fils de Dieu. C’est Lui qui abrite et met Ses disciples en sécurité ; c’est Lui qui
S’offre librement. Le traître et la compagnie [de soldats], les flambeaux et les armes, auraient
tous échoué, s’il ne S’était pas plu à laisser les Siens L’abandonner. C’était en effet pour cela
qu’Il était entré dans le monde, et Son heure était maintenant venue. Mais c’était de Son
propre fait, et en accord avec la volonté de Son Père, quelles que fussent la méchanceté de
l’homme et les ruses malveillantes de Satan. C’est aussi sûrement la puissance de Son nom
qui renversa la foule armée de ceux qui voulaient le prendre, que Sa grâce seule qui explique
Sa soumission ensuite à leur volonté.

19.7 - Jean 18:12-27

Matthieu 26:57-75 ; Marc 14:53-72 ; Luc 22:54-71.

« La compagnie [de soldats] donc, et le commandant (chiliarque), et les huissiers des Juifs, se
saisirent de Jésus et le lièrent, et l’amenèrent premièrement à Anne ; car il était beau-père de
Caïphe, qui était souverain sacrificateur cette année-là. Or Caïphe était celui qui avait donné
aux Juifs le conseil, qu’il était avantageux qu’un seul homme pérît pour le peuple. Or Simon
Pierre suivait Jésus, et l’autre (*) disciple [aussi] ; et ce disciple-là était connu du souverain
sacrificateur, et il entra avec Jésus dans le palais du souverain sacrificateur ; mais Pierre se
tenait dehors à la porte. L’autre disciple donc, qui était connu du souverain sacrificateur,
sortit, et parla à la portière, et fit entrer Pierre. La servante qui était portière dit donc à Pierre :
Et toi, n’es-tu pas toi aussi des disciples de cet homme ? Lui dit : Je n’en suis point. Or les
esclaves et les huissiers, ayant allumé un feu de charbon, se tenaient là, car il faisait froid, et
ils se chauffaient ; et Pierre était avec eux, se tenant là et se chauffant. Le souverain
sacrificateur donc interrogea Jésus touchant ses disciples et touchant sa doctrine. Jésus lui
répondit : Moi, j’ai ouvertement parlé au monde ; j’ai toujours enseigné en synagogue, et dans
le temple où tous les Juifs s’assemblent, et je n’ai rien dit en secret. Pourquoi m’interroges-
tu ? Interroge sur ce que je leur ai dit ceux qui m’ont entendu ; voilà, ils savent, eux, ce que
moi j’ai dit. Or comme il disait ces choses, un des huissiers qui se tenait là donna un soufflet à

525
Jésus, disant : Réponds-tu ainsi au souverain sacrificateur ? Jésus lui répondit : Si j’ai mal
parlé, rends témoignage du mal ; mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? Anne donc
l’avait envoyé lié à Caïphe, le souverain sacrificateur. Et Simon Pierre se tenait là, et se
chauffait ; ils lui dirent donc : Et toi, n’es-tu pas de ses disciples ? Il le nia, et dit : Je n’en suis
point. L’un d’entre les esclaves du souverain sacrificateur, parent de celui à qui Pierre avait
coupé l’oreille, dit : Ne t’ai-je pas vu, moi, dans le jardin avec lui ? Pierre donc nia encore ; et
aussitôt le coq chanta » (18:12-27).

(*) L’article est omis par certains des meilleurs manuscrits [aleph, A, B, et aussi Tischendorf,
Westcott et Hort, Weiss] — note de l’éditeur E.E. Whitfield.

19.7.1 - Jean 18:12-14

Notre évangéliste note le fait que la compagnie conduisit notre Seigneur, non seulement à
Caïphe le souverain sacrificateur, mais avant cela à Anne, son beau-père, qui l’avait précédé
dans cette fonction, mais à qui Caïphe succéda avant sa mort. Toutes choses se déroulaient
hors du cours « normal », et cela est surtout évident dans les dernières scènes du Sauveur. Et
l’évangile rappelle donc ce qui avait déjà été rapporté en Jean 11, où la plus haute fonction
religieuse se mélangeait à l’opportunisme le plus vil, et l’Esprit prophétique opérait dans le
méchant souverain sacrificateur, comme autrefois dans le prophète de Pethor [Balaam]
dépourvu de principes. En règle générale, le Saint Esprit fait agir de saints hommes pour la
volonté et la gloire de Dieu ; mais exceptionnellement, il peut utiliser, et il a utilisé
effectivement pour cette gloire, ceux que Satan employait pour la contrecarrer autant que
possible. Rien n’est plus frappant dans le cas de Caïphe que la manière dont son sentiment
sans cœur est transformé par la grâce en l’expression d’une grande vérité qui échappait
totalement à son entendement.

19.7.2 - Jean 18:15-17

Encore une fois nous voyons Simon Pierre suivre le Seigneur, mais pas par l’Esprit ; l’autre
disciple y était aussi, mais ce n’était pas non plus à son honneur, et encore moins à celui du
Seigneur. Car il trouve accès au palais du souverain sacrificateur du fait qu’il connaissait la
portière, et en aucune façon comme disciple de Jésus. Combien il dut bientôt être affligé de
l’influence bienveillante qu’il avait exercée pour arriver à faire entrer Pierre, qui sans cela
aurait été obligé de rester dehors ! Il ne pensait guère que ses quelques mots adressés à la
portière fourniraient l’occasion de la chute terrible et répétée de son bien-aimé condisciple !
Mais toutes les paroles du Seigneur devaient être accomplies. Il semblerait que la servante qui
gardait la porte n’était pas ignorante de ce que Jean était un disciple, car elle dit à Pierre : « Et
toi, n’es-tu pas toi aussi des disciples de cet homme ? » Or la question éprouvante ne fut pas
posée à Jean, mais à Pierre ; et Pierre, si hardi dans le jardin, tremble maintenant
complètement devant cette femme. Voilà l’homme, bien qu’il soit un saint : Qu’est-ce que
l’homme pour qu’on fasse cas de lui ? (Job 7:17). Aux yeux de Christ, l’énergie charnelle
n’est pas meilleure que la faiblesse charnelle, qui non seulement mentit, mais renia son Maître
en niant sa relation de disciple avec Lui. Or il s’agissait du Pierre chaleureux, fervent et

526
courageux ! Oui, mais c’était Pierre mis à l’épreuve de l’ombre de la croix qui approchait. La
mort est une épreuve écrasante pour le disciple, tant qu’il ne sait pas ce que c’est que d’être
mort avec Christ au péché et à la loi, crucifié au monde qui L’a crucifié, et capable donc de se
glorifier dans la croix (Gal. 6:14). Il n’en était pas encore ainsi avec Pierre, c’est pourquoi il
tomba ; nous ne pouvons dire davantage sur Jean et les autres, sinon qu’ils ne furent pas
éprouvés de cette manière. Auraient-ils mieux résisté à l’épreuve ? Certainement pas, si l’on
croit ce que Dieu dit d’eux et de l’homme en général.

19.7.3 - Jean 18:18-23

Le souverain sacrificateur poursuit son investigation : Pierre renouvelle son péché. Et ce n’est
pas étonnant. Car il dormait quand il aurait dû veiller et prier, et il s’était aventuré sur la scène
de la tentation au lieu de tenir compte des avertissements du Seigneur. « Or les esclaves et les
huissiers, ayant allumé un feu de charbon, se tenaient là, car il faisait froid, et ils se
chauffaient ; et Pierre était avec eux, se tenant là et se chauffant » (18:18). Les mauvaises
compagnies corrompent les bonnes mœurs ; et confesser Jésus devant des amis est très
différent de Le confesser devant des ennemis sanguinaires. Pierre doit apprendre par une
expérience douloureuse ce qu’il ne pouvait réaliser à partir des paroles de Christ, étant trop
peu spirituel pour le faire. Il est béni d’apprendre notre néant, et même pire, quand on est dans
la présence de Celui qui empêche de tomber ; mais si on ne l’apprend pas là, on doit
l’apprendre par soi-même dans l’humiliation amère de ce que nous sommes quand nous
L’oublions, et cela est vrai de tous les saints, surtout des serviteurs. Puissions-nous demeurer
en Lui, et que Ses paroles demeurent en nous, et qu’ainsi nous demandions ce que nous
voulons, et ce sera fait pour nous (15:7) ! Pierre n’aurait pas failli ainsi devant les hommes,
s’il n’avait pas failli au préalable avec son Maître. Sans doute, c’est par la puissance de Dieu
que nous sommes gardés, mais c’est par la foi (1 Pierre 1:5).

« Le souverain sacrificateur donc interrogea Jésus touchant ses disciples et touchant sa
doctrine » (18:19). Il désirait avoir des motifs contre le Seigneur. Était-ce là une procédure de
justice minutieuse ordinaire ? — on ne va pas demander la grâce alors qu’elle aurait dû
caractériser un sacrificateur ! Car ce n’était pas pour se protéger que le Seigneur signale Son
témoignage public et constant. D’autres, contrairement à Lui, peuvent cultiver des groupes de
pression privés et des instructions secrètes, sans parler de conseils plus noirs incitant à des
actes qui fuient toute lumière du jour. « Jésus lui répondit : Moi, j’ai ouvertement parlé au
monde ; j’ai toujours enseigné en synagogue (*), et dans le temple où tous les Juifs
s’assemblent, et je n’ai rien dit en secret. Pourquoi m’interroges-tu ? Interroge sur ce que je
leur ai dit ceux qui m’ont entendu ; voilà, ils savent, eux, ce que moi j’ai dit » (18:20-21).
C’était irréfutablement vrai et juste. La seule réponse fut une insulte brutale d’un subalterne
juif qui n’avait pas d’autre moyen pour soutenir le souverain sacrificateur (18:22). Mais le
Seigneur répondait aux subalternes comme à ceux de rang élevé, avec une dignité infiniment
au-dessus d’eux tous : « Si j’ai mal parlé, rends témoignage du mal ; mais si j’ai bien parlé,
pourquoi me frappes-tu ? » (18:23).

(*) « en synagogue » sans l’article, car il y en avait beaucoup. « Dans le temple » avec
l’article, car il n’y en avait qu’un.

527
19.7.4 - Jean 18:24-27

Voilà pour le Seigneur avec le souverain sacrificateur : quel douloureux contraste avec le
disciple en train de se chauffer avec les esclaves ! Plusieurs l’assaillent avec la question
cruciale : « Et toi, n’es-tu pas de ses disciples ? » (18:25). De nouveau la crainte de l’homme
prévaut, et celui qui croyait vraiment en Lui ne le confesse pas, mais le renie, disant : « Je
n’en suis point ». Mais ce n’était pas tout. Car « l’un d’entre les esclaves du souverain
sacrificateur, parent de celui à qui Pierre avait coupé l’oreille, dit : Ne t’ai-je pas vu, moi, dans
le jardin avec lui ? Pierre donc nia encore ; et aussitôt le coq chanta » (18:26-27). Oh !
combien la crainte de l’homme tend un piège ! (Prov. 29:25). Quelle puissance d’aveuglement
a l’ennemi pour arriver à entraîner un saint dans du mensonge direct et outrecuidant, à la
honte de Celui qui était sa vie et son salut ! Mais de quoi le cœur n’est-il pas capable quand le
Seigneur n’est pas devant lui, mais plutôt la peur ou la convoitise ou tout ce par quoi Satan
séduit ? Cependant, Dieu prit soin que la crainte de l’homme qui Le déshonorait couvrît le
disciple coupable par du remords et du mépris et une profonde humiliation au moyen de ce
témoin oculaire qui put le flétrir devant tous en dévoilant ses mensonges réitérés reniant son
Maître.

On remarquera que, dans cet évangile, nous n’avons ni le Seigneur priant par avance pour
Pierre, ni l’assurance de sa restauration, ni le Seigneur se tournant et regardant Pierre après
son dernier reniement, ni Pierre se souvenant de la parole du Seigneur et sortant et pleurant
amèrement. Tous ces détails sont donnés de manière explicite dans le seul évangile dont le
caractère leur correspond et est soutenu par eux (voir Luc 22:31-32, 61-62). Ici tout tourne,
non pas sur la découverte de ce que sont le cœur de l’homme et la grâce du Seigneur, mais sur
la Personne de Christ comme l’objet central et unique, — non pas tellement sur Sa Personne
en tant que second Homme méprisé par l’homme, ni sur l’énergie d’amour agissant envers un
disciple en dépit de son extrême défaillance, — mais plutôt en tant que Fils de Dieu glorifiant
le Père au milieu d’une ruine complète et universelle, avec des amis ou des ennemis.

19.8 - Jean 18:28-40

Matthieu 27:2, 11-30 ; Marc 15:1-19 ; Luc 23:1-25.

Le Seigneur a comparu devant l’autorité religieuse. Il doit maintenant passer devant le


pouvoir civil. C’était partout un simulacre ; voilà ce qui devait être manifesté à l’encontre de
la Personne de Celui qui, un jour, retranchera celui qui calomnie en secret son prochain, et ne
supportera pas l’homme qui a les yeux hautains et le cœur orgueilleux, pas plus que le
menteur et le trompeur, et qui détruira dès le début tous les méchants de la terre, et en
particulier de la ville de l’Éternel (Ps. 101:5-7). Sa gloire, ils ne la connaissaient pas, ni par
conséquent Sa grâce ; pourtant ils n’auraient pas dû être aveugles quant à Ses voies saintes et
justes ; mais l’homme, religieux ou profane, comblait la coupe de son iniquité, d’autant plus
que Dieu agit avec une grande patience.

« Ils mènent donc Jésus de chez Caïphe au prétoire (or c’était le matin) ; et eux-mêmes, ils
n’entrèrent pas au prétoire, afin qu’ils ne fussent pas souillés ; mais qu’ils pussent manger la
Pâque. Pilate donc sortit vers eux, et dit : Quelle accusation portez-vous contre cet homme ?

528
Ils répondirent et lui dirent : Si cet homme n’était pas un malfaiteur, nous ne te l’eussions pas
livré. Pilate donc leur dit : Prenez-le, vous, et jugez-le selon votre loi. Les Juifs donc lui
dirent : Il ne nous est pas permis de faire mourir personne ; afin que fût accomplie la parole
que Jésus avait dite, indiquant de quelle mort il devait mourir. Pilate donc entra encore dans le
prétoire, et appela Jésus, et lui dit : Toi, tu es le roi des Juifs ? Jésus lui répondit : Dis-tu ceci
de toi-même, ou d’autres te l’ont-ils dit de moi ? Pilate répondit : Suis-je Juif, moi ? Ta nation
et les principaux sacrificateurs t’ont livré à moi ; qu’as-tu fait ? Jésus répondit : Mon royaume
n’est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs (ύπηρέται) auraient
combattu, afin que je ne fusse pas livré aux Juifs ; mais maintenant mon royaume n’est pas
d’ici. Pilate donc lui dit : Tu es donc roi ? Jésus répondit : Tu le dis que moi je suis roi. Moi,
je suis né pour ceci, et c’est pour ceci que je suis venu dans le monde, afin de rendre
témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité, écoute ma voix. Pilate lui dit : Qu’est-ce
que la vérité ? Et ayant dit cela, il sortit encore vers les Juifs ; et il leur dit : Moi, je ne trouve
aucun crime en lui ; mais vous avez une coutume, que je vous relâche quelqu’un à la Pâque ;
voulez-vous donc que je vous relâche le roi des Juifs ? Ils s’écrièrent donc tous encore,
disant : Non pas celui-ci, mais Barabbas. Or Barabbas était un brigand » (18:28-40).

19.8.1 - Jean 18:28-31

L’activité d’une volonté hostile caractérisait les Juifs, et leur zèle était aussi grand que leur
souci du protocole et leur manque de conscience. Tard dans la nuit et tôt le matin, ils étaient à
l’œuvre, d’un souverain sacrificateur à l’autre, pour peser sur le gouverneur romain. Résolus à
faire couler le sang du Messie, ils avaient des scrupules à entrer dans le prétoire ; ils ne
voulaient pas se souiller, car ils voulaient manger la Pâque et ne l’avaient pas encore fait
(18:28). Ils étaient loin de penser qu’ils étaient en train de préparer la mort du vrai agneau
pascal, et d’accomplir ainsi, par une incrédulité coupable, la voix de la loi à leur propre
destruction, quel que soit par ailleurs le propos de Dieu dans Sa mort. Le païen endurci
semble d’abord correct et juste comparé à la nation élue : nous allons voir comment Satan a
trouvé finalement le moyen d’exciter son injustice et de le décider, comme eux, au mal
irrémédiable en rejetant Christ. Pilate sentait que le cas n’était pas sérieux à son avis, et il
demande une accusation tangible (18:29). Ils esquivent cette demande en la qualifiant
d’affront, que ce soit réel ou affecté, comme s’il était impossible qu’ils soient injustes (18:30).
Le gouverneur aurait été heureux de rejeter la responsabilité sur les Juifs, qui laissent paraître
leur conclusion décidée d’avance : Jésus doit mourir ; et comme légalement la mort ne
pouvait pas être dans leurs mains, il faut qu’elle soit aux mains d’hommes sans loi. Il doit
mourir de la mort de la croix.

19.8.2 - Jean 18:32

Ainsi la parole de Jésus qui indiquait de quelle mort Il devait mourir, devait être accomplie
(18:32). Comparez 3:15 et 8:28 et 12:32-33 (pour Pierre, 21:18-19), et aussi Matthieu 16:21 et
17:12,22-23. Étienne a été lapidé par les Juifs dans une explosion de fureur religieuse, Jacques
a été mis à mort par l’épée d’Hérode, mais le Fils de l’homme devait être condamné par les
chefs des sacrificateurs et les scribes du côté juif, et être crucifié par les Gentils. « Car en
effet, dans cette ville, contre ton saint serviteur Jésus que tu as oint, se sont assemblés et
Hérode et Ponce Pilate, avec les nations et les peuples d’Israël, pour faire toutes les choses

529
que ta main et ton conseil avaient à l’avance déterminé devoir être faites » (Actes 4:27-28).
L’homme doit prouver universellement sa culpabilité au dernier degré, et la parole divine doit
être accomplie à la lettre, Dieu Lui-même (on peut dire dans la Personne de Son Fils) étant
chassé de Sa propre terre dans la honte ; tout ceci, et davantage encore, était impliqué dans
l’acte délibéré et fatal. Pourtant, c’était la gloire morale la plus profonde. Maintenant le Fils
de l’homme était glorifié, et Dieu était glorifié en Lui (13:31). L’obéissance jusqu’à la mort,
le dévouement absolu, la souffrance au-delà de toute mesure à la fois pour la justice et pour le
péché, se rencontraient d’un côté ; et de l’autre la vérité, la justice, la grâce et la majesté de
Dieu, ne furent pas seulement défendues, mais glorifiées. Là aussi la puissance de Satan et ses
prétentions ont été pour toujours annulées, et une base parfaite et éternelle à la gloire de Dieu
a été posée pour la bénédiction de l’homme et de la création en général. Voilà les fruits de la
mort du Christ à la croix. Combien l’aveuglement des instruments de cette mort a été
profond ! Combien l’intelligence a été obscurcie même chez ceux qui en sont d’habitude
pourvus ! Combien le Père et le Fils ont été, en amour et en sainteté, des objets de
bénédiction, achevant tout en dépit de tout !

19.8.3 - Jean 18:33-34

À nouveau, le Romain (dont le bon sens caractéristique voyait bien l’envie et la malice des
Juifs, et repoussait toute inquiétude quant à l’honneur ou à la sécurité de César) entra dans le
prétoire, et appela le Seigneur, et dit : « Toi, tu es le roi des Juifs ? » Lui, qui était resté muet
devant le souverain sacrificateur jusqu’à l’adjuration par le Dieu vivant, répondit à Pilate par
une question : « Dis-tu ceci de toi-même, ou d’autres te l’ont-ils dit de moi ? » (18:33-34). Ce
fut le tournant. Si le gouverneur avait été mal à l’aise vis-à-vis des droits et des intérêts de
César, le Seigneur aurait pu lui faire voir Son attitude constante comme dans Jean 6:15, et Son
enseignement invariable comme dans Luc 20:25, pour prouver parfaitement le contraire, et
réassurer pleinement Pilate. Mais si la question avait son origine chez les Juifs, comme c’était
le cas (Luc 23:2), le Seigneur n’avait rien à dire d’autre que la vérité face à l’incrédulité et à la
contradiction d’Israël, et Il n’avait rien d’autre à faire que de témoigner par la « bonne
confession » devant Ponce Pilate (1 Tim. 6:13 [JND traduit « belle confession »]), et c’est ce
qu’Il a fait en toute simplicité.

19.8.4 - Jean 18:35

La réponse du gouverneur faisait comprendre ce qui était déjà certain, à savoir que le vrai Fils
de David était rejeté par les Juifs définitivement infidèles à la seule espérance divine de la
nation. « Suis-je Juif, moi ? » dit Pilate, « Ta nation et les principaux sacrificateurs t’ont livré
à moi ; qu’as-tu fait ? » Il n’avait rien fait à l’encontre d’aucune loi quelconque : chacune de
ses paroles, chacune de ses voies témoignaient de Dieu. Il parlait, Il était la vérité, qui non
seulement faisait ressortir ce qu’était l’homme, mais qui présentait le Père, et les deux étaient
intolérables. Ils ne voulaient rien de Lui, non pas faute d’avoir donné toutes les preuves
possibles d’être le Messie, mais parce qu’Il les mettait en présence de Dieu et de leurs péchés,
et il n’y avait pas moyen d’échapper à ce témoignage, sinon en Le rejetant Lui. D’où la toute
importance du contenu de la question. Le peuple et les prêtres refusaient pareillement leur
propre Messie, et Il s’inclinait devant ce rejet. Des choses plus profondes étaient en train de
s’accomplir entre-temps ; et la gloire infinie de Sa Personne, déjà confessée par les disciples,

530
ainsi que Son œuvre de rédemption éternelle, étaient sur le point d’être proclamées dans
l’évangile et de supplanter les espérances juives. Car le rassemblement en un des enfants de
Dieu dispersés devait remplacer la nation désavouée, jusqu’à ce qu’à la fin de ce siècle ils
disent : Béni soit Celui qui vient au nom de l’Éternel (Luc 13:35). Alors Jésus, si longtemps
rejeté, les appellera de nouveau comme étant Siens, une fois de plus et pour toujours, et Il les
bénira immuablement, et fera d’eux une bénédiction pour toutes les familles de la terre.

19.8.5 - Jean 18:36

Ensuite « Jésus répondit : Mon royaume n’est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce
monde, mes serviteurs auraient combattu, afin que je ne fusse pas livré aux Juifs ; mais
maintenant mon royaume n’est pas d’ici » (18:36). Quand les Juifs se repentiront, et que le
Seigneur reviendra en puissance et en gloire, non seulement Il sera révélé du ciel en flammes
de feu, exerçant la vengeance (2 Thes. 1:8), mais Jérusalem sera une pierre pesante pour tous
les peuples (Zach. 12:3), et Il bandera pour Lui Juda comme son arc, et remplira cet arc avec
Éphraïm (Zach. 9:13). Mais nous avons ici le christianisme, introduit avant ce jour-là avec
Son royaume qui n’est pas de ce monde, ni d’ici, mais d’en haut, où tout exhale Christ rejeté
mais glorifié, et tout est selon la connaissance révélée du Père, — les Juifs comme tels étant
dehors et des ennemis manifestes.

19.8.6 - Jean 18:37

Le gouverneur, tout en étant satisfait de ce qu’il n’y avait rien à craindre politiquement, ne
pouvait que considérer une telle revendication comme incompréhensible. « Tu es donc roi ? »
Cela, le Seigneur ne pouvait le nier. C’était la vérité, et Il la confessa, quoi qu’il Lui en coûtât.
Mais l’ayant fait, il met en avant ce qui s’applique maintenant. « Tu le dis que moi je suis roi.
Moi, je suis né pour ceci, et c’est pour ceci que je suis venu dans le monde, afin de rendre
témoignage à la vérité » (18:37). La loi avait été donnée par Moïse, et Jésus était le roi des
Juifs, né pour l’être. Mais Il était conscient d’une autre gloire, plus élevée, liée à Sa Personne
en tant que Fils de Dieu : la grâce et la vérité vinrent par Jésus-Christ (1:17). « Quiconque est
de la vérité, écoute ma voix » (18:37). Quel témoignage solennel et résolu ! Les Juifs étaient
zélés pour la loi, non pas parce qu’elle était de Dieu, mais parce que c’était la leur ; les
Romains cherchaient ce monde et sa puissance. Tous les deux étaient aveugles vis-à-vis de ce
qui est éternel et invisible. Jésus était la vérité, aussi bien que le témoin fidèle et véritable à
l’égard de la vérité.

Pour certains lecteurs il peut être utile de remarquer que « Roi de Son Église » est une idée,
certes favorite de la théologie puritaine, mais à la fois dépourvue de fondement et opposée à
tout le témoignage de l’Écriture. Même le « Roi des saints » d’Apoc. 15:3 selon le Texte Reçu
doit être abandonné par tous ceux qui connaissent la meilleure leçon. On doit lire « Roi des
nations », même si « Roi des siècles » a une excellente autorité. Mais qu’on prenne l’un ou
l’autre, il est certain que « Roi des saints » n’a presque aucun support, car cette expression est
autant étrangère à l’Écriture qu’à la pensée de Christ dans l’Écriture. « Rois des nations »
semble clairement tiré de Jérémie 10:7, ou tout au moins en plein accord avec ce passage.
Christ est le roi d’Israël en Sion ; comme Fils de l’homme, tous les peuples et nations et
langues Le serviront ; et comme l’Éternel, Il sera roi sur toute la terre. Mais comme tête (ou :

531
chef), il est écrit qu’Il est ainsi donné « à l’Assemblée », Son corps, « et sur toutes choses »
(Éph. 1:22) — jamais « sur l’Église », comme des hommes l’ont dit, ayant mal compris Ses
relations telles qu’elles sont révélées.

19.8.7 - Jean 18:37c-40

Il ajoute, et cela est étrange aux oreilles d’homme, spécialement à des oreilles de Romains :
« Quiconque est de la vérité, écoute ma voix ». Si quelqu’un ne l’écoutait pas, il n’était pas de
la vérité. Comment pouvait-il en être autrement puisqu’Il était le Fils unique, et pourtant un
homme sur la terre ? Pouvait-Il être venu dans un but autre que celui-ci, puisqu’Il était venu
en grâce et non en jugement ? Et Pilate, après un « Qu’est-ce que la vérité ? » retourne vers
les Juifs. Il n’a pas sérieusement cherché une réponse : seule une conscience éveillée le fait ;
et la grâce qui produit le désir chez le pécheur, donne aussi la réponse en bien de la part de
Dieu. Il n’en a pas été ainsi avec Pilate qui, après avoir dit cela, sortit de nouveau vers les
Juifs, en disant : « Moi, je ne trouve aucun crime en lui » ; et suggérant comme solution à la
difficulté, la libération d’un prisonnier à la fête selon la coutume, il proposa de laisser aller
leur roi. Mais ceci eut pour seul résultat de faire jaillir la profondeur de leur haine, et tous
crièrent : « Non pas celui-ci, mais Barabbas » (18:40). Or Barabbas était un brigand, comme
l’évangéliste l’ajoute. Ainsi les Juifs choisirent le « fils du père » (car c’est ce que le nom
signifie) de Satan. Combien il est évident que l’homme qui rejette Jésus est esclave de Satan !

Mais les Juifs dans leur incrédulité sont plus outrecuidants dans le mal que le sombre
procurateur païen. Celui-ci, comme le reste du monde, ne connaissait rien de la « vérité » ; ils
avaient d’abondantes spéculations, moins satisfaisantes les unes que les autres, sans aucune
vérité certaine, et encore moins au sujet de Dieu. Les Juifs savaient davantage ; et le Seigneur
les obligeait à entendre ce qu’ils ne pouvaient pas nier, mais qu’ils ne voulaient pas recevoir.
C’est pourquoi, tous finirent pour le présent, dans la haine contre Lui jusqu’à la croix, et dans
la préférence ouverte en faveur d’un voleur et meurtrier. Aucune chair ne se glorifie en Sa
présence.

20 - Chapitre 19
La dureté de cœur et l’insulte s’ensuivirent parce que Son heure était venue. Pilate prit Jésus,
le Seigneur de gloire, et Le fit fouetter ; les soldats traitèrent leur prisonnier débonnaire avec
le mépris sans cœur qui leur était naturel vis-à-vis de quelqu’un qui ne résistait pas ; pourtant
c’est des Juifs que venait la haine extrême et implacable.

20.1 - Jean 19:1-15

20.1.1 - Jean 19:1-5

« Alors donc Pilate prit Jésus et Le fit fouetter. Et les soldats, ayant tressé une couronne
d’épines, la mirent sur Sa tête, et Le vêtirent d’un vêtement de pourpre, et vinrent à Lui et

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dirent : Salut, roi des Juifs ! Et ils Lui donnaient des soufflets. Et Pilate sortit encore et leur
dit : Voici, je vous L’amène dehors, afin que vous sachiez que je ne trouve en Lui aucun
crime. Jésus donc sortit dehors, portant la couronne d’épines et le vêtement de pourpre. Et il
leur dit : Voici l’homme ! » (19:1-5).

Le Romain discernait la bassesse du peuple, et l’habileté et la malice meurtrière des chefs


religieux ; et il semble avoir eu recours à la tactique injuste de fouetter le Seigneur, puis de
permettre, voire de prescrire aux soldats de Le tourner en dérision, comme un moyen de
satisfaire les Juifs et de laisser aller Jésus. Contrairement à la vérité et à la justice, il voulait
complaire à leurs sentiments contre Jésus, mais il voulait, si possible, sauver un innocent sans
que cela lui nuise. Tel est l’homme en position d’autorité ici-bas — au moins quand cela
concerne Christ ou ceux qui sont de Christ. C’était le lieu du jugement, mais la méchanceté
était là, - le lieu de la justice, mais l’iniquité était là (Eccl. 3:16). Il n’y avait pas une seule
étincelle de conscience chez le juge, pas plus que chez les accusateurs ni dans la foule
maintenant tout à fait excitée. L’homme était là, trompé par Satan ; et Dieu n’était dans
aucune de leurs pensées. Pilate espérait probablement que la soumission sans murmure à une
moquerie et une flagellation aussi cruelles sous leurs yeux pourrait peut-être incliner la foule
et ses meneurs à la compassion, tandis que l’exposition publique de la futilité des
revendications royales de Jésus éveillerait naturellement leur mépris, et qu’ainsi ces deux
mouvements contribueraient à accomplir son propre désir de relâcher le prisonnier, chez
lequel il avouait ne voir aucune culpabilité quelle qu’elle soit. Mais, non ! Tous doivent se
montrer sous leur vrai jour — les sacrificateurs et le peuple, les érudits et les ignorants, les
civils et les soldats, le juge et le prisonnier. C’était leur heure et la puissance des ténèbres
(Luc 22:53). Mais si l’homme et Satan étaient là, Dieu de Son côté était là, les jugeant
moralement tous par Celui qu’ils jugeaient à tort.

Cependant dans cette foule aveugle et endurcie, le Romain, malgré son injustice, brille en
comparaison des Juifs de tous rangs. Tandis que croissait la difficulté de délivrer l’Innocent
de leur volonté déterminée à détruire, nous voyons un homme impressionné de plus en plus, et
malgré lui, par la dignité inexplicable de Celui qui semblait être à sa merci. Nous lisons
ailleurs, au sujet du rêve de sa femme qui le fit avertir tandis qu’il siégeait au tribunal ; mais
ici c’est Sa Personne, autant par Son silence que par Ses paroles, qui augmentait le désir de
Pilate de Le soustraire à Ses adversaires sans scrupules et meurtriers, toujours méprisés à ses
yeux, jamais aussi abjects que maintenant.

Cependant l’effort de Pilate fut vain. Son exclamation : « Voici l’homme ! » n’a eu pour effet
ni la pitié ni le mépris escomptés pour détourner la foule de son intention tragique, mais cela
ne fit qu’enrager davantage la foule en train de pousser des clameurs pour réclamer la mort du
Seigneur. Dans les voies de Dieu, Il ne veut pas laisser l’iniquité prospérer, encore bien moins
là où Christ est en cause. Le juge inique pouvait abuser et insulter le Seigneur, dans l’espoir
de satisfaire les Juifs dans une mesure, puis de les détourner d’un but qui révoltait même son
esprit sévère et impitoyable comme étant un crime inutile. Mais Dieu, qui abhorrait l’iniquité
horrible d’eux tous, permet à Satan de tous les piéger dans les conséquences de leur
incrédulité totale, et de leur état habituellement mauvais : surdité à tous les avertissements et
aveuglement au plein témoignage de la bonté morale, et de la gloire divine, et de la grâce
parfaite dans la sainte Victime qui était devant eux. Comme le juge reconnaissait Son
innocence, sans vouloir rien risquer en Sa faveur, ainsi tous se commettent et se condamnent
pour leur propre ruine, trébuchant sur la précieuse pierre d’angle et le sûr fondement comme
une pierre rejetée par les bâtisseurs (Ps. 118:22).

533
20.1.2 - Jean 19:6-11

« Quand donc les principaux sacrificateurs et les huissiers Le virent, ils s’écrièrent, disant :
Crucifie, crucifie-le ! Pilate leur dit : Prenez-le, vous, et Le crucifiez ; car moi, je ne trouve
pas de crime en lui. Les Juifs lui répondirent : Nous avons une loi, et selon notre loi Il doit
mourir, car Il s’est fait Fils de Dieu. Quand donc Pilate entendit cette parole, il craignit
davantage, et il entra de nouveau dans le prétoire, et dit à Jésus : D’où es-tu ? Et Jésus ne lui
donna pas de réponse. Pilate donc Lui dit : Ne me parles-tu pas ? Ne sais-tu pas que j’ai le
pouvoir [autorité] de te relâcher, et que j’ai le pouvoir [autorité] de te crucifier ? Jésus
répondit : Tu n’aurais aucun pouvoir [autorité] contre moi, s’il ne t’était donné d’en haut ;
c’est pourquoi celui qui m’a livré à toi a plus de péché » (19:6-11).

Comme l’accusation contre le Seigneur d’être hostile aux puissances du monde tombait, Ses
accusateurs se réfugient désormais dans le cri encore plus solennel : Il doit mourir parce qu’Il
s’est fait Fils de Dieu. Pilate eut d’autant plus peur, mais n’en était pas pour autant davantage
prêt à se ranger à leur dessein, bien qu’il fût un païen et eux les blasphémateurs de
l’Espérance d’Israël, le Saint de Dieu ! Oui, Il va mourir, mais pas pour les mensonges que
certains ont faussement jurés contre Lui, mais pour la vérité de Dieu, la vérité capitale pour
l’homme, l’objet de la foi, et la seule source de vie éternelle. S’étant anéanti, Il s’est abaissé
Lui-même ; mais Il était et est Fils de Dieu, de toute éternité et pour toute éternité. Que
l’homme soit un pécheur mort vis-à-vis de Dieu, cela est aussi certain le fait que Jésus est Son
Fils ; et la vie éternelle n’est qu’en Lui (1 Jean 5:11), mais pour que l’ait toute âme qui croit
en Lui. « Celui qui croit [en moi], a la vie éternelle » (Jean 5:24). Il n’y a de salut en aucun
autre que Jésus ; car aussi il n’y a point d’autre nom sous le ciel, qui soit donné parmi les
hommes, par lequel il nous faille être sauvés (Actes 4:12). Mais ceux qui auraient le plus le
devoir de L’accueillir, et de faire connaître Sa gloire au loin, c’était ceux qui ne craignaient
pas de dire : « Selon notre loi il doit mourir, car il s’est fait Fils de Dieu » ! (19:7). Oh,
combien la puissance de Satan était réelle, combien elle répandait de ténèbres, quand les Juifs
Le blasphémaient hardiment, et que le procurateur païen « craignait » devant Lui !

La peur, cependant, n’est pas la foi ; et chez Pilate elle n’allait pas plus loin qu’une crainte
vague de l’Homme mystérieux en train d’être jugé, et un sentiment très net que l’inimitié à
Son encontre n’avait pas d’autre cause que leur volonté féroce. Aussi, rentrant dans son
palais, il s’enquiert : « D’où es-tu ? » (19:9) et, mortifié de ne recevoir aucune réponse, il
vante son pouvoir de Le relâcher aussi bien que de Le crucifier. Le Seigneur ne répondit pas à
la première question qui n’avait pas de meilleur motif que la curiosité, et était en dehors de la
crainte de Dieu et de Son amour ; mais le Seigneur répondit à la seconde question en termes
dignes de Sa personne, pleine de grâce et de vérité. En vérité l’heure était venue où le Fils de
l’homme devait être glorifié, et Dieu glorifié en Lui (13:32). Quelle était l’autorité d’un
gouverneur romain, sans la volonté de Dieu pour la sanctionner ? Ses voies, Sa nature,
doivent prévaloir ; Ses paroles, en vue du plus profond des propos, étaient maintenant sur le
point d’être accomplies pour Sa propre gloire éternellement ; et Jésus s’inclinait absolument
devant tout.

Néanmoins, l’accomplissement des conseils divins en Christ ne sanctifie pas la volonté de


l’homme qui Le rejette et Le met à mort ; Dieu est juste en jugeant le mal. « C’est pourquoi
celui qui m’a livré à toi a plus de péché » (19:11). Le Gentil était méchant, le Juif pire ; si
Ponce Pilate était injuste de manière inexcusable, combien plus terrible était la position de

534
Caïphe ou de Judas Iscariote et de tous ceux qu’ils représentaient ce jour-là ? Si Dieu envoya
Son Fils dans une grâce infinie, Il n’a pas manqué de présenter des preuves adéquates de qui
Il était et de ce qu’Il est, et de laisser inexcusables tous ceux qui ne Le perçoivent pas ni ne Le
reçoivent : non seulement ceux qui avaient l’autorité extérieure de Dieu dans ce monde, mais
encore plus ceux qui avaient Ses oracles vivants qui rendaient témoignage de Son Fils, lequel
est le centre et l’objet de tous ces oracles. N’étaient-ils pas des témoins de ces œuvres et de
ces paroles et de ces voies comme jamais on n’en avait vu sur la terre, ce qui aggravait
d’autant plus la culpabilité de ceux qui, après une telle grâce, rejetaient Celui qui était si
glorieux ?

20.1.3 - Jean 19:12-15

« Dès lors Pilate cherchait à Le relâcher ; mais les Juifs criaient, disant : Si tu relâches celui-
ci, tu n’es pas ami de César ; quiconque se fait roi, s’oppose à César. Pilate donc, ayant
entendu ces paroles, amena Jésus dehors, et s’assit sur le tribunal, dans le lieu appelé le Pavé
(*), et en hébreu Gabbatha ; (or c’était la Préparation (2*) de la Pâque, c’était environ la
sixième heure (3*) ;) et il dit aux Juifs : Voici votre roi ! Mais ils crièrent : Ôte, ôte ! Crucifie-
le ! Pilate leur dit : Crucifierai-je votre roi ? Les principaux sacrificateurs répondirent : Nous
n’avons pas d’autre roi que César » (19:12-15).

(*) En grec tardif τό λιθόστρωτον [le Pavé de pierre] était dit des ouvrages en damier ou en
mosaïque utilisés pour les sols de bâtiments publics ou domestiques, et tout particulièrement
pour le tribunal d’un Romain dans l’exécution de sa fonction. Ainsi Jules César, dans ses
expéditions militaires, portait régulièrement une telle mosaïque avec lui, selon Suétone (cap.
46). Le mot Gabbatha semble provenir d’une racine hébreue, « être élevé » (voir Guéba,
Guibha, Gabaon, etc.). L’un (le Pavé) se réfère au sol, l’autre (Gabbatha) à la plateforme
élevée, — à moins que l’idée de Lightfoot soit bien fondée qui dérive Gabbatha d’un mot
signifiant « une surface », et considère donc les mots grec et hébreu comme équivalents.

(2*) Aucun fait dans l’évangile n’a été débattu plus vivement et avec autant de divergences
entre des hommes pieux et érudits que celui de παρασκευή τού πάσχα (la préparation de la
Pâque) en rapport avec Jean 18:28. Ce dernier verset dispose sans doute un lecteur moderne
ou Gentil à concevoir, à première vue, que le Seigneur aurait observé la Pâque et institué Son
propre repas (Cène) un jour avant celui que les Juifs observaient. D’un autre côté, il n’est pas
moins clair, selon les trois évangiles synoptiques, que le Seigneur participa à la Pâque avec
Ses disciples à la date normale du 14 Nisan. Par conséquent, il n’a pas manqué de gens osant
rejeter le récit de Jean, tandis qu’un plus grand nombre encore sont tombés dans l’erreur
opposée, et ont traité les premiers évangélistes comme s’ils confondaient la Cène et la Pâque.
D’autres, comme le Doyen Alford, ont abandonné la question comme étant insoluble pour
nous. La vérité est que tous ces partis disputant la question commencent par l’erreur
consistant à oublier le fait évident et certain que les Juifs comptent les jours d’un soir au soir
suivant, et que par conséquent c’est tout à fait une erreur de croire que le Seigneur a pris
la Pâque avec Ses disciples un jour et a souffert le lendemain [Neander, Meyer, Godet,
Weiss, Ellicott, Westcott, Sanday]. Il en serait ainsi selon notre habitude de pensée
occidentale, mais non pas selon les Juifs, nourris de la loi. Ils ont mangé le jour de notre jeudi,
et Il a souffert le jour de notre vendredi, mais pour les Juifs, c’était un seul et même jour. Par

535
conséquent, il était encore temps pour ceux des Juifs qui avaient été trop occupés avec le
simulacre de procès et la condamnation de notre Seigneur de manger la Pâque, si entre-temps
ils ne se rendaient pas légalement impurs. La préparation de la Pâque ne veut pas dire le 13
Nisan, mais le 14 Nisan. C’était le jour avant le sabbat pascal, qui, à cette occasion, était
double, et donc d’une sainteté particulière. Ainsi Matthieu, parlant de ce sabbat, dit « qui est
après la Préparation » (27:62), et Marc explique que la Préparation est l’avant sabbat, ou jour
qui précède un sabbat (15:42). Cela semble décisif pour concilier les déclarations du
quatrième évangile avec celles des trois autres. Le fait douloureux est l’incrédulité qui a
exposé tant de personnes éminentes par leur érudition et même par leur piété, à de telles
discussions hâtives et peu soigneuses de l’Écriture. S’ils avaient tenu fermement au caractère
inspiré des saintes Écritures, ils auraient au moins évité l’erreur et l’irrévérence, s’ils n’étaient
pas en mesure de lever la difficulté.

(3*) Il est bien connu que Nonnus dans sa paraphrase poétique de notre évangile écrit la
« troisième » heure, et il n’est pas le seul à l’avoir fait, mais aussi cinq manuscrits onciaux et
quatre cursives, soit dans le texte original soit sous forme de correction, pour ne pas parler
d’autorités moins directes. Pourtant, le poids des témoignages en faveur de la « sixième »
(έκτη) est irrésistible. Il semblerait que notre évangéliste a adopté un système de comptage
des heures à partir de minuit jusqu’à midi, comme nous le faisons. Il est certains que les
Romains le faisaient pour leur jour civil (voir Pline, « N.Hist. » ii.79 ; Censorinus de « Die.
Nat. », XXIII ; Aul. Gell., « N. Att », iii.2 ; et Macrob., « Sat. » i.3). Cela vaut de manière
excellente pour toutes les mentions d’heures dans l’évangile de Jean, outre le fait que cela
cadre avec les heures (troisième, sixième et neuvième) du jour naturel d’après le soleil de
l’évangile de Marc. Cela sert à expliquer le message de la femme de Pilate, qui autrement
serait étrange (Matt. 27:19), dans lequel elle dit avoir beaucoup souffert « aujourd’hui à son
sujet dans un songe ». Pour Procula, qui était Romaine, la journée était comptée à partir de
minuit, comme les heures semblent toujours l’être dans notre évangile, mais pas dans les
synoptiques.

Une citation singulière de Jérôme montre la perplexité dans les esprits, autrefois comme
aujourd’hui : dans son bréviaire sur le Psaume 77, il dit qu’il est écrit dans Matthieu et dans
Jean que notre Seigneur a été crucifié à la sixième heure, mais qu’inversement Marc dit qu’Il
a été crucifié à la troisième heure ; que cela a été une erreur des scribes, beaucoup prenant le
sigma des grecs pour un gamma, ou écrivant Ésaïe à la place d’Asaph (Hier. Opp., vii., 1046,
ed. Migne). — La solution de Jérôme était donc de corriger le texte, non pas de Jean (comme
Wesley écrit troisième), mais de Marc, alors que cette correction n’est supportée que par un
seul manuscrit cursif du 11ème siècle, et par les versions syriaque et éthiopienne. Or la juste
rétribution de ces falsifications de l’écriture est qu’elles n’atteignent pas le but recherché ; car
Jean connecte sa sixième heure avec ce qui était avant (peut-être des heures auparavant) les
heures indiquées par Marc, que ce soit la sixième ou la troisième. Ainsi la violence faite à
l’autorité certaine de Marc ne réconcilie pas plus les affirmations que la violence similaire
proposée sur Jean 19:14 ; car Marc précise le moment où notre Seigneur a été crucifié comme
étant la troisième heure, alors que Jean parle du moment où Pilate s’assit sur le tribunal pour
donner la sentence comme étant environ la sixième heure. Changer Jean pour mettre la
troisième heure, ou changer Marc pour mettre la sixième heure (en supposant que ce soit
correct malgré les plus fortes preuves en sens contraire), n’éclairerait pas la vérité, mais ne
ferait que donner naissance à une nouvelle confusion [Voir Westcott et Hort, « Lectures
Sélectionnées », p. 90].

536
Combien est impuissante la lutte pour faire le bien, quand on aime le monde, qu’on n’a pas
jugé ses péchés, et que la grâce est inconnue ! Les Juifs pénétraient les intentions de Pilate
comme lui les leurs. Qu’il est misérable de ne pas avoir Christ pour vie éternelle ! Pilate
préféra l’amitié du monde au Fils de Dieu, comme les Juifs n’ont vu aucune beauté dans Celui
qu’ils devraient admirer ; et les deux contribuèrent à Le crucifier. Pilate peut bien chercher à
relâcher Jésus, entrer et ressortir, parler à Jésus et verser du mépris sur les Juifs. Mais le mot
de la fin de l’incrédulité apostate sort de leur bouche et ferme celle de Pilate, qui ne veut pas
être en retard sur les Juifs pour clamer son allégeance à César. Tout est fini maintenant. Le
prince du monde vient, et bien qu’il n’ait rien en Christ, Christ meurt rejeté par l’homme,
abandonné de Dieu, le Juste pour nos péchés ; il n’y eut jamais une telle haine et une telle
injustice comme celles de la part du monde envers Lui ; jamais un tel amour et une telle
justice comme ceux de la part de Dieu envers le monde en vertu de Lui.

La parole rejetant Christ a été prononcée. Leur allégeance à Rome était un mensonge, et leur
folle culpabilité était manifeste en ce qu’ils se débarrassaient du Messie et de Dieu Lui-même,
et de toute leur foi et toute leur espérance. Les Juifs avaient horreur de la sujétion à César ; ils
ne reconnaissaient ni son droit ni leur propre péché, qui était l’occasion de sa suprématie.
Mais ils abhorraient davantage le Messie, non pas l’idée qu’ils s’en faisaient, mais la réalité
selon Dieu. Ils n’avaient aucune pensée, aucun sentiment, aucune parole, aucune voie ni
aucun but en commun avec Jésus ; et cela parce qu’Il rapprochait Dieu d’eux en grâce, parce
qu’Il manifestait un homme dans une dépendance et une obéissance parfaites à Dieu ; et leur
volonté, avec une mauvaise conscience, rejetait tous les deux. C’est pourquoi la croix était
pour eux tout à fait répugnante. « Nous, nous avons appris de la loi, que le Christ demeure
éternellement : et comment, toi, dis-tu qu’il faut que le fils de l’homme soit élevé ? Qui est ce
Fils de l’homme ? » (12:34). Pourtant, la loi était assez claire que le Messie devait être rejeté
par l’homme, en particulier par les Juifs, et mourir de cette mort de malédiction, qui serait le
terrible péché de l’homme, et pourtant le sacrifice expiatoire de Dieu pour le péché. Mais la
volonté, régie par Satan pour servir un objectif présent poursuivant les convoitises et les
passions de l’homme, les aveuglait à l’égard de Sa parole et de leur propre méchanceté
suicidaire ; c’est ainsi qu’ils allaient bientôt prouver leur caractère rebelle vis-à-vis de César,
et les Romains viendraient détruire leur ville et ôter leur nation (11:48), mais au préalable, ils
allaient remplir Jérusalem du spectacle de leur propre châtiment jusqu’à ce qu’il n’y ait plus
de place libre pour planter davantage de croix, et que le bois manquât pour les faire : c’est ce
que raconte Josèphe.

20.2 - Jean 19:16-30

20.2.1 - Jean 19:16-22

Matthieu 27:31-50 ; Marc 15:20-37 ; Luc 23:26-46.

« Alors donc il Le leur livra pour être crucifié ; et ils prirent Jésus, et L’emmenèrent. Et Il
sortit portant la croix, [et s’en alla] au lieu appelé [lieu] du crâne, qui est appelé en hébreu
Golgotha, où ils Le crucifièrent, et deux autres avec lui, un de chaque côté, et Jésus au milieu.
Et Pilate fit aussi un écriteau, et le plaça sur la croix ; et il y était écrit : Jésus le Nazaréen, le
roi des Juifs. Beaucoup des Juifs donc lurent cet écriteau, parce que le lieu où Jésus fut

537
crucifié était près de la ville ; et il était écrit en hébreu, en grec, en latin. Les principaux
sacrificateurs des Juifs donc dirent à Pilate : N’écris pas : Le roi des Juifs ; mais que lui a dit :
Je suis le roi des Juifs. Pilate répondit : Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit » (19:16-22).

La foi seule préserve de la puissance et des ruses du diable. Pilate et les Juifs étaient
totalement opposés dans leurs pensées et leurs désirs ; mais Dieu n’était dans les pensées ni de
l’un ni des autres. Ils allaient chacun leur propre chemin, mais tous étaient égarés ; et
maintenant ils se montraient les ennemis déclarés de la justice ainsi que de la grâce,
incapables de discerner les voies, les marques et les preuves les plus nettes que Dieu était
présent en amour pour l’homme, quand bien même Il était descendu extrêmement bas. La
croix de Christ manifeste chacun. Pilate sous la pression de la crainte pour ses propres intérêts
mondains abandonna Jésus à leur méchanceté, tout en Le sachant innocent ; et Lui, portant Sa
croix, sortit vers le lieu du crâne (en grec), Golgotha en hébreu, et le « Calvaire » en latin. Là
Il fut crucifié avec une indignité particulière, puisqu’Il avait un brigand de chaque côté, et
qu’un brigand (Barrabas) Lui avait été préféré. Pourtant, Dieu prit soin que même là un
témoignage convenable Lui fût rendu par le moyen de l’inscription sur la croix, quel qu’ait été
le motif intime de Pilate ; l’homme méprisé de Nazareth était le Messie. Où en étaient les
Juifs si Lui était leur roi ? Ils étaient les adversaires les plus acharnés du vrai Dieu,
accomplissant aveuglément Ses terribles prophéties sur leur incrédulité et leur méchanceté,
dans l’autosatisfaction d’un zèle pour Son nom et pour Sa loi. Il y avait là Son titre, lu par
beaucoup, car le lieu était près de la ville, écrit dans les langues non pas seulement des
officiels (latin), ni du monde poli (grec), mais aussi des Juifs (hébreu) ; et tous les efforts des
souverains sacrificateurs ne firent que fixer plus solidement ce titre sur la croix, sous l’effet de
l’esprit tenace et irrité et méprisant du procurateur.

Mais les gens du plus bas niveau eurent leur rôle à la croix aussi bien que ceux du plus haut
rang, les hommes d’armes autant que les ministres du sanctuaire ; et chaque classe, chaque
homme, manifesta là ce que chacun était, dans l’indifférence égoïste vis-à-vis de la grâce et de
la gloire du Fils de Dieu, qui acceptait la souffrance d’être mis au rang des malfaiteurs.

20.2.2 - Jean 19:23-24

« Les soldats donc, quand ils eurent crucifié Jésus, prirent Ses vêtements et en firent quatre
parts, une part pour chaque soldat. [Ils prirent] aussi la tunique. Or la tunique était sans
couture, tissée tout d’une pièce depuis le haut [jusqu’en bas]. Ils dirent donc entre eux : Ne la
déchirons pas, mais jetons-la au sort, à qui elle sera, — afin que l’écriture fût accomplie, qui
dit : « Ils ont partagé entre eux mes vêtements, et ils ont jeté le sort sur ma robe ». Les soldats
donc firent ces choses » (19:23-24).

Les soldats en charge de l’exécution ne pensaient guère au-delà de leurs pauvres


gratifications. Mais l’œil de Dieu était maintenant comme toujours sur Son Fils, et Il avait pris
soin dans Sa parole de l’indiquer. Car dans l’un des psaumes les plus manifestement
messianiques (Ps. 22:18) il avait été écrit, un millier d’années auparavant, la prédiction
détaillée sur le partage des vêtements du Sauveur par les soldats, et cela d’une manière qui
Lui soit applicable sans le moindre doute. Il est l’objet de l’Écriture, même si l’incrédulité ne
le voit pas et se dresse contre elle, parce que Sa Personne est inconnue autant que notre besoin
de la miséricorde divine à la croix. Avec quel intérêt le Saint Esprit considérait, comme nous
le devrions, chaque détail de Sa souffrance et du comportement de l’homme à cette heure !

538
Dieu ne Le comptait pas moins digne parce qu’Il était l’objet de telles indignités. Il était de
toute importance de les faire connaître à l’avance. La minutie même de ce qui est mentionné
témoigne de la réalité exacte de la prophétie. Il est démontré être le Messie autant qu’Il est le
Messie rejeté. Sa gloire exigeait que soient mentionnés les détails, et ces détails rendaient
témoignage à la profondeur de Sa grâce dans l’humiliation, afin que Dieu et l’homme puissent
être chacun pleinement manifestés, et que les paroles du psalmiste soient prouvées être Sa
parole face à tous les contradicteurs.

20.2.3 - Jean 19:25-27

Or la foi et l’amour réunissaient près du Sauveur mourant des personnes dans un état d’esprit
très différent. « Or, près de la croix de Jésus, se tenaient Sa mère, et la sœur de Sa mère,
Marie, [femme] de Clopas, et Marie de Magdala. Jésus donc voyant Sa mère, et le disciple
qu’Il aimait se tenant là, dit à Sa mère : Femme, voilà ton fils. Puis Il dit au disciple : Voilà ta
mère. Et dès cette heure-là, le disciple la prit chez lui » (19:25-27). Elles faisaient partie des
femmes qui L’avaient suivi dans Son ministère et L’avait servi dans la vie. Elles se tenaient
là, dans Son rejet, auprès de la croix, où le Seigneur montre combien peu l’ascétisme s’élève
jusqu’à la vérité. Le Seigneur avait été absorbé par l’œuvre pour laquelle le Père L’avait
envoyé ; aucun miel ne s’était mêlé au sacrifice, pas plus que du levain : le sel ne fut jamais
absent, ni l’onction du Saint Esprit (Lév. 2:1, 11-13). Tout avait été dans la puissance de
consécration de la Parole et de l’Esprit de Dieu, et à Dieu. Mais il y avait des affections
humaines, même si l’œuvre entreprise en communion avec le Père avait rempli le cœur et les
lèvres et les mains avec un objet plus élevé à la gloire de Dieu. Pourtant les intérêts éternels,
ainsi entrepris, n’effacent pas ni ne déshonorent la nature ni les relations naturelles selon
Dieu ; et le Seigneur le marque ici en recommandant de la manière la plus solennelle et la plus
touchante Jean à Sa mère comme fils, et Marie à Jean comme mère : une confiance aimante
qui a été honorée immédiatement. Qu’il est doux pour le disciple aimé de s’en rappeler et de
le raconter ! Et quel contraste fort avec la superstition, autant qu’avec l’ascétisme, comme
nous l’avons vu ! Et quel témoignage rendu en tout à Son entière supériorité vis-à-vis de
circonstances accablantes !

20.2.4 - Jean 19:28-30

« Après cela Jésus, sachant que toutes choses étaient déjà accomplies, dit, afin que l’écriture
fût accomplie : J’ai soif [Ps. 69:21]. Il y avait donc là un vase plein de vinaigre. Et ils
emplirent de vinaigre une éponge, et, l’ayant mise sur de l’hysope, ils la lui présentèrent à la
bouche. Quand donc Jésus eut pris le vinaigre, Il dit : C’est accompli. Et ayant baissé la tête,
Il remit son esprit » (19:28-30). Il ne se borne pas, par tendresse humaine, à pourvoir aux
besoins de tous ceux qu’Il laissait dans ce moment suprême, mais Il pense à l’Écriture qui
n’avait pas encore été accomplie dans la lettre ou dans l’esprit. Il y a sans doute l’effet
physique de détresse exprimé par tout ce que l’esprit et le cœur et le corps avaient enduré
jusque-là ; mais Sa dernière requête se rattache, non pas seulement à un désir personnel, mais
à Son zèle impérissable pour la Parole, si jamais une seule chose manquait pour la rendre
honorable. Toute parole qui sort de la bouche de Dieu doit être accomplie ; et n’avait-Il pas
dit du Messie : « Ma langue est attachée à mon palais », et « dans ma soif, ils m’ont abreuvé

539
de vinaigre » ? Alors, ayant bu, le Sauveur dit : « C’est accompli », avec un calme divin et
parfait ici, tandis qu’ailleurs on trouve l’expression de Sa souffrance insondable.

Ce n’est que de Jésus qu’il est dit, ou pouvait être dit, qu’Il remit (παρέδωκεν) Son esprit, ce
qui est tout à fait distinct de « expira » (έξέπνευσεν) de Marc et Luc, confondu avec le
premier par les traducteurs de la version autorisée anglaise. Expirer peut s’appliquer à la mort
de n’importe qui, y compris le précieux Seigneur qui était homme aussi véritablement que
quiconque ; remettre Son esprit, comme le dit Jean, exprime Sa gloire divine tout en étant un
homme mourant, comme Celui qui avait le pouvoir de laisser Sa vie comme de la reprendre
(10:18). Matthieu, en disant « rendit l’esprit » (άφήκε τό πν.), implique Qui était le Messie
mourant. Et aucune parole ne peut être plus caractéristique de Luc que l’expression : « Père !
Entre tes mains je remets mon esprit », ni de Jean que la phrase : « C’est accompli ». Il était
homme, bien qu’étant Dieu ; Il était Dieu bien qu’étant homme ; et tous les deux en une seule
Personne.

Le lecteur remarquera combien le récit de la mort du Seigneur s’accorde parfaitement au


caractère général et spécial du dessein de l’évangile de Jean, et de nul autre que lui. Ici, Jésus
est le Fils conscient de qui Il est, la Personne divine qui a fait toutes choses, mais devenu
chair afin de pouvoir non seulement donner la vie éternelle, mais mourir comme propitiation
pour nos péchés. C’est pourquoi c’est ici seulement qu’Il dit : « C’est accompli. Et ayant
baissé la tête, il remit son esprit » (19:30). Il y a des témoins, comme nous le verrons, mais ils
sont de Dieu, non pas de l’homme ni de la créature, et ils découlent intimement de Sa propre
Personne. Aucunes ténèbres ne sont mentionnées, aucun cri en rapport avec l’abandon de Son
Dieu, aucune déchirure du voile, aucun tremblement de terre, aucune confession de centurion
— rien de toutes ces choses qui se sont unies pour proclamer le Messie rejeté (Matt. 27). En
Marc 15, hormis le tremblement de terre, nous avons en substance le Serviteur Fils de Dieu
obéissant jusqu’à la mort. Luc 23 ajoute le témoignage rendu à Sa grâce par le moyen du
brigand crucifié (Ses prémices dans le Paradis), et le témoignage du centurion rendu à « Jésus
Christ le Juste », après qu’Il eut remis Son esprit entre les mains de Son Père. Il était réservé à
Jean de mettre en avant la mort de Celui qui était aussi sûrement Dieu que homme (de mettre
en avant Sa mort comme homme). Le Créateur, pourtant homme, élevé de la terre pouvait dire
en mourant pour le péché à la gloire de Dieu : « C’est accompli ». L’œuvre, l’œuvre infinie,
était faite pour l’abolition du péché par Son sacrifice. D’elle dépend non seulement la
bénédiction de toute âme qui doit être justifiée par la foi, mais aussi celle des nouveaux cieux
et de la nouvelle terre où la justice habitera. « C’est accompli », τετέλεσται : un seul mot !
Mais quel mot a jamais eu un contenu aussi vaste ?!

Mais aucun païen n’était plus aveugle et obstiné que l’ancien peuple de Dieu qui s’est mis en
tête pour se dresser contre Jésus dans une religiosité incrédule, sans vraie crainte de Dieu, et
qui, par conséquent, n’a pas vu qu’ils ne faisaient qu’accomplir Sa Parole dans leur rejet
coupable du Messie de Dieu, leur Messie.

20.3 - Jean 19:31-37

« Les Juifs donc, afin que les corps ne demeurassent pas sur la croix en un jour de sabbat,
puisque c’était la Préparation (car le jour de ce sabbat-là était grand), firent à Pilate la
demande qu’on leur rompît les jambes, et qu’on les ôtât. Les soldats donc vinrent et rompirent
les jambes du premier, et de l’autre qui était crucifié avec Lui. Mais étant venus à Jésus,

540
comme ils virent qu’il était déjà mort, ils ne lui rompirent pas les jambes ; mais l’un des
soldats lui perça le côté avec une lance ; et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau. Et celui qui
l’a vu rend témoignage ; et son témoignage est véritable ; et lui sait qu’il dit vrai, afin que
vous aussi vous croyiez. Car ces choses sont arrivées afin que l’écriture fût accomplie : « Pas
un de ses os ne sera cassé ». Et encore une autre écriture dit : « Ils regarderont vers celui
qu’ils ont percé » » (19:31-37).

20.3.1 - Jean 19:31-34

Dans la loi, les psaumes et les prophètes, l’Esprit de Dieu avait Christ devant Lui, à la fois
dans les souffrances qui viendraient sur Lui, et dans les gloires qui suivraient (1 Pierre 1:11).
Mais la pensée de la chair, comme elle répugne aux souffrances, est disposée à les
méconnaître et à se débarrasser des témoignages qui s’y rapportent, surtout si les souffrances
sont le résultat et la preuve du mauvais état de l’homme, car c’est cela qui est par-dessus tout
inacceptable. Ainsi les Juifs temporisaient pour voir ce qui les condamnait et les ramenait
moralement à la condition de n’importe quel autre pécheur ; et rejetant les preuves les plus
complètes et la présence même de Christ en grâce et en vérité divines, et enfin rejetant
l’évangile, ils furent abandonnés à l’endurcissement judiciaire quand la colère vint sur eux au
dernier terme (1 Thes. 2:16). Christ seul donne la clé de l’agneau pascal ; Christ est l’objet
principal des Psaumes. Aucun raisonnement des sceptiques, même s’ils sont théologiens, ne
peut effacer la vérité, bien qu’elle fasse ressortir leur incrédulité ; et assurément, si le cœur
était rendu droit par la grâce, il désirerait que ce qui est la vérité soit vrai, au lieu d’achopper
sur la parole en étant désobéissants (1 Pierre 2:8), ou en la négligeant par indifférence. C’est
en vain que des Rosenmüller ou autres hésitent ou avouent leur aversion pour les types et les
allusions aux types. La foi y trouve sa nourriture, sa force et sa joie ; car si la parole de Dieu
est remplie de Son délice vis-à-vis de Christ se livrant pour mourir, Dieu l’a exprimé aussi
sous toute sorte de formes à l’avance afin que les faits mêmes survenus à l’occasion de Sa
mort expiatoire, cette grande pierre d’achoppement, rendissent le témoignage le plus
irréfragable à la vérité de cette mort expiatoire et à Sa gloire, quand celles-ci seraient
manifestées ici-bas dans la honte, — pour la honte de l’homme et son mépris éternel.

20.3.2 - Jean 19:35 — L’eau et le sang coulant du côté du Seigneur

Combien il est merveilleux de voir se rencontrer à la croix l’inimitié orgueilleuse des Juifs, la
main inique des Gentils, le conseil défini et la préconnaissance de Dieu (Actes 2:23), et cela
dans une grâce parfaite pour les plus coupables des Juifs et des Gentils ! Car du côté percé de
Christ sont sortis du sang et de l’eau (*). Jean n’était pas préoccupé par la charge que le
Sauveur mourant lui avait confié en rapport avec Marie au point de ne pas remarquer ce fait.
Il nous fait savoir de la manière la plus forte, que ce qu’il a vu et dont il rend témoignage
n’était pas un simple fait transitoire, mais était d’un intérêt et d’une importance permanentes,
étant devant nos esprits comme une chose présente. Dans sa première épître (1 Jean 5:6), il
caractérise le Seigneur sous ce rapport. « C’est lui qui est venu par (διά) [l’]eau et par [le]
sang, Jésus le Christ, non seulement dans (έν) [la puissance de] l’eau, mais dans [la puissance
de] l’eau et du sang ; et c’est l’Esprit qui rend témoignage, car l’Esprit est la vérité ». La
purification morale, bien que nécessaire et précieuse, ne suffit pas ; il doit y avoir aussi
l’expiation des péchés ; et les deux se trouvent par la foi dans la mort de Christ, non pas

541
autrement ni ailleurs. Au niveau des faits, dans l’évangile l’ordre est le sang puis l’eau ;
appliqué à nous dans l’épître, c’est l’eau et le sang, et l’Esprit suit comme Quelqu’un donné
personnellement. D’Adam, il ne découle rien d’autre que la mort pour l’homme ; Christ, le
second Homme qui est mort pour le péché et les pécheurs, est la source à la fois de la
purification et de l’expiation pour le croyant, qui a besoin des deux et est mort devant Dieu
s’il n’a pas les deux. Car, bien qu’étant le Fils de Dieu avec la vie en Lui-même, Il est seul
jusqu’à ce qu’il meure ; en mourant, Il porte beaucoup de fruit. Il vivifie, purifie et expie ; et
le Saint Esprit, donné en conséquence de cela, nous introduit dans la valeur de Sa mort ainsi
que dans la bénédiction qui en découle. Car elle est le jugement prononcé et exécuté par Dieu
à la croix sur la chair, mais en notre faveur, parce que ce jugement a été exécuté en Lui qui
était le sacrifice pour le péché.

(*) Euthymius Zigabenus (Comm. in. quat. Evv. III. 619, ed. C. F. Matthaei) écrit ceci : « Le
fait était surnaturel, et enseigne clairement que Celui qui était percé était plus qu’un homme.
Car d’un homme mort, si même on le perçait dix mille fois, il n’en sortirait jamais du sang ».
Ce qui suit est un pauvre effort de le rattacher à Genèse 2, ou c’est même de la fausse doctrine
quand il parle de deux baptêmes : l’un par le sang, le martyre ; l’autre par l’eau, la
régénération, dont le flot engloutit le flot du péché. — On est toujours déçu par ces
ecclésiastiques grecs et latins ! Comme les Galates (Gal. 3:3), s’ils commencent par l’Esprit,
combien ils passent vite à un effort vain tendant à la perfection par la chair ! Pas un seul
même des plus capables et des plus orthodoxes n’adhère simplement et entièrement à
l’évangile de la grâce de Dieu, un évangile qui délivre. Pourtant beaucoup d’entre eux
aimaient le Seigneur et haïssaient l’erreur connue ; mais la pleine efficacité de la rédemption
était inconnue à tous, pour autant que je sache.

Il n’est dès lors pas étonnant que Jean ait été inspiré à enregistrer le fait, aussi merveilleux en
soi que dans ses conséquences données maintenant à connaître au croyant. Le salut doit
convenir au Sauveur et être digne de Lui. Si Lui est éternel, le salut est éternel ; si le jugement
divin est tombé sur une telle victime, c’était afin que ceux qui croient en Lui ne viennent point
en jugement, mais qu’ils aient la vie, étant pardonnés de toutes leurs fautes et étant rendus
capables de participer à l’héritage des saints dans la lumière (Col. 1:12). Telle est la position
déclarée de tout vrai chrétien, mais c’est en vertu de Christ, qui est tout et en tous. Les credo
et systèmes théologiques affaiblissent et entravent la jouissance ; mais tout cela (et nous ne
pouvons pas développer davantage ici) est clairement et nettement révélé à la foi dans les
Écritures, comme c’est, en effet, dû à la gloire de Christ dans Sa Personne et dans Son œuvre.

20.3.3 - Jean 19:36-37

D’où le soin avec lequel la parole de Dieu est citée et démontrée avoir été ponctuellement
accomplie. « Car ces choses sont arrivées afin que l’écriture fût accomplie : « Pas un de ses os
ne sera cassé ». Et encore une autre écriture dit : « Ils regarderont vers celui qu’ils ont
percé » » (*) (19:36-37 — Exode 12:46 , Zach. 12:10). Les circonstances naturelles de la
crucifixion, plus particulièrement le fait qu’elle ait lieu un vendredi, et surtout un vendredi
veille du sabbat de la semaine pascale, auraient requis qu’on procède à la rupture des jambes

542
comme coup de grâce. Et, de fait, telle fut la part des deux malfaiteurs. Mais Jésus Qui, au
chapitre précédent, s’était démontré être le Captif consentant, était maintenant la Victime
consentante ; et ce fut rendu manifeste dans Sa manière de mourir et dans le moment où Il
mourut. Car Sa mort surprit non seulement les Juifs et les soldats, mais aussi Pilate, comme
nous l’apprenons ailleurs ; et cela fit qu’il fut inutile dans Son cas de lui briser les jambes.
Mais cela marquait l’Agneau de Dieu mis à part, le Juste, Celui dont l’Éternel garde les os,
dont pas un seul d’entre eux n’est rompu.

(*) Le Dr. Thomas Randolph, dans son petit ouvrage sur les Prophéties et autres textes cités
dans le Nouveau Testament en comparaison avec l’original hébreu et avec la Septante (4to.,
Oxford, 1782), fait les remarques suivantes (p. 32) : « l’évangéliste ici lit clairement ‫=( וילא‬
vers Celui) au lieu de ‫( ילא‬vers Moi, selon Zach. 12:10) en hébreu ; et que c’est ainsi que
lisent quarante manuscrits hébreux. Et que ce soit la vraie leçon [de Zach. 12:10] apparaît
dans ce qui suit : ‘et ils se lamenteront sur lui’. La version Syriaque le rend ainsi : ‘ils
regarderont à Moi à travers Celui qu’ils ont percé’. Je n’arrive pas à comprendre le sens de la
Septante ».

[note Bibliquest : il s’agit donc de savoir si Zach. 12:10 est à lire « Ils regarderont vers celui
qu’ils auront percé » ou bien « ils regarderont vers moi, celui qu’ils ont percé »]

Or, il n’y a vraiment pas de doute sérieux que la vraie leçon de Zach. 12:10 est la dernière
(« vers Moi »), et non pas la première (« vers Celui »), et qu’ainsi les meilleurs et la plupart
des manuscrits et versions sont corrects. À l’origine, ce n’était en fait qu’une correction en
marge du texte, due (1) en partie au désir d’éliminer un témoignage aussi fort rendu à la déité
du Seigneur Jésus ou à Son droit au nom d’Éternel (Jehovah, Yahweh), (2) en partie au désir
d’aider à ce que le texte du verset coule mieux en éliminant la concurrence entre « Moi » et
« Lui ». Même le Targum et le Talmud, comme les plus anciens manuscrits, et toutes les
anciennes versions grecques, réfutent l’idée de Randolph. La plupart des meilleurs
commentateurs juifs font de même, en dépit de leur controverse avec les chrétiens et au cours
de celle-ci.

De Rossi suggère que « vers lui » peut avoir été introduit par accident par un scribe ayant le
Psaume 34:5-6 à l’esprit. Il aurait donc été beaucoup mieux et plus sage d’avoir adhéré à
l’ancienne et bonne autorité, malgré la difficulté apparente, que d’avoir adopté ce « keri » juif
[annotations et rectifications ajoutées en marge ; Keri signifie « ce qui doit être lu », par
contraste avec le texte biblique lui-même, désigné par Chetib = « ce qui est écrit »] comme
Newcome et Boothroyd, et d’aider ainsi un humanisant comme Ewald.

Même R. Isaac, dans son « Chizzuk Emunah » où il fait de la controverse avec ceux qu’il
appelle les Narazéens [= chrétiens], admet la leçon ‫« ילא‬ vers moi », bien qu’il essaie d’en
affaiblir la force en interprétant ‫ דשא חא‬comme « à cause de celui qu’ils ont percé » et en
l’appliquant à la guerre de Gog et Magog. Or il est vrai que ‫ דשא חא‬peut vouloir dire, et
parfois signifie effectivement « à cause de » (et c’est ce qu’a retenu la Septante) ; mais le sens
ne peut pas être « à cause de Celui que », car ce serait laisser le verbe sans un objet
contrairement à la manière idiomatique hébreue invariable. C’est pourquoi, la traduction de
Radak (ou de R.D.Kimchi) est aussi un échec : « parce qu’ils ont percé », bien qu’elle soit
peut-être moins critiquable du fait qu’elle n’intercale pas un objet expressément faux. Mais
tous deux dévient du véritable objet ; et donc Abarbanel, Aben Ezra, Alshech, etc.,

543
condamnent [cette traduction], et ainsi confirment la Version Autorisée anglaise [et celle de
W. Kelly et de J.N.Darby].

Rachi (c’est à dire R. Solomon) est une bonne preuve de la perplexité dans laquelle la phrase
met la pensée juive, car de manière illogique il applique la phrase au Messie ben-Joseph dans
son commentaire sur le Talmud, alors que dans son « Commentaire sur la Bible », il s’en
débarrasse en l’appliquant à quelqu’un des Juifs percés et tués par les Gentils. …

En définitive, la conclusion est que l’évangéliste Jean n’a pas lu l’hébreu ordinaire de Zach.
12:10 autrement que nous le faisons, et que le Saint Esprit dans cet évangile et dans
l’Apocalypse n’en fait pas une citation à proprement parler, mais en suit le texte de manière
implicite, et l’a appliqué spécifiquement au fait soigneusement enregistré dans l’histoire, et
doctrinalement employé dans la première épître de Jean.

Pourtant, le fait même de ne pas avoir rompu les jambes du Seigneur, a amené sans doute
l’acte du soldat, dont la lance perça, non pas les malfaiteurs, mais seulement le corps mort du
Sauveur, ignorant totalement qu’il devait en être ainsi, car Dieu l’avait dit par Son prophète.
Tout était ordonné et mesuré ; même ces différences de détail avaient été révélées à l’avance ;
les hommes et Satan laissaient libre cours à leur inimitié contre le Fils de Dieu. Et en face
d’un tel amour et d’une telle lumière, les hommes ont combiné à la fois l’ignorance (*) et le
savoir pour échapper à la vérité et s’enfoncer dans les ténèbres une fois de plus. Mais nous
n’avons pas besoin ici de nous étendre sur de telles choses. C’est le même esprit qui entourait
la croix : « Ton amour, si douloureusement éprouvé par l’homme, / S’est montré plus fort que
la tombe ; / La lance même qui perça Ton côté / Fit jaillir le sang qui sauve ».

(*) Il peut être utile de mentionner un cas spécial de l’importance de connaître l’original :
Zigabenus Euthyme, dans son commentaire sur le v. 37, parle de l’Écriture comme étant
probablement nettoyée par les Juifs postérieurement à l’évangile. « Car nulle part on ne le
trouve [le texte de l’AT correspondant à Jean 19:37] maintenant ; ou bien fait-il allusion à une
autre écriture tirée des livres apocryphes ? » (vol. III, 621). — C’est un peu fort de tenir de
tels propos malgré Zacharie 12:10. Comment cela s’explique-t-il ? Ce moine grec lisait le
prophète dans la Septante, où la phrase correspondant au mot « percé » est misérablement
fausse : « parce qu’ils (m’)ont insulté » ( !!)… . C’est pourquoi l’Esprit de Dieu ne cite la
version des Septante ni dans l’évangile de Jean ni dans l’Apocalypse, mais Il y fait allusion en
des termes qui représentent la phrase de manière exacte.

20.4 - Jean 19:38-42

Matthieu 27:57-61 ; Marc 15:42-47 ; Luc 23:50-56.

« Or, après ces choses, Joseph d’Arimathée, qui était disciple de Jésus, en secret toutefois par
crainte des Juifs, fit à Pilate la demande d’ôter le corps de Jésus ; et Pilate le permit. Il vint
donc et ôta le corps de Jésus. Et Nicodème aussi, celui qui au commencement était allé de nuit
à Jésus, vint, apportant une mixtion de myrrhe et d’aloès, d’environ cent livres. Ils prirent
544
donc le corps de Jésus, et l’enveloppèrent de linges, avec les aromates, comme les Juifs ont
coutume d’ensevelir. Or il y avait, au lieu où il avait été crucifié, un jardin, et dans le jardin un
sépulcre neuf, dans lequel personne n’avait jamais été mis. Ils mirent donc Jésus là, à cause de
la Préparation des Juifs, parce que le sépulcre était proche » (19:38-42).

Dieu utilise un moment périlleux pour faire appel à ceux qui étaient Siens en secret. Joseph
d’Arimathée ne peut plus continuer à être disciple en secret. Il était un homme riche (Matthieu
27) et un conseiller honorable (Marc 15), mais la richesse et la position ne font que rendre la
confession de Christ plus difficile. Jusque-là la crainte des Juifs avait prévalu. La mort de
Jésus, qui poussait d’autres à la peur, enhardit Joseph. Il n’avait pas consenti, en effet, au
conseil et à l’action des Juifs (Luc 23:51). Maintenant, il va à Pilate et demande le corps du
Seigneur. Il n’était pas seul non plus : Nicodème, connu depuis plus longtemps, mais sans
avoir une heureuse réputation de courage moral au début, avait quand même osé faire ensuite
une remontrance aux pharisiens orgueilleux mais injustes (7:51) ; il se joint aux ultimes
manifestations d’amour avec une riche offrande de myrrhe et d’aloès. La croix de Christ qui
est un tel sujet d’achoppement pour l’incrédulité, exerce et manifeste sa foi ; et les deux,
rendus braves par grâce, remplissent le manque de service des douze. Ils prennent le corps de
Jésus et l’enveloppent de linges, avec des aromates, à la manière des Juifs pour préparer un
ensevelissement. L’Égypte avait sa coutume d’embaumer ; les Juifs avaient aussi la leur dans
une mesure, dans l’espoir de la résurrection des justes. Aucune prophétie n’est citée ici, mais
qui peut oublier les paroles d’Ésaïe : « Et on lui donna son sépulcre avec les méchants
[hommes], mais il a été avec le riche [homme] dans sa mort » (És. 53:9) — c’est-à-dire après
avoir été mis à mort : une étrange combinaison, qui a été pourtant réalisé avec Lui ; et qui
pourrait s’étonner, vu qu’Il n’avait fait aucune violence et qu’il n’y avait pas de fraude dans sa
bouche ? Et maintenant nous voyons dans le jardin de Joseph, tout près de la scène fatale, un
tombeau neuf, qui n’avait jamais abrité de corps. C’est ce que Dieu avait pourvu, en l’honneur
du corps de Son Fils et dans une sagesse jalouse de la vérité ; c’était taillé dans le roc (comme
Matthieu, Marc et Luc le disent). Là, le Seigneur fut mis en attendant l’ensevelissement plus
formel une fois le sabbat passé. Les disciples anticipaient si peu ce que la gloire du Père avait
à cœur, bien que le Seigneur l’eût si souvent révélé clairement, jusqu’à ce que la résurrection
devînt un fait, au temps propre et prédit !

21 - Chapitre 20
21.1 - La croix et la résurrection : Ce que l’homme a vu et ce qu’il n’a pas vu

Comme aucun œil de créature ne vit ce qu’il y a eu de plus profond à la croix de Christ, de
même ce ne fut pas à l’homme de regarder le Seigneur en train de ressusciter d’entre les
morts. Il devait en être ainsi. Les ténèbres Le voilèrent quand Il Se livrait pour nous en
expiation. L’homme n’a pas vu cette œuvre infinie dans Sa mort ; pourtant elle n’était pas
seulement pour glorifier Dieu, mais pour que nos péchés soient portés et ôtés avec justice.
Nous avons vu l’activité du monde, spécialement des Juifs, en train de Le crucifier ; haut
placés ou bas dans la société, religieux et profanes, tous ont joué un rôle ; même un apôtre L’a
renié, tandis qu’un autre Le trahissait auprès des sacrificateurs et des anciens meurtriers. Mais
l’Éternel fit tomber sur Lui l’iniquité de nous tous ; l’Éternel Le meurtrit et L’a soumis à la
souffrance ; l’Éternel livra Son âme en sacrifice pour le péché (Ésaïe 53:10) ; et comme tout
cela était le côté de Dieu, ce fut invisible aux yeux humains ; et Dieu seul put rendre, par qui

545
Il voulut, un témoignage juste de la rédemption éternelle ainsi obtenue, qui laissait l’amour
divin libre d’agir, même dans un monde perdu et impie.

Il en fut de même avec la résurrection de Christ. Il fut ressuscité d’entre les morts par la gloire
du Père (Rom. 6:4) ; Dieu a ressuscité Jésus que les Juifs avaient mis à mort, le pendant au
bois (Actes 5:30 ; 10:39). Il a laissé Sa vie afin de la reprendre (10:17), relevant en trois jours
le temple de Son corps qu’ils avaient détruit (2:19-20). Mais s’il ne fut donné à personne de
voir l’acte de Sa résurrection d’entre les morts, il devait en être rendu témoignage dans le
monde entier, ainsi qu’à Sa mort expiatoire. « Prêchez l’évangile », dit-Il ressuscité, « à toute
la création » (Marc 16:15). Assurément celui qui cache Sa résurrection mutile la bonne
nouvelle de sa preuve triomphante et de son caractère triomphant, et il compromet la liberté
du croyant et son introduction dans la nouvelle création, et il cache l’immense gloire du
Seigneur : de même nier la résurrection, c’est taxer virtuellement le témoignage de Dieu de
mensonge, et rendre la foi vaine. L’apôtre insiste là-dessus en 1 Cor. 15. Si la mort avait
retenu solidement le Sauveur, tous étaient perdus ; si seul Son Esprit s’était frayé un chemin
vers la présence de Dieu, y aurait-il eu même une demi-délivrance ? Sa résurrection est, en
vérité, une délivrance complète, dont le Saint Esprit est pour nous le sceau.

21.2 - Importance de la résurrection ; le témoignage qui lui a été rendu

21.2.1 - Prédication de la résurrection par les apôtres

C’est pourquoi nous trouvons que Sa résurrection est la grande vérité fondamentale de
l’évangile. Être témoin de Sa résurrection était la condition principale pour être apôtre (Actes
1) ; la vérité sur laquelle Pierre insista le plus, était que Dieu avait ressuscité Jésus que les
Juifs avaient crucifié (Actes 2). Ultérieurement, il insista à nouveau là-dessus au portique de
Salomon (Actes 3), et une fois de plus devant le sanhédrin, et encore après (Actes 4 et 5). Il en
fut pareillement dans la prédication aux Gentils (Actes 10), et par Paul encore plus que par
Pierre (Actes 13). Ce témoignage irrita particulièrement les chefs sadducéens (Actes 4) ; voilà
ce qui suscite le mépris et l’opposition sans relâche de l’incrédulité partout dans le monde. Et
ce n’est pas étonnant, car si la résurrection est la source de joie et la base du salut assuré pour
le croyant, si c’est le secret de sa marche sainte comme expression de la vie qu’il a en Christ
ressuscité, et la puissance d’une espérance vivante, c’est aussi la mesure de l’état réel de
l’homme comme mort dans ses péchés ; et c’est aussi la garantie présente, déterminée et
permanente que le jugement est suspendu sur toute la terre habitée, car l’Homme que le
monde a mis à mort, Dieu L’a ressuscité d’entre les morts pour en faire son juge désigné
(Actes 17:31). La résurrection, par conséquent, est autant répugnante pour l’homme, que
susceptible de n’être guère prise en compte par l’esprit charnel des chrétiens qui recherchent
les choses terrestres.

21.2.2 - La résurrection selon les différents évangélistes

Comme la résurrection est donc manifestement une vérité d’importance capitale, l’Esprit de
Dieu a pris soin que le témoignage qui lui a été rendu soit aussi précis que complet. Ainsi
Matthieu qui, conformément au but de son évangile, omet l’ascension, ne manque pas de
donner ouvertement et très clairement la preuve de la résurrection de Christ ; de même Marc ;

546
et Luc, avec plus de détails que ceux-là, nous montre le Seigneur ressuscité gardant tout Son
intérêt d’amour envers les Siens. Il est un homme aussi réellement que jamais, avec de la
chair et des os, capable de manger avec eux, mais ressuscité. Jean, comme d’habitude,
présente le Fils de Dieu conscient de l’être, la Parole devenue chair, mais maintenant en
résurrection. Ici les preuves sont typiquement intérieures et personnelles, là où les autres
évangélistes présentent de manière appropriée ce qui était extérieur, mais non moins
nécessaire.

21.2.3 - La résurrection renverse le scepticisme

Contre le scepticisme philosophique, la résurrection se dresse comme un rempart ferme et


imprenable ; car elle résiste et réfute péremptoirement le sophisme qui ignore Dieu, et réduit
l’idée de causes à l’existence antérieure invariable de phénomènes qu’on observe
constamment et qui se répètent en se succédant — une théorie tranquillement assumée et
diligemment inculquée de manière à mettre de côté la possibilité même d’intervention divine,
que ce soit en grâce ou en jugement, en miracles ou en prophétie, ou en aucune relation allant
au-delà d’une nature avec un Dieu. Avec Dieu, dis-je ? En effet, si l’on poursuit ce système de
manière logique, Dieu est, et doit être inconnu. Mais s’Il est inconnu, qui peut dire s’Il
existe ? et finalement, tout ne se ramène-t-il pas à une simple déification de la nature ? — Or,
comme cela a souvent été montré, la résurrection de Christ repose sur une preuve bien plus
complète, et sur des bases meilleures et plus sûres que tout autre évènement de l’histoire ; et il
en est ainsi parce qu’à l’époque elle a été passée au crible par les amis et les ennemis comme
rien d’autre ne l’a jamais été, et parce que Dieu Lui-même a donné une multiplicité de
témoignages, proportionnelle à son importance incalculable, — non pas seulement son
importance pour nous, mais pour Sa propre gloire. Or, s’agissant d’un fait et non pas
d’arguments, elle renverse d’elle-même et instantanément toute opposition à la vérité
provenant de la science ou de la connaissance faussement ainsi nommée (1 Tim. 6:20) ; car ce
serait le comble de l’absurde que de supposer que la mort de Jésus fut la cause de Sa
résurrection. Quelle en était alors la cause ? Quel en a été l’antécédent dans la séquence ? Si
quelque chose désigne la puissance de Dieu, c’est bien la résurrection autant que la création.

21.2.4 - Rejeter la résurrection, c’est rejeter Dieu

La vérité est que l’effort pour réduire la cause et l’effet à un simple antécédent avec sa
conséquence jaillit du désir de se débarrasser entièrement de Dieu ; car la cause implique
réellement une volonté, un dessein, et une puissance en activité, bien qu’il nous faille
distinguer entre la cause causante (cause produisant des effets) et les causes causées (causes
produites comme effet d’une cause précédente). Ces causes sont dans la nature du fait de ce
que Dieu a constitué, mais c’est Lui qui vit, veut et agit. C’est pourquoi la résurrection de
Christ se dresse au milieu de l’histoire de ce monde pour juger toute incrédulité, cette
résurrection étant considérée maintenant comme un simple fait prouvé de la manière la plus
complète. On en verra plus loin les conséquences dans la mesure où notre chapitre les
présente. Le Seigneur avait souvent et nettement parlé de Sa mort et de Sa résurrection durant
Sa vie. Il était mort et avait été enseveli ; et ici, nous apprenons qu’aucune puissance ni
aucune précaution ne prévalait contre Sa parole. La tombe avait perdu son occupant, et c’est

547
tout ce que Marie prenait à cœur, la perte du corps mort du Seigneur. Oubli déplorable, mais
oubli d’un cœur absorbé par ce trésor triste ici-bas, et voilà qu’il avait disparu !

21.2.5 - Une conviction progressive

Ainsi même ici, par la sagesse de Dieu, la preuve a été graduelle et la croissance des apôtres
eux-mêmes dans la vérité a été lente. Il a été fourni la démonstration la plus évidente que,
comme la puissance en elle-même n’était que de Lui et de Lui directement, — une puissance
au-dessus de tout le cours de la nature et de l’expérience humaine, — ceux qui furent ensuite
ses témoins extrêmement compétents, énergiques et souffrants, ne cédèrent à la certitude de la
vérité de Sa résurrection que par degrés, — des degrés qui nous font voir que personne ne fut
autant surpris que les apôtres. Même les ennemis du Seigneur avaient une peur ou un malaise
indéfinis qui conduisit à ce que Pilate accorde une garde militaire et un sceau sur la grande
pierre, pour rendre le sépulcre sûr. Aucun disciple, pour autant que nous le sachions, ne
s’attendait à Sa résurrection.

Néanmoins, Christ est ressuscité le troisième jour selon les Écritures. Sur ce point précis (ce
qu’enseignait la parole de Dieu), les disciples étaient faibles ; non pas seulement Marie de
Magdala qui n’était pas instruite, mais tous les disciples, comme nous le verrons, — ils étaient
sans intelligence et lents de cœur à croire tout ce que les prophètes avaient dit (Luc 24:25) ;
tous étaient aussi prompts à oublier les paroles claires par lesquelles le Seigneur Lui-même
avait annoncé à plusieurs reprises, non seulement Sa mort, mais aussi Sa résurrection le
troisième jour.

En conséquence, les premiers versets de ce chapitre ont pour objet de nous montrer comment
la vérité a commencé à poindre dans les cœurs. Non seulement il n’y eut pas de collusion pour
feindre la résurrection du Maître, mais on ne peut mentionner pratiquement aucun cœur où ait
germé l’anticipation de l’espérance. Les ténèbres de la croix avaient enveloppé tous les
cœurs ; la peur de l’homme pesait sur les hommes encore plus que sur les femmes. Même là
où le fait de la résurrection aurait dû être patent, celle qui vit le fait, interpréta de travers sa
portée, et elle fut encore plus affligée que jamais.

21.3 - Jean 20:1-18

21.3.1 - Jean 20:1-2

Matthieu 28:1-10; Marc 16:1-11; Luc 24:1-12.

« Et le premier jour de la semaine, Marie de Magdala vint le matin au sépulcre, comme il
faisait encore nuit ; et elle voit la pierre ôtée du sépulcre. Elle court donc, et vient vers Simon
Pierre et vers l’autre disciple que Jésus aimait (έφ.), et elle leur dit : On a enlevé du sépulcre
le Seigneur, et nous ne savons où on l’a mis » (20:1-2).

21.3.1.1 - Jean 20:1 — Des cœurs qui ne répondent pas en vain à l’amour du Seigneur

548
Marie de Magdala semble avoir été seule le premier jour ; même s’il est possible que d’autres
femmes aient été avec elle ou près d’elle, comme d’autres témoignages peuvent l’impliquer
(sans parler du pluriel au v.2 : « nous ne savons », qui peut avoir simplement un caractère
général), il est néanmoins certain qu’elle seule a attiré l’attention de l’Esprit de Dieu. Il
dépeint un cœur, d’abord attiré irrésistiblement vers une scène à la fois accablante et sacrée,
— un cœur attiré par son amour pour Celui dont le corps avait été déposé dans la tombe, puis
ensuite ce cœur rencontré et béni par le Seigneur quand les meilleures ressources parmi les
saints ont échoué, comme on va le voir en son temps.

Avant Sa mort Marie, la sœur de Lazare, avait oint le Seigneur, Sa tête et Ses pieds, dans la
plénitude de son affection qui prodigua sur Lui ce qu’elle avait de plus précieux, juste au
moment où elle sentait instinctivement la menace d’un danger imminent ; et en réponse à
l’indifférence sans cœur qui se transforma vite dans l’impiété la plus meurtrière, Marie
entendit Son amour la justifier en donnant à son acte un sens qui allait au-delà de ses pensées.
Oh ! combien cela dut satisfaire son cœur en attendant d’être avec Lui ! C’était une affection
profonde et vraie que rencontra l’affection de Jésus, non pas parfaite seulement, mais divine.

Et ici aussi, ce ne fut pas en vain que Marie de Magdala fut attirée ainsi de bonne heure, alors
qu’il faisait encore nuit, jusqu’au tombeau, le tombeau vide de Jésus. Elle avait été là, mais
non pas seule, après la fin du sabbat, au crépuscule (non pas « l’aube », bien que le mot
s’applique aux deux) au premier jour de la semaine, car c’est là le vrai sens de Matt. 28 ;
comparez Marc 16 avec Matt. 28 ; comme Luc 23:54 montre qu’elles avaient été au tombeau
la veille au soir, quand le vendredi s’achevait et que le sabbat approchait.

21.3.1.2 - Jean 20:2 — Marie de Magdala s’adresse à Pierre et Jean

Il est remarquable que Marie de Magdala ait couru dire que la pierre avait été ôtée, et que ce
qu’elle en déduisait quant au corps du Seigneur, elle l’ait dit non pas à Jean seulement, mais
aussi à Pierre, alors que ce dernier avait notoirement et gravement déshonoré le Seigneur juste
avant Sa mort. Sans doute sa repentance était-elle bien connue, au moins des saints. Pourtant,
le récit rapporte qu’elle a fait appel à lui sans hésiter. Le cœur de Marie jugeait qui, parmi les
disciples, aurait le plus de cœur pour répondre à la question anxieuse qui remplissait son âme.
Car assurément ce n’était pas le manque d’amour qui avait exposé ce disciple ardent à renier
son Maître, mais le manque de jugement de soi. Il était tombé à cause de sa confiance dans
son propre amour pour Lui, jointe à une profonde ignorance de lui-même, et sans la
dépendance due à Dieu, face à un monde hostile et à l’ombre de la mort devant ses yeux.
Dans le chapitre suivant, le Maître manifeste à l’extrême Sa grâce envers Son serviteur, tout
en mettant à nu la racine pécheresse qui l’avait poussé à une telle chute honteuse. En fait,
Marie avait beaucoup plus raison quand elle comptait sur la sympathie de Pierre et Jean à
l’égard de ce qui la troublait, que quand elle concluait par ignorance que les hommes avaient
enlevé le corps du Seigneur au jour de la résurrection. Même l’amour le plus ardent ne peut
pas se passer de la Parole pour concevoir des pensées justes au sujet de Celui qui est mort
pour nous. Son idée à elle était totalement indigne de Christ ou des soins de Dieu envers Lui.
Or l’incrédulité chez un saint n’est pas meilleure que chez un pécheur, et la force même de
son amour pour le Seigneur ne fait que mettre d’autant plus en évidence combien la foi est
nécessaire pour comprendre justement les choses divines. Lui, cependant, « donne une plus
grande grâce » (Jacq. 4:6).

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21.3.1.3 - Comparaison et concordance des récits de la résurrection dans les divers évangiles

Quant aux récits de la résurrection, que personne ne croie qu’il est stérile soit de les comparer,
soit d’accepter l’exactitude parfaite de chacun. Qu’on essaie de les harmoniser ou qu’on
méprise une harmonie, le résultat sera totalement faux si on commence par interpréter
Matthieu 28 comme se déroulant à l’aube du dimanche matin au lieu du crépuscule du soir du
Sabbat, lequel était, et est pour les Juifs (surtout Matthieu qui a les Juifs en vue) le vrai début
du premier jour, même si les préjugés occidentaux penchent vers le sens païen de la journée.
Cette erreur fausse toute compréhension juste de ces passages, autant pour celui qui étudie
que pour celui qui cherche à harmoniser. Lisons en tant que croyants.

On a prétendu qu’un événement aussi stupéfiant survenant à divers disciples et groupes de


disciples issus de milieux divers et sous diverses formes, s’il est rapporté par quatre témoins
indépendants, ne peut l’être que de manière « éparse et fragmentaire » comme c’est le cas
présent. Certes, c’est ce qui serait arrivé si Dieu n’avait pas assuré la parfaite vérité par tous
Ses témoins choisis, dans tous leurs récits. La remarque est donc de l’incrédulité pure, et tout
à fait indigne d’un chrétien intelligent. — « Éparse et fragmentaire », ce n’est pas la manière
de faire du Saint Esprit, qui n’emploie pas quatre hommes évangélistes comme des gens qui
communiquent des preuves à un tribunal, chacun sur ce qu’il a vu et entendu. Non seulement
cela est inapplicable à Marc et Luc [qui ne sont pas des témoins directs], mais cela ne cadre
pas avec les faits selon Jean et Matthieu, car Il conduit chacun d’eux à omettre ce que tous les
deux ont vu et entendu, et à n’insérer qu’une sélection propre à illustrer la portée et l’intention
de chaque évangile particulier. Matthieu n’était-il pas un observateur rivé au Seigneur au
milieu des disciples à Jérusalem le soir du jour où Il ressuscita d’entre les morts ? Jean n’était-
il pas avec le reste des disciples à la montagne indiquée en Galilée ? (Jean 20 et Matt. 28:16).

21.3.1.4 - Diversité des évangiles : Infirmité humaine ou sagesse divine ?

Il est certes vrai que dans le fond, malgré la variété d’apparence des divers récits, le grand fait
central de la résurrection elle-même demeure intouché et intouchable (alors que cela pourrait
arriver s’il s’agissait de récits purement humains), mais il y a plus : l’Esprit qui inspirait
chacun des quatre évangiles avait dans chacun un objet ou but spécial, qui est mené à bien
sans erreur, tant dans le plan général que dans les moindres détails. L’objection [soutenant des
récits épars et fragmentaires] admet l’honnêteté des témoins chrétiens, mais laisse Dieu en
dehors de leurs écrits : or c’est là l’essence de l’incrédulité, d’autant plus douloureuse quand
l’opposant [Alford, « Prolégomènes », Sect. v.] est vraiment un croyant, mais ayant une
théorie tout à fait inadéquate et dangereuse de l’inspiration. Le fait est que personne ayant
l’information dont disposait chacun des évangélistes, n’aurait jamais écrit comme ils l’ont
fait ; et rien n’explique leur forme particulière, sinon la volonté de Dieu de donner un
témoignage en parfaite harmonie avec chaque évangile, tout en fournissant par eux un
ensemble complet. Dans les commentaires qui ne voient dans les évangiles que des hommes
de Dieu sans rien de plus qu’une direction de l’Esprit comme dans la prédication ordinaire ou
choses équivalentes, quel fléau que cette incrédulité ! Appeler cela de l’inspiration ne fait
qu’ajouter à l’illusion. Les récits des évangiles sont-ils, ou non, parole de Dieu ?

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On reconnaît volontiers que la résurrection était ce dont les apôtres ont rendu témoignage par-
dessus tout ; mais, comme nous l’avons vu, et on pourrait le montrer encore davantage, c’est
méconnaître l’évidence que de supposer que chacun a élaboré fidèlement le récit des faits
particuliers qu’il avait sous les yeux, ou qui lui étaient signalés par d’autres. C’est une
hypothèse a priori, misérable et trompeuse. La diversité des évangélistes ne provient pas de
l’infirmité humaine, mais de la sagesse divine.

Tournons-nous pour quelques instants vers l’effet de la tombe vide sur ceux qui s’en sont
rendu compte en premier. Certainement on ne peut pas parler d’intelligence spirituelle chez
Marie de Magdala ; mais elle s’accrochait avec une profonde affection à la Personne du
Seigneur ; Lui ne le méconnaissait pas. Elle a été la première, comme nous le verrons, à se
réjouir en Lui, et Lui l’honore. Pourtant, combien sa conclusion hâtive à propos du tombeau
vide est peu digne de Christ ! « On a enlevé du sépulcre le Seigneur, et nous ne savons où on
l’a mis » (20:2). Elle ne peut penser à Lui que sous l’emprise de la mort. Elle juge par la vue
de ses yeux, et dans sa pensée l’homme a jusque-là la haute main. L’assurance qu’Il avait
donné de Sa résurrection n’avait laissé aucune trace, comme sur du sable mou. Qui peut se
glorifier dans l’homme pareillement accablé devant la puissance encore inaperçue, mais
glorieuse de Dieu, qui L’avait déjà ressuscité d’entre les morts ? Néanmoins, son cœur à elle
Lui était fidèle, et elle le montre, ne serait-ce que par sa nouvelle visite à une telle scène alors
qu’il faisait encore nuit, et par son extrême agitation quand elle voit la pierre ôtée, et le corps
disparu de la tombe. Que peut-elle faire, si ce n’est courir apprendre la nouvelle aux cœurs
animés des mêmes sentiments ?

21.3.2 - Jean 20:3-10

« Pierre donc sortit, et l’autre disciple, et ils s’en allèrent au sépulcre. Et ils couraient les deux
ensemble ; et l’autre disciple courut en avant plus vite que Pierre, et arriva le premier au
sépulcre ; et s’étant baissé, il voit les linges à terre ; cependant il n’entra pas. Simon Pierre
donc, qui le suivait, arrive ; et il entra dans le sépulcre ; et il voit les linges à terre, et le suaire
qui avait été sur sa tête, lequel n’était pas avec les linges, mais plié en un lieu à part. Alors
donc l’autre disciple aussi, qui était arrivé le premier au sépulcre, entra, et il vit [είδεν], et
crut ; car ils ne connaissaient pas encore l’écriture, qu’il devait ressusciter d’entre les morts.
Les disciples s’en retournèrent donc chez eux » (20:3-10).

21.3.2.1 - Jean 20:3-7

Ce ne fut pas seulement Jean qui sortit après la nouvelle apportée par Marie. L’amour, réveillé
par des paroles qui leur semblaient étranges, poussa Pierre à courir avec Jean, avec un désir
aussi fort, même si c’était moins vite. Il avait sommeillé, quand il aurait dû veiller et prier ; et
une fois la crise arrivée, il avait renié son Maître de manière d’autant plus grave qu’il avait été
averti solennellement. Mais il n’était pas un Judas, tant s’en fallait. Il aimait le Seigneur qui
savait qu’il L’aimait ; et donc, malgré son péché profond et honteux, son cœur était ému par la
nouvelle si inexplicable (pour lui) de la disparition du corps de la tombe. Alors les deux
disciples (qui avaient été souvent vus ensemble, mais pour d’autres raisons) firent tout pour

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arriver à la tombe en premier. Aucun espoir se rapprochant, même de loin, de ce qui était
effectivement arrivé, n’avait encore traversé leur esprit ; pourtant ils étaient aussi loin que
possible d’être indifférents à la moindre circonstance, même concernant simplement Son
corps. Qu’il ne fût plus là où il avait été déposé, surtout avec toutes les précautions prises
contre les dangers imaginables, c’était suffisant pour les remuer tous deux profondément ; et
ils arrivent sur la scène sans délai, Jean devançant Pierre. Et comme il était arrivé le premier
au tombeau, il se baissa et vit les linges comme ils avaient été déposés (*) ; mais il n’entra
pas. Pierre, bien que moins agile, alla plus loin une fois arrivé, car il entra dans le tombeau, et
inspecta les linges tels qu’ils étaient, et le suaire qui était sur Sa tête, n’était pas avec eux,
mais plié dans un lieu à part.

(*) Le lecteur attentif notera l’insistance particulière sur l’emplacement et la disposition des
linges tel que Jean les vit, comparé à ce que Pierre a vu, le suaire pour la tête étant placé dans
un endroit à part et plié. Je rejette la pensée irrévérencieuse de Wetstein que Jean se retint
d’entrer par crainte d’être souillé (Nombres 19:16), et que cela aurait ensuite empêché Jean
d’entrer (v. 8), aussi bien que Pierre. C’est l’ardeur de Pierre, plus brûlant que jamais à cause
du sentiment de sa faute récente, qui le poussa non seulement à jeter un coup d’œil, mais à
entrer et à tout contrôler de près.

21.3.2.2 - Jean 20:6, 7, 10

Luc le raconte aussi (Luc 24:12), mais avec moins de détails que Jean. Jean décrit non
seulement le double examen de sa part, mais il ajoute le regard [θεωρεί] attentif de Pierre
observant la particularité du suaire plié à part. C’était une preuve claire laissant présumer que
le corps n’avait été enlevé ni par des ennemis ni par des amis ! Car pourquoi les uns ou les
autres auraient-ils laissé après leur passage les linges qui L’enveloppaient ? Qui d’autre que
quelqu’un se réveillant du sommeil disposerait ce qui Le revêtait de cette façon calme et
ordonnée ? Ce devait être ce qu’Il a fait quand Il ressuscita d’entre les morts : Il a mis de côté
ce qui ne convenait pas à Son nouvel état, et qui était désormais inutile. On voit le contraste
fort entre la façon dont Lazare apparut lorsqu’il fut ressuscité par le Seigneur : cela indique un
caractère différent de leur résurrection. Par ailleurs, il n’y a pas eu de conviction profonde
chez Pierre ; car il rentra chez lui (c’est le vrai sens), se demandant ce qui s’était passé.
L’étonnement n’est en aucune façon l’expression de l’intelligence que la foi donne ; il
implique plutôt un manque d’intelligence marqué. Il semble bien étonnant que des hommes
tels que Bengel et Stier aient suivi Érasme et Grotius dans l’idée que Jean n’a pas dépassé
l’idée de Marie du v. 2.

21.3.2.3 - Jean 20:8 — La foi et les conclusions humaines

« Alors donc l’autre disciple aussi, qui était arrivé le premier au sépulcre, entra, et il vit, et
crut » (20:8). C’était la foi, mais la foi fondée sur des preuves, et non pas sur la Parole écrite.
La conclusion tirée par Marie était renversée par les constatations de Jean et Pierre. Leur
conclusion était solide, fondée sur un jugement raisonnable des faits observés ; mais en soi, ce
n’était qu’une déduction humaine, si juste fût-elle en soi, au lieu d’être la soumission du cœur

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au témoignage de Dieu. Et c’est Jean lui-même qui, ici comme ailleurs (2:23-25), nous
apprend à faire cette distinction extrêmement importante. Pierre, bien que stupéfait, semble
avoir assimilé l’importance de ce qu’il avait observé, ainsi que Jean. Ils allaient tous les deux
au-delà du niveau de Marie de Magdala, et concluaient qu’Il avait dû ressusciter, et non pas
que le corps du Seigneur avait été enlevé par Joseph et Nicodème, ou par les Juifs ou par les
Romains. Sur la base des faits apparents, ils expliquaient correctement la disparition de Son
corps. Mais ni chez l’un ni chez l’autre ne se trouvait ce caractère de la foi en Sa résurrection
qui jaillit du fait qu’on s’empare de la parole de Dieu. Croire par la vue est humain, croire par
la foi est divin, parce qu’alors seulement Dieu est cru, et on Lui donne Sa vraie place, et nous,
nous sommes mis à la nôtre. C’est ainsi que l’âme est purifiée en vertu de la Parole, ce qui
n’est pas moins nécessaire que la purification par le sang ; et donc la repentance accompagne
toujours la foi. Nous ne pouvons pas être rendus propres pour l’héritage des saints dans la
lumière, si nous ne connaissons pas expérimentalement le lavage d’eau par la parole aussi
bien que la purification de nos péchés par le sang de Christ.

21.3.2.4 - Jean 20:9 — Voir et croire. Foi basée sur la vue ou sur la Parole de Dieu

Quant à la vérité de la résurrection qui allait bientôt être le témoignage caractéristique des
apôtres Jean et Pierre, ce n’est pas aller trop loin que de dire qu’elle ne leur avait pas encore
été enseignée de Dieu. Jusque-là, ils n’avaient pas encore fait la liaison entre le fait de la
résurrection et le témoignage de Dieu dans la loi, les psaumes et les prophètes, ni même avec
les paroles simples et récentes de notre Seigneur Jésus. Il n’y a guère de vérité dans le
jugement de Lampe selon lequel, à partir de ce moment, dans l’obscurité même de la tombe,
l’esprit de Jean fut illuminé par la foi salvatrice de la résurrection de Jésus, comme par un
nouveau rayon du « Soleil de justice » ressuscité. Dans les choses divines, tout ce qui est beau
est vrai ; or cette opinion de Lampe est non seulement fausse, mais elle est le renversement de
la vérité inculquée par Jean lui-même dans son commentaire inspiré sur ce fait. Ils croyaient
tous les deux en Christ, sur la base non pas des faits seulement, mais de la parole de Dieu ;
mais aucun d’entre eux ne croyait en Sa résurrection au-delà des faits constatés par la vue,
et d’après lesquels elle devait bien avoir eu lieu. « Car ils ne connaissaient pas encore
l’écriture, qu’il devait ressusciter d’entre les morts ».

Nous avons eu un bon exemple de théologie protestante (je ne dis pas réformée), qui montre
leur idée vague et humaine de la foi. Les vues romanistes, et peut-être catholiques, ne sont pas
meilleures. D’où la dévalorisation de la foi par le concile de Trente ; d’où l’effort pour
introduire l’amour et l’obéissance et la sainteté, afin d’avoir la justification. Ils sentent qu’il
doit y avoir un élément moral, et que celui-ci est exclu par leur manière de réduire la foi à une
réception intellectuelle de certaines propositions ; de sorte qu’ils sont amenés à ajouter
d’autres éléments à la foi dans le but de se satisfaire eux-mêmes. Tout cela tourne autour de la
grande erreur fondamentale selon laquelle le papiste consciencieux fait de la foi en l’Église le
lieu de repos de son âme et sa règle de foi, au lieu de trouver cela dans les Écritures, ou en
Dieu révélé en Christ par elles. S’ils poussaient l’erreur jusqu’au bout, aucun romaniste ne
pourrait être sauvé ; car il ne croit pas la parole de Dieu sur la base de l’autorité de Dieu, mais
il croit l’Écriture et la tradition sur la base de la parole de l’Église. Par son propre principe, il
exclut la foi en Dieu, et ne pourrait pas du tout croire en vérité de manière à avoir la vie.
Seulement par grâce, les hommes peuvent être meilleurs que leurs principes, tandis que
beaucoup sont, hélas ! pires lorsque le principe est de Dieu. Croire l’Écriture en tant que
parole de Dieu, croire Dieu en elle, cela est d’une importance vitale.

553
Les faits sont du plus haut intérêt et d’une réelle importance. Les Israélites pouvaient les
désigner comme étant la base de leur religion, spécialement l’appel d’Abram par Dieu, la
délivrance du peuple élu hors d’Égypte et à travers le désert jusqu’à entrer en Canaan ; de
même le chrétien peut désigner les faits incomparablement plus profonds et plus immuables
de l’incarnation, la mort, la résurrection et l’ascension du Fils de Dieu, avec la présence
conséquente du Saint Esprit envoyé du ciel. Mais pour que la foi ait une valeur morale, pour
qu’elle ait à faire avec la conscience, pour qu’elle purifie le cœur et le fasse s’épancher, elle
ne peut être une pure et simple acceptation de faits à partir d’une base raisonnable, mais elle
est l’accueil du cœur fait au témoignage de Dieu dans Sa Parole. Voilà qui teste l’âme
beaucoup plus que tout, car l’intelligence spirituelle consiste en la croissance vers Christ dans
une perception et une jouissance croissantes de tout ce que la parole de Dieu a révélé, et qui
sépare pratiquement le saint pour Lui-même et pour faire Sa volonté dans le jugement du moi
et du monde. On a dépouillé le vieil homme et revêtu le nouveau, qui est renouvelé en pleine
connaissance, selon l’image de Celui qui l’a créé (Col. 3:9-10).

« Voir et croire » est donc totalement en deçà de ce que l’opération de Dieu donne ; c’est ce à
quoi correspond, dans la chrétienté actuelle, la foi traditionnelle ou les preuves traditionnelles.
C’est humain, et cela laisse la conscience non purifiée, et le cœur sans communion. On peut le
trouver dans celui qui n’est pas né de Dieu (comparez 2:23-25), mais aussi chez le croyant,
comme ici : si c’est le cas, ce n’est pas ce que l’Esprit scelle, et cela ne délivre en aucune
manière des choses présentes. Or il semble que c’est là l’objet que Dieu nous fait connaître
par le récit qui est devant nous. La foi, pour qu’elle ait de la valeur et de la puissance, ne
repose pas sur la vue ou sur des déductions, mais sur l’Écriture. Ainsi, comme les disciples
manifestaient une mémoire très défaillante à l’égard des paroles du Seigneur avant qu’Il soit
ressuscité d’entre les morts (2:22), de même ils étaient insensibles à la force et à l’application
de la Parole écrite : après qu’ils aient cru tous les deux, ils entrèrent dans la bénédiction d’en
haut qui demeure et s’étend. Selon ce que nous dit Pierre dans sa première épître (1 Pierre
1:8), ceci est caractéristique de la foi d’un chrétien qui, quoique n’ayant pas vu Christ, il
L’aime ; et, croyant en Lui, quoique maintenant il ne Le voie pas, il se réjouit d’une joie
ineffable et glorieuse. La foi qui est fondée sur des preuves peut fortifier contre le déisme, le
panthéisme, ou l’athéisme ; mais elle n’a jamais donné la rémission des péchés, ni n’a jamais
amené quelqu’un à crier : « Abba, Père », ni n’a jamais rempli le cœur de la grâce et de la
gloire de Celui qui est l’objet de la satisfaction de Dieu et de Son délice éternel.

21.3.2.5 - Jean 20:10

Ici aussi, nous avons un autre témoignage remarquable de l’impuissance de cette foi fondée
sur les preuves visibles ; car il nous est dit (20:10) : « Les disciples s’en retournèrent donc
chez eux ». Le fait était connu sur des bases indiscutables à leur esprit, mais pas encore
apprécié selon la pensée de Dieu telle qu’elle est révélée dans Sa Parole ; et du coup, ils
retournent à leurs anciennes associations restées intactes.

21.3.3 - Jean 20:11-16

Marie n’a pas pris, et ne pouvait pas prendre les choses aussi tranquillement que les deux
disciples. Quel « chez elle » avait-elle désormais ? Qu’est-ce qu’était le monde ? Rien, sinon

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un tombeau vide où Jésus avait été couché. D’autres pouvaient repartir à leurs propres
maisons, mais pour son cœur, c’était impossible.

« Mais Marie se tenait près du sépulcre, dehors, et pleurait. Comme elle pleurait donc, elle se
baissa dans le sépulcre ; et elle voit deux anges vêtus de blanc, assis, un à la tête et un aux
pieds, là où le corps de Jésus avait été couché. Et ils lui disent : Femme, pourquoi pleures-tu ?
Elle leur dit : Parce qu’on a enlevé mon Seigneur, et je ne sais où on l’a mis. Ayant dit cela,
elle se tourna en arrière, et elle voit Jésus qui était là ; et elle ne savait pas que ce fût Jésus.
Jésus lui dit : Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? Elle, pensant que c’était le
jardinier, lui dit : Seigneur, si toi tu l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis, et moi je l’ôterai.
Jésus lui dit : Marie ! Elle, s’étant retournée, lui dit en hébreu : Rabboni (ce qui veut dire,
maître) » (20:11-16).

21.3.3.1 - Jean 20:11-13 — Nature de la tristesse de Marie

La tristesse de l’amour pour Jésus, qui pleure Son absence, ou qui sent le tort qu’on Lui a fait
quelle qu’en soit la manière, est bien différent de la tristesse du monde qui opère la mort (2
Cor. 7:10). Elle fait bientôt place à la vie et la paix par la grâce de Jésus. La douleur de Marie
ne fut pas vaine, ni longue. D’autres serviteurs du Seigneur, et le Seigneur Lui-même, qu’elle
ne voyait pas, la regardaient. Alors qu’elle pleurait à l’extérieur, elle entra en se baissant dans
le sépulcre, et vit deux anges vêtus de blanc. Mais Lui n’était pas là ; ils étaient assis l’un à la
tête et l’autre aux pieds, là où le corps de Jésus avait été couché. Pourtant, il n’y a pas de
panique, pas d’étonnement de la part de Marie, tant son cœur était absorbé par cette Personne
unique, — perdue pour elle selon toutes les apparences, Son corps même ayant disparu, ce qui
l’empêchait de pleurer dessus. Elle ne leur parle pas, mais c’est eux qui lui disent : « Femme,
pourquoi pleures-tu ? » Ils étaient dans le secret. Elle n’avait pas encore saisi correctement les
signes du tombeau. Son cœur affligé n’allait pas tarder à recevoir de meilleures nouvelles,
encore plus claires. En attendant, elle leur explique pourquoi elle pleurait : « Parce qu’on a
enlevé mon Seigneur, et je ne sais où on l’a mis ». Elle ne voit pas du tout le caractère étrange
de l’apparition angélique à l’intérieur du tombeau, et prend pour acquis que tout le monde doit
savoir qui était Celui dont le corps avait disparu. Mais la pensée de Sa résurrection n’a même
pas encore traversé son esprit. Le Seigneur était son Seigneur ; elle L’aimait par-dessus tout,
mais dans sa pensée, des gens L’avaient pris et mis dans un lieu qu’elle ignorait. Une âme
peut aimer le Seigneur, et être pourtant dans l’ignorance quant à Sa gloire de ressuscité,
comme nous ne pouvons manquer de le lire ici.

21.3.3.2 - Jean 20:14-15 — Marie reconnaît Jésus

La grâce allait maintenant intervenir. « Ayant dit cela, elle se tourna en arrière, et elle voit
Jésus qui était là ; et elle ne savait pas que ce fût Jésus » (20:14). Combien souvent il en est de
même pour nos cœurs engourdis ! Mais Lui n’agit jamais d’une manière indigne de Son nom,
et Il parle afin que nous puissions Le reconnaître. « Jésus lui dit : Femme, pourquoi pleures-
tu ? Qui cherches-tu ? » (20:15a). Cette dernière question était une question pour aiguiller.
Jusqu’à ce qu’Il soit connu, il y a encore les ténèbres, même s’il y a de l’amour. « Elle,
pensant que c’était le jardinier, lui dit : Seigneur, si toi tu l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis,
et moi je l’ôterai » (20:15b). Un seul mot dissipe alors toute difficulté et doute, — un mot qui

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est l’expression, non pas de notre amour pour Lui, mais de Son amour pour nous. « Jésus lui
dit : Marie ! » (20:16a). L’œuvre était accomplie, la grande découverte faite. Il avait été mort,
Il était maintenant ressuscité, et Il apparut d’abord à Marie de Magdala. Elle qui avait semé
avec des larmes, moissonnait maintenant dans la joie. Le Seigneur appréciait qu’elle soit
restée au tombeau dans la douleur, même si c’était un tombeau vide. Son cœur était
maintenant rempli de joie et, comme nous allons le voir, la joie allait déborder pour réjouir
d’autres cœurs, les cœurs de tous ceux qui croyaient.

C’était le bon berger appelant Sa brebis par son nom (10:3). Elle était pour Lui la même
qu’avant ; Il était dans la puissance de la résurrection ; mais Son amour pour elle était le
même, certainement pas moindre que quand Il avait chassé d’elle sept démons. Sans doute il y
avait une similitude dans l’expression de son nom, qui lui alla droit au cœur et la sortit de son
rêve sur Sa Personne, auparavant morte, mais maintenant en vérité vivante de nouveau pour
toujours. Bientôt, elle allait apprendre que, comme Lui vivait, elle aussi était vivante pour
Dieu en Jésus Christ son Seigneur (Rom. 5:21). Mais pour l’instant, Le savoir vivant,
L’entendre prononcer son nom avec un amour inexprimable, voilà le fruit de la grâce divine
qui toucha son cœur et le remplit de la satisfaction.

Marie avait connu Christ selon la chair, et évidemment elle pensait qu’elle allait continuer à
Le connaître de cette manière. Mais ce n’était pas le cas. Désormais nous ne connaissons
personne de cette manière (2 Cor. 5:16). Christ était mort et ressuscité, et sur le point de
prendre Sa place dans le ciel selon les conseils de Dieu. Le chrétien est appelé à Le connaître
comme homme dans le ciel, toujours le Fils, mais maintenant l’Homme glorifié en haut. D’où
la force de ce qui suit. Marie devait apprendre à considérer le Seigneur d’une manière
totalement nouvelle, non pas dans une présence corporelle ici-bas, mais comme un objet de
foi reçu en haut dans la gloire. Elle est ainsi délivrée de toutes ses associations précédentes, et
elle nous est donnée comme l’exemple du résidu juif destiné dorénavant à devenir chrétien.

21.3.4 - Jean 20:17-18

« Jésus lui dit : Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers mon Père ; mais va
vers mes frères, et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre
Dieu. Marie de Magdala vient rapporter aux disciples qu’elle a vu le Seigneur, et qu’il lui a dit
ces choses » (20:17-18).

21.3.4.1 - Jean 20:17a — Toucher ou ne pas toucher le Seigneur : comparaison avec Matt. 28

Il est très frappant de comparer Matt. 28:9 avec l’interdiction du Seigneur faite à Marie dans
notre évangile. Les deux incidents se sont produits à peu près au même moment. Pourtant, le
Seigneur a permis aux autres femmes de s’approcher et de saisir Ses pieds, et de Lui rendre
hommage, alors que très peu de temps auparavant Il interdisait à Marie de Magdala de Le
toucher. Nous savons que, comme toujours, Il était divinement parfait dans ces deux
occasions ; et que, bien qu’homme et le Fils de l’homme, ce n’était pas à Lui à se repentir
(Nombres 23:19), car Lui est la vérité. Mais il nous est permis, et je pense que nous devons
nous demander comment il se peut que des manières de faire si différentes et qui se suivent de

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si près, soient chacune absolument juste à sa place. La différence de but des deux évangiles
aide beaucoup à éclairer la question.

Dans Matthieu, le Seigneur ressuscité reprend Ses relations avec le résidu juif, et permet à ces
femmes, comme échantillons de ce résidu, de jouir de Sa présence sur la terre. Pour cette
même raison, il n’y a à la fin de Matthieu ni scène de Son ascension, ni même aucune allusion
à l’ascension ; en effet, cela gâcherait la perfection du tableau, qui nous montre le Seigneur
présent avec les Siens jusqu’à la consommation du siècle. Dans Jean, inversement, le
sentiment juif est immédiatement corrigé ; de nouvelles relations sont annoncées, et
l’ascension vers le Père prend la place de tout ce qui était attendu pour les nations sur la terre
avec les Juifs comme centre et témoins du Seigneur. « Ne me touche pas », dit Jésus à Marie,
« car je ne suis pas encore monté vers mon Père » (20:17b). Désormais le Seigneur doit être
connu par le chrétien de manière caractéristique comme étant au ciel. Les Juifs s’étaient
attendus à Lui sur la terre, à juste titre ; et pareillement les Juifs L’auront bientôt régnant sur
la terre, quand Il reviendra en puissance et grande gloire. Entre les espoirs brisés et restaurés
d’Israël, nous trouvons notre place comme chrétiens. Nous sommes baptisés pour Sa mort, et
nous manifestons Sa mort jusqu’à ce qu’Il vienne, nous souvenant de Lui dans la fraction du
pain ; mais nous Le connaissons en haut, non plus mort, mais ressuscité et glorifié.

Oui, bien que nous ayons connu Christ selon la chair, pourtant maintenant nous ne Le
connaissons plus ainsi (2 Cor. 5:16). En effet, sans nous vanter, en toute vérité, mais par la
grâce qui surpasse tout, on peut dire, et comme croyants, nous sommes tenus de dire que nous
sommes en Lui. « En ce jour-là, vous connaîtrez que moi je suis en mon Père, et vous en moi
et moi en vous » (14:20). « Ce jour-là » du Nouveau Testament est le jour d’aujourd’hui, déjà
arrivé, — pour le monde le jour de grâce dans l’évangile, pour les saints le jour de grâce dans
leur union avec Christ. « En sorte que si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création :
les choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont faites nouvelles ; et toutes sont du
Dieu qui nous a réconciliés avec lui-même par [Jésus] Christ » (2 Cor. 5:17-18). Voilà le
christianisme ; et ceci n’était pas encore développé dans ce jour de la résurrection, mais c’était
implicite dans la relation de notre Seigneur avec Marie de Magdala et dans les paroles qu’Il
lui adresse. « Ne me touche pas » était une parole très significative, et encore plus quand elle
est interprétée par les mots qui l’accompagnent. Ce n’est pas, comme dans Col. 2:21 μή άψη
(« ne touche pas » au sens d’une seule action transitoire), mais μή μου άμτου = « Ne continue
pas à Me toucher », ce qui est une interdiction générale et permanente, pour montrer que ceux
du résidu étaient enlevés de leurs associations en tant que Juifs et introduits dans de nouvelles
relations, non seulement avec Christ dans le ciel, mais par Lui avec Son Père et Son Dieu —
étant ainsi distingués de ceux du résidu autorisés à se saisir de Lui, comme un signe de Son
retour pour le royaume avec une présence corporelle.

21.3.4.2 - Jean 20:17c — Va vers mes frères

Mais il y a plus. « Va vers mes frères » (20:17c). Il n’a pas honte d’appeler les disciples Ses
frères. Il avait préparé la voie pour cela ; à la suite du rejet rebelle par Israël de son Messie, Il
avait dit : « car quiconque fera la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon
frère, et ma sœur, et ma mère » (Matt. 12:50). Maintenant, à la suite de l’accomplissement de
Son œuvre expiatoire, Il en reconnaît spécifiquement ce fruit béni, — non seulement les
péchés pardonnés pour la foi en vertu de Son sang versé, mais les croyants placés dans la
relation la plus intime avec Lui, l’Homme ressuscité et le Fils de Dieu. Ils sont Ses frères, et

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selon le Psaume 22:22, Il s’occupe de leur faire connaître le nom du Père, non pas simplement
le nom de l’Éternel. Car maintenant ils n’étaient pas seulement vivifiés, mais vivifiés avec
Christ. Ils se tenaient en Lui ressuscité d’entre les morts, ayant le pardon de toutes leurs
fautes. Et ils apprennent qu’ayant cette relation avec Christ dans Sa nouvelle position et dans
la condition d’Homme selon les conseils divins pour l’éternité, — toute question de péché
étant réglée triomphalement à la croix, non pas pour Lui qui n’en avait pas besoin, mais pour
le croyant qui avait tous les besoins possibles à cause de sa culpabilité et de sa mauvaise
nature et de l’ennemi en train d’accuser et du Juge saint et juste, — ils entrent dans Sa propre
relation bénie et éternelle avec Son Père et Son Dieu. « Et dis-leur : Je monte vers mon Père et
votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu » (20:17c).

C’était un moment d’une profondeur sans égal : le Fils ressuscité, — après avoir porté le
jugement de nos péchés en Son corps sur le bois, et avoir glorifié Dieu en ce qui concerne non
seulement l’obéissance dans la vie, mais jusqu’à la mort pour le péché, — envoyant un
message à Ses disciples au matin de la résurrection, par le moyen de celle dont Il avait
précédemment chassé sept démons ; de plus, ces disciples étaient découragés par incrédulité,
et le message portait sur une bénédiction nouvelle et incomparable qu’Il avait acquise pour
eux par Sa mort et Sa résurrection. Sans doute, Il est le Messie ressuscité de la semence de
David, et les grâces de David sont assurées par Sa résurrection (Actes 13:34), comme cela
sera démontré dans le royaume rétabli pour Israël en son temps. Mais dans la sagesse de Dieu
cela devait être différé, et céder la place au propos bien plus profond mis entre temps en
évidence : l’appel d’enfants de Dieu, héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ, à la
connaissance et à la jouissance et au témoignage de Dieu Lui-même et de Son Fils par le Saint
Esprit, ce qui est généralement qualifié de « christianisme ». Cela ne pouvait pas être
auparavant d’abord (1) parce qu’Il avait des relations selon la chair et par promesse avec
Israël jusqu’à ce que, par incrédulité, mais coupablement et sans excuse, ils aient entièrement
méprisé et délibérément rejeté leur Roi infiniment béni, et (2) en outre, ce n’est que sur le
terrain de la rédemption par Sa mort que Dieu pouvait être libre de former et rassembler en un
Ses enfants libérés de leurs péchés et vivifiés ensemble avec Lui, qu’ils soient Juifs ou
Gentils. Maintenant, étant mort, Il pouvait porter beaucoup de fruits (12:24) ; et ici, Il annonce
le fait, autant digne de Lui-même que de Dieu qui L’a envoyé en amour au-delà de toute
pensée de l’homme. « Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu ».

Combien les rêves des hommes sont pauvres et pâles, même dans leurs plus hautes
aspirations, en comparaison de la simple vérité dite par le Seigneur et communiquée aux
Siens ! Pourtant rien moins que cela ne pouvait satisfaire Son amour, qui a dû manifester sa
puissance, d’abord en descendant avec nos péchés pour souffrir pour eux de la part de Dieu, et
ensuite en montant dans la gloire, et en nous donnant autant qu’il était possible Sa propre
position comme fils et saints, tout mal et toute culpabilité étant ôtés pour toujours devant
Dieu, des adorateurs purifiés n’ayant plus conscience de péchés. Ce n’était pas simplement un
espoir à réaliser quand Il reviendra nous recevoir auprès de Lui, mais c’était la vérité d’une
relation existant réellement en ce jour de la résurrection et annoncée dès ce jour-là, — une
vérité envoyée pour être communiquée à Ses disciples afin qu’ils puissent la connaître et en
jouir pleinement, comme étant garantie par Sa propre ascension vers la présence du Père dans
le ciel. Elle est pour tous les saints jusqu’à ce qu’Il revienne : Que tous connaissent cela
comme leur seule vraie place en Lui ! Pourtant, la grâce a donné à la vérité une puissance
nouvelle de nos jours, bien que ce soit par des messagers qui n’ont pas plus de raison de se
vanter que Marie de Magdala lorsqu’elle vint alors vers les disciples avec la nouvelle qu’elle a
vu le Seigneur, et qu’Il lui a dit ces choses (20:18). Mais nous pouvons et nous devons nous
glorifier en notre Seigneur ressuscité, et de la place que le croyant a en Lui. « Je me glorifierai

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d’un tel homme », dit un plus grand que chacun d’entre nous, « mais je ne me glorifierai pas
de moi-même, si ce n’est dans mes infirmités » (2 Cor. 12:5). Il est bien de se glorifier d’un
homme en Christ, seulement on ne peut pas s’attendre à ce que le fassent ceux qui ne
conçoivent même pas ce que cela signifie, et qui sont vraiment lents à apprendre tellement ils
ont été dépravés par un jargon de notions juives et non-juives de ce qu’on appelle la théologie
systématique. Si nous connaissons la vérité, puissions-nous avoir la grâce non seulement de
marcher en elle, mais de la communiquer à ceux qui ne la connaissent pas, attendant si, peut-
être, la grâce et la vérité parviendraient finalement à faire apprendre aux saints leur vraie
béatitude en Christ.

Le message du Seigneur ne fut pas vain. Les disciples se réunirent en ce jour de la


résurrection, les portes donnant accès au monde étant fermées, et Jésus se tint au milieu d’eux.
C’est un beau tableau anticipatif de l’assemblée, comme on pourra le voir plus pleinement
quand on sera entré dans les détails.

21.4 - Jean 20:19-23

Marc 16:14-18 ; Luc 24:36-49.

« Le soir donc étant [venu], ce jour-là, le premier de la semaine, et les portes [du lieu] où les
disciples étaient, par crainte des Juifs, étant fermées, Jésus vint, et se tint au milieu d’eux. Et il
leur dit : Paix vous soit ! Et ayant dit cela, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples
se réjouirent donc quand ils virent le Seigneur. Jésus donc leur dit encore : Paix vous soit !
Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. Et ayant dit cela, il souffla en eux, et
leur dit : Recevez [l’]Esprit Saint. À quiconque vous remettrez les péchés, ils sont remis ; [et]
à quiconque vous les retiendrez, ils sont retenus » (20:19-23).

21.4.1 - Jean 20:19a – Premier jour de la semaine

Combien de choses, et des choses lourdes de sens spirituel sont introduites ici en si peu de
mots et communiquées sous une forme si simple ! Ce jour-là, qui en son temps allait recevoir
l’appellation appropriée de « jour du Seigneur » ou « journée dominicale » (Apoc. 1:10), aussi
caractéristique des chrétiens que le sabbat l’est pour les Juifs, — ce jour fut marqué, non
seulement par le rassemblement des saints, mais par la présence du Seigneur au milieu d’eux.
Il en fut de même au début de la semaine suivante (20:26) ; et ainsi par la suite le Saint Esprit
le distingue comme le jour où la fraction du pain est observée (Actes 20:7), et où les besoins
des saints pauvres sont rappelés au souvenir devant Lui et devant eux (1 Cor. 16:2). C’était en
effet une direction divine, bien qu’elle ne prît pas la forme d’un commandement ; mais elle est
néanmoins précieuse et fait autorité pour tous ceux qui apprécient Sa présence particulière
dans la communion avec les Siens et l’annonce de Sa mort jusqu’à ce qu’Il vienne. Ce n’est
pas le jour du repos après la création (Ex. 20:11) ni celui de la loi imposée (Deut. 5:15), mais
c’est le jour de la résurrection et de la grâce qui associe le croyant à ses résultats riches et
durables ; c’est ce jour-là que tous ceux qui sont bénis pareillement se réunissent pour jouir en
commun de cette mort du Seigneur, qui est la base juste de ces privilèges et de tous les autres.

559
21.4.2 - Jean 20:19b — Portes fermées et corps ressuscités

Ce jour-là, le Seigneur donna aux disciples rassemblés un témoignage éclatant de la puissance


de la vie en résurrection ; car là où ils étaient, les portes étant fermées par crainte des Juifs,
Jésus vint et se tint au milieu [d’eux]. La faiblesse s’attache au corps naturel, qui, à moins
d’un miracle, est arrêté par un mur ou une porte fermée ou une chaîne ou mille autres
obstacles. Il n’en est pas ainsi du corps ressuscité en puissance, comme le Seigneur le montre
ici dans le silence. Il apparaît que ce qui est affirmé ici, et une seconde fois plus bas, a pour
but de nous indiquer que le corps ressuscité peut entrer par des portes fermées, non pas par
miracle (aussi merveilleux que cela nous paraisse à nous qui considérons et mesurons les
choses selon la condition effective de notre vie), mais normalement comme dans la puissance
de la résurrection, dans laquelle tout est en effet surnaturel. Il n’y a aucune raison ici de
supposer, que les portes aient été amenées à s’ouvrir d’elles-mêmes, bien au contraire. Il en
fut ainsi (Actes 5:19), quand l’ange fit sortir les apôtres Pierre et Jean de prison ; de même,
quand Pierre fut délivré une seconde fois (Actes 12:10), la porte de fer s’ouvrit d’elle-même,
non pas pour laisser entrer l’ange, qui n’en avait pas besoin, mais pour laisser sortir Pierre. Ce
n’est pas une affaire d’omnipotence, mais de corps ressuscité, lequel n’a pas plus besoin
d’une porte ouverte qu’un ange. Les anciens semblent avoir eu sur ce sujet une foi beaucoup
plus simple que la plupart des modernes qui laissent transparaître le matérialisme (*) croissant
de notre époque. Parler de difficultés philosophiques est de la prétention puérile : qu’est-ce
que la philosophie connaît de la résurrection ? C’est une question de Dieu et de Son Fils, non
pas de simples causes et de leurs effets, et encore moins d’expérience. Le chrétien croit la
Parole, et sait ce que Dieu révèle. Laissez la philosophie avouer son ignorance, non pas s’en
vanter : si elle est muette devant la création, la résurrection est pour elle encore plus
déconcertante.

(*) Même Calvin a été conduit à mal comprendre ce passage de l’Écriture par sa crainte de la
papauté et des efforts de cette dernière pour prouver le dogme de la présence réelle partout
dans la messe. Sa foi dans la résurrection, ou au moins sa compréhension de la résurrection,
était bien petite.

21.4.3 - Jean 20:20-21 — Paix vous soit

Alors donc, Jésus vint et se tint au milieu d’eux, disant aux disciples : « Paix vous soit ». Il
leur avait laissé la paix en héritage avant la croix ; maintenant de nouveau vivant d’entre les
morts, Il l’annonce aux Siens : quelle douce annonce dans un monde en guerre avec Dieu ! or
cette annonce est doublement douce pour les âmes sincères qui se sont vainement efforcé de
faire la paix pour elles-mêmes avec Dieu, malgré leurs soupirs, leurs larmes, leurs
gémissements, malgré leurs prières, leurs aspirations et leurs combats dans l’angoisse, malgré
leurs efforts pour éviter le mal et s’attacher au bien. Ceux-là savent mieux que la conscience
et le cœur ne peuvent trouver aucune paix solide dans le jugement de soi-même ou dans
l’abnégation, dans la contemplation de Dieu ou dans les travaux pour Lui ; au contraire, plus
ils sont sincères, moins ils ont la paix. Ils ne sont pas du tout sur la bonne route. La paix pour
un homme pécheur ne peut être faite que par le sang de la croix de Christ, que la foi reçoit par
Sa parole. Et c’est ce que le Seigneur dit à Ses disciples ce jour-là, l’œuvre puissante sur
laquelle la paix est fondée étant achevée et acceptée par Dieu, comme Sa résurrection le fait

560
savoir : « Et ayant dit cela, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples se réjouirent
donc quand ils virent le Seigneur » (20:20).

Certains ont pensé que le deuxième « Paix vous soit » serait une sorte d’adieu ou « portez-
vous bien », comme le premier serait un salut (*). Déjà le premier « paix vous soit » était bien
autre chose : il était la bénédiction profonde qui caractérise ceux qui sont justifiés par la foi, et
il revient à maintes reprises sous une forme ou sous une autre tout au long du Nouveau
Testament. Quant au second « paix vous soit », il se rattache à la mission que le Seigneur
confère ensuite à Ses disciples. Ils ont d’abord reçu la paix pour eux-mêmes, et ils sont
ensuite chargés d’aller au dehors avec l’évangile de paix pour les autres. « Comme le Père
m’a envoyé (άπέστ.), moi aussi je vous envoie (π.) ». Ce sont eux les vrais légats « a latere »
[= représentants personnels extraordinaires chargés de missions spéciales] de Christ : les
autres ne sont que des voleurs et des brigands que les brebis font bien de ne pas écouter.
Étrangers eux-mêmes à la paix, comme leur propre langue ne peut que le confesser, comment
peuvent-ils parler à d’autres d’une paix en laquelle les pauvres pécheurs pourraient se confier
avec assurance ?

(*) On a de la peine à croire que Calvin n’ai pas vu davantage qu’un souhait de prospérité
dans ces paroles de notre Seigneur ressuscité.

21.4.4 - Jean 20:22-23 — Il souffla en eux, et leur dit : Recevez l’Esprit Saint

Mais le Seigneur continue ensuite par un autre signe hautement significatif d’un privilège
nouveau et durable : « Et ayant dit cela, il souffla en eux, et leur dit : Recevez [l’]Esprit Saint
(*). À quiconque vous remettrez les péchés, ils sont remis ; [et] à quiconque vous les
retiendrez, ils sont retenus » (20:22-23). C’était Lui qui, avant de s’incarner, avait soufflé la
respiration [ou : souffle] de vie dans les narines d’Adam, et maintenant il insuffle dans Ses
disciples le souffle d’une vie meilleure et éternelle, Sa propre vie, — comme étant maintenant
les deux en une seule personne (c’est-à-dire l’Éternel-Dieu et le second Homme ressuscité).
Jamais Il n’avait fait ainsi auparavant. Le moment approprié était venu. Il avait été livré pour
leurs fautes, et était ressuscité pour leur justification (Rom. 4:25). La vie ressuscitée est la
délivrance de la loi du péché et de la mort, ainsi que le témoignage éclatant d’une rémission
complète des péchés ; et cela non pas comme une vérité abstraite pour tous les croyants, mais
comme une vérité destinée à être connue et goûtée par chacun. « Il n’y a donc maintenant
aucune condamnation pour ceux qui sont dans le christ Jésus ; car la loi de l’Esprit de vie dans
le christ Jésus, m’a affranchi de la loi du péché et de la mort » (Rom. 8:1-2). Juste avant, en
Rom. 7, à partir du v. 7, nous lisons combien le « moi » a été éprouvé et criblé et misérable
jusqu’à ce qu’il s’abandonne pour trouver la grâce en Christ, non seulement pour le passé,
mais pour le présent et, bien sûr, pour toujours.

(*) C’est là un caractère de l’action du Saint Esprit, qui consiste en la vie en résurrection ; il
est donc exprimé sans article. Ce n’était pas encore le Saint Esprit donné personnellement, le
baptême de l’Esprit, comme à la Pentecôte.

561
Qu’y a-t-il de plus intensément personnel que cette délivrance de la misère ? Et aussi,
combien il est évident qu’il s’agit non seulement d’une vie nouvelle et divine, mais que celle-
ci vient après que le jugement du péché et la malédiction de la loi soient tombés sur Christ, et
qu’Il soit ressuscité victorieusement — communiquant une vie au-delà du péché, de la loi ou
du jugement, et le faisant comme ayant tout porté et emporté loin en justice en faveur du
croyant ? C’est de cela que Son souffle en eux était le signe, et Il dit : « Recevez [l’]Esprit
Saint » : non pas encore l’Esprit envoyé d’en haut par le Seigneur et Christ monté au ciel,
pour baptiser en un seul corps et donner la puissance et le témoignage, mais c’est l’énergie de
Sa propre vie de ressuscité. Car l’Esprit prend toujours Sa part de la manière la plus étroite
dans toutes les bénédictions ; et comme pour le royaume de Dieu chacun est né d’eau et de
l’Esprit, sans quoi personne ne peut ni le voir ni y entrer, de même ici avec la vie en
résurrection, l’Esprit prend Sa part pour s’occuper des âmes qui ont entendu et cru l’évangile.

21.4.5 - Jean 20:23 — Remettre ou retenir les péchés

Mais ce n’est pas tout. Les disciples ainsi délivrés sont investis d’un nouveau privilège et
d’une responsabilité solennelle à l’égard des autres. Ceux du dehors sont vus maintenant
comme des pécheurs, la vieille distinction temporelle Juifs / Gentils disparaissant dans la
vraie lumière. Mais si celle-ci était le jugement du monde (3:19), on était au jour de la grâce ;
et les disciples en ont l’administration, l’Esprit de vie en Christ leur en donnant la capacité.
C’est pourquoi le Seigneur leur dit : « À quiconque vous remettrez les péchés, ils sont remis ;
[et] à quiconque vous les retiendrez, ils sont retenus ». C’est ainsi que les âmes repentantes
furent baptisées pour la rémission des péchés, tandis qu’un Simon le magicien fut déclaré être
dans un fiel d’amertume et dans un lien d’iniquité (Actes 8:23). Et aussi le méchant fut ôté du
milieu des saints (1 Cor. 5), et le même homme après avoir jugé son mal et éprouvé une
profonde tristesse quant à son péché a dû être assuré de l’amour par la nouvelle réception de
l’assemblée obéissante à Paul (2 Cor. 2 et 7) ; Paul avait pris l’initiative dans l’action afin de
produire un travail de conscience, et non pas simplement pour faire peser son autorité ou son
influence. C’était l’action de l’assemblée. « À celui à qui vous pardonnez quelque chose, moi
aussi [je pardonne] ; car moi aussi, ce que j’ai pardonné, si j’ai pardonné quelque chose, [je
l’ai fait] à cause de vous dans la personne de Christ » (2 Cor. 2:10). Paul ne voulait rien de
forcé, mais une communion ininterrompue dans la discipline : il ne dictait pas et ils ne
suivaient pas aveuglément ou par peur, comme dans les églises mondaines ; mais ils suivaient
l’autorité de Christ, et Lui aussi, dans une véritable communion de l’Esprit.

21.5 - Jean 20:24-29 — Thomas

21.5.1 - Jean 20:24-25 — Thomas absent

Le jour de la résurrection, les apôtres n’étaient pas tous présents. « Or Thomas, l’un des
douze, appelé Didyme, n’était pas avec eux quand Jésus vint. Les autres disciples donc lui
dirent : Nous avons vu le Seigneur. Mais il leur dit : À moins que je ne voie en ses mains la
marque des clous, et que je ne mette mon doigt dans la marque des clous, et que je ne mette
ma main dans son côté, je ne le croirai point » (20:24-25).
562
L’état de l’âme de Thomas coïncidait avec son absence ce jour-là. Il résistait aux nouvelles
bénies de la résurrection, et ne se joignait pas au rassemblement des disciples pour partager la
joie de la présence du Maître au milieu d’eux. Lent de cœur à croire, il manqua le premier
goût de la bénédiction, et demeura dans les ténèbres de sa propre incrédulité, tandis que le
reste des disciples était rempli de joie. Il devient donc, non pas un type des Juifs, ou de la
masse incrédule qui recevra celui qui viendra en son propre nom, mais un type du pauvre
résidu affligé qui s’accrochera à l’espérance du Messie dans les derniers jours, et qui n’entrera
dans le repos et la joie que quand ils Le verront apparaître pour leur délivrance.

21.5.2 - Jean 20:26-29 — Thomas huit jours après, le Résidu juif futur

« Et huit jours après, ses disciples étaient de nouveau dans la maison, et Thomas avec eux.
Jésus vient, les portes étant fermées ; et il se tint au milieu d’eux et dit : Paix vous soit ! Puis il
dit à Thomas : Avance ton doigt ici, et regarde mes mains ; avance aussi ta main, et mets-la
dans mon côté ; et ne sois pas incrédule, mais croyant. Thomas répondit et lui dit : Mon
Seigneur et mon Dieu ! Jésus lui dit : Parce que tu m’as vu, tu as cru ; bienheureux ceux qui
n’ont point vu et qui ont cru » (20:26-29).

C’est une image bénie du fruit de la résurrection de Christ au dernier jour : non pas l’église,
mais « la grande congrégation » (Ps. 22:25) amenée dans une grâce infinie à reconnaître et
louer le Seigneur quand Il ne sera plus caché, mais qu’Il régnera de manière visible. Ceux qui
les auront précédés (l’église) auront eu la bonne part, qui ne leur sera pas ôtée (Luc 10:42) :
ils n’ont pas vu, mais ils ont cru ; Israël verra et croira : ce sera béni, certes, mais selon une
mesure de bénédiction moins élevée. Il n’y aura pas pour eux [comme pour l’église] une telle
révélation du Père, ni une telle association avec le Fils, ni un lien conscient avec le ciel par
Son ascension. Le Rejeté sera revenu régner en puissance et en gloire ; et le cœur d’Israël,
longtemps desséché et dans les ténèbres, sera enfin illuminé par l’éclat de leur espérance
accomplie dans la présence du Seigneur venu réaliser toutes les promesses ; et alors, ils ne se
vanteront plus de leur propre justice, mais ils baseront leur position sur la miséricorde qui
demeure à toujours. Ils reconnaîtront le Juge d’Israël qui a été frappé avec une verge sur la
joue, et le fait qu’ils auront été abandonnés par Lui jusqu’à l’enfantement du grand propos
final de Dieu en leur faveur, quand Il sera grand jusqu’aux bouts de la terre, et eux comme
une rosée de bénédiction de l’Éternel au milieu des nations, tous leurs ennemis étant
retranchés (Mich. 5:1, 3, 4, 7, 9). « Ils regarderont vers moi, celui qu’ils auront percé, et ils se
lamenteront sur lui », dans l’amertume de leurs remords, mais avec un esprit de grâce et de
supplication versé sur eux. Car véritablement Il a été blessé dans la maison de ses amis, mais
blessé pour leurs transgressions (comme ils l’apprendront ensuite), meurtri pour leurs
iniquités, frappé pour les transgressions du peuple de l’Éternel (voir Zacharie 12 et 13, et
Ésaïe 53).

C’est pourquoi sont omises maintenant (20:26-29) l’instruction de ne pas toucher le Seigneur
à cause de Son ascension vers Son Père, et celle d’aller vers Ses frères et de leur dire : « Je
monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu ». Au contraire, la grâce
daignera répondre à ceux qui auront demandé des signes et des gages avant de croire ; et ils
seront accablés et abasourdis de la plénitude de preuve visible quand le Messie reviendra ici-
bas. Il y aura la paix pour eux : « Lui sera la paix » en ce jour-là aussi (Mich. 5:4), quels que
soient l’orgueil et la puissance de l’ennemi. Mais il n’y aura pas la même mission de paix
dans la puissance de Sa vie ressuscitée ; toutes leurs iniquités seront pardonnées, toutes leurs

563
maladies seront guéries, mais ce n’est pas la place qu’a l’Église pour remettre (pardonner) ou
retenir les péchés au nom du Seigneur.

C’est pourquoi il y a l’exclamation, qui est à la fois une confession, caractéristique de


Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (*). C’est ce que dira Israël dans le royaume. « Et
il sera dit en ce jour-là : Voici, c’est ici notre Dieu ; nous l’avons attendu, et il nous sauvera ;
c’est ici l’Éternel, nous l’avons attendu. Égayons-nous et réjouissons-nous dans sa
délivrance » (Ésaïe 25:9). Voilà la vérité, et la vraie bénédiction qu’Israël doit posséder et
reconnaître de manière bénie, surtout ceux qui L’avaient si longtemps méprisé à leur propre
honte et à leur propre ruine ; mais cette exclamation n’a pas l’intimité de la communion à
laquelle les chrétiens sont appelés aujourd’hui. « Notre communion est avec le Père et avec
son Fils Jésus Christ » (1 Jean 1:3). « Nous marchons par la foi, non par la vue » (2 Cor. 5:7) ;
et n’ayant pas vu Christ, nous L’aimons : « Lequel, quoique vous ne l’ayez pas vu, vous
aimez ; et…vous vous réjouissez d’une joie ineffable et glorieuse » (1 Pierre 1:8).

(*) Il fallait s’attendre à ce que Gilbert Wakefield, vu son hétérodoxie, nie qu’il y ait là une
confession, et qu’il amalgame tout en une simple exclamation, ou plutôt en deux : « Ô ! mon
Seigneur ! et ô ! mon Dieu ! ». Mais une telle notion est à la fois incohérente par rapport au
contexte et irrévérencieuse, et bien sûr il lui manque toute la force de la vérité. Car on
observera que l’évangile ne dit pas simplement que Thomas a dit ces paroles, mais qu’il les a
dites à son Maître. Il est vrai que, si c’était une simple affirmation, l’article serait absent, du
fait qu’elle serait simplement prédicative. La forme emphatique de la phrase est due à la
combinaison d’une exclamation au vocatif selon l’usage du Nouveau Testament avec une
confession, et cela en s’adressant au Seigneur Jésus ; ceci explique aussi la double occurrence
du pronom possessif, dont le premier ne pourrait assurément pas être utilisé si l’exclamation
avait été adressée à l’Éternel, en tant que tel.

21.6 - Jean 20:30-31 — Interruption du fil du récit

Ici l’évangéliste, selon sa manière de faire à l’occasion, interrompt un moment le fil du récit
divin pour dire quelques mots sur la manière pleine de grâce du Sauveur de faire abonder les
signes et miracles importants qui jonchaient Son ministère ici-bas, ainsi que sur le propos de
bénir que le Saint Esprit avait en vue, en choisissant dans cette multitude innombrable ce qui
était le plus approprié pour rendre un témoignage permanent à la grâce de Dieu. Deux
objectifs sont mis en relief : d’abord et avant tout, la gloire de la Personne du Seigneur, à
savoir que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu ; deuxièmement, que le croyant ait la vie par Son
nom.

« Jésus donc fit aussi devant les (*) disciples beaucoup d’autres miracles, qui ne sont pas
écrits dans ce livre. Mais ces choses sont écrites afin que vous croyiez que Jésus est le Christ,
le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie par son nom » (20:30-31).

(*) « Ses » figure dans de nombreuses copies, mais non pas les plus anciennes et les
meilleures.
564
21.6.1 - Croire sans voir

Nul doute que c’était ici un moment approprié pour faire une pause, et pour parler de cette
manière. L’incrédulité d’un croyant, celle même d’un apôtre [Thomas], avait fourni
l’occasion pour le Seigneur de s’abaisser en allant à la rencontre de Son serviteur égaré et en
le recevant avec des signes visibles et les preuves tangibles sur lesquelles il avait insisté dans
sa folie, et qui lui auraient causé un tort irréparable si la grâce n’était intervenue, comme nous
l’avons vu. C’était une faveur inestimable de voir les choses que les disciples virent. C’est
encore mieux de croire sans voir. Et à ceux qui, par la nature des choses, ne peuvent pas voir,
la grâce voulait fournir le nécessaire pour qu’ils puissent entendre et vivre. C’est la raison
pour laquelle ce livre précieux a été écrit. Il devait être un témoignage à Jésus, et il fallait
qu’il soit connu et lu de tous les hommes. Non pas que l’Écriture puisse jamais épuiser son
thème merveilleux, quel qu’il soit ; et ici, par-dessus tout, ce thème est infini dans la Personne
qu’il décrit, comme la bénédiction est éternelle pour ceux qui croient. Dieu choisit dans Sa
grâce quelques miracles parmi beaucoup d’autres, dans une bonté prévenante qui sait
précisément ce que nous pouvons supporter. Car si l’Écriture est bien Sa parole, elle est
donnée à l’homme, y compris à nous qui croyons, dans le but que nous jouissions de cette
bénédiction dans son Fils (la bénédiction la plus profonde qu’Il pouvait donner) : la
communication de cette nature qui, venant de Dieu, va toujours à Lui, et donne la communion
avec le Père et avec Son Fils Jésus Christ notre Seigneur.

21.6.2 - Ce livre écrit par Jean est inspiré par l’Esprit, au sujet de Christ

Mais comme le test suprême et décisif maintenant est la personne de Jésus Christ venu en
chair (1 Jean 4:2-3), c’est à cette Personne que se rattache le témoignage divinement donné et
préservé, rendu à la grâce de Dieu et à la gloire de Christ, par lequel la famille de Dieu, si
faible soit-elle, est victorieuse de la puissance adverse du monde et de son prince — parce que
Celui qui est en eux est plus grand que celui qui est dans le monde (1 Jean 4:4). Et ceux qui
sont de Dieu font la sourde oreille à ceux qui sont du monde et qui parlent comme étant du
monde et que le monde écoute (1 Jean 4:5) ; mais n’ont-ils personne de spécial à écouter ?
Grâce à Dieu, ils connaissent Dieu et écoutent ceux qui sont de Dieu, Ses témoins choisis, que
le Saint Esprit devait conduire, et a conduits dans toute la vérité (16:13), et qui, en temps
voulu, ont écrit « ce livre » (20:30), comme d’autres l’ont fait, qui n’étaient pas moins inspirés
que Jean pour l’œuvre. D’un autre côté, ceux qui ne sont pas de Dieu n’écoutent pas les
apôtres, préférant leurs pensées ou celles d’autres hommes, pour leur ruine irrémédiable. « À
cela nous connaissons l’esprit de vérité et l’esprit d’erreur » (1 Jean 4:6).

21.6.3 - Jean 20:30-31 n’est pas la fin de cet évangile

Après cette brève interruption, digne et pleine de grâce, l’évangéliste se tourne vers « la
troisième » (21: 14) des grandes manifestations de Jésus ressuscité, qu’il avait pour tâche de
décrire, avant de terminer par les places respectives et particulières que le Seigneur voulait
donner à Pierre et à Jean dans leur service ici-bas. Que des gens intelligents aient pu dire que
nos deux versets, qui forment la conclusion du ch. 20, seraient formellement la fin de

565
l’évangile, ce serait inconcevable, si ce n’était un fait positif. Grotius semble avoir été le
premier homme d’importance à avoir formulé et fait circuler cette supposition incompatible
avec le rattachement manifeste des deux premiers jours de la semaine du ch. 20 avec la scène
du ch. 21, — et tout autant incompatible avec la réelle compréhension de l’évangile
globalement. L’Allemagne moderne a repris cela avec d’autres notions néfastes de cet érudit
hollandais, non seulement Ewald, Lücke et Tholuck, mais même Meyer, Néander et Stier. Il
est douloureux d’ajouter que Alford, Scrivener, Westcott et d’autres encore, ont cédé à la
théorie injustifiée que Jean 20 aurait terminé originellement l’évangile, et que Jean 21 serait
un ajout tardif de la propre main de l’apôtre, beaucoup allant même plus loin, jusqu’à refuser
complètement que l’apôtre en soit l’auteur.

21.6.4 - Jean 20:30-31 suggéré par le cas de Thomas. Ne pas découper l’évangile selon
des apparences superficielles

Quand nous entrerons dans les détails du dernier chapitre, nous seront en mesure de montrer
encore plus combien cette pensée est sans fondement. En attendant, il suffit ici de souligner
brièvement l’erreur de considérer comme une fin véritable ces deux versets 30 et 31 qui
viennent de nous occuper. En fait, ils sont un commentaire instructif fait en passant, - avec un
coup d’œil sur les miracles opérés par le Seigneur tout du long, avec une déclaration spéciale
du but de Dieu qui a en vue la gloire de Christ et la bénédiction des fidèles, — ceci étant
suggéré par le cas de Thomas, en évitant délicatement toute allusion directe inutile à
quelqu’un si honoré par le Seigneur. Si l’on admettait plusieurs fins de l’évangile en Jean 20
et 21, on pourrait tout autant voir plusieurs commencements de l’évangile en Jean 1. Dans ce
genre de raisonnements humains faits à partir d’apparences superficielles, il serait encore plus
plausible de trouver au moins deux suppléments, sinon trois, à l’épître aux Romains. On ne
manque pas non plus de gens faisant autorité et qui désirent transporter la doxologie de la fin
de Rom. 16 à la fin de Rom. 14. Pourtant, cela est douteux, car cette hypothèse au sujet de
l’épître aux Romains est aussi peu naturelle qu’ici en Jean, si l’on séparait la troisième
manifestation du Seigneur ressuscité des deux qui l’ont précédée, ou également si l’on
admettait qu’elle fût un ajout ultérieur, nécessaire pour compléter le tableau. Or c’est un vrai
complément, et non pas du tout un simple supplément, comme les hommes l’ont pensé, car il
constitue une partie essentielle d’un tout organique ; pareillement Jean 2:1-22 est à sa place
comme faisant suite à Jean 1, et n’a jamais pu en être justement détaché, comme s’il s’agissait
d’une pensée fournie après coup à une date ultérieure, même si c’était par la même main.

21.6.5 - Jean 20:30-31 — Style de Jean. Continuité des ch. 20 et 21

Mr. J.B. McClellan dans son « Nouveau Testament » (I. 744-747) fait honorablement
exception à la mode du jour, qui subordonne la saine critique aux idées subjectives. D’une
part, l’autorité externe (tirée des manuscrits) est complète et irréprochable ; de l’autre, la
manière spéciale de l’évangéliste Jean n’a pas été correctement prise en compte par tous ceux
qui se sont laissés aller à l’hypothèse que Jean aurait écrit une annexe à son évangile. Jean a
été conduit par l’Esprit à intervenir de temps en temps en laissant son cœur s’exprimer sur ce
qui affectait son divin Maître en bien ou en mal, ou sur le témoignage rendu par Ses paroles,
Ses voies et Ses miracles qui les accompagnaient, comme ici. Aller au-delà, c’est faire une
fausse déduction qui détache le ch. 21 de la place qui lui est due. Quel discrédit porté aux

566
« critiques modernes » et à leur autosatisfaction, qui permettent à leurs propres pensées de
s’égarer librement malgré l’autorité écrasante et les témoignages concordants ! Et ce n’est pas
tout. Car la véritable preuve interne est déterminante pour conclure à la continuité du texte tel
qu’il est, car elle exige le chapitre suivant pour compléter la portée de cet évangile en général,
et spécialement la portée de ce qui a été commencé dans la dernière partie du chapitre 20.

22 - Chapitre 21
22.1 - Lien entre les ch. 20 et 21

Il est impossible honnêtement de séparer la manifestation de Jésus au bord du lac de Tibériade


des deux scènes précédentes dont elle est le complément ; le v. 14 nous permet en effet de
l’affirmer de manière décisive. Il est donc tout à fait impropre de parler de ce ch. 21 comme
étant un appendice, et encore plus de spéculer sur le fait qu’il aurait été écrit à une époque
plus tardive que le reste de l’évangile : cette supposition a été due principalement, sinon
totalement, à une mauvaise compréhension des deux derniers versets de Jean 20, comme on
l’a déjà souligné.

Le lecteur notera que le lien du ch. 21 avec les deux manifestations précédentes du Seigneur
ressuscité est direct et bien marqué. Nous L’avons d’abord vu (après s’être fait connaître à
Marie de Magdala et l’avoir envoyée transmettre un message très caractéristique à Ses
disciples) se tenant au milieu d’eux alors qu’ils étaient assemblés, sans L’avoir vu entrer, le
premier jour de la semaine ou jour de la résurrection, — dans leur jouissance de la paix et de
la mission de paix dans la puissance de l’Esprit pour remettre et retenir les péchés en Son
nom. Nous l’avons ensuite vu huit jours après, rencontrant à nouveau Ses disciples en
présence de Thomas, celui-ci représentant Israël des derniers jours, sauvé mais ne croyant
qu’en Le voyant ressuscité. Maintenant nous avons le beau tableau de la moisson millénaire
tirée de la mer des Gentils, à la suite du retour au Seigneur des Juifs en tant que tels, selon ce
que toute la prophétie amène à attendre. La troisième scène suit en bon ordre la seconde ; la
vérité future véhiculée par cette troisième scène se rattache à la seconde scène comme en étant
une conséquence, ce qu’indique l’expression « après ces choses ».

22.2 - Jean 21:1-14

22.2.1 - Jean 21:1-6

« Après ces choses, Jésus se manifesta encore aux disciples près de la mer de Tibérias ; et il se
manifesta ainsi : Simon Pierre, et Thomas, appelé Didyme [c’est-à-dire Jumeau], et Nathanaël
de Cana de Galilée, et les [fils] de Zébédée, et deux autres de ses disciples étaient ensemble.
Simon Pierre leur dit : Je m’en vais pêcher. Ils lui disent : Nous allons aussi avec toi. Ils
sortirent, et montèrent dans la nacelle : et cette nuit-là ils ne prirent rien. Et le matin venant
déjà, Jésus se tint sur le rivage ; les disciples toutefois ne savaient pas que ce fût Jésus. Jésus
donc leur dit : Enfants, avez-vous quelque chose à manger ? Ils lui répondirent : Non. Et il
leur dit : Jetez le filet au côté droit de la nacelle, et vous trouverez. Ils le jetèrent donc, et ils
ne pouvaient plus le tirer, à cause de la multitude des poissons » (21:1-6).

567
22.2.2 - Comparaison avec la pêche de Luc 5. La puissance vient toujours du Seigneur

Pierre, avec son énergie habituelle, propose d’aller pêcher, et six autres l’accompagnent. Mais
le résultat n’est pas meilleur que quand certains de ces mêmes disciples avec le même Pierre
avaient essayé d’attraper des poissons avant que Lui les aient appelés à le faire (Luc 5:1-11).
Même dans les jours du royaume, la puissance devra venir manifestement du Seigneur, et non
pas de l’homme ni des saints eux-mêmes. Pierre dut et voulut apprendre la leçon, même si la
secte catholique romaine qui prétend faussement se réclamer de Pierre, le refuse par orgueil.
Ce n’était pas encore le royaume manifesté en puissance et en gloire, mais il était révélé en
mystère pour ceux qui ont des oreilles pour entendre. Et bien que la grâce opérât ses
merveilles, le filet se rompit, et les bateaux menacèrent de couler quand leurs partenaires
vinrent partager la tâche de prendre la grande multitude de poissons.

22.2.3 - Image du millénium. Suite de la comparaison avec Luc 5

Ici Jésus n’est pas à bord, et les filets ne sont pas jetés en eau profonde [ou : en pleine eau]
(Luc 5:4) ; mais juste à l’aube, Jésus se tient sur le rivage, et étant encore inconnu, Il leur pose
une question qui amène la confession de leur échec. Puis vient la parole : « Jetez le filet au
côté droit de la nacelle, et vous trouverez » (21:6). Et c’est ce qui arrive ; mais l’ayant fait, ils
sont maintenant incapables de tirer le filet à cause de la multitude de poissons. C’est l’image
du grand coup de filet du millénium parmi les nations, quand le salut de tout Israël se révélera
être une bénédiction incomparable pour les Gentils. Si la « chute » d’Israël a été si riche en
bien par la grâce divine, combien plus le sera leur « plénitude » (Rom. 11:12) dont ces sept
Israélites sont le gage ? Christ autrefois rejeté, mais maintenant ressuscité doit être tête (chef)
sur les païens, non seulement tête de l’église maintenant en haut, mais bientôt celle des
nations sur la terre, étant reconnu comme leur Seigneur et leur Dieu par Israël auparavant
incrédule (20:28). Alors les Juifs chanteront : « Dieu nous bénira, et tous les bouts de la terre
le craindront » (Ps. 67:7), et encore : « Des grands viendront d’Égypte ; Cush [l’Éthiopie]
s’empressera d’étendre ses mains vers Dieu. Royaumes de la terre, chantez à Dieu, chantez les
louanges du Seigneur » (Ps. 68:31-32). Dans l’image de ce jour futur, les filets ne se rompent
pas, et il ne vient pas à l’idée de mettre les poissons dans le bateau (Luc 5:7), encore moins de
collecter les bons dans des récipients et de jeter loin les mauvais (Matt. 13:48). La faiblesse de
l’homme et des circonstances terrestres s’efface devant la puissance présente du Seigneur qui
dirige tout.

22.2.4 - Anciennes interprétations, la plupart erronées

22.2.4.1 - Augustin et Grégoire le grand

Augustin peut être considéré sans risque comme le plus capable et le plus éclairé des premiers
écrivains sur ce miracle, qu’il compare à celui qui a précédé l’appel de Simon Pierre et des
fils de Zébédée. Il distingue à juste raison entre la prise des poissons qui suivit la résurrection
et la pêche miraculeuse avant celle-ci. Aucun autre chez les anciens n’ajoute à la vérité de ses
observations ; Grégoire le Grand obscurcit plutôt la force de notre passage de l’Écriture par

568
son effort d’exagérer la part de Pierre afin d’asseoir les prétentions papales qui étaient alors en
pleine croissance. Il considère le premier miracle comme représentant le bien et le mal dans
l’église, telle qu’elle est maintenant ; et le second miracle représenterait le bien seulement, qui
sera possédé pour toujours une fois que la résurrection des justes sera accomplie à la fin de
cette ère [ou : siècle] (Serm. ccxlviii.-cclii., etc.)

22.2.4.2 - Ceux qui voient dans Jean 21 une image de la résurrection

On en a peut-être déjà suffisamment dit pour corriger d’avance cette interprétation si erronée
du miracle placé devant nous. Il n’y a pas la pensée d’une scène de pêche dans la résurrection,
qu’elle soit des justes ou des injustes ; il est faux que les Juifs ou d’autres hommes soient
employés à assembler les justes ressuscités pour leur repos céleste et éternel. Les pères [de
l’église] n’ont rien vu de la restauration future du royaume à Israël, ni de la bénédiction
générale de toutes les nations comme telles sous le règne du Seigneur dans le siècle à venir.
Les modernes sont en général autant ignorants, car bien que certains voient et admettent la
restauration d’Israël sur sa terre, et l’accomplissement de la gloire, promise si largement tout
le long de l’Ancien Testament, par une étrange incohérence ils fusionnent tout dans le présent
siècle. Ils ne s’aperçoivent pas que ceux de cet Israël restauré font partie de ce qui constitue le
siècle à venir, avant l’état éternel où il n’y aura absolument aucune différence entre Juifs et
Gentils, comme il n’y en a aucune déjà maintenant pour les chrétiens et l’église.

22.2.4.3 - Ceux qui confondent l’église et le millénium

Mais voici une autre source de cette idée profondément erronée, qui a la vie dure et qui est
fort répandue. Les hommes, y compris des hommes de bien, manquent de voir la vraie nature
de l’église, car ils ne croient pas aux aspects spécifiques du millénium. Combien d’erreurs
pourraient être évitées s’ils discernaient le caractère particulier et le privilège sans pareil du
corps de Christ uni à sa Tête céleste depuis la rédemption, tandis que Lui est assis à la droite
de Dieu ! Combien plus encore d’erreurs seraient évitées, s’ils attendaient Son retour avec
Son épouse (déjà complète et enlevée pour être avec Lui en haut), pour faire de Ses ennemis
le marchepied de Ses pieds (Ps. 110:1), et de Juda Son cheval de gloire dans la bataille (Zach.
10:3) qui introduit l’Éternel-Jésus comme Roi sur toute la terre, — un seul Éternel et Son nom
unique en ce jour-là ! (Zach. 14:9). C’est une énormité de confondre l’église en laquelle il n’y
a ni Juif ni Grec, avec toute cette bénédiction spécifique à Israël et aux nations sur la terre
sous le règne du Seigneur, et c’est aussi énorme de fusionner les deux à la fin de ce siècle ou
dans l’éternité qui, supposent-ils, doit suivre. Ils effacent le nouvel âge à venir, qui doit être
caractérisé par le règne du second Homme, le Seigneur Jésus, l’absence de Satan, l’exaltation
des saints glorifiés en puissance en haut, et la bénédiction de toutes les familles de la terre ici-
bas.

Mais tout ceci est écrit de manière indélébile dans les Écritures ; et aucune lutte de
l’incrédulité ne peut se débarrasser d’une vérité qui peut être, et est blessante pour l’orgueil
naturel et pour l’esprit mondain, tandis qu’elle se révélerait d’un grand secours et d’une
grande valeur pour les chrétiens souvent rendus perplexes parce qu’ils lisent de travers la
révélation et qu’ils ont, par conséquent, une conception erronée de ce qui doit être recherché
et attendu dans le temps présent. Car toute erreur porte des fruits nuisibles, et l’erreur en

569
question, bien que n’attaquant pas la vérité fondamentale, affecte à une grande échelle la
compréhension correcte du passé, du présent et de l’avenir. Ainsi les principales différences
caractéristiques sont brouillées, et un vague méli-mélo est présentée, tandis que la Parole de
Dieu offre la lumière la plus complète sur les diverses dispensations, ainsi que sur ce mystère
à l’égard de Christ et de l’église qui s’intercale entre les dispensations et leur est supérieur.

22.2.5 - Jean 21:7-14

L’amour qui est de Dieu rend l’œil simple, et par suite le corps tout entier est plein de
lumière. Jean fut prompt à discerner le Seigneur. « Ce disciple donc que Jésus aimait, dit à
Pierre : C’est le Seigneur. Simon Pierre donc, ayant entendu que c’était (litt. : c’est) le
Seigneur, ceignit sa robe de dessus, car il était nu, et se jeta dans la mer. Et les autres disciples
vinrent dans la petite barque (car ils n’étaient pas loin de terre, mais à environ deux cents
coudées), traînant le filet de poissons. Quand ils furent donc descendus à terre, ils voient là de
la braise, et du poisson mis dessus, et du pain. Jésus leur dit : Apportez quelques-uns des
poissons que vous venez de prendre. Simon Pierre donc monta, et tira le filet à terre, plein de
cent cinquante-trois gros poissons ; et quoiqu’il y en eût tant, le filet n’avait pas été déchiré.
Jésus leur dit : Venez, dînez. Et aucun des disciples n’osait lui demander : Qui es-tu ? sachant
que c’était le Seigneur. Jésus vient et prend le pain, et le leur donne, et de même le poisson.
Ce fut là la troisième fois déjà que Jésus fut manifesté aux disciples, après qu’il fut ressuscité
d’entre les morts » (21:7-14).

22.2.5.1 - Jean 21:7

Si Jean fut le premier à percevoir qui était Celui qui leur parlait, Pierre avec sa promptitude
caractéristique est le premier à agir pour se trouver en Sa présence, non pas nu toutefois, mais
convenablement vêtu. Il avait manqué misérablement, profondément et à plusieurs reprises,
mais sa foi n’avait pas défailli ; le Sauveur avait en effet prié pour lui pour qu’elle ne défaille
pas. Le désespoir à cause d’une très grave faute n’est pas plus de la foi que l’indifférence qui
n’entend pas la voix du Sauveur, et qui, ne connaissant jamais Sa gloire ou Sa grâce, n’a
jamais conscience de sa propre culpabilité. Il apprend ainsi expérimentalement à se confier
dans le Seigneur, après avoir fait trop confiance à son propre amour pour son Maître ; et
Christ doit être tout pour le cœur de celui qui doit affermir ses frères.

22.2.5.2 - Jean 21:8

Cependant le Seigneur ne méprise personne, et les autres disciples suivent dans la petite
barque, tirant le filet plein de poissons, car Il n’avait pas donné une telle prise pour la laisser
en arrière. La grâce fait faire des différences, mais jamais pour se comporter de manière
inconvenante. Pierre agit comme il convient envers le Seigneur, et les autres aussi à leur
place ; car en effet ils avaient tous un même cœur, et une même intention de plaire au
Seigneur.

570
Ainsi en sera-t-il quand l’abondance de la mer se tournera vers Sion (És. 60:5). Quel ne sera
pas l’effet que tout Israël soit sauvé ? « Or, si leur chute est la richesse du monde, et leur
diminution, la richesse des nations, combien plus le sera leur plénitude… quelle sera leur
réception, sinon la vie d’entre les morts » (Rom. 11:12, 15). L’Éternel détruira le voile qui
s’étend sur toutes les nations, et Israël ne sera pas seulement l’instrument de la vengeance
divine sur leurs ennemis, mais l’instrument de la miséricorde et de la bénédiction de Dieu
envers toutes les familles de la terre. « Et le résidu de Jacob sera, au milieu de beaucoup de
peuples, comme une rosée de par l’Éternel, comme des ondées sur l’herbe, - qui n’attend pas
l’homme, et ne dépend pas des fils des hommes. Et le résidu de Jacob sera, parmi les nations,
au milieu de beaucoup de peuples, comme un lion parmi les bêtes de la forêt, comme un jeune
lion parmi les troupeaux de menu bétail, qui, s’il passe, foule et déchire, et il n’y a personne
qui délivre » (Michée 5:7-8).

22.2.5.3 - Jean 21:9

On remarque ce fait remarquable que, quand les disciples débarquèrent, ils virent un feu
allumé, et du poisson mis dessus et du pain. Le Seigneur avait opéré devant eux et sans eux,
bien qu’Il voulût leur faire partager la communion avec les fruits de l’activité de Sa grâce. Il
aura préparé Lui-même un résidu Gentil avant d’employer Son peuple à rassembler la grande
prise millénaire tirée de la mer des nations. La grâce de Dieu opèrera d’une manière beaucoup
plus variée et vigoureuse que ne pensent les hommes ; et tandis qu’Il daigne utiliser son
peuple, il est bon pour eux d’apprendre précisément à ce moment-là qu’Il peut travailler de
façon autonome, et qu’Il le fait. « Ô profondeur des richesses et de la sagesse et de la
connaissance de Dieu ! Que ses jugements sont insondables, et ses voies introuvables ! »
(Rom. 11:33). Combien cela se vérifie à la fois en Israël et parmi les Gentils !

22.2.5.4 - Jean 21:10-11

Mais le Seigneur voulait que les Siens entrent dans la communion de ce qu’Il a opéré tout en
jouissant de leur propre travail. « Jésus leur dit : Apportez quelques-uns des poissons que
vous venez de prendre. Simon Pierre monta, et tira le filet à terre, plein de cent cinquante-trois
gros poissons ; et quoiqu’il y en eût tant, le filet n’avait pas été déchiré. Jésus leur dit : Venez,
dînez » (21:10-11).

Le contraste avec tout ce qui caractérise le travail actuel de Ses serviteurs est très clair. La
parabole de Matthieu 13:47-50 nous montre que, même jusqu’à la fin du siècle actuel, le filet
contient de bons et de mauvais poissons, et qu’en même temps les pêcheurs (hommes) sont
spécialement appelés à mettre les bons poissons dans des vaisseaux et à rejeter les mauvais ;
tandis que lorsque arrive le temps du jugement à l’apparition du Seigneur, les anges, comme
nous le savons, font le travail inverse, celui de séparer les méchants du milieu des justes. La
pêche miraculeuse de Luc 5:4-7, décrit le travail actuel, et montre les filets qui se rompent, et
les bateaux où l’on met les poissons commençant à couler. Rien de tout cela n’apparaît ici
avec la présentation des jours du royaume, lorsque le Seigneur sera avec les Siens sur la terre.
Il y a beaucoup de grands poissons, mais aucun n’est mauvais ; le filet reste intact, cela est dit
expressément ; on ne trouve pas la pensée de bateaux en train de sombrer, et le filet est tiré à

571
terre au lieu qu’on remplisse le bateau. C’est donc un état de chose tout à fait différent et futur
qui est dépeint après la fin du présent siècle et avant que l’éternité commence.

Il est sûr que le Seigneur veut encore dans ce temps futur renouveler Ses relations avec Son
peuple sur la terre : je ne parle pas de la maison du Père en haut et de ses relations célestes,
mais de ceux qui seront bénis sur la terre et qui y seront eux-mêmes une bénédiction. C’est
une perspective incontestablement conforme à l’Écriture, et très encourageante, que cette
terre-ci doive être « affranchie de la servitude de la corruption, pour [jouir de] la liberté de la
gloire des enfants de Dieu » (Rom. 8:21). Car c’est la révélation des fils de Dieu qui est
l’espérance de la vive attente de la création, bien que, comme nous le savons, toute la création
ensemble soupire et est en travail jusqu’à maintenant (Rom. 8:19, 22). Mais il n’en sera pas
toujours ainsi. Le Seigneur Lui-même vient, et le jour de Son apparition verra la délivrance de
toute la création, non pas, bien sûr, comme nous qui avons les prémices de l’Esprit (Rom.
8:23) et sommes introduits maintenant dans la liberté de la grâce par la foi, mais la création
elle-même aussi sera affranchie en puissance pour être introduite dans la liberté de la gloire.
Ce sera le royaume de Dieu, non plus un secret (ou : mystère) pour la foi, mais le royaume
manifesté en puissance et dans toute son étendue de bénédiction, avec ses choses terrestres et
ses choses célestes, selon ce que le Seigneur laissa entendre à Nicodème, et comme Éphésiens
1 et Colossiens 1 nous l’enseignent en rapport avec la primauté de Christ et Sa réconciliation.

22.2.5.5 - Jean 21:12-14

Ici, en rapport avec ce jour-là, le Seigneur donnait le gage d’une bénédiction future largement
répandue, quand le monde Gentil procurera une joie commune à Son peuple, et l’occasion de
la manifestation de Sa puissance et de Sa présence en tant que ressuscité. Nul autre que Lui ne
pouvait ni ne voulait agir de la sorte. On ne peut pas se tromper sur Sa grâce. « Et aucun des
disciples n’osait lui demander : Qui es-tu ? sachant que c’était le Seigneur. Jésus vient et
prend le pain, et le leur donne, et de même le poisson. Ce fut là la troisième fois déjà que
Jésus fut manifesté aux disciples, après qu’il fut ressuscité d’entre les morts » (21:12-14).
C’était le jour, préfiguré par les prophètes et attendu par les saints dès les temps anciens,
quand ils Le connaîtront tous depuis le plus petit jusqu’au plus grand d’entre eux, aucun
n’ayant plus besoin de dire : Connais le Seigneur (Héb. 8:11). « Dans ce temps-là on appellera
Jérusalem le trône de l’Éternel ; et toutes les nations se rassembleront vers elle, au nom de
l’Éternel, à Jérusalem ; et elles ne marcheront plus suivant le penchant obstiné de leur
mauvais cœur. En ces jours-là, la maison de Juda marchera avec la maison d’Israël ; et ils
viendront ensemble du pays du nord au pays que j’ai donné en héritage à vos pères » (Jér.
3:17-18).

Il y aurait un vide extrême pour ce monde et la gloire de Dieu en lui, un vide que rien d’autre
ne pourrait combler pour celui qui a une vision large et attentive des relations de Dieu avec le
monde, s’il n’y avait pas une période de bénédiction divine ici-bas pour Israël et les nations
par le moyen de la grâce et à la louange du Seigneur Jésus ressuscité. Cela n’interfère pas le
moins du monde avec les choses plus profondes et plus élevées au-dessus du monde
auxquelles le chrétien et l’église sont maintenant appelés. Au contraire, quand on ne voit pas
la réalité et le vrai caractère du royaume à l’apparition de Christ, on fait de la confusion entre
ce royaume et l’espérance propre de l’église, et cette confusion est ruineuse pour la
bénédiction propre à l’église d’une part, et à Israël et les Gentils d’autre part.

572
22.3 - Jean 21:15-17

Mais notre évangile, tout en révélant pleinement Dieu en Christ sur la terre, et tout en traçant
les voies de Dieu en Christ ressuscité dans ces derniers chapitres, ne perd jamais de vue la
grâce opérant dans l’âme individuelle, d’abord pour les chrétiens et l’assemblée, ensuite pour
Israël, et enfin les Gentils. Ainsi, Pierre doit être restauré entièrement, et publiquement
rétabli ; c’est ce que le Seigneur voulait. Il avait été déjà spécialement distingué (Marc 16:7) à
un moment où une telle distinction était de toute importance, à la fois pour lui et devant ses
frères, car naturellement ceux-ci se seraient profondément défiés de l’homme qui avait si
gravement renié son Maître, malgré un avertissement complet. Et avant que les onze aient vu
le Seigneur se tenir au milieu d’eux, Il était apparu à Simon (Luc 24:34 ; 1 Cor. 15:5). Mais Il
voulait poursuivre le travail en grâce en profondeur dans le cœur de Pierre, et nous faire entrer
dans les secrets de cette discipline vraiment divine.

« Lors donc qu’ils eurent dîné, Jésus dit à Simon Pierre : Simon, [fils] de Jonas,
m’aimes[agapas]-tu plus que [ne font] ceux-ci ? Il lui dit : Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime
[phileô (*)]. Il lui dit : Pais mes agneaux. Il lui dit encore une seconde fois : Simon, [fils] de
Jonas, m’aimes[agapas]-tu ? Il lui dit : Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime [phileô]. Il lui dit :
Sois berger (2*) de mes brebis. Il lui dit pour la troisième fois : Simon, [fils] de Jonas,
m’aimes[phileis]-tu ? Pierre fut attristé de ce qu’il lui disait pour la troisième fois :
M’aimes[phileis]-tu ? Et il lui dit : Seigneur, tu connais toutes choses, tu sais que je t’aime
[phileô]. Jésus lui dit : Pais mes brebis [ou : petites brebis] » (21:15-17).

(*) Note Bibliquest : WK traduit « phileô » par « aimer avec affection » ou « aimer
tendrement » (dearly love). D’autres traduisent « avoir de l’affection ».

22.3.1 - Jean 21:15 — Le premier m’aimes-tu ?

Le Seigneur va à la racine de l’affaire. Il ne parle pas de ce que Pierre L’a renié, mais Il
pénètre jusqu’à ce qui en est la cause. Pierre est tombé par sa confiance en lui-même, au
moins par sa confiance dans son amour pour son Maître. Il jugeait qu’il pourrait aller en toute
sécurité là où les autres ne pouvaient pas aller sans danger, et qu’il tiendrait bon pour
confesser Son nom jusqu’en prison et à la mort. Le résultat, nous le connaissons tous trop
bien. Le plus grand des douze renia le Seigneur à plusieurs reprises, allant jusqu’à jurer ne pas
Le connaître, malgré un avertissement récent et solennel. Mais une restauration peut ne pas
être complète, même quand on reconnaît pleinement le fruit. Pour que la bénédiction soit
complète, le Seigneur veut que, comme Pierre ici, nous discernions la source cachée. Il
n’avait pas encore atteint ce point : le Seigneur le fait connaître à Son serviteur. Il n’y a pas de
hâte ; Il attend jusqu’à ce qu’ils aient rompu leur jeûne (*), et puis il dit à Simon Pierre :
« Simon (fils) de Jean, m’aimes-tu (agapas) plus que [ne font] ceux-ci ? » Il l’appelle par son
nom naturel, car Il savait bien où gisait le secret qui avait donné prise à l’ennemi ; et Il voulait
en éveiller un sentiment véritable dans l’âme de l’apôtre. Dans l’assurance d’avoir davantage
d’affection, il n’avait pas simplement eu confiance en lui-même par rapport aux autres, mais il
n’avait pas tenu compte de la parole du Seigneur. S’il avait eu Ses paroles à cœur avec prière,
il ne serait pas tombé quand il fut mis à l’épreuve, mais il aurait enduré la tentation et souffert.
Mais il n’en fut pas ainsi. Il était sûr d’aimer le Seigneur plus que tous les autres ; et si eux ne

573
pouvaient pas supporter un tel passage au crible, lui le pourrait ; et cette confiance dans son
propre amour sans égal pour Christ fut précisément la cause de sa chute, tandis que l’occasion
en fut les questions posées par ceux qui avaient assisté à la scène. Et maintenant le Seigneur
met la racine à nu pour Pierre, qui avait déjà pleuré sur le fruit manifeste.

(*) Note Bibliquest : Il semble qu’on pourrait traduire « jusqu’à ce qu’ils aient déjeuner » :
dé-jeuner correspond à cesser le jeûne. Mais cela implique de traduire le texte biblique de
manière à ce qu’il utilise le terme de « déjeuner » aux versets 11 et 15, et non pas « diner »
comme dans la version JND. WK utilise aussi le terme « to dine » et non pas « to have
breakfast » (break-fast comme dé-jeuner contient l’idée de rompre un jeûne)..

Pourtant, au premier abord, Pierre ne découvre pas le but du Seigneur. Il évite bien la
comparaison imprudente avec les autres ; il fait simplement appel à la connaissance intérieure
consciente du Seigneur : « Oui, Seigneur, Tu sais que je t’aime tendrement (phileô) ». Loin de
nier sa profession de tendre affection, le Seigneur en révèle Sa propre appréciation, et la
confiance qu’Il a en Pierre. Car Lui, le bon Berger, sur le point de quitter le monde, confie à
Son serviteur ce qui était indiciblement précieux à Ses yeux, et qui avait, plus que tout, besoin
de Ses soins : « Pais mes agneaux ». C’est ainsi qu’Il met à l’épreuve notre amour par la
réponse que nous faisons à Son amour pour les plus faibles des saints. « Quiconque aime celui
qui a engendré, aime aussi celui qui est engendré de lui » (1 Jean 5:1). Nous aimons parce que
Lui nous a aimés le premier ; mais ce n’est pas que nous L’aimons Lui seulement, mais aussi
ceux qui sont Siens, — non pas ceux qui nous aiment naturellement, mais ceux qu’Il aime
divinement. « Celui qui dit : Je le connais, et qui ne garde pas ses commandements, est
menteur, et la vérité n’est pas en lui » (1 Jean 2:4) ; et « si quelqu’un dit : J’aime Dieu, et qu’il
haïsse son frère, il est menteur ; car celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, comment peut-il
aimer Dieu qu’il ne voit pas ? Et nous avons ce commandement de sa part, que celui qui aime
Dieu, aime aussi son frère » (1 Jean 4:20-21).

Pierre n’a t-il pas profondément et de plus en plus senti la confiance d’amour que le Seigneur
faisait reposer en lui, plus que même qu’avant sa chute ? L’administration du royaume des
cieux, les clefs (non pas de l’église, ni du ciel, mais) du royaume, avaient été promises à
Pierre, et cela a été réalisé en son temps. Ici, c’est quelque chose de plus tendre et de plus
intime, bien qu’il n’y ait aucune raison d’étendre le troupeau qui lui est confié ici au-delà de
ceux de la circoncision (voir Gal. 2:7). Ne se souvenait-il pas d’Ésaïe 40:11, en communion
avec le Messie béni dans Son travail de paître ce troupeau comme un berger, rassemblant les
agneaux avec Ses bras, et les portant sur Son sein, tout en menant doucement les brebis qui
allaitent ?

22.3.2 - Jean 21:16 — Le second m’aimes-tu ?

