Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
TECHNIQUES AU QUOTIDIEN
Laboratoire de biochimie, centre hospitalier de Roanne, 28, rue de Charlieu, B.P. 511, 42328 Roanne cedex, France
MOTS CLÉS Résumé Le bon fonctionnement du laboratoire et sa gestion pertinente sont des objectifs
Qualité ; légitimes poursuivis par tous les biologistes chefs de service dans nos hôpitaux. Cependant,
Indicateur qualité ; comment apporter des éléments mesurables et comparables pour prouver que les objectifs sont
Score ; atteints ou qu’au moins la bonne tendance est suivie d’année en année ? C’est le but de cet
Biologie médicale ; article qui a pour objet de présenter l’expérience de près de 30 années d’exercice consacrées
Management qualité ; à la direction d’un service. Nous nous appuyons sur le Code de la santé publique, le statut
Laboratoire des praticiens hospitaliers, les règles du fonctionnement hospitalier relatives aux ressources
humaines (RH), aux matériels, aux réactifs et aux financements. Nous utilisons les applications
informatiques suivantes : LMX® (Bayer) pour la gestion informatique du laboratoire, Clepsydre®
(Agfa) pour la gestion du personnel, Item® (Addsoft) pour la gestion des temps de travail des
praticiens hospitaliers (PH), Biostoco® (e-soft Management) pour la gestion des réactifs, QC
on Call® (Biorad) pour la gestion des contrôles de qualité, ainsi que les applications standards
de bureautique Word et Excel® . Des tableaux récapitulatifs annuels sont établis concernant les
éléments suivants : activité en B, en nombre d’analyses, en coûts qui sont surtout des indicateurs
de production et de productivité. Sont également calculés les indicateurs de RH : moyennes de
temps de travail et d’arrêts maladie, ainsi que les jours de formation pour chaque catégorie
de personnels. La question des compétences est notamment évaluée par le suivi du nombre de
colloques, conférences et travaux de publications réalisés ou suivis par l’équipe. Le palmarès
des coûts réactifs par appareil et par analyse permet aussi de connaître les paramètres les plus
coûteux. Des scores synthétiques sont établis annuellement pour chaque secteur d’analyses pour
quantifier les résultats d’évaluation externe de la qualité analytique et les scores de satisfaction
des médecins et personnels soignants. Un suivi mensuel des statistiques des non-conformités
des événements indésirables, ainsi que des délais de réalisation sont mis en place et permettent
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : anton.szymanowicz@ch-roanne.fr (A. Szymanowicz).
0923-2532/$ – see front matter © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.immbio.2008.02.004
160 A. Szymanowicz et al.
Summary Proper management of the laboratory is a common goal for the leader of the depart-
KEYWORDS ment in our hospitals. However, how to bring measurable and comparable elements to prove
Quality; that the objectives are achieved, or that at least the good tendency is followed in the long run ?
Quality indicator; It is the goal of this article, which presents the experience acquired during almost 30 years of
Score; responsibility devoted to the direction of a department. We are based on the code of public
Clinical biology; health, the statute of the hospital experts, the rules of hospital operation relating to human
Quality management; resources, the materials, the reagents and the financings. We use the following data-processing
Laboratory applications: LMX® (Bayer) for the data-processing management of the laboratory, Clepsydre®
(Agfa) for the staff management, Item® (Addsoft) for the management of the working times of
PH, Biostoco® (E-software Management) for the management of the reagents, QC on Call® (Bio-
rad) for the management of the quality controls, as well as the standards applications of office
automation Word and Excel. Annual summary tables are compiled with the following elements
of productions: activity out of B, in a number of analyses, costs which are especially indicators
of production and productivity. The indicators of human resources are also calculated: averages
of sick leave and working time as well as the days of training for each category of staff. The
question of competences is in particular evaluated by the follow-up of the number of confe-
rences and work of publications completed. The price list of the reactive costs by apparatuses
and analysis also make it possible to know the most expensive parameters. Synthetic scores are
established annually for each sector of analyses to quantify the results of external evaluation
of analytical quality and the scores of satisfaction of the doctors and personnel looking after. A
monthly follow-up of the statistics of nonconformities of the undesirable events as of the com-
pletion dates are set up and allow the setting in necessary corrective actions. All those tools
make it possible to approach ‘‘total management’’ and to estimate the quality of the service
objectively perceived. The tables proposed are a help for the exercise of the direction of a
service of biology, which must answer completely the expectations of the patients, physicians,
his personnel and official authorities. From this comprehensive series of indicators, the esta-
blishment of national reference frames seems possible to us in order to make progress the role
of hospital biology in improving the quality of the delivered care to the patients while optimi-
zing the costs. The accurate knowledge of the indicators should finally allow the organization
management teams to equitably allocate the budget necessary to each hospital.
© 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
D’autres éléments responsables d’imprécisions et de dif- listes de l’hôpital tout en consolidant le rôle et la pérennité
férences de comptage des B concernent entre autre, la de l’institution. Cet argument s’applique plus particulière-
valorisation des analyses demandées hors heures ouvrables, ment aux petites structures en compétition avec la biologie
dimanche et jours fériés et le forfait en B sécurité prévus libérale locale, car certaines directions peuvent être
pour le traitement des déchets. Tous les laboratoires hospi- tentées « d’externaliser » les demandes de biologie de leur
taliers n’appliquent pas ces cotations supplémentaires. Des hôpital espérant faire des économies. Pourquoi la démarche
recommandations consensuelles officielles devraient per- ne se ferait-elle pas vers la recherche de la meilleure com-
mettre, là aussi, une harmonisation des pratiques. Celles plémentarité possible public—privé permettant d’assurer la
ci pourraient être formalisées dans un « tableau normalisé » meilleure prestation aux patients. Pour illustrer concrète-
des statistiques d’activité d’un laboratoire hospitalier. ment ce principe, nous avons signé depuis sept ans déjà,
Par ailleurs, depuis quelques années maintenant, sont deux conventions avec la biologie libérale de notre secteur.
apparus des activités de biologie délocalisée. Certaines, La première concerne la prise en charge par le labora-
comme les glycémies faites au lit du patient par exemple, toire hospitalier des urgences biologiques la nuit de 20 à
représentent un volume très important d’analyses. Une sept heures. La seconde est un partenariat qui consiste en un
confusion existe actuellement, pour savoir à qui doit échange d’analyses rares, potentiellement urgentes qui ne
être attribuée l’activité. Notamment lorsque le laboratoire sont réalisables que dans l’une ou l’autre des structures. Par
prend une part importante pour l’encadrer, en assurant, la exemple le dosage des aminosides est réalisés par l’hôpital.
