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PM 94.

02 août 1994

Surveillance, auscultation et entretien


des ouvrages maritimes.

Fascicule 1 :
Ouvrages en maçonnerie.

CENTRE D’ETUDES TECHNIQUES


MARITIMES ET FLUVIALES

2, Boulevard Gambetta – B.P. 60039


60321 COMPIEGNE Cédex - Téléphone 03.44.92.60.00 - Télécopie 03.44.20.06.75
S.T.C.P.M.V.N. Laboratoire Régional
de l'Equipement
de Saint-Brieuc

Notice STC PM - n° 94.02 Août 1994

AUSCULTATION, SURVEILLANCE
ET ENTRETIEN DES OUVRAGES MARITIMES
_______

Fascicule 1 :

LES OUVRAGES EN MACONNERIE.

Groupe de Travail :

Jean-Paul BRU ............................. LRPC de Bordeaux


Philippe CHUBILEAU ................... STCPMVN
Jean-François JEZEQUEL........... LRPC de Saint-Brieuc
Xavier LA PRAIRIE ....................... STM Saint-Malo
Jean-Pierre LEVILLAIN ................ LRPC Angers

VU, LE CHEF DU SERVICE

Pierre MONADIER

Diffusion N
SOMMAIRE

Pages

I – PRESENTATION 1

II - GENERALITES - LE DOSSIER D'OUVRAGE 2


II.1 - La maçonnerie.................................................................................................................................................... 2
II.1.1 - La pierre.
II.1.2 - Les mortiers.
II.1.3 - Les liants hydrauliques :
- les ciments
- les chaux
II.2 - Aperçu sur la conception des ouvrages maritimes en maçonnerie............................................................. 8
II.2.1 - Les murs de quai.
II.2.2 - Les ouvrages de défense contre la mer :
- les digues et les jetées
- les perrés
II.2.3 - Les ouvrages de signalisation.
II.3 - Le dossier d'ouvrage ....................................................................................................................................... 16

III - CAUSES ET MANIFESTATION DES DESORDRES 19


III.1 - La pathologie des matériaux de maçonnerie............................................................................................... 19
III.1.1 - L'environnement marin.
III.1.2 - L'altération des mortiers par l'eau de mer.
III.1.3 - L'altération de la pierre et des joints par réaction alcali-granulats.
III.1.4 - L'altération de la pierre.
III.1.5 - La corrosion des parties métalliques.
III.1.6 - Conclusion sur les désordres dus aux matériaux des maçonneries.
III.2 - La pathologie due aux actions mécaniques sur l'ouvrage......................................................................... 26
III.2.1 - Causes possibles de désordres à court terme.
III.2.2 - Causes possibles de désordres à long terme.
III.2.3 - Conclusions sur les causes mécaniques des désordres.

IV - LA SURVEILLANCE 30
IV.1 - Principes généraux de la surveillance ......................................................................................................... 30
IV.1.1 - La surveillance continue.
IV.1.2 - La visite annuelle.
IV.1.3 - L'inspection détaillée.
IV.2 - Les moyens de la surveillance...................................................................................................................... 33
IV.2.1 - Les levés topographiques.
IV.2.2 - La bathymétrie.
IV.2.3 - Les visites subaquatiques par plongeur.
IV.2.4 - Les dégarnissages localisés de l'ouvrage.
IV.2.5 - Les forages dans la maçonnerie et le sol support.
IV.2.6 - Les essais dans les forages.
IV.2.7 - Les autres essais en place.
IV.2.8 - Les essais en laboratoire :
- essais de sols
- essais sur la maçonnerie.
IV.3 - L'instrumentation ........................................................................................................................................... 44
IV.3.1 - Suivi de l'évolution des fissures.
IV.3.2 - Mesure des déplacements latéraux ou verticaux.
IV.3.3 - Mesure des pentes.
IV.3.4 - Mesure des pressions totales et des pressions interstitielles.

V - L'ENTRETIEN DES QUAIS EN MACONNERIE 48


V.1 - Etablissement d'un diagnostic sur l'état de l'ouvrage ................................................................................ 48
V.2 - Le nettoyage..................................................................................................................................................... 49
V.3 - Evacuation des eaux - drainage..................................................................................................................... 50
V.4 - Traitement de la pierre .................................................................................................................................... 50
V.5 - Réfection des joints de maçonnerie.............................................................................................................. 51
V.5.1 - Définition du joint.
V.5.2 - Reconnaissance des dégradations.
V.5.3 - Disjointoiement.
V.5.4 - Rejointoiement.
V.5.5 - Les composants du mortier.
V.5.6 - Les essais sur les mortiers.
V.6 - Protection des fondations par enrochements.............................................................................................. 56
V.7 - Aperçu sur les grosses réparations .............................................................................................................. 56
V.7.1 - Injection des maçonneries :
- Produits d'injection
- Choix du produit d'injection
- Exécution des travaux
V.7.2 - Reprise en sous-œuvre par micropieux.
V.7.3 - Consolidation du sol de fondation par injection.
V.7.4 - Réduction de la poussée du massif de sol arrière.
V.7.5 - Rempiétement devant l'ouvrage :
- rideau de palplanches métalliques
- paroi Berlinoise
- contre mur en béton armé