Le Seigneur l’interpelle une fois de plus, mais en omettant toute référence aux autres. « Il lui
dit encore une seconde fois : Simon, [fils] de Jonas, m’aimes tu ? Il lui dit : Oui, Seigneur, tu
sais que je t’aime tendrement (ou : avec affection). Il lui dit : Sois berger de mes brebis ». Il
est douloureusement instructif de voir qu’un érudit aussi mûr que Grotius ait soutenu
l’opinion si indigne selon laquelle ces changements remarquables d’expressions ne
correspondraient à aucune distinction substantielle de la vérité. — Quant à Pierre, même s’il a

574
cessé de sous-estimer les autres, il ne peut abandonner son assurance que le Seigneur était
intérieurement conscient de la réalité de son affection pour Lui. Et le Seigneur lui demande
maintenant d’être berger ou de gouverner Ses brebis, comme auparavant de paître Ses
agneaux. C’est la même chose que, plus tard, Pierre recommandera aux anciens parmi les
chrétiens d’origine juive auxquels il s’adressera, ceux de la dispersion de la région du Pont et
d’autres districts de l’Asie Mineure : « Paissez le troupeau de Dieu qui est avec vous, le
surveillant, non point par contrainte, mais volontairement, ni pour un gain honteux, mais de
bon gré, ni comme dominant sur des héritages, mais en étant [les] modèles du troupeau » (1
Pierre 5:2-3).

22.3.3 - Jean 21:16 — Les brebis sont celles de Christ

On remarquera avec profit dans les paroles du Seigneur, comme dans celles de l’apôtre,
combien il est soigneusement précisé que les agneaux et les brebis sont ceux de Christ, et non
pas ceux des anciens, ni même de l’apôtre. Le troupeau est le troupeau de Dieu. Celui qui
traite les chrétiens comme sa congrégation est coupable du même oubli de la grâce divine et
de l’autorité divine que la congrégation qui regarde le ministre du culte comme son ministre,
au lieu qu’il soit celui de Christ. Si certains pensent que ce sont des distinctions de peu
d’importance, ils ne saisissent manifestement pas correctement une différence qui est aussi
profonde quant à la vérité que lourde de conséquences pratiques très importantes, soit pour le
bien soit pour le mal. Saisir cette différence donne de l’élévation morale, et découle de la foi ;
c’est ce qui délivre du moi et donne la vraie relation et le vrai caractère, celui de Christ, que
ce soit à ceux qui exercent le ministère comme à ceux envers qui s’exerce le ministère.

22.3.4 - Jean 21:17 — Le troisième m’aimes-tu ?

Mais le Seigneur s’adresse encore à lui. « Il lui dit pour la troisième fois : Simon, [fils] de
Jean, m’aimes-tu tendrement ? » Ici la sonde atteint le fond. Pas un mot de blâme ni de
reproche, mais le Seigneur pour la troisième fois le questionne, et pour la première fois Il
reprend ses propres termes d’affection spéciale. Son triple reniement n’apparaissait-il pas à la
lumière de cette triple interpellation et, surtout, de ce mot exprimant de l’amour affectueux ?
« Pierre fut attristé de ce qu’il lui disait pour la troisième fois : M’aimes-tu ? Et il lui dit :
Seigneur, tu connais toutes choses, tu sais que je t’aime tendrement. Jésus lui dit : Pais mes
brebis » ; ou, si l’on préfère la lecture des manuscrits Alexandrin, Vaticanus ou le Palimpseste
de Paris, etc., « mes petites brebis », un diminutif de tendresse et d’affection.

Le travail de restauration était maintenant complètement terminé. Pierre abandonne toute


pensée de soi, et ne peut trouver refuge qu’en la grâce. Seul Celui qui, de Lui-même, sait tout
sans effort, pouvait donner crédit au cœur de Pierre, malgré ses propos et toutes les
apparences ; pourtant ne savait-Il pas que Son pauvre serviteur qui L’avait renié L’aimait
tendrement ? La réponse du Seigneur, lui confiant à nouveau ce qui Lui était le plus cher sur
la terre — ce que l’amour du Père Lui avait donné — scelle la restauration de Pierre, non pas
dans l’âme seulement, mais dans sa relation aux brebis de Sa pâture. « Pais [nourris] mes
brebis », dit le Seigneur. En être le berger, ou les gouverner pastoralement n’est pas oublié ;
mais les nourrir positivement comme les agneaux au début, cela reste jusqu’au bout la tâche
permanente du berger, le besoin constant des brebis ; mais cela exige un amour endurant et

575
profond, non pas pour réprimander s’il le faut, ou pour gouverner, mais pour nourrir, et
nourrir tout spécialement la moindre de toutes les brebis de Christ. Seul l’amour de Christ
peut faire que quelqu’un mène cette tâche à bien.

22.4 - Jean 21:18-19

22.4.1 - La grâce qui rétablit au-delà de ce qui a été perdu

Mais ce n’est pas tout. Il ne suffit pas pour le Seigneur de restaurer pleinement l’âme de
Pierre et, de faire plus que le réintégrer dans sa relation avec les brebis qui aurait pu, sinon,
sembler compromise. La grâce voulait lui donner au moment voulu de Dieu ce qu’il avait non
seulement perdu, mais qu’il avait tourné à sa propre honte et au déshonneur de son Maître : la
confession de Son nom jusqu’en prison et à la mort.

« En vérité, en vérité, je te dis : Quand tu étais jeune, tu te ceignais, et tu allais où tu voulais ;
mais quand tu seras devenu vieux, tu étendras les mains, et un autre te ceindra, et te conduira
où tu ne veux pas. Or il dit cela pour indiquer de quelle mort il glorifierait Dieu. Et quand il
eut dit cela, il lui dit : Suis-moi » (21:18-19).

22.4.2 - La communion des souffrances de Christ et la conformité à sa mort

Ici les actions et les paroles sont voilées, comme dans ce qui précède et ce qui suit, et pourtant
elles sont très significatives. Il y avait l’intention de transmettre une vérité importante et
intéressante, mais seulement à ceux qui pesaient tout et restaient dans le cadre de l’écoute
correcte des paroles ou actions du Seigneur. Pierre était alors dans sa vigueur première et
naturelle. Lorsqu’il était jeune (il était alors loin d’être vieux), il était prêt à agir
énergiquement, et était disposé à se servir de sa liberté avec trop peu de défiance de lui-même.
Il venait de se hasarder à aller où il voulait, jusque dans la maison du souverain sacrificateur ;
et d’après les paroles fortes qu’il avait proférées, on se serait attendu à ce qu’il eût ceint au
préalable ses reins comme un homme prêt à faire de grands exploits de bravoure, et à
supporter un grand combat d’afflictions pour son Maître trahi et insulté. L’issue, nous ne la
connaissons tous que trop bien ; et Pierre avait été amené à la voir et la sentir de plus en plus,
jusqu’à descendre maintenant à la racine et à la juger entièrement devant Dieu. Mais
maintenant le Seigneur lui fait aussi savoir que la grâce voulait lui rendre ce qu’il semblait
avoir perdu pour toujours, la communion des souffrances de Christ et la conformité à Sa mort
(Phil. 3:10), bien plus en fait que ce que Pierre, dans son excès de confiance en son amour et
sa force, avait proféré avant de s’effondrer misérablement.

22.4.3 - la grâce exclut toute possibilité de se vanter

Voyez comment la grâce exclut tout motif de se vanter, alors qu’elle assure l’honneur au-delà
de ce que nous aurions jamais anticipé dans nos désirs les plus fous. N’est-ce pas digne de
Dieu et convenable pour Ses saints ? Quand Pierre est allé de l’avant selon ses propres
paroles, il en est arrivé à pire que rien : lui le serviteur le plus favorisé, reniant le Saint et le
576
Juste, son propre Maître plein de grâce. C’était la plus profonde humiliation, et pourtant il
était un vrai saint et un disciple plein d’amour ; mais cela avait eu lieu parce qu’il était entré
en tentation à ses propres dépens, au lieu de l’endurer selon Dieu, lorsqu’il était mis à
l’épreuve. Ainsi sa chute était inévitable, car personne ne peut tenir sauf dans la foi et le
jugement de soi. Être un croyant et aimer le Seigneur ne préserve pas le moins du monde dans
de telles circonstances, aussi étrange que cela puisse paraître pour beaucoup, qui ne pensent
guère combien en pratique ils renient le Seigneur souvent et profondément, dans les affaires
petites ou grandes auxquelles Il attache Son nom. Nous devons être réduits à avoir honte dans
les choses dont nous sommes fiers ; et combien ce gain est encore meilleur, plutôt que de se
laisser aller à une autosatisfaction sans frein ?

22.4.4 - La mort même de Christ, avec ses souffrances

Mais le Seigneur promet à Pierre que, quand il sera devenu vieux, il étendrait les mains, et un
autre le ceindrait et le conduirait où il ne voudrait pas. Ainsi, quand il ne sera plus possible de
se vanter de sa propre force ou de son courage, comme un vieillard impuissant, Pierre jouirait
de la part de Dieu du privilège singulier, non seulement de la mort pour l’amour de Christ
que, dans les jours de sa jeunesse, il avait essayé d’affronter et à quoi il avait honteusement
échoué, — mais il aurait même le privilège de cette mort même que le Seigneur avait
soufferte avec l’agonie prolongée et la honte qui s’y rattache. Car il nous est dit expressément
que ces paroles du Seigneur signifiaient non pas tant la mort elle-même que le genre de mort
par lequel Pierre devrait glorifier Dieu ; et ayant dit cela, Il lui dit : Suis-moi.

22.4.5 - Ni héroïsme, ni ascétisme pour le chrétien, mais l’obéissance

On ne pouvait guère se méprendre sur cette allusion. Dans ces jours-là, où le châtiment de la
crucifixion était assez courant pour les plus bas esclaves et les criminels les plus coupables,
tous comprenaient ce que voulait dire être « élevé » (12:32-33) ou étendre les bras par la force
d’autrui (21:18). Encore une fois, la manière imagée d’appeler Pierre à Le suivre, tandis qu’Il
faisait quelques pas sur le rivage, rendait clair son propos solennel. Pourtant, même alors et
ainsi, le fait que quelqu’un d’autre le conduirait et le mènerait où il ne voudrait pas, cela
prouve combien peu il y aurait du moi dans la mort de Pierre sur la croix ; cela est en
contraste avec ceux qui, plus tard et dans des jours incomparablement plus décadents,
chercheraient la mort en martyr pour gagner cette couronne. Non ! La fin de Pierre sur la terre
devait être de souffrir et de mourir pour Christ, qui lui donnerait de le supporter le moment
venu. Ni l’héroïsme, ni l’ascétisme, ne sont l’insigne du chrétien, mais l’obéissance.

La leçon de Sa grâce qui surpasse tout, demeure pour nous qui aimons le même Sauveur, et
avons une nature qui n’est pas meilleure que celle du disciple. Cette leçon nous a-t-elle été
enseignée ? Peut-on l’apprendre en toute sécurité et sûrement sinon en suivant Christ ? « Si
quelqu’un me sert, qu’il me suive ; et où je suis, moi, là aussi sera mon serviteur : si
quelqu’un me sert, le Père l’honorera » (12:26). Pierre, lorsqu’il serait appelé, devrait suivre
le Maître ; et c’est ce qu’il fit. Que cette même grâce nous fortifie et nous guide dans le même
chemin pour la vie et pour la mort ! Suivre Christ selon Son appel, c’est notre meilleur
service.

577
22.5 - Jean 21:20-23 — Toi, suis-moi

22.5.1 - Jean 21:20-21 — Pierre questionne sur Jean par affection

L’âme ardente de Pierre, enflammée par l’indication solennelle du Seigneur, saisit l’occasion
pour se renseigner sur celui qui lui était si étroitement lié, le disciple bien-aimé. On ne peut
guère, dans cette question posée, discerner la jalousie de quelqu’un d’actif par rapport à la vie
contemplative, ce dont les premiers écrivains et les écrivains médiévaux parlent beaucoup.
Mais le Seigneur rectifie comme il en avait besoin.

« Pierre, se retournant, voit suivre le disciple que Jésus aimait (qui aussi, durant le souper,
s’était penché sur sa poitrine, et avait dit : Seigneur, lequel est celui qui te livrera ?) ; Pierre
donc, le voyant, dit à Jésus : Seigneur, et celui-ci, que [lui arrivera-t-il] ? Jésus lui dit : Si je
veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? Toi, suis-moi. Cette parole donc
se répandit parmi les frères, que ce disciple-là ne mourrait pas. Et Jésus ne lui avait pas dit
qu’il ne mourrait pas, mais : Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que
t’importe ? » (21:20-23).

C’était vraiment chez Pierre de l’intérêt affectueux pour quelqu’un qui lui était plus
étroitement proche que son propre frère André, par le lien d’une affection commune pour
Jésus et de Jésus. Cela rendait Pierre curieux d’apprendre au sujet de Jean, maintenant que son
propre sort terrestre venait d’être révélé.

22.5.2 - Jean 21:22 — L’énigme

Mais le Seigneur plein de grâce, s’Il reprenait avec douceur l’esprit indiscret de Son serviteur,
fournit ample matière à réflexion dans l’énigme qu’Il place devant Pierre. Il est facile de voir
combien est superficielle la notion d’Augustin, et de nombreux autres depuis lors, selon
laquelle le Seigneur ne voulait rien dire de plus que Jean allait vivre jusqu’à un âge avancé et
serein, en contraste avec les mises à mort violentes soit de Pierre dans sa vieillesse, soit de son
propre frère Jacques dans sa jeunesse. Pierre devait par excellence suivre le Seigneur, même
dans Sa mort pour autant que cela fût possible. Il n’en était pas ainsi de Jean, qui devait
demeurer dans la dépendance de la volonté du Seigneur jusqu’à ce qu’Il vienne. « Si je veux
qu’il demeure, etc. ».

Inutile de dire qu’il y a un mystère évident et intentionnel dans la manière dont cela était dit ;
et certains ont supposé qu’il est fait ici allusion à la destruction de Jérusalem et au jugement
de l’administration politique juive, estimant qu’il y a certainement dans cette pensée
davantage qu’une mort simplement paisible à un âge avancé. Car la mort n’est en aucun sens
vrai la venue du Seigneur, mais plutôt l’inverse, nous allant à Lui. Nous savons, en tout cas,
qu’il a été donné à Jean de voir le Fils de l’homme jugeant les assemblées, et d’avoir des
visions non seulement sur la manière d’agir providentielle de Dieu avec le monde Juif et
Gentil, mais aussi sur le retour du Seigneur avec le jugement des puissances apostates de la
terre, et de l’homme de péché (Son retour afin d’établir le royaume de Dieu annoncé depuis
longtemps) et sur les temps de rétablissement de toutes choses, avec la gloire encore plus
élevée dans la Nouvelle Jérusalem.

578
C’est à partir de ces paroles du Seigneur qui ont été rapidement perverties, que la synagogue
semble avoir eu sa fable du Juif errant, et la chrétienté celle du Prêtre Jean, pour nourrir les
esprits qui avaient perdu la vérité soit par le rejet de Christ soit en se tournant vers la
superstition.

22.5.3 - Jean 21:23 — La tradition égare ; la norme est la Parole de Dieu écrite

Mais le v. 23 nous apprend une leçon d’une grande importance pratique, à savoir combien il
est dangereux de faire confiance à la tradition, même la plus ancienne, et combien il est béni
d’avoir la norme infaillible de la parole écrite de Dieu. La parole répandue parmi les frères
aux temps apostoliques semblait une déduction très naturelle, voire nécessaire, des paroles de
notre Seigneur. Mais nous ne faisons pas bien d’accepter sans réserve une déduction, et
encore moins de nous laisser entraîner dans un système bâti sur de telles déductions. Nous
avons la parole du Seigneur, et la foi se courbe devant elle pour sa joie et son repos à la gloire
de Dieu. L’erreur s’insinue facilement dès qu’on prend la moindre distance d’avec ce qu’Il
dit, selon ce que l’apôtre enseigne ici : le Seigneur n’a pas affirmé que ce disciple ne devait
pas mourir, mais qu’Il avait dit : « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne ».
Pourtant, ceux qui ont laissé s’introduire cette erreur primitive n’étaient pas des ennemis, ni
des loups redoutables, ni des gens annonçant des doctrines perverses pour entraîner les
disciples après eux (Actes 20:29-30). C’est « parmi les frères » que se répandit cette tradition
sans fondement et trompeuse. Rien ne l’a empêché, ni les miracles, ni les dons, ni la
puissance, ni l’unité. L’erreur est née de ce qu’on a raisonné, au lieu de coller à la parole du
Seigneur. Les frères, par manque de soumission à Dieu et de méfiance à l’égard d’eux-
mêmes, ont donné aux paroles une signification, au lieu de simplement recevoir d’elles leur
teneur véritable. Il n’est pas étonnant qu’un autre grand apôtre nous recommande à Dieu et à
la parole de sa grâce (Actes 20:32) ; car si l’on peut pleinement tirer du profit par Sa parole
dans la simple dépendance de Lui, nous ne pouvons pas L’honorer correctement si nous
manquons d’égard pour Sa parole. Bien que nous soyons ainsi gardés et bénis par le Saint
Esprit, même Celui-ci n’est en aucune sorte la norme de la vérité (*) (tandis qu’Il est la
puissance de toute manière), mais c’est Christ tel qu’Il est révélé dans la parole écrite.

(*) Note Bibliquest : ceci ne contredit certainement pas 1 Jean 5:6 : « c’est l’Esprit qui rend
témoignage, car l’Esprit est la vérité ».

22.6 - Jean 21:24-25

En dernier vient le sceau personnel ou l’attestation de l’écrivain. « C’est ce disciple-là qui


rend témoignage de ces choses, et qui a écrit ces choses, et nous savons que son témoignage
est vrai. Et il y a aussi plusieurs autres choses que Jésus a faites, lesquelles, si elles étaient
écrites une à une, je ne pense pas que le monde même pût contenir les livres qui seraient
écrits » (21:24-25).

C’était Jean, et nul autre. Tous les écrivains inspirés préservent malgré tout leur propre style
et leur manière, et Jean plus que tous, il n’y a pas de doute à cet égard. Pourtant, ce qui était
écrit n’était qu’un échantillon, sélectionné selon la sagesse divine, et avec un plan spécifique
contribuant à la grande portée et au propos de la révélation divine. Si tout ce qu’avait fait

579
Jésus avait été écrit, l’évangéliste suppose en adorant que le monde lui-même serait trop petit
pour les livres nécessaires.

On peut remarquer à quel point la fin de l’évangile répond de manière frappante à son début,
ou du moins à la dernière partie des ch. 1 et 2. Car, bien que le sujet de cet évangile soit la
Personne du Fils manifesté sur terre, puis envoyant le Saint Esprit après être monté auprès du
Père, tandis que ce sujet est ainsi fait par-dessus tout de vérité éternelle et du privilège le plus
élevé, pourtant il est pris soin, avant et après que ce soit relaté historiquement, de montrer que
les voies dispensationnelles de Dieu ne sont nullement négligées. La dernière partie de Jean
20 et le début de Jean 21 sont la contrepartie de ce qui a été noté au début. On peut ajouter
que les épîtres de Jean sont, bien sûr, consacrées à la tâche plus profonde de suivre à la trace
la vie éternelle et la communion qu’elle donne avec le Père et le Fils, dont la parole, par les
Apôtres, est la révélation, et le Saint Esprit est la puissance. Le livre de l’Apocalypse, d’autre
part, est le déploiement complet et final des voies dispensationnelles de Dieu ; mais il révèle
aussi ce qui est au-dessus d’elles toutes, et leur lien avec le ciel et l’éternité, qui est placé
devant nous beaucoup plus complètement et de façon plus vivante que partout ailleurs dans le
témoignage de Dieu.

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Jean 1:1-18
«Le Fils unique» faisant connaître le Père, tel est le résumé de cet évangile (v. 18; voir 1 Jean
4:9 1j 4.7-12). Le premier verset déjà, dont chaque terme doit être pesé, nous Le présente
comme la Parole, une Personne éternelle, distincte de Dieu, tout en étant Dieu. Aussi loin
que peut remonter notre pensée, elle était (Ps. 90. 2 ps 90.1-6). Mais cette Parole créatrice,
unique source de la vie et de la lumière, ne s'est pas adressée à nous du haut du ciel; non, elle
est venue dans le monde (v. 9), s'assujettissant à nos limites de l'espace et du temps. Mystère
insondable: la Parole devint chair (v. 14; 1 Tim. 3:16 1tm 3.14-16)! Et elle n'est pas venue
comme un messager rapide qui s'en retourne aussitôt à Celui qui l'a envoyé. Elle a habité
(dressé sa tente) au milieu de nous, sans cesser jamais pourtant d’être «dans l'intimité du
Père» (v. 18). Tout ce qu’est Dieu dans sa nature même: amour et lumière (grâce pour le
cœur et vérité pour la conscience du pécheur), s'est approché de nous et a brillé dans cette
Personne adorable. Mais les ténèbres morales de l'homme n'ont pas compris la vraie lumière
(v. 5). Le monde n'a pas connu son Créateur. Les siens n'ont pas reçu leur Messie (v. 11). Et
vous, lecteur, l'avez-vous reçu? S'il en est ainsi, vous êtes un enfant de Dieu (v. 12; Gal. 3:26
gl 3.23-29).

Jean 1:19-34
Ce n'était pas le fardeau de leurs péchés qui conduisait les délégués des Juifs auprès de Jean le
baptiseur, mais plutôt la curiosité et le désir de se faire une opinion; peut-être aussi une
certaine inquiétude. Leur enquête est cependant l'occasion pour Jean de délivrer son message
(comp. 1 Pier. 3:15 fin 1p 3.13-16). Or ce n'est pas à son propre sujet qu'il a quelque chose à
dire (v. 22). Lui-même n'est qu'une simple voix. Il est «envoyé de Dieu… pour rendre
témoignage de la lumière» (v. 6 à 8 j 1.4-9). Dans un certain sens, tous les rachetés sont
appelés à rendre témoignage de la lumière et tout d'abord en marchant «comme des enfants
de lumière» (Éph. 5:8 ep 5.6-10). En eux-mêmes ils ne sont rien, sinon des instruments par le
moyen desquels Christ, la lumière morale du monde, doit être manifesté.

Dieu a indiqué d'avance à son serviteur comment reconnaître celui qu'il est chargé de
désigner. «Voilà l'Agneau de Dieu», s'écrie Jean lorsque Jésus paraît. Dieu s'est pourvu d'une
victime sainte pour ôter le péché du monde. Elle était attendue depuis la chute et annoncée
par les prophètes ainsi que par les figures de l'ancienne alliance (És. 53 es 53.1-12; Ex. 12:3
ex 12.1-13). Et quelle victime! L'Agneau de Dieu n'est autre que le Fils de Dieu (v. 34).

582
Jean 1:35-51
La marche de Jésus (et non plus seulement le signe d'en haut: v. 33 j 1.32-34) remplit le
cœur de Jean de conviction et de joie (v. 36). Choses qui parlent toujours aux autres! Ses
deux disciples l'entendent et s'attachent à Jésus. Ils Le suivent et restent dans sa compagnie,
privilège que nous aussi nous pouvons connaître maintenant selon sa promesse (Matt. 28:20
mt 28.16-20). André nous donne encore un autre exemple: Il mène à Jésus «son propre frère
Simon». Avant de songer à quelque activité que ce soit, pensons à ceux de nos proches qui ne
connaissent pas encore le Seigneur. André est un disciple effacé. Mais son service ce jour-là
va avoir de grandes conséquences puisque son frère Simon deviendra l'apôtre Pierre. Philippe
entend l'appel du Seigneur et à son tour parle à Nathanaël de ce Nazaréen qui n’est autre que
le Messie promis. Mais aucun argument n'a le poids de cette simple invitation: «Viens et
vois»!

Que de noms et de titres magnifiques exaltent dans ce chapitre les gloires éternelles actuelles
ou à venir du Seigneur Jésus Christ: Parole, Vie, Lumière, Fils unique dans l'intimité du Père,
Agneau de Dieu, Maître qui enseigne, Messie ou Christ, vrai Nazaréen, Roi d'Israël et Fils de
l'homme.

Jean 2:1-12
Jésus est convié à une noce. Mais remarquons que toute la scène se passe en dehors de la salle
du festin et rien ne nous est dit au sujet des époux. Tout ce que nous savons d'eux c'est qu'ils
avaient eu l'heureuse pensée d'inviter Jésus et ses disciples. Chers amis, pouvons-nous
associer le Seigneur à chacune de nos circonstances? Serait-Il toujours libre de prendre part à
nos fêtes de famille et à nos divertissements? Lui seul pourra nous procurer la vraie joie, dont
le vin est l'image dans la Parole. Toutefois c'est l'eau destinée à la purification qui produit ce
vin de la joie. Il en sera ainsi d'Israël au temps de son rétablissement, et il en est ainsi pour
nous aussi: nous ne goûtons les joies spirituelles que dans la mesure où nous pratiquons
d'abord le jugement de nous-mêmes.

La manière de l'homme est de servir «le bon vin en premier» (v. 10). Il se hâte dès sa jeunesse
de profiter de tout ce que peut offrir la vie. Car avec l'âge, peu à peu, viendront les soucis, les
chagrins, le déclin, la mort. Le meilleur vin a été tiré le premier. Jésus agit autrement. Il a
réservé aux siens des joies éternelles sans comparaison possible avec les vains bonheurs d'ici-
bas. N'en désirons pas d'autres!

Jean 2:13-25
De Capernaüm, Jésus monte à Jérusalem. La Pâque «des Juifs» est proche. Cette fête n'a plus
le caractère d'un «jour solennel de l'Éternel» ni d'une «sainte convocation» (Lév. 23:2 lv
23.1-4; comp. Jean 7:2 j 7.1-6). Car un commerce honteux remplit le Temple à cette occasion.
Des commerçants y vendent les divers animaux nécessaires aux sacrifices. Indigné, le
Seigneur purifie la maison de son Père (v. 16).

Amis chrétiens, notre corps est le temple du Saint Esprit. Si nous nous sommes laissés envahir
et dominer par des habitudes ou des pensées impures, laissons le Seigneur y mettre de l'ordre
et nous sanctifier. Il est jaloux de nos affections pour son Père.

583
Les gens dont il est question aux v. 23 à 25 croyaient en Jésus par l'intelligence sans que leur
cœur soit véritablement touché. Ils reconnaissaient sa puissance pour faire des miracles, mais
ce n'était pas la foi et Jésus ne se fiait pas à eux. Car «la foi vient de ce qu'on entend… par la
parole de Dieu» (comp. v. 22 et Rom. 10:17 rm 10.12-17). La parfaite connaissance qu'a
Jésus du cœur humain est une preuve de sa divinité (v. 25; lire Jér. 17:9, 10 jr 17.5-10). Mais
son amour ne s'en est pas pour autant refroidi, car ses motifs pour aimer, c'est en Lui-même
et non dans les hommes qu'Il les puisait.

Jean 3:1-21
Craintif, mais poussé par les besoins de son âme, Nicodème va rencontrer Celui qui est la vie
et la lumière (ch. 1 v. 4, 5 j 1.1-5). Ce chef des Juifs, cet éminent docteur d'Israël, apprend
auprès du «Docteur venu de Dieu» une vérité aussi étrange qu'humiliante pour lui: Ni ses
qualités, ni ses connaissances, ni aucune de ses capacités humaines ne lui donnent droit au
royaume de Dieu. Car de même qu'on entre dans le monde des hommes par la naissance
naturelle, une autre naissance est nécessaire pour entrer dans ce domaine spirituel, celui de la
famille de Dieu.

Nous trouvons deux «il faut» dans la réponse du Seigneur. L'un s'applique à l'homme: «Il
vous faut être né de nouveau». L'autre, qui en est la contrepartie terrible, concerne notre
Sauveur adorable lui-même: «Il faut que le Fils de l'homme soit élevé…». L'élévation de
Jésus Christ présenté sur la croix aux regards de ma foi, me sauve de l'éternelle perdition (v.
14, 15; comp. Nomb. 21:8, 9 nb 21.4-9). En le contemplant, j'apprends à connaître l'amour de
Dieu pour le monde (donc pour moi personnellement) et la preuve suprême qu'Il en a donnée.
Le monde ne sera pas jugé sans avoir d'abord été aimé. Tout l'Évangile est contenu dans ce
merveilleux v. 16, moyen de salut pour d'innombrables pécheurs, et qui ne devrait jamais
cesser de confondre nos âmes.

Jean 3:22-36
Les disciples de Jean éprouvent un peu de jalousie en voyant leur maître perdre son
importance au profit d'un autre (v. 26; ch. 4 v. 1 j 4.1-3). À l'exception de deux d'entre eux
(dont André) qui avaient quitté Jean pour suivre Jésus (ch. 1 v. 37 j 1.35-37), ces hommes
n'avaient pas compris quelle était précisément la mission du précurseur. Il était l'ami de
l'Époux. Et ce qui provoquait le mécontentement de ses disciples rendait au contraire sa joie
complète (v. 29); il était heureux de s'effacer devant le Seigneur. Sa belle réponse devrait être
gravée comme une devise dans chacun de nos cœurs: «Il faut que lui grandisse et que moi
je diminue» (v. 30). Cette parole est l'occasion pour Jean d'exalter le Seigneur Jésus: Il est au-
dessus de tous, non par l'autorité que les foules lui reconnaissent, mais parce qu'Il vient du
ciel (v. 31). Et il n'en vient pas comme un ange, mais comme l'objet de toutes les affections du
Père, son héritier (Héb. 1:2 hb 1.1-4). Une telle visite met l'humanité entièrement à l'épreuve
et la partage en deux groupes: ceux qui croient au Fils: ils ont dès maintenant la vie
éternelle. Quant à ceux qui ne croient pas, terrible pensée, la colère de Dieu reste sur eux! De
quel côté vous trouvez-vous (ch. 20 v. 31 j 20.26-31)?

Jean 4:1-18
Ce n'est pas seulement pour des gens estimés, comme Nicodème, que Dieu a donné son Fils
unique. Ce merveilleux «don de Dieu» (v. 10) a été fait gratuitement aux pécheurs les plus
584
misérables. Quel tableau nous avons ici! Dans son abaissement inconcevable, le Fils de Dieu
est assis sur le bord de ce puits, vraiment homme, éprouvant la fatigue et la soif. Et pourtant Il
ne pense qu'au salut de sa créature. Une femme s'approche, et voyez comment Jésus s'y prend
pour gagner sa confiance. Il lui demande un service, et se met à sa portée en lui parlant de ce
qu'elle connaît. Avide de trouver le bonheur, cette femme a bu à bien des eaux décevantes
dans ce monde. Elle a cherché ce bonheur auprès de cinq maris. Toujours elle a eu «de
nouveau soif». Mais le Sauveur connaît pour elle une «eau vive» dont Il est Lui-même la
source (v. 10, 13, 14; comp. Jér. 2:13, 18 jr 2.12-19 et 17:13 jr 17.12-13). Sans en comprendre
la nature, la Samaritaine s'attend à Lui pour recevoir ce don extraordinaire. Toutefois il est
nécessaire que le Seigneur mette d'abord le doigt sur ce qui n'est pas en règle dans la vie de
cette femme (v. 16 à 18). Car on ne peut être heureux tant que la lumière de Dieu n'a pas
pénétré dans la conscience. La grâce en Jésus est inséparable de la vérité (ch. 1 v. 17 j 1.15-
18).

Jean 4:19-38
Le tout premier enseignement du Seigneur à cette pauvre Samaritaine concerne non pas sa
conduite, mais l'adoration, excellente fonction qui est celle de tous les croyants. Où, quand
et comment la louange doit-elle être présentée? La religion de formes et de cérémonies étant
mise de côté, l'heure était venue — et elle est maintenant — d'un culte en esprit et en vérité. À
qui et par qui doit-il être rendu? Non plus à l'Éternel, le Dieu d'Israël, mais au Père, selon la
relation toute nouvelle qui est celle des enfants de Dieu. C'est à eux qu'il appartient
dorénavant de présenter la louange. Ils sont appelés de vrais adorateurs. Vous qui avez été
cherchés dans ce but, allez-vous priver le Seigneur du fruit de son travail?

Toute à ce qu'elle vient d'entendre, la femme abandonne sa cruche et se hâte d'aller faire
connaître dans la ville Celui qu'elle a rencontré. Quant aux disciples, ils montrent leur
incapacité d'entrer dans les pensées de leur Maître. Ses forces et ses joies, Jésus les puisait
dans la communion de son Père (v. 34), et dans les perspectives qui étaient devant Lui. Déjà Il
discernait la moisson future: la multitude de ceux qu'Il allait racheter (v. 35; comp. Ps. 126:6
ps 126.4-6).

Jean 4:39-54
Jésus passe deux jours au milieu de ces Samaritains méprisés comme Il l'était Lui-même
(comp. ch. 8 v. 48 j 8.46-50). Et ces gens croient en Lui, non plus seulement sur le
témoignage de la femme, mais par suite du contact personnel qu'ils ont eu avec «le Sauveur
du monde» (v. 42; 1 Jean 4:14 1j 4.11-16). Ne nous contentons jamais de l'expérience des
autres pour connaître le Seigneur Jésus. Il faut l’avoir rencontré personnellement, et que le
Sauveur du monde soit aussi notre Sauveur.

Jésus se rend ensuite en Galilée. Il y rencontre un seigneur de la cour, inquiet pour son fils
gravement malade, et insistant pour que le Maître vienne et le guérisse. Cet homme est loin
d'avoir la grande foi du centurion romain de la même ville de Capernaüm, lequel ne s'estimait
pas digne de la visite du Seigneur et se contentait d'une seule parole pour la guérison de son
serviteur (Luc 7:7 lc 7.1-10). Jésus commence par répondre à ce père angoissé que la foi
consiste à croire sur Sa simple parole et sans avoir besoin de voir quoi que ce soit (v. 48;
comp. ch. 2 v. 23 j 2.23-25). C'est donc pour mettre cet homme à l'épreuve que le Seigneur ne

585
descend pas avec lui. Et la puissance de la mort est arrêtée par la puissance de la vie venue
d'en haut (1 Jean 5:12 1j 5.10-13).

Jean 5:1-16
Ce bassin de Béthesda (maison de miséricorde) représentait une image de l'ancienne alliance.
Il fallait de la force à ces infirmes pour se jeter dans l'eau bienfaisante et, pour avoir cette
force, il aurait fallu… être déjà guéri! La Loi pareillement ne peut faire vivre que celui qui
l'accomplit et personne n'en est capable. À moins d'avoir justement d'abord reçu la vie divine.
On peut se demander pourquoi, parmi cette multitude d'infirmes, d'aveugles, de boiteux, Jésus
paraît ne s'être occupé que de ce paralysé. Parce que, pour être au bénéfice de sa grâce, deux
conditions sont nécessaires: il faut en éprouver et le désir et le besoin. Sentiments que font
ressortir la question du Seigneur: «Veux-tu être guéri?» et la réponse de ce malheureux: «Je
n'ai personne…». Toujours devancé dans le bassin, toute sa vie misérable n'avait été que
déception sur déception. Sans doute avait-il jadis compté sur les siens ou sur des amis
secourables, mais ceux-ci s'étaient depuis longtemps découragés. Et il ne lui avait pas fallu
moins de 38 ans pour perdre ses dernières illusions. À présent, il n'a plus personne: il peut
avoir Jésus. Ami encore inconverti, n'attendez pas plus longtemps pour comprendre que Jésus
seul peut vous sauver. Mais est-ce que vous désirez vraiment l'être?

Jean 5:17-29
La haine des Juifs est l'occasion pour Jésus de révéler encore quelques-unes de ses gloires:

1. Son travail d'amour pour ôter le péché du monde (v. 17; ch. 1 v. 29 j 1.25-30). En
présence de la ruine de sa création, le Fils, pas plus que le Père, ne pouvait se reposer.
2. L'affection infinie du Père pour ce Fils avec lequel Il partage toutes ses pensées (v. 20;
ch. 3 v. 35 j 3.31-36).
3. La puissance de vie qui est en Lui (v. 21, 26) par laquelle Il donne maintenant la vie
éternelle à ceux qui croient en Lui (v. 24). Il exercera cette puissance dans une heure
encore à venir pour la résurrection des morts (v. 28, 29).
4. Le jugement qui Lui a été donné en sa qualité de Fils de l'homme (v. 22, 27).
5. Enfin, aux v. 19 et 30 j 5.30-32, son obéissance! Quelle valeur elle prend quand elle
est réalisée précisément par Celui qui a droit Lui-même à l'obéissance de toute
créature (v. 23)!

Si le Seigneur parle de ses propres gloires c'est parce qu'elles sont étroitement liées à celles de
son Père. Ne pas honorer le Fils, c'est offenser Celui qui l'a envoyé (v. 23; voir 1 Jean 2:23 1j
2.21-24).

En présence de toutes les perfections de notre Sauveur, nous ne pouvons qu’être nous aussi
dans l'admiration (v. 20 fin) et dans l'adoration.

Jean 5:30-47
Jésus répond à l'incrédulité des Juifs en invoquant quatre témoignages en sa faveur: celui de
Jean (v. 32 à 35), celui de ses propres œuvres (v. 36), celui du Père qui, au Jourdain, avait
désigné son Fils bien-aimé (v. 37); enfin celui des Écritures (v. 39). Il est souvent question
du Messie dans les livres de Moïse (v. 46; voir par ex. Gen. 49:10, 25 gn 49.8-26; Nomb.
586
24:17 nb 24.17). Tout en prétendant vénérer ce dernier, les Juifs ne croyaient pas ses paroles
puisqu'ils rejetaient Celui qu'il annonçait (v. 46; Deut. 18:15 dt 18.15-16). Ils seront prêts en
revanche à recevoir l'Antichrist (v. 43).

«Sondez les Écritures», recommande le Seigneur Jésus. C'est par elles que nous pourrons
avancer dans la connaissance de sa Personne infinie.

Recevoir de la gloire des hommes et chercher leur approbation est une forme d'incrédulité (v.
44). Car Dieu déclare que nous ne sommes rien (Gal. 6:3 gl 6.1-5) et qu'il n'y a rien dont nous
puissions nous glorifier (2 Cor. 10:17 2cr 10.14-18). Mais, plutôt que d’accepter ce fait, nous
nous complaisons quelquefois dans le bien que d'autres peuvent penser de nous! Jésus ne
recherchait aucune gloire de la part des hommes (v. 41; comp. Paul en 1 Thess. 2:6 1th 2.5-8).
Et nous pourrons l'imiter si nous avons en nous l'amour pour Dieu et le désir de Lui plaire
(comp. v. 42).

Jean 6:1-21
Les foules ont suivi le Seigneur Jésus. Mais elles sont attirées davantage par sa puissance que
par sa grâce et toutes ses perfections morales. Or, l'une ne va pas sans les autres; une fois de
plus Jésus va les manifester ensemble dans cette scène de la multiplication des pains. Le petit
garçon mentionné au v. 9 nous rappelle qu'à tout âge nous pouvons faire quelque chose pour
le Seigneur et pour le bien des autres. Il paraît être le seul à avoir pensé à sa propre nourriture.
En acceptant de mettre ce peu qu'il a à la disposition du Seigneur, il devient le moyen de
pourvoir aux besoins de 5 000 hommes. Lorsque le Seigneur veut se servir de nous, ne
prétextons jamais notre jeunesse ni l'insuffisance de nos ressources; Il saura, Lui, comment les
utiliser (Jér. 1:6, 7 jr 1.4-10).

Après ce miracle, on veut enlever Jésus «afin de le faire roi». Mais Il ne peut recevoir le
royaume de la main des hommes (ch. 5 v. 41 j 5.39-44), pas plus que de celle de Satan (Matt.
4:8-10 mt 4.8-11). C'est Dieu qui le fait roi (Ps. 2:6 ps 2.1-9).

Enfin, dans une autre scène toute illuminée elle aussi de sa puissance et de sa grâce, nous le
voyons venir à la rencontre de ses disciples sur la mer agitée et dissiper leur inquiétude.

Jean 6:22-36
Le Seigneur ne s'y trompe pas. Ces foules le poursuivent pour un motif très terre à terre; elles
espèrent qu'Il va continuer à leur donner du pain. Aussi les engage-t-Il à travailler pour le ciel
(v. 27). Demandons-nous si notre travail a d'abord en vue les choses d'en haut qui nourrissent
notre âme et qui demeurent, ou celles d'ici-bas, destinées à périr.

Est-ce à dire qu'il faut accomplir des œuvres pour être sauvé? Nombreux sont ceux qui le
pensent aujourd'hui encore dans la chrétienté (comp. v. 28). Mais la Parole nous affirme:
«vous êtes sauvés par la grâce, par la foi… non pas sur le principe des œuvres…» (Éph. 2:8, 9
ep 2.4-10). Dieu ne reconnaît qu'une œuvre qui permette à l’homme de s’approcher de Lui:
elle consiste à croire au Sauveur qu'Il nous a donné (v. 29). Tout vient de Lui: l'Eau vive (le
Saint Esprit; ch. 4 v. 10 j 4.4-16) et «le Pain de vie» (Christ Lui-même; v. 35). Comment se
fait-il alors que nos âmes ne soient pas continuellement satisfaites? Le Seigneur manque-t-Il à
ses promesses (v. 35; ch. 4 v. 14 j 4.4-16)? Certes non! Mais de notre côté nous ne

587
remplissons pas toujours la condition: «celui qui croit en moi — dit Jésus — n'aura jamais
soif». Nous avons besoin de foi pour être sauvés, mais aussi chaque jour pour pouvoir nous
abreuver de toute Sa plénitude.

Jean 6:37-50
«Je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi» promet le tendre Sauveur (v. 37). Allons à
Lui, si nous ne l'avons pas déjà fait; Il ne repousse personne. Mais pour venir à Jésus, il est
nécessaire qu'une œuvre de l'Esprit s'accomplisse dans le cœur. L'homme ne peut faire un pas
vers Dieu à moins que Lui ne le tire (v. 44). «Ce n'est donc pas ma faute si je ne suis pas
converti», répondra peut-être quelqu'un. Au contraire, vous êtes pleinement responsable de
laisser ce travail divin se faire en vous. En ce moment même, Dieu vous attire à Lui. Ne Lui
résistez pas plus longtemps.

La grâce dont Jésus use envers le pécheur est l'expression de son propre amour. Mais elle fait
partie de la volonté de Dieu, qui est de donner la vie à sa créature (v. 40). Or Jésus était venu
pour accomplir cette volonté et pour ne rien faire d'autre (v. 38; comp. Héb. 10:9 hb 10.1-10:
«Voici, je viens pour faire ta volonté»).

L'homme a un corps et une âme. C'est pourquoi il ne peut pas vivre de pain seulement,
nourriture de son corps. Son âme a besoin elle aussi d'un aliment et le seul qui lui convienne
est la Parole divine, le Pain du ciel, Christ Lui-même (Luc 4:4 lc 4.1-13).

Jean 6:51-71
Malgré la promesse que Dieu leur avait faite, les fils d'Israël en découvrant la manne au désert
s'étaient demandé l'un à l'autre: «Qu'est-ce que cela?» (Ex. 16:15 ex 16.13-21). La même
incrédulité se montre chez leurs descendants. Ils discutent entre eux au sujet de l'étrange
nourriture dont Jésus leur a parlé: sa chair et son sang, c'est-à-dire sa mort. Un Christ vivant
ici-bas ne suffit pas à faire vivre notre âme. Il faut nous approprier sa mort (en figure manger
sa chair et boire son sang) pour avoir la vie éternelle. Ensuite nous avons chaque jour à nous
identifier avec Lui dans sa mort. Nous sommes morts avec Lui quant au monde et au péché.
L'homme naturel ne peut comprendre cela. Il veut bien d'un modèle, mais il lui est trop dur de
reconnaître son propre état de condamnation dont lui parle la mort de Christ.

Au lieu d'interroger le Seigneur, plusieurs qui avaient professé être de ses disciples s'en vont
choqués par ses paroles. Il ne cherche pas à les retenir en «adoucissant» la vérité. Mais Il
sonde le cœur de ceux qui restent: «Et vous, voulez-vous aussi vous en aller?». — «Seigneur,
auprès de qui nous en irions-nous?» est la belle réponse de Pierre. Puisse-t-elle être aussi la
nôtre (v. 68, 69; lire Héb. 10:38, 39 hb 10.32-39)!

Jean 7:1-24
Les frères de Jésus faisaient partie de ceux qui ne croyaient pas, parce qu'ils recherchaient la
gloire qui vient des hommes (v. 4, 5; comp. ch. 5 v. 44 j 5.41-47). Ils comptaient que Sa
popularité rejaillirait sur leur famille, tandis que s'ils avaient cru qu'Il était le Fils de Dieu, ils
auraient mesuré la distance qui les séparait de Lui (lire Luc 8:21 lc 8.19-21 et 2 Cor. 5:16 2cr
5.14-21). Par la suite, les frères du Seigneur ont cru en Lui et se sont trouvés parmi les
disciples (Act. 1:14 ac 1.12-14).
588
Leur principe ici est celui de tout homme: faire valoir ses dons et ses capacités à son propre
avantage, pour se faire connaître et honorer (v. 4). À l'opposé le Seigneur n'a jamais cessé de
chercher «la gloire de celui qui l'a envoyé» (v. 18). Et Il ne monte à la fête qu'à l'heure
choisie par Dieu. Combien nous sommes loin de ce parfait Modèle! Beaucoup de nos douleurs
viennent soit de notre précipitation pour agir, soit du retard apporté à obéir aux ordres de
Dieu. Le v. 17 nous rappelle aussi que la soumission à cette volonté de Dieu est le moyen
pour chacun de connaître la vérité.

À Jérusalem, Jésus rencontre ces Juifs pleins de haine qui cherchent à le faire mourir depuis la
guérison du paralysé de Béthesda accomplie un jour de sabbat (v. 1; ch. 5 v. 16 j 5.5-16).

Jean 7:25-36
Le v. 25 comparé au v. 20 j 7.19-24 prouve l'hypocrisie de ces Juifs. Et, comme aujourd'hui,
de vains raisonnements sont tenus au sujet de Jésus! Chacun donne son avis; l'opinion des
chefs est discutée. En réalité, si la présence et les paroles du Seigneur suscitent une telle
effervescence, c'est parce que ces gens sont troublés intérieurement par cette voix qu'ils
sentent, sans se l'avouer, être celle de Dieu (comp. v. 28). Ils essaient d'y échapper en se
persuadant que ce Galiléen ne peut être le Christ parce qu'ils connaissent sa famille et son lieu
d'origine. En effet, vous me connaissez, leur répond Jésus; et mieux même que vous ne
pensez; votre conscience vous dit qui je suis, et elle vous accuse.

Il est bien solennel d'entendre le Seigneur crier à ces foules (v. 28, 37; comp. Prov. 8:1 pv
8.1-2 et 9:3 pv 9.1-5). Nul ne pourra dire aujourd'hui non plus qu'il n'a pas entendu.

«Là où moi je serai, vous, vous ne pouvez pas venir», déclare le Seigneur à tous les incrédules
(v. 34). Mais quant aux siens, ils ont sa promesse d'un prix infini: «Je vous prendrai auprès de
moi, afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi» (ch. 14 v. 3 j 14.1-3). Lecteur,
laquelle de ces deux paroles peut-Il vous adresser? Où serez-vous pendant l'éternité?

Jean 7:37-53
Ces ch. 6 et 7 font penser respectivement aux ch. 16 et 17 de l'Exode ex 16.1-17.7. Au ch. 6,
Jésus s'est présenté comme le véritable Pain venu du ciel dont la manne n'était que la figure.
Il est devant nous maintenant comme le rocher d'Ex. 17 d'où l'eau de la vie jaillit en
abondance. Ésaïe, dans son ch. 55 es 55.1-3, invitait «quiconque a soif» à venir aux eaux de la
grâce. Mais ici c'est le Sauveur Lui-même qui crie «Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et
qu'il boive» (v. 37). Et le croyant, rempli du Saint Esprit, devient un canal pour la bénédiction
des autres (v. 38).

Hélas! Pour toute réponse ce sont de nouvelles contestations. C'est comme si des gens
assoiffés, mis en présence d'une source pure, se mettaient au lieu de boire, à discuter de la
composition chimique de l'eau ou de son origine!

La fin du chapitre nous montre encore deux témoignages rendus au Seigneur devant les
pharisiens. Les huissiers envoyés pour le prendre sont obligés de reconnaître que ses paroles
ne sont pas des paroles humaines: «Jamais homme ne parla comme cet homme». C'est ensuite
Nicodème qui plaide timidement en faveur de Celui avec lequel il avait eu, au ch. 3 j 3.1-12,
un entretien personnel et inoubliable.

589
Jean 8:1-20
C'est un piège particulièrement subtil dans lequel les scribes et les pharisiens pensent faire
tomber le Seigneur Jésus. Par Lui sont venues ensemble la grâce et la vérité (ch. 1 v. 17 j
1.17-18). Or s'Il condamne cette femme coupable, où est la grâce que tous connaissent (Luc
4:22 lc 4.14-22)? Et s'Il l'épargne, n'est-ce pas au détriment de la vérité, en contradiction avec
la Loi? Dans sa sagesse infaillible, Jésus leur montre que cette loi les atteint tous. On l'a
comparée à une épée sans poignée qui blesse d'abord celui qui s'en sert. Mais au lieu de
confesser les péchés qui leur reviennent à la mémoire, les accusateurs se retirent l'un après
l'autre, remplis de confusion (Job 5:13 jb 5.13-14). «La Lumière du monde» est devant eux
(v. 12). Mais «les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière», tels ces insectes qui,
lorsqu’on soulève la pierre qui les abritait courent se cacher ailleurs (ch. 3 v. 19 j 3.17-21).
Alors le seul qui, étant sans péché, aurait eu le droit d'exercer le châtiment déclare à la femme:
«Moi non plus, je ne te condamne pas». Il ajoute: «va, dorénavant ne pèche plus» (v. 11).
Bien des personnes s'efforcent par leur propre conduite de mériter le pardon de Dieu; tandis
que le Seigneur commence par pardonner et ensuite seulement commande de ne plus pécher
(comp. ch. 5 v. 14 j 5.5-16; Ps. 130:4 ps 130.1-4; 1 Jean 3:9 1j 3.7-10).

Jean 8:21-36
Les Juifs avaient déclaré au Seigneur que son témoignage n'était pas vrai (v. 13 j 8.12-18). À
quoi bon alors Lui demander maintenant qui Il est (v. 25)? Il ne peut que leur répondre:
«Absolument ce qu'aussi je vous dis» (voir note). Ses paroles sont l'expression parfaite de ce
qu'Il est (Ps. 17:3 ps 17.1-7). Il suffit de penser par contraste à la différence entre ce que nous
disons ou montrons aux autres et ce que nous sommes en réalité. Tout ce que Jésus disait et
faisait était en harmonie parfaite avec la pensée de son Père. «Je fais toujours les choses qui
Lui sont agréables», peut-Il affirmer (v. 29). Modèle inimitable et que pourtant nous devons
chercher à imiter!

À ceux qui croient en Lui, Jésus annonce une pleine délivrance. Mais les Juifs qui sont là
protestent: «Jamais nous n'avons été dans l'esclavage de personne» (v. 33). Par un étrange
manque de mémoire, ou plutôt par orgueil, ils ont effacé de leur histoire l'Égypte, Babylone…
et la présente domination romaine. Tel est l'homme: il n'admet pas qu'il est esclave du péché
et s'imagine être libre de faire ce qu'il veut (2 Pier. 2:19 2p 2.15-19).

Reconnaissons, chers amis, la terrible condition dans laquelle nous avons été trouvés, mais
retenons aussi la vraie liberté dans laquelle le Fils nous a placés en qualité d'enfants de Dieu.

Jean 8:37-59
Au ch. 5 v. 45 j 5.43-47, le Seigneur a fait remarquer aux Juifs leur inconséquence: ils se
référaient à Moïse mais ses écrits les accusaient! Ils se réclament ici de leur qualité d'enfants
d'Abraham. Mais leurs œuvres sont celles du diable qui est menteur et meurtrier dès le
commencement. On entend parfois dire: tel père, tel fils (comp. Éz. 16:44 ez 16.44-45), et le
Seigneur confirme que c'est la nature de nos œuvres qui fait reconnaître de qui nous sommes
les enfants (comp. aussi 1 Jean 3:7-10 1j 3.7-10). Il n'y a sur la terre que deux grandes
familles: celle de Dieu et celle du diable. Chacun doit savoir à laquelle il appartient. Le fait
d'être enfants de parents chrétiens ne confère pas plus de droits devant Dieu, qu'à ces Juifs

590
orgueilleux leur titre de descendants d'Abraham. C'est au contraire une responsabilité
supplémentaire.

«Tu as un démon» répètent ces misérables (v. 48 et 52; comp. ch. 7 v. 20 j 7.15-24 et ch. 10 v.
20 j 10.19-21). Et nous admirons la patience du Seigneur Jésus. Devant cet outrage, Il laisse
au Père le soin de revendiquer sa gloire. Il est en cela, encore notre grand Modèle. Notre seule
affaire est de connaître Dieu et de garder sa parole (v. 55).

«Je suis» — déclare Jésus au v. 58. Non pas seulement «j'étais avant Abraham», mais «je suis
éternellement» (comp. Ex. 3:14 ex 3.11-15).

Jean 9:1-16
L'évangile de Jean est celui des rencontres personnelles avec le Seigneur: Nicodème, la
Samaritaine, le paralysé de Béthesda… hommes et femmes de toutes conditions y ont affaire à
Jésus individuellement. Chacun de nous a-t-il eu avec Jésus une entrevue particulière?

Cet aveugle-né illustre notre condition naturelle. Le péché nous rend incapables de percevoir
la lumière de Dieu. Notre vision morale et spirituelle est obscurcie depuis notre naissance.
Dieu doit nous ouvrir les yeux, sur notre état, sur les exigences de sa sainteté, sur le monde…

Ce n'est pas à la suite d'un péché particulièrement grave que Dieu a puni cet homme et ses
parents; mais cette infirmité va être l'occasion pour Jésus de faire briller sa grâce. La boue
qu'Il fait est une figure de son humanité présentée à l'homme. Mais pour voir, celui-ci doit être
lavé: la Parole (l'eau) lui révélant Christ comme l'envoyé de Dieu (Siloé). L'aveugle s'en va
croyant, et il revient voyant. Puis il s'agit de son témoignage. Les voisins, ceux qui le
connaissaient s'étonnent: Est-il possible que ce soit lui? Une conversion ne peut pas passer
inaperçue. La nôtre a-t-elle produit dans notre vie un changement visible par tous?

Jean 9:17-34
L'aveugle guéri constitue pour les pharisiens un témoin gênant de la puissance de Jésus. Ils
cherchent donc d'abord à tirer de lui ou de ses parents un mot qui leur permette de contester ce
miracle. Et quand il leur devient impossible de le nier, ils s'efforcent de rabaisser Celui qui l'a
accompli et de jeter du déshonneur sur Lui (ch. 8 v. 49 j 8.46-50). «Nous savons que cet
homme est un pécheur» (v. 24), affirment-ils, alors que peu auparavant le Seigneur leur avait
posé la question: «Qui d'entre vous me convainc de péché?» (ch. 8 v. 46 j 8.46-50).

Il y a une grande différence entre l'aveugle guéri et ses parents. Ceux-ci tiennent moins à la
vérité qu'à leur position religieuse. Reconnaître Jésus comme le Christ et partager sa rejection
c'est plus qu'ils n'en peuvent supporter. Ils redoutent l'opprobre — et combien leur
ressemblent aujourd'hui! Leur fils au contraire ne s'embarrasse pas de semblables
raisonnements. Les pharisiens ne parviennent pas à lui enlever son humble confiance en Celui
qui l'a guéri. Il est passé des ténèbres à la lumière; ce n'est pas pour lui une théorie ni une
doctrine; c'est un fait, une évidence. «Je sais une chose — dit-il simplement — c'est que
j'étais aveugle et que maintenant je vois» (v. 25). Pouvons-nous le dire avec lui?

Jean 9:35-41; 10:1-6

591
C'est pour son bonheur que l'aveugle guéri est chassé dehors par les pharisiens. Car il y
rencontre Celui qui a été rejeté avant lui et qui est aussi sorti du temple à la fin du chapitre
précédent. Maintenant cet homme va pouvoir faire un grand pas en avant dans la vérité et
connaître non seulement le pouvoir de Jésus, mais sa Personne: Celui en qui il avait discerné
un prophète (v. 17) est «le Fils de Dieu» (v. 35 à 37). Beaucoup se contentent de savoir qu'ils
sont sauvés, mais restent ignorants quant au Sauveur. Peut-être parce qu'ils sont encore
retenus dans les systèmes religieux, n'ayant pas fait l'expérience de la présence du Seigneur
là où Il l'a promise (Matt. 18:20 mt 18.15-20). Tout en prétendant voir clair, ces pharisiens se
laissent aveugler par leur haine et par leur orgueil religieux. Au ch. 8, ils ont rejeté la Parole
du Seigneur; au ch. 9, c'est son œuvre dont ils ne veulent pas. Aussi n'a-t-Il plus rien à faire
avec eux. Il appelle par leur nom ses propres brebis, les mène dehors, va devant elles. Mais
ne peuvent-elles pas se tromper, suivre un étranger qui les égarera? Oh non! Elles ont un
moyen infaillible pour reconnaître Celui auquel elles appartiennent: sa voix bien connue. Est-
elle familière à chacun de nos lecteurs?

Jean 10:7-21
Nous ne trouvons pas de paraboles dans cet évangile. Celui qui est «la Parole» y parle aux
hommes un langage direct. En revanche que de précieuses images et comparaisons le
Seigneur emploie pour se faire connaître à nous! Voyez les passages dans lesquels Il déclare:
«Moi, je suis…» (ch. 6 v. 35, 48, 51 j 6.35-51; ch. 8 v. 12 j 8.12; ch. 10 v. 7, 9, 11, 14; ch. 11
v. 25 j 11.25-26; ch. 14 v. 6 j 14.6; ch. 15 v. 1, 5 j 15.1-5). «Moi je suis la porte des brebis»
dit-Il aux v. 7 et 9. Pour être sauvé, il faut nécessairement entrer par Lui (comp. Éph. 2:18
ep 2.17-22). Mais nous avons aussi besoin d'être conduits. Livrés à nous-mêmes nous
ressemblons à la brebis, animal sans intelligence qui s'égare lorsqu'il n'a pas de conducteur
(lire És. 53:6 es 53.6-7). En contraste avec les hommes salariés, avec les voleurs et les
brigands habiles à dérober les âmes, Jésus se présente donc comme le bon Berger (v. 11 et
14). Et Il en donne deux preuves: La première est le don volontaire de sa vie pour acquérir ses
brebis, témoignage suprême de son amour pour elles, et en même temps, ne l'oublions pas, le
motif souverain donné à l'amour du Père pour lui (v. 17). — La seconde est la connaissance
qu'Il a de ses brebis et, réciproquement, que celles-ci ont de leur Berger (v. 14). Un lien aussi
étroit confirme ses droits sur son troupeau et sur chacun de nos cœurs.

Jean 10:22-42
Avec une entière mauvaise foi, les Juifs questionnent de nouveau le Seigneur: «Si toi tu es le
Christ, dis-le nous franchement» (v. 24). Or non seulement Il le leur a déclaré (par ex. ch. 8 v.
58 j 8.52-59), mais Il le leur a aussi montré (v. 25, 32, 37, 38). Désormais c'est à son troupeau
que son activité sera réservée. Les brebis Lui appartiennent de droit, d'abord parce que le Père
les Lui a expressément données (v. 29), ensuite parce qu'Il les a rachetées. Et les précieux v.
27 et 28 nous disent à la fois ce que Lui fait pour ses brebis: Il leur donne la vie éternelle, Il
les conduit, Il les tient à l'abri dans sa main — et ce qui les caractérise: elles écoutent sa
voix et elles le suivent. N'est-ce pas la juste réponse à son merveilleux amour?

De nouveau les Juifs cherchent à lapider Jésus (ch. 8 v. 59 j 8.52-59), l'accusant maintenant de
blasphème. «Étant homme tu te fais Dieu», prétendent-ils. Telle était en effet l'ambition du
premier Adam et de tous ses descendants: être égal à Dieu. Mais Jésus a suivi le chemin
exactement inverse: «Étant en forme de Dieu…», il a été «trouvé en figure comme un homme,
il s'est abaissé Lui-même» (Phil. 2:6-8 ph 2.5-11).

592
«Beaucoup crurent là en lui» conclut pourtant le v. 42 (comme ch. 8 v. 30 j 8.28-30) pour
devenir ses heureuses brebis.

Jean 11:1-27
Dans leur inquiétude, les deux sœurs de Béthanie ont adressé à l'Ami divin une prière qui peut
nous servir de modèle: «Seigneur, celui que tu aimes est malade» (v. 3). En l'appelant
Seigneur, elles reconnaissent son autorité et ne se permettent pas de lui dicter par exemple:
viens pour le guérir. Elles exposent simplement le cas qui les préoccupe; elles connaissent
aussi son amour et s'y réfèrent. Toutefois cette affection ne décide pas Jésus à aller aussitôt
en Judée, pas plus que les intentions criminelles des Juifs ne l'empêchent de s'y rendre le
moment venu. Il ne se laisse pas, comme nous souvent, emporter par ses sentiments, ni arrêter
par la crainte des hommes. Seule l'obéissance à son Père dirigeait ses pas. Par ce délai, la
gloire de Dieu va briller bien davantage puisque Lazare est déjà depuis quatre jours dans le
tombeau quand Jésus arrive à Béthanie. Nous nous trouvons parfois en présence de personnes
éprouvées par le deuil. Et nous ressentons alors toute l'insuffisance de ce que peut apporter la
sympathie humaine (comme celle des Juifs au v. 19). Mais tout change lorsque les regards se
portent ensemble sur Celui qui est «la Résurrection et la Vie». Alors nous réalisons la pleine
valeur des choses éternelles.

Jean 11:28-44
Marthe discerne que sa sœur est plus capable qu'elle d'entrer dans les pensées du Seigneur.
Elle l'appelle. Mais Marie ne peut que dire elle aussi: «Seigneur si tu avais été ici…» (v. 32;
comp. v. 21 j 11.17-27). Elle ne sait que regarder en arrière, comme beaucoup de personnes
dans le deuil. Jésus, étreint dans son cœur, se fait conduire au tombeau. Et nous le voyons
pleurer. Ne savait-Il pas ce qu'Il allait faire? Certes, mais en présence des ravages de la mort
et de son tragique pouvoir sur l'esprit des hommes, le saint Fils de Dieu est saisi de douleur,
d'effroi, d'indignation (voir note v. 33). Oui, le vainqueur de la mort est là. Mais pour que la
gloire de Dieu éclate devant la foule qui en sera témoin, il faut encore que l'état de corruption
de Lazare soit dûment constaté (v. 39), et aussi que le Seigneur, d'avance, attribue par une
action de grâces son pouvoir à Celui qui l'a envoyé (v. 41, 42). Alors seulement, son puissant
cri de commandement fait sortir du tombeau le mort encore enveloppé de ses bandelettes…
Quel saisissement pour tous les assistants! Quant à nous, retenons la promesse que le Seigneur
fait à Marthe: «Si tu crois, tu verras…» — peut-être pas exactement ce que tu espères, mais
certainement — «la gloire de Dieu» (v. 4 j 11.3-5 et 40).

Jean 11:45-57
Dieu a répondu à son Fils non seulement en ressuscitant Lazare, mais également en amenant
plusieurs témoins de cette scène merveilleuse à croire en Lui (v. 42 fin j 11.38-44; v. 45).
Mais ce miracle, le plus grand de ceux que rapporte cet évangile, et le dernier avant Sa propre
résurrection, est aussi celui qui décide de Sa mort puisque «depuis ce jour-là» ont lieu les
ténébreuses machinations qui aboutiront au crime suprême (v. 53). Les Juifs répondent ainsi à
la question que le Seigneur avait posée (ch. 10 v. 32 j 10.31-33).

Les sacrificateurs font semblant de craindre qu'en suivant Jésus le peuple n'attire l'attention
des Romains ainsi que leurs représailles. Mais c'est au contraire le rejet du Seigneur qui sera,
40 ans plus tard, la cause de la destruction de leur lieu de culte — Jérusalem — et de leur
593
nation par les Romains (v. 48). Dieu permet que la prophétie de Caïphe dépasse infiniment les
pensés de cet homme cynique et méchant. Jésus laissera sa vie pour la nation (car Israël sera
restauré plus tard), mais aussi pour rassembler en un les enfants de Dieu dispersés (v. 52).
Satan ravit et disperse (comp. ch. 10 v. 12 j 10.11-12) tandis que, par Son œuvre, Jésus
rassemble dès ici-bas ceux qui font partie de la famille de Dieu.

Jean 12:1-19
Dans ce tableau touchant de trois versets (1 à 3) sont figurés les différents aspects du culte:
présence du Seigneur, communion, témoignage, saint service, louange. Il ne s'agit pas d'une
fête en l'honneur de Lazare; Jésus est le centre de cette réunion: «On lui fit donc là un
souper». Et le seul titre donné à Lazare pour être à table avec Lui est celui d'un mort qui a
reçu une vie nouvelle (ce qui est le cas de tous les rachetés). Cet homme ne dit rien, ni ne fait
rien; il est là simplement bien vivant, sa présence suffisant à raconter à tous ce que le
Seigneur a fait pour lui. Marthe sert et son activité est ici parfaitement à sa place (en
contraste avec Luc 10:40 lc 10.38-42). Marie, enfin, répand le parfum qui est «d'un grand
prix» aussi pour le cœur du Sauveur et qui remplit la maison, image de l'adoration exprimée
en commun par les rachetés reconnaissants. L'incrédule n'a que mépris pour un tel culte et, au
fond, c'est parce qu'il honore un autre dieu: l'argent (v. 6).

Le v. 10 montre Lazare associé à Jésus comme objet de la haine des hommes.

Puis nous assistons à l'entrée solennelle du roi d'Israël dans la ville de Jérusalem, précédé par
la réputation toute passagère que lui a faite son grand miracle.

Jean 12:20-36
On a retrouvé dans d'anciens tombeaux égyptiens du blé vieux de milliers d'années, qui était
encore capable de germer. Cependant, quel que soit le temps écoulé, et même conservé dans
le plus précieux des vases, ce grain ne pouvait s'y multiplier. Pour que des épis jaillissent,
chargés d'autres grains semblables à la semence, il fallait que celle-ci soit placée dans la
terre, soit sacrifiée. C'est la figure que Jésus emploie pour parler de sa mort. Le désir de le
voir, exprimé par des Grecs, a porté ses pensées sur les conséquences merveilleuses de sa
croix:

  la bénédiction des nations sous la domination universelle du Fils de l'homme,


 beaucoup de fruit (v. 24 fin),
 le jugement de Satan (v. 31),
 tous les hommes attirés à Lui-même (v. 32).

Mais ce que cette heure comporte de souffrances pour Lui passe aussi devant son âme sainte.
Et Il se tourne vers Dieu qui Lui répond du ciel par la promesse de la résurrection (v. 28).

Pour le peuple juif, c'était le crépuscule. La lumière allait disparaître à l'horizon: Jésus allait
les quitter (v. 35; Jér. 13:16 jr 13.15-17). Le jour actuel de la grâce s'achève lui aussi. Le
moment vient où il ne sera plus possible de croire (comp. v. 40 j 12.37-41). Il y a eu pour
Jésus un solennel «maintenant» (v. 27, 31). Pour nous, maintenant est le temps de croire en
Lui.

594
Jean 12:37-50
Ce chapitre 12 termine une grande division de l'évangile. À partir du ch. 13 en effet, le
Seigneur s'adressera exclusivement à ses disciples. Et nous avons ici ses dernières paroles au
peuple. Dorénavant celui-ci sera endurci en tant que nation, conformément à la prophétie
d'Ésaïe. Le v. 11 du ch. 1 j 1.11-13 s'est vérifié: Il est venu chez lui — en Israël — et les siens
ne l'ont pas reçu. Mais le verset suivant s'est lui aussi confirmé. Quelques-uns l'ont reçu et, de
ce fait, ont acquis le droit d'être enfants de Dieu. Même d'entre les chefs, beaucoup ont cru en
Lui sans oser toutefois rendre témoignage de leur foi. Et la raison nous en est donnée: «Ils ont
aimé la gloire des hommes plus que la gloire de Dieu». Nous qui manquons tellement de
courage pour confesser notre foi, demandons-nous si ce n'est pas pour le même motif.

Une dernière fois, Jésus affirme publiquement et solennellement le caractère divin de son
ministère. Il est l'Envoyé de Dieu en même temps que la parfaite image du Père (v. 44, 49;
Héb. 1:3 hb 1.1-4). Pas une de ses paroles qui ne soit l'expression absolue de la pensée divine!
Méditons cet exemple merveilleux et, à notre tour, apprenons de Lui à la fois ce que nous
devons dire, et comment nous avons à parler (v. 49).

Jean 13:1-20
Pour le cœur du Seigneur, sa mort c'était d'abord «passer de ce monde au Père» (v. 1; comp.
ch. 16 v. 28 j 16.28-33). Mais Il laissait ceux qu'Il aimait dans un monde rempli de corruption
et de violence. Et, de même qu'un voyageur marchant sur les chemins a les pieds couverts de
poussière, les croyants, bien qu'ayant «tout le corps lavé» par le sang de la croix (v. 10; Apoc.
1:5 fin ap 1.3-6) sont, par leurs contacts incessants avec le mal, exposés à la souillure, en
pensées, en paroles et en actes. Mais le Seigneur fidèle y a pourvu, car Il veille à la sainteté
pratique des siens. Grand souverain sacrificateur, Il lave leurs pieds, autrement dit, Il les
purifie en les amenant à se juger continuellement à la lumière de la Parole — l'eau — qu'Il
applique à leurs consciences (Éph. 5:26 ep 5.22-27; Héb. 10:22 hb 10.19-22). Eh bien! Ce
service d'amour, nous avons aussi à l'exercer les uns vis-à-vis des autres. Dans l'humilité, en
nous mettant à leurs pieds, nous avons à montrer à nos frères par la Parole en quoi ils ont
manqué, ou quels sont les dangers auxquels ils s'exposent (Gal. 6:1 gl 6.1-5). Chers amis, le
Seigneur ne dit pas: vous êtes bienheureux si vous savez ces choses, mais, les sachant, «vous
êtes bienheureux si vous les faites» (v. 17).

Jean 13:21-38
«Le disciple que Jésus aimait», est le nom que prend Jean dans son évangile. Il connaissait
l'amour du Seigneur pour les siens (v. 1), mais il se savait aussi un objet personnel de cet
amour. Et il l’éprouvait près du cœur de Jésus, place des communications les plus intimes.
Mais c'est un secret terrible que le Seigneur révèle à présent. Il dénonce le traître Judas que
Lui-même connaissait depuis le commencement (ch. 6 v. 64 j 6.60-66). Satan entre alors dans
cet homme qui était prêt à le recevoir et qui s'en va dans la nuit accomplir son affreux forfait.
De nouveau le Seigneur parle de sa croix où sa gloire brillera dans la honte (v. 31), et de sa
résurrection par laquelle Dieu glorifiera Celui qui l'a parfaitement glorifié (v. 32). Mais
comment pourront être dorénavant reconnus ses disciples, puisqu'Il ne sera plus au milieu
d'eux? À un signe certain: leur amour les uns pour les autres (v. 35). Est-ce vraiment ce qui
nous caractérise? Question bien propre à sonder notre cœur!

595
En contraste avec Jean occupé des affections de Jésus pour lui, Pierre fait valoir son propre
dévouement, hélas! sans prendre garde à l'avertissement du Seigneur!

Jean 14:1-14
Au ch. 13 nous avons vu comment le Seigneur préparait les siens à avoir dès ici-bas une part
avec Lui (v. 8 j 13.1-15). Il s'en va maintenant préparer leur place dans la maison de son
Père. Et il faut pour cela qu'il les devance, un peu comme un maître de maison prend ses
dispositions pour arriver chez lui avant ses invités. La Bible nous donne peu de détails sur le
ciel. Mais ce qui en fait un séjour de bonheur, c'est la présence du Seigneur. Et Lui-même
réclame pour sa propre joie la présence des siens avec Lui.

Jésus est le seul chemin pour aller au Père. Il est la vérité, Il est la vie. Il n'avait cessé de
révéler le Père en paroles et en œuvres, aussi quelle peine Lui cause l'ignorance de ses
disciples! Mais ne pourrait-Il pas nous dire aussi quelquefois: Depuis si longtemps que tu
entends parler de moi, que tu lis ma Parole, comment ne me connais-tu pas mieux?

«Quoi que vous demandiez en mon nom, je le ferai», promet le Seigneur (v. 13). «En mon
nom» n'est pas une simple formule, mais implique qu'Il peut être d'accord avec notre
demande. Notre prière devient alors celle de Jésus et Il y répondra nécessairement. Non pas
seulement parce qu'Il nous aime, mais en premier lieu parce que la gloire du Père est en
question. Peut-il y avoir un plus excellent motif?

Jean 14:15-31
Jésus est sur le point de quitter ses chers disciples, mais Il ne les laissera pas orphelins. Il va
leur envoyer une Personne divine pour les consoler, les soutenir, leur venir en aide (v. 16; voir
note). C'est le Saint Esprit qui sera non seulement avec les croyants, mais en eux pour les
instruire (v. 26). Le Seigneur l'appelle: «un autre consolateur» parce que Lui-même demeure
le consolateur céleste, l'avocat auprès du Père (1 Jean 2:1 1j 2.1-2).

Jésus fait encore aux siens trois autres promesses: la vie nouvelle, découlant de la sienne (v.
19), une place particulière dans l'amour du Fils — et du Père — pour quiconque Lui prouve
son affection en gardant ses commandements (v. 21, 23). Et puis la paix, sa propre paix (v.
27). Combien c'est vrai qu'Il ne donne pas «comme le monde donne»! Ce dernier offre peu et
prend beaucoup; il distrait et étourdit la conscience, agissant comme un remède tranquillisant
qui trompe un moment les inquiétudes et les tourments de l'âme; mais ce n'est qu'une illusion
de paix. Celle que Jésus donne, satisfait entièrement le cœur, et elle est éternelle.

Enfin le Seigneur fait comprendre à ses disciples que le vrai amour pour Lui ne devait pas
chercher égoïstement à le retenir ici-bas mais se réjouir de son bonheur à Lui (v. 28).

Jean 15:1-15
Israël était une vigne stérile malgré tous les soins du divin Cultivateur (Ps. 80:9, 10 ps 80.9-
20; És. 5:1-2 es 5.1-7). En contraste, Jésus se présente comme le vrai Cep, portant du fruit par
le moyen des disciples. Mais, de même que sur un pied de vigne tous les sarments sont loin
d'être également chargés, le Seigneur fait une différence entre ceux qui disent le connaître,
suivant qu'ils portent «pas de fruit… du fruit… plus de fruit» (v. 2)… ou «beaucoup de fruit»
596
(v. 5). Pour faire partie de ces derniers, deux conditions sont nécessaires: Demeurer en Lui,
de même qu'une branche reste attachée au tronc nourricier — et Lui en nous, comme cette
même branche qui se laisse traverser et imprégner par la sève qui est sa vie. D'autre part
n'oublions jamais que si le Père nous «nettoie» en nous dépouillant d'une manière parfois
douloureuse, c'est afin que nous portions plus de fruit (v. 2).

Mais que d'autres conséquences heureuses découlent d'une telle communion! La


connaissance de la volonté de Dieu et par suite l'exaucement de nos prières, puisque nous ne
voulons plus autre chose que ce que Lui-même désire (v. 7); la joie (v. 11), enfin
l'approbation inestimable de Celui qui consent à nous appeler ses amis (v. 14).

Jean 15:16-27
Si nos prières ont pour objet du fruit pour Dieu, elles seront toujours exaucées (v. 16). Or en
quoi ce fruit consiste-t-il? Essentiellement dans l'amour des rachetés les uns pour les autres,
et dans ses multiples manifestations. «Je vous commande ces choses…», ajoute le Seigneur,
comme pour suggérer tous les services qui découlent de l'amour. C'est la troisième fois qu'Il
formule ce «commandement nouveau», tant Il y attache d'importance (v. 17; voir v. 12 j
15.12-13 et ch. 13 v. 34 j 13.34-35). Quand l'affection manque entre les membres d'une
famille, n'est-ce pas une chose triste et anormale? À plus forte raison dans la famille de Dieu.
En revanche la haine du monde envers les croyants (dont la conduite juge la sienne) est tout à
fait naturelle et nous devons nous y attendre — à moins que le monde ne trouve quelque
chose de lui à aimer en nous, mais c'est alors un bien mauvais signe.

«L'esclave n'est pas plus grand que son maître» (v. 20), répète ici le Seigneur. Au ch. 13 v. 16
j 13.13-17, c'était en rapport avec le service; ici il s'agit de souffrances.

Ainsi le nom de Jésus «invoqué sur nous» est à la fois un motif pour le monde de nous
manifester sa haine (v. 21) et pour le Père de répondre à nos prières (v. 16 fin).

Jean 16:1-18
Si ce n'était pas le Seigneur qui le déclare, nous aurions peine à considérer son départ comme
«avantageux» pour les disciples. Il en est ainsi de tant de circonstances que nous ne
comprenons pas et qui sur le moment nous affligent, alors qu'elles sont pour notre profit (v. 6,
7). L'Esprit Saint, envoyé du ciel par Jésus, allait conduire les croyants dans toute la vérité (v.
13). On a remarqué que le Seigneur confirme dans ces ch. 14 à 16 l'inspiration de toutes les
parties du Nouveau Testament:

 les Évangiles: Il «vous rappellera toutes les choses que je vous ai dites» (ch. 14 v. 26 j
14.25-27);
 les Actes: «celui-là rendra témoignage de moi» (ch. 15 v. 26 fin et 27 j 15.26-27);
 les Épîtres: «Lui vous enseignera toutes choses» (ch. 14 v. 26 j 14.25-27);
 enfin l'Apocalypse: «Il vous annoncera les choses qui vont arriver» (v. 13).
 Mais la présence du Saint Esprit ici-bas comporte aussi de graves conséquences
pour le monde en le démontrant coupable du rejet de Christ (v. 8 à 11).

Par leurs questions (v. 17, 18), les disciples prouvent combien ils sont incapables à ce moment
de supporter les enseignements de leur Maître (v. 12). Aujourd’hui l'Esprit est là, qui glorifie

597
Jésus en nous annonçant ce qui est à Lui. Quant à nous, glorifions-le en recevant et en gardant
cette révélation!

Jean 16:19-33
Les disciples vont connaître la tristesse de la séparation. Mais Jésus les console par avance en
leur parlant de la joie qui les attend lorsqu'ils le reverront après sa résurrection (ch. 20 v. 20 j
20.19-23). Que de motifs possède le croyant pour se réjouir:

 l'espérance du retour du Seigneur (comp. v. 22);


 l'obéissance à ses commandements (ch. 15 v. 10, 11 j 15.9-12 (avons-nous fait
l'expérience du bonheur qu'elle procure?);
 la dépendance et la réponse à nos prières (v. 24);
 les révélations du Seigneur dans Sa Parole (ch. 17 v. 13 j 17.11-17);
 la communion avec le Père et le Fils (1 Jean 1:3, 4 1j 1.1-4).

Telles sont les sources inépuisables d'une «joie complète».

Pourquoi Jésus préfère-t-Il ne pas dire aux siens qu'Il fera des demandes au Père pour eux (v.
26), alors que tel sera justement l'objet de tout le chapitre suivant? Parce que, bien loin de
revendiquer pour Lui seul les affections des disciples, sa grande pensée est de les mettre en
relation directe avec le Père. Le Seigneur ne promet pas aux siens une vie sans épreuve ni la
paix autour d’eux, mais ils l’auront en eux. Il conclut donc: «Ayez bon courage». Le
monde, notre ennemi commun, est fort, mais moi je l'ai vaincu.

Et c’est par la foi en sa victoire que nous le vaincrons nous aussi (1 Jean 4:4 1j 4.1-6).

Jean 17:1-13
Ayant fait à ses chers disciples ses dernières recommandations et ses adieux, Jésus se tourne
vers son Père. Lui qui n'a jamais rien revendiqué pour Lui-même demande maintenant la
gloire. Car il y va de la gloire de Dieu, le «Père juste» (v. 25 j 17.24-26), d'honorer, en le
glorifiant, le Fils obéissant.

Comme un messager fidèle, Jésus rend compte de sa mission accomplie ici-bas (v. 4). Un des
côtés de cette œuvre avait été de parler du Père aux siens (v. 6 et 26 j 17.24-26). Maintenant
Il parle des siens au Père pour les Lui confier puisque Lui-même va les quitter. Et ses
arguments sont infiniment touchants: «Ils ont gardé ta parole… ils ont cru que toi tu m'as
envoyé», dit-Il (autrement dit: ils ont de l’amour pour moi — ch. 14 v. 23 j 14.23-24), alors
que nous savons combien était faible la foi des pauvres disciples (v. 6 à 8; comp. ch. 14 v. 9 j
14.8-11). — D'ailleurs «ils sont à toi…» (v. 9) continue le Seigneur — comment les
abandonnerais-tu?

«Je suis glorifié en eux», ajoute-t-Il, faisant appel à l'intérêt que le Père porte à la gloire du
Fils.

Enfin, Il souligne la situation difficile de ses rachetés qui sont dans un monde si dangereux et
éprouvant pour la foi, monde que lui-même ne connaît que trop bien. Oui, c'est en parfait
intercesseur que Jésus plaide la cause de ses disciples… et aujourd'hui la nôtre.

598
Jean 17:14-26
Non seulement les croyants ne sont pas retirés du monde (v. 15), mais ils y sont même
expressément envoyés par le Seigneur (v. 18) pour accomplir l'œuvre qu'Il leur a donnée à
faire (comp. v. 4 j 17.4-5). Toutefois ils ne sont pas du monde, comme Jésus n'en était pas.
Leur position est celle d'étrangers appelés à servir leur souverain dans un pays ennemi. Mais
ce chapitre incomparable nous apprend que, loin d'être oubliés ici-bas, les croyants sont portés
au trône de la grâce par un «grand souverain Sacrificateur» (comp. Héb. 4:14-16 hb 4.14-16).
Écoutons ce qu'Il demande au Père pour eux:

 «Que tu les gardes du mal», exposés comme ils le sont dans un tel monde (v. 15).
 «Sanctifie-les par la vérité»: c'est la mise à part de ceux qui obéissent à la Parole.
 «Que tous soient un…»: désir de son cœur qui nous humilie quand nous pensons aux
divisions des chrétiens.
 Enfin: «Que là où moi je suis, ils y soient aussi avec moi…» (v. 24).

Ceux qui ne sont pas du monde ne resteront pas dans le monde. Leur part éternelle est avec
Jésus pour voir Sa gloire. «Je veux…», dit le Seigneur Jésus, car la présence des siens dans le
ciel avec Lui, témoignant des pleins résultats de son œuvre, fait partie de Sa gloire et de celle
du Père.

Jean 18:1-11
Après «la gloire que tu m'as donnée» (ch. 17 v. 22 j 17.22-23), vient «la coupe que le Père
m'a donnée» (v. 11). Dans une entière dépendance, Jésus reçoit l'une et l'autre de la main de
son Père. Mais en accord avec le caractère de cet évangile, nous n'avons pas ici «l'angoisse du
combat» (Luc 22:44 lc 22.39-46). Dans la pensée du Fils obéissant, l'œuvre est déjà achevée
(ch. 17 v. 4 j 17.4-5).

Le misérable Judas sait où conduire la bande armée qui doit se saisir du Seigneur. Car c'est le
lieu de bien des rencontres intimes et précieuses auxquelles lui-même avait participé.

Celui qu'on appelle avec mépris «Jésus le Nazaréen» n'est autre que le Fils de Dieu. Dans la
pleine connaissance de ce qui allait arriver, Il s'avance au devant de cette troupe menaçante.
Et Il donne de sa puissance souveraine une preuve qui aurait permis de le reconnaître d'après
les Écritures (Ps. 27:2 ps 27.1-4): d'une seule parole, Il jette à terre ses ennemis. Mais quelle
est la pensée de son cœur dans ce moment si terrible pour Lui? Encore et toujours ses chers
disciples. «Laissez aller ceux-ci», commande-t-Il à ceux qui sont venus le prendre. Jusqu'au
dernier instant, le bon Berger aura veillé sur ses brebis. Maintenant l'heure est arrivée où Il va
mettre sa vie pour elles (ch. 10 v. 11 j 10.11-15).

Jean 18:12-27
En «se tenant là» et en «se chauffant» avec ceux qui avaient saisi et lié son Maître, Pierre
l'avait déjà pratiquement renié. Choisir volontairement nos compagnies dans un monde qui a
crucifié Jésus, et partager ses délassements, nous expose d'une manière ou d'une autre à
déshonorer le Seigneur. Car nous ne pouvons pas compter que nous serons gardés (en
réponse à Sa prière du ch. 17 v. 15 à 17 j 17.14-17) si nous ne réalisons pas la séparation

599
dont Il parle dans les mêmes versets (ch. 17 v. 16 j 17.14-17). Par son infidélité Pierre
échappe sur le moment à l'opprobre et à la persécution. Comme s'il était «plus grand que son
Maître» qui, Lui, rencontre sans réserve la haine et le mépris des hommes (ch. 15 v. 20 j
15.18-21)! À l’interrogatoire hypocrite du souverain sacrificateur, Jésus n'a rien à répondre. Il
avait publiquement rendu son témoignage. C'est donc à ses juges qu'il appartient à présent de
faire la preuve du mal… s'ils en sont capables!

Cet évangile souligne plus que les trois autres la dignité et l'autorité du Fils de Dieu. Malgré
les humiliations qu'Il doit connaître et la manière dont on dispose de Lui, Il domine
absolument ces scènes, comme celui qui «s'est livré Lui-même à Dieu» en parfait holocauste
(Éph. 5:2 ep 5.1-2).

Jean 18:28-40
En conduisant Jésus au gouverneur romain, les Juifs veillent à ne pas être souillés… tout en
chargeant leur conscience du plus affreux crime jamais commis!

L'apôtre Paul donne en exemple à Timothée «la belle déclaration» du Christ Jésus devant
Ponce Pilate (1 Tim. 6:13 1tm 6.13-16). Quoiqu'il puisse Lui en coûter, le Seigneur affirme sa
royauté, tout en précisant que son royaume n'est pas de ce monde. Ce v. 36 devrait éclairer
tous ceux qui aujourd'hui déploient beaucoup d'efforts, pour établir le royaume de Dieu sur la
terre. L'amélioration progressive du monde pour permettre au Seigneur de venir y régner
n'est qu'une illusion. Si Lui n'a pas produit cette amélioration, n’est-ce pas de l’incrédulité que
de prétendre renouveler cette expérience et y parvenir mieux que Lui?

«Qu'est-ce que la vérité?» demande Pilate. Mais il n'attend pas la réponse. Il ressemble à tant
de personnes que cette question n'intéresse pas… parce qu'elles redoutent au fond d'avoir à
mettre leur vie en accord avec ce qui leur sera répondu. La Vérité était devant Pilate dans la
personne de Jésus (ch. 14 v. 6 j 14.1-7). En vain cherche-t-il à échapper à sa responsabilité en
proposant de relâcher le prisonnier pour la Pâque! D'une seule voix, les Juifs réclament à sa
place la libération du brigand Barabbas.

Jean 19:1-16
Par dérision les soldats revêtent Jésus d'un vêtement de pourpre et d'une couronne d'épines. Et
c'est ainsi que Pilate accepte de le présenter à la populace: «Voici l'homme». — «Crucifie,
crucifie-le», répondent les chefs avec rage. Et ils invoquent un motif nouveau: Il a blasphémé;
Il s'est fait Fils de Dieu. Mais ceci met le gouverneur encore plus mal à l'aise. Ce n'est plus
seulement un roi mais un Dieu qui pourrait être devant lui (v. 7, 8). Pour se donner de
l'assurance, il invoque son pouvoir; mais Jésus le ramène à sa vraie place. Ce magistrat païen
apprend, certainement pour la première fois, par quelle autorité il est établi: non pas celle de
César comme il le pensait, mais celle «d'en haut» (v. 11; Rom. 13:1 rm 13.1-8). Sentant dès
lors qu'il n'a aucune prise sur cet accusé extraordinaire et qu'il est totalement dépassé par son
cas, il voudrait bien le relâcher. Mais les Juifs ne l'entendent pas ainsi et usent d'un dernier
argument: «Si tu relâches celui-ci, tu n'es pas ami de César». Eh bien! Malgré l'avertissement
qu'il a reçu (v. 11), ce n'est pas à Dieu mais aux hommes que le gouverneur va chercher à
plaire et à obéir. Redoutant à la fois le ressentiment des Juifs et le blâme de son souverain,
délibérément il sacrifie l'innocent.

600
Jean 19:17-30
Celui qui, quelques jours plus tôt, était entré à Jérusalem dans toute sa majesté royale, en sort
maintenant «portant la croix». Le même contraste apparaît dans l'écriteau que Pilate place sur
la croix: «Le roi des Juifs», c'est «Jésus le Nazaréen». Il est crucifié entre «deux autres»,
mis au rang des malfaiteurs. Toutefois cet évangile ne nous rapporte pas les outrages subis de
la part des hommes (Matt. 27:39 mt 27.38-44), ni les terribles heures de l'abandon. Tout ici
n'est que paix, amour et obéissance à Dieu. Le v. 25 mentionne la présence et les noms de
quelques femmes. Et Jésus confie sa mère au disciple qui connaît le mieux ses affections.

Remarquons comment, jusque dans les détails, tout doit se dérouler selon l'Écriture: le partage
des vêtements (v. 24), le vin aigre présenté au Sauveur (v. 28; voir aussi v. 36, 37 j 19.31-37).
Alors Lui-même accomplit l’acte ultime de son obéissance volontaire: Il remet son esprit (ch.
10 v. 18 j 10.17-18). Et si quelqu'un pensait devoir encore faire quelque chose pour assurer
son salut, qu'il écoute ces derniers mots de son Sauveur mourant: «C'est accompli» (en grec,
un seul mot: «telestaï», celui qu’on écrivait au bas des factures acquittées). Notre immense
dette envers Dieu est à jamais payée.

Jean 19:31-42
Venus pour achever les crucifiés en leur brisant les jambes, les soldats constatent que pour
Jésus c'est inutile; il est déjà mort. Envers le brigand converti, leur brutalité accomplit la
parole du Seigneur: «aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis» (Luc 23:43 lc 23.39-43).
Mais un des soldats ne craint pas de profaner d'un coup de lance le corps du Seigneur sur la
croix (comp. Zach. 12:10 za 12.9-14). À ce dernier outrage répond un merveilleux signe de
grâce: Le sang de l'expiation et l'eau de la purification coulent de son côté percé.

Puis a lieu l'ensevelissement de notre adorable Sauveur. Dieu a préparé deux disciples pour
rendre au corps de son Fils les honneurs annoncés par les Écritures (És. 53:9 es 53.4-9).
Joseph et Nicodème n'avaient pas eu jusqu'ici le courage de prendre ouvertement position
pour Lui. Mais à présent, réveillés par la grandeur du crime de leur nation, ils comprennent
que garder le silence marquerait leur solidarité. Chers croyants, n'oublions jamais que le
monde dans lequel nous vivons a crucifié notre Sauveur. Nous taire ou nous complaire avec
ses meurtriers équivaudrait à Le renier. C'est au contraire le moment de nous faire connaître
avec courage comme étant Ses disciples.

Jean 20:1-18
La première personne qui se hâte vers le sépulcre dans ce glorieux matin de la Résurrection,
c'est Marie de Magdala, cette femme dont le Seigneur avait chassé sept démons (Marc 16:9
mc 16.9-13). Mais elle a été devancée puisque la pierre est déjà roulée. Elle avertit Pierre et
Jean qui à leur tour courent au tombeau, y trouvent les preuves éclatantes de la résurrection et
s'en retournent chez eux. Marie, elle, ne peut pas s'en aller. Toute à la pensée de retrouver son
Seigneur bien-aimé (v. 13), même la présence des anges ne paraît pas la surprendre.

Jésus ne peut pas laisser une telle affection sans réponse. Mais combien les pensées de Marie
sont dépassées! C'est un Sauveur vivant qui vient à elle, l'appelle par son nom et lui confie un
message de la plus haute valeur. Car «l'attachement personnel à Christ est le moyen d'avoir
une intelligence réelle» (J.N.D.). Jésus charge Marie d'annoncer à ses «frères» que sa croix,
601
loin de l'avoir séparé d'eux, est à la base de liens tout nouveaux. Fait inestimable, son Père est
devenu notre Père et son Dieu, notre Dieu. Jésus nous a placés pour toujours dans ces
relations bienheureuses pour la joie de son propre cœur, pour celle du Père, et pour la nôtre
(Ps. 22:23 ps 22.20-25; Héb. 2:11, 12 hb 2.10-13).

Jean 20:19-31
C'est le soir d'un merveilleux premier jour de la semaine. Selon sa promesse, le Sauveur
ressuscité se présente au milieu des disciples rassemblés (ch. 14 v. 19 j 14.18-24). Il leur
montre dans ses mains et dans son côté les «preuves assurées» que leur paix est faite avec
Dieu (Act. 1:3 ac 1.1-5). Il souffle en eux la vie nouvelle (comp. Gen. 2:7 gn 2.7 et 1 Cor.
15:45 1cr 15.39-50) et les envoie annoncer à ceux qui croient le pardon de leurs péchés (v.
23).

Ce dimanche-là, Thomas était absent. Et lorsque les autres disciples lui annoncent: «Nous
avons vu le Seigneur», son cœur reste froid et incrédule. Combien d'enfants de Dieu se
privent légèrement du précieux rassemblement autour du Seigneur Jésus,… peut-être parce
que, au fond d'eux-mêmes, ils ne croient pas vraiment à sa présence. Thomas représente le
résidu juif qui, plus tard, reconnaîtra en le voyant son Seigneur et son Dieu. «Quelles sont ces
blessures à tes mains?», demandera-t-il (Zach. 13:6 za 13.6-7). Mais la part bienheureuse des
rachetés de la période actuelle est de croire sans avoir encore vu (1 Pier. 1:8 1p 1.3-9). Et
c'est dans ce but que «ces choses sont écrites», non pour être lues seulement, mais pour être
crues. Il faut que notre foi, fondée sur les Écritures, saisisse Celui qui donne la vie et qui est
le Fils de Dieu (v. 31).

Jean 21:1-14
Sept disciples seulement sont au rendez-vous que Jésus leur a fixé en Galilée (Matt. 26:32 mt
26.31-32; 28:7 mt 28.5-8). Et encore, ils semblent avoir oublié l'objet de leur attente. Simon
Pierre, dont le Seigneur avait fait pourtant un pêcheur d'hommes, retourne à son ancienne
occupation. Quoi d'étonnant si «cette nuit-là ils ne prirent rien»? Comment pourrait-il être
fructueux le travail que l'on accomplit selon ses propres pensées et en dehors de la présence
du Seigneur? Il les avait prévenus que, séparés de Lui, ils ne pourraient rien faire (ch. 15 v. 5 j
15.1-8). Mais lorsqu'Il est avec eux tout change. Le côté droit de la nacelle n'a sur le gauche
qu'un unique (mais essentiel) avantage: c'est celui que Jésus leur a désigné. Et c'est la
rencontre avec le Maître qui a tout préparé d'avance pour ses serviteurs fatigués. Il n'a pas eu
besoin de leur poisson (v. 9), toutefois Il ne méprise pas non plus le fruit de leur travail (v. 10)
et l'a exactement compté (v. 11).

Chers amis, que de fois comme ces disciples nous oublions notre grand et prochain rendez-
vous! Que de fois aussi, au milieu de nos circonstances, de nos échecs, comme de nos succès,
nous devrions pouvoir discerner plus vite Celui qui nous parle et reconnaître: «C'est le
Seigneur» (v. 7).

Jean 21:15-25
Il restait au Seigneur à remplir ici-bas un dernier service d'amour à l'égard de son disciple
Pierre. À trois reprises, celui-ci avait renié son Maître. À trois reprises il faut qu'il soit sondé
par une question douloureuse: Tu as prétendu avoir plus d'attachement pour moi que ceux-ci,
602
mais eux ne m'ont pas renié (Marc 14:29 mc 14.27-31). Où est cet amour ardent dont tu
parlais? Je n'en ai pas eu la preuve.

«Seigneur, tu le connais, toi qui lis dans mon cœur» est tout ce que peut finalement répondre
le pauvre disciple. Jésus va-t-Il le mettre de côté? Au contraire, maintenant que Pierre a
perdu confiance en lui-même, il est propre pour le service. «Fais paître mes agneaux…
mes brebis», lui dit le Maître (l'original comporte un diminutif plein de tendresse: mes petites
brebis). En s'occupant de ceux que Jésus aime, Pierre aura de nouveau l'occasion de montrer
son amour pour Lui.

L'Évangile se termine. Mais tout ce qu'a fait, exprimé ou éprouvé la Personne infinie qui le
remplit est d'un intérêt sans prix, et Dieu n'en a pas perdu la mémoire (v. 25). Livres
inépuisables que nous lirons pendant l'éternité. Pour le temps présent, que chaque racheté
retienne avec ferveur et comme un appel personnel, ces derniers mots de son Sauveur: «Toi,
suis-moi».

Centre Biblique, 15 rue Pierre Andron, 33520 BRUGES, FRANCE

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Réflexions sur l’évangile selon Jean


F. B. Hole

Les Réflexions sur les évangiles et les Actes de F.B. Hole ont premièrement paru en anglais
en 1937-1939 dans le périodique « Edification » et en 1940 à 1944 dans le périodique
« Scripture Truth ».

Table des matières :

1 - Chapitre 1

2 - Chapitre 2

3 - Chapitre 3

4 - Chapitre 4

5 - Chapitre 5

6 - Chapitre 6

603
7 - Chapitre 7

8 - Chapitre 8

9 - Chapitre 9

10 - Chapitre 10

11 - Chapitre 11

12 - Chapitre 12

13 - Chapitre 13

14 - Chapitre 14

15 - Chapitre 15

16 - Chapitre 16

17 - Chapitre 17

18 - Chapitre 18

19 - Chapitre 19

20 - Chapitre 20

21 - Chapitre 21

1 - Chapitre 1
L’Évangile selon Jean a été manifestement écrit quelque temps après les trois autres
Évangiles. Matthieu, Marc et Luc avaient chacun raconté, comme Dieu le leur avait indiqué,
l’histoire de Jésus Christ, sa naissance, ses premières années et son entrée dans le ministère.
Jean tient leur récit pour connu, sans quoi ses premiers paragraphes seraient difficilement
compréhensibles. Comme le premier siècle tirait à sa fin, il s’était écoulé suffisamment de
temps pour que se déclenchent des attaques contre la Personne de Christ, la vraie citadelle de
la foi. Des notions philosophiques en partie païennes circulaient, se mêlant à la doctrine, ce
qui aurait pu être désastreux si elles n’avaient pas été réfutées avec l’énergie de l’Esprit de
Dieu. C’est pourquoi cette énergie est déployée dans les écrits de l’apôtre Jean, environ un
quart de siècle après la fin de la course de Paul et de Pierre.

Les premiers chrétiens étaient très troublés par les prétendus « gnostiques », c’est-à-dire
« ceux qui savent ». Nous avons appris à connaître les agnostiques. Ce sont des gens qui nient
qu’une vraie connaissance de Dieu et de ce qui le concerne soit possible. Les gnostiques
étaient à l’opposé : ils prétendaient avoir été « initiés » et avoir la connaissance supérieure.

604
Leurs théories niaient en fait la divinité intrinsèque et la vraie humanité de Jésus. Il y avait
ensuite ceux qui considéraient Jésus et le Christ comme deux personnes différentes. Le Christ
était pour eux un idéal, un état que l’homme pourrait progressivement atteindre. Jésus était
l’homme apparu dans l’histoire, à Nazareth. Le but de l’Évangile selon Jean est de réfuter ces
erreurs.

Avant de considérer le début, il serait bon de lire les deux derniers versets du chapitre 20, car
le dessein de l’Esprit dans cet Évangile y est défini. Les miracles rapportés sont autant de
« signes » qui prouvent que Jésus est le Christ. Il n’y a donc qu’une seule et même Personne.
Les miracles prouvent aussi qu’il est le Fils de Dieu, établissant ainsi sa divinité. En croyant
cette vérité, on a la vie ; en la refusant, on demeure dans la mort. C’est le but de l’Esprit de
Dieu dans cet Évangile ; il sera nécessaire de l’avoir présent à l’esprit tout au long de notre
lecture. Nous verrons que c’est une clé très importante pour découvrir ses trésors.

Les tout premiers mots nous ramènent au moment le plus lointain que notre esprit soit capable
de concevoir, c’est-à-dire le moment où a commencé la première chose qui ait jamais eu un
commencement. Avant cela, il n’y avait que… Dieu. À ce point du « commencement », le
Verbe (la Parole) « était », c’est-à-dire, existait. Il n’a pas commencé à ce moment-là ; il
existait déjà. Son existence éternelle est proclamée, et nous sommes ramenés avant les
premiers mots de Genèse 1. De plus, il était « auprès de Dieu ». Nos esprits s’arrêtent à ce
moment lointain et nous découvrons qu’alors il possédait une personnalité distincte. La Parole
n’est pas un terme général pour désigner la déité, en dehors de toute distinction particulière,
car le fait d’être « auprès de Dieu » établit clairement une place spéciale et distincte.

Ceci étant, l’esprit critique aura tendance à discuter : « Nous ne pouvons donc pas parler de la
Parole (le Verbe) comme étant Dieu au sens propre ou dans le plein sens du terme, même s’il
n’est pas exactement une créature puisqu’il existait avant la création ». Un tel raisonnement
est absolument réfuté par la fin du verset 1 : « la Parole était Dieu ». C’est : Dieu dans son
essence même.

On a essayé d’affaiblir la force de cette déclaration si importante, en la traduisant par : « la


Parole était divine » ou : « la Parole était un dieu », du fait de l’omission de l’article défini
(c’est-à-dire qu’il n’est pas écrit : « la Parole était le Dieu »). Mais ceux qui connaissent le
grec nous disent qu’il n’y a pas d’article indéfini dans cette langue, et que le mot traduit par
« Dieu » est un mot fort, désignant la Déité (*) véritable et absolue. S’il avait été écrit que la
Parole était le Dieu, cela aurait limité la divinité à la Parole et en aurait exclu les autres
personnes de la Déité. Les termes sont choisis avec une exactitude divine : la Parole était
véritablement et absolument Dieu.

(*) Le terme anglais the Godhead est traduit par la Déité, au sens absolu, correspondant au
mot grec Θeoτης qui, dans le Nouveau Testament, se rencontre une seule fois en Colossiens
2:9 : « La plénitude de la Déité habite en lui corporellement ».

Le terme Deity est traduit par divinité quand il exprime le caractère, la nature de Dieu, avec le
sens du mot grec Θeιoτης qui se rencontre une seule fois en Romains 1:20 : « Sa puissance
éternelle et sa divinité se discernent par le moyen de l’intelligence » (Note du traducteur)

605
Le deuxième verset nous ramène aux deux premières déclarations du verset 1. La personnalité
distincte qui caractérise le Verbe (la Parole) n’est pas une forme qui a été prise à un moment
ultérieur. Il avait une personnalité éternelle. Au commencement il était donc « auprès de
Dieu », car cette distinction de personnalité se trouve dans l’essence même de la Déité. Ainsi
quatre points ont été établis au sujet de la Parole : son existence éternelle, sa personnalité
distincte, sa déité intrinsèque, sa personnalité éternelle. Même si nous pouvons apprendre
autre chose au sujet de la Parole, ces quatre points devraient nous inciter à nous courber dans
une humble adoration.

Nous trouvons un cinquième point au verset 3 : il est l’auteur de la création, et cela au sens le
plus complet. Nous en arrivons maintenant aux choses qui ont été faites, c’est-à-dire qui sont
venues à l’existence. Un mot différent est utilisé dans les versets 1 et 2. Le Verbe (la Parole)
n’est pas venu à l’existence : il était, car son existence est éternelle. Mais il a créé tout ce qui
est venu à l’existence, puisqu’il a créé « toutes choses ». Pour ne pas laisser la moindre
possibilité d’erreur, la seconde partie du verset insiste sur ce point. Ce langage est
remarquable, étant donné la science moderne « faussement ainsi nommée », si largement
vulgarisée, qui s’efforce de tout expliquer « sans Lui ». Les incrédules s’attachent à la théorie
de l’évolution, en dépit d’un manque pitoyable de faits sur lesquels l’appuyer ; les preuves
alléguées sont des plus fragiles, parce qu’on l’élimine Lui, en glorifiant l’homme. Mais en
vérité il ne peut être éliminé. Parmi toutes les choses innombrables qui ont reçu l’existence au
commencement, aucune ne l’a reçue sans lui.

Réfléchissons à cela ; nous avons ici l’explication des « cieux qui racontent la gloire de
Dieu » et de la manifestation partielle de Dieu dans la création (Romains 1:19, 20).

La Parole a créé toutes choses. Ainsi la création, dans une certaine mesure, nous donne une
fidèle manifestation de Dieu lui-même et de sa pensée. Nous exprimons nos pensées par des
paroles ; et la signification de ce grand nom, PAROLE, est que Celui qui le porte est
l’expression de tout ce que Dieu est. Les versets 1 et 2 montrent ainsi qu’Il EST, lui-même,
absolument tout ce qu’il dit. La création, quand elle a surgi par la Parole, n’était pas un
fouillis vide de sens, mais une proclamation de la puissance et de la sagesse de Dieu.

Nous arrivons à un sixième point important avec le verset 4. Le Verbe (la Parole) a la vie en
lui-même. En lui, la vie n’est pas une chose reçue ; la vie, au contraire, a son origine en lui, il
possède la vie dans son essence même. En rapprochant cela de tout ce qui précède, nous
saisissons avec quel soin la divinité intrinsèque de la Parole est établie et préservée. Les mots
employés sont simples et précis ; ils sont cependant chargés d’une plénitude de sens divine.
Comme l’épée du chérubin en Genèse 3:24, ils tournoient çà et là pour garder intacte dans nos
esprits la vérité concernant Celui qui est l’arbre de vie pour l’homme. Cet Évangile va bientôt
nous montrer combien la vie du croyant a véritablement sa source en lui. Mais le sujet du
verset 4 est plutôt : « la vie était la lumière des hommes ». Cette question est approfondie dans
les premiers versets de la première Épître de Jean. La vie a été manifestée, et par conséquent
le Dieu qui est lumière est apparu dans la lumière ; le croyant marche dans cette lumière.

La lumière dans laquelle les hommes doivent marcher n’est pas simplement celle de la
création, aussi merveilleuse soit-elle ! C’est la lumière qui a été manifestée dans les mots et
les actions de la Parole. Quand la Parole est apparue, la lumière a brillé ; mais c’est dans une
scène de ténèbres qu’elle s’est manifestée. Nous lisons, en Genèse 1, comment la lumière de
la création a jailli dans les ténèbres par la Parole de Dieu ; en un instant les ténèbres ont
disparu. Ici nous avons une lumière d’un ordre bien plus élevé. Elle apparaît au milieu des

606
ténèbres morales et spirituelles qui ne pouvaient être dissipées que si cette lumière était
vraiment reçue. Hélas ! Elle n’a pas été comprise ! Cependant bien que les ténèbres
demeurent, il n’y avait pas d’autre lumière pour l’homme que « la vie ». Il n’y a pas de
contradiction dans ces affirmations car Jean, comme il le fait souvent, parle ici de choses
abstraites. Il n’est pas encore arrivé au récit historique des événements.

Mais comment se fait-il que la vie qui était dans la Parole ait vraiment brillé dans les ténèbres
et soit devenue lumière pour les hommes ? La réponse se trouve au verset 14. Avant d’arriver
à ce verset, dans les versets 6 à 13, nous commençons à voir les choses d’un point de vue
historique. Jean le Baptiseur entre en scène pour faire ressortir l’importance suprême de la
« vraie lumière ». Ce Jean n’est qu’un homme, né pour être l’envoyé de Dieu ; sa mission
était de rendre témoignage à la lumière. Il est vrai qu’il est désigné comme « une lampe
brillante » dans le verset 35 du chapitre 5, mais le mot employé là est « lampe » plutôt que
« lumière ». Jean a brillé comme une lampe et a témoigné, mais la vraie lumière est Celui qui,
« venant dans le monde, éclaire tout homme ». Cela ne signifie pas que tout homme reçoive la
lumière, ce qui contredirait le verset 5. Jésus n’était pas une lumière pour une partie des
hommes seulement, mais il était plutôt comme le soleil qui rayonne sur le monde entier.
Aucune nation ne pouvait avoir le monopole de la vraie lumière ; dès le début, cet Évangile
porte donc nos pensées au-delà des étroites limites d’Israël.

Dans le reste de ce paragraphe (v. 10-13), de nouvelles déclarations de nature historique


développent et éclaircissent ce qui a été dit aux versets 4 et 5. Nous avons déjà vu que la
Parole est une Personne de la Déité ; sa vie a brillé comme étant la lumière des hommes,
même si c’était au milieu des ténèbres. Il est maintenant ajouté que le monde était le lieu où
régnaient ces ténèbres. Jésus y est entré. Hélas, le monde, qui s’était tellement éloigné, n’a pas
connu Celui qui avait été son Créateur. Dans ce verset encore il ne s’agit pas d’Israël ou des
Juifs, mais du monde. La lumière répandue par les prophètes pouvait être limitée à Israël,
mais non pas le rayonnement de la vraie lumière.

L’apôtre Jean fait souvent mention du monde dans ses écrits. Il emploie un mot que nous
avons adopté quand nous parlons du « cosmos », qui signifie l’univers comme un tout
ordonné. C’est le sens du mot dans ce verset. Quelquefois, dans un sens plus restreint, il
désigne seulement notre monde. En tant que Créateur, Jésus avait fait l’univers comme un
tout ordonné. À un moment merveilleux, il est venu dans notre cosmos d’une manière très
particulière. Il est entré dans ce cosmos plus petit et plus restreint qui s’était perverti et était
devenu étranger à cause du péché. Le monde était si perverti qu’il n’a même pas connu son
Créateur.

Ensuite, de façon plus précise, il est effectivement venu dans une partie assez sombre de ce
cosmos où s’est accompli ce que la prophétie indiquait à son égard. Son propre peuple, Israël,
auquel cette prophétie le rattachait, ne l’a pas reçu. Il a été rejeté car les ténèbres ne pouvaient
pas le comprendre. Mais malgré cela, il y a des exceptions, comme cet Évangile nous le
montrera plus loin. Certains l’ont reçu, croyant en son nom. Ils ne faisaient pas partie des
ténèbres. Leurs yeux ont été ouverts et ils l’ont reçu ; ils ont discerné avec foi la gloire de son
nom. Ils ont alors reçu de lui le droit d’être enfants de Dieu, et non d’être des Juifs meilleurs
ou plus éclairés. Le mot employé ici est sans aucun doute « enfants ». Jean a l’habitude de
l’utiliser, plutôt que le mot « fils » qui est davantage employé par Paul. Le sens est légèrement
différent. Il évoque la même relation heureuse avec Dieu. Le mot « fils » souligne plutôt notre
maturité et notre position dans cette relation. Le mot « enfants » met plutôt en évidence le fait
que nous sommes véritablement nés de Dieu, ayant reçu sa vie.

607
C’est ce qui est souligné ici (v. 13). Le Juif se glorifiait d’être de la race d’Abraham, tout
comme aujourd’hui un homme peut être fier d’être né de sang noble ou même royal. Ces âmes
humbles, qui font exception à la règle en recevant Christ quand il vient, sont nées de Dieu. La
volonté de la chair n’aurait jamais eu de tels résultats, car la chair est fondamentalement
opposée à Dieu. La volonté de l’homme, même celle du meilleur d’entre eux, ne pourrait
produire cela : c’est tout à fait en dehors des pouvoirs de l’homme. Leur naissance venait de
Dieu, c’était un acte divin. Celui qu’ils ont reçu par la foi leur a donné le droit — acte
souverain — de prendre la place que leur a conférée cette naissance.

Comment se fait-il que les âmes pieuses, dont nous avons un exemple en Luc 1 et 2, reçoivent
le Christ à l’instant où il apparaît ? Ce n’est pas parce qu’elles sont de la descendance
d’Abraham. Ce n’est pas non plus parce que la chair en elles est plus noble et qu’elle les
pousse à agir, ou parce qu’elles sont influencées par la forte volonté d’un homme sage. C’est
uniquement parce qu’elles sont nées de Dieu. C’est un acte divin. Quand nous arrivons au
chapitre 10, nous trouvons la même réalité fondamentale exprimée différemment. Lorsque le
Berger est venu à la bergerie, il y a trouvé des âmes qui sont « ses propres brebis » ; elles ont
entendu sa voix et il les a menées dehors. Il y en a là beaucoup qui sont ses brebis parce
qu’elles font partie de sa nation. Elles ne sont pas ses propres brebis au sens où le sont Marie
de Magdala, les disciples, la famille de Béthanie, Siméon ou Anne. Ces personnes nées de
Dieu sont celles qui l’ont reçu.

Au verset 14, nous reprenons maintenant le thème du verset 5 qui nous révèle un septième fait
important concernant le Verbe (la Parole). Il est devenu chair et a habité au milieu de nous.
Les versets 1 et 2 nous disent ce qu’il était éternellement dans son essence. Le verset 14 nous
dit ce qu’il est devenu. Il est devenu chair ; c’est-à-dire qu’il a revêtu une humanité parfaite.
Par ce moyen, les six autres grands faits nous sont devenus accessibles. Celui qui existe de
façon absolue par lui-même n’a pu se faire connaître aux hommes qu’en se mettant
personnellement en relation avec sa créature.

Le fait que le Verbe (la Parole) soit devenu chair garantit non seulement qu’il a revêtu un
corps humain réel (ce que niaient quelques-uns des premiers hérétiques), mais aussi qu’il est
devenu un homme dans tout le sens du terme. Pour le devenir, il a laissé de côté les anges et il
a « pris la semence d’Abraham ». Il est significatif que ce soit dans cet Évangile, qui
commence par une telle affirmation de sa divinité, qu’il parle de lui-même comme « d’un
homme » (8:40). En fin de compte, tout ce que Dieu est se trouve révélé aux hommes dans un
homme. Il a habité au milieu de nous, plein de grâce et de vérité. Le fondement de toute vérité
repose sur la connaissance de Dieu. Si cette connaissance nous était parvenue séparée de la
grâce, elle nous aurait renversés ; mais voici une Personne pleine à la fois de grâce et de
vérité, qui a habité au milieu de nous.

Aux versets 14 et 15 se trouvent deux parenthèses. La première nous dit que les apôtres et
tous ceux « qui l’ont reçu » (v. 12) ont contemplé sa gloire. Ils ont vu une gloire « comme
d’un Fils unique de la part du Père », et non comme celle du Sinaï. C’était la gloire attachée à
la Majesté et à ses justes exigences ; ici c’est la gloire liée à une intime relation d’affection.

La seconde parenthèse introduit brièvement le témoignage de Jean, rapporté plus


complètement quelques versets plus loin. Elle montre qu’il a discerné la préexistence et donc
la gloire divine de Celui à qui il rend témoignage. Historiquement il vient après lui, à la fois
par sa naissance et son entrée dans le ministère, mais il existait avant lui. Il a ainsi pris la
place suprême, la première.

608
Laissant de côté les deux parenthèses, nous lisons : « La Parole devint chair, et habita au
milieu de nous… pleine de grâce et de vérité… car, de sa plénitude, nous tous nous avons
reçu, et grâce sur grâce ». Le résultat pour « nous » qui croyons est de nouveau précisé ici.
Seuls « tous ceux qui l’ont reçu » peuvent vraiment dire : « Nous avons reçu » de sa
plénitude ; mais ceux-là, tous ceux-là peuvent le dire, Dieu en soit béni ! Une plénitude de
grâce et une plénitude de vérité sont la part de chacun, même du plus faible, même s’ils n’en
mesurent jamais la profondeur. L’accent est mis spécialement sur la grâce. Nous avions
besoin de « grâce sur grâce », comme si on l’empilait pour en faire une montagne. La loi a été
donnée par Moïse. Elle exprimait les exigences de Dieu, mais elle n’établissait rien. La grâce
et la vérité sont apparues dans ce monde, et la venue de Jésus Christ les a, de ce fait, établies.

Enfin, Jean a clairement identifié cette Personne, connue parmi les hommes, Celui qui est la
Parole. La Parole devint chair et habita au milieu de nous, pleine de grâce et de vérité ; et
voici, cette plénitude est en Jésus Christ ! Cette préface magnifique à l’Évangile nous a
conduits directement à Jésus.

À ce stade, nous avons un autre aperçu de sa gloire. Il est Celui qui révèle le Dieu qu’aucun
homme n’a jamais vu. Comme le Fils unique qui est dans le sein du Père, il peut pleinement le
faire connaître comme Père. Dans le mot « sein », nous avons une image humaine, mais nous
ne devons pas l’utiliser dans le sens humain. Cette image est utilisée ailleurs dans l’Écriture
pour indiquer la plus proche des relations et l’intimité la plus complète. Le Fils est si
totalement un avec le Père et dans une telle intimité de pensée avec lui, qu’il peut le faire
connaître à la perfection. Notre verset ne dit pas qu’il était, comme s’il y avait un lieu qu’il
aurait pu quitter, mais qu’il est. C’est un présent éternel. Il était, dans l’éternité, il est et sera
éternellement dans le sein du Père. La Parole devenant chair signifie donc la venue de la grâce
et de la vérité et la pleine déclaration de Dieu comme Père.

Les versets 19 à 28 nous donnent le témoignage de Jean, rendu alors qu’il baptisait au
Jourdain. Il est présenté d’une façon tout à fait différente des autres Évangiles. Tout d’abord il
y a le côté négatif. Les chefs religieux sont curieux de savoir s’il est le Christ ou Élie, ou le
prophète dont Moïse a parlé. Son témoignage est ferme ; il n’est aucun de ceux-là. Il est
seulement la voix dont Ésaïe avait parlé, qui crie dans le désert. Son témoignage positif vient
ensuite quand ils l’interrogent sur son baptême. Il y en a Un parmi eux qu’ils ne connaissent
pas, tellement plus grand que Jean qu’il n’est pas digne de délier la courroie de sa sandale. Par
cette image frappante, Jean exprime ce qu’il comprend de la gloire suprême de Celui qui est
sur le point de se manifester.

C’est le commencement du témoignage de Jean. Il se précise et s’affermit dans les versets qui
suivent.

L’incarnation et quelques-unes de ses grandes conséquences nous sont présentées dans la


dernière partie du chapitre. Nous avons en Jean 1 plusieurs des noms et titres du Seigneur
Jésus. Les différents offices et capacités qu’il remplit nous sont aussi dévoilés.

Les grands de ce monde remplissent des fonctions variées… Il n’est donc pas surprenant que
la Parole, faite chair, remplisse de multiples offices et soit à même de s’occuper de services
d’une grande variété et d’une valeur éternelle. Quand nous lisons, au verset 29, la suite du
témoignage de Jean, nous rencontrons le premier de la série. Jésus est « l’Agneau de Dieu qui
ôte le péché du monde ».

609
Jean dit, en substance : « Voilà l’unique sacrifice efficace, qui n’aura jamais à être répété et
qui a une valeur éternelle ». Dans l’Ancien Testament, l’agneau avait été spécialement choisi
comme l’animal destiné aux sacrifices : c’est l’explication du titre utilisé ici. Jésus est
l’Agneau que Dieu a donné. S’il enlève le péché du monde, alors l’œuvre qui est accomplie
est d’une telle grandeur que tout est réglé pour l’éternité. Il n’enlève pas seulement votre
péché, ou le mien, ou celui d’Israël, mais celui du « cosmos » tout entier. La chose est à faire,
et voici « Celui qui la fait ». Quand nous évoquons le péché, nous pensons en général à ses
diverses formes, avec des milliers de détails ; ici il est considéré comme un problème
gigantesque et terrible, qui trouve sa solution finale dans le fait qu’il est ôté. Dieu veut un
« cosmos », — l’univers comme un tout ordonné, —entièrement et éternellement purifié du
péché. Voici Celui qui le réalise par son sacrifice. Il est le sacrifice pour toutes les périodes ;
c’est là le fondement de tout ce qui suit. S’il ne l’était pas, rien ne pourrait nous conduire dans
la voie de la bénédiction et de la gloire.

Jean continue à identifier Jésus comme Celui dont il a parlé auparavant. Il proclame que son
baptême n’a pas seulement pour but la manifestation du résidu fidèle en Israël, mais aussi la
manifestation de l’Agneau de Dieu à Israël. Il a vu le Saint Esprit descendre sur lui comme
une colombe, descendre et demeurer, — non pas descendre et repartir, comme la colombe
lâchée par Noé. Quand il avait reçu sa mission, Jean avait été informé que ce serait le signe
distinctif de Celui dont il serait le précurseur. C’était celui qui ne baptiserait pas seulement
d’eau, mais du Saint Esprit.

En disant cela, Jean présente manifestement Jésus comme celui qui, infiniment grand, apporte
la bénédiction. Comme sacrifice, il ôte le péché du monde. Comme Celui qui apporte la
bénédiction, il le remplit de la lumière et de l’énergie de l’Esprit de Dieu. Il est donc évident
qu’il y a ici les deux aspects d’un ensemble ; et les deux déclarations précédentes ont une
portée très large. Chaque croyant aujourd’hui a ses péchés ôtés et il reçoit le Saint Esprit ;
c’est une infime partie de tout ce que représentent les résultats acquis. Mais ce qui est
envisagé ici, c’est l’œuvre dans sa totalité, considérée de façon abstraite. Les péchés ôtés et le
Saint Esprit répandu sur toute chair ne sont pas encore des faits historiques ; mais nous avons
ici Celui par lequel ces deux choses vont arriver.

La déclaration finale de Jean, au verset 34, est très importante. Le témoignage qu’il avait
rendu aux versets 15 et 27 lui était confirmé. Il avait devant lui le Fils de Dieu et il pouvait
rendre témoignage qu’il est le Fils. Le Saint Esprit est une Personne de la Déité. Voici un
homme qui a cette personne divine à sa disposition, de manière à pouvoir baptiser du Saint
Esprit. Qui est donc cet homme ? Rien de moins que le Fils de Dieu, une autre personne de la
Déité. Nous sommes ainsi amenés immédiatement au sujet qui est le but principal de cet
Évangile (voir 20:31), le Fils était là devenu Homme ; un tel but était rendu possible. Le Fils
de Dieu et la Parole ne sont qu’un.

Le lendemain, Jean rend un témoignage similaire, centré davantage sur la Personne elle-même
que sur son œuvre. C’est encore la personne dans son caractère d’Agneau pour le sacrifice.
C’est lorsqu’il revêt ce caractère qu’il a le plus d’attrait, comme le montre Apocalypse 5.
Cette attraction se fait sentir ici ; deux des disciples de Jean, l’entendant parler ainsi, le
quittent immédiatement pour s’attacher à Jésus. On ne peut rendre de service plus fidèle à
Dieu que de détourner les auditeurs du serviteur humain pour les attacher à Christ. Jean le
Baptiseur fut un serviteur très fidèle.

610
Jésus ne reprend pas les disciples qui désirent être avec lui ; il les encourage plutôt à demeurer
avec lui. Il est non seulement le sacrifice et Celui qui bénit, mais encore le centre autour
duquel tous doivent se rassembler. Les deux disciples avaient découvert cela par une sorte
d’instinct.

Leur action suffit à le placer devant nous sous ce caractère. Bientôt le Seigneur dira : « Si je
suis élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi-même » (12:32). Dans les jours à
venir, cela s’accomplira de façon visible. Mais parmi les multitudes de ce jour futur, André et
l’autre disciple auront l’honneur d’avoir été les premiers à découvrir en Jésus le Centre
désigné par Dieu.

Le verset 42 nous montre que ce qu’André a entendu lui a révélé que Jésus était le Christ
(Nous devons à nouveau penser à la fin du chapitre 20). Jésus est Celui qui baptise de l’Esprit
Saint, par conséquent il est le Fils de Dieu. Il est le Centre désigné par Dieu, donc le Christ.
La première chose que fait André est de chercher son frère Simon. Il lui fait part de ce qu’il a
trouvé, et ainsi « il le mena à Jésus ». Il est souvent arrivé depuis, que l’homme le plus
énergique et le plus remarquable a été amené au Seigneur par quelqu’un de très ordinaire.
Autant que nous le sachions, c’est la chose la plus remarquable qu’André ait faite.

Simon est toujours prompt à parler, et parmi les disciples il est habituellement le premier à
s’exprimer ; mais quand il est amené à Jésus, ce n’est pas lui qui a le premier mot. Jésus
montre aussi qu’il connaît son nom et sa filiation et lui donne un nouveau nom. Comme nous
le voyons pour Daniel et ses trois amis, les grands rois affirment que des serviteurs ou des
esclaves leur appartiennent, en changeant leur nom. Quand Simon vient à Jésus, Celui-ci
affirme de la même manière son droit sur lui. Mais il fait plus que cela en lui donnant un nom
qui signifie « une pierre », car il se l’attache pour l’édifice qu’il a en vue. Pour le moment,
Simon ne sait rien de cela. Effectivement Simon, d’après le récit, n’a rien à répondre. Ce que
le Seigneur a en vue et ce qu’il dit est de toute importance.

Reportons-nous seulement à 1 Pierre 2 et nous verrons que Simon a compris et qu’il a quelque
chose à nous dire à ce sujet. En venant à Christ, la Pierre Vivante, il est devenu une pierre
vivante pour l’édification de la maison de Dieu qui se poursuit à l’époque actuelle. Comme il
nous le montre dans ce chapitre, ce qui était vrai pour lui, l’est aussi pour nous lorsque nous
venons à la Pierre Vivante, chacun à notre tour. Jésus se révèle alors clairement comme Celui
qui bâtit la maison de Dieu, dans la manière dont il rencontre Simon. Ni Simon lui-même, ni
les autres ne l’ont saisi à ce moment-là. C’est un autre aspect du ministère de Jésus.

Jésus lui-même prend l’initiative de trouver Philippe (v. 44). Il se présente par ces mots :
« Suis-moi ». Ces deux mots sont évidemment suffisants. Ils le désignent à Philippe comme
Celui qui conduit et qui a le droit de demander l’obéissance loyale de tous et de chacun.
Philippe le suit et, même s’il n’a pas encore beaucoup de connaissance, il se met à chercher
d’autres âmes. Il peut seulement parler à Nathanaël de « Jésus, le fils de Joseph, qui est de
Nazareth ». Il donne ainsi un nom ni très élevé ni très exact à Celui qu’il venait tout juste de
commencer à suivre. Cela conduit Nathanaël, dès le départ, à avoir des préjugés à l’égard du
Seigneur, mais cela suffit pourtant à l’amener à un entretien avec lui.

De nouveau Jésus prend l’initiative. Par sa première exclamation concernant Nathanaël, il se


révèle lui-même comme Celui qui sonde les cœurs des hommes : Voilà un Israélite, non pas
sans péché, mais sans fraude, c’est-à-dire sans tromperie ni malhonnêteté ; voilà un homme
droit et honnête dans son esprit devant Dieu. Jésus le sait comme le montre sa réponse à la

611
question étonnée de Nathanaël : « D’où me connais-tu ? » Le Seigneur se révèle comme le
juge de tous. Il est Celui devant qui tous les hommes sont nus et découverts et qui peut mettre
tout homme à sa vraie place. Nathanaël est venu pour voir Jésus de Nazareth et il découvre
quelqu’un qui sait tout à son sujet et qui lit en lui comme dans un livre ouvert. Qui donc est ce
Jésus ?

La réponse de Nathanaël nous est donnée au verset 50. Nous sommes ramenés à ce verset du
chapitre 20 dont nous avons déjà parlé. Jésus est « le Fils de Dieu » et il est aussi « le Roi
d’Israël ». En tant qu’Israélite sérieux et pieux, Nathanaël attendait le Roi, et il aurait eu
tendance à faire de ce point-là le point capital. Mais évidemment en présence de « celui qui
juge les hommes et sonde les cœurs », tout l’accent est mis sur le fait qu’il est nécessairement
le Fils de Dieu, et donc le Roi d’Israël. Remarquez ensuite au verset 51 que Jésus accepte
l’hommage de Nathanaël : il ne le trouve pas déplacé, car c’est un fruit de la foi. En entendant
les paroles de Jésus, il croit et rend hommage.

Au verset 51 il semble qu’il y ait un contraste entre entendre et voir. Ce que nous entendons
produit la foi, mais un jour viendra où nous verrons des choses plus grandes que celles que
nous avons entendues. Lorsque la foi sera changée en vue, nous aurons devant les yeux le Fils
de l’Homme comme grand administrateur de l’univers de Dieu, cette sphère de lumière et de
bénédiction. Les anges auront leur place de serviteurs, mais chacun de leurs mouvements sera
réglé et accompli sous sa direction. Il remplira cet office comme Fils de l’Homme selon la
prophétie du Psaume 8. En effet ce Psaume parle de lui comme ayant été fait « de peu
inférieur aux anges », mais ceci à cause de la mort qu’il a soufferte, comme nous le dit
Hébreux 2. Il parle aussi de sa domination sur les œuvres de l’Éternel sur la terre et dans la
mer. Notre verset de Jean 1 montre que les anges lui seront soumis. Le chapitre 2 des Hébreux
va plus loin en disant que l’expression « toutes choses lui étant assujetties » signifie que Dieu
n’a « rien laissé qui ne lui soit assujetti ». Le Fils de l’Homme dominera sur les cieux aussi
bien que sur la terre.

Avant de quitter le premier chapitre, retenons que nous n’avons pas seulement ces aperçus des
différents offices remplis par la Parole devenue chair, mais aussi que ses principaux titres sont
mis en lumière : Jésus ; le Messie ; le Christ ; le Fils unique ; l’Agneau de Dieu ; le Fils de
Dieu ; Jésus de Nazareth ; le Roi d’Israël ; le Fils de l’Homme. Le chapitre entier est
semblable à une mine richement striée de ces filons d’or.

2 - Chapitre 2
Ce chapitre commence par l’expression : « Et le troisième jour ». Si nous retournons en
arrière, nous voyons que le deuxième jour est celui où Philippe a été trouvé, et le premier
celui où André et son compagnon ont découvert leur Centre en Jésus. Ces jours peuvent être
considérés comme des types. Le premier est celui où l’église est rassemblée autour de Christ.
Le second est celui où il est reconnu comme Fils de Dieu et Roi d’Israël par le résidu fidèle
d’Israël. Le troisième est celui de la félicité et de la joie millénaires, fruits du règne du Fils de
l’Homme sur toutes choses.

Lors des noces de Cana, aucune gloire extérieure ne signale la présence de Jésus. Ses disciples
sont là ainsi que sa mère. Il montre bientôt, par la réponse faite à sa mère, que ce n’est pas elle
qui prend les initiatives, mais lui. Il fait voir aussi que son heure n’est pas encore venue : ni
612
l’heure de ses souffrances, ni l’heure de sa gloire quand « toutes choses » seront à sa
disposition. Toutefois, très vite il manifeste sa gloire en montrant que c’est lui qui dispose de
l’eau, et qu’il peut en faire ce qui lui plaît. Il change l’eau de purification en vin de joie. C’est
là le commencement de ses miracles ou signes, et ce signe annonce le résultat final de son
œuvre. Il ne peut y avoir de joie durable que sur la base d’une purification qu’il introduit lui-
même. La joie qui jaillira enfin au jour des noces d’Israël purifié sera au-dessus de toutes les
autres. Le « bon vin » est gardé jusqu’à ce jour. Ce signe qui manifeste sa gloire fortifie la foi
de ses disciples et peut fortifier la nôtre.

Après quelques jours passés encore en Galilée, Jésus monte à Jérusalem pour la Pâque. Tout
cela s’est passé avant que Jean soit jeté en prison, donc avant le début du ministère public du
Seigneur comme les autres évangélistes le rapportent. La scène qui se passe au Temple,
racontée ici, se déroule donc tout au début du ministère du Seigneur. Il est au cœur de la scène
quand il arrive au temple ; et là, au centre même, la nécessité d’une œuvre de purification
devient tout à fait évidente. La maison de Dieu, son Père, a été changée en une maison de
trafic, — un lieu de commerce et de profit mondain.

Cela illustre comment les dispositions bienveillantes de la loi pouvaient être et ont été
corrompues pour servir les convoitises de l’homme. Il y avait des instructions en
Deutéronome 14:22-26 : les Juifs pouvaient prétendre qu’ils ne faisaient que ce que la loi
autorisait. La loi permettait d’apporter de l’argent pour acheter ce dont ils avaient besoin. En
revanche, elle n’approuvait pas les pratiques de cupidité qui avaient été introduites,
transformant la maison de Dieu en un centre de commerce. Ce sont les mêmes pratiques que
l’on voit de nos jours. Il y a, dans les lieux de pèlerinage, des étals où les gens achètent au
prix fort cierges et autres marchandises !

Le Seigneur n’a pas encore renié le Temple. Il le traite comme la maison de Dieu et il est
rempli de zèle pour elle. Personne ne peut lui résister quand il est armé de son fouet de
cordes ; les trafiquants doivent pour le moment s’en aller. Les Juifs, cependant, contestent ce
qu’il fait et demandent un signe, comme si l’irrésistible autorité de son action n’était pas un
signe suffisant. Il répond en leur donnant le signe suprême de sa propre mort et de sa
résurrection, seulement voilé sous un langage symbolique. De fait, il allait désormais, dans sa
personne même, remplacer le Temple comme demeure de Dieu. Son corps est un « temple »
bien plus merveilleux que celui qui avait été édifié sur le Mont Morija. La Parole devenue
chair a habité au milieu de nous, et ainsi « Dieu était en Christ » d’une manière beaucoup plus
profonde et intime. La plénitude de la Déité habitait en Lui. Le Temple avait rempli un certain
office en Israël, mais il remplit maintenant cet office d’une manière tout à fait nouvelle.

Dès le début de cet Évangile, Jésus est considéré comme rejeté. Il prend acte, ici, de l’hostilité
implacable des Juifs. Ses paroles annoncent qu’ils mettront tout en œuvre pour le faire mourir.
Ils détruiront, pour autant que ce soit en leur pouvoir, le temple de son corps ; mais en trois
jours il le relèvera. Remarquez comment il dit que c’est lui qui le fera. Il est également vrai,
bien sûr, que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts ; mais au chapitre 10, il se présente de
nouveau comme l’auteur de sa propre résurrection. Ce fait est en rapport avec l’Évangile qui
nous le présente comme la Parole qui était Dieu et qui devint chair. De tous les signes qu’il a
donnés, sa résurrection était le plus grand.

À ce moment-là personne ne le comprend, pas même ses disciples. C’est un autre caractère de
l’évangile de Jean. Il est continuellement incompris de ses amis comme de ses adversaires. Ce
n’est qu’après sa résurrection et le don du Saint Esprit qui l’a suivie que les disciples ont saisi

613
la vraie signification de ces choses. Mais cela non plus n’est pas surprenant. Si le Verbe (la
Parole) devient chair, il est vrai qu’il nous parlera avec des mots humains, mais il parlera
aussi des choses élevées qu’il connaît puisqu’il est dans le sein du Père. De ce fait, ses
déclarations doivent avoir une profondeur insondable, une profondeur que seul l’Esprit Saint
peut révéler.

Quand le Seigneur parle de façon imagée de sa résurrection, personne ne comprend ses


paroles, cependant les œuvres qu’il réalise avec puissance ont un effet sur de nombreuses
âmes. Les versets qui terminent le chapitre 2 montrent que des miracles peuvent produire une
certaine « croyance ». Beaucoup à Jérusalem à cette époque auraient souscrit au dicton :
« Voir, c’est croire ». La croyance produite par la vue de faits indéniables n’est cependant pas
la foi donnée par Dieu et qui sauve. C’est une simple conviction intellectuelle qui, lorsqu’elle
est mise à l’épreuve, s’effondre facilement. C’est ce que nous pourrons voir au verset 66 du
chapitre 6.

Pour le moment la situation à Jérusalem peut sembler pleine de promesses, mais Jésus lit sous
les apparences et l’Évangéliste saisit l’occasion pour nous le dire. Il déclare à la fois que Jésus
« connaissait tous les hommes » et qu’il « connaissait ce qui est dans l’homme ». Il redit à peu
près la même chose au verset 64 du chapitre 6 ; mais cette expression dans notre chapitre est
la première d’une série de remarques qui nous dévoilent l’omniscience de notre Seigneur.
Cette expression est tout à fait en rapport avec le caractère de cet Évangile. Jésus lui-même,
qui connaissait ces hommes, ne se fiait pas à eux. Le mot traduit par « se fiait » est le même
que celui traduit par « crurent » dans le verset précédent. Cela nous aide à voir que la foi
véritable n’est pas une simple conviction intellectuelle, mais le fait de s’abandonner, avec
confiance et simplicité, à Celui en qui on croit.

3 - Chapitre 3
Ce chapitre commence par le mot « mais ». Nicodème fait partie de ceux qui sont
impressionnés par les miracles, mais il y a quelque chose de plus en ce qui le concerne. Les
miracles auxquels il a assisté ont conduit ses pensées vers Dieu et c’est Dieu qu’il cherche. La
recherche habituelle de Dieu menait au temple, et c’est ce que Nicodème aurait fait de jour. Il
choisit une voie qui était inhabituelle, cherchant à s’entretenir avec ce « docteur venu de
Dieu », qui n’est pas reconnu par tous ; c’est pourquoi il le fait de nuit. Il est lui-même chef et
docteur en Israël, et il admet que tout ce dont il a besoin pour lui-même, c’est d’être
davantage instruit. Ce n’est pas peu de chose pour ce fier Pharisien de prendre la place d’un
humble élève !

Le Seigneur l’aborde tout de suite avec cette déclaration importante et catégorique concernant
la nécessité absolue de la nouvelle naissance. Sans cela personne ne peut même voir le
royaume de Dieu. Il peut voir les miracles et les signes, mais il ne peut pas voir le royaume.
Nicodème a besoin de la nouvelle naissance et non d’être enseigné. Il se montre en effet
incapable, dès le début, de comprendre les paroles du Seigneur et illustre ainsi leur vérité. Il
n’y voit rien d’autre qu’une référence à la naissance naturelle et cela le laisse perplexe, ce qui
introduit une deuxième déclaration catégorique qui va encore plus loin. Il ne faut pas
seulement voir le royaume, mais y entrer, et pour cela il faut être né d’eau et de l’Esprit.

614
Ce qui s’impose, c’est une nouvelle naissance et non pas seulement une nouvelle conduite ou
de nouveaux principes pour les actions ; cela signifie donc une origine entièrement nouvelle.
L’origine et la généalogie de Nicodème étaient parmi les meilleures, puisqu’il était issu de la
véritable race d’Abraham. De plus il avait acquis toute la culture possible dans la religion
juive. Si lui, un fils d’Abraham cultivé, a besoin d’une nouvelle naissance, cela signifie alors
que toute chair, même celle d’Abraham, est condamnée devant Dieu. Le fait que la nouvelle
naissance soit nécessaire à tous place la sentence de condamnation sur nous tous. Par notre
première naissance, nous descendons d’Adam et nous participons à sa vie et à sa nature. Ce
n’est qu’en passant par la nouvelle naissance, qui nous introduit dans une autre vie et une
autre nature, que nous pouvons voir le royaume ou y entrer.

Les paroles du Seigneur au verset 5 font clairement référence à la prophétie d’Ézéchiel 36:24-
32. Elle prédit la purification profonde et fondamentale qui atteindra Israël au début du
millénium. Dieu, alors, répandra de l’eau pure sur eux, leur donnant « un cœur nouveau ». Il
placera en eux « un esprit nouveau », puis il mettra son Esprit au-dedans d’eux. Il en résultera
que tout leur être sera rendu si pur qu’ils auront horreur d’eux-mêmes, de leur corruption
d’autrefois. Alors Dieu les bénira. Ce passage ne nous donne pas toute la vérité à ce sujet,
mais il en dévoile une si grande partie que Nicodème n’aurait pas dû être surpris par ce qu’il
entendait. Comme maître en Israël il aurait dû connaître ce qu’Ézéchiel avait dit !

La loi ordonnait un grand nombre d’aspersions, en général de sang, mais quelquefois d’eau
(Nombres 8 et 19). On appliquait par aspersion le sang ou l’eau. L’eau est le grand agent de
purification. Ézéchiel emploie ces images familières pour enseigner que Dieu appliquerait son
agent de purification à Israël pour leur renouveau spirituel. Son agent de purification est sa
parole, comme nous l’indique le Psaume 119 au verset 9.

Nous trouvons donc ici que le Seigneur, dans ses toutes premières déclarations, relie son
enseignement à ce qui avait été révélé par Ézéchiel ; en même temps il confirme et développe
la vérité. Cependant nous avons des révélations supplémentaires à ce sujet dans les épîtres.
Nous devons, de plus, nous souvenir que ce que nous lisons à ce sujet aux versets 12 et 13 du
chapitre 1 a été écrit par l’apôtre Jean des années après qu’une pleine lumière a été donnée sur
le sujet. Jésus affirme à Nicodème que la nouvelle naissance est une nécessité qui s’impose à
toute âme qui veut voir le royaume ou y entrer ; l’Esprit en est l’agent actif, et l’eau de la
Parole, l’agent passif. La condition des hommes est telle que rien de moins fondamental et
radical qu’une nouvelle naissance ne suffira.

Il affirme aussi que la chair reste toujours chair, et que ce qui est né de l’Esprit participe de sa
nature et reste esprit. Le verset 6 établit de façon très claire que les deux natures sont
totalement distinctes et ne se fondent jamais l’une dans l’autre. L’expression, souvent répétée
en Genèse 1, s’applique ici : « selon son espèce ». Il n’y a pas plus de trace d’évolution ici
qu’en Genèse 1 ; aucune culture prolongée ou sélection naturelle ne peut transformer la chair
en esprit.

Le sujet de la nouvelle naissance a suscité beaucoup de discussions et de controverses qui


auraient pu être évitées si on avait accordé au verset 8 suffisamment d’attention. Le mot grec
pour « vent » et « esprit » est le même. Comme le vent, l’Esprit est invisible, et on ne peut le
saisir qu’en l’entendant dans la parole qu’il donne, ou en ressentant les effets de ses
interventions. Comme le vent, aussi, il n’est pas soumis à notre autorité, et ses actions
dépassent largement toutes nos pensées. La même chose s’applique à tous ceux qui sont
esprit, étant nés de lui. Toutefois il y a certainement, au sujet de la nouvelle naissance et de

615
ceux qui sont nés de nouveau, des éléments que nous ne comprenons pas ; par conséquent nos
raisonnements peuvent être facilement vains ou même faux.

Au verset 11 nous avons, pour la troisième fois dans notre chapitre cette expression d’une
importance particulière : « En vérité, en vérité ». Nicodème doit constater pour lui-même que
le Seigneur ne parle pas comme un simple prophète. Jésus a, en lui-même, une connaissance
parfaite des choses dont il parle ; il a effectivement vu ce dont il rend témoignage. Il est
toujours « dans le sein du Père », comme indiqué précédemment. Néanmoins son témoignage
n’est pas reçu par l’homme sans l’action de l’Esprit de Dieu. Et de quoi témoigne-t-il ? Il a
parlé de vérités dont Ézéchiel a annoncé la nécessité en vue de la bénédiction terrestre
pendant le millénium ; il a développé la prophétie d’Ézéchiel, et Nicodème est là, plein
d’hésitation et de doute ! Il doit encore parler des vérités liées aux desseins de Dieu pour le
ciel ; ces choses sont-elles susceptibles alors d’être reçues par la foi ?

Les réalités célestes, du fait de leur nature, ne peuvent qu’être totalement inaccessibles aux
hommes. Leurs pieds foulent la terre, qui leur est familière, mais ils ne sont jamais allés au
ciel. Voilà que se présente Quelqu’un d’entièrement compétent pour révéler les réalités
célestes. Nous sommes placés devant un paradoxe étonnant : Jésus est descendu du ciel,
toutefois il était dans le ciel. Cependant, si nous nous souvenons du début de l’Évangile, le
paradoxe disparaît. Voici la Parole qui était Dieu et qui est devenue chair. En devenant chair,
il est certainement descendu du ciel sans, pour autant, jamais cesser d’être Dieu qui est dans le
ciel. Mais il dit : « Le Fils de l’Homme qui est dans le ciel ». C’est vrai, et nous devons en
conclure que nous ne sommes pas libres de disserter sur sa personne avec notre intelligence
comme certains ont tendance à le faire. Nous ne devons pas dire : « Dans cette position, il est
complètement comme Dieu » ; ou bien : « Cela, il l’a fait entièrement comme Homme ».
Nous pouvons faire une distinction, bien sûr, mais nous ne devons pas séparer ! Même dans
son humanité, sa personnalité est une et indivisible. De ce fait, le Fils de l’Homme est Celui
qui parle avec une compétence parfaite des réalités célestes. Quelle différence avec tous ceux
qui l’ont précédé !

Après avoir mentionné les réalités célestes, le Seigneur enchaîne immédiatement en


annonçant l’événement important qui doit avoir lieu avant qu’elles soient mises à la
disposition des hommes et qu’elles soient pleinement révélées. Cet événement a eu comme
type le serpent d’airain dans le désert ; il a été élevé comme le Fils de l’Homme l’a été sur la
croix. C’est l’œuvre accomplie pour nous, en dehors de nous-mêmes. La nouvelle naissance
est une œuvre accomplie en nous. Dans les deux cas Jésus emploie l’expression : il faut ; car
les deux œuvres sont indispensables si nous devons avoir une relation heureuse avec Dieu. La
mort du Fils de l’Homme, comme sacrifice, est pour l’homme le seul moyen d’accéder à la
vie éternelle. C’est un moyen accessible à « quiconque croit en lui » ; c’est-à-dire par la foi.

Les versets 16 et 17 commencent tous les deux par « car », et sont donc étroitement liés aux
versets 14 et 15. Nous découvrons que ce Fils de l’Homme, descendu du ciel et cependant
encore dans le ciel, élevé sur la croix, est le Fils unique que Dieu a donné. Cela correspond
d’une manière frappante à Romains 8:3, où se trouve exposée aussi la vérité symbolisée par le
serpent d’airain. Moïse a fait le serpent d’airain à la ressemblance des serpents brûlants qui
avaient causé bien du mal. Dieu, de la même manière, a ainsi envoyé son propre Fils, en
ressemblance de chair de péché, afin que le péché dans la chair puisse être condamné dans son
sacrifice pour le péché. Le péché habitait dans notre chair, dominant et corrompant notre
ancienne vie. Nous avons la vie éternelle en croyant en Jésus, le Fils de Dieu. Mais le
fondement de cette vie repose sur le fait que Dieu a condamné le péché à la croix. C’est là que

616
la puissance qui dominait notre ancienne vie et agissait en elle a été condamnée, et c’est le
gage qu’elle sera un jour enlevée à jamais. C’est sur cette base que la vie éternelle est donnée.

L’amour de Dieu est révélé par le don du Fils unique. C’est un amour qui n’embrasse pas
seulement Israël, mais le monde. La grâce annoncée dans cet Évangile franchit les étroites
limites d’Israël d’une façon surprenante. Dans les premiers versets, nous avons vu que « la vie
était la lumière des hommes », et non pas celle d’Israël seulement. Nous avons trouvé aussi
que la vraie lumière « éclaire tout homme ». Ici, « Dieu a… aimé le monde », et le don du Fils
est la mesure de l’amour. De plus, le terme « fils unique » exprime la place suprême et
exclusive qu’il occupe dans l’amour de Dieu. Le type d’Abraham et d’Isaac nous aide à
comprendre. Hébreux 11 nous dit qu’Abraham a offert « son fils unique », bien qu’en réalité
il ait déjà Ismaël à ce moment-là et qu’il ait eu beaucoup d’autres fils par la suite. Cependant
Isaac était seul et unique dans le dessein de Dieu et dans l’affection d’Abraham. C’est avec la
même force que ce terme est employé au sujet du Fils de Dieu, pour mettre en relief dans nos
esprits la grandeur du don de Dieu. Dieu a donné Celui qui occupe une place suprême et
unique dans ses affections.

Le verset 17 apporte une pensée supplémentaire. Comme l’indique le verset 16, la mort est la
fin de la course que le monde poursuit. Le jugement et la condamnation la suivent. Périr, c’est
rester pour l’éternité sans relation avec Dieu, totalement séparé de lui, c’est-à-dire dans un
état de mort éternelle. La vie est donc une nécessité urgente pour les hommes. Le don du Fils
unique offre la possibilité à celui qui croit en lui d’avoir non seulement une forme de vie,
mais « la vie éternelle ». C’est une vie d’une qualité divine et incomparablement
merveilleuse. De même, la venue du Fils dans le monde n’a pas non plus pour but la
condamnation, que la loi de Moïse avait déjà apportée avec beaucoup de force ! Il est venu
pour sauver. Les Israélites fidèles attendaient la venue d’une « corne de délivrance, dans la
maison de David », qui les sauverait de leurs ennemis (voir Luc 1:68-71). Il y a ici quelque
chose de beaucoup plus grand. C’est la délivrance du péché et de ses conséquences, et elle
s’étend au monde entier.

Le Fils de Dieu n’est pas venu sur la terre dans le but de condamner ; cependant sa présence
ici, puisqu’il est la Lumière, a indirectement amené la condamnation. La lumière manifeste
tout et met ainsi tous les hommes à l’épreuve. La lumière agit en éclairant et en révélant ; dans
sa présence l’homme réagit de deux façons. S’il fait des choses mauvaises, il aime les
ténèbres et hait la lumière, car elle le condamne. S’il pratique la vérité, il accueille la lumière
et vient à elle. Les versets 18 à 21 déclarent que « celui qui croit en lui » pratique la vérité,
alors que « celui qui ne croit pas » fait le mal. L’un vient à la lumière et il n’y a pas de
condamnation pour lui ; l’autre demeure dans les ténèbres, ce qui suffit à le condamner. Il n’a
pas cru, bien que la lumière soit apparue lorsque le Fils de Dieu est venu. C’est suffisant, et il
n’est pas nécessaire d’attendre l’arrivée du véritable jour de jugement. Il est déjà condamné.

Les versets 22 à 24 précisent clairement que les événements décrits ici ont eu lieu avant que
Jean soit jeté en prison. Cela correspond au moment où commence le ministère public du
Seigneur d’après Matthieu 4:12, Marc 1:14, Luc 3:20. Pendant une courte période, le baptême
a été administré à la fois par le Seigneur (par le moyen des disciples ; voir 4:2) et par Jean.
Certains Juifs saisissent l’occasion pour informer Jean de cette activité du Seigneur, comme
pour l’inciter à la jalousie. Si tel était leur but, ils ont échoué complètement.

Avec fidélité et une vraie humilité, Jean reste à sa place de serviteur de Dieu, qui n’a rien
qu’il n’ait reçu du ciel. Les juifs sont obligés de rendre témoignage qu’il n’a jamais prétendu

617
être le Christ. Il a affirmé qu’il était le précurseur du Messie ; il est aussi l’ami de l’Époux.
Dans cette deuxième affirmation, il parle apparemment de façon symbolique, par le moyen
d’un exemple. La vérité, telle que nous l’avons en Apocalypse 19:7, n’a pas encore été
dévoilée. Il a été conduit, sans doute, à s’exprimer en des termes qui correspondront
exactement à cette vérité quand elle sera révélée. Il n’a pas de lien avec l’épouse, mais comme
ami de l’Époux, il a pour lui un intérêt et une affection des plus profonds. Lorsqu’il entend la
voix de l’Époux, sa coupe déborde de joie.

Jean prononce ensuite des mots qui devraient être gravés sur le cœur de tous ceux qui aiment
le Seigneur Jésus : « Il faut que Lui croisse et que moi je diminue ». Pour la troisième fois
dans ce chapitre nous trouvons : « il faut ». Au verset 7 cette expression est reliée au grand
besoin de l’homme ; au verset 14 au grand amour de Dieu ; ici à l’attachement du fidèle
serviteur. Comme le soleil, Christ doit s’élever au zénith avec une gloire croissante ; par
conséquent, comme la lune, Jean doit s’effacer et disparaître. Il le sait et s’en réjouit, car à ce
moment-là Christ est tout dans ses pensées. Il le connaît comme Celui qui vient du ciel et
absolument pas de la terre. À cause de cela, Jésus parle comme personne d’autre n’en est
capable. Il est en relation avec toute l’étendue des choses célestes, ce qui reste impossible au
plus grand des prophètes, qu’était Jean.

Les paroles de Jean se sont réalisées et, peu après, il a dû diminuer et disparaître en prison. En
cela il n’a pas été une exception à la règle. C’est normal pour tous les serviteurs de Dieu :
d’une manière ou d’une autre, ils diminuent et s’en vont. C’est ce qui est arrivé à Moïse dans
l’Ancien Testament et à Paul dans le Nouveau. Même s’ils ont été de grands serviteurs, nous
ne devons pas avoir une trop haute opinion d’eux. Paul a eu son temps comme ardent
évangéliste et fondateur d’églises. Mais ensuite il y a eu pour lui l’emprisonnement et la
faillite dans les églises ; il disparaît ainsi à nos yeux. Paul diminue, mais uniquement pour que
croisse l’excellence suprême de Christ. Il doit en être de même de chacun de nous, et nous
devrions nous en réjouir comme l’a fait Jean.

Les premiers mots du verset 33 semblent contredire la fin du verset 32, mais le paradoxe est
purement verbal. Il repose sur une de ces déclarations abstraites qui apparaissent si souvent
dans les écrits de Jean. L’homme, dans sa condition naturelle, est complètement mort et
insensible au témoignage divin. Le fait est formulé de façon abstraite à la fin du verset 32.
Mais ensuite, d’un autre côté, Dieu travaille par son Esprit dans le cœur de quelques-uns ;
ainsi, d’un point de vue pratique, nous trouvons ceux qui reçoivent le témoignage. Ils
confirment par là que Dieu est vrai. Au commencement le diable a attaqué le témoignage que
Dieu avait donné à Adam ; c’est ainsi que le péché a été introduit. La foi revendique la vérité
du témoignage ; la vie et le salut sont ainsi introduits.

Le témoignage de Dieu avait existé depuis le moment où Dieu s’était adressé à Adam au sujet
des arbres du jardin. Il atteint maintenant son apogée en Celui que Dieu a envoyé, qui connaît,
pour les avoir observées, les réalités célestes dont il parle. Il en parle avec « les paroles de
Dieu », possédant l’esprit sans mesure, ni limite. Il y a donc enfin un témoignage d’une portée
infinie et d’une plénitude incomparable. Certainement, il dépasse complètement les facultés
de l’homme naturel ; le simple croyant peut pourtant le recevoir, le confirmant comme étant la
vérité de Dieu.

Les versets 35 et 36 apparaissent comme un paragraphe séparé. Les paroles du Baptiseur y


sont complétées par l’Évangéliste qui peut parler dans la pleine lumière de tout ce qui a été
révélé dans la Parole devenue chair. Le Fils ayant été manifesté, le Père a été révélé ainsi que

618
les relations entre ces Personnes divines. Nous avons ici trois faits importants concernant le
Fils. Il est l’objet de l’amour du Père. Toutes choses sont entre ses mains, lui ayant été
données par le Père pour en disposer comme il lui convient. Il est le centre de la foi et Celui
qui met à l’épreuve tout homme. Croire en lui, c’est posséder la vie éternelle. Refuser la
soumission de la foi en lui, c’est être exclu de la vie et demeurer sous la colère de Dieu.

Ainsi, très tôt dans cet Évangile, nous découvrons que le Fils, comme étant la parole, est le
Créateur et le Révélateur de toutes choses. Il est aussi Celui qui opère toutes choses, Celui qui
dispose de toutes choses et enfin, comme objet de l’amour du Père, il est manifesté parmi les
hommes et il devient la Référence absolue. Nous remarquons, au verset 36, que la vie doit être
possédée et vue aussi. Cela montre l’étendue de l’expression « vie éternelle ». De plus, le
contraire de « voir la vie », c’est : « demeurer sous la colère de Dieu ». Ici encore les choses
sont présentées de façon abstraite. Cependant le langage est tel qu’il réduit à néant les deux
théories par lesquelles les hommes s’efforcent d’échapper à la réalité solennelle du châtiment
éternel. Les mots « ne verra pas la vie » réfutent la réconciliation universelle qui prétend que,
d’une manière ou d’une autre, tous verront la vie à la fin. La théorie de l’immortalité
conditionnelle, qui signifie la destruction des incrédules non repentis, est annulée par le fait
que la colère de Dieu « demeure » sur de tels individus ; ils existent donc éternellement. À ce
sujet rappelons encore le verset 3 du chapitre 20. Cet Évangile est écrit afin que nous
puissions être parmi ceux qui croient et ont la vie. L’alternative terrible est placée ici devant
nous très clairement.

4 - Chapitre 4
Les derniers paragraphes du chapitre 3 font suite à l’intervention des Juifs à propos du
baptême de Jean et à la réaction de ce dernier. Le Seigneur réagit à leur intervention au début
du chapitre 4. Jean accepte volontiers de se mettre de côté pour que son Maître puisse avoir
toute la place. Le Maître se retire en Galilée de peur qu’une rivalité ne s’installe, ce qui serait
préjudiciable à son serviteur. Telle est la sollicitude de Jésus envers Jean. De plus, le Seigneur
lui-même aurait été rabaissé par un tel comportement. Cela l’aurait placé aux côtés de Jean
comme une sorte de chef de parti. C’est une faute analogue, dans son principe, à l’erreur des
croyants de Corinthe qui associaient le nom de Christ à celui de Paul, d’Apollos et de Céphas.
Cela ne doit jamais se faire.

Le chemin direct vers la Galilée passe par la région de la Samarie ; ainsi « il fallait qu’il
traverse » cette contrée par nécessité géographique. Mais c’est aussi une nécessité liée à la
grâce de Dieu qui lui impose un chemin qui l’amène à une certaine ville de Samarie, appelée
Sichar. Jésus, la Parole devenue chair, est fatigué de son voyage. C’est un témoignage à la
réalité de son humanité. Il est non seulement fatigué, mais il a aussi faim et soif. Il s’assied au
bord de la fontaine vers midi, alors que l’heure la plus chaude approche. Nicodème l’avait
cherché de nuit. Jésus cherche une pécheresse samaritaine à midi. L’Évangile de Jean a
comme particularité de rapporter les conversations de Jésus avec des personnes et la manière
dont il s’en occupe. Il relate aussi ses conversations — généralement des controverses — avec
des groupes de personnes. Par contre, nous n’y trouvons jamais le récit de ses sermons plus
officiels, comme le sermon sur la montagne ou les paraboles de Matthieu 13. Beaucoup
d’entre nous reconnaissent que, pour s’occuper correctement d’une personne en particulier, il
faut plus de compétence spirituelle que pour s’adresser à une foule, et que cela exige plus de
courage. Un exemple parfait de la manière dont on s’occupe d’une personne est présenté ici.

619
Jésus commence par demander à boire de l’eau fraîche. La Parole faite chair prend la position
de Celui qui demande humblement à une de ses créatures les plus pécheresses. Quelle
merveilleuse vision en effet ! Le prenant simplement pour un juif, la femme a le sentiment
qu’il se rabaisse. À la lumière de la véritable situation nous pouvons voir, nous, combien il
s’est réellement anéanti lui-même et s’est dépouillé de lui-même. Mais s’approcher si
humblement de cette femme permet à la conversation de débuter de manière très favorable.
Quant à nous, qui désirons être utiles aux âmes aujourd’hui, nous serions en effet très sages si
nous les approchions toujours avec humilité !

La femme, étonnée et curieuse, ne peut s’empêcher de demander comment il peut lui faire une
telle requête. La réponse de Jésus au verset 10 place devant elle trois choses. Premièrement, il
y a le fait que Dieu est un Donateur. La femme connaît peu de chose de la loi, mais ce fait le
lui présente sous un éclairage entièrement nouveau.

Deuxièmement, Jésus fait connaître la grandeur mystérieuse de sa propre personne, puisqu’il


est le dispensateur du don de Dieu. Elle ne voit en lui qu’un Juif qui demande à boire. Quand
elle le connaîtra, elle découvrira qu’il est en réalité le Donateur d’un don d’une valeur
incomparable.

Troisièmement, il révèle que ce don est « l’eau vive ». Il fait ainsi passer la pensée de cette
femme du domaine matériel au domaine spirituel. Nicodème et cette femme, dont nous ne
connaissons pas le nom, ont en commun, au départ, le fait qu’ils n’ont aucune idée du sens
des paroles du Seigneur et encore moins des choses dont il parle. On trouve pourtant des
indications de ces vérités dans l’Ancien Testament. Dans le livre de Jérémie, par exemple,
l’Éternel s’était présenté deux fois comme « la source des eaux vives » (2:13 ; 17:13).

Le fait que cette femme ne comprenne pas conduit à de nouvelles révélations au verset 14.
Elles se présentent encore sous trois aspects différents.

Premièrement, celui qui boit de l’eau vive, comme don de Christ, aura cette eau « en lui ». Ce
don demeurera vraiment dans son être même.

Deuxièmement, cette eau sera en lui « un puits » ou « une fontaine… jaillissant en vie
éternelle ». Une fontaine de vie intérieure, qui jaillit jusqu’au niveau de la source céleste !

Troisièmement, le fait de boire une telle eau et de posséder une telle fontaine procure une
satisfaction durable. Le Seigneur emploie une expression très forte : « Il n’aura plus soif à
jamais ».

Par l’expression « l’eau vive », le Seigneur désigne l’Esprit de Dieu. C’est évident au verset
39 du chapitre 7. Au chapitre 3, le Fils unique est le don de Dieu au monde. Au chapitre 4,
l’Esprit de Dieu est le don de Dieu au croyant. Il est accordé par le Fils de Dieu, Celui qui
parle, assis au puits de Sichar. Par l’Esprit, nous avons la vie en nous ; il est parlé de lui
ailleurs comme de « l’Esprit de vie dans le Christ Jésus » (Romains 8:2). C’est par lui que la
vie demeurant en nous jaillit jusqu’à la source divine de la vie. De cette manière, le Seigneur
révèle la vie de communion, d’adoration et de satisfaction qu’il allait mettre à la disposition
du croyant. Il en résulte que le croyant peut aujourd’hui anticiper la joie du millénium, joie
présentée de manière symbolique, au commencement des miracles à Cana de Galilée. Le
croyant peut non seulement l’anticiper, mais aussi la connaître dans une mesure plus vraie et
d’une manière plus spirituelle.

620
Avant d’aller plus loin dans notre chapitre, notons l’enchaînement remarquable de
l’enseignement depuis le récit de ce premier miracle. Nous avons eu d’abord l’œuvre
accomplie en nous, c’est-à-dire la nouvelle naissance par l’Esprit et la Parole. Ensuite le
témoignage nous a été donné et, en le recevant, nous confirmons que Dieu est vrai. Enfin le
don de l’Esprit nous a été accordé. Il est en nous comme une fontaine intarissable, qui jaillit
jusqu’à la source éternelle. Ici nous sont présentées en germe les grandes réalités qui sont
développées dans les Épîtres.

Bien que la femme ignore encore la signification de « l’eau vive », nous voyons en
poursuivant notre chapitre que les paroles prononcées ensuite par le Seigneur ont suffi à
éveiller son désir ; elle est amenée à demander de cette eau. Avant qu’il lui en donne, il faut
que sa conscience soit touchée et qu’elle soit convaincue de péché. En lui demandant
d’appeler son mari, le Seigneur met le doigt sur un point très sensible de sa vie. Il continue en
lui montrant que sa triste histoire est devant ses yeux comme un livre ouvert. De son côté elle
voit tout de suite et reconnaît qu’il est prophète. Implicitement elle plaide donc coupable
lorsqu’il l’accuse. Mais comme c’est souvent le cas en présence d’une conscience blessée, elle
s’efforce de faire dévier la conversation vers une discussion religieuse, éliminant ainsi le côté
personnel.

L’endroit où l’adoration devait être offerte à l’Éternel était depuis longtemps une question
brûlante. La montagne de Garizim avait-elle remplacé le mont Morija comme l’affirmaient les
Samaritains ? Le Seigneur saisit l’occasion pour montrer à la femme non seulement son péché
personnel mais aussi l’inutilité d’un « culte » dans lequel elle était engagée avec son peuple.
En disant : « Vous, vous adorez, vous ne savez quoi », il le désavoue. En disant : « le salut
vient des Juifs », il la convainc de son état de péché. Elle fait partie des nations, de ceux qui
sont « étrangers aux alliances de la promesse, n’ayant pas d’espérance et étant sans Dieu dans
le monde » (Éphésiens 2:12). Ainsi, même pendant la discussion sur l’adoration, elle n’est pas
à l’abri des remarques qui atteignent sa conscience comme des coups d’épée.

Le Seigneur, pourtant, place tout ce sujet de l’adoration sur un plan beaucoup plus élevé. Il
parle d’adorer l’Éternel à la lumière de la révélation qu’il apporte, celle du « Père ». Ainsi,
l’adoration est tout de suite détachée du cérémonial qui la liait à un lieu saint sur la terre. La
loi liait le peuple de façon très stricte à un lieu saint où le nom de l’Éternel était établi. C’est
de là que venait la vieille querelle entre les Juifs et les Samaritains. Jésus élève les pensées de
la Samaritaine vers Dieu qui est Esprit, le révélant comme Père.

Cette révélation nouvelle inaugure une nouvelle « heure », qui a en fait déjà commencé.
L’adoration qui va caractériser cette heure devra être conforme à la révélation qui l’a
instituée. Dieu, qui est Esprit, recherche cette adoration comme Père ; c’est pourquoi, il faut
maintenant que l’adoration soit « en esprit et en vérité » pour être acceptable. Remarquez de
nouveau ce « il faut ». Adorer n’est pas quelque chose de facultatif ou qui peut varier selon
nos goûts. Il faut adorer Dieu à sa manière à lui. Toute autre forme qui prétend être de
« l’adoration » n’en est absolument pas une !

La véritable adoration est produite « en esprit » : c’est-à-dire ni par la chair, ni par une attitude
physique. Cette parole du Seigneur annule les rites et cérémonies observés jusqu’ici, qui ont
été un piège pour tant de personnes. Notre capacité à offrir l’adoration en esprit vient de ce
que nous possédons l’Esprit de Dieu, — la fontaine d’eau jaillissant en vie éternelle —
comme l’indique aussi Philippiens 3:3. L’Esprit de Dieu peut engager notre esprit à une

621
véritable adoration n’importe quand et n’importe où ; pas simplement dans un lieu saint
consacré comme dans le Judaïsme.

Il faut encore que l’adoration s’élève « en vérité » ; c’est-à-dire à la lumière de tout ce que
Dieu a révélé de lui-même en Christ. Cela annule la tendance rationaliste qui est également si
répandue. Les hommes parlent, par exemple, d’adorer « la grande Cause Première » à la
lumière des beautés de la nature. Ils ignorent ou refusent, par contre, la vérité concernant Dieu
révélé en Christ. Ce n’est qu’en lui que nous connaissons le Père qui doit être adoré. Si nous
connaissons le Père ainsi, notre cœur sera certainement rempli d’une adoration ayant ce
caractère spirituel qui lui est agréable.

Le Père cherche de tels adorateurs. Il s’est fait connaître lui-même pour produire cette
réponse. Ce flot d’amour qui descend vers nous par cette révélation produit en nous, en retour,
un flot d’amour qui jaillit en adoration. C’est ce qui lui est agréable et qu’il recherche.

La Samaritaine connaissait la promesse au sujet du Messie. Ces merveilleuses paroles du


Seigneur, associées à la conviction intérieure de péché, orientent les pensées de cette femme
vers sa venue. Sa réponse semble indiquer qu’elle discerne dans les paroles du Seigneur qu’il
se révèle comme le Messie. Tout de suite, le Seigneur se révèle à elle, avec la plus grande
clarté, comme étant le Christ. Cette révélation, elle l’accepte aussitôt ouvertement : elle
retourne à la ville et fait connaître aux gens la raison de sa foi immédiate. Il doit être le Christ,
car il lui a dit tout ce qu’elle avait fait dans sa vie. Il ne l’a pas décrit en détail, bien sûr ! Il lui
a plutôt montré, comme en un éclair, que tout ce qu’elle a fait jusque-là peut être résumé en
un mot : péché. Il en est exactement de même aujourd’hui. La foi en Christ va de pair avec
une vraie conviction de péché.

Le beau paragraphe des versets 31 à 38 se présente comme une parenthèse dans le récit. Dans
le verset 32, les paroles du Seigneur aux disciples ont été aussi rendues par : « Moi, j’ai une
nourriture à manger que vous, vous ne connaissez pas ». Il travaille pour assembler « du fruit
en vie éternelle », comme il le dit au verset 36. C’est, pour lui, une nourriture délicieuse de
voir ce but atteint dans la bénédiction accordée à la Samaritaine pécheresse. C’est « la volonté
de Celui qui m’a envoyé » de faire cela, dit-il. La lumière qu’il apporte doit briller pour tout
homme, comme nous l’avons appris au début de cet Évangile. Nous la voyons briller ici sur
une pécheresse qui se trouve en dehors du Judaïsme. La volonté de Dieu, l’œuvre de Dieu et
la vie éternelle pour l’homme forment ici un tout ; quelle bénédiction pour nous qu’il en soit
ainsi ! Le Seigneur indique ensuite à ses disciples qu’à leur tour ils auront part à cette œuvre
bénie, soit en semant, soit en moissonnant. Dans le cas présent, c’est le Seigneur lui-même qui
sème. Quand le temps de la moisson est arrivé, en Actes 8, la moisson a été très abondante.

Le paragraphe des versets 39 à 42 termine ce récit. Les hommes viennent à Christ à la suite du
témoignage de cette femme. Ils sont gagnés eux-mêmes par la même conviction. Un grand
nombre croit à cause de ce qu’elle dit ; un nombre encore plus grand croit après l’avoir
écouté, Lui. Ils croient et désirent ardemment sa compagnie.

Ils vont encore plus loin que la femme dans leur confession. Il est non seulement le Christ,
mais aussi « le Sauveur du monde ». L’orgueil religieux tout simplement aurait pu les pousser
à s’enorgueillir de ce qu’il était le Sauveur des Samaritains aussi bien que celui des Juifs.
Mais seule la foi pouvait les amener ainsi à saisir la grande pensée de Dieu pour « le monde »,
selon Jean 3:16. Ils ont entendu et ils ont connu ; et en conséquence ils ont cru.

622
L’évangéliste nous a amenés, par ce récit, au fait que Jésus est le Christ. Comme nous le
verrons, le chapitre suivant nous conduit au fait qu’il est le Fils. En réunissant les deux, nous
revenons au sujet indiqué au dernier verset du chapitre 20 de cet Évangile.

Au dernier paragraphe de ce chapitre 4, nous voyons le Seigneur de retour en Galilée, et cela


nous amène au deuxième miracle mentionné par Jean. En Galilée, il reçoit un accueil qui ne
lui a pas été réservé à Jérusalem, et ce second signe aussi est lié à la ville de Cana de Galilée.
Le premier miracle préfigurait le temps annoncé en Ésaïe 62:4, 5. Il parle du moment où le
jour des noces d’Israël arriverait et où le vin de la joie serait produit à partir de l’eau de
purification. Le second miracle présente le Seigneur comme Celui qui peut apporter la vie et
la guérison quand la mort semble imminente. Ce noble juif n’a pas la foi profonde qui
caractérise le centurion des nations de Matthieu 8. Comme Juif, sa tendance est de demander
des signes et des miracles avant de croire. Une telle croyance n’est pas une foi réelle, comme
nous l’avons vu à la fin du chapitre 2. Cependant, bien que faiblement, il y avait de la foi dans
le cœur de ce père.

Cette foi se manifeste de deux manières. Premièrement, il insiste dans sa requête quand la
réponse du Seigneur semble, au début, insatisfaisante. Il expose pleinement la situation
désespérée de son fils. Deuxièmement, il prend Jésus au mot quand la réponse qu’il reçoit est
simplement l’ordre de repartir parce que son fils est vivant ; il croit sans avoir de signe pour
confirmer sa parole. Voilà les marques d’une foi véritable : elle persévère et prend Dieu au
mot sans signe ni miracle ni sentiments.

Le Seigneur accomplit sa propre parole. Le lendemain, l’homme voit que sa confiance a été
récompensée. Jésus a dit : « Ton fils vit » ; le jour suivant, bien que ses serviteurs n’aient pas
entendu Jésus parler, ils viennent à la rencontre du père et lui disent : « Ton fils vit ». La vie
rendue, même au moment de la mort, constitue manifestement la pensée principale. C’est
exactement ce dont a besoin l’homme en général, et Israël en particulier. L’homme n’a pas
besoin de la guérison uniquement, mais de la vie. C’est le second miracle. Nous trouverons
dans les chapitres qui suivent beaucoup d’instructions au sujet de la vie (concernant Jésus qui
en est l’unique Source et le Donateur).

5 - Chapitre 5
Dans les premiers versets, nous sommes ramenés à Jérusalem pour considérer un troisième
miracle : la guérison de l’infirme de Béthesda. Un Juif, à la lecture de cet Évangile, pourrait
dire : « En effet nous sommes dans l’état d’une nation malade, à l’article de la mort, et nous
avons besoin de vie ; mais nous avons la loi. Ne devrions-nous pas y trouver la guérison ? ».
Ce troisième miracle nous fournit la réponse.

Un chemin de bénédiction a été mis à la portée de l’homme par la loi de Moïse. L’homme
n’avait qu’une seule chose à faire ; il ne l’a pas faite. La loi exigeait de lui la capacité de saisir
le bienfait offert. Le cas de l’infirme au réservoir fait clairement ressortir l’état dans lequel se
trouve tout homme mis à l’épreuve par la loi. Le péché a détruit notre faculté de faire la seule
chose nécessaire exigée par la loi. C’est tellement évident dans le cas de cet homme qu’il ne
fait aucune allusion à ses propres capacités qui ont disparu. Il reconnaît que personne n’est
disponible pour faire pour lui ce qu’il ne peut faire lui-même. « Je n’ai personne ! » dit-il.

623
Cependant, par sa confession, il reconnaît son désir d’être rétabli. Une guérison complète lui
est accordée immédiatement par la parole du Seigneur. Ce que la loi ne pouvait faire pour lui
est accompli en un instant ; c’est l’œuvre du Fils de Dieu, présent à ce moment-là sur la terre.
La loi ne pouvait rien, car elle était impuissante à cause de la faiblesse de la chair. L’homme
est capable, non seulement de marcher, mais aussi de porter le lit qui avait auparavant
témoigné de son infirmité. Le Seigneur lui dit de le faire, bien que ce soit le sabbat.

La loi du sabbat était très stricte. Toute forme de travail était interdite, y compris le fait de
ramasser du bois et d’allumer du feu. Les Juifs réagissent donc vivement quand ils voient cet
homme porter son lit. Mais il a une réponse prête pour les convaincre. L’homme qui l’a guéri
lui a dit de prendre son lit ; et peu après il est capable de nommer cet homme : Jésus. Leur
zèle pour le sabbat est tel que, dès lors, Jésus devient la cible de leur haine et de leur
persécution.

Le Seigneur ne prononce aucune parole d’excuse, ni même d’explication. Il se contente


d’affirmer quelque chose qui sape à la base cette institution légale. Sous la loi de Moïse, le
sabbat avait été institué comme signe entre l’Éternel et Israël (Exode 31:12-17). Il était
cependant basé sur le repos de Dieu quand la création avait été achevée. Jésus, en ce qui le
concerne, rejette le sabbat. Depuis que la création avait été envahie par le péché, son Père
travaillait, sans se reposer. Jésus travaillait en communion avec son Père sans observer les
sabbats comme s’il leur était lié.

Cette déclaration précise attise la haine meurtrière des Juifs pour les deux raisons citées au
verset 18. Il a violé le symbole de l’alliance dont ils se glorifiaient. De plus, il a ajouté à son
acte l’affirmation que Dieu est son Père, proclamant ainsi son égalité avec Dieu. Notons qu’au
verset 18, Jean explique pour quelles raisons les Juifs cherchent à faire mourir le Seigneur. Il
ne rapporte pas l’explication donnée par les Juifs, même s’il est possible qu’ils aient donné
cette explication. C’est donc le commentaire du Saint Esprit par l’intermédiaire de Jean. Cela
prouve que le fait que notre Seigneur soit Fils n’implique absolument aucune pensée
d’infériorité vis-à-vis du Père. Au contraire, c’est l’affirmation de l’égalité.

Au verset 19, la réponse de Jésus à la haine meurtrière des Juifs est très frappante. Le Fils, qui
était ici dans son humanité, avait pris cette place pour exécuter à la perfection toute la volonté
et l’œuvre du Père. C’est pourquoi il ne peut rien faire « de lui-même », c’est-à-dire en
prenant une initiative indépendamment du Père. Il agit plutôt en toutes choses sous la
direction et sur l’ordre du Père. Nous pensons que cela a pour but de nous amener à une vérité
encore plus profonde : cette nécessité était enracinée dans le fait qu’il était parfaitement un
avec le Père. Bien qu’il soit homme, il est si complètement, si parfaitement et si entièrement
dans l’unité de la divinité qu’il lui est impossible d’agir séparément du Père. C’est dans ce
sens que « le Fils ne peut rien faire de lui-même ». Par conséquent, cette affirmation, loin
d’être un aveu d’impuissance ou même d’infériorité, est une affirmation de sa déité absolue.

« Le Père aime le Fils ». Ces cinq mots rappellent les paroles de l’évangéliste à la fin du
chapitre 3. Ils résonnent ici, au verset 20, comme la voix de Jésus lui-même. Le Fils,
maintenant sur la terre comme homme, a une pleine connaissance des actes du Père ; il va
entreprendre des œuvres plus grandes que celles qui ont déjà été faites. Il agira comme Celui
qui donne la vie et qui exécute le jugement. Vivifier c’est donner la vie. En cela le Fils agit
selon sa volonté souveraine, bien qu’évidemment sa volonté soit toujours en parfaite
harmonie avec celle du Père.

624
Au verset 21, une distinction est faite entre ressusciter les morts et vivifier. Les méchants vont
être ressuscités, mais il n’est pas dit qu’ils seront vivifiés. De plus, la vivification a lieu alors
qu’il n’est pas question de résurrection, comme le montre le verset 25. Le Fils ressuscitera les
morts, comme il le dit aux versets 28 et 29, mais le point important du verset 21 est qu’il
donne la vie comme le Père le fait. Dans les premiers versets de cet Évangile, nous l’avons
contemplé ayant la vie dans son être même et manifestant cette vie afin qu’elle soit la lumière
des hommes. Ici nous allons un peu plus loin : Il est Celui qui donne la vie à d’autres. En cela
il agit avec le Père.

Mais en ce qui concerne le jugement, comme le dit le verset 22, il agit de la part du Père. Il y
a des choses que le Fils dit ne pas connaître : fixer et révéler « les temps et les saisons » par
exemple (Actes 1:7 ; Marc 13:32). Ici le Père renonce à tout jugement, le remettant entre les
mains du Fils. Ces faits, cependant, ne doivent jamais être utilisés pour rabaisser l’honneur et
la gloire du Père ou du Fils. Ceci est spécialement souligné en ce qui concerne le Fils au
verset 23. En effet le fait qu’il ait revêtu l’humanité l’expose à être injustement mésestimé
dans l’esprit de ceux qui ne le comprennent pas et ne l’aiment pas. Il sera honoré par tous à
l’heure du jugement ; ne pas l’honorer aujourd’hui, c’est déshonorer le Père qui l’a envoyé.
De toute évidence, le Père n’acceptera d’honneur que si en cela le Fils est également honoré.

Dans ce merveilleux discours, le Seigneur fait trois déclarations qu’il souligne


particulièrement par les mots « en vérité, en vérité ». Comme nous l’avons vu, il insiste au
verset 19 sur son unité intrinsèque avec le Père dans toutes ses œuvres. Au verset 24, il met de
nouveau l’accent sur sa relation avec le Père. Comme étant « la Parole devenue chair », il est
l’Envoyé du Père ; dans sa Parole le Père s’est fait connaître. Ainsi il ne dit pas : « Celui qui
entend ma parole et qui la croit… », mais il dit plutôt : « Celui qui entend ma parole, et qui
croit Celui qui m’a envoyé… ». Nous croyons le Père par la parole du Fils, de telle sorte que
Pierre écrira plus tard aux croyants : « Vous qui par lui croyez en Dieu » (1 Pierre 1:21). Il
annonce ici, maintenant, que le simple fait d’entendre et de croire produit trois résultats
merveilleux : posséder la vie éternelle, être préservé du jugement, passer de la mort à la vie.

Ce verset capital a été utilisé des milliers de fois pour apporter lumière et conviction à des
pécheurs inquiets et se posant bien des questions ! Qu’il puisse être utile encore des milliers
de fois ! On est tout de suite frappé par l’autorité et l’assurance qui se dégagent de ce verset.
Mais lorsqu’on l’étudie de plus près, quelle profondeur s’y découvre ! Le Fils donne la vie à
qui il veut et exécute tout jugement. Il a les paroles de la vie qui conduisent l’âme à Dieu par
la foi ; et dès cet instant la vie nous appartient et nous ne viendrons jamais en jugement. Nous
sommes devenus les bénéficiaires de la première de ces « œuvres plus grandes » dont il a
parlé ; nous ne connaîtrons jamais la seconde. Il insiste sur le côté positif en parlant de la vie
sous deux aspects. Ce n’est pas seulement ce que le croyant possède, mais aussi la sphère
dans laquelle il passe au-delà du royaume de la mort.

Si nous parlons de la vie en rapport avec cette création, nous traitons un sujet qui défie nos
analyses et nos définitions. À l’évidence, le mot utilisé a pourtant plusieurs significations. Par
exemple, nous envisageons non seulement l’étincelle de vie chez l’homme ou l’animal, mais
aussi les conditions nécessaires pour que cette étincelle subsiste. Aucun poisson ne peut vivre
sans eau ; aucun homme ne peut vivre sans air. De la même manière, il n’y a pas de vie
spirituelle et éternelle sans la connaissance de Dieu. Il n’y a pas non plus de connaissance de
Dieu sans la révélation qui nous parvient par la parole de « Celui qui est envoyé » et sans la
foi qui la reçoit. À notre avis, c’est à cause de cela que Jésus dit que le croyant a non
seulement la vie éternelle, mais qu’il est passé de cette mort spirituelle au domaine de la vie.

625
La mort spirituelle est caractérisée par une ignorance totale de Dieu ; le domaine de la vie est
rempli de la lumière de la connaissance du Père. Il n’est pas étonnant que Jésus insiste autant
sur une déclaration si merveilleuse.

Il va plus loin, dans le verset suivant, en montrant qu’un temps va venir où cette grande œuvre
de donner la vie — qui est la sienne — va se poursuivre tout spécialement. Dans ce verset
l’œuvre est considérée sous l’angle de l’action souveraine du Seigneur. La foi n’est pas
particulièrement mentionnée, même si, bien entendu, personne ne peut « entendre la voix du
Fils de Dieu » sans la foi. Cette « heure » dure jusqu’au moment présent. À travers les siècles,
des multitudes ont entendu la voix des prédicateurs de la Parole, mais sans entendre la voix du
Seigneur dans cette parole. Seuls ceux qui ont entendu la voix du Seigneur ont eu la vie. Ils
vivent parce que le Fils, qui est maintenant venu comme homme, a la vie en lui-même ; il l’a
comme un don de la part du Père, ce que nous dit le verset suivant. La vie est en lui du fait de
ce qu’il est, en lui-même. La déclaration : « en lui était la vie » (1:4) est en effet liée à son
existence éternelle ; son incarnation n’est pas mentionnée avant le verset 14. Nous voyons ici
que le Père donne le Fils pour qu’il soit, en tant qu’homme, l’unique source de la vie éternelle
pour les hommes. Nous la possédons parce qu’elle nous est communiquée, alors que
seulement ce qu’on possède naturellement et intrinsèquement peut être communiqué à
d’autres. C’est sa grande œuvre, à lui seul, de donner la vie, et c’est maintenant, pour lui, le
moment de l’accomplir. Sa voix a retenti dans le silence au plus profond d’innombrables
cœurs : ils ont entendu et ils ont eu la vie. Nous ne devons pas inverser l’ordre des mots,
comme certains ont eu tendance à le faire. Ce n’est pas : « ceux qui vivent entendront »,
mais : « ceux qui entendent vivront ».

Mais, de plus, le Fils de Dieu est aussi le Fils de l’homme ; ainsi il n’est pas seulement la
fontaine de la vie, mais aussi le juge de tous, Celui qui a toute autorité. En tant que Fils de
l’homme, il allait être « élevé », comme effet du jugement de l’homme. Bientôt nous
entendrons la foule dire : « Comment, toi, dis-tu qu’il faut que le Fils de l’homme soit élevé ?
Qui est ce Fils de l’homme ? » (12:34). Eh bien ! un jour prochain, ils connaîtront qui est cette
Personne, et ce sera pour eux une perte irrémédiable ! Bien qu’à première vue il semble
merveilleux qu’un homme soit investi de tout le jugement, cela ne doit pourtant pas nous
étonner. Une autre heure viendra où les hommes entendront la voix du Fils de l’homme ; non
pas seulement quelques-uns, mais tous, qu’ils soient bons ou méchants !

Seuls ceux qui entendent la voix du Fils de Dieu et ont la vie peuvent faire le bien. Porter du
fruit et faire le bien sont des manifestations de la vie. Les autres ont simplement fait le mal.
La voix du Fils de l’homme tirera tous les hommes de la tombe, sans exception. Il y a en effet
une résurrection de jugement aussi bien qu’une résurrection de vie. Une distinction est faite
ici entre les deux. Il faut se reporter à d’autres passages des Écritures pour découvrir qu’un
grand intervalle de temps les sépare. Les deux résurrections toutefois sont à venir, car les mots
« et elle est maintenant » (v. 25) ne sont pas employés à ce sujet.

Bien que le jugement soit entre les mains de Jésus, même en cela il n’agit pas
indépendamment ou séparément du Père. Ayant revêtu l’humanité, il ne quitte pas la place
qu’il a prise, mais il l’assume en perfection. S’il avait dit : « Mon jugement est juste, parce
que je suis la Parole devenue chair », il aurait dit quelque chose de tout à fait vrai. Mais il
fonde son affirmation sur ceci : « Mon jugement est juste ; car je ne cherche pas ma volonté,
mais la volonté de Celui qui m’a envoyé ». Tout le jugement peut être confié, en sûreté, entre
les mains d’un tel homme ; dans ce sens il dit : « Je ne puis rien faire, moi, de moi-même ».

626
En Matthieu 20:23, Jésus prononce des mots précis : « s’asseoir à ma droite et à ma gauche,
n’est pas à moi pour le donner ». En Marc 13:32, il dit : « quant à ce jour-là… personne n’en a
connaissance, pas même les anges, ni même le Fils » ; c’est-à-dire, en réalité : « Ce n’est pas à
moi pour en avoir connaissance ». Ici, au verset 30, il dit : « Je ne puis rien faire, moi, de moi-
même » ; c’est-à-dire, en réalité : « Ce n’est pas à moi pour le faire ». Ces trois déclarations
sont, en fait, en rapport avec la place d’abaissement et de dépendance qu’il a prise pour la
gloire de la déité et pour notre salut. Elles ne sont pas du tout en contradiction avec sa place
suprême dans l’unité de la déité. Elles nous montrent quelque chose de ce que signifie : « Il
s’est anéanti lui-même », ou « Il s’est dépouillé lui-même » (Philippiens 2). Nous avons ainsi
un aperçu du vrai « kenosis » (*) dont parlent les Écritures. Nous constatons qu’il est très
éloigné de la néfaste « théorie du kenosis », formulée par des théologiens incroyants, qui
impute à notre Seigneur faillibilité et faute.

(*) mot qui signifie « anéantissement », « dépouillement total » ; substantif de même racine
que le verbe traduit en Philippiens 2:7 par « il s’est anéanti » (Note du traducteur)

Bien qu’il soit lui-même si grand, il est ici entièrement pour accomplir la volonté du Père ;
tous ses jugements sont selon les pensées du Père ; c’est cela la vérité. Même en ce qui
concerne le témoignage qui lui est rendu, tout est laissé entre les mains du Père. Il est habituel
que les hommes fassent eux-mêmes leur propre publicité, mais il n’en est pas ainsi du
Seigneur.

Le premier témoin, Jean, n’était qu’un homme. Jésus n’a pas besoin d’un tel témoignage ; il le
cite, cependant, au cas où quelqu’un écouterait et serait sauvé. Aux versets 33 à 35, Jésus rend
vraiment un témoignage à Jean ; ce dernier avait rendu témoignage à la vérité comme une
lampe ardente et brillante. Le témoignage de Jean était marqué à la fois par la chaleur et par la
lumière, quoiqu’il soit seulement une lampe ; c’est le mot employé par le Seigneur ! Par
contre, Jésus est la vraie lumière qui est semblable au soleil quand il brille dans sa force. Or le
soleil n’a pas besoin du témoignage d’une simple lampe, même si elle brûle et si elle brille !

