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LES HALLUCINATIONS

I) INTRODUCTION :

A) DEFINITIONS :

L’hallucination est « une perception ou une sensation survenant alors qu’aucune


stimulation interne ou externe n’affecte les terminaisons nerveuses
sensorielles ». (BOTTERO).

Autrement dit ; l’hallucination est  «une perception sans objet à percevoir » (H.EY).

B) INTERET :

- richesse sémiologique des hallucinations


- étiologies multiples, psychiatriques et organiques
- risque de réaction auto ou hétéro agressive.
- traitement selon l’étiologie associé aux NLP.

II) PHYSIOPATHOLOGIE :

A) HYPOTHESES COGNITIVES :

*Hypothèse d’un trouble de planification du discours  :


Par exemple : des mots ou des phrases, sans rapport avec le sens général de ce que le
patient veut dire, seraient insérés dans son discours et considérés comme étrangers à
lui du fait de leur incohérence.

*Hypothèse d’un trouble de mémoire source de l’action  :


Cela expliquerait pourquoi les hallucinés prendraient leurs propres productions pour des
faits extérieurs à eux-mêmes.

*Hypothèse d’une imagerie mentale trop vive  :


Cette théorie distingue 3 types de représentations mentales : lexicales imagées et
motrices. Au cours des hallucinations, les représentations imagées prendraient le pas
sur les 2 autres catégories de représentations.

*Hypothèse d’un trouble de control de ses actions :


Dont les processus visent à répondre à des questions du type : ou en est le mouvement ?
Que se passe –t-il dans mon corps.

*Hypothèse d’un trouble de l’attribution des actions :


Ce modèle postule qu’il existe un autre système en rapport avec l’action, dont la finalité
est de répondre à la question : qui agit ?

B) ROLE DU SYSTEME MONOADRENERGIQUE :

*Dopamine : un hyperfonctionnement du système dopaminergique serait à l’origine des


hallucinations.

*Sérotonine : un déficit en sérotonine pourrait favoriser ce phénomène.

C) THEORIE PSYCHOLOGIQUE DES HALLUCINATIONS :

La psychanalyse ne fournit pas réellement un modèle théorique explicatif des


hallucinations qu’elle apparente au rêve.

III) ETUDE SEMIOLOGIQUE :

A) DIAGNOSTIC POSITIF :

Les troubles de la perception sont surtout représentés par les hallucinations qui peuvent
être :
*Non critiquées : hallucinations psychotiques ou délirantes.
*Critiquées : hallucinoses.

Il y a 2 types d’hallucinations : psychotiques et non psychotiques.

1) HALLUCINATIONS NON PSYCHOTIQUES :

1.1) Hallucinose :

L’hallucinose est une répétition invariable des mêmes crises hallucinatoires avec un
début et une fin brutaux.
La critique de l’hallucination par le malade définit l’hallucinose.
On observe les hallucinoses dans :
*Les lésions pédonculaires.
* Les épilepsies partielles : temporales, occipitales, et pariétales.

1.2) Hallucinations physiologiques :

Des hallucinations sont possibles à l’endormissement, au réveil, et lors d’expériences de


privation du sommeil.

2) HALLUCINATIONS PSYCHOTIQUES
L’hallucination, qui survient dans un contexte délirant, n’est pas reconnue par le sujet
comme morbide, à la différence de l’hallucinose. L’hallucination dans un délire entraîne
une conviction intime et absolue de la sensation perçue.

Parfois, certaines attitudes, en l’absence des dires du patient, en raison de sa réticence


à livrer son délire, sont très évocatrice d’hallucinations sous-jacentes : comme l’attitude
d’écoute, propre aux hallucinations auditives ; le patient se fige, le regard fixe,
silencieux comme s’il écoutait une voix.
Comme l’interruption brutale du discours puis reprise de la conversation, ou l’obturation
des oreilles par du coton…

Plusieurs types d’hallucinations psychotiques :

2-1) Hallucinations psychosensorielles  :

L’objet perçue est situé à l’extérieur du sujet et dépend des organes des sens sans les
stimuli qui normalement déclenchent la perception.
Les hallucinations psychosensorielles peuvent être :

2-1-1) Auditives 
Sons, sifflements, musique… perçue par l’oreille et non pas par la pensée.