formation des utilisateurs, le suivi et le contrôle des maté- Celui de la ciclosporine par le laboratoire de ville. Il n’est
riels et des analyses ainsi que la validation des résultats. point besoin d’argumenter longuement pour comprendre
Là aussi, les pratiques sont très diverses et il nous paraît l’intérêt d’une tel partenariat gagnant—gagnant.
logique que cette activité soit valorisée dans des compteurs Parallèlement à ces compteurs en B, il est indispensable
d’activité indépendants, clairement individualisés, avec une que le laboratoire puisse suivre l’évolution de ses diffé-
cotation adaptée à cet acte actuellement inexistant dans rents compteurs en pourcentage les uns par rapport aux
notre réglementation ! autres. Sauf évènement nouveau important, ces proportions
Pour être complet sur ce point il est indispensable de relatives des compteurs doivent rester stables (notion de
distinguer l’activité sous-traitée par le laboratoire, car elle cohérence interne). Par ailleurs, tout aussi indispensable est
consomme du temps pour vérifier la pertinence des prescrip- le suivi de l’évolution de ces indicateurs d’une année sur
tions et assurer la traçabilité des demandes. Les charges l’autre avec la limite d’interprétation inhérente aux chan-
complémentaires, liées à cette activité sont nombreuses. gements de la nomenclature qui viennent régulièrement
Quelques-unes unes peuvent être rappelées : condition- perturber la comparabilité des activités en B dans le temps,
nement des échantillons, gestion des envois, retour des comme nous l’avons précédemment évoqué. Cette notion
résultats et transmission aux médecins. De plus cette est malheureusement souvent inconnue des directions hos-
activité a un poids économique non négligeable puisque pitalières, car elle ne transparaît pas à la simple lecture des
l’établissement doit « acheter » cette sous-traitance. Il est chiffres d’activité.
à signaler que cette activité, équitablement comptabilisée, Pour palier aux effets pervers des modifications régu-
fournit aussi un indicateur intéressant d’évaluation de la lières de la nomenclature, il nous est apparu évident que
compétence du laboratoire. En effet, celui-ci sous-traitera le compteur le plus fidèle pour évaluer l’activité d’un
d’autant moins d’activité qu’il sera bien équipé et réac- laboratoire était tout simplement le nombre d’examens réa-
tif face à l’apparition d’examens nouveaux. Ces nouveaux lisés. Cependant, même cette notion élémentaire n’est pas
tests sont en effet indispensables pour actualiser le poten- claire aujourd’hui, car personne ne définit de la même
tiel diagnostic d’une médecine sans cesse plus performante, façon un examen de biologie que la nomenclature qualifie
avec laquelle le laboratoire a le devoir de rester synchro- d’acte. S’agit-il uniquement d’une analyse simple comme la
nisé. créatinine ? S’agit-il aussi d’un groupement de plusieurs ana-
Enfin, il convient aussi de distinguer les activités de lyses indissociables comme par exemple la numération ou
biologie pour les patients venant en consultation externe l’électrophorèse des protéines sériques ? S’agit-il d’un grou-
et aussi celles liées à des collaborations avec d’autres pement d’analyses analytiquement indépendantes comme
laboratoires hospitaliers ou de ville. En effet, ces activités un ionogramme ? Dans notre pratique nous respectons au
doivent être individualisées, car elles rendent compte de la plus près la réalité technique. Une analyse se définit donc
place de la biologie hospitalière dans un bassin de santé et comme une entité non sécable techniquement, car réa-
en quelque sorte du « rayonnement du laboratoire ». Celui- lisable en un seul temps, sur un même milieu, avec un
ci est lié à la stratégie globale de l’établissement, plus ou même support analytique, à qui il est aisément possible
moins ouvert sur la ville. Un autre argument récent milite d’attribuer un coût en réactif. C’est ce compteur qui nous
en faveur de la valorisation de cette activité. En effet, permet le mieux de suivre l’évolution de notre activité et de
depuis la dernière réforme de la dotation des hôpitaux, nos charges de travail globales, indépendamment de toute
les recettes générées par cette activité sont considérées modification de la nomenclature.
comme des recettes supplémentaires pour le budget de En annexe, un indicateur paraît aussi intéressant
l’établissement. Il y a donc des facteurs objectifs pour que pour certaines évaluations, car comparable sur les
cette activité, marginale dans la plupart de nos laboratoires, grands nombres. C’est celui du nombre de demandes
soit l’objet d’efforts pour se développer significativement d’examens reçus (nombre de dossiers). Il permet
dans les prochaines années. Elle viendra très naturelle- en effet d’évaluer la charge de travail des secréta-
ment compléter ainsi le service rendu aux patients. Plus riats, car il correspond à la saisie des dossiers. Ce
particulièrement à ceux qui sont venus consulter les spécia- nombre est pertinent dans les évaluations à condition
164 A. Szymanowicz et al.
1 Budget réalisé 1 624 068 1 653 650 1 701 114 1 834 271 1 933 718 1 951 143
2 % d’augmentation 1,82 2,87 7,83 5,42 0,90
3 B nomenclature (BN) 1 227 0241 12 291 152 12 543 298 12 451 015 12 530 531 14 164 031
4 % d’évolution des BN 0,17 2,05 −0,74 0,64 13,04
5 Prix de revient du BN 0,132 0,135 0,136 0,147 0,154 0,138
6 % d’évolution du prix 1,65 0,80 8,63 4,75 −10,74
7 B sous-traités (BS) 425 468 463 457 505 286 521 704 498 491 546 660
8 % BST/BN 3,47 4,03 4,19 3,98 3,86
9 % d’évolution BST 8,93 9,03 3,25 −4,45 9,66
10 B techniques (BT) 13 864 891 13 711 305 15 341 423 16 096 036 16 356 790 16 959 854
11 % d’évolution des BT −1,11 11,89 4,92 1,62 3,69
12 Ratio BT:BN 1,130 1,116 1,223 1,293 1,305 1,197
13 Activité polyvalente BN 21 549 192 21 297 042 22 297 529 22 787 425 22 954 199 25 139 100
14 % d’activité biochimie 56,94 57,71 56,25 54,64 54,59 56,35
15 Activité hospitalière D 133 872 137 853 138 146 133 877 137 764 139 025
16 Activité hospitalière B 19 209 117 18 031 780 18 453 519 19 960 218 19 898 169 21 855 045
17 % activité hospitalière 89,14 89,29 88,01 87,62 86,69 86,94
18 Activité externe D 14 744 11 466 11 625 12 882 14 655 13 207
19 Activité externe B 1 883 645 1 289 728 1 292 967 1 603 046 1 865 411 2 009 140
20 % activité externe 8,74 6,39 6,17 7,04 8,13 7,99
21 Contrôles et services B 456 430 872 755 1 221 377 1 217 831 1 190 619 1 170 068
22 Contrôles et services % 2,12 4,32 5,82 5,35 5,19 4,65
23 Nombre d’analyses 724 470 708 963 789 337 815 105 845 827 906 924
24 Dépenses en personnel 1 100 075 1 189 977 1 216 526 1 265 417 1 300 896 1 308 235
25 Dépenses en réactifs 349 633 359 690 389 634 489 300 544 365 558 792
26 Dépenses hôtelières 30 290 29 969 27 873 25 172 33 723 26 475
27 Amortissements 55 178 27 244 67 078 54 381 54 733 57 642
BN : B nomenclature ; BS : B sous-traité ; BT : B technique ; D : demande correspondant soit à un bon de prescription, soit à une ordon-
nance. Le prix de revient du B de biochimie est de 0,138 D soit 51 % de sa valeur (0,27 D ). Ce chiffre est à rapprocher de celui calculé
par la base d’Angers qui fusionne les deux services de biologie du centre hospitalier pour aboutir au chiffre de 0,182 D . Les lignes 13 à
22 concernent l’activité commune aux deux laboratoires du site.