Le Père a donné à Jésus des œuvres à faire qui sont comme des rayons de lumière émis par le
soleil. Elles témoignent plus puissamment de lui que tout ce que Jean peut dire. Elles sont si
manifestement divines qu’elles prouvent qu’il est l’Envoyé du Père. Enfin, le Père lui-même
lui a rendu témoignage (en particulier lors du baptême de Jean). Malheureusement, les
hommes n’en ont pas reconnu la valeur, car ils étaient entièrement charnels. Ils voulaient
quelque chose qui fasse appel à leurs facultés naturelles (la vue et l’ouïe) et ils ne
connaissaient rien de cette parole du Père qui apporte un éclairage spirituel.

Il y avait, enfin, les Saintes Écritures. En effet celles-ci témoignaient de lui, et ils les
étudiaient. Ils estimaient avoir en elles la vie éternelle, mais c’est Christ qui la donne et ils ne
voulaient pas venir à lui. Si les hommes sont amenés à Christ en étudiant les Écritures, alors
ils ont la vie éternelle par les Écritures. Dans le cas contraire, ils acquièrent seulement une
connaissance d’ordre technique et théologique, et demeurent dans la mort spirituelle. Ces
paroles éclairent ce qu’est la fonction vitale de l’Écriture.

627
Le Seigneur montre ensuite qu’il connaît parfaitement ses adversaires. Il est là au nom de son
Père ; l’honneur et la gloire que l’homme peut offrir ne sont donc rien pour lui. Ils n’ont rien
de l’amour de Dieu en eux et, par conséquent, ils sont avides de recevoir de l’honneur, l’un de
l’autre. Ils ne recherchent pas ce qui vient de Dieu. Dans leur esprit ils glorifient les hommes ;
c’est comme toujours une barrière solide contre la foi, et ils ne peuvent pas croire. Jésus vient
au nom de son Père, ce qui veut dire qu’il recherche la gloire du Père. Tout cela leur est
étranger, et ils refusent Jésus. Si un autre venait en son propre nom, cherchant par conséquent
sa propre gloire, cela leur conviendrait parfaitement et ils le recevraient. Par ces paroles, le
Seigneur annonce la venue de l’antichrist, en qui la fausse gloire de l’homme atteindra son
apogée.

Ces paroles exposent aussi les mauvaises intentions qui se trouvent au fond du cœur de ses
adversaires, bien que Jésus ne soit pas leur accusateur. Moïse l’a été par la loi donnée par son
moyen. Ils se glorifient de Moïse, car ils ont le sentiment que ce grand homme leur confère
quelque honneur ; mais en réalité ils ne le croient pas. S’ils l’avaient cru, ils auraient reçu
Christ. Le verset 39 s’applique à toutes les écritures de l’Ancien Testament : « Elles rendent
témoignage de moi ». Le verset 46 fait allusion, en particulier, aux premiers livres écrits par
Moïse : « Lui a écrit de moi ». C’est donc la clé qui ouvre tout l’Ancien Testament ; le sujet
principal est le Christ, qui devait venir.

La façon dont le Seigneur relie ses paroles aux écrits de Moïse est très frappante. Si les
hommes refusent le témoignage rendu autrefois par le serviteur, ils ne recevront pas le Fils
lorsqu’il parlera. Et c’est bien le cas ! Les hommes qui aujourd’hui ne croient pas les livres de
Moïse et nient même qu’il en soit l’auteur, ne croient pas les paroles de Jésus. C’est
parfaitement clair, puisque Jésus affirme précisément ici ce qu’ils nient. Nous devons choisir
entre Christ et les rationalistes modernes. Ce sont les successeurs de ses adversaires juifs ;
c’est tout ! Les deux questions : « Comment pouvez-vous croire ? » et « comment croirez-
vous ? » sont saisissantes. Dans la mesure où l’amour de Dieu est en nous, et où la gloire de
l’homme s’estompe à nos yeux, nous accepterons et nous croirons les Saintes Écritures ; elles
nous conduiront alors à Christ par la foi.

6 - Chapitre 6
Ce chapitre nous ramène en Galilée et nous découvrons un autre des grands « signes » que
Jésus a accomplis. Le miracle qui consiste à nourrir cinq mille personnes a évidemment une
importance particulière puisqu’il est relaté dans chacun des quatre Évangiles. Notre chapitre
nous donne l’enseignement qu’on peut en tirer et qui en fait ressortir le sens. Dans la
description même du miracle, les ressources et la préconnaissance du Seigneur sont mises en
relief.

Jésus s’adresse d’abord lui-même à Philippe. Comme nous l’avons vu au chapitre 1 verset 46,
c’est justement le disciple qui croit les écrits de Moïse ; cependant, quand il est mis à
l’épreuve ici, il ne voit pas plus loin que le pouvoir d’achat de l’argent. Jésus lui-même
« savait ce qu’il allait faire ». Dans une telle situation d’urgence, on pourrait dire que d’autres
serviteurs de Dieu auraient, au mieux, regardé à Dieu pour avoir une direction ; et ils
l’auraient reçue ! Mais il y a ici quelqu’un qui sait ce qu’il faut faire et qui sait qu’il a le
pouvoir de le faire. Il le sait avant qu’André ne parle du petit garçon avec les pains et les
poissons. C’est la prérogative de Dieu d’avoir une telle connaissance et d’être capable de
628
connaître avec une certitude absolue ce qu’on va faire. De telles déclarations sont fréquentes
dans cet Évangile (voir 2:24, 25 ; 13:3 ; 18:4).

Malgré l’étendue de sa connaissance et de sa puissance, Jésus ne dédaigne pas les modestes


provisions offertes par le petit garçon. Il ne laisse pas non plus de côté les disciples avec leur
compréhension limitée et leur faible foi. Il fait d’eux les distributeurs de sa bonté. Les
provisions appartiennent tout d’abord au petit garçon ; les mains qui distribuent sont celles
des disciples ; Jésus seul possède la puissance et la grâce. C’est tellement évident pour les
hommes qui profitent de cette libéralité qu’ils la rattachent au ciel, et ils déclarent que Jésus
doit être le Prophète qui vient dans le monde, selon ce que Moïse avait dit. Certaines
personnes sont amenées à cette conclusion à de nombreuses occasions (voir 4:19 ; 7:40 ;
9:17). Cependant, pour qu’il y ait un résultat, il faut qu’à partir de là, on en arrive à des
conclusions plus profondes. Au chapitre 4, la femme est amenée à la conviction que Jésus est
le Christ ; au chapitre 9, pour l’aveugle, il est le Fils de Dieu.

Les pains et les poissons ont pris trop d’importance pour ces hommes ; ils tiennent conseil
pour forcer ce Prophète à devenir roi dans leur désir de prolonger une source si facile
d’approvisionnement. Or nous venons de l’entendre dire : « Je ne reçois pas témoignage de
l’homme » (5:34), et encore : « Je ne reçois pas de gloire des hommes » (5:41). Nous ne
sommes donc pas étonnés qu’il ne veuille pas recevoir un royaume des mains des hommes. La
gloire du plus grand des royaumes terrestres que l’homme puisse construire est sans valeur
pour lui. Aussi se retire-t-il dans la solitude, sur une montagne, pendant que ses disciples
commencent à traverser le lac. Matthieu 14:22 nous raconte qu’il contraint ses disciples de
monter dans la barque pendant qu’il renvoie lui-même les foules. Le récit de Jean nous
explique ses actes. Les disciples auraient accepté avec facilité et enthousiasme ce que le
peuple projetait ; mais Jésus, plein de sollicitude, les écarte de cette scène de tentation.

Bien qu’il ne veuille pas accepter de royauté terrestre par une décision du peuple, il se montre
Maître absolu dans d’autres domaines. Le déploiement de son autorité est toutefois réservé
aux yeux de ses disciples. Le vent et la mer peuvent se déchaîner et faire de l’homme leur
jouet, mais, en Seigneur suprême, il domine sur eux. Les disciples, à leur époque, avaient
besoin de comprendre le Seigneur de cette façon ; il en est de même pour nous, aujourd’hui.
Un royaume terrestre, avec une nourriture abondante, a facilement de l’attrait pour une
intelligence charnelle. L’intelligence spirituelle se forme en le connaissant comme le Maître
du vent et des vagues, et des puissances qu’ils représentent. Jésus dissipe les craintes des
disciples, en se révélant ainsi à eux ; il les conduit immédiatement à leur destination,
lorsqu’ils sont disposés à le recevoir dans la barque. Méditons cet épisode avec attention, car
nous avons tout spécialement besoin de le connaître de cette manière. Aujourd’hui il ne
s’occupe pas d’un royaume terrestre, mais il exerce sa suprématie sur les forces adverses en
aidant les siens à les traverser.

La foule ne sait rien de sa traversée miraculeuse de la mer. Les hommes sentent pourtant qu’il
s’est passé quelque chose d’inhabituel et ils cherchent Jésus sur l’autre rive. Ils sont curieux
de savoir comment il s’est déplacé. Le Seigneur ne satisfait pas leur curiosité ; il leur montre
plutôt, immédiatement, qu’il connaît les pensées secrètes de leur cœur. Au chapitre 2 versets
23 à 25, nous avons appris qu’il ne suffit pas de voir des miracles ; mais il ne s’agit même pas
de cela pour eux ; ils ne pensent qu’à la nourriture qui périt ! Lui, le Fils de l’homme, sur qui
le Père a mis son sceau, est Celui qui donne la nourriture qui demeure jusque dans la vie
éternelle. C’est cette nourriture qu’ils devraient rechercher.

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Il y a beaucoup de similitudes entre la réponse du Seigneur à ces hommes et son approche de
la Samaritaine au chapitre 4. Là il était question d’eau, ici de pain. Dans les deux cas la
substance matérielle bien connue est transformée en symbole d’une grande réalité spirituelle,
et celui qui écoute est placé devant cette réalité. Il n’y a, cependant, aucune preuve que ces
hommes aient été bénis comme cette femme. « L’eau vive » est l’Esprit qu’il donnera. « Le
pain vivant » est Christ lui-même, descendu du ciel, nourriture de la vie éternelle pour
l’homme. Cette nourriture ne peut être reçue que comme un don dans lequel la Divinité tout
entière est envisagée. En effet elle vient du Fils de l’homme, qui a reçu le sceau du Père ; et ce
sceau, nous le savons, vient de l’Esprit.

Au début, la femme ne comprend pas mieux le sens des paroles du Seigneur que ne le font ces
hommes, mais sa réponse est : « Seigneur, donne-moi cette eau… ». Eux demandent au
contraire : « Que ferons-nous pour faire les œuvres de Dieu… ? ». Quelle différence
révélatrice ! La question posée par ces hommes amène aussitôt la déclaration que la foi en
l’Envoyé de Dieu est le point de départ de toute œuvre accomplie selon Dieu. Si les hommes
ne croient pas en Celui que Dieu a envoyé, ils ne croient pas non plus véritablement en Dieu.
Ils demeurent dans la mort spirituelle puisque la vie est offerte en lui. Hélas ! ils ne croient
pas, comme le montre le verset 30. Au lieu de cela, ils demandent un miracle, suggérant que,
s’il était suffisamment spectaculaire, il produirait de la foi dans leur cœur. Comme ils
supposent que Jésus va leur rappeler le miracle de la multiplication des pains et des poissons,
auquel ils viennent d’assister, ils essaient de ne pas lui accorder de l’importance, en faisant
référence au miracle de la manne, donnée à leurs pères dans le désert par Moïse pendant
quarante ans.

Ceci amène la déclaration catégorique du verset 32. Ce n’est pas Moïse, mais Dieu qui a
donné ce pain du ciel qui n’est qu’une image du véritable pain. Le vrai pain venu du ciel est
donné par Dieu, révélé comme Père par Celui qui est ce don. Il est descendu lui-même du ciel
comme Celui qui donne la vie au monde. Dans le domaine de la nature, le pain entretient
seulement la vie et ne la donne absolument pas ; mais le spirituel transcende toujours le
physique. Le symbole sert à diriger nos pensées vers ce qui est divin, mais il ne peut jamais en
contenir la plénitude. Ici Jésus est Celui qui donne la vie et Celui qui l’entretient. Il agit ainsi
en relation avec le monde et non pas seulement avec la petite nation juive au milieu de
laquelle il vit. Nous avons déjà remarqué cette caractéristique : la Parole devenue chair ne
peut être limitée, dans sa lumière et sa puissance génératrice de vie, à un cercle plus étroit que
le monde.

Leur réponse, au verset 34, semble plus encourageante ; il n’y a pourtant aucune foi, comme
le montre le verset 36. Elle conduit toutefois le Seigneur à se présenter lui-même, d’une
manière précise et claire, comme le pain de vie. Il dit aussi que chaque besoin sera satisfait, si
on vient à lui avec une foi véritable. Il accorde le don de l’Esprit qui conduit à la satisfaction
du cœur, comme on l’a vu au chapitre 4. De même ici, si on reçoit Jésus par la foi, on est
comblé. Toute la plénitude de la divinité nous est révélée dans la connaissance de lui-même,
et nous pouvons nous l’approprier. C’est cela qui satisfait. Ces hommes ne montrent aucune
intention de venir à lui, mais le Père agit dans ses desseins et sa grâce ; il va donc y avoir une
réponse.

C’est dans ce cadre que se trouve cette merveilleuse affirmation de 1’Évangile, si rassurante :
« Je ne mettrai point dehors celui qui vient à moi ». Au chapitre 3, nous avons vu que
personne n’a reçu son témoignage, et que pourtant quelques-uns l’ont reçu ! Maintenant, pour
la première fois, nous découvrons ce qui se cache derrière ce paradoxe. La grâce souveraine

630
du Père a donné des hommes au Fils, et ceux-ci, sans exception, viennent à lui. Ces heureuses
personnes sont conduites vers lui, dans la mesure où elles en sont conscientes, par diverses
choses qui varient suivant les cas. Par-dessus tout, il y a cependant, comme explication finale,
ce don du Père à Christ ; un don d’amour, pourrions-nous dire.

Tous ceux que le Père a donnés viennent ; aucun de ceux qui viennent n’est mis dehors par le
Fils. Il en est ainsi non seulement à cause de sa propre grâce et de son amour personnel pour
de telles âmes, mais parce qu’elles sont le don du Père. C’est aussi parce que le vrai but de la
venue de Jésus est d’accomplir la volonté du Père et de révéler ainsi son cœur. Le Père a
donné ces hommes pour qu’en venant au Fils, ils reçoivent de lui la vie et ce qui l’entretient ;
ainsi ils pourront être vraiment heureux parce que le Père leur a été révélé. Il est impossible
qu’il y ait désaccord entre le don du Père et le fait d’être reçu par le Fils. En observant le
contexte et la signification de ce passage, nous voyons avec quelle justesse et avec quel
bonheur l’évangéliste dirige une âme inquiète, qui se tourne vers Christ et qui est près de
venir à lui, vers ces paroles d’or : « Je ne mettrai point dehors celui qui vient à moi ».

Une fois encore la volonté du Père n’est pas seulement que le Fils reçoive et donne la vie à
celui qui vient à lui maintenant, mais que tous soient rendus parfaits, lors de la résurrection,
« au dernier jour ». Les Juifs avaient la lumière de l’Ancien Testament et ils attendaient le
moment de la présence et de la gloire du Messie au dernier jour. Les paroles du Seigneur
confirment largement cette pensée. Elles montrent que nous allons connaître la plénitude de la
vie dans le siècle à venir, même si nous avons déjà la vie, maintenant, dans un monde marqué
par la mort. Combien le lien entre les versets 37 et 39 est merveilleux ! Personne ne sera mis
dehors maintenant et rien ne sera perdu dans le chemin qui mène au jour de gloire ; ces deux
actes sont selon la volonté du Père.

Le verset 40 exprime la même vérité que le verset 39, mais il la développe un peu. Il s’agit
des mêmes personnes qui sont décrites premièrement comme « tout ce qu’il m’a donné » puis,
comme « quiconque discerne le Fils et croit en lui ». La première expression considère le
point de vue du propos divin ; la deuxième montre l’acte de foi qui y correspond dans notre
vie d’être responsable sur la terre. Le fait de « discerner » le Fils signifie aussi bien, selon
nous, avoir la foi que croire en lui. Il y en a beaucoup qui ont vu Jésus marcher sur la terre
sans réellement « discerner le Fils », dans le vrai sens du terme. Mais ceux dont les yeux sont
spirituellement ouverts, qui discernent le Fils et croient en lui, reçoivent pour le présent la vie
éternelle (voir aussi 20:31) ; ils entreront dans le monde de la vie de résurrection au dernier
jour.

Les juifs se montrent, sans tarder, totalement dépourvus de foi. Ils ne voient Jésus que comme
un homme et ils pensent connaître ses parents ; ils ne perçoivent absolument pas qu’il est le
Fils, né de la descendance de David selon la chair (Romains 1:3). Ils montrent par là qu’ils
n’ont aucune part à ces choses. Personne ne peut venir à Christ sans être tiré par le Père ; mais
ils sont étrangers à tout cela.

Les versets 39, 40 et 44 se terminent tous par la mention de la résurrection. Ils nous présentent
ce que le Père, selon son propos, a donné au Fils. Le Père « tire » la personne pour qu’elle
puisse venir à Jésus. De notre côté la foi en découle ; elle amène à la possession actuelle de la
vie éternelle et à la certitude de sa plénitude dans la résurrection. Le Seigneur trouve, en Ésaïe
54:13, une prophétie concernant ce travail intérieur du Père. Jésus sait ce qu’il va faire dans
les enfants d’Israël qui seront rachetés et restaurés au début du siècle à venir. Il sait qu’il

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accomplit déjà cette œuvre à ce moment-là ; il continue à la faire aujourd’hui. Personne n’a vu
le Père avec les yeux de la chair. Seuls ceux qui sont « de Dieu » le voient, et cela par la foi.

Les versets 40 et 46 sont liés par les deux expressions « quiconque discerne (ou voit) le
Fils… » et « que quelqu’un ait vu le Père… ». La foi est nécessaire pour ces deux actes ; on
ne voit le Père que si on voit le Fils. Méfions-nous donc des théories qui touchent à la position
de Fils de Jésus. On ne peut retenir la nature divine et éternelle du Père si on rejette la nature
divine et éternelle du Fils.

Les contestations des juifs suscitent encore une de ces déclarations fortes et particulièrement
significatives, fréquentes dans cet Évangile. Jésus est le pain de vie ; ceux qui se l’approprient
par la foi ont la vie éternelle. Cette grande réalité demeure, sans réserve ni commentaire. Les
Juifs ont fait allusion à la manne dans le désert ; le Seigneur s’en sert maintenant, en contraste
avec ce qu’il est lui-même. Leurs pères sont morts, et pourtant ils ont eu part à la manne. Il est
le pain descendu du ciel ; avoir une part avec lui signifie être délivré de la mort. Leurs pères
sont morts, spirituellement aussi bien que physiquement, car ils n’avaient pas la foi, bien
qu’ils aient mangé la manne (voir Hébreux 3:19). L’homme qui mange le pain descendu du
ciel ne mourra jamais spirituellement, quoi qu’il lui arrive physiquement.

Aux versets 50 à 58, le Seigneur parle au moins sept fois de le manger lui, ou sa chair, comme
le pain vivant. Il parle aussi trois fois de boire son sang. Son langage est figuré, bien que très
simple en réalité. Nous nous approprions de la manière la plus complète et la plus intense ce
que nous mangeons et buvons. Cela nous appartient totalement et irrévocablement, et cela
devient, à la fin, une partie de nous-mêmes. C’est par conséquent une image très appropriée
de la foi, car c’est tout à fait ce que produit la foi d’une façon spirituelle. Du fait de son
incarnation, le Fils du Père se trouvait parmi les hommes, il était réellement descendu du ciel.
Par ce moyen tout ce qui était révélé en lui était mis à la disposition des hommes, mais
actuellement on ne peut se l’approprier que par la foi. Les hommes doivent donc manger ce
pain et, en le mangeant, ils vivent éternellement.

La dernière partie du verset 51 amène une autre pensée. Ce « pain » est sa chair, qui va être
donnée non seulement pour la nation juive, mais pour « la vie du monde ». Le Seigneur
indique ici qu’il avait pris un corps pour pouvoir donner sa vie. Complètement aveuglés, les
Juifs se disputent entre eux. Cela amène une autre déclaration d’une extrême importance.
Aucun être humain n’a de vie spirituelle en lui-même, si ce n’est en s’appropriant, par la foi,
la mort du Fils de l’homme. La vie dépend de la foi au Fils qui est venu en chair, comme Fils
de l’homme, et qui est mort. Avant qu’il vienne, beaucoup croyaient en Dieu selon le
témoignage qu’il avait rendu ; ils vivaient devant lui. Mais maintenant que le Fils de
l’Homme est venu, c’est lui le témoignage, et tout dépend de lui.

Il vaut la peine de noter le temps du verbe « manger » aux versets 51 et 53. Il signifie un acte
d’appropriation, accompli une fois pour toutes. Cet acte doit avoir lieu pour qu’un homme
puisse vivre pour Dieu ; il n’y a pas de vie sans l’appropriation, par la foi, de la mort de
Christ. Cependant cela ne s’oppose pas au fait de manger comme une chose habituelle. C’est
ce qui est exposé à quatre reprises lorsque ce mot apparaît aux versets 54, 56, 57, 58. La vie
reçue doit être nourrie et entretenue ; c’est pourquoi celui qui « a mangé » continue à
« manger ». En d’autres termes, celui qui a reçu la vie par l’appropriation initiale de la foi vit
maintenant selon le même principe : « Le juste vivra de foi ». Il a cru et il continue à croire.

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Celui qui a pris l’habitude de manger a la vie éternelle. Pour la quatrième fois, au verset 54, la
résurrection est placée devant nous. La base de cette quadruple mention est sans aucun doute
le fait que la vie éternelle va atteindre son expression et sa plus complète réalisation dans la
résurrection au dernier jour. Deux fois seulement dans l’Ancien Testament il est fait mention
de « la vie pour l’éternité » (Psaume 133:3) et de « la vie éternelle » (Daniel 12:2). Dans les
deux cas, c’est le jour du Messie qui est en vue, c’est « le dernier temps ». Le chapitre 12 de
Daniel parle d’une résurrection nationale pour Israël ; ils se lèveront du milieu de la poussière
des nations. Dans notre chapitre il s’agit des individus ; la résurrection n’est pas une image,
mais elle est réelle et fondamentale. Quand Paul parle de vie éternelle, il envisage, d’habitude,
sa plénitude future dans la résurrection ; par exemple : « Vous avez… pour fin la vie
éternelle » (Romains 6:22). Dans Jean elle est généralement présentée comme une réalité
actuelle. Cependant, comme les paroles du Seigneur le montrent ici, cela ne nous empêche pas
de penser à sa plénitude dans le siècle à venir.

Celui qui mange et boit ainsi a non seulement la vie mais il « habite » ou « demeure » aussi en
Christ, et Christ en lui. De plus, il est placé dans la même relation avec Christ que celui-ci
avec le Père (v. 57). Jésus était l’Envoyé du Père, et avait pour mission de le révéler ; toute sa
vie était vécue à cause du Père, en tirant tout de lui. C’est précisément ainsi, vis-à-vis de
Christ, que doit vivre celui qui se l’approprie habituellement par la foi. En vivant ainsi, il
demeure en Christ et Christ en lui. On ne peut que s’écrier : quelle vie merveilleuse est ainsi
offerte à tout croyant, et combien nous en faisons peu l’expérience ! C’est, en effet, en
contraste avec la manne, le vrai pain descendu du ciel. Cette vie, à laquelle nous accédons en
mangeant, demeure à toujours.

Ces enseignements remarquables de notre Seigneur éprouvent et criblent ses disciples, et


beaucoup sont scandalisés. Ce qu’il dit leur paraît « dur ». Mais en quoi consiste cette dureté ?
En fait, il coupe à la racine leur fierté nationale et religieuse. Il leur est insupportable de
s’entendre dire : « Vous n’avez pas la vie en vous-mêmes » si vous ne mangez et ne buvez !
Pourquoi ? Ils trouvent tout à fait normal d’avoir la vie, en tant que nation choisie par Dieu.
Ils n’ont pas abandonné cette idée, même s’ils pensent avoir trouvé, en Jésus, le Messie
promis. Puisqu’il connaît toutes choses, il sait « en lui-même » que ces disciples protestent
dans leur for intérieur ; il les soumet donc à une épreuve encore plus grande.

Ce dont Jésus parlait impliquait son incarnation par laquelle la plénitude de la divinité est
descendue vers nous ; cela impliquait aussi sa mort, par laquelle la vie nous a été rendue
accessible. Il parle maintenant de son exaltation et de sa gloire. Si l’idée de voir le Fils de
Dieu descendre ici-bas les choquait, que diraient-ils de voir le Fils de l’homme monter au
ciel ? Dans notre chapitre nous avons le premier élément et le dernier de ce « mystère de la
piété » dont parle 1 Timothée 3:16 : « Dieu a été manifesté en chair… a été élevé dans la
gloire ». Remarquez qu’il monte comme Fils de l’homme. C’est un miracle que Dieu
descende sur la terre, ce n’est pas un miracle de moindre importance que l’Homme monte au
ciel ! Jésus de Nazareth est au ciel (voir Actes 22:8). Il est là « où il était auparavant ». C’est
un témoignage frappant que sa personne est une et indivisible. C’est à juste titre, cependant,
que nous pouvons souligner la force et la signification de ses différents noms et titres ; il est
juste aussi de distinguer entre ce qu’il était de toute éternité et ce qu’il est devenu, comme
nous l’avons fait en considérant les premiers versets de cet Évangile.

L’enseignement de ce chapitre est complété par le verset 63, où le Saint Esprit est introduit.
Rien qui vient de la chair n’est utile dans tout cela : c’est l’Esprit qui donne la vie. Le Père est
Celui qui donne le vrai pain de vie ; le Fils est ce pain et, comme Fils de l’Homme, il donne sa

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chair pour la vie du monde ; l’Esprit vivifie. Tout est de Dieu et rien ne vient de l’homme.
L’état de mort de l’homme est bien montré dans ce chapitre, car les paroles du Seigneur, qui
sont esprit et vie, ne sont pour eux qu’une occasion de chute. L’évangéliste interrompt son
récit aux versets 64 et 65 pour nous dire que Jésus parle en sachant pleinement cela. Il
connaît, en lui-même, leurs pensées et leurs paroles depuis le début et, non seulement cela,
mais il sait aussi qui croit et qui ne croit pas. Il connaît celui qui le trahira.

C’est apparemment à ce moment-là que beaucoup de ceux dont il est parlé au chapitre 2 (v.
23-25) se révèlent sous leur vrai jour. Ils ne possèdent pas la foi qui donne la vie, et ils
disparaissent. Jésus met alors les douze à l’épreuve ; Pierre, leur porte-parole, prononce une
belle confession de foi authentique. Il reconnaît l’Envoyé de Dieu, qui a les paroles de la vie
éternelle. N’importe quel homme peut parler de science, de philosophie, et prononcer
quelquefois des paroles de sagesse ; seul le Fils de Dieu a les paroles de la vie éternelle. Il n’y
a donc pas d’alternative, pas de rival possible pour la foi de Pierre. Christ est seul et unique.
Par la grâce de Dieu, il est certainement cela aussi pour nous. Pourtant, même parmi les douze
apôtres, il n’est pas cela pour chacun ; le Seigneur saisit l’occasion pour montrer que le cœur
de Judas est à nu devant ses yeux. Il ne l’a pas placé parmi les douze par quelque méprise sur
son vrai caractère.

7 - Chapitre 7
La Galilée est encore, à ce moment-là, la scène du ministère du Seigneur, et les cœurs de tous
les hommes sont manifestés d’une manière remarquable. Nous avons vu de faux disciples qui
se retirent, un vrai disciple qui confesse sa foi, et le disciple qui est un traître, démasqué. Au
début du chapitre 7, nous voyons les Juifs de Jérusalem adopter une attitude d’hostilité
meurtrière. Nous trouvons ensuite l’incrédulité des frères du Seigneur selon la chair. Ils ne
croient pas encore vraiment en lui ; ils ne comprennent pas ses méthodes et son refus de la
publicité qui attirerait les regards. Ils souhaitent qu’il manifeste ses pouvoirs dans la capitale,
de manière à prendre possession du monde. Le Seigneur refuse leur conseil. Le monde ne peut
pas les haïr, car ils n’en sont pas encore séparés. Ce monde hait le Seigneur, car depuis le
début il en est fondamentalement séparé et il rend témoignage contre ses mauvaises œuvres.

De plus, il agit uniquement selon la volonté du Père ; son temps « n’est donc pas encore
venu ». Ils agissent, eux, uniquement suivant leurs propres pensées ; leur temps est donc
« toujours prêt », selon l’esprit du monde. Si nous lisons 1 Jean 3:12, 13, nous voyons que la
situation d’Abel préfigurait celle du Seigneur. Les œuvres justes du Seigneur Jésus, faites au
nom de son Père, témoignent contre les mauvaises œuvres des Juifs. Ils veulent sa mort et ils
atteindront leur but lorsque son heure sera venue. Au moment convenable il monte à la fête
des Tabernacles, alors que beaucoup le cherchent et parlent de lui secrètement. Cela nous
montre que la masse du peuple n’est que trop indifférente, bien qu’elle ne s’identifie pas aux
chefs qui veulent le tuer. Ils sont remplis de curiosité, de questions, et discutent de leurs
différentes opinions. Ils ne sont pourtant pas assez concernés pour arriver à une décision.
Quelle ressemblance avec la situation d’aujourd’hui ! Il y a des gens farouchement opposés,
des sceptiques, de faux disciples prêts à tout lâcher, des masses indifférentes ; quelques-uns,
par contre, comme Pierre et les dix, découvrent le Prince de la vie, qui est sans égal.

C’est au milieu de la fête que Jésus apparaît et enseigne. La puissance de ses paroles se fait
sentir immédiatement et des questions sont soulevées. Il n’est pas passé par les écoles des
634
hommes, et pourtant il parle de cette façon ! Comment cela se fait-il ? Jésus répond à leurs
questions en disant que son enseignement vient de Celui qui l’a envoyé. Il est venu pour
prononcer ses paroles et il le fait à la perfection. Quelles que soient les difficultés rencontrées
par ceux qui le questionnent, elles viennent de leur propre attitude. Si seulement ils avaient le
désir réel de faire la volonté de Dieu, ils reconnaîtraient que son enseignement vient de lui. Si
nous désirons faire la volonté de Dieu, nous sommes nécessairement caractérisés par la
sincérité et la soumission, et nos convictions deviennent claires et justes. Les brumes du doute
envahissent l’esprit de ceux qui sont frivoles ou curieux.

Jésus ne parlait certainement pas par lui-même, mais de la part de Dieu ; sa vérité et sa justice
étaient donc évidentes. Il était venu pour chercher la gloire de Dieu au lieu de rechercher sa
propre gloire et de parler par lui-même. S’il n’était pas convenable pour lui de chercher sa
propre gloire, bien que toute gloire lui appartienne de droit, combien moins cela le serait, pour
celui d’entre nous qui le sert, de chercher sa propre gloire. Nous n’avons droit à aucune gloire.
Quelle pensée convaincante et pénétrante pour chacun d’entre nous ! La mesure établie par le
Seigneur doit être pour nous un test.

Pour le peuple, cependant, Moïse était le législateur ; jugés par la loi, tous étaient coupables.
Jésus sait qu’ils cherchent à le faire mourir, et voilà qu’ils violaient la loi de Moïse de façon
flagrante. La foule rejette ce qu’il dit. Ils ignorent peut-être les stratagèmes de leurs chefs,
mais ils montrent leur animosité par cette terrible accusation : « Tu as un démon ! ». Jésus
leur répond en rappelant le miracle du chapitre 5, accompli lors de sa précédente visite à
Jérusalem. Il leur montre combien leurs jugements sont injustes et superficiels en ce qui
concerne la manière dont ils pratiquent la circoncision. D’autres interviennent à ce moment-là
et, par leurs remarques, confirment ce que le Seigneur dit de leurs intentions meurtrières. Ils
contredisent la question de la foule : « Qui cherche à te faire mourir ? ». Pourtant ils ne
croient pas en lui ; le fait qu’ils pensent connaître son origine humaine les induit en erreur. La
réalité de la situation est néanmoins rendue évidente par ces hommes dont les propos
s’annulent mutuellement.

Connaissant leurs paroles, Jésus les prend au mot quand il enseigne dans le temple. Il leur
montre qu’ils le connaissent et savent qu’il vient de l’atelier du charpentier de Nazareth ; en
revanche, il leur dit qu’ils ne connaissent pas Celui qui l’a envoyé. Ils ont une certaine
connaissance du côté humain, mais ils sont totalement aveugles en ce qui concerne le côté
divin. Il y a pourtant ceux qui sont impressionnés par ses miracles et qui ont tendance à croire
qu’il pourrait être le Messie. Les pharisiens et les principaux sacrificateurs restent sur leur
position d’hostilité implacable et envoient des gens pour le prendre, mais son heure n’est pas
encore venue. Les versets 33 et 34 montrent qu’ils n’ont aucun pouvoir réel contre lui. Quand
son heure viendra très prochainement, il s’en ira à Celui qui l’a envoyé, dans un lieu où ils
n’entreront jamais ; il ira là où il a toujours demeuré. Il parle donc de sa mort et de sa
résurrection d’un point de vue très élevé. Les versets 35 et 36 nous révèlent, une fois de plus,
qu’ils sont tout à fait incompétents. Ils n’ont pas la moindre idée de la signification de ses
paroles.

Selon Lévitique 23, le huitième jour de la fête des Tabernacles devait être « une sainte
convocation ». Ce jour-là, quand la joie du peuple devait être à son comble, Jésus fait sa
seconde grande déclaration au sujet de « l’eau vive ». Il sait qu’aucune de ces fêtes juives
n’étanche la soif des hommes, et que quelques-uns en sont conscients. Il les invite donc à
venir à lui et à boire, puisque l’Esprit va bientôt être donné à ceux qui ont cru en lui. Il a parlé
à la Samaritaine de l’Esprit qui demeure dans le croyant comme une fontaine ; il parle

635
maintenant du même Esprit qui fait jaillir des fleuves. Ils vont s’écouler du sein du croyant.
Cette image nous montre que deux choses sont nécessaires pour que l’eau puisse couler : non
seulement recevoir l’Esprit, mais aussi l’assimiler spirituellement. Le fleuve s’écoulera du
sein et non de la tête.

Cela aura lieu « selon ce qu’a dit l’Écriture ». Ce n’est donc pas la citation d’une déclaration
écrite, mais plutôt quelque chose de plus général. Par exemple, Ézéchiel 47:1-9 avait annoncé
que des eaux couleraient du temple au temps du royaume à venir ; ces eaux apporteraient la
vie puisque tout vivra là où parviendra la rivière. Il dit de plus que « le nom de la ville, dès ce
jour » sera « l’Éternel est là » (Ézéchiel 48:35). Les eaux vives signaleront le fait que le Dieu
vivant est au milieu de son peuple. Mais l’Esprit sera donné quand Jésus sera glorifié au ciel,
bien avant qu’il revienne pour régner. Les fleuves d’eau vive qui coulent, spirituellement et
non matériellement, signalent la présence du Saint Esprit dans les croyants et le fait qu’il
habite en eux. L’Écriture avait donc parlé de ces choses. Nous voyons à plusieurs reprises se
vérifier le fait que ce que le croyant connaît de façon spirituelle dans le siècle actuel sera ce
dont Israël jouira de façon matérielle dans le siècle à venir.

Le verset 39 est important, car il précise clairement le lien entre la glorification de Jésus et
l’effusion de l’Esprit. Par cet acte, l’Église va être formée et, comme corps, elle va être unie à
sa Tête. Jésus est venu sur la terre comme un homme ; cependant quatre étapes
supplémentaires sont nécessaires avant que, comme Seigneur et Christ, il ne prenne cette
position privilégiée de prééminence. Ces quatre étapes sont : la mort, la résurrection,
l’ascension, la glorification. Le Saint Esprit est ensuite répandu, et les eaux vives commencent
à couler, à Jérusalem et ailleurs. Quand il envisage cela, le Seigneur Jésus fait la promesse du
verset 38 et il ne met aucune condition pour « celui qui croit en moi ». Ce n’était pas
seulement pour l’époque des apôtres, c’est aussi pour nous. Pourquoi voit-on si peu les
fleuves ? Est-ce parce que notre être intérieur a été obstrué par d’autres choses, et reste peu
accessible au travail divin ?

Les versets 40 à 44 nous montrent le peuple encore hésitant et perplexe. Certains expriment
une opinion, et d’autres une autre. Quelques-uns veulent se saisir de lui, cependant personne
ne le fait. Cela paraît se terminer en vaines discussions, mais cela révèle la présence d’un
profond désaccord qui les divise. Il y a plusieurs façons d’être contre Christ ; il n’y en a
qu’une d’être pour lui : c’est l’attitude prise par Pierre à la fin du chapitre 6. Ce désaccord,
semblable à quelque grand canyon du Colorado, existe aujourd’hui ; en comparaison, toutes
les autres divisions entre les hommes ne sont que des fossés peu profonds. Les gens
continuent à être divisés à cause de lui.

À la fin du chapitre 6, Pierre rendait hommage à la puissance divine des paroles du Seigneur ;
elles sont « les paroles de la vie éternelle ». Nous voyons maintenant que cette même
puissance est ressentie par des hommes qui sont de l’autre côté du profond fossé qui partage
en deux la nation. Les chefs religieux ont envoyé des hommes pour arrêter Jésus, mais ils
reviennent sans lui. La seule explication de leur échec est celle-ci : « Jamais homme ne parla
comme cet homme ». Ils ne comprennent pas ce qu’il dit, mais ils sentent qu’aucun homme
n’a jamais parlé comme lui ; ses paroles le placent dans une tout autre classe de personnes. Ils
sont peut-être ignorants, mais leur sensibilité n’est pas complètement éteinte.

Leurs chefs, qui les ont envoyés, sont dépourvus non seulement de sensibilité mais aussi de
scrupules. Ils ne manquent pas d’un immense orgueil personnel ; au point qu’ils sont sûrs que
leur rejet personnel de Jésus est définitif et ne peut être contesté, et que tous doivent

636
l’accepter. Si la foule, ou quelques-uns parmi elle, ne l’accepte pas, cela montre seulement
qu’elle est ignorante et maudite. Ainsi ces faux bergers se contentent de maudire les brebis et
s’en tiennent là. Cependant leur propre ignorance commence à poindre. L’effet de leur
question triomphante, pour savoir si quelqu’un des chefs ou des pharisiens a cru en lui, est
gâché par Nicodème qui est à la fois pharisien et chef. Bien qu’il ne soit pas encore prêt à se
montrer comme un vrai croyant, il révèle par sa question qu’il ne s’associe pas à leur
incrédulité. De plus leur mépris envers la Galilée révèle seulement qu’ils ignorent d’où est
venu le Christ.

La scène présentée dans les derniers versets du chapitre 7 montre quelle ressemblance
étonnante existe entre ces hommes et l’homme religieux moderniste d’aujourd’hui. Il est vrai
que de nos jours, la Parole de Dieu est davantage discutée que ne l’était alors la Parole
vivante, mais la place suprême de l’intelligence et de la connaissance humaines s’affirme de
manière aussi triomphante aux deux époques. L’expression moderne est : « Tous les érudits
sont d’accord… », d’accord pour nier ou même ridiculiser la Parole de Dieu. Mais
aujourd’hui, comme alors, tous les érudits ne sont pas d’accord ; les opposants ne se réduisent
pas à un seul, comme Nicodème dans le sanhédrin, puisque leur foi en Christ et en sa Parole
est beaucoup plus claire et déclarée que la sienne. De plus, comme les hommes religieux
d’autrefois, ceux d’aujourd’hui s’appuient sur de fausses bases. Christ ne venait pas « de
Galilée », comme ils auraient dû le savoir, mais ils ne se préoccupaient pas de chercher plus
loin. L’incrédulité moderne est riche en spéculations, suppositions et imagination, mais
malheureusement dépourvue de faits indiscutables.

8 - Chapitre 8
Toutefois, les Juifs pensent qu’ils ont définitivement réglé la question, et ils se retirent dans le
confort de leur propre maison ; pendant ce temps Jésus, la Parole faite chair, lui qui n’avait
pas de maison, passe la nuit sur le mont des Oliviers. Le lendemain, il retourne de bonne
heure au temple. Là il se trouve confronté justement à quelques-uns de ces adversaires qui lui
soumettent un cas, en espérant qu’il se fera piéger. La foule est peut-être ignorante de la loi et
maudite ; eux connaissent très bien la loi et se croient bénis par elle. Ils connaissent aussi la
bonté et la grâce de Jésus. Ils placent donc la femme pécheresse au centre et citent la loi de
Moïse contre elle. Le résultat n’est pas ce qu’ils attendaient. Le Seigneur dirige la loi, comme
un projecteur, sur eux ; son pouvoir de conviction atteint même leur conscience endurcie. Ces
hypocrites, imbus de religion, qui parlent assez facilement de malédiction pour la foule,
voient maintenant la malédiction de la loi surgir sur eux, et ils disparaissent.

L’action de Jésus qui se baisse et écrit sur le sol est significative. Il y a ici, si l’on peut dire, le
doigt qui a écrit autrefois la loi sur deux tables de pierre, cette loi qui a prononcé une sentence
de mort contre Israël. Le même doigt avait écrit sur le plâtre du mur une sentence de mort
contre un orgueilleux monarque des nations à l’époque de Daniel. Il est frappant de voir quels
sont les supports de ces écrits. La loi inflexible est écrite sur de la pierre inflexible.
Désormais, celui qui méprise la loi de Moïse « meurt sans miséricorde », puisque la loi ne
peut être tordue comme l’est le caoutchouc (Hébreux 10:28). Le plâtre est friable et se brise
facilement, comme les plus forts et les plus fiers des royaumes des hommes. Jésus écrit sur le
sol. Ce qu’il écrit là ne nous est pas dit, mais nous savons qu’il allait entrer « dans la poussière
de la mort » (Psaume 22:15). Il a écrit là une déclaration complète de l’amour de Dieu.

637
En Apocalypse 5, le livre de jugement est apporté. Un ange puissant lance ce défi d’une voix
forte : « Qui est digne d’ouvrir le livre et d’en rompre les sceaux ? ». Jésus lance le même
défi, bien qu’en termes différents. Le résultat du défi sera alors que « personne, ni dans le ciel,
ni sur la terre, ni au-dessous de la terre » ne peut ouvrir le livre ni même le regarder ; de la
même manière ici tous les accusateurs sortent, pleins de honte. Alors le « lion », qui est
devenu « l’Agneau », reste seul pour exécuter le jugement. Ici, « Jésus fut laissé seul avec la
femme devant lui ». Ce n’est cependant pas l’heure du jugement, mais celle de la grâce ; ainsi
Celui qui a le droit de condamner n’exerce pas ce droit. Il est « plein de grâce et de vérité ». Il
dirige le projecteur de la vérité vers les hypocrites et étend sa grâce en direction de la femme
pécheresse, pour la délivrer du péché.

Il s’ensuit une polémique solennelle entre le Seigneur et les juifs, dont le récit remplit le reste
du chapitre. Les premiers mots de Jésus, au verset 12, font référence à l’incident et sont la clé
de ce qui suit. Au début de l’Évangile, nous avons vu que la Parole était l’auteur de la vie, et
la lumière qui brille dans les ténèbres ; les chapitres 3 à 7 nous l’ont présentée comme source
de la vie éternelle. Maintenant elle nous apparaît comme la lumière, et la fin du chapitre 12
résume cette présentation. Jésus est la lumière, non seulement d’Israël, mais du monde ; celui
qui le suit, quelle que soit son origine, aura la lumière de la vie qui a été manifestée en lui.
Celui qui ne le suit pas demeure dans les ténèbres, même s’il est le Juif le plus orthodoxe
qu’on puisse imaginer.

Le Seigneur avait fait remarquer, au chapitre 5, combien le témoignage qui lui était rendu était
étendu ; il n’était donc pas venu à eux en se recommandant lui-même. Les pharisiens
s’emparent maintenant des mots qu’il vient d’employer et ils essaient de le déclarer coupable
d’être inconséquent dans ses paroles. Il ne retire pas ses paroles, ni ne les explique. Il fait
simplement appel à des choses de nature beaucoup plus élevée qui les convainquent de leur
ignorance et de leur erreur. Chez de simples hommes, la connaissance de soi est peu
développée. Ce qui est derrière eux et ce qui est devant, tout est enveloppé d’un voile de
mystère impénétrable ; il n’y a pas de telles limitations en Jésus. Il se connaissait parfaitement
d’une manière divine et éternelle. Ces pharisiens sont aussi ignorants de lui, que d’eux-
mêmes. Ils sont également dans l’erreur puisque tous leurs jugements sont formés par la chair
dans laquelle il n’habite aucun bien. Ils se trompent dans leur jugement charnel de ses paroles,
même s’ils sont habiles pour se précipiter sur ce qui semble une contradiction.

Dans le cas de la femme adultère, le Seigneur a refusé le rôle de juge. Cette fonction sera la
sienne dans un jour à venir, mais elle ne l’est pas encore aujourd’hui. Dans le verset 15, il dit
aux pharisiens qu’il ne juge pas. Il y a cependant un paradoxe en cela, car il affirme aussi que
ses jugements sont vrais, puisqu’il est si complètement un avec le Père qui l’a envoyé. Tout
jugement lui appartiendra dans le siècle à venir ; il l’exécutera toutefois en plein accord avec
le Père. Derrière le témoignage qui lui est rendu, il y a le poids de toute l’autorité du Père. Le
fait qu’il fasse référence au Père ne sert qu’à mettre en évidence leur totale ignorance. Le Père
ne peut être connu que dans le Fils, qu’ils ne veulent pas recevoir. Si seulement ils avaient
connu le Fils, ils auraient alors connu le Père.

Le verset 20 rend témoignage de la puissance des paroles de notre Seigneur comme aussi de
la puissance de sa Personne. Ses paroles les poussent à désirer se saisir de lui, mais quelque
chose, en lui, les en empêche, jusqu’à ce que l’heure vienne où il se livrera lui-même à leur
volonté. Le Seigneur continue pourtant à rendre témoignage devant eux.

638
Il les a accompagnés dans leur chemin et les a cherchés avec grâce. Un moment viendrait où il
irait son propre chemin ; ils le chercheraient en vain et mourraient dans leurs péchés. Ils
seraient alors privés de relation avec lui et avec Dieu à jamais. Ce retournement complet de
situation sera non seulement justifié, mais approprié. Nous voyons de nouveau, au verset 22,
que les juifs étaient totalement ignorants et que leur esprit était vil, au dernier degré. En effet
ils étaient « d’en bas », dans tous les sens du terme. Cela conduit le Seigneur à faire ressortir
le contraste frappant qui existe entre lui et eux. Premièrement en ce qui concerne l’origine : ils
étaient d’en bas, lui est d’en haut. Deuxièmement, en ce qui concerne le caractère : ils étaient
de ce monde, lui n’est pas de ce monde. Troisièmement, quant à leur fin : ils étaient sur le
point de mourir dans leurs péchés et d’être exclus de la présence de Dieu ; Lui va au Père,
comme il l’a déjà laissé entendre. Par la foi en Jésus, ils pourront éviter la mort ; cette foi
découvrira en lui « JE SUIS ». En Exode 3:14, Dieu s’était révélé lui-même comme le grand
« JE SUIS » ; c’est pourquoi, en disant cela, Jésus déclare de fait sa divinité.

Pour le moment, les juifs n’ont pas discerné cela, mais, de toute évidence, ils ont compris
l’importance de ce qu’il revendiquait. En effet, ils demandent immédiatement : « Toi, qui es-
tu ? ». Ils reçoivent une réponse étonnante : « Absolument ce qu’aussi je vous dis ». Il est la
vérité ; son discours était une présentation de lui-même vraie et fidèle. On ne pourrait pas en
dire autant des hommes les meilleurs et les plus sages. Si nous le voulions, nous ne saurions
montrer, avec des mots, ce que nous sommes exactement. Si nous le pouvions, nous
reculerions devant cette présentation, étant donné ce que nous sommes. Ses paroles étaient la
révélation fidèle de lui-même ; nous pouvions nous y attendre : nous savons qu’il est la Parole
devenue chair. Méditons cette parole de Jésus, car elle porte en elle l’assurance que, dans les
Évangiles, nous avons une réelle et véritable révélation de Christ. Ils nous présentent ce qu’il
a fait aussi bien que ce qu’il a dit ; mais, par ses seules paroles nous pouvons vraiment le
connaître, bien que nous ne l’ayons jamais vu dans les jours de sa chair. Il dit absolument ce
qu’Il est.

Le verset 26 nous montre que tout ce qu’il avait à dire au sujet des hommes était également la
vérité, parce que toutes ses paroles révélaient le Père et venaient de lui. Ils ignoraient tout du
Père, et ne croyaient absolument pas au Fils, présent au milieu d’eux. Quand ils auront élevé
le Fils de l’homme, la démonstration sera faite qu’il était réellement « JE SUIS », et qu’en
tout, le Père était avec lui. Son élévation correspond à sa mort ; quand elle sera accomplie, la
résurrection surviendra, qui le déterminera « Fils de Dieu, en puissance, selon l’Esprit de
sainteté » (Romains 1:4). Alors « ils connaîtront », dans le sens où ils auront une
démonstration parfaitement suffisante devant les yeux. À ce moment-là, peu de gens le
connaissaient vraiment, étant éclairés par la démonstration de ce qu’il était ; la plupart, en
revanche, fermaient délibérément les yeux à la lumière. Cependant la manifestation qu’il est
entièrement et toujours les délices du Père est là pour que tous les yeux voient la lumière.

La puissance de ses paroles se fait sentir et plusieurs croient en lui. Le Seigneur les met à
l’épreuve en leur disant que celui qui est un vrai disciple, et non pas seulement un disciple de
nom, est caractérisé par le fait qu’il persévère dans sa parole ; c’est-à-dire dans toute la vérité
qu’il a apportée. La persévérance est toujours le critère de la réalité et, là où elle existe, la
vérité est connue dans sa puissance de libération. Le diable asservit par la puissance de son
mensonge ; Christ libère, par la puissance de la vérité de Dieu. Il ne flatte pas les juifs en leur
disant qu’ils sont libres en tant que nation choisie par Dieu. Il place devant eux cette vraie
liberté spirituelle qui est le résultat de la connaissance de la vérité. C’est de cela qu’ils ont
besoin ; il en est de même pour nous.

639
Beaucoup ne se soumettent pas à ce test, car leur orgueil national et religieux est blessé. Ils
sont peut-être la postérité d’Abraham selon la chair, mais en prétendant n’avoir jamais été
esclaves de personne, alors qu’ils sont sous la domination absolue des Romains, ils montrent
bien leur aveuglement. Par son affirmation absolue du verset 34, Jésus dirige leurs pensées
vers l’esclavage du péché. Les hommes ne peuvent pas pratiquer le péché sans être esclaves ;
c’est une pensée solennelle pour chacun de nous. L’esclave demeure dehors ; le Fils, au
contraire, demeure à l’intérieur de la maison, et cela pour toujours. Le Fils n’a pas seulement
cette habitation pour lui-même, mais il peut aussi affranchir l’esclave et l’introduire dans ce
qui est la vraie liberté ; ainsi celui qui est réellement un disciple devient « réellement libre ».

Dans les paroles de notre Seigneur rapportées aux versets 32 et 36, on peut certainement voir
en germe ce qui sera exposé plus complètement dans les épîtres. Romains 6 montre notre mort
avec Christ, dont la conséquence est que nous sommes « affranchis du péché », ce qui nous
introduit dans une « nouveauté de vie ». C’est la réponse au verset 32 de notre chapitre ; alors
que le verset 36 trouve sa contrepartie en Galates 4:1-7, qui est lié à Galates 5:1. La
rédemption, accomplie par le Fils alors que nous étions sous la loi, et l’envoi de l’Esprit du
Fils dans nos cœurs, nous ont amenés dans une liberté à laquelle nous devons tenir ferme. Le
Fils nous a réellement rendus libres.

Aux versets 37 à 44, le Seigneur expose très solennellement la fausseté de leur prétention à
être les enfants d’Abraham. Leur revendication aurait eu quelque valeur s’ils s’étaient montrés
ses enfants au sens spirituel, manifestant sa foi et accomplissant ses œuvres. Ils étaient
marqués, à ce moment-là, par la haine et l’esprit de meurtre. Caïn avait montré cet esprit ; il
était « du méchant et tua son frère » (1 Jean 3:12). Ils faisaient, eux aussi, les œuvres de leur
père et montraient donc qu’ils appartenaient à leur père, le diable ; celui-ci est « meurtrier dès
le commencement » et « il n’y a pas de vérité en lui ». La haine et le mensonge ont, tous deux,
le diable pour père ; ceux qui sont caractérisés par ces deux choses trahissent, par là, leur
origine spirituelle.

Jésus parle de lui-même, au verset 40, comme « un homme qui vous ai dit la vérité ». D’autres
parlent de lui comme d’un homme et ne voient rien de plus en lui. Il est frappant que, dans cet
Évangile qui le présente comme la Parole faite chair, il parle de lui-même comme d’un
homme. Ainsi la vérité nous est présentée harmonieusement, et nous voyons clairement à la
fois sa divinité intrinsèque et sa parfaite humanité. Il expose la vérité ; ceux qui ont Dieu pour
Père l’aimeront, lui, ainsi que la vérité. Ses adversaires ont pour origine le Méchant ; ils ne
peuvent pas entendre sa parole, c’est-à-dire la révélation qu’il a apportée. En conséquence, ils
ne peuvent absolument pas comprendre son langage, les mots qu’il utilise pour se révéler.
C’est ce que nous dit le verset 43.

Remarquons que les paroles du Seigneur détruisent totalement la notion fausse, si répandue,
de « la paternité universelle de Dieu » ; cependant ces religieux juifs ne revendiquaient la
paternité universelle d’Abraham, et donc de Dieu, que pour leur nation. Jésus dit : « Si Dieu
était votre Père… ». Il exprime son désaccord. Le diable est leur père. La paternité de Dieu est
réservée à ceux qui croient, comme le dit Galates 3:26.

Devant ces Juifs, se tient Celui que même ses ennemis les plus acharnés ne peuvent
convaincre de péché. Il leur dit la vérité. Cette vérité honore le Père et délivre les hommes de
la mort. Cependant ils refusent la vérité ; ils déshonorent le Seigneur, ils le traitent de
Samaritain et disent qu’il a un démon. Ils se glorifient en Abraham, tout en reconnaissant qu’il
est mort depuis longtemps. Le Seigneur vient à eux comme Celui qui sait qu’il est venu du

640
Père et qu’il est honoré par le Père ; il va entrer dans son jour, qu’Abraham attendait avec joie
et qu’il a vu par la foi.

Les juifs, comme toujours, ne comprennent pas du tout ses paroles. Jésus dit qu’Abraham a vu
son jour, et ils pensent qu’il affirme avoir vu Abraham. Leur erreur sert à introduire cette
grande déclaration : « Avant qu’Abraham fût, JE SUIS ». À un moment précis, Abraham
« fut ». Le verbe employé ici est le même qu’au chapitre 1 (v. 14), où nous lisons que la
Parole « fut faite chair » ou « devint » chair. Le verbe, utilisé dans l’expression « je suis »,
signifie « exister éternellement », comme nous le trouvons au chapitre 1 (v. 18) ; le Fils
« est » dans le sein du Père ; ce verbe « être » est employé au passé, au chapitre 1 (v. 1 et 2), à
propos de la Parole, au commencement. Jésus dit donc : « Avant qu’Abraham vienne à
l’existence, JE SUIS éternellement ».

Cette déclaration exceptionnelle incite les Juifs à essayer de le lapider ; si elle avait été fausse,
ils auraient eu tout à fait raison. Cela touche certainement notre cœur et nous pousse à
l’adorer, lui, et à adorer la grâce qui l’a fait devenir homme et descendre si bas pour notre
salut. Les intentions meurtrières des Juifs n’échouent pas parce qu’ils manquent de
détermination, mais parce qu’il est hors de leur atteinte jusqu’à ce que son heure soit venue.
Jésus se cache et quitte le temple.

9 - Chapitre 9
Le long de son chemin, Jésus rencontre un aveugle qui va rendre un témoignage remarquable
aux chefs d’Israël. Dans sa personne même, il devient un autre « signe » montrant que le
Christ, le Fils de Dieu, est en effet là, parmi eux.

La question soulevée par les disciples peut nous paraître curieuse. Elle exprime, en fait, des
pensées courantes parmi les juifs, fondées sur Exode 20:5 qui parle de l’iniquité des pères,
visitée sur les fils. La réponse du Seigneur montre que le malheur peut venir sans qu’il y ait
aucun élément de rétribution, mais seulement pour que l’œuvre de Dieu puisse être
manifestée. Elle l’est ici, lorsque le Seigneur accomplit une délivrance complète de
l’infirmité. Elle peut être manifestée, de manière tout aussi frappante, par une délivrance
complète du découragement et du poids de l’affliction, alors que l’affliction elle-même
persiste encore ; c’est ce qu’on voit souvent aujourd’hui. C’était alors le « jour », marqué par
la présence sur la terre de « la lumière du monde ». Jésus sait que la « nuit » de son rejet et de
sa mort approche. Jusqu’à ce moment-là, il est sur la terre pour faire les œuvres du Père ; cet
aveugle est un sujet qui convient bien pour que l’œuvre de Dieu s’accomplisse, bien qu’il
n’ait rien demandé, autant que nous le rapporte le récit.

L’action accomplie par le Seigneur est symbolique, comme le montre le nom du réservoir
dont la signification nous est donnée. Jésus est « l’Envoyé », qui était devenu chair ; la terre
mêlée de crachat est un symbole de sa chair. Or des yeux sains seront aveuglés s’ils ont un
emplâtre de boue, et des yeux malades seront rendus doublement aveugles. Il en est ainsi des
aveugles spirituels ; la chair de « la Parole » est une pierre d’achoppement et ils ne voient que
le fils du charpentier. Pour nous, qui croyons en lui comme l’Envoyé, c’est plutôt le contraire.
C’est par sa révélation en chair que nous avons appris à le connaître, comme le montre 1 Jean
1:1, 2. Sa chair est ténèbres pour le monde ; elle est lumière pour nous. Nous pouvons adopter
ce langage dans un sens spirituel et dire : Nous nous sommes lavés et sommes revenus voyant.
641
Le reste du chapitre montre que l’aveugle a eu les yeux du cœur ouverts aussi bien que les
yeux de son corps.

Une fois que ses yeux spirituels sont ouverts, il a plus de lumière. L’opposition même qu’il
rencontre sert à produire cette croissance. Les questions des voisins fusent plus par curiosité
que par hostilité, et elles contribuent à faire ressortir les faits tout simples du début. Il sait
comment ses yeux ont été ouverts et qu’il le doit à un Homme appelé Jésus, bien qu’il ne
sache pas où il se trouve.

Son cas est si remarquable qu’ils l’amènent aux pharisiens ; ici, immédiatement, l’esprit de
contestation règne. Ils n’ont aucune difficulté à trouver des raisons à leur opposition, car le
miracle a été accompli le jour du sabbat.

Jésus a de nouveau violé le sabbat ; cela le condamne immédiatement à leurs yeux. Avoir une
défaillance dans les pratiques religieuses est fatal. « Cet homme n’est pas de Dieu », disent-
ils ; voilà la conclusion typique de l’esprit pharisaïque. D’autres, cependant, sont plus
impressionnés par le miracle. Ainsi se manifeste encore une division ; cela les amène à
demander à l’homme ce qu’il dit de Celui qui l’a guéri. Sa réponse montre que cet « homme,
appelé Jésus », est pour lui au moins un prophète. C’est plus qu’ils ne veulent l’admettre,
aussi contestent-ils la réalité de sa guérison miraculeuse.

Les parents sont appelés, maintenant, à entrer dans la discussion pour témoigner seulement
que leur fils est bien né aveugle. La guérison est donc incontestable, bien que la peur amène
les parents à renvoyer à l’intéressé lui-même, pour obtenir d’autres renseignements. Il
apparaît clairement que le verdict des pharisiens, sur ce cas, était établi d’avance. Quiconque
confesserait Jésus comme le Christ, serait exclu de tous les privilèges religieux du judaïsme.
Leurs motifs méchants se trouvent donc révélés. Ils poursuivent l’interrogatoire de l’homme,
non pour connaître la vérité, mais pour découvrir une raison valable, quelle qu’elle soit, pour
condamner Jésus, ou bien l’homme, ou les deux.

Attribuera-t-il la gloire à Dieu, tout en convenant que l’homme par qui la puissance de Dieu
s’exerce est un pécheur ? L’aveugle, guéri, évite ce piège subtil en réaffirmant simplement le
seul point qui soit pour lui inébranlable. Il agit comme un général habile, qui refuse de se
battre sur un terrain choisi par l’ennemi, et ne veut rencontrer son adversaire que sur sa propre
position imprenable. Il refuse une discussion purement théologique, dans laquelle il n’est pas
de taille à leur faire face, et tient ferme sur ce qu’il sait de l’œuvre accomplie en lui. Les
paroles de cet homme, au verset 25, sont instructives pour nous. L’illettré d’aujourd’hui peut
affronter humblement mais hardiment les nombreuses accusations des pharisiens et des
sadducéens, s’il se contente de témoigner de ce que la grâce de Dieu a fait pour lui et en lui.

Ils essaient ensuite d’arracher à cet homme plus de précisions sur la méthode employée par
Jésus. Ils espèrent trouver un point sur lequel ils pourront l’attaquer. Cependant, il s’est déjà
aperçu de leur opposition, et sa question : « Voulez-vous aussi, vous, devenir des disciples ? »
est légèrement moqueuse. Cela les pique tellement au vif qu’ils se mettent en colère et, tout en
proclamant leur attachement à Moïse, ils se mettent dans une situation critique en déclarant
leur ignorance au sujet de l’origine et des titres de Jésus. Ils adoptent l’attitude « agnostique »,
comme beaucoup le font aujourd’hui. Cependant, il s’agit là d’un aveu fatal. Dans ce débat,
ils perdent leur calme, puis leur cause ! Le croyant simple, s’il s’en tient aux faits
fondamentaux dont il peut rendre témoignage, ne souffrira aucune défaite face à l’agnostique.

642
Ces pharisiens, qui se font passer pour l’autorité religieuse suprême du moment, non
seulement se déclarent ignorants sur cette question fondamentale, mais exigent aussi une
sentence tout à fait contraire à l’évidence. Une puissance bienfaisante a indéniablement agi,
accomplissant la délivrance du mal ; ils déclarent ignorer sa source, et exigent cependant que
Celui qui l’a exercée soit dénoncé comme pécheur. L’homme a ressenti toutefois l’action de
cette puissance ; il sait qu’elle vient de Dieu, et l’opposition inique qu’il rencontre ne fait que
l’amener à la conclusion que Jésus lui-même est vraiment « de Dieu ».

Ayant perdu leur cause et n’ayant pas réussi à corrompre les pensées de cet homme, les
pharisiens ont recours à la violence et le chassent dehors. En ce qui concerne le judaïsme, il
est excommunié ; reste-t-il quelque chose pour ce pauvre homme, à part le paganisme avec
son vide et ses ténèbres ? Oui, il reste quelque chose ! Jésus lui-même est déjà moralement en
dehors du judaïsme. Comme nous l’avons déjà remarqué, il a été considéré ainsi depuis le
début de cet Évangile ; cependant ce n’est que lorsqu’il a été amené hors de la porte de
Jérusalem pour mourir comme un malfaiteur qu’il a été vraiment en dehors du judaïsme. Au
verset 35, nous voyons le Sauveur rejeté qui trouve l’homme rejeté. Il lui pose la plus
importante des questions : « Crois-tu au Fils de Dieu ? ». La question est posée sous une
forme abstraite. L’homme hésite, car il désire que le Fils de Dieu soit devant lui
concrètement. Où peut-on le trouver, afin de croire ? Ainsi interpellé, le Seigneur se présente
lui-même, clairement, comme le Fils de Dieu. Immédiatement, et aussi clairement, l’homme
l’accepte comme tel par la foi, et lui rend hommage.

Ainsi, une fois de plus, nous sommes amenés au sujet principal de cet Évangile, exprimé au
verset 31 du chapitre 20. Pas à pas, l’homme a été conduit à la foi au Fils de Dieu, et à la vie
en son nom. Le recouvrement de la vue a été le signe d’un travail plus grand : celui de
l’ouverture des yeux de l’intelligence et du cœur. Au verset 39, nous avons le commentaire du
Seigneur sur toute la scène. Il était venu dans le monde pour le jugement. Il ne s’agissait pas
de condamner les hommes mais de balayer les apparences pour atteindre les hommes tels
qu’ils sont vraiment. Quelques-uns, comme cet homme, ont les yeux ouverts pour voir la
vérité. D’autres, comme les pharisiens, qui prétendent être ceux qui voient, peuvent être
aveuglés et montrent qu’ils sont aveugles. Quelques-uns, présents, se doutent que Jésus fait
allusion à eux ; leur question donne l’occasion de révéler leur position dangereuse. Leur péché
se trouve dans leur hypocrisie. Ils ont une vue intellectuelle et cependant ils sont
spirituellement aveugles ; leur péché demeure. Ceux qui sont réellement aveugles, et qui le
confessent, sont plutôt des objets de compassion.

10 - Chapitre 10
Il n’y a pas de vraie coupure à l’endroit où ce chapitre commence dans nos Bibles. La réponse
du Seigneur, qui débute au dernier verset du chapitre 9, continue jusqu’à la fin du verset 5 du
chapitre 10. Il leur expose la parabole du Berger et de la bergerie ; cela illustre le sujet dans la
mesure où il ne parle pas seulement des « brebis » en général, mais aussi de « ses propres
brebis ». Ces dernières connaissent la voix du Berger ; elles le reconnaissent donc. L’homme
du chapitre précédent est une de « ses propres brebis ».

Le système religieux institué par Moïse était semblable à une bergerie. De cette manière les
Juifs étaient enfermés, à l’écart des nations, en attendant la venue du vrai Messie. Sa porte
d’entrée avait été indiquée par la voix des prophètes : il devait naître d’une vierge, à
643
Bethléhem. Des imposteurs étaient apparus mais, n’ayant pas ces titres, ils avaient cherché à
entrer d’une autre façon et, de ce fait, ils s’étaient trahis. Maintenant le vrai Berger était
apparu, et entrait par la porte ; celle-ci avait été maintenue ouverte pour lui par la providence
divine. Il avait été dit : « Voici, Celui qui garde Israël ne sommeillera pas, et ne dormira pas »
(Psaume 121:4) ; cette main et cet œil attentifs avaient empêché Hérode de fermer la porte
d’entrée devant lui. Dieu a veillé à ce qu’il ait un plein accès aux brebis.

Mais il arrive ensuite ce que personne n’avait prévu. Jésus entre dans la bergerie, non pour la
réformer ou l’améliorer, mais pour appeler des élus du milieu de la foule. Ce sont « ses
propres brebis ». Il les mène dehors, les conduisant dans une sphère nouvelle. Israël avait été
la nation élue ; maintenant au contraire, il s’agit de quelque chose d’entièrement individuel. Il
appelle ses propres brebis « par leur nom », établissant une relation personnelle avec chacune
d’elles. De plus, il les mène dehors en sortant d’abord, lui-même, devant elles. Les brebis le
suivent parce que cette relation existe ; elles reconnaissent sa voix et se confient en lui. Au
commencement de cet Évangile, ces âmes élues sont mentionnées comme étant « nées… de
Dieu » ; ce sont « tous ceux qui l’ont reçu » (1:12, 13).

Si les brebis de Christ ne suivent pas les étrangers, ce n’est pas parce que ces derniers leur
sont bien connus ou qu’elles savent reconnaître leur voix, mais parce qu’elles « ne
connaissent pas la voix des étrangers ». Elles connaissent bien la voix du Berger et cela leur
suffit. De toutes les autres voix elles disent simplement : « Ce n’est pas la voix du Berger ».
Nous avons ici, sous forme de parabole, la même réalité fondamentale exprimée par Jean
quand il écrit aux petits enfants de la famille de Dieu. Il leur dit, en effet : « Je ne vous ai pas
écrit parce que vous ne connaissez pas la vérité, mais parce que vous la connaissez et
qu’aucun mensonge ne vient de la vérité » (1 Jean 2:21). Comme Paul le dit aussi, nous avons
à être « sages quant au bien et simples quant au mal » (Romains 16:19). Cultivons cette
relation avec notre Seigneur, car elle produit une intuition spirituelle qui gardera nos pieds de
s’égarer.

Aveugles, comme toujours, les pharisiens ne comprennent aucune de ces choses ; mais cela
n’empêche pas le Seigneur de poursuivre sa parabole. Lui-même est la porte ; car c’est par lui
que doit se faire toute sortie de la bergerie et toute entrée dans le nouveau lieu de bénédiction
qui sera bientôt établi. Généralement, nous donnons à cette nouvelle bénédiction le nom de
christianisme, en contraste avec le judaïsme. Au verset 9 les bénédictions commencent à être
énumérées. Le langage des paraboles continue à être employé, le mot « pâture » en est une
preuve. Cependant, en disant : « Si quelqu’un entre », Jésus montre qu’il parle comme cet
important chapitre de l’Ancien Testament, qui se termine par ces mots : « Et vous, mon
troupeau, le troupeau de ma pâture, vous êtes des hommes » (Ézéchiel 34:31).

La première bénédiction du christianisme est le salut. Nous le trouvons lorsque nous entrons
par Christ, la porte. Dans l’Ancien Testament, la plupart des références au salut sont en
rapport avec la délivrance d’ennemis ou de difficultés. On ne pouvait pas connaître, alors, la
libération spirituelle qui vient par l’évangile, puisque l’œuvre sur laquelle elle repose n’était
pas encore accomplie. Lisons et assimilons Hébreux 9:6-14 et 10:1-14, et cette réalité sera très
claire. Ce n’est que par la mort et la résurrection de Christ que la porte s’ouvre sur le salut,
dans sa plénitude.

L’expression « il entrera et il sortira » indique qu’il y a la liberté. Dans le judaïsme, il n’y
avait pas de libre accès à Dieu puisque « le chemin des lieux saints n’a pas encore été
manifesté » ; les Juifs n’avaient pas non plus l’autorisation d’aller vers les nations pour

644
proclamer ce qu’ils connaissaient de Dieu. Ils étaient enfermés dans la bergerie de la loi de
Moïse, avec ses ordonnances, et ils devaient y rester. Comme chrétiens, nous avons « une
pleine liberté pour entrer dans les lieux saints par le sang de Jésus », et nous pouvons sortir
comme ces premiers chrétiens qui « allaient çà et là, annonçant la parole » (Actes 8:4). Dans
les deux cas, nous sommes amenés bien au-delà des privilèges de la bergerie juive.

Enfin, nous pourrons « trouver de la pâture ». Ceci peut ramener nos pensées à Ézéchiel 34,
où nous trouvons la terrible accusation contre les bergers d’Israël d’autrefois. Ces chefs
religieux se nourrissaient eux-mêmes, mais ne nourrissaient pas les brebis. Ils donnaient un si
mauvais exemple que les plus fortes des brebis opprimaient les plus faibles ; ils avaient
« brouté le bon pâturage » et, de leurs pieds, avaient foulé « le reste… » (v. 18). Pour les
pauvres du troupeau, il n’y avait donc pas de pâture du tout. Jésus, le vrai Berger d’Israël,
conduit ses propres brebis à une abondance de nourriture spirituelle.

Les versets 10 et 11 présentent le contraste entre le voleur et le bon Berger. Ces voleurs et ces
larrons sont des hommes semblables à ceux qui sont mentionnés par Gamaliel en Actes 5:36,
37 ; ce sont des imposteurs égoïstes qui ont apporté la destruction et la mort. Le vrai Berger
apporte la vie ; il laisse sa propre vie pour cela. S’il n’était pas venu mourir, il n’y aurait pas
eu de vie du tout pour les pécheurs ; par sa mort, la vie est rendue accessible et elle est
accordée en abondance à ses brebis. Nous vivons à la lumière de la riche révélation de Dieu
qui nous est parvenue par la Parole faite chair ; désormais nous avons la vie en abondance. La
vie donnée aux croyants de tous les âges est peut-être intrinsèquement la même, cependant sa
plénitude ne peut être connue que si Dieu est pleinement révélé. C’est ce qui est indiqué en 1
Jean 1:1-4.

Nous avons ensuite, aux versets 12 à 15, le contraste entre l’homme à gages et le bon Berger.
L’homme à gages n’est pas forcément méchant comme le voleur ; mais, comme il travaille
pour un salaire, il s’intéresse essentiellement à l’argent. Les brebis ont de l’intérêt pour lui
dans la mesure où elles constituent son gagne-pain. Il ne s’en soucie pas vraiment, au point de
risquer sa vie pour elles. Il en est tout autrement du Berger qui laisse sa vie pour elles et
établit, avec elles, un lien de merveilleuse intimité. Ses brebis sont des hommes ; ils sont donc
capables de le connaître d’une manière intime, à tel point que la connaissance qu’il a d’eux et
la connaissance qu’ils ont de lui peuvent être comparées à la connaissance que le Père a du
Fils et que le Fils a du Père. Nous devons nous rappeler que c’est en le connaissant, lui, que
nous arrivons à la connaissance du Père. Rien de semblable n’était possible dans la bergerie
juive avant la venue du Berger.

Les paroles du Seigneur, au verset 16, ajoutent un élément inattendu. Il était sur le point de
trouver des brebis qui avaient été en dehors de cette bergerie. L’appel des élus, parmi les
nations, allait avoir lieu. Nous en voyons le commencement dès le début des Actes :
l’Éthiopien au chapitre 8, Corneille et ses amis au chapitre 10. Nous nous sommes souvent
arrêtés sur le « il faut » que nous trouvons plusieurs fois au chapitre 3. Avons-nous déjà loué
Dieu pour le « il faut » qui se trouve ici ? « Il faut que je les amène, elles aussi ». Des
pécheurs, issus des nations, deviennent les sujets de l’œuvre de Dieu. Ils entendent la voix du
Berger et sont attachés à lui. Ensuite, comme résultat de ce double appel (du milieu de la
bergerie juive et des nations qui s’égaraient), un troupeau va être constitué ; il sera tenu uni
ensemble sous l’autorité du seul Berger. Le mot, ici, est précisément « troupeau » et non
« bergerie ». Des brebis retenues ensemble par des contraintes extérieures : voilà le judaïsme.
Des brebis groupées en un troupeau par la puissance personnelle et l’attraction du Berger :
voilà le christianisme.

645
Pour cela, il fallait non seulement la mort, mais aussi la résurrection. Le Berger devait être
réellement frappé, comme l’avait dit le prophète, mais c’est dans sa vie de résurrection qu’il
rassemble son troupeau tiré des juifs et des nations. Jésus poursuit en montrant qu’il laisse sa
vie afin de la reprendre. Les deux événements sont considérés ici comme son acte propre. Il
meurt en laissant sa vie ; il ressuscite en la reprenant, bien que dans de nouvelles conditions.
Dans les deux cas, le Fils agit selon le commandement du Père, et il fournit au Père un
nouveau motif pour l’aimer.

Les paroles du Seigneur, rapportées au verset 18, s’accordent tout à fait avec le caractère de
cet Évangile. Comme cela est relaté dans les autres Évangiles, il a parlé à plusieurs reprises à
ses disciples de la manière dont il serait livré aux gens des nations par les principaux
sacrificateurs et les chefs ; ils le mettraient à mort. Cependant, il affirme ici que personne ne
lui ôtera la vie ; sa mort et sa résurrection seront toutes deux, en effet, ses actes propres. On
lui a fait ce qui, pour un homme ordinaire, entraînait inévitablement la mort ; toutefois, dans
son cas, cela aurait échoué s’il ne lui avait pas plu de laisser sa vie. L’accent est mis sur sa
divinité, mais aussi sur sa vraie humanité qu’il assume dans la soumission à la volonté de
Dieu ; tout est en accord avec le commandement du Père. La vie était en lui ; c’était « la
lumière des hommes » (1:4), même pendant qu’il était sur la terre. Maintenant il va reprendre
sa vie en résurrection ; il va devenir ainsi la vraie vie des siens dans la puissance de l’Esprit,
comme l’indique le chapitre 20 (v. 22).

Par ces paraboles, le Seigneur a fourni aux Juifs un résumé des grands changements qui vont
avoir lieu du fait de sa venue comme vrai Berger au milieu d’Israël. Le programme divin leur
est dévoilé. Hélas, les desseins de Dieu vont tellement à l’encontre de leurs pensées
arrogantes que, pour beaucoup d’entre eux, les paroles du Seigneur semblent être celles d’un
fou ou même pire. D’autres, impressionnés par le miracle de la guérison de l’aveugle, ne
peuvent pas accepter cette opinion extrême. Comme le montrent les versets qui suivent, ils
prennent la place d’honnêtes gens qui doutent ; ils veulent cependant insinuer que leur
hésitation vient de son manque de clarté. Le problème se trouve, toutefois, non dans les
paroles du Seigneur mais dans leur esprit. C’est ce qui s’est passé avec leurs ancêtres : quand
la loi a été donnée, ils n’ont pas pu arrêter leurs yeux sur la fin de ce qui devait disparaître (2
Corinthiens 3:13). Cela signifie qu’ils n’ont jamais vu le dessein de Dieu dans tout cela. Or
l’orgueil religieux recouvre, comme un voile, l’esprit de ces Juifs et ils ne peuvent percevoir
« la fin » des paroles du Seigneur. De la même manière, « le dieu de ce siècle » aveugle
aujourd’hui les pensées des incrédules, malgré leurs capacités ou leur intelligence en rapport
avec les affaires ordinaires du monde.

Leur requête est : « Si toi, tu es le Christ, dis-le-nous franchement ». Jésus affirme aussitôt
qu’il le leur a dit nettement, et que ses œuvres, aussi bien que ses paroles, rendent clairement
témoignage de lui. Ensuite il leur dit franchement que leur incrédulité a mis un voile sur leurs
yeux. La preuve est là, tout à fait évidente. Cependant, ils ne peuvent pas la voir parce qu’ils
ne sont pas le « vrai Israël », même s’ils font partie de la nation d’Israël (voir Romains 9:6) ;
ils ne font pas partie de ceux que le Seigneur appelle « mes brebis », même s’ils sont des
brebis de la bergerie juive. Ils sont spirituellement morts et, par-là, insensibles. Jésus leur dit
donc franchement la vérité, non seulement sur lui-même mais aussi sur eux-mêmes.

Après avoir prononcé cette condamnation contre eux, il ajoute des paroles très réconfortantes
et rassurantes pour ses propres brebis. De leur côté, elles écoutent sa voix et le suivent. De son
côté, il les connaît et il leur donne la vie éternelle. Cela garantit qu’elles ne périront jamais
sous le jugement de Dieu, et qu’aucune puissance créée ne peut les ravir de la main du Berger.

646
Cette assurance est renforcée par le fait que le Fils et le Père sont un. Le Fils avait pris la
place de soumission sur la terre et le Père demeurait « plus grand que tous » dans le ciel, mais
cela ne va pas à l’encontre du fait qu’ils sont « un ». Être dans la main du Fils implique qu’on
est dans la main du Père, et le dessein de la Déité, qui met à l’abri les brebis, est garanti à la
fois par le Fils et par le Père. Nous sommes face à la même réalité glorieuse dans ce
magnifique texte de Romains 8:29-39.

Ces paroles réveillent les intentions meurtrières des Juifs. Ils n’en comprennent pas la portée,
mais ils voient bien qu’en disant : « Moi et le Père, nous sommes un », il revendique son
égalité avec Dieu. Cela aurait été un peu moins choquant s’il avait mis le Père en premier, en
disant : « le Père et moi » ; mais non, il a dit : « moi et le Père ». Ils trouvent cela intolérable,
car ils ne pouvaient pas se tromper sur le sens de telles paroles. Pour eux, c’est un horrible
blasphème : un homme se fait Dieu. Nous acceptons ses paroles dans un esprit d’adoration,
car nous savons qu’il est réellement Dieu, mais cependant, il s’est fait homme lui-même.
Nous inversons les termes de leur accusation (fin du verset 33) et nous y trouvons la vérité qui
sauve les âmes.

Dans sa réponse, Jésus fait référence à ses propres mots : « Je suis le Fils de Dieu », afin de
prendre les Juifs sur le même terrain que celui de leur accusation : « Tu te fais Dieu ». Il ne
défend pas ce qu’il revendique par une de ses affirmations péremptoires, mais par un
argument fondé sur leur loi. Ceux qui sont reconnus comme « dieux », au Psaume 82:6, sont
des autorités « à qui la parole de Dieu est venue ». Lui qui a été mis à part et envoyé dans le
monde par le Père est le Verbe lui-même, « la Parole faite chair ». Quelle immense
différence ! Ce n’est pas un blasphème, mais la simple vérité, quand il dit : « Je suis le Fils de
Dieu ». D’ailleurs ses œuvres rendent témoignage à son affirmation : ce sont
incontestablement les œuvres de Dieu. Elles montrent clairement que le Père est en lui,
manifesté et révélé de manière vivante ; et il est dans le Père, en ce qui concerne sa vie et sa
nature même. Une fois que cela est connu et cru, il n’y a plus de difficulté à le recevoir
comme Fils de Dieu ; les deux affirmations recouvrent, en effet, la même réalité
fondamentale, quoique avec des mots différents.

Mais le moment n’est pas encore venu pour que leur haine meurtrière agisse. Alors qu’il se
retire là où Jean a baptisé au-delà du Jourdain, la foi de plusieurs est manifestée. Le
témoignage de Jean est rappelé et la vérité de ses paroles est reconnue. Jean était le dernier
prophète de l’ancienne dispensation ; au milieu des ruines de celle-ci, les miracles n’avaient
pas leur place. Aussitôt que le Christ, le Fils de Dieu, apparaît, ils ont tout à fait leur place.
Toutefois Jean a rendu à Christ un vrai témoignage, fidèle et constant, ce qui valait mieux que
des miracles.

Nous aussi, nous sommes à la fin d’une dispensation. N’ayons donc pas un désir impérieux de
miracles, mais imitons Jean pour la fidélité de son témoignage. Si, devant le tribunal de
Christ, il pouvait être dit de nous que tout ce que nous avons rapporté à son sujet est vrai — ce
serait effectivement une approbation !

11 - Chapitre 11
Les deux premiers versets de ce chapitre indiquent que cet évangile a été écrit alors que les
autres évangiles étaient bien connus. En désignant Béthanie comme la ville de Marthe et de
647
Marie, l’auteur suppose que les lecteurs sont plus familiers avec ces femmes qu’avec le
village lui-même. Au verset 2, Marie est aussi caractérisée par le fait qu’elle a oint le
Seigneur. Jean ne nous en parle pas avant le chapitre suivant mais, ce fait étant bien connu, il
savait qu’il pouvait, sans risque, l’identifier ainsi.

Le bref message envoyé par les sœurs de Lazare montre de façon très frappante l’intimité
dans laquelle le Seigneur, en tant qu’Homme, introduisait ses amis. C’était une intimité pleine
de révérence. Il y tenait toujours la place la plus élevée. Les deux sœurs ne s’adressaient pas à
lui avec une familiarité inconvenante ; elles ne l’appelaient pas Jésus, mais «  Seigneur » !
Cependant elles pouvaient en toute confiance parler de leur frère comme étant « celui que tu
aimes ». Jésus avait rendu la famille de Béthanie suffisamment consciente de son amour ;
Marthe et Marie pouvaient donc compter sur lui avec confiance.

Le commentaire de l’évangéliste au verset 5 confirme que leur confiance était bien placée.
Jésus les aimait vraiment. Il aimait chacun individuellement. Nous pourrions penser que
Marthe était celle qu’il avait le moins de raison d’aimer ; elle est pourtant placée en premier
sur la liste ! Lazare est placé en dernier alors qu’il l’aimait certainement, comme ce chapitre le
montre. Nous aurions peut-être placé Marie en tête ; elle n’est même pas mentionnée par son
nom, elle est seulement « sa sœur ». Nous avons à apprendre que l’amour de Christ repose sur
un fondement beaucoup plus profond que les particularités diverses des croyants. Il provient
de sa nature même et il est merveilleusement impartial.

Malgré cela, l’appel au secours des deux sœurs ne reçoit pas une réponse immédiate. Il y a un
retard volontaire qui permet à la maladie de se terminer par la mort, et la mort a le temps
d’entraîner la corruption. Pourquoi ? Nous trouvons ici la réponse, valable pour tous les
temps, à cette question qui s’élève si souvent dans le cœur des croyants. La mort n’était pas le
véritable but de cette maladie ; c’était, au contraire, la manifestation de la gloire de Dieu et la
glorification de son Fils. Le verset 15 montre que c’était pour le bien des disciples ; il en
résulterait aussi une grande bénédiction pour les sœurs affligées (voir les paroles du Seigneur
rapportées au verset 40). Par conséquent ce qui semblait si étrange et si inexplicable aboutit à
la gloire de Dieu et au bien des hommes. Il y avait une réponse particulièrement merveilleuse
dans l’apparente absence de réponse du Seigneur.

Les disciples ont peur quand le Seigneur décide de retourner en Judée ; ils sont semblables à
des hommes qui marchent dans la nuit et qui n’ont pas de lumière. Au contraire, Jésus est
semblable à quelqu’un qui marche de jour, car il est dans la lumière. Ce n’est pas la lumière
de ce monde, mais celle d’un autre où ne comptent que la volonté et le chemin du Père. C’est
pour cela qu’il ne bronche jamais. Maintenant il monte à Béthanie pour faire la volonté de
Dieu. Les disciples le suivent, en pensant qu’ils vont mourir, comme l’indique Thomas ; mais
Jésus monte vers des scènes de mort dans la puissance de la résurrection.

Quand Jésus approche, les sœurs de Lazare agissent chacune de façon particulière. Marthe, la
femme d’action, sort à sa rencontre. Marie, la femme de réflexion et de compassion, reste
assise dans la maison ; elle attend qu’il l’appelle. Cependant, quand elles voient Jésus, toutes
les deux le saluent avec les mêmes paroles. Marthe a une foi sincère. Elle croit en sa capacité
d’intercesseur auprès de Dieu et en la puissance de Dieu qui s’exercera dans la résurrection au
dernier jour. Sans doute est-elle très impétueuse, mais son impétuosité provoque une des plus
grandes déclarations qui nous soient rapportées. Autrefois l’Éternel s’était appelé lui-même « 
JE SUIS ». Le Verbe (la Parole) a été fait chair et lui aussi est «  JE SUIS », mais Jésus ajoute
des précisions qui complètent cette déclaration. Il dit ici : « JE SUIS la résurrection et la vie ».

648
La résurrection est mentionnée d’abord, puisque, ici, il s’agit de ce qu’il est en relation avec
les hommes. La mort règne sur Adam et sur sa race ; les hommes ne peuvent donc avoir la vie
que dans la puissance de la résurrection.

Cette vérité a deux aspects et il en résulte aussi deux conséquences pour le croyant. S’il
meurt, il vivra certainement. Sa foi repose, en effet, sur celui qui est la résurrection, celui qui,
par conséquent, donne la vie au-delà de la mort. Mais Jésus est aussi la vie et sa puissance
vivifiante atteint les hommes pour qu’ils «  vivent par la foi au Fils de Dieu ». Le Seigneur
emploie l’expression : « Quiconque vit, et croit en moi, ne mourra point, à jamais ». De tels
hommes ne mourront jamais, c’est-à-dire qu’ils ne goûteront jamais la mort dans toute son
étendue. La « maison terrestre qui n’est qu’une tente » peut être détruite, mais ce n’est pas la
mort, nous nous endormirons. L’ensemble de cette déclaration avait une forme un peu
mystérieuse ; elle dépassait ce qui avait été révélé jusqu’ici aux hommes. Jésus ne dévoile pas
encore la vérité de son retour ; cependant il y fera allusion au début du chapitre 14. Ce sujet
est développé en 1 Thessaloniciens 4:13-18. Bien que ce ne soit pas l’interprétation première
de ses paroles, nous pouvons y voir une application secondaire frappante, maintenant que la
vérité de son retour a été révélée. Lors de la venue du Seigneur Jésus pour enlever les
croyants, il y aura effectivement la grande démonstration publique de la vérité de ses paroles :
« Je suis la résurrection et la vie ».

Lorsque le Seigneur demande à Marthe si elle croit ce qu’il vient de dire, elle montre
immédiatement que c’est une énigme pour elle. Comme les Juifs, elle voit probablement la
résurrection au dernier jour comme une nouvelle vie dans ce monde. Dans sa réponse, elle a
donc recours, avec beaucoup de sagesse, à ce qu’elle croit avec certitude : Jésus est le Christ,
le Fils de Dieu, dont la venue dans le monde a été annoncée. Elle est déjà parvenue à la foi à
laquelle cet évangile nous conduit ; elle possède donc « la vie en son nom ». Mais,
intellectuellement dépassée par les autres questions, elle appelle secrètement sa sœur pour
qu’elle vienne vers le Maître.

Il existe un lien particulier de sympathie entre Jésus et Marie. Nous ne lisons pas que Marthe
tombe aux pieds de Jésus, ni qu’elle pleure. La douleur de la mort pèse très lourdement sur
l’esprit de Marie, comme elle pèse aussi sur l’esprit du Seigneur. Il ressent très profondément
le poids de la mort, même si, dans ce cas précis, il est sur le point de l’alléger provisoirement.
Cela le touche jusqu’à le faire frémir dans son esprit et même jusqu’à verser des larmes. Il ne
pleure pas pour Lazare, car il sait qu’il va le rappeler à la vie dans quelques instants. Il pleure
par sympathie avec les sœurs et parce qu’il éprouve dans son esprit la peine profonde que
produit la mort, conséquence du péché. Le mot utilisé ici signifie « verser des larmes en
silence » et non « se lamenter bruyamment », comme en Luc 19:41. Mais, depuis bientôt deux
mille ans, ces larmes silencieuses de Jésus ont ému le cœur des croyants affligés.

La mort avait provoqué un frémissement dans l’esprit de Jésus. Nous voyons que la tombe
produit à nouveau le même effet (v. 38), mais il allait maintenant mettre en action et
manifester la puissance de sa parole. Le verset 39 commence par ces mots : « Jésus dit… ». Il
y a dans ce chapitre cinq expressions frappantes qui pourraient résumer tout le récit : « Jésus,
l’ayant entendu… », « Jésus aimait », « Jésus, étant arrivé… », « Jésus pleura », « Jésus
dit… » (v. 4, 5, 17, 35, 39). Aujourd’hui, le croyant affligé doit attendre l’accomplissement de
la cinquième expression dans le « cri » qui ressuscitera les morts, changera les vivants et les
ravira ensemble pour être avec le Seigneur ; les quatre autres sont toujours vraies et pleines
d’encouragement pour nous.

649
Sur l’ordre du Seigneur, les hommes peuvent rouler la pierre de l’entrée du tombeau. Ils
agissent malgré la protestation, un peu déplacée, de Marthe, mais leur pouvoir s’arrête là. La
manifestation de la gloire de Dieu, que Marthe devait voir si elle croyait, est uniquement
l’œuvre du Seigneur. C’est lui seul qui vivifie et ressuscite, même si des hommes peuvent être
employés pour enlever des obstacles. Cependant la puissance qui ramène Lazare à la vie ne
s’exerce que dans la dépendance du Père. En présence de la foule, un témoignage complet est
rendu au fait qu’il y a ici le Fils de Dieu en puissance et qu’il est ici de la part du Père,
parfaitement dépendant de lui.

Jésus ne prononce que trois mots et le miracle extraordinaire s’accomplit. La mort et la


corruption sont effacées ; Lazare sort, ayant encore « les pieds et les mains liés de bandes ».
Dieu se sert à nouveau des hommes pour libérer Lazare de ses liens. Aujourd’hui les
serviteurs de Dieu peuvent, de la même manière, prêcher la parole pour enlever des obstacles
spirituels et libérer les âmes de l’esclavage. L’œuvre qui donne la vie demeure, par contre,
entièrement dans les mains du Fils de Dieu. Dans ce grand miracle, le sixième que Jean
mentionne, la gloire de Dieu a été manifestée puisque sa glorieuse prérogative est de donner
la vie. L’homme violent ne peut tuer que trop facilement ; Dieu seul peut « faire mourir et
faire vivre » (voir 1 Samuel 2:6 ; 2 Rois 5:7). Le Fils de Dieu a aussi été glorifié, car le fait
qu’il soit un avec le Père dans l’exercice de cette puissance a été manifesté.

Ce miracle a beaucoup d’effet, car il a lieu tout près de Jérusalem. Il amène plusieurs
personnes à croire et il pousse les principaux sacrificateurs et les pharisiens à s’acharner
encore plus à faire mourir le Seigneur. Ils sont obligés d’admettre qu’il a fait beaucoup de
miracles ; cependant ils ne tiennent compte que des conséquences que cela peut avoir sur leur
position vis-à-vis des Romains. Dieu n’est pas du tout dans leurs pensées. Le conseil qu’ils
tiennent permet à Caïphe de prophétiser.

Dieu peut se saisir d’un prophète tel que Balaam et l’obliger à prononcer des paroles de vérité.
Mais il y a ici un homme qui, en dehors du fait qu’il était souverain sacrificateur cette année-
là, n’a aucune prétention dans ce domaine ; c’est un homme qui prophétise sans le savoir.
Quant à lui, ses paroles sont moqueuses et pleines d’un esprit de meurtre brutal, sans pitié,
délibérément cruel. Le Saint Esprit les utilise, cependant, pour exprimer que Jésus va mourir
pour Israël d’une manière que les Juifs ne comprennent pas. Au verset 52, l’évangéliste nous
donne un commentaire supplémentaire sur les paroles de Caïphe. Israël va être, en effet,
racheté par sa mort ; mais un horizon plus étendu va bientôt être dévoilé. Des enfants de Dieu
existent, mais, jusqu’ici, il n’y a pas de lien particulier pour les unir. Ce lien va être créé par la
mort du Seigneur Jésus. Le chapitre suivant nous éclairera sur ce sujet.

Une fête de Pâque est mentionnée ici ; c’est la troisième fois dans cet évangile. En Lévitique
23, il en est parlé comme d’un des « jours solennels de l’Éternel ». Dans l’évangile selon
Jean, il s’agit toujours d’une fête des Juifs, car Jésus est considéré comme étant rejeté par son
peuple depuis le début ; en conséquence, le peuple et ses fêtes sont désavoués par Dieu. Les
chefs religieux sont maintenant sur le point de mettre le comble à leur infamie en se servant
de la Pâque comme d’une occasion pour mettre à mort le Fils de Dieu. Leur culpabilité n’est
pas diminuée par le fait que Dieu avait tout déterminé à l’avance pour l’accomplissement de
ce que la Parole de Dieu annonçait ; de cette manière, « Notre pâque, Christ, a été sacrifiée »
(1 Corinthiens 5:7).

650
12 - Chapitre 12
Six jours avant la Pâque, Jésus vient à Béthanie. Tout ce qui est rapporté entre le verset 1 de
ce chapitre et le verset 25 du chapitre 20 se passe donc pendant une courte période de sept à
huit jours ; c’est certainement la semaine la plus merveilleuse de l’histoire du monde. Dans la
maison de Béthanie habitent trois personnes qui sont les objets de l’amour du Seigneur Jésus
et qui l’aiment en retour. Une occasion propice se présente à eux, maintenant, pour montrer
leur amour. Dans les jours qui vont suivre, il y aura la mort et la résurrection du Fils de Dieu,
lui-même.

À la fin du chapitre 10 de l’évangile de Luc, nous voyons un certain désordre et des plaintes
dans la famille de Béthanie. Ici, lorsque la puissance du Seigneur a été démontrée par la
résurrection de Lazare, tout est en ordre et en harmonie. Tout ce qui se passe dans cette soirée,
empreinte de simplicité, a Christ pour centre. Il est celui que chacun honore ; nous lisons en
effet : « On lui fit donc là un souper ». Nous pouvons certainement y découvrir un
enseignement. Tout rentre dans l’ordre quand Christ est le but suprême et quand sa puissance
de résurrection est connue.

Marthe est l’hôtesse ; elle sert le Seigneur. Lazare prend part au souper avec lui. Marie lui
exprime la ferveur de son cœur en répandant sur lui son parfum de grand prix. Nous voyons
donc comment le fait de « le connaître, lui, et la puissance de sa résurrection » (Philippiens
3:10) conduit au service, à la communion et à l’adoration. Tout se déroule d’une façon
heureuse et, justement à cause de cela, nous entendons une critique méchante qui vise le geste
de Marie. Cela commence par Judas Iscariote ; mais l’évangile de Matthieu montre que les
autres disciples font écho à ses paroles.

Le monde est incapable d’apprécier la vraie adoration ; Judas, en dépit de ses dehors
honnêtes, appartient entièrement au monde. Dominé par la convoitise, il est devenu voleur et,
de plus, hypocrite ; il dissimule son égoïsme sous un apparent souci des pauvres. Il prétend
être un homme rempli de sens pratique, tout à fait conscient de l’utilité d’avantages matériels
sûrs pour les pauvres. À son avis, Marie, poussée par des sentiments stupides, gaspille un
produit de valeur. Le monde a exactement la même opinion aujourd’hui. La religion qui
convient à ses goûts est celle qui accorde une grande importance aux avantages matériels et
terrestres pour l’homme. Aujourd’hui, comme alors, les croyants à l’esprit charnel sont très
enclins à être d’accord avec le monde et à refléter ses opinions.

Jésus fait taire la critique hostile, en disant : « Permets-lui de faire cela » (*). Ces mots
peuvent bien s’inscrire dans notre mémoire. La véritable adoration se passe entre l’âme du
croyant et le Seigneur ; personne d’autre ne peut s’interposer. En Romains 14, le croyant est
considéré comme un serviteur, et la pensée de ce chapitre est aussi : « Permets-lui de faire
cela » (**). De plus, le Seigneur sait comment interpréter le geste de Marie. Il en donne une
explication plus complète que celle que Marie elle-même aurait pu donner, bien qu’elle
connaisse la haine des chefs et qu’elle perçoive intuitivement que la mort de Jésus approche.
Il est également significatif que Marie de Béthanie ne se joigne pas aux autres femmes
lorsqu’elles se rendent au tombeau avec les aromates qu’elles ont préparés.

(*) L’expression anglaise est : laisse-la tranquille, ce qui explique la suite.

(**) Ici : laisse-la tranquille.

651
Nous pouvons dire que ce que Marie a accompli, l’a été « pour Jésus seul ». Pour Judas,
c’était « les pauvres » qui comptaient ; pour les autres disciples eux-mêmes, c’était «  Jésus et
les pauvres ». Pour un grand nombre de Juifs qui affluent à Béthanie, à ce moment-là, ce sont
« Jésus et Lazare » qui les attirent ; ils sont curieux de voir un homme qui a été ressuscité
d’entre les morts. Ceux de la maison de Béthanie avaient concentré leur affection sincère sur
Jésus. Contrairement à eux, les principaux sacrificateurs ont concentré sur lui leur haine la
plus meurtrière. Elle les aveugle à tel point qu’ils envisagent de faire mourir Lazare, le témoin
de sa puissance. Ils sont très religieux, mais absolument sans scrupules ; ils oublient
l’avertissement du Psaume 82:1-5.

Le lendemain, Jésus se présente à Jérusalem comme le roi d’Israël ; cela se passe exactement
comme Zacharie, le prophète, l’avait dit. Aucun souverain ne pourrait se permettre de se
présenter officiellement dans sa capitale d’une manière aussi humble. Mais pour lui, qui était
la Parole faite chair, toute cette gloire, comme elle était possible à cet instant-là, aurait été une
perte et non un gain. Cet événement est rapporté dans les quatre évangiles, mais Jean ajoute
deux détails particuliers. Il souligne d’abord le contraste entre les disciples et leur maître. À
chaque instant, Jésus savait exactement ce qu’il allait faire (voir 6:6) ; les disciples
participent, sans rien comprendre à ce qu’ils font ! La signification de tout cela ne leur
apparaît que lorsqu’ils reçoivent le Saint Esprit, comme conséquence de la glorification de
Jésus. Jean montre ensuite que l’élan d’enthousiasme populaire, manifesté à ce moment-là,
avait été suscité par la résurrection de Lazare ; c’est en elle que s’était déployée la gloire de
Jésus, comme Fils de Dieu.

Ce qui vient de se passer a trois conséquences. Les pharisiens sont humiliés et pleins
d’amertume ; ils prêtent au témoignage du peuple une profondeur de conviction qui n’existe
pas. Mais des Grecs, montés à la fête, désirent s’informer ; leur désir de voir Jésus est la
garantie qu’un jour les nations marcheront à sa lumière, et les rois, à la splendeur de son lever
(voir Ésaïe 60:3). C’était le moment où Jésus aurait dû être reçu et acclamé par son propre
peuple. L’heure était venue où il aurait dû être glorifié comme Fils de l’homme. Le Seigneur,
lui, savait bien que la mort seule l’attendait, parce qu’il était le Messie rejeté. Elle serait le
fondement de toute la gloire dans les jours à venir. Il se met donc à parler de cette mort.

Au verset 24, nous trouvons une autre de ses déclarations magistrales. La vie qui demeure et
s’épanouit, en portant beaucoup de fruit, ne peut être obtenue qu’en passant par la mort. Il est
nécessaire que Jésus meure pour que du fruit pour Dieu soit récolté ; ce fruit sera de la même
nature que lui-même. Emmanuel est venu, la Parole s’est faite chair, et sa valeur intrinsèque et
sa beauté ne peuvent s’exprimer par des mots. Cependant, ce n’est que par la mort que Jésus
va «  fructifier et multiplier » ; ainsi apparaîtra une multitude d’hommes, « selon sa nature », à
la gloire de Dieu. C’est ce qui occupe les pensées du Seigneur, tandis que d’autres pensent
encore à la gloire terrestre.

Le premier résultat de la mort du Seigneur Jésus est qu’il y aura du fruit pour Dieu. Le second
est le nouveau mode de vie sur la terre qui en résulte pour les disciples. Jésus va laisser sa vie
dans ce monde, sa vie parfaite. En ce qui nous concerne, la vie sur cette terre est
complètement gâchée par le péché et elle est sous le jugement. Si nous aimons cette vie, nous
ne ferons que la perdre. En la regardant sous son vrai jour, nous apprenons à la haïr ; si nous
agissons ainsi, nous conservons la vie, la seule qui soit digne d’être possédée, jusqu’à la vie
éternelle. C’est pour nous une parole dure, mais elle est d’une extrême importance. Nous

652
pouvons le constater par le fait que Jésus prononce des paroles d’une importance semblable
en trois autres occasions ; ces quatre déclarations sont rapportées six fois dans les évangiles.
Aucune autre parole de notre Seigneur ne nous est répétée ainsi. Il n’est pas exagéré de dire
que notre dimension spirituelle et notre prospérité sont déterminées par la mesure dans
laquelle ces paroles laissent leur empreinte sur notre cœur et notre vie.

Le verset 26 découle naturellement du verset 25. Nous ne pouvons vraiment servir le Seigneur
que si nous le suivons ; nous ne pouvons réellement le suivre que si nous avons la même
attitude que lui par rapport à la vie. Jésus n’a pas aimé sa vie dans ce monde quand, à l’image
du grain de blé, tombant en terre, il est mort. L’apôtre Paul a partagé cette pensée (voir 2
Corinthiens 4:10-18 ; Galates 2:20 ; 6:14). Comme serviteur de Christ, il nous surpasse tous
de loin. La récompense du serviteur est d’être avec son maître et d’être honoré par le Père.

À une autre occasion, Jésus avait dit que tout serviteur parfait serait « comme son maître »
(Luc 6:40). Ici, nous voyons que le serviteur sera avec son maître. Il y a encore une autre
instruction, ici. Nous avons l’expression : « Si quelqu’un me sert… ». Qui est celui qui parle ?
C’est le Fils de Dieu, humble et rejeté ! Qui est-ce qui le sert, quand il est impopulaire et
rejeté ? Ceux qui le font sont honorés par le Père ; l’honneur leur sera donné publiquement au
grand jour des récompenses. Les plus grandes distinctions honorifiques du monde sont sans
valeur à côté !

L’évangile selon Jean ne fait aucune mention de la tristesse de Gethsémané. Ici, il nous est
cependant permis de voir combien le fardeau de sa mort prochaine pesait sur l’âme du
Seigneur. Sa divinité n’atténuait pas son trouble ; elle lui donnait plutôt une capacité infinie
pour le ressentir. Il ne pouvait pas désirer cette heure qui approchait. Sa connaissance absolue
de tout et son infinie sainteté le faisaient inévitablement reculer devant la mort ; toutefois sa
prière n’était pas d’en être délivré, mais que le nom du Père soit glorifié en elle. Ce désir était
si parfait et si merveilleux pour le Père qu’une voix s’est fait entendre des cieux. Les autres
évangiles nous montrent comment la voix du Père s’est fait entendre au baptême du Seigneur
et lors de sa transfiguration. Ces moments étaient plus intimes ; il semble qu’il n’y ait eu
aucune difficulté pour comprendre ce qui était dit. À cause de la mort prochaine du Seigneur
Jésus, la voix se fait entendre ici publiquement, pour la foule ; cependant les hommes ne la
reçoivent pas et ils interprètent le son qu’ils entendent comme la voix d’un ange, ou comme
un coup de tonnerre. Dieu parle aux hommes distinctement et directement, mais ils ne
comprennent rien ! Il en sera toujours ainsi, à cause de la condition déchue de l’homme.

Le Père répond que son nom a déjà été glorifié dans tout le chemin de Jésus sur la terre et,
plus spécialement, par la résurrection de Lazare ; Dieu glorifiera encore son nom par la mort
et la résurrection de son Fils. C’est un autre grand résultat de la mort de l’unique «  grain de
blé ». Il y a d’abord beaucoup de fruit qui est produit et, par conséquent, chaque disciple entre
dans un nouveau genre de vie et de service ; enfin le nom du Père est glorifié. Il y a encore
quelque chose de plus, car le verset 31 introduit le monde et son prince.

Le jugement de ce monde a eu lieu à la croix. Notre langage s’est approprié les deux mots
grecs employés ici. C’est à la croix qu’a eu lieu la crise de ce cosmos. Ce mot signifie un lieu
ordonné, en contraste avec le chaos. Mais ce cosmos est tombé, hélas, sous la direction du
diable ! La mort de Christ a révélé le vrai caractère de ce monde, l’amenant donc sous une
juste condamnation. Elle a brisé aussi la puissance de l’usurpateur qui était devenu son prince
et l’a dépossédé légalement. Elle semblait être le plus grand triomphe de Satan, mais ce fut sa
défaite totale.

653
C’est le Seigneur lui-même qui donne la révélation merveilleuse des résultats de sa mort ;
d’une manière caractéristique, il place en dernier celui qui le concerne personnellement. Il
déclare, dans ses paroles, qu’il va mourir crucifié. À cette époque, les Romains exécutaient les
condamnés à mort de cette manière. Comme le cœur des Juifs déborde d’animosité contre lui,
il va mourir de la façon la plus ignominieuse, renié à la fois par les Juifs et par les nations. Il a
été « élevé de la terre », afin de pouvoir être retranché avec mépris ; le couperet tombe, pour
ainsi dire, sur sa cause et sur son nom. Le résultat est précisément le contraire. Celui qui a été
jadis crucifié sera le centre d’attraction universel et éternel ! C’est Jésus qui va attirer à lui
tous ceux qui seront amenés dans le vaste cercle divin de bénédiction. Nous avons ici un
premier élément de ce qui est exposé plus complètement en Éphésiens 1:9-14. Loin d’anéantir
la gloire du Seigneur, la croix devient le fondement sur lequel elle repose, et la base de sa
manifestation la plus parfaite. Nous en avons le témoignage touchant en Apocalypse 5:5-14.

Au verset 23, les premiers mots de Jésus parlent du Fils de l’Homme glorifié ; les derniers, au
verset 32, mentionnent son élévation. Les juifs savent que, quand le Christ viendra, il doit
demeurer éternellement (v. 34). Le titre de « Fils de l’homme » ne leur est pas inconnu ; on le
trouve dans l’Ancien Testament. Ils connaissent le Fils de l’Homme qui doit recevoir le
royaume (voir Daniel 7). Qui est donc ce Fils de l’homme qui doit souffrir ? Ils ont oublié
l’expression du Psaume 8 : «  le Fils de l’homme… fait de peu inférieur aux anges ». Cet
humble Fils de l’homme est la lumière des hommes. S’ils ne croient pas en la lumière pour
devenir des enfants de lumière, de profondes ténèbres viendront sur eux et ils seront perdus.
Sur cet avertissement, Jésus s’éloigne d’eux.

L’évangéliste résume la situation dans les versets 37 à 43. Jésus avait fait beaucoup de
miracles devant les Juifs, mais ils ne croyaient pas en lui, parce que leurs yeux étaient
aveuglés. C’est le dieu de ce siècle qui travaille pour aveugler les hommes (voir 2 Corinthiens
4:4). Toutefois il y a des moments où Dieu permet spécialement cela comme châtiment
gouvernemental, et cela peut alors lui être attribué. C’est le cas ici, comme à l’époque
d’Ésaïe ; cela se reproduira environ 35 ans plus tard, quand le témoignage à Christ glorifié
sera refusé (voir Actes 28:25-27). La génération incrédule persiste et elle sera encore là quand
le jugement final tombera à la fin des temps.

En Ésaïe 6, le prophète raconte comment il a vu le roi, l’Éternel des armées. Jean nous dit
cependant qu’Ésaïe « vit sa gloire et parla de lui » ; il fait clairement référence à Jésus. Par
ailleurs le verset 40 de notre chapitre est tiré d’Ésaïe 6 où se trouve l’expression : « la voix du
Seigneur ». En Actes 28, Paul cite ces paroles comme étant celles de l’Esprit Saint. Ceci nous
éclaire utilement sur l’unité des personnes divines. Nous ne pouvons pas les séparer, bien que
nous puissions les distinguer.

Les Juifs sont tellement aveuglés qu’« ils ne peuvent pas croire ». Leur intelligence spirituelle
est obscurcie, au point que croire est devenu une impossibilité pour leur esprit. Quelle que soit
la clarté de la lumière qui brille devant eux, ils sont incapables de la percevoir. Cependant,
quelques chefs n’ont pas le même aveuglement. Leur esprit est ouvert à ce qui est évident et
les miracles qui ont été accomplis ont produit en eux une conviction intellectuelle. Mais la
conviction intellectuelle n’apporte pas la vie, tout en étant un élément essentiel de la foi
vivante. Elle ne peut pas produire de fruits (c’est-à-dire faire des œuvres), mais elle est
« comme un corps sans esprit » (Jacques 2:26). La foi vivante conduit l’âme à Dieu, par
Christ. Ces chefs ne connaissaient pas ces vérités car, s’ils les avaient expérimentées, ils
n’auraient pas aimé la gloire des hommes plutôt que celle de Dieu. Ce même critère
s’applique aujourd’hui. Celui qui croit réellement dans son cœur que Dieu a ressuscité Christ

654
d’entre les morts ne manquera pas de reconnaître publiquement Jésus comme Seigneur. Si les
hommes ne le déclarent pas, c’est qu’ils ne croient pas vraiment.

Dans les versets 44 à 50, le Seigneur résume la situation existante au moment où il met fin à
son témoignage. Dans les chapitres 3 à 7, la pensée principale est la vie ; Jésus est présenté
comme « Celui qui donne la vie ». À partir du chapitre 8, le grand thème est la lumière ; Jésus
est considéré comme « Celui qui apporte la lumière ». Au verset 12 du chapitre 8 se trouvent
les premières paroles du Seigneur sur ce sujet ; les dernières sont au verset 46 de notre
chapitre. Nous ne sortons des ténèbres que si nous venons à la lumière de Christ. La lumière
qui a brillé en lui était la pleine révélation de Dieu ; celui qui vient dans la lumière du
Seigneur croit et voit celui qui l’a envoyé. Il était la Parole faite chair, et n’était pas inférieur
au Père qu’il révélait, même s’il avait pris une place de soumission pour le faire connaître et
accomplir chacun de ses commandements.

À ce moment-là, le commandement du Père n’est pas le jugement ; c’est, au contraire, la vie


éternelle. Voilà pourquoi il s’est caché de ses adversaires, plutôt que de les anéantir par sa
puissance. Cependant le jugement viendra, au moment convenable. Le juge est désigné et les
hommes seront jugés sur la base de la révélation qu’il a apportée. Le Seigneur se met
immédiatement à accomplir l’œuvre qui est devant lui : «  sauver le monde » et apporter «  la
vie éternelle ». Il continue donc à parler, suivant le commandement du Père, et à agir, selon
que le Père l’a commandé (voir 14:31). La croix est nécessaire, comme fondement du salut et
de la vie. Dans l’immédiat, ce qui est devant le Seigneur, c’est de réunir ses disciples une
dernière fois pour pouvoir leur communiquer pleinement le dessein de l’amour du Père.

13 - Chapitre 13
Ce chapitre commence par décrire dans quel esprit Jésus réunit ses disciples pour le dernier
souper de la Pâque. Les autres évangiles racontent tout ce qu’il est nécessaire de savoir sur les
circonstances du moment ; ici nous découvrons l’atmosphère d’amour divin qui rend cet
événement plus merveilleux. Jésus sait parfaitement que sa mort approche. Elle est envisagée
comme le fait de passer d’un monde, déjà jugé, au Père. Le Seigneur laisse derrière lui, sur la
terre, des hommes qui sont reconnus comme étant « les siens ». Au chapitre 10, il avait parlé
d’eux comme de « ses propres brebis » ; il indiquait qu’il laisserait sa vie pour elles. Nous
découvrons maintenant comment son amour avait été versé sur elles. Il les aima « jusqu’à la
fin », c’est-à-dire la mort, en ce qui concerne ce monde. Mais la mort elle-même n’est pour le
croyant que la porte qui conduit vers la vie éternelle ; l’amour demeure donc pour l’éternité.

Les trois premiers versets dévoilent des circonstances qui, sans cette révélation, n’auraient été
connues que de Dieu. Qui peut vraiment connaître l’amour qui remplit le cœur de Christ ? Qui
peut discerner la haine et la ruse du diable qui le poussent, à ce moment-là, à insuffler dans le
cœur de Judas la pensée épouvantable de trahir son maître ? Et qui d’autre connaît ce qui
remplit l’esprit de Jésus, à cette heure solennelle ? Il nous est toutefois permis de le savoir.
Rien n’est caché aux yeux du Seigneur alors que, devant lui, il y a la mort par laquelle il s’en
va au Père. Il sait qu’il est venu de Dieu afin de pouvoir le révéler parfaitement et racheter
entièrement les hommes. Il sait qu’il s’en va à Dieu, comme Homme ressuscité, premiers
fruits d’une grande moisson de bénédiction et chef d’une nouvelle création. Bien qu’il
s’avance pour se livrer lui-même entre les mains des méchants, il sait qu’en fait le Père a mis
toutes choses entre ses mains, des mains capables de tout administrer parfaitement. Toutes
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choses sont à sa disposition et la prophétie d’Ésaïe : « Le plaisir de l’Éternel prospérera en sa
main », sera certainement accomplie.

Pleinement conscient de tout cela, Jésus prend au milieu de ses disciples l’humble place de
celui qui sert. Le plaisir de l’Éternel doit prospérer dans la main de son serviteur (voir Ésaïe
53). Cela s’accomplira dans un immense univers de bénédiction, lors de la gloire future. Mais
nous le voyons déjà réalisé, à la veille des souffrances du Seigneur, lorsque, de ses propres
mains, il lave les pieds des disciples. En cela il est le serviteur de l’Éternel, comme il le sera
dans le jour à venir ; les deux formes de service sont l’une et l’autre merveilleuses. Il sert
Dieu, en servant les siens.

La vive protestation de Pierre est repoussée pour que l’acte du Seigneur soit expliqué. Pierre
perçoit clairement la merveilleuse humilité de ce geste, et cela provoque sa protestation. Il lui
est cependant clairement dit qu’il ne connaît pas le vrai sens de ce que le Seigneur a fait ; il le
comprendra lorsque le Saint Esprit sera venu. Nous devrions aussi le comprendre. Quel en est
donc le sens ? Les paroles de Jésus, rapportées au verset 8, nous éclairent. Il parle d’avoir une
part avec lui ; si nous devons avoir le bonheur de partager avec lui, il doit accomplir envers
nous le service symbolisé par le lavage des pieds. Par nos pieds, nous sommes en contact avec
la terre ; nous devons donc être débarrassés de la poussière et de la souillure.

Les paroles du Seigneur (v. 10) donnent une explication supplémentaire sur ce sujet. Il
emploie deux mots différents pour parler du fait de se laver : le premier signifie laver
entièrement ou baigner. Il dit donc que celui qui est baigné a besoin de se laver seulement les
pieds. Il fait ainsi une allusion évidente au double lavage des sacrificateurs. Ils devaient se
laver tout le corps lors de leur consécration qui avait lieu une fois pour toutes (Lévitique 8:6) ;
ils devaient ensuite répéter le lavage des mains et des pieds chaque fois qu’ils entraient dans
le sanctuaire (Exode 30:19). Quand nous sommes nés de nouveau, nous avons tout le corps
lavé ; nous sommes alors nés «  d’eau et de l’Esprit ». Après avoir rappelé aux Corinthiens le
mal dans lequel ils étaient tombés autrefois, Paul pouvait leur écrire : « Vous avez été lavés »,
même si la plupart d’entre eux avaient encore un esprit charnel. Ainsi le Seigneur dit aux
disciples : « Vous êtes nets » ; il ajoute : « mais non pas tous », en pensant à Judas. En dépit
de tout ce qu’il professait, Judas n’était pas né de nouveau.

Ce geste symbolique du Seigneur, ainsi que ses explications, constitue une introduction
parfaite aux merveilleux chapitres qui suivent. Dans les chapitres 14 à 16, les communications
que Jésus fait aux disciples les introduisent, pour ainsi dire, dans le lieu saint. Au chapitre 17,
par contre, nous le voyons pénétrer, seul, dans le lieu très saint. Après la mort du Seigneur et
son ascension au ciel, le Saint Esprit ayant donc été donné, nous découvrons que tous les
croyants partagent le privilège d’avoir une pleine liberté pour entrer dans le lieu très saint.
Mais que ce soit pour les disciples d’autrefois ou pour nous-mêmes aujourd’hui, cette
purification de la souillure de la terre est nécessaire, en plus de la nouvelle naissance, si nous
devons jouir d’une part avec lui dans le sanctuaire de la présence de Dieu.

Le Seigneur lui-même accomplit encore ce service miséricordieux envers nous, exactement


selon nos besoins. Cela fait partie de son travail de souverain sacrificateur et d’avocat au ciel.
Toutefois il est notre seigneur et maître et donc, pour nous, un exemple à suivre. La Parole est
le plus grand moyen de purification, comme il est écrit au Psaume 119:9. À notre avis, il faut
plus de talent pour l’employer comme l’eau purificatrice que pour l’utiliser comme une lampe
brillante ou comme une épée tranchante ; ce talent vient de Dieu. Nous serons heureux, en
effet, si nous l’acquérons et l’exerçons dans nos contacts avec les croyants. Comme l’indique

656
le verset 17, il est plus facile d’acquérir de la connaissance dans ces vérités que de les
pratiquer. En les mettant en application, nous serons restaurés et rafraîchis.

L’exhortation en Galates 6:1 est en rapport avec cela. Cependant le « lavage des pieds », au
sens spirituel, s’appliquerait aux souillures en rapport avec le cœur et l’esprit, qui ne nous ont
pas encore conduits à nous laisser surprendre par une faute. Si nous savions mieux le réaliser,
cela nous aiderait à nous empêcher mutuellement d’être « surpris » et de tomber.

Voici le moment où se révèle le vrai caractère de Judas. À la fin du chapitre 6, les paroles du
Seigneur montrent qu’il le connaissait parfaitement, depuis le début. Quand Jésus a choisi les
disciples, il a agi avec une préscience divine ; Judas est celui qui accomplira la prophétie du
Psaume 41:9. Le Seigneur lui a pourtant donné un service et l’a envoyé comme les autres.
Ceux qui ont reçu Judas, et les autres disciples, ont reçu le Maître ; ils ont aussi reçu Dieu lui-
même, le Seigneur étant venu d’auprès de lui. L’indignité personnelle du serviteur n’annule
pas ce grand principe.

Cependant la terrible chute de Judas est une réelle douleur pour le cœur du Seigneur ; la
souffrance n’est pas diminuée par sa prescience divine qui lui permettait de voir la fin avant le
commencement. La ferme déclaration du Seigneur que l’un des douze qu’il a choisis va se
révéler traître produit aussi du trouble dans l’esprit des disciples. Le verset 22 montre que,
dans leurs pensées, il n’y avait aucun soupçon à l’égard de Judas. Il leur paraissait tout à fait
sincère, si bien que la bourse commune lui avait été confiée. Le camouflage trompeur,
employé par Satan, est presque parfait. Y a-t-il jamais eu une illustration plus frappante des
versets 13 et 14 de 2 Corinthiens 11 ?

Qui est celui qui va livrer le Seigneur ? C’est une question délicate ! Un seul des disciples, à
ce moment-là, est qualifié pour la poser. La position physique du «  disciple que Jésus
aimait » est un indice de son état spirituel. Pierre le comprend et lui fait signe de demander ce
renseignement. La réponse est donnée sous la forme d’un signe. C’était un honneur pour un
invité de recevoir, de la part de l’hôte, « un morceau trempé ». Mais le disciple honoré va se
révéler comme étant le traître.

Nous pouvons distinguer trois étapes dans sa chute. Tout d’abord, la convoitise non jugée le
conduit même à devenir voleur (12:6). Puisque Judas n’a pas eu entre les mains les trois cents
deniers que représentait le parfum, Satan met ensuite dans son cœur le désir d’en récupérer
une partie pour lui-même (13:2) ; finalement il se contente de dix pour cent de cette somme !
Enfin Satan entre en lui. Le Maître du mal prend personnellement le commandement afin
qu’il ne puisse y avoir aucune erreur dans les préparatifs qui doivent entourer la mort du
Seigneur.

Le Seigneur accepte la situation et lui dit d’agir rapidement. Il semble que Satan ne puisse pas
agir librement dans cette affaire sans la permission divine. Une fois la permission accordée,
Judas, entièrement dominé par Satan, se lève et sort. Il sort dans la nuit, dans tous les sens du
terme.

Une atmosphère de paix règne à l’intérieur de la chambre haute lorsque Judas est sorti dans la
nuit. Débarrassé de sa présence, le Seigneur commence aussitôt son discours d’adieu qui
répand une lumière divine sur tout ce qui va arriver. Il peut enfin parler librement, même si,
jusqu’à présent, ses disciples n’ont pas bien compris le sens de ses paroles. Les deux

657
premières phrases qu’il prononce nous présentent un résumé merveilleux. Chacune présente
deux grands faits.

L’heure était venue où le Fils de l’homme aurait dû être glorifié publiquement, comme les
prophètes l’avaient dit. Au lieu de cela, il allait bientôt entrer dans la mort. Mais ce qui était
merveilleux, c’est qu’il allait être glorifié dans cette mort même. Là, en effet, toute la
perfection divine et humaine de sa personne allait être manifestée de façon éclatante. En
relation avec cela, il y a le deuxième fait que Dieu est parfaitement glorifié en lui. Dans le
premier homme et dans sa race, Dieu a été représenté de façon tout à fait fausse, et déshonoré.
La parfaite révélation de Dieu est portée à son plus haut degré dans la mort du Seigneur
Jésus ; son caractère et sa nature sont revendiqués et manifestés.

De plus, parce que Dieu a été glorifié, le Fils de l’Homme va être glorifié en Dieu lui-même.
Christ est maintenant caché en Dieu, mais il est là comme « Celui qui est glorifié » (voir
Colossiens 3:3). Le fait que le Fils de l’homme doive être glorifié de cette manière n’avait pas
été révélé auparavant. Cette glorification donne donc une tournure inattendue aux
événements ; de même la deuxième partie de ce verset montre que cette glorification cachée
doit avoir lieu « tout de suite ». Il n’est pas nécessaire d’attendre le royaume visible pour
qu’elle ait lieu ! Le don de l’Esprit, qui vient demeurer dans les croyants, découle de cette
gloire actuelle et cachée. Par conséquent, il en découle aussi le privilège et la bénédiction qui
sont la part de celui qui croit au Seigneur Jésus.

Pour que Christ soit glorifié de manière céleste et immédiate, les liens terrestres avec ses
disciples devaient être rompus. À ce moment-là, ils ne pouvaient pas le suivre, en effet, dans
sa nouvelle demeure. Pour la première fois, le Seigneur s’adresse à ses disciples comme à
« ses enfants ». Il les considère comme ceux qui ont été introduits dans la famille de Dieu
(voir 1:12). Il est remarquable de voir qu’une grande partie de la première épître de Jean est
fondée sur les paroles du Seigneur rapportées au verset 34.

Nous entrons dans la famille de Dieu en étant nés de lui ; la vie même de cette famille est
amour, car Dieu est amour. Le Seigneur montre clairement que, pendant qu’il est dans la
gloire cachée du ciel, les enfants qu’il a laissés dans ce monde de ténèbres et de haine doivent
montrer leur caractère de disciples en manifestant l’amour. La gloire là-haut dans le ciel, et
l’amour, ici sur la terre, telle était la pensée divine. La première est parfaite, mais, hélas,
combien le second est imparfait !

Cette séparation proche est une énigme et un chagrin pour les disciples. Pierre exprime ce
qu’ils ne comprennent pas. Le Seigneur répond en affirmant que ni Pierre, ni les autres
disciples ne pourront le suivre lorsqu’il passera par la mort pour entrer dans sa gloire de
ressuscité. Ils y parviendront toutefois, à la fin. Pour Pierre, cette remarque avait un sens
particulier (voir 21:18-19) ; mais elle a certainement une application pour chacun de nous.
Jésus a tracé un chemin à travers la mort qui aboutit à la résurrection ; nous devons tous
prendre ce chemin. Pierre, mécontent de l’affirmation du Seigneur, ne fait que montrer sa
confiance insensée en lui-même. À cette heure solennelle, le disciple présomptueux et sûr de
lui se découvre, tout comme l’a été le traître.

14 - Chapitre 14

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Jésus a prononcé une parole d’avertissement, mais elle est immédiatement suivie d’une parole
de grâce infinie. Il savait bien que les disciples, malgré tous leurs manquements, l’aimaient
véritablement et que la pensée de son départ les affligeait douloureusement. C’est ce qui
explique les paroles du début de ce chapitre. Les disciples commençaient à pressentir qu’ils
n’allaient plus voir le Seigneur, présent au milieu d’eux ; ce fardeau pesait sur leur cœur. Le
Dieu invisible, pourtant, avait toujours été une réalité pour eux, le centre de leur foi. Ne
pourrait-il pas en être de même de Christ ? En effet, il en serait de même. Comme centre de la
foi, il serait une vivante et brillante réalité pour d’innombrables personnes, alors que, s’il
restait comme il était, il ne pourrait être vu que par un petit nombre et à un seul endroit à la
fois. Pour des cœurs troublés, le premier sujet de consolation est donc celui-ci : Christ est
ressuscité comme vainqueur de la mort et il est le centre de la foi toute simple.

Le deuxième sujet de consolation est le fait qu’une place est préparée et assurée au ciel, dans
les nombreuses demeures de la maison du Père. Or les disciples étaient des gens qui avaient
tout investi dans leur conviction d’avoir trouvé le Messie, présent physiquement sur la terre.
Ils avaient abandonné la position qu’ils avaient occupée ; si Jésus les quittait, à quoi bon
avaient-ils tout laissé ? Comme ils l’apprennent ici, c’est pour une place de plus grande
intimité, d’un rang plus élevé, qui est éternellement hors d’atteinte de la mort. Quel échange
merveilleux ! Le temple terrestre avait été, pour le Seigneur, la maison de son Père (voir
2:16). Cette demeure est maintenant mise de côté ; c’est au ciel que se trouve la véritable « 
maison du Père », dans laquelle il va entrer. En elle, il y a plusieurs demeures, comme
l’indiquaient les nombreuses chambres du temple terrestre qui en était la figure. La place des
disciples, et la nôtre, va être préparée par son entrée au ciel. Il nous la garde comme étant
notre précurseur (voir Hébreux 6:20).

Un jour doit donc venir où les croyants entreront dans le lieu qui est préparé pour eux. Nous
trouvons donc un troisième sujet de consolation au verset 3. C’est la venue personnelle du
Seigneur Jésus pour nous prendre auprès de lui, afin que nous puissions être avec lui dans la
maison du Père. D’après l’Ancien Testament, les disciples auraient dû savoir qu’une venue
personnelle de l’Éternel aurait lieu. On trouve, par exemple : « Ses pieds se tiendront, en ce
jour-là, sur la montagne des Oliviers… Et l’Éternel, mon Dieu, viendra, et tous les saints avec
toi » (Zacharie 14:4-5). Mais les disciples n’avaient pas compris que « l’Éternel » et « Jésus »
étaient une seule et même personne. Ils ne connaissaient rien non plus de la venue du
Seigneur pour prendre les croyants près de lui, car elle n’avait pas été annoncée. C’était une
révélation tout aussi nouvelle que le fait que les croyants aient une place au ciel et que le
Messie soit là comme le centre de la foi, au lieu d’être présent sur la terre, de manière visible.

Nous pouvons ajouter que le verset 1 nous présente en germe cette vie « par la foi au Fils de
Dieu » dont parle Paul, en Galates 2:20. De la même manière, le verset 2 nous donne la vérité
de l’appel céleste, exposée plus complètement en Éphésiens 1:3-6, Hébreux 2:9 ; 3:1. Le
verset 3 nous annonce, pour la première fois, la venue du Seigneur pour chercher les siens.
Leur enlèvement au ciel, dans sa présence, se trouve plus largement développé en 1
Thessaloniciens 4:14-18. Cette vérité apporte de la consolation aux cœurs troublés.

Jésus reconnaît que ses disciples savent où il va et qu’ils en connaissent le chemin. Thomas a
un esprit matérialiste, qui le conduit à douter facilement. Son objection entraîne une des
grandes déclarations du Seigneur. Jésus est le chemin qui mène au Père ; il est la vérité au
sujet du Père et la vie qui donne la puissance pour pouvoir vraiment connaître le Père. Le Fils
est le seul chemin pour aller au Père. Comme nous avons la vie déchue d’Adam, nous
sommes incapables de le connaître ; une telle connaissance n’est possible que pour ceux qui

659
participent à la vie de Christ. Plus nous méditerons ces paroles, plus nous comprendrons que
Christ est suffisant pour tout ; ces paroles rendent hommage au fait que la plénitude de la
Déité habite en Lui (voir Colossiens 1:19 ; 2:9).

La demande plaintive de Philippe révèle que lui aussi désirait qu’on lui montre le Père de
façon palpable (v. 8). Il ne se trompait pas, mais il manquait de discernement pour voir ce qui
avait été manifesté en Christ, la Parole devenue chair. Au début de sa première épître, Jean dit
que la Parole avait pu, de ce fait, être « entendue, contemplée et touchée ». Le Père avait donc
été parfaitement manifesté. Les paroles de Jésus étaient les paroles du Père ; ses œuvres
étaient faites par le Père qui demeurait en lui. Le verset 17 fait allusion au fait que le Saint
Esprit était avec les disciples, demeurant en Christ ; au verset 10, c’est le Père qui demeure en
lui. Nos pensées sont donc ramenées à ce qui est écrit en Colossiens 1:19.

Les paroles et les œuvres du Seigneur confirment l’importante déclaration qu’il fait ici à deux
reprises. Quant à son essence, sa vie et sa nature, Jésus était « dans le Père », comme aussi le
Père était en lui ; en Jésus, il a été montré et manifesté. Les disciples doivent le croire
simplement parce que le Seigneur l’affirme ; sinon ils doivent recevoir le témoignage de ses
œuvres, qui le déclarent si clairement. De plus, le jour approchait où des œuvres semblables,
ou même plus grandes, devaient être accomplies par les disciples, parce que Jésus s’en allait
au Père (v. 12). Comme nous l’avons appris au chapitre 7, cela sous-entendait la venue du
Saint Esprit. Ce jour-là, les disciples découvriraient qu’ils seraient en Christ et que Christ
serait en eux (voir v. 20). Cela explique sans doute la possibilité d’accomplir ces « plus
grandes œuvres ». Avant sa mort et sa résurrection, le Seigneur était « à l’étroit » (Luc
12:50) ; après leur accomplissement et le don de l’Esprit, Jésus pourrait agir librement par son
moyen à travers ses disciples. Dans le ministère du Seigneur, il n’y a eu aucun jour où 3000
âmes se soient converties, comme à la Pentecôte ; son travail n’a pas non plus couvert
l’immense territoire situé « depuis Jérusalem, et tout alentour, jusqu’en Illyrie » (Romains
15:19), comme l’a fait celui de l’apôtre Paul.

Aux versets 13 et 14, le Seigneur réconforte ses disciples en leur présentant la puissance de
son nom. Il va les laisser pour qu’ils soient ses représentants. Si leurs requêtes sont vraiment
faites en son nom, elles seront certainement exaucées. Il agirait lui-même en leur faveur, bien
qu’étant absent. En agissant ainsi, son intention ne serait pas seulement de défendre ses
propres intérêts, mais aussi de glorifier le Père. Ce but serait ainsi atteint dans le service du
Seigneur Jésus ressuscité et glorifié, comme il l’avait été pendant les heures sombres de sa
mort.

Sans doute le fait d’agir et de demander en son nom se rapporte spécialement aux apôtres ;
mais cela s’applique aussi à nous tous. Souvenons-nous que nous n’avons le droit d’utiliser le
nom de notre Maître qu’en ce qui concerne sa cause et ses intérêts. Si nous essayons de nous
en servir simplement pour faire avancer nos désirs personnels, nous sommes coupables de ce
que la loi de notre pays qualifie d’activité illégale ; c’est une faute qui est punie sévèrement.
Bien entendu, la promesse ici s’applique seulement si la prière est faite sincèrement en son
nom.

Jusqu’ici, nous avons eu devant nous cinq sujets particulièrement consolants. Ils ont été
prévus pour que les cœurs affligés des disciples soient sûrs qu’ils auraient beaucoup
d’avantages, même s’ils perdaient la présence du Seigneur Jésus au milieu d’eux.
Récapitulons ces sujets d’encouragement ! Jésus leur serait toujours accessible, comme centre
de leur foi. Il leur assurait une place dans la maison du Père. Jésus reviendrait, afin que les

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disciples puissent être au ciel avec lui. En attendant, le Père s’était fait pleinement connaître à
eux, en lui. Ils devaient rester dans le monde comme les représentants du Seigneur, et
l’autorité de son nom donnerait de la puissance à leurs prières. Nous arrivons maintenant à un
sixième sujet qui apporte la même consolation.

La venue du Saint Esprit est promise avec certitude. Le Seigneur pense que les disciples
l’aiment vraiment. L’amour vrai s’exprime toujours par l’obéissance. L’amour lui-même est
la nature de Dieu. Cela semblait évident. S’appuyant sur cette certitude, Jésus, monté au ciel,
priera le Père ; en réponse à sa requête, l’autre Consolateur viendra. Or le « consolateur » est
quelqu’un qui se tient à côté d’une personne pour l’aider. C’est ce que Jésus lui-même avait
été parmi ses disciples sur la terre ; il le serait encore, bien que séparé d’eux au ciel ; en effet
le mot «  avocat » a le même sens que le mot « consolateur » (1 Jean 2:1). L’Esprit remplira
ce rôle pour nous, sur la terre ; une fois qu’il sera venu, il demeurera avec nous éternellement.

Le Consolateur est aussi l’Esprit de vérité. La grâce et la vérité « vinrent par Jésus-Christ »
(1:17). Comme nous venons de le voir, l’Esprit est la vérité présentée de façon objective.
L’Esprit de vérité va venir maintenant ; il demeurera dans les croyants et fera ainsi pénétrer en
eux la vérité subjectivement. C’est pourquoi, au verset 2 de la deuxième épître de Jean, nous
lisons que la vérité « demeure en nous », par l’Esprit, de même qu’elle « sera avec nous à
jamais », en Christ. Le monde ne partage pas ces privilèges. Il n’a pas la nature divine et n’a
pas une conduite caractérisée par l’obéissance ; c’est pourquoi il ne peut pas recevoir le Saint
Esprit. Il ne le voit pas et ne le connaît pas, car il est occupé à des choses matérielles.

Tout ce que le Seigneur avait dit rassurait les disciples : ils n’étaient pas « abandonnés », ni « 
orphelins ». Il viendrait à eux, en effet, par le Consolateur ; sa présence serait donc une réalité
pour leur cœur.

Le Consolateur, l’Esprit Saint, est donné au croyant comme sceau de son amour et de son
obéissance. Nous ne pouvons donc éprouver la pleine bénédiction due au fait qu’il habite en
nous que dans la mesure où notre obéissance est rendue parfaite. L’obéissance est le fruit de
l’amour, et la preuve de son existence (v. 15). Le fruit de l’obéissance est une place
particulière dans l’amour du Père et du Fils. Il y a en même temps une manifestation spéciale
du Fils.

Elle doit entraîner une manifestation spéciale du Père, dans la mesure où nous ne le
connaissons que révélé dans le Fils. La manifestation objective est parfaite, complète et
durable. Par contre, la manifestation subjective à chacun de nous individuellement, par la
puissance du Consolateur, dépend de notre degré d’obéissance et d’amour.

La question de Jude, au verset 22, est suscitée par le fait que les pensées des disciples étaient
entièrement centrées sur la manifestation publique du Messie, telle qu’elle était annoncée dans
l’Ancien Testament. Ils ne saisissent pas encore la manière dont Dieu agira désormais ; le
Seigneur Jésus va être connu par la foi en la puissance du Saint Esprit. Le Seigneur répond en
développant les paroles qu’il a prononcées auparavant. Il dit, maintenant, que le fait de garder
sa parole est le fruit de l’amour. Il ne s’agit pas de «  ses paroles », mais de «  sa parole », au
singulier ; c’est la vérité qu’il a apportée, envisagée dans sa totalité. Une telle obéissance,
accompagnée d’amour, suscite l’appréciation et l’amour du Père ; le Père et le Fils font alors
leur demeure chez le croyant, sans aucun doute par le moyen du Saint Esprit qui demeure en
celui qui croit ; ces grandes déclarations sont développées dans la partie du discours consacrée
au Consolateur. Ainsi les mots du Seigneur Jésus, par lesquels sa parole nous est transmise,

661
deviennent le test de notre amour. Ils nous conduisent à la parole du Père, qui a envoyé le Fils.
Si nous méprisons ses paroles, nos démonstrations d’amour à son égard s’avèrent vaines et
fausses.

Cela nous conduit à un autre rôle du Consolateur. Comme il est « l’Esprit de vérité », il est
celui qui enseigne les disciples. Notons le contraste existant entre les deux expressions : « ces
choses » et « toutes choses » (v. 25 et 26). De la mort du Seigneur Jésus découleront sa
glorification et le don du Saint Esprit ; cela permettra une révélation plus profonde de la vérité
divine. Le Consolateur fera connaître et enseignera avec puissance, aux disciples, toutes les
choses appartenant au domaine de la révélation. Christ, présent comme un homme parmi eux,
leur avait fait connaître beaucoup de choses ; quand l’Esprit viendra, tout leur sera révélé.
Nous trouvons ici, à l’égard de la révélation et de l’enseignement la promesse du même
développement, grâce à la venue du Saint Esprit, qu’au verset 12, à l’égard des œuvres. De
plus l’Esprit leur rappellera toutes les choses qu’ils ont entendues de Christ.

Nous avons maintenant la joie de voir que ces choses se sont réalisées à la lettre. Les quatre
évangiles ont été écrits comme fruit de ce que le Seigneur a dit, le Saint Esprit rappelant ses
paroles à la mémoire des apôtres. Les épîtres, par contre, sont le fruit des enseignements
supplémentaires, et plus nouveaux, de l’Esprit ; elles répandent la pleine lumière de la foi
chrétienne et des conseils de Dieu.

Nous avons déjà remarqué que la venue du Consolateur constituait le sixième sujet de
consolation donné par Jésus à ses disciples. Nous découvrons maintenant le septième, le
dernier dans ce chapitre ; c’est : la paix. En partant, Jésus leur laisse la paix, léguée comme
résultat de son œuvre expiatoire. De plus, il leur donne cette paix qu’il nomme spécialement
la sienne ; c’est la paix liée à sa confiance parfaite dans le Père, parce qu’il le connaît et est
soumis à sa volonté. Tout ce qu’il donne provient de sa propre plénitude et cela les unit à lui-
même ; ce n’est pas selon la pauvre mesure de ce monde.

Ayant ainsi exposé aux disciples ces grands sujets d’encouragement, le Seigneur termine par
la même note qu’au début : « Que votre cœur ne soit pas troublé, ni craintif ! ». C’est
exactement la même parole qui nous parvient, lorsque nous nous trouvons face aux difficultés
actuelles.

Mais les disciples allaient connaître non seulement la paix, mais aussi la joie. C’est ce qu’ils
ont éprouvé après le don du Saint Esprit ; ils l’ont expérimenté même avant (Luc 24:52). Les
disciples se rendaient compte que Jésus s’en allait et ils devaient pourtant comprendre qu’il
venait à eux par l’arrivée du Consolateur. Il y avait pourtant quelque chose de plus ! Jésus
s’en allait au Père pour entrer, de ce fait, dans tout ce que cela comportait : approbation infinie
et gloire dans l’amour du Père. Ce serait une très grande joie pour lui ; puisque les disciples
l’aimaient, ce serait également une joie pour eux. N’avons-nous pas aussi connu cette joie ?
La pensée de sa joie n’est-elle pas parmi les plus profondes de nos joies ?

Les derniers mots de ce verset, «  mon Père est plus grand que moi », ont troublé certaines
personnes. Mais ici, c’est le Verbe, la Parole faite chair, qui parle ; il parle dans sa condition
d’homme humble sur la terre. C’est pour cette raison que, en ce qui concerne sa position ou
son rang, le Père est plus grand que lui ; en ce qui concerne son être et sa nature, lui et le Père
sont un.

662
Les paroles du Seigneur, au verset 29, apportent beaucoup de lumière sur tout le contenu de
ce chapitre. Ce dont il a parlé n’est pas encore arrivé, car son œuvre de rédemption doit
d’abord s’accomplir. Quand elle sera terminée, ces événements se produiront. Jésus le dit aux
disciples maintenant afin que, dans les jours qui suivront, ils puissent croire. Le Seigneur
indique par là que nous sommes dans une période où la foi est de toute importance. L’époque
d’Israël a été caractérisée par des choses visibles et palpables. Toutes les vérités dont Jésus
venait de parler aux disciples doivent être saisies par la foi et non par la vue. La paix et la joie
pénètrent, toutes deux, dans notre cœur par la foi.

Ainsi, maintenant nous voyons que Paul parle de «  toute joie et paix en croyant,… par la
puissance de l’Esprit saint » (Romains 15:13). Pierre nous dit aussi : «  Croyant en lui,
quoique maintenant vous ne le voyiez pas, vous vous réjouissez d’une joie ineffable et
glorieuse » (1 Pierre 1:8).

Le Seigneur montre ensuite que ses entretiens avec les disciples s’achèvent.
L’accomplissement complet de l’œuvre que le Père a commandée se trouve maintenant
devant lui. Avant que ce but soit pleinement atteint, Satan, le prince de ce monde, revient,
exerçant le pouvoir des ténèbres ; mais il ne trouvera aucun point sur lequel il pourrait
attaquer le Seigneur. Satan n’a rien en Christ, parce que le Père a tout ; c’est-à-dire tout son
amour et toute son obéissance. Le diable rencontre, non pas l’homme dans un état
d’innocence, comme Adam en Eden, mais l’Homme dans un état de sainteté et de justice
absolues et, en même temps, la Parole qui est Dieu. Nous trouvons ici la réalité de ce que
représente le serviteur hébreu, décrit en Exode 21:2-6 : « j’aime le Père » ; cette expression
équivaut à : « j’aime mon maître…, je ne veux pas sortir libre ». De même, en Jean 13:1, nous
avons la déclaration de l’amour du Seigneur Jésus pour ceux qui sont symbolisés par « la
femme et les enfants », dans l’image du chapitre 21 du livre de l’Exode.

Il semblerait que les mots : « Levez-vous, partons d’ici ! » indiquent que Jésus et les disciples
quittent la chambre haute et que le contenu des deux chapitres suivants ait été prononcé sur le
chemin de Gethsémané. Le changement de position correspond à un changement de thème.

15 - Chapitre 15
Dans ce chapitre, Jésus considère ses disciples comme étant dans le monde, avec le privilège
et la responsabilité qui s’y rattachent. Il ne les voit plus, comme au chapitre 14, à leur
nouvelle place et dans leur nouvelle condition devant le Père. De même qu’il leur a donné sa
place devant le Père au chapitre précédent, ils sont maintenant identifiés à lui, dans sa place
devant le monde. Il est le vrai cep ; eux sont les sarments.

En parlant de lui-même comme du cep, le Seigneur emploie une image appliquée à Israël dans
l’Ancien Testament (Psaume 80:8-18 ; Ésaïe 5:1-7). Dans le Psaume, la ruine du cep est
prononcée, mais il est question du « provin » (le sarment) et du « fils de l’homme que tu as
fortifié pour toi ». Dans le livre d’Ésaïe, la raison de la ruine nous est clairement donnée.
Israël, comme cep, n’a rien produit sinon des raisins sauvages, sans valeur. Il n’y a pas eu de
fruit pour Dieu. Jésus lui-même est le sarment fortifié pour l’Éternel ; il se présente
maintenant comme la vraie source de tout fruit pour Dieu sur la terre.

663
Jésus est le cep, ses disciples sont les sarments, son père est le cultivateur. Chaque sarment
qui tire de lui sa vie, porte du fruit. Il peut y avoir des sarments, en Jésus, qui n’ont pas un lien
de vie avec lui ; ceux-là ne portent pas de fruit. L’activité du cultivateur s’exerce dans chaque
cas. Quand le sarment porte du fruit, il le nettoie, afin qu’il porte plus de fruit. Quand il n’y a
pas de fruit produit, il ôte le sarment qui est finalement détruit (voir v. 6). Judas Iscariote vient
de nous donner un triste exemple de cette dernière catégorie.

Le verbe utilisé au verset 2 est « nettoyer », et non « tailler ». Le Père purifie le croyant qui
porte du fruit, bien que celui-ci soit déjà net, à cause de l’action de la Parole. Le Seigneur a
parlé d’un double lavage au chapitre 13 (v. 10-14). Nous rencontrons ici la même pensée.
Lorsque le sarment est nettoyé (lavé) par l’action du Père, des obstacles sont ôtés et la vie du
cep coule plus librement en lui ; il produit donc plus de fruit. La preuve la plus sûre que nous
sommes en Christ est que nous demeurons en Christ ; la preuve la plus sûre que nous
demeurons en Christ est que nous produisons du fruit, dans la vie et le service. Le véritable
caractère et les voies de Christ se manifestent en nous. Séparés de lui, nous ne pouvons rien
faire. Si nous demeurons en lui, il y a beaucoup de fruit ; nous sommes en communion de
pensée avec lui, si bien que nous demandons librement et que nos désirs sont exaucés ; le Père
est glorifié et il est prouvé, de manière indiscutable, que nous sommes de vrais disciples.

C’est un grand privilège, aussi bien qu’une grande responsabilité, d’être laissés sur la terre
pour porter du fruit ; c’est un privilège encore plus grand de savoir que nous sommes, nous-
mêmes, les objets de l’amour divin.

L’amour de Jésus reposait sur ces disciples (il repose aussi sur nous), tout comme l’amour du
Père repose sur lui. Nous avons à demeurer dans la connaissance, la conscience et la
jouissance de son amour. Pour réaliser cela, il faut obéir à ses commandements. Nous savons
très bien qu’au moment où nous désobéissons à sa parole clairement exprimée, notre
conscience nous tourmente, nous ne sommes plus en communion avec sa pensée et nous ne
jouissons plus de son amour. Si nous nous conduisons avec obéissance, nous demeurons dans
son amour, nous entrons dans sa joie et notre propre joie est complète.

Le verset 12 semble étroitement lié au verset 10. Jésus a parlé de garder ses commandements,
en général ; il y a, cependant, un commandement qu’il a déjà signalé d’une façon particulière
(13:34), il y revient de nouveau. L’amour doit abonder entre les disciples, selon le caractère
de l’amour parfait de Jésus à leur égard. L’amour qui découle de la possession de la nature
divine doit circuler au sein de la famille de Dieu. La chair est en chacun de nous et les
divergences entre les croyants sont innombrables, d’où les multiples occasions de conflits et
de torts. Le commandement du Seigneur est que l’amour de la nature divine triomphe sur les
conflits de notre nature charnelle. Comment avons-nous obéi à ce commandement ? Notre
défaillance à cet égard explique pourquoi nous demeurons si peu dans son amour et pourquoi
sa joie demeure si peu en nous. Cela signifie aussi que nous sommes de piètres disciples et
que nous glorifions bien peu le Père.

L’amour humain a ses limites (v. 13). Le Seigneur enseigne ses disciples à se considérer les
uns les autres comme des amis parce qu’ils sont tous, individuellement, ses propres amis. Ils
sont, en effet, caractérisés par l’obéissance à ses commandements. Jésus s’en allait pour
laisser sa vie pour eux, mais il s’est trouvé en lui un amour qui surpassait de beaucoup tout ce
qui était connu parmi les hommes. C’est son amour, non pas un amour simplement humain,
qui allait imprimer son caractère sur l’amour mutuel des disciples.

664
Dès qu’ils ont été liés à Jésus, les disciples ont été ses serviteurs. Le Seigneur indique qu’il les
considère, désormais, comme ayant une position plus élevée, celle d’amis. Cette amitié est
bien réelle, dans la mesure où il leur a fait connaître tout ce qu’il a entendu de son Père. C’est
lui qui révèle l’amour et les propos de son Père. Le Seigneur, en disant cela, pense à la venue
du Consolateur. Comme il le leur a déjà dit, le Saint Esprit leur donnera la capacité de
discerner ces vérités. Tous les croyants ont aujourd’hui accès à cette place privilégiée sur le
même fondement simple de l’amour et de l’obéissance. C’est de là que vient le terme d’amis
(3 Jean 15). À la fin du premier siècle, s’accomplit la prophétie de Paul concernant des
hommes qui prononceraient des paroles perverses, « pour attirer les disciples après eux »
(Actes 20:30). Diotrèphe en est un exemple. Cependant il y a des croyants marqués par
l’amour et l’obéissance (en contraste éclatant avec Diotrèphe) et reconnus comme « amis ».
Certains se trouvent avec Jean, se joignant à la salutation ; d’autres avec Gaïus, et ils sont
salués chacun par leur nom.

Bien que Jésus donne ainsi une place très élevée à ses disciples, il a toujours la prééminence
absolue parmi eux. Ils sont ses amis, mais c’est entièrement son choix, et non le leur. Ses
droits souverains demeurent intacts. Ils sont choisis comme des amis et désignés pour porter
un fruit qui demeurera, en contraste avec le monde où ils se trouvent, qui passe. Il y a, ensuite,
un autre résultat heureux. Comme amis et porteurs de fruits, les disciples auront accès au
Père, au nom du Fils, et ils ont la certitude d’une réponse favorable. On peut penser que
l’expression : « tout ce que vous demanderez… en mon nom » a une grande portée.
Certainement, mais rappelons-nous que ceux qui demandent sont «  des amis », auxquels a été
révélé tout ce qui se rattache au Père. Cela concerne le nom et la gloire du Fils. Les disciples
étant en communion de cœur avec le Seigneur, il est évident que chaque demande sera en
accord avec le propos du Père ; la réponse sera donc certaine.

Comme pour rappeler le lien très étroit entre ces vérités et l’amour entre les disciples, le
Seigneur répète son commandement de s’aimer les uns les autres (v. 17). Le Seigneur savait
d’avance combien cette parole serait nécessaire tout au long de l’histoire de son peuple. Il
donne donc ce commandement trois fois dans ces dernières paroles, prononcées avant qu’il
souffre.

Le commandement de notre Seigneur, que l’amour soit manifesté comme étant le lien entre
ses disciples, devient plus important à cause de la haine du monde. L’amour circulant à
l’intérieur et la haine harcelant de l’extérieur, telle est la situation envisagée comme résultat
de son rejet et de sa mort. Méditons cela car, au fil des siècles, la tendance a été de renverser
la situation. Alors que le cœur des croyants s’est laissé entraîner à aimer le monde extérieur et
à solliciter ses faveurs, la froideur, la destruction et même la haine ont trouvé place à
l’intérieur.

L’amour et la haine naissent, tous deux, de la relation intime qui existe entre les disciples et
leur Seigneur. Nous avons déjà vu cela à propos de l’amour, nous le voyons ici, de nouveau, à
propos de la haine. Le monde a haï Christ bien avant de haïr les disciples ; il les haïssait parce
qu’ils avaient été choisis du milieu du monde et que, par conséquent, ils n’étaient pas du
monde. Au moment où le Seigneur parle, la haine n’a été manifestée que par les Juifs,
auxquels il s’est présenté lui-même. Jésus est considéré comme rejeté depuis le début de cet
évangile ; par conséquent, les Juifs sont envisagés comme ayant perdu leur place de peuple
privilégié. Un homme tel que Nicodème, avec tous ses privilèges, a besoin de naître de
nouveau comme un misérable étranger. C’est pour cette raison que les Juifs sont ici identifiés
au monde ; les distinctions antérieures sont balayées par la présence de Christ rejeté.

665
De plus, la haine engendre la persécution (v. 20). Les serviteurs doivent s’attendre à être
traités comme leur maître. En définitive, tout est à rattacher au fait que le monde ignore Dieu
et qu’il le hait quand il le voit révélé parfaitement en Christ. Cette révélation met tout en
lumière. Le Seigneur parle de ses paroles (v. 22) et de ses œuvres (v. 24) ; toutes les deux
mettent en évidence le péché des Juifs, d’une manière qui rend vaines toute question et toute
excuse. En voyant le Fils, ils ont vu le Père ; en haïssant le Fils, ils ont haï le Père, et cela sans
cause, comme l’Écriture l’avait annoncé.

Cependant il reste encore un témoignage, celui du Consolateur. Il complètera le témoignage


puisqu’il est l’Esprit de vérité, envoyé par Jésus glorifié et venant néanmoins du Père. Le Fils,
devenu homme sur la terre, avait révélé le Père, et son témoignage avait été refusé. Cependant
le témoignage serait encore maintenu par le Consolateur. Venu d’auprès du Père, le Saint
Esprit rendra témoignage au Fils, monté au ciel ; il maintiendra ainsi la révélation que Jésus
avait faite. Ils peuvent rejeter le Fils : c’est ce qu’ils ont fait par la Croix. Mais quelqu’un va
venir, et ils ne pourront pas le chasser ainsi ; un témoignage permanent sera assuré. Le
témoignage de l’Esprit est le dernier à être rendu. Cela explique l’extrême gravité du péché
contre le Saint Esprit, le fait d’outrager l’Esprit de grâce.

Le verset 27 parle du témoignage qui doit être rendu par les apôtres ; il le distingue du
témoignage du Consolateur. Ils ont témoigné de tout ce qu’ils avaient vu et entendu «  dès le
commencement ». C’est ce que nous trouvons au début de la première épître de Jean, dans
laquelle le poids et la valeur de ce témoignage nous sont révélés. Ils ont aussi été désignés
comme témoins de la résurrection du Seigneur Jésus. Le témoignage qu’ils ont rendu aux
grands événements et aux grandes vérités, sur lesquels tout est fondé, est d’une extrême
importance. Cependant un enseignement supplémentaire était nécessaire. Il va être donné par
le témoignage nouveau de l’Esprit de vérité, rapporté dans le livre des Actes. En premier lieu,
il est rendu particulièrement par Etienne. Il est ensuite donné par le très grand persécuteur
converti, Saul de Tarse, devenu l’apôtre Paul. La différence entre le témoignage des apôtres et
celui du Saint Esprit est celle-ci : le premier a porté sur les grands événements de la vie, de la
mort, de la résurrection et de l’ascension de Christ ; le deuxième va concerner la signification
de ces événements, leur portée et tout le dessein de Dieu fondé sur eux.

16 - Chapitre 16
Quelques avertissements supplémentaires suivent dans les premiers versets du chapitre ; pour
éviter que, n’étant pas préparés à la persécution, les disciples ne trébuchent. Nous trouvons un
commentaire des versets 2 et 3 dans les passages suivants : Actes 8:3 ; 9:1-2:1 Timothée 1:13.
Saul de Tarse persécutait jusqu’à la mort « ceux qui étaient de la voie » ; il le faisait par
ignorance, par incrédulité. Certainement il ne connaissait, à ce moment-là, ni le Père ni le Fils.

Jésus s’en va vers celui qui l’a envoyé ; les disciples ressentent suffisamment la perte qu’ils
vont subir, pour être remplis de tristesse. Ils verraient les événements sous un autre éclairage
s’ils cherchaient davantage à savoir où allait le Seigneur, et ce qu’entraînerait sa présence
auprès du Père. Son départ va leur être profitable. Ils vont subir une perte, évidemment, mais
il y aura aussi un gain qui la compensera. C’est une déclaration étonnante ! Cependant le
Seigneur continue à insister sur cette vérité. Il dévoile encore les bienfaits qui découleront de
la venue du Consolateur, venue qui dépendait du départ de Jésus au ciel. Il parle
premièrement de ce que l’arrivée du Saint Esprit signifiera pour eux.
666
Par sa présence et son activité mêmes, l’Esprit sera sur la terre un témoignage permanent
devant le monde. Le verbe «  convaincre » (ou confondre) ne signifie pas : « faire naître dans
le monde une conviction telle qu’il se convertira », mais plutôt, que la venue du Saint Esprit
mettra tellement en évidence ces trois grandes réalités : le péché, la justice et le jugement,
qu’elle laissera le monde sans excuse. Le Saint Esprit vient ; c’est la conséquence immédiate
du départ au ciel de Jésus, celui que le monde incrédule a chassé. La bonté parfaite,
personnifiée dans le Fils de Dieu, avait été devant leurs yeux et elle avait été entièrement
rejetée. Quel péché que celui-ci, une terrible erreur de jugement ! Le péché a été mis en
évidence par la présence du Consolateur, venu parce que le Seigneur Jésus s’en était allé.

Mais Jésus a traversé la mort et la résurrection ; par son ascension, il est entré dans la gloire
du Père. La justice divine est ainsi revendiquée et manifestée. Le sujet ici n’est pas le pardon
des péchés et notre justification, comme au chapitre 3 de l’épître aux Romains ; c’est
l’établissement de la justice aux yeux de tous, dans toutes les sphères touchées et corrompues
par le péché. La mort de Christ était l’acte suprême de l’injustice du monde ; sa glorification
est l’acte suprême de la justice divine et la garantie que la justice finira par s’imposer en tous
lieux. C’est ce que dit Paul, en Actes 17:31. Or l’Esprit est venu de la part de Christ glorifié,
témoin permanent de ces choses. Mettre simplement le péché en évidence n’aurait pas suffi :
son opposé, la justice, qui finira par abolir le péché, doit aussi être manifesté.

La troisième réalité, le jugement, est la conséquence normale de ce qui précède. Si le péché de


l’homme est réglé selon la justice divine, le jugement ne peut être évité. Paul discourait
devant Félix du « jugement à venir », et le gouverneur romain tremblait, mais le sujet de notre
passage est plutôt le fait que le prince de ce monde a été jugé à cause de son attitude envers
Christ et par la puissance de la croix. Au chapitre 12, Jésus avait parlé du jugement du monde
et du rejet de son prince. Ces faits solennels sont établis par la présence du Saint Esprit. Si le
prince, le chef du monde, est jugé, le monde qu’il dirige est, lui aussi, jugé. Satan est encore
appelé « le dieu de ce siècle » (2 Corinthiens 4:4), puisque les hommes l’adorent sans le
savoir, en se tournant vers toutes leurs idoles. Il est « le prince » en tant qu’auteur et chef des
grandes intrigues du monde.

Le fait que le Consolateur soit venu et ait mis cela en évidence, nous est maintenant utile et
profitable. Voir le diable sous son vrai jour, le monde tel qu’il est en réalité, voir l’opposition
entre le péché et la justice mise en évidence, sont des sujets de la plus haute importance. Le
témoignage est, en fait, rendu contre le monde, mais il est aussi donné pour notre profit et
notre instruction. S’il avait retenu davantage notre attention et celle de l’Église, au cours de
son histoire, nous nous serions gardés beaucoup plus purs du monde que nous ne l’avons fait.
Les mots très forts que nous lisons en Jacques 4:4 se comprennent beaucoup plus facilement à
la lumière de ces paroles du Seigneur.

Dans les versets 13 à 15, ce ministère de l’Esprit est particulièrement utile. Il semble se
classer sous trois titres : « Il vous conduira… Il vous l’annoncera… Il me glorifiera ».

L’esprit va conduire les disciples dans toute la vérité. Dans le verset précédent, le Seigneur a
indiqué qu’il a encore beaucoup de choses à leur révéler, mais qu’ils ne sont pas encore en
état de les recevoir. Nous trouvons dans la première épître de Jean (2:20, 27) que les croyants
peuvent comprendre seulement quand ils ont reçu l’onction de l’Esprit. Après la venue de
l’Esprit de vérité, le Seigneur a transmis par son moyen tout ce qu’il avait encore à dire ; toute
la vérité a été ainsi révélée. L’Esprit a guidé les disciples dans cette révélation. Les apôtres
sont sans doute plus particulièrement en vue ici, mais les épîtres ont été écrites pour nous « 

667
conduire dans la vérité ». Les croyants de toutes les époques, et de la nôtre, ont pu ainsi entrer
dans la connaissance de toute la vérité. Est-ce que nous nous sommes consacrés à ces choses,
pour qu’elles nous guident ?

L’Esprit doit ensuite montrer aux disciples « ce qui va arriver ». Le livre de l’Apocalypse et
certains passages des épîtres ont été écrits comme résultat de ce ministère envers les apôtres.
Aujourd’hui nous pouvons en bénéficier nous-mêmes. Les écrits prophétiques nous font
connaître ce qui devait arriver, à la fois dans l’Église et dans le monde. Nous ne sommes donc
pas dans l’obscurité, bien que le rejet et l’absence de Christ aient introduit une période de
l’histoire du monde caractérisée par « la nuit ».

Enfin, la mission du Consolateur est de glorifier Christ qui a été déshonoré par le monde. Il le
fait en nous annonçant ce qui appartient à Christ, afin que nous découvrions que tout ce qu’a
le Père, est aussi au Fils. Ne mésestimons pas l’extraordinaire portée de cette grande
déclaration ! Nous avons déjà entendu deux fois que le Père a mis toutes choses entre ses
mains (3:35 ; 13:3). Cela pourrait, cependant, être interprété comme le fait que toute
administration lui a été confiée ; c’est ce qui s’est produit pour Joseph, en Égypte, avec ce qui
appartenait au Pharaon. Il y a, en fait, un enseignement beaucoup plus profond. Tout ce qu’a
le Père, est au Fils ! C’est Jésus qui le dit, sur la terre, dans son chemin d’humiliation. Ce mot
«  est » se trouve en dehors du temps : il suggère quelque chose d’éternel. Ce qui était au Père,
a toujours été au Fils ; c’est encore vrai et cela le sera toujours. Celui qui parle ainsi (v. 15)
proclame qu’il est Dieu, Un avec le Père dans l’unité de la Divinité. Le Fils est glorifié, en
effet, lorsque cette vérité est reconnue grâce au ministère du Consolateur.

À première vue, la transition entre les versets 15 et 16 n’est pas évidente. Le Seigneur reprend
l’idée que son départ sera profitable aux disciples parce qu’il implique la venue du
Consolateur. Bientôt ils ne verront plus Jésus, puis « encore un peu de temps » et ils le
verront. Mais ce moment où ils le reverront ne peut exister que « parce qu’il s’en va au
Père » ; car, alors, l’Esprit sera donné. Dans cette déclaration remarquable, le Seigneur
emploie deux mots différents. Le premier terme signifie contempler, ou regarder comme un
spectateur ; le second veut dire percevoir ou discerner. « Un peu de temps » et ils ne le verront
plus ; ils ne contempleront plus sa marche et ses œuvres. Il s’écoulera encore « un peu de
temps » et, ayant reçu le Saint Esprit, ils verront Jésus d’une façon nouvelle ; ils le
discerneront par la foi, avec l’œil intérieur de leur cœur rempli de l’Esprit. Ils le verront dans
une mesure inconnue auparavant. Béni soit Dieu de ce que nous pouvons dire aussi : «  Nous
voyons Jésus… couronné de gloire et d’honneur » (Hébreux 2:9).

À ce moment-là, la parole du Seigneur était obscure pour les disciples ; une explication
supplémentaire est donc donnée. Le monde allait atteindre son but, en ce qui concernait
Jésus ; sa mort était imminente. Le monde se réjouirait d’être débarrassé de lui ; pour les
disciples il y avait, par contre, la perspective de pleurs et de lamentations. Toutefois, au-delà
de la mort, il y avait sa résurrection et son ascension vers le Père. Ceci bouleverserait tout.
Les douleurs de l’enfantement illustrent cela et mettent en relief l’idée de la joie qui survient
après la tristesse, mais aussi celle de l’apparition d’une vie nouvelle. Or la tristesse des
disciples ne faisait que refléter celle du Seigneur ; elle était si profonde, et d’une nature telle,
qu’elle est appelée : «  le travail de son âme » (Ésaïe 53:11). Par contre, Ésaïe 53:10 annonce
à l’avance «  qu’il verra une semence » ; cela aura lieu évidemment dans la résurrection et
dans la gloire. Les disciples ne pouvaient pas partager ses souffrances expiatoires ; toutefois,
dans une faible mesure, ils partageaient sa tristesse, mais probablement d’une manière très
égoïste. Ils devaient bientôt partager réellement sa joie.

668
Le contexte du verset 22 semble indiquer que le Seigneur fait allusion au bonheur qui
remplira les disciples quand ils le rencontreront après sa résurrection. Il évoque aussi leur joie
lorsqu’ils connaîtront sa gloire, grâce au don du Saint Esprit. C’est encore plus net dans le
verset 23. L’expression « en ce jour-là » n’indique pas seulement les quarante jours pendant
lesquels les disciples ont vu le Seigneur, avant la Pentecôte, mais plutôt toute la période de
son absence et de la présence personnelle de l’Esprit dans l’Église. Ce « jour » n’est pas
encore terminé ; c’est encore notre privilège de prier par le Saint Esprit, et donc de demander
au Père, au nom du Fils.

Le mot «  demander » se trouve deux fois dans ce verset. En réalité, le Seigneur utilise deux
mots différents. On peut les différencier en utilisant « interroger » ou «  s’informer », pour le
premier terme, et «  demander » ou «  supplier », pour le deuxième. Le Seigneur avait répondu
à toutes leurs questions et ils étaient venus à lui avec toutes leurs demandes d’information.
Maintenant cette période se terminait. Mais il leur a révélé le Père ; cette révélation produira
son effet en eux, dès que l’Esprit sera donné. Ils recevront de la puissance pour prendre leur
place de représentants du Fils, et donc pour demander en son nom. Leurs prières seront
exaucées s’ils demandent en étant dirigés par l’Esprit, car elles seront selon la pensée du Père.
Des exemples frappants de prières semblables nous sont donnés dans la dernière partie du
chapitre 4 des Actes et au chapitre 12. Ceci est aussi illustré par la prière d’Etienne mourant
(Actes 7:60). La conversion de l’homme qui, comme un mauvais génie, préside au martyre de
ce croyant, est une réponse à la demande exprimée dans la prière : « Seigneur, ne leur impute
point ce péché ».

La pensée dominante du verset 25 est toujours le changement qui sera introduit par la venue
du Consolateur. Elle aura des conséquences sur la façon même dont va être présentée la vérité
concernant le Père. Jésus l’a fait connaître en accomplissant ses œuvres. Tous les miracles ou
« signes » présentés dans cet évangile, sous la forme de paraboles ou d’allégories, ont été un
exposé de la grâce, de la puissance et de la gloire du Père. Dans les épîtres, nous lisons des
déclarations claires à son sujet et concernant son propos, sa gloire et son amour ; elles ont été
données par l’inspiration du Saint Esprit. Tout cela est arrivé le jour dont le Seigneur avait
parlé, quand les disciples ont eu la possibilité de demander en toute liberté en son nom,
connaissant l’amour du Père.

Les paroles de la dernière partie du verset 26 ne sont pas en contradiction avec le fait que
Jésus est notre intercesseur au ciel. Elles soulignent seulement l’amour du Père pour les
croyants et la place d’intimité qu’ils ont en sa présence. Le verset 27 montre l’attitude des
disciples envers Jésus ; elle est faite d’amour et de foi. Avons-nous cette attitude ? Nous aussi,
nous serons alors placés sous la bénédiction de l’amour du Père. Nous avons besoin de
l’intercession pleine de grâce de Christ, car nous sommes faibles et nous avons souvent des
défaillances, mais nous sommes cependant dans une place d’amour et de faveur auprès du
Père ; nous n’avons pas besoin d’intercession pour l’occuper. Même si certaines personnes
peuvent penser qu’elle est nécessaire, Dieu en soit béni, ce n’est absolument pas le cas !

Les disciples croyaient que Jésus était venu de Dieu, mais ils avaient toujours du mal à saisir
la pensée qu’il était venu d’auprès du Père ; ils n’avaient pas encore réalisé, comme le
montrent leurs paroles, que leur intelligence était limitée. Tant que l’Esprit n’a pas été donné,
ils sont limités dans leur compréhension (voir v. 31), leur puissance et leur courage (voir v.
32). Ces mêmes hommes qui ont ici l’esprit confus et qui, peu après, seront dispersés et
s’enfuiront, vont se rassembler le jour de la Pentecôte avec un esprit clair et un cœur

669
courageux comme celui d’un lion. Intelligence et courage : ces deux qualités devraient nous
caractériser aujourd’hui. Est-ce qu’il en est ainsi ?

Le Seigneur n’a aucun soutien de la part de ses disciples pour l’heure sombre qui est devant
lui ; il peut cependant avancer dans une parfaite dépendance du Père et avec la certitude de sa
présence constante. Jésus affronte donc la haine et l’opposition du monde avec une paix
parfaite et il en sort totalement vainqueur. Le Seigneur explique qu’il a communiqué tout cela
à ses disciples afin qu’à leur tour ils aient la paix en lui, comme lui-même possède la paix
dans le Père. De plus, son triomphe sur le monde est la preuve qu’une puissance victorieuse
est aussi à la disposition des disciples. Il vient de parler de la haine et de la persécution du
monde. Il se peut que ses séductions et ses sourires soient plus dangereux pour nous. Mais,
quoi qu’il en soit, notre sécurité repose sur Christ. C’est seulement en étant nés de Dieu et en
croyant que Jésus est le Fils de Dieu que nous sommes victorieux du monde (1 Jean 5:4, 5).

17 - Chapitre 17
Souvenons-nous des six derniers mots du chapitre précédent, lorsque nous lisons le premier
verset. Celui qui avait vaincu le monde « leva ses yeux au ciel, et dit : Père, l’heure est venue :
glorifie ton Fils… ». Quand on connaît le Père et la lumière du ciel, quelle est la valeur du
monde ? Quelle est l’importance de ses menaces ou de ses persécutions ? Le Fils de Dieu lui-
même est ici, jouissant pleinement de cette connaissance et de cette lumière ; il a donc, en
quelque sorte, le monde sous ses pieds. Il va se présenter maintenant devant le Père ; il va
aussi lui présenter ses disciples afin qu’ils soient gardés du monde qu’ils vont traverser. Ils
ont été engendrés par Dieu ; ils connaissent Jésus comme le Fils de Dieu qui a révélé le Père.
Quand l’écrivain Bunyan, dans «  Le Voyage du Pèlerin », décrit un homme avec une
couronne de gloire «  devant les yeux », il place très justement le monde « derrière son dos ».

Au verset 4 du chapitre suivant, l’évangéliste témoigne que Jésus savait «  toutes les choses
qui devaient lui arriver ». Ici, Jésus s’adresse au Père ; il est conscient que l’heure pour
laquelle il est avant tout venu dans le monde, est arrivée. Dans ce chapitre incomparable, nous
pouvons entendre le Fils s’entretenir avec le Père. Nous sommes transportés ainsi dans cette
atmosphère divine ; nous voyons sa grande œuvre achevée et nous passons, en esprit, au-delà
de la croix. Ce sont des mots qui défient toutes les capacités de l’analyse humaine et qui
dépassent toutes les facultés de la pensée. Nous pouvons toutefois les considérer tout au long
des versets, en relevant les requêtes que Jésus a faites au Père et les déclarations concernant ce
qu’il a déjà accompli.

Sa première demande est : «  Père,… glorifie ton Fils ». Le Fils a été serviteur, sur la terre,
pour le plaisir et la gloire du Père. À maintes reprises, cet évangile en a rendu spécialement
témoignage. Conformément à cela, la première demande du Seigneur Jésus est de pouvoir
encore servir et glorifier le Père, non plus dans l’humiliation, sur la terre, mais parmi les
splendeurs du ciel. Il le fera en exerçant l’autorité sur toute chair, qui lui est accordée d’une
manière particulièrement merveilleuse. Il déploiera bientôt cette autorité sur tout homme, en
exécutant le jugement ; il l’exerce déjà en accordant la vie éternelle à tous ceux que le Père lui
a donnés. Jésus est la source et la fontaine de cette vie pour les hommes. Nous avons la vie et
nous recevons l’Esprit de la part de l’Homme glorifié. Le Père est glorifié en cela d’une
manière qui surpasse la gloire solennelle qui sera la sienne à l’heure du jugement.

670
Or toute vie est marquée par les conditions qui l’entourent, par son environnement. La vie
éternelle peut être vécue uniquement dans la connaissance du seul vrai Dieu, comme Père, et
de Jésus Christ, l’envoyé du Père. C’est sans aucun doute ce qui explique que la vie qui dure
éternellement n’est mentionnée que deux fois dans l’Ancien Testament. Dans ces deux cas,
c’est simplement une allusion prophétique à ce qui sera goûté durant le millénium. C’était une
promesse, plutôt qu’une bénédiction connue et éprouvée. La loi offrait la vie sur la terre. Le
siècle de la vie éternelle a commencé quand le Fils de Dieu est apparu et a été glorifié dans le
ciel, ayant achevé son œuvre sur la terre.

Dix fois, dans ce chapitre, Jésus prononce l’expression : « J’ai… » ; il proclame ainsi la
plénitude de tout ce qu’il a accompli. Les deux premières fois se trouvent au verset 4 ; il
insiste sur la perfection de son œuvre, pour appuyer sa demande d’être glorifié. Il faut noter
que c’est sur la terre qu’il a glorifié le Père. C’est cet endroit particulier du vaste univers où
Dieu avait été tout spécialement déshonoré par le péché et la chute du premier homme et de sa
race. Cette grande œuvre avait été confiée à Jésus ainsi que celle, parallèle, de la propitiation
pour le péché, afin que les pécheurs puissent être rachetés. Passant en esprit au-delà de la
croix, il proclame l’achèvement et la perfection de son œuvre. Aucun homme ne pourrait
prononcer de telles paroles. L’œuvre des serviteurs de Dieu les plus éminents reste
fragmentaire et inachevée. Dans le cas contraire, aucun d’eux n’oserait s’approcher de Dieu,
celui qui sonde les cœurs et les voies, et se prononcer sur son propre travail en déclarant qu’il
est parfaitement achevé ; cela dénoterait une présomption des plus insolentes. Mais ici c’est le
Fils qui parle, sans le moindre orgueil.

Cependant Jésus est réellement homme ; c’est ce qui nous frappe à la lecture du verset 5. Il
répète qu’il demande la gloire, cette gloire particulière qu’il partageait avec le Père, avant que
le monde fût. Il va être réinvesti de cette gloire, mais cette fois comme le Fils, en tant
qu’homme, celui qui est ressuscité. Nous avons ici une réalité merveilleuse et de la plus haute
importance : un homme ressuscité, le Christ Jésus, est investi de la gloire incréée de la Déité.
Dans cette gloire se trouve le chef de l’Église, le chef de la race choisie à laquelle nous
appartenons. Qui peut mesurer les conséquences qui découlent de cette grande réalité ?

La race choisie apparaît au verset suivant. Ceux qui en font partie sont désignés par
l’expression : « les hommes que tu m’as donnés du monde ». Dès le début, ils sont ainsi
clairement différenciés du monde ; ils en sont retirés par le Père et ils sont donnés au Fils. Ils
étaient au Père selon son conseil, avant que le temps fût ; ils ont été donnés au Fils, pour qu’il
puisse les amener à la connaissance du Père en leur manifestant son nom. À la fin de sa prière,
Jésus parle de faire connaître le nom du Père, ce qui met l’accent sur ses paroles. Toutefois,
ici, le mot utilisé est manifester ; cela s’est réalisé plutôt dans la vie et dans les œuvres du
Seigneur Jésus. « Celui qui m’a vu, a vu le Père ». De ceux qui lui ont été donnés, Jésus dit à
Dieu : «  Ils ont gardé ta parole ».

Cela nous touche, quand nous pensons à ce qu’étaient ces hommes, si lents, si insensibles et si
inintelligents ! Que penser de la manière dont ils vont se comporter ? Quelle lâcheté, quels
reniements dans les heures qui vont suivre ! Le Fils les voit, en fait, à la lumière du propos
divin. Il sait que le Père a la puissance d’accomplir en eux, finalement, tout ce qu’il s’est
proposé. Il les considère donc comme s’ils saisissaient complètement ce qu’ils ne réalisent
encore que dans une très faible mesure. Est-ce qu’il n’agit pas de la même manière avec les
croyants aujourd’hui, en intercédant pour eux ? Dans le verset suivant, Jésus reconnaît aussi
que les disciples ont cru que tout ce qu’ils avaient vu manifesté en lui venait du Père. Dans cet
évangile nous le voyons attribuer tout au Père. Ses paroles et ses œuvres sont celles du Père. Il

671
ne parle ni n’agit de lui-même, bien qu’il soit la Parole et le Fils. Il a si réellement revêtu
l’humanité et pris une place de dépendance, qu’il a pu manifester le nom et la gloire du Père.

Au verset 8, Jésus ne parle pas de « la parole », mais «  des paroles » qui lui ont été données et
qu’il a transmises aux disciples. «  La parole » correspond à tout ce qui est révélé, considéré
comme un ensemble ; «  les paroles » sont les mots nombreux et variés par lesquels Jésus leur
a communiqué « la parole ». Les disciples ont reçu ces paroles et ils ont été dirigés par elles
vers le Père lui-même. Ils les ont en effet reçues, mais ont-ils compris la plus petite partie de
leur signification ? Dans quelle mesure les avons-nous saisies, nous qui possédons le Saint
Esprit ? Cependant c’est déjà beaucoup de recevoir et de croire sans réserve ce que Jésus dit,
parce que c’est lui qui le dit. Tout ce qu’il a dit nous mettra en relation avec le Père qui l’a
envoyé.

Jusqu’ici nous avons entendu le Fils présenter sa première requête, la plus importante. Il
demande à être glorifié, comme homme ressuscité, afin de glorifier le Père d’une manière
nouvelle. Nous l’avons aussi entendu mentionner quatre œuvres qu’il avait parfaitement
accomplies. Il avait glorifié le Père sur la terre. Il avait achevé l’œuvre qui lui avait été
donnée. Il avait manifesté le nom du Père aux disciples. Il leur avait donné les paroles que le
Père lui avait données. Nous trouvons sa deuxième requête au verset 9 ; elle n’est pas pour
lui-même, mais pour ses disciples. Il commence en les séparant du monde d’une manière
irréfutable.

L’ancien mur de séparation avait été élevé entre les Juifs et les nations. Jusque-là, la
distinction avait été assez marquée. Elle commençait maintenant à disparaître et à être
remplacée par celle qui existait entre les disciples qui recevaient le Seigneur Jésus et le monde
qui le rejetait. Si un juif agissait ainsi, il perdait sa place privilégiée ; il n’était plus qu’un de
ceux qui composaient le monde. Remarquons comment le Seigneur dépeint ici ses disciples.
Ils appartiennent au Père, à cause de son dessein et de son choix ; ils sont ensuite donnés par
lui au Fils. Ayant été ainsi donnés, ils sont considérés comme appartenant à la fois au Père et
au Fils. Mais chacun en particulier est un vase, ou un instrument, dans lequel le Fils va être
glorifié.

« Tout ce qui est à moi est à toi ; et ce qui est à toi est à moi ». Méditons ces paroles. Un
homme peut dire : Tout ce qui est à moi, est à toi. Personne ne pourrait dire : Tout ce qui est à
toi, est à moi ; il se rendrait coupable d’une prétention impardonnable et blasphématoire. Mais
le Fils pouvait parler de cette manière en toute bienséance et vérité ; il est un avec le Père.

Jésus place les disciples devant le Père, comme les objets de sa seconde requête. Il en
mentionne ensuite la raison : il allait quitter le monde pour aller au Père, tandis que les
disciples étaient laissés sur la terre. Ces derniers connaissaient mal ce qu’était le monde, avec
ses dangers et ses pièges ; Jésus le connaissait parfaitement. Seule la puissance protectrice du
Père, allant de pair avec sa propre sainteté, serait suffisante pour les garder. Les disciples
n’allaient pas seulement être préservés ; ils allaient être gardés dans une unité dont le modèle
est celle du Père et du Fils. Jésus avait révélé ce saint nom de Père. Il y avait dans ce nom une
puissance et une grâce qui pouvaient unir les disciples. Ces vertus se trouvaient aussi dans la
vie éternelle que donne le Fils, liée au don de l’Esprit qui allait bientôt être répandu. De plus
ces hommes étaient laissés pour être les témoins de leur Seigneur, alors que lui s’en allait.
Pour que leur témoignage soit efficace, il était essentiel qu’il soit caractérisé par l’unité. Le
livre des Actes et les épîtres nous montrent avec quelle perfection cette unité de témoignage a
été conservée.

672
Jusqu’ici les disciples avaient été gardés par le Fils, au nom du Père. Le seul qui manquait
n’était en rien un vrai disciple, c’était le fils de perdition. Ce triste événement même arrive
pour que les Écritures soient accomplies. Concernant tous ceux qui lui ont été donnés par le
Père, Jésus peut dire : « j’ai gardé ceux que tu m’as donnés ». Pour la cinquième fois, dans ce
chapitre, nous trouvons l’expression : «  j’ai… ». Alors qu’il quitte le monde, Jésus place ses
disciples dans la position qui était la sienne sur la terre (v. 13). Il avait été sur la terre au nom
de son Père, et avait trouvé sa joie à servir ses intérêts. Les croyants allaient être désormais
sur la terre, au nom du Seigneur, et ils auraient la même joie accomplie en eux en servant le
Père comme représentant le Fils.

Mais pour cela, ils auraient besoin de discerner la pensée et le dessein du Père ; c’est pour
cette raison que le Fils leur avait donné sa parole. Nous avons ici, pour la sixième fois,
l’expression « j’ai… ». Cette fois cela ne concerne pas «  les paroles », mais « la parole »,
c’est-à-dire l’ensemble de la révélation que Jésus avait apportée. Jusqu’ici les disciples
n’avaient que très peu compris sa plénitude, mais de ce fait ils avaient été séparés du monde à
cause de ce qu’ils savaient. Ils en étaient aussi séparés du fait de leur origine, car ils n’étaient
pas du monde, comme Jésus n’en était pas. Quant à leur place, ils étaient dans le monde. Le
Seigneur n’a pas désiré qu’ils en soient ôtés, mais plutôt qu’ils soient gardés du mal.

Il y a ici une chose très claire pour laquelle le Seigneur ne fait pas de demande. Par une
étrange contradiction, des âmes sérieuses ont cherché, à travers les siècles, à se retirer du
monde pour une vie monacale. Parmi ces personnes, il y avait beaucoup de croyants. On peut
se séparer ainsi à l’abri d’épais murs de pierre ou sans aucun mur. De toute façon le résultat
est le même. Si nous transformons la séparation ordonnée par Dieu en un isolement dans un
monastère, nous finirons toujours par produire, dans notre solitude, les mêmes maux que ceux
que nous avons à éviter. Le monde offre, en effet, un danger mortel pour nous. Mais c’est à
cause de ce que nous sommes en nous-mêmes. Un ange saint ne rechercherait pas les faveurs
du monde et ne craindrait pas non plus sa désapprobation ; cela le laisserait complètement
indifférent. C’est le monde qui présente, pour ainsi dire, le microbe contagieux ; il le fait de
l’extérieur. Le problème principal se trouve cependant en nous-mêmes, à l’intérieur ; ce sont
les tendances de la chair. L’isolement dans un monastère ne peut rien y changer.

Le Seigneur demande, avec insistance, que les disciples soient sanctifiés par la vérité. En
effet, elle entraîne une séparation en élevant une protection spirituelle, qui préserve des
maladies spirituelles. L’idée fondamentale dans la sanctification est le fait de mettre de côté.
Le Fils a donné la parole du Père ; elle nous introduit dans tout son amour, ses pensées, ses
propos et sa gloire. Tout cela constitue la vérité, c’est-à-dire une réalité d’ordre divin. Le
monde vit généralement dans un domaine irréel et imaginaire. Il s’efforce d’établir ses
systèmes qui n’ont pas de fondement solide et finiront par disparaître. Si nous connaissons les
réalités divines, nous devons nécessairement nous séparer des chimères du monde. Cela nous
exposera à sa haine, mais produira aussi une forte résistance spirituelle à ses pièges et nous
protégera contre ses microbes. Voilà une séparation durable, car elle est produite par la parole
du Père et la vérité.

Au verset 18, nous trouvons pour la septième fois l’expression : « j’ai… ». Jésus, celui qui est
saint et parfait, avait été envoyé dans le monde par le Père, pour le représenter et le faire
connaître. Maintenant il envoie ses disciples, de la même manière. Ils doivent le représenter et
le faire connaître. Ce qui les qualifie pour cette fonction, c’est la sanctification dont parle le
verset précédent. Si son plan avait été de les placer dans la solitude d’un monastère, une telle
mission n’aurait pas été possible ; elle ne l’aurait pas été, non plus, s’ils n’avaient pas été

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sanctifiés par la vérité. Mais ce service est réalisable avec la protection spirituelle que confère
la vérité.

Une condition supplémentaire est toutefois nécessaire (v. 19). Le Seigneur Jésus doit être mis
à part lui-même, dans la gloire du ciel. Il pourra ainsi répandre son Esprit sur eux et devenir le
centre qui attire leur cœur, et le modèle auquel ils doivent être rendus conformes, au moment
convenable. Jésus est saint à cause de ce qu’il est en lui-même, et parce qu’il est Dieu. La
seule sanctification possible pour lui est donc sa mise à part dans le ciel. Remarquons que,
d’après ce verset, il se sanctifie lui-même. C’est encore un hommage à sa divinité, car aucun
homme ne pourrait se mettre à part lui-même dans la gloire du ciel !

Le verset 17 nous explique que la vérité a la puissance de nous sanctifier par la parole du Père
qui a été donnée par le Fils (voir v. 14). Le verset 19 ajoute que la gloire de Christ a la
puissance de nous sanctifier, grâce au ministère de l’Esprit ; ce dernier allait être envoyé aux
disciples à la suite de la glorification du Seigneur. En résumé nous pouvons dire ceci : ce qui
sanctifie le croyant aujourd’hui, c’est la révélation du Père par le Fils et la connaissance, par
l’Esprit, de la gloire de Jésus, comme Homme ressuscité.

Le verset 20 doit toucher le cœur de chacun de nous. Le Seigneur a prié pour le petit groupe
de disciples qui l’entourait à ce moment-là. Il élargit maintenant ses demandes pour nous
associer, nous aussi, avec lui. Bien que vingt siècles se soient écoulés depuis que les premiers
disciples ont annoncé l’évangile, notre foi en est encore la conséquence. Leur ministère oral
s’est éteint depuis longtemps, mais leur parole demeure sous la forme des écrits inspirés du
Nouveau Testament. C’est le fondement solide de toute évangélisation depuis ce jour jusqu’à
aujourd’hui. Cela devrait aussi toucher notre cœur de voir que la première des deux requêtes
en notre faveur est que nous soyons un.