2-1-2) Visuelles :
Animaux, fumées, visages…elles peuvent être mobiles ou immobiles.

2-1-3) Olfactives, gustatives :


Il y a une prédominance d’odeurs ou de sensations gustatives désagréables (œufs
pourris, cadavre…).

2-1-4) Tactiles :
Sensations de piqûres, de froid, de chaud…

2-1-5) Cénesthésiques :
Sensibilité proprio et intéroceptive.

2-2) Hallucinations psychiques :

Le terme psychique signifie qu’il n’y a pas d’intervention d’un appareil sensoriel dans la
perception de l’hallucination. Ce sont des représentations mentales des idées qui
s’imposent à la pensée. Il n’ y a pas d’objectivation possible dans l’espace.

Elles peuvent être :


*Visuelles : images mentales, représentations de scènes…

*Auditives : Le patient reçoit par la pensée, la télépathie, des voix, des conversations
d’âmes…

2-3) Hallucinations psychomotrices :

Concernant surtout les membres et l’appareil phonatoire.


*L’émission des mots s’impose au sujet malgré lui, et il peut dialoguer avec ses
hallucinations. Le patient dénie que les propos hallucinatoires lui appartiennent.
Il peut attribuer ces voix à son cerveau, son estomac…
*Au niveau des membres, le sujet a la sensation que l’on mobilise ses membres, qu’on
l’oblige à marcher, à agir, il sent les mouvements sans les exécuter.
Phénomène rare.

2-4) Syndrome d’automatisme mental :

Syndrome hallucinatoire, décrit par G.de Clérambault. Ce syndrome entraîne la


conviction délirante que le patient n’est plus maître de sa volonté et qu’il est influencé
par une force étrangère et extérieure qui contrôle toute son activité psychique en
dirigeant ses actes, sa pensée, ses perceptions , et qu’une partie de son activité
psychique fonctionne d’une manière automatique .

2-4-1) Petit automatisme mental :

Correspond à un trouble élémentaire du cours de la pensée et du langage intérieur à


l’origine de phénomènes élémentaires constituant le syndrome de passivité.

*Phénomènes élémentaires :
+ Flux incessant de l’imagerie mentale : plus rapide que la succession des pensées
synthétiques qui sont la pensée claire.
+ Dévidage muet des souvenirs : élément idéiques, représentatifs et affectifs que le
sujet subit passivement.
+ Emancipation des abstraits : la pensée s’émancipe sous forme soit indifférenciée,
soit totalement muette.
+ Interférence et parasitisme de la pensée : le sujet n’ayant dans l’esprit que des
commencements de pensées.
+ Passage d’une pensée invisible : le sujet croit à l’imminence d’une pensée qu’il
reconnaît sans pouvoir encore la définir.
+ Fausses reconnaissances : ressemblances étranges.
+ Disparition de pensées, oublis : le patient pense à tel objet, l’objet de la pensée
disparaît et il ne sait plus à quoi il pensait.
+ Arrêt de la pensée : vide de la pensée.
+ Aprosexie : incapacité de se concentrer.
+Perplexité : sentiment d’étrangeté de la pensée.
+ Impulsions verbales et jeux verbaux parcellaires :mots explosifs, déformés, jeux
syllabiques variés, intonations bizarres…

*Caractères communs de ces phénomènes élémentaires :


+ Absence de sensorialité : les éprouvés ne sont pas objectivables par les sens.
+ Neutralité affective : le sujet est souvent passif.
+ Phénomènes anidéiques et athématiques : c'est-à-dire perceptions hallucinatoires
sans idées délirantes ni thèmes délirants.

2-4-2) Echo de la pensée :


Phénomène hallucinatoire essentiel dont la forme va de l’hallucination psychique à
l’hallucination psychosensorielle et même psychomotrice.