que l’on compare bien des structures d’organisations d’ailleurs agrège les chiffres globaux relatifs à l’ensemble
similaires : polyvalentes ou spécialisées, avec un seul secré- des laboratoires présents dans une structure hospitalière,
tariat d’accueil ou plusieurs, selon les sites. L’ensemble de sans différencier les différentes spécialités de la biologie.
ces indicateurs d’activité est mis en perspective dans le Une étude comparative nationale plus fine par spécialité
Tableau 3. Celui-ci, naturellement a été considérablement serait pourtant intéressante, pour définir chaque référentiel
simplifié pour les seuls besoins d’illustration de ce chapitre. de productivité. Cela permettrait ainsi de mieux équili-
brer les moyens entre ces différentes spécialités (biochimie,
hématologie, microbiologie, etc.) qui coexistent sous plu-
Les indicateurs de dépenses sieurs services dans les plus grands hôpitaux. Actuellement
aucune étude validée par les professionnels n’existe sur
Bien évidemment, aucune activité médicale n’est possible cette question.
sans induire des dépenses. Sur ce point de la gestion des
ressources, les services financiers, logistiques et de gestion
des ressources humaines sont relativement bien harmonisés Indicateurs de dépenses en réactifs
dans nos hôpitaux. Cependant, dans les études compara-
tives interhospitalière, il est important de ne prendre en Même si la part du coût des réactifs qui intervient dans le
compte que les coûts directs de production : à savoir les coût de production des analyses de laboratoire n’est pas
dépenses en réactifs (dépenses médicales), de personnels majoritaire, elle représente tout de même 38 % du bud-
médical et non médical, les dépenses d’amortissements et get de fonctionnement. Il est donc très important de bien
les charges induites selon le Tableau 4 extrait de la base connaître ces dépenses de façon à en assurer une meilleure
d’Angers. En effet, les charges indirectes peuvent être très maîtrise. Dans cette optique il est indispensable d’établir
variables selon les établissements en fonction du poids du annuellement le palmarès des dépenses par fournisseur, par
secteur administratif, de l’environnement mobilier, médical appareil et par analyse. Cela peut être utilement com-
et technique et des missions particulières de formation et plété par le calcul du coût en réactif d’une analyse pour
de soins dont ils sont l’objet. Ce principe est notamment chaque résultat rendu pour chacun des paramètres réali-
retenu dans l’établissement de la base d’Angers. Celle-ci sés dans les conditions d’utilisation véritables. En effet, la
Tableaux d’indicateurs pour le management du laboratoire 165
Tableau 4 Comparatif des coûts de production de la base d’Angers pour l’année 2006.
Fourniture pour laboratoire 1 106 371 0,044 94 0,047 0,012 0,023 0,07 95
Sous-traitance laboratoire 568 856 0,023 85 0,027 0,046 0 0,117 101
Total dépenses médicales 1 709 858 0,068 37 92 0,074 0,038 0 0,148 104
Personnel non médical 2 102 218 0,084 98 0,085 0,021 0,044 0,127 99
Personnel médical 619 576 0,025 85 0,029 0,012 0,006 0,052 99
Total frais de personnel 2 721 794 0,108 59 95 0,114 0,030 0,056 0,173 99
Amortissements et charges 113 673 0,005 2,5 90 0,005 0,002 0 0,010 99
Entretient biomédical 39 029 0,002 0,9 40 0,004 0,003 0 0,009 93
Total général 4 584 356 0,182 100 96 0,190 0,038 0,116 0,263 104
Nombre de B en millions 25,139 67 37,267
UO : unité d’œuvre (lettre clé B) ; % : % dans l’unité d’œuvre ; R:M : ratio valeur du site de Roanne:moyenne de l’échantillon (rend
compte du niveau de performance du site selon l’écart vers les valeurs inférieures à 100) ; M : moyenne ; ET : écart-type ; Inf : valeur la
plus petite de l’échantillon ; Sup : valeur la plus forte ; Nb Obs : nombre de laboratoires participants à l’échantillon. On note que tous
les ratio R:M sont inférieurs à 100 % ce qui prouve que dans tous les secteurs le laboratoire est plus performant que la moyenne de
l’échantillon constituant la base de référence.
connaissance des prix au test rendu permet une compa- (ETP) nécessaire à l’activité du laboratoire. Malheureuse-
raison selon les fournisseurs. Il devient aussi possible de ment les méthodes de comptage sont très hétérogènes alors
choisir, à qualité égale, naturellement le réactif le moins qu’une définition en ETP annuel nous paraît être la plus
cher, chaque fois que possible. Ces éléments sont simples simple et aussi la plus juste. Espérons que la nouvelle
à colliger et les informations obtenues à partir des four-
nisseurs et du logiciel de gestion des stocks propre au
laboratoire permettent de vérifier l’exactitude des chiffres. Tableau 5 Palmarès des coûts par fournisseurs.