L’unité que le Seigneur désire est un fondement essentiel. Nous avons à être un, comme le
Père est dans le Fils et le Fils dans le Père. Il y a, entre eux, l’unité de leur existence absolue,
et par conséquent une unité de vie, de nature et de témoignage. Nous tirons véritablement
notre vie et notre nature du Fils et du Père, à tel point que le Seigneur Jésus pouvait dire de
ceux qui croient : « afin qu’ils soient un en nous ». Cette expression montre l’égalité du Père
et du Fils. Si une telle unité n’existe pas, rien de ce qui est visible n’a de valeur. Sans elle, une
union ecclésiastique correspond seulement à la mise en commun d’une multitude de
matériaux hétérogènes. Quand cette requête serait exaucée, la nature divine caractériserait
tous les croyants. La formation de cette unité cachée chez des personnes si différentes en
apparence (Juifs et nations), comme l’annonce Jean 10:16, est une preuve satisfaisante de la
mission divine de Christ. Jésus ne dit pas que le monde croira, mais les preuves sont
suffisantes pour qu’il puisse croire.

L’unité qui fait l’objet de la prière du Seigneur sera rendue parfaite dans la gloire, bien qu’elle
soit d’abord établie par la grâce. Nous trouvons de nouveau l’expression : « j’ai » ; cette fois,
elle est liée à la gloire. Jésus a fait don à ses disciples, dont nous faisons partie, de la gloire
que le Père lui a donnée. Le temps n’entre pas dans les relations entre les personnes divines.
C’est pour cela que Jésus ne dit pas : « je la leur donnerai », mais : « je la leur ai donnée ».
Quand nous considérons les événements du point de vue du conseil et du propos de Dieu,
nous trouvons ailleurs des déclarations tout aussi absolues (voir Romains 8:30 et Éphésiens
2:6). Il est en effet merveilleux que la gloire que le Père a donnée à Jésus, en tant qu’homme,
soit maintenant irrévocablement la nôtre, parce qu’il nous l’a donnée. Le but recherché est
que notre unité, en lui, soit amenée à la perfection. Elle est ensuite montrée au verset 23 : le

674
Père est manifesté dans le Fils et ce dernier est manifesté dans les croyants glorifiés. Ce sera
vraiment une unité rendue parfaite ! Le monde connaîtra alors que le Père a envoyé le Fils et
qu’il a aimé les croyants comme il a aimé le Seigneur. La gloire manifestera l’amour.

Cela amène la deuxième requête du Seigneur ; elle est formulée pour englober tous les
croyants de la période de la grâce. Il leur a donné sa gloire ; il demande maintenant au Père de
les placer avec lui, dans sa compagnie. Il désire que nous soyons au ciel, avec lui, dans la
gloire. Cependant le privilège le plus merveilleux sera de contempler la gloire suprême qui
sera la sienne. Auparavant il avait demandé à être glorifié, auprès du Père, de la gloire qu’il
avait auprès de lui avant que le monde fût. Cette gloire, sans commencement, avait été la
sienne dès l’éternité, en tant que personne de la Trinité. Il en a été maintenant réinvesti, mais
d’une façon nouvelle. Il la reçoit comme un don du Père, en tant qu’homme ressuscité. Étant
glorifiés avec lui, nous allons contempler sa gloire. Elle sera éternellement pour nous le
témoin de la perfection de tout ce qu’il a accompli comme homme et de l’amour du Père dont
il avait été le centre de toute éternité.

Le monde est plongé dans l’ignorance du Père. Jésus s’adresse à ce dernier comme celui qui
est «  saint », quand il prie pour que ses disciples soient gardés dans le monde (v. 11) ; leur
séparation va être déterminée par la sainteté du Père. Au verset 25, Jésus considère le monde
dans son péché et son aveuglement ; il s’adresse donc au Père comme celui qui est «  juste ».
La justice divine est ainsi placée en opposition avec le péché du monde, comme au chapitre
16 (v. 9 et 10). Le Seigneur était venu comme celui qui était envoyé par le Père, pour le
révéler. Les disciples avaient reçu cette révélation, en recevant Jésus, car il leur avait fait
connaître le nom du Père. Voici maintenant les dernières fois où nous rencontrons
l’expression : « J’ai ». Le Seigneur dit : « Moi je t’ai connu… Je leur ai fait connaître ton
nom ».

Jésus avait parlé, au verset 6, de la manifestation du nom du Père ; elle a été réalisée par sa
vie. Il n’était pas nécessaire d’y ajouter quoi que ce soit. Il avait fait, aussi, une révélation du
nom du Père par ses paroles ; il la complètera dans le futur, quand il ressuscitera d’entre les
morts. Il nous est permis d’en entendre quelque chose dans cet évangile (20:17). L’amour du
Père est centré sur le Fils de façon absolue. Le Nom du Père a cependant été révélé aux
disciples pour que son amour soit «  en eux », c’est-à-dire pour qu’ils en jouissent
consciemment. Comme l’amour du Père demeure ainsi dans leur cœur, ils sont qualifiés pour
être une expression de Christ qui sera manifesté «  en eux ».

Cette merveilleuse prière, épanchement du Fils en communion avec le Père, doit


obligatoirement dépasser nos pensées. Cependant c’est ce qui peut, par-dessus tout, apporter
dans notre cœur la chaleur de l’amour divin. C’est une joie de remarquer que ce chapitre
commence par le Fils glorifié par le Père, et qu’il se termine par le Fils manifesté et donc
glorifié dans les saints.

18 - Chapitre 18
Jésus s’est entretenu avec le Père et il a exprimé ses désirs. Il va maintenant à la rencontre de
ses adversaires qui sont menés par le traître ; il ira ensuite vers la mort qui doit être la sienne.
En accord avec le caractère de cet évangile, un témoignage frappant est rendu au fait qu’il sait
tout. Il s’avança, sachant parfaitement «  tout ce qui devait lui arriver ». Il s’agit non
675
seulement des situations extérieures, mais aussi de tout ce que cela impliquait comme fardeau
intérieur. Nous trouverons des déclarations d’une portée analogue dans les chapitres 6:6 ;
13:3.

Mais la scène, dans le jardin situé au-delà du Cédron, nous offre aussi une démonstration du
fait que Jésus peut tout. Les hommes cherchent Jésus de Nazareth. Ils sont jetés à terre,
lorsqu’il leur répond : « C’est moi », rappelant la manière dont l’Éternel se nommait dans
l’Ancien Testament. Ne pouvant faire autrement, ils lui rendent hommage, bien qu’à
contrecœur. Ainsi les preuves de sa divinité sont là, alors même qu’il se livre entre les mains
des hommes ; en effet il est ici l’homme soumis à la volonté du Père. La parole du Seigneur
nous montre que son désir était de protéger ses disciples (voir v. 8). L’action de Pierre, pleine
de zèle, mais déplacée, ne fait que manifester la complète unité de pensée entre Jésus et le
Père. Il accepte tout comme venant de ses mains, même si les plus hautes autorités religieuses
des juifs sont ses principaux adversaires. L’esclave du souverain sacrificateur, Malchus, joue
un rôle important dans son arrestation. Jésus est d’abord conduit devant le tribunal d’Anne et
de Caïphe. C’est à Caïphe de décider et il est déjà résolu à faire mourir le Seigneur.

Les versets 15 à 18 sont une parenthèse, comme les versets 25 à 27. Ils nous racontent la triste
histoire de la chute de Pierre. Ce que le Seigneur avait dit à l’avance est ainsi accompli (voir
ch. 13:38). Il est remarquable que ce soit un des rares épisodes rapportés par les quatre
évangélistes. Dieu ne prend pas plaisir à rappeler les péchés de ses enfants. Nous pouvons être
sûrs qu’il y a là un avertissement et un enseignement nécessaires aux croyants de toutes les
époques. En effet, la confiance en soi est une des tendances de la chair les plus courantes et le
plus profondément enracinées. Si elle n’est pas jugée et repoussée, elle mène invariablement
au désastre. La vraie circoncision spirituelle implique de n’avoir aucune « confiance en la
chair » (voir Philippiens 3:3). C’est une leçon que nous n’apprenons qu’à travers de
nombreuses expériences douloureuses.

«  L’autre disciple », qui est connu du souverain sacrificateur, est très certainement Jean lui-
même. Ses liens avec le souverain sacrificateur lui donnent une position et un privilège un peu
mondains. Il s’en sert pour introduire Pierre dans cet endroit dangereux. La question posée au
verset 17 laisse supposer que la servante, qui est portière, sait que Jean est un disciple de
Jésus. Il n’a pas été tenté de le nier, comme Pierre. Ce qui fait trébucher un disciple peut ne
pas avoir d’effet sur un autre. En outre, Satan sait parfaitement comment tendre ses pièges. Le
fait que la troisième personne qui interroge Pierre soit un parent de Malchus qu’il a blessé
dans le jardin, est un coup de maître du diable. Cela entraîne le troisième reniement de Pierre,
le pire de tous ; son péché est consommé et sa défaite est totale.

Les versets 19 à 24 donnent des détails sur le déroulement des événements dans le palais du
souverain sacrificateur. Ils forment un lien entre les versets 14 et 28. En interrogeant Jésus sur
ses disciples et sa doctrine, les juifs essayent de trouver une raison pour l’inculper. Ils avaient
déjà décidé de le condamner à mort, mais ils avaient besoin d’un motif. Les autres évangiles
nous disent qu’ils ont cherché des témoins contre lui, mais n’en ont pas trouvé. Cela explique
une irritation telle qu’ils frappent notre Seigneur, quand il les renvoie à ceux qui l’ont
entendu. Matthieu nous dit qu’ils vont jusqu’à chercher de «  faux » témoins contre lui.

Il convient de remarquer le contraste entre Jésus, au verset 23, et Paul dans Actes 23:5. Un
abîme sépare le maître et le plus dévoué de ses serviteurs. La réponse de Jésus était
convaincante. Personne n’aurait pu rendre témoignage du mal ; personne ne pouvait le
convaincre de péché.

676
Le récit de Jean, concernant le procès devant le souverain sacrificateur, est très bref. Par
contraste, il nous donne d’une manière plus complète que les autres ce qui s’est passé chez
Pilate, le gouverneur romain. Paul parle du « Christ Jésus qui a fait la belle confession devant
Ponce Pilate » (1 Timothée 6:13). Les détails de cette belle confession nous sont
particulièrement révélés ici.

Toutefois, nous avons d’abord un aperçu de la terrible hypocrisie des chefs des juifs. Entrer
dans le prétoire les souillerait, pensent-ils ! Cependant, eux-mêmes n’avaient aucun scrupule à
commettre un meurtre et à chercher des menteurs pour donner une apparence de décence à
leur action. Hélas ! La chair religieuse est capable d’aller très loin. À juste titre, Pilate désire
une accusation précise. Comme les chefs n’en ont aucune à proposer, ils essaient au début de
le forcer à précipiter son jugement, avec le vague motif que Jésus est un malfaiteur. Dénoncer
pour des raisons vagues, en évitant des charges précises, est un procédé habituel chez les
persécuteurs religieux. Cette irrégularité fait que le gouverneur souhaite renvoyer le cas aux
chefs des juifs. Leur réponse montre qu’ils ont décidé de faire mourir Jésus. Cela accomplit,
cependant, ce que le Seigneur avait lui-même annoncé concernant sa mort (voir 3:14 ; 8:28 ;
12:32). Ils finissent toutefois par choisir de l’accuser d’avoir cherché à se faire roi. La
question du Seigneur rapportée au verset 34 le laisse supposer, et cela nous est révélé au
chapitre suivant (voir 19:12).

La «  belle confession » devant Pilate comprend au moins quatre points importants.


Premièrement, le Seigneur confesse hardiment qu’il est roi. Le contexte montre qu’en disant
cela, il se réfère non seulement au fait qu’il est le vrai Fils de David selon la chair, mais aussi
qu’il occupe cette place en tant que Fils de Dieu (voir Psaume 2).

Deuxièmement, Jésus affirme que son royaume n’est pas «  de ce monde », ni «  d’ici ». Ce
royaume ne porte pas le caractère ou l’empreinte de ce monde et il n’y puise pas son autorité
et sa puissance ; il les puise, naturellement, dans le ciel et il porte un caractère céleste. Au lieu
de s’exprimer positivement, Jésus aborde le sujet sous cet angle négatif qui condamne et
rejette implicitement ce monde et ce lieu. C’est une déclaration courageuse, en présence de
celui qui représente la plus grande puissance de la terre.

Troisièmement, Jésus affirme qu’il est né pour être roi, puisqu’il est venu dans le monde
comme témoin de la vérité. David a dit que celui qui apporte la lumière de la vérité est le seul
capable de détenir le pouvoir royal (voir 2 Samuel 23:3). Au début de cet évangile, nous
avons vu que « la grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ ». À ce moment crucial, la grâce a
été rejetée et la vérité est discutée. Dehors se trouvent les hommes qui incarnent le mensonge
et l’hypocrisie. Pilate détient le pouvoir judiciaire ; il a donc la responsabilité de discerner la
vérité et de juger en conséquence. Sa question : « Qu’est-ce que la vérité ? » semble
cependant posée avec scepticisme et légèreté. Cela montre que le jugement est séparé de la
justice, dans son esprit. Comme juge romain, il ne connaît que trop les hommes et leurs
tromperies et il pense que rechercher la vérité revient à poursuivre un mirage. Mais cela
n’excuse pas sa folie qui est mise en évidence lorsqu’il tourne le dos à Christ et sort vers les
Juifs menteurs, immédiatement après avoir posé sa question.

Quatrièmement, Jésus affirme qu’il n’est pas seulement le témoin de la vérité mais la véritable
incarnation de la vérité elle-même. Dans son discours d’adieu, il a dit à ses disciples : «  Moi,
je suis… la vérité ». Maintenant, face à ses adversaires, la même chose est sous-entendue dans
ces paroles remarquables : «  Quiconque est de la vérité, écoute ma voix ». Jésus est la vérité,
d’une manière si absolue que tout homme doit s’éprouver par rapport à lui. Ceux qui ont été

677
engendrés par la parole de la vérité (Jacques 1:18) sont «  de la vérité » et ils écoutent sa voix.
Il est remarquable de voir combien fréquemment dans cet évangile notre attention est attirée
sur le fait d’écouter la voix ou la parole du Seigneur (voir par exemple : 3:34 ; 4:42 ; 5:24, 25,
28 ; 6:68 ; 7:17 ; 8:43 ; 10:4, 16, 27 ; 12:48-50). Pour nous, écouter est fondamental ! Nous
devons être « sur la bonne longueur d’onde » pour écouter. Seul le fait d’être engendrés de
Dieu, par la parole de la vérité, peut nous mettre sur la bonne longueur d’onde.

Les paroles et les actes de Pilate montrent clairement qu’il ne désire pas écouter la voix de
Jésus. Il quitte la présence de la vérité pour renouer le contact avec le monde de mensonge. Il
a toutefois suffisamment de sens critique pour s’apercevoir combien le procès contre le
Seigneur est faux, et pour déclarer qu’il n’y a en lui aucun crime. Mais il échoue dans sa
tentative pour détourner les accusateurs de leur but en suivant la coutume de relâcher un
prisonnier à la Pâque. Sa proposition est rejetée pour mettre clairement en évidence l’hostilité
implacable des Juifs.

Quelques mots suffisent à exprimer leur rejet total du Seigneur : «  Pas celui-ci, mais
Barabbas ! ». Ils sont unanimes ; tous poussent le même cri. Le commentaire de l’évangéliste,
à ce sujet, est tout aussi net et concis : «  Or Barabbas était un brigand ». Sans exagérer, nous
pouvons dire que ce cri est celui qui est le plus lourd de conséquences dans toute l’histoire. Il
dirige le cours du monde, depuis bientôt deux mille ans, et il scellera finalement son destin.
Nous pourrions dire, en particulier, qu’il a dirigé le triste déroulement de l’histoire des Juifs.
Que n’ont-ils pas subi de la part de ceux qui les ont pillés, au cours des siècles ! Mais s’ils
contestent, et si même ils souhaitent se plaindre contre Dieu, il suffit de les renvoyer à ce que
leurs chefs ont exigé unanimement. Celui qui est l’incarnation de la grâce et de la vérité, ils le
rejettent. Barabbas le brigand, ils le réclament ! C’était aussi, par ailleurs, un révolutionnaire
et un meurtrier, comme d’autres évangiles le montrent. La part des Juifs a toujours été vol,
révolution et meurtre, en surabondance.

Selon le saint gouvernement de Dieu, ils n’ont récolté, en effet, que ce qu’ils ont semé. Ceci
est vrai pour les nations en général, quoique peut-être à une plus petite échelle. À plusieurs
reprises, au cours des siècles, se sont levés des hommes doués d’une forte personnalité, dans
lesquels la pensée de Barabbas a ressurgi. Actuellement la terre gémit sous ce même
problème. Quand nous considérons les souffrances de tant de peuples, nous avons à nous
rappeler cette phrase : « Or Barabbas était un brigand ».

19 - Chapitre 19
Dans le premier verset de ce chapitre il faut remarquer les mots : « alors donc ». Pilate avait
déjà rendu le verdict qu’il n’y avait en Jésus « aucun crime ». Mais parce que les Juifs ont
réclamé Barabbas et ont rejeté Jésus, il le prend et le fait fouetter. Toute tentative de
manifestation de la justice humaine normale est balayée. Toute convenance civique est
bafouée. S’alignant sur l’action du juge, les soldats font de même avec leur brutalité
habituelle. Cependant la main de Dieu pèse si lourdement, sur Pilate même, qu’il est obligé de
déclarer une deuxième et une troisième fois qu’il n’y a dans le Seigneur « aucun crime ».
C’est une proclamation bien plus complète que s’il le déclarait simplement innocent des
charges précises portées contre lui. Le gouverneur romain essaye de rejeter la responsabilité
de la condamnation à mort sur les juifs. Ces derniers la refusent pourtant, tout en déclarant
que, selon leur loi, il mérite la mort puisqu’il s’est fait Fils de Dieu.
678
Les juifs répondent que Jésus doit mourir, car il s’est dit Fils de Dieu. Ils exigent cependant
que Pilate le condamne parce qu’il s’est dit Roi d’Israël. Au début de l’évangile nous avons
entendu Nathanaël lui rendre ce double hommage ; nous pouvons le lui rendre encore, grâce à
Dieu, aujourd’hui. Mais il est condamné sur ces deux chefs d’accusation.

La remarque de l’évangéliste, au verset 8, projette des flots de lumière sur la situation du


gouverneur. L’histoire profane nous apprend qu’il a considérablement éveillé l’hostilité des
Juifs lors de ses débuts comme gouverneur. Il craint donc de les irriter davantage. Toutefois il
est convaincu de l’innocence du prisonnier, dont le comportement paisible le met encore plus
mal à l’aise. L’accusation de s’être fait « Fils de Dieu » éveille des craintes, probablement
superstitieuses, mais néanmoins fortes ; elle suscite la question : « D’où es-tu ? ».

Si cette question était le fruit d’un réel exercice spirituel, le Seigneur aurait certainement
répondu, comme il l’avait fait aux deux disciples qui avaient demandé : «  Où demeures-tu ? »
(voir ch. 1). Comme la question était inspirée par la superstition et la crainte, le Seigneur ne
donne pas de réponse. C’est ce qui conduit Pilate à affirmer, d’un ton menaçant, qu’il détient
de César le pouvoir de vie et de mort. La réponse du Seigneur augmente ses craintes, car le
prisonnier prend calmement la position de juge. Jésus lui montre, de façon péremptoire, que
l’autorité passagère qu’il possède, comme gouverneur, vient de quelqu’un qui est au-dessus
de César. Il se prononce aussi sur le degré de culpabilité de Pilate et sur celui des Juifs. Ces
derniers manifestent leur hostilité extrême et le gouverneur n’est que leur instrument.
Toutefois, bien qu’il soit moins coupable qu’eux, sa culpabilité ne fait aucun doute. C’est une
situation accablante pour le gouverneur romain qui se trouve, sans le savoir, en présence de la
Parole incarnée. Quelle est alors la réponse à la question de Pilate, restée sans réplique ?
Certainement que Jésus est lui-même «  d’en haut », venu de la source même de l’autorité du
gouverneur romain.

Cet épisode accroît fortement le désir de Pilate de relâcher Jésus, mais les juifs, avec habileté,
savent comment exercer une pression décisive. À cause de la tension qui existait auparavant
entre lui et les juifs, il est obligé de considérer leur cri comme une menace directe de l’accuser
devant César, s’il relâche Jésus (voir v. 12). Les chefs des Juifs eux-mêmes « ont aimé la
gloire des hommes plutôt que la gloire de Dieu » (12:43). Le gouverneur attache plus
d’importance à l’approbation de César qu’à un jugement selon la vérité et la justice.

Cependant, Pilate lance un dernier appel. Au verset 31 du chapitre précédent, nous l’avons vu
faire une suggestion destinée à toucher l’orgueil national des juifs. Au verset 39, il a posé de
nouveau une question qui fait appel à leur coutume. Dans notre chapitre, il s’adresse à leurs
sentiments (v. 13 et 14). Mais tout ce qu’il essaye de faire, avec le désir de renoncer à la
responsabilité de prononcer un jugement contre le Seigneur, est infructueux. Tout est dirigé
pour que la culpabilité des juifs, et plus spécialement celle des souverains sacrificateurs, soit
proclamée clairement de leurs propres lèvres. Ils mettent un comble à leur cri : « Pas celui-ci,
mais Barabbas ! », en disant : «  Nous n’avons pas d’autre roi que César ».

La prophétie d’Osée disait : « Les fils d’Israël resteront beaucoup de jours sans roi, et sans
prince… » (3:4). Les deux tribus avaient eu les rois de la lignée désignée par Dieu ; les dix
tribus, des princes de leur propre choix. Osée a déclaré qu’ils n’auraient bientôt ni l’un ni
l’autre. Mais comme si cela ne suffisait pas à ces hommes méchants, ils acceptent maintenant
délibérément le pouvoir absolu des nations. Ils ont fait appel à César et c’est sous le joug de
fer d’une lignée de despotes que Dieu a trouvé bon de les laisser. Depuis vingt siècles, les
deux noms de Barabbas et de César pourraient servir à résumer leur histoire de souffrance.

679
Barabbas a été le premier à incarner l’esprit révolté et sans loi de l’homme ; l’ordre imposé
par une puissante dictature a été vu en César. Depuis vingt siècles, les Juifs souffrent ; tantôt à
cause de la cruauté organisée des autorités et tantôt à cause de la populace désorganisée. Ils
ont été écrasés, pour ainsi dire, entre les deux pierres d’une meule. Ils auront encore à souffrir
sous les dernières formes de César et de Barabbas, qui s’avéreront pires que les premières.

Quand Pilate a amené Jésus dehors pour lancer son dernier appel, il a siégé au tribunal, dans
le lieu appelé le Pavé ; cela indiquait qu’il allait prononcer un jugement sur cette affaire. Jean
s’arrête ici pour nous donner une indication d’heure (voir v. 14). Il semble y avoir une
contradiction avec celle qui est donnée très clairement en Marc 15:25 ; ceci a entraîné de
nombreuses discussions et controverses. Nous ne pouvons que poser la question suivante : Si
Jésus a été crucifié à la troisième heure, comment peut-il être écrit que Pilate a prononcé son
jugement vers la sixième heure ? La réponse semble être la suivante : notre évangéliste,
s’occupant de ce qui s’est passé devant le juge romain, utilise l’heure romaine, proche de la
nôtre ; Marc compte selon la coutume juive. S’il en est ainsi, tout est clair. Il était environ 6
heures du matin lorsque l’interrogatoire de Pilate s’est terminé et environ 9 heures du matin
quand Jésus a été crucifié. La « préparation de la Pâque » durait 24 heures ; elle commençait à
6 heures le soir précédent. Dans ces 24 heures se trouvent accumulés les événements les plus
extraordinaires de tous les temps, et même de l’éternité.

Dans notre évangile, rien n’est dit des moqueries ajoutées par les soldats romains quand Jésus
leur a été livré. Ce n’étaient que des gestes grossiers de païens, qui n’allaient pas très loin. Au
verset 16, il est dit que Pilate le « leur » a livré. Jésus a donc été livré aux principaux
sacrificateurs et aux huissiers, dont il a été parlé au verset 6. Ils étaient ses persécuteurs et ses
accusateurs. Ils étaient remplis de haine. Ce sont eux qui le haïssent, lui et son Père. Pilate le
leur a livré pour qu’ils puissent commettre leur plus grand péché en le remettant aux
bourreaux des nations.

Comme le montrent les autres évangiles, le Seigneur avait employé des expressions telles que
«  prendre sa croix » et « porter sa croix ». C’est une image de la condamnation à mort que
chaque disciple doit être prêt à recevoir du monde. On voit ici toute la force de cette image :
«  Il sortit, portant sa croix, et s’en alla au lieu appelé lieu du crâne ». Ce lieu tirait son nom de
la forme particulière du rocher, mais il est plein de signification par ailleurs ! Un crâne parle
de la fin humiliante de toute la puissance et de la gloire de l’homme. Il se peut que ce crâne ait
un jour contenu le plus brillant et le plus puissant des cerveaux qui ait jamais existé chez un
homme vivant ; et voilà ce qu’il en reste ! Le Fils de Dieu accepte la condamnation à mort,
comme de la part de l’homme. Il se rend pour la subir en un lieu qui symbolise la fin de toute
la gloire humaine.

De plus, Jésus accepte, de la main des hommes, la mort sous sa forme la plus honteuse. La
crucifixion était une mort spécialement caractérisée par le rejet et la honte. En tant
qu’invention romaine, elle exprimait le mépris hautain avec lequel ils mettaient à mort les
barbares qu’ils avaient conquis. Ils les clouaient à une croix, comme des gens méprisables.
Jésus est livré à une telle mort par les chefs des Juifs. Jean ne nous donne qu’un récit très bref
et très simple de cet événement extraordinaire. Le Seigneur de gloire est crucifié. Nul besoin
de commentaire.

Mais quand c’est accompli, Pilate intervient ; il fait un écriteau et le met sur la croix. Il
semble qu’aucun des évangélistes ne cite tous les mots de l’écriteau : c’est Jean qui s’en
rapproche le plus. Le texte intégral est peut-être celui-ci : « Voici Jésus de Nazareth, le Roi

680
des juifs ». Pour les Juifs, cet acte du gouverneur est certainement provocateur et voulu. Ils lui
avaient forcé la main pour condamner Jésus ; il prend sa revanche en déclarant publiquement
que ce Jésus de Nazareth, que les Juifs haïssent, est leur roi. C’est la dernière chose qu’ils
veulent admettre, ils protestent donc. Mais cette fois Pilate est inflexible. Il refuse de changer
quoi que ce soit ; sa réponse sèche : « Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit », est devenue presque
proverbiale.

Dans tout cela nous pouvons voir la main de Dieu. La Parole est devenue chair et a habité au
milieu de nous. Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique. Il était connu parmi
les hommes comme Jésus de Nazareth, un titre de mépris. Quand il était entré à Jérusalem la
semaine précédente, il y avait eu quelques témoignages à sa gloire ; s’il n’en avait pas été
ainsi, comme nous le dit Luc, les pierres auraient aussitôt crié. Mais ici, il n’y a aucun
témoignage rendu par l’homme. Une planche, gravée par la main de Pilate (ou sous ses
ordres) proclame donc que Jésus de Nazareth, le méprisé, est, en effet, roi des Juifs. Il est
remarquable de voir comment notre Seigneur lui-même a adopté ce titre de honte et l’a tressé
comme une guirlande pour son front, une fois ressuscité et glorifié. Fait stupéfiant : Jésus de
Nazareth est au ciel (voir Actes 22:8).

L’écriteau est rédigé dans les trois principales langues de l’époque. Il y a l’hébreu, la langue
de la loi de Moïse, la langue de la religion ; le grec, la langue de la culture des nations ; le
latin, la langue de l’impérialisme des nations. Ainsi, le monde entier est impliqué dans la mort
du Seigneur Jésus.

Au verset 23, les soldats romains apparaissent vraiment comme les instruments de la mort du
Seigneur. Ils accomplissent aussi les prophéties qui se trouvaient dans les Écritures depuis
environ mille ans et qu’ils ignoraient. Au Psaume 22, David avait parlé du partage de ses
vêtements entre les soldats, et du sort jeté sur sa robe. Les quatre soldats ont accompli cette
prophétie et Jean rapporte les circonstances qui ont conduit à une réalisation aussi précise. La
tunique du Seigneur était sans couture, tissée entièrement depuis le haut. Des détails qui
pourraient nous paraître insignifiants conduisent à l’accomplissement de la parole de Dieu.

Cependant, on ne peut s’empêcher de penser que ce détail est mentionné parce qu’il a une
valeur symbolique. Tout ce qui concerne notre Seigneur, à la fois quant à sa personne et à son
œuvre, était d’une seule pièce, tissé sans aucune couture. Il en est autrement pour l’homme,
dans son état de perdition. Le symbole qui convient pour l’homme et son travail, est la
ceinture de feuilles de figuier à laquelle Adam et sa femme ont eu recours, après leur péché.
Ils ont cousu ensemble des feuilles de figuier. L’ensemble était un raccommodage minutieux.
Quel contraste avec la tunique sans couture !

Jésus est apparu devant les hommes, revêtu de cette tunique, symbole de sa perfection ; elle
ne devait pas être déchirée. Jean est le seul à parler de cette tunique ; il nous dit qu’elle était
« tissée tout d’une pièce depuis le haut ». Par contre, à la différence des autres évangiles, il ne
mentionne pas le fait que le voile du temple ait été déchiré «  depuis le haut jusqu’en bas ».
Tout ce qui concerne le Seigneur témoigne du fait qu’il est venu du ciel et qu’il est au-dessus
de tout. Et c’est aussi à partir d’en haut que l’ancien ordre de choses a été mis de côté au
moment de sa mort.

Il est particulièrement frappant de trouver les versets 25 à 27 dans cet évangile, écrit pour
montrer la gloire divine de Jésus afin que nous puissions croire qu’il est le Christ, le Fils de
Dieu. Puisqu’il est présenté de cette manière, nous aurions pu supposer qu’il ne fallait pas

681
tenir compte d’éléments aussi insignifiants que les relations humaines. Mais c’est tout le
contraire ! À travers tout l’évangile, nous avons remarqué combien la réalité de son humanité
est soulignée. Toutes les perfections humaines ont été manifestées entièrement en lui, et
même au moment de sa souffrance la plus profonde, nous le voyons montrer parfaitement
l’affection que l’on témoigne à des proches. L’heure avait sonné pour l’accomplissement des
paroles du vieillard Siméon adressées à Marie : « Une épée transpercera ta propre âme ».
Selon le prophète Zacharie, l’épée de l’Éternel est sur le point de se réveiller contre le vrai
Berger d’Israël (13:7). Une autre épée doit aussi transpercer l’âme de sa mère, et le Berger y a
pensé.

Jésus ne dit que sept mots, quatre à Marie et trois à Jean. Leur signification est cependant
claire et ils font vibrer une corde d’amour qui entraîne une réponse immédiate. Jésus confie sa
mère au disciple qu’il aimait ; ce dernier, connaissant son amour, l’aimait en retour. On peut
faire confiance à l’amour, surtout lorsque ce n’est pas simplement de l’affection humaine,
mais qu’il a sa source en Dieu et qu’il découle de l’appréciation de l’amour de Jésus.

Au verset 28, nous voyons une nouvelle preuve du fait que le Seigneur Jésus connaît tout ; ces
révélations caractérisent cet évangile. Quelques versets auparavant, nous avons vu les soldats
accomplir les Écritures, bien qu’en étant totalement inconscients. Maintenant, nous voyons
Jésus lui-même, en cette heure sombre, promener ses regards sur l’ensemble des prophéties. Il
est parfaitement conscient que, parmi toutes celles qui parlent de sa mort, une seule reste à
accomplir. Au Psaume 69, David avait écrit : «  Dans ma soif, ils m’ont abreuvé de vinaigre ».
C’était un détail, mais chaque parole de Dieu doit être accomplie en son temps. En cette heure
de souffrance, Jésus est capable de s’élever au-dessus de ses circonstances, non seulement
pour discerner ce qui n’a pas été réalisé, mais aussi pour dire ce qui est nécessaire à sa
réalisation immédiate. Personne n’aurait pu faire l’un, ni l’autre.

Il est remarquable que les soldats aient donné à Jésus du vinaigre mêlé de fiel et de myrrhe,
juste avant qu’il soit crucifié. Cependant, il ne l’acceptera pas, selon ce qui est rapporté en
Matthieu et Marc. C’est sans doute parce qu’il ne voulait rien prendre pour atténuer ses
souffrances physiques et qu’il n’éprouvait aucune soif à ce moment-là. Les prophéties divines
doivent être accomplies avec exactitude et précision.

Jean ne fait aucune mention des trois heures de ténèbres, ni de l’abandon ni du grand cri qu’il
entraîne, ce qui était annoncé d’avance au premier verset du Psaume 22. Ces faits ne montrent
pas particulièrement la divinité de Jésus, point important sur lequel Jean insiste, conduit par
l’Esprit de Dieu. Ce qui la manifeste, c’est le cri triomphant avec lequel sa vie terrestre
s’achève. Le Psaume 22 se termine par les mots : «  Il a fait », dont l’équivalent, dans le
Nouveau Testament, est : «  C’est accompli ». Il est venu dans le monde dans la pleine
connaissance de tout ce que le Père lui avait confié. Il le quitte maintenant, en sachant
parfaitement que tout était accompli ; rien ne manquait. Le prophète avait annoncé que
l’Éternel « livrerait son âme en sacrifice pour le péché » et c’était accompli. Comme
conséquence la foi peut, aujourd’hui, adopter et faire sien le langage d’Ésaïe 53:5, tout
comme le résidu repentant d’Israël le fera, un jour futur.

Là aussi notre Seigneur est unique. Certains serviteurs de Dieu ont pu, comme Paul, parler
avec confiance de leur course achevée. Aucun n’aurait osé affirmer avoir mis la touche finale
à l’œuvre qu’il avait à faire ; ils l’avaient transmise à leurs successeurs. Par contre, l’œuvre du
Seigneur est entièrement la sienne. Il l’a achevée parfaitement. Il peut évaluer sa propre

682
œuvre et annoncer qu’elle est terminée. Tous les autres devront soumettre humblement leur
travail à l’examen et au jugement de Dieu, un jour à venir.

Matthieu et Marc nous rapportent que Jésus a expiré après avoir crié d’une voix forte. Il
semble que Luc et Jean nous donnent chacun une partie de cette dernière parole. Si cela est
vrai, le Seigneur a dû dire : «  C’est accompli. Père, entre tes mains je remets mon esprit ». La
première partie met l’accent sur sa divinité, c’est donc Jean qui la cite ; la seconde met
l’accent sur sa parfaite humanité, vécue dans la dépendance de Dieu, c’est donc Luc qui la
rapporte. Fidèle aussi au caractère de son évangile, Jean décrit la mort même du Seigneur
d’une manière particulière : «  Il remit son esprit ». Le sage de l’Ancien Testament avait dit :
« Il n’y a point d’homme qui ait pouvoir sur l’esprit pour emprisonner l’esprit, et il n’y a
personne qui ait de la puissance sur le jour de la mort… » (Ecclésiaste 8:8) ; il y a cependant,
ici, quelqu’un qui possède cette puissance. Il est capable à un moment d’élever la voix avec
une force intacte, et à l’instant suivant de remettre son esprit ; il accomplit ainsi ses propres
paroles citées au chapitre 10. En effet, Jésus a parlé de laisser sa «  vie » (ou son « âme »),
lorsqu’il a dit : « Personne ne me l’ôte, mais moi, je la laisse de moi-même ; j’ai le pouvoir de
la laisser et j’ai le pouvoir de la reprendre ». Mais ces deux déclarations s’accordent
parfaitement, car nous savons tous que, quand l’esprit humain quitte le corps, la vie terrestre
de l’homme s’arrête. Quand Dieu rappelle son esprit, il doit partir. Nous sommes en présence
de celui qui a toute autorité sur son esprit ; il le remet au Père et laisse donc sa vie.

Nous trouvons au chapitre suivant que Jésus, après avoir laissé sa vie, l’a reprise par la
résurrection. Le reste de notre chapitre est rempli des activités diverses des hommes ; certains
agissent en ennemis, d’autres en amis : mais tous travaillent ensemble à l’accomplissement
final des conseils de Dieu, exactement comme il l’avait dit dans sa Parole.

Les Juifs sont sur le devant de la scène, eux qui sont ses adversaires les plus implacables. Ils
étaient rigoureusement attachés au côté rituel de la religion et, comme le sabbat de la Pâque
était important, il était particulièrement saint à leurs yeux. Ils ne pouvaient pas entrer dans le
prétoire sans se souiller ! (ch. 18). Nous voyons maintenant que leur esprit légaliste répugne à
l’idée que des cadavres d’hommes méchants soient exposés, ce jour-là, à la vue du ciel et des
hommes. Ils avaient évidemment raison, car c’était un commandement donné en
Deutéronome 21:23. C’était en effet le genre d’ordonnance qu’ils aimaient observer, tout en
négligeant des sujets beaucoup plus importants. Ce sont donc eux qui ont demandé que la
mort soit accélérée en brisant les jambes. Ils ont contribué ainsi indirectement à
l’accomplissement d’une des nombreuses prophéties qui convergeaient vers ce grand jour où
Jésus est mort.

Nous aurions pu penser que la vie du Seigneur se serait prolongée bien au-delà de celle des
autres. En fait, c’est le contraire qui s’est produit, uniquement parce qu’il a laissé sa vie
volontairement. S’il ne l’avait pas fait, l’acte humain de le crucifier n’aurait eu aucun effet
contre lui. Il est significatif aussi de voir que Jean ne désigne pas les autres crucifiés comme
étant des brigands ou des malfaiteurs ; ce sont simplement «  deux autres » (v. 18). Il n’avait
pas besoin de mentionner leur caractère particulièrement mauvais pour augmenter le
contraste. La grandeur du Fils de Dieu est telle qu’il suffit de dire que ce sont deux autres
hommes.

À la demande des Juifs, Pilate a donné aux soldats des ordres qui ont entraîné deux
conséquences. Premièrement, aucun des os de notre Seigneur n’est brisé, alors qu’on brise les
jambes des deux autres pour accélérer leur mort ; l’Écriture est donc ainsi accomplie.

683
L’expression doit faire référence au Psaume 34:20, et aux instructions données pour l’agneau
de la Pâque en Exode 12, et répétées en Nombres 9. Remarquons comment l’Esprit de Dieu
identifie pleinement l’agneau avec le Seigneur Jésus : ce qui est dit de l’agneau peut
s’appliquer au Seigneur. Paul dit également que «  Notre pâque, Christ, a été sacrifiée » pour
nous (1 Corinthiens 5:7).

Deuxièmement il y a le geste délibérément cruel et vengeur du soldat, avec sa lance. Voyant


que Jésus est mort et qu’il n’a donc pas le droit de lui briser les os, il lui enfonce une lance
dans le côté. Il agit sans comprendre la profonde signification de son geste. Une fois de plus,
ce qui faisait partie du conseil divin s’est cependant réalisé et l’Écriture a été accomplie. Le
prophète Zacharie avait déclaré qu’un jour l’esprit de grâce et de supplications serait répandu
sur la maison de David et les habitants de Jérusalem, et : «  ils regarderont vers moi, celui
qu’ils auront percé » (12:10). Remarquons comment l’acte d’un fonctionnaire subalterne est
considéré comme étant accompli par ceux dont la détermination et la volonté étaient à
l’origine de tout ce qui était arrivé. Le soldat romain n’était que l’instrument de cette
méchanceté ; dans l’avenir, le résidu repentant d’Israël reconnaîtra cet acte comme celui de sa
nation. Même aujourd’hui, ne reconnaissons-nous pas ce coup de lance comme l’expression
terrible de la haine de l’homme et du rejet plein de mépris du Fils de Dieu ?

Mais l’Évangéliste attire particulièrement notre attention sur le résultat de cet acte cruel. «  Un
des soldats lui perça le côté avec une lance ; et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau ». C’est
à cela que Jean se réfère au verset 35, quand il affirme solennellement la vérité de son récit
pour produire la foi chez le lecteur. Tout d’abord, le fait que le côté du Seigneur a été percé
montre publiquement que la mort a réellement eu lieu. Ensuite, par ce moyen, son sang a
vraiment été répandu. Pour réaliser l’importance de ce fait, nous pouvons simplement nous
rappeler que «  sans effusion de sang il n’y a pas de rémission » (Hébreux 9:22). Christ est
donc mort et son sang a été répandu ; nous savons quels résultats miséricordieux et bénis en
découlent enfin, pour chacun de nous, lorsque notre foi s’empare de ces vérités et se repose
sur elles. Nous ne sommes donc pas surpris que Jean affirme avec force que son témoignage
est véritable.

Du côté percé du Seigneur, est sortie, en fait, de l’eau aussi bien que du sang. Réfléchissons à
ce que cela signifie, car Jean s’y arrête de nouveau au chapitre 5 de sa première épître. Nous y
lisons en effet que Jésus Christ est venu « par l’eau et par le sang » ; l’accent est mis sur le fait
que c’est «  non seulement dans la puissance de l’eau, mais dans la puissance de l’eau et du
sang ». Si le sang parle d’expiation vis-à-vis de la justice divine, l’eau parle de purification
morale ; les deux sont absolument essentiels et nous ne les trouvons que dans la mort de
Christ. Il y a toujours la tendance à séparer les deux. Lorsque Jean a écrit, certains insistaient
sur l’eau et ignoraient ou sous-estimaient la valeur du sang. Cette tendance existe toujours. En
effet beaucoup aiment considérer sa mort comme ayant sur nous un effet moral ; par contre ils
repoussent l’idée que sa mort ait payé les gages du péché et accompli ainsi l’expiation.
Évidemment on peut trouver à l’autre extrême ceux qui ne reconnaissent rien d’autre que le
sang versé pour nos péchés. Ils négligent la nécessité de cette purification morale dont la mort
de Christ est le fondement absolument essentiel.

Dans l’évangile, Jean nous rapporte ce qui s’est passé, alors que, dans son épître, l’eau et le
sang sont considérés comme rendant témoignage, conjointement avec l’Esprit. Ils rendent
témoignage «  que Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils » (1 Jean
5:11). Le sang et l’eau sont sortis d’un Christ mort. L’Esprit a été répandu par Christ

684
ressuscité et glorifié. Ensemble, ils rendent témoignage que nous avons la vie éternelle dans le
Fils de Dieu, alors qu’il n’y a pas de vie en nous.

Joseph d’Arimathée apparaît maintenant, au moment précis où il peut servir le propos de


Dieu. Il est mentionné dans chaque évangile ; chacun nous fournit quelque détail particulier à
son sujet. Matthieu nous dit qu’il était riche et disciple. Marc l’appelle un conseiller honorable
qui attendait le royaume de Dieu. Luc dit qu’il était homme de bien et juste ; il ne s’était pas
joint au conseil et à l’action de la grande majorité du sanhédrin pour faire mourir Jésus. Jean
admet qu’il était disciple, mais en secret, par crainte des Juifs. Apparemment il avait été dans
une situation comparable à celle des pharisiens mentionnés aux versets 42 et 43 du chapitre
12. Cependant, il est remarquable que, à cette heure si sombre où tout semble désespérément
perdu, comme le prouve l’attitude des disciples sur le chemin d’Emmaüs (Luc 24), Joseph ait
trouvé le courage d’aller demander à Pilate le corps de Jésus. Marc nous dit qu’il est entré
courageusement auprès de Pilate et Dieu a dirigé la décision du gouverneur. Ésaïe avait dit
qu’il serait «  avec le riche dans sa mort », bien qu’on lui ait donné son sépulcre avec les
méchants. Les Juifs auraient préféré qu’il soit jeté sous un tas de pierres, avec les corps des
malfaiteurs. Mais Dieu a accompli sa parole, d’abord par la hardiesse soudaine de Joseph, et
ensuite par le désir de Pilate de contrarier les plans des Juifs, car il était irrité contre eux. Dieu
dirige partout, et toutes choses servent sa puissance.

C’est le moment où Nicodème réapparaît. Il est mentionné trois fois dans cet évangile alors
qu’il ne l’est nulle part ailleurs. Nous le voyons d’abord comme quelqu’un qui cherche, mais
qui a besoin d’être abaissé de sa position élevée de pharisien, docteur et chef en Israël. Il faut
qu’il soit né de nouveau. À la fin du chapitre 7, il soulève calmement une objection au
méchant conseil et aux actions du sanhédrin. Il défend ce qui est juste et il est remis à sa place
à cause de sa protestation. Nous le voyons faire ici un pas de plus. Il s’est associé à Jésus dans
sa mort plus clairement qu’il ne l’a jamais fait pendant sa vie. Lui aussi a dû être riche, à en
juger par la quantité d’aromates qu’il a apportée. La croix a paralysé les hommes qui s’étaient
hardiment associés au Seigneur durant sa vie et son ministère ; elle a donné par contre à ces
hommes timides et prudents le courage d’agir avec hardiesse alors que jusque-là ils étaient
restés inconnus, dans l’ombre. En vérité, le Tout-puissant a des serviteurs partout !

Remarquons la fin de ce chapitre. Près du lieu de la crucifixion il y avait un jardin et un


sépulcre taillé dans le roc. Seul Matthieu nous dit que c’était le tombeau de Joseph ; il dit
aussi qu’il était neuf. Luc et Jean insistent davantage sur ce point, en disant que personne n’y
avait jamais été déposé. Le psalmiste avait annoncé que l’Éternel ne permettrait pas que « son
saint voie la corruption » (Psaume 16:10). Cela signifiait que le corps sacré et saint de Jésus
n’a pas connu la corruption, bien qu’il soit passé par la mort. Mais cela voulait dire aussi que
son corps ne devait avoir aucun contact, même extérieur, avec la corruption. Lorsque Dieu
accomplit sa parole, il le fait minutieusement et entièrement.

Ainsi, la main du Tout-puissant a couvert de son ombre tous les hommes et tous les
événements. Tout ce qui avait été déclaré auparavant par de saints hommes s’est réalisé. Le
conseil de l’Éternel subsiste à toujours.

20 - Chapitre 20

685
Dans notre évangile, Marie de Magdala n’apparaît que dans les scènes finales. Le jour de la
résurrection, elle est parmi les derniers à rester près de la croix et parmi les premiers à aller au
sépulcre. Il n’est pas facile de rassembler les récits des quatre évangélistes pour reconstituer la
suite historique des événements. Marie semble être venue avec d’autres femmes de très grand
matin. Elle a ensuite couru informer Pierre et Jean que le sépulcre était ouvert et vide, puis
elle est revenue à proximité.

Les autres femmes ne sont pas du tout mentionnées ici. Nos pensées sont centrées sur Marie,
pour que nous saisissions l’enseignement spirituel apporté par ses actes et ses paroles.

D’après ce que Marie dit aux apôtres, au verset 2, il est évident que le Seigneur est l’objet
suprême qui remplit tout son cœur. Il est remarquable qu’elle ait choisi d’aller vers ces deux
disciples, car, peu de temps avant, Pierre avait gravement péché. Toutefois, comme le montre
le chapitre suivant, il aime vraiment le Seigneur ; quant à Jean, c’est le disciple que Jésus
aimait. Leur amour, pour le moment, s’est peut-être un peu refroidi, mais il existe toujours ; et
Marie, remplie d’un amour ardent, le sait bien.

L’amour des deux disciples est mis en évidence par la façon dont ils répondent à la nouvelle
apportée par Marie. Ce qu’elle leur dit stimule leur affection et leur énergie. Ils courent avec
empressement et Jean dépasse Pierre. L’explication naturelle est, sans doute, qu’il est le plus
jeune ; mais il y a aussi une explication spirituelle. Jean est plus profondément marqué par
l’amour du Seigneur envers lui ; il le montre par la manière dont il se nomme. Sur Pierre pèse
la honte de s’être confié dans son propre amour pour le Seigneur ; lorsqu’il a été mis à
l’épreuve, il s’est effondré publiquement de façon scandaleuse. Celui qui est plus attiré par
l’amour de Christ court le plus vite. C’est ce que nous trouvons au Cantique des cantiques :
« Tire-moi : nous courrons après toi » (1:4).

En dépit de sa chute déshonorante, Pierre court quand même ; arrivé au sépulcre, il est le plus
courageux des deux et il entre tout de suite à l’intérieur. Cela pousse Jean à le rejoindre. Ils
sont donc deux à témoigner que les linges, dans lesquels le corps saint avait été enveloppé, ne
sont pas en désordre. Leur disposition suggère que le corps du Seigneur n’a pas été enlevé par
d’autres, mais que Jésus est sorti de la mort sans déplacer tant soit peu les linges. Le verset 19
montre que des portes fermées ne sont pas un obstacle pour le corps ressuscité de notre
Seigneur ; de même, sans aucun doute, les linges avaient été laissés tels qu’ils étaient.

Au verset 8, Jean parle pour lui-même ; il a cru, même s’il n’a fait qu’accepter ce qu’il avait
devant les yeux. Pierre n’est pas mentionné. La foi, qui existait sans doute, ne peut pas agir
quand l’âme est assombrie par le manquement et le péché, et qu’elle n’est pas encore
restaurée. Mais bien que Jean ait cru, sa foi n’était pas une foi intelligente car, comme les
autres, il n’était pas éclairé par la compréhension de l’Écriture. Sinon, il aurait su qu’il fallait
que le Christ ressuscite d’entre les morts (voir Actes 17:3) ; cela aurait tout expliqué. Ainsi,
bien qu’il y ait de la foi, il y a aussi de l’ignorance ; cela nous fait comprendre le verset 10.
L’exemple donné par Pierre et Jean, au matin de la résurrection, est suivi dans l’après-midi
par Cléopas et son compagnon (Luc 24).

La conduite de Marie tranche de manière éclatante avec tout le reste. Les deux disciples s’en
retournent chez eux, convaincus que le corps de Jésus n’est pas là. Marie est aussi convaincue
qu’eux, mais elle quitte sa maison pour s’attarder près du sépulcre, et pleure à cause de sa
profonde affliction. Ils connaissaient le Seigneur comme celui qui les avait appelés à quitter
leur barque et leurs filets. Elle le connaît comme quelqu’un qui l’a délivrée de l’emprise de

686
sept démons. Cette délivrance extraordinaire avait produit chez elle un grand amour. Deux
anges lui apparaissent ; il n’est pas dit qu’elle ait été effrayée par leur présence.

C’est remarquable car, dans les autres évangiles, la peur est mentionnée lors de chaque
apparition angélique. Le cas de Marie illustre bien le fait qu’un attachement irrésistible peut
chasser du cœur tout autre sentiment. Sa réponse à la question des anges montre combien
Jésus, qu’elle appelle «  mon Seigneur », remplit toutes ses pensées. Elle répond comme si
elle rencontrait des anges tous les jours ! Elle cherche son Seigneur, mais elle ne sait pas où il
est. Elle suppose que ce sujet les préoccupe autant qu’elle. Jusque-là, apparemment, aucune
pensée au sujet de la résurrection du Seigneur ne lui a traversé l’esprit. Elle pense seulement
que d’autres ont enlevé son corps. Elle cherche un Christ mort.

À ce moment-là, le Seigneur ressuscité intervient. Elle se retourne et le trouve là, debout ;


cependant elle ne le reconnaît pas. Le même détail caractérise la rencontre avec les deux
disciples d’Emmaüs cet après-midi-là, et avec le reste des disciples dans la chambre haute, ce
soir-là. C’est le même Jésus, mais avec une différence due au fait qu’il est revêtu d’un corps
ressuscité (ressuscité, mais pas encore glorifié) ; c’est pourquoi ils ne le reconnaissent pas
immédiatement. Elle pense que c’est le jardinier. Lui, le grand pasteur ressuscité d’entre les
morts, sait très bien qu’il y a là une de ses brebis qui lui est entièrement dévouée, qui le
cherche lui seul et qui pleure, car elle ne sait où le trouver.

Il se révèle à elle, en l’appelant simplement par son nom ; elle lui répond immédiatement :
« Marie ». Tout ce qui est rapporté aux versets 11 à 15 montre cependant qu’elle cherchait son
corps mort. Comme elle a trouvé le Seigneur vivant, sa première pensée est de reprendre les
relations sur le fondement qui existait auparavant. C’est ce qui explique les premiers mots que
le Seigneur lui adresse : «  Ne me touche pas ». Étant donné la nouvelle relation qu’il allait lui
révéler, et par elle aux autres disciples, il lui montre nettement que les relations ne peuvent
pas reprendre comme avant. Sa mort et sa résurrection ont tout changé. Il reste un homme,
comme avant sa mort ; cependant, après avoir laissé sa vie, il l’a reprise dans un nouvel état et
une nouvelle condition appropriés aux cieux dans lesquels il va monter. Dorénavant les
relations avec lui doivent avoir une nouvelle base.

Après avoir dit à Marie : « Ne me touche pas », le Seigneur ajoute : « Car je ne suis pas
encore monté vers mon Père ». Il sous-entend donc que Marie sera en relation avec lui, à ce
moment-là. Son ascension vers le Père implique la venue du Saint Esprit sur les disciples, ce
qui a été très clairement établi dans cet évangile (7:39 ; 14:16 ; 15:26 ; 16:13). Marie a été
remplie de l’Esprit Saint, à la Pentecôte, avec les autres disciples ; son âme a été alors
introduite dans une relation beaucoup plus intime avec son Seigneur ressuscité que ce qu’elle
avait expérimenté jusque-là quand le Seigneur était sur la terre.

Il est certain que les apôtres ont été bien plus privilégiés que nous, dans la mesure où ils ont « 
entendu,… vu,… contemplé et… touché… la parole de la vie » (1 Jean 1:1). Mais, tandis
qu’ils marchaient avec Jésus, à travers le pays d’Israël, ils ne discernaient pas la vraie
signification de ce qu’ils observaient. Comme les versets 17 et 20 du chapitre 14 nous l’ont
montré, ce sera seulement lorsque l’Esprit demeurera en eux qu’ils connaîtront qu’ils sont en
Jésus et lui en eux. Ils posséderont sa vie et un lien nouveau sera établi. Or nous aussi, nous
avons l’Esprit de Dieu. Bien que la manifestation extérieure de la parole de la vie nous soit
parvenue seulement par l’intermédiaire des écrits inspirés, et non directement comme pour les
apôtres, nous pouvons la réaliser intérieurement dans une pleine mesure. Nous ferons bien de
méditer profondément ce sujet.

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Ce verset important contient un autre enseignement. Jésus appelle les disciples « mes frères ».
Ils ont été auparavant désignés comme étant « les siens » (13:1) et il les avait appelés : « mes
amis » (15:14) ; aucun de ces termes ne souligne la nouvelle relation comme l’expression :
« mes frères ». Nous apprenons donc qu’il a établi ce lien parce qu’il est le ressuscité, qui a
traversé la mort et en a triomphé. Cette relation n’existe pas à cause de son incarnation, mais à
cause de la puissance de sa résurrection. Il a vraiment participé « au sang et à la chair » et a
pris « la semence d’Abraham » pour traverser les souffrances de la mort. Ayant goûté la mort
pour chacun et ayant été rendu parfait par les souffrances, il est devenu le chef de notre salut.
Parce qu’il est celui qui sanctifie, il reconnaît ceux qu’il sanctifie comme étant ses frères
(Hébreux 2:9-16). En devenant un homme, il est venu près de nous, afin de pouvoir, dans son
humanité parfaite et sans tache, prendre en main notre cause. L’ayant prise en main et ayant
accompli pour nous la délivrance par sa mort et sa résurrection, il nous élève près de lui en
nous identifiant à lui dans la résurrection. Par conséquent, ce lien avec lui est fondé sur sa
résurrection et non sur son incarnation. C’est un point très important à ne pas oublier.

Le message que Marie va porter aux autres disciples leur annonce cette nouvelle relation avec
Dieu et non pas seulement avec le Seigneur. Son Père est notre Père, son Dieu est notre Dieu.
Il nous introduit dans sa propre relation avec Dieu, parce que nous sommes associés à lui.
Notre relation avec Dieu découle de la sienne et de nos relations avec lui. Il n’a pas dit : notre
Père et notre Dieu, comme si nous étions sur le même plan que lui. Notons bien cela, car sa
prééminence absolue doit toujours être reconnue avec actions de grâce. Bien qu’il parle de
nous comme « mes frères » nous ne le trouvons jamais appelé dans les Écritures notre frère, ni
même notre frère aîné. De telles expressions laisseraient supposer qu’il est celui qui est
descendu près de nous plutôt que celui qui nous a élevés près de lui. Elles voileraient aussi sa
position prééminente.

Dans sa merveilleuse vie sur la terre, le Seigneur Jésus avait révélé le Père, car ce dernier
demeurait en lui. Il pouvait donc dire : « Celui qui m’a vu, a vu le Père ». C’est ce que nous
avons trouvé en étudiant le chapitre 14. Il avait aussi enseigné aux disciples à regarder à Dieu
comme à leur « père céleste », pour tous leurs besoins et leurs circonstances dans ce monde ;
nous trouvons cela dans les autres évangiles, mais une révélation plus complète est faite ici.
Nous ne perdons pas la bénédiction et le bénéfice de la révélation précédente, ni ceux de sa
manifestation comme le Tout-puissant ou l’Éternel. Nous avons besoin d’être rendus
intelligents et de nous réjouir dans la connaissance de Dieu comme « le Dieu et Père de notre
Seigneur Jésus Christ » (Éphésiens 1:3 et 1 Pierre 1:3). Les paroles du Seigneur à Marie
étaient la première révélation de cette relation plus complète et plus élevée. Les épîtres du
Nouveau Testament nous présentent ensuite Dieu de cette manière. Il est en effet un « Père
céleste » pour nous, dans tous les événements de cette vie ; mais ne nous arrêtons pas à cela,
comme s’il n’y avait rien d’autre ; en tant que chrétiens, notre vraie relation avec Dieu repose
sur un fondement plus élevé.

Marie de Magdala, la femme au cœur sensible et plein d’amour, est la première à entendre ces
révélations merveilleuses. Elle en est devenue la messagère pour nous tous. Elle peut
témoigner qu’elle a vu le Seigneur, qu’il lui a confié ce message ; par son moyen il l’a envoyé
aussi aux autres disciples.

Plus tard, ce même jour, le Seigneur apparaît à Simon Pierre, à Cléopas et à son compagnon
qui étaient en route vers Emmaüs ; mais Jean n’en fait pas mention. Cependant, les autres
évangiles montrent clairement que, au fil des heures, les disciples avaient pu entendre les
deux témoins de sa résurrection, Marie et Pierre ; leur témoignage les avait conduits à se

688
retrouver à Jérusalem alors que le soir approchait. Lorsqu’ils sont assemblés, Cléopas et son
ami se joignent à eux, leur apportant un troisième et un quatrième témoignage. Puis, les portes
étant fermées, Jésus lui-même se tient au milieu d’eux, et se fait connaître par ses mains et son
côté percés ; il remplit leur cœur de joie.

Les portes avaient été fermées par crainte des Juifs. Sa présence comme ressuscité fait que la
joie apaisait leur crainte. Cependant il leur manquait encore un élément qui leur serait apporté
uniquement quand l’Esprit de Dieu les remplirait. Le jour de la Pentecôte, la crainte avait
complètement disparu, et ils étaient remplis de hardiesse et de puissance.

Le Seigneur Jésus doit toujours tenir la place centrale. Il l’a occupée au moment de sa mort
(19:18). Ici, il l’occupe dans la résurrection ; ainsi s’accomplit sa parole rapportée dans
l’évangile de Matthieu (18:20). Le soir du jour de la résurrection, les disciples sont assemblés
en son nom, bien que ne croyant qu’en partie les témoins de sa résurrection. Jésus vient au
milieu d’eux, sous une forme visible. La principale différence pour nous aujourd’hui, c’est
qu’il prend place, sous une forme invisible, là où des disciples sont assemblés en son nom.
Quand sa présence est réalisée, le résultat est le même qu’ici : paix et joie. La parole de paix
est sortie de ses lèvres. La joie a suivi lorsque leurs yeux ont confirmé ce qu’ils avaient
entendu.

Au premier chapitre des Actes, Luc nous dit que Jésus s’est présenté lui-même, vivant, «  avec
plusieurs preuves assurées » : en particulier ses mains et son côté percés qu’il montre à ses
disciples. Ces marques saintes l’identifient incontestablement. La mort et la résurrection
avaient été accomplies et étaient comme deux colonnes jumelles sur lesquelles la paix qu’il
avait annoncée était fermement établie. Le Seigneur les a salués deux fois, en leur disant :
« Paix vous soit ! ». Il savait très bien qu’ils ne seraient pas capables de recevoir ce qu’il
voulait encore leur communiquer tant que cette paix ne serait pas effective dans leur cœur. Il
en est de même pour nous aujourd’hui. Tant que nous ne jouissons pas d’une paix sûre, en
Dieu, nous ne pouvons faire aucun progrès spirituel.

Après avoir annoncé la paix pour la deuxième fois, le Seigneur ressuscité envoie ses disciples
en utilisant des paroles concises, mais lourdes de sens. Chaque évangile présente une mission
avec des différences caractéristiques. Matthieu (28:19) la présente dans des termes propres à
frapper un lecteur juif. Ceux qui étaient envoyés allaient faire des disciples, non plus dans le
cercle très restreint indiqué auparavant dans cet évangile (10:5-11), mais parmi toutes les
nations. Ils avaient à baptiser pour le nom qui avait été révélé en Christ, mais non pas du
baptême de Jean, ou d’un autre baptême semblable. La mission était formulée afin de
s’appliquer à ceux qui pourraient faire des disciples après le départ de l’Église. En Marc
(16:15) également, l’aspect universel de l’évangélisation et du service apostolique est
souligné. C’est aussi le cas en Luc (24:47), où le point important semble être la plénitude de la
grâce. C’est à Jérusalem, la ville la plus méchante, que la grâce pouvait commencer et
s’étendre à toutes les nations. Les trois évangiles synoptiques ont cependant ceci en commun :
la mission est toujours en rapport avec l’évangélisation et le service des apôtres.

Mais dans Jean, comme il convient à cet évangile, la pensée est plus profonde. Le Seigneur
Jésus avait été envoyé d’auprès du Père, afin que le Père puisse être manifesté en lui. Comme
le chapitre 14 l’a si bien expliqué, il était dans le Père quant à son être, sa vie et sa nature ; par
conséquent le Père était en lui, et il a été ainsi pleinement révélé. Maintenant, étant mort et
ressuscité, il s’en va au Père. Il laisse des disciples dans le monde. Il les envoie afin qu’ils y
soient pour lui, comme lui-même avait été envoyé pour être pour le Père. Pour comprendre

689
leur mission, nous devons premièrement comprendre la mission même du Seigneur comme
envoyé du Père.

Remarquons combien de fois, dans cet évangile, le Seigneur est présenté comme celui que le
Père a envoyé dans le monde. Sous des formes légèrement différentes, il en est parlé plus de
quarante fois. Il est bien présenté comme celui qui était Dieu et qui était auprès de Dieu (Jean
1:1). Il n’était donc pas originaire du monde, comme s’il en était issu. Il est venu d’en haut et
il a apporté avec lui tout ce qu’il était. Ses paroles et ses œuvres étaient toutes du Père.
Quelque chose de nouveau va maintenant se réaliser ; quand le Seigneur l’a institué, il
accomplissait ce qu’il a dit lui-même dans sa prière au Père (voir 17:18). Il s’en allait et les
envoyait maintenant de sa part.

Le fait que les disciples n’étaient pas du monde, comme Jésus lui-même n’en était pas, était le
véritable motif pour lequel ils étaient envoyés. Le verset 16 du chapitre 17 l’affirme aussi. Il y
avait cependant une différence. Ils faisaient autrefois partie du monde ; il y avait donc pour
eux un lien à briser et de nouveaux liens à établir. Ceci nous amène au verset 22 de notre
chapitre.

Le Seigneur leur confie une mission et leur fait ensuite un don, associé à un geste particulier.
Il souffle en eux et dit : « Recevez Esprit Saint » ; en effet l’article défini « le » est absent
dans l’original. Nous devons observer le lien entre ce qui est dit ici et le récit de la création
d’Adam (Genèse 2:7). En ce qui concerne son corps, Adam a été formé de la poussière du
sol ; mais sa partie spirituelle a été créée lorsque Dieu a soufflé dans ses narines une
respiration de vie. C’est ainsi qu’il est devenu une âme vivante. Or notre Seigneur, qui est le
dernier Adam, est un esprit vivifiant, ou qui fait vivre (1 Corinthiens 15:45). Nous le voyons
ici souffler dans ses disciples la vie qu’il possède comme ressuscité.

Mais, puisqu’il en est ainsi, pourquoi Jésus a-t-il dit : « Recevez l’Esprit Saint » ? Parce que
sa propre vie, en tant qu’homme ressuscité, est vécue dans l’énergie de l’Esprit Saint. Il a été
« mis à mort en chair, mais vivifié par l’Esprit » (1 Pierre 3:18). D’après le chapitre 2 des
Actes, le jour de la Pentecôte, les disciples ont en effet reçu le Saint Esprit comme personne
divine, venant demeurer dans leur corps même. Nous avons ici un événement qui le prépare.
Le jour même où Jésus a débuté sa vie de ressuscité, vivifié dans et par l’Esprit de Dieu, il l’a
communiqué aux siens.

Nous devons relier cet acte important à ce qui précède et à ce qui suit. Comment pourraient-ils
être envoyés dans le monde, pour y être pour lui comme il avait été envoyé par le Père, s’ils
ne possédaient pas sa vie de ressuscité ? La vie naturelle qu’ils avaient reçue d’Adam ne leur
donnait aucune compétence pour une telle mission. Ils n’avaient absolument aucune puissance
avant que le Saint Esprit soit répandu abondamment à la Pentecôte. Ils avaient maintenant la
vie et la nature qui rendaient possible cette mission. Nous ne trouvons pas cet acte dans les
autres évangiles, mais nous lisons : « Il leur ouvrit l’intelligence pour comprendre les
Écritures » (Luc 24:45). Nous pensons qu’être rendu intelligent est la conséquence du fait que
Jésus a soufflé en eux sa vie de ressuscité.

Cependant, dans notre évangile, deux conséquences en découlent. Premièrement les disciples
ont été rendus capables de témoigner dans le monde, comme envoyés de la part du Seigneur ;
deuxièmement, ils ont été investis de pouvoirs administratifs pour remettre ou retenir les
péchés (bien sûr, ce n’est pas en relation avec l’éternité, mais c’est uniquement en
gouvernement). Nous voyons, dans l’évangile selon Matthieu, que le Seigneur, avant sa mort

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et sa résurrection, avait indiqué que de tels pouvoirs devaient être conférés à Pierre (16:19).
Ils devaient aussi être donnés à l’ensemble des apôtres (18:18). Dans chaque cas le Seigneur
regardait à l’avenir. Ici la puissance est réellement accordée. À l’origine, sans aucun doute, la
puissance était apostolique. Nous voyons Pierre l’exercer en Actes 5:1 à 11 ; le Saint Esprit le
confirme clairement. Par contre, en 1 Corinthiens 5:3-5, 12, 13, c’est Paul qui l’exerce ; il
demande à l’église d’agir avec lui, en retenant le péché du méchant. En 2 Corinthiens 2:4 à 8,
il appelle l’église à avoir l’attitude contraire, car le méchant s’était repenti. Ils vont remettre
ou pardonner (v. 10).

Dans les autres évangiles, le nom de Thomas n’apparaît que dans la liste des apôtres ; tout ce
que nous savons de lui est contenu dans l’évangile selon Jean. Il est mentionné aux chapitres
11 et 14. Ce qu’il dit, à ce moment-là, nous aide à comprendre le côté de son caractère qui
apparaît ici. C’était certainement un homme à l’esprit simple et plein de sens pratique ; il était
aussi trop porté au matérialisme ; par conséquent il était difficile de le convaincre de quelque
chose qui dépassait les limites de l’expérience humaine. Nous sommes maintenant très près
du verset qui établit le but vers lequel cet évangile est destiné à nous conduire. Nous allons
considérer le dernier et le plus important des miracles que Jean a placés devant nous.
L’exemple de Thomas a donc une valeur particulière.

Thomas n’était pas présent le soir de la résurrection. Quand il entend le témoignage des autres
disciples, résumé dans ces cinq mots si importants : « Nous avons vu le Seigneur », il n’est
pas préparé à l’accepter. Doutant avec obstination, il déclare qu’il ne croira pas, sauf s’il a un
signe visible, palpable et tout à fait incontestable. Il exige une preuve qui montrera très
clairement que celui qui est apparu est le même que celui qui est mort sur la croix. En réalité,
en contestant ainsi le témoignage des disciples, Thomas a lancé un défi à son Seigneur
ressuscité. Si le Seigneur y répondait, cela lèverait pour lui tous les doutes concernant sa
résurrection.

Avec grâce, le Seigneur condescend à y répondre, une semaine plus tard. Une nouvelle fois, il
apparaît au milieu des disciples bien que les portes soient fermées. Une nouvelle fois, il les
salue avec les mots : « Paix vous soit ». Il commande ensuite à Thomas de faire exactement ce
qu’il avait dit, pour avoir la preuve visible et palpable qu’il désirait. Il donne aussi, en plus,
une preuve spirituelle. Ce que le Seigneur dit à Thomas montre que le défi lui était
parfaitement connu, même s’il avait été lancé alors qu’il était ressuscité, mais absent. À la fin
du chapitre premier nous avons trouvé un incident semblable : Jésus a montré à Nathanaël
qu’il l’avait vu, alors qu’il ne se savait pas observé sous le figuier ; Nathanaël a été convaincu
et l’a ensuite confessé comme le Fils de Dieu et le roi d’Israël.

Cela se passait quand il était un homme sur la terre ; cependant il s’est révélé comme Celui
qui voit tout. Ici « les jours de sa chair » sont terminés et il est ressuscité, mais il se révèle
comme Celui qui entend tout. Tout cela a un effet bouleversant sur Thomas. Une fois
convaincu, le sceptique obstiné est vraiment persuadé ! Quelques minutes plus tôt, il traînait
loin derrière les autres disciples ; maintenant, d’un saut en avant, par sa confession
enthousiaste, il les devance nettement. Nathanaël a été clair dans sa confession dès le départ ;
Thomas, à la fin, est encore plus précis. Il n’y a encore que cinq mots. Mais quels mots !
« Mon Seigneur et mon Dieu ! »

Ceux qui nient la divinité de notre Seigneur ont cherché à se soustraire à la force de cette
expression. Ils l’ont considérée comme une simple exclamation qui ne serait adressée à
personne en particulier. Le récit déclare pourtant clairement que ces mots étaient adressés au

691
Seigneur ; dans l’original leur forme est pleine de force puisque l’article défini est employé
deux fois. Jésus, le ressuscité, est pour Thomas le Seigneur et le Dieu. Ce qui est encore plus
significatif c’est que le Seigneur répond : « Parce que tu m’as vu, tu as cru ». Il considère
donc incontestablement l’exclamation, pleine de joie, de Thomas comme la foi qui saisit la
réalité de sa résurrection. Autrement dit, il accepte la confession comme étant vraie. Il n’y a
pas de plus grand péché que celui d’un homme qui accepte les honneurs ou la louange dus à
Dieu ; le châtiment dramatique d’Hérode en est un témoignage (Actes 12). Lorsque Jean est
tombé aux pieds d’un ange saint, comme s’il allait lui rendre hommage, la réponse immédiate
a été : « Garde-toi de le faire » (Apocalypse 22:9). Au lieu de reprendre Thomas, Jésus a
approuvé sa confession et l’a qualifiée de foi.

La divinité absolue de Jésus étant ainsi reconnue, le but de cet évangile est atteint, et les
versets 30 et 31 terminent ce chapitre d’une manière appropriée. Tous les miracles dont nous
avons le récit ne sont qu’une infime partie de la totalité. Ceux qui sont rapportés sont
cependant tout à fait suffisants. Dans cet évangile, ils sont spécialement choisis pour offrir de
nombreuses raisons pour croire en Jésus comme le Christ, le Fils de Dieu ; c’est la foi en cette
vérité qui apporte la vie par son nom.

Remarquons que la dernière preuve, et la plus décisive, du fait que Jésus est le Fils de Dieu
est qu’il a accepté que la divinité lui soit personnellement attribuée. Nous pouvons dire ceci :
s’il est Dieu, il est le Fils de Dieu, et inversement, s’il est le Fils de Dieu, il est Dieu. Notons
aussi que sa qualité de Fils est l’élément essentiel de cet évangile. Il fait remonter la personne
de Jésus jusqu’aux profondeurs insondables de l’éternité passée, et il ne donne aucun détail
sur le fait qu’il soit né d’une vierge. Si nous saisissons réellement cet évangile par la foi, nous
serons convaincus que sa qualité de Fils est éternelle et qu’il ne l’a pas revêtue en venant dans
le monde.

Remarquons encore la signification des paroles du Seigneur, au verset 29. Il y a quelque chose
de meilleur que d’accepter des preuves visibles et palpables ; c’est de croire la parole, sans
autres preuves. Thomas illustre sans aucun doute la manière dont un résidu pieux d’Israël
découvrira la vérité, un jour à venir. La parole du prophète s’accomplira : « Ils regarderont
vers moi, celui qu’ils auront percé » (Zacharie 12:10). C’est alors qu’ils s’écrieront : « Mon
Dieu, nous te connaissons… » (Osée 8:2). La bénédiction supérieure de ceux qui croient sans
voir, est la part de tous ceux qui reçoivent aujourd’hui l’évangile par la foi, qu’ils soient Juifs
ou gens des nations.

Nous ne pouvons rendre à Dieu un plus grand hommage de reconnaissance que de le prendre
au mot entièrement et simplement, sans demander une confirmation visible ou tangible.
Comme la lumière peut se décomposer dans les couleurs de l’arc-en-ciel, ainsi le nom divin
est composé de plusieurs caractéristiques de valeur et d’importance égales. Dieu souligne
cependant que sa parole est vraie et que nous pouvons nous y fier ; en effet, nous lisons : « Tu
as exalté ta parole au-dessus de tout nom » (Psaume 138:2). Combien cela est à propos, si
nous réalisons que le péché est entré au commencement parce que l’homme n’a pas cru la
parole de Dieu ! L’époque actuelle où l’évangile est annoncé est une période particulière où
les hommes croient sans voir. Il est écrit : « Lequel, quoique vous ne l’ayez pas vu, vous
aimez ; et, croyant en lui, quoique maintenant vous ne le voyiez pas, vous vous réjouissez
d’une joie ineffable et glorieuse, recevant la fin de votre foi, le salut des âmes » (1 Pierre 1:8,
9).

692
Ce passage nous donne un aperçu du bonheur particulier dont le Seigneur a parlé à Thomas.
Ce bonheur peut être le nôtre ; plus notre foi sera ardente et simple, plus nous en jouirons
profondément. Que chaque lecteur de ces lignes puisse connaître complètement la plénitude
de bonheur qui en résulte et que ce soit également la part de l’auteur !

21 - Chapitre 21
D’après les derniers versets du chapitre 20, toutes les preuves que Jésus est le Christ, le Fils
de Dieu, ont été données. Cette vérité n’est pas développée dans le chapitre 21 ; il y a les
récits des entretiens du Seigneur avec certains de ses disciples, conversations qui sont
entièrement passées sous silence dans les autres évangiles. On peut les considérer de deux
manières différentes : premièrement, comme des images ou des types d’événements à venir ;
deuxièmement, comme montrant les voies de grâce du Seigneur envers les disciples, en ce qui
concerne leur avenir.

Le verset 14 nous permet de comprendre la signification de ces versets, comme images de


circonstances futures. Au commencement, l’évangéliste a attiré notre attention sur certains
jours. Au début du chapitre 2, il y a une manifestation de la gloire de Jésus le troisième jour,
image du millénium. Nous avons maintenant devant nous ce qui est appelé la troisième
manifestation de Jésus, ressuscité d’entre les morts ; de nouveau nous découvrons que cela a
une signification en relation avec la même période.

Comme nous l’avons vu au chapitre précédent, la première manifestation a eu lieu le jour


même de la résurrection. Tout ce qui est rapporté à ce sujet touche à la part de l’église, en
relation avec le Seigneur ressuscité. La deuxième manifestation, dans le même chapitre, parle
du réveil de la foi dans le résidu d’Israël, lorsque les juifs, à la fin, regarderont vers celui
qu’ils auront percé. Cela est présenté en Thomas. Nous arrivons maintenant à la troisième,
quand le matin du millénium se lèvera et que le Seigneur sera révélé comme le maître de
chaque circonstance et comme celui qui pourvoit à chaque besoin. Les trois jours, signalés
aux chapitres 1 et 2, ont respectivement le même sens.

La pensée principale de cet évangile est la révélation du Père, dans la personne du Fils, et
pour nous l’affirmation que Jésus est véritablement le Fils de Dieu. Nous n’avons ainsi aucun
doute sur cette révélation ; au contraire, sa lumière brille dans notre âme avec toute sa
splendeur. Il est donc remarquable que cet évangile commence et se termine par ces rappels
figurés des diverses périodes dans lesquelles Dieu s’est révélé aux hommes ; cependant, la
préoccupation de l’évangile est ce qui demeure éternellement au-dessus de toutes ces
différences. Il se peut qu’elles entraînent des mesures différentes de compréhension chez les
croyants, mais ce qui est à saisir sera toujours pareil.

Jean nous a donné un récit du reniement de Pierre. Il n’a rien dit cependant de ses larmes
amères, versées juste après que le Seigneur l’eut regardé, ni de l’entretien personnel de Pierre
avec son Seigneur ressuscité, à la fin du jour de la résurrection. Au début de ce chapitre, nous
trouvons Pierre qui retourne à la pêche et qui prend six autres disciples avec lui. Le Seigneur
ne l’avait pas appelé, au début, pour ce genre de pêche. Tout en sachant que le Seigneur lui
avait pardonné, il se comporte comme si son appel au service avait pris fin. Toutefois, le
Berger ressuscité allait restaurer pleinement son âme et les conduire tous dans les sentiers de
justice.
693
Leur sortie sur le lac est un échec. Le verset 3 la résume ainsi : « Cette nuit-là ils ne prirent
rien ». Quand le matin arrive, tout est complètement changé, car Jésus est là ; le filet est plein
de gros poissons. Pas de filet rompu ou de nacelle qui enfonçait, comme en Luc 5. Pierre ne
s’est pas non plus jeté à terre pour confesser qu’il était un homme pécheur, bien que sa triste
chute ait été si récente. Au contraire, il s’est jeté dans la mer, pour aller Jésus le plus vite
possible. De nouveau nous constatons combien l’accent est mis sur Pierre quand il est
question de l’amour qui agit ; Jean, en revanche, manifeste davantage l’amour qui est
clairvoyant.

Parvenus au rivage, les disciples se trouvent devancés, malgré l’importance de leur prise. Le
Seigneur leur a préparé du feu, du poisson et du pain ; c’est lui qui pourvoit à tout. Voilà une
image des disciples sortant et ramenant sous la direction du Seigneur une grande moisson,
tirée de la mer des nations. C’est ce qui caractérisera le début du millénium. C’est aussi une
leçon adressée à Pierre et aux autres, pour leur montrer qu’ils n’ont pas besoin de retourner à
leur occupation ordinaire, même si le Seigneur l’a particulièrement bénie. Sa main avait déjà
préparé leur nourriture. Les disciples reconnaissent que c’est bien leur Seigneur ressuscité qui
se trouve là, non à cause de ce qu’ils ont vu de leurs yeux, mais à cause de ce qu’il a fait, qui
est unique.

Le Seigneur commence alors à s’occuper plus particulièrement de Simon Pierre. Sa chute


s’était produite quand il se chauffait au feu du monde, en compagnie des serviteurs du
souverain sacrificateur, qui était terriblement hostile à son maître. Il se trouve maintenant près
du feu que son Seigneur a allumé. Il est non seulement réchauffé, mais aussi nourri par lui, en
compagnie de serviteurs aussi dévoués que lui à son maître. Trois fois Pierre avait été mis à
l’épreuve et, chaque fois avec plus d’insistance, il avait renié son Seigneur. Maintenant, à
trois reprises, le Seigneur sonde la conscience et le cœur de Pierre, augmentant chaque fois la
sévérité de l’épreuve.

Dans les versets 15 à 17 deux mots différents sont employés pour le verbe « aimer ». Ceux qui
connaissent l’original disent que le premier n’est pas utilisé pour « aimer » en dehors du
Nouveau Testament et de la version des Septante ; l’Esprit de Dieu l’a saisi et consacré pour
exprimer l’amour de Dieu. Le second est basé sur le mot utilisé pour des amis et signifie
plutôt : aimer avec des sentiments, ou d’une vive affection. On a dit que ce mot indiquait
moins de discernement et plus d’émotion.

Le Seigneur ne s’adresse pas à Pierre avec le nouveau nom qu’il lui avait donné, mais avec
son ancien nom : « Simon, fils de Jonas ». Il lui demande : « M’aimes-tu plus que ceux-ci ne
m’aiment ? ». C’est exactement ce qu’il avait prétendu lui-même, en disant : « Si même tous
étaient scandalisés, je ne le serai pourtant pas, moi » (Marc 14:29). Cette question a dû être
très douloureuse, car, vu ce qui s’était passé, il semblait aimer le Seigneur beaucoup moins
que les autres. Que pouvait-il répondre ? Seulement ceci : « Oui, Seigneur, tu sais que je
t’aime » (c’est-à-dire, en fait : j’ai de l’affection pour toi). Il a utilisé le mot le plus faible,
montrant qu’il avait déjà baissé dans sa propre estime.

Une deuxième fois, Jésus pose la question en utilisant le même mot qu’avant, mais sans
comparer Pierre et les autres disciples. Il dit simplement : « M’aimes-tu ? ». C’est comme s’il
disait : « M’aimes-tu réellement un peu ? ». Cette question sonde la blessure d’une manière
encore plus profonde. Pierre est de nouveau incapable d’accepter le défi et il persiste dans ses
propres paroles : « Tu sais que je t’aime » (j’ai de l’affection pour toi).

694
La troisième question pénètre encore plus profondément, car Jésus adopte cette fois le langage
de Pierre et demande : « M’aimes-tu ? » (c’est-à-dire : as-tu de l’affection pour moi ?). Il met
donc Pierre au défi de s’attribuer même le droit de dire qu’il a de l’affection pour lui. Cela le
pique au vif et le sonde en profondeur. Il réalise qu’il ne peut avoir la prétention d’aimer et
que sa conduite a démenti même un simple sentiment d’amitié. Il se rejette donc entièrement
sur son Seigneur qui sait tout, en disant : « Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t’aime »
(j’ai de l’affection pour toi). Il reconnaît ainsi, de fait, que son affection a des proportions si
faibles que seule la parfaite connaissance divine pourra la percevoir. Mais elle existe ! Pierre
le savait et il savait que son Seigneur le saurait.

Ainsi, Pierre est conduit avec beaucoup de miséricorde, mais avec une grande fermeté, au
jugement de lui-même, c’est-à-dire de l’état qui l’avait amené au péché et à la catastrophe. Il
faut confesser le péché commis, et confesser aussi le mauvais état qui y a conduit. C’est cela
qui est très instructif et salutaire pour nous. Deux maux vont de pair : l’amour-propre et la
confiance en soi ; ils étaient à l’origine de la faute et Pierre ne serait pas parfaitement restauré
devant le Seigneur tant qu’il ne les aurait pas jugés. De plus son péché s’était produit sous les
yeux de tous, et la confiance que les autres disciples avaient en lui devait être sérieusement
ébranlée. Comme le Seigneur est plein de grâce pour s’occuper de Pierre jusqu’à sa
restauration en présence de plusieurs disciples !

Le Seigneur agit encore plus merveilleusement. Chaque fois que Pierre affirme sa réelle
affection pour le Seigneur, malgré son lâche reniement, il lui dit qu’un service très important
va lui être confié. Le Seigneur emploie trois expressions différentes : « Pais mes agneaux » ;
« Sois berger de mes brebis » ; « Pais mes brebis ». Être le berger des brebis suppose qu’on
les nourrit, mais cela va plus loin et englobe de nombreuses activités comme la surveillance,
la conduite, la protection.

Il est bien évident qu’un service pastoral a été confié à Pierre. Il est très frappant de voir
comment il exhorte les autres à poursuivre ce service pastoral (1 Pierre 5). Il donne des
avertissements contre les abus qui ont tout envahi dans l’histoire de l’église. Ces abus sont à
leur comble dans l’imposant système religieux qui prétend que son chef à Rome est le
successeur de Pierre. Ils ne sont que la conséquence de la chute de l’homme, car des choses
tout à fait semblables se sont produites en Israël et l’Éternel les a dénoncées par Ézéchiel
(chap. 34). Aujourd’hui le denier de Saint Pierre est de l’argent soutiré au troupeau pour
l’entretien du prétendu successeur de Pierre, au lieu de pourvoir aux besoins du troupeau.
Sinistre déformation, et triste parodie !

Les faux bergers qui ont servi après le départ de Pierre ont vite oublié que les agneaux et les
brebis appartenaient au Seigneur. Le message donné à Pierre n’est pas : « Nourris tes brebis »,
mais : « Nourris mes brebis » ; voilà toute la différence. Il faut remarquer encore que le
Seigneur parle une fois d’être le berger et deux fois de nourrir. C’est là-dessus qu’il insiste.
Agir comme berger signifie être compétent et ferme pour s’occuper des brebis et les conduire.
Il y en a beaucoup qui aiment exercer une autorité, même dans l’église de Dieu. Dispenser la
nourriture spirituelle est une autre affaire, beaucoup plus difficile. Celui qui est capable de
donner de la nourriture spirituelle n’aura pas beaucoup de difficultés à exercer une certaine
autorité spirituelle.

Nous pouvons encore remarquer que, lorsque Pierre avait reçu sa mission, c’était un homme
brisé et humilié. À cet homme, quand il a été pleinement relevé, le Seigneur a confié ses
agneaux et ses brebis. Rappelons-nous l’exhortation de l’apôtre : « Frères, quand même un

695
homme s’est laissé surprendre par quelque faute, vous qui êtes spirituels, redressez un tel
homme dans un esprit de douceur, prenant garde à toi-même, de peur que toi aussi tu ne sois
tenté » (Galates 6:1). Il va sans dire qu’un homme spirituel devrait être doux et pleinement
conscient du fait qu’il peut, lui aussi, faire une chute. Pierre était tombé ; maintenant humilié
et relevé, il a acquis cet esprit tendre et doux qui caractérise l’homme spirituel. C’est à de tels
hommes que le Seigneur confie ses agneaux et ses brebis.

Le Seigneur donne une nouvelle mission à Pierre, et lui indique le caractère particulier du
service qu’il a à accomplir. Il lui montre ensuite que ce qu’il s’était vanté de faire, avec
l’énergie de la jeunesse, il le ferait réellement alors que son énergie naturelle aurait diminué.
Il avait dit : « Je laisserai ma vie pour toi », et cependant il avait lamentablement échoué. Son
désir avait été juste, bien que sa prétention ait été excessive ; elle devait être réprimandée. Son
désir serait donc réalisé, mais par une puissance autre que la sienne. Les paroles du Seigneur,
au verset 18, indiquent qu’il glorifiera Dieu par le martyre, mais aussi par la manière dont il le
subira. C’est une allusion à la crucifixion. Il allait suivre le Seigneur en s’occupant de ses
brebis et, jusqu’à un certain point, il subirait une mort semblable. Quelle grâce merveilleuse à
l’égard du disciple qui a failli ! Et quel enseignement pour nous ! Le cas de Jean, surnommé
Marc, nous fournit aussi un exemple de quelque chose qui, commencé dans la chair, peut
cependant être rendu parfait par l’Esprit. C’est le contraire absolu de Galates 3:3.

Pour le moment, Pierre détourne les yeux de son maître et les fixe sur un compagnon qui n’est
autre que l’auteur de cet évangile. Jean est certainement plus jeune, mais il a déjà été très
proche de Pierre en plusieurs occasions. L’intérêt de Pierre est probablement sincère ; ce n’est
pas une simple curiosité qui le pousse à demander ce qui va arriver à Jean. Il semble que la
réponse soit double.

Tout d’abord, l’accent est mis sur le fait qu’un disciple (que ce soit Pierre, ou nous-mêmes) ne
doit pas être occupé de ses frères, mais de son Seigneur. Ce que le Seigneur a décidé à
l’avance pour Jean n’est pas le problème de Pierre. Il a, lui, à suivre le Seigneur. Peu
nombreux aujourd’hui sont ceux qui, en parlant de leur frère, disent : « Et celui-ci, que lui
arrivera-t-il ? ». Beaucoup disent par contre : « Regarde ce que cet homme a fait ! ». Il est
facile, et cela ne coûte guère, d’être préoccupé par ce que font les autres, surtout s’ils
n’agissent pas bien. En revanche, il en coûte beaucoup d’être vigilant sur soi-même. À chacun
de nous, comme à Pierre, le Seigneur dit : « Toi, suis-moi ».

Ensuite, il y a quelque chose de secret ou de caché dans ce qui est dit de Jean, comme au
verset 18 concernant Pierre. Cela n’indique pas qu’il ne mourra pas et demeurera donc jusqu’à
la seconde venue du Seigneur, mais plutôt que son ministère aura un caractère particulier. Le
mot traduit ici par « demeure » se rencontre dans les écrits de Jean aussi souvent que dans tout
le reste du Nouveau Testament. Il est traduit de différentes façons comme demeurer,
continuer, habiter, rester. Or le ministère de Jean, comme le montrent son évangile et ses
épîtres, s’occupe particulièrement des vérités de la révélation de Dieu qui demeurent, que rien
ne peut toucher ni ternir. Dans l’Apocalypse, il a été le dernier des apôtres à voir le Seigneur
dans sa glorieuse majesté ; il a reçu de lui, par son ange, la révélation la plus complète des
événements futurs. Ceux-ci nous conduisent à la seconde venue du Seigneur et même à l’état
éternel.

Le verset 23 nous avertit du danger de tirer des conclusions à partir de la Parole de Dieu et
d’élever ensuite ces conclusions au rang d’affirmations catégoriques. Si une parole s’était
répandue parmi les frères qu’il était possible que Jean ne meure pas, étant donné ce que le

696
Seigneur avait dit, peut-être que cela n’aurait pas mérité de remarque. Mais ils disaient que
Jean ne mourrait pas, au lieu de dire qu’il était possible qu’il ne meure pas. Les paroles
inspirées sont uniques et nous devons faire attention aux conclusions que nous en tirons.

Le dernier verset de notre évangile est très caractéristique. Il nous rappelle que ce qui est écrit,
concernant les œuvres du Seigneur sur la terre, n’est qu’une infime partie du tout. Cela est
vrai même si nous réunissons les quatre évangiles. C’est aussi vrai pour ses paroles que pour
ses œuvres. C’est un fait qui nous aide à expliquer des choses qui peuvent paraître
contradictoires. Par exemple, le Seigneur a dû faire et dire des choses analogues, à de
nombreuses reprises durant les années de son service incessant dans les différentes régions de
la Judée et de la Galilée. Enfin, il n’y a pas d’exagération dans ce qui est dit du monde et des
livres. Jean a retracé pour nous quelques-unes des paroles et des œuvres incomparables de la
Parole faite chair ; bien qu’en petit nombre, elles sont suffisantes pour nous convaincre que,
dans la Parole incarnée, nous avons le Christ, le Fils de Dieu. Bien que la Parole ait revêtu en
la personne de Christ une forme finie, cette Parole est infinie. Jésus a donc mis le sceau de
l’infini sur tout ce qu’il a fait et dit. Le monde et les livres ne peuvent contenir cela.

Nous ne pourrons jamais sonder à fond tout ce que Jésus a fait. C’est sur cette note que se
termine cet évangile.


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Réflexions sur l’Évangile selon LUC


F.B. Hole

Les Réflexions sur les évangiles et les Actes de F.B. Hole ont premièrement paru en anglais
en 1937-1939 dans le périodique « Edification » et en 1940 à 1944 dans le périodique
« Scripture Truth ».

Table des matières :

1 - Chapitre 1

2 - Chapitre 2

3 - Chapitre 3

4 - Chapitre 4

698
5 - Chapitre 5

6 - Chapitre 6

7 - Chapitre 7

8 - Chapitre 8

9 - Chapitre 9

10 - Chapitre 10

11 - Chapitre 11

12 - Chapitre 12

13 - Chapitre 13

14 - Chapitre 14

15 - Chapitre 15

16 - Chapitre 16

17 - Chapitre 17

18 - Chapitre 18

19 - Chapitre 19

20 - Chapitre 20

21 - Chapitre 21

22 - Chapitre 22

23 - Chapitre 23

24 - Chapitre 24

1 - Chapitre 1
Dans les premiers versets de son évangile, Luc déclare le but qu’il s’est proposé en l’écrivant.
Il souhaite apporter la certitude à l’esprit d’un certain païen converti. Dieu avait donné à Luc
une parfaite connaissance de toutes choses depuis le commencement, aussi maintenant il les
écrit « par ordre » : nous allons voir, à mesure que nous avançons, que parfois il laisse de côté
l’ordre historique pour présenter les choses dans un ordre moral et spirituel. La

699
compréhension de cet ordre moral et spirituel, ajoutée au récit ordonné de ces faits, devait
apporter la certitude à Théophile, et l’apportera à nous aussi. Nous voyons ici comment la
certitude est liée aux Saintes Écritures : la Parole de Dieu. Si nous n’avions pas les Saintes
Écritures, nous ne serions sûrs de rien.

Le premier et le deuxième chapitres nous présentent les faits se rapportant à la naissance de


Christ ainsi que des tableaux attachants du résidu pieux en Israël, ce résidu duquel, selon la
chair, est issu le Christ. Le premier tableau aux versets 5 à 25 est celui du sacrificateur
Zacharie et de sa femme Élisabeth. Ils étaient « justes devant Dieu » et nous pouvons en
déduire que leur vie était caractérisée par la foi et donc aussi par l’obéissance aux
ordonnances de la loi. Pourtant, lorsqu’un ange dit à Zacharie que sa femme avancée en âge et
stérile enfantera un fils, il demande que lui soit accordé un signe à l’appui de la simple Parole
de Dieu. En ceci, il montre bien qu’il est un « croyant incrédule » quoique tout à fait
conforme à sa race, car « les Juifs demandent des miracles » (= signes) (1 Cor. 1:22). Et il en
supporte la peine en gouvernement, puisque le signe accordé est la perte de la parole. Mais ce
signe est tout à fait à propos. Le Psalmiste avait dit : « J’ai cru, c’est pourquoi, j’ai parlé » (Ps.
116:10). Zacharie n’a pas cru, c’est pourquoi il ne peut parler.

L’ange prédit à Zacharie que son fils sera grand devant le Seigneur et sera rempli de l’Esprit
Saint, afin que dans l’esprit et la puissance d’Élie il « prépare au Seigneur un peuple bien
disposé ». Aux versets 6, 9, 11, 15, 16 et 17, « Seigneur » est l’équivalent de « l’Éternel » de
l’Ancien Testament : aussi la venue du Messie sera-t-elle la venue de l’Éternel. Il devait y
avoir sur la terre des gens préparés à recevoir le Christ lorsqu’Il viendrait. Cet évangile nous
présente donc au début un sacrificateur pieux accomplissant les rites de la loi dans le temple,
et recevant une promesse concernant un peuple qui attend l’apparition du Messie sur la terre.

Il nous faut apporter une attention particulière à ce point, car nous allons voir que cet évangile
nous fait passer de la loi à la grâce et de la terre au ciel, si bien qu’il se termine par la grâce
annoncée à toutes les nations et par l’ascension de Christ dans les cieux, où Il prendra son
service de souverain sacrificateur. Au chapitre 1 le sacrificateur terrestre est muet. Dans les
derniers versets de l’évangile, les hommes qui vont être sacrificateurs dans la nouvelle
dispensation du Saint Esprit sont dans le temple et rien moins que muets : ils louent et
bénissent Dieu.

Dans les versets 26 à 38 l’ange annonce à Marie la conception et la naissance de son Fils.
Marie est le vase d’élection pour ce grand événement. Il nous faut relever brièvement
quelques détails fort importants. En premier lieu le verset 31 déclare sans équivoque que ce
Fils est véritablement homme « né de femme » selon Galates 4:4.

En second lieu, les versets 32 et 33 déclarent qu’Il est bien plus qu’un homme ordinaire. Il est
« grand » comme personne ne le fut jamais, puisqu’Il est Fils du Très-haut. Il est appelé à être
le roi attendu par la maison de Jacob et à recevoir un royaume qui demeure à toujours. Nous
remarquons que jusqu’ici il n’y a aucune allusion à quoi que ce soit en dehors de cette attente
du Messie qui avait son fondement dans les prophéties de l’Ancien Testament. Le Fils du
Très-haut venait pour régner, et rien dans le message ne précisait que ce règne ne s’établirait
pas immédiatement.

Une difficulté se présente à l’esprit de Marie, qu’elle exprime au verset 34. L’enfant qui allait
venir devait avoir David pour père et pourtant être le Fils du Très-haut ! Marie ne demande
pas un signe, puisqu’elle accepte les paroles de l’ange, mais bien une explication. Comment

700
cela arrivera-t-il ? La question de Marie et la réponse de l’ange aux versets 35 à 37 déclarent à
l’évidence — troisième point — la réalité de la naissance miraculeuse de Jésus et le caractère
tout à fait surnaturel de sa nature humaine.

Il y aurait une intervention du Saint Esprit pour la conception de la « sainte chose », puis la
puissance du Très-haut couvrirait Marie de son ombre — opération qui se poursuivrait,
croyons-nous — jusqu’à la naissance de la « sainte chose » pour la protéger. Un vase de chair
et de sang serait ainsi préparé pour l’incarnation du Fils de Dieu. Il est véritablement Fils de
David, comme l’indique la fin du verset 32, mais Rom. 1:3 montre que c’est le Fils de Dieu
qui est devenu Fils de David selon la chair. Au verset 35 de notre chapitre il n’y a pas
d’article devant « Fils de Dieu » — « La sainte chose »… sera appelée « Fils de Dieu » —
cela indique le caractère plutôt que la personne elle-même. Lorsque le Fils de Dieu devint le
Fils de David par l’intermédiaire de Marie, il y eut un déploiement de la puissance de Dieu tel
que la « sainte chose » née de Marie fut « Fils de Dieu » en caractère, et en conséquence le
vase qui convenait à son incarnation. C’était un miracle de premier ordre, mais l’ange avait
bien dit : « rien ne sera impossible à Dieu ».

La foi de Marie et sa soumission au bon plaisir de Dieu la concernant ressortent


magnifiquement au verset 38. Les versets 39 à 45 montrent la piété et l’esprit de prophétie qui
caractérisent Élisabeth, car en voyant Marie, elle reconnaît immédiatement en celle-ci la mère
« de mon Seigneur ». Elle est remplie de l’Esprit Saint et reconnaît Jésus comme son Seigneur
avant même sa naissance, exemple instructif de ce qui est dit en 1 Cor. 12:3.

Puis nous avons aux versets 46 à 55 le cantique de Marie aux accents prophétiques. Celui-ci
est produit par la conviction qu’a Marie de l’extraordinaire miséricorde dont elle est l’objet
dans son humble position. Quoiqu’elle descende de David, elle n’est que la fiancée de
l’humble charpentier de Nazareth. Dans la miséricorde dont elle est l’objet, elle voit le gage
que ceux qui craignent Dieu seront élevés et que les orgueilleux et les puissants de ce monde
seront dispersés. Elle comprend, de plus, que la venue de son enfant allait être
l’accomplissement de la promesse faite à Abraham — promesse inconditionnelle de Dieu —
loin d’elle la pensée qu’Israël ait mérité quoi que ce soit sous l’alliance de la loi. Tout repose
sur l’alliance de la promesse. Ceux qui avaient faim sont remplis de biens, les riches renvoyés
à vide. C’est toujours ainsi que Dieu agit.

Ne manquons pas de remarquer que Marie parle de « Dieu, mon Sauveur ». Quoiqu’elle fût la
mère de notre Sauveur, elle-même trouvait son Sauveur en Dieu.

Au temps attendu, le fils est né à Zacharie et Élisabeth, et au moment de la circoncision de


l’enfant, la bouche de Zacharie est ouverte. Il écrit : « Jean est son nom », montrant que
maintenant il accepte sans réserve la parole de l’ange et qu’ainsi le nom de son fils est une
question réglée. Il croit enfin, bien que ce soit une foi qui suive la vue — tout à fait à la façon
juive. En conséquence Zacharie cesse d’être muet, il loue Dieu et, rempli de l’Esprit Saint,
prophétise.

Il est frappant de remarquer que, bien que cette prophétie soit motivée par la naissance de son
fils Jean, cet enfant n’occupe dans l’esprit de Zacharie qu’une place secondaire et accessoire.
Le grand thème de ses paroles est le Christ de Dieu encore à naître. Il met toutes choses à leur
juste place, conséquence du fait qu’il était rempli de l’Esprit, qui magnifie toujours le Christ.
Si Zacharie s’était simplement exprimé dans l’enthousiasme causé par la naissance de ce fils

701
inespéré, il aurait parlé surtout ou uniquement de ce fils et de la charge élevée de prophète à
laquelle il était appelé.

Il parle de la venue du Christ comme si elle avait déjà eu lieu et il en célèbre les effets comme
s’ils étaient déjà réalisés. Ceci est particulier à la prophétie : elle parle, comme étant déjà
accomplies, de choses qui, historiquement, sont encore à venir. Pour l’instant, le prophète est
transporté dans son esprit en dehors de toute considération de temps. Dans l’apparition
imminente du Christ, Zacharie voyait le Seigneur, le Dieu d’Israël visitant son peuple pour le
racheter. Le salut qu’Il apporterait, délivrerait les siens de tous leurs ennemis et leur
permettrait de Le servir en toute liberté, sainteté et justice tous les jours de leur vie. Et tout
ceci serait l’accomplissement de Sa promesse et de Son serment à Abraham. Remarquons
comment le Saint Esprit inspire Zacharie pour qu’il parle de la promesse inconditionnelle faite
à Abraham, exactement comme Marie l’avait fait. La bénédiction d’Israël reposera sur cette
base et non sur celle de l’alliance de la loi.

Dans tous ces événements, nous n’observons pas encore une nette distinction entre la
première et la seconde venues du Christ. Les versets 68 à 75 envisagent des choses qui ne
s’accompliront dans toute leur acception qu’à Sa seconde venue. Il est exact que le Christ a
accompli la rédemption à Sa première venue, mais c’est une rédemption par le sang, et non
par puissance. Et il est bien vrai que la sainteté et la droiture avec lesquelles le peuple d’Israël,
restauré et délivré, servira son Dieu durant le glorieux millénium, seront fondées sur l’œuvre
de la croix. Néanmoins, dans ces versets, les deux venues sont considérées comme un tout.

Les versets 76 à 77 se rapportent directement à Jean, qui vient de naître. Il ira devant la face
de l’Éternel pour préparer ses voies. Il donnera la connaissance du salut à son peuple dans la
rémission de leurs péchés. C’est ce qu’il a fait comme indiqué au verset 3 du chapitre 3 en
relation avec le baptême qu’il prêchait. Remarquons qu’ici « son peuple » prend un sens assez
nouveau, non pas Israël en tant que nation, mais ceux qui composaient le résidu croyant au
milieu de ce peuple. Tout se trouve sur le terrain de la miséricorde, même pour Jean et son
ministère semblable à celui d’Élie. C’est « la rémission de leurs péchés, par les entrailles de
miséricorde de notre Dieu » (v. 77 et 78).

Dans les versets 78 et 79, Zacharie revient à la venue du Christ, et évidemment tout se situe
sur le terrain de cette même miséricorde, car l’expression « selon lesquelles » lie ce qui suit à
la miséricorde mentionnée juste avant. L’« Orient d’en Haut » est une description du Christ
particulièrement belle. On pourrait remplacer « Orient » par « Aube du jour » ou « Lever du
soleil ». La venue du Christ marquait à la vérité l’aube d’un jour nouveau. L’homme sur la
terre a toujours vu le soleil qui se lève monter à l’horizon. Ce lever de soleil descend « d’en
Haut ». L’Esprit de Dieu pousse Zacharie, à annoncer l’aube d’un jour nouveau, bien que
l’extraordinaire beauté en soit encore cachée à ses yeux.

Il comprend cependant que ce jour introduira à la fois lumière et paix pour les hommes. Et ici,
il se met en effet à parler de choses qui ont trouvé leur heureux accomplissement à la première
venue du Christ. Lorsque débuta le ministère public du Christ, la lumière commença à briller
et le chemin de la paix fut véritablement établi par Sa mort et Sa résurrection : chemin où les
disciples furent conduits aussitôt après. La prophétie de Zacharie se termine sur cette note
d’une beauté remarquable. La première mention que nous avons de Zacharie, le montre
homme troublé et craintif. Le dernier mot de lui que rapporte l’Écriture est « paix ». Par la foi,
il avait vu la venue du Sauveur, semblable à l’aube d’un jour nouveau de bénédiction et cela
changeait tout.

702
Le verset 80 résume toute la vie de Jean jusqu’au début de son ministère. Dieu s’occupe de lui
en secret dans les déserts, l’instruisant en vue du service solennel qui serait le sien dans les
jours à venir : prêcher la repentance.

2 - Chapitre 2
Le début de ce chapitre montre comment Dieu peut employer les grands de la terre — à leur
insu — pour l’accomplissement de Ses desseins. Le cas dont il s’agit ici est d’autant plus
remarquable que le décret d’Auguste ne fut pas exécuté immédiatement mais fut différé
jusqu’à l’époque où Cyrénius eut le gouvernement de la Syrie. La prophétie avait, cependant,
indiqué que le Messie devait naître à Bethléhem et le décret de l’Empereur arrive au moment
propice pour faire monter Joseph et Marie à Bethléhem, quoiqu’un retard intervînt par la suite
pour le recensement lui-même. C’est sans doute à cause de cet état de perturbation que
l’hôtellerie était pleine. Le fait que le Christ est né dans une étable témoigne de la pauvreté de
Joseph et Marie, l’argent pouvant toujours — hier comme aujourd’hui — parer au manque de
confort. Toutefois, c’est un symbole de la place extérieure au monde et à sa gloire que Christ
allait occuper dès le début.

Les versets 8 à 20 s’occupent de l’épisode relatif aux bergers. Nous connaissons si bien ces
faits par les cantiques et les chants de Noël que nous courons peut-être le danger de ne pas en
saisir toute l’importance. Garder les troupeaux, n’était pas une occupation très prisée en ces
jours-là. Et les bergers qui gardaient les troupeaux pendant la nuit n’avaient pas la
compétence de ceux qui s’en occupaient dans la journée. C’est à ces gens humbles et ignorés
à l’extrême que les anges apparaissent. Le secret du ciel concernant l’arrivée du Sauveur est
dévoilé à des gens aussi insignifiants que ceux-ci !

Cela paraît encore plus extraordinaire lorsque nous comparons ce chapitre avec Matthieu 2.
Dans l’évangile de Matthieu la scène se passe parmi les grands de Jérusalem : le roi Hérode,
ses courtisans, les souverains sacrificateurs et les scribes, mais tous ceux-ci ignorent
complètement ce merveilleux événement pendant des mois et encore n’en entendent-ils parler
que par les Mages de l’Orient qui arrivent à Jérusalem, personnages totalement étrangers à la
nation d’Israël. L’explication nous en est donnée par les paroles du Psalmiste : « le secret de
l’Éternel est pour ceux qui Le craignent » (Ps. 25:14). Dieu ne fait pas acception de
personnes, mais Il a égard à ceux qui sont humbles et intègres de cœur devant Lui. Aussi ne
tient-Il pas compte des grands de Jérusalem et Il dépêche des anges vers ces bergers méprisés
qui gardent leur troupeau pendant les veilles de la nuit pour leur faire connaître le secret des
voies divines. Ces quelques bergers faisaient partie du résidu pieux qui attendait le Messie,
comme nous le montreront par la suite leurs paroles et leurs actions.

D’abord vient le message de l’ange, et ensuite la louange de l’armée céleste. Si le message


était un grand sujet de joie, c’est parce que le Messie venait comme Sauveur. Les Israélites
avaient eu le législateur et les prophètes, mais maintenant était venu le Sauveur, et un Sauveur
si grand que c’était le Christ, le Seigneur. Cette bonne nouvelle est pour « tout le peuple » :
pour le moment, elle ne s’adresse pas au-delà du cercle d’Israël. Le signe annonçant cet
événement extraordinaire est tel que personne n’aurait jamais pu le concevoir. Les hommes
auraient pu s’attendre à voir un puissant homme de guerre assis sur un trône en tenue
d’apparat. Le signe est un petit Enfant, emmailloté et couché dans une crèche. Mais c’est un

703
signe annonçant de quelle manière et dans quel esprit le Seigneur allait maintenant
s’approcher des hommes.

Les louanges des anges — rapportées au verset 14 — ne sont exprimées qu’en peu de mots,
des mots lourds de sens. Ils rapportent les ultimes conséquences qui devaient découler de
l’arrivée de ce petit Enfant : Dieu sera glorifié dans les lieux très-hauts, centre de Sa
puissance, l’endroit même où le plus léger discrédit jeté sur Son nom serait le plus vivement
ressenti. Sur la terre, où depuis la chute, guerres et querelles ne cessent pas, la paix sera
établie. Dieu trouvera Son « bon plaisir dans les hommes ». Depuis le moment où le péché est
apparu, Dieu n’a trouvé de plaisir ni en Adam ni en sa descendance : mais voici maintenant
Celui dont la nature humaine est d’un autre ordre que celle d’Adam, grâce à Sa naissance
miraculeuse, ce qui a été clairement exposé au premier chapitre. En Lui, le bon plaisir de Dieu
repose au suprême degré, comme aussi il reposera dans les hommes qui sont en Lui, comme
fruits de Son œuvre : conséquence merveilleuse, en vérité !

À tout ceci, les bergers donnent la réponse de la foi. Ils ne disent pas : « Allons… et voyons si
cette chose est arrivée », mais « voyons cette chose qui est arrivée ». Ils s’en vont en hâte et
voient le petit Enfant de leurs yeux. Puis ils rendent témoignage à d’autres. Ils peuvent alors
dire : « Dieu l’a dit et nous l’avons vu » — ils divulguent ce que le Seigneur a fait connaître et
ce dont ils ont été personnellement témoins. Un tel témoignage ne peut qu’avoir de l’effet.
Beaucoup s’étonnent, et Marie garde ces choses par devers elle, les repassant dans son esprit ;
car il est clair qu’elle-même ne comprend pas encore toute la portée de ces événements. Quant
aux bergers, à l’instar des anges, ils glorifient et louent Dieu. Ainsi, en cette grande occasion,
la louange éclate aussi bien sur la terre qu’au ciel. Et ne pouvons-nous pas penser que, dans la
louange de ces humbles hommes d’ici-bas, se trouvait une note qui manquait à la louange des
anges de Sa force au ciel.

Aux versets 21 à 24, il nous est donné de voir que tout ce que la loi ordonnait a été accompli à
l’égard du Saint Enfant. Lorsque Celui-ci est présenté au Seigneur dans le temple, il y a là
pour l’accueillir — guidés par l’Esprit de Dieu — deux vieillards, qui marchent dans la
crainte du Seigneur. Nous avons remarqué dans un paragraphe précédent comment les grands
de Jérusalem étaient absolument étrangers aux pensées de Dieu et n’avaient aucune
connaissance de Lui ; à l’opposé, il y avait ceux qui avaient des relations avec Lui et eux
furent bientôt au courant de la grande nouvelle, même si aucun ange ne leur apparut. Le Saint
Esprit est sur Siméon et, par l’Esprit, non seulement il sait qu’avant de mourir, il verra le
Christ du Seigneur, mais en outre, il arrive au temple au moment précis où l’enfant Jésus y
est. C’est également ce qui se passe pour Anne. L’heure de sa visite est dirigée d’en haut, si
bien qu’elle voit le Seigneur.

En lisant les versets 28 à 35, nous ressentons combien cette scène a dû être émouvante. Le
vieillard s’adresse à Dieu, puis à Marie. Il est maintenant prêt à partir en paix car il a vu le
salut du Seigneur dans le Saint Enfant. En fait, il va plus loin que l’ange, car il reconnaît que
le salut de Dieu a été préparé devant la face de « tous les peuples » (Cette fois-ci le mot
« peuple » est au pluriel). Non seulement Jésus allait être la gloire d’Israël mais aussi une
lumière pour éclairer les Gentils. À Siméon est révélé que la grâce allait se répandre au-delà
des étroites limites d’Israël.

Il lui est aussi révélé que le Christ est venu pour être « un signe que l’on contredira ». C’est
peut-être indistinctement qu’il la voyait, mais elle était bien là, l’ombre de la croix, lorsque

704
l’épée transpercerait l’âme de Marie — ce que nous apprenons par les paroles de Siméon à
Marie.

Peut-être nous étonnons-nous que Siméon, à qui il avait été accordé de vivre jusqu’à ce que,
effectivement, il tienne le Sauveur dans ses bras, soit si disposé à « s’en aller en paix ». Nous
aurions pu nous attendre à ce qu’il ait ressenti une cruelle déception : il voyait comment Dieu
commençait à intervenir et pourtant il lui fallait quitter cette scène avant que se termine cette
intervention. Mais manifestement, il lui est donné, comme prophète, de prévoir que le Christ
serait rejeté. Aussi n’attend-il pas la gloire dans un proche avenir et il est prêt à s’en aller.

Il annonce que l’Enfant mettrait Israël à l’épreuve. Beaucoup qui étaient haut élevés
tomberaient et ceux qui étaient abaissés et méprisés se relèveraient. Et comme le Christ
connaîtrait la contradiction et serait rejeté, les pensées de plusieurs cœurs seraient révélées au
moment où ils Le rencontreraient. Dans la présence de Dieu, tous les hommes sont obligés de
se montrer tels qu’ils sont réellement : ainsi ce caractère concernant le Christ est un hommage
involontaire à Sa déité. De plus, Marie elle-même serait transpercée par la douleur comme par
une épée : parole qui trouva son accomplissement alors qu’elle se tenait près de la croix.

Anne, très avancée en âge, complète ce très beau tableau du résidu pieux en Israël. Elle servait
Dieu continuellement et, quand elle eut vu le Christ, elle « parla de Lui ».

Au point où nous sommes parvenus, nous pouvons résumer les caractères marquants de toutes
ces âmes pieuses :

La conduite des bergers est une illustration de la foi qui les anime. Ils acceptent
immédiatement la parole qui leur est adressée par le moyen de l’ange, puis ce qu’ils voient
confirme cette parole, et enfin ils glorifient et louent Dieu.

Marie est une âme portée à revenir et à méditer sur les choses pour l’intelligence desquelles
elle s’attend à Dieu (v. 19).

Siméon attendait le Christ, instruit par l’Esprit de Dieu et sous Sa puissance. Son attente reçoit
toute satisfaction lorsqu’il rencontre Christ et il prophétise à son sujet.

Anne servait Dieu continuellement et rendit témoignage du Christ dès qu’elle L’eut rencontré.

En dernier lieu, un soin extrême fut apporté à l’accomplissement de tous les détails
concernant le Christ comme l’ordonnait la loi du Seigneur. Cinq fois il est déclaré que la loi a
été observée (aux versets 22, 23, 24, 27, 39). Ce trait remarquable doit probablement être
attribué à Joseph, le mari de Marie — cette obéissance attentive à la Parole de Dieu.

Nous-mêmes attendons maintenant la seconde venue du Seigneur. Comme ce serait heureux si


nous nous distinguions par ces remarquables caractères.

Le verset 40 couvre les douze premières années de la vie de notre Seigneur : nous y apprenons
que le développement normal du corps et de l’esprit, propre au genre humain, caractérisa
aussi le Seigneur : témoignage à Sa vraie humanité.

Ceci est encore souligné par ce que nous entre-voyons de Lui lorsqu’Il avait douze ans. Il
n’enseignait pas les docteurs, mais Il les écoutait et les interrogeait de telle sorte que ceux-ci

705
s’étonnaient de ses réponses. Ici encore nous Le voyons montrer à la perfection l’attitude qui
convient à un enfant de cet âge en même temps que des traits surnaturels. La réponse qu’Il fait
à Sa mère montre également qu’Il avait conscience de Sa mission. Toutefois, pendant de
nombreuses années, Il allait garder sa position de soumission devant Joseph et Marie,
montrant ainsi la perfection de Sa nature humaine au cours de cette période de Sa vie.

3 - Chapitre 3
Le début du ministère de Jean est indiqué avec grande précision dans les deux premiers
versets. Nous apprenons que les choses étaient tout à fait anormales : le gouvernement était
aux mains des Gentils, et même en Israël régnait le désordre, car il y avait deux souverains
sacrificateurs au lieu d’un seul. C’est pourquoi les appels à la repentance dominent dans la
prédication de Jean. Les prophètes d’autrefois avaient plaidé avec Israël pour le ramener à la
loi transgressée. Jean n’agit plus ainsi : c’est à la repentance qu’il appelle les foules. Les
Israélites devaient reconnaître que, sur le terrain de la loi, ils étaient perdus sans espoir et que
leur place était dans la mort, dans les eaux du baptême que Jean prêchait. C’était le « baptême
de repentance en rémission de péché ». S’ils écoutaient Jean et se repentaient, ils étaient
moralement prêts pour recevoir la rémission des péchés qu’apporterait Celui qui allait venir.
Ainsi le chemin serait rendu droit devant le Seigneur.

Remarquons comment cette citation d’Ésaïe parle de la venue de l’Éternel, et comme il est
manifeste que cette venue de l’Éternel a trouvé son accomplissement en Jésus. Le verset 5
exprime la même vérité que celle que nous avons vue aux versets 52 et 53 du chapitre 1 et au
verset 34 du chapitre 2, seulement exprimée d’une façon plus figurée. Le verset 6 montre que
puisque Celui qui allait venir n’était pas moins que l’Éternel, le salut qu’Il apporterait ne
serait pas restreint aux étroites limites d’Israël mais serait annoncé à « toute chair ». La grâce
allait venir et elle se répandrait dans toutes les directions. Cette grâce est l’un des thèmes
particuliers à l’Évangile de Luc.

Mais Jean ne prêche pas seulement la repentance d’une façon générale, il en fait aussi une
question très nette et personnelle. Les foules affluaient vers lui et son baptême était en passe
de provoquer leur engouement, presque de devenir une distraction au goût du jour. Les choses
se passent exactement de la même façon aujourd’hui : toute ordonnance religieuse, par
exemple le baptême, dégénère très facilement en une sorte de fête générale. Il est évident que
Jean ne craignait nullement de blesser ses auditeurs et de perdre de sa popularité. Rien ne
pouvait être plus énergique que ses paroles rapportées aux versets 7 à 9. Il dit très clairement
aux gens ce qu’ils sont ; il les avertit de la colère qui vient ; il demande la vraie repentance qui
produise des fruits. Il leur montre qu’aucun privilège religieux ne leur servirait, car Dieu allait
juger des choses à leurs racines mêmes. La cognée allait maintenant faire son travail, non pas
élaguer des branches mais frapper à la racine pour abattre l’arbre tout entier : et nous avons là
une image très réaliste de ce qui s’accomplira, non pas dans l’exécution d’un jugement
extérieur comme celui qui marquera la Seconde Venue, mais dans ce jugement moral qui a été
opéré à la Croix. La Seconde Venue sera caractérisée par le feu qui consumera l’arbre mort —
la Première Venue aboutit à la Croix, où la sentence judiciaire de condamnation fut
promulguée contre Adam et sa race : en d’autres mots, l’arbre a été abattu.

Jean réclame des actes, non des paroles, comme fruits pratiques de la repentance, et ceci
conduit à la question que posent les foules, rapportée au verset 10. Les publicains et les
706
soldats suivent avec des questions semblables. Par les réponses qu’il donne dans chaque cas,
Jean met le doigt sur les péchés particuliers qui marquaient les différentes classes de gens.
Quoique les réponses varient, nous voyons pourtant que la convoitise est à la base de tous les
maux dont il s’occupe. De toutes les mauvaises herbes qui s’épanouissent dans le cœur de
l’homme, la convoitise est peut-être la plus profondément enracinée et la plus difficile à
arracher : comme le pissenlit, ses racines sont très profondes. La véritable repentance conduit
à une conversion véritable — abandon de la voie de péché — et ceci, Jean le savait.

Ainsi Jean, non seulement prépare le chemin du Seigneur, mais en toute fidélité, il dirige les
regards vers Lui, sans laisser un seul instant les foules avoir une haute opinion de lui-même. Il
déclare qu’il n’est que le plus humble des serviteurs de la merveilleuse Personne qui allait
venir — si humble qu’il n’était pas digne d’accomplir ce très humble service de délier la
courroie de Ses sandales. Celui qui allait venir était si grand qu’Il baptiserait de l’Esprit Saint
et de feu : de l’Esprit Saint en bénédiction, de feu en jugement, comme l’explique clairement
le verset suivant. Nous remarquons de nouveau ici qu’il n’y a pas encore une différence très
nette entre les deux Venues. Il y eut un baptême de l’Esprit, rapporté en Actes 2, comme
résultat de la Première Venue, mais le baptême de feu, selon le verset 17, est réservé pour la
Seconde Venue.

Luc nous rapporte donc le fidèle ministère de Jean, puis rapidement l’écarte du récit pour
céder la place à Jésus. L’emprisonnement de Jean n’eut pas lieu à ce moment-là, mais Luc
abandonne l’ordre historique pour placer devant nous l’événement dans un ordre moral et
spirituel. Le ministère de Jean — semblable à celui d’Élie — s’efface devant Celui qui allait
être le vase de la grâce de Dieu, qui fut baptisé et ainsi introduit dans Son ministère. Il ne nous
est même pas dit ici que c’est Jean qui baptisa Jésus, mais il nous est dit que Celui-ci priait
quand il fut baptisé, ce qui n’est mentionné nulle part ailleurs. Cet Évangile insiste d’une
façon évidente sur la perfection de la nature humaine de notre Seigneur. La grâce envers
l’homme appartient à Celui qui est l’Homme parfait, et le tout premier caractère de perfection
dans l’homme est celui de dépendance envers Dieu. La prière est une expression de cette
dépendance et nous allons voir dans cet Évangile combien de fois il est rapporté que Jésus
prie. Nous en avons ici le premier cas.

Sur cet Homme dépendant en prière, le Saint Esprit descend sous une forme corporelle,
comme une colombe, et en même temps la voix du Père déclare que Celui-ci est Son Fils
bien-aimé, l’Objet de tout Son plaisir. De la sorte est enfin révélée la vérité de la Trinité. Un
instant on peut voir l’Esprit, on entend le Père, et le Fils est là, sang et chair, et par
conséquent, on peut non seulement, Le voir et L’entendre mais aussi Le toucher. C’est une
chose merveilleuse que le ciel soit ouvert et toute son attention concentrée sur un Homme qui
prie, sur la terre. Mais en cet Homme qui prie, Dieu allait se faire connaître, car « en Lui,
toute la plénitude s’est plu à habiter » (Colossiens 1:19).

Le Père ayant ainsi proclamé que Jésus est Son Fils bien-aimé, Luc introduit maintenant Sa
généalogie par Marie pour montrer comme Il est réellement aussi Homme. Matthieu fait
remonter Ses origines jusqu’à Abraham qui a reçu la promesse, et à David qui a reçu la
royauté. Luc fait remonter Jésus jusqu’à Adam et à Dieu, car la question est simplement Sa
nature humaine — transmise par Marie, Joseph étant seulement Son père présumé. Jésus est
véritablement Homme, quoique Fils de Dieu. Il est le Second Homme, le Seigneur venu du
ciel, Celui qui apporte la grâce de Dieu en surabondance.

707
4 - Chapitre 4
Le début de ce chapitre nous présente Jésus, plein de l’Esprit Saint, remontant du Jourdain.
Mais avant de commencer Son service, il faut qu’Il soit tenté quarante jours par le diable.
L’Esprit L’emmène vers cette épreuve et nous voyons ici le merveilleux contraste entre le
Second Homme et le premier.

Lorsque fut créé le premier homme, Dieu déclara que tout était très bon, mais Satan vint sans
retard tenter l’homme et fut la cause de sa ruine. Le Second Homme est apparu, la voix du
Père s’est fait entendre pour déclarer l’excellence de Son Fils, aussi Satan s’empresse-t-il à
nouveau de venir en ce lieu : mais cette fois-ci il rencontre l’Homme, plein de l’Esprit Saint,
que les artifices du diable ne peuvent atteindre. Lorsque le premier homme est tombé, il n’a
pas connu les affres de la faim, car il demeurait dans le jardin fertile planté par son Créateur.
Le Second Homme est victorieux, quoique le jardin ait été transformé en désert et que Lui-
même connaisse la faim.

Il est clair que Luc nous donne les tentations dans l’ordre moral, et non dans l’ordre
historique. Matthieu nous donne l’ordre historique et nous montre que la dernière tentation est
celle où le Seigneur ordonne à Satan « Va arrière de moi », tentation relatée au verset 8 de
notre chapitre. L’ordre que nous avons ici correspond à l’analyse du monde qu’en fait Jean au
chapitre 2 de sa première épître. La première tentation avait clairement pour but de s’adresser
à la convoitise de la chair, la deuxième à la convoitise des yeux et la troisième à l’orgueil de
la vie. Mais notre Seigneur est étranger à toute convoitise, à tout orgueil : ces trois épreuves
ne servent qu’à révéler Son absolue perfection.

En réponse à la première tentation, le Seigneur Jésus, véritablement Homme, prend la place


propre à l’homme, de dépendance complète envers Dieu. La vie naturelle de l’homme dépend
du pain qu’il s’assimile, parallèlement sa vie spirituelle dépend de la Parole de Dieu qu’il
s’assimile et à laquelle il obéit.

À la deuxième tentation, le Seigneur répond par son entière consécration à Dieu. Puissance,
gloire, domination en elles-mêmes ne sont rien pour Lui. Il n’a qu’un but : adorer et servir
Dieu.

Le Seigneur fait face à la troisième tentation — où Satan L’incite à mettre la fidélité de Dieu à
l’épreuve — par Sa confiance inébranlable en Dieu. Le grand adversaire ne trouve aucune
prise pour L’attaquer. Le Seigneur se confie en Dieu sans avoir à Le mettre à l’épreuve.

Ces trois caractères exposés ainsi d’une manière si marquante — dépendance, consécration,
confiance — sont ceux qui distinguent l’Homme parfait. On les voit nettement dans le
Psaume 16, qui par l’Esprit de prophétie, présente Christ dans Ses perfections comme
Homme.

Après avoir été tenté par Satan et être sorti victorieux de ces épreuves par la puissance du
Saint Esprit, le Seigneur Jésus s’en retourne en Galilée pour commencer Son ministère public
dans la puissance du même Esprit : les premières paroles qui nous sont rapportées de Lui sont
prononcées dans la synagogue de Nazareth, l’endroit où Il avait été élevé. Il lit le début
d’Ésaïe 61 et s’arrête à l’endroit où la prophétie passe de la première Venue à la seconde. « Le
jour de la vengeance de notre Dieu » n’est pas encore arrivé. Mais en s’arrêtant à cet endroit-
là, où notre traduction n’a aucun signe de ponctuation, Jésus peut commencer Son sermon en
708
disant : « Aujourd’hui cette écriture est accomplie, vous l’entendant ». Ce passage présente le
Seigneur comme Celui que l’Esprit de Dieu a oint, en qui la plénitude de la grâce de Dieu
allait se faire connaître aux hommes.

Présenter ainsi le Seigneur semble caractériser l’Évangile de Luc. Quoiqu’Il fût Dieu dans la
plénitude de Sa Personne, le Seigneur se présente pourtant à nous comme l’Homme
dépendant, plein de l’Esprit Saint, parlant et agissant dans la puissance de l’Esprit et
débordant de grâce envers les hommes. Ceux qui L’entendaient à Nazareth étaient frappés par
les « paroles de grâce qui sortaient de Sa bouche ». La loi de Moïse avait été maintes fois
proclamée dans l’enceinte de la synagogue, mais jamais auparavant la grâce n’y avait été ainsi
annoncée. Pourtant, il n’était pas suffisant d’annoncer la grâce en théorie : le Seigneur
poursuit en expliquant ce qu’est la grâce afin que Ses auditeurs comprennent ce que cela
impliquait. Il cite deux exemples tirés de leurs propres Écritures où la bonté de Dieu s’était
montrée, et dans les deux cas les bénéficiaires de cette grâce étaient des pécheurs d’entre les
Gentils. La veuve de Sidonie était dans une situation désespérée — « sans force ». Le soldat
Syrien était d’entre les « ennemis » de Dieu et de Son peuple. C’est ainsi que ces deux cas
éclairent très justement Romains 5 : 6-10, car la femme fut sauvée et sustentée, l’homme fut
rendu net et réconcilié.

Cette magnifique présentation de la grâce agissante ne plaît pas aux gens de Nazareth. Les
paroles de grâce sont bien agréables en théorie, mais dès que ces gens se rendent compte que
la grâce implique nécessairement que ceux qui la reçoivent ne la méritent pas, ils se lèvent
révoltés et orgueilleux, hors d’eux-mêmes, et ils auraient tué Jésus, si Celui-ci, passant au
milieu d’eux, ne s’en était allé. Les heureux effets de la grâce étaient les bienvenus, mais ils
n’en voulaient pas sur le terrain de la grâce, puisque cela supposait qu’ils n’étaient pas
meilleurs que les pécheurs d’entre les Gentils. En toute probabilité, l’esprit moderne
accepterait que la grâce soit prêchée dans les taudis, mais considérerait comme un affront
qu’elle le soit dans la synagogue. L’esprit juif ne pouvait pas même souffrir qu’elle soit
apportée dans les taudis !

Ainsi la grâce est rejetée d’une façon catégorique la toute première fois qu’elle est
proclamée : et ceci ne se passe même pas à Jérusalem parmi les scribes et les pharisiens, mais
dans les contrées plus humbles de Galilée, à l’endroit même où le Seigneur avait été élevé. Il
y était très connu et cela mettait comme un voile sur leurs cœurs.

À la lumière de tout cela, la fin du chapitre est très belle. Si un service offert dans un esprit de
grâce est refusé avec mépris et violence, le bienfaiteur s’en offense et se détourne avec
dégoût. Ce n’est pas ainsi que Jésus agit. Si tel était le cas, où serions-nous ? Jésus se retire
alors de Nazareth, mais passe à Capernaüm et y prêche. Son enseignement les étonne, sans
doute à cause de cette note nouvelle de grâce qui en était le caractère marquant, et puis aussi
parce que cet enseignement était revêtu de l’autorité divine.

Dans la synagogue, le Seigneur entre en conflit avec les puissances des ténèbres. La
synagogue était quelque chose de mort, c’est pourquoi des gens possédés de démons
pouvaient s’y trouver sans être connus comme tels. Mais dès que le Seigneur est là, le démon
se manifeste et montre également qu’il sait qui est Jésus, même si les gens eux-mêmes
l’ignorent. Jésus était bien le « Saint de Dieu » mais au lieu d’accepter le témoignage du
démon, Il le tance et le chasse hors de sa victime. Jésus témoignait ainsi de la puissance de Sa
Parole.

709
Au verset 36 nous avons et l’autorité et la puissance, ce dernier mot ayant le sens de
dynamisme. Au verset 32, c’est vraiment l’autorité. Ainsi, nous avons la grâce de Sa parole,
suivie de l’autorité de Sa parole et de la puissance de Sa parole. Il n’est pas surprenant que les
gens disent : « Quelle parole est celle-ci ! » Et nous-mêmes, qui avons maintenant reçu
l’Évangile de la grâce de Dieu, nous avons les mêmes raisons de faire une réflexion
semblable. Quels prodiges de régénération spirituelle l’Évangile n’accomplit-il pas
aujourd’hui !

Sortant de la synagogue, Jésus vient à la maison de Simon où régnait la maladie. Celle-ci


disparaît à Sa parole. Puis, dans la soirée, se produit cet extraordinaire déploiement de la
puissance de Dieu dans la plénitude de la grâce. Des gens affligés de toutes sortes de maladies
et de misères sont amenés à Jésus et tous en sont délivrés. « Ayant imposé les mains à chacun
d’eux, Il les guérit ». Il montre ainsi pratiquement ce qu’est la grâce de Dieu, car c’est
précisément le caractère de la grâce que d’aller vers chacun sans tenir compte de mérites ou
de torts. Du côté de Dieu, la grâce est offerte librement, à chacun.

Le verset 40 a inspiré un cantique qui débute ainsi : « Le soir, lorsque le soleil se
couchait » .. .

et assurément nous aimons tous chanter :

« Tes mains n’ont rien perdu de leur puissance d’autrefois,

Aucune parole ne peut tomber de tes lèvres sans porter de fruit ».

Mais bien que ce cantique soit très beau, la réalité exprimée dans ce verset 40 le surpasse en
beauté. Telle est la grâce de Dieu.

Et la grâce déployée en cette soirée mémorable n’est pas tarie pour autant. Jésus s’en va
ailleurs prêcher le royaume de Dieu — un royaume dont le fondement allait reposer non sur
les œuvres de la loi, mais sur les fruits de Son œuvre — produits par la grâce.

5 - Chapitre 5
Dans le chapitre précédent, nous avons vu le Seigneur Jésus s’avancer dans la puissance de
l’Esprit pour annoncer la grâce de Dieu, et se heurter immédiatement à la réjection de la part
de l’homme. Nous avons vu que, malgré tout, le Seigneur ne se laisse pas détourner de son
travail de grâce. Ce chapitre-ci nous offre maintenant une série de délicieux tableaux qui
illustrent ce que la grâce accomplit chez ceux qui la reçoivent. Quatre hommes paraissent
devant nos yeux : Pierre, le lépreux, le paralytique, Lévi — chacun marqué d’un caractère
différent. Ils se suivent dans un ordre qui est moral, non rigoureusement chronologique.

Matthieu et Marc nous racontent tous deux comment le Seigneur a appelé les quatre pêcheurs
à devenir Ses disciples, mais Luc seul nous fait part de la pêche miraculeuse qui fit une si
profonde impression sur Pierre. Le Seigneur avait employé la barque de Pierre et ne voulait
pas être son débiteur, mais c’est la grâce qui, en retour, répand sur Pierre un si riche bienfait.
Cela est d’autant plus saisissant que les pêcheurs venaient de se dépenser toute la nuit en
efforts complètement stériles. Maintenant ce n’est pas seulement l’abondance mais la
710
surabondance ; là où de vains efforts s’étaient multipliés, là se multiplient les prises du filet.
La seule ombre au tableau vient de leur faible capacité à retenir ce que la grâce a donné.

La barque de Pierre est sortie deux fois sur le lac, une fois de nuit quand on pouvait compter
sur du poisson, une fois de jour quand on n’y comptait pas. L’endroit est le même, les deux
fois, et les mêmes hommes avec le même matériel. D’où vient la différence ? D’une chose,
d’une seule. Christ était monté dans la barque. Les yeux de Pierre furent ouverts à ce fait et il
est clair que cela fit briller le Sauveur devant lui d’une lumière qui venait de Dieu. Se trouver
en la présence de Dieu, même si c’est Dieu présent dans la plénitude de la grâce, produit dans
le cœur de Pierre la conviction de son état de péché.

Or c’est la première chose que la grâce apporte avec elle — la conviction de péché. Elle la
produit d’une façon bien plus profonde que ne le fit jamais la loi, et elle attire, tout en
produisant cette conviction de péché. Là se trouve ce merveilleux contraste. La loi de Moïse,
lorsqu’elle fut donnée au Sinaï, amena le peuple à sentir sa carence, mais cela les repoussa et
les éloigna de la montagne brûlante. La grâce, dans la personne de Jésus, amena une telle
conviction chez Pierre qu’il confessa son état de péché et se jeta pourtant aux genoux de
Jésus, s’approchant du Sauveur autant qu’il le pouvait.

L’incident suivant — suite très appropriée — concerne un homme qui n’est pas à proprement
parler rempli de péché, mais plein de cette lèpre qui est un type du péché. Il était si plein de
lèpre qu’il sentait qu’il offrait un aspect trop repoussant pour pouvoir vraiment compter sur la
bonté de Jésus. Il était convaincu de Sa puissance mais incertain quant à Sa grâce. Aussi
s’approche-t-il en disant : « Si tu veux… », il révèle ainsi que son corps est plein de lèpre et
que son cœur est plein de doute. Immédiatement, la grâce du Seigneur montre sa pleine
mesure. Sa parole était toute puissante, pourtant le Seigneur étend la main et le touche comme
pour effacer à jamais de l’esprit du lépreux le dernier doute qui persisterait et pour le
tranquilliser parfaitement.

Nous voyons donc ici que la grâce apporte la guérison, une guérison que la loi n’apportait pas,
bien qu’elle contînt des instructions pour que les sacrificateurs puissent reconnaître toute
guérison qui serait opérée par la puissance de Dieu. Ici la puissance de Dieu est à l’œuvre
dans la plénitude de la grâce : scène merveilleuse en vérité ! Nous ne sommes pas surpris que
de grandes foules se soient « assemblées pour l’entendre, et pour être guéries » (v. 15).

Ne négligeons pas le verset 16. Jésus a pris la place de l’Homme qui se tient devant Dieu et
agit dans la puissance de l’Esprit. La grâce a découlé, abondante, de Sa personne et Il
consacre du temps à la communion dans la prière, loin des lieux fréquentés par l’homme,
avant de reprendre contact avec les besoins humains.

Ensuite vient le cas de l’homme frappé de paralysie et réduit à un état de complète


dépendance. Il n’est rien dit quant à sa foi personnelle, quoique la foi montrée par les hommes
qui apportent le malade soit extraordinaire et active, et le Seigneur y répond abondamment.
Les pharisiens et les docteurs de la loi, qui sont là, forment une sorte de sombre arrière-plan
au tableau. Ils avaient de nombreux besoins et la puissance du Seigneur était là pour les
guérir, puisque la grâce apporte ses abondantes ressources avec générosité et pour chacun.
Pourtant ils sont là pour donner et non pour recevoir. Ce qu’ils apportent, ce sont des
critiques, et encore se révèlent-elles erronées ! Ils lancent violemment leurs critiques et
passent à côté de la bénédiction.

711
C’est le paralytique qui reçoit la bénédiction — et la puissance lui est accordée. C’est
précisément ce dont il a besoin. L’homme plein de péché a besoin non seulement de la
purification de ses péchés mais de puissance sur le péché, cette puissance étant liée au pardon.
Dans le cas de cet homme, sa paralysie était manifestement le résultat du péché et le Seigneur
s’attaque à la racine du mal avant de s’occuper du fruit. C’est toujours ce chemin que suit la
grâce car il n’y a jamais rien de superficiel dans la façon dont elle agit. Les pharisiens, avec
toutes leurs critiques, ne pouvaient pas plus délivrer le corps du malade de l’emprise de sa
paralysie, qu’ils ne pouvaient délivrer son âme de la coulpe de ses péchés. Jésus peut faire
l’un et l’autre : et Il démontre qu’Il a la puissance d’accomplir le miracle du pardon — ce que
l’œil humain ne pouvait observer — en accomplissant le miracle de la guérison devant leurs
yeux.

Les pharisiens avaient bien raison de croire que personne ne peut pardonner les péchés, si ce
n’est Dieu seul. Mais lorsqu’ils entendent Jésus remettre les péchés, ils L’accusent d’être
blasphémateur. Nous, nous en déduisons que Jésus est Dieu. Chacun de nous se trouve
obligatoirement devant ce choix net et bien défini et heureux sommes-nous si nous
choisissons bien. La guérison dont cet homme est l’objet lui est accordée d’une façon divine.
Il se lève, ayant retrouvé ses forces, capable, à l’instant, de prendre son petit lit et de s’en aller
dans sa maison, ce qu’il fait en glorifiant Dieu. Les spectateurs sont touchés de la même
façon : la grâce, lorsqu’elle se manifeste, conduit en effet à glorifier Dieu.

En quatrième lieu, Lévi paraît sur la scène ; il montre que la grâce pourvoit le cœur d’un
Objet. Lorsque Jésus l’appelle, Lévi est occupé à un travail agréable : celui de recevoir de
l’argent. Aussitôt son esprit et son cœur se détournent de cet argent et il se met à suivre le
Seigneur, si bien que nous le voyons ensuite agir à l’opposé : il distribue son argent, donnant
aux nécessiteux selon le Psaume 112 :9 (« Il répand, il donne aux pauvres »). Lévi invite une
grande foule de publicains et d’autres gens à son festin, montrant que ses pensées se sont
mises immédiatement à l’unisson de celles de son nouveau Maître, et qu’il avait saisi l’esprit
de la grâce. Christ pourtant est le vrai Objet du festin, car il est dit : « Lévi Lui fit un grand
festin dans sa maison » (v. 29). Les pharisiens étaient totalement insensibles à cet esprit de
grâce, mais leurs objections ne servent qu’à faire proclamer par le Seigneur ce merveilleux
message : « Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs à la repentance » (v. 32).

Tout ce que nous avons dit pourrait se résumer ainsi : la grâce produit la conviction de péché
et ensuite opère la purification du péché. Puis elle confère la puissance et de plus rend celui
qui la reçoit conforme à Celui qui en est l’expression. Christ devenant l’Objet du cœur de
Lévi, nous voyons comment celui-ci commence à être imprégné de l’esprit de son Maître.

Depuis le verset 33 et jusque dans le chapitre 6, un autre point est assez nettement mis en
relief : c’est que la grâce fait sortir de l’esclavage et conduit à la liberté. Les pharisiens
dédaignaient la grâce et étaient fort attachés aux jeûnes, aux prières, et aux cérémonies
prescrites par la loi. La loi produit l’esclavage mais la grâce apporte la liberté : c’est ce que
nous enseigne longuement l’épître aux Galates. La pleine vérité exposée dans cette épître ne
pouvait pas être révélée avant la mort et la résurrection de Christ, ni avant que l’Esprit ait été
donné ; pourtant nous voyons ici le Seigneur commencer à parler des choses qui dans un
proche avenir allaient être clairement manifestées. Il emploie des paraboles ou des
illustrations, mais Sa pensée est claire. Étant le vrai Messie, il est l’« Époux » et Sa présence
auprès de Ses disciples les empêchait d’être assujettis aux contraintes indiquées au verset 33.

712
Puis un peu plus loin, le Seigneur introduit quelque chose de nouveau. En Lui, la grâce de
Dieu commence à rayonner, et comme un morceau de drap neuf, on ne pouvait pas s’en servir
comme d’une pièce à mettre au vieil habit de la loi. Le tissu neuf imposerait une telle fatigue
au vieux tissu qu’il le déchirerait ; en outre, le neuf et le vieux ne s’accorderaient pas. Ils se
révéleraient tout à fait incompatibles.

Puis, nouvelle illustration : la grâce, par sa force, peut être comparée à l’action du vin
nouveau, tandis que les formes et les ordonnances de la loi ont le caractère rigide de vieilles
outres. Si l’on essaie d’enfermer le vin nouveau de la grâce dans la vieille outre de la loi, on
peut être sûr d’une catastrophe. Il faut trouver des vases neufs capables de contenir la
puissance nouvelle.

C’est de cette façon remarquable que le Seigneur montre que la grâce de Dieu, qui était venue
en Sa Personne, allait produire ses propres conditions nouvelles et que les « ordonnances
chamelles » instituées en Israël sous la loi n’étaient imposées « que jusqu’au temps du
redressement » (Hébreux 9 : 10). Mais en même temps le Seigneur montre que les hommes,
par tempérament, préfèrent la loi à la grâce — le vieux vin leur convient mieux que le
nouveau. Il y a une raison évidente à cela : le fait même de donner la loi à l’homme suppose
qu’il peut être capable de l’accomplir — tandis que la grâce est offerte sur le fondement
éprouvé que l’homme est une créature irrémédiablement perdue.

6 - Chapitre 6
Au début de ce chapitre, nous voyons les pharisiens et les scribes essayer de restreindre les
actions des disciples, ainsi que la puissance en grâce du Seigneur, aux limites du sabbat juif,
comme ils avaient coutume de l’observer. Cela illustre l’enseignement du Seigneur donné à la
fin du chapitre 5 : en conséquence 1’« outre » du sabbat juif se rompt et la grâce se répand
malgré les pharisiens.

L’expression « le jour du sabbat, second-premier » se rapporte, croyons-nous, à Lévitique 23 :


9-14 et est employée pour nous montrer que la « gerbe tournoyée » avait déjà été offerte, aussi
n’y avait-il rien à objecter à la façon d’agir des disciples, sinon la façon stricte dont eux,
pharisiens, observaient le sabbat. La réponse du Seigneur à leur objection est formée de deux
éléments : d’abord Sa position, ensuite Sa personne.

Sa position est analogue à celle de David lorsqu’il entra dans la maison de Dieu et prit les
pains de proposition. David était le roi oint par Dieu et pourtant rejeté : il n’était pas dans la
pensée de Dieu de laisser Son Oint et ceux qui étaient avec lui avoir faim pour respecter les
menus détails de la loi. Tout le régime d’Israël était désorganisé par le rejet du roi, et ce
n’était pas le moment de centrer son attention sur les points de détail de la loi. De même, ici,
les pharisiens se soucient de minuties tout en rejetant Christ.

Le verset 5 met en relief la Personne de Christ. L’homme, lorsqu’il fut créé, fut fait seigneur
de la création terrestre. Le Fils de l’Homme est Seigneur d’une sphère bien plus vaste. Il n’est
pas lié par le sabbat, le sabbat est à Sa disposition. Qui est donc ce Fils de l’Homme ? C’est ce
que les pharisiens ne savaient pas, mais le Seigneur montre Sa grandeur par ce titre qu’Il
revendique.

713
L’incident se rapportant à l’homme à la main sèche vient ensuite aux versets 6-11. Ici encore
la question du sabbat est soulevée, et les Pharisiens auraient poussé leurs subtiles objections
jusqu’à interdire l’exercice de la miséricorde en ce jour-là. Nous voyons ici, non pas la
revendication de la position du Seigneur, ni de Sa Personne, mais de Sa puissance. Il a le
pouvoir de guérir en grâce, et ce pouvoir Il l’exerce, que les pharisiens le veuillent ou non. Le
Seigneur relève leur défi et, faisant lever l’homme devant eux, Il le guérit à la vue de tous. Les
princes des Philistins avaient essayé de lier les mains de Samson avec « sept cordelettes
fraîches », mais ils l’avaient fait en vain. Les chefs d’Israël essaient ici de faire des cordelettes
avec la loi du sabbat pour en lier les mains pleines de grâce de Jésus, et eux aussi le font en
vain.

N’y réussissant pas, ils sont hors d’eux-mêmes et se mettent à comploter pour faire mourir
Jésus. Face à cette haine croissante, Celui-ci se retire dans la solitude de la communion avec
Dieu. Dans le chapitre précédent, nous L’avons vu se retirer pour prier, au moment où de
grandes foules s’assemblaient autour de Lui et où Il semblait sur le point de connaître le
triomphe. Il fait exactement la même chose lorsque les épais nuages de l’opposition semblent
L’entourer. Dans toutes les circonstances, la prière est la ressource de l’Homme Parfait.

De plus, il est significatif que ce qui a suivi cette nuit de prière fut le choix qu’Il fait des
douze qui allaient être envoyés comme Apôtres. Parmi eux se trouvait Judas Iscariote ;
pourquoi devait-il en faire partie ? Cela reste un mystère pour nous. Quoi qu’il en soit, le
Seigneur l’a choisi, et Son choix était bon. Aucune erreur ne pouvait suivre après cette nuit de
prière.

À partir du verset 17, jusqu’à la fin du chapitre, nous avons l’enseignement que le Seigneur a
donné à Ses disciples, et plus particulièrement à ces douze. Nous pouvons résumer Ses
paroles en disant que le Seigneur instruit Ses disciples quant au caractère qui serait produit
chez eux par la grâce de Dieu qu’Il faisait connaître. Ce discours ressemble beaucoup au
Sermon sur la Montagne de Matthieu 5 à 7, mais il semble que celui-ci ait été fait à un
moment différent. Il n’y a pas de doute que le Seigneur a répété à maintes reprises des choses
très semblables, à des foules différentes.

En cette occasion, le Seigneur s’adresse à Ses disciples eux-mêmes. Dans l’Évangile de


Matthieu, il décrit une certaine classe de gens et dit que le royaume est « à eux ». Ici, Il dit « à
vous est le royaume », identifiant cette classe avec les disciples. Ses disciples sont les
pauvres, ceux qui ont faim, ceux qui pleurent, ceux qui sont haïs et insultés. Une telle
description indique que le Seigneur considère déjà Son rejet comme certain, et les versets
suivants (24-26) montrent qu’Il divise les gens en deux classes. Il y avait ceux qui étaient
identifiés avec Lui-même, partageant Ses souffrances, et ceux qui étaient du monde et en
partageaient les joies éphémères. Sur les premiers Il invoque une bénédiction, sur les seconds
une malédiction. Ceci implique évidemment une profonde antinomie : ceux qui sont affligés
et rejetés sont les bienheureux ; ceux qui sont heureux et populaires sont sous le jugement.
Mais les premiers suivent les traces du Fils de l’Homme et souffrent pour Son nom, tandis que
les autres suivent le sentier des faux prophètes.

Ayant ainsi appelé une bénédiction sur Ses disciples, le Seigneur leur donne des instructions
qui, s’ils les suivent, montreront qu’ils reflètent l’esprit de grâce du Seigneur. En fait, il
n’envoie pas encore Ses disciples, mais Il les instruit en vue de la mission qu’ils auront de Le
représenter et de servir Ses intérêts. Cet esprit de grâce est spécialement marqué dans les
versets 27 à 38. L’amour qui peut se montrer et même faire du bien à un ennemi n’est pas

714
humain, mais vient de Dieu ; alors que n’importe quel homme pécheur peut montrer de
l’amour à qui lui en montre. Le disciple de Jésus se reconnaît parce qu’il aime, il bénit, il
donne. D’autre part, il ne faut pas qu’il juge et condamne. Cela ne veut pas dire qu’un disciple
ne doit pas exercer ses facultés pour juger sainement et agir avec discernement, mais au
contraire, qu’il ne doit pas être caractérisé par un esprit de critique prompt à imputer aux
autres de mauvais motifs et ainsi à les juger.

Ces enseignements convenaient parfaitement à ceux qui étaient appelés à suivre Christ
pendant Son séjour sur la terre. L’essence de ces enseignements s’applique également à ceux
qui sont appelés à Le suivre pendant Son absence dans les cieux. C’est maintenant le jour de
la grâce, pendant lequel l’évangile de la grâce est prêché, et c’est pourquoi il est de la plus
grande importance que nous soyons marqués par l’esprit de grâce. Hélas, comme notre
conduite a souvent démenti la cause avec laquelle nous sommes identifiés ! L’effet de mainte
prédication pleine de grâce peut être totalement annulé s’il y a manque de grâce dans la
conduite du prédicateur ou de ses amis. C’est en manifestant de l’amour que nous montrons
que nous sommes les vrais enfants de Dieu — du Dieu qui est « bon envers les ingrats et les
méchants ».

Il n’est pas facile de discerner l’enchaînement de l’enseignement contenu dans les versets 39 à
49, mais il s’y trouve assurément. Ces disciples allaient avant longtemps, être envoyés comme
Apôtres, aussi devaient-ils être eux-mêmes des personnes capables de voir. Pour être capables
de voir, ils devaient être enseignés ; et pour cela, ils avaient à prendre la place d’humilité aux
pieds de leur Maître. Ils n’étaient pas au-dessus de Lui : Lui était au-dessus d’eux et le but
placé devant eux était de Lui ressembler. Il était la perfection et, une fois leur « temps
d’études » terminé, ils Lui seraient semblables.

Pour qu’il en soit ainsi, il faut cultiver un esprit de jugement de soi-même. Notre tendance
naturelle est de juger les autres et d’en remarquer les plus petits fétus. Si nous nous jugeons
nous-mêmes, il se peut que nous nous découvrions de vraies poutres. Et si nous nous jugeons
honnêtement nous-mêmes, nous pourrons peut-être alors aider les autres.

À partir du verset 43, est examinée la profession extérieure de disciple. En parlant ainsi, il se
peut que le Seigneur ait eu particulièrement en vue quelqu’un comme Judas. Parmi ceux qui
prenaient la place de disciples, il se trouverait peut-être un « homme mauvais », aussi bien
qu’un « homme bon ». Ceux-ci seront discernés par leurs fruits, vus à la fois dans leurs
paroles et leurs actions. La nature se révèle par les fruits. Il ne nous est pas possible de
pénétrer les secrets de la nature soit dans un arbre, soit chez un homme. Mais nous pouvons
reconnaître la nature — sans difficulté et sans erreur — d’après les fruits.

Cela conduit à prendre conscience que la simple profession ne compte pour rien. Les hommes
peuvent, à maintes reprises, appeler Jésus leur Seigneur, mais si l’obéissance à Sa Parole est
absente, le Seigneur ne les reconnaît pas comme disciples. Le seul fondement qui ne puisse
être ébranlé par les épreuves est celui qui est établi sur l’obéissance. Écouter simplement la
Parole sans lui obéir peut ériger un édifice qui ressemble à la chose réelle ; mais au jour de
l’épreuve, ce sera le désastre.

Plaçons-nous tous sous la puissance pénétrante de cette parole. Le croyant le plus sincère a
besoin de se tenir devant elle et aucun de nous ne peut y échapper. Ceci s’applique à la sphère
complète de la vérité. Rien ne nous appartient réellement et pleinement jusqu’à ce que nous
nous soumettions avec l’obéissance de la foi — non seulement l’acquiescement de la foi, mais

715
l’OBÉISSANCE de la foi. Alors — et seulement alors — nous serons établis dans la vérité,
de telle sorte que nous serons « fondés sur le roc ».

Ces paroles de notre Seigneur nous dévoilent, sans aucun doute, le secret de mainte chute
tragique de vrais croyants dans leur témoignage ; comme aussi la chute et l’abandon de la
profession de disciple de la part de ceux qui s’y sont engagés sans réalité.

La réalité est ce que — par-dessus toutes choses — le Seigneur demande.

7 - Chapitre 7
Luc vient de relater que le Seigneur a choisi Ses douze Apôtres, puis qu’Il leur a donné des
enseignements qui concernaient spécialement l’esprit de grâce et la réalité qui devaient les
caractériser. Nous constatons qu’Il ne les envoie pas immédiatement en mission, mais qu’Il
les retient auprès de Lui afin qu’ils continuent à apprendre de Lui, et par Ses paroles et par
Ses actes. L’envoi des disciples n’a pas lieu avant le début du chapitre neuf.

Nous avons déjà remarqué comment cet Évangile se caractérise par le déploiement de la
grâce. Ce chapitre poursuit le sujet en montrant d’une manière saisissante jusqu’où elle se
déploie. La bénédiction va atteindre les Gentils, les morts, les dépravés. De plus, la manière
dont on reçoit la grâce est clairement révélée : c’est par la repentance et par la foi.

Le premier cas rapporté est celui du Gentil. En envoyant les anciens des Juifs intercéder pour
lui, le centurion montre qu’il accepte sa place parmi ceux qui étaient « sans droit de cité en
Israël et étrangers aux alliances de la promesse » (Éph. 2:12). Les anciens, fidèles à
l’enseignement reçu de la loi auraient absolument annulé la grâce en présentant le centurion
comme étant « digne ». Son mérite, d’après eux, résidait en ce qu’il montrait de la bonté —
par son attitude et par ses actions — envers le peuple juif. C’était tout à fait typique de l’esprit
juif. Au lieu de voir comment leur propre loi les condamnait, ils la considéraient comme un
honneur qui leur était conféré, ils étaient pleins d’eux-mêmes, ils faisaient d’eux-mêmes et de
la manière dont on les traitait, la mesure d’après laquelle ils jugeaient les autres. À leur
estimation, ce Gentil était un homme «  digne ».

Cependant, le centurion lui-même n’avait pas d’illusion sur ce point-là. Il confesse qu’il n’est
pas digne et manifeste ainsi un esprit de repentance. En même temps il montre une foi
remarquable en la grâce et en la puissance du Seigneur. Il occupait un rang subalterne dans la
hiérarchie militaire de Rome, pourtant son pouvoir était absolu dans son cercle restreint. Il
discerne dans le Seigneur Quelqu’un qui détenait l’autorité dans un domaine autrement plus
vaste, et il a confiance qu’une parole du Seigneur opérerait le résultat souhaité. Nous devrions
tenir le même langage. Il suffit que le Seigneur « dise une parole », il ne nous faut rien de
plus. La foi qui prend tout simplement Dieu au mot, sans qu’il soit besoin de raisonnements,
de sentiments, ou d’expériences, est une « grande foi » selon notre Seigneur. Nous voyons, de
plus, comment la foi et la repentance sont intimement liées. Elles vont de pair.

Du cas du centurion nous passons à celui du mort que l’on portait à sa tombe. Ici la foi n’est
pas du tout visible : les compassions et l’activité du Seigneur remplissent la scène. La grâce et
l’autorité se déploient d’une façon égale et harmonieuse. La compassion divine brille dans ces
paroles : « Ne pleure pas », que le Seigneur adresse à la mère affligée. Son autorité se
716
manifeste en ce que, dès qu’Il touche la bière, tout le cortège funèbre s’arrête. Puis Sa parole
de puissance ramène le jeune homme à la vie.

Ici, nous avons Quelqu’un qui parle, et les morts Lui obéissent. « Je te dis, lève-toi ». Qui est
ce « Je » ? Nous pouvons bien nous poser cette question. Les gens manifestement se la sont
posée et ont conclu que Dieu avait suscité un grand prophète parmi eux. Les nouvelles de ces
faits se répandent et arrivent jusqu’à Jean-Baptiste dans sa prison. Or en ce temps-là, l’esprit
de Jean était obsédé par cette question : qui était-Il après tout ? Aussi l’incident concernant les
messagers de Jean survient-il à propos dans les circonstances du moment.

Les versets 19-35 semblent être une sorte de parenthèse : ils nous montrent que le
déploiement de la puissance exercée en grâce — et non pas en pompe extérieure — est la
preuve de la présence du Messie. Il est permis aux messagers de Jean d’être témoins
d’abondantes preuves de ce pouvoir en grâce. Ils Le voient faire ce que Ésaïe 61:1 avait
prédit. C’était une preuve suffisante pour montrer qui était Jésus.

Puis, se tournant vers les foules, une fois les messagers de Jean partis, Jésus fait remarquer
que Jean lui-même, Son précurseur, n’avait pas été un personnage insignifiant et n’était pas
venu non plus dans la pompe et l’opulence. Sa mission tout entière avait été en parfaite
harmonie avec le caractère de Celui qu’il annonçait, qui était infiniment grand et pourtant
venu en humilité et en grâce. Jésus appelle Jean un prophète, si grand qu’il n’y en eut jamais
de plus grand. Immédiatement, cela montre à l’évidence que lorsque la foule parle de Christ
Lui-même comme d’un « grand prophète », ils restent bien en-dessous de la vérité Le
concernant.

En ce qui concerne Jean, quoiqu’il fût si grand, le moindre dans le royaume de Dieu à venir
serait plus grand que lui — non pas moralement, mais dans la position qui serait sienne.
Moralement, Jean était très grand en vérité, et son témoignage était d’une telle importance que
la destinée des hommes se trouvait fixée par leur attitude envers lui. Les publicains et les
pécheurs l’acceptent, et ainsi justifiant Dieu, sont finalement conduits à Christ. Les pharisiens
et les docteurs de la loi le rejettent, puis le moment arrive où ils rejettent Christ. Ce verset 28
ne peut se comprendre que lorsque nous faisons la distinction entre cette grandeur morale qui
dépend du caractère d’un homme et la grandeur qui provient de la position à laquelle Dieu
peut se plaire à nous appeler et qui varie suivant les dispensations.

Le Seigneur donne ensuite dans une courte et remarquable parabole le caractère de la


génération incrédule qui L’entoure. Ces gens ressemblent à des enfants irritables à qui rien ne
convient : ils n’acceptent ni ce qui est plaisant ni ce qui est grave. De la même manière, les
Juifs ne veulent pas s’incliner devant le témoignage incisif de Jean, ni se réjouir dans le
ministère de grâce de Jésus. Ils accusent l’un d’être possédé par un démon, et blâment l’autre
à tort. Malgré tout, il y a ceux qui perçoivent la sagesse divine de ces deux témoignages,
ceux-là sont les vrais enfants de la sagesse.

Tout ceci est illustré d’une manière remarquable dans l’incident qui clôt ce chapitre. Simon, le
pharisien, faisait partie des gens qui critiquaient, que rien ne contentait, bien qu’il invite Jésus
à un repas chez lui. La pauvre femme de la ville faisait partie de ceux qui rendaient justice à
Jésus, et de ce fait, elle montre qu’elle est une vraie enfant de la sagesse, aussi elle-même est
justifiée.

717
La douleur et la contrition de cette femme ne touchent pas l’orgueilleux pharisien. Content de
lui-même, il critique secrètement Jésus, Lui attribuant les sentiments qu’il aurait envers une
telle personne. En conséquence, il est sûr que Jésus n’est pas du tout un prophète. Le verset 16
nous a montré qu’au moins les gens du commun pensaient que Jésus était un prophète, même
un grand prophète. Simon n’en est pas là. Eux percevaient une lueur, lui était complètement
aveugle, car une religion fausse est la chose la plus aveuglante qui soit sur terre. Cependant le
Seigneur va donner rapidement à Simon un exemple du grand pouvoir de prophétie qu’Il
possède.

Simon ne fait que « dire en lui-même ». Il pensait que Jésus n’avait aucun discernement quant
à cette femme. En lui exposant la parabole des deux débiteurs, le Seigneur lui montre
immédiatement qu’Il connaissait son hypocrisie et lisait ses pensées secrètes. Un des débiteurs
avait des dettes dix fois plus grandes que l’autre ; pourtant, puisqu’aucun d’eux n’a de quoi
payer, tous deux sont également en faillite. Et le créancier les traite de la même manière : la
grâce remet ses dettes à chacun. Le but de cette parabole est de faire comprendre à Simon que,
quoique ses péchés soient peut-être moins nombreux que ceux de la femme, lui aussi est
complètement insolvable et a besoin de la grâce qui pardonne et remet les dettes, tout comme
elle.

Or habituellement les débiteurs n’aiment pas leurs créanciers, pourtant un sentiment de la


grâce qui pardonne provoque bien l’amour, et même Simon savait porter un jugement juste à
ce propos. Mais alors l’application en est facile. Simon s’était gardé volontairement de
montrer au Seigneur les attentions les plus élémentaires que demandaient les coutumes de
l’époque. Ni l’eau pour les pieds, ni le baiser de bienvenue, ni l’huile pour la tête n’avaient été
offerts. Simon avait reçu le Seigneur d’une manière qui équivalait à un affront ; mais la
pauvre femme avait suppléé en abondance à tout ce qui manquait. Simon n’avait aucun
sentiment de culpabilité, et pas d’amour pour Celui qui venait dans la grâce du pardon ; la
femme, elle, ressentait une repentance réelle et profonde, ajoutée à la foi en Jésus et à un
amour fervent pour Lui.

Ainsi voyons-nous comment la grâce se répand envers les dépravés, et de nouveau comment
la repentance et la foi vont de pair : elles sont comme les deux côtés d’une même pièce de
monnaie. La grâce qui jaillit vers cette femme est d’autant plus saisissante en ce qu’elle
l’atteint d’une manière purement spirituelle. Celle-ci n’était pas venue avec des maux et des
misères physiques à guérir ; ses maux étaient spirituels ! son fardeau était celui de ses péchés.
La grâce lui accorde le pardon en abondance — c’est ce que le Seigneur dit clairement à
Simon.

Mais le Seigneur ne parle pas au pharisien seul du pardon qu’Il accorde à la femme, Il le lui
annonce personnellement à elle. Quel baume pour son esprit lassé ont dû être ces quatre
mots : « Tes péchés sont pardonnés » ! Les saints de l’ancienne économie apportaient le
sacrifice approprié pour chaque délit ou pour chaque péché et savaient alors que ce péché
particulier était pardonné ; ils ne connaissaient guère une absolution aussi complète que celle
que les paroles de Jésus donnèrent à cette femme. Ceux qui étaient là pouvaient bien
demander : « Qui est celui-ci qui même pardonne les péchés ? » Dieu, dans la plénitude de la
grâce, était présent dans le Sauveur abaissé.

Non seulement Jésus pardonne à la femme, mais Il lui donne l’assurance du salut et de plus
déclare que sa foi en a été le moyen. S’il n’y avait pas eu cette parole, elle aurait pu croire que
son chagrin ou ses larmes lui avaient procuré le salut. Mais non : c’est la foi qui établit le

718
contact absolument nécessaire avec le Sauveur qui apporte le salut. Elle peut vraiment aller
« en paix », car elle n’a pas simplement reçu le pardon — qui couvrait tout son passé — mais
le salut — ce qui signifiait délivrance du mal qui l’avait asservie.

C’est cela que la grâce accomplit.

8 - Chapitre 8
Les premiers versets de ce chapitre présentent la manière minutieuse et méthodique dont le
Seigneur Jésus évangélisait les villes et les villages. Il annonçait le Royaume de Dieu, ce qui
implique que, par le jugement, l’autorité de Dieu est établie et le salut de l’homme assuré. Le
temps n’était pas encore venu pour que soit prêché l’Évangile de 1 Cor. 15:1-4, bien que,
maintenant que nous avons cet Évangile, nous puissions encore prêcher le Royaume de Dieu
dans sa forme actuelle. Les douze étaient avec le Seigneur, recevant l’instruction sous Son
regard. Les autres évangiles nous présentent cela, mais Luc seul nous parle de ces quelques
femmes que la puissance du Seigneur avait délivrées, et qui Le suivaient et L’assistaient de
leurs biens. Ces détails sont introduits fort à propos après le récit du salut apporté à la femme
pécheresse de la ville.

Dans les versets 4 à 15, nous avons la parabole du semeur et son interprétation. Celle-ci nous
fait connaître le moyen par lequel la grâce divine produit ses résultats salutaires : la Parole de
Dieu. Le fruit dont parle la parabole n’est pas quelque chose de naturel à l’homme : il n’est
produit que par la Parole, lorsque cette Parole est reçue dans des cœurs préparés. Dans notre
état naturel, nos cœurs présentent le même caractère d’insensibilité qu’un bord de chemin
durci, ou bien ils sont superficiels, sans conviction, ou encore préoccupés par les soucis ou les
plaisirs. Le cœur préparé comme la bonne terre est celui qui a été éveillé et exercé par le Saint
Esprit de Dieu. Lorsque le cœur est ainsi rendu « honnête », la Parole est retenue
précieusement, enfin du fruit est produit.

Le verset 16 ajoute ceci : en même temps que du fruit, la lumière est produite lorsque la
Parole est reçue sincèrement. Toute conversion réelle est une nouvelle lampe allumée dans ce
monde de ténèbres. Or, tout comme les soucis, les richesses, les plaisirs étouffent la Parole, de
même un « vase » — qui parle de travail et de labeur quotidien — ou un « lit » — qui parle de
confort peuvent cacher la lampe qui a été allumée. Toute lampe qui s’allume lorsque la Parole
est reçue, doit être placée bien en évidence pour que d’autres en profitent. Prenons-en tous
nettement conscience car, en fait, si la lumière est vraiment là, on ne peut pas la cacher
complètement, comme le montre le verset 17. Si, année après année, rien ne se manifeste, une
seule conclusion s’impose : il n’y a rien à manifester.

Toutes ces réflexions nous montrent en conclusion combien il nous est nécessaire d’entendre
la Parole correctement. Donc, la manière dont nous entendons est de toute importance. Ce que
nous entendons est d’égale importance, et ceci est mis en relief en Marc 4:24. Si nous
n’entendons pas correctement, nous perdons cela même que nous paraissons avoir possédé.
C’est ce qu’énonce le verset 18, et l’illustration en est donnée ci-dessus, dans le cas des
auditeurs dont le cœur est semblable au bord du chemin, au terrain pierreux ou au terrain plein
d’épines.

719
Les versets 19 à 21 ajoutent quelque chose de remarquable : si la parole est reçue
correctement, elle met celui qui la reçoit en relation avec Christ Lui-même. Le Seigneur
indique clairement ici que la relation qu’Il allait reconnaître n’était pas fondée sur la chair et
le sang, mais sur des réalités spirituelles : sur l’écoute et la mise en pratique de la Parole.
Cette pensée est développée dans les épîtres : par Paul qui parle de « l’ouïe de la foi »
(Galates 3:2 ; Romains 10:8-17), par Jacques qui parle des œuvres de foi, car « la foi sans les
œuvres est morte » (Jacq. 2:20). Si nous nous référons à Matthieu et à Marc, nous arriverons
probablement à la conclusion que l’incident concernant la mère et les frères du Seigneur ne se
place pas exactement à ce moment-là, mais une fois de plus, Luc se conforme à un ordre
moral plutôt qu’historique. La Parole reçue par la foi produit du fruit pour Dieu, de la lumière
pour les hommes, et elle introduit dans une vraie relation avec Christ Lui-même. Il y a un
enchaînement moral dans ces choses.

Avec les versets 22 à 25, nous arrivons maintenant à la tempête sur le lac, qui fut apaisée
d’une manière si miraculeuse. Ici encore, il nous semble voir un enchaînement moral. Le
Seigneur venait de faire remarquer que la relation qu’Il reconnaissait avait un fondement
spirituel, et c’étaient les disciples qui y étaient entrés. Il leur faut maintenant se rendre compte
que la relation avec le Seigneur signifie opposition et tribulation de la part du monde. La
puissance du vent soulève l’eau du lac en vagues tempétueuses, tout comme Satan, « le chef
de l’autorité de l’air », excite les hommes et les nations à se dresser violemment contre Christ
et tous ceux qui sont liés à Lui. Les disciples ont affronté cette tempête-là à cause de leur
identification avec le Seigneur.

Cela fut, sur le moment, une expérience terrifiante, mais qui, plus tard, a dû leur apporter un
grand encouragement. Car ce fut aussi pour le Seigneur l’occasion de manifester l’autorité
absolue qu’Il avait sur les vents et la mer, et sur la puissance qui est derrière. En cette heure la
foi des disciples est petite. Ils songent à leur propre sécurité et ne comprennent guère encore
qui Il est. Lorsque, plus tard, ils reçurent l’Esprit et saisirent pleinement toutes choses, ils
durent s’étonner de leur manque d’intelligence, de s’être si peu rendu compte de la majesté de
l’action du Seigneur. Si seulement ils s’en étaient rendu compte, leurs cœurs se seraient
calmés, en même temps que les eaux du lac.

Sur le lac, le Seigneur a triomphé de la puissance de Satan qui agissait sur les éléments ;
arrivé dans le pays des Gadaréniens, le Seigneur se trouve en présence de la même puissance,
mais exercée sur l’homme d’une façon beaucoup plus directe, par le moyen de démons. Il faut
s’attendre à ce qu’ils résistent, mais la puissance de la parole du Seigneur est suprême.
L’homme que nous rencontrons ici présente un cas extrême de possession démoniaque. Il était
dans cet état « depuis longtemps » ; il était doué ainsi d’une force surhumaine, si bien
qu’aucune entrave ordinaire ne pouvait le maîtriser ; il était emporté dans les déserts et dans le
lieu de la mort : les sépulcres. De plus, cet homme était sous l’esclavage non pas d’un seul
démon, mais de beaucoup. Pour une raison ou une autre, il était devenu pareil à une forteresse
que toute une légion de démons gardait énergiquement pour Satan. Aussi, lorsque Jésus le
rencontre, il y a, en fait, épreuve de force.

Le cri de l’homme possédé par les démons, par lequel il reconnaît que Jésus est « Fils du Dieu
Très-haut » offre un contraste remarquable avec l’exclamation des disciples : « Qui donc est
celui-ci ? » Les démons n’avaient aucun doute quant à la personne de Jésus et ils savaient
qu’ils avaient rencontré leur Maître suprême, qui aurait pu, d’une seule parole, les chasser
dans « l’abîme ». Au lieu de cela, Il leur permet d’entrer dans les pourceaux. Cela signifie
délivrance pour l’homme, mais catastrophe pour les pourceaux. Soit dit en passant, cela a dû

720
être une humiliation pour les démons que de quitter un corps d’homme pour aller habiter des
pourceaux, mais ce ne fut pas pour longtemps : quelques instants plus tard, les pourceaux
mouraient étouffés dans le lac. À peine une heure auparavant, Satan aurait bien aimé engloutir
le Maître et Ses disciples ; en fait, ce sont les pourceaux dont il avait pris possession par ses
représentants, les démons, qui ont été noyés.

Tout comme le vent et les flots avaient obéi à la parole du Seigneur, les démons eux aussi ont
dû obéir. L’homme est complètement délivré et tout son être en est changé. Dans les mots
employés : « assis, vêtu et dans son bon sens, aux pieds de Jésus », nous pouvons voir une
belle image de ce que la grâce accomplit aujourd’hui pour les hommes qui ont été tenus
captifs sous la puissance de Satan. Nous pouvons également voir chez cet homme délivré
autre chose qui nous est applicable aujourd’hui. À nous non plus, il n’est pas encore permis
d’être avec notre Libérateur : il nous faut retourner vers nos amis et leur montrer le travail qui
a été accompli en nous. Plus le changement opéré a été complet, comme dans le cas de cet
homme, plus un tel témoignage aura de l’effet.

Pourtant le témoignage est perdu pour les Gadaréniens, qui ont perdu leurs pourceaux. Des
pourceaux, ils en faisaient grand cas ; de la grâce, aucun, c’est pourquoi ils refusent le
Libérateur. Jésus se rend à leur requête et s’en retourne à l’autre rive du lac pour y poursuivre
Son œuvre de grâce.

Les disciples avaient été témoins du triomphe de leur Seigneur sur l’opposition rencontrée et
sur le lac et dans le pays des Gadaréniens ; ils allaient maintenant voir d’autres triomphes sur
la rive de Capernaüm. Le monde des démons avait reconnu la puissance du Seigneur, comme
l’avaient fait les éléments naturels ; maintenant la maladie et la mort vont céder devant Lui. Il
est digne de remarque que la première personne à s’approcher du Seigneur n’allait pas être la
première à recevoir la bénédiction.

Jaïrus était un fils représentatif d’Israël ; la mort étendait son ombre sur sa maison, et il fait
appel au Seigneur, qui accueille aussitôt sa demande. En route vers la maison de Jaïrus, Jésus
est arrêté au passage par cette femme — dont le nom ne nous est pas donné — qui souffre
d’une maladie incurable. Avec foi, elle touche le bord de son vêtement et reçoit une guérison
instantanée. Quoiqu’elle soit venue après Jaïrus et que sa manière d’agir ait été insolite, elle
est la première à faire l’expérience de la grâce du Seigneur en délivrance. Nous pouvons saisir
ici une analogie avec les voies actuelles de Dieu. Alors qu’Il est encore en chemin pour
redonner vie et bénédiction à la « fille d’Israël », d’autres — parmi ceux-ci, surtout des
Gentils — s’approchent par la foi et reçoivent la bénédiction.

Elle ne fait que toucher, et toucher que le bord du vêtement du Seigneur, cependant la
bénédiction est accordée à cette femme, en plénitude : illustration du fait que la mesure de
notre foi ne détermine pas la mesure de bénédiction accordée par la grâce — car la femme est
complètement guérie. Nous comprenons aussi qu’en soi, toucher le Seigneur n’apportait rien,
car les remontrances de Pierre prouvent que, pour diverses raisons, plusieurs L’avaient
touché. Seul a compté un contact où intervenait la foi. En d’autres termes, la foi était la chose
absolument essentielle, et cela, nous pouvons le connaître aujourd’hui, bien que seulement
d’une manière spirituelle et non matérielle.

Par Ses questions, Jésus amène la femme à la confession. En accord avec l’esprit de
l’Évangile, il fallait que la foi de son cœur soit suivie par la confession des lèvres, et cela lui
ouvre la bénédiction, car le Seigneur lui dit : « ta foi t’a guérie ; va-t’en en paix ». S’il n’y

721
avait pas eu ces paroles, son esprit aurait pu être envahi par la crainte d’une récidive de son
mal. Sa foi, exprimée par son geste, amena la guérison ; mais sa confession reçut une réponse
de paix, qui donna pleine assurance à son esprit. Combien aujourd’hui manquent peut-être de
la pleine assurance du salut parce qu’ils ont manqué de courage pour confesser clairement le
Nom du Seigneur !

À ce moment-là arrive la nouvelle de la mort de la jeune fille, et cela va offrir une nouvelle
occasion pour que soit mise en relief l’importance de la foi. Pour les hommes, la mort chasse
tout espoir ; cependant Jésus dit : « Ne crains pas, crois seulement ». Pour les parents et les
amis de la jeune fille, elle était morte, mais pour le Seigneur, elle dormait seulement ;
pourtant, l’incrédulité même de ceux qui se lamentent nous permet de comprendre que la
jeune fille était bien morte, comme nous disons. Les incrédules moqueurs sont tous mis
dehors, et seuls quelques-uns qui croient sont témoins de l’œuvre de puissance du Seigneur. À
Sa parole, l’esprit de la jeune fille retourne en elle et elle est rappelée à la vie.

La recommandation « de ne dire à personne ce qui était arrivé » était entièrement contraire à
toute idée humaine. Les hommes aiment la notoriété, le Seigneur, non. Le Seigneur travaillait
à faire connaître Dieu, et seule la foi comprenait Ses œuvres et en était fortifiée.

9 - Chapitre 9
Les disciples ont maintenant eu toute occasion de mieux connaître l’esprit du Maître, sa
manière de faire, sa puissance. Aussi sont-ils envoyés prêcher, et les versets 1 à 6 nous disent
de quelle façon leur mission leur est confiée. « Et ayant assemblé les douze, Il leur donna… Il
les envoya… Il leur dit… ».

L’ordre dans lequel apparaissent ces quatre verbes est très instructif. C’est le Seigneur qui
choisit, non pas nous. Ensuite non seulement Il rassemble, mais Il donne aussi l’autorité et la
puissance que requiert le service auquel Il appelle. Il n’envoie qu’après avoir donné la
puissance. Alors, en envoyant, Il donne les instructions particulières qui doivent diriger et
guider les disciples dans leur service. Les instructions qu’Il leur donna convenaient
exactement à des hommes envoyés pour appuyer le témoignage rendu par le Messie, le Fils de
l’Homme, présent en personne sur la terre.

Le témoignage que nous sommes appelés à rendre aujourd’hui ne concerne pas le Messie,
mais plutôt le Christ ressuscité et glorifié dans les cieux ; toujours est-il que tout service que
nous pouvons accomplir est soumis exactement aux mêmes conditions. Il faut que le Maître
appelle et envoie. S’Il appelle l’un quelconque d’entre nous, Il donnera la puissance et la
grâce nécessaires au travail ; et lorsque nous sommes envoyés, il nous faut, nous aussi, faire
attention à observer les instructions qu’Il nous a laissées.

Les disciples s’en vont soutenus par la puissance de leur Seigneur, et le témoignage se
multipliant ainsi, même un monarque incrédule comme Hérode a son attention portée vers le
Seigneur. La grande question est : « Qui est celui-ci ? » Les foules la posent et se livrent à des
conjectures. Hérode la pose, l’esprit tourmenté, car il a déjà fait décapiter Jean. Son désir de
voir Jésus fut satisfait, mais non sans doute comme il l’avait pensé (voir ch. 23:8-11).

722
Tous les détails de la mission des disciples sont passés sous silence. Le verset 10 relate qu’ils
sont de retour et qu’ils racontent à leur Maître tout ce qu’ils ont fait ; puis Il les prend avec
Lui à l’écart. Il en sera ainsi de nous tous lorsque nous irons à Sa rencontre à Sa venue. Cela
veut dire que nous serons manifestés devant son tribunal, et ce sera dans l’intimité et le repos
de Sa présence.

En cette occasion-là, le Seigneur connaît très peu de repos. Quoique l’endroit fût désert, les
foules Le suivent et Il ne renvoie personne. Il les reçoit, leur parle du royaume de Dieu, les
guérit et lorsque le soir approche et qu’ils ont faim, Il les nourrit.

Les disciples nous ressemblent : ils avaient beaucoup à apprendre. Bien qu’ils aient été
envoyés comme messagers du Seigneur, ils connaissaient mal Sa puissance et la pleine
suffisance de Ses ressources ; aussi jugent-ils de cette situation difficile à la lumière de leur
puissance et de leurs ressources personnelles, au lieu de voir toute chose en fonction de Lui.
Lorsqu’Il leur dit : « Vous, donnez-leur à manger », les disciples pensent aux pains et aux
poissons qu’ils ont — si petits, hélas, et en si petite quantité. Ils auraient pu dire : « Seigneur,
c’est à Toi que nous regardons : nous leur donnerons avec joie tout ce que Toi tu nous
donnes ».

Comme facilement nous savons trouver ce qu’ils auraient pu dire, et en même temps nous
montrer aussi inconséquents qu’eux ! Il nous faut apprendre que si le Seigneur commande, Il
donne les capacités. C’est bien ce qu’Il fait en cette occasion-là, et le Seigneur emploie ses
disciples à distribuer Ses richesses. Ils apprennent ainsi toute l’abondance de Ses ressources.

Avant de multiplier les pains et les poissons, Jésus regarde vers le ciel, associant ainsi
publiquement Dieu à ce qu’Il fait. Au verset 18, nous Le retrouvons priant à l’écart, exprimant
ainsi la place de dépendance qu’Il a prise dans Son humanité. La grâce était la grâce de Dieu,
quoique se répandant par Lui vers les hommes.

Après avoir ainsi fait entrevoir Sa perfection à Ses disciples, le Seigneur les avertit de Son
rejet prochain et de ce qui en résultera pour eux-mêmes. Les foules ignoraient encore
complètement qui Il était, mais Pierre — et certainement les autres disciples aussi — savait
qu’Il était le Christ de Dieu, le Messie. À cette confession de Pierre, le Seigneur répond en
défendant d’en rien dire à personne. Cet ordre a dû beaucoup les surprendre, puisque
jusqu’alors l’heureuse nouvelle qu’ils avaient trouvé le Messie avait été le point principal de
leur témoignage. Pourtant, le moment était maintenant arrivé pour que les disciples sachent
que ce qui était devant le Seigneur n’était pas la gloire terrestre du Messie, mais la mort et la
résurrection. En leur annonçant cette nouvelle, le Seigneur parle de Lui-même comme du Fils
de l’Homme — titre à la portée plus vaste. Le Messie doit régner sur Israël et les nations selon
le psaume 2 ; le Fils de l’Homme doit avoir toutes choses sous Ses pieds selon le psaume 8.

En parlant de Lui-même de cette manière, le Seigneur commençait à orienter leurs pensées


vers l’évolution prochaine des événements, sans révéler cependant encore ce que serait cette
évolution. Toutefois Il leur donne à entendre très clairement que si la mort était devant Lui,
elle serait aussi devant eux. C’est certainement le sens des paroles : « qu’il se renonce soi-
même et qu’il prenne sa croix chaque jour ». Se renoncer soi-même, c’est accepter la mort
dans son être intérieur, la mort appliquée aux mouvements de sa propre volonté. Prendre sa
croix chaque jour c’est, dans son comportement extérieur, accepter la mort, car si on voyait un
homme porter sa croix, on savait qu’il se trouvait sous une sentence de mort.

723
Les versets 24 à 26 développent cette pensée. Il s’agit de la vie telle que le monde la conçoit,
faite de toutes les choses qui s’adressent aux goûts naturels de l’homme. Si nous cherchons à
sauver cette vie, nous ne faisons que la perdre. Le chemin pour le disciple est de perdre cette
vie pour l’amour de Christ, et ainsi de sauver la vie au sens vrai, celle qui est vraiment la vie.
L’homme du monde saisit avidement la vie de ce monde et pour finir, se perd lui-même — et
cela est une perte irréparable et éternelle. Le disciple qui perd la vie de ce monde n’est pas
perdant, en fin de compte. Le verset 26 ne parle que de celui qui a honte. Cependant la
réciproque est vraie. Celui qui n’a pas honte sera reconnu par le Fils de l’Homme au jour de
Sa gloire.

Le Seigneur savait que ces paroles qu’Il prononçait allaient tomber comme un soufflet sur
l’esprit des disciples, aussi les fait-Il suivre immédiatement d’un précieux encouragement,
non pas tant par des mots qu’en leur permettant de voir Sa gloire. Cela est accordé, non pas à
tous, mais aux trois disciples privilégiés, et ceux-ci purent en faire part aux autres. Dans la
transfiguration, ils ont vu le royaume de Dieu, puisque pendant ces brefs instants ils furent
« témoins oculaires de Sa majesté » (2 Pierre 1:16). L’expression employée par le Seigneur :
« goûter la mort » est digne de remarque. Cela comprendrait non seulement le fait de mourir
réellement, mais aussi l’expérience spirituelle qu’Il avait indiquée au verset 23. Il en est de
même pour nous dans le principe. Ce n’est que lorsque nous voyons le royaume par la foi que
nous sommes prêts à goûter la mort de cette manière expérimentale.

Une fois de plus, nous trouvons le Seigneur en prière, et c’est Luc seul qui rapporte que la
transfiguration eut lieu tandis qu’Il priait. Il est remarquable que ce soit l’Homme dépendant
et pieux qui resplendisse en gloire comme Roi. Longtemps auparavant David avait dit :
« Celui qui domine parmi les hommes sera juste, dominant en la crainte de Dieu » (2 Sam.
23:3). Nous voyons ici Celui qui prendra le royaume et le gardera pour Dieu, dominer comme
l’Homme dépendant. Tous les éléments du royaume à venir étaient là en figure. Le Roi lui-
même est manifesté comme le centre. Moïse et Élie apparaissent venant du monde céleste,
invisible, représentant les saints célestes qui paraîtront avec le Roi lorsque Celui-ci sera
manifesté : Moïse représentant les saints qui auront été ressuscités d’entre les morts, et Élie
ceux qui seront enlevés au ciel sans connaître la mort. Puis Pierre, Jacques et Jean
représentent les saints qui seront sur la terre, bénis dans la lumière de Sa gloire.

Alors que les disciples étaient accablés de sommeil, les saints célestes s’entretiennent avec
leur Seigneur de Sa mort prochaine, qui assurera le fondement sur lequel doit reposer la
gloire. Luc en parle comme de Son « départ » ou « sortie » (exode), car cela signifiait que le
Seigneur allait sortir de l’ordre terrestre dans lequel Il était entré, puis qu’Il entrerait, par la
résurrection d’entre les morts, dans le monde où se trouvaient Moïse et Élie. Quand les
disciples se réveillent enfin, la seule pensée de Pierre est de perpétuer cet ordre terrestre et d’y
garder son Maître. Il y aurait aussi retenu Moïse et Élie, s’il lui avait été accordé de faire ses
trois tentes. Il ne comprenait pas encore la réalité de l’ordre céleste des choses déployé devant
ses yeux, et n’avait pas encore la juste perception de la gloire suprême de Jésus.

En conséquence, à ce moment précis vint la nuée — évidemment la nuée bien connue de la


présence divine — qui les couvrit de sa splendeur et les réduisit au silence par la peur. Alors
la voix du Père proclame la gloire suprême de Jésus et Le désigne comme étant la seule et
unique personne que tous doivent écouter. Un Moïse, un Élie, ne peuvent être associés à Lui
un seul instant. En vérité, Jésus doit « se trouver seul ». Quoique, à ce moment-là, Pierre n’ait
pas compris le sens profond de tout cela, et en conséquence n’ait rien rapporté à personne « en
ces jours-là », il le fit plus tard, comme le montre si clairement le passage de sa seconde

724
épître, se rapportant à la transfiguration. C’était une confirmation pour lui, et pour nous aussi,
de la parole prophétique nous donnant la certitude que, si nous attendons le « royaume éternel
de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ » (2 Pierre 1:11), nous ne suivons pas « des fables
ingénieusement imaginées » (1:16) mais nous nous reposons sur une vérité inébranlable.

Quel immense contraste lorsque le jour suivant ils descendent de la montagne ! En haut, tout
avait été gloire — la puissance et la gloire de Christ — avec l’ordre et la paix qui les
accompagnent. En bas, tout était sous le pouvoir de Satan, avec la confusion et le trouble. Les
neuf disciples laissés au pied de la montagne avaient été mis à l’épreuve par le cas de l’enfant
possédé d’un démon particulièrement violent, et ils n’avaient rien pu. Le père bouleversé fait
appel au Seigneur, quoique manifestement sans grand espoir qu’Il puisse rien faire. Jésus agit
aussitôt pour délivrer l’enfant et « tous furent étonnés de la grandeur de Dieu ». La puissance
pleine de majesté qu’Il manifeste au milieu de la confusion qui régnait au pied de la montagne
allait de pair avec la gloire déployée au sommet de la montagne le jour précédent.