ANNEXES 66
Annexe 1 - Liste bibliographique sommaire.
Annexe 2 - Contenu du document signalétique de l'ouvrage.
Annexe 3 - Modèle de procès verbal de visite annuelle.
Annexe 4 - Glossaire des termes de maçonnerie
I - PRESENTATION

En France, de très nombreux ouvrages maritimes sont en maçonnerie. Il s'agit d'ouvrages anciens ou très
anciens qui nécessitent de ce fait une surveillance attentive, d'autant qu'ils subissent souvent des sollicitations
pour lesquelles ils n'ont pas été conçus.

Il convient de protéger ce patrimoine considérable dont le rôle économique est évident et dont l'intérêt
esthétique est trop souvent méconnu.

Contrairement au béton qui présente un parement lisse où apparaissent défauts et fissures, il faut déjà une
certaine amplitude des phénomènes pour que des anomalies soient détectables visuellement sur un parement
de maçonnerie, le plus souvent chargé en végétation, dépôts ou animaux divers.

***

Le présent document, destiné aux GESTIONNAIRES D'OUVRAGES, a essentiellement pour objet de décrire
les phénomènes qui peuvent altérer ou ruiner les ouvrages portuaires en maçonnerie, de récapituler les
méthodes qui permettent de détecter et d'analyser ces phénomènes ainsi que les moyens pour éventuellement
y remédier.

L'attention est attirée sur le fait que tout problème de pathologie, lié notamment à l'altération des matériaux, doit
être traité avec l'aide de spécialistes avertis.

L'altération des matériaux, notamment des mortiers, est la source majeure de désordres dans les ouvrages en
maçonnerie à la mer. Un grand nombre de réactions chimiques peuvent être à l'origine de ces désordres,
toutes très complexes, et une faute de diagnostic peut conduire à des dépenses lourdes, éventuellement
inutiles.

Il convient de rappeler que tout liant hydraulique, quelle qu'en soit la nature, sera à plus ou moins longue
échéance l'objet d'une attaque par l'eau de mer et que l'utilisation (obligatoire) de ciments prise mer, même mis
en oeuvre dans les bonnes règles de l'art, n'annule jamais totalement ce risque.

Il faut donc surveiller tous les ouvrages, quels que soient leur âge et la nature des matériaux qui les composent.

***

Les dispositions de la présente notice sont applicables aux ouvrages maritimes dont la structure principale est
en maçonnerie.

Sont donc essentiellement concernés par le présent document, tant dans leur partie structure que fondations,
les murs de quais, les jetées, les digues et les écluses.

Sont concernés également, des ouvrages de moindre importance en volume, tels que bajoyers, cales et perrés,
ainsi que certains ouvrages de signalisation tels que phares ou tourelles.

Sont en revanche exclus les ouvrages en béton (blocs de béton arrimés, béton cyclopéen...).

Pour les ouvrages composés à la fois de maçonnerie et d'autres matériaux (béton...), on pourra appliquer
certaines recommandations ci-dessous aux parties strictement en maçonnerie. Pour les autres parties, se
reporter aux règlements ou documents en vigueur les concernant.

-1-
II - GENERALITES – LE DOSSIER D'OUVRAGE

II.1 - LA MACONNERIE

La maçonnerie est un matériau composite comprenant de gros éléments, blocs, pierres ou moellons, unis en
général par un mortier (figure 1).
Lorsque ce mortier n'existe pas, on dit que l'on a affaire à une maçonnerie de pierres sèches (figures 2 et 3).
Dans tout ouvrage de maçonnerie on distingue deux parties: d'une part, la partie vue et d'autre part, le massif
interne que la partie vue est destinée à protéger (figures 4 et 4 bis).

La partie vue comprend essentiellement :


- en partie supérieure, une voie de circulation parfois appelée plate-forme, composée suivant les cas,
d'un pavage ou d'un dallage et parfois bordée longitudinalement côté mer par un mur ou un muret
surmonté par un couronnement.
- latéralement, le ou les parements.

La maçonnerie constituant les parements, est toujours très "travaillée", avec, dans la plupart des cas, une
recherche esthétique certaine.
Le corps du massif lui-même est composé d'éléments presque toujours moins nobles que ceux du parement et
mis en oeuvre plus grossièrement. Il peut s'agir de pierres ou de moellons hourdés, ou non, au mortier de
ciment ou de chaux. Il peut s'agir également de remblais pierreux, de galets...
Certains ouvrages comportent également des armatures métalliques, enveloppées d'une gaine de mortier, au
moins à l'origine, et destinées à rendre l'ensemble plus monolithe.