Les résultats sont présentés sur les Tableau 5, Tableau 6,
Fournisseurs Dépenses 2005 en D %
Tableau 7. Les indicateurs de dépense en réactifs sont en
général bien établis dans nos hôpitaux car c’est le seul Roche 303 641 65,67
élément sur lequel il est possible d’agir rapidement. La Tosoh 68 890 14,9
connaissance des chiffres d’affaires par fournisseur est une Radiometer 30 724 6,64
aide substantielle pour négocier des remises. Tous les direc- Sebia 12 712 2,75
teurs des services économiques ne savent pas toujours Biosite 10 207 2,21
avoir ce réflexe auquel leurs biologistes peuvent les y inci- BMD 7682 1,66
ter. L’autre aspect indissociable du coût au test rendu est Biorad 7072 1,53
l’évaluation du nombre de « doses de réactifs » utilisées pour Véolia 6463 1,40
rendre un résultat. Ce score dépend du nombre de calibra- Servibio 2566 0,55
tions, de contrôles, de repasses et de réactifs non utilisés, Sarstedt 1954 0,42
nécessaires pour rendre un résultat. Ce nombre est indé- Elvetec 1812 0,39
pendant du prix du réactif et se trouve être à notre avis Elitech 1313 0,28
un indicateur intéressant d’évaluation des pratiques pro- Probioqual 1278 0,28
fessionnelles tout en étant un excellent indicateur de la CML 1246 0,27
compétitivité d’un instrument. Nous n’approfondirons pas Brahms 1151 0,25
plus ce point qui connaîtra très certainement des dévelop- Gilson 1084 0,23
pements, d’autant que sur le marché existent des logiciels The binding site 911 0,2
capables de bien répondre à cette problématique. Les labo- Biomérieux 413 0,09
ratoires libéraux se sont appropriés fort judicieusement VWR 301 0,06
ces outils depuis de très nombreuses années déjà [9,16], Perkin Elmer 281 0,06
contrairement aux laboratoires hospitaliers. Signalons que Oxoid 212 0,05
ce constat ne tient pas compte des demandes d’acquisition Techni-Dome 138 0,03
de ces logiciels formulées auprès des directions par de nom- Beckman Coulter 115 0,02
breux chefs de service, dès les années 1990. Ces demandes Bayer Diagnostics 82 0,02
sont restées sans suite, dans l’immense majorité des cas. CTCB 80 0,02
Asqualab 52 0,01
Total 464 007
Indicateurs de ressources humaines
Le palmarès pointe la prédominance de certains fournisseurs
Logiquement, il devrait être très simple de comptabili- permettant un angle fort de négociation pour des remises de
prix significatives.
ser le nombre de personnels en équivalent temps plein
166 A. Szymanowicz et al.
Tableau 6 Palmarès des coûts par appareils. Tableau 7 Palmarès du budget réactif par paramètre et
coût par paramètre.
Poste de dépenses Montant 2005 %
®
No Analyse NB/2005 Coût Coût/test
Intégra 800 181 828 39,19
rendu
Elecsys® 121 813 26,25
AIA 21® 68 890 14,85 1 NtProBNP 1718 52 686 30,67
ABL 735® 15 790 3,40 2 Troponine 6827 33 661 4,93
Réactifs hors abonnement 14 582 3,14 3 CRP 30 806 31 295 1,02
ABL 625® 13 843 2,98 4 Gaz du sang 12 522 29 085 2,32
Electrophorèse 12 712 2,74 5 TSH 5386 17 059 3,17
Tests unitaires 9687 2,09 6 Myoglobine 3362 11 010 3,27
Divers 8118 1,75 7 T4L 5386 10 759 3,17
Contrôles Biorad 7072 1,52 8 CO2 56 895 10 511 0,18
Elga® 5011 1,08 9 Stupéfiants 277 9279 33,5
Petit matériel 2160 0,47 10 Ferritine 2620 8375 3,2
Autres contrôles 1410 0,30 11 Urée 59 822 8277 0,14
Osmomètre 1091 0,24 12 Calcium 53 221 6554 0,12
13 Glycémie 58 126 6524 0,11
Total 464 007 100
14 Créatinine 60 178 6242 0,1
L’analyse du palmarès des coûts permet de focaliser l’attention 15 ACE 1332 5990 4,5
sur la gestion des approvisionnements pour les appareils les 16 HbA1c 1784 5966 3,34
plus consommateurs et d’étudier des rééquilibrages possibles 17 PSA 1095 5241 4,79
entre deux solutions techniques disponibles : Elecsys® /AIA 21®
18 T3L 1692 5215 3,08
ou ABL 735® /ABL 625® .
19 Protéines (ur) 3264 5095 1,56
20 CA 19-9 804 4492 5,59
gouvernance parviendra à atteindre rapidement l’objectif 21 Potassium 61 031 4354 0,07
d’harmonisation des tableaux de bord. Cela afin de per- 22 Electrophorèses 2905 4172 1,44
mettre une comparaison inter établissement équitable. Il 23 Transferrine 2578 3767 1,46
est prudent de proposer que l’évaluation de ces moyens 24 Chlorures 55 615 3644 0,07
puisse se faire par catégorie socioprofessionnelle : praticiens 25 CA 15-3 550 3588 6,52
hospitaliers, cadre, techniciens, secrétaires, aides de labo- 26 HCG 998 3563 3,57
ratoires, etc. Cela permet d’établir les dépenses annuelles 27 Gentamicine 1142 3560 3,12
concernant le personnel médical et celles du personnel non 28 Digoxine 1304 3560 2,73
médical. Il est très largement admis que les ressources 29 B2M 688 3169 4,61
humaines sont l’un des éléments fondamentaux, respon- 30 CA 125 448 3140 7,01
sable de l’efficience du fonctionnement et de la productivité 31 Folates 688 3090 4,49
d’une structure. Selon les statistiques fournies par la base 32 Préalbumine 1784 3042 1,71
d’Angers (Tableau 4), ce secteur représente la part majeure, 33 Lipase 4336 3035 0,7
soit 57 % du budget de fonctionnement du laboratoire. Pour- 34 CPK 9002 3032 0,34
tant, on peut regretter qu’en milieu hospitalier, l’analyse 35 Cortisol 1126 2996 2,66
de ce secteur soit encore considéré comme tabou. Il n’est Nb : nombre ; test rendu : coût qui intègre les coûts induits
pas encore coutume d’afficher simplement et honnêtement par les étalonnages, les contrôles et les repasses. Ce palmarès
les effectifs, ni les temps de travail des divers profession- pointe avec évidence les paramètres coûteux et ceux sur les-
nels, qu’il s’agisse du personnel médical ou non médical. Il quels une action de conseil de bonne pratique de prescription
paraît utile de bien connaître un certain nombre d’éléments doit être portée en priorité. Dans le cas présenté, l’évidence
est portée sur les marqueurs cardiaques. Par exemple, les
fondamentaux en terme de productivité. Ceux-ci devraient
règles de redondances ont été paramétrées sur quatre des dix
permettre d’apporter les corrections nécessaires en cas premiers paramètres coûteux. Une action d’EPP a été aussi
de dérives improductives ou au contraire de valorisation réalisée sur la prise en charge de la douleur thoracique aux
en cas de performances exceptionnelles. Malgré ces argu- urgences en 2006.