Puis une fois de plus, juste après avoir ainsi manifesté Sa puissance, Il parle de Sa mort :
« Gardez bien ces paroles que vous avez entendues ». Quelles paroles ? pouvons-nous
demander, car Luc n’a pas rapporté de paroles particulières prononcées lors de la guérison de
l’enfant possédé par l’esprit immonde. Cette parole se rapporte peut-être à l’entretien sur la
sainte montagne, au sujet de Sa mort. Mais la difficulté pour les disciples était alors qu’ils ne
pouvaient détacher leur esprit de l’espoir d’un royaume terrestre immédiat, pour prendre
conscience que le Seigneur allait mourir. Nous en voyons la triste conséquence au verset 46.

Par nature, nous sommes des êtres présomptueux, nous aimons l’importance et la grandeur
par-dessus tout ; et la chair chez un disciple n’est pas différente de la chair chez un incroyant.
Jésus prend le contre-pied de la pensée de leur cœur : Il place un petit enfant auprès de Lui et
leur enseigne que la vraie grandeur se trouve dans une âme qui s’assimile à un petit enfant, et
qui, vue là comme « le plus petit », y est véritablement au nom de son maître. Recevoir un
enfant sans importance, c’est recevoir le divin Maître, si l’enfant est reçu « en Mon Nom ».
L’importance se trouve dans le Nom, pas dans l’enfant.

De toute évidence, cet épisode a touché la conscience de Jean, si bien qu’il mentionne un cas
qui s’était produit quelque temps auparavant. Ils avaient vu quelqu’un chasser les démons, et
le lui avaient défendu « parce qu’il ne te suit pas avec nous ». Les disciples attachaient
beaucoup trop d’importance au « nous » qui, après tout, ne se compose que d’individus dont
chacun n’a pas d’importance en soi. Toute l’importance, comme le Seigneur venait de le leur
montrer, se trouvait dans le Nom. Or celui qui venait de chasser les démons — la chose même
qu’eux n’avaient pas pu faire — l’avait fait « en Ton Nom ». Aussi avait-il la puissance du
nom et eux la prétendue importance du « nous ». Le Seigneur s’occupe de Jean avec douceur
mais aussi avec fermeté. Il ne fallait pas empêcher l’homme. Il était pour le Seigneur, pas
contre Lui.

Luc rassemble maintenant quatre autres incidents à la fin du chapitre. Il semble que le
Seigneur, ayant montré aux disciples la puissance de Sa grâce et du royaume de Dieu, les
instruit maintenant quant à l’esprit qui convient à ceux qui ont été amenés sous cette
puissance ; et Il les avertit également de choses qui seraient des obstacles.

Le premier obstacle est visiblement l’égoïsme. Cela peut revêtir une forme extrêmement
personnelle comme au verset 46, ou bien elle peut être collective comme au verset 49. Ou
encore, ce peut être sous couvert de zèle pour la réputation du Maître, et ceci en est la forme

725
la plus subtile. L’attitude des Samaritains était foncièrement mauvaise. Mais Jésus montait à
Jérusalem pour y mourir, alors que Jacques et Jean désiraient revendiquer Son importance —
et incidemment la leur — en apportant la mort à d’autres. Certes, Élie avait agi de cette façon
lorsqu’il s’était trouvé en présence de la violence d’un roi apostat, mais le Fils de l’Homme
est animé d’un esprit différent. Ce qui manquait aux disciples, c’est qu’ils n’entraient pas
encore dans l’esprit de grâce — la grâce qui caractérisait leur Maître.

Les trois incidents qui terminent brièvement le chapitre nous montrent que si nous voulons
vraiment être des disciples, et des disciples propres au royaume, il nous faut nous méfier de la
simple énergie naturelle. Une énergie supérieure à l’énergie naturelle est nécessaire si nous
voulons suivre un Christ rejeté. Et également, il ne faut pas de cœur partagé ni hésitant. Les
droits du royaume doivent passer avant toute autre chose.

10 - Chapitre 10
Les disciples ayant été ainsi instruits, le Seigneur accroît encore le champ du témoignage qui
devait être rendu en relation avec Sa présence sur la terre, en désignant et en envoyant
soixante-dix autres disciples, deux à deux devant Sa face. Ce qu’Il dit concernant la grande
moisson et le petit nombre d’ouvriers semble, d’après Matthieu 9:37-38, avoir été prononcé
en une autre occasion. Dans Matthieu, la prière reçoit sa réponse par l’envoi des douze, dans
Luc, par l’envoi des soixante-dix.

Les directives que le Seigneur donne aux soixante-dix sont semblables à celles données aux
douze. Il devait y avoir la même simplicité, la même absence de recherche de soi, la même
dépendance du Seigneur pour la réponse à leurs besoins. Ils reçoivent cependant des
avertissements supplémentaires qui indiquent une opposition croissante de la part du peuple.
Le Seigneur les envoie comme des agneaux au milieu des loups, image des plus saisissantes.
Pourtant, même si on ne les recevait pas, ils devaient bien faire comprendre aux gens que le
royaume de Dieu s’était approché d’eux.

Ces soixante-dix n’ont pas la place privilégiée des douze, mais néanmoins ils représentent
pleinement le Seigneur, comme le verset 16 l’exprime clairement. Ce verset établit le même
principe que le verset 48 du chapitre précédent, seulement ici, le Seigneur ramène les choses à
« Celui qui M’a envoyé ». C’était peut-être des gens humbles que ces soixante-dix, pourtant
de grandes choses dépendaient de l’attitude des hommes à l’égard de leur message.
Capernaüm et les autres villes de ce temps-là, entendant ce témoignage, auraient des
responsabilités plus grandes, et leur refus amènerait un jugement plus sévère que celui des
villes auxquelles un tel témoignage n’avait jamais été rendu.

Aucun détail n’est donné de ce qui s’est passé pendant le service des soixante-dix, et un seul
verset (ch.9 v. 6) avait suffi à résumer ce que les douze avaient accompli auparavant. Nous en
faisons la remarque parce que Luc a été choisi par Dieu pour consigner le travail des disciples
dans le livre des Actes ; mais ce fut après que le Saint Esprit eut été donné. Avant la venue du
Saint Esprit, leur œuvre avait beaucoup moins d’importance et quelque lumière qui s’y
trouvât était éclipsée par la lumière qui brillait en perfection chez leur Maître. Au verset 17,
nous assistons à leur retour, à la fin de leur mission.

726
Ils s’en reviennent avec joie, se réjouissant surtout de ce qui était le plus spectaculaire : même
les démons leur sont assujettis par le nom de leur Maître. Or c’était assurément une grande
chose, et le gage que Satan serait finalement chassé du ciel. Le verset 18 ne fait pas allusion
— croyons-nous — à la chute originelle de Satan mais à l’expulsion finale prédite en
Apocalypse 12:7-9. Le passé est souvent employé dans les paroles prophétiques pour décrire
des événements futurs. Il est employé dans ces versets d’Apocalypse comme aussi en Ésaïe
53:3-9. Ainsi le Seigneur confirme l’autorité — reçue de Lui à ce moment-là — qui s’était
exercée sur toute la puissance de l’ennemi, mais en même temps Il montre quelque chose qui
dépasse toute puissance exercée sur la terre.

Il leur dit : « Vos noms sont écrits dans les cieux ». Il est plus que probable qu’ils n’ont pas
été alors très sensibles à l’extraordinaire de cette déclaration. Ils ont dû l’être plus tard. Nous
devrions y être sensibles puisqu’elle s’applique aussi à nous. Le symbole en est simple. Nos
noms sont inscrits dans la ville ou le district où se trouve notre domicile. Le Seigneur dit en
effet à ces hommes : un droit de bourgeoisie céleste sera votre part, et c’est une plus grande
cause de joie que n’importe quel pouvoir accordé sur terre. L’évangile de Luc nous présente
particulièrement le passage de la loi à la grâce, et de la terre au ciel, et ce verset représente un
point de repère précis dans cette transition. C’est la première annonce de la vérité révélée dans
son entier en Philippiens 3:20 : « Notre bourgeoisie est dans les cieux ».

En cette même heure — l’heure où les soixante-dix se réjouissaient — Jésus Lui-même se


réjouit. Il voit non seulement la chute future de Satan, et en conséquence, le renversement de
tous ses desseins pervers, mais l’activité du Père en vue de l’accomplissement de tous ses
desseins. Ces desseins glorieux ont comme fondement le fait que Lui-même sera révélé et
connu en perfection et que les « petits enfants » plutôt que les sages et les intelligents de ce
monde en recevront la révélation.

Le Fils s’était fait Homme afin de révéler le Père aux hommes. Et non seulement cela, Il est
Lui-même l’héritier de toutes choses. L’Homme dépendant sur la terre savait que toutes
choses lui avaient été livrées par son Père. En outre, le fait même qu’Il était devenu Homme
ajoute ici un élément, qui échappe à toute compréhension humaine. Il est devenu Homme afin
que le Père soit connu — comme Homme, Il est l’héritier de toutes choses — mais qu’aucune
créature humaine ne prétende sonder le mystère qui doit entourer un abaissement aussi
incommensurable ! Si nous estimons que nous sommes sages et intelligents, nous pouvons
tenter de le faire, mais ce sera notre ruine. Si nous sommes en vérité des petits enfants, nous
accepterons le mystère avec un esprit d’humilité et de soumission, et nous réjouirons plutôt de
tout ce que le Fils nous a révélé du Père et des desseins du Père.

S’étant ainsi réjoui de sa propre mission et de la grâce qui prend « les petits enfants » sans
importance, le Seigneur se tourne vers les disciples pour leur montrer la grandeur de leur
privilège actuel. Ils voyaient des choses que les hommes pieux des siècles précédents avaient
désiré voir. Ils voyaient et entendaient des choses qui se rapportaient à la manifestation du
Père sur la terre et assistaient à l’accomplissement d’une œuvre qui aboutirait à l’appel d’un
peuple pour le ciel. Tout ceci était pour le moment un secret réservé aux disciples.

Hors de ce cercle intime, tout n’était que conflits. La question du docteur de la loi, rapportée
au verset 25, si sincère en apparence, était en réalité posée avec un motif inavoué et
malveillant. Il demande ce qu’il devrait faire, et le Seigneur, qui connaissait le mobile de
l’homme, le prend sur son propre terrain. C’était la loi qui exigeait de l’homme qu’il fasse
quelque chose : d’où la question du Seigneur. En disant que l’exigence suprême de la loi était

727
d’aimer : d’abord Dieu, puis son prochain, l’homme a bien répondu. Jésus n’a qu’à dire :
« Fais cela et tu vivras », — non pas : « tu auras la vie éternelle », mais simplement :
« vivras ». Il n’y a pas de vie pour la terre à moins que la loi ne soit gardée.

Le docteur de la loi avait l’intention de prendre le Seigneur au piège et maintenant il se trouve


pris à son propre piège par la réponse qu’il vient de donner. Désireux de se justifier, il
demande qui est son prochain ; comme s’il sous-entendait que, pourvu qu’il ait des proches
suffisamment sympathiques, il ne lui serait pas difficile de les aimer. Cette question reçoit sa
réponse dans la parabole concernant le Samaritain : au docteur de la loi de juger qui est son
prochain. Une fois de plus, l’homme répond bien, en dépit de l’antipathie que les Juifs
ressentent pour les Samaritains. Ayant ainsi jugé, il répond à sa propre question, et il se trouve
sous l’obligation d’agir comme le Samaritain d’une part, et d’aimer le Samaritain comme lui-
même, d’autre part.

Toutefois l’enseignement de cette parabole dépasse la simple réponse à la question de cet


homme. Dans la façon d’agir du Samaritain, nous avons une image de la grâce qui a marqué
la venue du Seigneur Lui-même. Le sacrificateur et le lévite, représentants de l’économie de
la loi, passent outre de l’autre côté. La loi ne fut pas instituée pour aider les pécheurs, encore
moins pour les sauver, et si l’homme à demi-mort était mort dans leurs bras, le sacrificateur et
le lévite auraient tous deux été souillés, impropres donc pendant un certain temps à remplir
leur service. Comme le Samaritain, Jésus a été l’homme rejeté, et pourtant Il venait exercer un
ministère de grâce et de salut. Si, au verset 20, nous voyons suggéré le passage de la terre au
ciel, dans cette parabole, c’est le passage de la loi à la grâce.

À la lumière de tout cela, il est clair également que le Seigneur Jésus fut le Prochain le
meilleur et le plus fidèle que l’homme ait jamais eu — en fait le Prochain dans sa perfection.
Il était Dieu également, parfaitement révélé et connu. En Lui, Dieu et le Prochain étaient
réunis, et les hommes, en Le haïssant et Le rejetant, ont violé du même coup et sans espoir les
deux exigences de la loi.

Mais tous n’ont pas rejeté le Fils ; quelques-uns L’ont reçu. Et ainsi suivent, à la fin de ce
chapitre et au tout début du chapitre 11, de précieuses indications sur les moyens par lesquels
de telles âmes sont mises en relation avec Lui. Ce sont : la vertu de Sa parole, la prière, et
bientôt le don du Saint Esprit.

Marie avait découvert la puissance de Sa parole. Elle avait, par elle, eu accès aux pensées de
Dieu, aussi était-elle assise aux pieds de Jésus et elle écoutait. Marthe, par son service, ne
faisait, semble-t-il, qu’accomplir le devoir qui était normalement le sien. Son tort était d’en
vouloir beaucoup faire. Elle désirait s’acquitter dignement de sa tâche, et elle en était
« distraite » ; au point qu’elle parle d’une façon désobligeante non seulement à sa sœur, mais
au Seigneur. Marie, pensait-elle, négligeait ses devoirs, et le Seigneur était indifférent à sa
négligence. Marthe représente le tourment des soucis, Marie la communion.

La distraction de Marthe venait de ce qu’elle était prise par trop de service, chose qui en soi
est tout à fait bonne. Elle se met en souci et se tourmente de beaucoup de choses, et laisse
passer la seule chose nécessaire. Marie avait découvert que tout ce qu’elle pourrait faire pour
le Seigneur n’était rien en comparaison ce qu’Il avait à lui apporter. Recevoir Sa parole est la
seule chose nécessaire, car de là découle tout service agréable au Maître. C’est la bonne part,
qui ne sera pas ôtée.

728
Nous croyons qu’une grande partie de la faiblesse qui caractérise les chrétiens d’aujourd’hui
peut s’expliquer par ce seul mot : distraction. Tant de choses venant de tous côtés — et assez
souvent inoffensives en elles-mêmes — nous sont offertes, que nous sommes distraits de la
seule chose importante. Nous ne sommes peut-être pas toujours en souci et tourmentés à leur
égard ; nous sommes peut-être seulement attirés et absorbés. Mais le résultat est le même :
nous passons à côté de la seule chose nécessaire. Donc nous subissons véritablement une
perte.

11 - Chapitre 11
Une fois de plus nous trouvons le Seigneur en prière, et cela éveille chez Ses disciples le désir
d’apprendre à prier. Ils ne possédaient pas encore l’Esprit comme nous l’avons aujourd’hui,
aussi ne pouvaient-ils pas savoir ce que signifie « prier par le Saint Esprit » (Jude 20), ou
connaître l’aide et l’intercession de l’Esprit dont parle Romains 8:26-27, comme nous le
pouvons. C’est le Seigneur qui était alors leur « Consolateur » et leur Conducteur, en dehors
d’eux ; nous avons « un autre Consolateur » qui est en nous. En réponse à leur désir, le
Seigneur leur donne la prière modèle et Il y ajoute une illustration pour appuyer la nécessité
d’être importun. Si un homme veut bien se lever à minuit à la sollicitation pressante d’un ami,
nous pouvons bien venir à Dieu avec confiance.

Le Seigneur avait appris aux disciples à s’adresser à Dieu comme Père, et les promesses qu’Il
donne au verset 10 vont dans le même sens, de même que les déclarations des versets 11-13.
Nous ne devons pas nous représenter le Père dans les cieux comme étant moins intéressé et
moins attentionné que notre père sur la terre. Il ne donnera rien d’immangeable ou de nuisible
si son fils demande à manger. Et Il ne donnera pas non plus — pouvons-nous ajouter — une
chose inutile ou nuisible si, stupidement, nous la désirons et la demandons. On peut sans
doute expliquer ainsi que mainte prière reste sans réponse.

L’homme dans son état de perdition sait donner de bonnes choses à ses enfants ; le Père
céleste fera à ceux qui le Lui demandent le plus précieux de tous les dons : le Saint Esprit.
Nous voyons ici le Seigneur continuer Son enseignement en dirigeant les pensées vers les
événements qui allaient bientôt se dérouler. Le Saint Esprit ne fut pas donné avant que Jésus
ne soit glorifié, comme nous le savons d’après Jean 7:39 ; mais quand Il fut donné, Il vint sur
un groupe d’hommes et de femmes qui persévéraient dans la prière et la supplication, comme
Actes 1:14 le rapporte. Nous vivons dans la période où l’Esprit a été donné ; et ainsi nous
pouvons nous réjouir dans les fruits de Sa présence, de même que dans la puissance de la
Parole de Dieu et de la prière.

Le paragraphe suivant (v. 14 à 28) présente le rejet définitif de la grâce, et du Seigneur Lui-
même qui l’avait révélée ; ce qui conduit le Seigneur à dévoiler les terribles conséquences de
ce rejet et aussi à insister encore sur l’importance de l’obéissance à la Parole.

Une fois le démon muet chassé, le changement chez l’homme qui en avait été la victime est
impressionnant et indéniable. Pourtant nombreux sont ceux qui choisissent de dénigrer ce
qu’ils ne peuvent nier. La remarque concernant Béelzébul n’est pas attribuée aux pharisiens
comme dans Matthieu. Ils en étaient sans doute les instigateurs, mais les gens du commun les
soutenaient, comme Luc le rapporte ici. D’autres, fermant les yeux sur les nombreux signes
déjà donnés, ont l’effronterie de demander un signe du ciel. Dans Sa réponse, Jésus montre en
729
premier lieu que leur accusation était complètement déraisonnable : elle impliquait cette
absurdité : Satan agissant contre lui-même. En second lieu, Il montre que, si leur accusation
était vraie, elle retomberait sur la tête de leurs fils, si ce n’est sur la leur.

Mais en troisième lieu — et c’est le point le plus important — Il donne la vraie explication de
ce qu’Il faisait. Il était arrivé sur cette scène plus fort que Satan. Avant l’arrivée de Jésus,
Satan retenait ses captifs sans être aucunement inquiété. Maintenant Celui qui était plus fort
libérait ces captifs-là. Sa venue mettait chacun d’eux à l’épreuve : ils étaient soit avec Lui,
soit contre Lui. Ne pas être avec Lui équivalait à être contre Lui, car il ne pouvait y avoir de
terrain neutre. Les hommes pouvaient paraître s’assembler, mais si ce n’était pas avec Lui,
cela ne tournerait qu’à la dispersion. C’est un point que nous faisons bien de noter. Un grand
mouvement se fait sentir aujourd’hui pour rassembler les gens en toutes sortes d’associations
ou de groupes ; mais si ce n’est pas avec Christ, autour de Lui et sous Son autorité, c’est un
travail de dispersion qui finira par se révéler tel.

Il est clair que les versets 24 à 26 sont prophétiques. À ce moment-là, l’esprit immonde de
leur ancienne idolâtrie était sorti d’Israël, mais bien que la maison soit « balayée et ornée »
extérieurement, ils étaient en train de refuser Celui que Dieu avait envoyé pour habiter la
maison. En conséquence, l’ancien esprit immonde reviendrait avec d’autres plus méchants
que lui, et ainsi leur condition serait pire que la première. Cette parole de Jésus trouvera son
accomplissement lorsqu’Israël incrédule recevra l’Antichrist aux derniers jours.

Pourtant tous ne le refusaient pas. Une femme du milieu de la foule comprend quelque chose
de son excellence, et elle déclare que la mère du Seigneur est bienheureuse. Mais le Seigneur
montre quelque chose d’encore plus heureux. La bénédiction la plus grande, pour nous, est de
recevoir et de garder la Parole de Dieu. Le lien spirituel formé par la Parole est plus étroit et
plus durable que n’importe quel lien selon la chair. Le Seigneur dirigeait les pensées de Ses
disciples sur ces vérités spirituelles, et écouter la Parole est cette bonne part, comme nous
venons de le voir dans le cas de Marie.

Le Seigneur se met maintenant à parler de l’indifférence qui caractérisait le peuple aux jours
de son ministère. Ils demandent un signe, comme si nul signe ne leur avait été donné. Un seul
signe leur reste dont Il parle comme du « signe de Jonas ». Jonas avait prêché aux Ninivites,
mais lui-même aussi était un signe pour eux en ce qu’il apparut au milieu d’eux comme
quelqu’un qui était ressorti de ce qui paraissait une mort certaine. Le Fils de l’Homme était à
la veille d’entrer réellement dans la mort puis d’en sortir par la résurrection, et ceci était le
plus grand de tous les signes ; de plus, Il manifestait parmi eux une sagesse bien plus grande
que celle de Salomon et sa prédication allait bien au-delà de celle de Jonas. Pourquoi donc les
foules n’étaient-elles pas touchées ?

Ce n’est pas parce qu’aucune lumière ne brillait. Les hommes n’allument pas une lumière afin
de la cacher, comme l’exprime le verset 33. Le Seigneur était venu dans le monde comme la
vraie lumière dont les rayons éclairaient les hommes. Ce qui était mauvais, ce n’était pas la
lumière, mais les yeux des hommes. Les versets 34 à 36 font ressortir cela. Objectivement le
soleil est la lampe de notre corps mais subjectivement ce sont nos yeux qui en sont la lampe.
Si le soleil disparaissait, il y aurait des ténèbres sur la terre entière, mais si mon œil
s’éteignait, l’obscurité serait totale pour moi. Si mon œil spirituel est mauvais, mon esprit est
rempli d’obscurité ; s’il est simple, tout est lumière. En d’autres termes, l’état de celui sur qui
brille la lumière est de toute importance. L’état des foules était mauvais, de là leur manque de
sensibilité à la lumière qui brillait en Christ.

730
Mais, si les foules ne recevaient pas la lumière qui aurait été leur bénédiction, le Seigneur
allait au moins diriger les rayons de la vérité sur leur état. Il commence par les pharisiens, et
le reste du chapitre nous montre de quoi Il les accuse. Le pharisien qui invite le Seigneur est
conforme à sa secte : critique et obsédé par des détails rituels. L’heure avait sonné pour que le
censeur soit lui-même censuré et démasqué. Rien ne pouvait être plus incisif que les paroles
du Seigneur. En les lisant, nous pouvons nous faire une idée de la façon dont les hommes
seront sondés au jour du jugement.

Leur hypocrisie est le sujet des versets 39 à 41. Propreté (entretenue avec ostentation) des
endroits exposés aux yeux des hommes, boue ailleurs. Et en plus, une farouche recherche de
soi se cachait sous leur apparence de piété. Ils étaient pleins de « rapine ». Le mot « donnez »
du verset 41 est en contraste avec ce terme. Si seulement ils voulaient donner plutôt que de
s’emparer du bien d’autrui, toutes choses leur seraient nettes, à l’intérieur comme à
l’extérieur. Un changement aussi radical impliquerait une conversion authentique.

Le verset 42 fait ressortir leur jugement perverti. Ils étaient méticuleux sur des choses qui
n’étaient ni importantes, ni précieuses, et ils négligeaient les valeurs les plus hautes. Le verset
43 montre que l’amour de la notoriété et de l’adulation de leurs semblables les dévorait. C’est
pourquoi ils étaient devenus pour d’autres, et à l’insu de ceux-ci, des foyers de souillure,
comme l’indique le verset 44. Ils faisaient tort aux autres aussi bien qu’à eux-mêmes.
Accusation terrible, à la vérité, mais accusation qui s’applique d’une façon affligeante, à des
degrés divers, et de tout temps, à ceux dont la religion n’est qu’apparence et formes.

L’un des docteurs de la loi protesta alors que ces paroles constituaient aussi des injures pour
eux-mêmes. L’accusation n’en fut que poussée plus à fond contre lui. Ces docteurs de la loi
s’affairaient à charger les autres de fardeaux ; ils légiféraient pour les autres et impudemment
ne tenaient aucun compte de la loi pour eux-mêmes. De plus, ils se faisaient remarquer par
leur rejet de la Parole de Dieu et leur rejet des prophètes qui l’avaient apportée, bien que,
après que les prophètes eurent été tués, ils les aient honorés en leur bâtissant des tombeaux
espérant ainsi acquérir le prestige de leurs noms, maintenant qu’ils n’étaient plus jugés par
leurs paroles. Habile stratagème que celui-là ! mais qui n’est pas inconnu, même de nos jours.
Il est facile de porter aux nues, un siècle après sa mort, un homme auquel on aurait
violemment résisté pendant sa vie de témoignage. Les paroles du Seigneur impliquent que ce
que les pères avaient fait, leurs fils le feraient aussi. La génération à laquelle Il s’adressait
était coupable, non seulement du sang des prophètes d’autrefois, mais du sang du Fils de Dieu
Lui-même.

Enfin, au verset 52, nous voyons, d’un côté, que les pharisiens souillaient d’autres personnes
(v. 44), et d’autre part, que les docteurs de la loi enlevaient la clef de la connaissance ; Satan
faisait de même en empêchant les gens d’entrer dans la véritable connaissance de Dieu. Ils ont
tué les prophètes et fermé le chemin de la vie.

Il est clair que le Seigneur prononça ces terribles accusations sans que rien ait altéré son
calme divin. Les meilleurs des hommes auraient parlé différemment. À cause de cela, nous est
donnée l’injonction : « Mettez-vous en colère et ne péchez pas » (Éphésiens 4:26). Nous
péchons facilement en nous mettant en colère contre le péché. Le Seigneur n’avait pas besoin
d’une telle exhortation. Ses adversaires croyaient qu’il leur suffirait de continuer à Le
provoquer pour Le faire aisément succomber. Il ne fit rien de ce qu’ils prévoyaient, comme le
montre le chapitre suivant.

731
12 - Chapitre 12
Loin de se laisser irriter par l’opposition violente des scribes et des pharisiens, le Seigneur se
sert de l’occasion pour enseigner calmement Ses disciples en présence de la grande foule que
la controverse avait rassemblée. Il venait de diriger le projecteur de la vérité sur les chefs
religieux, maintenant Il dirige la même lumière sur les disciples et sur leur chemin.

En premier lieu, Il les met en garde contre l’hypocrisie qu’Il vient de dévoiler chez les
pharisiens. C’est vraiment un « levain », c’est-à-dire un mal d’une nature telle que, s’il n’est
pas jugé, il fermente et croît. Le but que poursuit l’hypocrite est d’avoir toutes choses
« couvertes » : cachées à Dieu en premier lieu, puis aux regards de ses semblables. Cependant
tout vient à la lumière, si bien qu’à la longue l’hypocrisie se révèle vaine. Néanmoins,
présentement, elle est absolument funeste à l’âme qui a à faire à Dieu de quelque façon que ce
soit. Aussi, du point de vue moral, la mise en garde contre l’hypocrisie doit venir en premier
lieu. Pour le disciple de Christ, rien ne doit être couvert aux yeux du Seigneur.

En second lieu, Il les met en garde contre la crainte de l’homme (v. 4-11). Il ne leur cache pas
qu’ils allaient affronter réjection et persécution. S’ils voulaient se garder de l’hypocrisie au
milieu d’un monde qui est sous l’empire de celle-ci dans une si large mesure, ils ne pouvaient
pas s’attendre à connaître la popularité. Mais, d’autre part, s’ils voulaient ne rien avoir de
caché aux yeux de Dieu, ils seraient capables de se tenir sans lâcheté en la présence des
persécuteurs. Ceux qui craignent beaucoup Dieu craignent peu les hommes.

Le Seigneur n’exhorte pas simplement Ses disciples à n’avoir aucune crainte des hommes. Il
leur fait aussi connaître des choses qui se révéleront très encourageantes pour bannir leur
crainte. Au verset 4 Il s’adresse à eux en les appelant « Mes amis ». Ils savaient qu’ils étaient
Ses disciples, Ses serviteurs, mais cela a dû placer les choses sous un jour nouveau, très
réjouissant. Parce qu’ils sont Ses amis, ils peuvent affronter l’inimitié du monde — ce que
nous pouvons aussi. Puis, aux versets 6 et 7, Il place devant eux, d’une manière très
touchante, la sollicitude de Dieu à leur égard. Elle est si profonde qu’aucun cheveu de notre
tête n’est oublié — mais ils sont tous comptés.

Au verset 12, Il les assure que, dans leurs circonstances critiques, ils pourraient compter sur
l’enseignement particulier du Saint Esprit. Ils n’auraient nul besoin de préparer une défense
minutieuse lorsqu’ils seraient traduits en justice devant les autorités. La haine et l’opposition
des hommes allaient peser à leur charge, mais quel merveilleux appui que l’amitié de Christ,
la sollicitude de Dieu, l’enseignement du Saint Esprit. Et en outre, s’ils confessaient Christ
devant les hommes hostiles, le Fils de l’Homme les confesserait devant les anges de Dieu —
ce qui serait leur récompense.

À ce point de Son discours, le Seigneur est interrompu par quelqu’un qui désirait Le voir
intervenir en sa faveur dans une question d’argent. S’Il avait été le réformateur social ou le
socialiste que d’aucuns imaginent qu’Il ait été, l’occasion se présentait ici pour Lui d’établir
les justes normes d’un partage d’héritage. Il n’en fait rien ; au lieu de cela, Il dévoile la
cupidité qui avait conduit l’homme à présenter sa requête, puis prononce la parabole bien
connue du riche insensé. Reconstruire ses greniers afin de préserver tous les fruits que la
munificence de Dieu lui avait accordés, était de la simple prudence. Assembler tout cela pour
lui-même, et négliger toutes les richesses divines pour l’âme, c’est cela qui constituait sa folie.
732
Le riche insensé était rempli d’avarice, puisqu’il considérait tous ses biens comme la garantie
de l’accomplissement de son programme : « repose-toi, mange, bois, réjouis-toi ». C’est
précisément le programme de l’homme ordinaire du monde actuel : loisirs en abondance,
nourriture et boissons en abondance, plaisirs et distractions en abondance.

Or le croyant est « riche quant à Dieu », comme l’indique clairement le verset 32. Aussi,
lorsque le Seigneur reprend Son discours à Ses disciples, au verset 22, Il commence par les
tranquilliser au sujet des soucis qui nous sont si naturels. Puisque nous sommes devenus
riches, ayant reçu le royaume en partage, nous ne devons pas être caractérisés par l’avarice ;
et nous ne devons nous charger d’aucun souci, puisque la sollicitude de Dieu à notre égard est
pleinement suffisante. Le Seigneur dit : « Votre Père sait » (v. 30). Ainsi, Il enseigne à Ses
disciples à reconnaître en Dieu Celui qui, avec un intérêt paternel, s’occupe d’eux, comme
aussi de leurs besoins pour la vie présente.

Mais Il agit ainsi afin que les disciples aient l’esprit libre pour poursuivre des choses qui
actuellement se trouvent en dehors de cette vie. Il n’y a pas de contradiction entre les versets
31 et 32. Le Royaume nous est donné et pourtant nous devons le rechercher. Il nous faut le
rechercher parce qu’il n’est pas encore manifesté ; en conséquence, on ne le trouve pas dans
les choses de cette vie, mais il se trouve dans les réalités spirituelles et morales liées à l’âme
de ceux qui sont amenés sous l’autorité divine. Néanmoins, le Royaume doit être une réalité
manifestée dans ce monde, et ses titres de propriété sont déjà assurés aux enfants de Dieu.
Ainsi nous recherchons le Royaume de Dieu, puisque nos pensées et nos vies aujourd’hui sont
remplies des choses de Dieu et de Son service.

À cause de cela, la vie des disciples devait se vivre selon des principes diamétralement
opposés à ceux des amis de ce monde. Au lieu d’amasser des biens et de mener une vie de
facilité et de jouissances, le disciple doit être quelqu’un qui donne, qui amasse des trésors
dans les cieux, quelqu’un dont les reins sont ceints pour l’activité et le service et dont le
témoignage est une lampe qui brille. Bref, il doit être semblable à un homme qui attend le
retour de son maître. Nous avons déjà remarqué les choses qui ne doivent pas nous
caractériser ; ici nous avons les choses qui doivent nous caractériser.

En tant que serviteurs, nous devons attendre notre Seigneur, et non seulement attendre, mais
« veiller » (v. 37), nous devons être « prêts » (v. 40), et nous devons « faire » (v. 43) : faire la
tâche qui nous est attribuée. L’heure de la récompense viendra au retour du Seigneur. Alors le
Seigneur Lui-même se chargera de pourvoir à la pleine bénédiction de ceux qui auront veillé
pour L’attendre. Ceci, que nous trouvons au verset 37, indique une récompense d’un ordre
général. Le verset 44 parle d’une récompense plus spéciale qui sera donnée à ceux qu’un
service fidèle et diligent dans les intérêts de leur Maître aura caractérisés.

Le discours du Seigneur à Ses disciples se prolonge jusqu’à la fin du verset 53. Quelques
points ressortent :

1 — Le ciel est de nouveau présenté aux disciples. Au chapitre 10, comme nous l’avons
remarqué, Il leur apprend que leur bourgeoisie est dans les cieux. Maintenant Il leur enseigne
à agir de telle sorte que leur trésor soit dans les cieux, et donc aussi leur cœur. Ils doivent
vivre d’après des principes complètement opposés à ceux qui dirigent le riche insensé.

2 — Le Seigneur sous-entend Son rejet tout au long de Son discours et Il en parle encore plus
ouvertement à la fin : aux versets 49 à 53. « Le feu » est le symbole de ce qui sonde et qui

733
juge, et il avait déjà été allumé par Son rejet. Par Son « baptême », Il entend Sa mort, et
jusqu’à ce qu’il soit accompli, Il était à « l’étroit », c’est-à-dire « retenu ». Ce n’est que
lorsque l’expiation aurait été accomplie que l’amour et la justice pourraient se répandre
abondamment. Alors enfin, le feu étant allumé et le baptême accompli, tout arriverait à un
terme et la ligne de démarcation serait clairement établie. Lui deviendrait la pierre de touche,
et il y aurait division même dans les cercles les plus intimes. Devançant en pensée tous ces
événements, le Seigneur sous-entend Son absence, et en conséquence parle de Sa seconde
venue en toute liberté.

3 — À la question de Pierre (v. 41), le Seigneur ne donne pas de réponse directe. Il ne limite
pas explicitement Ses remarques au cercle restreint de Ses disciples, et n’élargit pas non plus
le cercle afin d’englober les milliers d’Israël qui L’entouraient. Au lieu de cela, Il insiste de
tout le poids de Ses paroles sur la responsabilité de Ses auditeurs. Si quelqu’un se trouvait
devant Lui dans la position de serviteur — quel que soit le chemin qui l’y ait amené — il
serait rétribué selon ses œuvres, qu’elles soient manifestées fidèles ou mauvaises. Le méchant
serviteur ne souhaite pas la présence du Seigneur et en conséquence il retarde en pensée Son
retour. Sa relation avec le Maître étant mauvaise, ses relations avec les autres serviteurs
deviennent mauvaises et mauvaise aussi sa vie personnelle. Lorsque le Seigneur viendra, sa
part sera avec les infidèles, puisqu’il ne s’est montré être qu’un infidèle. Les versets 47 et 48
montrent clairement que la peine aussi bien que la récompense seront mesurées équitablement
suivant le degré de responsabilité.

4 — Le vrai serviteur se caractérise par son dévouement aux intérêts de son Maître pendant
Son absence ; et sa récompense, il l’attend jusqu’à ce qu’Il soit de retour. Trois fois dans ce
discours le Seigneur parle de manger et de boire, images d’une vie agréable. L’homme du
monde s’est réjoui pendant sa vie, (v. 19) et celle-ci se termine par la mort. Le méchant
serviteur a sa part de plaisir lorsqu’il se met « à manger et à boire et à s’enivrer » (v. 45), mais
cela se termine par le châtiment à l’arrivée de son Maître. L’homme du monde ne faisait pas
que se réjouir ; il était ivre, ce qui est pire. En réalité, lorsque des inconvertis professent être
des serviteurs de Dieu, ils semblent tomber plus facilement qu’aucun autre sous l’influence
enivrante de séduisants concepts religieux et philosophiques. Le serviteur fidèle attend son
Maître qui le fera mettre à table et le servira pour sa joie (v. 37). C’est alors que viendra, pour
lui, Son temps de bonheur.

Au verset 54, le Seigneur, se tournant des disciples vers les foules, leur adresse des paroles
d’avertissement : elles étaient dans une situation des plus dangereuses et l’ignoraient ; elles
savaient bien discerner le temps qu’il ferait, mais étaient incapables de discerner « ce temps-
ci ». Parce qu’elles rejettent le Seigneur, elles Le contraignent à devenir leur « adversaire »,
c’est-à-dire la partie adverse dans un procès. Si elles persistaient dans cette attitude, et que
leur affaire vînt devant le Juge de tous, elles se trouveraient entièrement coupables et la peine
la plus forte les atteindrait : elles auraient à payer « jusqu’à la dernière pite ».

13 - Chapitre 13
Juste à ce moment-là, quelques-uns de ceux qui étaient présents, mentionnent le cas de ces
infortunés Galiléens qui avaient subi la peine capitale sous Pilate. Il leur semblait que ces
derniers étaient des pécheurs de la pire espèce. Le Seigneur accuse positivement Ses auditeurs
d’une culpabilité tout aussi grande et leur déclare qu’eux aussi périraient. Puis Il cite encore le
734
cas des dix-huit victimes de la chute de la tour dans Siloé. D’après l’opinion courante, c’était
des événements exceptionnels qui indiquaient une iniquité exceptionnelle. Les gens qui
L’écoutaient se rendaient coupables d’une iniquité pire encore parce qu’ils étaient aveugles
devant l’occasion qui leur était donnée ; et, Le rejetant, ils n’échapperaient pas. Il les avertit
ainsi du châtiment qui allait venir sur eux.

Dans la parabole du figuier se trouve exposée la cause de la rétribution (v. 6 à 10). Dieu était
pleinement en droit d’attendre du fruit de la part du peuple ; Il en chercha, mais n’en trouva
point. Alors, pendant une année, l’arbre allait recevoir des soins : rien ne serait exigé de lui.
Jésus était parmi les siens, leur administrant les soins de la grâce de Dieu au lieu de les placer
sous les ultimes exigences de la loi. Si cela restait sans réponse, alors le coup devrait tomber.
Dans tout ceci, Son enseignement se poursuit depuis la fin du chapitre 12, et il n’y a pas
vraiment d’interruption entre les chapitres.

Maintenant, aux versets 10 à 17, vient l’incident touchant dans lequel est exposé en figure ce
que la grâce accomplira là où elle sera reçue. La pauvre femme, quoique courbée et dans son
état de faiblesse, faisait partie de ceux qui accomplissaient le service de Dieu dans la
synagogue. Sa condition physique symbolisait bien l’état spirituel de maintes personnes,
chargées de misère spirituelle et accablées sous le joug de la loi, à tel point qu’elles étaient
courbées sous son poids, incapables de se redresser et de porter leurs regards en haut.

Cette femme était une « fille d’Abraham », c’est-à-dire une véritable enfant de la foi (Voir
Galates 3 : 7). Pourtant Satan était pour quelque chose dans son triste état, tirant profit de son
infirmité. De plus, le chef de synagogue aurait employé la loi et son rituel pour l’empêcher
d’être guérie. Mais le Seigneur écarte tout cela. Il dit une parole, pose les mains sur elle et
opère une délivrance immédiate de son infirmité. Nombreux sont ceux qui pourraient dire :
« Chez moi, c’était la loi, l’infirmité, un esclavage sans espoir, la puissance de Satan, jusqu’à
ce que Christ intervienne dans la puissance de Sa grâce, alors quel changement ! » Des
délivrances telles que celles-ci couvrent les adversaires de honte, et remplissent beaucoup
d’autres de joie. Ce sont vraiment des « choses glorieuses qui étaient faites par Lui ».

À ce point-là, le Seigneur montre que même si la grâce et la puissance du royaume étaient


introduites, il n’en résulterait pas pourtant un état de choses absolument parfait. Les paraboles
du grain de moutarde et du levain données ici, montrent que, alors que la forme extérieure du
royaume connaîtrait une croissance et une expansion extraordinaires, cela s’accompagnerait
d’éléments indésirables, et même de corruption.

Avec le verset 22 de notre chapitre, une transition marquée se produit au point de vue
historique. On voit maintenant le Seigneur poursuivre Son chemin vers Jérusalem tout en
enseignant par les villes et par les villages qu’Il traversait. Mais malgré cela, il ne semble pas
qu’il y ait de transition nette dans l’enseignement qui est rapporté. La question au verset 23
semble avoir été suggérée par la curiosité, et, en réponse, le Seigneur donne une parole
d’instruction et d’avertissement qui est bien en accord avec ce qui vient de se passer. Si la
venue de la grâce du royaume allait entraîner un état de choses mélangé, dépeint dans les
paraboles du grain de moutarde et du levain, alors il faut que le chemin étroit de la vie soit
recherché avec beaucoup de sincérité et de ferveur.

Le mot « Luttez » du verset 24 ne signifie pas travail de quelque sorte que ce soit, mais une
ferveur d’une telle intensité qu’elle en est presque douloureuse. C’est comme si le Seigneur
disait : « Ne ménagez aucune peine pour entrer par la porte étroite tant que l’occasion vous en

735
est offerte ». Beaucoup cherchent une entrée plus large par des choses tout extérieures,
comme le verset 26 l’indique. Mais seul comptera ce qui est personnel et spirituel. Il n’y a pas
de véritable entrée excepté par le chemin étroit de la repentance. Ainsi le Seigneur montre à
nouveau la futilité d’une religion tout extérieure. Il doit y avoir la réalité intérieure.

Les paraboles des versets 18 à 21 montrent qu’il y aura du mélange dans le royaume en sa
forme actuelle ; mais le verset 28 montre que, dans sa forme à venir, il n’y en aura pas. Alors
les patriarches en feront partie, et ceux dont la religion n’est que formalisme seront jetés
dehors. Le verset 29 suggère l’appel des nations qui était imminent, car la grâce allait se
répandre dans le monde entier avec des résultats considérables. La grâce, comme nous l’avons
vu tout au début de cet Évangile, ne peut être confinée dans les limites ou les formes juives.
Comme le vin nouveau, elle fera éclater les outres. Le Juif était historiquement le premier,
mais en présence de la grâce, son légalisme invétéré lui était souvent un obstacle, si bien qu’il
arrivait le dernier. Le païen qui n’est pas entravé de cette manière arrive le premier lorsque la
grâce entre en scène.

Le chapitre se termine sur une note très solennelle. Maintenant ce n’est pas le Juif, mais
Hérode que le jugement va atteindre. Hérode cachait son animosité avec la ruse d’un renard,
mais Jésus le connaissait à fond. Il savait d’autre part, que Sa propre vie, caractérisée par la
miséricorde envers l’homme, allait trouver sa consommation dans la mort et la résurrection.
La haine d’Hérode était cependant une chose de peu d’importance. La grande chose était le
rejet, par Jérusalem, de Christ et de toute la grâce qui était en Lui. Les Juifs étaient le peuple
auquel Dieu s’était adressé par le moyen des prophètes et que maintenant Il voulait rassembler
par Son Fils. L’illustration employée est très belle. Les prophètes avaient rappelé le peuple à
ses devoirs sous la loi violée, et avaient prédit la venue du Messie. Il était maintenant venu
dans la plénitude de la grâce, et le peuple aurait pu trouver protection à l’abri de Ses ailes.
Tout cependant était en vain.

Jérusalem se vantait de la merveilleuse maison qui se trouvait au milieu d’elle. Jésus en avait
parlé précédemment comme de la « Maison de mon Père », maintenant Il la renie : c’est
« votre maison », et Il la leur laisse désolée et vide. Jérusalem n’avait pas saisi l’occasion
offerte et bientôt ne verrait plus son Messie jusqu’à ce que se fasse entendre le cri du Psaume
118:26, qui provient « de la maison de l’Éternel ». Ce n’est pas avant la seconde venue du
Seigneur que Jérusalem fera entendre ce cri.

14 - Chapitre 14
Aux derniers versets du chapitre précédent, le Seigneur parle ouvertement de Son rejet et en
prédit les résultats quant à Jérusalem ; cependant Il ne cesse pas Ses activités en grâce ni Son
enseignement de la grâce, comme le montre le début de ce chapitre-ci. Les pharisiens
désiraient employer leur loi du sabbat pour en faire une cordelette avec laquelle ils lieraient
les mains pleines de miséricorde du Seigneur et en restreindraient l’action. Il rompt leur corde
et montre qu’Il aurait au moins autant de miséricorde envers l’homme affligé qu’eux-mêmes
en avaient habituellement envers leurs animaux domestiques. Sa grâce abonde et se met au-
dessus de tous leurs préjugés légaux.

À partir du verset 7, Luc reprend l’exposé des enseignements du Seigneur, et nous ne


trouvons pas d’autre récit de Ses œuvres avant d’arriver au verset 11 du chapitre 17. En
736
premier lieu, le Seigneur met l’accent sur la conduite qui devrait caractériser les bénéficiaires
de la grâce. La nature humaine se met en avant et se montre arrogante ; mais la grâce ne peut
être reçue que si l’humilité se manifeste. L’invité convié à des noces participe au festin en
vertu de la générosité de celui qui l’invite, non pas parce qu’il en a le droit ou le mérite, et il
doit se conduire en conséquence. On peut remarquer que dans la société mondaine,
aujourd’hui, se montrer effrontément arrogant ne serait pas considéré comme de bon ton.
Nous reconnaissons cela, et c’est un témoignage à la manière dont les idéaux chrétiens
prédominent encore. Dans les milieux païens, on applaudirait à une telle impudence, et nous
verrons qu’elle se manifestera de plus en plus au fur et à mesure que prédominent les idéaux
païens.

On voit quelquefois dans cette vie l’abaissement de celui qui s’élève et l’élévation de celui qui
s’abaisse, mais cela se verra dans une pleine mesure lorsque Celui qui s’est abaissé Lui-même
au suprême degré, jusque même à la mort de la croix, sera haut élevé aux yeux de tous, et que
tout genou se ploiera devant Lui. Au verset 11, nous pouvons discerner les deux Adam : le
premier chercha à s’élever et tomba ; le dernier Adam s’abaissa Lui-même, et est maintenant
assis à la droite de la Majesté dans les lieux très-hauts.

Dans les trois versets suivants, nous trouvons le Seigneur qui instruit non pas l’invité, mais le
maître de maison. Lui aussi doit agir dans un esprit qui convient à la grâce. La nature humaine
est égoïste, même dans les bienfaits qu’elle prodigue, et elle fera des invitations avec espoir
d’en retirer des avantages dans l’avenir. Si, sous l’influence de la grâce, nous pensons à ceux
qui n’ont rien à nous offrir, nous ne cherchons pas une récompense pour ici-bas. Il y a
pourtant récompense, même pour les actions dictées par la grâce, mais cela aura lieu dans le
monde de la résurrection que nous connaîtrons plus tard.

Des enseignements tels que ceux-ci incitèrent quelqu’un à s’écrier : « Bienheureux celui qui
mangera du pain dans le royaume de Dieu ». Cela a été dit très probablement sous
l’impression que l’entrée dans le royaume était une chose très difficile, et que celui qui y
mangera du pain doit être particulièrement favorisé. Cette remarque conduit le Seigneur à
donner la parabole du « grand souper », dans laquelle Il montre que la porte pour entrer dans
le royaume est ouverte à chacun, et que si quelqu’un n’y entre pas, c’est par sa propre faute.
Dans cette parabole, il y a un élément prophétique : le Seigneur anticipe et parle de choses qui
trouvent leur accomplissement dans la période où nous sommes. C’est avant tout la parabole
de l’Évangile.

« Un homme fit un grand souper et y convia beaucoup de gens ». Pour lui, les frais et la peine,
mais nombreux en allaient être les bénéficiaires. Les premiers invités étaient des gens qui
possédaient déjà quelque bien : un champ, des bœufs, une femme. Ceux-ci représentent les
Juifs et leurs chefs religieux dans le pays, qui ont été les premiers à entendre le message. Pris
dans leur ensemble, ils refusent l’invitation, et ce sont les privilèges religieux qu’ils
possédaient déjà qui les aveuglent sur la valeur du don de l’Évangile qui leur est offert.

Lorsque le serviteur rapporta à son maître que les invités refusaient de venir, celui-ci, nous
est-il dit, fut « en colère ». En Hébreux 10 : 28-29, il est dit que celui qui a « outragé l’Esprit
de grâce » est jugé digne « d’une punition combien plus sévère » que quelqu’un qui « a
méprisé la loi de Moïse ». Ce que nous avons dans notre chapitre est en rapport avec ce qui
est dit en Hébreux 10. La colère du maître a vraiment pour résultat qu’aucun de ceux qui ont
méprisé ainsi son invitation ne goûtera de son souper (comme il est indiqué au verset 24),
cependant cela ne ferme pas ses entrailles de miséricorde. Au contraire, le serviteur reçoit

737
l’ordre de s’en aller promptement et d’amener les pauvres et les nécessiteux — ceux qui, à
vue humaine, étaient les moins préparés pour venir.

Mais ceux-ci devaient être rassemblés depuis les « rues et les ruelles de la ville » ; aussi, ils
représentent, pensons-nous, les pauvres, les affligés, les personnes indignes d’Israël ; les
publicains et les pécheurs, en opposition aux scribes et aux pharisiens. Le Seigneur Lui-même
se tournait maintenant vers eux, et c’est parmi ces gens que l’œuvre allait continuer jusqu’aux
jours dont nous parlent les premiers chapitres des Actes des Apôtres. Puis le moment arrive
où l’invitation a été pleinement transmise parmi tous ces malheureux, et quoique beaucoup
aient accepté, l’heureuse annonce : « il y a encore de la place » est faite par le serviteur.

Cela conduit à une extension de cette généreuse invitation. Le maître dit encore : « va » et
maintenant les pauvres épaves humaines des chemins et des haies, en dehors des limites de la
ville, doivent être amenées pour remplir la maison. Cela représente l’annonce de l’Évangile
aux nations et nous pensons ainsi à la fin des Actes où l’apôtre Paul dit : « ce salut de Dieu a
été envoyé aux nations ; et eux l’écouteront » (Actes 28:28).

Cette parabole expose d’une façon explicite la question vue du côté de Dieu plutôt que du
côté de l’homme. Dieu prépare le souper, Il envoie le Serviteur, Il agit suivant Son propre
dessein et remplit Sa maison en dépit de la perversité de l’homme. Le Serviteur qu’Il envoie
est le Saint Esprit, car nul que Lui n’est assez puissant pour exercer un pouvoir absolument
contraignant. Les serviteurs sous ses ordres, même quelqu’un d’aussi remarquable que
l’apôtre Paul, ne peuvent faire plus que de persuader les hommes (voir 2 Cor. 5 : 11) ; seul
l’Esprit du Dieu vivant peut agir dans leurs cœurs assez efficacement pour qu’ils soient
« contraints » d’entrer. Mais, béni soit Dieu, c’est ce qu’Il fait, c’est ce qu’Il a fait pour
chacun d’entre nous.

À l’ouïe de telles choses, de grandes foules allaient avec Lui. Nombreux sont ceux qui aiment
entendre parler de quelque chose que l’on peut avoir pour rien. Le Seigneur se tourne et place
devant elles les conditions pour être disciples. La grâce de Dieu n’impose pas de conditions,
mais l’Évangile qui annonce cette grâce ne manque pas de conduire nos pas dans le sentier
qui caractérise un disciple du Maître : nous ne pouvons y marcher en toute droiture que si
nous nous soumettons à des conditions très rigoureuses. Quatre sont mentionnées ici : 1 — Le
Maître doit être l’objet suprême des affections du disciple : à tel point que tout autre amour
doit être comme de la haine en comparaison avec l’amour pour le Maître. 2 — Il nous faut
porter la croix en Le suivant, c’est-à-dire il faut être prêt à accepter une sentence de mort de la
part du monde. 3 — Il nous faut calculer la dépense en ce qui concerne nos ressources,
évaluer correctement tout ce qui nous appartient dans le Christ que nous suivons. 4 — Il faut
également évaluer correctement les puissances déployées contre nous.

Si nos calculs sont faux à l’égard de l’une ou l’autre de ces évaluations, il s’ensuivra, ou bien
que nous dépasserons probablement notre mesure ou bien que nous serons remplis de crainte
et transigerons avec l’ennemi. Si, comme le dit le verset 33, nous abandonnons vraiment tout
ce que nous possédons, nous serons rejetés totalement sur les ressources du Maître suprême
que nous suivons, alors le chemin s’ouvrira devant nous d’une manière merveilleuse : nous
serons des disciples.

Or le vrai disciple est le sel — et le sel est bon. En Matthieu 5, nous voyons Jésus qui dit :
« Vous êtes le sel de la terre » (v. 13), mais Il dit cela aux disciples » (v. 1). Si le disciple
transige, il devient comme le sel qui a perdu sa saveur, et il n’est plus bon à rien. Quelle

738
parole pour nous ! La grâce nous a appelés et a ouvert devant nous un chemin où nous avons à
marcher comme disciples. En respectons-nous les conditions solennelles de telle sorte que
nous devenions vraiment des disciples ? Puissions-nous vraiment avoir des oreilles pour
entendre !

15 - Chapitre 15
D’après les deux premiers versets de ce chapitre, il semblerait que ces paroles concernant la
grâce et la position de disciple aient attiré les publicains et les pécheurs vers le Seigneur, alors
qu’elles repoussaient les pharisiens et les scribes. Il est bien vrai que le Seigneur recevait les
pécheurs et mangeait avec eux : une telle manière de faire est en accord avec la nature même
de Sa grâce. Les pharisiens lancent leur remarque comme un reproche. Le Seigneur l’accepte
comme un compliment ; et Il continue, par des paraboles, à montrer que non seulement Il
recevait les pécheurs, mais bien plus les recherchait, et, à révéler aussi quelle sorte d’accueil
les attend lorsqu’ils sont reçus.

D’abord la parabole de la brebis perdue. Nous voyons ici dans le berger une image du
Seigneur Lui-même. Les quatre-vingt-dix-neuf, qui représentent la classe des pharisiens et des
scribes, sont laissées non pas dans le parc des brebis, mais au désert — lieu de stérilité et de
mort. La brebis perdue représente la classe des publicains et des pécheurs : ceux qui sont
perdus et qui le savent : le « pécheur qui se repent ». Le Berger trouve la brebis : pour Lui, le
travail et la peine. L’ayant trouvée, Il la met en sûreté et la prend en charge. Ses épaules
deviennent sa sûreté. Il la porte à la maison et déjà Sa joie commence. Jamais Il n’aura à dire :
« Attristez-vous avec Moi, car j’ai perdu Ma brebis qui avait été trouvée ».

Il est impossible de trouver sur terre les « quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de
repentance », quoiqu’il soit, hélas, facile de trouver quatre-vingt-dix-neuf personnes qui
s’imaginent être telles. Si pourtant elles se trouvaient, il y a plus de joie au ciel pour un
pécheur qui se repent qu’il ne pourrait y en avoir à leur sujet. Toutes les myriades de saints
anges au ciel n’ont jamais causé autant de joie qu’un seul pécheur qui se repent. Nous
sommes confondus par une telle grâce !

La parabole de la drachme perdue poursuit le même thème général, mais avec quelques détails
particuliers. La femme avec ses activités dans sa maison représente le travail subjectif de
l’Esprit dans l’âme des hommes, plutôt que l’œuvre objective de Christ. L’Esprit allume une
lampe dans l’intérieur du cœur rempli d’obscurité et produit une perturbation qui se termine
par la découverte de la drachme. Ici, il est dit qu’il y a de la joie devant les anges de Dieu ;
c’est-à-dire, ce n’est pas la joie des anges, mais de la Déité, devant qui ils se tiennent.

Puis suit la parabole du « fils prodigue ». Elle débute par des paroles très significatives. Le
Seigneur avait dit : « Quel est l’homme d’entre vous qui… ne s’en aille après ? », « Quelle est
la femme qui… ne cherche diligemment ? ». Il ne pouvait pas dire : « Quel est l’homme
d’entre vous », s’il a un fils prodigue et qu’il revienne, « courant à lui, ne se jette à son cou et
ne le couvre de baisers » ? Nous doutons qu’un homme veuille bien aller aussi loin que le
père de cette parabole : la grande majorité des hommes ne le ferait certainement pas. Cette
parabole met en valeur la grâce de Dieu le Père. Une fois de plus, c’est une image du pécheur
qui se repent, et il nous est permis de voir maintenant, sous la forme d’une parabole, les

739
profondeurs d’où le pécheur est tiré, et la hauteur à laquelle il est élevé par l’Évangile,
conformément au cœur du Père.

Dans la plus belle robe nous voyons le symbole de notre acceptation dans le Bien-Aimé ; dans
l’anneau, le symbole d’une relation éternelle établie ; dans les sandales, le signe de la qualité
de fils, car les serviteurs entraient, pieds nus, dans la maison de leur maître. Le veau gras et la
fête de famille expriment l’allégresse du ciel et en particulier la joie du Père. Le fils avait été
mort moralement et spirituellement, mais maintenant il était comme ressuscité à une vie
nouvelle.

Si le plus jeune fils représente le pécheur qui se repent, le fils aîné représente exactement
l’esprit du pharisien. L’un avait faim et entre, l’autre était en colère et reste dehors. La venue
de la grâce divise toujours les hommes en ces deux groupes : ceux qui savent qu’ils ne
méritent rien, et ceux qui s’imaginent mériter plus que ce qu’ils ont. Le fils aîné dit : « Tu ne
m’as jamais donné un chevreau pour me réjouir avec mes amis ». Ainsi, lui aussi trouvait sa
société et son plaisir dans un cercle d’amis, en dehors du cercle de son père. La seule
différence était dans le caractère des amis : ceux du plus jeune fils étaient peu
recommandables, alors que ceux de l’aîné étaient vraisemblablement respectables. Le
pharisien propre juste n’est pas plus en communion réelle avec le cœur du père que ne l’est le
fils prodigue. Et pour finir, il reste dehors, alors que le prodigue est introduit dans la maison.

16 - Chapitre 16
Les paraboles du chapitre 15 étaient adressées aux pharisiens, mais celle par laquelle débute
ce chapitre 16 s’adresse aux disciples. Elle les instruit quant à la position dans laquelle se
trouvent les hommes devant Dieu et quant au comportement qu’il leur convient d’avoir dans
cette position. Nous sommes des économes, et nous avons été infidèles dans notre
administration. L’économe est ici accusé devant son maître « comme dissipant ses biens ».
Cette expression fait la liaison avec la parabole précédente, car le plus jeune fils « dissipa son
bien en vivant dans la débauche ». Tout ce que nous possédons vient de la main de Dieu, si
bien que, quand nous gaspillons pour nous-mêmes ce que nous pouvons avoir, en réalité nous
dissipons les biens de notre Maître.

L’économe infidèle se trouve recevoir son congé, il décide alors de tirer parti de certaines
possibilités, que sa position présente lui offre encore en vue d’en avoir le bénéfice plus tard.
L’économe était injuste — le Seigneur le dit nettement — pourtant son maître ne peut que
louer la sagesse subtile avec laquelle il a agi, bien que ce soit au détriment du maître lui-
même. En matière de prudence dans les affaires de cette vie, les enfants de ce siècle
l’emportent sur les enfants de Dieu.

Les versets 9 à 13 sont l’application de la parabole à nous tous. Les biens de la terre, argent et
choses du même genre, sont les « richesses injustes », parce que ce sont les choses dans
lesquelles l’injustice de l’homme se manifeste le plus, bien qu’elles ne soient pas injustes en
elles-mêmes. Il nous faut employer les richesses de façon à amasser « un bon fondement pour
l’avenir » (voir 1 Tim. 6:17-19), ou bien, comme le dit notre verset : « afin que, quand vous
viendrez à manquer, vous soyez reçus dans les tabernacles éternels » (v. 9).

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Ce verset 9 nous montre donc que nous devons agir sur le principe adopté si sagement par
l’économe ; le verset 10 montre que nous devons différer entièrement de lui en ceci : que ce
qu’il a fait par injustice, nous devons le faire en toute loyauté. Les richesses injustes, que les
hommes cherchent par leurs efforts à acquérir d’une manière si acharnée, et souvent si
malhonnête, sont après tout « ce qui est très petit ». À proprement parler, elles ne nous
appartiennent pas du tout : elles sont à « autrui », puisque « à l’Éternel est la terre et tout ce
qu’elle contient ». Mais il y a « les vraies richesses », dont le Seigneur parle comme étant « ce
qui est vôtre ». Si nous comprenons réellement que ce que nous possédons, c’est ce que nous
avons en Christ, nous emploierons tout ce que nous avons dans cette vie — argent, temps,
occasions, intelligence — en vue des intérêts de notre Maître. De toutes façons, nous ne
pouvons pas servir deux maîtres. Soit Dieu, soit Mammon (les richesses) dominera sur nous.
Veillons à ce que ce soit Dieu qui domine.

Quoique toutes ces choses aient été dites aux disciples, il y avait des pharisiens qui écoutaient,
et ils se moquent ouvertement du Seigneur. Pour leur esprit avare, un tel enseignement était
ridicule. Ils étaient partisans farouches de la loi, et la loi n’avait jamais prescrit des choses
semblables. Le Seigneur leur répond en deux points. D’abord, ils s’occupaient de ce qui était
extérieur, sous le regard des hommes, s’intéressant simplement à ce que les hommes avaient
en estime. Ils laissaient de côté le Dieu qui s’occupe de l’état du cœur de l’homme, et dont les
pensées sont entièrement opposées à celles de l’homme. Finalement, les pensées de Dieu
prévaudront et celles de l’homme seront renversées.

Mais en second lieu, la loi dont ils s’enorgueillissaient était en train de se faire remplacer par
le royaume de Dieu. La loi avait prescrit les choses nécessaires à la vie de l’homme sur la
terre, et les prophètes avaient annoncé le royaume de Dieu qui y serait établi. Le temps du
royaume visible, universel n’était pas encore ; néanmoins ce royaume était introduit sous une
autre forme par la prédication et déjà, dans cette forme spirituelle, les hommes commençaient
à y entrer, usant de violence. Les pharisiens refusaient de le voir, et restaient dehors. Mais,
quoique la loi fût en train d’être remplacée de cette façon, il n’en tomberait pas un seul trait de
lettre. Dans son domaine à elle, elle reste debout dans toute sa majesté. Elle est « sainte, juste
et bonne », (voir Rom. 7:12) ; et ses ordonnances morales demeurent. L’ordonnance
particulière sur laquelle le Seigneur insiste au verset 18 était sans doute une attaque terrible
contre les pharisiens, qui étaient très relâchés dans de telles choses, alors qu’ils s’occupaient
activement de leurs dîmes « de la menthe, de l’aneth et du cumin ».

Cette vigoureuse critique est suivie aux versets 19-31 par la parabole effrayante de l’homme
riche, si tant est que ce soit une parabole. Le Seigneur emploie quelques expressions figurées
telles que « le sein d’Abraham », mais Il rapporte tout cela comme étant des faits. Les versets
19-22 relatent des faits très ordinaires de cette vie-ci, se terminant par la mort et
l’enterrement, et là, le rideau tombe pour nous. Comme nous arrivons au verset 23, le
Seigneur lève ce rideau et nous fait voir les choses qui se trouvent au-delà.

L’homme riche agit sur le principe absolument opposé à celui de l’économe du début du
chapitre. Tout ce qu’il possédait, il l’avait employé pour son plaisir égoïste du moment, et il
avait laissé l’avenir prendre soin de lui-même. Le Seigneur ne s’en prend pas aux richesses,
mais bien à l’emploi égoïste qu’en fait l’homme sans tenir compte de Dieu. L’homme riche ne
s’intéressait qu’au présent, qu’à ce monde-ci ; le royaume de Dieu n’était rien pour lui.

741
Le mot que Jésus emploie ici pour « enfer » est hadès : non pas l’étang de feu, mais le monde
invisible des morts. Il nous montre donc que même celui-ci est, pour ceux qui ne sont pas
sauvés, un lieu de tourment. Quatre fois, Il déclare que le hadès est un lieu de tourment.

Il montre également que, une fois l’âme dans le hadès, aucun changement n’est possible. Le
« grand gouffre » est « établi ». Il n’y a aucune possibilité de passer des tourments à la
bénédiction. Il n’y a ici pas de « seconde chance ».

Maintenant qu’il est dans le hadès, l’homme riche est animé d’un esprit missionnaire : il
désire qu’un messager d’outre-tombe soit envoyé à ses frères pour qu’ils échappent à ce lieu
épouvantable. Le Seigneur nous montre qu’aucune visite d’outre-tombe, même si elle pouvait
se produire, n’arrêterait les gens, s’ils ne sont pas arrêtés par la Parole de Dieu.

Aujourd’hui Dieu s’adresse aux hommes par le Nouveau Testament aussi bien que par Moïse
et les prophètes, et dans le Nouveau Testament est rapportée la vie de Celui qui est ressuscité
d’entre les morts. Si les hommes rejettent la Bible, qui est pour aujourd’hui la Parole de Dieu
complète, rien ne les persuadera, et ils aboutiront au lieu du tourment.

Oh, que nous soyons étreints par une conviction, donnée par Dieu, de la réalité de ces choses !
Alors, « la bonté de notre Dieu Sauveur et Son amour envers les hommes » étreignant aussi
nos cœurs, nous serions pleins de zèle pour les âmes. Nous ressemblerions davantage à ce
chrétien (*) pieux du 17° siècle au sujet duquel l’histoire rapporte qu’il était « rempli d’un
désir insatiable de la conversion des âmes précieuses » ! Et nous devrions être remplis de zèle
pour les âmes pendant que c’est encore le temps agréé et le jour du salut.

(*) Joseph Alleine (1634-1668), contemporain de John Bunyan

17 - Chapitre 17
La dernière partie du chapitre précédent, du verset 14 à la fin, s’adressait aux pharisiens ; au
début de ce chapitre-ci, le Seigneur s’adresse de nouveau à Ses disciples. Les biens de
l’homme riche avaient été pour lui une occasion de chute et l’avaient entraîné en enfer, et
maintenant le Seigneur dit à Ses disciples que, le monde étant ce qu’il est, les « scandales » ou
occasions de chute sont inévitables. La chose importante est d’éviter d’être une occasion de
chute à qui que ce soit, même aux plus petits. Les conséquences en sont si graves que
n’importe quoi vaut mieux que cela.

Cependant, cela ne veut pas dire que nous ne devions jamais parler à notre frère par crainte de
lui être en achoppement. Bien au contraire : s’il se détourne du droit chemin et pèche, nous
devons le reprendre, et aussitôt qu’il se repent, lui pardonner ; et cela, même si la chose se
répète plusieurs fois. On pourrait penser qu’on risque de lui être en achoppement en le
reprenant, mais, en fait, c’est ne pas le reprendre qui comporte ce risque. Il va de soi que la
réprimande est adressée, non sous l’effet d’une colère humaine, mais dans la puissance de
l’amour de Dieu.

742
Un enseignement tel que celui-ci fait sentir aux disciples qu’ils ont besoin d’une foi plus
grande. La réponse du Seigneur semble impliquer qu’il ne s’agit pas tant d’une grande foi,
que d’une foi vivante. Un grain de moutarde est très petit, mais il est vivant ! Une foi vivante
obtient des résultats de caractère miraculeux. Maintes fois, de lourds pavés ont été descellés
par des pousses délicates provenant de semences vivantes enfouies dessous. Même la vie
végétale a une puissance qui paraît miraculeuse, et c’est d’autant plus vrai pour la foi vivante.
Néanmoins, ce n’est pas la foi que nous possédons, ce n’est pas le service que nous
accomplissons qui nous donnent quelque droit devant Dieu. Nous ne pouvons jamais
accomplir plus qu’il n’était de notre devoir de faire. Il semble que ce soit la vérité inculquée
dans les versets 7 à 10.

Le Seigneur est maintenant en route pour aller à Jérusalem, et nous arrivons à l’incident
touchant des dix lépreux. Tous avaient une certaine mesure de foi en Lui, car ils font appel à
Lui comme Maître, et ils obéissent aux instructions qu’Il leur donne d’aller vers les
sacrificateurs, bien qu’à ce moment-là il n’y eût pas de changement dans leur condition.
Pourtant, lorsqu’ils furent rendus nets, neuf d’entre eux continuèrent leur route vers les
sacrificateurs, afin d’achever leur purification cérémonielle le plus tôt possible. Un seul remet
à plus tard l’accomplissement du rite afin de donner la première place à son Bienfaiteur.
L’esprit juif était davantage lié par ce qui était rituel ; le pauvre Samaritain est libre de rendre
louanges et actions de grâce au Sauveur avant toutes choses et d’être déclaré pur par les
sacrificateurs après. La miséricorde souveraine avait été dispensée, et la brève vision de la
Personne qui a dispensé la miséricorde élève le Samaritain au-dessus des coutumes de la loi.
En conséquence, il reçoit des lèvres mêmes du Seigneur l’assurance d’être rendu net, avec la
déclaration que sa foi en avait été l’instrument. Cela avait bien plus de valeur que toute
assurance qu’il pouvait recevoir des sacrificateurs. La foi intelligente met toujours Christ en
avant.

Dans les versets 20 et 21, Luc met en opposition le scepticisme inintelligent des pharisiens
avec la foi du Samaritain. Pour eux, le royaume de Dieu ne pouvait venir qu’avec un
déploiement de pompe, de façon à être remarqué par chacun. Le Seigneur leur dit que ce
n’était pas le temps pour qu’il vienne de cette façon, mais qu’il se trouvait déjà au milieu
d’eux, d’autant que Lui — le Roi — était là. Le royaume se trouvait au milieu d’eux car Lui-
même se trouvait au milieu d’eux. Les pharisiens avaient les yeux tout à fait fermés pour le
voir, mais le Samaritain l’avait évidemment entrevu, d’où sa hâte à revenir en arrière pour se
jeter à Ses pieds, Lui rendant grâces.

Au verset 22, Jésus se tourne à nouveau vers Ses disciples, parlant des « jours du Fils de
l’Homme » ; évidemment c’est le Fils de l’Homme qui devra prendre le royaume, lorsque
viendra l’heure où il sera établi publiquement, comme Daniel 7:13-14 l’avait fait connaître
depuis longtemps. Or, les disciples, comme le Samaritain, avaient la foi et voyaient déjà la
puissance et l’autorité de Dieu confiées au Seigneur Jésus. Ils allaient aussi, au temps
convenable, voir le Fils de l’Homme révélé dans Sa gloire : le verset 30, ainsi que le verset
24, en parlent. Mais auparavant, Il allait être rejeté, et les paroles rapportées jusqu’à la fin du
chapitre leur étaient évidemment adressées : ils représentaient les saints qui seraient sur la
terre avant Sa venue en gloire. Nombreux sont ceux qui ont désiré de voir un des jours du Fils
de l’Homme et ne l’ont pas vu.

Lorsque l’heure de Sa Venue approchera, deux choses caractériseront ces jours-là. D’abord, il
y aura beaucoup d’activité de la part des puissances de méchanceté. Des imposteurs se
présenteront ici et là, comme l’indique le verset 23. En second lieu, les hommes en général

743
seront absorbés par les choses de la terre. Aux jours de Noé et aux jours de Lot, les hommes
étaient absorbés par leurs plaisirs, leurs affaires, leurs projets ; en conséquence le jugement les
prit au dépourvu et ils périrent tous. Ainsi en sera-t-il au jour de la révélation du Fils de
l’Homme.

La grande pensée renfermée dans le verset 33 ne se rencontre pas moins de six fois dans les
Évangiles, et le Seigneur semble l’avoir prononcée en quatre occasions différentes. Le
contexte ici la rend très frappante. Les hommes se plongent dans les choses de la terre,
cherchant à sauver leur vie. En conséquence, ils ne font que la perdre. Le croyant doit
abandonner ces choses en faveur de choses bien plus grandes qui lui sont révélées. Il conserve
sa vie, comme ce sera évident lorsque le Seigneur viendra. La femme de Lot est une
illustration de ce principe. Les anges la firent sortir (corporellement) de Sodome, mais son
cœur y était encore. Elle perdit tout ce qu’elle possédait, et elle aussi perdit la vie. Nous
faisons bien de nous souvenir d’elle.

Ceux qui seront sur la terre, lorsque le Seigneur viendra, feront bien de s’en souvenir
également. Alors, ils ne penseront pas à emporter les affaires qu’ils auront laissées à la
maison, ou à retourner en arrière depuis les champs. Ce jour-là viendra avec la rapidité de
l’aigle qui fond sur sa proie. Tout comme les aigles se rassemblent partout où se trouve leur
proie, ainsi le jugement de Dieu atteindra tous ceux qui en sont passibles. Le royaume,
lorsqu’il sera établi, sera marqué par un jugement discriminatoire contre le mal. Le pécheur
sera pris pour le jugement et le juste laissé pour jouir de la bénédiction, si étroitement associés
qu’ils aient pu être. Si les pharisiens s’étaient rendu compte que l’établissement public du
royaume comportait cela, ils n’auraient peut-être pas demandé quand cet événement aurait
lieu.

Il est intéressant de remarquer que les trois cas mentionnés par le Seigneur, dans les versets
34-36, évoquent respectivement la nuit, le petit matin et le plein jour. Quand Il viendra, les
hommes seront surpris inopinément dans tous les lieux de la terre, dans leur occupation du
moment.

18 - Chapitre 18
En présentant la parabole par laquelle débute ce chapitre, le Seigneur continue dans la même
ligne de pensée, comme le montre l’application qu’Il en fait aux versets 7 et 8. Lorsque le
royaume viendra, cela signifiera le jugement pour les méchants, mais les jours qui précéderont
seront marqués par de la tribulation pour les saints. Leur ressource sera la prière. Même un
juge inique sera poussé à faire justice à une veuve, si elle est suffisamment importune ; de
même un saint peut s’attendre continuellement à Dieu avec l’assurance d’être entendu au
temps convenable.

Il n’y a pas le moindre doute quant à la Venue du Fils de l’Homme en réponse aux cris de Ses
élus. Le seul doute qui s’élève se rapporte à la foi : une foi vivante se trouvera-t-elle parmi les
élus ? Le Seigneur pose la question : « trouvera-t-Il de la foi sur la terre ? » mais Il n’y répond
pas. Il semble que l’on peut en déduire que la foi sera à son déclin, ce qui concorde avec ce
que Lui-Même déclare ailleurs sans détours : « l’amour de plusieurs sera refroidi » ; (Matthieu
24:12). Si nous avons raison de croire que la fin de la dispensation présente approche, nous

744
ferons bien de prendre cela très à cœur, et de nous ranimer quant à la foi et la prière. Ce n’est
que si nous prions constamment que nous ne perdrons pas courage.

L’homme qui prie se confie en Dieu. Malheureusement, beaucoup se confient en eux-mêmes


et en leur propre justice. À ceux-ci s’adresse la parabole suivante. Le pharisien et le publicain
sont des hommes-types. Le Seigneur considère comme admis que la grâce de Dieu, qui
apporte la justification aux hommes, est à leur libre disposition, mais Il montre que tout
dépend de l’attitude de celui qui en a besoin. Le pharisien représente exactement le fils aîné
du chapitre 15, l’homme riche du chapitre 16, le brigand impénitent du chapitre 23. Le
publicain représente le plus jeune fils, Lazare et le brigand qui se repent.

Chez le pharisien, tout tourne autour de lui-même, de son caractère, de ses actions. Chez le
publicain : la confession de péché, et de son besoin de propitiation : « sois apaisé » étant
littéralement « sois propice ». Comme le verset 13 est lourd de sens ! La place que prend le
publicain : « se tenant loin » indiquant qu’il sait qu’il n’a aucun droit à s’approcher ; son
attitude : ne levant pas « les yeux vers le ciel » : le ciel n’était pas un endroit pour un homme
tel que lui ; ses gestes : « se frappait la poitrine », confessant ainsi qu’il est l’homme qui
mérite d’être frappé ; ses paroles : « moi, (le) pécheur », (le pécheur, plutôt qu’un pécheur).
Le pharisien avait dit : « Je ne suis pas comme le reste des hommes », frappant les autres
hommes plutôt que lui-même. Le publicain frappe celui qui le mérite, et s’humiliant, reçoit la
bénédiction.

Comme tout cela concorde d’une façon frappante avec le thème particulier de cet Évangile.
La grâce se trouvait là en abondance dans le Fils de l’Homme parfait, mais à moins que, de
notre part, il n’y ait un esprit d’humilité et de repentance, nous passerons à côté de tout ce
qu’elle offre.

L’incident suivant, que Luc relate brièvement aux versets 15 à 17, renforce précisément ce
même élément. De simples petits enfants ne comptent pas dans l’estimation du monde, mais
c’est de tels que se compose le royaume. Ce n’est pas, comme nous aurions pu le penser, que,
pour y entrer le petit enfant doive atteindre l’état d’homme adulte, mais il faut que l’adulte
revienne à l’état de petit enfant. Le premier cas aurait pu convenir à la loi de Moïse, mais ici,
il s’agit de la grâce.

L’incident suivant, concernant le jeune homme riche, chef du peuple, insiste également sur ce
même point. Le Seigneur venait de parler de recevoir le royaume comme un petit enfant, et le
chef du peuple demande alors : « Que faut-il que j’aie fait pour hériter de la vie éternelle ? » Il
revenait mentalement aux œuvres de la loi, il ne connaissait pas ce que Paul nous dit en
Romains 4:4 : « À celui qui fait des œuvres, le salaire n’est pas compté à titre de grâce, mais à
titre de chose due ». Abordant la question sur cette base, le Seigneur le renvoie à la Loi, aux
devoirs qu’elle lui impose vis-à-vis de son prochain, et comme il assurait qu’il avait gardé ces
choses dès sa jeunesse, le Seigneur le sonde plus avant quant à sa relation envers Lui-Même.
« Viens, suis-moi ». Qui est ce Moi ? Voilà la question suprême, de laquelle tout dépend,
aussi bien pour le chef du peuple que pour nous-mêmes.

Le chef s’était adressé au Seigneur en disant : « Bon Maître », et cette épithète flatteuse, le
Seigneur la refuse s’il ne le reconnaissait pas en même temps comme Dieu. En vérité, Il était
Dieu, et Il était bon, et Il se présente au jeune homme, en l’invitant à renoncer à ce qu’il

745
possédait et à Le suivre, exactement comme Lévi l’avait fait quelque temps auparavant.
Même la loi demandait à l’homme d’aimer Dieu de tout son cœur. Le chef aimait-il Dieu de
cette façon ? Reconnaissait-il Dieu dans l’humble Jésus ? Hélas, non. Il pouvait bien affirmer
qu’il avait gardé les commandements se rapportant à son prochain ; il perd pied complètement
lorsque le premier de tous les commandements est en question. À ses yeux, ses richesses
avaient en elles-mêmes une plus grande valeur que Jésus.

C’est bien difficilement qu’un riche entrera dans le royaume de Dieu, puisqu’il est si difficile
de posséder des richesses sans qu’elles absorbent le cœur en excluant Dieu. Pour ceux qui
pensaient que les richesses étaient des marques de la faveur de Dieu, tout cela semblait très
troublant, mais la vérité est que le salut est chose impossible à l’homme, néanmoins possible à
Dieu. Cela nous ramène au point en question. Le royaume ne peut se mériter, encore moins la
vie éternelle. Tout doit être reçu comme don de Dieu. Et si, en recevant le don, d’autres
choses doivent être abandonnées, il y a ample compensation et maintenant, et dans le monde à
venir.

Ce que le Seigneur dit aux versets 29 et 30 a une portée très générale. Dans le temps présent,
il y a beaucoup plus pour tous ceux qui ont abandonné les bonnes choses de la terre pour
l’amour du royaume. Quelque difficulté que nous ayons à comprendre cela, provient de ce
que nous n’arrivons pas à apprécier à leur valeur les bénédictions spirituelles contenues dans
le « beaucoup plus ». Paul nous donne une illustration de ces paroles. Lisons Philippiens 3 et
voyons comme il fait le compte de ces richesses spirituelles déversées dans son sein après
qu’il eut « fait la perte de toutes (choses) ». Semblable à un chameau dépouillé de tous les
haillons qu’il avait portés, il n’était passé par le trou de l’aiguille que pour se trouver comblé
de faveurs de l’autre côté.

Tout cela devait paraître très surprenant à l’esprit juif, mais le fait qui expliquait tout était que
le Fils de l’Homme n’allait pas prendre le royaume en ce temps-là, mais bien plutôt monter à
Jérusalem pour y mourir. Ainsi, de nouveau à ce point-là, Jésus parle de la mort qui était
maintenant devant Lui. Les prophètes avaient annoncé que ce serait le chemin par lequel Il
entrerait dans Sa gloire, quoique les disciples n’aient pas réussi à le comprendre. Et, alors
même que le Seigneur les en instruit à nouveau, ils n’arrivent pas à le saisir. Tel est le pouvoir
que les idées préconçues peuvent avoir sur l’esprit.

Le Seigneur accomplit maintenant son ultime voyage vers Jérusalem, et Il approche de


Jéricho pour la dernière fois. Avec foi l’aveugle arrête le Seigneur au passage. La foule lui
avait dit que Jésus de Nazareth passait par là, pourtant il s’adresse aussitôt à Lui en L’appelant
Fils de David et il Lui demande d’avoir pitié de lui. Le jeune homme riche avait demandé ce
qu’il devrait faire, alors que le Seigneur venait de parler de recevoir le royaume. Le mendiant
aveugle dit qu’il voudrait recevoir lorsque le Seigneur demande ce qu’il faudrait qu’Il lui
fasse. Il ne résulta rien de la rencontre avec le chef ; un résultat est produit sur-le-champ dans
le cas du mendiant. Le contraste entre ces deux cas est tout à fait significatif.

Le mendiant recouvre la vue, et le Seigneur lui dit : « Ta foi t’a guéri ». Cela montre que
l’action accomplie est beaucoup plus profonde que le recouvrement de sa vue physique. Le
mendiant devient un disciple de Jésus, qui montait à Jérusalem et allait vers la croix ; Dieu est
glorifié et par le mendiant et par les témoins de la scène. Un cas également net de bénédiction
spirituelle se présente au Seigneur lorsqu’Il entre dans Jéricho et la traverse.

746
Si, arrivés là, nous comparons l’Évangile de Luc avec Matthieu 20:29-34, et Marc 10:46-52,
une grave contradiction apparaît. Luc place très explicitement la guérison de l’aveugle lorsque
Jésus approchait de Jéricho ; et les deux autres évangélistes la placent non moins
explicitement lorsqu’Il quittait Jéricho. Avec nos connaissances limitées, il semblait
impossible de concilier les différents récits sur ce point-là. Mais lors des fouilles faites dans la
région de Jéricho, les archéologues ont mis au jour les fondations de deux villes de Jéricho :
l’une, la ville primitive, ancienne, l’autre, à quelque distance, la Jéricho romaine. L’aveugle
qui connaissait son affaire pour demander l’aumône s’était posté entre les deux villes ! Luc,
qui écrit pour les gens des nations, avait évidemment la Jéricho romaine à l’esprit. Les autres
évangélistes, très naturellement, pensent à la ville primitive. Nous mentionnons cela pour
montrer comment disparaît très simplement ce qui ressemble à une contradiction
insurmontable, lorsque nous connaissons les faits dans leur ensemble.

19 - Chapitre 19
Luc seul nous parle de la conversion de Zachée, ce qui est remarquablement en harmonie avec
le thème de son Évangile. Le publicain, bien que profondément méprisé par les chefs de son
peuple, était un objet tout indiqué pour recevoir la grâce du Seigneur et il se distinguait par la
foi qui est prête à recevoir cette grâce. Zachée n’avait pas de besoins corporels ou matériels ;
pour lui, il s’agissait uniquement de besoins spirituels. Les gens le traitaient de « pécheur ».
Le mot était juste, et Zachée le savait ; néanmoins, cela l’incite à essayer de gagner la faveur
du Seigneur par l’exposé de ses bonnes œuvres et de sa scrupuleuse honnêteté. Jésus,
toutefois, place sa bénédiction sur le fondement qui convenait, en déclarant que Zachée est
fils d’Abraham, c’est-à-dire un véritable enfant de la foi, tandis que Lui-Même est Celui qui
est venu chercher et sauver ce qui était perdu. Zachée, par nature, était perdu, cependant
c’était un croyant, et ainsi le salut lui parvient en ce jour-là. C’est exactement sur le même
fondement que le salut parvient à chacun d’entre nous depuis ce jour-là.

Le Seigneur avait montré aux pharisiens que le royaume était déjà au milieu d’eux en Sa
propre Personne ; Il avait aussi reparlé à Ses disciples de Sa mort imminente et de Sa
résurrection. Cependant ceux-ci caressaient encore l’espoir de voir apparaître sans délai le
royaume en gloire. Aussi le Seigneur ajoute-t-Il la parabole des versets 11 à 27 comme
correctif à leurs pensées erronées. L’heure du royaume viendrait, et alors tous Ses ennemis
seraient détruits ; mais il y aurait d’abord le temps de Son absence, pendant lequel la fidélité
et la diligence de Ses serviteurs seraient mises à l’épreuve. À chaque serviteur est confiée la
même somme, si bien que la différence dans les résultats provient de leur diligence, de leur
savoir-faire ou de quelque autre motif. C’est selon leur diligence qu’ils sont récompensés au
jour du royaume. Le serviteur qui n’a eu aucune activité, montre seulement qu’il ne
connaissait pas son Maître. Le résultat : non seulement il n’a pas de récompense, mais il subit
une perte.

Cela nous rappelle une fois de plus que la grâce nous appelle à une position de responsabilité
et de service, et que notre place dans le royaume dépendra de la diligence avec laquelle nous
aurons employé ce qui nous a été confié.

Après avoir exposé la parabole des talents, le Seigneur va devant Ses disciples, montant à
Jérusalem ; et comme Il approchait de Bethphagé et de Béthanie, Il envoie chercher l’ânon sur
lequel Il fait Son entrée dans la ville, selon la prophétie de Zacharie, (Zacharie 9:9). L’ânon
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n’était pas dressé, car personne ne s’était jamais assis dessus. On le détache, mais seulement
afin que le Seigneur puisse s’asseoir dessus.

Quoique le royaume ne fût pas sur le point d’être établi en gloire à ce moment-là, le Seigneur,
ainsi monté sur l’ânon, se présente sans équivoque à Jérusalem comme son Roi légitime,
envoyé par Dieu. Ses disciples aident en cela, et comme ils approchent de la ville, ils se
mettent à louer Dieu et à se réjouir. Jean 12:16 nous dit très clairement qu’ils ne comprirent
pas vraiment alors ce qu’ils faisaient ; cependant il est évident que l’Esprit de Dieu les saisit et
les dirigea dans leurs paroles. Ils L’acclament comme Roi, et parlent de : « Paix au ciel, et
gloire dans les lieux très-hauts ! »

Lors de l’incarnation, les anges avaient proclamé : « sur la terre, paix », car l’Homme du bon
plaisir de Dieu était apparu, et ils célébrèrent le résultat complet de Son œuvre. Mais
maintenant, il est clair que la mort se dressait devant Lui, et que Son rejet allait entraîner pour
un temps tout autre chose que la paix sur la terre. Néanmoins, le premier résultat de Son
œuvre à la croix serait d’établir la paix dans la Cour la plus haute qui soit, — dans les cieux
— et de manifester la gloire dans les lieux très-hauts, Lui-Même y montant en triomphe. Il
fallait que cette note de louange se fasse entendre à ce moment précis. Dieu aurait pu faire
crier les pierres, mais à leur place, Il emploie la bouche des disciples, bien qu’ils aient
prononcé ces paroles sans comprendre totalement leur signification.

Voici maintenant un contraste frappant. Comme ils approchent de la ville, les disciples se
réjouissent et louent le Roi à haute voix. Le Roi, Lui, pleure sur la ville ! En Jean 11:35
(« Jésus pleura »), le mot employé indique des pleurs silencieux ; ici, le verbe indique se
répandre en lamentations, de façon visible et audible. Les lamentations de l’Éternel sur Israël,
rapportées au Psaume 81:13, réapparaissent ici, mais beaucoup plus poignantes, alors que
s’approchait le moment où la nation allait commettre le plus grand de tous ses péchés.
Jérusalem ne connaissait pas les choses qui appartenaient à sa paix, (v. 42), c’est pourquoi la
paix sur la terre était impossible à ce moment-là, et le Seigneur prévoit et prédit sa destruction
par la violence, perpétrée par les Romains quarante ans plus tard. L’Orient d’en haut les avait
visités, et ils n’avaient point connu le temps de leur visitation.

En conséquence, tout était en désordre dans Jérusalem. En entrant dans la ville, le Seigneur se
dirige tout droit vers son centre même, et Il trouve le mal installé dans le temple. La maison
de l’Éternel, destinée à être une maison de prière pour toutes les nations, n’était qu’une
caverne de voleurs, si bien que tout étranger, montant au temple pour y rechercher Dieu, était
victime d’escroqueries lorsqu’il voulait obtenir les victimes pour les sacrifices. De ce fait, il
était repoussé loin du vrai Dieu au lieu d’être attiré à Lui. Ainsi, dans les mains des hommes,
la maison de Dieu avait été complètement détournée de son usage propre. De plus, les
hommes qui avaient l’autorité dans la maison étaient virtuellement des meurtriers, comme le
montre le verset 47 ; aussi était-elle devenue une citadelle de meurtriers en même temps
qu’une caverne de voleurs. Pouvait-il y avoir quelque chose de pire ? Il n’est pas étonnant que
Dieu l’ait détruite de fond en comble par la main des Romains quarante ans plus tard.

20 - Chapitre 20
Ce fut pourtant dans l’enceinte du temple que le Seigneur enseigna le peuple au cours de cette
dernière semaine de Sa vie ; aussi n’est-il pas surprenant qu’Il soit entré en conflit avec les
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sacrificateurs et les scribes. Ce chapitre tout entier s’occupe des détails de ce conflit. Ce sont
eux qui commencent à contester, mais à la fin, ils sont réduits au silence et démasqués.

Ils mettent d’abord en question Son autorité. Eux étaient les gens qui détenaient l’autorité
dans le temple, et pour eux Jésus n’était qu’un « Prophète » parvenu et présomptueux, venant
de Nazareth. Leur question laissait présumer qu’ils étaient habilités à juger des lettres de
créance du Seigneur, s’Il en présentait ; aussi les invite-t-Il à régler la question préliminaire se
rapportant aux lettres de créance de Son précurseur : Jean. Ils sont immédiatement mis dans
l’embarras, car la réponse qu’ils souhaitaient donner aurait indigné le peuple. C’était des
opportunistes, recherchant la popularité, aussi invoquent-ils l’ignorance. Ce n’est pas devant
de tels hommes que le Seigneur justifie Son autorité. Au lieu de cela, Il se met à parler avec
toute l’autorité que donne l’omniscience, et ils en sentent bientôt la puissance. Il ne pouvait
plus y avoir de doute au sujet de Son autorité au terme de ce conflit de paroles.

Dans la parabole qui occupe les versets 9 à 16, le Seigneur expose avec une grande clarté la
situation exacte des choses à ce moment-là. Cela se lit comme une suite de l’exposé historique
donné en 2 Chroniques 36:15-16. Là, c’était Dieu, suppliant par le moyen de Ses « messagers,
se levant de bonne heure et envoyant » ; mais ceux-ci ne rencontrèrent que moqueries et
railleries jusqu’à ce « qu’il n’y eut plus de remède », et « Il fit monter contre eux le roi des
Chaldéens ». Ici, l’histoire avance d’un pas et le « Fils Bien-aimé » est envoyé, seulement
pour être jeté hors de la vigne et tué. À cause de cela, un châtiment pire que l’arrivée des
Chaldéens allait venir sur eux. Le Psalmiste avait prophétisé que la « Pierre » rejetée
deviendrait la « tête de l’angle », et Jésus ajoute que « quiconque tombera sur cette pierre,
sera brisé ; mais celui sur qui elle tombera, elle le broiera ». En ce moment, ils heurtaient
contre la Pierre, comme Romains 9:32 le déclare. La chute de la Pierre sur eux et sur les
puissances des nations aura lieu à la Seconde Venue, comme l’indique Daniel 2:34.

Les principaux sacrificateurs et les scribes sentent l’intention et l’autorité des paroles du
Seigneur, comme nous le voyons au verset 19 ; mais cela ne fait que les exciter à s’opposer
d’une façon plus déterminée. Et ils envoient des hommes rusés et fourbes pour, si possible, Le
prendre au piège dans Ses paroles. Ils viennent vers le Seigneur et Lui demandent s’il est
permis de payer le tribut à César ; pharisiens et hérodiens trouvent ici l’occasion de s’allier,
oubliant leur animosité réciproque dans une haine commune envers le Seigneur.

La question que pose le Seigneur : « Pourquoi me tentez-vous ? » montre qu’Il connaissait


parfaitement leur ruse. Il demande à voir un denier — et cela montre dans quelle pauvreté Il a
vécu. L’inscription sur le denier témoigne qu’ils sont des sujets de César. Le Seigneur répond
alors qu’ils doivent rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. C’est parce
qu’ils n’avaient pas rendu à Dieu ce qui Lui revenait, que César avait acquis sur eux ses droits
de conquérant. Tout ceci était si incontestable, que ces discuteurs perfides furent réduits au
silence devant la remarque qu’Il leur en fit.

La question par laquelle les sadducéens pensaient prendre le Seigneur au piège était due à leur
ignorance. Ils avaient sans doute souvent plongé les pharisiens dans la perplexité avec cette
question-là, mais ceux-ci n’avaient pas plus de lumière que les sadducéens sur le point
essentiel que le Seigneur rend si clair. Il oppose « ce siècle » et « ce siècle-là ». Or, ce sera le
lot de quelques-uns « d’avoir part à ce siècle-là » comme hommes vivant sur la terre, sans
passer par la mort et la résurrection ; mais ceux qui « auront part à ce siècle-là et à la
résurrection » connaîtront des conditions de vie totalement nouvelles. Ils seront immortels
comme les anges, et le mariage ne s’appliquera pas à eux. Le Seigneur commence ici à faire

749
« luire la vie et l’incorruptibilité » (2 Timothée 1:10) ; et, en conséquence, la question des
sadducéens qui, dans leur ignorance, semblait ne pas avoir de réponse, devient simplement
ridicule.

Le Seigneur complète Sa réponse et apporte la preuve de la résurrection à partir de Exode 3:6.


Si, pour Dieu, les patriarches étaient vivants des siècles après leur mort dans ce monde-ci
(dans ce siècle-ci), leur résurrection finale est certaine. Ainsi, Il répond, non seulement à la
question absurde des sadducéens, mais aussi à l’incrédulité qui se trouvait derrière leur
question. Et Il y répond avec une telle autorité que même un scribe est porté à l’admiration et
à l’approbation, et ils craignent tous de l’interroger davantage.

Le Seigneur pose alors, à son tour, cette grande question, basée sur le Psaume 110. Matthieu
rapporte que personne ne pouvait lui répondre un mot (Matthieu 22:46) La foi seule le
pouvait, la foi qui saisissait la gloire divine du Christ ; et eux-mêmes n’avaient pas de foi. Ils
restent silencieux dans leur incrédulité tenace. Répondre à Sa question, ils ne le peuvent pas ;
Lui poser d’autres questions, ils ne l’osent pas.

Il ne reste au Seigneur qu’à démasquer ces hommes méchants, et Il le fait en peu de mots,
comme le rapportent les deux derniers versets du chapitre. C’était des hypocrites de la pire
espèce ; ils se servaient de la religion comme d’un manteau pour couvrir leur recherche de soi
et leur cupidité. Le Seigneur les démasque et prononce leur condamnation. Il ne parle pas
d’une sentence plus longue, comme si le jugement était limité par le temps et non pas éternel.
Mais Il parle d’une sentence plus sévère, montrant que le jugement différera quant à sa
rigueur. Ils recevront une « sentence plus sévère » (v. 47).

21 - Chapitre 21
Puis, levant les yeux, le Seigneur vit quelques-uns de ces riches qui jetaient avec ostentation
leurs dons dans le trésor du temple, et parmi ceux-ci une pauvre veuve qui y jeta ses deux
pites. Il ne nous faut pas séparer dans notre esprit ces premiers versets du chapitre 21 des deux
derniers versets du chapitre précédent. La veuve était vraisemblablement une de celles dont la
« maison » avait été dévorée ; cependant, au lieu de se plaindre, elle jette ses deux dernières
pites dans le trésor du temple. Dans ces circonstances, son don était vraiment très grand,
comme le déclare le Seigneur. Elle va jusqu’à l’extrême limite : elle jette tout ce qu’elle avait.

Il ne nous faut pas non plus séparer cet incident touchant des versets qui suivent, en particulier
du verset 6. La veuve exprime sa piété envers Dieu en jetant ses deux pites dans la collecte
pour l’entretien des bâtiments du temple ; pourtant le Seigneur poursuit en prédisant la
destruction totale de celui-ci. Le sanctuaire était déjà mis de côté, parce que le Seigneur était
là. Dieu était en Christ, non pas dans le temple d’Hérode. Dans sa compréhension des choses,
cette veuve était, comme nous le dirions, en retard sur son temps ; pourtant cela n’amoindrit
pas l’approbation du Seigneur quant à son offrande. Il fait vraiment cas de la consécration
totale d’un cœur, même si l’expression n’en est pas marquée par une parfaite intelligence.
Cela devrait nous être en grand encouragement

Luc nous donne maintenant le discours prophétique du Seigneur. Il rapporte la partie de celui-
ci qui répond spécialement à la question des disciples, donnée au verset 7. Comme le montre
le récit de Matthieu, leur question et la réponse du Seigneur comportaient, toutes deux,
750
beaucoup plus que ce que rapporte Luc. Ici, la question porte sur le temps de la destruction du
temple et sur le signe qui l’annoncera. La réponse se divise en deux parties : versets 8-24, les
événements qui amèneront la destruction de Jérusalem, foulée aux pieds par les Romains ;
versets 25-33, l’apparition du Fils de l’Homme à la fin du siècle.

Il est très remarquable que le Seigneur présente le sujet tout entier, non avec une profusion de
détails intéressant notre curiosité, mais comme des prophéties qui sont un cri d’avertissement
et qui apportent des enseignements de la plus haute importance pour Ses disciples. Tout est
exposé de façon à faire appel à nos consciences et non à notre curiosité.

La première partie du discours, versets 8-19, est consacrée à des enseignements adressés aux
disciples en personne. Le Seigneur formule certes bien des prophéties. Il prédit :

1 — l’apparition de faux christs, 2 — des guerres et des séditions, en même temps que des
événements extraordinaires dans le monde physique environnant, 3 — l’apparition
d’opposition et de persécution violentes, allant même jusqu’à la mort. Mais, dans chacun des
cas, les disciples sont mis en garde par les avertissements du Seigneur. Ils ne devront pas un
instant se laisser tromper par de faux christs, ni les suivre. Ils ne devront pas se laisser effrayer
par des flambées de violence des hommes, ni s’imaginer que ces commotions signifieront que
la fin sera tout aussitôt. Ils devront accepter la persécution comme occasion de témoignage, et
devant leurs adversaires, ils ne devront pas se reposer sur une défense préparée à l’avance,
mais sur la sagesse surnaturelle qui leur sera accordée, le moment venu.

Le but du verset 18 est évidemment de faire comprendre de quelle manière personnelle et


intime Dieu prendrait soin d’eux. Les derniers mots du verset 16 montrent que cela ne veut
pas dire que tous échapperaient : mais même si on les faisait mourir, ils seraient tous au
bénéfice de la résurrection. En endurant l’épreuve avec patience, ils arriveraient au but, soit
dans la vie, soit dans la mort. Cela semble être le sens du verset 19. Nous voyons dans les
Actes comment ces choses se sont accomplies dans le cas des Apôtres.

Puis, aux versets 20-24, le Seigneur prédit la désolation de Jérusalem. Rien n’est dit ici quant
à l’instauration de « l’abomination de la désolation », car cela ne doit arriver qu’à la fin des
temps des Gentils : toutes les choses que le Seigneur mentionne furent accomplies lorsque
Jérusalem fut détruite par les Romains. C’est alors que la ville fut environnée d’armées. C’est
alors que ceux qui avaient cru aux paroles de Jésus s’enfuirent effectivement vers les
montagnes, et échappèrent ainsi aux horreurs du siège. C’est alors que commencèrent pour les
Juifs « des jours de vengeance », qui ne prendront fin pour eux que lorsque toutes les choses
prédites seront accomplies. C’est alors que débuta la longue captivité qui s’est poursuivie et se
poursuivra, avec Jérusalem foulée aux pieds des nations, jusqu’à la fin des temps des nations.
Ces temps débutèrent lorsque Dieu suscita Nebucadnetsar, qui déposséda le dernier roi de la
lignée de David, et ils se termineront par l’écrasement de la domination des nations à
l’apparition de Christ.

En conséquence, le verset 25 nous transporte directement jusqu’au temps de la fin, et parle de


choses qui précéderont de peu Sa venue. Il y aura des signes dans le ciel, et angoisse et
perplexité sur la terre, « la mer et les flots » symbolisant les foules dans un état de trouble et
d’agitation violents. C’est pourquoi, les hommes rendront « l’âme de peur et à cause de
l’attente des choses qui viennent ». Devant l’état de choses qui règne sur la terre au moment
où nous écrivons ces lignes, il n’est pas difficile de concevoir les événements que le Seigneur
prédit ainsi.

751
C’est le temps où Dieu ébranlera et les cieux et la terre, comme Aggée l’a prophétisé, et où
seules demeureront les choses qui ne peuvent être ébranlées (Aggée 2:6). Tout ceci conduira à
l’apparition publique du Fils de l’Homme, « avec puissance et une grande gloire ». Le jour de
Sa pauvreté sera passé, comme aussi le jour de Sa patience ; et le jour de Sa puissance, dont
parle le Psaume 110, sera là dans sa plénitude. Avant Sa venue, les cœurs des inconvertis
seront remplis de terreur ; quand Il sera venu, leurs pires craintes seront réalisées, et « toutes
les tribus de la terre se lamenteront à cause de Lui » (Apoc. 1:7).

Mais pour Ses saints, la Venue du Seigneur revêtira un autre aspect, comme on est heureux de
le lire au verset 28. Pour eux, c’est la rédemption finale, lorsque toute la création sera délivrée
de l’esclavage de la corruption. Les choses étant ainsi, les premiers signes de Sa Venue
doivent nous remplir d’une heureuse espérance. Nous devons « regarder en haut », car ce qui
vient après, événement de toute importance, doit procéder de la droite de Dieu, où le Seigneur
est assis. Nous devons « lever nos têtes », bien loin de les baisser par accablement ou par
crainte. Les choses mêmes qui effraient le monde doivent remplir le croyant d’une sainte
espérance.

Ensuite vient la courte parabole du figuier. Remarquons qu’elle est présentée comme
« parabole », non pas comme simple illustration. Le figuier représente les Juifs en tant que
nation. Depuis des siècles, ils sont en état de mort, en tant que nation (*), et quand, enfin, il y
aura des signes d’une renaissance nationale d’Israël, et également des signes d’une
renaissance d’autres « arbres » de nationalismes anciens, nous pourrons reconnaître que
« l’été » millénaire est proche. Jusqu’à ce que ce moment arrive, « cette génération » ne
passera point ; par « cette génération », le Seigneur signifie, croyons-nous, cette « génération
perverse… en qui il n’y a point de fidélité », dont Moïse a parlé en Deutéronome 32:5, 20.
Quand le royaume sera établi, cette génération-là sera passée.

1 Cette étude a été écrite avant la deuxième guerre mondiale, et donc, avant la fondation de
l’État d’Israël.

La prophétie du Seigneur que Luc relate brièvement se termine par la déclaration solennelle
que Ses paroles sont véritables et certaines. Toute parole qui tombe de Ses lèvres est chargée
de sens, chargée de l’annonce d’un événement à venir, et elle a plus de stabilité que les cieux
et la terre. Ainsi le verset 33 nous présente la pensée frappante que les paroles de Sa bouche
ont une permanence que n’ont pas les œuvres de Ses mains.

Le Seigneur termine en faisant une nouvelle fois appel à la conscience de Ses disciples, et à la
nôtre aussi. Il n’y a pas de doute que ces trois versets 34, 35, 36 s’appliquent spécialement
aux saints qui seront sur la terre immédiatement avant Son apparition, mais ils interpellent
aussi le croyant d’aujourd’hui. Une multitude de plaisirs s’offre à nous et nous pouvons
facilement en user à l’excès et nous laisser accaparer. D’autre part, il n’y a jamais eu de
dangers plus nombreux et plus grands à l’horizon, et nos cœurs peuvent être écrasés par de
sombres pressentiments, si bien que nous perdons de vue le jour qui approche. Il se peut que
nous soyons tellement occupés des faits et gestes de dictateurs et du cours des événements du
monde, que la venue du Seigneur s’estompe dans nos cœurs. Prenons pour nous cette parole :

752
« Veillez donc, priant en tout temps » (v. 36). Alors nous serons tout à fait vigilants, et prêts à
accueillir le Seigneur lorsqu’Il viendra.

Dans les derniers versets du chapitre, Luc nous rappelle que le Seigneur, qui avait ainsi prédit
Son retour, était encore le Rejeté. De jour, pendant cette dernière semaine, Il annonce
fidèlement la parole de Dieu ; de nuit, n’ayant pas de chez-soi, Il demeure dans la montagne
des Oliviers.

22 - Chapitre 22
Avec ce chapitre, nous arrivons aux dernières scènes de la vie de notre Seigneur. La Pâque
n’était pas seulement un témoignage permanent de la délivrance d’Israël du pays d’Égypte,
mais aussi un type du grand Sacrifice qui était encore à venir. Maintenant, enfin, le moment
crucial approche, et « Christ notre Pâque » va être sacrifié pour nous, précisément au temps de
la Pâque. Les chefs religieux complotaient, se demandant comment ils pourraient Le mettre à
mort, en dépit du fait que beaucoup d’entre le peuple Lui étaient favorables. C’est Satan qui
leur inspirait cette haine, et ce fut Satan qui leur donna l’instrument pour satisfaire leurs
désirs.

Jean, dans son Évangile, démasque Judas, avant la fin. Au chapitre douze, il nous dit que,
dévoré de convoitise, il était devenu voleur. Au chapitre treize, il nous dit aussi le moment
exact où Satan est entré en lui. Luc relate ce fait terrible d’une façon plus générale ; et il
montre que le prince des puissances des ténèbres estimait que comploter la mort de Christ
était une œuvre d’une importance telle qu’elle ne devait être déléguée à aucune puissance
inférieure : il se chargerait lui-même de l’affaire. Cependant, il entreprit cette tâche pour sa
propre ruine. L’accord entre Judas et les chefs religieux fut réglé facilement. Ils étaient
dévorés d’envie, et Judas était dévoré de l’amour de l’argent.

Depuis bien des siècles, la Pâque était observée avec plus ou moins de fidélité ; elle allait
maintenant être observée, dans sa pleine signification, pour la dernière fois. En l’espace de
vingt-quatre heures, sa lumière pâlit sous l’éclat de son Antitype, lorsque le véritable Agneau
de Dieu mourut sur la croix. C’est un fait remarquable que la dernière fois que la Pâque fut
célébrée dans sa pleine signification, il y avait là, pour y participer, Celui qui l’avait instituée,
l’Homme parfait, saint, qui était le « Compagnon » de l’Éternel. Il demande que soit préparée
la Pâque, et Il décide de l’endroit même où ils devront la manger. Le moment, la manière,
l’endroit, tout est fixé par Lui. Le choix ne dépend pas des disciples mais du Seigneur, comme
l’indique le verset 9.

La préconnaissance du Seigneur se manifeste d’une manière frappante au verset 10. Porter


l’eau était la tâche des femmes ; un homme portant une cruche d’eau ne se voyait pas souvent.
Cependant, le Seigneur savait qu’il y aurait un homme accomplissant cette action inhabituelle,
et que Pierre et Jean le rencontreraient au moment où ils entreraient dans la ville. Il savait
aussi que le « maître de la maison » répondrait au message délivré par les disciples au nom du
« Maître ». À n’en pas douter, il connaissait le Maître comme étant son Maître ; en d’autres
termes, il faisait partie des gens pieux de Jérusalem qui reconnaissaient les droits du Seigneur,
et Celui-ci savait comment l’atteindre. Cet homme a eu le privilège de mettre une chambre à
disposition de Celui qui n’avait pas de logis à Lui, et quand l’heure fut venue, le Seigneur se
mit à table avec ses disciples.
753
Dans le récit que donne Luc, la distinction entre le souper de la Pâque et le Souper que le
Seigneur institua est très claire : les versets 15-18 donnent la Pâque, et les versets 19-20
donnent la Cène. Les paroles du Seigneur quant à la Pâque indiquent que cet ancien ordre de
choses arrive à sa fin. Les souffrances du Seigneur signifieraient son accomplissement ; et
quand, enfin, un résidu d’Israël, épargné, entrera dans la bénédiction du millénium, ce sera
parce qu’il sera à l’abri du sang de Christ. Quant à la coupe (du verset 17), elle ne semble pas
avoir fait partie de la Pâque telle que Moïse l’avait instituée et le Seigneur, manifestement, ne
l’a pas bue. Au lieu de cela, Il indique que Son jour de joie, que symbolise le fruit de la vigne,
n’arriverait que dans le royaume à venir.

Puis le Seigneur institue Son propre souper en mémoire de Sa mort, le pain symbolisant Son
corps, et la coupe, Son sang versé. Le récit en est très bref, et pour en avoir la signification
entière, il nous faut lire 1 Corinthiens 10 et 11. En mémoire (de Moi), c’est ce sur quoi le
Seigneur insiste à ce moment-là, et en raison de Sa longue absence, nous pouvons en
comprendre l’importance. À travers les siècles, le souvenir de Sa mort nous reste, témoignage
permanent de Son amour.

Les versets qui suivent (21-27) témoignent de la folie et de la faiblesse trouvées parmi les
disciples. La main de celui qui allait livrer le Seigneur était « avec Lui, à table » et Il le savait,
quoique les autres disciples n’en fussent pas conscients. Il y eut aussi une contestation entre
eux, chacun souhaitant la première place, et ceci, précisément lorsque leur Maître et Seigneur
allait prendre la dernière place. Tel est, hélas ! le cœur de l’homme, même chez les saints.
Cela servit pourtant à faire ressortir très clairement la différence fondamentale entre le
disciple et le monde. Dans le monde, on fait connaître et on maintient sa grandeur en prenant
la place du maître, pour le chrétien, la grandeur consiste à prendre la place d’un serviteur.
Dans ce domaine, Jésus Lui-Même montre Sa prééminence. Peu de paroles sont plus
touchantes que celles-ci : « Je suis au milieu de vous comme celui qui sert ». Telle avait été
Sa vie de grâce en perfection ; et telle, en suprême mesure, allait être Sa mort.

Il est aussi extrêmement touchant de voir comment le Seigneur parle à Ses disciples dans les
versets 28 à 30. Ils étaient en vérité insensés, et leur esprit était fort éloigné du Sien, pourtant,
avec quelle bienveillance Il met en lumière ce qu’il y avait eu de bon en eux. Ils Lui étaient
fermement attachés. Malgré Ses épreuves et, souffrance suprême, Sa réjection, ils avaient
persévéré avec Lui. Cela, Il ne l’oublierait jamais, et il y aurait une riche récompense dans le
royaume. Dans le jour qui vient, Il prendra possession du royaume pour Son Père, Il en
prendra possession avec Ses saints, et ces disciples auront une place d’honneur très spéciale.
À la lumière de cette déclaration pleine de grâce, ils ont dû certainement ressentir combien
avait été mesquine et méprisable leur contestation de tout à l’heure, quant à une place de
préséance. Puissions-nous éprouver de tels sentiments.

Ensuite, aux versets 31-34, vient l’avertissement spécial du Seigneur à Pierre. À ce moment-
là, Pierre pensait et agissait selon la chair, aussi Jésus l’appelle du nom qui était le sien selon
la chair, et la répétition de celui-ci traduit l’urgence de Son avertissement. La confiance en soi
était un trait de son caractère, ainsi que le désir d’une place prééminente, et cela le rend
vulnérable aux attaques de Satan ; pourtant l’intercession du Seigneur l’emporterait ; il y avait
là du froment, pas seulement de la balle. Ce froment resterait quand le crible aurait passé.

Les quatre versets suivants, 34-38, ont été adressés à tous les disciples. Ils devaient rendre
témoignage qu’ils avaient eu tout en suffisance comme résultat de Sa puissance, quoiqu’ils
aient été envoyés sans ressources humaines. Et Il leur annonce que Sa mort et Son départ

754
amèneraient un autre ordre de choses. Les hommes Le compteraient parmi les iniques de ce
monde, mais les choses qui Le concernaient se terminaient dans un autre monde. Il serait
élevé au ciel et Ses disciples seraient laissés pour être Ses témoins ; ils auraient à reprendre le
cours ordinaire de ce monde. Leur réaction à ces paroles montre que, en s’emparant à la lettre
d’un seul petit détail, ils risquaient fort de ne pas saisir l’esprit de ce qu’Il disait ; aussi, pour
l’instant, Il n’en parle plus.

Jusqu’à présent, il s’est agi de la manière dont Son amour s’est occupé des Siens ; maintenant
nous voyons la perfection de Son humanité déployée à Gethsémané. Il affronte, à genoux
devant le Père, toute l’amertume de cette coupe de jugement qu’il lui faudra boire ; et Son
entière perfection se montre en ce que, quoique saisi d’angoisse, Il se consacre coûte que
coûte à l’accomplissement de la volonté de Son Père. Luc, seul des évangélistes, nous parle de
l’ange qui apparaît pour Le fortifier. Cela met en relief la réalité de Son humanité, en accord
avec le caractère particulier de cet Évangile. Pareillement, Sa sueur devenant comme des
grumeaux de sang n’est mentionnée que dans cet Évangile. C’est en communion avec le Père
qu’Il va connaître l’horreur de ce qui est devant Lui.

Les dernières scènes débutent au verset 47. Et maintenant, tout est calme et grâce du côté du
Seigneur, tout est confusion et agitation du côté de Ses amis, de Ses adversaires et même de
Ses juges. La communion dans le jardin a conduit au calme dans la grande heure de l’épreuve.
Judas atteint le comble de l’hypocrisie en trahissant son Maître par un baiser. Pierre emploie
l’une de ces deux épées que les disciples venaient de mentionner, pour un acte de violence
vicié dans sa conception et quant à celui contre lequel il est dirigé. Ce que Pierre fait dans sa
violence, le Seigneur le défait immédiatement dans Sa grâce. Il fallait laisser la violence à la
multitude venue avec les épées et les bâtons. C’était leur heure, et l’heure pendant laquelle le
pouvoir des ténèbres allait se déployer. Sur ce sombre arrière-plan, le Seigneur déploie Sa
grâce.

Suit maintenant le récit de la chute de Pierre. Le chemin en avait été préparé par le désir qu’il
avait eu tout à l’heure de la première place, par sa confiance en soi, puis par son acte de
violence. Maintenant, il suit de loin ; il se trouve bientôt parmi les ennemis de son Maître.
Satan prépare le piège avec une habileté consommée. D’abord la servante, ensuite les deux
autres personnes affirment qu’ils le reconnaissent, et cela conduit Pierre à des reniements de
plus en plus énergiques ; Luc pourtant ne nous dit pas comment il se mit à faire des
imprécations et à jurer. Cela, après tout, était accessoire. Le fait principal est qu’il a renié son
Seigneur.

À ce moment précis, exactement comme Jésus l’avait prédit, le coq chanta ; et le Seigneur, se
tournant, regarda Pierre. Ce que ce regard exprima exactement, nous ne pouvons le savoir,
mais il fut si éloquent pour le disciple tombé que celui-ci quitta la compagnie des ennemis de
son Maître, et pleura amèrement. Judas fut rempli de remords, mais nous ne lisons pas qu’il
ait pleuré. Les larmes amères de Pierre sont un témoignage que, malgré tout, il aimait
vraiment son Seigneur, et que sa foi n’allait pas défaillir. L’efficace de la prière et du regard
du Seigneur commençait à se faire sentir.

Cet Évangile fait comprendre que le procès de Jésus se divise en quatre parties. En premier
lieu, il y eut l’interrogatoire devant les principaux sacrificateurs et les scribes, lorsqu’ils
cherchaient quelque prétexte plausible pour condamner le Seigneur à mort. Ce récit remplit
les derniers versets du chapitre, et il est donné brièvement. On voit clairement pourtant qu’ils
condamnèrent Jésus après qu’Il eut Lui-Même confessé nettement qui Il était. Ils contestent

755
qu’Il soit le Christ, et la réponse du Seigneur montre qu’Il savait qu’ils étaient résolus, dans
leur incrédulité et leur obstination, à Le condamner.

Malgré cela, Il affirme qu’Il est le Fils de l’Homme, qui exercera bientôt l’autorité même de
Dieu, et cela, ils l’interprètent comme entraînant aussi sa prétention à être le Fils de Dieu ; ce
qu’Il est, en vérité. Et Sa réponse : « Vous dites vous-mêmes que je le suis », est un « Oui »
catégorique. Parce qu’Il affirme être le Christ, le Fils de l’Homme, le Fils de Dieu, ils Le
condamnent à mort.

23 - Chapitre 23
Puis, en second lieu, ils Le conduisent à Pilate afin d’obtenir du gouverneur romain
l’autorisation d’exécuter cette sentence. Ici, les accusateurs changent complètement leurs
arguments et accusent Jésus d’être un rebelle et un rival de César. Jésus confesse qu’Il est le
Roi des Juifs, pourtant Pilate Le déclare innocent. Cette déclaration pourrait sembler
surprenante, mais Marc nous permet de jeter un coup d’œil derrière la scène, lorsqu’il nous dit
que Pilate savait que la haine violente des chefs religieux était inspirée par l’envie. Aussi
commence-t-il par refuser d’être l’instrument de leur rancune, et il profite des relations du
Seigneur avec la Galilée pour L’envoyer à Hérode. L’accusation : « Il soulève le peuple »,
était bien vraie ; mais Il voulait les élever vers Dieu, non pas les soulever contre César.

Il y a aussi, en troisième lieu, la brève comparution du Seigneur devant Hérode, qui était
impatient de Le voir, espérant être témoin de quelque chose de sensationnel. De nouveau, les
principaux sacrificateurs et les scribes L’accusent avec véhémence, mais ici, en présence de
ce méchant homme, qu’Il avait précédemment traité de « renard », Jésus ne répond rien. Son
silence plein de dignité incite seulement Hérode et ses soldats à abandonner tout semblant
d’administrer la justice, et à s’abaisser à la moquerie et à la dérision. Dans Son humiliation,
Son jugement a été ôté.

En conséquence, Hérode Le renvoie à Pilate, et ici commence la quatrième et dernière partie


de Son procès. Mais avant de nous parler des tentatives que Pilate fera encore pour calmer les
accusateurs et pour relâcher Jésus, Luc nous rapporte comment tous deux, Pilate et Hérode,
ont enterré leur inimitié ce jour-là, pour Le condamner. La même tragédie s’est souvent
répétée depuis lors. Des hommes totalement différents par leur caractère et leurs points de vue
ont trouvé un sujet d’entente dans leur rejet de Christ. Hérode s’abandonnait à ses plaisirs et
était complètement indifférent ; Pilate, bien qu’ayant un certain sens de ce qui était juste, était
opportuniste et donc prêt à faire du tort si cela lui apportait de la popularité. Mais ici, ces deux
personnages tombent d’accord.

Le récit des dernières scènes du procès est donné brièvement aux versets 13-26. Il n’est pas
rapporté une seule des paroles prononcées par notre Seigneur : tout est présenté comme une
affaire se passant entre Pilate et le peuple poussé par les principaux sacrificateurs ; pourtant
certains points ressortent très clairement. En premier lieu, il y a le témoignage réitéré que
Jésus était innocent. Pilate l’avait déclaré lors du premier interrogatoire (v. 4), et maintenant il
le répète deux fois (v. 14 et 22), enfin le déclare une quatrième fois comme étant le verdict
d’Hérode (v. 15). Dieu prit soin qu’il y ait un témoignage abondant et officiel de cela.

756
Puis la fureur aveugle et irraisonnée de Ses accusateurs est largement mise en évidence. Ils se
contentent de réclamer Sa mort à grands cris. De nouveau, le choix qu’ils font, plutôt que de
laisser relâcher Jésus, ressort, clair comme du cristal. Deux fois dans ces versets, le nom de
Barabbas est associé à des crimes de sédition et meurtre ; c’est dire qu’il était la
personnification vivante des deux formes sous lesquelles le mal est présenté d’une façon si
fréquente dans les Écritures : corruption et violence ; ou, pour l’exprimer d’une autre
manière : nous voyons la puissance de Satan qui agit et comme un serpent et comme un lion
rugissant. En dernier lieu, nous voyons que la condamnation de Jésus est le résultat de la
faiblesse du juge, qui « livra Jésus à leur volonté ». Il représentait le pouvoir absolu de Rome,
mais il l’abdique en faveur de la volonté du peuple.

Les scènes de la crucifixion occupent les versets 27 à 49. Nous sommes frappés par le fait
que, tout au long de ces scènes, rien ne se passe d’une façon ordinaire. Tout est inhabituel,
surnaturel, ou touchant au surnaturel. Il était tout à fait habituel que des pleureuses
professionnelles paraissent en de telles occasions, mais tout à fait inhabituel qu’il leur soit dit
de pleurer sur elles-mêmes, ou qu’il leur soit annoncé un jugement à venir. Jésus Lui-Même
était « l’arbre vert », selon le Psaume 1, et peut-être fait-Il allusion à la parabole d’Ézéchiel
21:1-5. Dans ces versets, Dieu prédit une flamme sur tout bois vert et tout bois sec. Le
jugement est tombé sur « le bois vert » lorsque Christ a souffert pour nous. Lorsque le feu se
déclarera dans le bois sec des Juifs apostats, il ne sera pas éteint.

Puis la prière de Jésus, au moment où ils Le crucifièrent, était tout à fait inattendue et
inhabituelle. Il demande au Père, en réalité, que le péché du peuple soit compté, non comme
meurtre, pour lequel il n’y avait pas de pardon, mais comme homicide commis par mégarde,
pour que, malgré tout, une ville de refuge soit accessible, même pour Ses meurtriers. On vit
une réponse à cette prière quelque cinquante jours plus tard, lorsque Pierre prêcha à Jérusalem
le salut par Christ ressuscité, et que trois mille âmes s’enfuirent vers le refuge. Cette prière
était inhabituelle parce qu’elle était le fruit de compassions divines telles qu’on n’en avait
jamais vu de semblables auparavant.

La conduite des différentes personnes impliquées dans la crucifixion du Seigneur a été


inhabituelle. Il n’est pas courant que les gens couvrent de sarcasmes et d’insultes même les
pires criminels subissant la peine capitale. Ici, toutes les classes de la société l’ont fait, même
les chefs, les soldats, et l’un des malfaiteurs qui subissait sa peine à côté du Seigneur. La
puissance du diable et des ténèbres s’était emparée d’eux tous.

L’inscription faite par Pilate était inattendue. Ayant condamné le Seigneur comme faux
prétendant à la royauté parmi les Juifs, il écrivit un titre qui Le proclamait Roi des Juifs, et
comme le montre un autre Évangile, il refuse de le changer. Dieu agissait là selon sa
souveraineté.

La conversion soudaine du second brigand fut totalement surnaturelle. Il se condamne lui-


même et justifie Jésus. L’ayant justifié, il Le reconnaît comme Seigneur et proclame — de
fait, sinon explicitement — sa conviction que Dieu le ressusciterait d’entre les morts, afin de
lui donner une place dans Son royaume. Il remplit les deux conditions de Romains 10:9 ;
seulement, il croyait que Dieu Le ressusciterait d’entre les morts, au lieu de croire, comme
nous, que Dieu L’a ressuscité d’entre les morts. La foi du brigand mourant était un joyau de
première qualité, auprès duquel notre foi d’aujourd’hui perd son éclat. Il est bien plus
remarquable de croire qu’une chose s’accomplira sûrement, quand elle n’a pas encore eu lieu,
que de croire qu’une chose s’est accomplie quand elle a déjà eu lieu. Et, de plus, il était tout à

757
fait inhabituel qu’un malfaiteur souhaite que le Roi se souvienne de lui, lorsque son Royaume
serait établi. D’habitude les malfaiteurs s’esquivent furtivement dans l’ombre, souhaitant se
faire oublier par les autorités. Son désir que Jésus se souvienne de lui montre que sa foi en la
grâce du Seigneur souffrant égalait sa foi en Sa gloire à venir.

La réponse de Jésus à la prière du brigand est merveilleuse et inattendue, en effet ! Non


seulement dans le royaume à venir, mais en ce jour même, il allait faire l’expérience de la
grâce qui agirait au-delà de la mort, amenant son esprit racheté dans la compagnie de Christ
dans le Paradis. Or, le Paradis et le troisième ciel sont identifiés en 2 Corinthiens 12:2-4. Ces
paroles du Seigneur sont la première révélation explicite du fait que, aussitôt que survient la
mort, les esprits des saints sont introduits dans un état conscient de félicité avec Christ.

Si tout était inhabituel sur le plan humain, lorsque Jésus mourut, il y eut aussi des
interventions surnaturelles de la part de Dieu. Les versets 44 et 45 nous en parlent. Aux trois
heures les plus lumineuses de la journée, le pays a été plongé dans les ténèbres, le soleil ayant
été obscurci. Il y avait quelque chose de très approprié à la situation, car le vrai « Soleil de
Justice » portait le poids de notre péché à ce moment-là. En outre, le voile du temple fut
déchiré par une main divine, montrant par là que l’époque du régime visible du temple était
maintenant terminée, et que le chemin pour entrer dans le lieu très saint allait être manifesté :
voir Hébreux 9:8. Notre vrai « soleil » fut voilé pour un temps, subissant notre jugement, afin
qu’il n’y ait pas de voile entre nous et Dieu.

Luc ne relate pas le cri du Sauveur quant à l’abandon de Dieu, poussé à peu près au moment
où les ténèbres disparaissaient, ni le cri de triomphe : « C’est accompli », quoiqu’il rapporte
bien qu’Il cria « à haute voix » et que, ensuite, Ses dernières paroles furent : « Père, entre Tes
mains, je remets mon esprit ». Dans ces dernières paroles sur la croix, nous voyons Celui qui,
tout au long de Son chemin, avait été caractérisé par Sa soumission à la volonté de Dieu,
terminer ce chemin en Homme parfait et dépendant. Ayant dit cela, Il expira. Cependant, nous
voyons qu’Il est plus qu’Homme, car à un moment donné, Il crie à haute voix, Sa vigueur
intacte, et l’instant d’après Il est mort. À tous les points de vue, Sa mort fut une mort
surnaturelle.

Le centurion qui, en raison de ses fonctions officielles, fut témoin de cette scène, en rend
témoignage. Même les foules qu’une curiosité morbide avait assemblées se sentent mal à
l’aise sous l’effet de la crainte et de sombres pressentiments ; et ceux qui étaient Ses amis
s’éloignent. Le centurion devint un quatrième témoin de la perfection de Jésus, après Pilate,
Hérode et le brigand mourant.

Les écrits prophétiques avaient dit : « Tu as éloigné de moi amis et compagnons » (Psaume
88:18) ; mais ils avaient également dit : « Il a été avec le riche dans Sa mort » (Ésaïe 53:9). Si
le verset 49 nous donne l’accomplissement de l’une de ces prophéties, les versets 50-53 nous
donnent l’accomplissement de l’autre. Dans toutes les situations critiques, Dieu a en réserve
un instrument pour exécuter Ses desseins et accomplir Sa parole. Joseph est mentionné dans
les quatre Évangiles, et Jean nous informe que, jusqu’à ce moment-là, il était disciple en
secret, par crainte des Juifs. Maintenant, il agit avec hardiesse alors que tous les autres sont
intimidés ; et le sépulcre neuf, sans souillure, est disponible pour recevoir le corps saint du
Seigneur. Il n’y eut ainsi pas le moindre contact par lequel Il aurait pu « voir la corruption ».
Les hommes en avaient décidé autrement, mais Dieu, sereinement, accomplit Sa parole.

758
24 - Chapitre 24
La fin du chapitre 23 et le début de ce chapitre 24 montrent clairement qu’aucun des disciples
du Seigneur ne s’attendait en aucune manière à Sa résurrection. Cela en rend le témoignage
d’autant plus marqué et convaincant. Les disciples n’étaient ni exaltés ni visionnaires, ni
portés à croire n’importe quoi, mais étaient plutôt d’un esprit matérialiste, et découragés,
enclins à douter de tout.

Les femmes nous sont présentées d’abord. Leurs pensées se limitaient aux circonstances d’un
enterrement ordinaire. Leur esprit était occupé du sépulcre, du corps du Seigneur, et des
aromates et des parfums qu’il était coutume d’employer. Toutefois, le sabbat juif était là, et
interrompait leurs activités — cela venait de Dieu, car leurs activités étaient tout à fait
inutiles, et au moment où elles auraient pu les reprendre, le corps du Seigneur n’était plus là.
Au lieu du corps mort, elles trouvent deux hommes en vêtements éclatants, et entendent de
leur bouche que le Seigneur est maintenant « le Vivant » et ne gît plus parmi les morts. Ainsi,
le premier témoignage de Sa résurrection vient de la bouche des anges. Un second témoignage
se trouve dans les paroles qu’Il avait Lui-Même prononcées pendant Sa vie. Il avait prédit Sa
mort et Sa résurrection. Quand ces paroles leur sont rappelées, elles s’en souviennent.

Les femmes s’en retournent et rapportent toutes ces choses aux onze ; c’est-à-dire qu’elles
leur présentent le témoignage des anges, les paroles du Seigneur Lui-même, et aussi le
témoignage de leurs propres yeux : le corps du Seigneur n’est pas dans le sépulcre ; pourtant
ils ne les croient pas. Un sceptique moderne pourrait appeler ces choses « des contes » ; eh
bien, c’est exactement ainsi que les disciples les reçurent. Pierre, cependant, avec son
caractère impulsif habituel, va un peu plus loin. Il court au sépulcre pour voir par lui-même, et
ce qu’il voit confirme leurs paroles. Pourtant, dans son esprit, c’est l’étonnement, plutôt que la
foi, qui est produit.

Le récit suivant nous amène à l’après-midi du jour de la résurrection, et Luc nous donne en
détail l’histoire des deux disciples qui s’en allaient aux champs, à laquelle Marc ne fait que la
brève allusion des versets 12 et 13 de son dernier chapitre. Cet épisode nous donne un aperçu
très frappant de l’état d’esprit qui les caractérisait et, sans aucun doute, représentaient-ils les
autres en cela.

Ces deux disciples s’éloignaient manifestement de Jérusalem pour retourner chez eux, déçus
et découragés à l’extrême. Ils avaient nourri de ferventes espérances centrées sur le Messie, et
ils croyaient L’avoir trouvé en Jésus. Pour eux, Jésus de Nazareth était « un prophète, puissant
en œuvre et en parole devant Dieu et devant tout le peuple » ; et il est clair que là s’arrêtait
leur foi. Ils ne percevaient pas encore en Lui le Fils de Dieu, que la mort ne pouvait retenir, et
ainsi, pour eux, Sa mort était la fin affligeante de Son histoire. Ils pensaient vraiment que
« c’était Celui qui aurait dû délivrer Israël », mais alors, pour eux, cela voulait dire les
délivrer par Sa puissance, du pouvoir de tous les ennemis de leur nation, plutôt que de les
délivrer pour Dieu par Son sang. Sa mort avait renversé leur espoir de cette délivrance en
puissance et en gloire. Cette déception venait de ce qu’ils avaient nourri des espérances qui
n’étaient pas établies sur la Parole de Dieu. Ils s’attendaient à la gloire sans les souffrances.

On peut trouver aujourd’hui bon nombre de croyants qui se sont égarés dans le monde d’une
façon assez semblable. Eux aussi se sont éloignés parce qu’ils étaient déçus, et ils sont déçus
parce qu’ils nourrissaient de fausses espérances. Ces espérances ont pu être centrées sur le
travail chrétien et les conquêtes de l’Évangile, ou bien sur quelque groupe ou corps de
759
croyants avec lesquels ils étaient liés, ou peut-être sur eux-mêmes, la sainteté et la puissance
de leur vie personnelle. Quoi qu’il en soit, les choses ne se sont pas passées comme ils
escomptaient, et ils se trouvent dans le découragement le plus profond.

Le cas de Cléopas pourra aider à faire le diagnostic de leurs ennuis. En premier lieu, ils
peuvent avoir, comme lui, un petit « Israël » qui absorbe leurs pensées. Si Israël avait été
délivré, comme Cléopas l’avait espéré, il aurait été dans l’allégresse : comme ce n’était pas le
cas, il avait perdu sa ferveur et son intérêt. Il lui fallait apprendre que, bien qu’Israël ait été au
centre même du petit tableau lumineux qu’il s’était peint en imagination, il n’était pas au
centre du tableau de Dieu. C’est le tableau de Dieu qui est le vrai, et son centre en est Christ,
ressuscité d’entre les morts.

Quand Jésus se fut joint à eux, les eut amenés à s’exprimer et eut gagné leur confiance, Il leur
exposa, non des choses qui concernaient Israël, mais « les choses qui Le regardaient » LUI-
MÊME. Un remède sûr contre les déceptions, c’est de donner à Christ toute la place dans ce
dont notre esprit est occupé : non pas le travail, même le travail chrétien, non pas les frères, ni
même l’église, non pas le moi dans l’une quelconque de ses nombreuses formes, mais Christ.

Pourtant, il y avait un second point. Il est vrai que ces faux espoirs de Cléopas, qui étaient la
cause de sa déception, avaient jailli du fait qu’il pensait trop à Israël et trop peu à Christ ;
pourtant cette échelle de valeurs erronée provenait de la lecture incomplète de l’Ancien
Testament. Le verset 25 montre que, parce qu’ils étaient sans intelligence et lents de cœur à
croire, cela les avait conduits à négliger certaines parties des Écritures. Ils croyaient quelques-
unes des choses que les prophètes avaient dites — ces choses agréables, évidentes, faciles à
comprendre quant à la gloire du Messie — tandis qu’ils mettaient de côté et négligeaient les
prédictions de Ses souffrances, qui sans aucun doute, leur paraissaient mystérieuses, étranges
et difficiles à comprendre. Les choses mêmes qu’ils avaient négligées étaient justement ce qui
leur aurait épargné la pénible expérience par laquelle ils passaient.

En leur parlant, le Seigneur insiste par trois fois sur l’importance de l’Écriture tout entière,
versets 25 et 27. Il agit avec eux de façon à leur faire comprendre que Sa mort et Sa
résurrection étaient le fondement, indiqué à l’avance, de toute la gloire qui était encore à
venir. « Ne fallait-il pas que le Christ souffrît ces choses ? » Oui, certainement ! Et puisqu’Il
devait souffrir, Il avait souffert.

Quelle étape extraordinaire cela a dû être ! Une fois arrivés, ils ne purent supporter la pensée
de se séparer de ce compagnon inattendu ; ils Le supplient de ne pas les quitter. Entrant pour
rester avec eux, Il prend nécessairement la place qui est la Sienne de droit. Il faut qu’Il soit
Celui qui reçoit, qui conduit et aussi qui bénit ; alors « leurs yeux furent ouverts et ils Le
reconnurent ». Quelle joie pour leurs cœurs lorsque, soudain, ils discernent leur Seigneur
ressuscité !

Mais pourquoi disparut-Il de devant leurs yeux au moment précis où ils L’avaient reconnu ?
Sans doute, pour la même raison qui lui avait fait dire à Marie de ne pas Le toucher, au début
de ce même jour (voir Jean 20:17). Il désirait leur montrer, dès le départ, que par Sa
résurrection, Il était dans une situation nouvelle et qu’en conséquence, il fallait un fondement
nouveau à leurs relations avec Lui. Toutefois, la brève vision qu’ils ont eue du Seigneur
ajoutée à l’explication qu’Il leur a donnée de toutes les prophéties des Écritures a produit son
effet. Ils sont complètement transformés. Une lumière nouvelle s’est levée pour eux ; de
nouveaux espoirs ont surgi dans leur cœur ; finis, leur découragement et leur désir de s’isoler.

760
Bien que la nuit soit tombée, ils reprennent le chemin de Jérusalem, pour chercher la
compagnie des autres disciples. Le cœur malade, ils avaient cherché la solitude ; maintenant,
la foi et l’espérance étant ranimées, la compagnie des saints fait leur délice. Il en est toujours
ainsi pour nous tous.

Ils reviennent annoncer la grande nouvelle aux onze, mais ils arrivent pour se trouver
devancés. Les onze savaient que le Seigneur était ressuscité, car Il était aussi apparu à Pierre.
Les preuves de Sa résurrection s’accumulaient rapidement. Ils avaient maintenant non
seulement le témoignage des anges, le souvenir de Ses propres paroles et la relation donnée
par les femmes, mais aussi le témoignage de Simon, presque instantanément confirmé par le
témoignage des deux disciples qui revenaient d’Emmaüs. Et, comble de joie, tandis que ces
deux disciples racontaient leur histoire, voilà que Jésus Lui-Même, avec des paroles de paix
sur les lèvres, se tient au milieu d’eux.

Pourtant, même alors, ils ne sont pas, au début, entièrement convaincus. Il y avait en Lui, dans
Sa condition nouvelle de résurrection, quelque chose d’inhabituel et qui dépassait leur
compréhension. Ils sont craintifs, croyant voir un esprit. La vérité est qu’ils voyaient leur
Sauveur dans un corps spirituel, ainsi qu’en parle 1 Corinthiens 15:44. C’est ce qu’Il se met à
leur expliquer d’une manière très convaincante. Son corps avait « de la chair et des os »,
pourtant, quoique les circonstances soient nouvelles, ce corps devait être identifié avec le
corps de « chair et de sang » dans lequel Il avait souffert, car les marques de Ses souffrances
se trouvaient bien là, et dans Ses mains et dans Ses pieds. Et pendant que la vérité se faisait
lentement jour dans leurs esprits, Il la rend encore plus claire en mangeant devant eux, afin
qu’ils voient qu’Il n’était pas simplement « un esprit ». Ainsi, la réalité de Sa résurrection fut
complètement attestée et le vrai caractère de Son corps ressuscité fut révélé.

Puis Il se met à les instruire, et tout d’abord Il attire leur attention sur ce qu’Il avait déjà
souligné par trois fois lorsqu’Il s’adressait aux disciples d’Emmaüs, à savoir que TOUTES les
choses qui sont écrites de Lui dans les Écritures devaient être accomplies, comme d’ailleurs Il
le leur avait dit avant Sa mort. Ils devaient comprendre que tout ce qui était arrivé avait eu
lieu selon les Écritures, et n’était en aucune façon contraire à ce qui avait été écrit. En second
lieu, Il leur ouvre l’intelligence pour qu’ils comprennent réellement tout ce qui avait été révélé
dans les Écritures. Il semble que nous pouvons assimiler cela avec ce que rapporte Jean 20:22
lorsque le Seigneur, ressuscité, souffla en Ses disciples. Cette vie nouvelle dans la puissance
de l’Esprit n’allait pas sans une compréhension nouvelle.

En troisième lieu, enfin, le Seigneur leur montre que, possédant cette compréhension
nouvelle, et étant « témoins de ces choses », une nouvelle mission allait leur être confiée. Ils
ne devraient plus parler de la loi, mais de « la repentance et de la rémission des péchés… en
Son nom ». Sa grâce allait être le thème de leur prédication — le pardon des péchés au Nom
et par la vertu d’un Autre — et la seule chose nécessaire de la part des hommes est la
repentance — cette honnêteté de cœur qui conduit un homme à prendre sa vraie place comme
pécheur devant Dieu. Cette prédication de la grâce doit se faire « à toutes les nations », et ne
doit pas être limitée aux Juifs seuls, comme l’était la loi. Cependant, elle devait débuter à
Jérusalem, car dans cette ville, la crucifixion du Sauveur avait mis le comble à l’iniquité de
l’homme ; et là où le péché avait abondé, la grâce devait se manifester en surabondance.

Le verset 46 donne le fondement sur lequel repose cette mission de la grâce : la mort et la
résurrection de Christ. Tout ce qui venait de se passer, qui avait paru si étrange et comme une
pierre d’achoppement aux disciples, avait été l’établissement du fondement nécessaire, sur

761
lequel l’édifice de la grâce allait s’élever. Et tout était selon les Écritures, comme Il le fait
ressortir une fois de plus, par ces paroles : « Il est ainsi écrit ». La parole de Dieu
communiquait une autorité divine à tout ce qui était arrivé et au message de la grâce qu’ils
devaient proclamer.

Ainsi, dans les versets 46 et 47, le Seigneur inaugure l’Évangile de la grâce actuel, nous
donne l’autorité, le fondement, les conditions et toute la portée de son ministère, tout en
indiquant les profondeurs du péché et des besoins vers lesquelles il s’abaisse.

Le verset 49 nous donne une quatrième chose, et nullement la moindre : le don à venir du
Saint Esprit, en tant que puissance de tout ce dont il est question. Les Écritures avaient été
ouvertes, ouverte aussi l’intelligence des disciples, la mission nouvelle de la grâce avait été
clairement donnée ; mais tous devaient attendre jusqu’à ce qu’ils possèdent la puissance par
laquelle seule ils pouvaient agir, ou employer avec sagesse ce qu’ils connaissaient maintenant.
Luc termine son Évangile, laissant tout, si nous pouvons nous exprimer ainsi, comme un feu
bien préparé attendant l’étincelle qui le fera flamber haut et clair. Il commence la suite de son
récit — les Actes — en nous montrant comment l’Esprit, à sa venue, a été cette étincelle qui a
allumé le feu avec des résultats merveilleux.

Nous venons de voir comment cet Évangile se termine par la bonne nouvelle de la grâce qui
commence à se répandre, ce qui est en contraste frappant avec la façon dont, dans les tout
premiers versets, il nous présente le service s’accomplissant dans le temple selon la loi de
Moïse. Les quatre versets qui terminent cet Évangile nous présentent également un contraste
frappant, car le premier chapitre nous donne un tableau de gens pieux aux espérances
terrestres, attendant le Messie qui visiterait Son peuple pour le racheter. Il nous montre un
sacrificateur, craignant Dieu, engagé dans ses devoirs sacerdotaux, mais qui n’a que peu de
foi, si bien qu’il est rendu muet. Incrédule, il ne peut parler : il n’avait rien à dire qui en vaille
la peine, en tout cas pour l’instant. Les versets 50-53 de notre chapitre nous montrent le
Sauveur ressuscité montant aux cieux pour y prendre Son service de Souverain Sacrificateur ;
Il laisse derrière Lui une compagnie de gens dont les cœurs ont été ravis de la terre au ciel, et
dont les bouches s’ouvrent pour la louange.

Béthanie est l’endroit d’où Il monta au ciel, cet endroit où, plus que partout ailleurs, Il avait
été compris. Il monte au ciel alors qu’Il est en train de bénir Ses disciples. Lorsque nous nous
souvenons du jour sous lequel ceux-ci s’étaient montrés, ce geste du Seigneur est
extrêmement touchant. Six semaines auparavant, tous L’avaient abandonné et s’étaient enfuis.
L’un L’avait renié avec jurons et imprécations, et à tous Il aurait pu dire ce qu’Il dit
effectivement à deux d’entre eux : « O gens sans intelligence et lents de cœur à croire ».
Pourtant, sur ces disciples sans intelligence, sans foi, sans courage, Il étend les mains en
bénédiction. Et, bien que nous soyons très semblables à ces hommes, en dépit du fait que nous
vivons à l’époque où l’Esprit a été donné, sur nous également Sa bénédiction descend encore.

Le Seigneur bénit Ses disciples, et eux Lui rendent hommage. Ils s’en retournent au lieu qu’Il
leur avait fixé pour attendre la venue de l’Esprit, et ils sont « continuellement dans le temple,
louant et bénissant Dieu ». Zacharie avait été muet : ses lèvres étaient incapables d’exprimer
une bénédiction, soit vers Dieu, soit sur l’homme. Jésus est monté au ciel pour remplir Son
office sacerdotal en plénitude de bénédiction envers Son peuple ; et Il a laissé derrière Lui
ceux qui devaient être le noyau de la nouvelle race sacerdotale : déjà nous les voyons bénir
Dieu et L’adorer.

762
Cet Évangile nous a en vérité transportés de la loi à la grâce et de la terre au ciel.

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NOTES sur L’ÉVANGILE de LUC


prises à des conférences de J. N. Darby

Table des matières abrégée :

1 - Chapitre 1

2 - Chapitre 2

3 - Chapitre 3

4 - Chapitre 4

5 - Chapitre 5

6 - Chapitre 6

7 - Chapitre 7

8 - Chapitre 8

9 - Chapitre 9

10 - Chapitre 10

11 - Chapitre 11

12 - Chapitre 12

13 - Chapitre 13

14 - Chapitre 14

15 - Chapitres 15 et 16

16 - Chapitre 16

17 - Chapitre 17
764
18 - Chapitre 18:1-34

19 - Chapitre 18:35 à Chapitre 19

20 - Chapitre 20

21 - Chapitre 21

22 - Chapitre 22

23 - Chapitre 23

24 - Chapitre 24

Table des matières détaillée :

1 - Chapitre 1

1.1 - 1:1-4

1.2 - 1:5-17

1.3 - 1:18-23

1.4 - 1:24, 25

1.5 - 1:26-38

1.6 - 1:39-45

1.7 - 1:56

1.8 - 1:57-59

2 - Chapitre 2

2.1 - 2:21-38

2.2 - 2:25

2.3 - 2:39

2.4 - 2:40

2.5 - 2:41 et suiv.

2.6 - 2:51

765
2.7 - 2:52

3 - Chapitre 3

3.1 - 3:7-14

3.2 - 3:19 et suiv.

4 - Chapitre 4

4.1 - 4:1

4.2 - 4:2, 3

4.3 - 4:4

4.4 - 4:3-13

4.5 - 4:14

4.6 - 4:16

4.7 - 4:17 et 18

4.8 - 4:38, 39

4.9 - 4:40

5 - Chapitre 5

5.1 - 5:1

5.2 - 5:6-8

5.3 - 5:12 et suiv.

5.4 - 5:16

5.5 - 5:27 et suiv.

5.6 - 5:33 et suiv.

5.7 - 5:36-39

6 - Chapitre 6

6.1 - 6:3-5

6.2 - 6:6-10

766
6.3 - 6:13-16

6.4 - 6:17-19

6.5 - 6:20 et suiv.

6.6 - 6:20-26

6.7 - 6:37

6.8 - 6:39

6.9 - 6:44

6.10 - 6:47 et suiv.

7 - Chapitre 7

8 - Chapitre 8

8.1 - 8:1, 2

8.2 - 8 :13

8.3 - 8 :16-18

8.4 - 8:19-21

8.5 - 8 :22-26

8.6 - 8:26 et suiv.

8.7 - 8 :40 et suiv.

9 - Chapitre 9

9.1 - 9:3 et suiv.

9.2 - 9:10 et 11

9.3 - 9:12-17

9.4 - 9:22

9.5 - 9 :26

9.6 - 9:28

9.7 - 9:43 et suiv.

767
9.8 - 9:46

9.9 - 9 :47 et suiv.

9.10 - 9:49 et suiv.

9.11 - 9:51 et suiv.

9.12 - 9:52 et suiv.

9.13 - 9:56

9.14 - 9:57 et 58

9.15 - 9:59

9.16 - 9:61

10 - Chapitre 10

10.1 - 10:16

10.2 - 10:17-20

10.3 - 10:19

10.4 - 10:23, 24

10.5 - 10:25 et suiv.

11 - Chapitre 11

11.1 - 11:1

11.2 - 11:5 et suivants

11.3 - 11:9-13

11.4 - 11:14 et suivants

11.5 - 11:27, 28

11.6 - 11:29 et suivants

11.7 - 11:33-36

11.8 - 11:37 et suiv.

12 - Chapitre 12

768
12.1 - 12:4, 5

12.2 - 12:22-31

12.3 - 12:32-40

12.4 - 12:41-48

12.5 - 12:49 et suivants

12.6 - 12:54-59

13 - Chapitre 13

13.1 - 13:6-9

13.2 - 13:11 et suivants

13.3 - 13:18

13.4 - 13:21

13.5 - 13:23

13.6 - 13:31

14 - Chapitre 14

14.1 - 14:1-6

14.2 - 14:7-11

14.3 - 14:8-11

14.4 - 14:12-14

14.5 - 14:15-24

14.6 - 14:25-33

14.7 - 14:34, 35

15 - Chapitres 15 et 16

16 - Chapitre 16

16.1 - 16:19

16.2 - 16:31

769
17 - Chapitre 17

17.1 - 17:3

17.2 - 17:5-10

17.3 - 17:11-19

18 - Chapitre 18:1-34

18.1 - 18:9 et suivants

18.2 - 18:18 et suiv.

19 - Chapitre 18:35 à Chapitre 19

19.1 - 18:35

19.2 - 19:1-10

19.3 - 19:26

19.4 - 19:29-36

19.5 - 19:41-44

20 - Chapitre 20

20.1 - 20:9-20

20.2 - 20:21

20.3 - 20:41-44

21 - Chapitre 21

21.1 - 21:5 et suivants

21.2 - 21:8-19

21.3 - 21:31-32

21.4 - 21:37 et 38

22 - Chapitre 22

22.1 - 22:3-13

22.2 - 22:14 et suivants

770
22.3 - 22:31-34

22.4 - 22:39-46

22.5 - 22:47-53

22.6 - 22:54-62

22.7 - 22:63-71

23 - Chapitre 23

23.1 - 23:1-25

23.2 - 23:26-31

23.3 - 23:32-43

23.4 - 23:44-49

23.5 - 23:50-56

24 - Chapitre 24

24.1 - 24:1-12

24.2 - 24:13-27

24.3 - 24:36-53

1 - Chapitre 1
Luc nous présente le Sauveur dans son caractère de Fils de l’homme, manifestant la puissance
de l’Éternel en grâce au milieu des hommes. Les premiers chapitres nous présentent, sans
doute, Jésus en relation avec Israël, auquel il avait été promis ; mais, plus loin, des principes
moraux s’appliquant à l’homme comme tel, dans quelque position qu’il se trouve, sont mis en
évidence. Ce qui caractérise avant tout le récit de Luc et lui donne un charme et un intérêt
particuliers, c’est qu’il nous présente, non pas la gloire officielle du Christ comme Matthieu,
ou sa mission et son service comme Marc, ou la révélation particulière de sa gloire divine
comme Jean, mais Christ lui-même, Jésus lui-même, tel qu’il était, un homme sur la terre
marchant au milieu des hommes journellement.

1.1 - 1:1-4

771
Plusieurs avaient entrepris de raconter ce qui était historiquement reçu au milieu des
chrétiens, comme le leur avaient transmis ceux qui en avaient été les témoins oculaires ; mais
quelque bonne qu’eût été l’intention des auteurs de ces récits, leur oeuvre était une oeuvre
entreprise et exécutée par des hommes. Luc avait une exacte et intime connaissance de tout
dès le commencement, et il trouve bon d’en écrire « par ordre » à Théophile, afin que celui-ci
connût la certitude des choses dont il avait été instruit ; ainsi Dieu a pourvu aux besoins de
l’Église par l’enseignement renfermé dans la peinture vivante de Jésus dont nous sommes
redevables à cet homme de Dieu ; car Luc, quoiqu’il ait pu être personnellement déterminé
par des motifs chrétiens, n’en était pas moins, je n’ai pas besoin de le dire, inspiré du Saint
Esprit pour écrire.

1.2 - 1:5-17

Le récit de Luc nous place au milieu d’institutions, de pensées et d’espérances juives. C’est
d’abord un sacrificateur de la classe d’Abia, l’une des vingt-quatre classes établies par David
(voyez 1 Chron. 24), et sa femme qui était des filles d’Aaron. « Et ils étaient tous deux justes
devant Dieu, marchant dans tous les commandements et dans toutes les ordonnances du
Seigneur, sans reproche. » Tout en eux était selon la loi de Dieu au point de vue judaïque ;
mais ils ne jouissaient pas de la bénédiction si ardemment désirée par tout Juif : ils n’avaient
pas d’enfant. Il est dans l’ordre des voies de Dieu de bénir, tout en manifestant la faiblesse de
l’instrument dont il se sert. Le temps était venu où Dieu ne devait plus retenir la bénédiction si
longuement désirée et demandée : quand Zacharie entre dans le temple pour offrir le parfum,
l’ange de l’Éternel lui apparaît. Zacharie est troublé à sa vue ; mais l’ange lui dit : « Ne crains
pas… parce que tes supplications ont été exaucées, et ta femme Elisabeth t’enfantera un fils,
et tu appelleras son nom Jean », c’est-à-dire « la faveur de l’Éternel » ; et plusieurs se
réjouiront de sa naissance, et il sera grand devant le Seigneur et sera rempli du Saint Esprit
dès le ventre de sa mère. « Et il fera retourner plusieurs des fils d’Israël au Seigneur leur Dieu.
Et il ira devant lui dans l’esprit et la puissance d’Élie… pour préparer au Seigneur un peuple
bien disposé. » — « L’Esprit d’Élie », c’est un zèle ferme et ardent pour la gloire de l’Éternel
et pour le rétablissement, par la repentance, des relations d’Israël avec Lui. Le coeur de Jean
s’attachait à ce lien du peuple avec Dieu, et c’est dans la force morale de son appel à la
repentance que le Précurseur est comparé ici à Élie.

1.3 - 1:18-23

Mais la foi de Zacharie, comme il arrive, hélas ! souvent, n’était pas à la hauteur de sa
requête. Il ne sait pas marcher sur les traces d’Abraham et il demande encore comment ces
choses arriveront (v. 18). La bonté de Dieu répond à l’incrédulité de son serviteur par un
châtiment profitable pour lui et qui servait en même temps de preuve, pour le peuple, qu’il
avait été visité d’en haut. Zacharie reste muet jusqu’à ce que la parole de l’Éternel soit
accomplie.

1.4 - 1:24, 25

772
Elisabeth, avec le sentiment qui convenait si bien à une sainte femme, se souvenant de ce qui,
ayant été un opprobre pour elle en Israël, n’était rendu que plus sensible par la bénédiction
surnaturelle qui lui était accordée, se cache en reconnaissant en même temps la bonté du
Seigneur envers elle. Mais ce qui peut nous dérober à la vue des hommes a un grand prix
devant Dieu.

1.5 - 1:26-38

Luc nous transporte maintenant ailleurs, afin d’introduire le Seigneur lui-même sur la scène
merveilleuse qui se déploie devant nos yeux. À Nazareth, ville méprisée, vivait une jeune
vierge, inconnue du monde : son nom était Marie. Elle était fiancée à un homme nommé
Joseph qui était de la maison de David ; tout était dans un tel désordre en Israël que ce
descendant d’un roi était charpentier. Mais qu’est-ce que cela pour Dieu ? Marie était un vase
d’élection ; elle avait trouvé grâce devant Dieu.

Il faut remarquer qu’il s’agit ici de la naissance de l’enfant Jésus comme né de Marie. Il n’est
pas autant question de la nature divine du Sauveur, la Parole qui était auprès de Dieu et qui fut
faite chair (bien qu’assurément ce soit toujours la même précieuse Personne), que de Jésus
réellement et véritablement homme, né d’une vierge. Son nom devait être appelé Jésus, c’est-
à-dire l’Éternel le Sauveur ; « Il sera appelé le Fils du Très-haut ; et le Seigneur Dieu lui
donnera le trône de David son père ». L’Esprit parle ici en le considérant toujours comme
homme né dans le monde. Mais il était Dieu aussi bien qu’homme. Saint par sa naissance,
conçu par la puissance de Dieu, ce Sauveur précieux qui, même en tant que né de Marie, est
appelé cette « sainte chose », devait être appelé le « Fils de Dieu ».

L’ange annonce ensuite à Marie la bénédiction qui a été accordée à Elisabeth. La merveilleuse
intervention de Dieu avait rendu Marie humble au lieu de l’élever ; elle avait vu Dieu et non
pas elle-même dans ce qui était arrivé. Le moi lui était caché, parce que Dieu avait été amené
si près d’elle, et elle se soumet à sa sainte volonté : « Voici l’esclave du Seigneur ; qu’il me
soit fait selon ta parole ».

1.6 - 1:39-45

Marie s’en va visiter Elisabeth, car son coeur aime à voir et à reconnaître la bonté du
Seigneur. Elisabeth, parlant par l’Esprit, reconnaît Marie comme la mère de son Seigneur et
annonce l’accomplissement de la promesse de Dieu son Sauveur dans la grâce qui la remplit
d’une telle joie, en même temps qu’elle reconnaît son propre néant ; car quelle que puisse être
la sainteté de l’instrument que Dieu emploie, et c’était le cas de Marie, — celle-ci n’était
grande qu’aussi longtemps qu’elle se cachait, car alors Dieu était tout. En s’estimant quelque
chose, Marie eût perdu sa place ; mais elle ne le fit pas : elle fut gardée, afin que la grâce de
Dieu fût pleinement manifestée.

Le caractère des pensées qui remplissent le coeur de Marie est juif. Son cantique nous
rappelle celui d’Anne (1 Sam. 1) qui parle prophétiquement de cette même intervention de
Dieu. Mais Marie remonte aux promesses faites aux pères et embrasse tout Israël.

773
1.7 - 1:56

Après être demeurée trois mois avec Elisabeth, Marie s’en retourne dans sa maison attendant
humblement que les voies de Dieu s’accomplissent. Rien n’est plus beau à sa place que le
tableau des rapports de ces saintes femmes, inconnues du monde, mais qui étaient des
instruments de la grâce de Dieu pour l’accomplissement de ses glorieux desseins. Elles se
mouvaient dans une sphère où rien n’entrait que la piété et la grâce ; mais Dieu était là lui-
même, aussi inconnu du monde que l’étaient ces pauvres femmes, mais préparant et
accomplissant ce que les anges désirent regarder de près.

1.8 - 1:57-59

Ce qui n’est connu que de la foi dans le secret, est finalement accompli devant tous les
hommes. Le fils de Zacharie et d’Elisabeth naît et Zacharie, à qui la parole est rendue,
prononce la précieuse prophétie rapportée dans les versets 68-80. La visitation d’Israël par
l’Éternel dont cette prophétie parle, embrasse toute la bénédiction millénaire liée à la présence
de Jésus sur la terre. Toutes les promesses sont oui et amen en Lui. Toutes les prophéties
l’entourent d’un cercle de gloire qui sera réalisé alors. Nous savons que, depuis sa réjection et
en son absence, l’accomplissement de ces choses est nécessairement renvoyé à son retour.

2 - Chapitre 2
Lorsqu’il plaît à Dieu de s’occuper de ce monde et de prendre une part à ce qui s’y passe, il
est merveilleux de voir comment il agit et quelle instruction il donne. Il n’y a aucun accord,
mais une complète opposition entre ses voies et les voies des hommes : l’empereur et son
décret ne sont que d’insignifiants instruments entre ses mains. César Auguste agit en vue de
ses sujets ; mais, sans le savoir, il est le moyen dont Dieu se sert pour accomplir la prophétie
qui annonçait que Jésus devait naître à Bethléhem. Le courant tout entier de ce monde est en
dehors du courant des pensées de Dieu. Le point capital pour Dieu et pour son royaume ici-
bas, c’est la naissance de l’enfant de Bethléhem : mais l’empereur ne s’en doute nullement.
Son décret met le monde en mouvement, et Dieu accomplit ses pensées ici-bas. Qu’elles sont
admirables les voies de Dieu ! Tout le monde doit se faire enregistrer, afin qu’il arrive,
comme cela était nécessaire pour l’accomplissement de la prophétie, que le pauvre charpentier
avec Marie, la femme qui lui avait été fiancée, se trouve dans la cité de David et que l’héritier
de David y naisse à ce moment-là. Ce fait est d’autant plus remarquable que le recensement
lui-même n’eut lieu que quelques années plus tard, lorsque Cyrénius était gouverneur de la
Syrie. Dieu accomplit ses desseins d’amour ; mais l’homme n’a pas d’yeux pour les voir ! Qui
prenait garde au pauvre Juif, bien qu’il fût de la maison et de la lignée de David ? Les choses
qui sont absolument indifférentes à l’homme remplissent le coeur et le regard de Dieu.

L’atmosphère est toute juive ici : des promesses s’accomplissent, l’enfant doit naître à
Bethléhem, dans la ville de David (verset 4 ; comp. Matt. 2:1 et suiv.). « La ville de David »
n’est rien pour le chrétien, sauf comme témoignage de l’accomplissement de la prophétie :

774
pour nous, le Fils vient du ciel. Sur la terre, l’enfant Jésus est l’objet des conseils de Dieu : les
anges et le ciel sont occupés de sa naissance ; mais, dans le monde, il n’y a point de place
pour Lui ! Allez où le vaste monde enregistre chacun, entrez dans le petit monde d’une
hôtellerie où l’oeil exercé du maître d’hôtel estime chacun et lui assigne sa place, de la
mansarde au premier étage… : il n’y a point de place pour Jésus ! Et la crèche, quand le temps
est venu, aboutit à la croix !

Quelle leçon pour nous relativement à ce monde ! Quelle différence aussi entre laisser le
monde ou être laissé par lui ! Nous disons adieu au monde avec une certaine facilité peut-
être ; mais quand il nous méprise comme il a méprisé Christ, nous découvrons, à moins que
Lui ne remplisse et ne satisfasse notre coeur, que nous tenions à son estime sans nous en
douter. Si l’obéissance est pour nous, dans notre mesure, aussi importante qu’elle l’était pour
Christ, nous poursuivrons notre course, quelque obstacle que nous ayons à rencontrer sur
notre route, sans nous inquiéter du monde : non que nous soyons insensibles, mais quand on a
Christ devant soi comme objet, on n’est occupé que de Lui.

Toute intelligence des choses de Dieu vient de sa révélation et non pas des raisonnements des
hommes. C’est pourquoi les pauvres en esprit avancent davantage dans l’intelligence
spirituelle que les sages et les prudents de la terre. Dieu agit ici de manière à mettre de côté
toute apparence de sagesse humaine. Heureux celui qui a assez saisi l’intention de Dieu pour
être identifié avec elle, et n’avoir besoin de personne si ce n’est de Lui ! Tels étaient les
bergers : ils connaissaient peu la pensée qui avait présidé à l’enregistrement ; mais ce fut à
eux, et non aux sages, que Dieu se révéla. Notre vraie science est produite par ce que Dieu
révèle ; mais nous n’arrivons jamais à la possession des pleines bénédictions de Dieu sans que
notre chair soit abaissée et annulée ; je parle ici de la marche. Nous ne pouvons entrer dans la
joie simple et la puissance de Dieu sans avoir pris une place d’abaissement et d’humiliation,
sans que notre coeur soit dépouillé de ce qui est contraire à l’abaissement de Christ. Les
bergers qui reçoivent le message de Dieu étaient paisiblement occupés de l’accomplissement
de leur humble devoir : c’est là qu’est la place de la bénédiction. Celui qui transige avec le
monde ne marche pas avec Dieu ; car Dieu n’est pas là avec lui. De la crèche à la croix, tout
en Christ était simple obéissance. Combien autre était Theudas, qui se disait « être quelque
chose ! » Christ faisait tout selon que Dieu l’enseignait ; il faut que nous en venions là, nous
aussi.

La gloire du Seigneur resplendit autour des bergers ; l’ange leur parle ; il leur indique le signe
auquel ils reconnaîtront l’enfant ; et quel signe ! « Vous trouverez un petit enfant emmailloté
et couché dans une crèche » (v. 12). « Et soudain il y eut avec l’ange une multitude de l’armée
céleste, louant Dieu », — et pourquoi ? À cause du mystère de la piété : « Dieu a été
manifesté en chair »… (1 Tim. 3:16). L’espérance d’Israël est révélée aux bergers, — la
bonne nouvelle d’une grande joie pour tout le peuple (v. 10), car Jésus est le pivot de tous les
conseils de Dieu en grâce. Adam lui-même n’était qu’une figure de Celui qui devait venir
(Rom. 5:14). Christ était toujours dans la pensée de Dieu. Il n’est pas donné tous les jours à
des yeux mortels de contempler de pareilles manifestations de gloire, mais Dieu les place
devant nous dans sa Parole ; et chaque jour il nous faut considérer le signe donné de Dieu,
Jésus, l’enfant dans la crèche. Si Lui remplissait l’oeil, l’oreille et le coeur, quels n’en seraient
pas les effets sur notre personne, notre esprit, notre conversation, nos vêtements, nos maisons,
nos richesses ! …

Le signe que Dieu donne de l’accomplissement de sa promesse et de sa présence dans le


monde, c’est un « enfant emmailloté et couché dans une crèche », — ce qu’il y a de plus petit

775
et de plus humble ! Mais c’est là qu’on trouve Dieu, quoique ces choses dépassent l’homme,
qui ne peut ni marcher avec Dieu ni comprendre sa gloire morale : mais le signe de Dieu est à
portée de la foi, signe de faiblesse parfaite, un petit enfant qui ne peut que pleurer. Tel est, né
dans ce monde, Christ le Seigneur ; telle est la place que Dieu choisit : la dernière place !
L’intervention de Dieu est manifestée et reconnue par un signe comme celui-là. Jamais
l’homme n’eût eu cette pensée. Les armées du ciel louent Dieu, et disent : « Gloire à Dieu
dans les lieux très hauts ; et sur la terre, paix ; et bon plaisir dans les hommes » (v. 13, 14) ;
car rien n’est plus merveilleux, sauf la croix, pour ceux qui ont la pensée du ciel. Le choeur
céleste voit Dieu, Dieu manifesté en chair, et loue Dieu dans les lieux très hauts. Les anges se
réjouissent de ce que ses délices sont avec les fils des hommes (comp. Prov. 8:30, 31). Aux
jours d’autrefois Dieu s’était révélé à Moïse dans une flamme de feu qui ne consumait pas le
buisson (Ex. 3) ; mais ici, d’une manière bien plus merveilleuse, il se révèle dans l’objet le
plus faible sur la terre : pensée moralement infinie, quoique le monde puisse la mépriser !
Qu’il est difficile d’accepter que l’oeuvre de Dieu et de son Christ s’accomplît toujours dans
la faiblesse ! Les chefs du peuple voyaient en Pierre et Jean des hommes ignorants et illettrés.
La faiblesse de Paul à Corinthe était l’épreuve de ses amis, la joie de ses ennemis, mais ce
dont lui se glorifiait (2 Cor. 12:7-10 ; 1 Cor. 2:3-5). La puissance du Seigneur s’accomplit
dans la faiblesse. L’écharde dans sa chair jetait du mépris sur Paul, et il pensait qu’il vaudrait
mieux que l’écharde fût ôtée. Il avait besoin de cette leçon : « Ma grâce te suffit ». Il fallait
qu’il apprît que Dieu choisit les choses faibles pour confondre les fortes. Il faut que tout
repose sur la puissance divine, sinon l’oeuvre de Dieu ne peut se faire selon la pensée de
Dieu. On se persuade difficilement qu’il faille être faible pour faire l’oeuvre de Dieu, mais
Christ a été crucifié en faiblesse, et la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes (1 Cor.
1:17-29). Pour faire l’oeuvre de Dieu, il faut que nous soyons faibles, afin que la puissance
soit de Dieu (2 Cor. 4:7 et suiv.), et cette oeuvre demeurera quand la terre aura passé.

2.1 - 2:21-38

À côté du témoignage additionnel que la mère de Jésus rend par son offrande aux
circonstances dans lesquelles le Seigneur de gloire naquit ici-bas, nous pouvons voir que Dieu
qui, à travers tout l’Évangile, place l’homme dans une nouvelle position devant Lui, n’oubliait
pas son ancien peuple. Oui, Dieu, on le voit ici, était là pour répondre à toute pensée de tout
coeur d’homme touché par la grâce, en Israël ; son coeur était spécialement tourné vers ceux
qui menaient deuil sur les péchés et la désolation de son peuple, et qui attendaient la
délivrance, criant à Lui du milieu des ténèbres : « Jusques à quand, Seigneur ? » — Dieu
accomplira en puissance ce en quoi l’homme a failli au point de vue de sa responsabilité.
Serait-ce une raison de nous tenir pour satisfaits lorsque le peuple de Dieu ne le glorifie pas ?
— Non, assurément : la foi n’est pas insensible, elle mènera deuil, mais se confiera en Dieu et
attendra que le temps de Dieu soit venu ; car Celui qui a promis est « fidèle, qui aussi le
fera » : il saura accomplir ses propres desseins.

2.2 - 2:25

Siméon « attendait la consolation d’Israël » ; Anne ne quittait pas le temple, mais servait Dieu
en jeûnes et en prières, nuit et jour (v. 36, 37) ; ainsi faisaient tous ceux qui attendaient la
délivrance, à Jérusalem. Il y avait « ceux qui attendaient » ; et Anne les connaissait et leur

776
parlait. Les autres sans doute étaient occupés de l’oppression romaine ; mais ces quelques-uns
attendaient le Christ, courbés sous la main de Dieu qui juge le mal, mais attendant sa
délivrance.

Je pense qu’il y avait dans l’âme de Siméon quelque chose de plus que la joie de tenir dans
ses bras le petit enfant, le Messie désiré : Siméon sentait qu’il avait Dieu ; et il était satisfait.
C’est pourquoi, sans même porter ses regards en avant jusqu’à la gloire, il dit : « Maintenant,
Seigneur, tu laisses aller ton esclave en paix selon ta parole ». Au chapitre 5, verset 11, de
l’épître aux Romains, l’apôtre, après avoir dit que nous nous réjouissons dans l’espérance de
la gloire de Dieu, ajoute : « Et non seulement cela » (car . il y a même plus que cette
espérance), « mais aussi nous nous glorifions en Dieu ». Les yeux de Siméon ont vu le salut
de Dieu, et il demande au souverain Maître de le laisser maintenant aller en paix.

Nous voyons souvent quelque chose de semblable au lit de mort des chrétiens qui jouissent
profondément de l’amour du Seigneur pour les siens, et de la proximité de sa venue pour eux.
Quelqu’un dira peut-être : Quelle consolation peut apporter la proximité de la venue de Christ
à ceux qui meurent et qui s’en vont auprès de Lui ? — La voici : Plus nous sommes près de
Dieu, plus nous attachons de prix à toute sa vérité et à tout ce à quoi Lui attache du prix.
Ainsi, aux versets 30-32, Siméon se réjouit en contemplant l’étendue de la délivrance de
Dieu : elle était pour la révélation des nations, qui avaient été jusqu’alors cachées dans les
ténèbres de l’idolâtrie et de l’impiété, aussi bien que pour la gloire d’Israël. Mais l’âme de
Siméon est satisfaite, parce qu’elle possède Christ et qu’elle anticipe l’effet de sa présence
dans le monde entier : Siméon a tout EN LUI, et désire s’en aller en paix. Si un homme
marche avec Dieu et qu’il ait achevé sa course, il sait que son oeuvre est accomplie, et il a le
sentiment que le temps du Seigneur est venu ; il est associé et en communion avec le
Seigneur, avec lequel il a marché. Si, au contraire, il est simplement placé sur un lit de
maladie, il ne sera pas, à ce moment-là, prêt à s’en aller, non pas qu’il craigne, mais Dieu lui
apprend autre chose. Mais lorsque le temps de Dieu est venu, tout est joie et l’âme est prête ;
elle sent et dit comme Siméon : « Maintenant tu laisses aller ton esclave en paix ».

Lorsque Siméon bénit Joseph et Marie, l’Esprit lui donne d’annoncer les résultats immédiats
de la présence de « l’Enfant » en Israël : Jésus devait être une pierre de touche pour plusieurs
coeurs, un sujet de chute, aussi bien que de relèvement pour plusieurs en Israël ; un signe
auquel on contredirait, et l’âme de Marie devait être transpercée, quelle que fût d’ailleurs la
joie présente ou la gloire à venir.

Israël, en effet, était tombé bien bas, mais Israël ne le savait pas et il fallait que Dieu le lui fît
connaître. Nous aussi, nous avons besoin que Dieu nous enseigne à cet égard, car Christ a dû
descendre dans le sépulcre et ressusciter d’entre les morts. Il faut que les pensées du coeur
soient révélées, quelle que soit l’apparence extérieure de l’homme ; mais Christ est celui qui
manifeste aussi les pensées de Dieu. S’il est le Christ, la gloire du peuple de Dieu, il est aussi
Celui qui abaissera la chair et qui rencontrera et humiliera l’homme dans son orgueil ; il est
Celui qui nous fera connaître si dans sa réjection il est plus précieux que toute autre chose.

2.3 - 2:39

777
Quand ils eurent tout accompli selon la loi, les parents de Jésus s’en retournèrent en Galilée, à
Nazareth. Jésus ne serait pas le Christ dont nous avons besoin, s’il avait reçu quelque gloire
de Jérusalem : partout en Israël sa place est au milieu des pauvres du troupeau.

2.4 - 2:40

« Et l’enfant croissait et se fortifiait, étant rempli de sagesse ; et la faveur de Dieu était sur
lui. » Luc nous fournit plus de détails que les autres évangiles sur la réalité de l’enfance du
Sauveur. Il n’en a pas été de Jésus comme d’Adam qui a été créé homme fait.

Si quelqu’un lit seulement, sans commentaire, ces pages que Dieu nous a données, combien il
en sent l’indicible prix ! Quand nous voyons qui est Celui dont elles nous parlent, nous
voyons la nature humaine en Lui remplie de Dieu, pour ainsi dire. Il ne s’agit pas d’une
distinction officielle ; mais le coeur sent que Dieu s’est approché de lui, et le charme et la
beauté intrinsèque de l’enfant le remplissent.

2.5 - 2:41 et suiv.

L’incident lié à la Pâque, alors que Jésus avait douze ans, n’est pas moins profondément
instructif que ce qui précède. Le vrai caractère du Seigneur y apparaît, quoique Jésus ne fût
pas encore appelé à agir selon ce caractère. Il vint pour être un Nazaréen, pour être aux
affaires de son Père, Luc nous le dit positivement avant que Jésus entre dans son ministère
public, afin qu’il soit bien évident que ce caractère se lie à sa personne et ne dépend pas
seulement de son office. Jésus était le Pasteur du troupeau, en esprit et en caractère. Le
troupeau était à Lui. Il était le Fils du Père, quoiqu’il attendît pour le manifester le temps
déterminé de Dieu.

2.6 - 2:51

« Et il descendit avec eux, et vint à Nazareth, et leur était soumis. » Quelle majesté dans toute
la vie du Sauveur ! Le fait qu’il était Dieu assurait sa perfection comme enfant et comme
homme ici-bas. Il avait toujours conscience de sa relation avec son Père ; il était un enfant
obéissant, mais ayant conscience d’une gloire qui était indépendante de tout assujettissement à
une parenté humaine. Il était à Marie et même à Joseph ; mais, dans un autre sens, il n’était
pas à eux. Il avait pleine conscience de sa relation comme Fils de Dieu, quand d’autre part son
obéissance à ses parents était absolument juste et parfaite.

2.7 - 2:52

« Et Jésus avançait en sagesse et en stature, et en faveur auprès de Dieu et des hommes » : son
intelligence humaine se développant, il devenait ainsi — quoique toujours parfait — parfait

778
dans un sens plus complet : l’enfant parfait devenait l’homme parfait. La plante pleine de
beauté et de grâce croissait et s’épanouissait devant Dieu et devant les hommes.

3 - Chapitre 3
Les deux chapitres précédents nous ont donné le caractère général de l’évangile de Luc ; ils
nous ont montré comment les pensées de Dieu descendent vers l’homme. Si nous considérons
son évangile dans son ensemble, Luc est spécialement occupé de ce qui n’est pas juif ;
toutefois la partie qu’on peut appeler juive nous est donnée d’abord avec beaucoup de détails,
parce qu’Israël, vu son incrédulité et sa dépravation morale, sera mis de côté pour ouvrir la
voie à de nouvelles relations, fondées sur la révélation de ce que Dieu est pour l’homme en
Jésus, vrai et seul Médiateur. Mais si le chapitre 1 nous a montré la fidélité de Dieu aux
promesses faites à Abraham, à son alliance et à son serment, le chapitre 2 nous met en
présence du gouvernement actuel du monde, du pays et du peuple du Seigneur, sous la
quatrième « bête », qui est l’empire romain. Quelle confusion le péché ne crée-t-il pas ? Les
Juifs sont assujettis aux nations : Joseph et Marie, de la maison royale de David, vont se faire
enregistrer et taxer ! Mais les voies de Dieu brillent d’un éclat d’autant plus grand qu’elles
s’accomplissent au milieu des ténèbres. « Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-
même » (2 Cor. 5:19). Cependant Israël allait être mis à une nouvelle épreuve morale par le
fait que Dieu se présentait ainsi aux regards des hommes. Hélas ! on devait voir bientôt que si
les Juifs n’avaient pas gardé la loi, ils haïssaient la grâce. « Voici, celui-ci est mis pour la
chute et le relèvement de plusieurs en Israël, et pour un signe que l’on contredira. »

Au chapitre 3, Dieu intervient par un prophète, comme jadis il était intervenu par le ministère
de Samuel : « La parole de Dieu vint à Jean, le fils de Zacharie, au désert ». — Ce n’est pas
sans motif que l’Esprit mentionne ici la quinzième année de Tibère César : toute la terre
jouissait en apparence du repos sous son maître païen ; la parole de Dieu trouvait dans le
désert la sphère qui lui convenait. La loi et les prophètes étaient jusqu’à Jean ; au milieu d’un
tel état de choses, quel lieu pouvait convenir à celui-ci, sinon le désert ? Pouvait-il reconnaître
moralement l’état d’Israël ? Dieu ne veut pas que son messager soit à Jérusalem.

La « prophétie » est l’intervention souveraine par laquelle Dieu peut communiquer avec son
peuple, quand il est déchu et s’est détourné de Lui. Jean le comprend et prêche le baptême de
repentance pour la rémission des péchés. Ésaie le prophète, bien des siècles auparavant, lui
avait assigné cette place. Il ne servait de rien à Israël de mettre en avant ses droits et ses
privilèges : son état tout entier était mauvais, et le Juge était à la porte. Jean ne rappelait pas le
peuple à la loi ; il préparait le chemin du Seigneur. En cela il différait des prophètes aussi bien
que de la loi, ou plutôt il allait plus loin ; car le temps de Dieu était venu pour faire un pas en
avant. Les prophètes ramenaient le peuple en Horeb ; Jean parle autrement, quoique son père
fût un sacrificateur, et lui-même un descendant d’Aaron. Il ne cherche pas à rétablir ce qui
était terminé ; il annonce le royaume. Il n’introduit pas l’Église, ni même les bonnes nouvelles
de la grâce de Dieu, car toutes deux attendaient l’accomplissement de l’oeuvre de la
rédemption ; mais il laisse la loi et montre que le dessein de Dieu, c’est « le royaume ».

La citation d’Ésaïe met de côté Israël, non pas les gentils seulement, mais Israël, comme de
l’herbe séchée dans laquelle il n’y a plus un seul brin vert. Cependant la parole de Dieu
demeure à jamais ; et elle demeure quand tout espoir du côté de l’homme s’est évanoui. Israël
peut avoir failli, mais la parole de Dieu demeurera. De plus, puisque c’est le Seigneur qui
779
vient, « toute vallée sera comblée, et toute montagne et toute colline sera abaissée… » ; et non
seulement les Juifs, mais « toute chair verra le salut de Dieu ». Si le péché plonge tout le
monde dans une commune ruine et sous un même jugement, Dieu peut satisfaire aux besoins
de l’homme ainsi déchu ; mais sa gloire ne sera pas renfermée dans les limites étroites
d’Israël.

3.1 - 3:7-14

Mais, pour être béni, il faut que l’homme se repente. Dieu veut de la réalité et non pas
seulement un peuple nominal ; il veut des faits qui conviennent à des coeurs sentant et jugeant
leur condition morale et qui par conséquent se tournent d’eux-mêmes vers Lui. Des
ordonnances, des droits formels, qui auraient dû être des moyens de bénédiction, n’étaient
nullement un abri contre la colère qui vient, et Dieu ne permettrait pas à ceux qui se
prévalaient de ces droits, d’empêcher qu’il créât de vrais enfants de la promesse, si la
génération présente devait reprendre le caractère d’Ismaël. Le jugement doit commencer par
la maison de Dieu (voyez 1 Pierre 4:17).

De fait, nous le savons, Jean fut décapité, le Seigneur crucifié, et le royaume présenté en Lui
et par Lui, rejeté par Israël ; mais bientôt, le royaume sera établi visiblement et en puissance
(*). En attendant l’Église est formée, parce que le royaume n’est pas encore établi sous cette
forme visible ; et ceux qui maintenant prennent leur place avec le Seigneur partagent sa
réjection. Ils sont membres de son corps, l’Église ; ils partageront sa gloire ; mais ce sera une
gloire céleste et non pas terrestre. En un autre sens, nous sommes dans le royaume
maintenant. Pour la foi, les cieux règnent à présent, et nous le reconnaissons et nous le
savons ; mais Satan est actuellement prince et dieu de ce monde ; et ainsi, ceux qui sont faits
rois pour Dieu (car c’est là notre vraie place en tant que chrétiens) sont appelés à souffrir.
C’est pourquoi Paul allait partout, prêchant le royaume de Dieu, aussi bien que Christ et
l’Église. Nous avons ce en vertu de quoi nous régnerons avec Christ ; mais nous avons une
part bien plus glorieuse encore qui est d’être avec Christ, son corps et son épouse. Pour peu
que notre pensée s’arrête sur la personne de Christ, nous comprendrons facilement que,
lorsque Lui est retranché, tout est fini pour ce qui concerne la terre. Il est le centre de tout ; et
lorsqu’il est rejeté, c’en est fait de ce que la prophétie annonçait et de ce qui semblait sur le
point de s’accomplir. Mais Christ rejeté ressuscite et monte au ciel, entrant dans une gloire qui
est au-dessus des cieux ; et là, dans les cieux, les saints trouvent leur place avec Lui (comp.
Ps. 2 et 8).

(*) Remarquez que Matthieu seul se sert de l’expression de : « royaume des cieux ». Cette
expression peut souvent, dans un sens général, être confondue avec celle de « royaume de
Dieu », comme nous le voyons par la comparaison avec Luc ; cependant les deux termes ne
peuvent pas toujours se remplacer mutuellement, et Matthieu dit : « royaume de Dieu », dans
quelques passages où il ne pouvait pas dire : « royaume des cieux » (voyez Matthieu 6:33 ;
12:28 et 21:43).

Ainsi le « royaume de Dieu » était présent lorsque Christ, le roi, était présent ici-bas ; le
« royaume des cieux » commença lorsque Christ monta dans les cieux. Le jour vient où Satan
cessant de gouverner, le « royaume des cieux » (et « de Dieu » aussi, sans doute) prendra une

780
autre forme, non plus en mystère, mais en manifestation. Le « royaume de Dieu » a aussi un
sens moral que le terme de « royaume des cieux » n’a pas ; et dans ce sens, l’expression est
fréquemment employée par Paul dans ses écrits et elle convenait particulièrement au dessein
de l’Esprit dans Luc (voyez Actes 20:25 ; Rom. 14:17 ; 1 Cor. 6:9, 10 ; 15:50 ; 2 Thess. 1:5 ;
Luc 6:20 ; 8:1 ; 9:62 ; 13:18, 20, etc.).

Jean s’adresse aux Juifs, demandant la repentance et la justice qui en est le fruit. Il leur montre
que si, extérieurement, ils sont plus rapprochés de Dieu que les nations, ils doivent d’autant
plus tôt attendre le jugement : il insiste sur le fait que, si le Seigneur venait, il devait trouver
ce qui convient au Seigneur. Même alors la cognée était mise à la racine des arbres ; chaque
arbre, s’il ne portait pas de bon fruit, devait être abattu et brûlé. Repentance ou colère :
choisissez ! Le Seigneur n’admettra pas vos prétentions comme descendants d’Abraham, si
vos voies renient Abraham : le Seigneur veut de la justice. C’est le Seigneur qui vient ! Et il
faut qu’il ait un peuple préparé pour Lui ; sinon des pierres mêmes il se formera un peuple
selon ses pensées.

Évidemment, la parole de Jean n’est pas une voix de miséricorde pour le pauvre pécheur ;
Jean présente Dieu comme juge, et non pas comme agissant dans la souveraineté de sa grâce ;
il ne dit pas et ne pouvait pas dire : « Venez à moi », parce que Jean n’était pas Christ. Christ
seul a pu dire : « Venez à moi ». Jean venait dans les voies de la justice.

Les versets 10-14 renferment un témoignage moral. Jean entre dans les détails et s’occupe de
l’iniquité pratique de chacune des classes dont se composait la foule qui l’entourait. Même
lorsque la question du Christ est soulevée, dans les versets 15-18, Jean dit : Il en vient un
« plus puissant que moi » ; il pense particulièrement à la puissance de Celui qui vient, — à sa
puissance morale aussi bien qu’extérieure. Celui-là « vous baptisera de l’Esprit Saint et de
feu. » Il s’agit ici de la puissance du Saint Esprit et de son jugement consumant. Jean ne
pouvait parler de la grâce de l’Évangile tel que nous le connaissons maintenant ; il annonçait
un glorieux personnage qui venait après lui, non pas un salut actuel. Tout ce qui ne pouvait
pas endurer le feu devait être brûlé ; car « il a son van dans sa main, et il nettoiera entièrement
son aire et assemblera le froment dans son grenier » (comp. És. 21:10 et suivants). « L’aire de
Dieu », — c’était Israël : là Dieu trouvait son froment, s’il y en avait ; mais il avait son van
dans sa main et il allait faire une oeuvre abrégée. Titus finalement a mis de côté l’aire de Dieu
sur la terre ; le péché d’Israël avait fait perdre moralement sa place au peuple, lorsqu’il rejeta
Christ ; mais à la destruction de Jérusalem, Israël perdit entièrement cette place pour le
présent.

3.2 - 3:19 et suiv.

Le mode d’enseignement de Luc mérite d’être remarqué ici en passant : Luc montre que Jean
avait prêché et exhorté au point de vue moral ; — et puis il dispose de Jean, l’éliminant pour
ainsi dire de la scène, afin d’y introduire Christ. Ce n’est pas que, historiquement, Jean ait été
emprisonné à ce moment-là par Hérode le tétrarque, car cet événement n’eut lieu que
beaucoup plus tard ; mais nous avons ici un exemple de la manière de Luc ; il revient au
Seigneur prenant sa place au milieu du résidu d’Israël, car le Seigneur ne s’identifie pas avec
la nation ; mais dès qu’il y a un pauvre résidu, il s’identifie avec lui.