Fig 1 - Ouvrage monumental en maçonnerie : la digue de protection de l'entrée d'un port (pierres de taille de
granite avec joints au mortier de ciment côté mer et pierres sèches côté terre). La partie en saillie de la digue
côté mer est dégradée par l'assaut des vagues et elle a dû être protégée par des enrochements.

-2-
Fig 2 - Maçonnerie de pierres sèches taillées.

Fig 3 - Maçonnerie rustique de pierres sèches (blocs et moellons grossiers, calés par des pierres).

-3-
Fig 4 - La dégradation d'un mur de quai permet de visualiser, d'une part la maçonnerie de parement en pierres
de taille jointoyées et, d'autre part, la maçonnerie hourdée intérieure. On distingue deux tiges d'acier destinées
probablement à consolider le parement, préalablement à sa chute.

Fig 4 bis - Le dallage d'un mur de quai. Le monolithisme du mur est assuré par les joints au mortier et par une
découpe adaptée de la pierre de taille (découpe en queue d'aronde).

-4-
La maçonnerie et les pierres qui la composent reçoivent des appellations diverses suivant leur volume, leur
découpe, leur état de surface et leur plan de pose. Toutes ces appellations relèvent de la technologie pure des
maçonneries et leur rappel sort du cadre du présent fascicule (se reporter à la liste bibliographique jointe).

Du point de vue pathologique, qui concerne essentiellement le présent fascicule, ce sont surtout les
composants de la maçonnerie qui doivent être étudiés.

II.1.1 - LA PIERRE

Bien que la pierre soit rarement à l'origine de problèmes pathologiques graves pour les ouvrages maritimes, il
convient de bien caractériser ce composant.

Schématiquement les pierres à bâtir sont issues des trois grandes familles de roches: les roches cristallines,
sédimentaires et métamorphiques.

- Les roches cristallines, appelées aussi roches éruptives.

Elles comprennent essentiellement les granites.

Comme leur nom l'indique ces roches présentent des cristaux (ou grains) visibles. Ces grains sont
constitués de silice (quartz) ou de silico-aluminates (feldspaths, micas).

- Les roches sédimentaires.

Elles comprennent essentiellement les calcaires (à base de carbonate de calcium CO3Ca) dont le
grain est souvent moins visible, voire indécelable à l’œil nu, et les grès, composés de grains le plus
souvent siliceux noyés dans une matrice de nature variable.

- Les roches métamorphiques.

Elles comprennent essentiellement les gneiss, micaschistes et schistes.

Alors que les roches cristallines sont pratiquement isotropes, les deux autres catégories de roches sont plutôt
anisotropes car en général caractérisées par une structure feuilletée plus ou moins apparente.

-5-
II.1.2 - LES MORTIERS.

On appelle mortier un mélange de liant hydraulique (chaux ou ciment), de sable et d'eau.

Un mortier constitué de chaux et de ciment est dit mortier bâtard.

Dans la maçonnerie on distingue d'une part le mortier de hourdage, c'est le mortier qui remplit les vides entre
les gros éléments du massif, et d'autre part, le mortier des joints qui comble les vides entre les pierres et
moellons des parties vues de l'ouvrage.

Le rôle du mortier est double :

- Rôle mécanique.

Il s'agit de donner de la cohésion à l'ouvrage afin de lui permettre de résister aux actions mécaniques
extérieures et notamment à l'effet des vagues (on ne rencontre d'ouvrages en pierres sèches qu'en
zones abritées).

Il s'agit aussi de répartir les efforts de compression entre les pierres afin d'éviter entre elles des
poinçonnements locaux.

- Rôle d'imperméabilisation.

Il s'agit d'éviter ou de limiter les circulations d'eau de mer au sein du massif et de réduire ainsi les
risques d'altération de ce massif dans le temps, notamment du mortier.

Il n'existe à ce jour aucune norme ni recommandation traitant spécifiquement des mortiers des
maçonneries marines, ni de leur élaboration, ni de leur analyse (mortier durci).

II.1.3 - LES LIANTS HYDRAULIQUES.

Dans ce qui suit on se limite à un rappel extrêmement simplifié des caractéristiques principales des liants
hydrauliques.

Pour plus de détails, on devra se reporter aux ouvrages spécialisés et à la réglementation correspondante
(Normalisation Française AFNOR).

Un liant hydraulique est une poudre minérale qui forme avec l'eau une pâte qui fait prise et durcit
progressivement au cours du temps, même sous l'eau (s'opposant ainsi aux liants aériens qui ne durcissent
que dans l'air).

Les liants hydrauliques sont tous à base d'oxyde de calcium CaO qui, en milieu naturel, se trouve sous forme
de carbonate de calcium (ou carbonate de chaux) CO3Ca plus ou moins mélangé à de l'argile.

Les propriétés de ces liants vont varier avec la nature et les proportions des composants auxquels ils seront
mélangés, naturellement ou artificiellement, pour constituer les ciments et les chaux.

