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Un biocarburant est un carburant liquide ou gazeux créé à partir de la transformation

de matériaux organiques non fossiles issus de la biomasse, par exemple des
matières végétales produites par l’agriculture (betterave, blé, maïs, colza, tournesol,
pomme de terre, etc.).

Si la langue anglaise n’a retenu qu’une seule appellation « biofuel », plusieurs


dénominations coexistent dans la langue française : biocarburant (terme retenu par
le Parlement européen), agrocarburant ou carburant végétal. 

Les biocarburants sont assimilés à une source d’énergie renouvelable. Leur


combustion ne produit que du CO2 et de la vapeur d'eau et pas ou peu d'oxydes
azotés et souffrés (NOx, SOx).

On distingue trois générations de biocarburants :  

Les biocarburants de première génération

Ils sont principalement de deux types : 

 le bioéthanol : il est produit à partir de canne à sucre, de céréales et de


betterave sucrière.  Il est utilisé dans les moteurs essence ;
 le biodiesel : il est dérivé de différentes sources d’acides gras, notamment les
huiles de soja, de colza, de palme et d’autres huiles végétales. Il est utilisé
dans les moteurs diesel.

Les biocarburants de première génération entrent en concurrence directe avec la


chaîne alimentaire. Ils sont produits à partir de matières premières qui peuvent être
utilisées dans une chaîne alimentaire animale ou humaine. Aujourd’hui, seule cette
génération est produite à l’échelle industrielle.   

Les biocarburants de deuxième génération

Des technologies sont actuellement mises au point pour exploiter les matières
cellulosiques telles que le bois, les feuilles et les tiges des plantes ou celles issues
de déchets.
On qualifie ces matières de biomasse ligno-cellulosique car elles proviennent de
composants ligneux ou à base de carbone qui ne sont pas directement utilisés dans
la production alimentaire. Ces caractéristiques présentent un avantage de
disponibilité supérieure et de non concurrence alimentaire par rapport à la première
génération de biocarburants.

Cette technologie permet de produire du bioéthanol dit de deuxième génération, du


biodiesel, du biohydrogène ou du biogaz.
Elle n’est pas encore déployée au stade industriel mais des perspectives de mise en
application à moyen terme se dessinent. Leur production à grande échelle est prévue
à l’horizon 2020-2030.

Les biocarburants de troisième génération

Les procédés, encore à l’étude, s’appuient principalement sur l’utilisation de


microorganismes telles que les microalgues.

Celles-ci peuvent accumuler des acides gras permettant d’envisager des rendements
à l’hectare supérieurs d’un facteur 30 aux espèces oléagineuses terrestres. A partir
de ces acides gras, il est possible de générer du biodiesel. Certaines espèces de
microalgues peuvent contenir des sucres et ainsi être fermentées en bioéthanol.
Enfin, les microalgues peuvent être méthanisées pour produire du biogaz. Certaines
d’entre elles peuvent également produire du biohydrogène.

Fonctionnement technique ou scientifique

Les principales techniques de production des carburants de première


génération sont les suivantes :

1. le bioéthanol : le processus de fabrication transforme le sucre de la matière


végétale en alcool (éthanol) par fermentation. Il est mélangé à l’essence soit
directement, soit sous une forme chimique différente ;
2. le biodiesel : il est fabriqué à partir de la réaction entre une huile végétale
semi-raffinée, obtenue principalement à partir des huiles végétales (colza,
tournesol) avec un alcool. Le processus est appelé « transestérification » : les
huiles végétales sont mélangées à froid à un alcool en présence d’un
catalyseur (hydroxyde de sodium ou de potassium). Le biodiesel est mélangé
uniquement au gazole.

Biocarburant de première génération (©DR, d'après source IFP)

 
Il existe deux principales méthodes de production des biocarburants de seconde
génération :

 par voie thermochimique ou gazéification : la biomasse est transformée en


gaz (principalement de l’hydrogène et du monoxyde de carbone). Cela
nécessite des conditions de pression et de températures très élevées (de
l'ordre de 1 000 °C et 4 bar), puis transformé en carburant par une réaction
dite de Fischer-Tropsch ;
 par voie biochimique : ce procédé permet de transformer la biomasse en
sucre par des enzymes. Le sucre produit est ensuite transformé en éthanol
par un procédé de fermentation. Le produit obtenu est appelé éthanol de
« seconde génération ».   