781
Nous trouvons le récit de ce fait dans les versets 21 et suivants. Qu’elle est merveilleuse et
pleine de grâce cette entrée de Jésus au milieu de ceux que la voix de Jean-Baptiste avait
rassemblés ! « Et il arriva que, comme tout le peuple était baptisé, Jésus aussi étant baptisé et
priant, le ciel s’ouvrit ; et l’Esprit Saint descendit sur lui sous une forme corporelle, comme
une colombe ; et il y eut une voix qui venait du ciel : Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi j’ai
trouvé mon plaisir. » — Quelqu’un eût pu contempler et écouter avec tristesse ce que nous
lisons au sujet de Jean-Baptiste et de son témoignage ; nous eussions pu, en entendant le glas
funèbre de l’humanité, nous écrier : Qu’est-ce que l’homme ? Mais maintenant notre oeil se
repose sur Jésus : nous trouvons le Seigneur venu du ciel, un homme ! Tout est à
recommencer. Si je demande encore : Qu’est-ce que l’homme ? — aussitôt Christ apparaît. Si
je regarde à moi-même, à tout ce qui m’entoure, que vois-je ? — assez pour briser le coeur,
s’il y a un coeur qui puisse être brisé. La seule chose qui empêche qu’on ne soit entièrement
accablé par la vue de l’état des choses ici-bas, c’est qu’on n’a pas de coeur pour sentir les
choses comme elles sont. Mais ici il y a du repos ! J’ai trouvé maintenant un homme qui a
satisfait Dieu, un homme sur la terre dans la présence de Dieu, regardant vers Dieu, et étant
un objet pour Dieu ! — non pas le Messie purifiant son aire, mais Celui en qui toutes les
pensées et tous les conseils de Dieu sont renfermés ; — non pas l’homme et sa beauté détruits
par la teigne, mais Jésus, le Fils de l’homme, non seulement le descendant d’Abraham et de
David, mais Celui dont la lignée remonte jusqu’à Adam et jusqu’à Dieu, — « fils d’Adam, fils
de Dieu », le second homme, le dernier Adam, l’Esprit vivifiant ! Quelle consolation ! — car
qu’est-ce que l’homme ? Qu’est-ce que le « moi », quand le péché du coeur est connu ? — ce
« moi » qui, depuis le commencement jusqu’à maintenant abandonne Dieu pour le fruit d’un
arbre ? Mais ici un homme apparaît, un homme béni « et priant ». Nous ne trouvons pas ce
détail ailleurs. Et pourquoi nous est-il donné ici ? — Parce que Luc présente l’homme dans sa
perfection, l’homme dépendant ; car la dépendance est l’essence d’un homme parfait. Sans
doute, nous voyons Dieu briller en Jésus, mais en Jésus, l’homme dépendant, à la place et
dans la condition de perfection comme homme. La racine du péché en nous c’est la volonté
propre, l’indépendance ; ici, en Jésus, mon coeur trouve du repos ! — un homme dépendant
au milieu de la misère et de la ruine, mais parfaitement avec Dieu en tout ! (comparez aussi le
récit que Luc nous donne de la transfiguration). Dans l’humiliation ou dans la gloire, il n’y a
point de différence quant à ce point : l’homme parfait est toujours l’homme dépendant.

Et lorsque ce coeur exprimait ainsi sa dépendance, ne reçut-il aucune réponse ? « Le ciel
s’ouvrit. » Est-ce que le ciel s’ouvre ainsi sur moi ? Il est ouvert pour moi, en vérité, sans
doute ; mais moi, je prie parce qu’il est ouvert ; — il s’ouvrit, parce que Lui priait. Mais, je
viens et je regarde en haut, parce que les cieux furent ouverts sur Lui.

Quel attrayant tableau de la grâce, un tableau dont nous pouvons dire avec hardiesse, que le
Père aimait à le contempler. Oui, le Père aimait à regarder d’en haut sur la terre, au milieu de
tout ce péché, sur son Fils. Rien que de divin ne pouvait ainsi attirer le coeur de Dieu ; et
cependant l’homme humble et parfait, Jésus, ne prend pas la place de sa gloire éternelle
comme Créateur, Fils de Dieu : il s’abaisse et il est baptisé ; il dit à Dieu : En toi « je me
confie ». Il dit à l’Éternel : « Tu es le Seigneur, ma bonté ne s’élève pas jusqu’à toi » ; et il dit
au résidu fidèle en Israël, c’est-à-dire aux saints qui sont sur la terre et aux excellents : « En
eux sont toutes mes délices » (Ps. 16). Jésus n’avait pas besoin de repentance, et cependant il
est baptisé avec eux, précisément comme plus tard il met dehors ses brebis et va devant elles.
Il s’identifie en grâce avec Israël, c’est-à-dire avec ceux qui avaient le coeur pur ; et le Saint
Esprit descend sur Lui comme une colombe, — vrai emblème de cet homme sans tache, —
vrai lieu de repos pour l’Esprit dans le déluge de ce monde ! (comp. Gen. 8:9). Combien aussi
il est précieux pour nous que Jésus nous soit désigné comme l’objet de Dieu. Nous savons

782
quels sont les sentiments du Père à son égard ; nous sommes initiés aux pensées du Père et
admis à l’entendre exprimer son affection pour son Fils, à voir les liens se reformer entre Dieu
et l’homme. Le ciel est ouvert, non pas sur quelque chose qui soit en haut, mais sur un homme
qui est sur la terre. Ainsi je trouve du repos ; et mon coeur entre en communion avec Dieu au
sujet de son Fils bien-aimé. Il n’y a que le croyant qui en jouisse ; mais le lien est là ; et si j’ai
en moi et autour de moi ce qui trouble mon âme, j’ai en Lui ce qui est une joie et une
consolation qui ne pourront défaillir.

La généalogie dans Luc s’accorde avec la pensée que Dieu agit en grâce dans l’homme et
envers l’homme. Jésus, le Fils bien-aimé de Dieu, a une généalogie qui remonte jusqu’à
Adam et jusqu’à Dieu. Jésus est Fils de l’homme ; il est héritier dans ce sens et vient
revendiquer l’héritage que Dieu donna à l’homme. Quelle vérité ! De quel côté le coeur se
tournerait-il pour trouver du repos, s’il n’avait pas Jésus pour se reposer en Lui ? Avec Lui,
que le ciel et la terre soient renversés, j’ai cependant un repos ! Quel bonheur pour le coeur
d’avoir l’objet dont Dieu lui-même est occupé ! Que nos coeurs aussi soient de plus en plus
tournés vers Lui et occupés de Lui.

4 - Chapitre 4
Le Seigneur ayant pris la place de serviteur au milieu des « excellents » d’Israël, le ciel s’était
ouvert sur Lui, et il avait été reconnu par le Père comme son Fils bien-aimé. Ses plaisirs
étaient avec les fils des hommes ; aussi sa généalogie n’est-elle pas retracée seulement jusqu’à
Abraham, la racine et le dépositaire des promesses juives, mais jusqu’à Adam et à Dieu lui-
même. Indépendamment de sa propre gloire divine comme Fils du Père, Jésus devait être
appelé le « Fils du Très-Haut », le « Fils de Dieu ». Comme homme sur la terre, il fut scellé
du Saint Esprit. Il prit la forme d’un serviteur et fut fait à la ressemblance des hommes. La
plénitude de sa perfection était maintenant d’accomplir comme serviteur la volonté de Celui
qui l’avait envoyé ; car un serviteur qui fait sa propre volonté est un mauvais serviteur. La
dépendance, la patience et l’obéissance étaient les traits caractéristiques de la place qu’il
prenait, et se trouvent en Lui au plus haut degré. C’est pourquoi le Psaume 40, qui nous le
présente prophétiquement, dit : « J’ai attendu patiemment l’Éternel ». Il ne demande pas la
puissance, mais il s’attend à Dieu : « Penses-tu que je ne puisse pas maintenant prier mon
Père, et il me fournira plus de douze légions d’anges ? » (Matt. 26:53). Mis absolument et
foncièrement à l’épreuve, il n’a jamais rien voulu si ce n’est faire la volonté de son Père. Il
fallait qu’il apprît l’obéissance (comp. Héb. 5:8). Ayant pris la place de serviteur, il garde
cette place jusqu’au bout, non pas dans un acte, mais en faisant l’expérience de la force de
cette expression : apprenant « l’obéissance », sans qu’il ait eu aucune consolation ici-bas,
avec des ennemis tout autour de Lui, des chiens l’entourant, de puissants taureaux de Basan
qui l’environnaient. Il dut apprendre l’obéissance, là où l’obéissance était toujours la
souffrance, même jusqu’à l’abandon de sa vie. Chacun de ses pas était un pas dans
l’humiliation, jusqu’à ce qu’il vînt au terme de sa course, à la croix, où il porta la colère de
Dieu en amour pour nous. Sans doute il trouva dans sa réjection des champs blancs « pour la
moisson », et nous aussi, dans notre mesure, nous en trouverons, si nous marchons dans le
même chemin ; mais la croix (tout ce qui pouvait arrêter un homme) était toujours devant
Lui ; cependant il poursuivit sa route, attendant patiemment et ne demandant pas de
délivrance. Il présente ainsi le Dieu parfait à l’homme, et l’homme parfait à Dieu.

783
4.1 - 4:1

Dans ce chapitre, Jésus entre publiquement dans le chemin de patiente obéissance. La


première chose que nous ayons à remarquer ici, c’est que, plein du Saint Esprit, le Seigneur
est conduit par l’Esprit au désert, où il est tenté par le diable. L’ennemi est puissant de deux
manières : il tente, ou il effraie. Dans le premier cas, il agit par nos convoitises, présentant ce
qui, est calculé pour attirer et ainsi il domine sur nous naturellement ; — dans le second cas, il
a la puissance de la mort. Ainsi Judas, étant un homme avare et qui n’avait pas la foi qui
purifie le coeur, Satan fait naître l’occasion et s’empare de lui, non pas que Satan ait aucun
droit de dominer sur les hommes, mais il acquiert la domination sur eux par les convoitises de
la chair ; — d’un autre côté, il effraie par les terreurs de la mort. Il assaillit le Seigneur de ces
deux manières, mais ne trouva rien en Lui (comp. verset 13 et Jean 14:30).

Ici donc le diable se rencontre avec l’homme, l’homme dans la puissance de l’Esprit de Dieu ;
tenté non dans le paradis, mais dans le désert. Jésus ne dit pas « Je suis Dieu, et toi, tu es
Satan ; va arrière de moi » — Dieu n’aurait pas été glorifié ainsi et nous n’en aurions tiré
aucun profit. Mais comme le Seigneur avait été conduit dans le désert, non par la convoitise
(penser cela serait un blasphème !) mais par le Saint Esprit, ainsi dans sa grâce il se place lui-
même là où l’homme se trouvait. Il ne reçoit de secours de personne, pas même de Jean-
Baptiste ; bien au contraire, il est entouré de tout ce qui l’aurait fait broncher, si cela avait été
possible : il passe au travers de tout comme homme. Il faut qu’il soit tenté, et qu’il soit
vainqueur là où l’homme, non seulement avait failli, mais où il gisait sous la puissance du
mal.

4.2 - 4:2, 3

Il n’y avait pas de mal à avoir faim : ce n’était pas un péché. Jésus eût pu commander que les
pierres devinssent du pain : mais faire ainsi, sauf à la parole de son Père, c’eût été faire sa
propre volonté, et Jésus n’aurait pas été l’homme parfait. Satan cherche à introduire dans le
coeur de Jésus un désir qui ne fût pas dans la parole de Dieu : il avait réussi à insinuer une
convoitise dans le coeur d’Adam ; mais ses traits sont impuissants contre Jésus, quoique ce
dernier soit quarante jours exposé à sa présence et à sa puissance. Jésus dut apprendre par
l’expérience ce que c’est que d’être sans secours d’aucune part, sans amis, dans une affreuse
solitude, n’ayant autour de Lui que les bêtes sauvages, exposé aux attaques du diable ! Il
mesura ainsi la puissance de Satan. L’homme fort était là devant Lui, usant de toutes ses
armes ; mais Celui qui était plus fort que lui le vainquit. Jésus lie l’homme fort. Il fut en
dehors de la condition humaine quarante jours, — non pas comme Moïse, pour être seulement
avec Dieu, mais comme Celui qui était toujours avec Dieu pour être exposé aux attaques de
Satan. Aucun autre homme n’a besoin de sortir de sa condition pour être tenté, il n’a qu’à
poursuivre sa route avec les hommes ; mais en Jésus cette séparation extraordinaire avait lieu
pour qu’il fût avec le diable. Pour être avec Dieu, Jésus n’avait besoin de rien en dehors de
son chemin de tous les jours, car sa place naturelle était d’être avec Dieu ; mais pour être avec
Satan, il avait besoin de cette séparation extraordinaire dans laquelle nous le voyons ici.
D’autres sont étrangers à Dieu et familiers avec Satan ; Lui, dans les choses les plus adverses,
est un étranger pour Satan, et demeure dans le sein du Père. Mais il s’anéantit lui-même
comme Dieu, pour devenir un serviteur comme homme ; et étant en figure comme un homme,
un homme dépendant, il s’attend à la parole de Celui qu’il servait. Le Père qui est vivant
l’avait envoyé, et Lui vivait à cause du Père (voyez Jean 6:57) : il était comme homme sous

784
l’autorité de Celui qui l’avait envoyé, et sa viande, c’était de faire sa volonté. « Par la parole
de tes lèvres je me suis gardé des voies de l’homme violent » (Ps. 17:4).

4.3 - 4:4

Jésus se sert toujours de la Parole écrite, et Satan est sans puissance. Quelle importance
extraordinaire il donne aux Écritures ! Dieu agit maintenant par la Parole, et on résiste
moralement à Satan par ce moyen. Satan ne peut toucher un homme qui garde simplement la
Parole : « Celui qui est né de Dieu se conserve lui-même, et le méchant ne le touche pas » (1
Jean 5:18). Ce n’est pas par un acte de son autorité divine que Jésus renvoya Satan, mais
l’ennemi est démontré impuissant devant l’obéissance à la parole de Dieu. Si le diable ne peut
pas faire sortir du chemin de l’obéissance, il n’a point de puissance. Qu’est-ce qu’il peut y
avoir de plus simple ? Tout enfant de Dieu a le Saint Esprit agissant par la Parole pour le
garder.

Jésus ne raisonne pas avec Satan. Un simple texte le réduit au silence, quand on s’en sert dans
la puissance de l’Esprit. Tout le secret de la force dans la lutte consiste en un juste emploi de
la parole de Dieu. Quelqu’un dira peut-être : Je ne suis pas comme cet homme parfait. Il
pouvait en être ainsi pour Christ, mais comment moi puis-je espérer le même résultat ? En
effet, nous sommes ignorants et la chair est en nous ; mais Dieu est toujours le souverain
Seigneur, et il est fidèle et ne permettra pas que nous soyons tentés au-delà de ce que nous
pouvons supporter. La tentation peut être simplement une épreuve de notre obéissance comme
elle le fut pour Abraham, non pas un piège pour nous détourner du droit chemin. Satan
présente ce qui n’a aucune apparence de mal. Le mal serait, pour quelqu’un, de faire sa propre
volonté. Or ce qui résout toute difficulté, c’est de se demander non pas : quel mal y a-t-il à
faire ceci ou cela ? mais : pourquoi est-ce que je fais ceci ou cela ? Est-ce pour Dieu ou pour
moi-même ? Quoi, direz-vous peut-être, je devrais avoir toujours ce pénible frein ? Le secret
de notre nature est ainsi mis en évidence : nous n’aimons pas être dans l’obligation de faire ce
que Dieu approuvera. C’est un frein pour nous que de faire la volonté de Dieu ! Nous voulons
faire notre propre volonté. Agir seulement parce qu’il le faut, c’est la loi, et non pas la
direction de l’Esprit. La parole de Dieu était le motif de Christ, et c’est de la même manière
que Christ dirige les siens. Notre sauvegarde contre Satan ne consiste pas à mettre au vieil
homme une barrière mais elle est dans le nouvel homme, vivant de toute parole qui sort de la
bouche de Dieu.

4.4 - 4:3-13

La première tentation est un appel fait aux besoins du corps ; la seconde (dans Luc, non pas
dans Matthieu) est la tentation de la gloire du monde ; la troisième (dans cet évangile) est la
tentation religieuse par la parole de Dieu, et par conséquent au point de vue moral, la plus
subtile de toutes pour quelqu’un qui apprécie cette Parole. C’est pour cette raison que Luc
s’écarte ici de l’ordre historique des événements, pour grouper ceux-ci moralement, selon son
habitude. Le tentateur s’attaque d’abord au Seigneur Jésus en rapport avec la vie de l’homme ;
ensuite, en rapport avec la puissance donnée à l’homme, et troisièmement, en rapport avec les
promesses faites à Christ lui-même.

785
Le Seigneur eût pu raisonner avec le diable ; il ne lui dit pas même que de toute manière le
règne du monde Lui appartiendrait un jour. Il se tient sur un terrain qui met tout à sa vraie
place, et où il est un exemple parfait pour nous : il s’en tient à la parole et au culte de Dieu. Il
s’attend à la parole de Dieu, rend hommage à Dieu, le sert Lui seul. Que tout cela est simple
et beau ! C’était le lien direct avec Dieu d’un coeur obéissant, une question de relation avec
Dieu. Ainsi jadis, Éliézer fut béni ; mais avant de commencer à jouir de la bénédiction, il rend
grâces (Gen. 24:26, 27, 52) : il eut d’abord la parole, ensuite la bénédiction. Que vient-il
après ? Il courbe la tête pour adorer. Dieu est la première pensée de son coeur. Il en est de
même ici du Seigneur, mais d’une manière bien plus complète. La dernière et la plus subtile
des tentations était fondée sur les promesses faites au Messie (v. 9-11). Si tu es le Fils de
Dieu, pourquoi ne pas essayer ? Mais pourquoi Jésus aurait-il mis Dieu à l’épreuve, Lui qui
savait que Dieu était pour Lui ? Pourquoi aurait-il été présomptueux comme Israël autrefois
lorsque, désobéissant à Dieu, il voulut monter sur la montagne afin d’éprouver si Dieu était au
milieu de son peuple ? Même lorsque Lazare est malade, Jésus ne fait pas un pas jusqu’à ce
que la volonté de son Père soit manifestée, quoique tout ce qui est « nature » se fût ému, et
qu’il connût bien l’affliction de cette maison qui était son refuge ; car « Jésus aimait Marthe,
et sa soeur, et Lazare ».

Le Seigneur n’écouta pas Satan. Qui l’eût écouté, direz-vous peut-être ? Mais vous écoutez
Satan à chaque jour de votre vie où vous cherchez même la plus insignifiante chose de ce
monde. N’y avait-il donc pas une promesse pour Jésus ? Assurément ; mais pourquoi se
serait-il jeté du haut du temple en bas pour s’assurer si Dieu vaudrait sa parole ? Ne savait-il
pas que Dieu était avec Lui ? Il en est de même pour nous : appliquons-nous seulement à
avoir la Parole derrière nous, sans nous inquiéter de ce que nous pouvons avoir devant nous.
Nous ne devrions jamais soulever la question de savoir si Dieu est avec nous. S’il ne nous
envoie pas, tenons-nous tranquilles, mais ne mettons jamais en doute sa présence. Si nous
sommes dans le simple chemin de sa volonté, le Saint Esprit agira en nous pour nous guider,
et non seulement sur nous pour nous redresser.

Ainsi donc, dans l’ordre non pas historique, mais moral, suivi par Luc, nous trouvons les
exercices d’âme progressifs d’un homme : d’abord, ce qui est relatif aux convoitises
naturelles, ensuite, aux convoitises mondaines (*), et enfin, les tentations spirituelles. Le
Seigneur Jésus a été tenté ici-bas, dans le monde dans lequel nous nous trouvons, non pas en
Eden. Il se plaça, par la volonté et la sagesse de Dieu, là où l’homme se trouve dans ce
monde, lieu de nos difficultés. Il a traversé toutes celles qui entourent un fidèle. Qui a besoin
de son secours ? Non pas un pécheur, car un pécheur a besoin de salut, mais un saint, car un
saint a besoin d’aide et de sympathie dans sa course. Nous avons à maintenir pratiquement
notre premier état, en tant qu’hommes renouvelés. Satan ne peut toucher le nouvel homme ;
mais il essaie de nous entraîner hors du chemin de la piété. Nous avons besoin de secours
pour marcher comme des enfants d’obéissance là où Christ a marché.

(*) La parole de Satan (Luc 4:6) : « Je te donnerai toute cette autorité… ; car elle m’a été
donnée, et je la donne à qui je veux »… était fausse en droit, mais vraie en fait par les
convoitises des hommes. Aussi loin que vont celles-ci, Satan donne cette autorité ; mais Dieu,
après tout, est au-dessus de lui et gouverne en providence.

786
4.5 - 4:14

« Et Jésus s’en retourna en Galilée, dans la puissance de l’Esprit ; et sa renommée se répandit
par tout le pays d’alentour. Et lui-même enseignait dans leurs synagogues, étant glorifié par
tous. » En toutes choses son obéissance est manifestée. Invulnérable à Satan, il s’avance avec
une puissance que rien n’arrête, et, dans notre mesure, nous le ferons aussi, si comme Lui
nous passons par la tentation, de manière à ne pas être touchés par l’Ennemi.

4.6 - 4:16

« Et il vint à Nazareth où il avait été élevé », — à Nazareth, ville humble et méprisée, mais
lieu de la puissance spirituelle. N’en a-t-il pas toujours été de même ? Quand est-ce que la
puissance spirituelle se trouve alliée aux choses grandes de ce monde ?

4.7 - 4:17 et 18

« Et on lui donna le livre du prophète Ésaïe ; et… il trouva le passage où il était écrit :
L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint pour annoncer de bonnes nouvelles aux
pauvres… » C’était le trait caractéristique de la grâce : elle venait pour les pauvres, les
malades, etc. La grande affaire de Christ était de prêcher, c’est-à-dire de présenter Dieu. Le
Saint Esprit fournit la parole convenable au temps convenable et de la manière convenable. Le
Seigneur ne raisonne pas ; il dit : « Aujourd’hui cette écriture est accomplie, vous
l’entendant » (v. 21). Dieu a pour manière de faire de présenter ce dont nous avons besoin.
Vous avez besoin de salut : le voici ; de miséricorde : la voici. Dieu seul peut descendre ainsi
par grâce jusqu’où le pécheur se trouve. Tous s’étonnaient, car les paroles de Jésus étaient
précieuses. Mais bientôt ils demandent : « Celui-ci n’est-il pas le fils de Joseph ? » Avait-il
honte d’être le charpentier ? La grâce descend jusqu’à la misère la plus profonde et elle prend
la dernière place. Mais l’homme en prend occasion pour la mépriser, parce qu’elle se revêt
d’humiliation : il ne peut pas ne pas voir Dieu, mais il s’en détourne pour regarder à
l’humiliation, montrant ainsi la haine de son coeur. L’homme méprise la grâce de Dieu, et hait
sa souveraineté. Dieu ne méprisait pas Nazareth ; mais l’homme méprise Jésus, parce qu’il
vient de Nazareth. Nathanaël même, l’Israélite sans fraude, demande : « Peut-il venir quelque
chose de bon de Nazareth ? » (Jean 1:47). Combien peu même l’homme pieux sait discerner
les voies de la grâce ! Christ s’abaisse jusqu’à la misère de l’homme et le trouve où il est. Un
ange eût-il pu faire cela ? Non ; il se tient où Dieu l’a placé, faisant les commandements du
Seigneur et écoutant la voix de sa parole (Ps. 103:20). Un ange ne devait pas descendre
jusqu’à moi dans mes péchés ; Dieu seul, dans sa grâce, pouvait le faire. Et l’homme — le
malheureux ! — méprise l’abaissement dans lequel la grâce a amené Dieu !

Israël résista toujours à la grâce, et cependant la grâce fut toujours la voie du bon plaisir de
Dieu, témoins la veuve de Sarepta et Naaman le Syrien. La grâce dépassait les limites d’Israël
(v. 25-27). Les Juifs pouvaient s’en irriter, mais cela n’empêchait pas la grâce de déborder
par-dessus leurs limites. Ils se levèrent, et ayant chassé hors de la ville et mené sur le bord
escarpé de la montagne celui qui avait nié leurs privilèges, ils voulaient l’en précipiter ; mais
Lui passant au milieu d’eux, s’en va renouveler ailleurs l’oeuvre de la grâce (v. 28-32). Cette
contradiction des Juifs n’émeut pas Jésus ; elle l’éprouve et brise son coeur, mais ne l’émeut

787
pas. Le mépris de l’homme le tourne vers Dieu ; la volonté de son Père est sa consolation,
dans sa réjection : « Oui, Père, car c’est ce que tu as trouvé bon devant toi ». C’est la
perfection sur la scène de la grâce, comme précédemment, sur la scène de la tentation.

Mais il y avait aussi la manifestation de la puissance ; c’était plus qu’une simple promesse,
c’était l’accomplissement de la promesse pour la délivrance de l’homme en puissance, aussi
bien que la grâce ; et ceci demeure vrai pour nous qui connaissons le Seigneur comme homme
ressuscité et élevé à la droite de Dieu. La simple promesse ne fournit pas un centre pour les
affections : Christ lui-même est ce centre, Christ, l’objet de la promesse. Il éveille en nous des
pensées et des sentiments divins qui ne trouvent aucune réponse ou satisfaction quelconque
dans ce monde. Tel est Christ : lorsqu’il se présente Lui-même, il apporte avec Lui la paix et
la grâce ; et, en communion avec Lui, l’âme peut se réjouir avec actions de grâces en ce qu’il
est.

Cette grâce s’adapte à toutes les difficultés, de manière à amener l’homme à la paix avec
Dieu. Les démons mêmes savaient qui était Jésus ; l’homme seul était sourd et aveugle. Le
diable le tenait captif, mais une simple parole de Jésus met en liberté le captif. Jésus était là,
— non pas seulement une promesse, mais une puissance opérante, la puissance vivante du
Seigneur au milieu des hommes, la puissance de Dieu dans l’homme, remportant la victoire
sur Satan. Tel était Jésus dans la synagogue de Capernaüm devant l’homme qui avait un esprit
immonde.

4.8 - 4:38, 39

Jésus est le même quand il sort de la synagogue et qu’il entre chez Simon : la maladie
disparaît ; la malade faible est rendue forte. Il se penche sur la belle-mère de Simon qui était
prise d’une grosse fièvre, « et à l’instant s’étant levée, elle les servit ».

4.9 - 4:40

Qu’est-ce qui peut résister à cette puissance libératrice présente dans la personne du Seigneur
Jésus ? « Et comme le soleil se couchait, tous ceux qui avaient des infirmes atteints de
diverses maladies, les lui amenèrent ; et ayant imposé les mains à chacun d’eux, il les guérit.
Et les démons aussi sortaient de plusieurs » (v. 40 et suiv.). Il allait de lieu en lieu faisant du
bien et guérissant tous ceux que le diable avait asservis à sa puissance (comp. Actes 10:38).
C’est pourquoi quand les foules le retiennent pour qu’il ne s’en aille point, il leur répond que
sa mission est de prêcher aussi ailleurs : il est toujours l’homme obéissant.

5 - Chapitre 5
Il est intéressant de connaître la puissance progressive de la parole de Dieu. Le Seigneur
prêchait, comme nous l’avons vu à la fin du chapitre 4, et en faisant ainsi, aussi bien que dans
les miracles qu’il accomplissait, il manifestait la puissance de la bonté. Ces miracles qu’il

788
opérait avaient un double but ; savoir : la confirmation du témoignage rendu, et la délivrance
actuelle de la puissance de Satan. Mais la grande oeuvre du Seigneur était de prêcher le
royaume de Dieu. Il établira bientôt le royaume en puissance ; mais son grand objet était alors
comme aujourd’hui de mettre les coeurs en rapport avec Dieu ; or la Parole est plus efficace
pour cela que les miracles.

5.1 - 5:1

En une certaine mesure, même les hommes inconvertis sont sensibles à la présence de Dieu.
Adam ouït la voix de l’Éternel Dieu et chercha à se cacher parmi les arbres du jardin. Quand
l’Évangile est prêché avec puissance, il rassemble des foules, touchées peut-être par une chose
nouvelle, mais sans qu’il y ait de fruit. Il en était ainsi de la prédication et des miracles du
Seigneur : les foules se pressaient autour de Lui, attirées souvent, nous le savons, par des
motifs égoïstes ; mais Lui poursuivait son chemin en dépit de tout. Descendu ici-bas pour la
bénédiction de l’homme, il voulait associer d’autres hommes avec Lui dans cette oeuvre de
grâce ; mais il les appelle d’une manière qui ne laisse aucune gloire à l’homme : « Il vit deux
nacelles qui étaient au bord du lac. Or les pêcheurs en étaient descendus et lavaient leurs
filets. — Et montant dans l’une des nacelles qui était à Simon, il le pria de s’éloigner un peu
de terre ; et, s’étant assis, il enseignait les foules de dessus la nacelle. Et quand il eut cessé de
parler, il dit à Simon : Mène en pleine eau, et lâchez vos filets pour la pêche » (v. 2-4). La
parole avait de l’autorité sur la conscience. Pierre et André avaient déjà vu Jésus avant ce
moment-là ; mais ils n’étaient pas demeurés avec Lui ; leur foi n’avait pas eu assez de
puissance pour les attacher à Christ. Beaucoup de personnes, maintenant comme toujours,
reconnaissent l’autorité de la parole divine sans être attachées par sa puissance à la personne
du Sauveur ; un grand nombre d’entre elles sont absorbées par leurs préoccupations de tous
les jours, la Parole n’ayant pas pris possession de leurs âmes de manière à les faire marcher
entièrement avec Christ. Entendre simplement la parole de Christ quand elle nous est
adressée, est une chose tout à fait autre que d’avoir le coeur atteint par cette parole, en sorte
qu’elle devienne la source et le mobile de toutes nos voies. C’est ce que nous voyons dans le
cas de Pierre et d’André : ils avaient passé quelques heures avec Jésus ; ils l’avaient entendu
parler, et l’avaient reconnu pour le Messie ; ici encore, nous les voyons obéir à la parole de
Jésus : à sa parole ils prennent le large, et à sa parole ils lâchent leur filet.

Le miracle accompli par le Seigneur était propre de toute manière à agir sur ceux auxquels il
s’adressait. Simon et ses compagnons répondent : « Maître, nous avons travaillé toute la nuit,
et nous n’avons rien pris ». L’homme était impuissant dans une circonstance comme celle où
ils se trouvaient. Si Jésus pouvait y apporter remède, c’était parce que tout était à sa
disposition : « Mais sur ta parole », dit Simon, « je lâcherai le filet » (v. 5).

5.2 - 5:6-8

« Et ayant fait cela, ils enfermèrent une grande quantité de poissons, et leur filet se rompait. Et
ils firent signe à leurs compagnons… ; et ils vinrent et remplirent les deux nacelles, de sorte
qu’elles enfonçaient. » Ils n’avaient pas même la force de recevoir par eux-mêmes. « Et
Simon Pierre, ayant vu cela, se jeta aux genoux de Jésus, disant : Seigneur, retire-toi de moi,
car je suis un homme pécheur. » Si la parole de Jésus n’avait pas atteint le coeur de Pierre, il

789
eût simplement obéi en usant de cette parole pour un secours temporel ; mais Pierre reconnaît
Jésus comme le Seigneur, entendant bien plus que les paroles ne paraissaient dire. Sa
conscience est atteinte ; le Seigneur lui-même lui est révélé, et il est ainsi placé dans la
lumière pour se voir tel qu’il est. Quand l’oeil de Dieu repose sur nous et que nous en avons
conscience, nous voyons en nous-mêmes ce que Lui voit : c’est ce qui arriva à Pierre ; amené
en présence de Dieu, il découvrit qu’il s’était séduit lui-même.

C’est là que la grâce commence ; mais nous ne sommes pas encore au bout. Ainsi Paul fut
aveuglé trois jours, et son âme fut si profondément travaillée qu’il ne put ni manger, ni boire.
Ici, Pierre tombe aux pieds de Jésus. — Il en est de même pour nous : quand nous sommes
réellement amenés en présence de Dieu, nous faisons la découverte de notre état de péché. Les
moyens dont Dieu se sert pour nous amener là peuvent être divers, les circonstances de la vie,
des événements providentiels, un orage, par exemple, comme dans le cas de Luther, mais
quand nous sommes convaincus de péché, Christ lui-même est révélé à l’âme, et, partout où il
est, il prend dans l’âme la place qui Lui appartient. Ce n’est pas seulement alors qu’un homme
soit sauvé : mais cet homme n’est plus heureux si Dieu n’a en lui la place qui Lui appartient.

Pierre ne fuit pas le Seigneur comme Adam qui s’était caché de Lui ; il est attiré vers Lui. En
même temps il est là, un homme pécheur, jugé et convaincu dans sa propre conscience, et
prenant le parti de Christ contre lui-même : « Retire-toi de moi », dit-il ; mais il dit ces paroles
prosterné devant Jésus. Il peut sembler qu’il y ait là une contradiction. L’acte de Pierre était
réellement le témoignage d’un amour vrai et d’un souci réel pour la gloire de Christ, parce
que la parole qu’il avait entendue avait révélé Christ à son âme. Son coeur n’était pas
parfaitement en paix ; mais Christ en avait pris possession. La grâce attire vers Christ ; mais
l’homme reste encore sous le sentiment de sa propre indignité jusqu’à ce que l’oeuvre de
Christ soit connue dans toute sa portée pour la paix de l’âme. Dieu voit les pensées et les
intentions du coeur, et nous sommes amenés à les voir comme Lui les voit : la justice est
implantée dans la conscience : Dieu et l’homme se rencontrent. Ce n’est pas que Pierre pût
être heureux ailleurs qu’aux pieds de Jésus, mais Pierre sentait pendant tout ce temps,
combien il était impropre à se trouver en pareille société.

Mais le Seigneur agit en grâce ; il ne laisse pas Simon Pierre. Il connaissait tout son péché
avant qu’il entrât dans la nacelle, et il lui dit : « Ne crains pas ; dorénavant tu prendras des
hommes » (v. 10). Jésus était entré dans la nacelle pour montrer à Pierre qu’il n’avait rien à
craindre. En vérité, « l’amour parfait chasse la crainte » (1 Jean 4:18). La crainte porte avec
elle du tourment, jusqu’à ce que la grâce soit pleinement révélée ; elle l’était maintenant avec
autant d’autorité que la parole qui opérait des miracles : « Lâchez vos filets pour la pêche »,
« Ne crains pas », telle était la parole de Christ pour le coeur de Simon. Si Pierre se confiait à
cette parole pour le poisson, pourquoi pas pour sa frayeur ? Il avait dit : « Retire-toi de moi » ;
mais au lieu de se retirer, Christ était déjà venu, sachant tout ce que Pierre était mieux que
Pierre lui-même. Il était venu comme un Sauveur ; il fait plus encore, en annonçant à Pierre
qu’il allait faire de lui un instrument pour rassembler d’autres objets de sa grâce. Chacun de
ceux dans le coeur desquels l’amour de Dieu est versé par le Saint Esprit, devient lui-même
un vase de grâce vivante : il n’est pas la source, mais l’eau qui . vient de la source se répand
par lui, en sorte que d’autres puissent venir et boire. Vases de la grâce, nous sommes associés
à Christ dans l’activité de l’amour. Il n’est pas question ici de don extérieur, mais de ce grand
fait qu’il y a communion vivante entre les membres du corps de Christ et le Chef dans le
témoignage de sa grâce et de sa puissance.

790
Les effets de tout cela apparaissent dans les disciples. Les voilà maintenant absorbés par
Christ. Ils ne regardent plus à Lui seulement pour le salut, mais ne pensent plus qu’à Lui seul
pour la vie, pour parler ici d’une manière générale, à part tout manquement particulier : « Ils
quittèrent tout et le suivirent » ; Christ devient leur vie. C’est un courant tout nouveau, et non
plus l’obéissance à un commandement exprès, avec la réserve, peut-être, qu’il n’y a pas de
mal à ceci ou à cela. Christ n’a pas cherché sa propre satisfaction (Rom. 15:3) : son motif
pour agir était la volonté de son Père, non pas l’absence d’une défense ; et nous, nous sommes
sanctifiés pour l’obéissance de Jésus Christ et l’aspersion de son sang (1 Pierre 1:2). « Ils
quittèrent tout » ; et là où Christ allait, ils allèrent. Ils sont associés à leur Seigneur dans son
amour pour les âmes et dans la conduite de la vie ; c’est la liberté. Puissions-nous, ayant
Christ pour vie, l’avoir aussi pour seul mobile de toute activité, détachés de tout pour être liés
à Lui, et devenus des canaux pour toute la bénédiction et la grâce que nous avons nous-mêmes
goûtées en Lui ! Il y a en Christ une puissance qui attire, qui délivre de toute la corruption
environnante et place l’âme dans le courant des pensées et des voies de Dieu par la révélation
de Christ lui-même.

5.3 - 5:12 et suiv.

Christ était la manifestation sur la terre de la puissance et du caractère de Dieu — de la grâce.


L’histoire du lépreux en est un témoignage frappant ; car la lèpre était un mal que nul ne
pouvait guérir, si ce n’est Dieu seul. Mais Dieu était là, présent en grâce en Christ. La lèpre
est la figure du péché dans son caractère de souillure. Un homme plein de lèpre, voyant Jésus,
se jeta sur sa face et le supplia, disant : « Seigneur, si tu veux, tu peux me rendre net ». Le
lépreux reconnaît la puissance divine en Jésus ; mais il n’a pas pleine confiance en sa grâce ;
il semble découragé par la misère, et presque désespéré, il dit : « Si tu veux… » Mais Celui
qui seul sur la terre avait le droit de parler ainsi, dit : « Je veux ». Dieu seul pouvait dire cette
parole, et il le faisait, non dans le ciel, mais descendu sur la terre, dans l’homme et au milieu
des hommes. Christ était là, qui seul, pouvait toucher le lépreux et la lèpre sans en être souillé.
Il fallait la puissance divine assurément, et les sacrificateurs même ne pouvaient que
reconnaître les résultats de son intervention ; mais c’était l’amour divin et parfait qui touchait
le lépreux, en même temps que c’était la main d’un homme, d’un homme qui né sous la loi
reconnaissait les ordonnances de Dieu (comp. Gal. 4:4). Ainsi la guérison du lépreux « leur
fut un témoignage » ; car le lépreux devait se montrer au sacrificateur. Et qu’est-ce que celui-
ci devait penser ? Qui est-ce qui avait visité Israël ? Il fallait que l’Éternel fût venu, car Lui
seul pouvait guérir le lépreux.

5.4 - 5:16

Que voyons-nous maintenant ? Jésus se retira dans le désert ; et il « priait ». Quelque grande
et manifestement divine que soit la puissance exercée par Lui, Jésus est l’homme dépendant,
et c’est en ce point précisément que nous, nous manquons.

Une autre scène se présente (v. 18 et suiv.). Il ne s’agit plus de la puissance de Satan, comme
au chapitre 4: ni de la souillure du péché telle qu’elle est figurée par la lèpre, mais de la
coulpe du péché. Les hommes introduisent le paralytique devant Jésus, parce qu’ils avaient le
sentiment de sa misère ; et il y avait chez eux la persévérance de la foi qui ne voulait pas être

791
renvoyée à un autre jour : et Jésus apporte le pardon des péchés, aussi bien que la purification
de la souillure. C’est là ce qui nous est présenté dans le cas du paralytique. Le premier, le
grand point, c’est que Jésus déclare les péchés de cet homme. pardonnés. L’autorité de
pardonner était venue dans la personne du Fils de l’homme sur la terre, quoique les scribes et
les pharisiens pussent en penser. Dieu était là, le Seigneur l’Éternel ; mais, en même temps, le
Fils de l’homme ayant sur la terre le pouvoir de pardonner les péchés, et usant de ce pouvoir.
C’est de cette manière que, le moment venu, Israël trouvera le pardon de ses péchés (comp.
Ps. 103:3). C’est pourquoi aussi le Seigneur donne ici la preuve de cette autorité qu’il a de
pardonner, en guérissant la maladie du paralytique : « Or, afin que vous sachiez, etc. » (v. 24).
L’homme devait avoir conscience, dans sa relation vis-à-vis de Dieu, que la coulpe de son
péché était ôtée. Dans sa grâce infinie, Dieu nous a donné plus même que cela, car nous avons
la justice de l’homme accepté devant Dieu, étant faits la justice de Dieu en Lui (voyez 2 Cor.
5:21). Le paralytique guéri par Jésus est un exemple de ce qui, dans l’avenir, sera la portion
d’Israël. Jésus pardonnait les iniquités et guérissait les infirmités. Il avait montré son pouvoir
de faire la première de ces choses ; il allait montrer qu’il pouvait faire aussi la seconde. La
joie de Dieu est de faire l’une et l’autre. Vous pouvez ne pas croire qu’un tel don soit votre
partage ; mais il est vôtre en Christ. L’homme parfait est venu avec une autorité parfaite dans
sa personne. Dieu opérait dans la scène que nous avons ici ; mais il opérait aussi comme
homme rempli du Saint Esprit. Le croyant aussi, dans sa marche, est une preuve, non pas tant
pour lui-même que pour les autres, que Dieu a été là. Il ne devrait pas mettre en question s’il
pourra marcher ? S’il a de la foi, il se lèvera et marchera.

Nous trouvons ici deux choses : d’abord, immense et glorieuse grâce ! que le Seigneur est
venu, la puissance de Dieu dans la sphère de la misère humaine, qui, tout extrême qu’elle soit,
ne fait que rendre évidente cette puissance. Si je regarde autour de moi comme homme, je ne
puis résoudre l’énigme de l’histoire du monde. Je vois des abominations commises au nom de
Christ, — Christ lui-même rejeté par son peuple d’Israël, crucifié par ces gentils auxquels
Dieu avait confié le gouvernement du monde ; je vois le mahométisme, le paganisme… !
Quelle espèce de Dieu avez-vous, dit le coeur raisonneur de l’homme, si le monde est ainsi
fait ? Mais ici, je trouve le Seigneur descendu sur la terre au milieu de la misère, de la maladie
et du péché ; mon coeur se détourne des plaisirs et des peines pour se tourner vers Lui. Qu’il
est beau de voir un coeur après l’autre attiré à Lui, le seul vrai centre, à Lui, qui bientôt allait
être le Chef ressuscité de la nouvelle création, à Lui, l’objet qui éveillait dans les coeurs des
sentiments et des affections dont seul il était digne, qui par son excellence communiquait
l’excellence et qui, par ses pensées de grâce envers nous, produit et met en activité des
pensées de grâce en nous.

En second lieu, nos coeurs pour être fixés ont besoin d’un objet ; — ils ne sont fixés selon
Dieu que lorsque nous avons Christ lui-même devant nous. Comment puis-je aimer, si je n’ai
rien à aimer ? Un homme est ce qu’il sent et aime et pense. Si mon âme vit et se nourrit de ce
qui est vraiment excellent, de Christ le pain de Dieu, alors, dans un sens pratique, Christ est
formé dans mon coeur. En Lui, l’homme Christ Jésus, Dieu a trouvé tout son plaisir, et aussi
la manifestation de ce qui le satisfait parfaitement.

Dans ce que nous avons vu jusqu’ici, la puissance divine dans la personne de Jésus, le Fils de
l’homme, s’exerce au milieu d’Israël. Au chapitre 4 : versets 31-41, Luc nous a montré le
triomphe de cette puissance sur celle de l’ennemi dans les maladies et les possessions
démoniaques, puis le témoignage du royaume, dans lequel tous les effets semblables de
l’oeuvre de Satan disparaîtront. Ce dernier point ouvre la voie à la plus positive et plus
profonde bénédiction des âmes, celles-ci étant mises en rapport avec Dieu. C’est pourquoi,

792
depuis les versets 1-26 du chapitre 5, comprenant l’appel de Pierre, la purification du lépreux
et le pardon du paralytique, il s’agit de l’état de l’âme, quelles que soient les circonstances
accessoires, de l’autorité de la Parole sur le coeur, de la foi, et de la gloire personnelle de
Christ. Cependant c’était toujours la grâce agissant envers Israël, la grâce en rapport avec le
gouvernement de Dieu. Dieu avait dit à Israël qu’il ne ferait pas venir sur lui les plaies
d’Égypte, sinon pour le châtier de ses péchés. Israël était un peuple extérieurement élu et
racheté, mais sous le gouvernement de Dieu. C’est pourquoi le châtiment, dont la lèpre et la
paralysie étaient des cas particuliers, tomba sur lui. Jésus montre qu’il est « l’Éternel qui te
guérit » (Ex. 15:26). Au milieu d’Israël, quoique le laissant maintenant, il passe à une
manifestation plus étendue de puissance et de bonté. Il aurait pu guérir tous les Israélites,
lépreux ou paralytiques ; il aurait pu les délivrer de toutes les maladies qui étaient, hélas !
tombées sur eux, mais dans les cas qui nous sont présentés ici, ceux qui sont les objets de la
grâce qui visitait Israël, viennent à Jésus, en Lui demandant qu’il les guérisse, et c’est en
réponse à leur foi que Jésus agit ; Jésus était là présent, manifestant la puissance et la grâce
divine en guérissant.

5.5 - 5:27 et suiv.

Mais cette grâce étant de Dieu et souveraine ne pouvait pas être bornée par les circonstances
humaines. Partout où un besoin se montrait devant Lui, Jésus pouvait-il renier sa puissance ou
son amour ? — Remarquez maintenant comment ce fait se lie avec ce qui suit. Dieu en Christ
apportait une pleine délivrance pour tous ceux qui en Israël, se confiaient en Lui ; mais il ne
pouvait ni ne voulait limiter sa grâce. La loi limitait ; mais quand Lui-même vint, le Dieu qui
avait donné la loi, quiconque avait besoin de Lui était le bienvenu : sa maison était une
maison de prière pour toutes les nations (comp. Marc 11:17). C’est pourquoi il appelle un
publicain, — un Juif sans doute, mais détesté par les Israélites, et en un sens avec raison, le
service des publicains étant une marque de la servitude nationale du peuple de Dieu. Un
publicain était un homme tirant profit de l’oppression des gentils qui extorquaient des tributs à
Israël ; il était donc naturellement haï, mais Jésus appelle un de ces hommes nommé Lévi
assis au bureau de recettes ; il l’appelle à être un apôtre ! Il faut que la grâce agisse selon ses
droits. Si Dieu a été bon envers vous et envers moi, cela empêche-t-il sa miséricorde et son
amour de s’étendre à d’autres ? La grâce crée l’instrument dont elle a besoin, et se répandra
bien au-delà du publicain, pour atteindre même le plus éloigné des gentils. Sans doute Israël
avait des promesses et le gentil, à proprement parler, n’en avait point ; mais par cela même, la
grâce s’étendant aux gentils, était plus purement la grâce ; elle voulait se répandre sur les
gentils. Le Seigneur lui-même, Dieu, était présent sur la terre ; et Israël ne pouvait être ni le
centre, ni le temple, Lui étant là, le Seigneur méprisé et par Israël et par les gentils. Il est la
porte, le nouveau centre et le nouveau point de départ de la bénédiction : non pas un simple
sarment du vieux cep, mais lui-même « le vrai cep ». Comme Juif, il était soumis aux
ordonnances ; comme le Seigneur, il est au-dessus d’elles, et passe par-dessus toutes les
anciennes restrictions.

« Et Lévi lui fit un grand festin dans sa maison et il y avait une grande foule de publicains et
d’autres gens qui étaient avec eux à table. Et leurs scribes et les pharisiens murmuraient… »
Voir le Seigneur Jésus en pareille compagnie était, en effet, un terrible coup pour ces
hommes. Mais Jésus répondant, leur dit : « Ceux qui sont en santé n’ont pas besoin de
médecin, mais ceux qui se portent mal. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des
pécheurs à la repentance ». Ils se méprenaient complètement sur le compte du Seigneur : il

793
était venu montrer comment la grâce pouvait se déployer envers ceux qui n’avaient point de
justice.

5.6 - 5:33 et suiv.

Le Seigneur franchit pour ainsi dire les limites de l’ancien ordre de choses : il est fidèle envers
Israël ; mais il met fin à cet ordre de choses-là. Comment auraient-ils pu jeûner, ceux qui
reconnaissaient la présence du Messie, du divin époux d’Israël ? Le temps approchait où il
faudrait prendre la croix : mais l’Époux présent, jeûner n’était pas de saison.

5.7 - 5:36-39

De plus, le vieux vêtement ne pouvait être rapiécé avec du drap neuf ; Jésus ne voulait en
aucune manière accorder le christianisme avec le judaïsme. La chair et la loi vont ensemble ;
mais la grâce et la loi, la justice de Dieu et la justice de l’homme ne se mêleront jamais. On ne
peut pas davantage, sans perte des deux côtés, mettre le vin nouveau, la puissance de l’Esprit,
dans le vieux vaisseau des ordonnances légales. Un homme accoutumé aux formes, aux
arrangements humains, à la religion des pères et autres choses semblables, n’aime jamais le
nouveau principe de la puissance du royaume ; il dit : « Le vieux est meilleur ». La nature est
ainsi faite : la grâce l’offense. L’homme non plus ne se perfectionne pas dans les choses
divines : il peut se dégrader et abandonner ce que son coeur ne savoura jamais, et nous voyons
cela s’accomplir rapidement de nos jours.

6 - Chapitre 6
Ce chapitre s’ouvre par un sujet des plus importants, le sabbat, — sujet qui agite souvent les
esprits des hommes et qui avait alors une signification particulière, parce que les relations
juives allaient prendre fin. On se rappelle que c’est précisément là que le Seigneur en était
moralement arrivé à la fin du chapitre précédent : les droits de sa personne et sa grâce,
toujours plus rejetés par les zélateurs de la religion des pères en Israël, franchissaient les
limites étroites de ce peuple orgueilleux ; et là-dessus Dieu annonçait par degrés les desseins
futurs de sa miséricorde. Son salut, le moment venu, sera envoyé aux gentils ; eux entendront,
si le Juif se juge lui-même indigne de la vie éternelle. Dieu veut se satisfaire lui-même en
sauvant des âmes quelque part.

Il est évident que l’incident des épis que les disciples arrachèrent le jour de « sabbat second-
premier » (v. 1-5) rentre tout à fait dans le sujet dont l’Esprit est occupé ici. « Le fils de
l’homme est seigneur aussi du sabbat. » La gloire de sa personne lui donne droit à la
suprématie sur ce qui était le signe de l’alliance de la loi ; et dans la guérison de l’homme qui
avait la main sèche (v. 6-10), il affirme son droit de faire du bien les jours de sabbat, alors que
ses adversaires montrent le même jour leur envie de détruire. En quelque sens que ce soit,
l’homme avait absolument perdu le sabbat, et n’était même jamais entré dans les pensées de
Dieu au sujet du repos. Le sabbat était le repos de Dieu ; et si le péché n’eût pas tout gâté,

794
l’homme aurait joui de ce qui était le résultat, non pas de son propre travail, mais du travail de
Dieu. Tel est le vrai caractère distinctif de ce repos qui appartient à l’homme ; mais le péché
était entré dans le monde, il est devenu nécessaire que Dieu travaille de nouveau, si l’homme
doit jamais avoir part au repos de Dieu (voyez Héb. 4). En attendant Christ est apparu et a
achevé l’oeuvre que Dieu Lui a donnée à faire ; et ainsi, nous qui croyons, nous trouvons le
repos en Christ, comme Dieu lui-même le trouve. En vertu de l’oeuvre accomplie et agréée de
la rédemption, nous avons en Lui notre sabbat spirituel.

Le jour du sabbat fut mis à part et sanctifié dès le commencement (Gen. 2). Plus tard il fut
d’abord donné en grâce à Israël, reconnu par la cessation de la manne, et par l’ordonnance
d’en recueillir une double portion pour ce saint jour (Ex. 16). Ensuite, il fit partie de la loi de
Sinaï et de chaque nouvelle et spéciale intervention de l’Éternel (Ex. 20 ; voyez aussi 31:13,
14 ; 33:14 ; 34:21 ; et 35:2). Le sabbat fut dès lors un mémorial de la délivrance d’Égypte
(Deut. 5:15). Les prophètes, par conséquent, traitent le sabbat comme un signe de la
séparation d’Israël pour Dieu d’entre toutes les nations, et de l’alliance de l’Éternel avec Israël
(Ézéch. 20:12-20 ; 22:8 ; 23:38 ; 44:24 ; És. 56 ; 58 ; Jér. 17:24). Israël, pécheur dans le passé,
avait donc reçu le sabbat comme une ordonnance légale, qui le condamnait comme tout le
reste.

Où est maintenant cette alliance avec Israël ? Elle est abolie à cause de l’iniquité du peuple,
qui, par suite, a été livré entre les mains des gentils et est devenu esclave : « Voici, nous
sommes aujourd’hui serviteurs ; et quant au pays que tu donnas à nos pères pour qu’ils en
mangeassent le fruit et les bons produits, voici, nous y sommes serviteurs ; et il rapporte
beaucoup aux rois que tu as établis sur nous à cause de nos péchés ; et ils dominent à leur gré
sur nos corps et sur notre bétail, et nous sommes dans une grande détresse » (Néh. 9:36, 37).
S’ils eurent un temple après la captivité, ce fut uniquement par la bienveillance des Perses qui
dominaient sur eux. Comme emblème extérieur il demeura sans doute, mais devint l’occasion
de déshonorer Dieu qui l’avait donné comme signe de son oeuvre ; mais qu’était devenue sa
réalité quand Jésus était sur la terre ? Hélas ! Jésus était couché dans le tombeau durant le jour
que ses meurtriers gardaient comme un jour consacré à l’Éternel, — « car ce sabbat-là était
grand », — effrayant témoignage de la position où les Juifs se trouvaient. Leur Messie mis à
mort par eux, son propre peuple : elle était la vérité que le jour du sabbat proclamait à celui
qui avait des oreilles pour entendre. Israël n’entra jamais dans le repos de Dieu ; car si Josué
lui avait donné le repos, Dieu n’eût pas parlé après ses choses d’un autre jour : « il reste donc
un repos sabbatique pour le peuple de Dieu » (Héb. 4:9), mais il faut auparavant qu’il
reconnaisse Jésus.

Or Jésus rejeté était le fils de l’homme ; et le fils de l’homme était seigneur même du sabbat,
vérité de la plus haute gravité et qui doit être proclamée avec toute puissance : ceux qui
confondent le jour du Seigneur avec le sabbat sont en danger de l’oublier. C’était là
précisément le sujet de la controverse entre Jésus et les Juifs, qui voulaient que le sabbat fût
supérieur au Seigneur. Mais Jésus montre qu’un principe nouveau était entré en scène,
principe qui dépassait complètement l’ancien, et que rester dans l’ancien, c’était renoncer à
toute délivrance, car il est impossible qu’une créature qui a des convoitises demeure, sans être
condamnée, sous un commandement qui condamne la convoitise. Mais la grâce étant venue
par un Christ rejeté, il y a maintenant un repos pour nous qui croyons, non pas pour ceux qui
sont sur le principe de la loi.

C’est pour cela que les chrétiens gardent le premier jour de la semaine et non pas le septième
qui est le sabbat. Le repos fut acquis par la puissance de la rédemption accomplie par Christ ;

795
et « le premier jour » dans lequel il ressuscita d’entre les morts, proclama ce repos pour la foi,
en dépit de la culpabilité et de la ruine de l’homme. Le septième jour sera le repos de
l’homme sur la terre ; le premier jour célèbre notre élévation par Christ et en Lui dans le ciel.
Christ étant ressuscité, la vie d’entre les morts était la vie en abondance — la liberté dans
l’affranchissement du joug de la loi et de toutes les conséquences du péché — en un mot, la
victoire de la grâce. C’est pourquoi le premier jour de la semaine est le privilège spécial du
chrétien, car il dépend et témoigne de l’oeuvre achevée de Christ, et introduit en conséquence
le repos céleste. Le premier jour de la semaine est en contraste avec le dernier, qui appartient
à la sphère du travail du premier homme et du Juif sous la loi, sphère dans laquelle Adam et
Israël succombèrent. Le premier jour est emphatiquement le jour du Seigneur ; il rend ainsi
témoignage du triomphe de la parole de Christ et de la gloire de sa personne : il n’est pas le
jour dont une coupable incrédulité aurait voulu faire une preuve de l’infériorité du Seigneur et
un moyen de l’entraver dans son oeuvre. Il est une bénédiction directe et positive pour celui
qui le reconnaît et l’honore, non comme étant le terme du travail légal, mais parce qu’il est le
commencement de l’espérance chrétienne, le jour de la résurrection où nous commençons
notre vie spirituelle et où nous regardons en avant vers ce qui en sera le couronnement.

Ici, dans Luc, ce dont il s’agit principalement, c’est du maintien des droits et de l’autorité du
Fils de l’homme. Il est impossible, selon Dieu, de revendiquer jamais les droits du sabbat vis-
à-vis du « Seigneur du sabbat ».

6.1 - 6:3-5

Que fit David, l’oint du Seigneur, lorsque Saül le persécutait et en voulait à sa vie ? Eût-il été
selon Dieu de maintenir l’ordonnance en faisant périr l’homme selon le coeur de Dieu ? Non,
assurément, les fondements étaient renversés et tout devenait « commun » en Israël, quand le
roi élu était méchamment rejeté. Mais un personnage plus glorieux que David et un péché
plus grave étaient maintenant au milieu du peuple. Oui, « le Fils », mais aussi « la Racine » de
David, Dieu lui-même était là. Celui qui institua le sabbat, le Seigneur du sabbat, était là
présent dans la personne du Fils de l’homme.

6.2 - 6:6-10

Mais si Dieu est au milieu de son peuple, reniera-t-il sa bonté, ou retiendra-t-il son pouvoir en
présence de la misère humaine, parce que « les scribes et les pharisiens l’observent pour voir
s’il guérira un jour de sabbat » ? Non, il faut que l’amour divin agisse et guérisse la main
sèche, même si l’homme dans sa misère cherche à y trouver un motif d’accusation. « Et ils en
furent hors d’eux-mêmes, et s’entretenaient ensemble de ce qu’ils pourraient faire à Jésus »
(v. 11). Mais Jésus, « en ces jours-là… s’en alla sur une montagne pour prier » (v. 12) : il
s’approche de Dieu afin de s’entretenir avec Lui de ce qu’il devait faire pour eux. À Lui
appartenait l’activité de la grâce, de l’amour qui se manifestait saintement et puissamment au
milieu du mal.

6.3 - 6:13-16
796
« Et quand le jour fut venu, il appela ses disciples » et il en choisit douze. Dans cet appel des
douze, le Seigneur montrait que lui seul pouvait communiquer à d’autres la puissance de
rendre aussi ce témoignage ; en même temps, ici comme dans tout ce que nous avons vu
jusqu’à présent, Jésus est l’homme humble et dépendant, l’homme parfait, aussi bien qu’il est
Dieu. Il était dans une parfaite et ininterrompue communion avec son Dieu et Père, quoiqu’il
fût lui-même Dieu manifesté en chair. Combien tout cela le rapproche de nous, quoique
toujours si infiniment au-dessus de nous ! Nous devrions aspirer à ce qu’il faisait, quelles que
soient d’ailleurs notre mesure et notre petite sphère d’activité. En Lui nous voyons l’homme
parfait dans cette position de puissance dans laquelle il vint.

Il savait qui étaient ceux qu’il avait choisis ; Il savait que l’un d’entre eux avait un démon ;
néanmoins il les envoie. Il en choisit douze spécialement, qu’il nomma aussi apôtres, ou
« envoyés ». Ce terme était important et significatif, bien distinct et de la loi et des promesses.
La loi n’envoya jamais personne ; mais Dieu est actif ; il envoie son Fils, et le Fils envoie des
apôtres. L’amour de Dieu est actif pour rassembler des âmes. Ce premier « Envoyé » est un
homme, réellement et véritablement un homme. L’oeuvre de la grâce de Dieu doit être
accomplie par le Fils de Dieu, non par des anges, mais par son propre Fils, l’homme Christ
Jésus ; Lui envoie des hommes d’auprès de lui. Le point de rassemblement c’est l’Homme, —
Lui-même assurément. Dieu a tout remis entre les mains de l’Homme. Il faut que ce soit Dieu
qui montre de la grâce ; mais c’est le Fils de l’homme qui apporte la mission de l’amour et qui
envoie des hommes à des hommes.

6.4 - 6:17-19

Quel que soit le trait par lequel il attire, Jésus rassemble autour de Lui en éveillant l’adoration
dans les coeurs ; il s’entoure de ses disciples, puis il descend et s’arrête dans un lieu uni. Les
grandes multitudes sont attirées par ses miracles et par leurs besoins ; elles viennent pour
entendre et pour être guéries. La foule des disciples forme le cercle intérieur. « Toute la foule
cherchait à le toucher », non pas que ceux qui le pressaient ainsi aient été convertis, mais il
sortait de Lui une puissance vivante qui guérissait leurs misères corporelles et les délivrait du
pouvoir de Satan.

6.5 - 6:20 et suiv.

Maintenant il élève ses yeux vers ses disciples et leur parle, non pas comme dans Matthieu
(chap. 5 et suiv.), où il leur expose les principes du royaume, mais en distinguant de la masse
et en reconnaissant comme le résidu ceux qui l’entouraient. C’est pourquoi il dit ici :
« Bienheureux, vous… ». Il met son sceau sur ceux qui sont actuellement rassemblés autour
de Lui. Il faut qu’ils lui ressemblent. Il est à la fois leur centre et leur modèle. Il était Dieu ;
mais la plénitude du Saint Esprit habitait aussi en Lui comme homme, et ainsi il pouvait dire :
« Je fais toujours les choses qui lui plaisent » (Jean 8:29). Il devait en être de même de ceux
qui l’entouraient.

6.6 - 6:20-26
797
« Bienheureux, vous pauvres, car à vous est le royaume de Dieu ; bienheureux, vous qui
maintenant avez faim, car vous serez rassasiés ; bienheureux, vous qui pleurez maintenant, car
vous rirez. Vous êtes bienheureux quand les hommes vous haïront… » Ces paroles du
Sauveur nous montrent le contraste qui existe entre ceux qu’il déclare bienheureux et tous
ceux qui sont à leur aise dans le monde. Ceux qui, s’ils n’avaient leur espérance en Lui que
pour cette vie seulement, seraient de tous les hommes les plus misérables, forment le petit
nombre des bienheureux : ils sont distingués de tous les autres et sont mis en relation avec
Lui, source de la bénédiction, pour être bénis. Si vous pouvez trouver le bonheur et être à
votre aise dans ce monde qui a rejeté Jésus, ne comptez pas sur sa bénédiction.

Ce sont les pauvres, ceux qui sont méprisés avec Jésus qui posséderont le royaume. Jésus dit,
si j’ose m’exprimer ainsi : « Je vous distingue, vous (*). Je suis venu comme le centre de la
puissance et de l’amour vivant et agissant. Il n’y a qu’un seul lieu de béatitude sur la terre.
Avec moi vous êtes bienheureux ». D’autres peuvent trouver leur plaisir et se réjouir où Christ
n’a point de place ; mais c’est un temps où une âme vraiment spirituelle ne peut rien trouver
de bon sinon avec Lui. Christ, je le répète, distingue positivement de la grande multitude du
peuple les disciples qui se sont attachés à Lui et s’adresse à eux. Le verset 22 nous le montre
clairement, en omettant la persécution pour la justice que Matthieu rapporte soigneusement.
Ici, dans Luc, il s’agit seulement d’une question de souffrance « à cause du Fils de
l’homme ».

(*) On ne trouve pas ici, comme dans Matt. 5, l’énumération de principes abstraits ; mais le
Seigneur parle aux coeurs de ceux qui sont rassemblés autour de Lui.

Jésus vint au milieu d’un monde de misère et d’égoïsme et il y manifesta, non la loi ni le
jugement, mais la grâce. Mais « la lumière luit dans les ténèbres ; et les ténèbres ne l’ont pas
comprise ».

Semblable à l’aspic qui n’entend rien (Ps. 58:4), le monde va son train, aussi sourd
qu’aveugle. Non, pour vous qui êtes rassasiés maintenant, Jésus n’a pas de charme ; mais
vous les disciples, qui pleurez maintenant parce que la misère et le péché de l’homme pèsent
sur votre âme, vous vous réjouirez. Quand le bon plaisir de Dieu s’accomplira, vous qui ne
pouvez être satisfaits par les gousses des pourceaux, vous serez rassasiés. « Réjouissez-vous
en ce jour-là et tressaillez de joie, car voici, votre récompense est grande dans le ciel, car leurs
pères en ont fait de même aux prophètes. » Vous avez votre part avec Christ ici-bas, vous
l’aurez avec Christ dans le ciel. Vous souffrez avec le Saint, vous partagerez la gloire du
Glorifié. Et les autres ?… — Ils auront ce qu’ils auront cherché. Pour ceux qui sont rassasiés,
il y aura famine, car ils ont perdu Dieu. Si vous pouvez rire dans un monde comme celui-ci,
vous pleurerez quand le temps de Dieu pour bénir sera venu : « Ils sont du monde » et « le
monde aime ce qui est sien » (1 Jean 4:5 ; Jean 15:19). « Leurs pères en ont fait de même aux
prophètes. » Les temps sont-ils changés ? Le caractère de Christ est-il changé 9 Non, il n’est
en aucune façon plus agréable à la chair ; et si vous pouvez trouver votre joie, vos aises, votre
plaisir dans le monde, Christ ne l’a pas eu et vous n’avez pas son Esprit. Celui qui se fait ami
du monde, se fait ennemi de Dieu (Jacq. 4:4). Le disciple de Christ peut-il se réjouir dans un
monde plein de péché ? Sans doute il peut jouir de la communion de Jésus, il peut se réjouir

798
dans l’Esprit, tout en étant patient dans la tribulation, mais cette joie qu’il porte ainsi avec lui
a un autre caractère : c’est une joie sérieuse quoique très réelle et précieuse.

Depuis le verset 27, le Seigneur montre quelle doit être la conduite de ses disciples : ils
doivent manifester Dieu, ils doivent être les témoins vivants de ce qui était manifesté en
Christ. La grâce qui habitait en Lui dans sa plénitude et sa perfection doit être reproduite en
eux, quelque infidèles que nous soyons tous à cet égard ; elle doit être le principe de leur
marche : « Aimez vos ennemis ; faites du bien à ceux qui vous haïssent… ». Dieu nous aima,
nous, quand nous étions ses ennemis, et nous devons manifester dans notre conduite ce que
Dieu est. Le verset 29 nous introduit dans des circonstances humaines, où nous apprenons
avec patience, faisant le bien, comme dit Pierre, souffrant pour cela et endurant tout avec
patience (1 Pierre 2:19 et suiv.). Il semble qu’il y ait là peu de consolation ; mais Jésus fit
ainsi, et l’amour doit se manifester ainsi dans un monde mauvais. Le temps vient où Dieu
jugera au lieu d’user de patience comme il le fait maintenant ; mais aujourd’hui, à quelque
prix que ce soit, manifestez l’amour comme Christ le fit. La chair peut aimer pour recevoir de
l’amour (v. 32, 33) ; mais les disciples de Christ sont appelés à imiter Dieu et à marcher dans
l’amour (comp. Éph. 5:1, 2). « Aimez vos ennemis, et faites du bien, et prêtez sans en rien
espérer ; et votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut ; car il est bon
envers les ingrats et les méchants » (v. 35).

Quel caractère que celui sous lequel Dieu apparaît ici ! Ce n’est pas sa justice qui se
manifeste, bien qu’assurément il fût juste ; mais dans un monde où il avait affaire avec les
ingrats et les méchants, Dieu fait luire la grâce. Pour les anges Dieu n’a pas de grâce, mais de
l’amour ; mais Christ, dans ce monde de péché, est grâce, c’est-à-dire amour pour ceux qui ne
méritent pas d’être aimés. « Soyez donc miséricordieux, comme aussi votre Père est
miséricordieux. » Le Seigneur ne dit pas avec votre Père, mais : comme votre Père. Comme
Lui aime ses ennemis, ainsi faites, vous aussi ; il est miséricordieux, soyez miséricordieux. Le
caractère de Dieu, l’amour parfait, est ainsi manifesté dans un monde de pécheurs. Il faut qu’il
nous en coûte quelque chose ; à Christ il en coûta la vie. L’amour de Christ était un fleuve
qui, s’il rencontrait des obstacles sur son passage, poursuivait son cours, les surmontant et les
laissant derrière lui, jusqu’à ce qu’il atteignît la croix.

6.7 - 6:37

Il ne s’agit pas ici de certaines choses requises pour avoir la vie, mais du résultat d’une
certaine conduite. « Ne jugez pas, et vous ne serez point jugés ; ne condamnez pas, et vous ne
serez point condamnés ; acquittez, et vous serez acquittés… » Le Seigneur voulait dire par là
que chacun trouverait les conséquences de sa conduite, comme cela lui est arrivé à Lui-même.
Il a pris la place la plus basse, mais maintenant il a obtenu la plus élevée… Il s’abaissa lui-
même, « c’est pourquoi… Dieu l’a haut élevé… » (Phil. 2:9-11). Il ne vint pas pour juger, et
maintenant tout jugement est donné au Fils (Jean 5:22, 27). Ainsi, nous n’avons pas seulement
la manifestation de la grâce, mais le caractère divin avec ses conséquences. Il s’agit de
gouvernement, — de marche avec le Seigneur. Il faut qu’il en coûte beaucoup le long du
chemin ; mais, au bout, on vous donnera « bonne mesure, pressée et secouée, et qui
débordera ». Il y aura aussi la bénédiction de Dieu dans le chemin, quoique le « moi » soit
mortifié. La grâce abondera, selon les voies de Dieu.

799
6.8 - 6:39

Remarquez le contraste qui existe entre ceux qui sont tout aveuglement, et les aveugles qui
conduisent des aveugles. Laissez-les ; laissez-les poursuivre leur propre chemin ; mais vous,
vous devez prendre votre place avec Moi ; le disciple n’est pas au-dessus de son Maître, mais
vous serez comme votre Maître. Si votre Maître souffre, vous souffrirez ; s’il en a coûté cher à
votre Maître, il faut qu’il vous en coûte cher à vous. Si Christ vous enseigne, il le fait pour
que vous possédiez la science divine qu’il a lui-même. Et voyez quelle place il nous donne !
Quand il donne, que donne-t-il ? La chose même que Lui possède. « Comme il est, Lui, nous
sommes, nous aussi, dans ce monde » (1 Jean 4:17). « Je ne vous donne pas, moi, comme le
monde donne » (Jean 14:27), car le monde, s’il donne un peu, réserve le principal pour lui-
même ; mais, quant à Lui, si j’ose faire parler le Seigneur, c’est comme s’il disait : Je vous
place dans la même connaissance, qui est dans ma nature : la grâce que moi j’ai, vous l’aurez.
Mais on n’aime pas faire les choses que Jésus a faites. Pourquoi tant raisonner sur ce seul
passage : « Ne résistez pas au mal » (Matt. 5:39). Parce que l’homme aime à résister au mal :
sa volonté est touchée, sa conscience est atteinte, car elle lui est donnée comme une
exhortation naturelle ; mais il ne l’aime pas, et s’il le peut, il s’en débarrasse. Ces choses sont
données comme une pierre de touche pour la conscience ; elles jugent l’oeil, non pas
seulement la marche. « Lorsque ton oeil est simple, ton corps tout entier aussi est plein de
lumière » (Luc 11:34). Votre objet est mauvais, si vous n’avez pas la lumière pour le pas que
vous avez à faire. Vous pouvez rencontrer des difficultés en faisant l’ascension d’une colline
escarpée, mais si vous voyez clairement le but auquel vous tendez, vous passerez par-dessus
les difficultés aussi rapidement que vous pourrez : c’est là le sens de l’expression : « Je fais
une chose… » (Phil. 3:13, 14). L’âme a un objet, et elle le poursuit, absorbée par lui. S’il en
est ainsi pour vous, vous pouvez être assuré que la lumière éclairera votre sentier, la lumière
non pas pour dix ans de chemin, mais pour le pas que vous avez à faire, et puis pour un autre
pas. Dieu dit à Moïse : « Parle aux fils d’Israël, et qu’ils marchent » (Ex. 14:15) ; et quand il
fit entrer le peuple dans le désert, il lui donna la nuée pour le guider tout le long du chemin. Il
en est de même pour nous : nous sommes appelés à suivre Christ sur le principe de
l’obéissance, et ainsi nous sommes mis en relation avec Lui et la révélation de sa volonté qui
ne nous donne pas de voir à l’avance tout le chemin que nous avons à parcourir. Un homme
peut voir un mur se dresser devant lui, et dire : « Je ne puis avancer dans ce chemin-là », alors
que s’il faisait un seul pas en avant il apercevrait qu’il y a un sentier courant tout le long du
mur.

6.9 - 6:44

« Chaque arbre se connaît à son propre fruit. » Nous ne devrions pas seulement porter du fruit,
mais le fruit que Christ produit. Il est tel fruit qui est produit par une nature honnête et droite,
— un fruit semblable à celui du jeune homme qui vint à Jésus (Matt. 19:16 et suiv. ; Marc
10:17 et suiv.) ; mais ce fruit n’est pas un fruit divin, « son propre fruit » : or là où Christ est à
la fois la racine et le tronc, le fruit est du fruit chrétien, du fruit qui demeurera (Jean 15:16).
Deux hommes peuvent marcher de front jusqu’à un certain point ; puis une épreuve pour
Christ se présente, et l’un poursuit sa route avec Christ, tandis que l’autre se détourne. Le fruit
que l’Écriture appelle « son propre fruit » se montre lui-même et se produit spontanément. On
ne demandera pas : Quel mal y a-t-il à ceci ou à cela ? Quel mal y a-t-il à être riche ? comme
me disait un jour quelqu’un. Si votre richesse ou telle autre chose vous exclut du ciel, cela est-
il indifférent ? Vous n’aviez pas cette pensée peut-être ? Mais le secret de votre état, c’est que

800
vous aimez les choses en question. Le mal n’est pas dans les choses elles-mêmes, tirées de la
terre, mais dans l’amour pour elles qui est dans le coeur. « De l’abondance du coeur sa bouche
parle » (v. 45) : une parole d’impatience trahit le coeur. Je retiens mon bras peut-être, mais je
laisse échapper la parole.

6.10 - 6:47 et suiv.

Devant toute la multitude, le Seigneur parle maintenant de la maison bâtie sur le roc. Il ne
s’agit pas ici de bâtir sur Christ, le Rocher, du salut pour le pécheur ; c’est le chemin du fidèle
qui fait le sujet du passage. Mais là où la parole de Christ ne met pas en rapport avec Lui,
voyez quel est le résultat ! La chose même à laquelle nous sommes appelés, c’est de le suivre ;
et si je le suis, c’est que les paroles du Maître ont tellement pris possession de mon âme
qu’elles ont la puissance de me faire surmonter les difficultés. « Mon âme s’attache à toi pour
te suivre. » Christ prend possession de mes affections, de mon coeur, de ma volonté, qui sont
désormais liés à Lui, au lieu d’être liés à moi. — Est-ce que Christ a pour moi assez de prix
pour que j’abandonne tout et que je le suive, afin de faire les choses qui Lui plaisent ? « Si
quelqu’un marche de jour, il ne bronche pas, car il voit la lumière de ce monde ». « Comme
quand la lampe t’éclaire de son éclat » (Jean 11:9 ; Luc 11:36). Si nous nous tenons près de
Christ, la lumière luit sur nous. Si nous avons à entrer dans la lumière, la lumière peut-être
nous éblouira. Ainsi Christ a rassemblé autour de Lui dans la lumière et dans l’amour ceux
qu’il appelle à jouir de Lui et dont il veut être comme le Maître, afin que, le moment venu, ils
soient rendus conformes à son image en gloire.

7 - Chapitre 7
Nous avons vu le Seigneur, rejeté par Israël, dépasser graduellement les anciennes limites, en
vertu de sa personne et de ses droits, et rassembler le résidu autour de Lui, car il était le
nouvel et seul juste objet de Dieu, la source d’une mission de grâce, la manifestation vivante
et le plein développement de l’amour saint dans un monde mauvais. Quels que soient les
principes établis dans le chapitre 6, ils ne sont que l’expression du caractère de Dieu en grâce,
tel qu’il a été manifesté en Christ ici-bas sur la terre.

La guérison si frappante de l’esclave du centurion est bien à sa place ici. Elle n’est pas
seulement un acte de grâce, mais un acte de grâce envers un gentil. Ce n’est pas tout : le
principe même sur lequel l’apôtre fait reposer cette grande question de la grâce s’étendant aux
gentils, est mis en lumière : « C’est sur le principe de la foi, afin que ce soit selon la grâce,
pour que la promesse soit assurée à toute la semence » (Rom. 4:16). La foi est introduite
comme grand principe et pivot de la bénédiction. Ce n’était pas seulement de la théorie qu’on
trouvait chez le centurion, mais une foi vivante, et une foi telle qu’on n’en avait pas vu de
pareille en Israël. Ce n’était pas non plus de la présomption chez cet homme, mais une
humilité remarquable. Il reconnaissait l’honneur que Dieu avait conféré à Israël, le voyait, en
tenait compte et s’appuyait sur lui, en dépit de la vile et misérable condition du peuple de
Dieu. Quelque tombés et méprisés que fussent les Juifs, le centurion les aimait pour l’amour
de Dieu, parce qu’il voyait en eux le peuple de Dieu ; il leur avait bâti une synagogue. Il était
vraiment humble, bien que sa loi fût de beaucoup supérieure à ceux qu’il honorait, ou plutôt
parce que sa foi les dépassait. Aussi avait-il une très haute idée de la puissance et de la gloire
801
du Christ comme personne divine, comprenant que cette gloire s’étendait bien au-delà de
toutes les pensées juives. Le centurion ne parle pas du Seigneur comme Messie, mais il
reconnaît en Lui la puissance de Dieu en amour. Il avait cette bienheureuse foi qui s’oublie
dans l’exaltation de son objet. Il n’avait pas vu Jésus, semble-t-il ; mais d’après ce qu’ » il
avait entendu » à son sujet, il avait certainement compris que pour le Seigneur les maladies
n’étaient que les occasions de manifester son autorité absolue et sa grâce souveraine. Lui était
un étranger, et les Juifs étaient le peuple de Dieu : les Juifs et leurs anciens n’étaient-ils donc
pas mieux qualifiés que personne pour amener sur la scène ce glorieux personnage, Jésus ? —
Car le centurion avait foi en la miséricorde aussi bien qu’en la puissance de Christ ; son
serviteur, qui lui était « fort cher », était malade et s’en allait mourir. Il lui fallait Jésus.

« Et Jésus alla avec eux. Et déjà comme il n’était plus guère loin de la maison, le centurion
envoya des amis vers lui, lui disant : Seigneur, ne te donne pas de fatigue, car je ne suis pas
digne que tu entres sous mon toit ; c’est pourquoi je ne me suis pas cru digne moi-même non
plus d’aller vers toi ; mais dis une parole et mon serviteur sera guéri. » Il y avait là assurément
le plus profond respect et la plus vraie affection personnelle pour le Seigneur. Quelque
ignorant qu’il fût peut-être à d’autres égards, le centurion avait un sentiment profond de
l’excellence de la personne de Christ, et ici encore son humilité correspondait à la mesure de
gloire qu’il discernait. Le message des amis du centurion dépeint admirablement le caractère
et les sentiments de celui-ci. Lui ne disait rien à Jésus des services qu’il avait rendus aux
Juifs ; il ne parlait de rien qui lui fût personnel, si ce n’est de son indignité, et il était si
conséquent dans toute sa manière d’agir qu’il demandait à Jésus de ne pas venir sous son toit,
tant il se sentait indigne de le recevoir. Il y avait dans l’âme de cet homme tout juste l’opposé
de l’idée de faire à Christ un honneur en croyant en Lui, et il ne pensait pas à le recevoir pour
se donner du crédit : deux choses qui, hélas ! se retrouvent souvent. La simplicité de coeur de
cet homme est aussi apparente que sa grande foi : il n’y en avait pas de pareille en Israël ; et
cependant on la trouvait chez un homme qui aimait Israël. C’était, à tous égards, une leçon de
grâce pour la foule qui suivait Jésus ; pour nous également, je n’ai pas besoin de le dire.

En même temps que la grâce envers les gentils apparaît la puissance de ressusciter les morts,
puissance se manifestant ici dans des sympathies humaines, en témoignage que Dieu avait
visité son peuple (v. 11-17). Cette puissance de résurrection devait être manifestée encore plus
glorieusement en Christ, et devenir la source de toutes les choses nouvelles pour l’homme,
selon Dieu qui ressuscite les morts. Cette résurrection est une nouvelle et merveilleuse
démonstration que le Seigneur, dans le caractère de son oeuvre, dépasse ici la sphère de la loi
et de ses ordonnances : Car « la loi a autorité sur l’homme aussi longtemps qu’il vit » (Rom.
7:1). De quel profit peut-elle être pour un mort ? Mais « ce qui était impossible à la loi, en ce
qu’elle était faible par la chair, Dieu, ayant envoyé son propre Fils en ressemblance de chair
de péché, et pour le péché… » (Rom. 8:3). La grâce et l’énergie divine se déployaient dans un
homme touché par le sentiment de nos infirmités : chacun des détails que nous lisons ici, en
est la démonstration. Le mort était le « fils unique de sa mère, et elle était veuve ». « Et le
Seigneur, la voyant, fut ému de compassion envers elle, et lui dit : Ne pleure pas. Et
s’approchant, il toucha la bière… Et le mort se leva sur son séant, et commença à parler ; et il
le donna à sa mère. » Comme tout ici est à la fois admirablement humain et en même temps
manifestement divin !

La guérison de l’esclave du centurion et la résurrection du fils de la veuve montrent le


changement qui a lieu dans cette partie de Luc. Il en est de même de la scène qui suit ; elle
met en évidence le changement de dispensation qui s’accomplit ; le Seigneur rend ici
témoignage à Jean-Baptiste, non pas lui au Seigneur. Jean envoie deux de ses disciples auprès

802
de Jésus, dont on lui avait rapporté les miracles, afin d’apprendre de sa propre bouche qui il
était. En sommes-nous surpris ? — Jean avait prêché et baptisé sur la confession des péchés et
la foi au Messie qui allait paraître. Tout était changé maintenant. Jean était en prison et n’avait
pas été délivré ; il n’était plus question d’un peuple se préparant pour le Seigneur. Cela
n’était-il pas étrange ? En tous cas, Jean cherchait une réponse catégorique et comptait sur la
parole de Celui qui opérait de si grandes et saintes oeuvres ! Mais quel commentaire au
merveilleux changement qui s’opérait, que ce message de Jean ! Jean remettait pour ainsi dire
ses disciples au Seigneur ! En cette heure-là, « Jésus guérit plusieurs personnes de maladies et
de fléaux et de mauvais esprits, et il donna la vue à plusieurs aveugles. » Et répondant aux
messagers de Jean, il leur dit : « Allez, et rapportez à Jean les choses que vous avez vues et
entendues : que les aveugles recouvrent la vue… » (v. 21-23). En même temps le Seigneur,
s’il ne reçoit plus témoignage de Jean, rend témoignage à Jean ; il le reconnaît ainsi que son
oeuvre, mais comme d’un terrain plus élevé sur lequel il s’était placé en grâce et en puissance
de résurrection, à la suite de sa rejection dans le monde et par le monde, en sorte que,
quoiqu’il fît du bien à tous, il dit : « Bienheureux est quiconque n’aura pas été scandalisé en
moi ». C’est pourquoi, dans le verset même dans lequel le Seigneur reconnaît Jean-Baptiste de
la manière la plus explicite, il fait ressortir le changement qui allait s’opérer, disant : « Mais le
moindre dans le royaume de Dieu est plus grand que lui » (v. 28). Bienheureux ceux qui
justifiaient Dieu en étant baptisés par Jean ; malheureux les hommes à propre justice qui
rejetaient le conseil de Dieu contre eux-mêmes ! « La sagesse a été justifiée par tous ses
enfants » ; ils comprennent les voies de Dieu dans le serviteur aussi bien que dans le Seigneur.
Ces voies sont très différentes, mais les enfants de la sagesse les comprennent en grâce.
« Cette génération », hélas ! ne comprend ni les unes ni les autres, et blâme les unes comme
les autres. Jean est trop juste pour eux, Jésus trop plein de grâce. Les complaintes de l’un et
les douces mélodies de l’autre leur inspirent la même aversion. Telle est la sagesse de
l’homme devant les voies de Dieu. Mais au moins les enfants de la sagesse justifient la
sagesse.

En dépit de la perversité des hommes, le Seigneur ne cesse pas de se manifester au monde. En


conséquence, Luc introduit ici (v. 36-50) un fait qui montre comment la sagesse de Dieu est
justifiée par ceux qui la reconnaissent en Jésus. C’est une scène de grâce, de pure et pleine
grâce qui pardonne et qui ne s’arrête pas jusqu’à ce qu’elle ait renvoyé en parfaite paix la
pécheresse qui en est l’objet. Jésus est dans la maison du pharisien, qui avec toute sa sagesse
était en défaut sur le point essentiel : Simon n’avait pas su reconnaître la gloire de Christ. Le
Seigneur, répondant à la pensée qu’il lisait dans son coeur, lui montre, en contraste avec la
femme « qui était une pécheresse », que le point sur lequel il portait un jugement, était
précisément celui où il était en défaut. Les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées, ni ses
voies nos voies. Ouoi ? Si ce Jésus méprisé était non seulement un prophète, mais un Sauveur
de pauvres pécheurs perdus ? Dieu n’était pas connu ; là était le secret ! L’âme convertie voit
la gloire du Seigneur comme grâce envers elle ; celui qui n’est pas convaincu, quoique
humainement intéressé, juge selon ses propres pensées et ne sait pas voir la gloire qui n’est
pas selon ces pensées. Le jugement de l’homme à l’égard de l’Évangile doit donc être faux ;
recevoir l’Évangile comme une grâce est la seule chose juste et le seul chemin pour arriver à
le connaître.

L’histoire de la femme pécheresse nous fournit donc un exemple clair et direct des voies de
Dieu : Dieu pardonnait les péchés en grâce, souverainement, librement, à tout pécheur quel
qu’il fût ; il manifestait et produisait l’amour dans l’âme pardonnée qui aime Dieu, parce que
Dieu est amour, et cela à l’égard de ses péchés, en Jésus le Seigneur. C’était réellement la
grâce, le principe sur lequel un homme quelconque, gentil ou non, pouvait être reçu, et Dieu

803
manifesté, non en exigeant quelque chose de l’homme, donnant ainsi de l’importance à
l’homme dans la chair, mais en donnant toute la place à Dieu, le caractère de Dieu en grâce
souveraine introduisant ainsi la bénédiction et ses bienheureux effets dans le coeur ramené à
la confiance en Dieu par le sentiment de sa bonté.

Quel tableau ! La bonté connue non seulement dans l’acte, mais dans la personne de Celui qui
l’accomplit. Le discernement du péché dans sa forme grossière par l’homme était une chose ;
la grâce de Dieu qui pouvait tout effacer et pardonner était une chose bien différente. Christ
n’était pas là pour juger et pour sanctionner les pharisiens ; mais l’amour pour un pécheur
manifestait Dieu sous ce nouveau caractère de grâce, produisant un amour saint et plein de
gratitude pour Dieu et une relation bénie, souveraine et hors de la portée de l’homme. Mais il
faut que Dieu démontre toujours de nouveau la justice et la perfection de ses voies de bonté
envers l’homme, tant est dur le coeur de l’homme ! Le Seigneur s’identifie lui-même avec le
croyant ; il le soutient et le défend contre le monde orgueilleux : et la foi puise là son
assurance. Sans aucun égard pour les commentaires. Jésus s’adresse non à l’incrédulité, ce qui
aurait été sans profit, mais à ceux qui ont la foi ; ayant communiqué le pardon, il montre à
l’âme sa « droiture », c’est-à-dire les justes pensées sur Dieu et sur le « moi » qui sont la part
de la foi. La dernière parole du Seigneur règle tout. L’amour de la femme était non pas
certainement la cause du pardon, mais une base de son évidence. « Ta foi t’a sauvée, va-t’en
en paix. » La conscience est déchargée de tout le poids qui l’oppressait, et le coeur se trouve
infiniment et éternellement le débiteur de la fontaine toujours jaillissante de toute grâce.

8 - Chapitre 8
Nous avons vu, dans ce qui précède, le Seigneur se présentant par ses paroles et par son
oeuvre comme un centre nouveau, vers lequel et autour duquel les siens étaient rassemblés.
Avant ce moment, lorsque Israël était le point de rassemblement, l’Éternel avait été le centre,
car l’Éternel était au milieu des Juifs, et le temple, le lieu où il se rencontrait avec le peuple.
Maintenant le Fils est là, « Dieu… manifesté en chair », et il faut que Lui soit le centre de
tout. Mais Israël ne voulait pas être rassemblé, comme le Seigneur lui-même le dit au chapitre
23 de l’évangile de Matthieu : « Jérusalem, Jérusalem, la ville qui tue les prophètes et qui
lapide ceux qui lui sont envoyés, que de fois j’ai voulu rassembler tes enfants… et vous ne
l’avez pas voulu » (v. 37). Ésaïe tient le même langage, chapitre 65:2 : « J’ai étendu ma main
tout le jour vers un peuple rebelle ». Israël ne pouvait jouir de la bénédiction, parce que la
chair était incapable de la retenir. La chair envisagée simplement comme telle est « comme
l’herbe » (És. 40).

Nous trouvons deux grands principes dans les derniers chapitres d’Ésaïe : d’abord, la chair
comme chair ne pouvait retenir la bénédiction et être dépositaire des promesses, car lorsque la
grâce parfaite vint dans la personne du Seigneur, il trouva le peuple auquel il était envoyé,
flétri comme l’herbe. « L’herbe est desséchée, la fleur est fanée, mais la parole de notre Dieu
demeure à toujours. » Ensuite Dieu n’abandonnait pas ses desseins : c’est pourquoi, au
chapitre 49, nous trouvons l’Éternel disant au Christ : « Tu es mon serviteur, Israël, en qui je
me glorifierai », et le Christ répondant : Si Dieu doit être glorifié en Israël, « j’ai travaillé en
vain, j’ai consumé ma force pour le néant et en vain ; toutefois mon jugement est par devers
l’Éternel, et mon oeuvre par devers mon Dieu ». Alors l’Éternel dit : « Quoique Israël ne soit
pas rassemblé, je serai glorifié aux yeux de l’Éternel… Je te donnerai aussi pour être une
lumière des nations, pour être mon salut jusqu’au bout de la terre ». Voilà ce que Christ

804
devient dans l’évangile de Luc : « une lumière » pour éclairer les gentils, etc. Plus tard, Paul,
avec la parfaite justesse de l’Esprit, cite ce même passage, si bien fait pour eux, aux Juifs
d’Antioche : « C’était à vous premièrement qu’il fallait annoncer la parole de Dieu ; mais
puisque vous la rejetez, et que vous vous jugez vous-mêmes indignes de la vie éternelle, voici,
nous nous tournons vers les nations, car le Seigneur nous a commandé ainsi : Je t’ai établi
pour être la lumière des nations… » (Actes 13:46, 47 ; et encore Actes 28:28). Israël sera
rassemblé plus tard, car Christ rétablira les tribus de Jacob et délivrera les captifs d’Israël ;
mais auparavant, il se tourne vers les nations. Le Seigneur nous présente dans Luc un tableau
de tout cela. Au chapitre 7, nous voyons Israël rejeter à la fois Jean-Baptiste et Christ, mais
« la sagesse a été justifiée par tous ses enfants ». Les pharisiens et les docteurs de la loi ne
justifiaient pas Dieu du tout, car ils ne voyaient aucune beauté en Jésus, tandis que les
publicains le faisaient ; et ainsi la pauvre pécheresse, dont le coeur était touché par la grâce de
Dieu, est une vraie « enfant de sagesse » et est introduite ici comme démonstration du grand
fait que Christ est le nouveau centre de bénédiction, « quoique Israël ne soit pas rassemblé ».

Le Seigneur poursuit ensuite son témoignage, rassemblant d’abord par la parole, au chapitre
8, puis, au chapitre 9, envoyant ses disciples prêcher avec l’ordre de secouer la poussière de
leurs pieds, s’ils n’étaient pas reçus, en signe que le dernier témoignage était donné s’ils
étaient rejetés.

8.1 - 8:1, 2

Deux classes de personnes sont rassemblées ici autour de Christ. D’abord, les douze apôtres,
témoins publics donnés par la grâce de Dieu pour être les vases du témoignage, manifestant le
pouvoir électif de Dieu dans leur appel et dans le fait que Christ les envoyait avec toute
l’énergie du ministère ; apôtres de Christ, envoyés par Lui-même, selon sa parole : « Comme
le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie » (Jean 20:21) ; ses « élus », comme il dit
ailleurs : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi ; mais c’est moi qui vous ai choisis, etc. »
(Jean 15:16). En second lieu, d’autres personnes que l’affection rassemblait autour de Christ,
qui n’avaient aucun office dans l’Église, mais dont les coeurs avaient été touchés et attirés
vers Lui ; qui n’étaient pas envoyées comme ceux dont nous venons de parler plus haut, mais
qui n’étaient pas moins dévouées de coeur que les apôtres, car elles suivaient le Seigneur et
l’assistaient de leurs biens.

Les versets 4-8 nous donnent la parabole du semeur, avec ceci de particulier qu’il ne s’agit
pas ici du royaume comme dans Matthieu, mais du témoignage relatif à ce que Christ
rassemblait et à ceux qu’il rassemblait, non pas à la forme que prendrait plus tard le royaume.
Le fait même que Jésus venait comme Semeur démontrait qu’Israël était mis de côté, car si le
Christ avait été là pour Israël sa vigne, il eût dû chercher du fruit de sa vigne qu’il avait
plantée, si longtemps auparavant : Il était venu précédemment ainsi à Israël, cherchant du
fruit, et n’en trouvant point. Maintenant il vient avec le nouveau caractère d’un Semeur, chose
bien différente. Il vient dans un vaste monde où il n’y a rien, et y commence une oeuvre
nouvelle. Dieu ne cherche pas maintenant du fruit chez l’homme, parce que l’homme a été
démontré être un arbre mauvais et que plus on laboure et fume le sol autour d’un mauvais
arbre, plus l’arbre porte de mauvais fruits : « chaque arbre se connaît à son propre fruit » (Luc
6:44). Christ vient pour chercher et sauver ce qui était perdu. Dieu va produire maintenant le
fruit qu’il désire : il ne pense plus désormais à demander à l’homme de produire quelque fruit
que ce soit, car Jean-Baptiste dit que « tout arbre, qui ne produit pas de bon fruit, est jeté au

805
feu ». C’est pourquoi le Seigneur vient maintenant comme un Sauveur, ne cherchant pas de
fruit, mais faisant ce qui le produira.

Le Seigneur décrit ensuite le caractère et l’effet de son oeuvre de semeur, et les disciples (v.
9-15) lui demandent de leur expliquer le sens de la parabole. Israël comme tel avait perdu sa
place et était devenu un peuple sans intelligence (És. 27:11). Dieu avait usé de longue
patience envers lui ; sept cents ans s’étaient écoulés depuis qu’il avait dit à Ésaïe : « Va, et dis
à ce peuple : En entendant vous entendrez et vous ne comprendrez pas » (És. 6:9).
Individuellement, un Juif pouvait être attiré vers Jésus ; mais, comme nation, Israël était
endurci. Le Seigneur donne aux disciples l’explication de la parabole ; mais au peuple comme
tel il parle en paraboles (voyez v. 10), accomplissant ainsi les paroles du prophète prononcées
si longtemps auparavant. Le témoignage est clos maintenant quant à Israël, mais non pas
quant au propos final de Dieu à son égard.

La semence est semée sans distinction ; quoique l’homme la rejette, car sa volonté s’y oppose,
elle est néanmoins semée dans le coeur. La parabole du semeur montre comment la parole de
Dieu est parfaitement adaptée aux besoins de l’homme, parlant à sa conscience et à son coeur.
« Jamais homme ne parla comme cet homme » (Jean 7:46). Christ parlait avec une puissance
qui atteignait le coeur et les affections ; mais la volonté est corrompue et résiste ainsi à la
Parole. Il ne s’agit pas ici de grâce abstraite, mais de la condition de l’homme ; c’est pourquoi
nous trouvons la Parole si parfaitement appropriée aux besoins de l’homme, non pas
réclamant de lui la justice, mais intervenant avec puissance pour lui montrer qu’il est un
pécheur et mettant à découvert les pensées et les intentions du coeur (comp. Héb. 4:12, 13).
Le coeur étant ainsi mis à nu, la Parole vient avec toute la douceur et les consolations de la
grâce ; car il y a en Dieu de quoi satisfaire une âme dans quelque état qu’elle puisse se
trouver. La Parole s’adresse au coeur, c’est pourquoi l’Évangile laisse l’homme sans excuse.

8.2 - 8 :13

Quelques-uns reçoivent la Parole avec joie (v. 13) : c’est la preuve que la conscience n’est pas
touchée, car lorsqu’elle est touchée, l’âme est tout autre chose que joyeuse, jusqu’à ce qu’elle
connaisse le pardon. Les sentiments peuvent être atteints pour un temps, la Parole être écoutée
avec joie, mais cette joie sera suivie de douleur. La Parole, quand elle est reçue ainsi, n’a pas
de racine ; elle est reçue avec joie et abandonnée dans la tribulation.

Ceux qui ont la Parole semée au milieu des épines forment une autre classe. L’intelligence
peut être convaincue et recevoir la vérité ; mais les soucis, les plaisirs et les richesses de ce
monde viennent et étouffent la Parole. Ces soucis sont d’autant plus subtils qu’ils se
présentent comme des devoirs nécessaires ; et ce n’est pas un mal de faire son devoir, bien au
contraire, car il est bon et juste que chacun vaque à son devoir dans sa vocation journalière.
Mais si ces devoirs étouffent la Parole et qu’un homme perde ainsi son âme, n’avons-nous pas
fréquemment besoin, à cause de la tendance naturelle du coeur, d’être rappelés à cette parole :
« Voyez, et gardez-vous de toute avarice » (Luc 12:15), c’est-à-dire de l’amour des choses
d’ici-bas ? Un homme était venu au Seigneur, disant : « Maître, dis à mon frère de partager
avec moi l’héritage ». Le coeur de cet homme désirait jouir de ce qui lui revenait. Si l’amour
du monde ou l’avarice s’introduisent au milieu des saints, le mal est d’autant plus difficile à
guérir qu’il a un caractère insidieux, que souvent la discipline ne peut pas atteindre. Si
l’avarice se glisse dans le coeur, elle entrave la puissance de Christ sur l’âme et sur la

806
conscience ; elle engloutit pour ainsi dire la vie pratique du chrétien, et l’âme est flétrie ! La
puissance de Dieu peut lui mettre un obstacle mais les soucis de l’avarice pour les choses de
la terre sont si subtils que, même s’il n’y a rien de positif sur quoi mettre la main, la puissance
pratique de la vie chrétienne dans l’âme est perdue, quoique, je n’ai pas besoin de le dire, la
vie éternelle ne puisse jamais se perdre en ceux qui l’ont une fois reçue.

« Mais ce qui est dans la bonne terre, ce sont ceux qui, ayant entendu la parole, la retiennent
dans un coeur honnête et bon, et portent du fruit avec patience. » Le monde peut estimer qu’il
y a des fruits beaux et excellents ; mais là où le coeur n’a pas saisi Christ, on devient las. Il
n’y a pas de persévérance lorsque Christ ne possède pas l’âme ; quand il la possède, il y a un
motif qui demeurera ; l’âme persévérera et portera « du fruit avec patience ». Ceux qui
entendent et qui gardent persévèrent ; car ils ont dans le Seigneur leur motif d’action. La
tribulation peut surgir dans l’Église ; on peut être désappointé même en des frères ; mais ceux
qui ont Christ devant eux persévèrent la Parole qu’ils ont entendue et qu’ils gardent les met en
rapport avec Lui, et Christ est plus que tout le reste.

8.3 - 8 :16-18

Il s’agit ici (v. 16-18), non du salut éternel, mais de l’effet pratique de la Parole semée dans le
monde, de la croissance de la Parole dans l’âme ; cet effet ne restera pas caché sous un
boisseau. « Vous êtes la lumière du monde » et « le sel de la terre » (Matt. 5:13-16). Ceux qui
paraissent seulement être chrétiens se montreront bientôt ce qu’ils sont : « À quiconque n’a
pas, cela même qu’il paraît avoir sera ôté ». Mais ceux en qui la Parole opère efficacement
sont appelés à être comme une « lampe » placée sur un pied de lampe. Israël étant rejeté pour
un temps, Dieu place dans le monde une nouvelle lumière qu’il a allumée à cause des ténèbres
du monde. Christ sur la terre était la lumière du monde, à cause des ténèbres de celui-ci ; et
maintenant nous devrions être une lumière dans le monde, car nous sommes « lumière dans le
Seigneur » (Éph. 5:8). La lumière est allumée par la parole de Christ, et les hommes sont
responsables de la Parole qu’ils ont reçue. Supposez que vous ayez entendu la Parole et que
vous ne portiez pas de fruit : il sera bientôt manifesté que vous avez entendu la Parole et que
vous l’avez perdue ainsi que la puissance spirituelle qui l’accompagne ; lors même que vous
seriez des saints, il n’en est pas moins vrai que tout ce que vous avez entendu sans fruit ou
puissance qui en découle apparaîtra au grand jour, « car il n’y a… rien de caché qui ne se
connaîtra et ne vienne en évidence ». « Prenez donc garde comment vous entendez. » Christ
attend les résultats de son travail de semeur : il faut non seulement écouter, mais posséder ; à
cela se lie la responsabilité, car si vous gardez la Parole que vous avez entendue, il vous sera
donné davantage. Si, en écoutant, je possède ce que j’entends, n’en ayant pas seulement de la
joie, mais le possédant comme mon bien, alors ce que j’entends devient une partie de la
substance de mon âme et j’en recevrai davantage : car lorsque la vérité est devenue une réalité
dans mon âme, j’ai une capacité pour recevoir davantage. Vous avez entendu parler, par
exemple, de la seconde venue du Seigneur et vous avez compris la part de l’Église comme
Épouse de Christ ; si vous ne saisissez pas ces choses pratiquement pour les posséder, ayant
communion avec Dieu à leur sujet, ce en quoi consiste la possession, il arrivera que vous
perdrez l’attente présente de cette venue de Christ et que vous oublierez votre place de
séparation d’avec le monde ; peu à peu la vérité vous échappera, parce que vous ne l’avez pas
gardée dans votre âme devant Dieu. Puis votre âme s’émoussera et tombera dans un sommeil
de mort où vous perdrez la vérité même que vous aviez reçue. Par contre, si vous vivez dans
l’attente journalière du Seigneur venant du ciel, vous ne ferez pas de plans d’avenir, vous

807
n’amasserez pas des biens pour le lendemain, mais vous apprendrez toujours davantage, parce
que d’autres vérités viendront se grouper autour de cette grande vérité centrale ; vous serez
gardés dans la vérité. Si, au contraire, comme je l’ai dit plus haut, vous laissez échapper cette
vérité centrale en disant que Jésus ne peut pas venir encore, parce qu’il faut que tant de choses
s’accomplissent avant qu’il vienne, le progrès de votre communion avec Dieu sera entravé,
tout progrès d’une âme étant selon la mesure de ce que cette âme a entendu et gardé devant
Dieu. Quel profit peut-il y avoir à m’apprendre que le Seigneur peut venir demain, si je
continue à vivre comme s’il ne devait pas venir avant un siècle ? Quelle consolation et quelle
bénédiction cette vérité apportera-t-elle à mon âme, si je dis dans mon coeur : « Mon Maître
tarde à venir » ? (voyez Luc 12:45). Quoique je ne puisse pas perdre la vie éternelle, je perds
la vérité et la lumière que j’avais ; je flotte dans le courant de la vie, moitié monde, moitié
Christ, et toute la puissance de la vie chrétienne est obscurcie dans mon âme. La vérité, tenue
ferme en communion avec Dieu, sépare pour Dieu. La vérité doit produire du fruit ; et vous
n’avez aucune vérité qui n’en porte pas. La vérité est là pour édifier l’âme : « Sanctifie-les par
la vérité ; ta parole est la vérité » (Jean 17:17). Christ me devient précieux dans la vérité que
j’attends, et par cette vérité ; et si elle n’a pas cette puissance, elle se perd, n’aboutit à rien et
est ôtée. Si Christ a du prix pour moi, je l’attends avec affection, et s’il n’en est pas ainsi, la
simple vérité sera bientôt abandonnée.

8.4 - 8:19-21

Ici, le Seigneur clôt sa relation avec Israël selon la chair, car les relations de « mère » et de
« frères » le mettent en rapport avec Israël selon la chair. Remarquez que Jésus distingue ici le
résidu par l’expression de : « Ceux-ci », comme il avait fait au chapitre 6, en disant :
« Vous ». Sa mère et ses frères venaient seulement auprès de Lui à cause de leur relation
naturelle avec Lui ; et il y avait dans le Seigneur toutes les affections naturelles, car à la croix
nous le voyons se souvenir de sa mère et la recommander aux soins de Jean. Ici, dans sa
réponse, c’est comme s’il disait : Je suis sur un terrain nouveau ; « ma mère et mes frères sont
ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la mettent en pratique ». Israël, quant à sa relation
selon la chair avec le Seigneur, était rejeté, Jésus n’avouant et ne reconnaissant pour siens que
ceux dans les coeurs et dans les consciences desquels la parole de Dieu avait eu de l’effet. Il
ne s’agissait pas de ce qu’on trouvait dans la nature, mais de ce qui était le fruit de la grâce,
produit par la puissance divine, par la Parole ; ce principe étant ainsi établi, afin qu’il s’étende
aussi bien aux nations qu’aux Juifs, quoiqu’il n’ait été pleinement manifesté qu’après la
résurrection du Seigneur. Ces trois versets 19-21 sont une sentence judiciaire sur Israël, qui
prend fin au verset 21.

8.5 - 8 :22-26

Dans les versets 22-26, nous trouvons un exemple de ce que nous avons à attendre si nous
suivons le Seigneur, et de ce que le Seigneur sera pour ceux qui seront éprouvés par des
circonstances comme celles qui nous sont présentées ici. Le fait qu’ils étaient les disciples et
les compagnons de Jésus a pour effet de placer à toute heure ceux qui suivent le Seigneur dans
toutes sortes de dangers : ils ne sont pas sur terre ferme, mais ballottés sur une mer orageuse,
et Christ est absent — « il dormait ». Un vent impétueux fond sur le lac, la nacelle se remplit
d’eau, les disciples pleins d’effroi sont en péril. Mais Jésus était dans la même nacelle qu’eux.

808
Celui qui a fait les mondes, le Fils de Dieu, était avec eux, et cependant ils sont effrayés et
s’écrient : « Maître, maître, nous périssons ! » comme si Lui eût pu être englouti par les eaux.
Ils montrent ainsi qu’ils ne connaissaient pas quel était Celui qui était avec eux dans la
nacelle. Pour nous qui lisons paisiblement les détails de cette scène, nous trouvons bien
absurde l’incrédulité des disciples ; mais n’en est-il pas exactement de même de nous
spirituellement ? N’avons-nous aucune crainte, quand nous sommes poussés çà et là par la
tempête et que les flots s’agitent dans l’Église ? Assurément oui, car plus d’un coeur a dit :
« Qui nous fera voir du bien ? » Oubliant ce que Dieu fait et opère, quand l’homme lutte
visiblement contre les desseins de Dieu. Mais on ne se moque pas de Dieu, et Dieu poursuit
l’accomplissement de ses desseins à travers tous les orages que les hommes ou le diable
peuvent susciter. Au chapitre 16 de l’évangile de Jean, nous voyons les disciples dans la
tristesse, parce que Jésus s’en allait. Le Seigneur leur avait dit (chap. 14:28) : « Si vous
m’aviez aimé, vous vous seriez réjouis de ce que je m’en vais au Père, car mon Père est plus
grand que moi ». Au chapitre 16, il leur dit : « Maintenant je m’en vais à Celui qui m’a
envoyé, et aucun d’entre vous ne me demande : Où vas-tu ? Mais parce que je vous ai dit ces
choses, la tristesse a rempli votre coeur ». Dieu accomplissait ses conseils de grâce en
rédemption par le départ de Christ. Les disciples perdaient de vue que Dieu était à l’oeuvre
dans tout ce qui se passait et que rien ne peut l’empêcher d’accomplir ce qu’il s’est proposé.
Ils pensaient, lorsque Jésus fut crucifié, que toutes leurs espérances étaient réduites à néant. Ils
disaient : « Nous espérions qu’il était celui qui doit délivrer Israël » (Luc 24:21), au moment
même où, par sa résurrection, tout allait s’accomplir pour eux. Ils auraient dû demander : « Où
vas-tu ? » (voyez Jean 16:5). Ce n’est pas qu’il ne paraisse pas maintenant y avoir des périls,
de la confusion, des afflictions ; mais la foi regarde à Dieu, voit Dieu à travers tout, et
demande : Que fait le Seigneur ? Où va le Seigneur ? En tout et à travers tout, le Seigneur ne
s’est pas détourné de son chemin de l’épaisseur d’un cheveu. Nous pouvons être dans la
détresse ; mais la foi ne dit pas que le Seigneur se tient loin ; elle le sait près. Jésus permet que
ses disciples soient en péril, que la nacelle s’emplisse d’eau, et Lui dort ; afin de mettre à
l’épreuve la foi des disciples pour voir s’ils se confiaient réellement en Lui, et si d’aussi folles
pensées que celles qu’ils expriment surgiraient dans leurs coeurs en présence du danger.
« Maître, maître, nous périssons ! » s’écrient-ils ; mais ils étaient dans la nacelle avec Christ,
et les flots étaient impuissants contre eux. Il leur dit : « Où est votre foi ? » Et il pouvait
justement leur parler ainsi ; car, si l’eau remplissait la nacelle, Lui aussi était là et pouvait
dormir au milieu de l’orage. Mais les disciples ne pensaient pas tant à Lui qu’à eux-mêmes, et
ils disent : « Nous périssons ». Il en est exactement de même aujourd’hui : on peut être en
danger avec Christ dans la nacelle en tout temps, aujourd’hui comme alors, et Christ est
réellement bien plus avec nous maintenant qu’il ne l’était alors avec les disciples, car il nous
est bien plus parfaitement révélé, et nous sommes unis à Lui, un avec Lui, en sorte qu’il est
avec nous à chaque instant dans la puissance de l’Esprit. Quelle que soit l’élévation des
vagues, la mer n’engloutira pas son amour et ses pensées envers nous. Dieu éprouve notre foi.
Il pose la question si nous avons cette foi qui réalise la présence de Christ de telle manière
qu’elle nous tient calmes et en paix au milieu de l’orage comme dans les jours sereins. Ce
n’était pas réellement à l’état de la mer, à son calme ou à son agitation, que tenait le danger de
Pierre (Matt. 14), car sans Christ il aurait enfoncé dans une mer calme aussi bien que dans une
mer agitée. Pierre enfonçait, parce que ses yeux s’étaient détournés de Christ et regardaient
les flots. Si nous marchons avec Christ, nous rencontrerons toutes sortes de difficultés, plus
d’une mer orageuse ; mais étant un avec Lui, sa sûreté est la nôtre. Notre oeil devrait se
détourner des événements, quelque solennels qu’ils soient — et ils le sont de nos jours, j’en ai
le sentiment profond — pour demeurer fixé sur Christ. Oui, les temps sont graves, le mal
augmente ; mais tout est sûr et arrêté comme si le monde nous était favorable. J’ai vraiment
peur de la manière dont beaucoup de bien-aimés frères s’occupent des événements, au lieu de

809
regarder à Christ et de l’attendre. Le Seigneur lui-même est la sûreté des siens ; or que le
monde suive son train comme il l’entend, aucun événement ne peut atteindre Christ. Nous
sommes sains et saufs sur la mer, si seulement nos yeux ne regardent pas aux vagues et que
nos coeurs soient concentrés sur Christ et sur les intérêts de Christ ; alors le diable lui-même
ne peut nous toucher.

8.6 - 8:26 et suiv.

Quel tableau solennel des conséquences de la réjection de Christ par le monde ! Christ vient et
trouve l’homme entièrement sous la puissance du diable. Un homme d’entre les Gadaréniens
était possédé ; mais Christ le délivre, montrant ainsi qu’il avait toute puissance sur l’ennemi.
Une parole de Christ chasse les démons. « Le Fils de Dieu a été manifesté, afin qu’il détruisît
les oeuvres du diable » (1 Jean 3:8). Quel fut l’effet de cette délivrance opérée par le
Seigneur ? « Toute la multitude du pays environnant des Gadaréniens, pria Jésus de s’en aller
de chez eux ». Ces Gadaréniens qui avaient supporté les démons, parce qu’ils ne pouvaient
pas s’en débarrasser, ne veulent pas supporter Christ, et le prient de s’en aller de chez eux !
L’homme voudrait bien enchaîner « Légion », s’il pouvait, car il n’aime pas les effets de la
puissance de Satan mais la volonté de l’homme est opposée à Christ l’homme a une haine
délibérée contre Christ. Le Seigneur vint dans le monde, plein d’amour et de puissance, pour
délivrer l’homme des conséquences du péché ; mais l’homme rejeta Christ, et Dieu ne
demeure pas là où la volonté est résolue et déterminée contre Lui. Quand les Gadaréniens
demandèrent à Christ de se retirer de chez eux, il monta immédiatement dans la nacelle et s’en
retourna. Le monde dans lequel nous vivons est comme ces gens : il a tranquillement rejeté
Christ. Mais Dieu les abandonna-t-il, quoique Christ s’en soit allé pour un temps ? Non, bien
au contraire ; il envoya au milieu d’eux l’homme qu’il avait guéri, afin qu’il leur racontât
quelles grandes choses Dieu lui avait faites : et c’est là ce que les disciples de Christ ont fait
dans le monde ; le résidu délivré dira, lui aussi, au monde quelles grandes choses Dieu aura
faites pour lui.

Les « pourceaux » me semblent représenter l’état des Juifs après qu’ils ont rejeté Christ. Le
Seigneur, sans doute, permet aux démons d’entrer dans les pourceaux, car les pourceaux,
n’ayant pas de passions à eux, étaient poussés par les démons à se précipiter dans la mer,
montrant que c’était leur possession par les mauvais esprits qui les poussait à la destruction.
Nous savons par Joseph et d’autres sources historiques qu’il est difficile de se figurer
l’infatuation avec laquelle les Juifs se précipitèrent vers leur propre ruine, lorsque ces
puissances gentiles vinrent et foulèrent la sainte ville. Leur ruine fut la conséquence de la
réjection du Seigneur dont ils se rendirent coupables.

8.7 - 8 :40 et suiv.

Le Seigneur nous fournit par le moyen de faits réels deux autres tableaux de ses voies en
délivrance. Aux versets 40 et suivants, nous trouvons le récit de la résurrection de la fille de
Jaïrus qui nous présente en figure l’histoire d’Israël le Seigneur s’en allait guérir Israël qui se
mourait mais pendant qu’il était en chemin, le peuple le serrait. Ce qu’il était venu faire, il le
fit ; car le monde le serrait, tandis qu’il était en chemin pour guérir « la fille de son peuple »
qui était malade. Quiconque pouvait le toucher par la foi trouvait la guérison, une puissance

810
sortant de Lui. La fille de Jaïrus « se mourait » ; l’homme n’a pas été déclaré mort avant que
Christ ait été crucifié. Avant la venue de Christ, il n’y avait pas de guérison pour l’homme.
Abraham a désiré voir le jour de Christ (Jean 8:56). Il y a eu des prophètes qui ont parlé de
Christ comme de Celui qui guérirait ; la bénédiction était promise, mais il n’y avait pas de
médecin. « N’y a-t-il point de baume en Galaad ? » N’y a-t-il pas quelqu’un pour guérir ? Il
n’y avait personne ; aucun médecin ne pouvait guérir l’homme jusqu’à ce que Christ vînt ; et
quand il vint, on le crucifia. En Lui il y avait une puissance vivante, car lorsque la foule le
pressait, une femme touche seulement le bord de son vêtement, et il sort de Lui de la
puissance qui la guérit. La guérison ne dépendait pas de l’état de ceux qui étaient guéris, mais
de la puissance de Celui qui guérissait. Des médecins pouvaient appliquer remède après
remède, tout était inutile jusqu’à ce qu’il vînt, Lui qui pouvait communiquer la vie : alors tout
change. Quand les foules le serrent, Jésus reconnaît le toucher de la foi, et dit : « Quelqu’un
m’a touché, car je sais qu’il est sorti de moi de la puissance ». Avant qu’il intervienne dans la
puissance et la gloire de la résurrection pour apporter la vie d’entre les morts en Israël, il
guérit parfaitement là où il y a de la foi, car le Seigneur est toujours vivant pour répondre à la
foi. La femme se cachait, car elle avait honte de se montrer à cause du sentiment qu’elle avait
du mal dont elle avait eu besoin d’être guérie. Mais elle ne pouvait être cachée. Le coeur
craint toujours de s’ouvrir, tant qu’il est replié sur lui-même ; mais lorsqu’il regarde à Christ,
il s’ouvre à Lui, car c’est là toujours l’effet de sa présence sur l’âme. La honte, la réputation,
le caractère qu’on peut avoir aux yeux des hommes, tout s’efface devant le sentiment de ce
que Lui est. Quand la grâce atteint le fond du coeur, tout le reste est facilement abandonné.
Un lien s’était formé entre l’âme de cette femme et Christ : « Ta foi t’a guérie ; va-t’en en
paix ». Le Seigneur apporte la paix et une consolation parfaites à l’âme de cette femme ; car il
ne guérit pas seulement, mais il se fait aussi connaître. La femme ne doit pas seulement être
guérie ; elle doit recevoir de sa bouche l’assurance de la paix.

À ce moment, quelqu’un vient de chez Jaïrus, disant « Ta fille est morte, ne tourmente pas le
maître » ces gens pensaient que Jésus pourrait bien guérir la jeune fille aussi longtemps
qu’elle était encore vivante ; maintenant qu’elle était morte, ils supposaient qu’il ne pouvait
plus rien. Dans cet état, la jeune fille est une image d’Israël qui est mort devant Dieu, comme
les nations. Mais Jésus répond : « Ne crains pas, crois seulement, et elle sera sauvée ». Quand
il arrive dans la maison, il ne laisse entrer personne que Pierre, et Jacques, et Jean (les
colonnes de la gloire future, au temps où il viendra comme la résurrection et la vie pour la
nation morte), et le père de la jeune fille, et la mère.

Nous trouvons donc, dans ce chapitre, un tableau de ce qui s’accomplissait alors et de ce qui
arrivera dans l’avenir. La semence, « la Parole », est semée ; nous apprenons l’effet qu’elle
produit, l’usage que l’homme en fait. Dieu nous fournit l’explication de tout ce qui arrive et
qui était parfaitement connu et arrêté dans sa pensée ; mais si un orage s’élève, et si Christ
paraît dormir et semble insensible au danger, quoique « Celui qui garde Israël » ne sommeille
ni ne s’endorme (Ps. 121), comme disciples nous sommes dans la nacelle avec Lui. Qu’il nous
donne de nous reposer sur cette assurance en toute simplicité et sans laisser nos coeurs se
tourner ailleurs, car, aussi bien que l’eau, Christ est dans la nacelle. Il faut seulement que le
regard de la foi soit arrêté sur Lui ; alors, advienne que voudra, nous dirons : « Qui nous
séparera de l’amour du Christ ?… Au contraire, dans toutes ces choses, nous sommes plus que
vainqueurs par Celui qui nous a aimés » (Rom. 8). Alors plus il y aura de difficultés, plus
aussi il y aura de bénédiction, en vertu de l’exercice de la foi.

811
9 - Chapitre 9
Après nous avoir fourni, au chapitre 8, un tableau de tout ce qui s’accomplissait, si je puis
parler ainsi, le Seigneur, au chapitre 9, soulève la grande question touchant sa propre
personne : Qui était-il ? Puis il annonce à ses disciples que quelques-uns d’entre eux verraient
sa gloire, car la montagne de la transfiguration montre ce que sera la gloire du royaume.
Pierre parle de cette scène comme « la puissance et la venue de notre Seigneur Jésus Christ »,
« lorsqu’une telle voix lui fut adressée par la gloire magnifique… étant avec lui sur la sainte
montagne » (2 Pierre 1:16 et suiv.). Mais c’était d’abord un témoignage final que les disciples
étaient appelés à rendre (v. 1-6), quoique la gloire dût venir ; et, comme preuve de ce
caractère de leur témoignage, ils devaient secouer la poussière de leurs pieds lorsqu’ils
n’étaient pas reçus. Il est intéressant de remarquer toutes les circonstances qui mettent en
évidence le fait que c’était le Seigneur lui-même qui était là, et dont la présence mettait Israël
à l’épreuve. Jésus opérait des miracles et pouvait, nous l’avons vu, conférer à d’autres le
pouvoir d’en accomplir ; mais ici il ne confère pas seulement la puissance individuellement à
qui il veut, il fait quelque chose de plus : il la confère à un certain nombre d’hommes réunis,
leur donnant puissance et autorité sur les démons.

Nous avons signalé trois choses en rapport avec le témoignage du Fils de l’homme : 1° le
témoignage de Dieu à son sujet ; 2° la misère de l’homme ôtée par lui ; et 3° les démons
chassés ; triple preuve que c’était réellement le Seigneur qui visitait le monde en grâce et en
puissance. La manifestation de la puissance aura lieu quand le moment sera venu ; mais le
Seigneur, dans sa personne, introduisait la manifestation de ce qui plus tard sera plein et
parfait, mais était alors une anticipation des « miracles (litt. : puissances) du siècle à venir »,
dont parle l’épître aux Hébreux (6:5). Ce n’est pas ici la rédemption, mais l’exercice de la
puissance en présence de l’inimitié de l’homme contre le Seigneur ; et les hommes n’ont pas
voulu de Lui quand il s’est ainsi présenté.

9.1 - 9:3 et suiv.

Le Seigneur envoie ses disciples en réglant toutes les circonstances du chemin qu’il auront à
parcourir : tandis qu’il était avec eux, il pourvoyait à tout ce qu’il leur fallait et ils ne
manquaient de rien (comp. 22:35). La puissance du Seigneur était là pour prendre soin d’eux
partout où ils allaient. Plus tard, lorsqu’il fut sur le point de les quitter, il leur dit de prendre
une épée, leur montrant qu’ils auraient à se garantir eux-mêmes, pour ainsi dire ; mais tandis
qu’il était avec eux, il les gardait et prenait soin d’eux. Ainsi, à propos de l’ânon sur lequel il
devait entrer à Jérusalem, il montre son autorité royale et divine à la fois, disant : « Le
Seigneur en a besoin » (Luc 19:29-34). — Les disciples s’en vont, prêchant l’Évangile et
guérissant partout. Alors surgit la question de sa personne : « Hérode… était en perplexité,
parce que quelques-uns disaient que Jean était ressuscité d’entre les morts… ». Jésus voulait
que les consciences fussent exercées à son sujet. Deux choses, on le voit, sont mises en
évidence dans l’homme par cette question : d’un côté, la curiosité est excitée ; d’un autre côté,
la perplexité et la crainte.

812
9.2 - 9:10 et 11

Jésus poursuit son chemin, et partout où il y a une oreille pour entendre, il est pour l’homme
le ministre de la grâce du royaume.

9.3 - 9:12-17

Les disciples lui demandent de renvoyer la foule, « afin qu’ils aillent dans les villages et dans
les campagnes d’alentour, et s’y logent et trouvent des vivres ». Non, dit le Seigneur ; « vous,
donnez-leur à manger ». Il ne dit pas qu’il les nourrirait, mais communique à d’autres la
puissance qu’il avait lui-même, et veut exercer leur foi dans ce qu’il pouvait faire par eux.
Ceci s’applique à l’Église, maintenant : la foi use de la puissance qui est dans le Chef (la
Tête). « Vous, donnez-leur à manger. » Jésus attendait que la foi usât de sa puissance divine,
de ce que les disciples voyaient en Lui. Nous devrions ainsi compter sur la puissance qui est
dans le Chef. Le Seigneur mettait la foi des disciples à l’épreuve : « Vous, donnez-leur à
manger ». Hélas non ! ils n’avaient pas de foi ; ils comptaient leurs ressources : « Nous
n’avons pas plus de cinq pains et de deux poissons ! » Il en est ainsi de nous ; nous n’avons
point de foi ! Avoir de la mémoire n’est pas avoir de la foi. Il frappa le rocher et les eaux
jaillirent et les ruisseaux débordèrent. Mais pourrait-il bien donner aussi du pain ? Il nous
donne de l’eau, mais peut-il nous donner de la nourriture ? Nous savons qu’il a fait cette
chose ; mais pourrait-il bien aujourd’hui faire cette autre chose ? Il faut que nous sachions
compter sur l’énergie de l’amour du Seigneur et nous attendre à ses soins pour nous. Quand il
dit à ses disciples : « Vous, donnez-leur à manger », ils auraient dû s’attendre à ce qu’il leur
donnerait la puissance pour faire ce qu’il leur disait. L’Éternel était au milieu d’eux, exerçant
sa puissance ; mais leur réponse trahit leur affreuse incrédulité. L’incrédulité exclut Dieu et se
réduit à ce qu’elle voit : « À moins que nous n’allions et que nous n’achetions de quoi manger
… ». Mais lui les fit asseoir par rangs de cinquante chacun… « et ils mangèrent tous et furent
rassasiés ». Le Ps. 132 avait dit : « Je rassasierai de pain ses pauvres » ; ici, en Jésus, cette
parole s’accomplissait. Le psalmiste parlait de leur Roi. L’Éternel avait choisi Sion ; il l’avait
désirée pour sa demeure ; il montrait ici par un miracle qu’il était présent pour accomplir sa
promesse, car il rassasiait de pain leurs pauvres. Il ne transmettait pas seulement la puissance
par ses disciples, mais il était lui-même au milieu d’eux, non pas seulement un homme, un
messager ; mais, selon l’expression de Héb. 2, la parole commença d’être annoncée par le
Seigneur. Il était, Lui, l’Apôtre. D’autres furent envoyés après Lui ; mais Lui vint le premier,
comme l’Apôtre d’Israël. C’est une chose bien solennelle de penser que le Seigneur a
réellement visité ce monde ! Il est venu et s’est présenté d’abord à son peuple d’Israël ; mais
Israël ne voulut pas de Lui ! Nous apprenons ainsi dans quel monde nous sommes. Dieu agit
maintenant en grâce envers les hommes, quoique son Fils ait été rejeté.

« Et de ce qui leur était resté… on ramassa douze paniers. » Remarquez, en passant, que le
nombre douze est l’expression du pouvoir exercé en rapport avec le gouvernement ; il y a
douze apôtres, douze portes de la ville dans l’Apocalypse, etc.

Jusqu’ici, nous avons vu Christ se présentant au milieu d’Israël comme le Messie : le voici
maintenant homme dépendant, — priant. Il était Emmanuel, Dieu avec nous ; il était Fils de
David ; il était Fils de l’homme : il résume en Lui toutes ces gloires. Alors il adresse aux
disciples la question : « Qui disent les foules que je suis ? » (v. 18 et suiv.). « Et répondant, ils
dirent : Jean le baptiseur ; et d’autres : Élie, etc. » ; les uns une chose, les autres une autre.

813
Mais Pierre dit : « Le Christ de Dieu ! » — sur quoi Jésus leur défend de le dire à personne.
C’était la foi, quelque faible qu’elle fût, qui avait dicté la réponse de Pierre ; c’est pourquoi il
n’a pas besoin de réflexion. Avec une parfaite assurance, il dit : « Le Christ de Dieu ! » La foi
fait toujours ainsi. Quand l’Esprit de Dieu applique la vérité avec puissance, il n’y a pas dans
l’âme d’incertitude à son égard. Un homme peut croire ou ne pas croire que Christ est le Fils
de Dieu ; mais si son esprit travaille, il l’amènera peut-être à penser : Je ne l’aime pas assez
pour être sauvé, et ainsi l’incertitude entre dans l’âme. Mais lorsque l’Esprit montre avec
puissance que quiconque confesse que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui, alors je
le crois, et je vois que Dieu « ne se souviendra plus » de mes péchés. L’Esprit peut ainsi me
conduire à penser aux conséquences d’une vérité.

9.4 - 9:22

Le Seigneur laisse maintenant ce qui a été mis en évidence, et se présente à ses disciples
comme le Fils de l’homme ; comme tel il va souffrir et sera crucifié. Il faut par conséquent
que ses disciples sachent prendre leur croix et le suivre. Jésus leur annonce quelque chose de
tout nouveau : il allait être rejeté et crucifié ; puis il ressusciterait le troisième jour. Il ne reste
pas sur le terrain messianique, mais il place l’espérance des siens dans une sphère qui est
entièrement au-delà de celle qui se rattache au Messie. « Si quelqu’un veut venir après moi,
qu’il se renonce soi-même, et qu’il prenne sa croix chaque jour, et me suive. » « Chaque
jour » — là est l’épreuve. Un homme, par un mouvement héroïque, pourrait prendre sa croix
une fois pour toutes, et il deviendrait un objet d’admiration pour plusieurs on écrirait sur lui
beaucoup de livres, peut-être mais il est bien difficile de poursuivre son chemin chaque jour
en se renonçant soi-même et sans que personne en sache quoi que ce soit. Ce que le Seigneur
disait revient à ceci, que si vous épargnez la chair dans cette vie, vous perdrez votre vie dans
celle qui est à venir : « Car que profitera-t-il à un homme de gagner le monde entier, s’il se
détruit lui-même ou se perd lui-même ? » ou : « Que donnera un homme en échange de son
âme ? » Il ne s’agit pas d’abaisser la vie au niveau de la chair ; mais si vous faites la perte de
votre vie ici-bas, vous la trouverez ailleurs, au-dessus et au-delà de ce monde ; « car
quiconque voudra sauver sa vie la perdra ; et quiconque perdra sa vie pour l’amour de moi,
celui-là la sauvera ». Faire abandon de ce monde pour la vie éternelle ou pour la misère
éternelle, voilà ce dont il s’agit réellement ! « Que profitera-t-il à un homme ? » — Il faut de
toute manière que vous fassiez la perte de ce monde : vous ne pouvez pas le conserver.

Il y a la gloire du royaume ; il y a la manifestation de la gloire à venir. Ces affections et ces


dispositions qui attirent l’âme vers Jésus ne peuvent trouver leur satisfaction ici-bas. Ils
montrent clairement qu’ils recherchent une patrie ; c’est pourquoi Dieu n’a pas honte d’être
appelé leur Dieu… (Héb. 11:13-16). « Quiconque aura honte de moi et de mes paroles, le Fils
de l’homme aura honte de lui quand il viendra dans sa gloire ». « Voici… comme un fils
d’homme… et il avança jusqu’à l’Ancien des jours… Et on lui donna la domination, et
l’honneur, et la royauté » (Dan. 7:13). Mais il vient aussi dans la gloire du Fils de Dieu, la
gloire de son Père et dans la gloire des anges. Les anges le servent Lui qui les créa, car ils ont
été créés pour Lui aussi bien que par Lui, et ainsi ils le glorifient, Lui le Fils de l’homme, lui
rendant la gloire qui lui appartient, car il n’a pas perdu un atome de sa gloire : « Tu… l’as
établi sur les oeuvres de tes mains… » « Que tous les anges de Dieu lui rendent hommage. »
Au Sinaï, il était entouré de cette même gloire : La loi a « été ordonnée par des anges… »
(Gal. 3:19). « Les chars de Dieu sont par vingt mille, par milliers redoublés… » (Ps. 68).

814
9.5 - 9 :26

Nous trouvons maintenant la gloire manifestée sous le triple caractère dont nous venons de
parler (v. 26). Il apparaîtra dans cette gloire, quand il sera manifesté ; et il aura honte de ceux
qui auront eu honte de Lui, parce qu’ils n’auront pas su renoncer à des avantages présents. Je
ne parle pas ici de la maison du Père qui a, cela va sans dire, un autre caractère. Il s’agit ici du
royaume manifesté à la terre, dans sa gloire.

9.6 - 9:28

« Et il arriva… qu’il monta sur une montagne pour prier. » Ce détail ne se trouve pas dans les
autres évangiles. Le Seigneur allait montrer sa gloire à ses disciples, afin de faire connaître sa
puissance et sa venue (voyez 2 Pierre 1:16) ; et d’après les autres évangiles, nous savons
qu’une semaine après cet événement, il monta à Jérusalem où il devait être crucifié. —
« L’apparence de son visage devint tout autre » (v. 29). Un changement complet a lieu ici.
Jésus parle de son « départ » qu’il devait accomplir à Jérusalem, où il aurait dû être couronné,
mais où il va pour être crucifié. À Jérusalem, où cette corne de David devait germer, la racine
de David sera prise, crucifiée, mise à mort par des mains iniques. C’est ici qu’il faut chercher
le centre même de tout le changement qui s’accomplit. « Et voici, deux hommes, qui étaient
Moïse et Élie, parlaient avec Lui. » On peut considérer ce fait sous deux aspects différents.
Nous pouvons l’envisager à un point de vue dispensationnel, Moïse et Élie représentant la loi
et les prophètes. À ce point de vue, Moïse avait une place très particulière, car c’est par lui
que la loi fut donnée ; mais la place d’Élie était presque aussi importante, car bien que les
Juifs fussent dans une position bonne et vraie, ils y avaient failli et en étaient déchus, — aussi
l’on voit Élie s’en retourner à Horeb. Les autres prophètes ne furent jamais appelés à opérer
des miracles ; à part le fait du cadran d’Achaz (És. 38:8), nous n’entendons parler d’aucun
miracle dans Ésaïe, Jérémie, Osée, Habakuk, etc. Ces prophètes, envoyés de Dieu, montraient
que Dieu prenait soin d’Israël ; mais dans tout ce que nous apprenons d’eux, aucun événement
ne ressemble à l’appel qu’Élie adresse à Israël pour le ramener à Dieu. Élie nous apparaît
comme celui qui maintient la loi lorsque le peuple s’en est grossièrement détourné, quoique
tous les prophètes, même jusqu’à Malachie (voyez Mal. 4:4), rappelassent à l’observation de
la loi.

Moïse et Élie disparaissent, et Jésus est laissé seul. La loi avait disparu, la prophétie avait pris
fin : Christ reste seul — et il allait être crucifié. Tout l’édifice bâti par la loi et les prophètes
(non pas le témoignage rendu par eux, mais la loi, en tant que donnée à l’homme, dans la
chair) est renversé, parce que l’homme a fini par tuer le Seigneur venu en chair : tout est fini
désormais. Pierre aurait voulu placer ensemble et comme sur la même ligne le Seigneur et ses
deux compagnons : « Maître, il est bon que nous soyons ici ; et faisons trois tentes : une pour
toi, et une pour Moïse, etc. » Mais à ce moment Moïse et Élie disparaissent, et une voix se fait
entendre de la nuée, disant : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le » (v. 35). C’est
maintenant la justice de Dieu sans loi, en Jésus. La loi n’envoya pas Christ. Quelle loi eût-on
pu imposer à Dieu pour qu’il l’envoyât ? L’amour divin seul pouvait avoir une telle pensée.
La grâce règne « par la justice » (Rom. 5:21). La loi était bonne et parfaite ; mais Christ
dépassait de beaucoup la loi. Moïse et Élie ne devaient donc avoir aucune place avec Lui.
Dieu le Père les fait disparaître quand Pierre désire les associer à Jésus. Ils disparaissent : ce

815
fait est la chose importante pour nous. Chaque parole de la loi et des prophètes est la vérité de
Dieu ; mais « la loi et les prophètes ont été jusqu’à Jean ». Maintenant le Fils de Dieu est le
messager de l’amour du Père et celui qui accomplit la justice divine. Lorsqu’il est là, la voix
dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le » et Jésus est laissé seul.

Remarquez aussi que Moïse et Élie, parlant avec Lui, sont occupés de sa mort. Une chose
occupe le ciel et la terre : Jésus allait subir la croix là même où il aurait dû être Roi. En
pareille circonstance, le ciel et la terre ne pouvaient s’entretenir d’autre chose que de sa mort.
Il en est de même pour. nous : le grand sujet qui doit nous occuper relativement au Messie,
c’est qu’il mourut. Quoiqu’il eût pu détruire tout le mal qui était entré dans le monde, il faut
qu’il meure ; en grâce, cela va sans dire. Tout doit prendre fin dans la mort, parce que la
pensée de la chair n’est pas seulement sous la puissance de Satan, mais inimitié contre Dieu :
c’est pourquoi il faut que le ciel parle.

Sion, le lieu même qu’Il avait choisi, où il avait été et où il sera, le lieu spécial de la faveur de
Dieu, doit être la scène de sa mort. C’est là qu’il est rejeté hors du monde qu’il venait sauver ;
c’est là que Celui en qui toute justice, toute perfection humaine et divine sont concentrées,
doit mourir ; c’est là que toute la nature de l’homme, dans les circonstances les plus
favorables, toute sa méchanceté, en dépit de la publicité, de la patience et de la variété des
voies gouvernementales de Dieu, sont manifestées.

Moïse avait pu s’occuper de l’homme comme tel, et faire jaillir de l’eau du rocher pour le
peuple, en réponse à ses murmures. Le prophète pareillement avait pu dire : « Plaidons
ensemble ». « Fais-moi souvenir, plaidons ensemble. » Mais maintenant c’en est fait de tout
cela. Dieu avait cultivé sa vigne et fait pour elle tout ce qui pouvait être fait. Il restait encore
une chose, — la meilleure, — son Fils. Il l’envoya ; et eux le jetèrent dehors et le tuèrent.
Désormais il ne reste qu’un témoignage au sujet de l’homme : il a « mis à mort le Prince de la
vie », ; il a « renié le Saint et le Juste » (Actes 3:14). Nous n’avons jamais de paix jusqu’à ce
que nous ayons trouvé le pardon par le Christ, à la croix. — Ici apparaît un vrai tableau du
ciel ; mais à toutes les voies intermédiaires de témoignage manque complètement ce que nous
trouvons en Christ sur la croix, parce que la vérité quant à ce que l’homme est réellement leur
fait défaut, vérité qui ne fut mise pleinement en évidence que lorsque l’homme mit « à mort le
Prince de la vie ».

Jésus abandonnant sa position de Messie, prend celle de Fils de l’homme qui doit souffrir,
puis être élevé dans le ciel. Il n’est plus ici le Chef d’Israël sur la terre, mais le Christ céleste,
car il prend sa place dans le ciel quand il est rejeté par l’homme ici-bas ; ce grand fait doit
donner son caractère au chemin de ceux qui le suivent. Ce caractère est double : la réjection
sur la terre, et une place céleste. « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il se renonce soi-
même, et qu’il prenne sa croix chaque jour, et me suive » (v. 23). Le Seigneur montre à ses
disciples que l’appel céleste implique la croix ici-bas : il en fut ainsi pour Lui-même. La place
glorieuse qui Lui est donnée dans le ciel dépendait, dans les conseils de Dieu, de la croix qu’il
porta comme Homme. « Il s’est abaissé lui-même, étant devenu obéissant jusqu’à la mort, et à
la mort de la croix. C’est pourquoi aussi Dieu J’a haut élevé et lui a donné un nom au-dessus
de tout nom … » (Phil. 2:6-11). La croix fut pour Lui le chemin du ciel ; si nous devons avoir
une place dans le ciel, il faut que nous passions par le même chemin. La croix était pour la
destruction du péché et pour la destruction du « moi » dans lequel habite le péché. Il en est de
même pour nous ; c’est pourquoi Jésus dit : « Vous, gardez bien ces paroles que vous avez
entendues, car le Fils de l’homme va être livré entre les mains des hommes » (v. 44). Nous
avons besoin de l’appel céleste afin de recevoir la puissance nécessaire pour prendre et porter

816
la croix ; c’est en même temps dans la mesure selon laquelle nous mourons aux choses d’ici-
bas, que nous réalisons les choses célestes. Lorsque le sang du sacrifice était porté au-dedans
du voile, la victime était menée hors de la porte : nous avons à sortir ainsi « hors du camp,
portant son opprobre » (Héb. 13:11-14) ; si nous saisissons la valeur du sang et que nous
entrions au-dedans du voile, nous prenons place hors du camp où la victime était brûlée ;
tandis que nous sommes en Esprit au-dedans du voile, où le sang a été porté ; nos corps sont
là où le corps de la Victime a été brûlé, c’est-à-dire hors du camp. Le judaïsme plaçait
l’homme dans une position intermédiaire : le Juif n’entrait pas au-dedans du voile, et il ne
sortait pas hors du camp (Héb. 8:10 ; 13:10, 11). Christ allait prendre une autre place où ses
disciples devaient le suivre ; et, pour les fortifier à cet effet, il leur montre la gloire de la
position céleste. « Il prit avec lui Pierre et Jean et Jacques, et… monta sur une montagne pour
prier, etc. » (v. 28). La partie céleste du royaume est représentée ici par Christ, Moïse et Élie ;
— la partie terrestre par les disciples (partie même qui fait allusion à l’Église ici-bas, à sa
position sur la terre). Pierre parle de toute cette scène comme de « la puissance et la venue de
notre Seigneur Jésus Christ » (2 Pierre 1:16). Christ lui-même dans la position d’homme
dépendant, c’est-à-dire priant, prend ses trois disciples avec lui sur une montagne. « Pierre et
ceux qui étaient avec lui étaient accablés de sommeil » ; endormis en présence de la gloire,
comme ils l’ont été à Gethsémané, ils montrent ce que c’est que la nature humaine. Elle est
sans force, dans la souffrance ou dans la gloire, pour fixer son attention sur Christ et sur ses
intérêts.

Moïse et Élie apparaissent dans la même gloire que le Seigneur ; nous sommes les
compagnons de Christ dans la même gloire ; c’est la gloire du royaume dans son caractère
général, non pas, il n’est pas besoin de le dire, la gloire essentielle de Christ. « Comme nous
avons porté l’image de celui qui est poussière, nous porterons aussi l’image du céleste » (1
Cor. 15:49), c’est-à-dire du Fils de Dieu dans la gloire. « Nous savons que, quand il sera
manifesté, nous lui serons semblables, car nous le verrons comme il est » (1 Jean 3:2).
« Quand le Christ qui est notre vie, sera manifesté, alors vous aussi, vous serez manifestés
avec lui en gloire » (Col. 3:4). Notre part n’est pas d’être bénis sous le sceptre de Christ, mais
d’être avec Christ. « Nous apparaîtrons avec lui en gloire », avec lui dans la même gloire.
Nous attendons le Seigneur Jésus Christ des cieux « comme Sauveur, qui transformera le
corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire… » (Phil. 3:20, 21). Nous
serons avec Lui et semblables à Lui ; nous le serons tous, les uns comme les autres, quoiqu’il
doive y avoir différents degrés de gloire pour l’un et pour l’autre, car la mesure de Paul ne
sera pas celle de chacun. Nous parlons ici de la gloire commune, et nous sommes
« prédestinés à être conformes à l’image de son Fils » (Rom. 8:29). « La gloire que tu m’as
donnée, moi, je la leur ai donnée » (Jean 17:22).

Moïse et Élie sont parfaitement à leur aise dans la gloire ; ils s’entretiennent familièrement
avec Jésus ; ils ne Lui présentent pas une requête, ils ne sont pas à ses pieds, quoique cette
place précieuse nous appartienne aussi. Cette partie céleste de la scène est l’image de la
communion de la liberté familière de relation, la même que celle des disciples sur la terre,
quoique plus excellente. Sur la sainte montagne, dans la gloire, les compagnons de Christ
avaient une intelligence plus profonde de ce qui les occupait que les disciples, mais le même
sujet les occupait. Nous apprenons ainsi quel est le genre de relation que nous avons avec
Jésus maintenant, car nous appartenons à la partie céleste du royaume.

Le sujet de l’entretien du Seigneur avec Moïse et Élie n’est pas moins digne de remarque.
C’est une chose toute nouvelle, car Christ aurait dû être Roi. Mais l’homme était pécheur, et il
fallait que le conseil déterminé de Dieu s’accomplît, savoir la rédemption : Jérusalem était la

817
cité royale, et c’est là où il aurait dû être reconnu comme Roi, que son « départ » devait
s’accomplir. Il y avait complète intimité entre Lui et ceux qui parlaient avec Lui du sujet qui
occupait son coeur ; car ils parlaient de sa mort. Plus tard, il dit à ses disciples quelles seraient
pour eux les conséquences de cette mort : il fallait qu’ils se renonçassent eux-mêmes. « Vous,
gardez bien ces paroles que vous avez entendues … » Le grand sujet qui occupait le coeur de
Dieu devait être le même pour nous. Remarquez que c’est la gloire qui nous rend capables de
parler de ce sujet. Nous ne pouvons en parler avant d’avoir la paix avec Dieu par la
connaissance du pardon des péchés. Aussi longtemps qu’un homme ne le connaît pas, il faut
qu’il vienne à Dieu dans sa misère et qu’il le trouve ; mais quand il l’a trouvé, il peut le
contempler et en jouir. En outre, Dieu voyait tout ce qui se passait dans l’âme de Christ quant
à son obéissance jusqu’à la mort. Nous ne cesserons jamais de nous intéresser à ce sujet
glorieux ; quand nous serons auprès du Père dans la gloire, ce sera pour les saints le thème
absorbant. Christ dit lui-même : « À cause de ceci le Père m’aime, c’est que moi je laisse ma
vie, afin … » (Jean 10:17) : combien plus nous, ne l’aimerions-nous pas pour ce même
motif ? Pensez à ce que c’était que d’être occupé avec Christ de sa « mort » ! Pensez à sa
connaissance de ce qu’il allait faire ! Il savait ce qu’était l’homme, ce qu’était le conseil de
Dieu. Il vint pour « réconcilier toutes choses avec elle-même » (Col. 1:20) ; et il accomplit si
effectivement cette oeuvre de la réconciliation que l’oeil de Dieu ne pouvait plus voir que
l’effet de ce sang dans ceux qui étaient lavés par Lui. Le Christ rejeté, un Sauveur ! Ce sujet le
fond de la communion avec Christ lui-même ! Ils « parlaient de sa mort. »

Pierre dit : « Maître, il est bon que nous soyons ici ; et faisons trois tentes » immédiatement il
y eut une voix de la nuée, disant « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le ! » L’effet de ce
que Pierre voit, est de le porter à placer Moïse et Élie sur le même niveau que Christ. Nous
avons parlé de ce sujet plus haut, envisagé à un point de vue dispensationnel, la loi et les
prophètes étant associés avec Christ ; mais, comme nous l’avons dit, on peut considérer la
scène à un autre point de vue, remarquant que ce qui caractérisait le Fils lui était particulier.
Rien ne pouvait être placé sur le même niveau que Lui. C’est pourquoi nous trouvons ici le
témoignage rendu au Fils par le Père : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé… ! » Quand un
homme connaît le Sauveur, quoiqu’il sache qu’il Lui sera semblable quand il sera manifesté et
que tous les saints Lui seront semblables également, Christ a néanmoins la suprématie dans
son coeur. Il est seul béni, en même temps qu’il est l’objet de la foi. Je prends plaisir dans les
saints, mais Christ est le seul objet de ma foi. J’entre dans cette communion avec le Père ; j’ai
les pensées du Père au sujet du Fils et les pensées du Fils au sujet de l’oeuvre ; j’ai
communion avec le Père et avec le Fils. Nous ne pouvons pas avoir communion avec le Père
au sujet de l’oeuvre de la rédemption, parce que le Père n’a pas été fait homme. Remarquez
que le Père ne dit pas : Celui-ci est mon Fils que vous devez adorer et admirer, mais il parle
de ses propres pensées quant au Fils, disant : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ». Pourquoi
« bien-aimé » ? Le voici : « À cause de ceci, le Père m’aime, c’est que moi je laisse ma vie ».
Ainsi je sais que j’ai une même pensée avec le Père, quand je trouve ma joie dans le Fils et
dans Sa mort. Le Père, je le répète, communique ses propres pensées au sujet du Fils, et par la
puissance du Saint Esprit ces pensées sont versées dans mon âme ; comme conséquence, je
sais que celui qui a la vie éternelle ne viendra jamais en jugement (voyez Jean 5:24).

Remarquez aussi comment ils entrent dans la gloire excellente. Une nuée vint, qui les couvrit
de son ombre. La nuée est le « Shechinah », le lieu de la demeure de Dieu, qui avait été donné
au peuple, pour le conduire à travers le désert ; Israël devait marcher ou s’arrêter, selon que la
nuée se levait ou s’arrêtait (voyez Nomb. 9:15-23). La nuée était la présence divine. « Et ils
eurent peur comme ils entraient dans la nuée. » Ils ne sont pas protégés par la nuée comme
Israël l’avait été et comme il le sera plus tard, « car sur toute la gloire il y aura une

818
couverture » (És. 4:5), mais ils entrent dans la nuée ; et y entrer, c’était entrer dans la présence
du Père, maintenant un lieu d’habitation pour nous. C’est de là que la voix du Père se fait
entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé… » ; de là qu’ils apprennent qui était ce Fils. Il
avait été avec eux comme l’un d’eux. Il était le Fils bien-aimé du Père, dans une position
digne d’adoration, mais le compagnon de leurs coeurs. Lui les amenait « au Père », seule
place dans laquelle la rédemption nous introduit, pour ce qui est de notre relation avec Dieu.
Avant qu’un homme connaisse la rédemption et soit amené dans la présence du Père, il ne
peut savoir ce qu’est l’amour du Père ; mais une fois qu’il y est arrivé, il ne peut plus jamais
connaître la fin de cet amour. C’est un genre d’amour que le fils prodigue ne connut pas avant
d’être dans les bras de son père. Il avait des doutes et des craintes en se rendant chez lui ; il
avait des pensées quant aux mercenaires, mais tout cela disparut quand il fut dans la maison
de son père. Cet amour n’est connu que dans la nuée, par l’enseignement du Saint Esprit en
nous, de Dieu en nous. C’est en présence de la gloire, réalisée maintenant par la foi, que nous
connaissons la puissance de la rédemption ; par sa gloire et sa vérité elle efface toutes les
autres relations.

Remarquez quels sont ceux à qui cette gloire est révélée. Ce sont des saints vivants sur la
terre, Pierre, Jacques et Jean ; il en est de même pour nous. Les vérités écrites dans ce livre ne
nous sont pas données pour les connaître dans le ciel. Est-ce que l’amour du Père ne sera
connu que lorsque nous serons dans le ciel ? La rédemption serait-elle connue là seulement ?
La relation de Dieu avec ceux qui étaient sur la terre était-elle moins intime que sa relation
avec ceux qui étaient dans le ciel ? Nullement. La communication de Dieu est adressée à
Pierre, à Jacques et à Jean, non pas à Moïse et à Élie. La voix du Père était pour des hommes
sur la terre. Nous apprenons ici la réjection de l’homme et la grâce qui nous a amenés à avoir
une part dans la gloire.

Dans ce qui suit (v. 37 et suiv.), nous voyons le Seigneur descendant au milieu de la foule de
ce monde ; il ne reste pas sur la montagne. Là nous pouvons écouter et jouir ; mais il faut que
nous descendions de la montagne et que nous passions à travers ce monde. Le Seigneur
descend pour rencontrer trois choses ; une grande foule, la puissance de Satan et l’incrédulité
des disciples. Il ne se tient pas à l’écart, mais il s’approche de la foule. Quelle détresse nous y
trouvons ! Le fils d’un homme qui avait un démon, et le coeur du père plus torturé que le
corps du fils ! Le monde pleurera jusqu’à ce qu’il soit las de pleurer, puis il recommencera
son train.

Nous avons vu plus haut comment le Seigneur était venu dans la manifestation de sa
puissance et avait lié l’homme fort. Les disciples n’ont « pas pu » le faire. Le pouvoir de
Satan reste le même jusqu’à ce jour. Satan n’est pas littéralement jeté dehors ; il reste « le chef
du monde » (Jean 14:30), caractère qu’il a acquis et qu’il n’a pas perdu par le christianisme. Il
sera lié ; son pouvoir sera renversé de fait, et non pas seulement pour la foi (voyez Apoc.
20:1-3, 7-10). La question du droit de Satan devait être vidée. Qu’est-ce que le Seigneur dit de
lui ? « Maintenant est le jugement de ce monde ; maintenant le chef de ce monde sera jeté
dehors » (Jean 12:31). Son droit, c’est : Il sera « jeté dehors » ; mais Christ n’a pas encore
exercé ce pouvoir. C’est pourquoi, dans les épîtres, l’Écriture parle de Satan comme régnant
encore dans ce monde. L’épître aux Éphésiens l’appelle « le chef de l’autorité de l’air…
l’esprit qui opère maintenant dans les fils de la désobéissance ». Plus loin elle parle des
« dominateurs de ces ténèbres … » (Éph. 2:2 ; 6:12). Quand « les puissances du siècle à
venir » seront pleinement manifestées, Satan sera jeté dehors entièrement ; mais la scène que
nous avons ici devant nous, et d’autres, montrent qu’il était alors présent et actif, comme il
l’est encore. Le Seigneur dit : « Jusques à quand serai-je avec vous, etc. ? » Non pas parce que

819
Satan était présent, mais parce que les disciples ne savaient pas user de la puissance qu’Il
avait apportée ici-bas ; c’est là ce qui mettait fin à la dispensation. Il en sera de même de celle
dans laquelle nous nous trouvons. La puissance et la bonté de Dieu amenèrent Christ dans le
monde ; mais l’incapacité de l’homme à croire, pour user de cette puissance, mettra fin à la
dispensation actuelle. Ainsi nous lisons dans l’épître aux Romains, chap. 11:22 : « La bonté
de Dieu envers toi, si tu persévères dans cette bonté ; puisque autrement, toi aussi, tu seras
coupé ». Mais tant que la grâce n’a pas cessé, la porte est ouverte pour que nous trouvions
notre refuge auprès de Christ. Pendant son séjour ici-bas, dès que le père de l’enfant eut
recours à Lui, il chassa le démon. Aussi longtemps que la grâce de Christ est à l’oeuvre, lors
même qu’il ne resterait qu’un seul croyant sur la terre et que tout le reste serait en ruine autour
de lui, le fidèle trouvera la puissance de Christ prête à s’exercer en sa faveur. Il est impossible
que le besoin d’une âme ne soit pas satisfait, car, comme Christ est là, à qui l’on peut aller, on
trouve du secours en Lui. Quelque sombre que soit la dispensation, il y a toujours exactement
de la part de Dieu pour le fidèle la grâce nécessaire pour la position où il se trouve ; non pas
que Dieu veuille que nous fermions nos yeux aux ténèbres qui nous entourent, car si nous ne
prenons pas garde à l’état de ruine au milieu duquel nous sommes, notre conscience est en
mauvais état. Si je demande : « Pourquoi Christ ne resterait-il pas ? » lorsqu’il dit : « Jusques
à quand serai-je avec vous ? », je suis insensible à l’état de choses qui m’entoure mon âme
n’est pas en état de répondre à ce que demande l’amour de Christ pour l’Église ; mais d’autre
part, si je ne sais pas regarder en haut et compter sur la grâce de Christ pour satisfaire à tous
les besoins qui se rattachent à un pareil état de choses, quelque mauvais qu’il soit, je suis sans
force.

9.7 - 9:43 et suiv.

« Et tous furent étonnés de la grandeur de Dieu. » Il est humiliant de voir combien ils étaient
étonnés. Ils ne témoignaient pas d’étonnement quant à la puissance du mal, et ils auraient dû
compter assez sur la puissance de Christ pour être étonnés si cette grande puissance ne s’était
pas exercée. Christ les ramène à la croix : « Vous, gardez bien ces paroles que vous avez
entendues, car le Fils de l’homme va être livré entre les mains des hommes ». Vous auriez dû
être capables de recevoir cette puissance, mais il faut maintenant que vous connaissiez, non
seulement la puissance de Christ, mais la croix d’un Christ rejeté. « Ne vous réjouissez pas de
ce que les esprits vous sont assujettis, mais réjouissez-vous parce que vos noms sont écrits
dans les cieux. » Nous avons plus à nous réjouir d’avoir nos noms écrits dans les cieux, que si
un miracle devait être opéré demain : il y a plus de bénédiction à connaître la croix qu’à jouir
de la puissance qui chassait les démons. Christ eût voulu que les disciples comprissent qu’il
valait bien mieux le reconnaître comme rejeté des hommes que recevoir de Lui la puissance
dont ils venaient de voir les effets. Chers amis, vous ne pensez pas à ce que Dieu fait dans ce
moment, si vous ne voyez qu’il ne s’agit pas maintenant de puissance sur la terre, mais de
réjection.

9.8 - 9:46

« Et il s’éleva au milieu d’eux une question, à savoir lequel d’entre eux serait le plus grand. »
Quelle révélation dans ce fait et comme l’égoïsme pénètre tout ! Quand Jésus mange la
dernière pâque avec eux et institue la cène avant de souffrir, les disciples font de même : ce

820
détail nous est fourni par Luc, dont l’évangile met en évidence tant de choses relativement à
ce qu’est l’homme.

Nous voyons donc, dans ce qui précède, qu’il nous faut descendre de la montagne, — non
pour être sans Jésus, mais pour apprendre ce qu’est l’homme.

Il n’est pas nécessaire, comme disent quelques-uns, de descendre de la montagne, de peur de


s’y enorgueillir, car, sur la montagne, nous ne nous enorgueillirons jamais. Comme Pierre,
nous pouvons y être effrayés mais on ne s’enorgueillit pas en présence de Dieu. C’est quand
nous sortons de cette présence que nous sommes en danger. Paul ne s’élevait pas outre mesure
quand il se trouvait dans le troisième ciel ; mais après en être descendu, il eut besoin d’une
écharde en la chair, afin qu’il ne s’élevât pas (2 Cor. 12).

Il y a en outre, pour nous, une nécessité historique à passer par ce monde ; mais Jésus était
tout autant avec ses disciples quand ils descendirent de la montagne, que lorsqu’ils y étaient ;
c’est là notre consolation et notre encouragement. Ne pensons pas un instant que nous ayons
perdu Christ. Nous avons à le servir, à marcher avec Lui, à apprendre de Lui, à discerner sa
patiente grâce envers nous dans toutes les circonstances et tout le long de notre chemin. Que
le Seigneur, pendant que nous traversons ce monde, nous donne de connaître quel Christ nous
avons, et de garder nos coeurs purs du monde qui nous entoure, en sorte que, soit que nous
ayons un avant-goût de la gloire ou que nous traversions la foule, il soit notre tout, comme il
est tout de la part de Dieu pour nous.

9.9 - 9 :47 et suiv.

Le Seigneur (v. 47 et suiv.) enseigne maintenant à ses disciples la place qu’il leur convient de
prendre sur la terre. Ils ne sont pas appelés à Lui être associés comme Messie dans une gloire
terrestre ; la gloire du ciel, ils ne la posséderont qu’à la fin ; en attendant, ils ont à prendre
place avec Lui dans sa réjection. Ils étaient ainsi mis à l’épreuve, car dans ce chemin ils
avaient à abandonner des choses très bonnes en elles-mêmes : ils devaient haïr père, mère,
femme, etc., ne tenant pas compte de toutes ces relations terrestres qui avaient des droits sur
eux comme Juifs : « Honore ton père et ta mère ». Toutes ces relations, quelque bonnes
qu’elles fussent, ne pouvaient pas subsister à côté de la croix. Il fallait que tout fût sacrifié,
que tout ce qui liait l’homme avec la terre fût entièrement rompu pour la foi, lorsque Christ
était rejeté. Le caractère du monde a été pleinement manifesté en ce qu’il a rejeté Christ ; ses
oeuvres étaient mauvaises, et il a rejeté la lumière. L’incarnation qui aurait dû être le point de
départ de la bénédiction de l’homme est rejetée ; Christ accomplit la rédemption par sa
réjection sur la terre, et il a une place dans le ciel. Ce fait change le caractère de toutes
choses ; il introduit le jugement de la chair, ce qui n’aurait jamais eu lieu si Christ avait été
couronné sur la terre. Mais il a été « livré entre les mains des hommes… » Celui dont le nom
même apportait la puissance et l’autorité a dû être livré. Si Christ avait eu sur la terre la place
qui lui appartenait, le coeur de l’homme n’eût jamais été mis à l’épreuve, et cela parce que, si
les hommes avaient vu manifestées ici-bas toute la dignité et la gloire qui Lui appartenaient,
la grandeur de cette gloire eût flatté leur chair. Mais la chair ne peut hériter du ciel ; et quelle
place a-t-elle à la croix ? La croix et le ciel sont merveilleusement associés ; et pour la chair, il
n’y a de place ni à l’une ni dans l’autre. Il y avait une séparation complète entre l’homme et
Dieu, et les hommes ont crucifié Celui qui y aurait porté remède. Aucune pensée charnelle ne
pouvait s’accorder avec un pareil acte. Les disciples disputaient entre eux lequel serait le plus

821
grand, — non pas le plus grand dans le monde, mais le plus grand dans la gloire. C’était le
« moi » après tout. Ils n’ont pas besoin d’en dire beaucoup ; mais leurs pensées sont jugées.
Dans la lumière, tout est jugé. Jacob, dès que Dieu lui dit d’aller à Béthel, se tourne
immédiatement vers sa famille et vers tous ceux qui étaient avec lui, disant : « Ôtez les dieux
étrangers qui sont au milieu de vous » (Gen. 35:1-3). Pourquoi ? Parce que tout est mis à
découvert dans la présence de Dieu. Jacob a pu recevoir la bénédiction avant d’aller à Béthel ;
mais quand il se trouve devant Dieu, les idoles sont jugées. Délivré des idoles, il appelle Dieu
« El-Béthel », le Dieu de Béthel. Les disciples raisonnaient entre eux lequel serait le plus
grand ; Christ, voyant leur pensée, « prit un petit enfant, et le plaça auprès de lui, etc. ». Nous
apprenons ainsi quelle est notre place : nous devrions rechercher la dernière place, bien
qu’elle ne puisse jamais être notre part, parce que Christ l’a prise. Il s’abaissa sous le péché,.
sous la colère, sous la mort, en prenant la place la plus basse, parce qu’il était le Serviteur de
tous. C’est la place vraiment bénie pour nous ; mais comme elle juge le « moi » ! La croix
juge non seulement les idoles, mais le « moi ».

C’est une grande bénédiction d’en avoir fini avec le « moi ». Quand il n’y a place que pour
Dieu, nous pouvons être pleins de joie et de bonheur. Nous ne sommes pas humbles en étant
occupés de notre néant ou de notre méchanceté, mais nous sommes humbles quand nous ne
pensons pas du tout à nous-mêmes. Lorsque nous apprenons notre néant et notre iniquité,
nous sommes humiliés ; si nous nous égarons loin du Seigneur, il nous faut être ramenés, et
c’est là une opération humiliante. Nous devons juger la chair en nous-mêmes. La juger dans
un autre n’est pas difficile ; ce qui nous manque, c’est de la juger en nous.

9.10 - 9:49 et suiv.

Tout se dessine ; le moment est venu : « Celui qui n’est pas contre vous est pour vous ». Le
Seigneur a parfaitement conscience de son entière réjection par l’homme ; si parfaitement
qu’il dit que celui qui n’était pas contre eux était pour eux. Christ était parfait ; c’est pourquoi
il était une pierre de touche parfaite pour les consciences des hommes ; et nous le serons aussi
dans la mesure où Lui sera manifesté en nous. Paul pouvait dire : Si notre évangile « est voilé,
il est voilé en ceux qui périssent… » (2 Cor. 4:3). Comment se fait-il que Paul puisse parler
ainsi ? Parce que l’Évangile se répandait par lui aussi pur qu’il l’avait reçu. Jean dit : « Nous
le lui avons défendu, parce qu’il ne te suit pas avec nous ». C’est le résumé de tout : les
disciples pensaient à eux-mêmes, non à Christ. Ils étaient occupés de leur propre importance,
non de la gloire de Christ. S’ils avaient pensé à sa grandeur, ils se seraient réjouis de voir
l’effet de son nom — car cet homme chassait les démons en son nom -et comment son
pouvoir était exercé par l’homme. Mais non ; ils sont occupés d’eux autant que du Messie.
Même Jean faisait servir ainsi le nom de Christ à rehausser sa propre importance. N’y a-t-il
pas chez nous quelque chose de semblable, une satisfaction dans ce qui élève le moi aussi
bien que Christ, au lieu que nous cherchions la gloire de Christ seul ? Le Seigneur répond à
Jean comme étant déjà absolument rejeté, anticipant ainsi l’heure qui approchait : « Celui qui
n’est pas contre vous est pour vous ». L’égoïsme même de Jean met en évidence la grâce de
Christ : Si vous trouvez quelqu’un qui sache user de la puissance de mon nom, réjouissez-
vous-en !

9.11 - 9:51 et suiv.

822
« Il ne se peut qu’un prophète périsse hors de Jérusalem » (Luc 13:33). Je vais recevoir une
part dans le ciel, et vous aurez la même part ; mais, pour l’obtenir, il faut passer par la
réjection ici-bas. « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il se renonce soi-même, et qu’il
prenne sa croix chaque jour, et me suive. »

« Or il arriva, comme les jours de son assomption s’accomplissaient, qu’il dressa sa face
résolument pour aller à Jérusalem. » « J’ai dressé ma face comme un caillou », dit Ésaïe
(chap. 50:7). Jésus accomplissait ici la volonté de son Père, comme dans toute sa carrière. La
rédemption dut être accomplie par la croix. Il a « appris l’obéissance par les choses qu’il a
souffertes » (Héb. 5:8). Cette obéissance est la même qu’au commencement lorsqu’il venait
au milieu d’Israël, disant : « Bienheureux, vous pauvres, etc. » ; elle est plus douloureuse, et
sans doute Christ sentait la différence ; néanmoins il poursuit son chemin dans le même esprit
et avec la même ferme résolution. « N’y a-t-il pas douze heures au jour ? Si quelqu’un marche
de jour, il ne bronche pas… » (Jean 11:9). Il avait trouvé « sa viande » à faire la volonté de
Celui qui l’avait envoyé (Jean 4:34), et Il y avait de la joie ; mais dans la coupe de la colère
qu’il allait boire maintenant, il n’avait point de joie. Il avait rencontré tantôt le mépris, tantôt
il avait été frappé ; il avait été rejeté du commencement à la fin ; mais il n’avait rien rencontré
qui fût pareil à cette coupe ; c’est pourquoi il s’écria : « S’il est possible, que cette coupe
passe loin de moi ». Christ démontrait là sa perfection, car il sentait ce que c’était que d’être
« fait péché ». Sa nature sainte reculait devant cette coupe ; toutefois il persévéra dans la
même obéissance paisible, ferme et patiente, car « il dressa sa face résolument pour aller à
Jérusalem ». Il connaît la volonté de son Père et la fait ; il tourne sa face vers le lieu où la
volonté de son Père devait s’accomplir, ne regardant ni d’un côté ni de l’autre, mais là, vers
Jérusalem.

Nous aussi, selon la mesure dans laquelle notre oeil sera simple, nous suivrons le même
sentier, marchant résolument vers la croix avec un seul but ; et dans la même proportion nous
rencontrerons l’opposition de ceux qui ne dressent pas ainsi leur face. Mais le Seigneur dit :
« Si quelqu’un me sert, qu’il me suive » (Jean 12:26). Paul s’appliquait à servir chaque jour,
mais nous trouvons que le Saint Esprit lui avait défendu d’aller en Bithynie ou en Troade ; et
cependant, nous lisons que deux ans après, « tous ceux qui demeuraient en Asie ouïrent la
parole du Seigneur » (Actes 19:10). Il fallait que l’oeuvre de Dieu fût accomplie, mais au
temps de Dieu et selon son co mandement. Son serviteur n’avait qu’à suivre dans l’obéissance
le chemin qu’il lui traçait : il en avait été de même de Moïse. On aurait pu dire : Pourquoi ne
pas rester à la cour du Pharaon au lieu de l’abandonner, afin que ceux qui y étaient fussent
convertis ? La chair ne peut comprendre ce à quoi la foi conduit. Ensuite, il sort plein de zèle,
mais l’énergie naturelle intervenant, il n’y a pas de délivrance ; il faut que Moïse aille comme
berger quarante ans au désert pour être brisé et réduit à néant. Quelle était la part d’Israël
pendant tout ce temps ? Sa part était d’attendre. Quand Moïse revient pour les servir, la chair
reparaît encore ici d’une autre manière. « Ah, Seigneur ! je ne suis pas un homme éloquent,
— ni d’hier, ni d’avant-hier… » (Ex. 4:10). Alors Dieu envoie Aaron avec lui, et l’oeuvre est
faite dans la puissance de Dieu.

9.12 - 9:52 et suiv.

« Et il envoya devant sa face des messagers. Et s’en étant allés, ils entrèrent dans un village de
Samaritains … ; et ils ne le reçurent point, parce que sa face était tournée vers Jérusalem ».
Son obéissance même, la simplicité de son oeil, qui le conduisent à faire la volonté de Dieu,

823
sans rien qui la rende attrayante ou qui lui procure de l’honneur et de la réputation, sont la
raison pour laquelle les Samaritains ne veulent pas avoir à faire avec Jésus. Remarquez
l’opposition religieuse des disciples qui s’élèvent contre les Samaritains. Ceux-ci ne voulaient
pas se soumettre aux voies de Dieu. Christ s’y soumet : c’est là la différence entre eux et Lui ;
et les disciples demandaient que le feu descendît du ciel, comme avait fait Élie, et au lieu
même où Élie fit le miracle. Dans leurs raisonnements charnels ils pensent que Christ est aussi
digne qu’Élie de faire descendre le feu du ciel. C’est un autre genre du « moi » plus subtil que
l’autre, revêtant l’apparence du zèle pour Christ ; mais les disciples ne comprenaient pas le
zèle de Christ ; il n’était pas venu pour juger, ni pour détruire la vie des hommes, mais pour
souffrir lui-même pour eux. S’ils avaient compris les pensées de Dieu, ils se fussent soumis
paisiblement. Pierre non plus ne comprenait pas la pensée du Seigneur quand il tira son épée
et qu’il en frappa le serviteur du souverain sacrificateur. Tous les miracles d’Élie sont
caractérisés par l’esprit de jugement, à l’opposé du service d’Élisée, qui avait reçu sa mission
du ciel. Le témoignage d’Élie était un témoignage de jugement et de justice semblable à celui
de Jean-Baptiste qui vint dans l’esprit et la puissance d’Élie, disant : Tout arbre qui ne produit
pas de bon fruit est coupé et jeté au feu, et déjà même la cognée est mise à la racine des
arbres. Élisée, au contraire, avait la puissance qui communique la vie ; il était un type de la
grâce. Élie passa à travers le Jourdain (type de la mort) ; tandis qu’Élisée vient de l’autre côté
du Jourdain, en résurrection.

9.13 - 9:56

« Et ils s’en allèrent à un autre village. » Ce n’est pas une chose agréable que d’être foulé aux
pieds ; Christ le fut. Notre part est de faire le bien, de souffrir en le faisant, et de l’endurer
patiemment. Est-ce là tout ? Oui, et cela est agréable et digne de louange devant Dieu. Christ
vint pour souffrir, pour endurer toutes choses pour l’amour de Dieu et des siens ; et il n’aurait
pas fait cela s’il avait fait descendre le feu du ciel sur les Samaritains. Nous sommes appelés à
suivre Christ en portant le témoignage de l’amour de Dieu dans toute notre marche au travers
de ce monde. Le monde en a besoin. Nous ne devons rien rechercher pour nous-mêmes, mais
avoir Christ pour objet.

Dans la dernière partie du chapitre, le Seigneur continue à montrer comment les liens avec le
monde doivent être rompus.

9.14 - 9:57 et 58

« Un certain homme lui dit : Seigneur, je te suivrai où que tu ailles. » Christ met cet homme à
l’épreuve : Tu ne peux pas me suivre si tu n’as pas fait ton compte d’être associé à Celui qui
n’a pas où reposer sa tête ; mieux vaudrait aller aux oiseaux de l’air pour trouver un nid, ou
aux renards pour trouver une tanière, qu’au Fils de l’homme pour avoir un chez-soi dans ce
monde. Il ne fallait pas venir à Lui maintenant comme à Celui qui avait les promesses, mais
comme à Celui dont le sort était d’être entièrement et absolument rejeté. Le suivre ne pouvait
s’allier avec les aises et le confort icibas : il devait être livré entre les mains des hommes. Il en
est de même à sa naissance : l’hôtellerie était pleine, mais pour Lui il n’y avait point de place ;
et si quelqu’un avait besoin de Lui et le recherchait, Lui, que célèbrent les anges, il lui fallait
aller à la crèche.

824
9.15 - 9:59

« Et il dit à un autre : Suis-moi. » L’homme dont il est question plus haut avait besoin de
quelque chose en outre de Christ ; ici, quand Jésus dit : « Suis-moi », une difficulté s’élève
immédiatement. C’est lorsque le Seigneur appelle quelqu’un que les difficultés se font sentir.
Celui qui disait, sans l’appel de Christ : « Seigneur, je te suivrai où que tu ailles », n’avait pas
le sentiment de ces difficultés ; mais celui qui était appelé dit : « Permets-moi d’aller
premièrement ensevelir mon père ». Il veut le suivre, mais un lien qu’il sent le retient. Jésus
dit : « Laisse les morts ensevelir leurs morts » ; laisse-les, il faut que tu les abandonnes pour
me suivre. Vous pouvez penser que les choses de la terre n’ont pas de puissance sur vous ;
mais essayez ce que c’est que de les avoir, et vous apprendrez l’étendue de leur pouvoir. Un
homme retenu par une corde s’en va aussi loin que va la corde, mais arrivé au bout il est
arrêté. Un père avait les premiers droits selon la nature, particulièrement pour un Juif, mais
Christ dit : Je t’appelle dehors dans la puissance de la vie ; je fais valoir mes droits sur la vie
que je t’ai donnée ; ils rompent toute chaîne ici-bas. Il s’agit d’une vie au milieu de la mort.
Ce mot « premièrement », dans la réponse de celui qui est appelé, manifeste quelque chose
qui va avant Christ : Il y a quelque chose que moi je place avant ton appel. La mort était
entrée, et le motif même que l’homme mettait en avant disait à Christ que les hommes étaient
tous sous la mort. Il était parfaitement bon et juste que l’homme ensevelît son père ; mais
quand la vie est venue et qu’il s’agit de rédemption, d’être perdu ou sauvé, il faut se rendre à
ce fait. À la lumière divine de la croix, Christ voyait tous les hommes morts ; c’est pourquoi il
dit : « Laisse les morts ensevelir leurs morts ». L’unique et seule chose à faire maintenant,
c’est de suivre Christ : il s’agit de mort dans le monde ou de vie en Christ. Où se trouvent nos
affections ?

9.16 - 9:61

Un autre aussi lui dit : « Je te suivrai, Seigneur ; mais permets-moi de prendre premièrement
congé de ceux qui sont dans ma maison ». Dans le cas précédent, l’homme avait dit : Lorsque
mes premières affections seront satisfaites, je viendrai et te suivrai. Il n’y a rien de bon là ; et
le Seigneur répond : « Laisse les morts ensevelir leurs morts ». Mais ici l’homme n’avait pas
rompu de coeur avec ceux qu’il avait laissés dans sa maison ; il sentait qu’il fallait les quitter
et cependant son coeur restait en arrière. Jésus lui dit : « Nul qui a mis la main à la charrue et
qui regarde en arrière n’est propre pour le royaume de Dieu ». « Souvenez-vous de la femme
de Lot ». L’homme « incertain dans ses pensées » est « inconstant dans toutes ses voies ». Si
Christ n’est pas le premier et le dernier, il sera toujours le dernier, car, dans ce cas, la foi n’est
pas en activité. La question est si nous marchons comme des gens qui comprennent ce que la
croix nous dit. La croix soulève le voile et montre le squelette de ce monde ; et quand je vois
cette sentence écrite sur tout ce qui est dans le monde, sur le « moi » aussi bien que sur les
choses extérieures et sur mes liens d’affection avec elles, j’apprends qu’il faut renoncer à tout,
mais Christ lui-même et l’amour qui est en Lui sont là pour faire face à la difficulté. La croix
juge et doit juger le « moi » ; elle manifeste aussi la volonté, car il y a beaucoup de volonté
dans cette crainte de la croix. On parle des droits des affections, mais ce ne sont pas en réalité
seulement les affections de famille ; c’est la volonté qui lie au « moi » qui se fait sentir. Les
affections naturelles sont très bonnes ; l’absence de ces affections sera même un signe des
derniers jours fâcheux (2 Tim. 3:3) ; mais si vous avez le pouvoir de vous juger vous-mêmes,

825
vous découvrirez que le secret de plus d’une de vos excuses est, en fin de compte, dans votre
volonté : ainsi pour l’affliction, les séparations, etc. Ce n’est pas l’affection qui est touchée,
mais la volonté. Il y a de la douceur dans la douleur aussi longtemps que nous y réalisons
Christ, et l’affection seule souffre. Mais si la volonté est en question, il y a rébellion,
résistance, lutte, et il faut que le Seigneur juge tout cela, car tout ce qui est la chair et le moi
ne peut jamais suivre Christ. Quels merveilleux détails dans ce que nous lisons ici ! Dieu
passe dans nos coeurs et en considère les coins et les recoins. Pourquoi ? À cause de
l’invariable et constante fermeté de son amour. Comme un père aime son enfant quand il n’est
pas sage comme lorsqu’il se conduit bien, notre Dieu prend de la peine avec nous tous, alors
même que nous sommes si méchants.

L’effet de tout cela n’est pas seulement de nous rendre pratiquement justes, mais heureux,
« imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants » (Éph. 5:1). Il faut que nous sachions,
d’une part, nous juger, découvrir ce qui est en nous, d’autre part, voir la plénitude de la grâce
divine en Christ.

Que le Seigneur nous donne de sentir toujours plus que l’amitié du monde est inimitié contre
Dieu (Jacq. 4:4), et que l’énergie de la chair ne peut pas faire l’oeuvre de Dieu, en sorte que
nous apprenions à travailler comme de la part de Dieu, pour Dieu, et avec Lui !

10 - Chapitre 10
Le sujet qui nous a occupé dans le chapitre précédent se retrouve ici, lié au changement qui a
eu lieu dans la position du Seigneur lui-même au milieu d’Israël et des hommes. Il ne fallait
plus désormais regarder au Messie sur la terre, mais au Christ céleste. L’importance
extraordinaire attachée à ce moment met en évidence un autre trait : le dernier témoignage
étant adressé à Israël, ceux qui l’avaient entendu et rejeté seraient dans une condition plus
terrible au jour du jugement que Tyr et que Sidon. Ces villes-là se seraient repenties si elles
avaient eu la vérité que vous avez ; mais vous ne vous êtes pas repentis ! La bénédiction
maintenant était la présence du Seigneur ici-bas ; Lui était si glorieux et excellent, que
l’entendre était la source première de la bénédiction. Tout dépendait pour chacun d’une seule
chose : le recevoir ou le rejeter, Lui. La mission des soixante-dix avait sa source dans la même
patiente grâce qui avait envoyé précédemment les douze : s’ils n’étaient pas reçus, ils devaient
secouer la poussière de leurs pieds… Dieu ne s’arrête jamais, quelle que soit l’iniquité de
l’homme, avant d’avoir achevé son oeuvre. Sa grâce ne faillit jamais. Christ regarde à la
puissance de la grâce en Dieu plus qu’à l’iniquité des hommes ; et il poursuit patiemment sa
course, disant : « La moisson est grande », quoiqu’il sût bien tout ce qui l’environnait. Il
n’avait pas besoin comme Élie qu’on lui rappelât les 7000 connus de Dieu, qui n’avaient pas
fléchi le genou devant Baal. Il était entré par la porte, et avait passé à travers tout avec Dieu.
Rien ne l’arrête, ni ne l’empêche de rechercher ses brebis dispersées sur les obscures
montagnes. Il met sa vie pour les sauver ; aucune d’elles ne sera perdue.

Pour les rassembler, il poursuivait sa route dans la puissance de la grâce. Paul était rempli de
cet esprit quand il disait : « J’endure tout pour l’amour des élus » (2 Tim. 2:10).

Christ ne souffrit-il pas dans ce chemin ? Voyez-le, fatigué de la route, assis sur la fontaine,
ayant une pauvre pécheresse devant lui, à laquelle il donne l’eau de la vie (Jean 4). Il y trouve
de la viande à manger que ses disciples ne connaissaient pas ; et il dit : Les champs sont
826
blancs « pour la moisson ». Il y avait en Lui autant de fraîcheur, il était aussi heureux dans son
témoignage, assis sur la fontaine, conversant avec cette pauvre femme, que si tout Jérusalem
l’avait reçu, car la fontaine était au-dedans de Lui, « une fontaine d’eau jaillissante » ; et il en
est de même pour nous. Si nous marchons avec Lui, nous serons affligés de toutes manières,
mais non pas réduits à l’étroit ; nous serons dans la perplexité, mais non pas sans ressource ;
nous serons persécutés, mais non pas abandonnés ; abattus, mais ne périssant pas (2 Cor. 4:8,
9). Le témoignage est dans des vases de terre, il est vrai ; mais la source est dans ces vases ;
— les disciples devaient être parfaitement dépendants de Dieu et indépendants de tout le reste.
Ils devaient s’attendre à rencontrer des ennemis : « Allez ; voici, moi je vous envoie comme
des agneaux au milieu des loups ». Vous ne pouvez pas faire d’un agneau un loup qui se
défend lui-même. Pierre prit son épée pour en frapper l’esclave du souverain sacrificateur ;
mais le Seigneur l’arrêta, disant : « Tous ceux qui auront pris l’épée périront par l’épée »
(Matt. 26:52). C’est une chose difficile de tout souffrir sans rien faire, d’être des agneaux au
milieu des loups, des Shadrac, Méshac et Abed-Négo menacés de la fournaise, disant :
« Nebucadnetsar, il n’est pas nécessaire que nous te répondions sur ce sujet… Notre Dieu que
nous servons peut nous délivrer de la fournaise de feu ardent » (Dan. 3).

« Ne portez ni bourse, ni sac, ni sandales ; et ne saluez personne en chemin » — non pas par
manque de politesse, mais pour ne pas perdre votre temps en cérémonies inutiles, etc.

Quand on est au service de Dieu et au milieu des ennemis de Dieu, il faut que Dieu soit tout.
Il faut que notre coeur soit concentré sur Lui, sachant que le monde a rejeté notre Maître et
nous rejettera si nous Lui sommes fidèles. La foi sait cela, et va en avant, non pas avec une
prudence charnelle et avec une sagesse mondaine, mais sachant que faire et persévérant à le
faire. La foi apporte toujours la paix avec elle (v. 5) ; mais elle produit l’inimitié, — deux
contre trois, et trois contre deux, — parce que quelques-uns veulent recevoir cette paix et que
d’autres n’en veulent pas : cependant la chose qui est apportée est toujours la paix.

« Le royaume de Dieu s’est approché de vous » (v. 9). Il ne s’agit pas seulement de déclarer
que telle ou telle chose est la volonté de Dieu, mais d’annoncer que, quoi que vous fassiez —
que vous le receviez ou le rejetiez — « le royaume de Dieu s’est approché de vous ». Le
monde actuel est caractérisé par le fait qu’il a rejeté le royaume. Le Fils de Dieu, le Roi, venu
dans le monde l’a mis à l’épreuve ; et le monde a dit : Je ne veux pas de Lui. Ce fait n’a pas
perdu maintenant sa solennité, car nous traversons le monde qui a rejeté Christ ; nous lui
apportons un message de paix — d’une paix faite, car le sacrifice a été offert (voyez Éph.
2:11-17 ; 2 Cor. 5:19-21). Il est tout aussi vrai qu’aujourd’hui le témoignage a été rejeté :
« Mais sachez ceci, que le royaume de Dieu s’est approché » (v. 11). La foi amène tout dans
sa propre sphère, n’ayant besoin que de la parole de Dieu. La vue des yeux tend toujours à
obscurcir le jugement de la foi ; et si la foi n’est pas nourrie de la Parole, elle baisse et
s’évanouit, car elle ne peut être nourrie par la vue des choses qui nous entourent. Quand le
Seigneur disait aux Juifs : Votre maison vous est laissée abandonnée, les Juifs ne pouvaient,
dans ce moment-là, en voir tomber les pierres ; mais ils étaient appelés à croire cette parole de
Christ qu’ils entendaient. Le raisonnement naturel est nourri par ce que nous voyons ; mais la
foi est nourrie par ce que Dieu a révélé à l’âme.

« Toi, Capernaüm… tu seras abaissée jusque dans le hadès » (v. 15), aux yeux de Dieu, non
pas aux yeux de l’homme. Aux yeux de l’homme, Capernaüm peut être élevée jusqu’au ciel ;
et ainsi de ce monde ! Qu’est-ce que cela prouve ? Que le monde durera aussi longtemps que
Dieu le permettra, mais que sa parole s’accomplira : « La terre et les oeuvres qui sont en elle
seront brûlées entièrement » (2 Pierre 3:10). Il n’y a rien de stable ici-bas. Quand Dieu entrera

827
sur la scène, où seront toutes ces choses ? — quoiqu’il y ait des moqueurs qui disent : « Où
est la promesse de sa venue ? » (2 Pierre 3:3, 4).

10.1 - 10:16

« Celui qui vous écoute, m’écoute. » C’est ici qu’est la ressource de la foi. En écoutant la
parole du disciple, j’entends Christ lui-même. C’est la foi. Je sais que ce que j’entends doit
être vrai, parce que Christ l’a dit. Tout peut aller de travers, le monde, les Juifs, l’Église, mais
la parole de Dieu, jamais ; elle a été donnée. Elle ne change pas ; car elle a été donnée par
l’inspiration de Dieu, et elle est « utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour
instruire… » (2 Tim. 3:16, 17). L’Église, comme fondement de notre confiance en fait de
témoignage, a failli (quoique nous sachions qu’elle est fondée sur le roc, et que, quant à sa
sûreté, elle ne peut jamais être détruite), mais la parole de Dieu ne faillira pas. Tout ce que
nous voyons tend à affaiblir et à altérer la foi et met à l’épreuve ce que sont les affections de
l’âme, parce que le chemin de la foi ne sera pas ce que j’aime, mais ce que Dieu dit.

10.2 - 10:17-20

« Mais réjouissez-vous parce que vos noms sont écrits dans les cieux. » Cette parole montre
que tout est changé désormais. Les démons peuvent vous être assujettis, mais le Seigneur dit :
Ce n’est pas là la portion dont vous devez vous réjouir ; je manifeste ma puissance d’une autre
manière maintenant.

Cette parole : « Je voyais Satan tombant du ciel comme un éclair », fait allusion au temps où
Satan, « l’accusateur des frères » (Apoc. 12:10), sera précipité sur la terre. Maintenant il est
dans le ciel, non pas en la présence de Dieu, dans la lumière inaccessible, mais devant le trône
du jugement, ce qui est fort différent. La parole de l’Éternel : « As-tu considéré mon serviteur
Job ? » démontre que lorsque d’autres se présentaient devant le trône, Satan aussi s’en
approchait. Les versets 19 et 20 sont en contraste l’un avec l’autre : l’un parle de ce qu’on
peut voir ; l’autre, de ce qui peut être connu seulement de la foi. Les pensées invisibles de
votre coeur sont infiniment plus importantes que ce qui peut être vu : ce qui est invisible est
toujours plus important que ce qui se voit.

L’état de ce monde n’est pas seulement caractérisé par le fait que l’homme est pécheur, mais
par cet autre fait que la puissance du mal y est entrée, Satan s’est emparé de ce monde par le
péché de l’homme. Quand l’Église sera enlevée dans le ciel, Satan sera précipité : « Et il y eut
un combat dans le ciel, etc. » (Apoc. 12:7) ; mais quand Satan sera sur la terre, pendant trois
ans et demi, il poussera l’homme de la terre contre le Seigneur du ciel ; puis le Seigneur
viendra, et le pouvoir de Satan sera ôté ; seulement Satan ne sera pas jeté dans « l’étang de
feu » avant la fin des mille ans, mais il sera jeté dans « l’abîme » (Apoc. 12 ; 20:1-3, 7-10).
C’est là que les démons demandaient au Seigneur de ne point les envoyer, quand ils furent
chassés de l’homme qui avait nom « Légion » (Luc 8:31). Nous retrouvons dans les deux
passages la même expression « l’abîme ». Le Seigneur ne les y envoya pas, parce que le
temps n’était pas encore venu.

828
C’était une grande chose que cette capacité de chasser les démons. La communication du
pouvoir par le Seigneur était plus grande que l’accomplissement des miracles eux-mêmes ;
elle exigeait la puissance divine qui seule pouvait communiquer ce pouvoir à d’autres. Dans le
millénium la puissance du bien et celle du mal ne coexisteront point ; la puissance du mal sera
ôtée : « Le trône d’iniquité… serat-il uni à toi ? » (Ps. 94:20). La fosse sera préparée pour le
méchant. Il faudra que Satan soit jeté dehors ; quand Christ était sur la terre, il se présentait
lui-même, dans la puissance de Dieu, pour lier l’homme fort et piller ses biens. C’était une
chose merveilleuse de rencontrer un homme sous la puissance de Satan, et de jeter Satan
dehors ; une anticipation des « miracles du siècle à venir ». Le « siècle à venir » ne se rapporte
nullement au ciel, mais au temps du renouvellement de cette terre. Jésus déployait alors la
même puissance qu’il exercera pleinement dans le royaume qui vient.