-6-
- Les ciments

Les constituants du ciment (constituant principal le clinker, constituants secondaires les laitiers, cendres,
pouzzolanes ...) présentent des propriétés hydrauliques et des propriétés pouzzolaniques :

- Propriétés hydrauliques :

Il s'agit de l'aptitude à former à température ordinaire, même à l'abri de l'air et notamment sous l'eau
des composés stables fortement adhérents entre eux et aux granulats et durcissant avec l'âge.

C'est l'effet de liant proprement-dit.

- Propriétés pouzzolaniques :

Il s'agit de l'aptitude (par exemple pour la rendre volante) à former par combinaison avec la chaux
libre du ciment, en présence d'eau, des composés hydratés stables présentant à leur tour des
propriétés hydrauliques.

Les composants minéralogiques des ciments sont regroupés en deux familles: les silicates et les aluminates de
chaux.

On en donne ci-dessous les composants essentiels :

Composition Moyenne
Formule Abréviation
minéralogiques pour un CPA
Silicate tricalcique 3CaO SiO2 C3S 50 à 65%

Silicate bicalcique 2CaO Si O2 C2S 15 à 30%

Aluminate tricalcique 3CaO Al2O3 C3A 9 à 12%

Aluminate tétracalcique 4CaO Al2O3 C4A -

Alumino-ferrite tétracalcique 4CaO Al2O3 Fe2 O3 C4AF 12 à 9%

Ce sont essentiellement la chaux du ciment,


dans sa forme hydratée Ca(OH)2, l'aluminate tricalcique C3A
et l'aluminate tétracalciqueC4A
qui sont sensibles à l'attaque par l'eau de mer

D'où les CIMENTS PRISE MER dans lesquels la teneur en C3A, par exemple, sera, suivant les cas, limitée à
5 ou 10% (voir chapitre V).

-7-
- Les chaux

Les chaux ne sont pratiquement plus utilisées aujourd'hui mais on les rencontre fréquemment dans les
ouvrages anciens.

Suivant leur teneur en "impuretés", en l'occurrence de l'argile, on distingue la chaux aérienne et la chaux
hydraulique.

La chaux aérienne, ainsi appelée puisqu'elle ne fait prise qu'à l'air, est de l'oxyde de calcium pur (chaux grasse)
ou mélangé à une faible proportion d'argile (chaux maigre).

Ce liant, qui était le seul connu des Romains, ne peut exister que dans les ouvrages maritimes anciens ou très
anciens (approximativement antérieurs aux années 1820 à 1830 et hors d'eau).

La chaux hydraulique, qui comme son nom l'indique a les propriétés hydrauliques définies plus haut c'est-à-dire
qu'elle peut faire prise même sous eau, est de l'oxyde de calcium pouvant contenir jusqu'à 20% d'argile.

Ce liant se rencontre essentiellement dans les maçonneries du 19° siècle et du début du 20° siècle (à titre
indicatif, c'est seulement à partir des années 1920 à 1930 que la production de ciment a dépassé la production
de chaux en France).

II.2 - APERCU SUR LA CONCEPTION DES OUVRAGES MARITIMES EN MACONNERIE

On distingue trois familles principales d'ouvrages maritimes en maçonnerie :

- Les murs de quai.

Ce sont avant tout des ouvrages massifs qui, simultanément au soutien des terres, permettent
l'accostage et l'amarrage des navires.
On peut y adjoindre d'autres ouvrages massifs tels que les écluses qui permettent le passage
d'engins flottants entre deux plans d'eau de niveaux différents.

- Les ouvrages de défense contre la mer.

Il s'agit essentiellement des jetées et des digues encore parfois localement appelées môles. Ces
ouvrages sont en avancée dans la mer.
Leur rôle est essentiellement d'assurer un plan d'eau abrité.
Les digues assurent également parfois un rôle de soutènement des terres, leur conception
s'apparente alors à celle des murs de quais.
Dans cette catégorie on range également les perrés. Ceux-ci ont uniquement un rôle de protection
superficielle des berges.

- Les ouvrages de signalisation maritime tels que phares et tourelles.

-8-
II.2.1 - LES MURS DE QUAI.

Ils sont destinés à permettre aux navires d'accoster et de s'amarrer le long d'une muraille quasi verticale afin de
procéder à des opérations de chargement ou de déchargement.

Ils assurent un rôle de soutènement vis-à-vis des remblais constituant le terre-plein arrière et reprennent les
efforts exercés sur ce terre-plein par les charges statiques et mobiles qui y sont appliquées.

Les murs de quai se distinguent des ouvrages de soutènement classiques par l'importance des surcharges qui
leur sont imposées et surtout par la pénétration de la mer à l'intérieur des remblais qu'ils soutiennent.

- CONSTITUTION DES MURS DE QUAI.

On doit considérer qu'un mur de quai est constitué de l'ouvrage lui-même mais également du remblai situé à
l'arrière immédiat du quai.