Biocarburant de deuxième génération (©DR, d'après source IFP)


 

Les biocarburants de troisième génération ne sont encore qu’au stade de la


recherche et de projets pilotes. Une des principales pistes de réflexion est basée sur
le fait que certains micro-organismes peuvent fournir de l’hydrogène ou des lipides
(acides gras) sous l’effet de la lumière et d’autres substances chimiques.

Enjeux par rapport à l'énergie

Enjeux économiques

Les biocarburants représentent une source supplémentaire de carburant et une


activité agro-industrielle nouvelle. Ils permettent aux pays qui les produisent de
réduire leur dépendance énergétique vis-à-vis des carburants d’origine fossile.
Cependant, l’utilisation de biocarburants de première génération peut entraîner
l’augmentation de la demande et la hausse des prix des produits agricoles. Celle-ci
peut créer l’instabilité sociale dans les pays pauvres. En effet, il est à noter qu’en
Haïti et dans d’autres pays d’Afrique comme le Sénégal ont déjà éclaté des émeutes
de la faim.   
Enjeux environnementaux

La combustion des carburants d’origine fossile participe aux émissions de gaz à


effet de serre (GES). Pour ce qui relève des biocarburants, le carbone émis lors de
leur combustion dans l’atmosphère a été préalablement fixé par les plantes lors de la
photosynthèse. Ainsi, le bilan carbone semble donc à priori neutre. Cependant, la
situation idéale n’est pas encore atteinte en pratique car la production de ces
biocarburants requiert un travail humain, agricole, de transport, de procédé industriel,
et donc une consommation de carburants et éventuellement d’autres substances
dont l’usage produit aussi des GES.

Par ailleurs, le caractère durable de la production des agrocarburants peut être mis à
mal si elle est réalisée de manière non durable : épuisement des sols, pollution des
eaux et destruction de milieux naturels pour cette production. 

Évolution de la législation européenne

La directive européenne 2009/28/CE(1) fixe un objectif d'intégration des sources


renouvelables dans le secteur des transports d'au moins 10% pour chaque État
membre d'ici 2020.

Cette directive établit également des critères de durabilité pour les biocarburants
(dans les articles 17 à 19), en accord avec l'objectif de réduction des gaz à effet de
serre, de préserver les terres présentant une grande valeur sur le plan de la
biodiversité.

Parmi les critères fixés, les biocarburants doivent émettre au moins 35% moins de
gaz à effet de serre que les carburants traditionnels pour être considérés comme «
durables ». En janvier 2017, cette réduction des gaz à effet de serre résultant de
l'utilisation de biocarburants devra atteindre au moins 50%, et 60% en janvier 2018.

Le 11 septembre 2013, le Parlement européen s'est par ailleurs prononcé pour


plafonner la part des biocarburants de 1re génération à 6% de l'énergie finale
consommée dans le secteur des transports. Ce plafonnement vise à réduire l'impact
du développement de cette catégorie de biocarburants sur la production alimentaire.
Un objectif de 2,5% est par ailleurs fixé pour les biocarburants de 2e et 3e génération.

Acteurs majeurs

Il existe trois principales zones productrices qui produisent près de 85% des
biocarburants dans le monde(2).

Les États-Unis : 27,4 Mtep en 2012 (45,5% de la production mondiale)


Longtemps loin derrière ses concurrents, les États-Unis ont investi le marché en se
fixant des objectifs ambitieux : alors qu'en 1999, il n'y avait qu'une seule unité de
production de biodiesel sur le territoire des États-Unis, en 2008, on pouvait
dénombrer 173 sociétés de production de biodiesel, capables de produire jusqu'à
10,9 milliards de litres/an, soit l'équivalent de la consommation mondiale de 2008.

Le développement américain des biocarburants a pris de l’ampleur en 2007 avec le


programme Renewable Fuel Standard (RSF1). Ce programme fixant des objectifs
d'intégration des biocarburants (en volume) dans les transports traduit la volonté du
gouvernement américain de diversifier les sources d'énergie et de diminuer la
dépendance énergétique vis-à-vis de pays exportateurs d'énergies fossiles.