ments, le monde hospitalier n’est pas encore convaincu
de la pertinence de cette démarche. Toutefois, sans être
d’un optimisme exagéré, il convient de reconnaître que cet catégories socioprofessionnelles. La précaution à respecter
aspect concernant la valorisation des efforts (donc d’une est d’utiliser la même unité d’œuvre de référence c’est-à-
meilleure productivité) est très timidement évoqué dans la dire l’amplitude d’une journée de travail de huit heures. Ces
nouvelle gouvernance sous le terme « d’intéressement aux indicateurs doivent être suivi dans le temps pour décider
résultats des contrats de pôles ». Toute la question est de des mesures internes utiles au bon management des res-
savoir si cette démarche se renforcera dans le futur ? sources humaines. Leur comparabilité inter établissement
Les éléments simples, tels que le nombre de jours tra- aurait dû permettre aux ARH d’ajuster progressivement les
vaillés, le nombre de jours de formation ou de mission, le allocations de ressources de façon à retrouver une certaine
nombre de jours de maladie, le nombre de jours d’activité équité dans les moyens disponibles par les hôpitaux, pour
syndicale doivent être établis en moyenne pour chacune des des missions comparables. Ces ajustements seront-ils plus
Tableaux d’indicateurs pour le management du laboratoire 167
nombre d’ETP de chaque catégorie socioprofessionnelle. Ils tiellement de très gros laboratoires. Il est bien connu
permettent le suivi dans le temps des efforts d’organisation que la productivité d’un laboratoire hospitalier dépend
du laboratoire et ou celui des investissements et des fortement de son activité eu égard aux missions de per-
restructurations qui doivent normalement entraîner une manence du service public que tous doivent assurer. Malgré
amélioration de celle-ci. ces critiques légitimes précédemment évoquées, nous par-
Tous ces indicateurs permettent au chef de service et ticipons à toutes les enquêtes statistiques, car il nous
théoriquement à l’administration du centre hospitalier et semble que c’est le seul moyen d’améliorer les métho-
de l’ARH de suivre et d’évaluer la qualité de la gestion du dologies des études menées par les diverses institutions
laboratoire. La condition à respecter étant l’utilisation de (non accréditées) et donc la pertinence des résultats. À
critères homogènes de calcul, appliqués de la même façon, titre d’illustration nous présentons le Tableau 4 compa-
en tout point de comparaison. À titre d’illustration ces indi- rant les indicateurs de productivité et de coût de notre
cateurs principaux sont présentés sur le Tableau 9. laboratoire par rapport à la moyenne de la base d’Angers.
Malheureusement, l’authentification de la productivité Les chiffres obtenus nous sont plutôt favorables. En effet,
comparative de nos laboratoires hospitaliers n’est pas nous constatons que nos coûts de production sont infé-
actuellement établie en France. En effet, la mise en œuvre rieurs à la moyenne de l’échantillon. Ils n’en représentent
de la comptabilité analytique et l’élaboration de l’échelle que 96 %. Trois points particuliers sont à souligner. Celui
nationale des coûts (ENC) qui sont en voie d’élaboration, concernant nos dépenses en contrat d’entretien biomé-
ne peuvent être utiles et fiables que si les données agré- dical, poste dont nos coûts n’atteignent que 40 % de la
gées et exploitées sont sincères et justes. Dans le cadre moyenne. Ce résultat particulièrement favorable surprend
de la nouvelle gouvernance, un travail préalable de défi- et mérite une analyse approfondie qui est actuellement
nition des termes et des méthodes de calcul nous paraît en cours avec notre direction financière. Le second est
indispensable pour disposer de leviers d’action efficaces. celui des dépenses de sous-traitance qui se situent à 85 %
Pour insister sur la valeur très relative de la lettre clé démontant une compétence satisfaisante. Enfin, celui de
comme indicateur d’évaluation des actes de biologie nous nos dépenses en personnel médical qui se situent aussi
nous permettons de citer la remarque de l’inspection géné- à 85 % de la moyenne, preuve que notre équipe médi-
rale des affaires sociale (IGAS) dans son rapport d’avril cale ne paraît pas pléthorique. Ces remarques montrent,
2006 [2] : « L’évaluation des actes ne repose sur aucune avant toute chose, l’intérêt d’établir une base de réfé-
méthodologie précise ni même sur un modèle de rap- rence nationale permettant de comparer objectivement nos
port type à élaborer ». En ce qui concerne les indicateurs laboratoires. Malheureusement, la base d’Angers ne ras-
actuels d’activité et de dépenses des laboratoires, ce tra- semble qu’environ 20 % des laboratoires hospitaliers français
vail préalable n’a jamais été fait à notre connaissance. dont une majorité de gros laboratoires avec une moyenne
Quelles peuvent donc être la fiabilité et la véracité des de B de plus de 37 millions. Cette base est établie sur
données émanant de l’ENC et de la base d’Angers (BA). Il des chiffres purement déclaratifs, qui sont exploités sans
est vrai que le statisticien justifiera son travail en argu- la preuve d’une méthodologie validée par les professionnels
mentant que la loi des grands nombres se vérifie souvent. concernés.
Mais il nous semble, à la lecture des grilles de recueil Cependant, il convient de préciser que cet indicateur de
des données de la base d’Angers qu’on est en droit de coût de production et donc de productivité, n’est qu’une
se poser quelques questions devant le peu de précision facette de la problématique du laboratoire. Qu’en est-il par
des items. Nous sommes bien évidemment d’accord pour exemple de la valorisation du laboratoire qui s’emploierait
l’établissement d’une ENC, mais avec une méthodologie depuis des années à faire du « B utile » ? Comment concilier
clairement définie, vérifiée et validée par les profession- la recherche de la maîtrise pertinente des prescriptions et
nels si on veut lui donner tout son sens. Malgré toutes les la productivité des laboratoires. Ces deux démarches pro-
incertitudes que nous avons évoquées sur les données col- cèdent de deux logiques totalement opposées ? Comment
ligées, le dernier chiffre connu du prix de revient du B justifier la débauche d’efforts auto pénalisants alors qu’il
établi par la BA qui est de 0,19 D pour l’année 2006, nous est tellement plus simple et moins consommateur de temps
paraît réaliste (Tableau 4). Comme le montre la moyenne pour le biologiste d’accepter très normalement toutes les
en B de l’échantillon étudié, celui-ci est constitué essen- prescriptions de biologie de ses collègues cliniciens ? Pour
Tableaux d’indicateurs pour le management du laboratoire 169
répondre en partie à cette question, nous avons cepen- [25] et quelques années auparavant par d’autre équipes
dant trouvé une publication intéressante, faite par les à l’étranger [18]. Elle s’appuyait notamment sur un sys-
services de santé et sociaux du Québec [20]. Les tableaux tème de prescription connectée qui n’est malheureusement
de bord de gestion de la biologie médicale y sont présentés pas encore, dix ans plus tard, majoritaire dans nos hôpi-
de l’année 2000 à 2005. Le but, selon les auteurs, taux. Voici le rappel de la conclusion de cet auteur [25] :
étant l’échange d’informations pertinentes à l’intérieur de « L’hôpital public doit maintenant, sous la direction des
l’établissement, mais également entre les services de bio- agences régionales de l’hospitalisation, faire davantage
logie médicale de chaque province de l’état. Cela, dans le d’économie, car il est l’un des responsables du déficit de
but de rechercher des pistes d’améliorations à la fois en l’assurance maladie. Une petite part de cet effort peut
terme de coût de production et de consommation des actes être réalisée en biologie. Il faut donc la maîtriser de notre
de biologie. En ce qui concerne le Tableau 3, il nous semble propre gré ». Il est vrai que bon nombre de biologistes se sont
pouvoir être applicable dans tous les sites hospitaliers et employés à réaliser ces efforts. Le plus souvent sans moyens
pourrait donc permettre d’établir une base de réflexion adaptés, avec leurs seules convictions et l’appui des recom-
commune sur l’évaluation de la productivité actuelle par mandations des bonnes pratiques professionnelles dont ils
type de structures hospitalières. Nous ne discuterons pas ont connaissance. Cette recherche de la maîtrise des pres-
plus ce point qui devrait faire l’objet d’une concertation criptions est cependant très consommatrice en temps. De
professionnelle nationale, avec un pilotage par nos auto- plus, elle est autopénalisante par le fait qu’elle contribue
rités de tutelles. Pour cela, la méthodologie suggérée par à une baisse de la productivité, sans aucune possibilité de
l’IGAS dans son dernier rapport sur la biologie médicale libé- valorisation des économies engendrées car aucun indicateur
rale [2] nous paraît pertinente à appliquer. Cette démarche pour ce travail n’existe encore à ce jour. Pourtant il s’agit
permettrait de trouver une approche consensuelle pratique d’un axe fort qui est demandé dans la nouvelle gouvernance
visant à réaliser sans contestation, les comparaisons inter à l’ensemble des services médicotechniques : laboratoire,
établissement. Ce travail devient absolument indispensable service de radiologie, d’anatomopathologie et pharmacie.