Le mur supporte une poussée arrière due, d'une part à ce remblai, et d'autre part à l'eau (eau de mer, eau de la
nappe phréatique ou eau pluviale).

Il existe de très nombreuses variantes dans la constitution des murs de quai. Ces variantes dépendent pour
beaucoup de la période de construction de l'ouvrage et de son exposition à la mer.

Les murs en pierres sèches

En zones abritées, de très nombreux murs, parmi les plus anciens, sont en pierres sèches.

Ils sont constitués de pierres de taille disposées en assises régulières (figure 2) ou non et dont la tenue
peut être améliorée par la découpe des pierres.

Les murs de pierres sèches peuvent aussi être constitués par un empilement de blocs bruts ou
grossièrement taillés, calés par des éléments de dimensions plus réduites (figure 5).

De tels murs de pierres sèches sont particulièrement perméables à la circulation de l'eau.

S'ils ne sont pas soumis à des agressions mécaniques particulières, ils peuvent avoir une durée de vie
qui se compte en siècles.

Les murs en maçonnerie de mortier

Dans leur composition la plus courante, les murs de quai sont en maçonnerie au mortier de ciment ou de
chaux.

Il arrive que dans certains ouvrages seule la partie avant du massif, côté mer, soit à bain de mortier
(épaisseur de l'ordre de un à deux mètres). La partie arrière, comprenant en particulier les redans, est en
pierres sèches (figure 6).

-9-
Fig 5 - Détail de l'assemblage des pierres du mur de quai en pierres sèches de la figure 3. Ce mur est vieux de
trois siècles.

Fig. 6 - Coupe d'un mur de quai dont la partie avant du massif est en mortier de ciment et la partie arrière en
pierres sèches.

- 10 -
Les parements des murs sont généralement en pierres de taille ou en maçonnerie de moellons smillés.

Le massif lui-même est en maçonnerie ordinaire, non appareillée, à bain de mortier.

Les joints du parement sont généralement plats ou en léger creux. Ils sont constitués de mortiers de ciment ou
de chaux, parfois de mortiers bâtards.

Certains murs, réputés imperméables, sont calculés pour résister à une poussée hydrostatique maximale.
D'autres au contraire sont munis de barbacanes et éventuellement d'un massif de drainage, dans le cas de sols
fins, en vue de réduire cette poussée hydrostatique. Le bon fonctionnement du réseau de drainage et de ces
barbacanes devient alors une condition essentielle de la tenue du mur.

Dans quelque configuration que ce soit, la circulation de l'eau à travers le mortier des joints entraîne leur
dégradation et celle des pierres.

- GEOMETRIE COURANTE DES MURS DE QUAI.

La largeur des murs de quai dépend essentiellement de leur constitution: maçonnerie de pierres sèches ou de
mortier.

Le quai de pierres sèches de la figure 3 a une largeur de 6,5 mètres en couronnement et de 30 mètres à la
base pour une hauteur de 8,5 mètres.

Les murs de quai en maçonnerie de mortier ont, à leur base, une largeur comprise entre 40 et 60% de leur
hauteur.

Les murs de quai de ce type qui ont une largeur voisine de 40% de leur hauteur présentent fréquemment des
désordres liés à l'intensification des surcharges qu'on leur fait éventuellement subir.

A sa partie supérieure, un quai en maçonnerie a une épaisseur voisine de 20% de sa hauteur, rarement moins
que 2 à 2,5 mètres (épaisseur nécessaire pour le scellement des organes d'amarrage).

Dans les ports à faible marnage, la plate-forme du mur est en général situé à deux ou trois mètres au dessus
du niveau des plus hautes eaux. Cette hauteur (appelée revanche) est réduite pratiquement à zéro dans les
ports à très forte marée.

Le fruit des murs de quai est très variable d'un ouvrage à l'autre. Il est en général de l'ordre de 1/10, mais peut
se situer entre 1/2 et 1/20.

Dans certains murs de grande hauteur, ce fruit peut être variable suivant la hauteur.

- LES FONDATIONS DES MURS DE QUAI.

La nature et la géométrie des fondations dépendent du sol, des conditions de site (niveau de la mer aux plus
basses eaux) et aussi de l'état d'avancement de la technique au moment de la réalisation de l'ouvrage.

Comme pour tout ouvrage on distingue deux types principaux de fondations :


- les fondations directes sur le sol porteur.
- les fondations indirectes dans lesquelles une structure est interposée entre l'ouvrage proprement dit
et le sol porteur (remblai, pieux, caisson havé...).

Les fondations directes, plus ou moins encastrées dans le sol en place, se rencontrent surtout sur l'estran.
Certains ouvrages sont assis directement sur le rocher qui a pu être dérasé localement. Dans le cas de sol
meuble, l'ouvrage est construit à l'intérieur d'une souille. La profondeur d'encastrement de la fondation dans le

- 11 -
sol est une donnée importante pour la stabilité de l'ouvrage (elle doit être mesurée sans tenir compte des
dépôts lâches éventuellement accumulés devant l'ouvrage). Dans le cas d'une assise sur sol médiocre, un
fascinage ou un platelage de bois a pu être interposé entre l'ouvrage et le sol.