Deux axes sont développés : renforcer la production de biodiesel et développer


massivement les biocarburants de seconde génération.

Le Brésil : 13,5 Mtep en 2012 (22,5% de la production mondiale)

Le Brésil s'est longtemps classé en tête au niveau mondial car le développement des
biocarburants a été mis en place dès les années 1970. Le plan Proalcool, lancé à
cette époque, avait pour objectif d’ouvrir de nouveaux débouchés au secteur sucrier
en crise. Il s’agit principalement de la production d’éthanol à partir de la canne à
sucre. L’État brésilien a contribué une grande part dans le développement du secteur
des biocarburants.

L’Europe : 10,0 Mtep en 2012 (16,6% de la production mondiale)

Leader mondial sur le marché du biodiesel en 2010, l'Europe est une des régions les
plus motrices après les États-Unis et le Brésil dans la production et l'usage des
biocarburants.

Les dirigeants européens se sont engagés à augmenter la part des biocarburants


dans les transports, passant de 2% en 2010 pour atteindre 10% d’ici 2020. Cet
objectif ambitieux n'est pas sans poser certaines questions, notamment sur la
ressource disponible en biomasse.

Deux pays européens se démarquent du point de vue de la production de


biocarburants : l'Allemagne (2,9 Mtep produits en 2012) et la France (1,8 Mtep).

Unités de mesure et chiffres clés

 En France, le taux d'incorporation global de biocarburants a atteint 6,8% de la


consommation totale de carburant en 2012(3) : 7,0% pour le biodiesel et 5,8%
pour le bioéthanol.
 
 En Amérique du Nord, la production de biocarburants a pour la première fois
dépassé un niveau moyen d'un million de barils par jour(4). Cette production a
plus que doublé entre 2007 et 2011.

Passé et présent

Lorsque l’industrie automobile est née, le pétrole et ses dérivés n’étaient pas encore
très utilisés, les motoristes se tournaient vers le futur biocarburant : Nikolaus Otto a
inventé le moteur à combustion interne. Rudolf Diesel, inventeur du moteur portant
son nom, faisait tourner ses machines à l’huile d’arachide.

Au milieu du XXe siècle, le caractère abondant et peu cher du pétrole entraîne un


désintérêt des industriels pour les biocarburants. Les deux chocs pétroliers (1973 et
1979) provoquent un regain d’intérêt pour les biocarburants pour des questions
stratégiques et économiques. 

Le contre-choc pétrolier de 1986 a réduit l’enthousiasme pour les biocarburants.


Mais en 2000, une nouvelle hausse du prix du pétrole et la nécessité de réduire l’effet
de serre ont incité les gouvernements à multiplier les discours favorables au secteur
des biocarburants. 

Futur

Les biocarburants apparaissent à l’heure actuelle comme une alternative sérieuse


aux carburants traditionnels.

Cependant, ils possèdent actuellement un rendement énergétique « du puits à la


roue » inférieur à celui des sources fossiles (dont on ne comptabilise pas le coût de
fabrication pendant des millions d’années) et leur production est limitée par la
disponibilité des terres. Parmi les prévisions, l’Agence internationale de l’Energie
(l’AIE) estime que les biocarburants pourraient fournir jusqu'à 27% du carburant
utilisé dans les transports dans le monde en 2050(5).

La position des biocarburants dans le futur champ énergétique va principalement


être conditionnée par le développement de la deuxième génération de biocarburants.

Dans le domaine de la production des biocarburants de seconde génération, on


assiste à un effort de recherche et développement sans précédent au niveau
international. Les États-Unis misent sur l'éthanol cellulosique. Le Brésil, premier
producteur mondial d'éthanol, s'y intéresse également. L'Europe, quant à elle, mise
sur les deux voies, éthanol cellulosique et des biocarburants obtenus par voie
thermochimique. Plusieurs unités pilotes fonctionnent déjà et beaucoup sont en
projet. Tout l'enjeu est de produire ces biocarburants à un prix compétitif avec les
meilleurs bilans environnementaux possibles. Compte tenu des verrous
économiques et technologiques qu'il faut encore lever, les installations industrielles
ne devraient pas voir le jour avant 2015/2020.

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