10.3 - 10:19

« Voici, je vous donne l’autorité de marcher sur les serpents et sur les scorpions, et sur toute
la puissance de l’ennemi. » Le Seigneur disait ces choses au moment où il était rejeté. Il savait
ce qui se passait ; et quoiqu’il dît : « paix ! » on ne lui disait pas « paix », à Lui. « Je vous
donne l’autorité… sur toute la puissance de l’ennemi ; — toutefois ne vous réjouissez pas de
ce que les esprits vous sont assujettis, mais réjouissez-vous parce que vos noms sont écrits
dans les cieux » ; c’est la place de l’Église. Lorsque Christ vint et fut manifesté sur la terre,
c’était une immense bénédiction ; mais c’en est une plus grande encore d’être ses
compagnons dans le ciel, et nous le serons quand il viendra nous prendre auprès de Lui ; —
oui, quelle bénédiction d’être avec Lui, et comme Lui, dans la maison du Père ! Nous n’avons
rien à faire avec la terre ; nos noms ne sont pas écrits ici-bas, quoique nous y soyons des rois ;
mais notre lot n’est pas sur la terre : Dieu « nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans
les lieux célestes en Christ » (Éph. 1:3). Nous posséderons l’héritage avec Lui ; mais
l’héritage est au-dessous de nous ; notre espérance est d’être avec Lui au-dessus de l’héritage.
La possession de celui-ci est la conséquence de la place que nous avons avec Lui (Éph. 1).
Nous sommes enfants du Père, pour être « saints et irréprochables devant Lui en amour ».
Maintenant, nous avons notre portion selon les richesses de sa grâce, comme de pauvres
pécheurs qu’il a sauvés, et nous serons « à la gloire de sa grâce » quand nous serons
manifestés dans la position que cette grâce nous a faite. L’héritage vient après. « Mais
réjouissez-vous parce que vos noms sont écrits dans les cieux. » Le Seigneur ne veut pas que
les âmes des siens soient remplies des choses d’ici-bas, mais qu’ils pensent à ce qu’ils ont en
Lui et avec Lui. Deux grands sujets nous sont présentés dans les voies de Dieu, savoir le
gouvernement de ce monde, ce qui est encore prophétique et lié au royaume, puis l’Église en
haut dans le ciel. Quand il est question de l’héritage, il est toujours présenté comme une chose
future ; mais quand il s’agit de la place qui nous a été faite en Christ, elle est toujours
présentée comme étant dans le ciel. Le Seigneur prévoyait que l’établissement présent du
royaume faillirait, et il apportait ce qui est meilleur que quelque royaume que ce soit : et il
s’en réjouissait, car quand il donne de la joie à d’autres, il ne peut pas l’avoir aussi Lui-même.
Quand le brigand sur la croix lui demande de se souvenir de lui dans son royaume, il lui dit :
« Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis ». Il satisfaisait le brigand et il se satisfaisait
aussi lui-même. il voulait pour ses disciples aussi, qu’ils ne se réjouissent pas dans les bonnes
choses d’ici-bas : elles ne sont pas assez bonnes. Ne vous laissez pas troubler par les
mauvaises choses, mais ne vous réjouissez pas dans ce que le monde a de meilleur. « En cette
même heure, Jésus se réjouit en esprit et dit : Je te loue, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre,
… car c’est ce que tu as trouvé bon. » Jésus sentait profondément quelles étaient les

829
circonstances au milieu desquelles il se trouvait, mais son âme puisait à la source, et il voulait
dire qu’il était parfaitement juste que ces orgueilleux vissent qu’ils n’étaient rien, et que ces
pauvres agneaux méprisés obtinssent la gloire. « Oui, Père, car c’est ce que tu as trouvé bon. »
Il faut qu’il supporte le mal, parce que le temps pour le juger n’est pas encore venu. Le mal
suit toujours son cours, et les hommes disent : Où est le Dieu de la terre ? Il faut que nous
supportions cela ; le Seigneur l’a supporté. Il faut que nous apprenions à renoncer à l’espoir
de voir l’état des choses s’améliorer ici-bas. L’âme qui entre dans les pensées et les desseins
de Dieu s’incline devant sa volonté : « Oui, Père ! … »

Maintenant Jésus se retire, si l’on peut dire ainsi, dans la gloire de sa personne. Le Fils est là
pour révéler le Père. Le monde le rejette, et Lui se soumet à voir le royaume rejeté, et met en
évidence, à sa place, la bénédiction céleste ; il parle maintenant de lui-même comme du Fils,
et se réjouit en cela. Le résultat actuel de sa venue, c’est le Fils révélant le Père, cela vaut
mieux que le royaume. Le témoignage brille plus glorieusement, quant à ce qui occupe Dieu,
si je reçois toutes choses avec patience et que je me soumette, au lieu d’être un loup parmi les
loups. Il est extrêmement difficile de se soumettre et de dire : Je ne veux rien être qu’un
agneau. Mais c’est là notre place, car le Seigneur dit : Ne vous vengez pas vous-mêmes, mais
laissez agir la colère. À moi la vengeance ; moi, je rendrai… (Rom. 12:19) ; et « Ne donnez
pas occasion au diable » (Éph. 4:27). Si vous ne laissez pas agir la colère, vous donnerez
occasion au diable. Perdrons-nous quelque chose en demeurant tranquilles et en prenant toutes
choses patiemment ? Non, car il dit : « Toute autorité m’a été donnée dans le ciel et sur la
terre » (Matt. 28:18). Il faut que nous nous soumettions à l’état de choses extérieur et que
nous soyons satisfaits de ce qui est écrit ; sinon, nous ne ferons que nous fatiguer et nous
travailler sans résultat. Puissions-nous nous réjouir et être satisfaits d’avoir nos noms « écrits
dans les cieux » !

10.4 - 10:23, 24

« Et se tournant vers les disciples, il leur dit en particulier… » On ne pouvait jouir de ces
choses que par la foi et le Seigneur voulait que ses disciples fussent heureux, dans la
conscience d’une bénédiction présente.

10.5 - 10:25 et suiv.

Maintenant que le Seigneur a montré le changement dispensationnel qui s’opérait, il s’occupe


aussi du changement moral. Un docteur de la loi vient et demande comment il peut acquérir la
vie éternelle. Jésus le place devant la loi et lui dit : « Fais cela, et tu vivras ». Mais le docteur
est aussitôt arrêté par la simplicité de ces paroles : « Tu aimeras… ton prochain comme toi-
même ». Il n’aime pas son prochain comme lui-même ! Il demande : « Et qui est mon
prochain ? » — « Fais cela, et tu vivras ! » Mais qui aime son prochain comme lui-même ? Le
bon Samaritain ne demande pas qui est son prochain, mais il agit en grâce, sans demander
quel titre le prochain a à son amour. Christ a le droit de faire du bien à celui qui est dans la
misère et le besoin. La grâce consiste à donner, sans que celui à qui l’on donne y ait aucun
titre.

830
Cette grâce et cet amour pensent à tout. Le Samaritain, ému de compassion, s’approcha de
l’homme ; il n’envoya pas quelqu’un d’autre, mais il vint lui-même, banda les plaies du
blessé, y versa de l’huile et du vin, et l’ayant placé sur sa propre bête, le mena dans
l’hôtellerie et eut soin de lui. Il le confie à l’hôte et dit : « Prends soin de lui ; et ce que tu
dépenseras de plus, moi, à mon retour, je te le rendrai ». Quelle beauté dans tous les détails de
l’activité de cet amour qui, découlant du dedans, agit selon ce qui y opère, et non selon des
titres qui donneraient droit à cet amour !

Dans la dernière partie du chapitre 10 (v. 38-42), nous voyons que la grande, la seule chose
nécessaire, était d’écouter la parole de Jésus. C’est pourquoi le Seigneur approuve Marie plus
que Marthe qui, en un certain sens, faisait une très bonne oeuvre. Marthe recevait Jésus dans
sa maison et le servait. Mais il y a quelque chose de meilleur que cela : « Marie a choisi la
bonne part qui ne lui sera pas ôtée ». Jésus voulait que ses paroles entrassent dans le coeur et
y eussent de la puissance. La seule chose qui demeure à jamais, c’est la « parole du
Seigneur » (1 Pierre 1:25). La sagesse de ce monde, le raisonnement de l’homme vont contre
elle ; mais elle est la seule chose qui soit digne qu’on y prête une sérieuse et diligente
attention ; si les chrétiens se mettent à raisonner sur les choses au lieu d’en appeler à la Parole,
ils sont sûrs de déchoir. Ce dont nous avons besoin, c’est que la Parole demeure dans nos
coeurs, c’est d’être assis aux pieds de Christ, pour la comprendre, la garder soigneusement.
Écouter Jésus est la « seule chose » nécessaire ; aucun service, même s’il était rendu à sa
personne dans la chair, même venant de quelqu’un qui l’aimerait et serait aimé de Lui, ne peut
remplacer cela. Les « nombreuses choses » qui occupaient Marthe aboutissent au
désappointement et à la mort, au lieu de conduire à la vie éternelle, comme font les paroles de
Jésus, sortant d’un coeur brisé pour que le fleuve de la vie en découlât librement. Jésus prenait
plaisir à trouver une oreille attentive à sa parole. Il apportait la vérité aux âmes : « La grâce et
la vérité vinrent par Jésus Christ ». « De sa propre volonté, il nous a engendrés par la parole
de la vérité. » « Vous, vous êtes déjà nets, à cause de la parole que je vous ai dite » (Jean
1:17 ; Jacq. 1:18 ; Jean 15:3). La vérité met tout en ordre ; elle donne à Dieu et à l’homme
leur vraie place, autrement elle ne serait pas la vérité. Le péché, la justice, l’amour ne furent
jamais pleinement manifestés par la loi, mais « la grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ ».
Par Lui, tout était placé moralement dans la lumière parfaite, mais les hommes n’ont pas vu la
lumière, parce qu’ils ne l’ont pas connu, Lui. La Parole est maintenant l’instrument par lequel
la vérité est révélée. La loi était parfaite, parce qu lelle était de Dieu ; mais la loi ne disait pas
ce que l’homme était, bien moins ce que Dieu était ; elle disait ce que l’homme aurait dû être.
Christ, la lumière (Jean 12:35, 46 ; 1:9), vient et dit : Vous êtes tous morts ; mais je puis vous
donner la vie. Sa venue dans le monde manifesta chaque chose exactement telle qu’elle était.
Il vint, la Parole vivante, et révéla Dieu à ceux qui pouvaient voir, — Dieu, non pas d’abord
en rédemption, mais en témoignage. Que valait pour Lui tout le souci que Marthe se donnait
pour le servir, en comparaison d’une âme qui écoutait sa parole 1 Il en est de même du
chrétien maintenant. Quand la parole de Dieu vient seule, sans rien d’autre, elle a le droit
d’avoir de la puissance sur l’âme. Elle fait son chemin par sa propre autorité et par l’attrait de
sa grâce pour le coeur ; et quand elle est reçue, elle donne la vie en Christ. Il n’y a point de
puissance dans un miracle pour vivifier une ame, mais il y a une puissance vivante dans la
Parole. C’est par la Parole qu’une âme peut entrer dans le ciel ; il n’y a pas d’autre voie. Nous
sommes engendrés par la Parole. Sans la Parole, cette oeuvre ne se fera jamais.

Trois choses sont constamment mises en avant, en rapport avec la puissance de la Parole :
d’abord, les paroles qui ont été dites viendront témoigner contre ceux qui, les ayant entendues,
ne les auront pas reçues (Jean 12:47 et suiv.) ; ensuite, malgré les temps fâcheux (2 Tim. 3), la
Parole peut rendre sage à salut par la foi en Jésus Christ ; enfin, quand une âme est vivifiée

831
par la Parole, l’effet moral de celle-ci est de la rendre dépendante et obéissante, de la
sanctifier… « pour l’obéissance » (1 Pierre 1:2), car tel est le caractère du nouvel homme,
tandis que celui du vieil homme est toujours l’indépendance.

11 - Chapitre 11
11.1 - 11:1

Au commencement de ce chapitre, nous voyons encore une fois le Seigneur priant : la prière
est l’expression de la dépendance vis-à-vis de Dieu. Alors les disciples lui demandent de leur
enseigner à prier. Ils n’avaient pas appris à se confier dans le Père comme des enfants qui
s’adressent naturellement à Lui et lui disent tout. On peut n’avoir pas toute la sagesse
nécessaire dans ce qu’on demande, mais on devrait toujours avoir la confiance que donne la
communion par le Saint Esprit. Même Paul n’avait pas toujours l’intelligence de la pensée de
Dieu ; autrement il n’aurait pas demandé que l’écharde dans la chair lui fût ôtée ; mais il n’a
pas craint de faire sa requête. Les disciples qui n’avaient pas la simplicité de coeur pour se
confier au Père ne comprenaient pas leur place d’enfants. Dans cet état, Jésus condescend à
les enseigner, et leur donne la prière que nous trouvons ici. Il leur apprend à prier au sujet des
choses dont son propre coeur était occupé. « Père, glorifie ton nom », telle était l’expression
du grand désir de son coeur ; et il enseigne ses disciples à demander : « Père, que ton nom soit
sanctifié ». Il leur parle en premier lieu de Celui avec lequel ils sont mis en relation, non pas
qu’ils eussent alors la puissance du Saint Esprit leur donnant conscience de leur relation avec
Lui ; ce privilège, ils ne l’ont possédé que depuis le jour de la Pentecôte ; mais il leur apprend
à dire : « Père, que ton nom soit sanctifié ». C’est la perfection, le désir que Dieu soit glorifié,
quoique celui qui prie ne se rende pas compte de ce qui en résultera pour lui. Avec cela, il y
aura dans le coeur le désir de ne pas pécher, et d’autres encore. Cette première demande était
l’expression du désir parfait qui était en Christ lui-même : « Que ton nom soit sanctifié ! »

« Que ton règne vienne. » Le changement des choses muables, faites de main, viendra, afin
que celles qui sont immuables demeurent (voyez Héb. 12:26 et suiv.). Êtes-vous bien sûr que
vous voudriez voir le Seigneur venant dans ce royaume qui implique l’ébranlement de tout ce
qui ne demeurera pas ? Assurément ce désir détacherait votre coeur d’une foule de choses qui
vous lient à ce qui n’appartient pas au royaume à venir. Je peux aimer les choses du royaume,
tout en ayant la conscience que quelque chose me les voile et les tient à distance, en sorte que
je n’en jouis pas librement, bien que je sache qu’Il est « un porte-bannière entre dix mille » et
que « toute sa personne est désirable » (Cant. 5:9-16). Il y a des prières qui sont comme une
plainte de l’âme, et qui tiennent à ce que celle-ci n’a pas la jouissance présente de la vue du
Seigneur dans le sanctuaire, bien qu’elle en ait le souvenir. Nous pouvons avoir l’espérance
de la venue du Seigneur, nous réjouissant d’arriver au bout du désert, parce que c’est un
désert, ou bien nous pouvons soupirer en nous-mêmes, désirant sortir du désert, parce que
Canaan vient après. Si nous ne sommes pas dans ce dernier cas, nous courons le danger de
nous lasser dans notre course, ce qui est toujours mauvais. Nous devrions avoir le caractère de
pèlerins dans l’attente, non pas de pèlerins las ; et nous ne devons pas être las : je ne dis pas
que nous ne le soyons pas, mais nous devrions toujours désirer la venue du Seigneur, parce
qu’Il est précieux. Au chapitre 22, verset 17 de l’Apocalypse, l’Épouse dit : « Viens », en
réponse à ce qu’Il est, car il dit : « Je suis… l’Étoile brillante du matin ». Dieu ne rejette pas le
cri qui monte jusqu’à Lui « des lieux profonds » ; mais il y a une différence entre le cri de
détresse et le cri du désir.
832
« Que ta volonté soit faite… » En Christ sur la terre, il y avait une réponse à toute la volonté
de Dieu, car il faisait toujours les choses qui plaisaient à son Père. Il faisait cette volonté
comme jamais ange n’a pu la faire.

Ensuite, le Seigneur descend jusqu’aux détails de nos besoins journaliers, et en prend


connaissance, car à cet égard aussi nous sommes dépendants : « Donne-nous chaque jour le
pain qu’il nous faut ».

« Remets-nous nos péchés, car nous-mêmes aussi nous remettons… » Il n’est pas question ici
des privilèges proprement dits de l’Église : les désirs exprimés sont parfaits, mais cette
position n’est pas connue. Le Seigneur touche ici à toutes les circonstances d’ici-bas.
L’homme est considéré comme regardant de la terre en haut, comme marchant ici-bas et ayant
besoin que ses pieds soient lavés. Il y a des fautes à pardonner, et on a besoin de l’esprit de
grâce. Aucun péché ne nous est imputé maintenant, car ils ont été entièrement ôtés ; mais cela
me rendra-t-il dur quand d’autres pèchent ? Non ; en considérant la croix où Christ a souffert
pour moi, j’ai la conscience de ma liberté, mais non de l’indifférence pour le péché. Au lieu
de m’endurcir, elle me donne un esprit débonnaire et plein de tendresse.

« Ne nous induis pas en tentation… » On peut se demander pourquoi Dieu nous induirait
jamais en tentation ? — Il faut parfois qu’il nous fasse passer sous une certaine discipline
pour nous apprendre à connaître notre faiblesse. Pierre avait besoin d’être criblé, sinon Jésus
eût pu prier pour lui afin qu’il fût préservé de cette chute ; mais Jésus ne le demande pas.
L’âme désirerait toujours ne pas passer par ce crible. Christ lui-même, quoique la tentation fût
tout autre chose pour Lui, désirait en être délivré lorsqu’il dut porter le péché. Paul pria que
l’écharde fût ôtée ; il ne fut pas élevé dans un quatrième ciel, ce qui n’eût fait qu’aggraver son
état, mais il lui fut donné une « écharde pour la chair », quelque chose qui le rendait
méprisable quand il prêchait, afin qu’il ne s’élevât pas et qu’il fût gardé d’orgueil ; autrement
on eût pu venir lui dire : Il faut que tu sois meilleur que tous les autres, puisque tu as été dans
le troisième ciel. La grâce prenait ainsi soin de lui. Toutefois l’âme désire une chose bonne
quand elle demande à ne pas être induite en tentation, mais à être délivrée du mal.

11.2 - 11:5 et suivants

« Qui sera celui d’entre vous qui, ayant un ami, etc. » Nous avons ici un autre caractère de la
prière qui est de s’attendre patiemment à Dieu. Il y a de la majesté dans la bonté de Dieu, et
cependant il prend connaissance de tous nos besoins, et nous devons attendre sa volonté et son
bon plaisir. Supposez qu’un père dise à son enfant, qui lui demande quelque chose, d’attendre
cinq minutes — l’enfant dira-t-il : Non, je ne puis attendre ; il faut que tu me donnes
immédiatement ce que je t’ai demandé ? Or, tandis que nous attendons, la foi est exercée et la
volonté brisée dans le sentiment du besoin dans lequel nous nous trouvons. Voyez Daniel.
Dieu lui donna un profond sentiment de son identification avec Lui dans ce qu’il faisait ; c’est
pourquoi il le tint en prière trois semaines avant de lui accorder l’objet de sa requête : c’est là
un grand privilège, car c’est avoir communion avec Dieu. Dans le cas qui nous est présenté
ici, l’on trouve un intérêt profond pour l’objet du désir, et l’importunité que ce désir produit
fait obtenir à l’homme ce qu’il cherchait. Il y a une certitude d’exaucement et de bénédiction
de la part de Dieu pour celui qui demande, quoique Dieu puisse tarder.

833
11.3 - 11:9-13

Il s’agit ici de la prière pour le Saint Esprit, que les disciples, bien que croyants, n’avaient pas
encore reçu. En un sens, quelqu’un qui, comme les disciples dans ce temps-là, n’a pas l’Esprit
d’adoption, peut faire cette demande à Dieu. Mais maintenant le Saint Esprit a été donné, en
conséquence de l’ascension de Christ à la droite du Père (Actes 2:33). Il ne pouvait y avoir
d’union avec l’homme Christ sur la terre. C’est comme peuple céleste que nous sommes unis
avec Lui. Christ est resté seul jusqu’à ce que son oeuvre fût accomplie : « À moins que le
grain de blé tombant en terre ne meure, il demeure seul… » (Jean 12:24). Le Saint Esprit était
le sceau de l’oeuvre de Christ, non pas de la prédication de Jean, prêchant la justice. Christ
reçut le Saint Esprit une seconde fois pour l’Église, après l’avoir reçu pour lui-même à son
baptême (Matt. 3:16), mais pour nous quand il monta au ciel après avoir accompli l’oeuvre de
notre salut (Actes 2:33). Les fruits de l’Esprit en nous sont les conséquences de la grâce et de
la justice en Lui, le seul homme juste. Les premiers fruits de l’Esprit en nous sont l’amour, la
joie, la paix ; — ensuite viennent les fruits pratiques vis-à-vis de l’homme : les premiers sont
relatifs à Dieu, — ensuite la patience, la tempérance vis-à-vis des hommes. Le Saint Esprit ne
peut pas être maintenant le sujet de la requête de l’Église comme telle, parce qu’il a été donné,
comme nous le voyons en Actes 2. Nous prions maintenant par l’Esprit Saint (Éph. 6:18), non
pas pour le recevoir. Nous devrions prier pour qu’il agisse davantage en nous et désirer
davantage d’en être remplis, pauvres et étroits de coeur que nous sommes, mais nous pouvons
en être remplis (Éph. 5:18 ; Actes 6:3 ; 7:55). Il ne résulte nullement du fait que nous sommes
« scellés du Saint Esprit », que nous soyons aussi « remplis de l’Esprit ». Si nous l’étions,
nous serions gardés de mauvaises pensées. La présence du Saint Esprit en nous n’ôte pas la
mauvaise nature qui demeurera aussi longtemps que nous serons ici-bas ; mais elle tiendra
cette nature dans l’assujettissement (Rom. 8:12-14 ; Gal. 5:13-25).

11.4 - 11:14 et suivants

Voyez l’affreuse opposition du coeur de l’homme contre le Seigneur ; son état est mis à une
solennelle épreuve : « Celui qui n’est pas avec moi est contre moi ; et celui qui n’assemble
pas avec moi, disperse ». Lorsque Christ est manifesté, c’est pour ou contre Lui que chacun
prend position. Nous avons à lutter contre des ennemis spirituels ; Josué, qui conduisait le
peuple, était la figure de l’Esprit conduisant l’âme à la lutte contre ces ennemis. Ce ne sont
pas les chrétiens, c’est Christ qui est devenu le centre divin. On peut rassembler des chrétiens,
mais si, dans l’esprit de chacun, ce n’est pas Christ qui rassemble, on disperse. Dieu ne
connaît pas d’autre centre d’union que le Seigneur Jésus ; il est lui-même l’objet, et lui seul
peut être le centre. Tout ce qui ne rassemble pas autour de ce centre, pour Lui et de sa part,
disperse. On peut rassembler, mais ne pas assembler « avec moi », c’est disperser. Nous
sommes par notre nature si essentiellement sectaires que nous avons besoin de veiller pour ne
pas tomber dans ce piège. Je ne puis faire de Christ le centre de mes efforts, s’il n’est pas le
centre de mes pensées. C’est beaucoup de dire : Je n’ai pas d’autre objet que Christ, aucune
activité dans mon coeur si ce n’est pour Lui. Il ne faut pas seulement que Christ soit au fond
le principal objet, car il en est ainsi pour tout chrétien, mais encore que toutes les choses qui
tiennent le milieu dans nos coeurs entre le dedans et le dehors soient jugées. À côté de
l’amour pour Christ, notre coeur peut avoir l’amour de la société et d’autres choses ; or, il faut
que nous jugions tout ce qui est entre la racine et ses rejetons.

834
11.5 - 11:27, 28

« Bienheureux est le ventre qui t’a porté, etc. » La femme parle de l’honneur qu’il y avait à
être la mère du Seigneur ; mais la relation la plus étroite avec le Fils de l’homme n’est rien en
comparaison de la fidélité à garder la parole de Dieu. Le monde religieux fait grand cas des
affections naturelles ; mais, quelque justes et bonnes qu’elles soient à leur place, elles ne
peuvent être comparées à la vie de Dieu dans nos âmes. Assurément, c’était une bénédiction
d’être la mère du Seigneur, mais ce n’était qu’une relation naturelle quoique ce fût un
miracle ; la mère du Seigneur ne pouvait la tenir pour peu de chose dans son coeur ;
cependant cette relation restait bien au-dessous de la bénédiction apportée à l’âme que la
Parole amenait à Dieu. Chers amis, si vous avez soin de garder dans vos coeurs la pure parole
de Dieu, vous trouverez qu’elle balaiera toutes les immondices de la chair.

11.6 - 11:29 et suivants

Les foules recherchent un signe ; c’est une autre chose naturelle ; mais le Seigneur dit : « Il ne
lui sera pas donné de signe ». Jonas est un signe ; il prêcha, et les Ninivites se repentirent.
Maintenant ma parole est venue à vous et elle vous met à l’épreuve. « Une reine du midi se
lèvera au jugement, etc. » La parole de Dieu est si parfaitement adaptée aux besoins du coeur
de l’homme, que même les sentiments naturels sont touchés par elle. La Parole est semée dans
le coeur, quoiqu’elle puisse ne point y porter de fruit.

11.7 - 11:33-36

La lumière est là ; mais quel est l’état de l’oeil de l’homme ? Si un homme a les yeux
malades, la lumière le fait souffrir ; telle est la Parole pour celui qui a mauvaise vue, ou dont
l’oeil n’est pas simple. C’est une parole solennelle, que nous lisons ici ; elle pourrait être vraie
d’une personne convertie d’hier seulement : cette personne pourrait être remplie de lumière.
Qu’on soit petit enfant en Christ ou homme fait, il en est de même. Quand Dieu demeure dans
l’âme, elle voit la lumière : « Si quelqu’un marche de jour, il ne bronche pas ». « Lorsque ton
oeil est simple, ton corps tout entier… est plein de lumière, n’ayant aucune partie ténébreuse,
etc. » Une lampe nous fait tout voir autour d’elle ; elle se montre elle-même, et par
conséquent ce qui l’entoure. L’oeil reçoit la lumière, qu’il soit simple ou mauvais ; l’oeil n’est
pas simple ou double, mais simple ou mauvais. Si l’oeil n’a pas Christ pour objet, il a devant
lui quelque objet mauvais. S’il est simple, tout est simple, malgré les difficultés du chemin ; il
en fut ainsi pour Paul. La lampe est placée sur un pied de lampe, afin que tous ceux qui
s’approchent « voient la lumière ».

Il faut que chacun se pose la question s’il voit ou ne voit pas. Christ a fait luire la lumière dans
le monde : Dieu s’est manifesté en Lui ; l’effet en est de nous montrer notre état. Vous dites
peut-être : « Permets-moi d’aller premièrement ensevelir mon père » ; — vous avez donc
quelque chose qui vient avant Christ. Si mon corps n’est pas rempli de lumière, c’est que
quelque chose n’est pas simple dans mon oeil, et n’a pas cédé devant la puissance de Christ,
— une chose à laquelle je n’ai pas renoncé. Vous dites : Je ne vois pas

835
Sans doute ; et vous ne pouvez pas voir, car vous avez quelque autre lumière. De plus, ce que
vous voyez maintenant, vous le perdrez bientôt, si vous ne marchez pas dans la puissance de
ce que vous avez reçu. « Prends donc garde que la lumière qui est en toi ne soit ténèbres. »
Notre façon de juger peut être fausse, parce que notre mesure n’est pas Christ ; et alors la
lumière devient ténèbres ; nous nous égarons et nous errons à l’aventure. Si, au contraire,
notre oeil est rempli de Christ et si nous jugeons toutes choses à cette lumière, en voyant quoi
que ce soit qui ne glorifie pas Christ, nous sentons que cette chose ne peut nous convenir.
Nous sommes peut-être de petits vaisseaux, mais il faut que nous soyons entièrement pour
Christ. Que Dieu nous donne de marcher dans la puissance du Saint Esprit et selon le divin
enseignement du Seigneur Jésus, heureux de le suivre, ne cherchant pas d’autre sentier que
celui dans lequel Lui nous conduit, nos yeux fixés sur Lui seul, en sorte que lorsque d’autres
objets se placent devant nous, nous puissions dire : « Je fais une chose » (Phil. 3:14). Oui,
puissions-nous traverser ce monde étant occupés de Christ, non pas en étudiant le mal pour le
juger, mais « simples quant au mal » (Rom. 16:19).

11.8 - 11:37 et suiv.

Depuis le verset 37, le Seigneur juge les différentes formes que revêtait la religion sans vie
des conducteurs d’Israël. Ce jugement s’exprime de diverses manières ; mais c’est son
jugement, un jugement sans mélange. Le premier motif de condamnation, c’est que l’homme
substitue des lavages et des services extérieurs que la chair peut accomplir, à la pureté de
coeur et à l’esprit d’amour. Quand ces derniers existent, les choses extérieures sont pures.
Ainsi le coeur aime l’argent quand il n’a qu’une forme religieuse, car le « Mammon »
représente le monde ; l’amour des premières places est une autre expression du même fait.
Ensuite (v. 45 et suiv.), les docteurs de la loi reçoivent leur sentence, car ils imposent aux
hommes des fardeaux difficiles à porter, et ne touchent pas eux-mêmes à ces fardeaux d’un
seul de leurs doigts. Peut-être ne voit-on pas d’abord pourquoi ceux qui « bâtissaient les
sépulcres des prophètes » démontraient par là qu’ils approuvaient ceux qui avaient tué les
prophètes ; mais il était de fait que les docteurs de la loi cherchaient en cela leur propre
honneur, au lieu de recevoir le témoignage des prophètes qui les aurait humiliés à cause de la
ruine complète de la nation ; ils ornaient les tombeaux des justes, comme si tout avait été en
ordre. L’esprit du monde animait ces hommes, un esprit qui veut se donner du crédit par la
piété envers les morts et non par la crainte éveillée par la censure du prophète. Mais Dieu,
dans sa sagesse, devait donner une preuve plus grande encore que ces docteurs de la loi ne
prenaient pas plaisir à la parole des prophètes, mais aux oeuvres de leurs pères : « Je leur
enverrai des prophètes et des apôtres », et de nouveau « ils en tueront et en chasseront par des
persécutions ». Les pharisiens étaient des hypocrites, jugés comme tels ; les docteurs de la loi
se servaient de leur familiarité avec les Écritures pour haïr tout vrai témoignage rendu à leur
propre conscience ; moins que tous, ils pouvaient supporter ce qui découvrait leurs péchés ;
c’est pourquoi, dans leur orgueil mêlé de frayeur, ils accaparaient toutes les sources de la
connaissance, sans entrer eux-mêmes, car ce sont les pauvres en esprit, les misérables et ceux
qui sont perdus qui entrent ; mais les docteurs de la loi n’entraient pas, ni ne permettaient
d’entrer à ceux qui l’auraient voulu, de peur de se condamner eux-mêmes et de perdre avec
leur honneur, le caractère qu’ils voulaient se donner.

Les derniers versets du chapitre nous montrent l’invariable conduite de la fausse religion :
n’ayant aucune réponse de vérité morale à l’évidence de tromperie et d’iniquité manifestée
dans leurs voies, ils cherchaient à embarrasser et à faire tomber dans le piège. Convaincus de

836
péché et incapables de vérité, ils auraient voulu rendre vaine la bonté de Dieu en accusant
même Christ d’erreur. C’était de la miséricorde de la part du Seigneur envers d’autres de
s’exprimer nettement quant à ces faux conducteurs : c’est pourquoi il les dénonce sans
ménagement.

12 - Chapitre 12
La partie de cet évangile que nous venons de parcourir (chap. 10 : v. 38 et suiv., et chap. 11)
nous a présenté les deux grands moyens de bénédiction pour l’âme, savoir la Parole, précieux
don de Dieu, et la prière, vrai besoin de l’homme en présence d’un Messie rejeté ; elle nous a
montré en outre le jugement du peuple qui refusait tous les témoignages de Dieu. Dans le
chapitre 12, nous voyons les disciples poursuivre leur témoignage au milieu de l’hypocrisie et
de l’opposition, mais dans la puissance du Saint Esprit. Le Seigneur s’adresse tout
premièrement à eux ; il le fait sans détour et sans crainte devant une grande foule, comme
quelqu’un qui agit dans l’esprit de ce qu’il enseigne. Il les met en garde contre le formalisme
religieux qui consiste dans ce qui pouvait être présenté à l’homme, et il insiste fortement et
explicitement, sur ce qu’il n’y a rien de caché qui ne doive être révélé, ni rien de secret qui ne
doive être connu (v. 1-3).

Mais comme l’écroulement des formes légales et la révélation de la pleine lumière de Dieu
ont eu leur plus complète expression dans la mort de Christ, ainsi les disciples doivent
s’attendre à l’opposition du monde, et être préparés eux-mêmes à souffrir peut-être jusqu’à la
mort. Si le Messie était rejeté et mis à mort, qu’est-ce que ses disciples peuvent attendre sur la
même scène, alors que le pouvoir de Satan n’est pas encore aboli ? De là vient aussi que dans
les chapitres qui nous occupent, c’est la relation de l’âme avec Dieu qui est en question. Il ne
s’agit pas encore ici de l’Église et de ses privilèges ; mais le royaume, dans son application
juive, est mis de côté ; il en résulte que les disciples doivent attendre le retour du Seigneur, et
jusque-là, l’épreuve et la tribulation. La venue du Seigneur a deux aspects : l’un, pour ceux
qui sont en relation avec Lui, et l’autre, pour le monde ; ils sont tous deux relevés ici. Les
disciples devaient se tenir en garde contre l’hypocrisie et se souvenir que Dieu amènerait
nécessairement toutes choses à la lumière : « Mais il n’y a rien de couvert qui ne sera révélé,
ni rien de secret qui ne sera connu. C’est pourquoi toutes les choses que vous avez dites dans
les ténèbres seront entendues dans la lumière, et ce dont vous avez parlé à l’oreille dans les
chambres sera publié sur les toits ».

12.1 - 12:4, 5

Relativement aux dangers qu’ils courraient en marchant dans la lumière, les disciples ne
devaient pas craindre ceux qui tuent le corps, mais Dieu, qui peut jeter dans la géhenne. Jésus
craignait Dieu parfaitement, et il appelait ses amis à ne craindre personne que Lui seul : « Oui,
vous dis-je, craignez celui-là. » Mais de plus (v. 6-8) : pas un seul passereau n’est oublié
devant Dieu, et les cheveux mêmes de votre tête sont tous comptés ; c’est pourquoi ils ne
devaient pas craindre. Notre Dieu a voulu que la foi trouvât son repos dans la certitude qu’il
prend soin de nous dans tous les détails de notre existence.

837
D’autre part, les disciples ne devaient pas se confier en eux-mêmes, en leur propre courage ou
en leur propre sagesse, mais ils devaient confesser Christ. Tel était le résultat en rapport avec
le Fils de l’homme, humilié maintenant, mais bientôt glorifié ; il rendrait en amour, ou en
honte, devant les anges de Dieu, selon qu’il serait confessé ou renié devant les hommes. Il
avait caché sa gloire pour donner cours à la grâce ; il était venu au milieu des hommes et au
milieu du mal, afin que Dieu fût pleinement glorifié dans son humiliation. C’était la patience
de Dieu, car Christ ne réclamait rien. Mais le Saint Esprit devait venir proclamer la gloire de
Dieu, et réclamer la soumission à cette gloire, rendant témoignage de la grâce et démontrant la
gloire dans la puissance qu’il apportait : c’est pourquoi une parole injurieuse contre le Saint
Esprit ne serait pas pardonnée. Il est bien digne de remarque que ce que le Seigneur dit ici, au
verset 10, il le dit à ses disciples pour les consoler et les fortifier dans leur faiblesse. On
parlerait peut-être contre le Fils de l’homme, et l’on serait pourtant pardonné ; mais si le Saint
Esprit, par lequel les disciples parleraient, était blasphémé, il n’y aura point de pardon. Il
parlerait par eux, quel que fût d’ailleurs le pouvoir, ecclésiastique ou civil, qui les ferait
comparaître devant lui.

Tels sont les principes, les avertissements, les motifs et les encouragements que le Seigneur
attachait à une mission qui, rejetée par le judaïsme et en dehors du judaïsme, apportait par la
grâce la lumière dans un monde de péché et de ténèbres.

Le Seigneur, dans les versets 13 et 14, refuse expressément d’agir comme juge en Israël et
montre que la bénédiction juive avait perdu sa place. Il ne s’agissait plus de partager
l’héritage, mais il était question de l’âme dans sa position devant Dieu. Seulement le Seigneur
met en garde contre la folie d’aimer les choses qui deviennent l’occasion de telles
contestations. Il ne s’agit pas maintenant de justice sur la terre : Jésus refuse d’en être
l’administrateur, et met en évidence le principe intérieur du royaume en contraste avec le
monde. C’est pourquoi il avertit les foules de se tenir en garde contre l’avarice, car la vie d’un
homme n’est pas dans ses biens (v. 15) ; et il ajoute à son avertissement une parabole qui
montre le malheureux sort de l’homme riche qui n’était pas riche en Dieu. Quoi qu’il pût dire
à son âme, Dieu lui redemanderait son âme cette nuit même. « Il en est ainsi de celui qui
amasse des trésors pour lui-même » (v. 16-21).

12.2 - 12:22-31

S’il en est ainsi pour le monde, vous qui avez un père — « le Père » — ne soyez pas en souci
pour votre âme ou pour votre corps. La nourriture et le vêtement ne doivent pas être les objets
de votre poursuite ; mais si vous êtes les disciples de Christ, vous devez plutôt vous décharger
sur Lui de votre souci pour ce qui concerne ces choses. Vos pensées devraient suivre un autre
cours, s’élevant au-dessus de la simple idée naturelle de la vie et du corps. Mais le Seigneur
présente maintenant des principes positifs qui devaient agir sur les âmes des disciples comme
croyants. Les choses dont ils avaient besoin étaient des choses accessoires que Dieu
fournissait ; car elles étaient entre ses mains et il en disposait. Dieu prenait soin de choses
bien moindres ; les oiseaux de l’air et les lis des champs leur disaient une leçon qui,
interprétée par Christ, ne manquait pas d’instruction. Si, d’un côté, Dieu prenait soin des plus
petites et des plus faibles de ses créatures, il fallait aussi que les disciples se souvinssent de la
complète inutilité de leurs soucis. Il y avait des choses naturelles à ceux qui ne connaissaient
pas Dieu ; — mais eux ne devaient pas rechercher le manger ou le boire : leur Père savait

838
qu’ils avaient besoin de ces choses : Recherchez le royaume de Dieu, et « ces choses vous
seront données par-dessus ».

12.3 - 12:32-40

Le Seigneur se place maintenant pour eux sur un terrain plus élevé : « Ne crains pas, petit
troupeau, car il a plu à votre Père de vous donner le royaume ». C’est pourquoi faites plutôt
abandon de ce que vous avez comme hommes, et pourvoyez-vous de ce que le Père donne aux
héritiers du royaume. Les disciples devaient se conduire comme des rois appelés à un plus
glorieux héritage et le possédant. Le coeur suit le trésor (v. 34) : faites-vous donc un trésor
dans les cieux, et votre coeur sera là aussi. Ce qui était le grand point, ce n’était pas la valeur
ou le mérite de ce que les disciples donnaient, mais l’effet intérieur qui convenait à leur
position et à leur appel : Dieu n’a pas honte d’être appelé leur Dieu (Héb. 11). De plus (v. 35
et suiv.), ils devaient attendre le Seigneur, et cette attente devait former leur caractère et
s’exprimer continuellement à l’extérieur, comme l’attente habituelle du Seigneur. « Que vos
reins soient ceints et vos lampes allumées », comme si le Seigneur était déjà actuellement en
chemin. « Et Celui qui vient viendra » ; et « bienheureux sont ces esclaves que le maître,
quand il viendra, trouvera veillant. En vérité, je vous dis qu’il se ceindra et les fera mettre à
table, et, s’avançant, il les servira ».

Les disciples étaient maintenant associés au caractère céleste du royaume. Ce monde n’était
rien : ce qu’ils en avaient, ils pouvaient, au lieu de le faire servir à leur égoïsme, en user pour
faire le bien, et avoir leur trésor en haut où rien ne peut se perdre ; ainsi leurs coeurs seraient
gardés dans le ciel et leur caractère serait céleste. En même temps, ils devaient être comme
des serviteurs qui attendent leur seigneur à son retour des noces. La portée générale de l’effet
céleste de l’appel est ici en question : les disciples devaient veiller. Il ne s’agit pas ici de
prophétie, mais de caractère et de position. Il n’y a ni signes, ni circonstances historiques,
comme dans les chapitres 17 et 21, pour des hommes sur la terre ; mais les disciples sont
séparés de la terre pour le ciel. Pour ceux qui attendent ainsi, Jésus est toujours un serviteur :
« Il les fera mettre à table et, s’avançant, il les servira ». Ceint pour le service comme homme,
son oreille étant percée dans la mort, il s’avance, prenant plaisir dans les disciples qui
marchent ainsi ; avec joie il les exempte désormais de leurs épreuves, de leur attente patiente
et de leur service ; il les fait asseoir au festin, et honore ainsi leur fidélité. C’est pourquoi ils
sont laissés dans l’incertitude quant au moment de sa venue, comme aussi l’Église lorsqu’elle
fut formée. L’Église doit toujours être dans l’attente de Christ, ne sachant pas quand il
viendra ; chaque moment est son temps à elle par le désir et le devoir, comme hélas ! il est le
temps du monde pour la négligence. Les Juifs ont un temps ; les jours, les mois, les années,
les computations terrestres sont pour eux, et par conséquent les signes. Pour nous, ce peut être
à la seconde ou à la troisième veille ; bienheureux si seulement nous sommes trouvés
« veillant » !

12.4 - 12:41-48

Pierre soulève la question de l’application de ce qui précède, et la réponse qu’il reçoit du


Seigneur met en évidence quelle sera la part de ceux qui le servent fidèlement : ils seront

839
établis sur tous ses biens, quand il reviendra pour prendre possession de tout son héritage.
Pensée fort encourageante, bien qu’elle ne soit pas la plus élevée

D’un autre côté, la chrétienté apostasie en mettant à l’arrière-plan dans son coeur la venue du
Seigneur. Le grand ressort de l’esprit céleste est ainsi perdu, et avec lui notre vocation et notre
espérance particulières. L’attente du Seigneur détache du monde ; remettre cette attente à plus
tard laisse le serviteur à sa propre volonté. Le Seigneur ne parle pas d’un reniement doctrinal
de cette vérité, mais de quelqu’un qui dit en son coeur : Mon maître tarde à venir ; et de ce qui
en est la conséquence, savoir : la violence envers les compagnons de service et l’association
avec le monde. Mais, quelle que soit l’indépendance avec laquelle il agit, cet esclave a un
seigneur, et ce seigneur viendra quand on ne l’attendra pas, et assignera à ce serviteur sa part
avec les infidèles, quels qu’aient pu être les droits et les privilèges dont il se vantait. De plus,
il y aura dans les détails (v. 47, 48) une juste rétribution ; car il s’agit ici des principes du
service, comme plus haut des principes de la position. L’ignorance du paganisme ne sera
point épargnée ; mais le sort de la chrétienté sera bien plus terrible. Cela est parfaitement
juste, mais combien solennel !

12.5 - 12:49 et suivants

Il y a une autre chose à remarquer ici, savoir le résultat de la venue du Seigneur dans le
monde, quand il parlait. Si l’homme avait été ce qu’il aurait dû être, la paix en serait résultée ;
mais l’homme n’a vu aucune beauté en Christ pour qu’il le désirât, et ainsi l’effet de la venue
du Christ dans le monde fut la haine, non pas la paix, mais l’épée. Plus la relation est intime,
plus les torts sont sensibles. La volonté de l’homme est mise au jour, et elle est entièrement
opposée à Dieu. L’homme ne supporte pas qu’on lui annonce qu’il est sous le jugement de
Dieu. Mais il y a ceci de particulier dans le caractère de la division que produit l’entrée de la
grâce dans une maison, que celui qui est converti dans une famille devient généralement et
tout d’un coup l’esclave des autres. Le cours même de la nature est renversé en pareil cas.
Combien de fois un mari ou un parent perd ainsi son autorité ! Un feu est allumé avant que
Christ revienne l’allumer en jugement. Il n’était pas venu alors pour juger ; mais les hommes
en le rejetant allumaient le feu du jugement.

Voyez maintenant la part du Seigneur : « J’ai à être baptisé d’un baptême ; et combien suis-je
à l’étroit jusqu’à ce qu’il soit accompli ! » Qu’est-ce qui pouvait mettre à l’étroit le coeur du
Seigneur ? L’amour infini de Dieu en Lui était pour ainsi dire retenu. S’il parlait à ses
disciples de sa mort : « Seigneur, Dieu t’en préserve ! » était la réponse qu’il recevait, même
de Pierre. Son coeur se renfermait ainsi douloureusement en lui-même. Mais il poursuivait, en
traversant le monde, son service d’amour vivant, portant ses regards en avant sur le baptême
de sa mort ; et le fait que son coeur était à l’étroit, manifestait la plénitude et la puissance
même de son amour. Jusqu’à ce que ce baptême fût accompli, son coeur ne pouvait pas
s’épanouir, car qui pouvait le comprendre ? Les Juifs disaient : « Voici un mangeur et un
buveur, un ami des publicains et des pécheurs ». Ils étaient enserrés par les murailles du
judaïsme, de manière à ne pas recevoir Celui qui était au milieu d’eux une fontaine jaillissante
de bénédictions. L’amour divin était pour ainsi dire retenu et refoulé dans le coeur de Dieu.
Mais Lui fait face à tout. « Combien suis-je à l’étroit jusqu’à ce qu’il soit accompli ! » Il n’est
plus à l’étroit maintenant, la barrière ayant été brisée dans sa mort.

840
Comment ceux qui l’entouraient auraient-ils pu, comme pécheurs, avoir communion avec
Christ ? La chose était impossible. Lorsqu’il vint pour répondre aux besoins de l’homme, ils
le haïrent et le rejetèrent. Mais à la croix il a ôté le péché, et maintenant la grâce peut se
répandre sans obstacle et sans mesure. « Là où le péché abondait, la grâce a surabondé »
(Rom. 5:20). L’homme n’est pas changé ; mais Dieu peut agir comme il lui plaît, par la
rédemption. L’amour et la gloire de Christ furent manifestés en une mesure avant la
rédemption, car « il ne pouvait être caché » mais, à la croix, toutes les perfections
débordèrent ; et si de Golgotha nous jetons un regard en arrière sur la vie du Sauveur, nous
voyons quel amour, quelle douleur et quelles souffrances l’ont remplie !

12.6 - 12:54-59

Dans les versets 54-59, Jésus s’adresse aux foules sur le principe de la responsabilité
individuelle, en présence d’abord des signes manifestes des voies de Dieu envers le monde,
ensuite en rapport avec leur jugement moral au sujet de ce qui était juste et bon. Le Seigneur
conclut en montrant que Dieu était en chemin avec le peuple juif et que si les Juifs ne
s’accordaient pas avec Lui alors, ils feraient de Lui un juge et porteraient toute la peine de
leurs iniquités. Dans les affaires humaines, en pareil cas, l’homme est assez prudent pour se
mettre d’accord avec sa partie adverse, se sachant en faute et anticipant le jugement. Si les
Juifs ne se soumettaient pas et n’étaient pas réconciliés avec le Seigneur, maintenant qu’il
était en chemin avec eux, ils auraient bientôt affaire avec Lui comme Juge, et ne seraient pas
délivrés de sa main avant d’avoir reçu de Lui le double pour tous leurs péchés.

13 - Chapitre 13
Deux grands sujets ou principes se rapportent à l’homme sur la terre, l’Église de Dieu comme
telle et le gouvernement de Dieu dans le monde : ces deux sujets sont très distincts l’un de
l’autre. Dans l’Église, les richesses de la grâce divine sont manifestées ; les voies
gouvernementales de Dieu nous montrent le déploiement de la justice, de la miséricorde et de
la bonté de Dieu. Nous trouvons un exemple de la puissance gouvernementale de Dieu quant
à Israël au chapitre 34 de l’Exode, versets 5-7. C’est autre chose ici que la souveraine grâce
amenant une âme à la vie éternelle ; il s’agit de « gouvernement », de ces voies que nous
pouvons voir s’accomplir tous les jours autour de nous. Si un homme dissipe sa fortune ou
qu’il ruine sa santé par des excès de manière ou d’autre, les enfants de cet homme en
porteront les conséquences : « Ce qu’un homme sème, cela aussi il le moissonnera » (Gal. 6:7,
8). Les voies de Dieu envers David à l’occasion d’Urie en rendent témoignage : « L’épée ne
s’éloignera pas de ta maison… Tu l’as fait en secret ; et moi, je ferai cette chose-là devant tout
Israël et devant le soleil… Toutefois, comme par cette chose tu as donné occasion aux
ennemis de l’Éternel de blasphémer, le fils qui t’est né mourra certainement » (2 Sam. 11 et
12). Nous savons que ce jugement que Dieu prononça sur le péché de David fut accompli plus
tard historiquement, car ce n’est pas de grâce qu’il s’agit ici, mais de gouvernement. Dieu
s’occupe des siens de la même manière maintenant, savoir en grâce et en gouvernement.

Au chapitre 12 de notre évangile, nous avons pu voir que les Juifs avaient dans l’esprit cette
pensée du « gouvernement » ; et en un sens ils n’avaient pas tort. Ils pensaient que Dieu ne
pouvait pas laisser vivre un grand coupable comme Pilate qui avait mêlé le sang des Galiléens
841
avec leurs sacrifices. Mais Christ les amène à un nouveau principe, d’après lequel ils doivent
juger, et leur dit que le jugement va tomber sur eux-mêmes s’ils ne se repentent : « Croyez-
vous que ces Galiléens fussent plus pécheurs… Non, vous dis-je ; mais si vous ne vous
repentez, vous périrez tous de la même manière ». Le Seigneur parlait du jugement en rapport
avec le gouvernement de ce monde, jugement qui tomberait sur tous ceux qui ne se
repentiraient pas. Le Fils de Dieu était là présent devant eux, et ils le rejetaient pratiquement.
Et de combien de Juifs Titus n’a-t-il pas « mêlé le sang ? » Jésus avait dit aux Juifs, à la fin du
chapitre 12 : « Quand tu vas avec ta partie adverse devant le magistrat, efforce-toi en chemin
d’en être délivré, de peur qu’elle ne te tire devant le juge », parlant ainsi des Juifs qui étaient
en chemin avec Dieu et qui n’échapperaient pas avant que les châtiments du Seigneur sur eux
fussent accomplis. Il s’agit donc ici simplement du gouvernement de Dieu quant à son peuple.
La conscience naturelle eût dû dire à ces Juifs de ne pas rejeter le Messie, car Dieu était tout
le long du chemin en route avec eux vers le juge, usant de grâce et de patience envers eux ; il
eût voulu leur faire comprendre que s’ils ne se repentaient pas et n’étaient pas réconciliés, le
jugement tomberait sur eux, et qu’ils subiraient le sort de ceux qu’ils estimaient de si grands
pécheurs.

13.1 - 13:6-9

Le Seigneur poursuit ici le même courant de pensées. Le figuier, c’est Israël ; Dieu vient,
cherchant du fruit en Israël, et n’en trouvant pas. Dans l’Évangile, au contraire, Dieu, au lieu
de chercher du fruit, sème, afin d’en produire. Il n’a pas trouvé de fruit en Israël ; c’est
pourquoi il prononce la sentence : « Coupe-le ». Non seulement le figuier était inutile, mais il
encombrait la vigne : « Le nom de Dieu est blasphémé à cause de vous parmi les nations »
(Rom. 2:24). Alors vient la mission de Christ : « Enfin, il envoya auprès d’eux son Fils »
(Matt. 21:37). Dieu avait planté une vigne et l’avait émondée, mais elle n’avait pas porté de
fruit. Alors un nouveau cultivateur vient et dit : « Maître, laisse la cette année aussi, jusqu’à
ce que je l’aie déchaussée et que j’y aie mis du fumier ». Il faut qu’elle porte du fruit, ou
qu’elle soit arrachée. Le cultivateur a fait comme il a dit ; et il n’y a toujours pas de fruit.

13.2 - 13:11 et suivants

La femme qui avait un esprit d’infirmité et que Jésus guérit un jour de sabbat met en lumière
une autre chose qui agissait dans les coeurs des Juifs, à la place de la loi, et qui donnait entrée
à l’hypocrisie. Les Juifs détachaient bien un boeuf ou un âne de la crèche un jour de sabbat,
mais ils ne voulaient pas supporter qu’une fille d’Abraham que Satan avait liée depuis dix-
huit ans fût déliée ce jour-là. L’une des infirmités de l’esprit de l’homme, c’est qu’il use de la
vérité qu’il possède pour résister à la vérité révélée. Paul en est un exemple : sans reproche
quant à la justice de la loi, il pensait cependant en lui-même « qu’il fallait faire beaucoup
contre le nom de Jésus le Nazaréen ». Les Juifs dont le Seigneur parle, Jean 16, en sont un
autre exemple : « Ils vous feront ces choses, etc. », usant du nom du seul vrai Dieu qui leur
avait été donné : « L’Éternel, notre Dieu, est un seul Éternel » (Deut. 6:4), pour rejeter le
« Fils » ; car lorsque. Christ vint dans l’humiliation, ils ne voulurent pas le recevoir. On
prétexte l’orthodoxie pour mettre une barrière à la réception de la vérité. Quand une vérité est
le fondement de la position d’un homme, elle lui donne du crédit ; mais quand une vérité
nouvelle se présente, elle met l’âme à l’épreuve. La vérité qui demande de la foi pour être

842
pratiquée trouve de la résistance dans le coeur naturel ; et cela vient d’une racine qui est
l’hypocrisie. Le chef de synagogue dit : « Il y a six jours où il faut travailler ; venez donc ces
jours-là, et soyez guéris, et non pas le jour du sabbat ». Mais il aurait dû savoir que le
Seigneur du sabbat était là, car cette seule parole : « fille d’Abraham », aurait dû lui ouvrir les
yeux et lui montrer devant qui il se trouvait. Le Seigneur lui répondit : « Hypocrites ! » C’est
là une parole solennelle !

13.3 - 13:18

Le Seigneur montre maintenant à quoi ressemblera le royaume, lorsque le roi sera rejeté et
s’en sera allé. Un royaume sans roi !… celui-ci étant assis sur le trône de son Père jusqu’à ce
qu’il vienne pour occuper son propre trône. Le royaume est semblable à une petite graine
jetée dans le sol ; elle lève et devient un grand arbre. C’est précisément ce que nous appelons
« la chrétienté », ce qui remplit l’espace entre la réjection du Roi et son retour. Il n’y a pas
d’exercice du pouvoir tandis que le roi est absent. Marc nous dit : « La semence germa et crût,
sans que l’homme sût comment » (Marc 4:27). Quand la moisson sera mûre, Christ reviendra.
Il sema à sa première venue ; mais il usera de la faucille à sa seconde venue. Il veut et attend
maintenant du fruit céleste ; mais quand il viendra, il trouvera le grand arbre de la chrétienté
et les oiseaux de l’air logeant dans ses branches. Pharaon était un grand arbre (Ézéch. 31) ;
Nébucadnetsar, un plus grand arbre encore (Daniel 4) ; ils étaient l’un et l’autre les grands et
les puissants de la terre, les représentants de la puissance du monde. Israël même qui avait été
planté comme un « cep exquis », et une semence tout à fait bonne, ne portait pas de fruit c’est
pourquoi, comme dit le prophète (Ézéch. 15) « Le bois de la vigne, que vaut-il plus que tout
autre bois », s’il ne porte pas de fruit ? Il n’est bon qu’à être brûlé. Inutile pour tout autre
usage, s’il ne porte pas de fruit, il ne sert que de bois bon pour le feu.

13.4 - 13:21

Ici, le royaume est semblable à du levain qu’une femme prit, etc ; le levain est ce qui pénètre
toute la pâte et donne en outre un caractère à la chose dans laquelle il opère. Il s’agit de la
profession extérieure du christianisme qui devient un vaste système. Il n’est en aucune
manière question ici du Saint Esprit, mais de l’effet produit dans le monde par cette doctrine.
Au chapitre 13 de Matthieu, dans la première parabole, le Seigneur parle du résultat
individuel produit par la semence, non pas du royaume ; les trois premières des six paraboles
qui suivent décrivent la forme extérieure et publique de celui-ci, les trois dernières son
caractère intérieur.

13.5 - 13:23

« Ceux qui doivent être sauvés sont-ils en petit nombre ? » L’expression est la même par
laquelle la version des Septante désigne le résidu juif ou « ceux qui doivent être sauvés ». La
question portait au fond sur ce point : le résidu qui devait être épargné quand le jugement
viendrait, serait-il peu ou très nombreux ; or la question étant tout à fait oiseuse, le Seigneur
n’y répond pas ; mais il dit : « Luttez pour entrer par la porte étroite… » (v. 24.). La porte

843
étroite, c’était recevoir Christ dans ce temps-là — la vraie, mais étroite entrée de la foi en Lui
et de la conversion envers Dieu. Il y aura des gens qui viendront et qui se mettront à heurter
lorsque la porte aura été fermée, et auxquels il dira : « Je ne vous connais pas ni ne sais d’où
vous êtes » ; — vous n’êtes pas changés. Luttez pour entrer par la porte étroite par laquelle
Christ marche devant vous, c’est-à-dire la réjection. « Beaucoup… chercheront à entrer (non
pas par la porte étroite) et ne pourront pas. »

Tout cela est fort simple quand nous voyons la réjection de Christ. Ceux qui le rejettent au
jour de son humiliation seront eux-mêmes rejetés au jour de sa gloire ; au lieu d’être ses
compagnons dans le royaume, ils seront jetés dehors. Les Juifs incrédules verront les gentils
entrer dans la gloire du royaume, alors que, persistant dans leur incrédulité, ils seront eux-
mêmes rejetés.

13.6 - 13:31

Les pharisiens disent au Seigneur : « Retire-toi et va-t’en d’ici ; car Hérode veut te tuer ». Or
Hérode était un Iduméen ; et quel droit un étranger comme lui avait-il à être le roi des Juifs ?
Qu’avait-il affaire, lui, avec les promesses d’Israël ? Absolument rien. Hérode nous présente,
en figure, le roi qui fait sa volonté. Il cherche à tuer Christ ; c’est pourquoi il a le caractère de
roi-adversaire. Il n’avait pas de foi dans les desseins de Dieu ou dans la gloire de Christ ; et le
Seigneur dit : « Allez, dites à ce renard… » ; — je ferai la volonté de mon Père jusqu’à ce que
le moment soit venu pour moi d’être glorifié ; je suis ici aussi longtemps que mon Père voudra
et ensuite je serai consommé. Il faut que la puissance de Dieu soit pleinement connue. Quel
divin dédain pour le roi apostat ; mais en même temps quelle parfaite obéissance humaine !
« Mais il faut que je marche aujourd’hui et demain et le jour suivant, car il ne se peut qu’un
prophète périsse hors de Jérusalem. Jérusalem, Jérusalem, la ville qui tue les prophètes ! … »
Après tout, c’est Jérusalem qui est la ville coupable. Que le roi édomite fasse et dise ce qui lui
plaît, c’est la « sainte ville » qui est coupable, car elle était la plus rapprochée de Lui. Plus je
suis près de Dieu, plus, si je le rejette, mon péché est grand et le jugement terrible. Voyez les
Psaumes 132 et 78, versets 65-68, qui nous parlent de l’élection de Sion : « L’Éternel a choisi
Sion… » Christ ne charge pas les Juifs de leurs péchés avant qu’ils aient rejeté et Lui et son
Père (Jean 15:22-25).

Dans les derniers versets, Christ révèle un dessein de grâce, le vieil homme — Israël, et nous
tous — est condamné et inutile : « L’Éthiopien peut-il changer sa peau, et le léopard ses
taches ? » (Jér. 13:23). L’Évangile commence par chercher et sauver ce qui était perdu. Ici,
nous voyons que si les Juifs ont rejeté le Christ an jour de leur responsabilité, Lui ne les a pas
rejetés au jour de sa grâce. La grâce brille en ceci, qu’il choisit encore Juda (Ps. 78:68).

Remarquez comment la personne divine du Seigneur apparaît ici. « Jérusalem, Jérusalem…


que de fois j’ai voulu rassembler tes enfants… ! » Un prophète ne pouvait pas parler ainsi
Christ était un prophète, mais plus qu’un prophète il était l’Éternel, et l’Éternel seul pouvait
rassembler Israël : « Celui qui a dispersé Israël le rassemblera » (Jér. 31:10). Israël, placé sous
sa responsabilité, avait rejeté l’Éternel ; mais l’Éternel le reconnaîtra quand il viendra en grâce
souveraine. Qu’elles sont merveilleuses les voies de sa grâce ! Les circonstances par
lesquelles il passa, dans sa course ici-bas, manifestaient d’une manière bien plus glorieuse qui
il était, qu’un texte quelconque le déclarant expressément, quelque important que soit ce texte
en son lieu. Supposons, en effet, que vous croyiez qu’il y a un Dieu : si ce Dieu descendait et

844
venait se placer à côté de vous, disant : « Je suis », ne serait-ce pas autre chose ? Christ était
l’homme humilié tout le long de sa vie ici-bas, car il était toujours le serviteur de tous ;
cependant, son service étant accompli et rejeté comme inutile, sa gloire resplendit. « Avant
qu’Abraham fût, je suis » (Jean 8:58). Voyez dans notre chapitre, la liaison entre les versets
33, 34 et 35, comme exemple de ce que je viens de dire. Combien de fois « j’ai voulu
rassembler tes enfants… Voici, votre maison vous est abandonnée… ; et vous ne me verrez
point jusqu’à ce… que vous disiez : Béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur ». Le
psalmiste se plaint de ce qu’il n’y ait personne pour dire : « Jusques à quand ? » c’est-à-dire
pour compter sur la fidélité de Dieu envers son peuple (voyez Ps. 74:9). Cette expression :
« Jusques à quand ? » se retrouve souvent dans les Psaumes ; on la rencontre aussi dans Ésaïe,
chapitre 6 ; elle a trait au châtiment, non pas à la rétribution. Jusques à quand Israël
bronchera-t-il et sera-t-il en chute ? (Rom. 11). Au chapitre 6 d’Ésaïe, le prophète ayant
prononcé ces paroles : « Engraisse le coeur de ce peuple… », rappelées au chapitre 12 de
l’évangile de Jean, s’écrie : « Jusques à quand ? » Il attend par la foi, et compte sur Dieu ;
ayant la pensée de Dieu, il ne peut croire que Dieu veuille abandonner son peuple ; c’est
pourquoi il demande : « Jusques à quand » le châtiment doit-il durer ?

À cette question le Seigneur répond : « Jusqu’à ce que… et que le sol soit réduit en entière
désolation… Mais il y aura encore là un dixième… la semence sainte en sera le tronc ». La
sève est encore là, quoiqu’il n’y ait point de feuilles. Ainsi, dans le Psaume 118:18 : « Jah m’a
sévèrement châtié, mais il ne m’a pas livré à la mort ». De la même manière encore le
Seigneur ne dit pas : Votre maison vous est abandonnée, c’est pourquoi vous ne me verrez
plus ; mais il dit : « Vous ne me verrez point jusqu’à ce qu’il arrive que vous disiez : Béni soit
Celui qui vient au nom du Seigneur ». Il peut, étant l’Éternel, répondre en grâce à la question
posée ; et quand il donnera la repentance à Israël, alors il enverra Jésus que jusqu’à ce jour-là
le ciel a reçu (comp. Actes 3:19-21). En attendant, notre association avec Jésus est introduite.
Le prophète ne parlait que de choses terrestres, quoique divines ; mais quant à l’Église il est
dit : « Frères saints, participants à l’appel céleste » (Héb. 3:1), et : Il « nous a vivifiés… et
nous a ressuscités ensemble… et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le
Christ Jésus » (Éph. 2:5, 6). Cela donne de la sécurité. Comment avons-nous été amenés là ?
Par Christ. C’est Lui qui nous en donne le droit. Mon désir est de bien connaître ces choses,
savoir que je suis un avec Christ dans le ciel, ayant cette part éternelle scellée sur mon âme
par le Saint Esprit qui veut m’en faire jouir toujours davantage.

Quand Israël sera amené à la repentance, « la pierre que ceux qui bâtissaient ont rejetée » sera
le sommet de l’angle ; et en la reconnaissant, le peuple dira : « Célébrez l’Éternel ! car il est
bon, car sa bonté demeure à toujours » (Ps. 118:22-29). Hélas ! ils en recevront d’abord un
autre ; mais quand leurs coeurs étant changés, la grâce opérera, ils useront des paroles du
Psaume 119, et trouveront l’expression de la loi au-dedans de leurs coeurs ; leur foi sera
exercée et leurs coeurs brisés seront ouverts pour le recevoir ; alors il viendra Lui-même à
eux. S’il n’y a pas de prophète pour dire : « Jusques à quand » ? L’Éternel lui-même donnera
la réponse. Il ne change jamais, et quoiqu’il exécute le jugement et la justice, la grâce se
trouve toujours en Lui. Quand le Fils de l’homme viendra, « trouvera-t-il de la foi sur la
terre ? » S’il n’y a ni foi, ni prophète pour dire : « Jusques à quand ? » il y en a Un, qui, dans
la souveraineté de sa propre grâce, mettra en réserve dans ses trésors quelque chose que la foi
pourra saisir.

Ainsi, nous trouvons l’Éternel dans le Christ humilié, et nous voyons comment il peut s’élever
au-dessus de toute iniquité. Combien tout cela nous rend Jésus précieux ! Et nous sommes un

845
avec Lui ! Puissions-nous apprendre de Lui, et ainsi le suivre, nous souvenant que tout ce qui
est en dehors du chemin étroit n’est que la chair et le mal !

14 - Chapitre 14
Ce chapitre nous présente la justice distributive de Dieu ; il nous la montre d’abord en rapport
avec les saints, comme conséquence de leur conduite envers Dieu, et de la place que chacun
prendra en vue de ce qui lui sera dispensé. Ensuite, nous trouvons la responsabilité en relation
avec la grâce, avec la position morale de l’âme, parce que la grâce lui a été présentée :
mépriser la grâce de Dieu comble la mesure du péché de l’homme. Mais c’est de la
présentation de la grâce qu’il est question ici, chose différente de la possession. Les
conséquences du mépris de la grâce sont mises en évidence chez ceux qui refusent de venir au
souper.

14.1 - 14:1-6

Le Seigneur en mettant fin à la dispensation de la loi ramène toujours le sujet du sabbat. La


question était celle-ci : l’homme, comme homme, pouvait-il trouver du repos auprès de Dieu ?
L’homme pouvait-il jamais entrer dans le repos de Dieu ? Nous savons, quoique la date
exacte de la chute nous reste cachée sans doute, que l’homme rompit le repos de Dieu
immédiatement (Gen. 3), et que, peut-être, le jour même où il aurait dû se reposer, il mangea
du fruit défendu : l’homme n’entra jamais dans le repos de Dieu. Maintenant il s’agissait de
savoir comment on y entrait, par sa propre oeuvre ou par l’oeuvre de Christ ? C’était un
caractère essentiel du repos après la création, qu’il se trouvait placé après les six jours de
travail, comme Dieu s’était reposé au septième jour ; et ainsi plus tard, lorsque les
ordonnances légales furent données, le sabbat devint un signe de l’alliance (Ex. 31:17 ; comp.
20:8-11). Quand Christ vint, il rompit constamment le sabbat, pour montrer que le péché
n’étant pas ôté, il fallait qu’il travaillât. Il ne pouvait pas se reposer, le sabbat étant le signe
que le repos de l’homme se trouvait après le travail, et la loi ayant témoigné que toujours
l’homme rompait cette alliance. Le Seigneur fait peser sur la conscience des docteurs et des
pharisiens le poids de leur péché, en leur montrant qu’il fallait qu’il travaillât, si eux devaient
avoir du repos. « Mon Père travaille jusqu’à maintenant, et moi je travaille » (Jean 5:17). Si
l’homme avait gardé la loi, il aurait eu droit au repos ; mais il ne l’accomplit pas, ni ne
pouvait l’accomplir (Rom. 8:7). Tout ce qui était le signe du repos de Dieu pour l’homme,
après le travail, a manqué ; mais il reste un repos pour le peuple de Dieu (Héb. 4). Le sabbat
continue comme signe ; et tous les prophètes ont rappelé Israël à son observation (voyez És.
56:2-6 ; 58:13 ; Jér. 17:21 et suiv. ; Ézéch. 20:11 et suiv.) ; mais le peuple n’entra pas dans le
repos. Paul, dans l’épître aux Hébreux (ch. 4), raisonnant sur ce point, dit : « Nous qui avons
cru, nous entrons dans le repos ». Mais dans Canaan, le repos nominal, les ancêtres
n’entrèrent pas, sauf le très petit nombre des fidèles ; et ceux-ci même ne trouvèrent pas le
repos, car s’ils y étaient entrés, Dieu n’eût pas parlé d’un autre jour, comme il le fait par la
bouche du psalmiste, disant : « S’ils entrent dans mon repos ! » — « Si », veut dire : « ils
n’entreront pas ».

Les choses étant ainsi, le sabbat n’était pas le repos : il était bien toujours le signe du repos,
mais non pas un repos réel. Tout espoir était perdu pour l’homme d’entrer dans le repos de
846
Dieu : il faut qu’il y entre maintenant sur un tout nouveau principe, par la foi, et non par les
oeuvres. Quand le Messie vint, il aurait apporté le repos au peuple ; mais l’homme ne voulut
pas de Lui, comme nous le voyons ici. L’homme ne pouvait pas entrer dans le repos de Dieu
par la loi, et il n’a pas voulu y entrer par la grâce ; et ce fait démontre que l’homme a
absolument rompu avec Dieu. Si j’ai été amené à Dieu, j’ai trouvé le repos, et je n’ai pas
besoin d’aller plus loin pour le chercher. J’ai mon repos en Dieu lui-même, car la grâce, non
pas la loi, m’a donné une capacité de jouir de ce que Dieu est. Mais quand la créature eut
rompu le repos de son Créateur, toute relation entre elle et Lui était désormais impossible. Le
péché est venu et a placé Dieu vis-à-vis de moi dans la position de Juge, et il ne peut pas y
avoir de lien de coeur entre un juge et un criminel. Si Dieu me juge comme pécheur, la seule
parole que j’aie à attendre de Lui est : « Allez-vous-en loin de moi, maudits » (Matt. 25:41).
C’est pourquoi tout ce que l’homme peut dire, c’est : Seigneur, « n’entre pas en jugement
avec ton serviteur, car devant toi nul homme vivant ne sera justifié » (Ps. 143:2). Il y a, entre
un père et un enfant, un lien qui les met en relation l’un avec l’autre ; mais ce lien est une
chose nouvelle. Il faut, s’il doit y avoir du repos, que tout soit placé sur un terrain nouveau,
car il n’y a pas de repos dans l’ancienne création.

Au chapitre 15, nous voyons la grâce à l’oeuvre pour donner du repos : le Berger apporte la
brebis dans sa maison ; dans le chapitre qui nous occupe, nous avons devant nous un cas de
misère humaine, un homme hydropique. Christ dit : « Est-il permis de guérir, un jour de
sabbat ? » Et ils se turent. Alors il en appelle à eux-mêmes : « Qui sera celui de vous, qui,
ayant un âne ou un boeuf, lequel vienne à tomber dans un puits, ne l’en retire aussitôt le jour
du sabbat ? Et ils ne pouvaient répliquer à ces choses ». Il n’y avait ni repos présent, ni
espérance de repos, aucune possibilité de repos pour l’homme comme pécheur, et il ne
pouvait pas y avoir de repos pour Dieu, parce que Dieu ne pouvait pas se reposer tant que le
péché n’était pas ôté. Il n’y avait pas de sabbat pour la justice, car l’homme n’avait pas de
justice ; il n’y avait pas de sabbat pour l’amour, car l’amour ne pouvait pas se reposer là où il
fallait que le jugement fût exécuté. L’amour pouvait venir et travailler ; mais le travail n’est
pas le repos. L’homme a perdu sa communion avec Dieu par son péché, et c’est là une chose
bien solennelle : l’homme, par son péché, a fait de Dieu un Juge. L’idée même du jugement
liée à l’idée de Dieu démontre que l’homme est un pécheur ; car il n’y avait aucune nécessité
d’association entre le jugement et Dieu : mais une fois le péché entré dans le monde, il faut
que le jugement suive, car Dieu est saint. Si nous avons été amenés à comprendre qu’il n’y a
point de relation entre nous, comme pécheurs, et Dieu, nous apprenons quelle place nous
convient, une fois que nous avons foi en la grâce de Dieu.

14.2 - 14:7-11

« Or il dit une parabole aux conviés, observant comment ils choisissaient les premières
places. » La nature recherche « les premières places ». Le monde qui n’a pas de rapports avec
Dieu trouve son plaisir à glorifier le « moi » et à exclure Dieu. Le « moi » trouve pour le
« moi » ce qu’il aime, et oublie Dieu. L’homme s’élève toujours contre Dieu, se recherchant
lui-même et tout ce qui peut satisfaire son « moi ». Il ne pense pas agir ainsi, car il prétend ne
faire qu’user de ses facultés. Mais c’est ce qu’Adam fit pour se cacher de devant Dieu. Et
nous, n’usons-nous pas de nos facultés pour nous complaire à nous-mêmes, plutôt que d’en
user pour Dieu ? Pendant que le Maître est absent, les serviteurs s’en vont chacun son propre
chemin et font leur propre volonté. Un homme est naturellement froissé quand on l’humilie et
qu’on le méprise ; la chair n’aime pas à être mise de côté ; mais cette recherche d’une place

847
est au fond en rechercher une là où Christ n’en eut point. C’est pourquoi : « Quand tu seras
convié, va et assieds-toi à la dernière place ».

14.3 - 14:8-11

Les versets 8-11 nous disent le secret de cette parabole ; ils dirigent le coeur vers le Maître,
vers « celui qui t’a convié ». Si j’ai le sentiment que je suis un pécheur, et que par conséquent
je ne mérite aucune place, je n’en prendrai point, mais j’attendrai que Dieu m’en donne une.
J’aurai de la gloire en vérité, quand Dieu me donnera une place. La question est de savoir ce
qu’il me donne. Tournez vos yeux vers Dieu, et, vous en remettant à Lui, recherchez la
dernière place comme Christ le fit. Il ne vous servira de rien de dire que vous ne recherchez
pas une place dans le monde : la grande affaire, c’est que votre coeur reste attaché à la place
de Dieu dans le monde. Le regard étant ainsi fixé sur Dieu, le moi est oublié ; autrement, on
pense au manque d’égards dont on est l’objet ; et ainsi ni la foi, ni la grâce ne sont en
exercice. Si je savais me tenir pour rien, je serais parfait. L’homme qui invitait les conviés,
apprécie. justement chacun et l’honneur qui leur est dû : les places de l’évangéliste, du
pasteur, de l’apôtre, seront toutes ordonnées par Dieu. Quand Dieu donne une place, c’est une
place de puissance et de proximité de Lui ; mais quand un homme prend une place pour lui-
même, c’est une place de faiblesse et d’éloignement de Dieu, parce que le moi est l’objet de
sa recherche.

Il faut aussi nous tenir en garde contre le simple refus de prendre une position dans le monde,
parce que nous savons que ce serait mal pour des serviteurs de Celui qui a été rejeté. Une
estimation légale de ce qui est bien ou mal ne peut jamais tenir bon. Une chose peut être très
juste et bonne ; mais il n’y a pas de stabilité dans sa poursuite, parce qu’il n’y a pas de
puissance pour soumettre la chair, quand on fait seulement ce qu’on sait être bien. Il y avait
avec la loi le sentiment de l’obligation ; mais la loi ne plaçait pas un objet devant le coeur
pour l’attirer ; elle n’amenait pas Dieu à moi, ni ne m’amenait à Dieu. Mais il y a de la
stabilité quand nous savons que nous ne sommes rien devant Dieu, et que Dieu est tout.
Plusieurs ont commencé avec beaucoup d’énergie et ont pris une certaine place, bonne en
elle-même ; mais là où le légalisme était la source de l’activité, il n’y a pas eu de
persévérance, car ce qu’on entreprend sous la loi, on le perdra certainement dans la chair.
Quand Dieu est l’objet du coeur, la dernière place ici-bas suffit. Lui-même nous conduit en
avant ; qu’il s’agisse de n’importe quoi, si les pensées et les affections sont tournées vers Lui,
ce qui était pénible d’abord n’est plus un effort à mesure que j’avance. L’amour divin qui
m’attira et me donna de la puissance au commencement pour prendre cette position, brille
d’un plus vif éclat à mesure qu’il est mieux et plus longuement connu ; et ce que
j’accomplissais d’abord en tremblant, devient facile à mesure que le courage s’accroît.

La seule chose qui puisse me rendre capable de marcher ainsi, c’est d’avoir Christ pour objet ;
et je serai heureux dans la mesure où je l’aurai devant moi. Il y aura toujours mille et une
choses pour me vexer, si le « moi » a de l’importance ; mais ces choses ne me vexeront
nullement, si le « moi » n’est pas là pour être vexé. Les convoitises de la chair ne me
tourmenteront pas, si je marche avec Dieu. Que de contrariétés et d’embarras nous
rencontrons quand nous ne marchons pas avec Lui et que nous ne pensons qu’à nous-mêmes !
Il n’y a pas de plus grande délivrance que d’en avoir fini avec soi et de n’avoir pas
d’importance à ses propres yeux. Alors on peut être vraiment heureux devant Dieu.

848
Si nous regardons à Christ, nous apprenons deux choses : d’abord, qu’il s’humilia lui-même à
cause du péché du monde qui l’entourait ; ensuite, que le monde fit tout ce qu’il put pour
l’humilier, car plus Christ s’abaissait, plus les hommes cherchaient à l’accabler.

Personne ne se met en souci des autres ; en sorte que si quelqu’un ne prend pas soin de lui-
même, il peut être assuré d’être placé très bas. Nos coeurs aussi sont assez rusés pour que
nous soyons disposés à nous humilier si par là nous pouvions gagner quelque chose, ne fût-ce
que l’approbation des hommes. D’un autre côté, si, dans le sens ordinaire du mot parmi les
hommes, nous cherchons simplement à imiter Christ s’humiliant, ce ne sera qu’un effort légal,
sans puissance et sans durée. « Qu’il y ait donc en vous cette pensée qui a été aussi dans le
Christ Jésus » (Phil. 2). Il s’anéantit lui-même, il se dépouilla de sa gloire pour devenir
homme ; en le faisant, il laissa la gloire du Père pour devenir un homme : c’était un grand
abaissement, mais ce n’était pas tout : étant en figure comme un homme, il s’abaissa jusqu’à
la mort, la mort même de la croix.

Le même principe est placé devant nous dans le chapitre de Luc qui nous occupe. « Celui qui
s’abaisse sera élevé. » La vraie humilité consiste en ceci, qu’on soit prêt à servir chacun et qui
que ce soit ; quoique ce service puisse paraître infime aux hommes, il est au fond très élevé,
étant le fruit de l’amour divin opérant dans nos coeurs. Dieu, par ce moyen, nous dépouille de
notre égoïsme. La seule chose qui soit digne d’être recherchée dans le monde, c’est ce service,
— à moins que ce ne soit la jouissance de la communion de Dieu. Nous devrions être prêts à
servir nos ennemis : « Celui qui s’abaisse sera élevé ». Être humilié n’est pas la même chose
que s’humilier soi-même et ne pas le faire devant ceux qui nous honoreront d’autant plus que
nous serons humbles. Paul pouvait dire de lui et d’autres : « Nous-mêmes… vos esclaves pour
l’amour de Jésus » (2 Cor. 4). Il sentait qu’ils avaient, lui et ses compagnons, le droit de servir
en grâce ; et selon la proportion dans laquelle il prit la place d’humilité, il sera élevé dans le
jour qui vient.

14.4 - 14:12-14

Le Seigneur parle maintenant de celui qui convie, après avoir parlé plus haut des conviés ;
mais il s’agit du principe d’après lequel on fait des fêtes. « Convie les pauvres, les estropiés,
les boiteux… ; et tu seras bienheureux, car ils n’ont pas de quoi te rendre la pareille ; car la
pareille te sera rendue en la résurrection des justes. » Le Seigneur les transporte tous de
nouveau hors du monde au moment où ils rencontreront Dieu, et il veut qu’ils y trouvent un
principe dirigeant pour leur activité ; les disciples ne doivent pas agir en vue d’obtenir une
récompense ici-bas, mais ils doivent attendre le moment où ils rencontreront le Seigneur, car
ce n’est pas avant le retour du Maître que les esclaves reçoivent leur salaire. Il ne s’agit pas ici
de salut, mais de rémunération du service. « La pareille te sera rendue en la résurrection des
justes. »

Remarquez ici que le Seigneur présente les justes comme une classe particulière de personnes.
La résurrection n’est pas une résurrection commune à tous : l’Écriture n’en connaît pas de
pareille ; elle ne confond pas, dans un autre monde, ce que Dieu a séparé dans ce monde-ci.
La grâce a séparé le croyant, en sorte qu’il est maintenant ressuscité dans son âme ; mais le
fidèle ne reçoit pas sa récompense de serviteur avant « la résurrection des justes ». Un pécheur
est vivifié ici-bas, quoique non manifesté judiciairement, parce que nous sommes dans une
dispensation de foi et que notre part est dans la gloire.

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Il n’y a pas, je le répète, de résurrection générale pour les justes et les méchants
indistinctement ; mais il y a « la première résurrection » dans laquelle Dieu sépare en
puissance ceux qu’en grâce il a fait siens. C’est « la résurrection d’entre les morts » qui
excitait tant d’étonnement au milieu des Juifs. Les pharisiens pouvaient enseigner la
résurrection, quoique les sadducéens la niassent ; on croyait généralement à une résurrection ;
Marthe nous le dit : « Je sais qu’il ressuscitera en la résurrection, au dernier jour ». Mais les
Juifs ne pouvaient pas comprendre la puissance divine entrant dans la maison de Satan et
retirant les justes morts d’entre tous les autres morts. Jésus répond à Marthe : « Moi, je suis la
résurrection et la vie », — parlant de la puissance vivante qui visite un homme quand il est
dans un état de mort et qu’elle l’en fait sortir. Les Juifs ignoraient entièrement la séparation
qu’opérait la résurrection des uns pour la vie et la résurrection des autres pour le jugement
(Jean 5:28, 29 ; comp. Apoc. 20).

Le maître de la maison manifestera son approbation du fidèle serviteur. Il y aura des degrés de
gloire donnés selon le service accompli par chacun : non pas que personne soit jamais sauvé
pour ce qu’il a fait, mais le service de chacun sera rémunéré, quel que soit le fruit que le Saint
Esprit, opérant en moi, aura produit en réponse au désir de Christ, car c’est un service dont je
ne pourrais accomplir un seul atome sans sa puissance. Dans ce grand fait se trouve également
la réponse de Dieu selon ses conseils, comme nous l’apprennent les paroles du Seigneur à la
mère des fils de Zébédée : « Vous boirez bien ma coupe ; mais de s’asseoir à ma droite et à
ma gauche, n’est pas à moi pour le donner, sinon à ceux pour lesquels cela est préparé par
mon Père » (Matt. 20:23). Le service de l’amour n’est jamais influencé par la récompense.
Elle n’est pas placée devant l’âme comme motif pour faire quoi que ce soit : mais quand nous
rencontrons des difficultés dans le chemin du service, la couronne est placée devant nous pour
nous encourager à persévérer. Il en a été ainsi pour Christ lui-même qui, à cause de la joie qui
lui était proposée, « a enduré la croix, ayant méprisé la honte » (Héb. 12:2). De même pour
Moïse : il estima l’opprobre de Christ un plus grand trésor que les richesses de l’Égypte, car il
avait égard à la rémunération (Héb. 11:26). Si la récompense, non l’amour, était la source de
notre service, cela ne nous attirerait-il pas avec raison cette réponse : Prends ton argent et t’en
va ? Mais quand on a rompu avec le monde, on ne peut attendre aucune récompense de ce
côté-là, et c’est une aussi grande délivrance que celle qui affranchit du « moi ».

14.5 - 14:15-24

Voyez maintenant comment la grâce, quand elle est introduite, est rejetée. Le souper était
prêt ; les conviés étaient invités, mais ils ne veulent pas venir. Le Seigneur avait parlé
auparavant du royaume, et il montre ici ce que coûterait la réception du royaume. Tout est
prêt maintenant ; — mais les hommes s’excusent. Ils ne se soucient pas assez du souper pour
laisser leurs boeufs, leur champ, etc. Le souper était dans les pensées de Dieu depuis le
commencement, et il devait avoir lieu quand l’Éternel vint chez les Juifs comme leur Messie,
à la fin de leur histoire ; mais ils le rejetèrent, parce qu’ils ne se souciaient pas de Lui. Ce
n’étaient pas leurs péchés qui les excluaient du souper, car Dieu était en Christ réconciliant le
monde avec Lui-même, ne leur imputant pas leurs péchés. Ce n’était pas non plus que le
champ, les boeufs, la femme fussent en eux-mêmes un mal ; mais ils le devenaient pour ceux
qui étaient attachés à ces choses de manière à leur faire mépriser le souper. N’en est-il pas
exactement de même maintenant ? Quel mal y a-t-il à ces choses, direz-vous ? Si elles ont
occupé votre coeur et vous ont fait mépriser Dieu, — voilà le mal ! Il n’y avait pas un seul
lien de coeur entre Christ et le peuple qu’il était venu visiter, et c’est pourquoi ils rejetèrent le

850
souper. C’est là aussi une pierre de touche constante pour nos ames. Il ne s’agit pas seulement
de savoir si une chose est bonne ou mauvaise, mais quelle saveur les choses de Christ ont
pour nos coeurs quand nous jouissons de tel ou tel objet. Il s’agit peut-être de quelque chose
de très petit. Si nous trouvons que la lecture d’un livre rend la manifestation de Christ moins
précieuse pour nous, nous nous sommes écartés de Dieu et nous ne pouvons pas dire où le pas
suivant nous conduira. Satan nous séduit souvent de cette manière. L’âme est mise à l’épreuve
chaque jour, afin qu’il soit manifesté si les choses qui sont révélées par Dieu en Christ ont
assez de pouvoir sur nous pour engager nos coeurs ; mais si d’autres objets se sont placés
entre nous et les choses de Christ, quand nous aurons besoin de la jouissance de celles-ci,
nous ne l’aurons pas, et il deviendra ainsi évident combien nous nous sommes écartés de
Dieu. Quand un objet, quel qu’il soit, vient prendre place dans votre âme et vous ôte la
fraîcheur de Christ, prenez garde ! Car si boeufs ou champs, ou femme, préoccupent vos
coeurs, lorsque vous auriez l’occasion de jouir des choses de Christ, vous ne pourrez goûter
celles-ci.

Au verset 21, le Seigneur s’adresse aux « pauvres du troupeau », à ceux qui n’ont pas de
couple de boeufs et qui se réjouissent de la fête. Les sacrificateurs et les chefs des Juifs ont
reçu la première invitation, mais ils l’ont rejetée ; alors le Maître de la maison envoie dans les
rues et dans les ruelles pour amener les pauvres, les estropiés, les boiteux et les aveugles du
peuple ; mais la maison n’est pas encore remplie. Le Maître envoie donc hors de la ville, dans
les chemins, le long des haies, et il contraint les gens d’entrer, afin que la maison soit
remplie : c’est des gentils qu’il est question ici. Luc, dans son évangile, distingue « les
pauvres du troupeau » d’avec les gentils, tandis que Matthieu, dont le point de vue est juif, ne
fait pas mention des deux classes comme étant distinctes. La salle des noces « remplie de gens
qui étaient à table » (Matt. 22:10), comprend les gentils, introduits après que les Juifs ont été
amenés à la bénédiction.

Remarquez aussi l’humilité du serviteur et la patiente grâce du Maître qui va jusqu’au bout ; il
ne peut se reposer avant que la maison soit remplie. Quelle persévérance de la part de Dieu !
Nous sommes appelés à poursuivre notre course dans le même esprit. Il en coûte beaucoup de
persévérer toujours en dépit de tous et de tout ; faire ainsi atteste la présence de la puissance
divine en nous, car la grâce de Dieu est infatigable. À côté de cela, sans doute, nous trouvons
le jugement, car il est dit : « Aucun de ces hommes qui ont été conviés ne goûtera de mon
souper » ; mais le fait que Dieu agit ainsi nous montre quelle humilité nous devrions avoir,
pour ce qui nous concerne, et quelle grâce envers les autres, quels qu’ils soient, et combien
tout doit reposer sur ce grand et unique fait que toutes les relations de l’homme avec Dieu
sont momentanément brisées, et que si vous entreprenez réellement de suivre Christ dans un
chemin comme celui-là, vous devez calculer la dépense. C’est très bien de voir cette grâce et
de l’admirer, mais il n’y a aucune puissance pour y persévérer si le coeur n’est rempli de
l’amour que donne l’établissement d’une nouvelle relation avec Dieu. Il faut qu’il y ait un lien
de coeur avec la chose nouvelle, et que Christ ait assez de puissance dans nos coeurs pour
nous donner le pouvoir de rompre avec les choses anciennes.

14.6 - 14:25-33

De grandes foules sont attirées à l’ouïe d’une pareille grâce, et Jésus leur dit ce qu’implique la
position de disciple. Peut-être y a-t-il ici une allusion à Michée 7:5, 6 ? Il faut pour Christ
faire le sacrifice de ses amis, de tout, peut-être ; car la question est : Abandonnerai-je Dieu ?

851
Mais comment ? Vous dites qu’il faut tout abandonner, la vie même ? — Oui, tout ; car dans
cette vie vous êtes associés avec le monde, et il faut que vous renonciez au monde aussi, si
« Moi » je suis en question. Vous ne pouvez avoir deux coeurs, un coeur pour le monde, et un
coeur pour moi, dit le Seigneur

Je tremble quand je vois des personnes qui n’ont pas calculé la dépense, se mettre en route,
professant de suivre Christ. Il est selon les voies de Dieu de placer la barrière là où l’on entre
dans le chemin. Si vous pouvez franchir la barrière, vous pourrez le suivre. L’obéissance
légale ne tiendra pas ; ce qu’il faut, c’est de suivre Christ. Si Lui est là, le chemin est heureux
et facile, mais il est enserré de haies. Si Christ n’y est pas avec vous, vous n’aurez que trouble
et difficulté.

14.7 - 14:34, 35

Le « sel », c’est la grâce en énergie spirituelle, les saints étant les témoins, dans le monde, de
la puissance de l’amour sanctifié au lieu qu’ils le soient de l’égoïsme. Le sel est le principe
consacrant de la grâce ; quand le sel a perdu sa saveur, avec quoi salera-t-on ? Le sel est la
grâce envisagée comme la sainte séparation pour Dieu plutôt que sous les traits de la bonté et
de la débonnaireté, quoique assurément ces traits soient aussi inséparables de la grâce. « Si le
sel… a perdu sa saveur, avec quoi l’assaisonnera-t-on ? » Si j’ai de la viande sans sel, je peux
la saler ; mais si le sel n’a pas de saveur, que ferai-je ? Quelle image nous avons ici d’une
église non spirituelle et d’un saint non spirituel ! Ils sont semblables à la vigne qui
représentait Israël et qui n’a été bonne que pour déshonorer le Seigneur, son possesseur, et
pour être détruite. La miséricorde, il est vrai, peut nous relever, mais comme saints nous
devrions avoir la saveur de Christ. Tout ce qui affaiblit l’attachement du coeur à Christ détruit
la puissance. Ce n’est pas le péché grossier attirant sur lui la discipline et le jugement qui a cet
effet ; mais ce sont les petites choses de la vie de chaque jour que nous sommes portés à
placer avant Christ. Quand le monde se glisse dans le coeur, le sel a perdu sa saveur, et nous
montrons qu’un Christ rejeté a peu de puissance à nos yeux.

Que le Seigneur nous garde avec Christ dans un chemin où tout est lumière et bénédiction. Si
nous avons laissé le voile trompeur de ce monde se placer devant notre vue spirituelle et
cacher Christ à nos yeux, Christ seul peut lever le voile et nous rendre la vue.

15 - Chapitres 15 et 16
Nous avons vu le Seigneur mettre en évidence sa propre réjection, suivie, en grâce, d’un ordre
de choses absolument nouveau. L’Église introduite plus tard n’est pas un « siècle »
proprement dit, mais un épisode céleste entre deux « siècles ». L’Écriture nous parle de trois
« siècles » : le siècle qui a précédé la loi, celui de la loi, et celui du millenium. Christ naquit
sous la loi ; et ce siècle n’a pas encore pris fin. Les disciples demandaient : « Quel sera le
signe de ta venue et de la consommation du siècle ? » (Matt. 24:3). Le siècle dont ils parlaient
était celui où Christ était présent sur la terre ; mais Christ fut rejeté et le siècle fut interrompu ;
c’est pourquoi, s’adressant avec force à ses disciples, il leur commanda de ne dire à personne
qu’il fût le Christ, disant : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, et qu’il soit

852
rejeté » (Luc 9:21, 22). Et plus tard, il dit : « Vous ne me verrez point jusqu’à ce qu’il arrive
que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur » (Luc 13:35). Nous chrétiens,
qui faisons partie de l’Église de Dieu, et qui n’avons proprement rien à faire avec la terre,
nous ne sommes en aucun sens un « siècle », mais nous sommes un peuple céleste uni à Christ
glorifié pendant l’interruption du siècle, et nous remplissons l’espace de temps qui sépare le
moment où le Seigneur a abandonné les Juifs de celui où il reviendra à eux. L’olivier de
Romains 11 a quelques-unes de ses branches coupées, et d’autres ont été greffées sur lui :
c’est un arbre qui a sa racine dans la terre, et qui, par conséquent, ne peut rien avoir à faire
directement avec l’Église dans le ciel. Quelques-unes de ses branches ont été coupées, et
quelques-unes ont été laissées ; mais, on ne pourrait jamais parler ainsi de l’Église, le corps
uni à la Tête qui est Christ à la droite de Dieu. L’Église, sans doute, occupe une certaine
position et remplit un certain espace de temps, mais elle les occupe pendant la suspension du
siècle auquel Christ vint. Notre caractère est d’appartenir à ce qui est au-dessus et au-delà de
tout ce qui appartient à ce monde : la grâce nous a placés là, et la grâce n’est pas d’ici-bas,
mais du ciel.

Au chapitre 15, le Seigneur s’élève complètement au-dessus de la dispensation juive, pour


manifester pleinement la nature de Dieu (qui est amour) dans l’Évangile. À la fin du chapitre
14, il s’était occupé du système professant et de sa responsabilité : « Le sel… est bon » ; mais
si le sel est devenu insipide, il n’est plus bon à rien, montrant ainsi ce que l’homme est. Au
chapitre 15, les publicains et les pécheurs viennent, et nous trouvons la manifestation de ce
que Dieu est : Dieu s’occupe de l’homme perdu, en grâce. C’étaient des pécheurs, qui
confessaient leurs péchés, venaient à la repentance, et justifiaient Dieu : « La sagesse a été
justifiée par tous ses enfants ». Dieu est justifié dans ses voies, soit par la condamnation, soit
par le salut d’un pécheur. Les publicains et les pécheurs justifiaient Dieu, étant baptisés par
Jean, tandis que les pharisiens rejetaient contre eux-mêmes le conseil de Dieu. Tout ce qu’il
fallait pour que Dieu fût justifié, c’est qu’il se montrât Lui-même ; et c’est là ce que le
Seigneur fait maintenant : il manifeste ce que Dieu est en grâce, donnant ainsi à ce chapitre
une fraîcheur et une plénitude toujours nouvelles pour nos âmes, car le coeur qui a été réveillé
y est toujours ramené.

Au chapitre 16, Christ montre la responsabilité de ceux dont Dieu s’occupe ainsi. La terre a
été donnée aux enfants des hommes, et Dieu en attendait du fruit : il s’est occupé de l’homme
d’abord au point de vue de ce qu’il aurait dû être sur la terre ; mais l’homme a failli
entièrement. Alors Dieu fait autre chose : il manifeste la grâce parfaite, une grâce entièrement
indépendante de ce qu’est l’homme, et revêtant un caractère absolument céleste. L’amour
divin en est la source : révélant le ciel, elle met l’homme en rapport avec le ciel ; et ceux
qu’elle visite doivent être un peuple céleste. Pourquoi ? — Parce que ce monde s’est
entièrement détourné et éloigné de Dieu et qu’il est devenu le « pays éloigné ». Ses richesses
n’ont donc aucune valeur ; elles sont au contraire un grand empêchement, à moins qu’on n’en
use d’une manière céleste, telle que le chapitre 16 nous l’enseigne. Le chapitre 15 nous
montre le pécheur appelé par la grâce ; le 16° nous apprend ce que celui qui est appelé doit
être comme homme céleste. Ce monde est une scène de péché ; ce qui s’y rattache est la
misère, et non la bénédiction (voyez l’histoire de l’homme riche et de Lazare). Adam avait
une place dans ce monde, Israël de même ; mais tout cela a pris fin, et la grâce est venue,
introduisant ceux qui en sont les objets dans un état de choses entièrement nouveau. Christ
justifie Dieu. Dieu étant amour, c’est sa joie de manifester la grâce aux pécheurs. Il ne s’agit
pas ici de la joie de ceux que Dieu ramène, mais de la joie de Dieu en ramenant le pécheur à
Lui. Cette joie de la grâce donne au ciel son caractère : c’est là que « il y a de la joie » au sujet
du pauvre pécheur ramené.

853
Je ne doute pas que le Seigneur ne nous donne dans les trois paraboles du chapitre 15 le
développement des voies de la Trinité. Dans la première, le Fils nous est présenté comme le
bon Berger s’en allant après la brebis perdue. Dans la seconde, sous la figure de la femme qui
allume sa lampe et qui cherche diligemment sa drachme, Dieu nous présente l’activité du
Saint Esprit et la peine qu’il prend pour faire briller un témoignage au milieu de ce monde de
ténèbres. La troisième nous apprend comment le Père reçoit le pécheur repentant quand celui-
ci est ramené. Dans cette dernière, nous pouvons voir l’oeuvre de Dieu dans le pécheur ; dans
les deux précédentes, il s’agit de la souveraineté et de l’activité de la grâce qui va, dans
l’amour, chercher ce qui était perdu, et ramène le pécheur sans que celui-ci ait aucune part à
cette oeuvre. L’énergie persévérante de l’amour se trouve dans le Berger lui-même ; le bon
Berger est en souci de sa brebis et ne lui laisse rien à faire pour trouver le chemin de la
maison, car il la prend sur ses propres épaules. La parfaite grâce du Seigneur Jésus apparaît en
ceci, cette grâce dans laquelle il s’est ainsi chargé du fardeau de chacun de nous, de nos
tentations et de nos difficultés, tout le long du chemin : Christ est le berger et le surveillant de
nos âmes (1 Pierre 2). — Remarquez, au verset 6, le caractère particulier de cette joie du
Berger qui a trouvé sa brebis perdue : « Et, étant de retour à la maison, il appelle les amis et
les voisins, leur disant : Réjouissez-vous avec moi, car j’ai trouvé ma brebis perdue ». Où
trouver un tableau plus vrai, et une expression plus débordante de la joie d’une personne
heureuse ? La joie déborde toujours.

Dans la seconde parabole, nous retrouvons le même principe général. La peine que prend le
Saint Esprit en cherchant les pécheurs dans le monde, nous est représentée par les soins que
prend la femme qui est à la recherche de sa drachme : celle-ci ne pouvait avoir elle-même ni
trouble ni joie. La différence entre cette seconde parabole et la première est celle-ci, que dans
la première, le Berger porte tout le fardeau, tandis que dans la seconde, la peine que prend la
femme pour trouver la drachme perdue montre tout l’intérêt qu’elle portait à sa drachme.
C’est ainsi que l’amour de Dieu agit envers nous, dans le but de nous tirer de ce monde de
ténèbres et de nous amener à Lui. Quelle oeuvre que celle de ramener le coeur de l’homme à
Dieu ! Si tirer le monde du néant par une parole a été quelque chose de grand, le racheter a été
quelque chose de bien plus grand !

L’homme tel qu’il est ne pouvait jamais revenir à Dieu. Mais voyez ce que Dieu est en Lui-
même ; y a-t-il quelqu’un ou quoi que ce soit qui puisse résister à sa grâce ? — Quoi qu’il en
soit, il s’agit de la joie de celui qui trouve, et non pas de la joie de celui qui est trouvé :
« Réjouissez-vous avec moi », car j’ai trouvé « ma brebis » — ma drachme — qui était
perdue. — Et quant au fils prodigue qui retourne vers son père, qui donc fit le festin ? Etait-ce
le jeune homme ? — ou bien était-ce le père qui dit à ses esclaves : « Mangeons et faisons
bonne chère ; car mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est
retrouvé » ? Tous les gens de la maison partagent la joie du coeur du Père, tous excepté le
malheureux frère aîné, l’homme à propre justice (le pharisien, le Juif), auquel le Père répond :
« Il fallait faire bonne chère et se réjouir ; car celui-ci, ton frère, était mort, et il est revenu à la
vie ; il était perdu, et il est retrouvé ». C’est donc la joie que Dieu éprouve à recevoir à Lui un
pécheur qui se retourne vers Lui.

L’histoire du fils prodigue à elle seule ne manifeste pas toute la gloire de la grâce, comme elle
apparaît dans la réunion des trois parties de ce merveilleux chapitre. Dans la première
parabole, je le répète, le Berger se charge de tout le fardeau de la brebis ; la femme cherchant
sa drachme nous représente la patiente et diligente activité du Saint Esprit. Avant que le

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prodigue quittât effectivement la maison paternelle, il s’était déjà moralement éloigné, et son
départ ne fut que la manifestation du péché qui était dans son coeur. Il était tout aussi
coupable quand il demandait la part de bien qui lui revenait et franchissait le seuil de la
maison de son père, que lorsqu’il mangeait des gousses avec les pourceaux dans le pays
éloigné : il y était sans doute plus misérable, mais son coeur s’était déjà éloigné auparavant.
Un homme peut aller plus avant qu’un autre dans la voie du péché ; mais si nous avons tourné
le dos à Dieu, nous sommes entièrement mauvais et corrompus. Dans ce sens, « il n’y a pas de
différence ».

Ève nous présente le même mal moral : elle abandonne Dieu pour le fruit d’un arbre ; elle
pense en réalité que le diable est un bien meilleur ami pour elle que Dieu, et elle croit sa
parole au lieu de tenir ferme celle de Dieu. Satan est menteur dès le commencement ; le
Seigneur Jésus le démontre à la croix. Il en coûta au Seigneur sa vie pour établir que Dieu
était bon. Christ vint pour contredire le mensonge du diable cru par l’homme, et sous lequel
gît le monde entier. La grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ ; au prix même de sa vie,
elles furent établies à la croix par Lui. L’homme ne peut se passer de Dieu ; depuis le
commencement, le monde entier a été un mensonge public contre Dieu. Qui pouvait le
démasquer ? Voyez la créature, comme elle est en travail et soupire sous la servitude de la
corruption. Voyez la providence ; si Dieu est bon, dites-moi comment il se fait qu’un enfant
se tord dans la douleur ? Comment concilier ces deux choses : le méchant prospère, l’homme
juste souffre ? Mais quand je vois Christ sur la croix, j’apprends ce que Dieu est ! La mort
devient le partage de l’homme à cause du péché mais Christ sans péché prend mon péché sur
Lui il s’abaisse jusqu’à la mort de la croix, et détruit ainsi le mensonge de Satan qui avait dit :
« Vous ne mourrez point certainement » (Gen. 3). Ainsi, la vérité de Dieu fut rétablie ici-bas
dans l’oeuvre et la personne du Seigneur Jésus, et nulle autre part. En Lui, nous voyons la
sainteté, la vérité et l’amour, — quoi qu’il dût lui en coûter.

L’homme naturel est exactement comme le fils prodigue : il dissipe son bien dans le pays
éloigné et s’y ruine. Un homme qui a 5000 fr. de rente et qui en dépense 20000, peut paraître
pour un temps fort riche, mais quelle est sa fin ? C’est un homme ruiné. — Du moment que
l’homme s’éloigna de Dieu, il se vendit à Satan ; il dépense maintenant son âme et son coeur
loin de Dieu ; il dépense même ce que Dieu lui a donné contre Dieu ; quand il a tout dissipé et
n’a plus rien pour vivre, il commence à être dans le besoin. « Et… une grande famine survint
dans ce pays-là » : tout le monde est sensible à un pareil état de choses. Tous les pécheurs ne
s’enfoncent pas au même degré dans cette misère qui désirait se nourrir des gousses que les
pourceaux mangeaient ; mais ils sont tous dans le même état de ruine. Tout homme a tourné le
dos à Dieu, quoique tous n’aient pas poussé leurs excès au même point et qu’ils ne soient pas
tombés dans la même dégradation.

La famine ne fait jamais retourner à la maison du Père. Le prodigue se joignit à l’un des
habitants de ce pays-là, non pas à un habitant du pays de son père. « Il désirait de remplir son
ventre des gousses que les pourceaux mangeaient ; et personne ne lui donnait rien. » Satan ne
donne jamais ; on ne donne que là où se trouve l’amour de Dieu, qui n’épargna pas son propre
Fils.

Quand le fils prodigue pense à la maison de son père, toute l’oeuvre est déjà moralement faite,
quoiqu’il n’y soit pas encore retourné. Il revient à lui-même : son coeur est changé ; et ainsi
tout le désir de son âme est de rentrer dans la maison de son père qu’il avait abandonnée. Il
n’est pas encore arrivé à la pleine liberté de la grâce, de manière à être en paix et heureux ; il
se dit à lui-même : « Je me lèverai et je m’en irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai

855
péché… traite-moi comme l’un de tes mercenaires ». Il est amené au sentiment de son péché,
et qu’était-ce que son péché ? De manger les gousses des pourceaux ? Non, cette misère était
le fruit de son péché ; ce dont il était coupable, c’était d’avoir abandonné la maison de son
père, de s’être détourné de Dieu. Revenu à lui-même, il désira retourner chez son père, et
c’était assurément un désir juste et bon ; mais la forme que ce désir prenait dans son esprit,
par le fait qu’il ne connaissait pas encore la grâce, était légale : « Je ne suis plus digne d’être
appelé ton fils ; traite-moi comme l’un de tes mercenaires ». Mais le père ne le laisse pas
achever ; quand il paraît, il n’est plus question de mercenaires ; car « comme il était encore
loin, son père le vit et fut ému de compassion, et, courant à lui, se jeta à son cou et le couvrit
de baisers ». Il n’eût pas pu être un mercenaire avec les bras de son père autour de son cou :
les sentiments du père, sinon ceux du fils, en eussent été dénaturés. C’était la joie du Père de
recevoir ainsi le pécheur, et seule la connaissance de cela apporte la paix dans l’âme. Si
quelqu’un ne connaît pas l’amour, il ne connaît pas Dieu, car Dieu est amour (1 Jean 4:7 et
suiv.). La pleine révélation de Dieu nous est donnée en Christ : « Je suis depuis si longtemps
avec vous, et tu ne m’as pas connu ? » Dieu agit selon la joie et la satisfaction qu’il éprouve
en lui-même, à recevoir le pécheur ; c’est pourquoi il ne pense pas aux haillons, mais au fils
qu’il a retrouvé. Quel droit le pécheur a-t-il de douter de Dieu quand Dieu satisfait son propre
coeur en laissant déborder son amour envers lui ?

Vous ne trouverez jamais la paix par le simple fait de retourner en arrière ; mais en apprenant
à connaître la pensée du Père à votre égard. Le fils prodigue aurait-il pu trouver la paix quand
il montait vers son père, si celui-ci n’était pas venu à sa rencontre ? Non. Tout le long du
chemin il se serait demandé : Comment me recevra-t-il ? Sera-t-il irrité contre moi ? Me
repoussera-t-il ? Et s’il le fait, que deviendrai-je ? « Et comme il était encore loin, son père le
vit et fut ému de compassion, et, courant à lui, se jeta à son cou et le couvrit de baisers. » S’il
n’en eût pas été ainsi, le fils prodigue eût tremblé même en heurtant à la porte. Quand les bras
du père entouraient le fils, le père était-il souillé par ses haillons ? Non, seulement il ne veut
pas que le fils apporte des haillons dans la maison, mais il en fait apporter la plus belle robe.
Dieu envoie son propre Fils du ciel et revêt le pécheur ; et ainsi vêtu, le jeune homme pouvait
faire honneur à la maison de son père. Si nous sommes ainsi revêtus de Christ, nous ferons
honneur à Dieu, et dans les siècles à venir il montrera les immenses richesses de sa grâce dans
sa bonté envers nous en Jésus Christ (Éph. 2:7).

« Et mangeons et faisons bonne chère. » Le père ne dit pas : Qu’il mange et qu’il se
réjouisse ! — Et il redit encore une fois : « Il fallait faire bonne chère et se réjouir… »

Il n’y avait qu’une exception à la joie de la maison. Le frère aîné, l’homme à propre justice,
était irrité, et ne voulait pas entrer. Dieu avait montré ce qu’Il était en lui-même, par son Fils,
en recevant ainsi le prodigue ; maintenant il montre ce que les hommes à propre justice étaient
en eux-mêmes. Les pharisiens, nous le savons, murmuraient depuis le commencement ; le
frère aîné n’avait aucune communion de pensées avec le père ; car si le père était heureux,
pourquoi n’était-il pas heureux, lui ? Il était en colère et ne voulait pas entrer. Si un être aussi
vil que ce publicain peut entrer, toute ma justice, pensait-il, est anéantie. Cela est vrai ; car là
où est la joie de Dieu, la propre justice ne peut entrer. Si Dieu est bon envers le pécheur, de
quel profit est ma justice ? Le frère aîné n’avait point de sympathie avec son père. Il n’aurait
pas dû dire : Mon père est joyeux, je dois être joyeux ; il aurait dû être en communion avec sa
joie. « Ton frère est venu » : voilà ce qui aurait dû faire vibrer son coeur, mais non, il est
étranger à un tel sentiment.

856
La parfaite patience de la grâce de Dieu apparaît ici : le père sort et le prie. N’est-ce pas ce
que nous voyons tout le long du livre des Actes ; Dieu suppliant les Juifs d’être réconciliés,
bien qu’ils eussent crucifié son Fils ? De même Paul (1 Thess. 2:15, 16) dit que les Juifs ont
comblé la mesure de leurs péchés en défendant aux apôtres de parler aux nations, afin qu’elles
fussent sauvées. Tout est égoïsme dans le fils aîné : « Tu ne m’as jamais donné un chevreau
pour faire bonne chère avec mes amis ». À quoi le père répond : « Mon enfant, tu es toujours
avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi ». Les oracles de Dieu, les alliances, les promesses,
ont été données aux Juifs ; mais Dieu ne veut pas, à cause de l’égoïsme et de la propre justice
des Juifs ou de qui que ce soit, renoncer à son droit de montrer sa grâce à des pécheurs.

16 - Chapitre 16
« Il y avait un homme riche qui avait un économe ; et celui-ci fut accusé devant lui comme
dissipant ses biens. » L’homme, d’une manière générale, est l’économe de Dieu ; et, en un
autre sens et d’une autre manière, Israël était cet économe, placé dans la vigne de Dieu, avec
la loi, les promesses, les alliances, le service divin, etc. En toutes choses, Israël a dissipé les
biens de Dieu, et l’homme, envisagé comme économe, a été trouvé entièrement infidèle. Que
faire donc ? Dieu paraît, et dans la souveraineté de sa grâce, il convertit ce dont l’homme a
abusé sur la terre en un moyen de produire du fruit céleste. Les choses de ce monde étant
entre les mains de l’homme, il ne doit pas en user pour jouir actuellement d’un monde
entièrement étranger à Dieu, mais en vue de l’avenir. Nous n’avons pas à rechercher ces
choses maintenant, mais à en user comme provision pour d’autres temps : « Faites-vous des
amis avec les richesses injustes… » Il vaut mieux se faire à tout prix un ami pour d’autres
jours, que d’avoir des richesses maintenant. Le crédit de l’ » homme est détruit ; c’est
pourquoi l’homme est maintenant un économe qui a perdu sa place : « Rends compte de ton
administration ; car tu ne pourras plus administrer ». Il est renvoyé de son administration ; il a
perdu sa place, mais non pas les choses dont il avait l’administration. Il y a ici quelque chose
de meilleur que l’alchimie qui voudrait tout changer en or ; nous voyons la grâce tournant l’or
lui-même, cette chose vile qui asservit les coeurs des hommes, en un moyen de manifester
l’amour et d’acquérir des richesses pour le ciel.

À Israël, Dieu dit : Tu as failli dans ta charge d’économe, c’est pourquoi je vais te mettre
dehors. Au chapitre 15, le frère aîné — le Juif — ne voulait pas entrer ; au chapitre 16, Dieu
lui ôte son administration et le met dehors. Pour Adam tout est perdu ; mais nous avons en
grâce un droit d’user d’une manière céleste de ce à quoi nous n’avons, comme hommes,
aucun droit quelconque. « Si donc vous n’avez pas été fidèles dans les richesses injustes, qui
vous confiera les vraies ? » Nos vrais biens sont les choses célestes ; les choses d’ici-bas sont
à un autre ; et si vous n’usez pas de votre droit en grâce pour employer en amour ces choses
terrestres et temporelles qui ne sont pas vôtres, comment Dieu vous confierait-il les choses
spirituelles qui sont vôtres ? Ce qui est nôtre, ce sont toutes les gloires de Christ ; tout ce qui
est à Christ est à nous, car nous n’avons pas été rachetés par des choses corruptibles, argent ou
or… Nous avons été rachetés à prix, non avec de l’argent, mais « par le sang précieux de
Christ ». Dieu ne nous a pas donné la vie éternelle pour que nous acquérions des richesses.
« Nul serviteur ne peut servir deux maîtres », et si vous voulez devenir riches, vous ne pouvez
chercher à servir Dieu. Nous avons à faire notre devoir ici-bas, mais ce n’est jamais notre
devoir de servir Mammon et de désirer la richesse.

857
Maintenant le Seigneur, poursuivant son discours, montre qu’il y a ces « tabernacles
éternels », où les grands résultats de ce qui a été fait ici-bas apparaîtront. La chose vieille
s’évanouit, la nouvelle apparaît : le Juif qui refuse de venir à la fête, perd la loi, en rejetant la
grâce (voyez chap. 15:18, 19).

16.1 - 16:19

« Il y avait un homme riche qui se vêtait de pourpre… » La pensée est juive ici, et le grand
principe dont il s’agit, c’est que toutes les voies de Dieu, quant à la justice distributive sur la
terre, étaient interrompues, et que Dieu n’agissait maintenant qu’en grâce. Le Seigneur
soulève le voile pour montrer le résultat dans un autre monde. L’homme riche avait ses biens
ici-bas ; il appartenait à la terre ; la corbeille et le grenier étaient à lui ; son trésor était sur la
terre et son coeur y était aussi. Mais jetez un regard dans l’autre monde et voyez le résultat les
« tourments ! » Les biens ont changé de mains « Le riche… mourut, et fut enseveli. Et, en
hadès, levant ses yeux, comme il était dans les tourments … » « Et il y avait un pauvre,
nommé Lazare, couché à sa porte, tout couvert d’ulcères… Et il arriva que le pauvre
mourut… » Fut-il enseveli ? La Parole n’en dit rien, car il n’appartenait pas à la terre : « Il fut
porté par les anges dans le sein d’Abraham ». Celui qui avait « ses maux » ici-bas, fut porté à
la meilleure place dans le ciel. Remarquez bien que ce n’étaient pas les afflictions, les ulcères
de Lazare qui le rendaient juste, pas plus que les richesses de l’homme riche ne le rendaient
injuste. Dieu en ayant fini avec les choses terrestres, aucune circonstance terrestre n’est un
signe de la faveur présente de Dieu ou de la défaveur, quoique certainement les voies de Dieu
à l’égard de Lazare, aient été le moyen d’abaisser son orgueil, de briser sa volonté, et de le
préparer ainsi pour la place qu’il allait occuper.

16.2 - 16:31

« S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne seront pas persuadés non plus… » Le
Seigneur met ici en évidence cette solennelle vérité que même la résurrection de Christ ne
convaincrait pas le coeur incrédule d’Israël, car s’ils refusent d’écouter la parole de Dieu
qu’ils possèdent, ils n’écouteront pas le témoignage de Dieu, même si quelqu’un ressuscitait
d’entre les morts. Nous savons en effet qu’ils n’écoutèrent pas.

Ce chapitre 16 jette la lumière d’un autre monde sur les voies de Dieu dans celui-ci. Le
monde tout entier a fait banqueroute devant Dieu, en sorte que l’homme trafique maintenant
avec « ce qui est à autrui ». Ouand l’homme rejeta Christ, Dieu lui ôta son administration.
L’homme en est là. Nous devrions, par conséquent, user maintenant de tout en vue du monde
à venir, puisque la grâce nous permet, comme nous le voyons dans ce chapitre, de nous servir
des choses dont nous avons l’administration. Si nous Servons « Mammon », nous ne jouirons
pas de la bénédiction accordée au service de Dieu, dans le sens mentionné ici, car il s’agit de
justice rétributive, en un sens. Si vous n’êtes pas fidèle dans ce qui est à autrui, qui vous
donnera ce qui est vôtre ? Si vous n’avez pas été fidèle dans les richesses injustes, qui vous
confiera les vraies richesses ? Si vous aimez l’argent, vous ne pouvez avoir votre coeur rempli
de Christ. Nous ne devons pas être « paresseux, quant à l’activité », mais « fervents en esprit ;
servant le Seigneur » ; et en vue de cela, Dieu nous ouvre le ciel, non pas en nous disant
comme à Abraham : « Dans le pays que je te montrerai » (Gen. 12:1) ; car il nous a montré le

858
ciel et nous l’a ouvert en grâce. C’est la révélation de la grâce qui donne de la puissance sur
les choses terrestres.

Que le Seigneur tienne devant nous un Christ vivant, en qui nous nous confions, comme notre
lumière pour la marche et le salut.

17 - Chapitre 17
Nous avons vu le grand principe de la grâce divine en contraste avec la propre justice, et
l’économie juive, qui refusait son Messie, le Fils de Dieu, mise de côté pour ouvrir le chemin
à la manifestation de la vie et de l’incorruptibilité par l’Évangile (2 Tim. 1). Or Jésus dit à ses
disciples : « Il est impossible qu’il n’arrive pas des scandales ; mais malheur à celui par qui ils
arrivent » (v. 1). Nous abordons ici le sujet de l’esprit du service, et de la manière de servir,
maintenant que le monde à venir jette sa lumière sur la conduite et la foi des disciples dans ce
monde, car on ne peut servir deux maîtres. Dieu accomplit une oeuvre, dans un petit enfant
peut-être, mais une oeuvre qui est la sienne propre ; et puis il faut la foi individuelle pour
marcher dans la voie d’un Christ rejeté. Au milieu de ceux qui professaient de le suivre, il y
avait, hélas ! bien des scandales. Ce n’était pas alors, ni encore, le moment de l’exercice du
pouvoir judiciaire du Fils de l’homme venant cueillir de son royaume tous les scandales et
ceux qui pratiquent l’iniquité. La puissance de Satan est tolérée ; l’exercice de la foi est
nécessaire. C’est un temps pour éprouver, par la prédominance du mal, ce qui demeure, parce
que Dieu en est l’Auteur. Il faut prendre la croix et se renoncer soi-même : c’est une dure
leçon, mais une leçon salutaire quand elle est apprise. La croix et la gloire sont toujours
associées. La croix doit être la part de l’homme naturel, et non pas du péché seulement, de
manière à briser la volonté. Christ n’avait point de volonté ; il était parfait ; mais nous avons
besoin de la croix pratiquement comme moyen de communion, afin de briser ce qui est un
obstacle en nous.

De plus, tout le système du monde est une occasion de chute : il n’y a pas une seule chose
dans le monde qui ne soit pas calculée pour détourner de Dieu les coeurs. La moindre
bagatelle, l’habillement, les étalages des magasins, la flatterie des hommes, celle des frères
peut-être, tout tend à élever la chair. Quelle différence entre cela et le ciel s’ouvrant sur un
Sauveur rejeté ! Et c’est cette lumière qui trace notre chemin à travers ce monde ; car
maintenant les cieux sont ouverts à la foi, tandis que nous traversons cette terre pour aller à
Celui que nous voyons dans la gloire. Il y a un courant actif et puissant de l’amour de Dieu
qui pousse nos âmes en avant. Votre marche est-elle un témoignage ? Prenez garde que vous
ne soyez une occasion de chute. Vous direz peut-être qu’il faut qu’une personne soit bien
faible pour s’arrêter à telle ou telle chose, mais c’est précisément parce qu’elle est faible
qu’elle a besoin de soins. Que le Seigneur nous donne de ne jamais être des obstacles, mais
des aides aux faibles. Toutes ces choses sont la pierre d’achoppement de l’ennemi, et
l’homme par qui elles arrivent est dans sa mesure un instrument de Satan. Le Seigneur aime
les petits qui sont à Lui. Mieux vaudrait pour un homme qu’on lui mît une meule d’âne au cou
et qu’il fût jeté dans la mer que de scandaliser un de ces petits.

17.1 - 17:3

859
Mais supposez que quelqu’un cherche à vous faire broncher, alors : « Prenez garde à vous-
mêmes ». Votre part est de pardonner. Prenez garde à vous-mêmes, en vous jugeant vous-
mêmes. Si ton frère pèche contre toi, reprends-le ; et s’il se repent, « pardonne-lui ».
Comment ? S’il pèche « sept fois le jour » ? Oui, « si sept fois le jour… il retourne à toi,
disant : Je me repens, tu lui pardonneras ». Veillez incessamment sur vous-mêmes et ayez
soin que l’esprit d’amour (puissance de l’unité et lien de la perfection, comme Dieu le dit
ailleurs) ne soit pas froissé, non plus que l’esprit de sainteté, pour que la paix ne soit pas une
fausse paix. Bienheureux sentier ! Quelle condescendance pour notre faiblesse et pour le
danger auquel nous sommes exposés, nous avons dans l’introduction de la grâce et dans le
jugement moral des choses présentes qui sont l’aliment de la chair et le domaine du monde !
Puissions-nous veiller soigneusement sur nous-mêmes et être pleins de grâce envers les autres
pour passer ainsi à travers tout, passant comme un bateau de sauvetage pardessus tous les
brisants.

17.2 - 17:5-10

Dans une position comme celle-là, il faut de la foi et de l’énergie propre à la foi. Les apôtres,
dirigés par Dieu, bien que ne voyant peut-être qu’une petite partie de la difficulté et avec un
sens bien confus encore de cette nouvelle position, demandent au Seigneur de leur augmenter
la foi. Jésus répond en leur présentant toute la plénitude de son énergie, car la foi réalise une
puissance qui n’est pas dans la personne, et agit ainsi sans limites ; il en fait aussi
l’application, bien qu’en termes généraux, au renversement des obstacles d’un système qui
pouvait présenter la forme de ce qui était bon et grand, mais qui était sans fruit. Quelle que
soit notre difficulté, nous pouvons recourir à Dieu. Il s’agit seulement de regarder simplement
à Lui. « Toutes choses sont possibles à celui qui croit » ; car Dieu intervient pour accomplir sa
volonté, et il a voulu l’accomplir par l’homme et pour se glorifier dans l’homme, après avoir
été déshonoré par Satan dans et par l’homme ; mais Dieu le fait dans la foi, selon sa volonté,
jusqu’à ce que le Seigneur Jésus revienne en puissance et en gloire. Dieu est à l’oeuvre, et si
vous êtes ouvriers avec Lui, vous pouvez le croire et dire : Fais que ceci ou cela arrive. N’est-
ce rien que d’avoir en main la puissance de Dieu ? Si vous savez ce que c’est que d’avoir
Satan pour adversaire, vous sentirez le prix de l’intervention de la puissance de Dieu. Votre
position et votre oeuvre peuvent être très humbles extérieurement, n’importe : vous avez
besoin de la puissance de Dieu pour être petit. Ce que le Seigneur dit dans les versets 7-10
n’est pas applicable à un serviteur insouciant. Si le serviteur a négligé son travail, il est un
esclave paresseux ; mais je suis un esclave inutile, quand j’ai fait tout ce que j’étais obligé de
faire. Suis-je délaissé ? Non, Dieu m’éprouve ; il y a quelque chose en moi qui fait que j’ai
besoin d’être éprouvé. Peut-être ai-je à apprendre ce que Dieu peut faire sans moi ? S’il se sert
de moi, c’est un grand honneur ; s’il me met de côté parce que le « moi » s’enflait, c’est une
grande miséricorde. Le Seigneur dit, si je puis m’exprimer ainsi : Sois satisfait de Moi ; sois
content de savoir que Moi je t’aime. Etes-vous content de son amour ? Vous faut-il la gloire
des hommes, ou la vôtre ? Souvenez-vous que quand vous aurez fait tout, c’est le moment de
dire : « Je suis un serviteur inutile ! »

17.3 - 17:11-19

860
Le récit qui suit montre que lorsque Dieu introduit une nouvelle puissance, ceux qui possèdent
les anciens privilèges sont les derniers à s’élever au-dessus d’eux pour entrer en possession de
choses meilleures. Mais il y a une foi que Dieu produit dans le coeur, qui affranchit des
formes établies autour de la volonté de Dieu pour la confirmer dans l’économie passée. Cette
foi, reconnaissant Dieu en Jésus, conduit l’âme au-delà de la loi d’un commandement charnel
et l’associe à Lui, qui est la puissance d’une vie impérissable. Elle nous occupe d’une
personne qui est au-dessus de tout, nous établissant, non au déshonneur de la loi (« au
contraire, nous établissons la loi », par la foi ; Rom. 3:31), mais dans la liberté, dans laquelle
le Fils nous a placés en nous affranchissant. Les neuf lépreux s’en allèrent se montrer aux
sacrificateurs, agissant d’après la parole de Jésus, et, dans une mesure, par la foi ; mais le
Samaritain discernant la gloire de Dieu dans ce qui était arrivé, revint sur ses pas vers Jésus,
et, glorifia Dieu à haute voix. Les autres reconnurent la puissance qui était intervenue, mais ils
restèrent dans leurs habitudes et leurs associations religieuses.

Le Samaritain, moins préoccupé d’institutions extérieures, revint à la source de la puissance,


non pas à ce qui en était l’ombre et le témoignage, à ce dont la nature use toujours pour tenir
Dieu caché. Il avait expérimenté la puissance divine en Jésus, et au lieu de jouir simplement
du don, il revint au Donateur, humblement, mais dans la liberté de la foi et comme il
convenait à la foi : « Il se jeta sur sa face aux pieds de Jésus, lui rendant grâces ». Il n’avait
pas besoin de sacrificateurs. Ceux-ci ne rendaient pas, ni ne pouvaient rendre net, mais
avaient seulement à reconnaître et à déclarer l’homme net. Le péché avait placé les Juifs et le
Samaritain au même niveau : l’un et l’autre étaient rejetés hors de la communion divine par la
lèpre qui les affligeait. Mais Celui qui guérissait des lépreux sous la loi, était Celui qui avait
donné la loi ; or la parole de Jésus reconnaissait la loi tout en manifestant l’Éternel qui l’avait
donnée. La gratitude de la foi était un meilleur raisonneur que l’instruction de la loi, car la
bénédiction apportée par l’oeuvre et la présence de Jésus était, pour les neuf lépreux, le
moyen de maintenir la distinction juive ; pour le dixième, elle était l’évidence de la bonté
divine, et par conséquent pour lui la complète délivrance. Il était par la foi arrivé en grâce à la
source de laquelle la loi elle-même procédait, et le Seigneur le renvoyait en paix, guéri par la
foi qui lui apportait la liberté de la part de Dieu et avec Dieu, faisant monter des actions de
grâces à la gloire de Son nom, avec la conscience que ces actions de grâces Lui étaient
agréables.

Combien de raisons l’on aurait pu avancer pour faire poursuivre à cet homme son chemin et
l’empêcher de retourner à Jésus ? Les neuf auraient pu dire : Il t’a commandé de t’en aller et
de te montrer au sacrificateur. Mais la foi va droit au coeur de Dieu, et y trouve toute grâce et
une parole qui la renvoie dans la liberté de la grâce. Celui qui retourna vers Jésus net et le
coeur plein de gratitude, abandonnait les sacrificateurs : en esprit et en figure, le Samaritain
guéri avait passé, par la foi, dans un autre système, dans la grâce et la liberté de l’Évangile.
Quelle bénédiction de se trouver ainsi à la source de la puissance et de la bonté ; c’est là
seulement et nulle autre part que Dieu amène maintenant ceux qui croient. Si nous avons été
auparavant sous la loi, nous sommes désormais morts à la loi par le corps du Christ, afin que
nous appartenions à un autre, à Celui qui est ressuscité d’entre les morts. C’est de cette
manière seulement que Dieu est glorifié, quoi que les hommes puissent avancer d’ailleurs en
faveur de la loi. C’est ainsi seulement que nous pouvons nous réjouir en Dieu par notre
Seigneur Jésus Christ, par lequel nous avons maintenant obtenu, non la loi, mais la
réconciliation (Rom. 5:11). En Lui, que nous connaissons et dont nous jouissons ainsi, nous
possédons tout, et plus que tous les prêtres ou sacrificateurs n’ont jamais imaginé ; nous avons
communion avec le Père et avec le Fils, par la foi en Dieu pleinement révélé. Nous avons
maintenant affaire avec Lui dans le ciel, non avec un temple et des sacrificateurs sur la terre.

861
« Lève-toi, et t’en va » ; tu as trouvé la personne et la gloire du Seigneur ; tu es en delà des
prêtres et du temple, ta foi a pénétré au-dedans du voile et a trouvé Celui qui est plus grand
qu’eux. Les autres s’en allèrent leur chemin rendus nets pour être sous la loi : aveuglés par le
judaïsme, ils ne revinrent pas sur leurs pas pour glorifier Dieu. Tout ceci, au point de notre
évangile où nous sommes arrivés, est plein de signification. C’est un nouveau jour jeté sur le
grand fait qui s’accomplissait : la loi passait avec la dispensation qui s’y rattachait.

Aux versets 20 et suivants, la question de la venue du royaume de Dieu est posée. Les
pharisiens demandent quand viendrait le royaume, et le Seigneur les place sous leur
responsabilité. « Le royaume de Dieu ne vient pas de manière à attirer l’attention ». « On ne
dira pas : Voici, il est ici ; ou, voilà, il est là. Car voici, le royaume de Dieu est au milieu de
vous. » Le roi leur parlait. N’eussent-ils pas dû l’avoir connu, puisqu’il était venu en grâce ?
S’il s’était humilié pour connaître leurs afflictions et mourir pour leurs péchés, était-ce une
raison pour qu’ils ne discernassent pas sa grandeur et sa perfection morale manifestées de tant
de manières ? Son saint amour pour les pauvres, coupables pécheurs ne démontrait-il pas
assez qui il était ? Si le coeur de l’homme n’eût pas été opposé à tout ce qui était la joie de
Dieu dans le royaume, si ses yeux n’eussent pas été aveuglés pour tout ce qui était aimable et
de bonne réputation, il eût senti que plus le Christ s’abaissait, plus ses oeuvres étaient
merveilleuses,

À ses disciples, le Seigneur avait d’autres choses à dire. Il était rejeté et il allait les quitter. La
souffrance les attendait. Quelque pénible que pût être maintenant leur position comme
compagnons de sa réjection, le temps viendrait où ils désireraient en vain un de ces jours où
ils avaient joui de la douce et précieuse société du Fils de l’homme. Comme Juifs dans le
pays, ils sentiraient la différence ; Satan, dans le but de tenter et de tromper en ce jour-là,
ferait annoncer aux hommes : « Voici, il est ici ; ou, voilà, il est là » ; mais les disciples
sauraient que tout cela était mensonge. Il n’y avait point d’espoir pour la nation qui rejetait
Christ. Le Roi était venu, mais on l’avait rejeté ; il n’était plus « ici » ou « là » ; car, en ce
jour-là, le Fils de l’homme serait comme un éclair qui brille d’un des côtés jusqu’à l’autre
côté du ciel. Mais, auparavant, il fallait qu’il souffrît beaucoup et qu’il fût rejeté par cette
génération, c’est-à-dire par les Juifs incrédules.

Il est évident que, tandis que le Seigneur prend devant ses disciples ce nom de Fils de
l’homme, qui révèle une relation plus élevée et plus étendue que celle du Messie, relation dont
le lien était brisé et perdu par le crime de la nation qui l’avait rejeté, l’ensemble de
l’instruction que nous trouvons ici est juif et aura son accomplissement proprement dit dans
un résidu pieux aux derniers jours. La part chrétienne n’est pas mentionnée ici, car elle
consiste en une association d’un genre céleste avec Christ ; on la trouve décrite, dans ses
grands traits moraux tout au moins, au chapitre 12 de notre évangile. Ici, nous sommes sur le
terrain de la responsabilité, non pas de la grâce céleste. Il faut distinguer la part de l’Église
avec Christ d’avec le gouvernement du monde par Christ. Le caractère même de la séduction
prédite aux disciples confirme la différence dont nous parlons ; car si les hommes disaient au
chrétien : « Voici, Christ est ici », le chrétien saurait immédiatement que c’est une suggestion
de Satan, parce que nous chrétiens, nous ne devons pas rencontrer Christ sur la terre, mais
dans l’air (1 Thess. 4). Il en est autrement quand il s’agit du gouvernement du monde :
l’espérance repose alors sur un terrain juif, et les témoins pour Dieu devront passer par une
tribulation comme il n’y en eut jamais. Or, dans ce cas, à moins d’avoir été expressément
avertis à cet égard, les fidèles regarderaient naturellement ici et là, cherchant le Libérateur, car
dans ce caractère il posera ses pieds sur la montagne des Oliviers et viendra à Sion et sortira

862
de Sion. « L’Éternel enverra de Sion la verge de ta force : Domine au milieu de tes
ennemis ! » (Ps. 110:2).

Tout cela est bien différent de l’espérance du chrétien et du désir qui le remplit en attendant,
car nous ne désirons pas voir nos ennemis détruits, mais convertis, et nous attendons d’être
enlevés du milieu d’eux au-devant du Seigneur en l’air, pour être toujours avec le Seigneur,
au lieu de l’attendre pour qu’il vienne à nous et nous bénisse sous son règne millénaire.

Remarquez aussi que Jésus ne parle pas ici du siège de Jérusalem, ni du jugement à venir des
morts. La prise de Jérusalem par Titus n’a pas été comme l’éclair, mais une lutte longue,
terrible et opiniâtre ; les Juifs alors, jusqu’au moment du coup final, n’étaient pas dans un état
de bien-être et de sécurité charnelle, comptant sur la continuation des choses comme elles
étaient, ainsi qu’il arriva aux jours de Noé et de Lot. Le premier trait mentionné ici, c’est la
soudaineté du jugement ; — le suivant, c’est la certitude du jugement : ni l’un ni l’autre n’a
caractérisé la prise de Jérusalem par les Romains. Au-dedans ou au-dehors, au repos ou au
travail, hommes ou femmes, n’importe ; Dieu brûlera la balle et préservera le froment : l’un
sera pris, l’autre laissé.

D’autre part, tout a ici un caractère local, terrestre, qui distingue cette scène de celle du grand
Trône blanc du jugement (Apoc. 20:11-15), car il n’y a aucune ressemblance entre le
jugement des morts et le déluge ou la destruction de Sodome. Il s’agit de la fin du siècle, non
pas de la fin du monde ; puis d’un jugement sur le peuple terrestre et plus spécialement sur sa
ville, car celui qui serait sur le toit ne devait pas rentrer dans la maison, ni celui qui était aux
champs revenir en arrière. On ne peut appliquer aucun de ces avertissements aux morts, pas
plus que le lit ou le moulin dont le Seigneur parle n’ont affaire avec eux. Le temps dont il est
question ne sera pas un temps pour des motifs humains, des artifices ou des concessions (v.
33) ; la fidélité envers le Seigneur et son témoignage sera la vraie sagesse à salut. Le jour de
la révélation du Fils de l’homme était en question, quand il jugerait les vivants, et
spécialement la génération qui l’avait rejeté et avait fait de Lui un homme de douleurs. Si l’on
demandait « Où sera-ce ? », la solennelle réponse pour la conscience était : Là où sera le corps
mort, là tomberont les soudains et inévitables jugements de Dieu.

18 - Chapitre 18:1-34
Nous avons vu, à partir du verset 20 du chapitre précédent, que le royaume de Dieu fut
présenté, d’abord, dans la personne de Jésus comme question de foi et non de manifestation
extérieure, ni de manière qu’on dit : « Voici, il est ici », ou : « Voici, il est là » ; et présenté
ensuite, sous la forme du jugement qui délivrerait le résidu pieux par l’exécution de la
vengeance divine contre ses ennemis.

Les huit premiers versets de notre chapitre complètent l’avertissement prophétique et


montrent que la ressource des justes aux derniers jours sera la prière. Néanmoins, bien que la
parabole ait son application spéciale à la future oppression des témoins de Dieu qui se
trouveront alors dans Jérusalem, l’instruction, comme d’habitude dans cet évangile, a un
caractère général, qui s’adapte à toutes les difficultés quelles qu’elles soient, par lesquelles les
hommes peuvent être éprouvés. « Il leur dit aussi une parabole, pour montrer qu’ils devaient
toujours prier et ne pas se lasser. » La foi serait mise à l’épreuve. Si, dans l’épreuve, l’âme
était tournée vers Dieu, et non pas seulement vers la bénédiction, elle ne se découragerait pas,
863
même s’il n’y avait pas de réponse de la part de Dieu. Elle persévérerait, regardant toujours en
haut, alors même que tout paraîtrait tourné contre elle. La veuve représente ceux qui n’ont pas
de ressources humaines : leur ressource est dans la persévérance de la prière. Ainsi sera la
semence sainte en Israël, car c’est du résidu fidèle de ce peuple, non pas de l’Église, que
l’Écriture nous parle ici. Ils feront appel au Juge pour qu’il les venge de leurs adversaires.
Leur patience et leur confiance seront profondément mises à l’épreuve, mais ils ne crieront
pas en vain. « Et le Seigneur dit : Écoutez ce que dit le juge inique. Et Dieu ne ferait-il point
justice à ses élus, qui crient à lui jour et nuit ? » Il est possible qu’il soit lent à intervenir pour
eux, mais quand une fois il se lèvera, il fera une oeuvre abrégée sur la terre. En attendant, il
faut que la patience ait son oeuvre parfaite (Jacques 1:4). En Jésus, elle a eu toute sa
perfection. Il rencontra la haine et le mépris des hommes, l’abandon de ses disciples, la
puissance de Satan, la coupe de la colère de Dieu ; — mais il traversa tout pour entrer dans la
gloire de Dieu. En détail, nous aussi avons besoin d’être criblés et de trouver, toutes les
circonstances étant contre nous, Dieu pour nous, même plus que si nous avions l’aide
extérieure, la puissance des miracles, l’ordre établi dans l’Église. Même la joie peut entraver
notre entière dépendance de Dieu, en nous faisant oublier pratiquement que la chair ne profite
de rien. Lorsqu’il n’y a aucune circonstance qui vous donne de l’espérance, votre espérance
est-elle en Dieu ? La chair peut s’avancer assez loin, comme nous le voyons en Saül, mais la
foi seule sait attendre quand elle a tout contre elle ; c’est alors la vie divine dépendante de la
puissance divine. Telle elle fut en Christ, parfaitement. « J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé »
(2 Cor. 4:13). Il descend dans la poussière de la mort, et introduit un ordre de choses
entièrement nouveau ; et nous, ayant un même esprit de foi, nous aussi nous croyons, et c’est
pourquoi nous parlons. « En sorte que nous, désormais, nous ne connaissons personne selon la
chair ; et, si même nous avons connu Christ selon la chair, toutefois maintenant nous ne le
connaissons plus ainsi. En sorte que si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création »
(2 Cor. 5:16, 17). Christ est mort, ressuscité, et maintenant assis à la droite de Dieu. Ayant
cette vie, nous sommes mis à l’épreuve pratiquement pour apprendre la leçon de la mort et de
la résurrection, où Dieu seul peut soutenir.

Il y a deux choses à remarquer dans la parabole qui nous occupe ici. Si le juge inique entre et
agit en faveur de ceux qui sont humainement sans ressource, quel qu’en soit le motif, Dieu ne
le fera-t-il pas ? Mais ce n’est pas tout, loin de là. Dieu a ses affections, non pas seulement
son caractère ; il a des objets de son bon plaisir. « Et Dieu ne ferait-il point justice à ses élus ?
… » Il ne convient jamais au Dieu juste et vengeur de passer légèrement sur le mal ou de
laisser le méchant échapper sans punition. Car alors comment jugera-t-il le monde ? (Rom.
3:6). Il prend garde au cri des opprimés jour et nuit ; et ce cri, c’est le cri de ses élus. « Je vous
dis que bientôt il leur fera justice. » Mais y aura-t-il la foi qui attend son intervention ? Ils
crieront dans leur détresse, et Dieu entendra. Néanmoins la question sera soulevée : Y aura-t-
il sur la terre, quand le Fils de l’homme viendra, cette foi qui est fondée sur Dieu connu dans
une paisible communion ? N’y aura-t-il pas plutôt le cri des justes dans l’amertume de
l’esprit, un cri que les circonstances leur arracheront, plutôt que le cri du désir ?

18.1 - 18:9 et suivants

Les traits moraux du royaume suivent maintenant, avec les caractères qui, convenant au
royaume, sont en harmonie ou en désaccord avec l’état des choses introduit par la grâce. Le
pharisien et le publicain nous présentent, non pas la doctrine de l’expiation, ou de la
justification par la foi, mais la certitude que la propre justice déplaît à Dieu, et que l’humilité à

864
cause de notre péché est très agréable devant Lui. Le pharisien ne met pas Dieu de côté : « Il
se tenait à l’écart et priait en ces termes : Ô Dieu ! je te rends grâces, » etc. Mais il remercie
Dieu pour ce qu’il est lui, le pharisien, — non pas pour ce que Dieu est. Le seul espoir du
publicain était en Dieu lui-même. Il était très ignorant, sans doute, mais il avait le sentiment
qui convenait pour s’approcher de Dieu. La lumière s’était fait jour dans son âme et lui avait
montré qu’il était un pécheur ; et il se soumettait à cette douloureuse conviction et confessait
la vérité de sa condition devant Dieu. Il n’avait pour ressource que la miséricorde de Dieu
envers son âme. Il n’osait pas en appeler à la justice, il ne demandait pas que Dieu fût
indifférent à son péché, mais il faisait appel à cette miséricorde qui censure le péché et le
pardonne. La révélation de la grâce n’était pas venue encore, l’oeuvre de la réconciliation
n’était pas encore accomplie, en sorte que le publicain « se tenait loin » ; mais son coeur était
touché, et il lui fallait Dieu. Si aujourd’hui une âme est amenée au sentiment de son péché,
elle n’a pas besoin de se tenir loin, et ne doit pas le faire, car la grâce de Dieu qui apporte le
salut est apparue. Mais quoiqu’il ne connût, ni ne pût connaître la grâce ainsi, le publicain
donne à Dieu son vrai caractère et prend lui-même le sien. Il n’avait pas une pleine
connaissance ; mais la connaissance qu’il avait, était vraie. « Je vous dis que celui-ci
descendit en sa maison justifié plutôt que l’autre ; car quiconque s’élève, sera abaissé ; et celui
qui s’abaisse sera élevé ». — C’est là une vérité universelle ; mais où fut-elle jamais
manifestée comme en Jésus ? Car si le premier homme, s’élevant lui-même, a été abaissé en
enfer, Celui qui était Dieu s’anéantit lui-même et s’abaissa, se rendant obéissant jusqu’à la
mort même de la croix ; c’est pourquoi aussi Dieu l’a souverainement élevé, etc. (Phil. 2).

En un sens, les hommes ne peuvent s’humilier eux-mêmes, parce qu’ils sont déjà des
pécheurs, et ne peuvent pas descendre plus bas ; — mais un saint peut s’humilier. La vraie
humilité, c’est l’oubli de soi-même.

Cette grande vérité est encore davantage mise en relief par l’incident des versets 15-17, où
l’on apporte de petits enfants à Jésus, afin qu’il les touche. Ici, nous sommes devant l’humilité
de ce qui est vraiment insignifiant, comme dans le cas du péager devant l’humilité qui tient à
un état de péché. Oui s’inquiéterait de ces petits êtres de si peu d’importance qu’on apportait à
Jésus ? — Non pas les disciples, — mais Lui. Lui, le Seigneur, trouvait son plaisir en eux, car
c’est là l’esprit du royaume de Dieu. Une grande maxime morale apparaît ici. Si quelqu’un
doit entrer dans le royaume, il faut que toute sa confiance en lui-même soit brisée, et qu’il
reçoive la vérité simplement comme un petit enfant reçoit les paroles de sa mère. S’il en est
autrement, Dieu et l’homme n’ont pas la place qui leur appartient. Quand Dieu parle, tout ce
que nous avons à faire, c’est d’écouter. C’est l’humilité de celui qui sent son néant, comme le
publicain nous présente l’humilité qui tient au sentiment du péché.

18.2 - 18:18 et suiv.

Aux versets 18 et suivants, vient la question de faire pour avoir la vie éternelle, non pas la
question du salut pour être un être perdu, mais quelque chose qui sonde le coeur jusqu’au
fond. Le jeune homme avait comme créature un caractère aimable, car si nous voyons partout
autour de nous les ravages du péché, nous y voyons aussi les traces de Dieu. Ce chef du
peuple ne voyait pas Dieu en Christ. Attiré moralement vers Jésus, il venait pour apprendre à
faire le bien, sans qu’il eût en lui-même le moindre doute sur sa propre capacité. Il ne voyait
en Jésus qu’un homme parfait et bon, et par conséquent éminemment propre pour l’enseigner
et le diriger dans la voie dans laquelle il marchait. Le péché comme la grâce, lui étaient tous

865
deux inconnus. Il ne se connaissait pas davantage qu’il ne connaissait Dieu. Nul homme n’est
bon ; ils se sont tous égarés ; ils sont des pécheurs et ont besoin que Dieu soit bon envers eux :
ils sont incapables de faire le bien qui satisfait Dieu.

Le Seigneur prend le jeune chef du peuple sur le terrain où il s’est placé — lui qui pensait
pouvoir faire ce qui était bon — afin de mettre en évidence ce qu’il était. Le bon Maître
auquel il s’était adressé met son coeur à l’épreuve : « Une chose te manque encore : vends
tout ce que tu as… et viens, suis-moi ». Le jeune homme renoncerait-il à sa propre
importance ? Après tout, il aimait trop réellement ses richesses. Il devint « fort triste ; car il
était extrêmement riche. » Ces choses n’avaient-elles pas été promises aux Juifs, direz-vous
peut-être ? Christ montre qu’elles sont un piège. — Mais, dit-on, elles servent à faire
beaucoup de bien ? — Je vous demande : Sont-elles bonnes pour votre coeur ? Ce n’est pas
qu’on n’en puisse user en grâce ; mais le jeune homme ne connaissait pas son propre coeur.
Là, il n’y a ni bien, ni force pour produire le bien. Tous les motifs qui gouvernent le coeur de
l’homme sont déracinés par la croix. Mais tout ce qui est au-dedans est mauvais, et on ne peut
jamais avec de mauvais matériaux produire quelque chose qui plaise à Dieu. Il faut donc que
je trouve Dieu, qui peut me donner une nouvelle et sainte nature, Dieu qui peut être
miséricordieux envers moi, parce qu’il est élevé au-dessus de tout péché. La source de tout ce
qui est bon est en Dieu, et ce qui est bon, c’est ce qui vient de Lui et non pas de l’homme.

Il est impossible, s’il s’agit de l’homme, que personne soit sauvé. Le péché a perdu l’homme
et a détruit toutes ses espérances. Si quelqu’un regarde aux moyens dont il pourrait se servir,
ces moyens sont tous vains pour le sauver ! Mais « les choses qui sont impossibles aux
hommes », dit le Sauveur, « sont possibles à Dieu ». Là est le seul terrain sûr pour le pécheur.

D’un autre côté, versets 28-30, si Pierre est prompt à parler du dévouement des disciples qui
ont tout quitté et qui ont suivi Jésus, le Seigneur montre que toute perte faite pour l’amour du
royaume de Dieu tournera en gain, et maintenant, et dans le siècle qui vient.

Mais le Seigneur lie tout, versets 31-33, avec ce qui allait lui arriver. Ils montaient à
Jérusalem ; pourquoi ? — Lui, le Messie, « sera livré aux nations ; on se moquera de lui… et
on crachera contre lui ; et après qu’ils l’auront fouetté, ils le mettront à mort ». Toutes les
espérances doivent finir là ; oui, « et, si même nous avons connu Christ selon la chair,
toutefois maintenant nous ne le connaissons plus ainsi » (2 Cor. 5:16). Lui-même, s’il doit
délivrer ceux qui sont perdus, il lui faut descendre dans la poussière de la mort. Christ n’a
aucun lien avec l’homme pécheur. Comment donc délivrera-t-il ? Il faut qu’il meure pour
nous. Il ne peut pas unir la corruption avec Lui-même. Un Christ vivant, nous pouvons le dire
avec révérence, ne pouvait pas nous délivrer en maintenant la nature et le caractère de Dieu :
la rédemption était une nécessité. « À moins que le grain de blé, tombant en terre, ne meure, il
demeure seul mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. »

Mais si la rédemption était le seul moyen de salut, la profonde iniquité de l’homme fut
manifestée dans la réjection et dans la mort de Christ. L’homme a haï ce qui est en Dieu et
Celui qui est Dieu — il a haï et le Fils et le Père. Toute question de justice humaine est vidée
et résolue négativement pour toujours.

Hélas ! les disciples ne comprenaient aucune de ces choses, ni sa honte et sa mort, ni sa


résurrection. C’était l’accomplissement de ce que les prophètes avaient écrit touchant le Fils
de l’homme ; mais ils ne comprenaient ni ce que Lui disait, ni ce que les prophètes avaient
écrit. La mort de Christ devait manifester ce que l’homme était et ce que Dieu était ; sa

866
résurrection mettre en évidence la puissance de vie qui peut délivrer les morts. Mais Jésus
n’était pas compris.

19 - Chapitre 18:35 à Chapitre 19


19.1 - 18:35

Le verset 34 du chapitre 18 termine cette partie de notre évangile, qui montre l’introduction
de la dispensation nouvelle et céleste. Au verset 35, nous abordons les détails historiques des
relations finales du Seigneur avec les Juifs.

Dans le cours de son récit, Luc nous a présenté le Seigneur sous le caractère général de « Fils
de l’homme » ; mais maintenant, au milieu d’Israël, Jésus prend le caractère de « Fils de
David ». Jéricho était la première ville qu’Israël rencontra lorsqu’il passa le Jourdain, et une
malédiction particulière avait été prononcée contre elle. Mais Israël n’avait pas été obéissant,
et le Messie n’entre pas comme Roi avec une pompe extérieure, mais comme le Jésus rejeté
de Nazareth, apportant la bénédiction pour le résidu qui le reçoit par la foi.

« Et il arriva, lorsqu’il fut venu dans le voisinage de Jéricho, etc. » La Parole ne dit pas :
lorsqu’il fut « proche », comme s’il s’agissait nécessairement de sa première venue auprès de
la ville ; mais elle se sert d’une expression générale, aussi applicable à la proximité du
Seigneur lors de son départ de la ville, qu’à sa proximité lors de sa venue à Jéricho (comp.
Matthieu et Marc). « Et il arriva, lorsqu’il fut venu dans le voisinage de Jéricho, qu’un
aveugle était assis sur le bord du chemin et mendiait. Et entendant la foule… il cria, disant :
Jésus, Fils de David, aie pitié de moi. » Plusieurs le reprennent, mais il persévère dans la foi et
crie d’autant plus fort : « Fils de David ! aie pitié de moi ». Il est un exemple du
rassemblement à ce nom du Messie qu’Israël rejetait. Les yeux de l’aveugle furent ouverts
alors, comme le seront ceux du résidu quand le moment sera venu.

19.2 - 19:1-10

Au chapitre 19, versets 1-10, nous trouvons le récit de ce qui touche Zachée, car l’Esprit de
Dieu n’a pas lié Luc au simple ordre chronologique ; au point de vue moral, l’histoire de
Zachée vient à propos après celle de la guérison de l’aveugle. Cet épisode, qui ne se trouve
que dans Luc, est une illustration de la grâce qui reçoit un homme de quelque bas étage qu’il
soit, et cela en face des préjugés juifs ; car un publicain, un riche chef de publicains, était
justement abhorré par ceux qui regardaient de tels hommes comme l’expression de
l’oppression des gentils. Tout était gâté par le péché, et Israël n’était pas humilié. Cependant,
c’était pour un Israélite une triste position que celle qu’occupait Zachée, quelque honnête et
consciencieux qu’il pût être. Mais c’était le jour de la grâce, et il « cherchait à voir Jésus ». Il
y avait des difficultés, des obstacles en lui et autour de lui ; mais la foi persévère en dépit de
l’opposition. Comme l’aveugle s’était attaché à son objet, ainsi Zachée le publicain voulait
voir Jésus : c’est là un trait distinctif de l’opération de l’Esprit de Dieu ; l’âme saisit la valeur
de l’objet que Dieu lui présente. Nous en avons besoin, et il nous en faut davantage ; nous en
connaissons assez pour qu’il nous en faille plus. C’est une soif produite par le Saint Esprit.

867
Combien il est triste que des chrétiens n’aient pas cette faim et cette soif d’une jouissance plus
profonde de Dieu ; là où ce désir n’existe pas, l’âme est desséchée et plongée dans l’apathie.

« Et quand il fut venu à cet endroit, Jésus, regardant, le vit, et lui dit : Zachée, descends vite ;
car il faut que je demeure aujourd’hui dans ta maison. Et il descendit à la hâte, et le reçut avec
joie ». Zachée n’avait pas encore la pleine connaissance de Jésus, mais son désir avait été
satisfait et il était joyeux. Ce n’était ni la loi, ni la gloire, mais un Messie caché, venu ici-bas
plein de grâce. Jésus était entouré de témoignages qui disaient qui il était, mais il était
descendu en grâce là où l’homme se trouvait. Qu’importe ce que le monde en pensait. Trouver
Jésus, c’est tout. Zachée a la réponse au besoin que la grâce divine avait créé dans son âme.
La grâce ne donne pas, au début, la connaissance de l’oeuvre de Christ : il peut y avoir dans
ceux qui en sont les objets, peu ou point de connaissance quant au fait que nous sommes faits
la justice de Dieu en Lui. C’est pourquoi la première joie s’évanouit souvent, parce que,
quand je me suis accusé dans ma conscience, j’ai besoin de cette justice. La première joie
consiste souvent en ce que l’âme se rend compte du besoin qu’elle a de Christ ; mais le fond
de la question de la justice peut être non vidé encore dans la conscience, quoique tout croyant,
en possédant Christ, possède la justice divine : pourtant, bien qu’il y ait beaucoup à
apprendre, l’âme est joyeuse ; de nouveaux intérêts sont suscités, de nouveaux désirs s’élèvent
dans le coeur ; on a une vue nouvelle du bien et du mal. Quand on a le sentiment profond de
ce qu’est un être perdu et sauvé, le monde (l’homme) compte pour peu de chose ; mais
lorsque le poids qui pesait sur la conscience est ôté, trop souvent la nature reprend quelque
place, et alors Christ n’est pas absolument tout pour le fidèle.

Le coeur de Zachée est ouvert ; il est plein d’une confiance qui s’exprime. Il peut y avoir toute
l’honnêteté possible dans les efforts que fait un homme pour satisfaire sa conscience dans une
fausse position : mais après tout, quelle position que celle-là ! Les hommes murmurent. Le
Seigneur passe pardessus tout. Se justifier soi-même était inutile. Jésus n’accusait pas, et il ne
parle de rien que du salut qui était venu aujourd’hui à cette maison. Zachée était fils
d’Abraham, et le Fils de l’homme était venu pour chercher et sauver ce qui était perdu.
Qu’est-ce qu’un pharisien pouvait objecter ? Il y avait eu un travail dans l’âme du publicain,
mais le Fils de l’homme était venu, et ce qu’Il apportait c’était le salut. Il apporte le salut. Il
donnait ce dont Zachée n’avait aucune idée. Il était venu pour satisfaire le besoin qu’il avait
lui-même créé ; il était venu pour chercher, c’est-à-dire pour produire le désir — et pour
sauver, c’est-à-dire pour satisfaire ce désir.

Le Seigneur était maintenant près de Jérusalem, et ainsi (v. 11 et suiv.) il ajoute une parabole,
pour détruire la pensée que le royaume de Dieu allait paraître immédiatement, car Jérusalem
est la ville du grand Roi et la question de sa réjection devait se clore là. Jésus montre que, tout
au contraire de ce que les hommes pensaient, il s’en allait dans un pays éloigné, le ciel, pour y
recevoir un royaume et pour revenir ensuite. Le temps n’était pas venu pour établir le
royaume sur la terre. En attendant, ses propres esclaves devaient trafiquer avec les richesses
qu’il leur confiait. Quand il reviendrait, après avoir reçu le royaume, il assignerait à chacun sa
place, selon la fidélité qu’il aurait montrée ; car dans Luc il s’agit de la responsabilité de
l’homme, tandis que dans la parabole correspondante, en Matthieu (chap. 25), c’est la
souveraineté de Dieu qui est en question. Il y a des différences de dons, dans Matthieu ; dans
Luc, des différences de rémunérations. Dans Luc, chaque esclave reçoit une mine du
Seigneur ; dans Matthieu, tous ceux qui « ont gagné » en trafiquant, entrent également dans la
joie du Seigneur. Ici, toute la force du passage est dans le : « Trafiquez ». « Trafiquez jusqu’à
ce que je vienne. » Notre position comme disciples, c’est de servir un Sauveur rejeté jusqu’à
ce qu’il revienne. Nous ne sommes pas appelés à participer maintenant à la gloire du

868
royaume. Quand Jésus reviendra, il disposera de tout sans partialité, et il y aura ce qui répond
à l’autorité « sur dix villes » et « sur cinq villes ». La justice de Dieu est la même pour nous
que pour Paul ; mais comme il y a une grande différence de service et différentes mesures de
fidélité, il y aura aussi une rémunération spéciale pour chacun. Sans doute, c’est la grâce qui
travaille, cependant, ici, il y a une rémunération pour le service fidèle. Le secret de tout
service est la juste application de la grâce du Maître. Si quelqu’un craint le Maître comme un
« homme sévère », il y aura de l’infidélité chez lui selon la mesure de ses propres principes.

19.3 - 19:26

Le verset 26 est un principe général. Quand, par la grâce, nos âmes réalisent la vérité qui nous
est présentée, nous sommes de ceux « qui ont ». Mais si la vérité est placée devant un homme
et que celui-ci en parle sans qu’elle soit mêlée avec la foi dans le coeur, cela même qu’il a lui
sera ôté. La vérité, si elle révèle Christ, m’humilie et s’occupe du mal qui est en moi. Alors
elle n’est pas seulement Christ comme objet en dehors de moi, mais un Christ vivant en moi.
Une connaissance qui n’a pas de pouvoir sur la conscience ne fait qu’ »enfler » (voyez 1 Cor.
8:1). Si on ne pratique pas la vérité qu’on connaît, elle trouble la conscience. Mais combien ne
voit-on pas souvent une conscience qui a perdu la lumière, se réjouir d’être délivrée de son
tourment, quoique la lumière de la vérité se soit évanouie avec lui ! L’âme est tombée plus
bas que ce qui avait exercé la conscience, et ainsi toute la mesure, et le principe, et la vie sont
rabaissés et les occasions de gagner Christ sont perdues pour toujours. Si je tiens ferme la
vérité — Christ — je le possède comme une partie de moi-même et j’apprends à haïr le mal et
à aimer le bien, en sorte que j’obtiens « davantage », jusqu’à ce que je croisse jusqu’à Christ
— jusqu’à la mesure de la stature de sa plénitude (voyez Éph. 4:13-15). Les devoirs ordinaires
de la vie ne nous privent pas de Lui : le coeur revient de ceux-ci avec une nouvelle joie vers
son propre centre. Mais c’est l’attachement du coeur à la vanité, qui corrompt notre joie ; c’est
tout ce qui élève le moi et rabaisse Christ — ne fût-ce qu’une pensée légère, si le coeur la
tolère.

Quant aux « citoyens » — les Juifs sur lesquels Christ avait des droits comme Roi — ils ne
voulaient pas de lui, ne le haïssant pas seulement pendant qu’il était parmi eux, mais, par-
dessus tout, envoyant un message après lui pour lui faire savoir : « Nous ne voulons pas que
celui-ci règne sur nous ». La vengeance les trouvera et les frappera devant Lui.

19.4 - 19:29-36

Jésus entre à Jérusalem comme Messie. Il fallait que ses droits de Seigneur de tout fussent
proclamés et qu’il s’en prévalût (v. 29-36). Il se présente pour la dernière fois à Israël, dans
l’humilité de la grâce, qui était d’une importance infiniment plus grande que le royaume. Il en
résulte le plus frappant contraste entre les disciples et les pharisiens. « Toute la multitude des
disciples, se réjouissant, se mit à louer Dieu à haute voix… disant : Béni soit le roi qui vient
au nom du Seigneur ! Paix au ciel, et gloire dans les lieux très hauts ! » Quelques-uns des
pharisiens lui demandent de reprendre ses disciples, mais ils apprennent de sa bouche, que si
ceux-ci se taisaient, les pierres mêmes crieraient. Il faut qu’un témoignage soit rendu à sa
gloire (v. 37-40).

869
Quand Jésus naquit, des anges l’annoncèrent aux pauvres du troupeau, et les armées du ciel
donnèrent gloire à Dieu, disant : « Gloire à Dieu dans les lieux très hauts ; et sur la terre,
paix ; et bon plaisir dans les hommes ! » Tel sera le résultat ; et les anges l’anticipent, sans se
préoccuper des obstacles ou des moyens. Mais Christ était rejeté, et les disciples disent « Paix
au ciel, et gloire dans les lieux très hauts » Quand la question de la puissance s’élèvera, pour
l’établissement du royaume, alors il y aura un combat (Apoc. 12). Et il ne peut pas, de fait, y
avoir de paix dans le ciel, jusqu’à ce que Satan et ses anges en soient précipités : alors le Roi
sera établi en puissance, quand les obstacles seront ôtés. Le Psaume 118 célèbre ce glorieux
moment, sa miséricorde demeurant à toujours, en dépit de tous les péchés du peuple : c’est le
cantique des derniers jours. Si Dieu envoie la paix à la terre dans la personne de son Fils, c’est
en vain, non pas quant à l’accomplissement, mais quant à l’effet présent. Mais pour la foi il y
a paix dans le ciel, et quand cette paix y sera proclamée en puissance vis-à-vis des mauvais
esprits dans les lieux célestes, ce sera certainement un jour de bénédiction. Quel jour que
celui-là ! Quel soulagement pour le travail de la grâce ! Car maintenant, son oeuvre est
toujours veille et travail. Comment, toujours ? Oui, toujours, et ce n’est pas là le repos. Mais
alors ce sera le repos, aussi sûrement que Dieu prendra sa grande puissance et régnera.
L’Éternel exaucera les cieux… (Osée 2:21). Il y aura une suite ininterrompue de bénédictions,
et sur la terre également. Ce ne sera plus bâtir une maison pour qu’un autre y habite (És.
65:21, 22), mais la bénédiction se répandra partout. Jusque-là, comme aujourd’hui, il s’agit de
souffrir en grâce, non pas de puissance triomphante. Ne craignez jamais la persécution ; elle
fera briller votre visage comme le visage d’un ange (voyez Actes 7). Mais D ;eu ne pouvait
pas se taire si son Fils était rejeté. Il pouvait le laisser souffrir, mais non pas sans un
témoignage. S’il n’en trouvait point d’autres, les pierres mêmes crieraient : et ainsi pour nous,
si nous sommes fidèles et que nous nous tenions près de Christ, cela nous tournera en
témoignage.

19.5 - 19:41-44

Nous ne trouvons pas ici la malédiction du figuier, mais l’Esprit de grâce, — Jésus pleurant
sur la ville. Les conseils de Dieu s’accompliront certainement, mais Dieu veut aussi que nous
connaissions la réalité de sa tendresse en Jésus. Ces larmes du Sauveur n’étaient pas vaines,
quelles que pussent être les apparences. C’était pour Jérusalem la journée de sa visitation :
mais elle ne la connaissait pas. Nous devrions, puisque nous avons la pensée de Christ (1 Cor.
2:16), savoir comment intervenir spirituellement. Nous sommes la lettre de Christ (2 Cor.
3:3), par laquelle le monde devrait savoir lire ce que Dieu est. Christ l’a manifesté
parfaitement. Mais que trouva-t-il en Israël ? Voyez les versets 45-46. Dieu déclare que sa
maison est une maison de prière ; les hommes, les Juifs, en avaient fait une caverne de
voleurs : — quel terrible jugement moral ! Mais c’est là la vraie manière de juger : avoir la
parole de Dieu pour voir les choses comme elles sont. Nous sommes ignorants et moralement
incapables de juger sans la parole de Dieu. Que nos yeux soient donc arrêtés sur Christ, et que
notre jugement sur toutes les choses qui nous entourent soit formé par la parole de Dieu !

20 - Chapitre 20
Les principaux sacrificateurs et les scribes sont les premiers à interroger Jésus ; ils demandent
par quelle autorité il fait ces choses, et quelle est la source de cette autorité. Mais Jésus les
870
interroge lui-même : « Le baptême de Jean était-il du ciel, ou des hommes ? » Les scribes
étaient sans connaissance dans leurs raisonnements. Ils reconnaissent leur incompétence
plutôt que de reconnaître Jésus comme le Messie. Le simple enfant de Dieu reçoit la Parole
avec la même certitude avec laquelle Christ la donne : la confiance en la parole de Dieu est le
seul terrain sûr et ferme. Mais comment pouvez-vous avoir cette certitude dont vous parlez ?
— Dieu l’a dit : « Il est écrit ! » Si ce que Dieu dit a besoin de preuve, il faut qu’il y ait
quelque chose de plus sûr et de plus vrai que Dieu. Serait-ce l’Église peut-être ? — Hélas !
nous savons à quoi nous en tenir sur ce point. Si Dieu ne peut pas parler de manière à
revendiquer l’autorité pour ce qu’il dit, sans qu’il y ait besoin de quelqu’un pour l’accréditer,
c’en est fait de la foi, elle n’est plus.

20.1 - 20:9-20

La parabole du cultivateur (v. 9 et suiv.) nous présente les voies de Dieu à l’égard d’Israël
auquel la vigne avait été d’abord louée, et, après que l’Héritier a été rejeté, le don que Dieu en
fait à d’autres. Mais il y a plus. La pierre rejetée devient la maîtresse pierre du coin.
Quiconque tombera sur cette pierre, sera brisé ; mais elle broiera celui sur qui elle tombera.
Les péchés passés de Jérusalem nous présentent le premier de ces cas ; pour le second, il faut
attendre l’exécution du jugement lors de l’apparition du Seigneur.

20.2 - 20:21

La question concernant le tribut à payer à César était très subtile. Ceux qui tendaient ce piège
au Seigneur usaient pour cela de l’effet de leur propre iniquité. En effet, les Juifs,
abstraitement, n’auraient pas dû être asservis aux nations ; de plus le Messie, le Libérateur
d’Israël, était venu. Si Lui disait qu’il fallait obéir aux nations, où était sa puissance
libératrice ? S’il poussait à la rébellion, ils auraient eu un prétexte pour le livrer à Pilate. À
cause du péché d’Israël, Dieu a jeté par terre la clef de voûte des nations, et a donné la
puissance aux gentils. Le Juif a été rebelle -sous la sentence et a toujours soupiré après la
délivrance du joug qui avait été mis sur lui. Mais le Seigneur répond avec une sagesse divine ;
il place les Juifs exactement là où leur péché les avait placés ; les choses de César, il faut les
rendre à César, et les choses de Dieu à Dieu.

Après avoir vidé la question touchant ce monde, entre Dieu et le peuple, le Seigneur rencontre
l’incrédulité sadducéenne touchant le monde à venir (v. 27-38). Il montre la place des saints
ressuscités en contraste avec le monde. Il met de côté l’idée d’une résurrection générale. Si
tous ressuscitent ensemble, il y a incertitude, un jugement commun, etc. ; mais si les saints
sont ressuscités à part, parce qu’ils sont « fils de Dieu », laissant le reste des morts derrière
eux pour une autre résurrection spéciale, une « résurrection de jugement » (comp. Jean 5:29),
tout est changé. La résurrection distingue plus que toute autre chose, et pour toujours. Elle est
le grand témoignage rendu à la différence qu’il y a entre les bons et les méchants. Les saints
seront ressuscités à cause de l’Esprit de Christ qui habite en eux (Rom. 8) ; leur résurrection
sera l’application à leurs corps de cette puissance de vie en Christ qui a déjà vivifié leurs
âmes : c’est une « résurrection d’entre les morts », comme l’a été celle de Christ. Ils seront
« estimés dignes d’avoir part à ce siècle-là », car il est tel, « et à la résurrection d’entre les
morts ». « Ils sont semblables aux anges, et ils sont fils de Dieu, étant fils de la résurrection. »

871
Luc ajoute un caractère que nous ne trouvons pas ailleurs : « car pour lui tous vivent ».
Témoignage important qui s’applique à tous les morts, aux méchants comme aux justes, tous
morts quant à leurs relations avec les hommes dans le corps ; mais, quant à leurs âmes, vivant
encore pour Dieu. L’âme restait toujours en vie devant Lui.

20.3 - 20:41-44

Dans les versets 41-44, Jésus soulève la question : Comment le Fils de David est-il Seigneur
de David ? Les Juifs n’y comprenaient rien. C’était le point auquel se rattachait et tenait le
changement dans le système moral tout entier. Jésus avait pris la place d’homme saint,
obéissant, dépendant, pèlerin comme d’autres et il avait bu du torrent par le chemin (Ps.
110:7) il s’en allait dans la débonnaireté et la paix, mais vivant par les eaux rafraîchissantes
qui venaient de Dieu son Père. Ainsi s’étant anéanti lui-même, il est maintenant
souverainement élevé par Dieu. Le grand principe universel que celui qui s’abaisse sera élevé
et que celui qui s’élève sera abaissé, est illustré dans les deux Adam. Le premier Adam, la
nature de l’homme, a voulu s’élever pour être « comme Dieu », jusqu’à ce que, dans sa pleine
maturité, l’antichrist « s’élève contre tout ce qui est appelé Dieu ou qui est un objet de
vénération » (2 Thess. 2:3, 4). Satan tenta l’homme au commencement, l’excitant à devenir
comme Dieu ; et à la fin, Dieu enverra aux hommes une énergie d’erreur pour croire au
mensonge (2 Thess. 2:11). Satan ne pouvant pas s’élever dans le ciel, cherchera à le faire par
la semence de l’homme ; mais la fin sera l’abaissement (És. 14:12-15). Dans le second Adam,
nous voyons Celui qui était Dieu s’humiliant lui-même, s’abaissant, devenant obéissant
jusqu’à la mort, même la plus ignominieuse, et puis nous le voyons, Lui qui s’humilia,
reprenant la place de puissance à la droite de Dieu, mais comme homme aussi bien que
comme Dieu. Dieu l’élève souverainement, afin qu’au nom de Jésus se ploie tout genou (Phil.
2:5-11). Ayant été obéissant d’un bout à l’autre de son sentier dans l’humiliation, il est exalté
pour être le Seigneur de David. Il sort ainsi des limites des promesses juives, quoique comme
Fils de David il les possédât assurément. Les Juifs ne comprenaient pas les Écritures et les
accomplissaient en ne les comprenant pas. Les voies de Dieu ont suivi leur cours en dépit de
tout, manifestant sa grâce et sa patience envers l’homme. Dieu avait placé l’homme sur la
terre ; il avait ensuite envoyé la loi, des prophètes, etc., jusqu’à ce que l’homme arrive à la fin
en rejetant tout. Dieu met l’homme à l’épreuve, et ensuite il introduit le nouvel homme qui est
l’accomplissement de tous ses glorieux conseils, — le second Adam ; et puis, il élève le
second Adam comme homme céleste à une place céleste, et tout dépend maintenant non de la
responsabilité de l’homme, mais de la stabilité de Dieu. La vie, la justice et la gloire
descendent du ciel. Est-ce la vie qu’il faut ? Dieu donne la vie de Christ en résurrection. Est-
ce la justice ? Dieu donne la justice divine. Est-ce un royaume ? C’est le royaume des cieux.
Tout descend, non pas simplement de Dieu en grâce, mais de la place que l’homme occupe en
gloire, des conseils de Dieu au sujet de l’homme céleste dans la gloire. Dieu l’a d’abord
élevé ; et d’où il l’a placé, la bénédiction descend. L’homme Christ Jésus a pleinement
satisfait à toutes les responsabilités de l’homme. C’est la raison de la plénitude de la
bénédiction de l’Évangile, et aussi de la bénédiction du royaume qui vient. L’Évangile est la
puissance de Dieu, et le royaume doit être établi dans les cieux. Le roi s’en est allé dans un
pays éloigné, et quand il reviendra, ce sera afin d’introduire le royaume des cieux. Tous les
conseils de Dieu ont maintenant leur centre et leur siège dans les cieux. Ainsi, dans le sens le
plus étendu, le centre de tous les plans et de tous les conseils de Dieu, c’est l’élévation de
Jésus à la droite de Dieu. Le caractère tout entier, et toute la stabilité et la perfection de notre
bénédiction tirent leur source de Jésus glorifié. Le caractère de cette bénédiction est céleste ;

872
elle tire sa stabilité de ce que Dieu a fait ; et la justice, qui me rend capable d’y avoir part, est
la justice de Dieu.

L’Esprit de Dieu, le Saint Esprit est venu pour rendre témoignage de Christ, sur qui la paix de
l’âme repose ; elle repose sur la justice accomplie de Celui qui a été élevé dans la gloire.
L’office du Saint Esprit est d’agir au-dedans de nous, et de nous manifester ce que Dieu est,
ici-bas. Et nous jouissons de tout cela comme résultat de ce que Christ a fait en introduisant
les promesses comme le Seigneur de David, au lieu de les accomplir comme le Fils de David.

Remarquez la beauté et la bénédiction morale de ce principe général : « Celui qui s’abaisse


sera élevé ». Christ s’abaissa lui-même ; il ne fut pas humilié, il s’humilia lui-même, ce qui
est tout autre chose. « Celui qui s’abaisse sera élevé. » Voilà ce que nous avons à faire :
prendre la dernière place. Nous ne pouvons pas faire ainsi avant que nous soyons chrétiens,
mais c’est notre gloire de prendre la place la plus basse, et d’entendre Christ nous dire :
« Monte plus haut ». Il nous a laissé un modèle, afin que nous suivions ses traces (1 Pierre
2:21). Le Seigneur Jésus a été rejeté comme Fils de David ; il reviendra comme Seigneur de
David.

Or dans l’intervalle, pendant qu’il est ainsi caché, nous voyons la place de l’Église. Nous
sommes cachés « avec le Christ en Dieu », et notre part est d’être unis à Lui pendant qu’il est
caché à nos yeux. Le Saint Esprit étant descendu nous donne une place et une part avec Lui
dans toute la béatitude de la maison du Père, et dans toute la gloire qui doit être révélée
bientôt.

La place d’Ève était d’être unie à Adam dans la domination que Dieu lui avait donnée sur
toutes choses (Gen. 1:26-28 ; 5:2). L’Église aussi, dans la manifestation de la gloire de Christ,
n’apparaît que comme l’Épouse et la compagne de Christ par grâce, jamais comme une partie
de l’héritage. Envisagés même individuellement, nous sommes « cohéritiers de Christ »
(Rom. 8:17 ; comp. Gal. 4:7). Il est de la plus haute importance pour les saints, dans ces
derniers jours, de saisir la place particulière qui nous appartient comme étant un avec Christ,
l’homme céleste.

21 - Chapitre 21
La fin du chapitre 20 et le commencement du chapitre 21 présentent un contraste instructif,
quoique affligeant, entre l’hypocrisie égoïste des scribes, que le Seigneur condamne devant le
peuple, et l’amour vrai et dévoué de la veuve qu’il distingue pour « l’honorer ». On voit aussi
à ce propos que le Seigneur sait comment séparer l’intention d’une âme sincère du système
qui l’entoure, en jugeant l’état de choses tout entier auquel la personne est associée. De plus,
remarquez la différence qu’il y a entre donner ce qu’on a pour vivre et donner de son superflu.
Il est facile de s’approcher respectueusement de Dieu avec des présents, tout en se gratifiant
réellement soimême ; mais la femme qui donne ce qu’elle a pour vivre, se donne elle-même à
Dieu et montre qu’elle dépend de Lui. Ses deux pites, car elle n’avait pas davantage,
exprimaient tout cela parfaitement, car ses besoins, et toutes les circonstances dans lesquelles
elle se trouvait, auraient pu l’arrêter ; en même temps, la louange des hommes et la vanité de
la donatrice n’avaient pas de place ici. Pour la jactance juive, l’acte de cette femme avait peu
de valeur ; mais le Seigneur la voyait et lui rendait témoignage ; elle était bienheureuse dans
ce qu’elle faisait.
873
21.1 - 21:5 et suivants

La description que le Seigneur nous donne dans cet évangile des souffrances de Jérusalem est
aussi, comme ce qui précède, liée bien davantage au simple fait du jugement de la nation et au
changement de la dispensation. Les détails que nous lisons ici diffèrent beaucoup de ceux que
nous trouvons au chapitre 24 de Matthieu, qui se rapporte entièrement à ce qui doit arriver à la
fin, tandis que Luc envisage, plus que les deux premiers évangiles, le temps présent et le
jugement de Jérusalem. C’est pourquoi Luc parle très clairement du siège et de la destruction
de cette ville par Titus, ainsi que du temps des gentils. Remarquez également que la question
des disciples, au verset 7, ne va pas plus loin que la destruction prédite. C’est pourquoi, dans
ce qui suit, nous trouvons le jugement de la nation envisagé comme un tout depuis la
destruction de Jérusalem par Titus jusqu’à l’accomplissement des temps des nations, de
« l’économie » desquelles Luc est si occupé. Nation s’élèverait contre nation, il y aurait des
signes du ciel, et des douleurs sur la terre ensuite ; et avant tout cela les disciples seraient les
objets de l’hostilité des hommes ; mais tout leur tournerait en témoignage au lieu de détruire
leur témoignage. Ils devaient persévérer et poursuivre leur chemin, tandis que la malheureuse
Jérusalem où ils se trouvaient comblait la mesure de ses péchés. Le Seigneur permettait qu’ils
fussent éprouvés, mais pas un cheveu de leur tête ne périrait. Cependant il y aurait un terme à
ces choses : Jérusalem serait environnée d’armées, car c’est de ce fait historique et non de
l’abomination de la désolation qu’il est question ici. La désolation de Jérusalem approchait.
Les disciples auraient à s’en retirer, non pas à y retourner. Ce seraient les jours de la
« vengeance », non de la tribulation sans pareille (comme au chap. 24 de Matthieu) qui aura
lieu seulement aux derniers jours, — afin que toutes les choses qui sont écrites fussent
accomplies. Il y aurait une grande détresse sur le pays et de la colère contre ce peuple. Ils
tomberaient sous le tranchant de l’épée, et seraient menés en captivité, et Jérusalem, jusqu’à
ce que son heure fût passée, serait la proie de maîtres gentils.

21.2 - 21:8-19

Dans les premiers versets (v. 8-19), le Seigneur s’étend sur les dangers, les devoirs et les
tribulations des disciples avant le sac de la ville par Titus. Les disciples auraient à se tenir en
garde contre un prétendu libérateur et contre le cri que le temps (celui de la délivrance) était
venu. Ils ne devraient pas non plus se laisser épouvanter par les guerres et les bruits de guerre,
pas plus qu’ils ne devraient se laisser séduire par de belles promesses. « Il faut que ces choses
arrivent premièrement ; mais la fin ne sera pas tout aussitôt. » Il n’y aurait pas seulement des
bouleversements, des pestes et de grands signes d’un changement et d’un mal à venir dans le
monde ; mais avant toutes ces choses les disciples eux-mêmes passeraient par la tribulation et
la persécution pour le nom de Christ. Alors, aux versets 20-24, vient le jugement de la ville et
du peuple, déjà virtuellement jugés par la réjection du Seigneur ; et cette partie s’étend en
principe jusqu’à nos jours. Mais tout n’est pas encore accompli, car, au verset 25, le Seigneur
commence à décrire la scène finale — le jugement non pas seulement des Juifs, mais aussi des
nations, car les puissances des cieux, la source d’autorité, seront ébranlées, comme nous
lisons en Aggée 2 et Hébreux 12. Jésus ne dit pas que ces choses dussent arriver
immédiatement après le siège de la ville par Titus, mais il laisse, au contraire, de la marge
pour la longue période où Jérusalem est foulée par les gentils, jusqu’à ce que leurs temps
soient accomplis. C’est dans Matthieu qu’il faut lire les détails sur la grande tribulation des

874
derniers jours, parce que Matthieu est occupé des conséquences de la réjection du Christ, et
spécialement en ce qui concerne Israël. C’est pourquoi Matthieu dit : « Et aussitôt après la
tribulation de ces jours-là », c’est-à-dire des jours abrégés de la « tribulation de Jacob », qui
est encore à venir. Ici, cependant, après la mention des temps des gentils, nous lisons qu’il y
aura des signes dans le soleil, et dans la lune, et dans les étoiles, et sur la terre une angoisse
des nations en perplexité, la mer et les flots faisant un grand bruit, les hommes rendant l’âme
de peur, etc. Les hommes seront épouvantés, parce qu’ils ne verront pas la fin, et ils
trembleront, parce qu’ils se sentiront entraînés vers une fin terrible et inconnue, par des
principes qui agiront sans qu’ils sachent comment, et qui les envelopperont bon gré, mal gré,
dans la ruine générale. La venue du Fils de l’homme place toute la scène dans son vrai jour
devant les disciples. Mais il est évident par les circonstances et particulièrement par le
caractère de la rédemption dont il est question (v. 28), qu’il s’agit non de chrétiens, mais de
disciples terrestres et d’une délivrance terrestre par un jugement exécuté ici-bas. Le Seigneur,
dans sa miséricorde, fait de la terreur de l’homme un signe de délivrance pour le résidu de ce
jour-là.

21.3 - 21:31-32

Les versets 31 et 32 sont intéressants à ce point de vue, et fournissent une preuve évidente,
d’abord que « le royaume de Dieu » ne signifie pas « l’Évangile de sa grâce », et ensuite que
l’expression de « cette génération » ne peut pas se rapporter à la période qui sépare la
prophétie de la destruction de Jérusalem.

Je dis que le royaume de Dieu n’est pas l’Évangile de sa grâce, car quand les disciples verront
arriver ces choses (et le Seigneur avait parlé de la tribulation finale et universelle qui viendrait
sur tout le monde habitable, et non pas seulement des calamités qui sont tombées sur les
Juifs), ils doivent en conclure que le royaume de Dieu est proche. Or, si même il ne s’agissait
que de la prise de Jérusalem par les Romains et de la dispersion du peuple qui en fut la suite,
et à plus forte raison, si le discours du Seigneur embrasse la tribulation des derniers jours, on
ne peut nier que l’Évangile s’était répandu bien loin en tous sens avant le premier de ces
événements. En fait, la manifestation de son influence déclinait plutôt déjà avant cette époque,
comme nous l’apprennent les dernières épîtres. Mais les signes, dont le Seigneur parle ici,
étaient comme les bourgeons des arbres, quand ils commencent à pousser, et le royaume de
Dieu viendra à l’arrivée du Roi, quand le Seigneur Dieu Tout-puissant prendra en main sa
grande puissance et régnera. Qu’il y ait eu un jugement analogue partiel, lors de la chute de
Jérusalem, cela ne fait pas l’objet d’un doute ; mais les versets 25-28 montrent clairement
qu’il y a encore un jugement postérieur plus étendu, accompagné de signes qui introduisent,
non pas les afflictions des Juifs, mais le Fils de l’homme venant dans son royaume.

Pour une raison analogue, l’expression de « cette génération » ne s’applique pas à la durée de
la vie d’un homme seulement, mais elle est employée dans un sens moral, comme au chapitre
32 du Deutéronome, au Psaume 12, et dans une foule d’autres passages de l’Écriture. Elle
s’étend ici expressément à la fin, non seulement au temps qui a suivi la chute de Jérusalem,
mais à la scène tout à fait distincte de la venue de Christ en puissance et en gloire.

L’expression du verset 33 est très solennelle : il s’agissait de quelque chose de plus que d’un
simple changement momentané quant à Jérusalem. Le temps précis était enveloppé dans une
obscurité intentionnelle, mais rien n’était plus sûr que les deux faits annoncés.

875
Le Seigneur a préparé pour ses disciples d’alors ce qui était nécessaire, mais il a aussi donné
sa Parole écrite, pour des temps analogues à venir. Cependant, quoique le principe soit
toujours vrai, le verset 34 s’applique clairement à un jour à venir sur la terre. Le privilège dont
le Seigneur parle consiste à échapper aux jugements et à se tenir devant le Fils de l’homme ;
et quant à ceci encore, il s’agit de la terre, et non pas de l’enlèvement des saints dans le ciel.
Les grands principes moraux, sans doute, restent vrais pour tous et, d’une façon particulière,
pour ceux qui, en vertu d’un appel plus glorieux, peuvent en jouir d’une manière plus
excellente.

21.4 - 21:37 et 38

Le Seigneur cependant poursuivait son témoignage, marchant et travaillant pendant le jour ;


mais le lieu de sa retraite était « dans la montagne des Oliviers », là où il quitta ce monde, et
où ses pieds se tiendront de nouveau dans ce jour-là. Patient dans son service, il enseignait dès
le matin, dans le temple ; de nuit, il se tenait éloigné de la cité jugée ; son temps était
maintenant venu.

22 - Chapitre 22
La pensée de la chair s’est montrée ce qu’elle est — inimitié contre Dieu, par la réjection de
Christ ! L’iniquité a été résumée, mise en évidence chez tous — peuples, prêtres, conducteurs.
L’ami ? — il est un traître. Les disciples ? — ils fuient quand le danger approche. Celui
d’entre eux qui s’est le plus avancé ? — quand il se voit exposé, il renie son maître. Les chefs
religieux, ceux qui auraient dû reconnaître le Messie ? — ils le livrent au pouvoir idolâtre du
monde. Celui qui est assis au tribunal ? — il lave ses mains en reconnaissant l’innocence de
Celui qui est amené devant lui ; mais il le livre à la volonté, à la rage des hommes. Ainsi le
péché de l’homme a été mis en complet et flagrant contraste avec ce qui était parfait, et cela
par la mort de Jésus. Il est inutile de chercher du bien dans l’homme, non pas qu’on ne
rencontre d’aimables traits du caractère naturel, mais Dieu n’a absolument aucune place dans
le coeur de l’homme, quand celui-ci est mis à l’épreuve.

En même temps, nous trouvons ici le tableau de la patience parfaite du Seigneur au travers de
tout. Ce n’était pas seulement l’homme, mais Satan aussi, qui était là pour tenter. C’était la
puissance des ténèbres, aussi bien que l’heure de l’homme. Jésus traverse cette scène de la
méchanceté de l’homme et de la puissance de Satan ; son coeur se fondait comme de la cire,
mais le résultat était toujours la manifestation de sa perfection. Un ange vient le fortifier ; car
Jésus était réellement homme, mais un homme parfait, endurant tout ce qui pouvait
l’éprouver, et ne manifestant rien que la grâce et l’obéissance parfaites. Partout où il y a de la
douleur, son amour surmonte sa propre souffrance pour consoler les autres et leur venir en
aide.

22.1 - 22:3-13

876
Qu’il est solennel de penser que, plus on est près du Seigneur, si la vie spirituelle fait défaut,
plus on résiste à Dieu, plus aussi l’on devient un sûr et triste instrument de l’ennemi. Satan n’a
nulle part plus d’empire que lorsque la vérité a été présentée et n’a pas été reçue dans le coeur.
La convoitise fut le moyen employé par Satan à l’égard de Judas ; mais les principaux
sacrificateurs et les scribes peuvent comploter avec lui pour livrer Jésus en secret, Dieu ne le
permettra pas : ils sont forcés d’accomplir leur crime selon les desseins de Dieu. Alors, de
derrière la scène (v. 8-13), la lumière jaillit : c’est le Seigneur ; quelles que soient ses
souffrances, et quoi qu’il rencontre sur son chemin, nous trouvons toujours chez lui la
connaissance et la puissance divines. Quelle paisible et calme dignité ! Point d’effort — rien
pour faire montre de son caractère. Tout fléchit devant l’autorité de ce Sauveur rejeté, tout,
excepté le coeur non renouvelé de l’homme auquel il avait été le plus manifesté. Pour le
maître de la maison, inconnu d’eux tous à ce qu’il parait, sauf d’un seul, il suffisait
d’entendre : « Le Maître te dit ».