Les fondations indirectes sur pieux de bois, appelés parfois pilots ou picots, ont soit un rôle de report des
charges vers le bon sol sous-jacent (figure 7), soit un rôle d'amélioration du sol en place par densification
(parfois, de fait, les deux rôles sont confondus).

Au XVIII° et au début du XIX° siècle, la maçonnerie était construite sur un platelage de bois portée par les
pieux.

Vers la fin du XIX° siècle, les têtes des pieux étaient enserrées dans un massif de béton grossier sur lequel
était assise la structure en maçonnerie.

Dans les sites où la hauteur d'eau minimale n'excède pas deux à trois mètres environ, une disposition de
construction assez courante a consisté à interposer entre la structure et le sol porteur soit une couche de
remblai soit un béton grossier mis en place à l'intérieur d'un rideau de palplanches ou d'une enceinte de pieux
jointifs (figure 8).

Les palplanches jouent alors également un rôle de parafouille.

Dans certains cas il peut y avoir eu substitution du matériau médiocre en place par un matériau de meilleure
qualité.

Fig 7 - Coupe d'un mur de quai sur pieux de bois.

- 12 -
Fig 8 - Fondation d'un mur de quai sur un matelas de béton
enserré à l'intérieur d'un batardeau de pieux et de palplanches en bois.

Parfois, l'assise de l'ouvrage a été assurée par un empilement de sacs remplis de ciment ou de béton et
grossièrement disposés, probablement par déversement ou avec l'aide de scaphandriers.

- 13 -
II.2.2 - LES OUVRAGES DE DEFENSE CONTRE LA MER.

LES DIGUES ET LES JETEES

Les digues et jetées sont, pour la plupart, des ouvrages qui s'avancent dans la mer et qui protègent un port ou
un chenal contre la violence des vagues.

Alors que les digues sont limitées à ce rôle de protection et parfois de soutènement des terres, les jetées
assurent en outre un rôle de chaussée et d'amarrage côté port pour les navires en cours de chargement ou de
déchargement.

A moins que simultanément elles ne soutiennent des terres, leur mode de fonctionnement est donc différent de
celui des murs de quai puisqu'elles n'ont pas à supporter la poussée latérale d'un remblai mais qu'en revanche
elles subissent directement l'assaut de la mer.

Du point de vue de leur conception, il existe une grande variété de digues et de jetées qui vont d'ouvrages
entièrement en maçonnerie jusqu'aux ouvrages constitués essentiellement de remblais immergés sur leur plus
grande hauteur et dont seul le couronnement peut être en maçonnerie. Ces dernières sont appelées digues à
talus.

Les ouvrages essentiellement en maçonnerie peuvent être à section pleine ou évidée dans la majeure partie de
leur hauteur. Ces ouvrages sont parfois appelés digues verticales par opposition aux digues à talus. Leurs
systèmes de fondations sont les mêmes que pour les murs de quai.

Il existe de nombreux types d'ouvrages particuliers. On en présente deux à titre d'exemple: les digues fondées
sur enrochements et les digues dites de type "Considère" :

Les digues fondées sur enrochements (figure 9).

On les rencontre fréquemment dans les ports en eau profonde :

la partie maçonnerie, verticale ou subverticale, repose sur un remblai d'enrochements déversés sur le fond
lequel a pu être préalablement dragué si le sol en place était trop médiocre pour supporter l'ouvrage.

La partie maçonnerie peut être massive ou au contraire limitée à un simple couronnement du talus
d'enrochements.

La disposition et les dimensions des blocs d'enrochements ainsi que les pentes de talus sont adaptées pour
assurer la stabilité de l'ensemble notamment sous l'action de la houle et des courants.

Dans un même profil en travers, la pente de talus peut être variable avec la profondeur, notamment côté mer.

Dans certains cas, les enrochements sont remplacés par des blocs préfabriqués de béton ou même de
maçonnerie.

- 14 -
Fig 9 - Digue en maçonnerie fondée sur enrochements.

Les digues de type "Considère".

Il s'agit de petites digues verticales à claires-voies (figure 10), généralement assises directement sur le rocher,
avec parfois, lorsque celui-ci ne découvre pas à marée basse, interposition de sacs de béton ou de ciment
immergés.

La rigidité de l'ouvrage est assurée par des fers noyés dans la maçonnerie et par des refends disposés tous les
quatre mètres environ.

Dans certains cas le corps de l'ouvrage est rempli par des maçonneries de pierres sèches. Des barbacanes
sont ménagées en parties inférieures de l'ouvrage.

Fig 10 - Coupe schématique d'une digue Considère.