suite à la remarque de cet organisme compétent que nous Les recommandations consistent explicitement à agir sur les
citons : prescripteurs. En revanche, la méthodologie pour conduire
équitablement cette action ne nous est pas encore dévoilée.
« Au total, l’échec à utiliser le B comme instrument
Cette question, à elle seule, mériterait d’être développée
de régulation des dépenses et à construire une nomen-
dans un autre article.
clature réaliste et équilibrée grâce à des méthodes
L’approche la plus simple à mettre en œuvre est celle
de travail incontestables, n’a pu que contribuer à
d’éviter la prescription répétitive inutile d’examens. En
l’augmentation des dépenses de biologie ».
effet, certaines prescriptions itératives d’examens peuvent
Même si cette remarque s’adresse à l’origine à la biolo- paraître inopportunes, car demandées dans des délais trop
gie libérale, la biologie hospitalière doit aussi la prendre en courts pour être informatives. Sur ce sujet, un des leviers
considération au niveau qui lui est dû. de maîtrise des prescriptions nous paraît être la mise en
place des règles de redondances. La mise en œuvre de
cette démarche est relativement aisée, lorsque le labo-
Indicateurs de la consommation des services et de ratoire dispose d’un logiciel de prescription connectée.
redondance des prescriptions Certaines expériences bien que rares encore ont montré
tout l’intérêt de la mise en place de ces règles. Cependant,
Pour une bonne connaissance de l’utilisation des examens d’autres moyens plus élémentaires peuvent être utilisés
de biologie, il est intéressant que le laboratoire puisse immédiatement, tel que l’utilisation des règles d’expertises
connaître l’évolution des consommations par unité fonc- paramétrables dans de nombreux SIL. Nous avons mis en
tionnelle soit en nombre de demandes, de nombre de B place un tel système depuis janvier 2007 pour une tren-
ou plus intéressant en nombre d’analyses de chaque type. taine d’analyses spécialisées parmi les plus coûteuses.
Cette information devient extrêmement intéressante dans Cela permet d’annuler automatiquement la demande, si
la mise en place de l’évaluation des pratiques médicales l’examen est represcrit dans un délai trop bref. Bien évi-
(EPP) et la comparaison inter établissement qui n’en est demment le médecin est prévenu de ce fait. Il garde la
qu’à ses débuts. Nous ne ferons que citer cette possibilité, possibilité, en temps réel, au cas par cas, en discussion
afin de ne pas alourdir le présent article. Les indicateurs de avec le biologiste d’outrepasser la règle et de maintenir
la consommation des services ont été étudiés par quelques sa demande. Les premiers résultats (Tableau 10) de cette
équipes, mais n’ont jamais fait l’objet d’études compara- action ont encore trop peu de recul pour être développé
tives à l’échelle nationale. C’est pourtant maintenant une ici, bien qu’ils induisent une économie des prescriptions qui
voie majeur d’amélioration de la qualité dans la démarche s’établit à environ 3 % [3]. Le pourcentage de redondance
d’accréditation des hôpitaux demandée dans la référence 40 est un indicateur qui nous paraît par conséquent intéressant
a de la version V 2 du manuel d’accréditation de la HAS que pour évaluer les résultats de ce travail de veille des pres-
nous rappelons : « La pertinence des examens de laboratoire criptions réalisé par le biologiste. Il peut avoir en plus, une
et des examens d’imagerie ou d’exploration fonctionnelle vertu pédagogique pour inciter au respect des BBP néces-
est évaluée ». De là, découlent logiquement toutes les sitant dans ce cas un accompagnement des prescripteurs
actions d’évaluation de la pertinence des prescriptions telle qui devient très consommateur de temps. Bien que dans ce
que celle réalisée par quelques équipes [3,13,14,25,28]. domaine les expériences soient encore très peu nombreuses,
La question des redondances avait été abordée vers c’est une voie qui nous semble totalement en cohérence
les années 1997 en France dans un article de Valdiguié avec l’EPP et la tarification à l’activité (T2A) [13,14]. Tout
170 A. Szymanowicz et al.
Tableau 10 Évaluation des redondances sur les sept premiers mois de l’année 2007.