On peut donc distinguer :


*Echo de la pensée obscure : il s’agit plus d’une conviction du devinement de la pensée ou
d’un vol de la pensée que du véritable écho. Le patient peut avoir aussi le sentiment de
deviner la pensée des autres :( on devine ma pensée) ‘ je devine tout) ( ils volent ma
pensée).
*Echo de la pensée claire : le patient entend sa pensée en écho (on répète ma pensée).
*Echo parfois anticipé : le patient a la conviction d’entendre à l’avance ce qu’il va
inéluctablement penser.

L’écho peut s’associer à des modifications de la pensée.Il peut être perçu sous forme
de :
*Interpellations.
*Enonciation des actes : ce qu’il fait est dit au fur et à mesure.
*Enonciations des intentions : écho de la pensée naissante.
*Commentaire des actes : sous la forme critique, flatteuse ou injurieuse.
*Commentaire de la pensée.
*Echo de la lecture ou de l’écriture.

2-4-3) Grand automatisme mental :


*Triple automatisme : les phénomènes hallucinatoires sont d’ordre :
+ Idéique et idéoverbal : Phénomènes élémentaires du petit automatisme.
+ Moteur : mouvements parasites, sensations de déplacements imposés, paroles
imposés ou empêchées par une force extérieure.
+Sensitif et sensoriel : hallucinations psychosensorielles olfactives, gustatives,
visuelles, tactiles et cénesthésiques.

*Formulations thématiques : dans un contexte de vécu persécutif, hostile. Construction


délirante souvent dans le sens du syndrome d’influence.

B) VALEURS SEMIOLOGIQUES DES HALLUCINATIONS  :


1) HALLUCINATIONS AU COURS D’EPISODES AIGUS:
1-1) Confusion mentale : Il s’agit d’hallucinations visuelles surtout,
d’étiologies différentes : delirium tremens, l’ivresse, le sevrage.

1.1) Mélancolie délirante : voix accusatrice intimant le suicide,


odeur de pourriture…

1-4) Accès psychotique aigu: Hallucinations auditives multiples,


incohérentes, automatisme mental.

1) HALLUCINATIONS AU COURS D’EPISODES CHRONIQUES:

2-1) Psychose hallucinatoire chronique :

Hallucinations multiples, riches surtout auditives, automatisme mental, hallucinations


génitales, cénesthésiques…

2-2) Schizophrénie : hallucinations polymorphes, incohérentes,


automatisme mental…

2-3) Syndrome démentiel : hallucinations auditives avec une thématique


pauvre.
2) DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL :

On différencie l’hallucination de :


Interprétation : perçoit juste mais conclue faux.
Illusion : perçoit d’une façon déformée un objet à percevoir.

IV) EXAMENS COMPLEMENTAIRES :

En raison de la présence d’étiologies organiques, tout patient présentant des


hallucinations doit avoir un bilan organique soigneux. Au besoin, on fait un bilan
infectieux, un EEG, un FO, et une TDM cérébrale.
V) TRAITEMENT :

Dépend de l’étiologie essentiellement.

A) TTT PHARMACOLOGIQUE :
Le traitement pharmacologique est l’élément incontournable de la prise en charge
thérapeutique des hallucinations, il repose sur l’utilisation des neuroleptiques classiques
surtout.
B) STRATEGIE PSYCHOLOGIQUE :
Peu de cas publiés, l’efficacité très discutée.
*L’approche cognitive : vise à améliorer les sentiment négatifs associés à la survenue des
hallucinations.
* L’approche comportementale repose sur l’utilisation des stratégies auxquelles les
patients font appel spontanément pour diminuer les hallucinations, par ex : écouter la
musique, parler à d’autres gens.
C) STIMULATION MAGNETIQUE TRANSCRANIENNE :
Le mécanisme d’action exact est mal connu, elle diminuerait de façon significative les
hallucinations auditives.
CONCLUSION :
Les hallucinations sont liées à un certain nombre de pathologies neurologiques, causes
toxiques. Cependant, aucune de ces causes n’entraîne des phénomènes ayant la richesse
et la complexité des hallucinations psychotiques.

REFERENCES

1) BOTTERO A , CANOUI P, GRANGER B. : Psychiatrie de l’adulte, maloine, 1992.

2) LANTERI-LAURA G, DEL PISTOIA L, EMC. Psychiatrie, tome 1.

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