- 15 -
LES PERRES

Le rôle des perrés se limite à une protection superficielle des talus.

A moins qu'ils n'aient été conçus pour cela, les perrés n'ont aucune action sur la stabilité en masse du talus.

Dans leur configuration classique (figure 11), les perrés maçonnés comportent un parement en maçonnerie de
pierres sèches, au mortier de ciment ou de chaux hydraulique, reposant sur un corroi d'argile ou
éventuellement sur un simple fascinage.

Dans certains cas, l'ensemble est "cloué" au sol par des petits pieux de bois.

Fig 11 - Coupe schématique d'un perré maçonné.

- 16 -
II.2.3 - LES OUVRAGES DE SIGNALISATION.

Il s'agit généralement d'ouvrages massifs de maçonnerie hourdée (figure 12).

Ils sont soumis, de par leur localisation, à des conditions d'agression marine très sévères.

Nombre d'entre eux sont fondés directement au rocher auquel ils sont liés par des aciers ce qui les rend très
sensibles à tout défaut d'entretien.

Fig 12 - Coupe d'une tourelle en maçonnerie

- 17 -
II.3 - LE DOSSIER D'OUVRAGE

LE DOSSIER D'OUVRAGE est constitué par l'ensemble des documents administratifs et techniques
nécessaires pour assurer la gestion de l'ouvrage.

Tout ouvrage important, ou tout ouvrage devant subir des modifications, a fortiori tout ouvrage à problème, doit
avoir un dossier d'ouvrage.

L'objet de ce paragraphe est de présenter le contenu du Dossier d'Ouvrage d'un ouvrage en maçonnerie.

Ce dossier doit permettre :

- de conserver toutes les informations relatives à la genèse de l'ouvrage et à son histoire depuis le
début de sa conception jusqu'à la date de l'état de référence défini ci-dessous.
- de définir l'ETAT DE REFERENCE de l'ouvrage, c'est-à-dire son état à une date donnée, qui sert
d'élément de comparaison à son état réel lors de toute action ultérieure.
- de conserver toutes les informations relatives à la vie de l'ouvrage depuis la date de l'état de
référence.
L'ensemble des documents constituant le dossier d'ouvrage se compose de trois parties appelées sous-
dossiers :

SOUS-DOSSIER 1 : CONCEPTION, CONSTRUCTION, HISTOIRE

Le sous-dossier 1 contient toutes les informations relatives à l'histoire de l'ouvrage jusqu'à la date de l'état de
référence, et notamment celles qui se rapportent à la conception et à la construction.

Ces informations sont acquises une fois pour toutes. Elles doivent être complétées lorsque de nouvelles
informations sont trouvées concernant le passé de l'ouvrage.

Lorsqu'une modification, une réparation ou une opération importante d'entretien spécialisé sont effectuées sur
l'ouvrage, ceci nécessite la définition d'un nouvel état de référence.

Il convient alors de compléter le sous-dossier en y incluant toutes les informations relatives à la vie de l'ouvrage
jusqu'à la date du nouvel état de référence et tous les renseignements relatifs aux travaux que l'on vient
d'exécuter.

SOUS-DOSSIER 2 : L'ETAT DE REFERENCE

Le sous-dossier 2 est le recueil des informations qui permettent de définir l'état de référence de l'ouvrage.

Dans le cas d'un ouvrage neuf, c'est l'état lors de l'achèvement de sa construction dit ETAT ZERO. Ce sous-
dossier n'est pas immuable et il est nécessaire, dans les cas énoncés ci-dessus, de définir à chaque fois un
nouvel état de référence.

C'est lors de l'établissement de l'état de référence que l'on établit le programme des visites détaillées
périodiques (chapitre 4).

L'établissement d'un dossier d'ouvrage est une opération importante qui peut nécessiter la mise en oeuvre de
moyens particuliers au moins pour les ouvrages les plus importants et notamment lors de l'établissement de
l'état de référence.

C'est cet état de référence qui permettra de quantifier correctement l'amplitude des déformations et des
désordres éventuels ainsi que leur évolution dans le temps.

L'agent chargé de l'établissement du dossier d'ouvrage devra avoir de bonnes connaissances en matière de
maçonnerie notamment dans son aspect pathologie, et, si possible, de la géotechnique.

Il devra se faire conseiller par des spécialistes de ces questions.

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SOUS-DOSSIER 3 : LA VIE DE L'OUVRAGE

Le sous-dossier 3 est le recueil des informations relatives à la vie de l'ouvrage depuis la date de l'état de
référence. Il contient notamment les comptes-rendus écrits, graphiques ou photographiques de visites de
surveillance et les documents relatifs aux travaux d'entretien, de réparation ou de modifications effectués sur
l'ouvrage. Ce sous-dossier doit être constamment tenu à jour.

Enfin, le dossier d'ouvrage sera efficient s'il peut être compris par ses lecteurs successifs. Pour cela, l'agent
chargé de son établissement devra s'astreindre à respecter la terminologie en vigueur et, à chaque fois que
possible, à quantifier les paramètres et phénomènes constatés.