No Analyses Délais (j) Total demande Redon Redos % Redos % Redon théorique % Redon vraies
comme le point précédent, celui-ci justifierait tout à fait les résultats du contrôle national de qualité de l’Agence
d’être développé dans un autre article. française des produits de santé (Afssaps). Les scores sont
établis très simplement par le ratio en pourcentage du
nombre de résultats rendus dans les limites acceptables du
Indicateurs du contrôle de qualité des analyses groupe des pairs par rapport au nombre total de contrôles
rendus. L’objectif que nous nous sommes fixé est d’obtenir
Nous avons porté une attention toute particulière dans ce un score supérieur à 95 %. Ce seuil intellectuel arbitraire,
domaine, pour en dégager un indicateur objectif de la fixée à 95 % est validée par une étude récente épidémio-
qualité des résultats produits par le laboratoire. L’approche logique sur la valeur des marqueurs de surveillance des
la plus simple et la plus objective nous a semblé être cancers de la vessie par les malades. Cette étude démontre
l’exploitation fine des résultats fournis par les différentes que la majorité des patients sont d’accord pour ne pas
évaluations externes de la qualité (EEQ) facultatives et recourir à un acte invasif pour la surveillance de leur cancer,
obligatoires auxquelles beaucoup ou tous les laboratoires à la condition que les performances diagnostiques du mar-
participent [22,23]. À partir des résultats obtenus chaque queur biologique soient supérieures à 95 % [27]. Ce score de
année, il est très facile, en effet, d’établir des scores de « justesse » ou de « confiance », n’est atteint que par seule-
justesse par domaine soumis au contrôle. À titre d’exemple ment un tiers environ des laboratoires en général, comme le
nous établissons des scores pour les analyses de biochimie montrent les comptes rendus annuels de l’association Pro-
du sang, des analyses de biochimie des urines, des dosages bioqual [8].
de médicaments, de l’hémoglobine glyquée, de l’éthanol, Dans un tel tableau, d’autres éléments peuvent aussi être
des analyses utilisant les techniques immunologiques et pour suivis selon les critères du biologiste : le rang de classement,
Tableaux d’indicateurs pour le management du laboratoire 171
PBQ biochimie
Nb contrôles rendus 268 267 310 311 520 359 384
Nb contrôles proposés 286 292 310 311 520 359 384
% de participation 93,7 91,4 100 100 100 100 100
Nb contrôles hors LA 7 8 9 3 9 3 6
Nb de TB 467 328 343
Score PBQ 97,4 97 97,1 99 98,3 99,2 97,7
PBQ médicaments
Nb contrôles rendus 47 42 63 66 68 60 54
Nb contrôles proposés 48 54 66 66 68 60 54
% de participation 98 78 95 100 100 100 100
Nb contrôles hors LA 2 3 2 0 1 0 0
Nb de TB 30 26 50 59 63 57 50
Score absolu 95,7 92,9 96,8 100 98,5 100 100
PBQ urines
Nb contrôles rendus 127 95 134 149 143 148 147
Nb contrôles proposés 127 109 161 152 146 148 147
% de participation 100 87,2 83,2 98 98 100 100
Nb contrôles hors LA 2 4 1 4 2 1 3
Nb de TB 135 140 138
Score absolu 98,4 95,8 99,2 97,3 98,6 99,3 98
Afssaps
Nb contrôles rendus 132 112 85 110 75 85 35
Nb contrôles proposés 132 112 85 110 75 85 36
% de participation 100 100 100 100 100 100 97
Nb contrôles hors LA 2 3 4 2 1 1 0
Nb de TB « A » 117 102 73 93 65 80 30
Score absolu/100 98,5 97,3 95,3 98,2 98,7 98,8 100
Nb : nombre ; LA : limite acceptable ; Score absolu : Nb résultats dans LA × 100/Nb de résultats rendus ; TB : résultats dans la zone cible
définie par la moyenne des pairs ± 1 écart-type. Les scores de justesse sont au-dessus de 95 % selon l’objectif fixé. À l’exception du score
à 92,9 % pour les médicaments en 2001 qui nous a conduit à renouveler notre équipement obsolète destiné au dosage des médicaments.
le nombre de contrôles notés TB (proche de la cible ± 0,5 engager les actions correctives et préventives durables
sigma), le nombre de résultats hors limites acceptables, le avec les services et évaluer les améliorations. Cepen-
pourcentage de participation, etc. Un exemple partiel de dant, pour le moment il n’y a pas véritablement de
suivi est présenté sur le Tableau 11. seuil de fréquence défini pour l’acceptabilité des diffé-
Plus finement encore, des scores annuels de justesse rentes causes de non-conformité permettant d’avoir une
peuvent être établi individuellement pour chacun des para- référence de l’état de l’art. Même si l’intérêt de ces
mètres soumis à l’EEQ. Ces scores sont aussi très simplement indicateurs est surtout de mettre en place des actions
calculés, comme le ratio entre les résultats rendus dans la correctives et préventives locales, il nous semble intéres-
zone acceptable sur le nombre de résultats rendus rapportés sant de confronter les résultats par région, afin de pouvoir
au coefficient 10. Ces scores sont établis par les associations faire émerger des actions au niveau de la formation de
gérant le contrôle de qualité régional ce qui est le cas de base des infirmières. En effet, il est toujours surprenant
Probioqual, à laquelle nous adhérons depuis sa création. Un d’observer la fréquence des prélèvements contaminés par la
exemple de ces indicateurs est présenté dans le Tableau 12. concomitance d’une perfusion veineuse chez un patient. De
même, mais encore plus grave, la fréquence des erreurs
Indicateurs de non-conformités des prélèvements d’étiquetage des échantillons au lit du patient détecté
par le laboratoire grâce notamment au changement d’état
Chaque année, comme de nombreux laboratoires main- invraisemblable des résultats est parfois inquiétante. Des
tenant, nous analysons nos statistiques concernant les recommandations et une méthodologie nationale seraient
non-conformités constatées et traitées au moment de utiles, afin d’harmoniser les pratiques des professionnelles
l’enregistrement des demandes ou au niveau de la paillasse. soignants. L’établissement de statistiques standardisées des
Des tableaux d’évolution des principaux motifs et de non-conformités rendraient possible la comparaison entre
leurs fréquences relatives par unité fonctionnelle sont éta- les établissements. Des seuils de référence considérées
blis annuellement. Ils sont présentés respectivement sur comme parvenues à un niveau incompressible optimum
les Tableaux 13 et 14. Ces statistiques sont utiles pour pourraient être établis. Ces informations seraient utiles pour
172 A. Szymanowicz et al.
Tableau 12 Score des contrôles de qualité par paramètre pour de secteur des médicaments.
Tableau 13 Palmarès des fréquences des motifs de non-conformités pour l’année 2006.
l’amélioration de la qualité dans le domaine préanalytique tion d’événements indésirables (FEI). Les travaux de ce
difficilement maîtrisable par les laboratoires hospitaliers, groupe consistent principalement à analyser les fiches et
car c’est le personnel soignant qui fait les prélèvements à proposer les mesures correctives et préventives. Divers
et non celui des laboratoires. Nous présentons (Fig. 1) indicateurs sont positionnés : suivi du nombre de FEI men-
l’évolution mensuelle des non-conformités totales pour les suel (Fig. 2), statistiques des déclarations selon le degré de
trois dernières années, démontrant une certaine stabilité. gravité (Fig. 3), le type d’évènement indésirable (Fig. 4), le
pourcentage d’actions correctives mises en place, etc. [5].