22.2 - 22:14 et suivants

Qu’il est précieux de voir des affections humaines parfaites mêlées avec une connaissance
divine de toutes choses. « J’ai fort désiré de manger cette pâque avec vous, avant que je
souffre. » Le Seigneur parle comme quelqu’un qui, avant de quitter sa famille, désire avoir
encore avec elle une réunion d’adieu. Quand nous voyons la gloire divine dans la personne du
Sauveur, nous voyons briller en lui les affections humaines (comp. Matt. 17:27). C’est là ce
qui donne à Jésus une puissance et un charme qu’aucun autre objet ne possède, en sorte que
Dieu peut trouver son plaisir en l’homme et l’homme son plaisir en Dieu. — Le Seigneur
rompt tout lien avec l’ancien ordre de choses (v. 16) : il n’établit pas le royaume ici-bas, mais
il met l’homme en relation avec Dieu, quand les anciens rapports étaient devenus impossibles.
Il prenait une place nouvelle où la chair et le sang ne peuvent entrer ; sa mort et sa
résurrection introduisent une nouvelle relation avec Dieu.

Le Seigneur fait ici une distinction entre l’agneau pascal et le vin, et les distingue tous deux
d’avec la cène. Il entre de la manière la plus complète dans tous les sentiments d’Israël, de
l’Israël de Dieu, dans les intérêts du peuple comme tel, jusqu’à ce que sa réjection les place
sur un autre terrain et que la faveur divine soit transportée dans une autre scène par la
résurrection, lui-même devenant le substitut, le vrai Agneau pascal. Les disciples étaient au
premier rang dans cette communion avec Lui, comme nous voyons ailleurs Hushaï, l’ami du
roi. C’est à eux qu’il veut donner ce dernier témoignage de son amour, avant de se séparer
d’eux. Mais tout en exprimant ainsi son affection pour eux, il prend d’une manière manifeste
(v. 18) le caractère de Nazaréen, qui était moralement toujours le sien, mais qui désormais le
devient extérieurement et douloureusement : « Car je vous dis que je ne boirai plus du fruit de
la vigne, jusqu’à ce que le royaume de Dieu soit venu ». Il renvoie le moment de sa joie avec
eux dans la commune jouissance du royaume, jusqu’à ce temps-là.

Ensuite, dans les versets 19 et 20, il institue le mémorial de la meilleure rédemption, de son
amour qui va jusqu’à la mort et au sacrifice de lui-même ; s’il se séparait maintenant pour
Dieu, dans sa joie, ce n’était pas un manque d’amour pour ses disciples, mais au contraire le
plein déploiement de cet amour. « Faites ceci en mémoire de moi. » Nous nous souvenons de
Lui souffrant, mort, absent ; nous le connaissons comme un Sauveur présent et vivant. La
nouvelle alliance est établie par son sang. Dans toute la joie de la communion avec Christ
dans le ciel, nous ne pouvons pas oublier ce qui nous a amenés là. D’un côté, c’est un corps

877
rompu, et un sang répandu ; de l’autre, c’est Lui-même et toute la perfection de l’amour dans
sa mort pour nous. Nous sommes unis à Lui, un Christ ressuscité ; mais il nous appelle à nous
souvenir de lui comme d’un Christ mort. La bénédiction de cette mort est dans l’oeuvre qu’il
a accomplie tout seul : par sa vertu, je suis uni à Lui, et vivant pour toujours. Quant à la part
de l’homme dans cette oeuvre (v. 21, 23), c’était la trahison et l’iniquité.

Le Seigneur montre ensuite, de la manière la plus évidente, la nécessité pour les siens de
marcher dans la même humiliation que Lui, et non pas comme le monde. La grandeur
humaine était reconnue parmi les Juifs, mais cette grandeur, désormais, était jugée et
condamnée, ainsi que tout le système judaïque, comme des rudiments du monde. Toute autre
grandeur, même si elle se présentait sous forme de bienfaiteurs, était du monde. Christ était
venu pour être serviteur. Sa grâce redresse les siens, sans qu’il leur fasse aucun reproche. Il
leur fait connaître que quelque élevée que fût la place qu’ils pourraient chercher, Lui prenait
la plus basse. Il aurait pu dire : Rien ne brisera donc votre affreux égoïsme ! — mais il dit :
« Vous êtes ceux qui avez persévéré avec moi dans mes tentations ». Il est le même
maintenant. Ce que nous devrions rechercher, c’est de porter autant du fardeau de l’Église que
nous pouvons en porter. Si nous souffrons ainsi avec Lui, son coeur est avec nous.

22.3 - 22:31-34

Pierre avait assez de confiance en la chair, pour aller au-devant de la tentation. Mais il est
impossible à l’homme de tenir ferme quand il s’agit d’une question de bien ou de mal : il est
pécheur et ne peut traverser cette épreuve. Si Dieu juge, c’en est fait de la chair : elle est
comme l’herbe. Il y a la faiblesse de la nature humaine et en outre les droits et le pouvoir de
Satan sur l’homme qui avait mis à découvert sa propre condition en la présence de Dieu et
était assujetti à la mort par le jugement de Dieu. Je puis avoir appris par la grâce, que la chair
ne profite de rien, mais il me faut l’apprendre par des relations avec l’ennemi, si je ne
l’apprends pas avec Dieu. Le Seigneur a prié pour que la foi de Simon ne défaillît pas ; mais
toute la confiance de Pierre en lui-même devait périr ; l’effet de l’intercession du Seigneur,
c’est que Pierre ne perdit pas sa confiance en Christ, comme Judas, qui n’avait pas de foi. —
Qu’est-ce qui le rendit plus tard capable de fortifier ses frères ? Il découvrit qu’il n’y avait que
du péché en lui, quand il avait les meilleures intentions, et qu’il y avait une parfaite grâce en
Christ, quand lui, Simon, agissait au plus mal.

Les versets 35-38 nous présentent un changement complet de circonstances. Jusque-là le


Seigneur avait protégé les siens et avait pourvu à tout pour eux, comme le Messie qui
disposait de tout ici-bas. Ce temps était passé, et le Juste allait être de plus en plus rejeté. Il
était venu avec la capacité de détruire le pouvoir de Satan ; mais c’était le Seigneur qui était
venu et l’homme ne voulait pas le recevoir : telle est la condition dans laquelle le monde se
trouve. Il faut que lui, le Juste, il soit compté parmi les transgresseurs ! Quel lien pouvait-il y
avoir entre Dieu et l’homme ? — L’humanité est condamnée, parce qu’elle a rejeté Christ.
Nous pouvons trouver chez elle une conscience scrupuleuse quand il est question de mettre
l’argent dans le trésor du temple, mais aucune conscience quand elle trahit le saint Fils de
Dieu et le crucifie. Mais c’est en un Jésus rejeté et mort que la foi trouve ses délices. Il faut la
foi et la grâce pour confesser un Christ méprisé des hommes. Les disciples qui se reposaient
encore sur la force de l’homme, non sur le Messie crucifié en faiblesse, disent : « Voici ici
deux épées ». Le Seigneur, en disant : « C’est assez », fait allusion à leurs paroles, et montre
qu’ils n’entraient pas dans sa pensée. Il n’avait pas besoin d’en dire davantage.

878
22.4 - 22:39-46

Il faut que nous passions par le crible pour être exercés et pour que nous jugions la chair.
Christ, il est superflu de le dire, n’avait pas besoin de cela, il faisait toutes choses en
communion avec son Père. — Son sentier était un sentier d’obéissance, et la tentation, pour
lui, était une occasion de faire la volonté de Dieu ; pour Pierre, c’était la puissance de Satan.
Christ ne parle pas de la méchanceté des sacrificateurs, de la volonté du peuple, de l’injustice
de Pilate, mais de la coupe que son Père lui donnait à boire. Il avait eu des rapports positifs
avec Dieu au sujet de la tentation, avant que le moment fût arrivé ; et il faut toujours qu’il en
soit ainsi. Il est bien tard pour revêtir l’armure, quand nous devrions être au combat. Un
homme qui vit avec Dieu traverse l’épreuve, dans sa mesure, comme Christ l’a fait. Il tient
ferme au mauvais jour, parce qu’il a été avec Dieu quand il n’y avait pas de mauvais jour. Sur
la croix, il ne s’agit pas de communion ; mais dans le jardin, Christ est en communion avec le
Père, quant à la puissance de Satan, qui allait fondre sur Lui. Il sentait tout, mais ne
succombait sous aucune chose. Ainsi au lieu d’entrer en tentation, il était dans le plus haut
exercice de la spiritualité, accomplissant la volonté de Dieu dans les circonstances les plus
difficiles, et la soumission la plus parfaite, même alors qu’elle lui coûtait toutes choses. Notre
Père ne peut jamais nous induire à pécher, mais il peut nous induire en tentation, c’est-à-dire
il peut permettre que nous soyons criblés, la chair étant abandonnée à elle-même, quand cela
est nécessaire, à cause de la dureté ou de la légèreté de nos coeurs, ou de notre manque
d’attention à ses patients avertissements. C’est le dernier moyen dont Dieu use, mais souvent
un moyen nécessaire pour nous apprendre à nous connaître nous-mêmes, et nous discipliner.
Quoique ce soit une grande grâce de la part de Dieu, qu’il s’occupe ainsi de nous, cependant,
si nous connaissons notre faiblesse et ce qu’il y a de terrible dans le combat avec l’ennemi, il
nous convient bien de prier, et le Seigneur nous y invite, pour que nous ne soyons pas placés
dans la fournaise. Dans de pareils moments, une mauvaise conscience pousse au désespoir. La
chair, dans sa coupable légèreté, va au-devant de l’épreuve sans assurance ou dans une
opposition charnelle, et elle succombe. D’un autre côté, si l’épreuve arrive, nous apprenons à
nous tenir dans notre vraie position devant Dieu — veillant, priant, suppliant, plaçant tout
devant Dieu dans une confiance d’enfant, mais avec un humble désir que sa volonté soit faite.

Le Seigneur était absolument homme, ici : un ange apparaît et l’assiste, car le combat de son
âme était grand ; mais l’épreuve dont il ressent les ardeurs le pousse à prier plus instamment.
La puissance du mal et la douleur sont ainsi mises plus clairement en évidence, et de manière
à agir même sur le corps. Jésus était en angoisse, mais il dit toujours : « Père ». Il est le Fils, et
parle à son Père comme Fils ; il n’est pas encore la victime devant Dieu, mais il souffre en
esprit, sentant toute la profondeur des eaux qu’il traverse, mais de cette profondeur, criant à
son Père. — Satan a cherché à arrêter Christ par la difficulté, quand il n’a pas pu le détourner
par les choses agréables de la vie. Mais Christ a passé à travers tout avec son Père. À la croix
il y avait autre chose — la puissance de Dieu contre le péché.

22.5 - 22:47-53

C’est un bonheur que de voir ces deux choses réunies ensemble, la patience envers les
hommes et en même temps la puissance qui dispose de tout et peut tout arrêter. Christ a été
dans l’angoisse du combat, avec Dieu, — il est calme devant les hommes. Si Pierre coupe

879
l’oreille de Malchus, Lui, il étend la main et guérit. Quel tableau et de l’homme et de Dieu, si
nous regardons ici à Christ !

22.6 - 22:54-62

Quand nous tremblons devant les hommes, nous n’avons pas été avec Dieu. Pierre tombe,
témoin de la faiblesse et du caractère trompeur de la chair. En Christ — quoiqu’il souffrit —
il n’y avait rien qui rendît vaine la simple et parfaite action de la grâce, à quelque moment que
ce fût. Lorsque le coq chante, il se tourne et regarde Pierre, qui se ressouvient de la parole que
Jésus lui avait dite, et sort, pleurant amèrement.

22.7 - 22:63-71

Le Seigneur ne passa pas la nuit avec ses juges, qui prirent leur temps jusqu’au matin avant de
faire comparaître devant eux le Seigneur de gloire, mais il fut laissé au milieu de ceux qu’ils
employaient, objet de leur mépris et de leurs insultes. Puis, quand cela leur convint, on
l’amena devant un conseil des chefs du peuple ; mais Lui savait que ce n’était pas le temps
pour rendre témoignage, et il les laissa à leur propre faiblesse. La présentation du Messie aux
Juifs était close : désormais le Fils de l’homme serait assis à la droite de Dieu. Tout était vidé
et réglé avec Dieu ; ils pouvaient poursuivre leur chemin. Ils tirent eux-mêmes la vraie
conclusion : « Tu es donc le Fils de Dieu ». Ils seront donc coupables, non pas d’une erreur,
mais d’avoir condamné Jésus, parce qu’il était le Fils de Dieu et le confessait devant eux.

23 - Chapitre 23
23.1 - 23:1-25

L’iniquité religieuse n’avait plus maintenant qu’à achever son oeuvre et à conduire le monde
dans la voie dans laquelle elle l’avait elle-même dirigé. Il faut que le pouvoir civil cède à
l’iniquité volontaire d’un peuple apostat. C’est là l’histoire du monde ; et si, du pouvoir civil
ou du pouvoir religieux, il en est un qui soit plus près de Satan que l’autre, c’est toujours le
dernier. Les principaux sacrificateurs manifestent leur inimitié, par l’accusation qu’ils portent
contre le Seigneur et qui était calculée de manière à exciter la jalousie du gouverneur ; ils
accusent le Christ de ce qui était absolument faux quant à César, mais en comptant
perfidement sur la confession qu’il ferait de la vérité à laquelle ils savaient bien qu’il ne
pouvait pas ne pas rendre témoignage. La culpabilité des Juifs est complète, comme aussi
celle des gentils, car Ponce Pilate lui-même déclare Jésus innocent, et il eût désiré le relâcher.
Cruel lui-même, le gouverneur romain n’aimait pas la cruauté chez les autres ; mais il ne
voulait pas aller jusqu’à sauver Christ de la fureur de ses ennemis ; il lui en aurait coûté
quelque chose de le faire, ses intérêts eussent été compromis, et il cède. Ce qui seul a de la
puissance dans le monde, c’est l’inimitié contre Christ.

880
Mais il y a une autre forme du mal ; il y a Hérode roi apostat d’Israël apostat ; et Hérode et
Pilate, quoique jaloux l’un de l’autre et divisés entre eux, sont amis pour rejeter Christ : union
terrible entre la quatrième bête et ceux qui professent être le peuple de Dieu. Mais si les
gentils se rendent honteusement coupables, en ne protégeant pas le Juste et en prononçant
contre lui un jugement inique, c’est chez les Juifs que se trouve l’activité d’une volonté
méchante. Trois fois l’occasion leur est donnée de revenir à d’autres sentiments ; mais, tandis
que l’indifférence du gouverneur est aussi évidente que l’insolence désappointée d’Hérode,
chaque fois la voix du peuple ne fait que s’élever plus haut pour demander la mort du Messie ;
et pour les apaiser, Pilate relâche le coupable Barabbas qu’ils lui demandent, et livre Jésus à
leur volonté.

23.2 - 23:26-31

C’est une heure terrible, une heure de violence. Peu leur importe l’homme qu’ils rencontrent,
pourvu qu’ils puissent le forcer à leur venir en aide dans leur iniquité. Leur heure avait sonné ;
ils s’accordent tous pour rejeter et outrager Christ, avec cette seule différence que les Juifs
agissent avec plus de connaissance de cause. Les privilèges extérieurs se tournent en affliction
et en messagers de terreur, il faut qu’ils soient rabaissés, car tout est faux maintenant quelle
que soit d’ailleurs, chez les filles de Jérusalem, l’expression des sentiments naturels suscités
par les circonstances. Elles ne comprenaient ni la croix de Christ, ni le sort terrible qui les
attendait. On peut être touché de compassion, comme si on était supérieur à Christ, et tomber
sous le jugement qui est la conséquence de sa réjection et de sa mort. Aucune humiliation
n’enlève jamais à Jésus la parfaite capacité de s’occuper des autres de la part de Dieu. Hélas !
ce n’était pas seulement sur Pilate et Hérode, ou sur les principaux sacrificateurs, que le
jugement allait tomber, mais sur les femmes qui se lamentaient et pleuraient sur Jésus, dans
l’ignorance de leur propre condition et de la condamnation qui pesait sur elles. Conscience
naturelle, religion naturelle, sentiments naturels, tout est insuffisant, tout, sauf la gloire de
Dieu en Christ. Et si Lui, le vivant et vrai Cep, qui portait réellement du fruit pour Dieu, était
traité ainsi, quelle serait la part des branches stériles, ou du bois sec ? Où paraîtra l’impie et le
pécheur ? L’homme rejette le bois vert, et Dieu rejette le bois sec. La vie était là, dans la
personne de Jésus ; ils n’en ont pas voulu et sont par conséquent rejetés ; et maintenant, on ne
peut avoir part à cette vie que par un Christ mort et ressuscité.

23.3 - 23:32-43

Toutes les espérances de délivrance présente sur la terre sont mises de côté : il faut que Christ
meure. Mais si Dieu nous montre jusqu’à quel point l’homme peut s’abaisser moralement, il
nous montre en même temps que Christ, dans sa grâce, peut descendre plus bas encore : « À
moins que le grain de blé, tombant en terre, ne meure, il demeure seul » (Jean 12:24)., C’est
pourquoi toutes les fois qu’on tentera (et c’est l’effort de la religion de l’homme) d’associer
un Christ vivant, avant la mort et la résurrection, avec des pécheurs vivants, vous pouvez
compter qu’on est dans l’erreur, car c’est unir le péché avec le Seigneur du ciel, et c’est nier
que les gages du péché c’est la mort. Si Christ était descendu de la croix, comme les
gouverneurs et le peuple l’y invitaient, en se moquant de Lui, il ne nous aurait pas délivrés. Il
faut que Jésus passe par la mort et qu’il prenne une place plus élevée en résurrection ; et là il
nous prend à Lui. L’incarnation par elle-même ne peut pas donner la vie et la rédemption à

881
ceux qui sont morts dans leurs fautes et dans leurs péchés ; il faut que Dieu nous donne une
place bien au-delà, dans la vie de résurrection en Christ.

Ainsi donc, en dépit de la grâce de Jésus qui intercède, les Juifs et les gentils s’associent pour
l’outrager et le crucifier. Mais Dieu avait préparé, même ici, dans un pauvre pécheur, la
consolation de sa grâce pour son Bien-aimé. Or aucune douleur, aucune honte, aucune
souffrance n’accablent assez le coeur, pour qu’il n’insulte pas Jésus : un malfaiteur crucifié
l’outrage ! Il y a dans tout coeur non renouvelé, une opposition instinctive contre Christ, que
n’apaise même pas la puissance de l’amour qui faisait descendre le Fils de Dieu jusque dans
la plus profonde humiliation, pour souffrir la colère due au péché. Ne pensez pas que vous
soyez en aucune manière meilleurs que ce misérable « Il n’y a point de juste, non pas même
un seul ; il n’y a personne qui ait de l’intelligence, il n’y a personne qui recherche Dieu… ils
se sont tous ensemble rendus inutiles » ; — en un mot, « il n’y a pas de différence ! » Vous
êtes aussi mauvais devant Dieu que le brigand impénitent et moqueur. Mais voyez maintenant
le fruit de la grâce dans l’autre brigand. La grâce opère dans un homme, dont la condition est
tout aussi dégradée que celle de son compagnon qui, en dépit de sa propre agonie et de son
sort ignominieux, trouvait son plaisir à outrager le Seigneur de gloire : tous les deux, en effet,
ils avaient insulté Christ (Marc 15:32). Mais quoi de plus glorieux et de plus certain que le
salut de ce malfaiteur, lorsqu’il s’incline devant le nom de Jésus ? Il s’en va au paradis avec le
Seigneur, qu’il reconnaît comme tel.

On a dit quelquefois sans réflexion, que l’un des deux hommes fut sauvé ainsi, afin que
personne ne désespérât, et qu’il n’y en eût qu’un seul afin que personne ne présumât de lui-
même. Ce qu’il y a de vrai, c’est que c’est ici le seul moyen par lequel un pauvre pécheur,
quel qu’il soit, peut être sauvé ; il n’y a qu’un seul et même salut pour tous. Le temps eut
manqué évidemment s’il se fût agi pour le brigand de faire quoi que ce soit, mais tout est fait
pour le pécheur qui croit. Ce même jour, ses jambes devaient être brisées, comment pouvait-il
entrer dans le paradis ? Christ opérait sa délivrance par sa propre mort, et l’oeil de cet homme
était ouvert par la foi à ce que Christ accomplissait.

Ce n’est pas seulement que l’oeuvre de Christ, accomplie pour lui, fût la base sur laquelle son
âme se reposait pour le salut ; il y avait aussi une grande oeuvre morale opérée en lui par la
révélation de Christ à son âme, par le Saint Esprit qui le convainquait de sa complète iniquité :
« Et tu ne crains pas Dieu, toi », dit-il, en censurant son compagnon, « car tu es sous le même
jugement ? Et pour nous, nous y sommes justement ». Tout n’était pas joie. La conscience
était réveillée ; il y avait un vrai sentiment du bien et du mal, car, en esprit, le brigand avait
trouvé la présence de Dieu ; et ainsi, oubliant ses propres circonstances, il devenait
prédicateur de justice. Il reconnaît la justice de sa propre condamnation dans la sincère et
loyale confession de son péché ; mais quel témoignage merveilleux il rend en même temps à
Christ : « Celui-ci n’a rien fait qui ne se dût faire ! » Il parle comme s’il avait connu Christ
toute sa vie il a une perception divine du caractère du Sauveur et il en est de même pour le
chrétien, maintenant. Etes-vous si jaloux de la pureté et de la gloire de Christ, que vous ne
puissiez faire autrement que de vous récrier, quand on parle de Lui sans révérence ? Le
brigand croyait que Jésus était le Seigneur, le Fils de Dieu, et il pouvait répondre ainsi avec
assurance de ce qu’il avait été comme homme. Christ était parfaitement homme, aussi
vraiment et parfaitement homme que tout autre, mais son obéissance était aussi divine :
« Celui-ci n’a rien fait qui ne se dût faire ». Quelle réponse du coeur renouvelé à la joie qu’il
trouve dans la pureté et l’absence de péché ! Son oeil embrasse, pour ainsi dire, toute la vie de
Christ ; il peut répondre pour Christ partout et toujours, parce qu’il a appris à le connaître Lui-
même.

882
Puis, se tournant vers Jésus, il dit : « Souviens-toi de moi, Seigneur, quand tu viendras dans
ton royaume ». Aussitôt qu’il peut se débarrasser de cette triste obligation — quand il en a fini
avec l’autre brigand, et a rendu témoignage — son coeur se tourne instinctivement vers
Christ. Rien ne le distrait de Lui ! Pense-t-il à ses souffrances ? S’occupe-t-il du peuple qui
entoure la croix ? Non, comme il arrive toujours quand la présence de Dieu domine, il est
absorbé. Dans l’extrémité de l’impuissance, pour ce qui est de l’apparence extérieure, il
entend la voix du Berger, et il le reconnaît comme le Sauveur et le Roi. Il lui demande de se
souvenir de lui. Le jugement des hommes était que Christ était un malfaiteur ; les femmes qui
pleuraient sur lui ne discernaient pas sa personne ; mais les circonstances les plus avilissantes
ne pouvaient cacher au brigand la gloire de Celui qui était crucifié à son côté. Il reconnaît
Jésus comme le Seigneur, il sait que son royaume viendra certainement. L’autre brigand, s’il
pensait à quelque chose, ne désirait que la délivrance présente ; mais celui-ci voyait les
souffrances de Christ et les gloires qui suivraient. Son âme ne recherchait pas la délivrance
des souffrances corporelles, mais se portait tout entière sur la personne de Christ dans la
gloire. Ses yeux n’étaient pas tournés vers la terre, ni vers la nature, mais vers un autre
royaume où la mort ne peut entrer. Il n’y avait aucun nuage, aucun doute, rien qui obscurcît
chez lui la paisible et ferme assurance que le Seigneur viendrait dans son royaume.

Le Seigneur lui donne plus que sa foi ne demande. Il lui donne la paix actuelle. Il ne lui parle
pas même du royaume qui allait venir, mais il lui dit : « En vérité, je te dis : Aujourd’hui tu
seras avec moi dans le paradis ». C’est comme s’il eût dit : Tu auras le royaume, quand il
viendra ; mais je donne maintenant un salut d’âme ; tu vas être immédiatement associé à moi,
d’une manière infiniment plus excellente et plus glorieuse que tout ce que le royaume
apportera, quelque béni qu’il soit. En effet, l’oeuvre qui pouvait transporter une âme dans le
paradis fut accomplie à la croix. Si le Sauveur a pris la place du pécheur, le pécheur est, par
grâce, en droit de prendre la place du Sauveur. Sans doute, le pauvre brigand n’avait que peu
de connaissance de l’oeuvre de Christ et de ses effets, mais le Saint Esprit avait fixé son coeur
sur la personne de Christ. La parole du Seigneur (v. 43) implique l’expiation, en vertu de
laquelle nous sommes rendus propres à être ses compagnons en présence de Dieu. L’oeuvre
de Christ est aussi parfaite pour nous, maintenant, qu’elle l’était alors pour le pauvre brigand ;
elle est tout aussi bien accomplie pour nous que si nous étions déjà réellement ravis dans le
paradis. Combien cela est différent de tout ce qui ressemble à un progrès de l’âme, qui la
rendrait propre pour le ciel ! Quelle chose merveilleuse qu’une telle âme devienne une
consolation pour le Sauveur ! Jésus était descendu jusque sous la condamnation et tous les
flots de la colère ont passé sur Lui ; et maintenant le brigand converti était le glorieux témoin
de la grâce parfaite et du salut éternel par le sang de Jésus.

23.4 - 23:44-49

La scène où resplendit la lumière d’un autre monde par un coeur purifié par la foi fait place
maintenant aux ténèbres qui convenaient à cette heure, et qui s’étendaient, parait-il,
spécialement sur Israël : « Et le soleil fut obscurci, et le voile du temple se déchira par le
milieu ». Ainsi le chemin des lieux saints est rendu manifeste par l’acte qui s’accomplissait
dans ces ténèbres ; et Dieu, dans la grâce du sacrifice de Christ, luisait sur ce monde. À
travers les ténèbres du jugement la lumière jaillit, et le chemin était ouvert pour entrer au-
dedans du voile. Tout était accompli, et le Seigneur, d’une voix forte, non affaiblie, s’écrie :
« Père ! entre tes mains je remets mon esprit ». C’est ici quelque chose de bien plus glorieux
que la bénédiction juive, car, quant à Israël, « le vivant, le vivant est celui qui te louera » (És.

883
38:19) ; c’est l’adoption, la mort vaincue et devenue l’occasion seulement pour remettre
l’esprit sain et sauf, heureux, confiant, en dépit de la mort, aux soins et dans la présence du
Père. Principe d’une immense importance et que rien, si ce n’est la résurrection, ne peut
dépasser. La mort dans les mains de Jésus, — quel fait ! — Le centurion, présent dans
l’accomplissement de son devoir, atteint tout au moins dans sa conscience naturelle, glorifie
Dieu et reconnaît que « en vérité, cet homme était juste ». Les foules assemblées, voyant les
choses qui étaient arrivées, s’en retournent se frappant la poitrine, n’augurant rien de bon.
Ceux de sa connaissance et les femmes qui l’avaient accompagné de la Galilée, plus intéressés
que les autres, se tiennent loin toutefois, regardant ces choses.

23.5 - 23:50-56

Mais la providence et l’opération de Dieu, le juste Juge, prennent soin du corps du Juste. Si
les premiers témoins sont disparus, d’autres, faibles en foi, sont rendus actifs et fidèles au
poste du danger, dans la confession et l’attachement au Seigneur. Combien souvent les
difficultés qui effraient les uns poussent en avant les autres ! Il en fut ainsi pour Joseph
d’Arimathée, car il fallait que Jésus fût « avec le riche dans sa mort ». Les femmes aussi, dans
une vraie mais ignorante affection, font d’inutiles préparatifs, attendant l’heure juive pour un
Seigneur qui s’en était allé bien au-delà de leur foi. La résurrection allait briller à l’aurore
d’un glorieux matin, car les honneurs du tombeau, semblables aux intentions des femmes de
Galilée, avaient un caractère juif, et tout cela prenait fin maintenant dans la mort.

24 - Chapitre 24
24.1 - 24:1-12

Luc nous montre maintenant l’Homme ressuscité, présent de nouveau au milieu de ses
disciples, et s’occupe du témoignage adressé au monde sur le fondement de la résurrection,
nouvelle vérité et puissance qui est supérieure à tous les principes naturels. La croix a fermé la
porte à tout ce qu’est « l’homme dans la chair », et une chose nouvelle est introduite dans le
Christ ressuscité. La résurrection est une toute nouvelle condition ; sans elle, le Juif même ne
pouvait pas jouir des grâces assurées de David. L’homme, sans loi et sous la loi, se trouvait
placé sous une sentence de mort. Il peut se glorifier de ses facultés naturelles, mais il est sans
Dieu. Il a rejeté celui qui vint à lui, comme homme, en parfaite et divine grâce ; et en le
faisant, il a montré pleinement ce qu’il était. C’est pourquoi, le Seigneur dit : « Maintenant est
le jugement de ce monde ». Un terrain et une scène entièrement nouveaux apparaissent ici et
sont mis en évidence en Christ lui-même. Nos corps restent les mêmes ; mais la vie, le
caractère, les mobiles du coeur, les moyens, le but, sont entièrement nouveaux dans le
chrétien : « Les choses vieilles sont passées et toutes choses sont faites nouvelles ».

Les femmes préoccupées de leurs propres pensées et de leurs affections, viennent avec des
aromates, pour embaumer le corps mort de Jésus, alors qu’il était déjà vivant devant Dieu
dans le parfum de son oeuvre et de son sacrifice, ayant accompli tout ce qui plaçait l’homme,
le dernier Adam vivant, en justice et en faveur devant Dieu le Père. Les femmes rencontrent
d’abord une difficulté inattendue, car elles ne trouvent pas le corps du Seigneur, ne sachant

884
pas encore qu’il était ressuscité. Elles ne comprenaient pas qu’il ne restait plus ni jugement, ni
péché. Il peut y avoir une vraie et grande affection pour Jésus, là où l’on ignore ces choses.
Mais bientôt la question qui impliquait la réponse à tout, leur est posée : « Pourquoi cherchez-
vous parmi les morts celui qui est vivant ? » Ces femmes ignorantes mais fidèles n’étaient pas
oubliées du Seigneur ; Lui, dont les voies sont amour, a conservé leur mémoire et le souvenir
de leur sortie matinale à sa recherche, d’où elles devaient rapporter à ses apôtres eux-mêmes,
le précieux message. « Et leurs paroles semblèrent à leurs yeux comme des contes, et ils ne les
crurent pas ». Mais Pierre, dont le coeur brisé et repentant était plus que les autres affecté par
ce qu’il venait d’entendre, court au sépulcre ; et se baissant pour regarder, il voit les linges là,
tout seuls, et s’en retourne, s’étonnant en lui-même de ce qui était arrivé. Assurément c’était
un merveilleux secret, qui confondait toutes les pensées des hommes et s’élevait au-dessus
d’elles.

Le récit des circonstances fourni par Luc est toujours général ; Jean nous donne plus de détails
et développe plus particulièrement l’affection dévouée de Marie-Madeleine pour la personne
de Jésus, montrant aussi combien peu, jusqu’alors, elle connaissait la puissance de Dieu en
résurrection.

24.2 - 24:13-27

Nous n’avons pas besoin d’entrer dans le détail de la touchante entrevue du Seigneur avec les
disciples, sur le chemin d’Emmaüs. Comme il éveille leurs affections ! Mais il apparaît ici,
entièrement comme homme, et les disciples parlent de la vérité au point de vue juif. Leurs
coeurs restent toujours enfermés dans le même cercle. Combien cela est naturel ! Jésus était
un prophète, et ils espéraient que c’était lui qui délivrerait Israël. Le fait de la résurrection
occupait bien leurs pensées, mais il était sans lien avec les conseils de Dieu. Les disciples
étaient étonnés, mais, comme d’autres avant eux, ils en restaient là. Christ se place sur un
terrain absolument différent, quoiqu’il ne s’agisse encore ici que d’intelligence et non de la
puissance du Saint Esprit : « Ô gens sans intelligence et lents de coeur à croire toutes les
choses que les prophètes ont dites ! » Et commençant par Moïse et par tous les prophètes, il
leur explique, dans toutes les Écritures, les choses qui le regardent, et ouvre leur intelligence
pour les entendre ; car, quoique présenté ici entièrement comme homme, il opère divinement
et spirituellement dans leurs âmes. « Ne fallait-il pas ? » dit-il ; n’était-ce pas le conseil de
Dieu, clairement révélé dans sa Parole ? Ce sur quoi il insiste, c’est sur la pensée de Dieu dans
les Écritures, relativement au Christ. C’était là un pas immense qui faisait sortir les disciples
de leur préoccupation d’eux-mêmes et de leur égoïsme juif. Ils pensaient que Jésus délivrerait
Israël par puissance ; ils n’avaient aucune idée d’une vie nouvelle et céleste, quoique, sans
doute, ils la possédassent. Même pour ce qui regarde le Christ, il faut que la mort intervienne
pour que Dieu soit glorifié et l’homme réellement béni ; ainsi l’avaient enseigné Moïse et tous
les prophètes. « Ne fallait-il pas que le Christ souffrît ces choses, et qu’il entrât dans sa
gloire ? » Non pas qu’il « établît son royaume ici-bas », mais « entrât dans sa gloire ».

Les versets 28 à 35 nous fournissent un tableau vivant de la scène d’Emmaüs. « Il fit comme
s’il allait plus loin. » Pourquoi lui, qui à leurs yeux était « un étranger », serait-il entré avec
eux ? Mais ils le forcèrent, disant : « Demeure avec nous, car le soir approche et le jour a
baissé… Et il arriva que, comme il était à table avec eux, il prit le pain et il bénit ; et l’ayant
rompu, il le leur distribua. Et leurs yeux furent ouverts, et ils le reconnurent ; mais lui devint
invisible et disparut de devant eux ». Ce n’était pas ici manger la cène du Seigneur avec eux,

885
c’était cependant en relever une partie, la fraction du pain qui était le signe de sa mort. Il
n’était pas là seulement comme le pain vivant descendu du ciel, mais comme ayant dit :
« C’est ma chair, laquelle moi je donnerai pour la vie du monde », — non pas la chair que je
prendrai, mais que je donnerai. Il prit part à la chair, sans doute, afin de la donner ; mais c’est
sa mort qui devint la vie du monde. Pour le Juif, aussi bien que pour le gentil, il n’y avait pas
d’autre moyen de salut. La condition de l’homme était telle qu’il ne pouvait être vivifié qu’en
rapport avec la croix. Tout ce qui était dans l’homme, comme enfant d’Adam, était sous une
sentence de mort et de jugement. Christ, en grâce, entra là où l’homme se trouvait, où j’étais,
afin que je fusse dans la même position que Lui, quant à l’acceptation devant Dieu : son corps
rompu me montre que j’ai part à ce qui m’amène à Dieu. Un pécheur mort ne peut trouver la
vie et la faveur de Dieu que dans un Christ mort : c’est ce que le Seigneur avait enseigné au
chapitre 6 de Jean ; il fallait manger sa chair et boire son sang pour avoir la vie. Il ne s’agissait
plus simplement de sa présence corporelle dans l’incarnation ; il fallait nécessairement la
rédemption et la foi en elle. Il fallait qu’on se nourrît de Christ, non pas seulement comme
Messie vivant, ou comme ayant revécu pour toujours dans la résurrection, mais comme de
Celui qui était mort, dont le corps avait été rompu et le sang versé pour l’expiation.

C’est ainsi que le Seigneur se fait connaître aux disciples à Emmaüs, quoique ce ne fût pas la
cène du Seigneur. Leurs coeurs avaient été ouverts par ce qui les encourageait, en liant la
vérité de Dieu avec le fait de la réjection de Christ et en changeant leur désespoir en joie et en
paix, quand les conseils de Dieu dans ces choses leur avaient été montrés. Mais la révélation
présente du Seigneur avait lieu par la circonstance touchante de son association personnelle
avec eux dans la fraction du pain. C’était lui-même qui avait rompu le pain ; il ne pouvait y
avoir à cet égard aucun doute. Un instant après, il avait disparu de devant leurs yeux ; mais il
avait atteint son but. Ils avaient la vie par sa mort, et Lui était ressuscité ; son corps était un
corps spirituel, mais avait de la chair et des os qu’un esprit n’a pas. Il avait montré aux siens,
non seulement le fait, mais la nécessité du fait de la résurrection. Pourquoi ne dit-il pas qu’il
« était » ressuscité, mais qu’il « fallait… qu’il ressuscitât d’entre les morts ? » — Parce qu’il
faut que la sentence tout entière tombe sur le premier Adam et en finisse avec lui. Tout ce que
j’ai maintenant, je le possède dans le dernier Adam ; je ne suis pas seulement vivifié, mais
vivifié ensemble avec Christ, ayant le pardon de tous mes péchés. Christ, par sa mort, les a
tous ôtés pour tous ceux qui croient ; et pour eux, tout ce qui se rattachait au premier Adam
est désormais passé. C’est la puissance contre le principe du péché, qui de fait est encore en
nous ; c’est pourquoi l’apôtre appelle les croyants à se tenir eux-mêmes pour morts au péché
(Rom. 6). Dans la puissance du Saint Esprit, qui me donne la conscience de la vie nouvelle
que je possède en Christ, j’ai à mortifier mes membres qui sont sur la terre, car j’ai à faire
l’application de la, mort de Christ à ma vieille nature. Le principe monacal s’efforce de tuer le
péché afin de trouver la vie ; mais l’apôtre montre qu’il faut que nous ayons la vie, par la foi
en Christ, pour traiter le péché comme une chose morte (Rom. 6 et 7 et 8).

C’est une chose importante que les yeux des disciples aient été retenus. Dans la condition où
ils se trouvaient, reconnaître Jésus eût satisfait leurs pensées. D’un autre côté, le Seigneur
engageait leurs coeurs par toutes les choses que Dieu avait dites de Lui, et ouvrait leur
intelligence spirituelle, et ensuite, dans l’intimité de la communion, par la fraction du pain,
qui rappelait la grande vérité de sa mort, découvrait à leurs yeux sa grande délivrance. « Nous
marchons par la foi, non par la vue. » Pleins du grand événement qui commença un monde
nouveau, les deux disciples retournent en hâte à Jérusalem où les onze étaient assemblés ainsi
que ceux qui étaient avec eux, disant : « Le Seigneur est réellement ressuscité, et il est apparu
à Simon » ; ils font le récit de leur merveilleuse rencontre et de la manière plus merveilleuse

886
encore dont Jésus s’était fait reconnaître en rompant le pain. Le Seigneur prouvait ainsi qu’il
voulait des témoins indépendants.

24.3 - 24:36-53

Leurs coeurs étaient préparés mais à cette chose nouvelle, « le commencement, le premier-né
d’entre les morts », des coeurs terrestres s’associaient difficilement. Le Seigneur se présente à
eux comme toujours et de toute manière le même homme. Dans son entretien avec les deux
disciples, il en avait été exactement de même ; tout était humain, quoique ce qu’aucun homme
ne fut jamais et ce que nul, sauf Dieu, ne pouvait être, fût ainsi mis en évidence. Ici aussi, le
Seigneur montre à ses disciples ses mains, ses pieds, les blessures qui lui avaient été faites ; il
mange devant eux quelque peu d’un morceau de poisson cuit et d’un rayon de miel. Deux
sentiments dominent dans le coeur des disciples, la joie de le revoir de nouveau et
l’étonnement. Le Seigneur présente la vérité de la résurrection, non pas comme doctrine, mais
comme une vivante réalité, pour restaurer les âmes des disciples et leur faire connaître la
sienne de la manière la plus familière, ressuscité désormais, et cependant toujours réellement
et véritablement homme. « Et il leur dit : Ce sont ici les paroles que je vous disais quand
j’étais encore avec vous, qu’il fallait que toutes les choses qui sont écrites de moi dans la loi
de Moïse, et dans les prophètes, et dans les psaumes, fussent accomplies. Alors il leur ouvrit
l’intelligence pour entendre les Écritures. »

Le Seigneur met ainsi en évidence la vraie position devant Dieu en justification de vie et en
liberté ; mais il fallait une autre chose devant les hommes, savoir la puissance. Ce n’est pas ce
dont il s’agit devant Dieu, devant qui le chrétien est placé comme Christ lui-même, « agréable
dans le bien-aimé » ; mais pour le témoignage qu’il est appelé à rendre ici-bas, soit par la
parole de la prédication ou de quelque autre manière que ce soit, l’homme a besoin de
puissance. Cette puissance était promise aux disciples ; mais ils devaient attendre encore pour
la recevoir. Il faut nous garder de confondre le service, quel qu’il soit, avec la position
chrétienne. La puissance de l’Esprit est nécessaire pour vivre devant les hommes, — la
puissance outre la régénération, qui est une chose distincte de l’intelligence spirituelle. Nous
avons besoin de cette dernière pour saisir notre position en Christ ; et quand il ouvre nos
intelligences pour comprendre les Écritures, cette intelligence ne nous élève pas ; c’est une
révélation de lui-même qui met en communion avec Lui : le besoin de puissance subsiste
néanmoins. Même la connaissance n’est pas nécessairement la puissance. Le témoignage et le
propos de Dieu dans la Parole doivent être accomplis. La grande vérité d’un Christ qui a
souffert et est ressuscité, atteint jusqu’aux gentils. Dans Matthieu, l’association de Christ avec
le résidu juif est mise en évidence ; c’est pourquoi le Seigneur rencontre les siens en Galilée
après et avant sa résurrection ; et c’est le point de départ de leur mission d’aller et de faire
disciples les nations. Tout cela manque en Luc, où Jérusalem, Emmaüs, et Béthanie avant
tout, occupent la première place, car c’est de là que le Seigneur monte au ciel ; le témoignage
vient de plus haut que du terrain où le formalisme légal du Juif et le péché plus grossier du
gentil pouvaient être distingués ; le Juif, enfant de colère comme le gentil, est placé sur le
même pied que celui-ci.

Le témoignage devait toutefois commencer expressément par Jérusalem : il faut que les
richesses de la grâce soient d’abord manifestées là où le péché est le plus grand. La croix
brisait le lien de Christ comme Messie juif avec les Juifs, mais elle ouvrait la porte de la
repentance et de la rémission des péchés au Juif premièrement, puis au gentil. « Et vous, vous

887
êtes témoins. » Le Saint Esprit vient répondre au besoin de puissance : « Et voici, moi,
j’envoie sur vous la promesse de mon Père. Mais vous, demeurez dans la ville, jusqu’à ce que
vous soyez revêtus de puissance d’en haut. » Ce glorieux témoin de l’exaltation de Christ, le
Saint Esprit, ne pouvait devenir la part de l’homme que par la réception de Christ dans le ciel,
une fois la rédemption accomplie. Le Saint Esprit avait toujours été actif, en création, en
révélation, en providence, en régénération, et dans tout ce qui est bon, mais il n’avait jamais
été donné auparavant. Le don dépendait de la gloire de Jésus : le Saint Esprit pouvait devenir
serviteur de cette gloire dans l’homme, car c’était le conseil de Dieu et la perfection de
l’amour.

En attendant, et jusqu’à ce qu’ils fussent revêtus de cette puissance, les disciples s’en
retournent avec une grande joie à la ville que leur Seigneur avait quittée. Leurs coeurs étaient
remplis de l’influence de ce grand fait que leur Maître était glorifié, quoiqu’ils l’associassent
encore à des pensées juives. Ces deux éléments se retrouvent dans les Actes, particulièrement
dans la première partie du livre.

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3. L’envoi des soixante-dix disciples . . . . . . . . . . . . . . 574
4. L’entretien avec le scribe et la parabole du Samaritain . . . 603
5. Marthe et Marie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 611
6. La prière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 617
7. Le blasphème des pharisiens . . . . . . . . . . . . . . . . . 633
8. Le déjeuner chez un pharisien . . . . . . . . . . . . . . . . 652
9. La position de l’homme et du croyant par rapport aux
biens de la terre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 675
10. Entretiens sur deux événements du temps . . . . . . . . . 704
11. Les progrès du royaume de Dieu . . . . . . . . . . . . . . 708
2. Nouvelle série d’anecdotes de voyage . . . . . . . . . . . . . . . 713
1. Le rejet d’Israël et l’entrée, des païens . . . . . . . . . . . . 714
2. L’adieu à la théocratie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 718
3. Un repas de Jésus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 725
4. Un avertissement au sujet des professions précipitées . . . 734
5. Les paraboles de la grâce . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 742
6. Deux paraboles sur l’emploi des biens terrestres . . . . . . 764
7. Paroles diverses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 800
3. Les dernières scènes de voyage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 809
1. Les dix lépreux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 810
2. L’avènement du Christ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 814
3. La parabole du péager et du pharisien . . . . . . . . . . . . 831
4. Les enfants présentés à Jésus . . . . . . . . . . . . . . . . . 833
5. Le jeune homme riche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 835
1122
6. La troisième annonce de la Passion . . . . . . . . . . . . . . 845
7. La guérison de Bartimée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 847
8. Jésus chez Zachée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 851
9. La parabole des mines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 856
Le séjour à Jérusalem (19.29 à 21.38)
870
1. L’entrée de Jésus à Jérusalem . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 871
1. Les préparatifs de l’entrée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 871
2. L’entrée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 875
3. Les pleurs de Jésus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 878
II. L’entrée de Jésus à Jérusalem . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 881
1. Expulsion des vendeurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 882

910
2. La question posée par le Sanhédrin . . . . . . . . . . . . . 885
3. La parabole des vignerons . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 887
4. La question des pharisiens . . . . . . . . . . . . . . . . . . 894
5. La question des sadducéens sur la résurrection . . . . . . . 899
6. La question de Jésus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 906
7. L’avertissement contre les scribes . . . . . . . . . . . . . . . 912
8. L’aumône de la veuve . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 913
III. Le discours sur la ruine de Jérusalem . . . . . . . . . . . . . . . 915
Sur le discours eschatologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 938
La Passion (Ch. 22 et 23)
950
I. La préparation de la Passion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 951
1123
1. La trahison de Judas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 952
2. Le dernier repas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 955
3. Gethsémané . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 985
II. La Passion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 993
1. L’arrestation de Jésus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 993
2. Le jugement de Jésus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 997
3. Le supplice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1019
III. Les faits qui suivirent le supplice . . . . . . . . . . . . . . . . . 1036
Le jour de la mort de Jésus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1043
La résurrection et l’ascension (Ch. 24)
1048
1. La visite des femmes et de Pierre au sépulcre . . . . . . . . . . . 1050
2. L’apparition sur le chemin d’Emmaüs . . . . . . . . . . . . . . . 1055
3. L’apparition aux apôtres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1063
4. Les dernières instructions de Jésus . . . . . . . . . . . . . . . . . 1066
Sur l’ordre de demeurer à Jérusalem . . . . . . . . . . . . . . . . . 1070
Sur la résurrection du Seigneur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1074
1. Le contenu des récits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1074
2. La réalité de la résurrection corporelle de Jésus-Christ . . 1078
3. La nature du corps de Jésus ressuscité . . . . . . . . . . . . 1094
4. L’origine des récits et leurs rapports . . . . . . . . . . . . . 1096
5. L’ascension . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1100
Sur l’ascension . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1102
Résultats critiques
1109
1124
Table des matières

911
1125
Accès ch. 1 à 11
1126
Accès ch. 12 à 24
1127
1125
ACCÈS PAR VERSETS
CHAPITRE
VERSETS
1
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22
23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41
42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60
61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79
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2
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23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41
42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52
3
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22
23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38
4
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22
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5
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6
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7
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22
23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41
42 43 44 45 46 47 48 49 50
8
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22
23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41
42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56
9
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22

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23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41
42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60
61 62
10
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22
23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41
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11
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22
23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41
42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54
1126
ACCÈS PAR VERSETS
CHAPITRE
VERSETS
12
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22
23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41
42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59
13
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22
23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35
14
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22
23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35
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1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22
23 24 25 26 27 28 29 30 31 32
16
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22
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1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22
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42 43 44 45 46 47
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23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41
42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60
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42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56
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23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41
42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53
1127

Evangile de Luc

AUTEUR. Luc, le médecin bien-aimé


(Colossiens 4:14)
Luc est également l'auteur du livre des Actes des Apôtres; les deux livres sont adressés à la
même personne.

Luc fut un ami intime et un compagnon de voyage de Paul, comment le démontrent les notes
personnelles qui parsèment son récit des voyages de l'apôtre. Voir le livre des Actes des
apôtres, où l'auteur utilise le prénom "nous" pour montrer qu'il a assisté en personne aux
événements qu'il raconte (Actes 16: 10; 20:6; 27:1; 28:16).

De nombreux érudits affirment retrouver la doctrine de Paul dans l'Evangile de Luc. La date
exacte de composition de l'évangile est inconnue. Cependant, s'il a été écrit après que Luc
eut fait la connaissance de Paul, il est tout à fait naturel que ce dernier ait marqué le récit de
sa présence.

914
DESTINATAIRE. Un certain Théophile,
dont l'identité nous est inconnue.
L'évidence interne montre que le livre a été écrit à l'intention des Gentils. Cela ressort du fait
que l'auteur s'efforce d'expliquer les coutumes juiveset qu'en plusieurs occasions, il traduit
les noms hébreux en grec.

BUT
Offrir un récit suivi et ordonné de la vie de Christ selon le point de vue des témoins
occulaires (Luc 1: 1-4).

TEXTE CLE
"afin que tu connaisses la certitude des enseignements que tu as reçus" (Luc 1:4).

TRAITS PARTICULIERS
(1) C'est un évangile de la grâce universelle de Dieu

(Luc 2: 32; 3: 6; 24:47 ).

(2) C'est un évangile de "Fils de l'homme".

Il met l'accent sur la compassion de Christ à l'égard des pauvres, des humbles et des exclus
de la société: Les disciples pauvres (6:20); la femme pécheresse (7: 37); Marie-Madeleine
(8:2); les samaritains (10: 33); les péagers et les pécheurs (15: 1); le mendiant délaissé
(16:20-21); les lépreux (17: 12); le malfaiteur sur la croix (23: 43); etc.

(3) C'est un évangile de prière;

Il met un accent particulier sur cet aspect de la vie chrétienne.


 (a) Il contient trois paraboles sur la prière qui sont absentes des autres évangiles:

915
- L'ami de minuit (11:5-8);
- Le juge inique (18:1-8);
- Le pharisien et le péager (18: 9-14).
 (b) Il contient les prières de Christ lors de son baptême (3: 21); dans le désert (5:16);
avant de choisir les disciples (6: 12); lors de la transfiguration (9: 29); avant de citer
l'oraison dominicale (11: 1); pour Pierre (22: 32); dans le jardin de Getsémané (22:
44); sur la croix (23: 46); etc.

(4) Ses premiers chapitres sont teintés d'une note de joie


et de louange.

Certains des grands hymnes chrétiens sont tirés de cet évangile.  L'Ave Maria, les paroles
de l'ange à Marie (1: 28-33); le Magnificat, le cantique de Marie (1: 46-55); le Benedictus,
le cantique de Zacharie (1:68-79); le Gloria in Excelsis des anges célestes (2: 13-14); le
Nunc Dimitis, le cantique de Siméon (2:29-32).

(5) Il honore particulièrement la femme.

La femme joue un rôle prééminent dans le récit de Luc.


Au chapitre 1, Marie et Elisabeth; les filles de Jérusalem  (Luc 23: 27); plusieurs veuves
sont mentionnées (2:37; 4: 26; 7: 12;18:3; 21:2).

(6) La biographie de Christ

La biographie de Christ est plus complète dans Luc qu'elle ne l'est dans les trois autres
évangiles. Près de la moitié du contenu de ce livre n'apparaît pas dans les trois autres. La
plupart des déclarations les plus importantes et des faits les plus marquants de sa vie figurent
dans cet évangile.

Exemples: La pêche miraculeuse (5:6); la résurrection du fils de la veuve (7: 11-15); les dix
lépreux (17: 12); la guérison de Malchus (22: 51).

Paraboles propres à l'Evangile de Luc: Le figuier stérile (Luc 3); les deux débiteurs (Luc
7); le bon Samaritain (Luc 10); l'ami qui vient à minuit (Luc 11); le riche insensé (Luc 12);
le grand repas (Luc 14); la drachme perdue (Luc 15); le fils prodigue (Luc 15); l'intendant
infidèle (Luc 16); le serviteur indigne (Luc 17); le pharisien et le péager (Luc 18); la veuve
et le juge inique (Luc 18); les dix mines (Luc 19);
Lazare (Luc 16); l'intendant fidèle et sage (Luc 12).

Autres incidents et paroles rapportés dans Luc:

916
Christ pleure sur Jérusalem (19: 41); référence à la conversation de Moïse et d'Elie sur la
montagne de la transfiguration (9: 30-31); la sueur de Jésus se transforme en grumeaux de
sang (22: 44); Christ devant Hérode (23: 8); les paroles de Christ aux filles de Jérusalem
(23: 28); le malfaiteur repentant (23: 40); les disciples d'Emmaüs (24: 13-31).

VUE D'ENSEMBLE
(1) Introduction (1: 1-4).

La naissance de Jésus et les événements des premières années de sa vie, jusqu'à l'époque de


son baptême et de sa tentation (1: 5-4:13).

(2) Le début de son ministère public,

surtout en Galilée (4: 14-9:50)

(3) Le voyage à Jérusalem,

à travers la Samarie et la Pérée; le ministère en Pérée (9: 51-19:28)

(4) Les derniers jours,

y compris les événements de la dernière semaine et la crucifixion (19: 29-23: 55)

(5) Les événements qui entourent la résurrection

(Luc 24: 1-51).

SAINT THOMAS D'AQUIN

CATENA AUREA

Explications sur L'Évangile de St Luc

917
CHAPITRE PREMIER.

v. 5-7.

S. Chrys. (Chaîne des Pèr. gr.) Saint Luc commence son récit par l'histoire de
Zacharie et de la naissance de Jean-Baptiste ; préludant ainsi par le récit d'un
moindre prodige au récit d'un prodige plus étonnant. Une Vierge devait être mère,
la grâce nous prépare à ce mystère, en nous montrant une femme stérile devenue
féconde. Le temps se trouve indiqué par ces paroles : " Dans les jours d'Hérode, " et
la dignité d'Hérode par ces autres : " Roi de Judée. " Cet Hérode était différent de
celui qui mit à mort Jean-Baptiste, il était roi, tandis que ce dernier n'était que
tétrarque. — Bède. Ce règne d'Hérode, qui était étranger, est une preuve de la
venue du Messie. Il était prédit en effet (Gn 49) : " Le sceptre ne sortira point de
Juda, ni le prince de sa postérité, jusqu'à ce que vienne celui qui doit être envoyé. "
Or, depuis la sortie d'Égypte, les Juifs furent gouvernés par des juges de leur nation,
jusqu'au prophète Samuel, et ensuite par des rois jusqu'à la captivité de Babylone.
Au retour de la captivité, ce furent les grands-prêtres qui exercèrent le pouvoir
souverain jusqu'à Hyrcan, tout à la fois roi et pontife. Hyrcan ayant été mis à mort
par Hérode, César-Auguste donna le royaume de Judée à ce dernier qui était
étranger ; et ce fut la trente unième année de son règne qu'eut lieu, selon la
prophétie de Jacob, l'avènement de celui qui devait venir.

S. Ambr. La sainte Écriture nous apprend que pour être vraiment digne de
louanges, il faut se rendre recommandable, non seulement par ses qualités
personnelles, mais encore par le mérite de ses parents et par l'éclat d'une vertu sans
tache qu'on a reçue d'eux comme un précieux héritage. Aussi la noblesse de saint
Jean-Baptiste remonte-t-elle au delà de ses parents jusqu'à ses ancêtres, et tire tout
son éclat, non des dignités profanes, mais d'une longue succession de piété et de
vertu. L'éloge est donc complet, puisqu'il embrasse la race d'où il descend, les
vertus de ses parents, leurs fonctions, leurs actions, leur justice.

Les fonctions, c'étaient les fonctions sacerdotales : " Il y avait un prêtre nommé
Zacharie. " — Bède. Or saint Jean naquit d'une famille sacerdotale, afin qu'il pût
annoncer le changement du sacerdoce ancien, avec d'autant plus de force, que lui-
même était connu pour appartenir à la race sacerdotale. — S. Ambr. L'Évangéliste
désigne la race par les ancêtres en disant : " De la famille d'Abia, " c'est-à-dire,
d'une famille distinguée entre les premières familles. — Bède. Car les princes du
sanctuaire, c'est-à-dire, les grands-prêtres étaient choisis parmi les enfants
d'Eléazar, comme parmi les enfants de Thamar, et David avait partagé au sort en
vingt-quatre sections, les fonctions du ministère qu'ils devaient remplir dans la
maison de Dieu. Or, le huitième sort était échu à la famille d'Abia, de laquelle
Zacharie était sorti. Ce n'est pas sans raison que le premier héraut du Nouveau
Testament naît le huitième jour du sort, car le nombre huit désigne quelquefois le
Nouveau Testament à cause du mystère du dimanche ou de notre résurrection,
comme le nombre sept signifie souvent l'Ancien Testament, à cause du jour du

918
sabbat. — Théophyl. L'Évangéliste veut montrer que saint Jean-Baptiste descendait
légalement de la race sacerdotale, en ajoutant : " Sa femme était de la race d'Aaron,
et elle avait nom Elisabeth, " car il n'était point permis de prendre une femme dans
une autre tribu que la sienne. Or Elisabeth signifie repos, et Zacharie, souvenir du
Seigneur. — Bède. Saint Jean naît de parents justes, ainsi pouvait-il annoncer les
préceptes de la vraie justice avec d'autant plus de confiance qu'il ne les avait pas
appris comme une chose nouvelle pour lui, mais qu'il les avait gardés lui-même
comme un héritage qu'il avait reçu de ses ancêtres. " Tous deux étaient justes
devant Dieu, " dit l'Évangéliste. — S. Ambr. Il comprend ainsi sous le nom de
justice la sainteté de leur vie, Il ajoute avec beaucoup de sens : " Devant Dieu, " car
il peut arriver que par un vain désir de popularité on paraisse juste aux yeux des
hommes sans l'être devant Dieu, si par exemple cette justice ne vient pas d'une
intention simple et droite, mais n'est qu'un mensonge inspiré par le désir de plaire.
C'est donc faire d'un homme un éloge complet que de dire : il est juste devant Dieu,
car on n'est vraiment parfait qu'au témoignage de celui qui ne peut être trompé.
Saint Luc comprend les actes de la vie dans l'accomplissement des
commandements, et la justice dans l'observation des ordonnances. " Ils marchaient,
dit-il, dans les commandements et les ordonnances du Seigneur. " Nous marchons
dans les commandements du Seigneur, lorsque nous obéissons à ses divins
préceptes, et nous gardons ses ordonnances, lorsque toutes nos actions sont faites
avec jugement. Or, nous devons avoir soin de faire le bien, non seulement devant
Dieu, mais devant les hommes (Rm 12, 17 ; 2 Co 8, 21), et c'est pour cela qu'il
ajoute " d'une manière irréprochable. " La conduite est irréprochable lorsque la
doctrine et la pureté de l'intention viennent se joindre à la bonté de l'action, et
souvent encore une sainteté trop austère devient l'objet des reproches du monde. —
Orig. (hom. 2.) Une action juste peut aussi être faite par des motifs qui ne le sont
pas, par exemple, si l'on fait des libéralités par esprit d'ostentation, ce qui n'est pas
irréprochable.

" Et ils n'avaient pas de fils, parce qu'Elisabeth était stérile, " etc. — S. Chrys.
(Chaîne des Pèr. gr., Hom. sur la Genèse.) Elisabeth ne fut pas la seule stérile, les
épouses des patriarches, Sara, Rébecca, Rachel (ce qui était un sujet de honte chez
les anciens), l'étaient aussi, et nous ne pouvons pas dire que leur stérilité fût une
punition, puisque toutes étaient justes et vertueuses. Si donc Dieu permit qu'elles
fussent stériles, c'était pour nous préparer à croire sans difficulté le mystère d'une
Vierge qui enfante le Seigneur, après avoir cru préalablement à la fécondité des
femmes stériles. — Théophyl. Dieu veut encore vous donner une autre leçon, c'est
que la loi de Dieu demande beaucoup plus la fécondité spirituelle des enfants que la
fécondité charnelle ; aussi voyez-vous Zacharie et Elisabeth avancés dans la vie,
beaucoup moins selon le corps que selon l'esprit, disposant des degrés dans leur
coeur (cf. Ps 85, 6), regardant leur vie comme un jour brillant et non comme une
nuit ténébreuse, et marchant dans la décence comme durant le jour.

vv. 8-10.

919
Bède. Dieu avait établi par Moïse un seul grand-prêtre ; à sa mort un autre devait le
remplacer par ordre de succession. Cette loi fut observée jusqu'au règne de David
qui, par l'inspiration de Dieu, en institua plusieurs. Voilà pourquoi l'Évangéliste
nous dit que Zacharie remplissait en son rang les fonctions du sacerdoce : " Or
Zacharie remplissant sa fonction de prêtre devant Dieu dans le rang de sa famille, il
arriva par le sort, selon ce qui s'observait entre les prêtres, " etc. — S. Ambr.
Zacharie nous paraît ici désigné comme grand-prêtre, car le grand-prêtre seul
pouvait entrer une seule fois l'année dans le second sanctuaire, non sans y porter du
sang qu'il offrait pour ses propres péchés et pour ceux du peuple (He 9, 8 ; cf. Ex
30, 10 ; Lev 16, 2.12.17.19). — Bède. Ce ne fut point une nouvelle élection du sort
qui le désigna au moment où il fallait offrir les parfums, c'était d'après l'ordre établi
anciennement, qu'il remplissait les fonctions du sacerdoce dans le rang de la famille
d'Abia. " Cependant toute la multitude du peuple, " etc. Aux termes de la loi, le
pontife devait présenter l'encens dans le saint des saints, le dixième jour du
septième mois, pendant que tout le peuple attendait hors du temple, et ce jour devait
être appelé le jour de l'expiation ou de propitiation. L'Apôtre expliquant aux
Hébreux le mystère de ce jour, leur montre Jésus, pontife véritable, pénétrant avec
son propre sang dans les secrètes profondeurs des cieux, pour nous rendre propice
Dieu son Père, et intercéder pour les péchés de ceux qui attendent encore en priant
à la porte du ciel.

S. Ambr. Zacharie est ce grand-prêtre désigné par le sort, parce que le véritable
grand-prêtre est encore inconnu, car celui qui est choisi au sort ne doit point son
élection au suffrage des hommes. Le grand-prêtre était donc demandé au sort, et il
était la figure d'un autre, c'est-à-dire, du grand-prêtre véritable et éternel qui devait
réconcilier le genre humain avec Dieu son Père, non par le sang des victimes, mais
par son propre sang. Alors c'était par ordre de famille que les prêtres se
succédaient, maintenant le sacerdoce est éternel.

vv. 11-14.

S. Chrys. (hom. 2 sur l'incompréhens. natur. de Dieu.) Zacharie étant entré dans le
temple pour offrir à Dieu les prières de tout le peuple, comme médiateur entre Dieu
et les hommes, vit l'ange debout dans le sanctuaire : " Et l'ange du Seigneur lui
apparut. " L'expression : " Il lui apparut, " est très juste, puisque Zacharie l'aperçut
tout à coup, et c'est ainsi que l'Écriture s'exprime lorsqu'elle parle de Dieu ou des
anges ; les choses que l'on voit sans y être préparé, elle dit qu'elles apparaissent. En
effet, on ne voit pas de la même manière les choses sensibles et celui dont la nature
est invisible, et qui ne se découvre que lorsqu'il le veut. — Orig. (hom. 3.) Cette
vérité s'applique, non seulement au temps présent, mais au siècle futur ; lorsque
nous sortirons de ce monde, Dieu et les anges n'apparaîtront pas à tous les hommes,
mais seulement à ceux qui auront le coeur pur. Quant au lieu, il ne peut être ni utile
ni nuisible à personne. — S. Chrys. (Chaîne des Pères grecs.) Cette apparition fut
sans obscurité et différente de celles qui ont lieu dans te sommeil ; il s'agissait d'un
événement extraordinaire, il fallait donc une vision évidente et certaine. — S. Jean

920
Damasc. (de la foi orthod., lib. 2.) Les anges cependant n'apparaissent pas aux
hommes dans leur propre nature, mais ils revêtent pour se rendre visibles, la forme
que Dieu lui-même a déterminée. — S. Bas. (Chaîne des Pèr. gr.) Il dit : " À la
droite de l'autel de l'encens, " parce qu'il y avait un autre autel réservé pour les
holocaustes. — S. Amb. C'est par une raison pleine de mystère que l'ange apparaît
dans le temple, il venait annoncer la venue du véritable grand-prêtre, et Dieu
préparait déjà le sacrifice céleste dont les anges eux-mêmes sont les ministres, car
nous ne devons pas douter de la présence des anges au sacrifice où Jésus-Christ est
immolé. Il apparut à droite de l'autel de l'encens, parce qu'il apportait le signe de la
miséricorde divine : " Le Seigneur est à ma droite, afin que je ne sois pas ébranlé. "
(Ps 15).

S. Chrys. (hom. 2, sur l'incompr. nat. de Dieu.) L'homme, quelque juste qu'il soit,
ne peut voir apparaître un ange sans éprouver un sentiment de crainte, aussi
Zacharie ne pouvant ni supporter l'aspect de l'ange, ni soutenir l'éclat qui
l'environne, se trouble : " Et Zacharie fut troublé. " Lorsque le conducteur d'un char
s'épouvante et abandonne les rênes, les coursiers s'emportent, et le char se
renverse ; ainsi en est-il de l'âme, toutes les fois qu'elle est sous le poids de la
crainte ou de l'inquiétude : " Et la frayeur le saisit, " ajoute l'Évangéliste. — Orig.
(hom. 4.) Une forme nouvelle vient-elle à s'offrir aux regards de l'homme, elle jette
le trouble dans son esprit et l'effroi dans son âme ; aussi l'ange qui connaît cette
disposition de la nature humaine, cherche d'abord à calmer cet effroi : " Mais l'ange
lui dit : Ne craignez point, " etc. — S. Athan. (vie de S. Ant.) Voici donc un moyen
facile de distinguer les bons esprits des mauvais ; si la joie succède à la crainte,
c'est un indice certain de l'intervention divine ; car la paix de l'âme est lin signe et
comme un fruit de la présence de la majesté divine, mais si la frayeur qu'on a
éprouvée persévère, c'est l'ennemi du salut qui en est la cause.

Orig. Il ne se contente pas de calmer son effroi, mais il lui apprend une nouvelle qui
le comble de joie : " Votre prière, lui dit-il, a été exaucée, et Elisabeth, votre
épouse, enfantera, " etc. — S. Aug. (Quest. évang., liv. 2, q. 1.) Remarquons ici
tout d'abord, qu'il n'est point vraisemblable qu'au moment où il offrait le sacrifice
pour les péchés du peuple ou pour son salut et sa rédemption ; Zacharie, ce
vieillard, dont la femme était avancée en âge, ait prié Dieu de lui accorder des
enfants, car personne ne songe à demander dans ses prières ce qu'il n'a aucune
espérance d'obtenir. Or Zacharie avait si peu l'espérance d'avoir des enfants qu'il
refuse de croire à la promesse de l'ange. Ces paroles donc : " Votre prière a été
exaucée, doivent s'entendre de la prière qu'il faisait pour le peuple. Mais comme le
salut, la rédemption de ce peuple et la rémission des péchés devaient avoir lieu par
Jésus-Christ ; l'ange annonce de plus à Zacharie qu'il lui naîtrait un fils destiné à
être le précurseur du Christ. — S. Chrys. (comme précéd.) Ou bien pour preuve que
sa prière est exaucée, il lui prédit la naissance d'un fils qui devait un jour
proclamer : " Voici l'Agneau de Dieu, " etc. — Théophyl. À cette question secrète
de Zacharie : comment serai-je assuré de cette promesse ? l'ange répond : En
voyant Elisabeth devenir mère d'un fils, vous ne pourrez douter que les péchés du
921
peuple ne soient remis. — S. Ambr. Ou bien encore, la plénitude et l'abondance
sont les caractères des bienfaits de Dieu, ils ne sont point renfermés dans d'étroites
limites, mais ils embrassent dans leur abondance tous les biens réunis ; ainsi l'ange
annonce d'abord à Zacharie l'heureux effet de sa prière, puis il lui prédit que sa
femme, jusqu'alors stérile, lui donnerait un fils dont il indique le nom par avance : "
Vous lui donnerez le nom de Jean, " etc.

Bède. C'est toujours une preuve de mérite extraordinaire que Dieu lui-même
impose un nom aux hommes, ou bien change celui qu'ils portaient. — S. Chrys.
Remarquons aussi que les hommes qui devaient donner dès leur plus tendre
jeunesse des signes d'une vertu éclatante, ont reçu dès lors leur nom du ciel, tandis
que ceux dont la vertu ne devait se manifester que dans le cours de leur vie, n'ont
reçu ce nom que plus tard. — Bède. Or Jean signifie, qui a la grâce, ou grâce du
Seigneur. Ce nom présage la grâce que Dieu faisait à ses parents en leur donnant un
fils dans leur extrême vieillesse, à Jean lui-même qui devait être grand devant Dieu,
enfin aux enfants d'Israël qu'il devait convertir au Seigneur ; c'est pour cela qu'il
ajoute : " Vous en serez dans la joie et dans le ravissement. " — Orig. En effet,
lorsqu'un juste vient au monde, les auteurs de sa naissance se réjouissent, tandis que
la naissance d'un enfant qui semble prédestiné à la prison et à l'échafaud, jette ceux
qui lui ont donné le jour dans la consternation et l'abattement. — S. Ambr. Les
saints ne sont pas seulement la joie et la consolation de leurs parents, mais encore le
salut d'un grand nombre : " Plusieurs, ajoute l'ange, se réjouiront de sa naissance. "
Apprenons ici à nous réjouir de la naissance des saints ; que les parents apprennent
à en rendre grâces à Dieu, car c'est une grâce insigne que Dieu leur fait, lorsqu'il
leur donne des enfants destinés à perpétuer leur race et à recueillir l'héritage de
leurs biens.

vv. 15-17.

S. Amb. Après avoir annoncé que la naissance de Jean serait pour plusieurs un sujet
de joie, l'ange prédit la grandeur de sa vertu : " Il sera grand devant le Seigneur, "
etc. Il n'est point ici question de la grandeur du corps, mais de la grandeur de l'âme.
Or, devant Dieu, la grandeur de l'âme n'est autre que la grandeur de la vertu. —
Théophyl. Il en est beaucoup à qui l'on donne le nom de grands, mais c'est devant
les hommes, et non pas devant Dieu, tels sont les hypocrites. Les parents de Jean,
au témoignage de l'Évangéliste, étaient eux-mêmes justes devant Dieu. — S. Ambr.
Jean n'a point reculé les frontières d'un empire, il n'a point moissonné de lauriers à
la suite d'une glorieuse victoire ; mais il a fait plus, il a prêché dans le désert, il a
foulé aux pieds les délices du monde, et la mollesse des plaisirs des sens par
l'étonnante austérité de sa vie. " Il ne boira, dit l'ange, ni vin, ni aucune liqueur
enivrante. — Bède. Le mot cervoise signifie ivresse, et les Hébreux s'en servent
pour désigner toute boisson qui peut enivrer, qu'elle soit extraite de pommes, de
grains ou d'une autre matière. Or, la loi (Nb 6, 5) prescrivait aux Nazaréens de
s'abstenir de vin et de toute liqueur enivrante pendant tout le temps de leur
consécration ; c'est pourquoi Jean et d'autres, favorisés d'une semblable grâce, se

922
sont interdit pour toujours ces boissons, afin de demeurer toujours nazaréens, c'est-
à-dire saints. Il n'est pas convenable, en effet, de s'enivrer de vin, quand on désire
être rempli de l'effusion de l'Esprit saint. Aussi celui qui renonce à cette ivresse,
mérite que la grâce du Saint-Esprit se répande en abondance dans son âme, " Il sera
rempli de l'Esprit saint, " ajoute l'Évangéliste. — S. Ambr. Celui qui reçoit ainsi
l'abondance de l'Esprit saint, reçoit en même temps la plénitude des plus éminentes
vertus. Voyez, en effet, saint Jean-Baptiste ; avant de naître, étant encore dans le
sein de sa mère, il fait connaître la grâce qu'il a reçue, lorsqu'en tressaillant dans le
sein qui le renferme, il annonce l'avènement et la présence du Seigneur. Cette vie
de la nature est toute différente de la vie de la grâce, la première commence à notre
naissance pour finir à notre mort ; la vie de la grâce, au contraire, n'est point limitée
par les années, elle ne s'éteint point à la mort, elle n'est pas exclue du sein qui nous
porte.

Grec. Mais quelles seront les oeuvres que Jean-Baptiste accomplira sous la
conduite de l'Esprit saint, les voici : Il convertira plusieurs des enfants d'Israël au
Seigneur leur Dieu. — Orig. (hom. 4.) Jean devait en convertir un grand nombre, la
mission du Seigneur était de les convertir tous à Dieu son Père. — Bède. En disant
de Jean-Baptiste qu'il a converti un grand nombre des enfants d'Israël au Seigneur
leur Dieu, alors qu'en rendant témoignage à Jésus-Christ, il baptisait les peuples qui
croyaient en lui, l'Évangéliste prouve par là même que le Christ était le Dieu
d'Israël. Que les ariens cessent donc de nier que Jésus-Christ soit le Seigneur Pieu,
que les photiniens rougissent de ne faire remonter son origine qu'au sein de la
Vierge Marie, que les manichéens ne viennent plus dire que le Dieu d'Israël est
différent du Dieu des chrétiens. — S. Amb. Nous n'avons d'ailleurs nul besoin
qu'on nous prouve que saint Jean a converti les coeurs en grand nombre, alors que
les écrits des prophètes et le saint Évangile nous l'attestent. La voix de celui qui crie
dans le désert : " Préparez la voie du Seigneur, rendez droits ses sentiers, " ce
baptême que le peuple venait recevoir en foule, ne sont-ils pas une preuve des
conversions qu'il opérait dans la multitude ? Car ce n'était pas lui-même, mais le
Seigneur qui était l'objet des prédications de ce précurseur du Christ. C'est pourquoi
l'Évangéliste ajoute : " Et il marchera devant lui, " etc. Il a marché, en effet, devant
lui, puisqu'il a été son précurseur dans sa naissance comme dans sa mort, et ces
autres paroles : " Dans l'esprit et la vertu d'Élie, " ne sont pas moins justes. — Orig.
Il ne dit pas : Avec l'âme d'Élie, mais : " Dans l'esprit et la vertu d'Elie " ; car
l'esprit qui avait animé Elie vint remplir Jean-Baptiste, aussi bien que sa vertu. —
S. Amb. L'esprit, en effet, est inséparable de la vertu, comme la vertu de l'esprit,
voilà pourquoi l'ange joint l'esprit à la vertu. Car le saint prophète Elie eut à la fois
une grande vertu et une grâce surabondante, une grande vertu pour ramener à la foi
le coeur des peuples infidèles, la vertu de pénitence, la vertu de patience, et l'esprit
de prophétie. Ces deux grands hommes eurent d'autres traits d'analogie, Elie
habitait le désert, Jean y passa toute sa vie. Elie ne rechercha jamais les bonnes
grâces d'Achab, Jean dédaigna la faveur d'Hérode ; l'un divisa les eaux du Jourdain,
l'autre en fit un bain salutaire ; Jean fut le précurseur du premier avènement du
Seigneur, Elie doit l'être du second.
923
Bède. Ce que le prophète Malachie a prédit d'Elie, l'ange l'applique à Jean-Baptiste,
lorsqu'il ajoute : " Pour réunir les coeurs des pères avec leurs enfants, " en leur
communiquant par ses prédications la science spirituelle de leurs saints ancêtres ; "
et rappeler les incrédules à la prudence des justes, " prudence qui n'a point la
prétention de trouver la justification dans les oeuvres de la loi, mais qui ne la
cherche que dans la foi. — Grec. Ou bien encore, les Juifs étaient parents de Jean et
des Apôtres, et cependant par orgueil autant que par incrédulité, ils se déchaînaient
contre l'Évangile. Que fit alors Jean-Baptiste, et après lui les Apôtres ? comme des
enfants pleins de douceur, ils découvraient la vérité à leurs pères, et cherchaient
ainsi à les rendre participants de leur propre justice et de leur prudence. C'est ainsi
qu'Elie doit convertir les restes des Hébreux à la vérité prêchée par les Apôtres. —
Bède. L'ange avait dit précédemment que ta prière de Zacharie pour le peuple avait
été exaucée, il ajoute " Pour préparer au Seigneur un peuple parfait, " et nous
apprend ainsi comment ce même peuple sera sauvé et rendu parfait, c'est-à-dire par
la pénitence et par la foi en Jésus-Christ, que doit prêcher Jean-Baptiste. —
Théophyl. Ou encore : Jean a préparé un peuple qui n'était pas incrédule, mais
parfait, c'est-à-dire prêt à recevoir le Christ. — Orig. (Hom. 4.) Le mystère, figuré
par la prédication de Jean-Baptiste, s'accomplit encore dans le monde ; car pour que
nous puissions croire en Jésus-Christ, il faut que l'esprit et la vertu de Jean vienne
dans notre âme pour préparer au Seigneur un peuple parfait.

vv. 18-22.

S. Chrys. (sur l'incompréh. nat. de Dieu.) Zacharie, ne considérant que son âge et la
stérilité de sa femme, se laisse aller au doute : " Et Zacharie dit à l'ange : À quoi
pourrai-je connaître la vérité de ce que vous m'annoncez ? " en d'autres termes :
Comment cela se fera-t-il ? et il donne les raisons qu'il a de douter : " Car je suis
vieux, " etc. L'âge est contraire, la nature impuissante, je suis sans force pour
engendrer, et de son côté, la terre est stérile. Ces raisons ne suffisent pas au
jugement de quelques-uns, pour excuser le prêtre Zacharie d'avoir fait toutes ces
questions ; car quand Dieu parle, on doit recevoir sa parole avec foi ; vouloir la
discuter, c'est faire preuve d'un esprit opiniâtre. Aussi voyez la suite : " Et l'ange lui
répondit : Je suis Gabriel qui suis toujours présent devant Dieu. " — Bède. Comme
s'il disait : Si un homme vous annonçait un semblable prodige, vous auriez droit de
lui demander une preuve, un signe de la vérité de ses paroles ; mais quand c'est un
ange qui promet, le doute n'est plus permis : " Et j'ai été envoyé pour vous parler, "
etc.

S. Chrys. Dès lors donc que vous savez que je suis envoyé de Dieu, ne voyez plus
rien de naturel dans ce que je vous dis ; car je ne parle point de moi-même, je ne
fais que vous transmettre les volontés de celui qui m'a envoyé. En effet, la vertu, le
mérite d'un envoyé, c'est de ne rien dire de sa propre autorité. — Bède. Remarquez
ici qu'au témoignage de l'ange, il est tout à la fois devant Dieu et envoyé pour
annoncer à Zacharie la naissance de son fils. — S. Grég. (hom. 34 sur les Evang.)
En effet, lorsque les anges viennent nous trouver, ils remplissent extérieurement

924
leur ministère sans interrompre intérieurement l'exercice de la contemplation ; car
si leur esprit est limité, l'Esprit souverain qui est Dieu, n'a point de bornes. Ainsi les
anges sont toujours devant lui, même quand ils sont en mission, puisque c'est dans
l'immensité de Dieu qu'ils accomplissent leur message "

Bède. L'ange donne ensuite le signe qui lui a été demandé. Zacharie n'a fait usage
de la parole que pour exprimer son incrédulité, le silence lui enseignera la foi : " Et
voici que vous allez devenir muet, " etc. — S. Chrys. Les liens qui le rendaient
impuissant, sont transportés à l'organe de la voix ; te sacerdoce dont il est revêtu
n'est point une raison pour qu'il soit épargné, au contraire, la punition sera plus
grande, parce qu'il devait donner aux autres l'exemple d'une foi plus vive. —
Théophyl. Le mot grec ????? signifie également sourd, on peut donc donner ce sens
aux paroles de l'ange : Puisque vous ne croyez point, vous deviendrez sourd, et
vous ne pourrez plus parler. Juste châtiment de sa double faute, la désobéissance est
punie par la surdité, et la contradiction par la mutité. — S. Chrys. L'ange dit : Et
voici, c'est-à-dire à l'instant même. Considérez toutefois la miséricorde de Dieu
dans ce qui suit : " Jusqu'au jour où ces choses arriveront ; " comme s'il lui disait :
Lorsque l'accomplissement de ma prédiction en aura démontré la vérité, et que tu
auras reconnu la justice de ton châtiment, alors tu en seras délivré, Il lui en fait
aussi connaître clairement la cause : Parce que vous n'avez pas cru à mes paroles,
qui s'accompliront en leur temps ; " méconnaissant ainsi la puissance de celui qui
m'a envoyé, et devant lequel je suis toujours présent. Or, si tel fut le châtiment de
Zacharie pour avoir refusé de croire à un enfantement naturel, comment ceux qui
blasphèment la naissance ineffable pourront-ils échapper à la vengeance divine ?

Grec. (ou Antipat. de Bostr., Chaîne des Pères grecs.) Tandis que ces choses se
passaient dans l'intérieur du temple, la multitude qui attendait au dehors était
surprise de ce que Zacharie tardait à revenir : " Cependant le peuple attendait
Zacharie, et s'étonnait de ce qu'il demeurait si longtemps dans le temple. " Chacun
se livrait à ses conjectures et donnait ses suppositions ; Zacharie étant enfin sorti,
leur apprit, par son silence forcé, ce qui lui était arrivé dans l'intérieur du temple. "
Et étant sorti, il ne pouvait leur parler. — Théophyl. Zacharie faisait des signes au
peuple qui lui demandait probablement pourquoi il était devenu muet : " Et il leur
faisait des signes et il demeura muet. " — S. Ambr. Un signe est un mouvement du
corps qui n'est point accompagné des paroles, et qui cherche à faire connaître la
volonté, sans pouvoir l'exprimer complètement.

vv. 23-25.

Bède. Tant que duraient leurs fonctions, les prêtres, tout entiers aux offices de leur
ministère, s'abstenaient de tout rapport avec leurs épouses, et s'interdisaient même
l'entrée de leurs maisons. C'est pourquoi l'Évangéliste ajoute : " Quand les jours de
son ministère furent accomplis, " etc. Les prêtres qui se succédaient alors, devaient
être de la race d'Aaron, c'était donc un devoir aussi légitime que nécessaire de se
donner une postérité " Maintenant, au contraire, ce ne sont plus les lois d'une

925
succession charnelle, mais une perfection toute spirituelle qui donne droit au
sacerdoce, aussi les prêtres sont-ils obligés d'observer une continence perpétuelle,
pour être dignes d'offrir le sacrifice de l'autel. " Après ces jours-là, " etc., c'est-à-
dire après les jours où Zacharie avait rempli les devoirs de son ministère. Ceci se
passait au mois de septembre, le huit des calendes d'octobre, alors que les Juifs
célébraient le jeûne de la fête des Tabernacles, à l'approche de l'équinoxe, où la nuit
commence à être plus longue que le jour ; en effet, le Christ devait croître et Jean
diminuer. Et ce n'est pas sans raison que ces jours étaient des jours de jeûne ; car
Jean-Baptiste devait prêcher aux hommes les austérités de la pénitence.

" Et elle se tenait cachée, " etc. — S. Ambr. Pourquoi se tenait-elle cachée, si ce
n'est par un sentiment de pudeur ? Il est en effet pour les époux un temps déterminé
par la nature, où c'est chose louable de chercher à avoir des enfants ; lorsqu'on est
dans la vigueur de l'âge, et qu'on peut espérer d'en obtenir. Mais lorsqu'on atteint
les limites d'une vieillesse presque épuisée et qu'on arrive à cet âge, où l'on est plus
propre à élever des enfants qu'à les engendrer, il y a une espèce de honte pour une
femme de porter les signes d'une fécondité bien que légitime, d'être chargée d'un
fardeau qui convient à un autre âge, et d'une grossesse qui n'est plus de saison. Elle
avait donc de la honte à cause de son âge ; nous pouvons comprendre par là
qu'Elisabeth et Zacharie n'avaient plus ensemble les rapports qu'ont entre eux les
époux ; car si elle n'avait pas eu de honte de remplir les devoirs du mariage jusque
dans sa vieillesse, elle n'en aurait pas eu davantage de devenir mère. Cependant
laissons-la rougir du poids de la maternité tant qu'elle ignore ce qu'elle a de
mystérieux. Bientôt, celle qui se dérobait aux regards, parce qu'elle était devenue
mère, commence à se glorifier, parce qu'elle porte un prophète dans son sein. —
Orig. (Chaîne des Pères grecs.) Aussi l'Évangéliste ajoute : " Elle se cachait
pendant cinq mois, " c'est-à-dire jusqu'au temps où Marie elle-même conçut son
divin fils, et que l'enfant d'Elisabeth, tressaillant de joie dans son sein, commença
de remplir les fonctions de prophète. — S. Amb. Elle rougissait d'être mère à son
âge, mais en même temps elle se réjouissait d'être délivrée de l'opprobre de la
stérilité. " C'est là, disait-elle, la grâce que le Seigneur m'a faite, " etc. — S. Chrys.
(ou Orig.) C'est-à-dire il a fait cesser ma stérilité, en m'accordant un don qui
dépasse les forces de la nature, et une pierre inféconde a produit des épis
verdoyants, il m'a délivré de l'opprobre de la stérilité en me rendant mère, " dans les
jours où il m'a regardée pour effacer mon opprobre d'entre les hommes. " — S.
Amb. Car c'est une espèce de honte pour les femmes d'être privées du fruit de
l'union des époux, puisqu'elles n'ont point d'autre raison de se marier. S. Chrys.
C'est donc pour Elisabeth une double joie d'être affranchie de l'opprobre de la
stérilité, et de mettre au monde un enfant illustre ; car ce n'est pas ici comme pour
les autres, l'union des époux seule, mais la grâce divine qui a été le principe de cette
naissance.

Bède. Dans un sens mystique, on peut dire que Zacharie représente le sacerdoce
judaïque, et Elisabeth la loi, qui développée par les explications des prêtres devait
engendrer à Dieu des enfants spirituels, mais qui restait impuissante et stérile, "
926
parce que la loi n'a conduit personne à la perfection. " Tous deux étaient avancés en
âge, parce qu'à la venue au Christ les hommes étaient pour ainsi dire courbés sous
le poids des ans. Zacharie entre dans le temple, parce que c'est aux prêtres qu'il
appartient de pénétrer dans le sanctuaire des mystères célestes. La multitude se
tenait au dehors parce qu'elle ne peut pénétrer le secret des choses spirituelles.
Tandis que Zacharie place l'encens sur l'autel, la naissance de Jean-Baptiste lui est
révélée ; c'est en effet lorsque les docteurs sont embrasés du feu divin que
renferment les saintes lettres qu'ils découvrent la grâce de Dieu qui se répand par
Jésus-Christ ; c'est par un ange que ses mystères sont révélés, parce que " la loi a
été donnée par le ministère des anges. " — S. Ambr. Le peuple tout entier devient
comme muet dans la personne d'un seul, parce qu'il parlait à Dieu par
l'intermédiaire d'un seul ; la parole de Dieu a passé aussi jusqu'à nous, et elle n'est
point muette au milieu de nous : celui-là est muet qui ne comprend pas la loi.
Pourquoi, en effet, celui qui ne peut émettre aucun son articulé vous paraîtrait-il
plus muet que celui qui n'a aucune connaissance des saints mystères ? Le peuple
juif ressemble à un homme qui fait des signes, lui qui ne peut rendre raison de ce
qu'il fait. — Bède. Et cependant Elisabeth conçoit Jean-Baptiste, parce que les
secrètes profondeurs de la loi sont pleines des mystères de Jésus-Christ. Elle cache
cette conception pendant cinq mois, parce que Moïse a renfermé dans ses cinq
livres les mystères du Christ, ou parce que toute l'économie de la rédemption de
Jésus-Christ a été figurée dans les cinq âges du monde par les paroles et les actions
des saints.

vv. 26, 27.

Bède. Comme l'incarnation du Christ devait avoir lieu dans le sixième âge du
monde, ou bien devait être l'accomplissement de la loi, c'est avec raison que le
sixième mois de la conception de Jean-Baptiste, un ange est envoyé à Marie pour
lui annoncer la naissance du Sauveur du monde : " Au sixième mois, " etc., dit
l'Évangéliste. Par ce sixième mois, il faut entendre le mois de mars, et c'est le vingt-
cinq de ce mois que, selon la tradition, Notre-Seigneur a été conçu et a souffert sa
passion, comme aussi c'est le vingt-cinq du mois de décembre qu'il est né. Si nous
admettons avec quelques auteurs que l'équinoxe du printemps a lieu le vingt-cinq
mars, et le solstice d'hiver le vingt-cinq décembre, nous pouvons dire qu'il était
convenable que l'accroissement du jour coïncidât avec la conception et la naissance
de celui qui éclaire tout homme venant en ce monde. Si l'on prétend au contraire
que même avant l'époque de la naissance et de la conception du Sauveur les jours
commencent à croître, ou qu'ils sont plus longs que les nuits, nous dirons alors que
Jean-Baptiste précédait l'avènement du Seigneur, et qu'il évangélisait déjà le
royaume des cieux.

S. Bas. (sur Isaïe.) Les esprits célestes ne viennent pas à nous de leur propre
mouvement, c'est Dieu qui les envoie lorsque notre utilité l'exige ; car leur
occupation est de contempler l'éclat de la divine sagesse. " L'ange Gabriel fut
envoyé, " etc. — S. Grég " (hom. 34 sur les Evang.) Ce n'est point un ange

927
quelconque, mais l'archange Gabriel qui est envoyé à la Vierge Marie. Il
n'appartenait, en effet, qu'au plus grand des anges de venir annoncer le plus grand
des événements. L'Écriture lui donne un nom spécial et significatif, il se nomme
Gabriel, qui veut dire force de Dieu. C'était donc à la force de Dieu qu'il était
réservé d'annoncer la naissance du Dieu des armées, du fort dans les combats qui
venait triompher des puissances de l'air. — La Glose. L'Évangéliste désigne
également le lieu où il est envoyé. " Dans la ville de Nazareth ; " car c'est le
Nazaréen, c'est-à-dire le Saint des Saints, dont la naissance est annoncée. — Béde.
Dieu commence admirablement l'oeuvre de notre réparation, en envoyant un ange à
une vierge qu'un enfantement divin devait consacrer, parce que le démon aussi
avait commencé l'oeuvre de notre perte en envoyant le serpent à la femme peur la
séduire par l'esprit d'orgueil. " Il fut envoyé à une vierge. " — S. Aug. (de la sainte
Vierg., chap. 15.) La virginité seule était digne d'enfanter celui qui, dans sa
naissance, n'a pu avoir d'égal. Notre chef, par un miracle éclatant, devait naître
d'une vierge selon la chair, et figurer ainsi que l'Église vierge donnerait à ses
membres une naissance toute spirituelle. — S. Jér. (serm. sur l'assomp.). C'est avec
raison qu'un ange est envoyé à une vierge ; car la virginité a toujours été unie par
des liens étroits avec les anges. En effet, vivre dans la chair, sans obéir aux
inspirations de la chair, ce n'est pas la vie de la terre, c'est la vie du ciel.

S. Chrys. (sur S. Matth., hom. 4.) L'ange n'attend pas que l'enfantement ait eu lieu
pour en faire connaître le mystère à la Vierge, cet événement l'eût jetée dans le plus
grand trouble. C'est avant la conception qu'il accomplit son message, et ce n'est
point en songe, mais dans une apparition visible et solennelle, telle que l'exigeait
avant l'accomplissement, l'importance de l'évènement qu'il venait lui annoncer.

S. Amb. L'Écriture établit clairement ces deux choses, qu'elle était épouse et vierge.
" Elle était mariée, " etc. Vierge, ce qui la sépare de tout commerce avec un homme
; épouse, pour que sa virginité fût à l'abri de tout déshonneur, alors que sa grossesse
aurait été pour tous un indice de corruption. Le Seigneur aima mieux en voir
quelques-uns douter de sa naissance immaculée, que de la pureté de sa mère. Il
savait combien l'honneur d'une vierge est délicat, combien sa réputation fragile, et
il ne voulut pas que la foi à sa naissance miraculeuse s'élevât sur le déshonneur de
sa mère. La virginité de Marie a donc été inviolable, dans l'opinion des hommes,
comme elle l'était en elle-même. Il ne fallait pas laisser pour excuse aux vierges,
dont la réputation est malheureusement douteuse, que la mère du Sauveur elle-
même n'avait pas été à l'abri du soupçon et du déshonneur. Que pourrait-on
reprocher aux Juifs aussi bien qu'à Hérode, s'ils n'avaient persécuté que le fruit de
l'adultère ? Comment Jésus lui-même aurait-il pu dire : " Je ne suis point venu
détruire la loi, mais l'accomplir, s'il eût commencé par une violation de la loi, la loi
condamnant l'enfantement de toute personne non mariée. Rien, d'ailleurs, ne donne
plus de créance aux paroles de Marie que ce mariage, et n'éloigne davantage tout
soupçon de mensonge. Qu'elle fût devenue mère sans être mariée, elle eût paru
vouloir couvrir sa faute sous le voile du mensonge ; étant mariée, au contraire, elle
n'avait aucune raison de mentir, puisque la fécondité des épouses est tout à la fois la
928
récompense et le privilège du mariage. Une raison non moins importante, c'est que
la virginité de Marie mettait en défaut le prince du monde ; en la voyant engagée
dans les liens du mariage, il ne pouvait avoir aucun soupçon de son enfantement
virginal. — Orig. (hom. 6.) Supposez-la, au contraire, non mariée, aussitôt cette
pensée secrète fût venue au démon : Comment celle qui n'a point d'époux, est-elle
devenue mère ? Cette conception doit être divine, il y a ici quelque chose de
supérieur à la nature humaine. — S. Amb. Mais ce mariage déjoua bien plus encore
toutes les pensées des princes de la terre ; car la malice des démons pénètre
facilement dans le secret des choses cachées ; mais ceux qui sont plongés dans les
préoccupations du monde sont incapables de comprendre les choses divines. Disons
encore que nous avons ainsi un témoin plus fidèle et plus sûr de la virginité de
Marie dans la personne de son époux, qui pouvait, et se plaindre de l'outrage qui lui
était fait, et en poursuivre le châtiment, s'il n'eût connu le mystère de cet
enfantement. " Il s'appelait Joseph, dit l'Évangéliste, et il était de la maison de
David. " — Bède. Ces paroles sont vraies à la fois et de Joseph, et de Marie ; car
aux termes de la loi, chacun devait prendre femme dans sa tribu, ou dans sa famille.
" Et cette vierge s'appelait Marie. " Marie, en hébreu, signifie étoile de la mer, et en
syriaque, maîtresse, noms qui conviennent parfaitement à Marie qui a enfanté le
Maître du monde, et la lumière éternelle des siècles.

vv. 28, 29.

S. Amb. Reconnaissez la Vierge à ses moeurs. Elle est seule dans l'intérieur de sa
demeure, loin de tous les regards des hommes, un ange seul peut arriver jusqu'à elle
: " L'ange étant entré où elle était, " etc. Il ne faut point qu'elle soit déshonorée par
une conversation indigne d'elle, c'est un ange qui est chargé de la saluer. — S.
Grég. de Nysse. (disc. sur la Nativ.) Le discours qu'il lui adresse est opposé à celui
que la première femme entendit autrefois. Pour Eve l'enfantement dans la douleur
fut la juste punition de son péché ; pour Marie, la tristesse fait place à la joie, et
l'ange lui annonce le sujet d'une joie bien légitime, en lui disant : " Je vous salue. "
Il ajoute : " Pleine de grâce, " et il proclame ainsi qu'elle est digne de l'union qu'il
vient lui annoncer. Car cette plénitude de grâce est comme la dot destinée à son
époux ; en effet, les paroles de l'ange conviennent tour à tour, les unes à l'épouse,
les autres à l'époux. — S. Jér. (serm. sur l'Assomp.) Oui elle est pleine de grâce, car
la grâce n'est donnée aux autres créatures que partiellement et avec mesure ; Marie
l'a reçue toute entière et dans sa plénitude. Oui, elle est vraiment pleine de grâce,
elle par qui toute créature a été inondée des eaux abondantes de l'Esprit saint. Celui
qui avait envoyé son ange à cette divine Vierge était déjà avec elle, le Seigneur
avait précédé son ambassadeur ; et le Dieu qui remplit tout de son immensité, ne
pouvait être retenu par la distance des lieux : " Le Seigneur est avec vous. " — S.
Aug. (serm. 14 sur la Nativ. du Seig.) Il est avec vous plus qu'il n'est avec moi ; car
il est lui-même dans votre coeur, il s'incarne dans vos entrailles, il remplit votre
âme, il remplit votre sein. — Grec. (ou Géom., Chaîne des Pères grecs.) C'est là le
complément de l'ambassade céleste, le Verbe de Dieu contracte comme un époux
une union incompréhensible à la raison ; engendrant tout à la fois et engendré, il
929
s'associe intimement toute la nature humaine. Les dernières paroles de l'ange sont le
couronnement et l'abrégé de tout ce qui précède : " Vous êtes bénie entre les
femmes, " c'est-à-dire seule entre toutes les femmes ; par là même toutes les
femmes seront bénies en vous, comme tous les hommes en votre Fils, ou plutôt les
uns et les autres seront bénis en vous deux. En effet, c'est par une femme et un
homme que le péché et la douleur sont entrés dans le monde ; c'est aussi par une
femme et par un homme que la bénédiction, que la joie sont appelées et répandues
sur toute créature.

S. Amb. Reconnaissez encore la Vierge à sa pudeur ; elle fut alarmée : " Ayant
entendu ces paroles, elle en fut troublée. " C'est le propre des vierges d'être
accessible à la crainte, de trembler à l'approche d'un homme, de redouter tout
entretien avec lui. Apprenez de là, ô vierges, à éviter toute licence dans vos paroles,
puisque Marie redoute la salutation d'un ange. — Grec. (ou Géom.) Comme ces
visions du ciel lui étaient familières, ce n'est point à la vision elle-même, mais aux
paroles de l'ange que l'Évangéliste attribue son trouble : " Ayant entendu ces
paroles, elle en fut troublée. " Remarquez encore tout à la fois la pudeur et la
prudence de cette divine Vierge, les sentiments de son âme, les paroles qui sortent
de sa bouche. Elle entend parler de joie, de bonheur, elle examine ce qu'on lui dit,
elle ne résiste pas ouvertement par incrédulité, elle ne croit pas aussitôt à la légère,
elle évite à la fois la légèreté d'Eve, et l'obstination de Zacharie : " Et elle se
demandait ce que pouvait être cette salutation. " Car elle ignorait encore la
grandeur du mystère qui allait s'accomplir en elle. Cette salutation est-elle inspirée
par la passion, comme serait celle d'un homme à une vierge ? Ou bien est-elle
divine, puisqu'on fait intervenir le nom même de Dieu : " Le Seigneur est avec
vous. " — S. Amb. Elle s'étonne aussi de cette nouvelle formule de bénédiction
inusitée jusque-là ; car elle était réservée à Marie seule. — Orig. (hom. 6.) Si par la
connaissance qu'elle avait de la loi, elle eût su qu'un autre avant elle eût été l'objet
d'un semblable discours, elle n'en eût point été effrayée, comme d'une chose
extraordinaire.

v. 30-33.

Bède. L'ange, voyant la Vierge troublée par cette salutation étrange pour elle,
l'appelle par son nom, comme s'il la connaissait plus familièrement, et l'engage à
déposer tout sentiment de crainte. " Et l'ange lui dit : Ne craignez pas, Marie, " etc.
— Grec. (Photius, Chaîne des Pères grecs.) Comme s'il disait : Je ne suis point
venu pour vous tromper, mais pour apporter le pardon de l'ancienne déception, je
ne viens point non plus porter atteinte à votre inviolable virginité, mais préparer en
vous une demeure à l'auteur, au gardien de toute pureté ; je ne suis pas l'envoyé du
serpent, mais l'ambassadeur de celui qui détruit son empire, je viens non vous
tendre un piége, mais traiter de l'union mystérieuse que Dieu veut contracter avec
vous. Il ne veut pas la laisser en proie à des pensées inquiétantes, pour sauver
l'honneur de la mission divine qu'il vient remplir. — S. Chrys. (Chaîne des Pères
grecs.) Celui qui mérite de trouver grâce aux yeux de Dieu, n'a rien à craindre. "

930
Vous avez, lui dit-il, trouvé grâce devant Dieu. " Comment chacun peut-il à son
tour trouver grâce devant Dieu ? par l'humilité ; car c'est aux humbles que Dieu
donne sa grâce. (Jc 4 et 1 P 5) — Grec. (ou Photius.) Cette Vierge sainte a trouvé
grâce devant Dieu, parce que l'éclat de sa chasteté qui était le plus bel ornement de
son âme, en a fait une demeure agréable à Dieu ; et que non seulement elle a gardé
une virginité perpétuelle, mais a conservé son âme pure de toute tache. — Orig.
(Chaîne des Pères grecs.) Plusieurs avant elle, avaient trouvé grâce devant Dieu :
aussi l'ange ajoute ce qui lui est exclusivement propre : " Voilà que vous concevrez
dans votre sein. " Cette expression voilà indique la rapidité, l'actualité de l'opération
divine, la conception a lieu au moment même où il parle. — Sév. Ant. " Vous
enfanterez dans votre sein, " paroles qui démontrent que Notre-Seigneur a pris dans
le sein virginal une chair semblable à notre chair. En effet, le Verbe divin venait
purifier à la fois la nature humaine, notre naissance, l'origine de notre génération ; il
a donc, à l'exception du péché et du concours de l'homme, été conçu comme nous
dans la chair, et porté neuf mois dans le sein de sa mère. — Greg. Nyss. (ou Géom.,
Chaîne des Pères grecs.) Mais comme il en est qui conçoivent l'esprit divin et
enfantent l'esprit du salut, selon l'expression du prophète, l'ange ajoute " Et vous
enfanterez un Fils. " — S. Amb. Il en est peu qui, comme Marie, enfantent le Verbe
qu'ils ont conçu par la grâce de l'Esprit saint. Il en est qui rejettent au dehors le
Verbe à peine conçu, et qui ne l'enfantent jamais ; il en est qui portent Jésus-Christ
dans leur sein, mais sans que jamais il arrive à être formé dans leur coeur.

Greg. Nyss. (disc. pour la Nativ. du Seig.) L'attente de leur délivrance inspire
ordinairement aux femmes de vives craintes, aussi l'ange calme ces appréhensions
par les charmes de l'enfantement qu'il annonce : " Et vous l'appellerez Jésus. "
L'avènement d'un Sauveur suffit pour dissiper tout sentiment de crainte. — Bède.
Le nom de Jésus signifie Sauveur ou salutaire. — Grec. L'ange dit à Marie : " C'est
vous qui lui donnerez ce nom, et non pas son père ; car il n'a point de père dans sa
génération temporelle, comme il n'a point de mère dans sa génération divine. — S.
Cyr. Ce nom fut un nom nouveau donné au Verbe de Dieu et parfaitement en
rapport avec sa naissance selon la chair, selon cette parole du prophète : " On vous
appellera d'un nom nouveau, que la bouche du Seigneur vous donnera. " — Grec.
(ou Géom.) Mais comme ce nom lui était commun avec le successeur de Moïse,
l'ange fait ressortir la différence qui les sépare en ajoutant : " Il sera grand. " — S.
Ambr. Il a été dit aussi de Jean-Baptiste qu'il serait grand, mais d'une grandeur
humaine, tandis que Jésus sera grand d'une grandeur toute divine ; car la puissance.
de Dieu se répand au loin, et la grandeur de la substance divine s'étend au delà de
tous les espaces connus. Elle n'est limitée par aucun lieu, elle est incompréhensible
à l'esprit humain, supérieure à toutes nos pensées, inaccessible aux variations des
temps. — Orig. (hom. 6.) Admirez donc la grandeur du Sauveur Jésus, comme elle
est répandue par tout l'univers. Montez dans les cieux, elle y remplit tout de sa
présence ; descendez par la pensée dans les abîmes, vous verrez qu'elle vous y a
précédé. A cette vue, reconnaissez l'accomplissement de cette prédiction : " Il sera
grand. "

931
Grec. (ou Photius, comme précéd.) Et ne croyez pas que l'incarnation du Fils de
Dieu porte la moindre atteinte à la majesté divine, au contraire, elle élève jusqu'aux
cieux notre pauvre humanité : " Et il sera appelé, dit l'ange, le Fils du Très-Haut. "
Ce n'est pas vous qui lui donnerez ce nom : " Il sera appelé, " et par qui donc, si ce
n'est par son Père qui lui est consubstantiel ? Celui-là seul qui a la connaissance
parfaite de son fils, peut seul aussi lui donner le nom qui lui convient, ce qu'il fait
quand il dit : " Celui-ci est mon Fils bien-aimé. " Il l'est de toute éternité, bien que
ce nom ne nous ait été révélé que dans le temps pour notre instruction ; aussi l'ange
dit : " Il sera appelé, " et non pas, il deviendra, ou il sera engendré ; car avant tous
les siècles il était consubstantiel à son Père. Celui donc que l'immensité des cieux
ne peut contenir, c'est lui que vous concevrez, c'est lui dont vous deviendrez la
mère, c'est lui que votre sein virginal va renfermer. — S. Chrys. (Chaîne des Pères
grecs.) Il en est qui regardent comme souverainement étrange, inconvenant même
que Dieu fasse son habitation d'un corps mortel. Mais est-ce que le soleil qui est un
corps sensible, et qui pénètre tout de ses rayons, voit pour cela s'obscurcir soit
éclat ? A plus forte raison le soleil de justice, en prenant un corps très-pur dans le
sein d'une vierge, ne perd rien de sa pureté ; bien loin de là, il ajoute à la pureté, à la
sainteté de sa mère.

Grec. (ou Sév. d'Ant., Ch. des Pères grecs.) L'ange voulant rappeler au souvenir de
Marie les oracles des prophètes, ajoute : " Et Dieu lui donnera le trône de David, "
etc., afin qu'elle sache à n'en pouvoir douter, que celui dont elle deviendra la mère,
c'est le Christ qui, selon les prophètes, devait naître de la race de David. — S. Cyr.
(Chaîne des Pères grecs.) Toutefois, gardons-nous de croire que le corps très-pur
de Jésus-Christ soit l'oeuvre de Joseph ; mais tous deux descendaient des mêmes
ancêtres, Joseph et Marie, dans le sein de laquelle le Fils de Dieu s'est revêtu de
notre humanité. — S. Bas. (à Amphiloch.) Ce n'est point sur le trône temporel de
David que le Seigneur s'est assis, puisque le gouvernement du peuple juif était
passé aux mains d'Hérode ; le trône de David, dont le Seigneur s'est mis en
possession, c'est son royaume immortel. Aussi voyez ce qui suit : " Et il régnera sur
la maison de Jacob éternellement, " etc. — S. Chrys. (hom. 7 sur S. Matth.) La
maison de Jacob dont il est ici question sont ceux d'entre les Juifs qui ont cru en lui.
Car comme dit saint Paul : " Tous ceux qui descendent d'Israël, ne sont pas pour
cela Israélites…, mais ce sont les enfants de la promesse qui sont réputés être les
enfants d'Abraham. " (Rm 11.) Ou bien encore, la maison de Jacob, c'est toute
l'Église, qui est sortie d'une bonne racine, ou qui, d'olivier sauvage qu'elle était, a
été greffée sur l'olivier franc par le mérite de sa foi. — Grec. (ou Géom.) A Dieu
seul il appartient de régner éternellement ; aussi, bien que l'ange déclare qu'il
prendra possession du trône de David par suite de son incarnation, en tant que Dieu,
il est le roi éternel des siècles. " Et son royaume n'aura point de foi. " Non
seulement comme Dieu, mais aussi en tant qu'il est homme ; dans le temps présent,
il règne sur un grand nombre, à la fin des siècles, son empire s'étendra sur tous sans
exception, lorsque toutes choses lui seront soumises. — Bède. Que Nestorius cesse
donc de dire que l'homme seul est né de la Vierge, et qu'en Jésus-Christ l'homme
n'a point été uni au Verbe de Dieu en unité de personne ; car l'ange proclame Fils
932
du Très-Haut, celui-là même qu'il déclare être le Fils de David, et démontre ainsi
qu'en Jésus-Christ, il n'y a qu'une seule personne en deux natures. S'il parle au
futur, ce n'est pas, comme le disent les hérétiques, que le Christ n'ait pas existé
avant Marie, mais parce qu'il a reçu le nom de Fils lorsque l'homme, uni à Dieu, n'a
plus formé qu'une seule personne.
 
 

vv. 34, 35.

S. Ambr. Marie ne devait point refuser de croire aux paroles de l'ange, elle ne
devait point non plus accepter témérairement les prérogatives divines qu'il lui
annonçait. Que fait-elle ? " Or, Marie dit à l'ange : Comment cela se fera-t-il ? "
question bien plus mesurée que celle du prêtre Zacharie. " Comment cela se fera-t-
il ; " demande Marie ; à quoi connaîtrai-je la vérité de ce que vous m'annoncez, "
dit Zacharie. il refuse donc de croire ce qu'il déclare ne pas comprendre, et il
demande pour appuyer sa foi d'autres motifs de crédibilité. Marie, au contraire, se
rend aux paroles de l'ange, elle ne doute nullement de leur accomplissement, elle
n'est inquiète que de la manière dont elles s'accompliront. Elle avait lu dans les
prophètes : " Voici qu'une vierge concevra et enfantera un fils, " elle croit donc. à
l'accomplissement de cette prophétie ; mais elle n'avait pas lu comment elle
s'accomplirait, car Dieu ne l'avait pas révélé même au premier des prophètes ; ce
n'était pas à un homme, mais à un ange, qu'il était réservé de faire connaître un si
grand mystère.

S. Grég. de Nysse. (disc. sur la Nativ. du Seig.) Considérez encore les paroles de
cette Vierge si pure. L'ange lui prédit qu'elle enfantera, elle s'attache à sa virginité,
la conservation de sa chasteté est à ses yeux d'un plus grand prix que l'apparition
miraculeuse de l'ange. Aussi entendez-la dire : " Je ne connais point d'homme. " —
S. Bas. (Chaîne des Pères grecs.) Le mot connaître est susceptible de plusieurs
sens. On appelle connaissance, la science de Dieu notre créateur, la notion que nous
avons de ses perfections et des voies qui mènent à lui, l'observation de ses
commandements, et aussi les rapports des époux entre eux, et c'est dans ce dernier
sens qu'il faut l'entendre ici. — S. Grég. de Nysse. (comme précéd.) Ces paroles de
Marie nous dévoilent les pensées les plus intimes de son âme ; car si elle eût épousé
Joseph pour la fin qu'on se propose dans tout mariage, pourquoi cet étonnement,
lorsqu'on lui parle de conception ? puisqu'elle pouvait s'attendre à devenir mère un
jour selon les lois de la nature. Mais il fallait conserver dans toute sa pureté ce
chaste corps qui avait été offert à Dieu comme une chose sacrée, aussi dit-elle à
l'ange : " Je ne connais point d'homme. " Comme si elle lui disait : Vous êtes un
ange, cependant c'est pour vous chose naturellement impossible à savoir que je ne
connais point d'homme ; comment donc deviendrai-je mère sans avoir d'époux,
puisque je reconnais Joseph pour mon époux ?

933
Grec. (ou Géom., Ch. des Pèr. gr.) Considérez comment l'ange lève le doute de la
Vierge, et lui explique la chaste union et l'enfantement ineffable qui doit la suivre :
" Et l'ange lui répondit : L'Esprit saint surviendra en vous, " etc. — S. Chrys. (hom.
49 sur la Genèse.) Ne semble-t-il pas lui dire : Ne cherchez pas les lois de la nature,
là où la nature est dépassée par la sublimité des choses que je vous annonce ? Vous
dites : " Comment cela se fera-t-il, parce que je ne connais point d'homme ? " Et
c'est justement parce que vous êtes demeurée vierge vis-à-vis de votre époux, que
ce mystère doit s'accomplir en vous ; car si vous étiez une épouse ordinaire, Vous
n'en auriez pas été jugée digne ; non pas, sans doute, que le mariage soit une chose
profane aux yeux de Dieu, mais parce que la virginité lui est supérieure. Il
convenait, en effet, que le Seigneur de tous les hommes eût avec nous, dans sa
naissance, des rapports de conformité, comme aussi des traits de dissemblance. Il
naît du sein d'une femme, et en cela il nous est semblable ; mais il naît en dehors
des lois des conceptions ordinaires, et par là il nous est supérieur. — S. Grég. de
Nysse. (comme précéd.) Bienheureux ce corps qui, par suite de l'incomparable
pureté de Marie, a mérité d'être intimement uni à l'Esprit saint ; dans les autres, à
peine si une âme pure mérite la présence de ce divin esprit ; ici c'est la chair elle-
même qui devient son tabernacle. (Et dans le liv. de la vie de Moïse ou de la vie
parf.) Ces tables de notre nature que le péché avait brisées, le vrai législateur les
taille et les façonne de nouveau avec notre terre ; il prend, sans union charnelle, un
corps capable d'être uni à sa divinité, et que le doigt de Dieu lui-même a sculpté,
c'est-à-dire l'Esprit saint qui est survenu dans la Vierge. (Dans le disc. sur la nativ.
du Christ.) " Et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre. " La vertu du
Très-Haut c'est le Christ lui-même qui est formé dans le sein de Marie par la venue
de l'Esprit saint. — S. Grég. (Moral., 18, 12.) Ces paroles : " Vous couvrira de son
ombre, " signifient les deux natures du Dieu incarné ; car l'ombre est le résultat de
la lumière et de l'interposition d'un corps. Or, le Seigneur est lumière par sa
divinité, et comme cette lumière incorporelle devait se revêtir d'un corps dans le
sein de Marie, l'ange lui dit avec raison : " La vertu du Très-Haut vous couvrira de
son ombre, " c'est-à-dire le corps de l'humanité qui est en vous, recevra la lumière
incorporelle de la divinité. Ces paroles peuvent aussi s'entendre des consolations
célestes que Dieu devait répandre dans son âme. — Bède. Ce n'est donc point par le
concours de l'homme que vous n'avez jamais connu, que vous concevrez, mais par
l'opération de l'Esprit saint dont vous serez toute remplie, et vous demeurerez
inaccessible aux ardeurs de la concupiscence, parce que le Saint-Esprit vous
couvrira de son ombre. — S. Grég. de Nysse. (comme précéd.) " La vertu du Très-
Haut vous couvrira de son ombre. " L'ombre d'un corps est produite par un objet
préexistant, et reçoit de lui sa forme, ainsi les preuves de la divinité de son Fils
éclateront dans la vertu miraculeuse de sa génération. Car de même que la matière
corporelle qui est en nous, possède une vertu vivifiante qui sert à former l'homme ;
ainsi la vertu du Très-Haut, par l'opération de l'Esprit vivificateur, a pris dans le
corps virginal de Marie la partie de matière qui devait servir à former l'homme
nouveau. C'est ce qu'indiquent les paroles suivantes : " C'est pourquoi le fruit saint
qui naîtra de vous, sera appelé le Fils de Dieu. " — S. Athan. (lettre contre les
hérétiq. à Epict.) Nous faisons profession de croire que le corps du Sauveur, formé
934
des éléments matériels de la nature humaine, a été un véritable corps, de même
nature que le nôtre ; car Marie est notre soeur, puisque tous, comme elle, nous
sommes descendus d'Adam. — S. Bas. (de l'Esprit saint, chap. 5.) Voilà pourquoi
saint Paul dit : Dieu a envoyé son Fils né d'une femme, il ne dit point par le moyen
d'une femme, mais d'une femme ; car cette expression : par une femme aurait pu
donner l'idée d'une génération qui ne serait qu'un passage, tandis que ces paroles :
né d'une femme établissent clairement l'identité de nature entre le fils et la mère.

S. Grég. (Mor., 18, 27.) L'ange déclare que Jésus sera saint dès sa naissance, mais
d'une sainteté toute différente de la nôtre. En effet, nous pouvons acquérir la
sainteté ; mais nous ne la possédons pas dès notre naissance, enchaînés que nous
sommes dans les liens d'une nature sujette à la corruption, ce qui nous fait dire avec
le prophète (Ps 50) : " Voilà que j'ai été conçu dans l'iniquité, " etc. Celui-là seul est
véritablement saint, dont la conception n'est pas la suite d'une union charnelle ; qui
n'est point autre dans son humanité, autre dans sa divinité, comme le rêvent les
hérétiques, qui n'a point commencé par être simplement un homme dans sa
conception, dans sa naissance, et mérité ensuite de devenir Dieu ; mais qui, aussitôt
que l'ange eut parlé, et que l'Esprit saint fut survenu, fut le Verbe descendu dans le
sein de Marie, et immédiatement le Verbe fait chair dans ses chastes entrailles.
C'est ce que prouvent les paroles suivantes : " Il sera appelé le Fils de Dieu. "

Grec. (Ch. des Pèr. gr.) Considérez comment l'ange, parlant à Marie, fait intervenir
toute la Trinité, en mentionnant distinctement l'Esprit saint, le Verbe et le Très-
Haut ; car la Trinité est indivisible.

vv. 36-38.

S. Chrys. (Hom. 49 sur la Genèse.) Le langage que l'ange avait tenu jusqu'alors à
Marie était au-dessus de son intelligence ; il descend donc à des choses plus
accessibles, et cherche à la persuader par des faits extérieurs et sensibles : " Et voici
qu'Elisabeth, votre cousine. " Remarquez l'à propos et la convenance de ces
paroles. Gabriel ne rappelle pas à Marie les exemples de Sara, ou de Rébecca, ou de
Rachel, ils étaient trop anciens ; il lui cite un fait tout récent, pour produire en elle
une conviction assurée, Dans ce même dessein il fait ressortir et l'âge et
l'impuissance de la nature : " Elle a conçu aussi elle-même un fils dans sa vieillesse.
" Il ajoute : " Et c'est ici le sixième mois, " etc. Il ne lui a point appris dès le
commencement la conception d'Elisabeth, mais après six mois écoulés, afin que les
signes visibles de sa grossesse fussent une preuve de la vérité de ses paroles. — S.
Grég. de Naz. (Ch. des Pèr. gr., de ses poésies.) Vous me demanderez peut-être :
Comment le Christ descend-il de David ? Marie est évidemment de la famille
d'Aaron, puisqu'au dire de l'ange, elle est la cousine d'Elisabeth il faut voir ici l'effet
d'un dessein providentiel de Dieu, qui voulait unir le sang royal à la race
sacerdotale, afin que Jésus-Christ, qui est à la fois prêtre et roi, eût aussi pour
ancêtres, selon la chair, les prêtres et les rois. Nous lisons aussi dans l'Exode,
qu'Aaron a pris, dans la tribu de Juda, une épouse du nom d'Elisabeth, fille

935
d'Aminadab. Et voyez combien est admirable la conduite providentielle de l'Esprit
de Dieu, en permettant que l'épouse de Zacharie s'appelât aussi Elizabeth, pour
nous rappeler ainsi l'épouse d'Aaron qui portait également ce nom d'Elisabeth.

Bède. Pour faire disparaître toute défiance dans l'esprit de la Vierge sur la vérité de
son enfantement, l'ange lui cite l'exemple d'une femme stérile qui enfantera dans sa
vieillesse, elle apprendra ainsi que tout est possible à Dieu, même ce qui paraît le
plus contraire aux lois de la nature ; car, ajoute-t-il : " Rien n'est impossible à Dieu.
" — S. Chrys. (Chaîne des Pèr. gr.) Il est le souverain Maître de la nature, il peut
donc tout ce qu'il veut, lui qui fait et dispose toutes choses, et qui tient dans ses
mains les rênes de la vie et de la mort. — S. Aug. (contr. Faust., 26, 5.) Il en est qui
tiennent ce langage : Si Dieu est tout-puissant, qu'il fasse que les choses qui ont
existé n'aient pas existé. Ils ne voient pas que ce langage revient à dire Qu'il fasse
que les choses qui sont vraies, par là même qu'elles sont vraies soient fausses. Dieu
sans doute peut faire que ce qui existait n'existe plus, c'est ainsi que par un acte de
sa puissance, celui qui a reçu l'existence en naissant, la perd en mourant. Mais qui
pourra dire que Dieu ôte l'existence à ce qui ne l'a déjà plus ? Car tout ce qui est
passé a cessé d'exister ; si dans ce qui est passé il y a encore quelques éléments
d'existence, ces éléments existent réellement, et s'ils existent, comment sont-ils
passés ? Quand nous affirmons en vérité qu'une chose a existé, elle n'existe donc
plus, elle existe dans notre pensée et non dans la chose elle-même qui a cessé
d'être ; or Dieu ne peut faire que cette affirmation soit fausse. Nous disons que Dieu
est tout-puissant, mais non pas dans ce sens que nous pensions qu'il puisse mourir.
Celui-là seul peut être appelé sans restriction tout-puissant, qui existe véritablement
et de qui seul tout ce qui existe reçoit l'être et la vie.

S. Ambr. Voyez l'humilité de la Vierge, voyez sa religion : " Alors Marie lui dit :
Voici la servante du Seigneur. " Elle se proclame la servante du Seigneur, elle qui
est choisie pour être sa mère ; elle ne conçoit aucun orgueil d'une promesse aussi
inespérée ; elle devait enfanter celui qui est doux, humble par excellence, elle
devait elle-même donner l'exemple de l'humilité. En se proclamant d'ailleurs la
servante du Seigneur, elle ne s'attribue d'autre part dans cette grâce si
extraordinaire, que de faire ce qui lui était ordonné ; c'est pour cela qu'elle ajoute : "
Qu'il me soit fait selon votre parole ; " vous avez vu son obéissance, vous voyez la
disposition de son coeur : " Voici la servante du Seigneur ; " c'est la préparation à
remplir son devoir : " Qu'il me soit fait selon votre parole, " c'est l'expression de
son désir. — Eusèbe. (ou Géom., Ch. des Pèr. gr.) Chacun célébrera à sa manière
les vertus qui éclatent dans ces paroles de la Vierge ; l'un admirera son assurance et
sa fermeté, l'autre la promptitude avec laquelle elle obéit, un autre qu'elle n'ait point
été éblouie par les promesses magnifiques et sublimes du premier des archanges, un
autre enfin qu'elle n'ait point porté trop loin la résistance ; elle s'est tenue également
en garde et contre la légèreté d'Eve et contre la désobéissance de Zacharie. Pour
moi, sa profonde humilité ne me paraît pas moins digne d'admiration. — S. Grég.
Par un mystère vraiment ineffable, la même Vierge dut à une conception sainte et à

936
un enfantement virginal d'être la servante du Seigneur, et sa mère selon la vérité,
des deux natures.

vv. 39-46.

Bède. Aussitôt que l'ange a obtenu le consentement de la Vierge, il remonte vers les
cieux : " Et l'ange s'éloigna d'elle. " — Eusèbe. (vel Geometer, ubi sup.) Il la quitte
non seulement satisfait d'avoir obtenu ce qu'il désirait, mais plein d'admiration pour
la perfection de cette divine Vierge et pour la sublimité de sa vertu.

S. Ambr. L'ange qui annonçait à Marie des choses aussi mystérieuses, lui donne
pour affermir sa foi, l'exemple d'une femme stérile qui était devenue mère. A cette
nouvelle, Marie s'en va vers les montagnes de Judée. Quoi donc ? Est-ce qu'elle ne
croit point aux paroles de l'ange ? est-ce qu'elle n'est point certaine de la divinité de
son message ? Est-ce qu'elle doute de l'exemple qu'il lui donne ? non, c'est un saint
désir qui la transporte, c'est un sentiment religieux du devoir qui la pousse, c'est une
joie divine qui lui inspire cet empressement " Marie partit et s'en alla dans les
montagnes, " etc. Toute remplie de Dieu qu'elle est, où pourrait-elle diriger ses pas,
si ce n'est vers les hauteurs. — Orig. (hom. 7.) Jésus qu'elle portait dans son sein,
avait hâte lui-même d'aller sanctifier Jean-Baptiste, qui était encore dans le sein de
sa mère : " Elle s'en alla en toute hâte, " etc. — S. Ambr. La grâce de l'Esprit saint
ne connaît ni lenteurs ni délais. Apprenez de la Vierge chrétienne à ne point vous
arrêter sur les places publiques et à ne prendre aucune part aux conversations qui
s'y tiennent. — Théophyl. Elle va vers les montagnes, parce que c'est là qu'habitait
Zacharie : " En une ville de Juda, et elle entra dans la maison de Zacharie. " — S.
Ambr. Apprenez aussi, femmes chrétiennes, les soins empressés que vous devez à
vos parentes, lorsqu'elles sont sur le point d'être mères. Voyez Marie, elle vivait
seule auparavant dans une profonde retraite, aujourd'hui ni la pudeur naturelle aux
vierges ne l'empêche de paraître en public, ni les montagnes escarpées n'arrêtent
son zèle, ni la longueur du chemin ne lui fait retarder le bon office qu'elle va rendre
à sa cousine. Vierges de Jésus-Christ, apprenez encore quelle fut l'humilité de
Marie. Elle vient vers sa parente, elle vient, elle la plus jeune, visiter celle qui est
plus âgée, et non seulement elle la prévient, mais elle la salue aussi la première : "
Et elle salue Elisabeth. " En effet, plus une vierge est chaste, plus aussi son humilité
doit être grande, plus elle doit avoir de déférence pour les personnes plus âgées ;
celle qui fait profession de chasteté, doit aussi être maîtresse en humilité. Il y a
encore ici un motif de charité, le supérieur vient trouver son inférieur pour lui venir
en aide, Marie vient visiter Elisabeth, Jésus-Christ, Jean-Baptiste. — S. Chrys.
(sur. Matth., hom. 4.) Disons encore que Marie cachait avec soin ce que l'ange lui
avait dit, et ne le découvrait à personne ; elle savait qu'on n'ajouterait point foi à un
récit aussi merveilleux, et elle craignait qu'il ne lui attirât des outrages, et qu'on ne
l'accusât de vouloir ainsi pallier son crime et son déshonneur. — Grec. (Géom.,
comme précéd.) C'est près d'Elisabeth seule qu'elle va se réfugier ; elle avait
coutume d'en agir ainsi à cause de sa parenté qui les unissait, et plus encore à cause
de la conformité de leurs sentiments et de leurs moeurs.

937
S. Ambr. Les bienfaits de l'arrivée de Marie et de la présence du Seigneur se font
immédiatement sentir : " Aussitôt qu'Elisabeth eut entendu la voix de Marie qui la
saluait, son enfant tressaillit, " etc. Remarquez ici la différence et la propriété de
chacune des paroles de l'auteur sacré. Elisabeth entendit la voix la première, mais
Jean ressentit le premier l'effet de la grâce ; elle entendit d'après l'ordre naturel,
mais Jean tressaillit par suite d'une action toute mystérieuse ; l'arrivée de Marie se
fait sentir à Elisabeth, la venue du Seigneur à Jean-Baptiste. — Grec. (ou Géom.,
comme précéd.) Le prophète voit et entend plus clairement que sa mère, il salue le
prince des prophètes, et au défaut de la parole qui lui manque, il tressaille dans le
sein de sa mère (ce qui est le signe le plus expressif de la joie) ; mais qui jamais a
ressenti ces tressaillements de la joie avant sa naissance ? La grâce produit, des
effets inconnus à la nature : le soldat renfermé dans les entrailles de sa mère
reconnaît son Seigneur et son roi dont la naissance approche, l'enveloppe du sein
maternel n'est point un obstacle à cette vision mystérieuse ; car il le voit non des
yeux ou du corps, mais des yeux de l'âme. — Orig. (Ch. des Pèr. gr.) Il ne fut pas
rempli de l'Esprit saint avant l'arrivée de celle qui portait Jésus-Christ dans son
sein, et c'est au même instant qu'il en fut rempli et qu'il tressaillit dans les entrailles
de sa mère : " Et Elisabeth fut remplie de l'Esprit saint. " Nul doute qu'Elizabeth
n'ait dû à son fils d'avoir été elle-même remplie de l'Esprit saint.

S. Ambr. Elisabeth s'était dérobée aux regards du monde du moment qu'elle avait
conçu un fils, elle commence à se produire, glorieuse qu'elle est de porter dans son
sein un prophète ; elle éprouvait alors une espèce de honte, maintenant elle bénit
Dieu : " Et s'écriant à haute voix, elle dit : Vous êtes bénie entre toutes les femmes,
" elle s'écrie à haute voix, aussitôt qu'elle ressent l'arrivée du Seigneur, parce qu'elle
crut à la divinité de l'enfantement de Marie. — Orig. (Ch. des Pèr. qr.) Elle lui dit "
Vous êtes bénie entre toutes les femmes ; elle est la seule qui ait reçu et qui ait pu
recevoir une si grande abondance de grâce, car elle seule est la mère d'un enfant
divin. — Bède. Elisabeth la bénit dans les mêmes termes que l'ange Gabriel, pour
montrer qu'elle est digne de la vénération des anges et des hommes. — Théophyl.
Mais les siècles précédents avaient vu d'autres saintes femmes qui ont donné le jour
à des enfants souillés par le péché ; elle ajoute donc : " Et le fruit de vos entrailles
est béni. " Ou dans un autre sens elle venait de dire : " Vous êtes bénie entre toutes
les femmes ; " elle en donne maintenant la raison comme si quelqu'un la lui
demandait : " Et le fruit de vos entrailles est béni, " etc., c'est ainsi que nous lisons
dans le psaume 117 : " Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. Le Seigneur
est le vrai Dieu, et il a fait paraître sa lumière sur nous, " car suivant l'usage de
l'Écriture, et a le même sens que parce que. — Orig. Elle appelle le seigneur le fruit
des entrailles de la mère de Dieu, parce qu'il n'a point un homme pour père, et qu'il
est né de Marie seule, car ceux qui sont nés d'un père mortel, sont considérés
comme ses fruits. — Grec. (ou Géom.) C'est donc ici le seul fruit vraiment béni,
parce qu'il a été produit sans le concours de l'homme et l'influence du péché. —
Bède. C'est ce fruit que Dieu promettait à David en ces termes : " J'établirai sur
votre trône le fruit de vos entrailles. " —Eusèbe. Le Christ est le fruit des entrailles
de Marie, cette vérité suffit pour détruire l'hérésie d'Eutychès : car tout fruit est de
938
même nature que la plante ; par une conséquence nécessaire, la Vierge est donc de
même nature que le nouvel Adam qui vient effacer les péchés du monde. Que ceux
qui se forment l'idée d'une chair fantastique en Jésus-Christ, rougissent de leur
opinion en considérant l'enfantement véritable de la mère de Dieu, car le fruit
provient de la substance même de l'arbre. Où sont encore ceux qui osent dire que le
Christ n'a fait que passer dans la Vierge comme par un canal. Qu'ils apprennent de
ces paroles d'Elisabeth remplie de l'Esprit saint, que le Sauveur est le fruit des
entrailles de Marie.

" D'où me vient que la mère de mon Seigneur vienne à moi ? " — S. Ambr. Ce n'est
point par ignorance qu'elle parle ainsi, elle sait que c'est la grâce et l'action de
l'Esprit saint qui ont porté la mère du Seigneur à venir saluer la mère du prophète
pour la sanctification de son enfant, mais elle reconnaît hautement qu'elle n'a pu
mériter cette grâce, et que c'est un don purement gratuit de la miséricorde divine : "
D'où me vient cet honneur ? " c'est-à-dire, à quelles oeuvres de justice, à quelles
actions, à quelles vertus en suis-je redevable ? — Orig. (Ch. des Pèr. gr.) Elisabeth
partage ici les sentiments de son fils, car Jean lui-même se sentait indigne que
Jésus-Christ descendît jusqu'à lui. En proclamant mère du Seigneur Marie, qui était
vierge, elle anticipe sur l'événement par une inspiration prophétique. Reconnaissons
ici une disposition toute providentielle qui conduit Marie chez Elisabeth, pour que
Jean-Baptiste, encore dans le sein de sa mère, rende témoignage au Seigneur, car
dès lors le Sauveur investit Jean-Baptiste du titre et des fonctions de prophète,
comme l'expliquent les paroles suivantes : " Aussitôt que la voix de votre
salutation, " etc. — S. Aug. (à Dardanus, lett. 57.) Pour parler ainsi, comme
l'Évangéliste le déclare, Elisabeth a été remplie de l'Esprit saint, et c'est lui, sans
aucun doute, qui lui a révélé la signification de ce tressaillement mystérieux de son
enfant, tressaillement qui lui annonçait la venue de la mère du Sauveur, dont son
fils devait être le Précurseur et le héraut. L'explication d'un si grand mystère a pu
être connue des personnes plus âgées, comme Marie et Elisabeth, sans l'être de
l'enfant lui-même ; car Elisabeth ne dit point : L'enfant a tressailli dans mon sein
par un mouvement de foi, mais " a tressailli de joie. " Nous voyons tous les jours
tressaillir, non seulement des enfants, mais même des animaux, sans que ni la foi,
ni la religion, ni aucune cause intelligente y aient la moindre part ; mais ici le
tressaillement est extraordinaire et d'un genre tout nouveau, parce qu'il se produit
dans le sein d'Elisabeth, et à l'arrivée de celle qui devait enfanter le Sauveur de tous
les hommes. Ce tressaillement donc, qui fut comme le salut rendu à la mère du
Seigneur, a eu pour cause, comme tous les miracles, un acte de la puissance divine
dans cet enfant, et non un mouvement naturel de l'enfant lui-même. Et alors même
qu'on admettrait dans cet enfant un usage prématuré de la raison et de la volonté,
qui aurait pu lui permettre, dès le sein de sa mère, un sentiment de connaissance, de
foi, de sympathie, on devrait l'attribuer à un miracle de la puissance divine, et non à
une simple action des lois naturelles.

Orig. (Ch. des Pèr. gr.) La mère du Sauveur était venu visiter Elisabeth, pour voir
la conception miraculeuse que l'ange lui avait annoncée, et s'affermir ainsi dans la
939
foi au miracle bien plus surprenant dont une vierge devait être l'objet. C'est cette foi
qu'Elisabeth célèbre par ces paroles : " Et vous êtes bienheureuse d'avoir cru, parce
que les choses qui vous ont été dites de la part du Seigneur s'accompliront en vous.
" — S. Ambr. Vous le voyez, Marie n'a nullement douté, mais elle a cru, et a
recueilli le fruit de sa foi. — Bède. Rien d'étonnant si le Seigneur, Rédempteur du
monde, commence par sa mère l'oeuvre de sa rédemption ; c'est par elle que le salut
devait être donné à tous les hommes, il était juste qu'elle reçût la première le fruit
du salut de l'enfant qu'elle portait dans son sein. — S. Ambr. Bienheureux vous
aussi qui avez entendu et qui avez cru ; car toute âme qui croit, conçoit et engendre
le Fils de Dieu, et mérite de connaître ses oeuvres. — Bède. Toute âme aussi qui a
conçu le Verbe de Dieu, monte aussitôt par les pas de l'amour jusqu'aux sommets
les plus élevés des vertus, pénètre dans la ville de Juda, c'est-à-dire, dans la
citadelle de la louange et de la joie, et y demeure comme pendant trois mois dans la
pratique parfaite de la foi, de l'espérance et de la charité. — S. Grég. (sur Ezech.,
hom. 4.) L'inspiration prophétique d'Elisabeth s'étendit à la fois au passé, au présent
et à l'avenir. Elle connut que Marie avait ajouté foi aux promesses de l'ange ; en la
proclamant mère du Seigneur, elle comprit qu'elle portait dans son sein le
Rédempteur du genre humain ; et en prophétisant tout ce qui devait s'accomplir en
elle, elle plongea son regard jusque dans les profondeurs de l'avenir.

v. 47. — Alors Marie dit : Mon âme glorifie le Seigneur.

S. Ambr. C'est par les femmes que le péché a commencé, c'est aussi par les femmes
que commence la réparation du mal ; aussi n'est-ce pas sans dessein qu'Elisabeth
prophétise avant Jean-Baptiste, et Marie avant la naissance du Seigneur ; mais la
prophétie de Marie est d'autant plus parfaite qu'elle est elle-même plus élevée en
dignité. — S. Bas. (Ch. des Pèr, gr., explic. du Ps 33.) Cette Vierge sainte guidée
par une inspiration sublime contemple d'une vue profonde l'immense étendue de ce
mystère, et pénétrant plus avant dans ses profondeurs, elle rend gloire à Dieu : " et
Marie dit : Mon âme glorifie le Seigneur. " — Grec. (Athanas., Ch. des Pèr. gr.) —
Elle semble dire : Le mystère étonnant que Dieu a prédit, c'est dans mon corps qu'il
doit l'opérer, mais mon âme ne peut rester stérile devant lui. Il faut que je lui offre
le fruit de ma volonté, car plus est grand le miracle dont je suis l'objet, plus aussi je
dois glorifier l'auteur de toutes ces merveilles. — Orig. (hom. 8.) — Puisque Dieu
ne peut ni recevoir aucun accroissement, ni souffrir aucune diminution, que
signifient ces paroles de Marie : " Mon âme exalte le Seigneur ? " Il nous faut
considérer que le Dieu Sauveur est l'image du Dieu invisible, que notre âme a été
faite à son image, et qu'elle est ainsi l'image de l'image ; nous reconnaîtrons alors
qu'à l'exemple des peintres qui reproduisent sur la toile les traits d'un visage,
lorsque nous élevons notre âme par nos oeuvres, nos paroles, nos pensées, l'image
de Dieu s'agrandit en nous, et le Seigneur lui-même, dont nous portons l'image dans
notre âme, en reçoit comme une espèce d'agrandissement.

Et mon esprit est ravi de joie en Dieu mon Sauveur.

940
S. Bas. (Sur le Ps 32.) Le premier fruit de l'Esprit c'est la paix et la joie. La Vierge
sainte qui avait reçu l'Esprit saint dans toute sa plénitude, ajoute avec raison : " Et
mon esprit est ravi. " L'âme et l'esprit sont ici une même chose. L'Écriture sainte
emploie ordinairement le mot de ravissement, de transport, pour exprimer dans les
personnes qui en sont dignes, un état de l'âme remplie de joie et d'allégresse. La
Vierge est donc ravie dans le Seigneur par un tressaillement ineffable de son coeur,
et par le transport d'une affection pure. " En Dieu mon Sauveur. " — Bède. L'esprit
de la sainte Vierge se réjouit de l'éternelle divinité de ce même Jésus (c'est-à-dire
Sauveur) dont la chair est engendrée par une conception temporelle. — S. Ambr.
L'âme de Marie glorifie donc le Seigneur, et son esprit est ravi en Dieu son
Sauveur, parce que toute dévouée par son âme et son esprit au Père et au Fils, elle
honore d'un culte d'amour le Dieu unique, auteur de tout ce qui existe. Ayez donc
tous l'âme de Marie pour glorifier le Seigneur, ayez tous son, esprit pour être ravis
de joie en Dieu votre Sauveur. Si selon la chair, il n'y a qu'une mère du Christ,
selon la foi, Jésus est le fruit de tous les coeurs. Toute âme en effet conçoit le Verbe
de Dieu, à la condition qu'elle sera pure, exempte de tout vice et qu'elle conservera
sa chasteté sous la garde d'une pudeur inviolable. — Théophyl. Celui-là glorifie
Dieu, qui marche dignement à la suite de Jésus-Christ, qui porte le nom de chrétien
sans laisser amoindrir en lui la dignité du Christ qu'il relève au contraire par des
actions grandes et vraiment célestes ; l'esprit, ou ce qui est la même chose, l'onction
spirituelle est comme ravie de joie, c'est-à-dire qu'elle s'accroît de jour en jour et
n'est point exposée à s'affaiblir ou à s'éteindre. — S. Bas. (comme précéd.) Si
parfois je ne sais quelle lumière venant à pénétrer votre âme vous donne une
connaissance subite de Dieu, et vous éclaire si pleinement qu'elle vous porte à
aimer Dieu et à mépriser toutes les choses de la terre ; que cette image si obscure
encore et cette impression si rapide vous aident à comprendre l'état des justes qui
trouvent en Dieu une joie toujours égale, toujours persévérante. — Orig. L'âme doit
commencer par glorifier le Seigneur, avant d'être ravie en lui ; car la foi en Dieu est
une condition nécessaire de ces divins transports.
 
 

vv. 48. — Parce qu'il a regardé l'humilité de sa servante, et désormais toutes les
générations me diront bienheureuse.

Grec. (ou Isid., Ch. des Pèr. gr.) Marie fait connaître la cause de la gloire qu'elle
rend à Dieu, et de ses divins transports : " Parce qu'il a regardé l'humilité de sa
servante, " c'est-à-dire ; c'est lui qui le premier a jeté les yeux sur moi contre mon
espérance, j'étais contente de mon humble condition, et maintenant Dieu me choisit
pour l'accomplissement d'un dessein vraiment ineffable, et m'élève de la terre aux
cieux. — S. Aug. (Serm. sur l'Assomp.) O véritable humilité qui a mérité d'enfanter
un Dieu à la terre, de rendre la vie aux pauvres mortels, de renouveler les cieux, de
purifier le monde, d'ouvrir le paradis, et de rendre à la liberté les âmes des
hommes ! L'humilité de Marie est devenue comme une échelle céleste dont Dieu
s'est servi pour descendre sur la terre. Car que signifient ces paroles : " Il a regardé,
941
" c'est-à-dire : " il a approuvé ? " Il en est beaucoup qui paraissent humbles aux
yeux des hommes, mais Dieu ne daigne pas jeter les regards sur leur humilité ; car
s'ils étaient sincèrement humbles, leur unique désir serait non pas d'être loués eux-
mêmes, mais de voir Dieu loué par tous les hommes, et leur esprit chercherait non
dans ce monde, mais en Dieu ses transports et sa joie. — Orig. (hom. 8.) Mais qu'y
avait-il donc de si humble et de si bas dans celle qui portait le Fils de Dieu dans son
sein ? Il faut remarquer ici que l'humilité dans la sainte Écriture est la vertu à
laquelle les philosophes donnent le nom de modestie. Nous pouvons nous-mêmes
la définir par une périphrase en disant qu'on est humble, lorsqu'on n'est pas enflé
d'orgueil, et qu'on s'abaisse volontairement. — Bède. C'est parce que Dieu a daigné
jeter les yeux sur son humilité, que tous la proclament bienheureuse : " Et
désormais toutes les générations me diront bienheureuse. " — S. Athan. (Ch. des
Pèr. gr.) Et en effet, si au dire du prophète (Is 31, selon les 70) ceux-là sont
bienheureux qui ont des enfants dans Sion et leur famille dans Jérusalem, que
dirons-nous du bonheur de la divine et très-sainte Vierge, qui est devenue la mère
du Verbe fait chair ? — Grec. (ou Métaphraste, Ch. des Pèr. gr.) Si elle se
proclame bienheureuse, ce n'est point par un sentiment de vaine gloire ; et comment
l'orgueil aurait-il pu trouver accès dans celle qui s'est appelée la servante du
Seigneur ? C'est donc par une inspiration de l'Esprit saint, qu'elle prédit ses
destinées futures. — Bède. C'est par l'orgueil de notre premier père, que la mort
était entrée dans le monde ; il était juste que les voies qui conduisent à la vie nous
fussent ouvertes par l'humilité de Marie. — Théophyl. Elle dit : " Toutes les
générations, " non seulement Elisabeth, mais toutes les nations qui doivent un jour
embrasser la foi.

v. 49. — Parce que celui qui est tout-puissant a fait en moi de grandes choses, et
son nom est saint.

Théophyl. La Vierge déclare que ce n'est point à sa vertu qu'elle devra d'être
proclamée bienheureuse, elle en donne ici la véritable cause : " Parce que Celui qui
est tout-puissant a fait en moi de grandes choses. " — S. Aug. (Serm. sur l'assomp.)
Quelles sont les grandes choses que Dieu a faites en vous ? Vous avez mis au
monde votre Créateur, vous sa créature, vous avez enfanté votre Seigneur, vous sa
servante, et c'est par vous que Dieu a racheté le monde, par vous qu'il lui a rendu la
vie. — Tite. (de Bostr.) Comment a-t-il opéré en moi de grandes choses ? c'est que
j'ai conçu sans cesser d'être vierge, triomphant ainsi des lois de la nature. J'ai été
jugée digne, de devenir, sans le secours d'un homme, non pas une mère quelconque,
mais la Mère du Sauveur unique des hommes. — Bède. Ces paroles se rapportent
au commencement de ce cantique où il est dit : " Mon âme exalte le Seigneur. " Car
l'âme en qui Dieu a daigné opérer de grandes choses peut seule célébrer dignement
ses grandeurs. — Tite. (comme précéd.) Elle dit : " Celui qui est tout puissant, "
afin que si quelque doute vient à s'élever sur le mystère de cette conception opérée
dans une vierge sans qu'elle perde sa virginité, ce miracle trouve aussitôt son
explication dans la puissance de Dieu. Et loin de nous la pensée que le Fils unique
qu'elle a porté dans son sein ait été pour elle la cause de quelque souillure, " parce
942
que son nom est saint. " — S. Bas. (sur le Ps 32, vers la fin). Le nom de Dieu est
appelé saint, non qu'il y ait dans les syllabes qui le composent aucune puissance
sanctificatrice, mais parce que toute propriété, toute perfection de Dieu, comme
toute intelligence des merveilles que nous contemplons en lui est sainte et pure. —
Bède. Sa puissance est tellement élevée, qu'elle surpasse toute créature et qu'elle le
place à une distance incommensurable de toutes les choses qu'il a créées. Cette
pensée ressort beaucoup mieux dans le texte grec où le mot ????? signifie qui est
élevé au-dessus de la terre.

v. 50. — Et sa miséricorde s'étend d'âge en âge sur ceux qui le craignent.

Bède. De ces dons particuliers, Marie s'élève jusqu'aux jugements de Dieu, qui
embrassent l'universalité du genre humain dont elle décrit l'état : " Et sa
miséricorde, dit-elle, s'étend de génération en génération sur ceux qui le craignent. "
Elle semble dire : Ce n'est point seulement pour moi qu'il a fait de grandes choses,
mais dans toute nation, celui qui a la crainte de Dieu est sûr d'obtenir ses faveurs.
— Orig. (hom. 8.) Car la miséricorde de Dieu n'est pas restreinte à une seule
génération, mais elle s'étend à perpétuité de génération en génération. — Grec.
(Victor, Chaîne des Pères grecs.) C'est par cette miséricorde qu'il existe d'âge en
âge, que j'ai conçu et qu'il s'est uni lui-même à un corps vivant, pour traiter l'affaire
de notre salut par un sentiment d'amour. Toutefois, sa miséricorde ne s'exerce pas
indistinctement, mais sur ceux qui dans toute nation sont soumis à la crainte de
Dieu. Voilà pourquoi Marie ajoute : " Sur ceux qui le craignent, " c'est-à-dire, sur
ceux que le repentir amène à la foi et à une vraie pénitence, car ceux qui résistent
avec obstination se sont fermé, par leur incrédulité coupable, la porte de la
miséricorde. — Theophyl. Ou bien encore, ces paroles signifient que ceux qui
craignent Dieu obtiendront miséricorde, et dans cette génération, c'est-à-dire, dans
le siècle présent, et dans la génération future, ou dans le siècle à venir, et qu'ils
recevront le centuple en ce monde, et dans la vie future une récompense beaucoup
plus grande.

v. 51. — Il a déployé la force de son bras, il a dissipé ceux qui s'élevaient d'orgueil
dans les pensées de leur coeur.

Bède. En décrivant l'état du genre humain, Marie prédit le châtiment qui attend les
orgueilleux, et la récompense réservée à ceux qui sont humbles : " Il a déployé la
force de son bras, " etc. C'est-à-dire, du Fils de Dieu lui-même ; car de même que
c'est par votre bras que vous agissez, le Verbe par qui Dieu a créé le monde
s'appelle le bras de Dieu. — Orig. (hom. 8.) C'est pour ceux qui le craignent qu'il a
déployé la force de son bras, car quelle que soit votre infirmité, lorsque vous
approchez de Dieu, si vous le craignez, vous obtiendrez le secours qu'il vous a
promis. — Théophyl. Ce bras dont il a fait éclater la puissance, c'est aussi le Fils de
Dieu incarné, parce que la nature a été vaincue par le miracle d'une vierge devenue
mère, et d'un Dieu fait homme. — Grec. (Photius.) Il a fait, ou plutôt, il fera éclater
sa puissance, non comme autrefois, lorsqu'il anéantit par Moise l'armée des

943
Egyptiens, ou qu'il détruisit par un ange, au nombre de plusieurs mille, l'armée des
Assyriens rebelles. Ici c'est par sa seule puissance et sans le concours de personne
qu'il triomphe des intelligences révoltées contre lui : " Il a dissipé les orgueilleux
dans les pensées de leur coeur, " c'est-à-dire, il a dissipé toute âme qui a refusé de
croire à sa venue ; bien plus, il a dévoilé et mis à découvert leurs pensées superbes
et criminelles. — Cyril. Alex. (Ch. des Pèr. gr.) Toutefois, c'est principalement des
cohortes ennemies des démons que ces paroles doivent s'entendre, car la venue du
Seigneur a dissipé ces cruels ennemis du genre humain, et a replacé sous
l'obéissance de Dieu ceux qu'ils retenaient dans des chaînes de l'esclavage. —
Théophyl. On peut encore les appliquer aux Juifs, qu'il a dispersés dans toutes les
contrées du monde, comme ils le sont encore aujourd'hui.

v. 52. — Il a renversé les grands de leur trône, et il a élevé les petits.

Bède. Ces dernières paroles : " Il a fait éclater la puissance de son bras, " et celles
qui précèdent : " Sa miséricorde s'exerce d'âge en âge, " doivent être rattachées
chacune à l'un des membres de ce verset, parce qu'il est vrai de dire que les
orgueilleux ne cessent d'être abaissés et les humbles d'être élevés par une
disposition aussi juste que miséricordieuse de la puissance divine. Elle ajoute
donc : " il a renversé les grands de leur trône, et il a élevé les petits. " — Cyr.
d'Alex. Les démons, et les princes des démons, les sages parmi les gentils, les
pharisiens et les scribes avaient tous de hautes et grandes idées d'eux-mêmes. Dieu
cependant les a tous renversés, et il a relevé ceux qui s'humiliaient sous sa main
puissante, en leur donnant le pouvoir de fouler aux pieds les serpents et les
scorpions, et toute la puissance de l'ennemi. Les Juifs eux-mêmes s'enorgueillirent
autrefois de leur puissance, mais leur incrédulité les a renversés à terre, tandis que
parmi les gentils, ceux qui étaient humbles, sans éclat aux yeux des hommes, ont
été élevés par la foi au faite de la véritable grandeur. — Grec. (ou Macaire, Ch. des
Pèr. gr.) Nous savons que notre esprit doit être le siège de la divinité ; mais aussitôt
le péché de notre premier père, les puissances d'iniquité ont envahi l'intérieur de
notre âme, pour y régner comme sur leur propre trône. Or Dieu est venu justement
sur la terre pour chasser ces esprits mauvais du siége de nos volontés, et relever
ceux que les démons avaient terrassés, en purifiant leurs consciences et en
établissant son trône dans leur coeur.

v. 53. — Il a rempli de biens ceux qui étaient affamés, et il a renvoyé vides ceux
qui étaient riches.

La Glose. Comme la prospérité humaine consiste surtout dans les honneurs des
puissants de ce monde et dans l'abondance des richesses, après avoir parlé de
l'humiliation des grands et de l'élévation des humbles, elle prédit que les riches
seront réduits au plus entier dénuement, et les pauvres remplis de toutes sortes de
biens : " Il a rempli de biens ceux qui étaient affamés, " etc. — S. Bas. (sur les
Psaum.) Nous pouvons entendre ces paroles mêmes des choses sensibles, et y
apprendre l'incertitude des choses de ce monde. Elles sont bien fragiles, en effet,

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comme ces flots que l'impétuosité des vents brise et disperse de tous côtés.
Entendues dans le sens spirituel, ces paroles signifient que le genre humain tout
entier était comme affamé, à l'exception des Juifs, que la promulgation de la loi et
les enseignements des saints prophètes avaient enrichis. Mais ils ont refusé de
s'attacher humblement au Verbe incarné, et ils ont été renvoyés vides de tous biens
et dans le plus entier dénuement, privés de la foi, de la science, de l'espérance des
biens, exclus tout ensemble de la Jérusalem terrestre et de la vie future. Ceux au
contraire, parmi les gentils, que la faim et la soif avaient complètement épuisés, se
sont attachés au Seigneur et ont été remplis de tous les biens spirituels. — La
Glose. Ceux aussi qui ont faim des biens éternels, qui les désirent ardemment,
seront rassasiés, lorsque Jésus-Christ apparaîtra dans sa gloire, mais pour ceux qui
placent leur joie dans les choses de la terre, ils seront à la fin des siècles renvoyés
vides de tous biens et de toute félicité.

vv. 54, 55. — Et il a pris en sa protection Israël, se ressouvenant de sa


miséricorde, selon la promesse qu'il a faite à nos pères, à Abraham et à sa
postérité pour toujours.

La Glose. Après avoir rappelé en général les effets de la miséricorde et de la justice


divine, Marie en vient aux effets particuliers du nouveau mystère de l'Incarnation
qui vient de s'accomplir : " Il a pris en sa protection Israël, son serviteur, " etc. Il l'a
pris comme un médecin prend un malade, il s'est rendu visible parmi les hommes,
afin qu'Israël (c'est-à-dire, voyant Dieu) (cf. Gn 28), devînt son serviteur. — Bède.
Et son serviteur obéissant, humble ; car celui qui refuse de s'humilier ne peut être
sauvé. — S. Bas. (ou Cyril.) Elle ne veut point parler d'Israël selon la chair, qui
tirait sa noblesse de son nom, mais d'Israël selon l'esprit, qui tenait son nom de sa
foi, et dont les yeux s'appliquaient à voir Dieu par la foi. On peut aussi appliquer
ces paroles aux Israélites selon la chair, puisqu'un nombre infini d'entre eux ont
embrassé la foi. Dieu agit de la sorte en souvenir de sa miséricorde, car il
accomplissait la promesse faite à Abraham (Gn 22) : " Tous les peuples de la terre
seront bénis en celui qui sortira de vous. " C'est cette même promesse que la Mère
de Dieu célèbre lorsqu'elle dit : " Selon la promesse qu'il a faite à nos pères, à
Abraham, " etc. Dieu avait dit en effet à Abraham (Gn 17) : " J'affermirai mon
alliance avec vous, et après vous avec votre race dans la suite de leurs générations,
par un pacte éternel, afin que je sois votre Dieu, et le Dieu de votre postérité après
vous. "

Bède. Cette postérité doit s'entendre beaucoup moins des descendants d'Abraham
selon la chair, que des imitateurs de sa foi, et c'est à eux que la venue du Sauveur a
été promise pour des siècles. — La Glose. En effet, la promesse qui a pour objet cet
héritage n'aura point de terme, jusqu'à la fin des siècles il y aura des croyants, et la
glorieuse félicité qui leur est réservée sera éternelle.

v. 56. — Marie demeura avec Elisabeth environ trois mois, et elle s'en retourna en
sa maison.

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S. Ambr. Marie demeura jusqu'au temps de la délivrance d'Elisabeth, selon le récit
de l'Évangéliste : " Marie demeura, " etc. — Théophyl. C'est le sixième mois de la
conception du Précurseur que l'ange est venu la trouver, elle demeura trois mois
avec Elisabeth, ce qui fait les neuf mois accomplis. — S. Ambr. Ce n'est pas
seulement l'intimité de Marie avec sa cousine, mais le désir d'être utile à un si grand
prophète qui la détermine à prolonger son séjour. En effet, si dès son arrivée, les
grâces du ciel se répandirent avec tant d'abondance, qu'à la voix de Marie l'enfant
tressaillit dans le sein de sa mère, et que la mère elle-même fut remplie de l'Esprit
saint, que ne dut pas ajouter la présence de Marie pendant un si long espace de
temps ? Nous disons donc avec raison, que Marie remplit ici Un véritable
ministère, et qu'elle a observé dans son séjour un nombre mystérieux. — Bède. Car
l'âme chaste, qui conçoit le désir du Verbe spirituel, doit nécessairement monter au
sommet élevé des célestes exercices, y demeurer comme pendant trois mois, et y
persévérer jusqu'à ce qu'elle soit éclairée pleinement de la lumière rayonnante de la
foi, de l'espérance et de la charité. — Théophyl. Lorsqu'Elisabeth fut sur le point
d'enfanter, la Vierge la quitta : " Et elle s'en retourna, " etc., à cause du grand
nombre de personnes qui devaient se réunir à l'occasion de l'enfantement : Or il
n'était pas convenable que la Vierge fût présente dans ces circonstances. — Grec.
ou Métaphraste (Ch. des Pèr. gr.) Il est d'usage, en effet, que les vierges se retirent
lorsqu'une femme est sur le point d'enfanter. Dès qu'elle fut rentrée dans sa maison,
elle n'en sortit plus, elle y demeura jusqu'au moment où elle connut que l'heure de
son enfantement était proche, et ce fut alors qu'un ange fut envoyé pour éclaircir le
doute de Joseph.

vv. 57-58.

S. Ambr. Si vous voulez y faire attention, vous ne trouverez jamais employé le mot
plénitude que pour la génération des justes, c'est pour cela que l'Évangéliste ajoute :
" Le temps d'Elisabeth fut accompli. " Car on peut dire que la vie des justes est
pleine, tandis que les jours des impies sont vides. — S. Chrys. (Ch. des Pèr. gr.)
Dieu retarda l'enfantement d'Elisabeth pour en augmenter la joie, et rendre cette
femme plus célèbre, comme l'indiquent les paroles suivantes " Les voisins
apprirent, " etc. Ceux qui savaient qu'elle était stérile, devinrent ainsi les témoins de
la grâce divine ; aucun de ceux qui avaient vu l'enfant ne se retirait sans exprimer
son admiration, et louer Dieu qui l'avait accordé contre toute espérance. — S.
Ambr. La naissance des saints est un sujet de joie publique, parce qu'elle est un
bien général ; la justice, en effet, est une vertu qui a pour objet l'intérêt de tous, c'est
pourquoi dans la naissance du juste on voit un présage de la vie qui doit suivre, et
de la grâce qui doit en enfanter les vertus, grâce dont la joie des voisins est le
symbole.

vv. 59-64.

S. Chrys. La loi de la circoncision fut donnée surtout à Abraham comme un signe


distinctif ; Dieu voulait que la race du saint patriarche se conservât pure et sans

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mélange d'autre peuple, afin qu'elle pût obtenir les biens qu'il lui avait promis. Mais
dès que l'oeuvre de l'alliance est consommée, le signe qui l'annonçait doit être
supprimé. C'est ainsi que le baptême succède à la circoncision qui a pris fin en
Jésus-Christ ; mais jusque-là Jean devait être circoncis : " Et il arriva qu'au
huitième jour, ils vinrent circoncire l'enfant, " etc. Dieu avait dit : L'enfant mâle de
huit jours sera circoncis. La bonté divine avait fixé ce terme de huit jours pour deux
raisons, à mon avis : premièrement, pour que dans un âge aussi tendre, la douleur
produite par l'incision de la chair fut moins vive ; secondement, pour nous
apprendre par le fait lui-même, que la circoncision était un signe ; car l'enfant, à cet
âge, ne peut comprendre ce que signifient les actes dont il est l'objet. Après la
circoncision, on donnait le nom à l'enfant. " Et ils le nommaient, " etc. On suivait
cet ordre, parce qu'il faut tout d'abord recevoir le signe distinctif du Seigneur, avant
de prendre le nom que l'on doit porter ; ou bien encore, parce qu'il faut renoncer à
toutes les choses charnelles signifiées par la circoncision, pour être digne de voir
son nom écrit dans le livre de vie.

S. Ambr. Admirez comment l'Évangéliste a commencé par dire que plusieurs de


ceux qui étaient présents avaient voulu donner à l'enfant le nom de Zacharie, son
père ; pour vous faire comprendre que sa mère n'avait aucun éloignement pour un
nom quelconque de la famille, mais que l'Esprit saint lui avait révélé le nom que
l'ange avait auparavant annoncé à Zacharie. Zacharie étant muet ne put faire
connaître ce nom à son épouse, Elisabeth apprit donc par révélation ce qu'elle ne
pouvait savoir de son mari : " Et prenant la parole, elle dit, " etc. Ne soyez pas
surpris, si elle indique avec tant d'assurance un nom dont personne ne lui a parlé ;
car l'Esprit saint qui avait confié ce nom à l'ange, le lui a révélé. En effet, celle qui
avait annoncé prophétiquement la venue du Christ, ne devait pas ignorer le nom de
son précurseur. Remarquez les paroles qui suivent : " Et ils lui dirent, " etc., et
comprenez que ce n'est pas ici un nom de famille, mais le nom d'un prophète. On
interroge aussi Zacharie par signes : " Ils faisaient signe au père, " etc. Mais comme
son incrédulité lui avait fait perdre la parole et l'ouïe, il est obligé de faire connaître
par signes et en écrivant, ce qu'il ne pouvait exprimer par la parole : " Et ayant
demandé des tablettes, il écrivit dessus : Jean est son nom, " etc. C'est-à-dire, nous
ne donnons pas un nom à celui qui l'a déjà reçu de Dieu. — Orig. (Ch. des Pèr.
gr.). Zacharie signifie qui se souvient de Dieu, Jean, celui qui montre. Or, le
souvenir a pour objet celui qui est absent, et on ne montre que celui qui est présent.
En effet, Jean devait non pas rappeler le souvenir de Dieu comme absent, mais le
montrer du doigt présent au milieu des hommes, en disant : " Voici l'Agneau de
Dieu. " — S. Chrys. (comme précéd.) Le nom de Jean signifie aussi grâce de Dieu,
c'est par une action de la grâce divine, et non pas un effet des lois naturelles
qu'Elisabeth est devenue mère, et la mémoire d'un si grand bienfait se trouve
éternisée dans le nom de son enfant. — Théophyl. Le père se trouve d'accord avec
sa femme sur le nom de l'enfant, ce qui explique les paroles suivantes : " Et tous
furent remplis d'étonnement, " etc. Personne, en effet, dans leur famille, ne portait
ce nom, on ne pouvait donc dire qu'il ~ venu à la pensée des deux époux.

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S. Grég. de Nazianze. (disc. 12.) Jean, dès sa naissance, rend à son père l'usage de
la parole : " Sa bouche s'ouvrit, " etc. Il eût été contre la raison que le père demeurât
muet, lorsque la voix du Verbe s'était fait entendre. — S. Ambr. IL était convenable
que sa langue fût aussitôt déliée ; l'incrédulité l'avait comme enchaînée, la foi la
rend à la liberté. Croyons nous aussi, et notre langue captive dans les liens de
l'incrédulité, verra briser ses chaînes ; écrivons les mystères dans notre esprit, si
nous voulons parler ; gravons le nom du Précurseur, non sur des tables de pierre,
mais sur les tables de chair de notre coeur (cf. 2 Cor 3, 3 ; Rm 9, 30.31) ; car celui
qui parle de Jean, annonce le Christ ; en effet l'Évangéliste ajoute : " Et il parlait en
bénissant Dieu. "

Bède. Dans le sens allégorique, la solennité de la naissance de Jean est le


commencement de la grâce du Nouveau Testament. Ses voisins et ses parents
voulaient lui donner le nom de son père, plutôt que celui de Jean, parce que les
Juifs qui lui étaient unis par l'observation de la loi comme par une espèce d'affinité
désiraient bien plus suivre la justice qui vient de la loi, que de recevoir la grâce de
la foi mais la mère et le père de Jean font tout, l'une de vive voix, l'autre en
écrivant, pour faire prévaloir le nom de Jean (qui veut dire grâce de Dieu), parce
que la loi elle-même, les psaumes et les prophètes proclament ouvertement la grâce
de Jésus-Christ ; et le sacerdoce ancien lui rend également témoignage par les
ombres figuratives des cérémonies et des sacrifices. Par un rapprochement
mystérieux, Zacharie recouvre la parole le huitième jour de la naissance de son fils,
figure de la résurrection du Seigneur, qui eut lieu le huitième jour, c'est-à-dire après
le jour du sabbat qui était le septième, et dévoila tous les mystères du sacerdoce de
l'ancienne loi.

Théophyl. Le peuple avait été surpris de la mutité de Zacharie, il ne le fut pas


moins lorsqu'il recouvra l'usage de la parole : " Tous furent saisis de crainte, " etc.,
c'est-à-dire que ces deux prodiges leur donnèrent une haute idée des destinées de
cet enfant. Tous ces événements étaient réglés par une économie divine, afin que
celui qui devait être le témoin du Christ, fût un témoin digne de foi. Aussi voyez ce
qu'ajoute l'auteur sacré : " Tous les conservèrent dans leur coeur, et ils disaient :
Que pensez-vous que sera un jour cet enfant ? " — Bède. En effet, ces signes avant-
coureurs ouvrent la voie au précurseur de la vérité, et le futur prophète se présente
sous les auspices les plus imposants : " Car la main du Seigneur était avec lui. " —
Grec. (ou Métaphraste, Ch. des Pèr. gr.) En effet, Dieu opérait en lui des prodiges
dont Jean n'était pas l'auteur, mais la main (ou la droite) de Dieu. — Glose. Cette
crainte est au sens mystique la figure de la crainte salutaire que produisit la
prédication de la grâce de Jésus-Christ, dans les temps qui suivirent sa résurrection,
et qui ébranla les coeurs non seulement des Juifs (qui étaient proches, soit par la
contrée qu'ils habitaient, soit par la connaissance de la loi), mais encore des nations
les plus éloignées. Et la renommée de Jésus-Christ, non seulement a franchi les
montagnes de la Judée, mais a surpassé les sommets les plus élevés des royaumes
du monde et de la sagesse humaine.

948
 
 

vv. 67, 68. —

S. Amb. Dieu est bon et se montre facile à pardonner les fautes, non seulement il
rend les biens que le péché a fait perdre, mais il accorde des grâces inespérées. Que
personne donc ne se laisse aller à la défiance, que personne, au souvenir de ses
fautes passées, ne désespère de la grâce de Dieu. Dieu saura bien changer ses
jugements, si vous savez expier vos fautes. Voyez Zacharie, il était muet tout à
l'heure, et il prophétise : " Et Zacharie ayant été rempli de l'Esprit saint. " — S.
Chrys. (Ch. des Pèr. gr.) C'est-à-dire qu'il prophétise sous l'inspiration de l'Esprit
saint qui lui donne sa grâce, non dans une certaine mesure, mais dans sa plénitude,
et fait briller en lui le don de prophétie : " Et il prophétisa. " — Orig. (hom. 10.)
La prophétie de Zacharie, inspirée par l'Esprit saint, a deux grands objets, le
premier, Jésus-Christ ; le second, Jean-Baptiste, ce qui paraît clairement dans son
cantique, où il parle du Sauveur, comme s'il était présent et vivant au milieu du
monde : " Béni soit le Dieu d'Israël, de ce qu'il a visité, " etc. — S. Chrys. En
bénissant Dieu, Zacharie déclare qu'il a visité son peuple, soit qu'on veuille
entendre les Israélites selon la chair ; car il est venu pour sauver les brebis perdues
de la maison d'Israël (Mt 15, 24), soit les Israélites spirituels (c'est-à-dire les
fidèles) qui s'étaient rendus dignes de cette visite, en méritant les effets sensibles de
la providence de Dieu à leur égard. — Bède. Le Seigneur a visité son peuple
défaillant sous le poids d'une longue infirmité, et il a racheté du sang de son Fils
unique ce peuple vendu au péché. Zacharie savait que cette rédemption allait
s'opérer, et selon l'usage des prophètes, il l'annonce comme si déjà elle était
accomplie. Il dit : " Son peuple, " non qu'il le fût à sa venue, mais il l'a fait son
peuple en le visitant.

v. 69. — De ce qu'il nous a suscité un puissant Sauveur dans la maison de David,


son serviteur.

Théophyl. Dieu paraissait dormir à notre égard à la vue de nos fautes sans nombre,
mais en s'incarnant dans les derniers temps, il s'est comme éveillé et a écrasé les
démons, nos mortels ennemis : " Et il a élevé le signe du salut dans la maison de
David, son serviteur. " — Orig. En effet, c'est de la race de David que le Christ est
né selon la chair, c'est pourquoi l'Évangéliste dit : " La corne du salut dans la
maison de David, " comme on lit ailleurs (Is 5) " Une vigne a été plantée sur un
lieu élevé " (littéralement sur une corne), c'est-à-dire en Jésus-Christ. — S. Chrys.
(Discours sur Anne, Ch. des Pèr. gr.) — Le mot corne signifie ici la puissance, la
gloire, la renommée, c'est une expression métaphorique prise des animaux à qui
Dieu a donné des cornes pour leur servir à la fois de défense et d'ornement. —
Bède. Le règne du Sauveur Jésus-Christ est aussi appelé la corne du salut ; en effet,
tous les os sont recouverts de chair, mais les cornes s'élèvent au-dessus du reste du
corps, le règne de Jésus-Christ est donc appelé corne du salut, parce qu'il domine le

949
monde et les joies de la chair, et c'est en figure de ce règne que David et Salomon
ont été consacrés pour la gloire de leur règne avec une corne remplie d'huile (cf. 1
R 16, 13 ; 3 R 1, 39).

v. 70. — Selon ce qu'il avait promis par la bouche de ses saints prophètes, qui ont
été dès le commencement.

Théophyl. Michée a prédit que le Christ naîtrait de la maison de David (Mich 5) : "
Et toi Bethléem, terre de Juda, tu n'es pas la plus petite, car c'est de toi que doit
sortir celui qui gouvernera mon peuple d'Israël ; " mais tous les prophètes ont
annoncé le mystère de l'incarnation, aussi Zacharie ajoute : " Comme il l'avait
promis par la bouche de ses saints prophètes, " etc. — Grec. (Prêt. Vict. Ch. des
Pèr. gr.) C'est donc Dieu qui a parlé par leur bouche, et ce qu'ils ont annoncé, ne
vient point de l'homme. — Bède. Il dit : " Qui ont été dès le commencement ; "
parce que tous les écrits de l'ancien Testament ont été une annonce prophétique de
Jésus-Christ, car notre premier père Adam et les autres patriarches ont rendu
témoignage par leurs actions à la divine économie de la rédemption.

v. 71. — De nous sauver de nos ennemis et des mains de tous ceux qui nous
haïssent.

Bède. Zacharie développe ce qu'il n'a fait qu'indiquer par ces paroles : " Il nous a
suscité un puissant Sauveur, " en ajoutant : " Pour nous sauver de nos ennemis,
" comme s'il disait : il nous a élevé le signe du salut, c'est-à-dire, il nous a suscité
un Sauveur pour nous délivrer de nos ennemis, et des mains de tous ceux qui nous
haïssent. — Orig. (hom. 46). Gardons-nous de croire qu'il veuille parler ici des
ennemis corporels, il s'agit des ennemis spirituels ; le Seigneur Jésus, le fort dans
les combats est venu détruire tous nos ennemis, pour nous délivrer de leurs
embûches et de leurs tentations.

vv. 72, 73. — Pour exercer sa miséricorde envers nos pères et se souvenir de son
alliance sainte, selon qu'il a juré à Abraham, notre père, de nous accorder cette
grâce.

Bède. Zacharie venait de dire que le Seigneur devait naître dans la maison de
David, selon les oracles des prophètes ; il ajoute que pour accomplir l'alliance qu'il
fit avec Abraham il sera notre libérateur, car c'est à ces deux saints patriarches,
c'est-à-dire à celui qui devait naître d'eux que Dieu a promis la réunion de tous les
peuples de la terre, ou l'incarnation du Christ, il met David le premier, parce que la
promesse de la formation de l'Église fut faite à Abraham, et à David la prédiction
de la naissance du Christ. Voilà pourquoi après David, vient Abraham : " Pour
exercer sa miséricorde envers nos pères. " — Orig. (hom. 10). Je suis convaincu
qu'à la venue du Sauveur, Abraham, Isaac et Jacob ont ressenti les effets de sa
miséricorde ; pourrait-on croire en effet que la venue du Seigneur ait été sans utilité
pour ces saints patriarches qui avaient vu le jour du Sauveur et s'en étaient réjouis,

950
alors qu'il est écrit (Col 1) : " Qu'il a pacifié par le sang de sa croix la terre et les
cieux. " — Théophyl. La grâce de Jésus-Christ s'est étendue à ceux mêmes qui
étaient morts, car nous ne sommes pas les seuls qui ressusciteront par Jésus-Christ,
mais encore tous ceux qui sont morts avant sa venue. Il a fait miséricorde à nos
pères, en comblant leurs espérances et leurs désirs, " pour se souvenir, dit
Zacharie, de son alliance sainte, " celle dont Dieu a dit : " Je te comblerai de
bénédictions, et je te multiplierai à l'infini. " (Hb 6). Abraham s'est en effet
multiplié dans toutes les nations qui sont devenues ses enfants adoptifs par
l'imitation de sa foi. Disons encore que les patriarches en voyant leurs enfants
comblés de si grands bienfaits, en ont éprouvé une joie sensible, et ressenti eux-
mêmes les effets de la miséricorde divine, c'est ce que signifient ces paroles : "
Voilà le serment qu'il a fait à Abraham, notre père, il a juré qu'il nous ferait
cette grâce. " — S. Bas. (Ch. des Pèr. gr.) Que personne ne s'appuie sur ces
paroles : " Dieu a fait le serment, " pour autoriser l'habitude qu'il a de jurer : car de
même que ce que nous appelons la fureur du Seigneur ne signifie pas une passion
en Dieu, mais le châtiment des coupables, de même aussi Dieu ne jure pas à la
manière des hommes, mais sa parole est appelée serment pour exprimer plus
fortement la vérité ; et parce qu'elle accomplit avec une résolution immuable tout ce
qu'il a promis.

v. 74. — Afin qu'étant délivrés des mains de nos ennemis, nous le servions sans
crainte.

S. Chrys. (Ch. des Pèr. gr. comme préc.) Après avoir prédit qu'une corne de salut,
qu'un puissant Sauveur sortirait pour nous de la maison de David, Zacharie déclare
que par lui encore nous serons couverts de gloire, et nous n'aurons rien à craindre
de nos ennemis : " Afin qu'étant délivrés des mains de nos ennemis, nous le
servions sans crainte. " Ces deux choses se trouvent difficilement réunies : il en
est beaucoup en effet qui échappent aux dangers, mais dont la vie reste sans gloire,
tels sont les criminels à qui la clémence du souverain fait grâce de la prison.
D'autres, au contraire, ont la gloire en partage, mais au prix de quels dangers ils
sont forcés de l'acquérir ? Tels sont les guerriers qui ont embrassé la glorieuse
carrière des armes, mais qui vivent toujours au milieu des hasards. Ce puissant
Sauveur, et nous délivre, et nous couvre de gloire ; il nous délivre en nous arrachant
aux mains de nos ennemis, non pas à moitié, mais d'une manière admirable, et sans
nous laisser aucun sujet de crainte, comme le dit Zacharie : " Afin qu'étant délivrés
des mains de nos ennemis, etc. " — Orig. (hom. 10). Ou bien encore, on en voit
souvent qui sont délivrés des mains de leurs ennemis, mais ce n'est pas sans crainte,
il faut au contraire passer par les alarmes, par les dangers, pour être délivré de leurs
mains, au contraire on leur a échappé sans doute, mais ce n'a pas été sans crainte.
Jésus-Christ, par sa venue sur la terre, nous a délivrés des mains de nos ennemis,
sans qu'il nous en ait coûté aucune appréhension, aucune crainte ; nous ne sommes
pas tombés dans les embûches de nos ennemis, il nous a tout d'un coup arrachés à
leur puissance pour nous faire entrer dans l'héritage qu'il nous avait destiné.

951
v. 75. — Dans la sainteté et dans la justice, en sa présence, tous les jours de notre
vie.

S. Chrys. (comme précéd.) Zacharie glorifie Dieu en ce qu'il nous a donné de le


servir avec une pleine confiance, non pas d'une manière charnelle, comme les Juifs,
par le sang des victimes, mais spirituellement par nos bonnes oeuvres, c'est ce que
veulent dire ces paroles : " Dans la sainteté et la justice ; " car la sainteté consiste
dans l'observation exacte des devoirs envers Dieu, la justice dans l'accomplissement
fidèle de nos devoirs envers les hommes. Tel est celui qui observe religieusement
les préceptes divins, et qui s'acquitte parfaitement de tout ce qu'il doit aux autres
hommes. Il dit : non pas devant les hommes, comme font les hypocrites qui veulent
plaire aux hommes, mais " devant Dieu, " comme ceux qui recherchent
l'approbation de Dieu et non pas celle des hommes (Rm 2, 29), et cela non pas une
seule fois, ou pour un temps, mais chaque jour et toute la vie, comme il ajoute : "
Tous les jours de notre vie. " — Bède. Car ceux qui avant leur mort abandonnent le
service de Dieu, ou qui déshonorent par quelque souillure la pureté de la foi, ou
l'innocence de leur conduite ; ou bien ceux qui veulent être justes et saints devant
les hommes, plutôt que devant Dieu, ne servent pas Dieu après avoir été pleinement
délivrés des mains de leurs ennemis spirituels ; mais à l'exemple des anciens
Samaritains, ils veulent servir à la fois le Seigneur et les dieux des Gentils.

v. 76. — Et vous, petit enfant, vous serez appelé le prophète du Très-Haut ; car
vous marcherez devant la face du Seigneur pour lui préparer ses voies.

S. Ambr. Après cette magnifique prophétie qui a le Sauveur pour objet, Zacharie
ramène son discours au prophète du Seigneur, et déclare ainsi que sa naissance est
un don de Dieu. En énumérant les bienfaits de Dieu envers tous les hommes, il ne
veut point paraître envelopper dans un silence d'ingratitude les grâces qui lui sont
particulières, aussi écoutez-le : " Et vous, enfant, vous serez appelé le prophète du
Très-Haut, " etc. — Orig. (hom. 40). Zacharie, je le suppose, s'est hâté d'adresser la
parole à son enfant, parce qu'il savait qu'il devait bientôt se retirer dans le désert, et
qu'il ne jouirait pas longtemps de sa présence. — S. Ambr. Il en est peut-être qui
regarderont comme un écart d'esprit contraire à toute raison que Zacharie s'adresse
à un enfant de huit jours. Mais si nous nous rappelons ce qui précède, nous
comprendrons que celui qui a entendu la voie de Marie avant même d'être né, a pu,
aussitôt sa naissance entendre la voix de son père. En vertu de son esprit
prophétique, il savait que les prophètes ont d'autres oreilles qui s'ouvrent sous
l'impression de l'Esprit saint, et non par le progrès de l'âge ; comment n'aurait-il pas
eu le don d'intelligence, lui dont le coeur avait bien pu tressaillir ? — Bède. On
peut dire aussi que Zacharie, pour l'instruction de ceux qui étaient présents, aussitôt
qu'il put parler publia les fonctions que son fils devait un jour remplir, et que l'ange
lui avait révélées. Que les ariens entendent qu'on donne ici le nom de Très-Haut au
Christ dont Jean a été le précurseur et le prophète, comme il est écrit dans le livre
des Psaumes : " Un homme est né en elle, et le Très-Haut lui-même l'a fondée. " —
S. Chrys. (Ch. des Pèr. gr). Ceux qui ont avec les rois des rapports plus étroits

952
deviennent leurs compagnons d'armes, ainsi Jean-Baptiste qui était l'ami de l'époux
a précédé de plus près son arrivée, c'est le sens de ces paroles : " Vous marcherez
devant la face du Seigneur pour lui préparer les voies. " Les autres prophètes, en
effet, ont annoncé longtemps auparavant les mystères de la vie du Christ ; Jean l'a
prédit de plus près, puisqu'il a vu le Christ de ses yeux, et tout à la fois l'a montré
aux autres. — S. Greg. (Moral., 19, 2.) Tout prédicateur qui purifie des souillures
du vice les âmes de ceux qui l'écoutent, prépare les voies à la sagesse qui veut
prendre possession du coeur.

v. 77.

Théophyl. Zacharie explique comment le Précurseur doit préparer la voie du


Seigneur, en ajoutant : " Pour donner à son peuple la science du salut. " Le salut,
c'est le Seigneur Jésus, et la science du salut, c'est-à-dire de Jésus-Christ ont été
donnés au peuple par Jean-Baptiste qui rendait témoignage à Jésus-Christ (cf. Jn 1,
7.15.16.19.32.34 ; 3, 25 ; 5, 33, etc.).

Bède. Il désire faire connaître le nom de Jésus, et semble répéter à dessein le mot de
salut, mais qu'on ne l'entende point d'un salut purement temporel, les paroles qui
suivent s'y opposent : " Pour la rémission de leurs péchés. " — Théophyl. Dieu, en
effet, n'eût pas été connu, s'il n'eut pardonné les péchés à son peuple, car c'est le
propre de Dieu de remettre les péchés. — Bède. Mais les Juifs n'ont pas voulu
recevoir le Christ ; ils aiment mieux attendre l'Antéchrist, parce qu'ils veulent être
affranchis, non de la tyrannie intérieure du péché, mais du joug extérieur de la
servitude temporelle.

v. 78.

Théophyl. Si Dieu nous a remis nos péchés, ce n'est point en considération de nos
oeuvres, mais par un effet de sa miséricorde ; aussi Zacharie ajoute-t-il : " Par les
entrailles de la miséricorde de notre Dieu. " — S. Chrys. (hom. 44 sur S. Matth.)
Et cette miséricorde, ce n'est pas nous qui l'avons trouvée comme fruit de nos
propres recherches, mais c'est Dieu lui-même qui a daigné nous apparaître du haut
du ciel : " Par lesquelles (c'est-à-dire par ses entrailles), le soleil se levant du haut
des cieux (c'est-à-dire Jésus-Christ), nous a visités (en se revêtant de notre chair). "
— Grec. (c'est-à-dire Sévère, Ch. des Pèr. gr.) Il habite le plus haut des cieux, et
cependant il se rend présent sur la terre, sans être assujetti à aucune division, à
aucune limite ; mystère que nulle intelligence ne peut comprendre, que nulle parole
ne peut exprimer.
 
 

v. 79. — Pour éclairer ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans l'ombre de la
mort, et pour conduire nos pieds dans le chemin de la paix.

953
Bède. Le nom d'Orient convient parfaitement au Christ, parce qu'il nous a ouvert
l'entrée de la vraie lumière : " Pour éclairer ceux qui sont assis dans les ténèbres et
dans l'ombre de la mort, " etc. — S. Chrys. (hom. 44 sur S. Matth.) Les ténèbres
dont il parle ici ne sont pas les ténèbres matérielles, mais les erreurs, l'éloignement
de la foi (ou l'impiété). — S. Bas. (sur Is 2.) Dans quelles ténèbres était plongé le
peuple des gentils, appesanti par le culte des idoles, jusqu'à ce que la lumière soit
venu dissiper cette profonde obscurité et répandre partout les splendeurs de la vérité
! — S. Grég. (Moral., 4, 47.) L'ombre de la mort, c'est l'oubli de l'esprit ; la mort
fait que ce qu'elle détruit n'est plus dans la vie ; ainsi l'oubli fait que ce qu'il atteint
n'est plus dans la mémoire ; voilà pourquoi il dit du peuple juif qui avait oublié
Dieu, qu'il était assis dans l'ombre de la mort. L'ombre de la mort, c'est encore la
mort du corps, la mort véritable est celle qui sépare l'âme d'avec Dieu ; l'ombre de
la mort est celle qui sépare l'âme d'avec le corps ; ce qui fait dire aux martyrs (Ps
43) : " L'ombre de la mort nous a couverts. " L'ombre de la mort peut encore
signifier l'imitation du démon qui est appelé mort dans l'Apocalypse (Ap 6). En
effet, l'ombre est toujours proportionnée à la forme du corps, ainsi les actions des
impies sont une espèce d'imitation du démon. — S. Chrys. L'expression : " ils sont
assis, " est des plus justes ; en effet, nous ne marchions pas dans les ténèbres, mais
nous étions assis sans aucun espoir de délivrance. — Théophyl. Le Seigneur, en se
levant sur notre terre, n'éclaire pas seulement ceux qui sont assis dans les ténèbres,
sa mission est plus étendue : " Pour diriger nos pas dans la voie de la paix. " La
voix de la paix c'est la voix de la justice, dans laquelle il a dirigé nos pas, c'est-à-
dire les affections de nos âmes. — S. Grég. (hom. 32 sur les Evang.) Nous
dirigeons nos pas dans la voie de la paix, lorsque dans nos actions nous suivons le
chemin qui ne s'écarte jamais de la grâce de notre Créateur. — S. Ambr.
Remarquez en même temps que la prophétie d'Elisabeth est courte, tandis que celle
de Zacharie est beaucoup plus étendue ; cependant tout deux parlaient sous
l'inspiration de l'Esprit saint dont ils étaient remplis, mais nous voyons ici
l'observation de cette règle qui veut que la femme s'applique plus à connaître les
choses divines qu'à les enseigner aux autres.

v. 80.

Bède. Le prédicateur futur de la pénitence pour prêcher un jour avec plus de liberté
le détachement des plaisirs séducteurs du monde, passe dans le désert les premières
années de sa vie : " L'enfant croissait, " dit le texte sacré. — Théophyl. Il croissait
extérieurement en suivant les progrès de l'âge : " Et il se fortifiait. " Les dons
spirituels se développaient en même temps que le corps, et les opérations de l'esprit
se manifestaient avec plus d'éclat de jour en jour. — Orig. (hom. 2.) Ou bien il
croissait en esprit et ne s'arrêtait pas au premier degré de perfection ; l'esprit
acquérait toujours en lui une nouvelle force, sa volonté tendant toujours vers un but
plus parfait, était dans un progrès continuel, et son âme s'élevait à des
contemplations de plus en plus divines. Sa mémoire s'exerçait pour amasser dans
ses trésors les plus pures vérités. L'Évangéliste ajoute : " Et il se fortifiait. " La
nature humaine est faible, comme nous le lisons dans le saint Évangile (Mt 26) : "
954
La chair est faible, " il faut donc que l'esprit la fortifie, car l'esprit est prompt. Il en
est beaucoup qui ont en partage la force du corps ; mais l'athlète de Dieu doit
rechercher la force de l'esprit pour détruire la sagesse de la chair. Jean-Baptiste se
retira donc dans le désert pour fuir le tumulte des villes et leurs assemblées
bruyantes : " Et il était dans les déserts ; " là où l'air est plus pur, le ciel plus ouvert,
et Dieu plus familier. Jusqu'au temps où devait commencer son baptême et sa
prédication, il s'appliquait à la prière, il conversait avec les anges, il invoquait le
Seigneur, et l'entendait lui dire : " Me voici. " (cf. Is 58, 9) — Théophyl. Ou bien il
demeurait dans le désert pour y être élevé loin de la malice du monde, et pour qu'un
jour il pût le reprendre de ses crimes sans aucune crainte ; car s'il avait vécu au
milieu du monde, peut-être l'amitié, la société des hommes l'eussent amolli et
dépravé, c'était aussi pour qu'il fût un témoin digne de foi lorsqu'il annoncerait le
Christ. Il vivait donc caché dans le désert jusqu'à ce qu'il plût à Dieu de le montrer
au peuple d'Israël : " Jusqu'au jour de sa manifestation dans Israël. " — S. Ambr. Il
est digne de remarque que l'Évangéliste raconte le temps de la vie du prophète dans
le sein de sa mère, pour ne point passer sous silence la présence de Marie, tandis
qu'au contraire il ne dit rien de son enfance, parce que la force que la présence de
Marie lui a communiquée dès le sein de sa mère, l'a délivré de toutes les faiblesses
de l'enfance.

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