À partir de l’analyse et de la compilation des évène-
Indicateurs d’événements indésirables ou de ments indésirables, il est possible de suivre les indicateurs
non-qualité de non-qualité. Ce tableau comporte les items suivants :
nombre de plaintes des médecins, des patients, des person-
Depuis près de deux ans environ, nous avons mis en place nels, de l’administration. Nombre de conflits, d’accident du
un groupe qualité permanent et une fiche de déclara- travail, de démissions, de demandes de mutations, d’heures
174 A. Szymanowicz et al.
Tableau 15 Indicateurs du suivi des délais de réalisation (exprimés en minutes) des analyses sélectionnées comme « sentinelles »
pendant la période de garde de 19 à sept heures évalués sur une année.
Jan Fév Mars Avr Mai Juin Juil Août Sep Oct Nov Déc M ET CV
sur la période entre l’heure de saisie du dossier et l’heure de de certains d’entre eux. Bien évidemment, nous ne remet-
saisie ou de validation technique du résultat. Bien d’autres tons aucunement en cause le bien fondé des équipements
indicateurs sont intéressants à établir, mais ils ne sont infor- délocalisés, indispensables pour des activités tout à fait
matifs que ponctuellement. Par exemple, les délais calculés ciblées (chirurgie cardiaque, transplantation, soins inten-
chaque jour de la semaine peuvent permettre de montrer sif néonataux, accouchement prise en charge des patients
une variabilité liée soit à un technicien en particulier, soit à diabétiques, etc.).
une surcharge d’activité ou une organisation inadaptée cer-
tains jours, le samedi ou le dimanche par exemple. À titre
Indicateurs de satisfaction des utilisateurs du
illustratif, les indicateurs de délais de réalisation pour la
laboratoire
période de nuit sont présentés sur le Tableau 15.
Nous savons que nombre de biologistes ont cherché
depuis longtemps à établir leurs délais de rendu des La démarche qualité exprimée dans la norme 15189
résultats. Cet élément étant un indicateur fondamentale- comme celle exposée dans le manuel d’accréditation
ment représentatif de la performance du laboratoire et des établissements de santé recommande le recours à
de la qualité du service rendu aux prescripteurs et aux l’évaluation pour déterminer le niveau de satisfaction des
patients. Avec l’avènement, puis la généralisation de sys- usagers d’un service. La pratique d’enquêtes de satisfac-
tèmes d’informations de plus en plus performants, ces tion auprès des principaux utilisateurs du laboratoire permet
indicateurs de délais sont maintenant plus facilement acces- l’établissement de scores dont l’analyse débouche sur des
sibles et peuvent même être obtenus en temps réel [9]. mesures d’amélioration si nécessaire. Ces indicateurs sont
Cependant, cette notion de délai peut être mal comprise et intéressants à suivre dans le temps. Pour le moment nous
donc mal perçue par les personnels techniques. Ils peuvent n’avons établi que ceux des médecins, des cadres soignants
parfois se sentir, en quelque sorte, surveillés par cet indi- et des soignants [4] qui sont présentés de manière synthé-
cateur. Là aussi, il nous paraît essentiel que cette notion tique, dans leur globalité dans le Tableau 16 correspondant
d’efficacité et de respect des délais de réalisation des ana- à la moyenne de toutes les réponses. Bien naturellement,
lyses soit une notion enseignée dans les instituts et les écoles il conviendra de compléter ces enquêtes par des question-
de formation de nos techniciens. C’est tout à fait naturel- naires adaptés destinés aux consultants externes venant au
lement qu’ils pourront ensuite s’approprier cette dimension laboratoire, au laboratoire de ville pour lequel nous tra-
mesurable de la qualité de leur travail, tout comme c’est le vaillons, aux personnels du service, à notre administration
cas maintenant du contrôle de qualité des analyses depuis et éventuellement aux autres utilisateurs du laboratoire,
plus de 30 ans, au plan de la justesse des résultats. Nous selon les besoins et avec une fréquence adaptée. Malgré
pensons que des seuils de délais consensuels devraient être la réticence des professionnels à procéder à ces enquêtes
définis pour guider les biologistes. Cette notion pourrait par- de satisfaction, elles nous paraissent aujourd’hui incontour-
fois aussi servir à informer nos jeunes cliniciens qui bien nables. Cette pratique n’est pas encore majoritaire, mais
souvent ignorent les contraintes techniques du laboratoire. elle tend à être mieux acceptée dans nos hôpitaux.
Malheureusement peu de travaux sont publiés sur cette
question [1,15,24]. Ce travail à réaliser, en collaboration Indicateurs de production intellectuelle
entre cliniciens et biologistes serait à notre avis très utile
pour améliorer le dialogue, rapprocher les différents spécia- Les équipes hospitalières non CHU sont peu habituées à
listes et aussi réduire la frénésie de « biologie délocalisée » développer et surtout à formaliser leurs activités intellec-
176 A. Szymanowicz et al.
Tableau 16 Indicateurs de satisfaction : scores correspondant à la moyenne calculée pour les trois groupes de professionnels
interrogés (médecins, cadres, infirmiers en octobre 2006).
TS + S (%) PS (%)
Les résultats urgents vous arrivent-ils dans des délais convenables ? 93,7 6,3
La transmission par téléphone des résultats pathologiques est-elle satisfaisante ? 95,2 4,8
La présentation Clinic’s® est-elle pratique ? 90,6 9,4
La présentation Clinic’s® est-elle suffisante ? 95,2 4,8
Les délais de disponibilité de toutes analyses sont-ils acceptables ? 87,5 12,5
Les analyses non traitées au labo ont-elles un délai de rendu satisfaisant ? 76,8 23,2
Les résultats transmis en garde, vous arrivent-ils dans des délais convenables ? 95,2 4,8
En cas de panne, le mode dégradé de transmission vous convient-il ? 76,6 23,4
Moyenne des questions de 1 à 7 90,6 9,4
TS : très satisfaits ; S : satisfaits ; PS : peu satisfaits ; Clinic’s® : serveur des résultats de laboratoire dans les unités de soins.
[23] Szymanowicz A, Bourgne MO, Denis I, Neyron MJ. Optimisation [26] Westgard JO, Barry PL, Hunt MR, Groyh TA. A multiple shewa-
de la gestion du contrôle de qualité. Partie II, les résultants. hart chart for quality control in clinical chemistry. Clin Chem
Spect Biol 2005;148:49—54. 1981;27:493—501.
[24] Szymanowicz A, Neyron MJ, Denis I. Proposition de tableau [27] Yossepowitch O, et al. Use of urinary biomarkers for
d’indicateurs utiles à la bonne marche d’un service de biologie. bladder cancer surveillance: patient perspectives. J Urol
Options Biol 2006;(Suppl. 370):58. 2007;177:1277—82.
[25] Valdiguié P. Ordering laboratory test in 1997. Ann Biol Clin [28] Zumbo C. Aide à la prescription du bilan thyroïdien au CH de
1997;55(2):77—8. la Dracenie 2004—2006. Communication personnelle.