Un dossier d'ouvrage complet, c'est-à-dire établi correctement et régulièrement mis à jour par le gestionnaire de
l'ouvrage permet un gain de temps considérable, une bonne connaissance de l'état réel de l'ouvrage et du coût
des opérations d'entretien ou de réparation. Il facilite l'appréciation des désordres éventuels de l'ouvrage.

Le dossier d'ouvrage doit en outre faire l'objet d'une synthèse appelée document signalétique de l'ouvrage.

LE DOCUMENT SIGNALETIQUE DE L'OUVRAGE

Ce document constitue le dossier de travail courant, par opposition au dossier d'ouvrage qui est avant tout un
document de référence normalement archivé.

Le document signalétique rassemble d'une manière condensée les informations d'ordre administratif et
technique et permet, pour la plupart des consultations courantes, d'éviter le recours au dossier d'ouvrage
complet.

On donne en ANNEXE 2 un modèle pour l'établissement de ce document signalétique de l'ouvrage.

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III – CAUSES ET MANIFESTATIONS DES DESORDRES

Du point de vue pathologique on distingue deux types de problèmes :

- Les problèmes liés à la dégradation des matériaux qui constituent la maçonnerie.

Ces matériaux ont pu évoluer dans le temps pour des causes aussi bien mécaniques, que physico-
chimiques.

Ces problèmes sont, pour la plupart, dus à la très forte agressivité du milieu marin, notamment dans
les zones soumises au marnage et aux embruns.

- Les problèmes liés aux actions mécaniques sur l'ouvrage.

Il s'agit des actions directes sur l'ouvrage: les charges de service, les vagues...

Il s'agit aussi de forces qui résultent de modifications dans l'environnement de l'ouvrage


(terrassements devant l'ouvrage, remblaiements à l'arrière...).

Ces problèmes mécaniques sont le plus souvent tributaires des caractéristiques géotechniques des
matériaux situés sous l'ouvrage lui-même ou à son voisinage ainsi que des conditions hydrauliques
régnant autour de l'ouvrage (derrière les murs de quai par exemple).

Il peut y avoir interaction entre ces deux types de problèmes :

o une maçonnerie au mortier dégradé, déjà localement fracturée ou disloquée, sera moins apte à
supporter de nouvelles sollicitations mécaniques,

o un ouvrage fissuré par tassements différentiels sera plus sensible à l'action physico-chimique
de l'eau de mer puisque plus perméable à celle-ci...

Dans ce qui suit, par simplification, on examinera séparément les problèmes de pathologie dus à
l'altération des matériaux et ceux dus aux actions mécaniques sur l'ouvrage.

III.1 - LA PATHOLOGIE DES MATERIAUX DE MACONNERIE.

Les pierres constituant la maçonnerie peuvent être sujettes à dégradation, notamment en parement, mais, sauf
dans le cas de la réaction alcali-granulat (voir ci-dessous), les conséquences en sont rarement graves.

Aussi, la cause majeure pouvant affecter gravement les ouvrages marins en maçonnerie est l'altération, voir la
décomposition, des mortiers par action de l'eau de mer.

III.1.1 - L'ENVIRONNEMENT MARIN.

Le milieu marin présente une agressivité vis-à-vis des matériaux de maçonnerie due, d'une part aux
composants de l'eau de mer, d'autre part au niveau d'exposition à l'ambiance marine des ouvrages ou parties
d'ouvrages.

La composition chimique de l'eau de mer

En bordure des côtes françaises l'eau de mer contient de 35 à 45 grammes de sels par litre.

Ces sels sont à 90% des chlorures de sodium ou de magnésium et 10% de sulfates de magnésium et de
calcium.

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L'eau de mer contient en outre des gaz dont le dioxyde de carbone (CO2) que l'on trouve notamment sous la
forme d'acide carbonique CO2 H2O.

L'eau de mer a un pH alcalin compris entre 7,7 et 8,4 mais, dans les estuaires et dans les ports, le mélange
avec des eaux acides d'origine industrielle ou naturelle (eaux de rivières) peut abaisser le pH de quelques
points.

L'exposition à l'ambiance marine

L'agressivité du milieu marin est plus grande dans les zones de marnage, les zones aspergées ou soumises
aux embruns, que dans les parties constamment immergées des ouvrages.

Elle est également plus élevée dans les régions chaudes que dans les régions froides.

III.1.2 - L'ATTAQUE DES CIMENTS PAR L'EAU DE MER.

Dans ce qui suit, on traite très schématiquement de l'attaque des ciments par l'eau de mer.

Pour de plus amples renseignements, on se reportera à la notice du STCPMVN intitulée "Emploi des ciments à
la mer".

L'attaque des chaux proprement dites, utilisées en tant que liant, s'y apparente directement.

Les composants des ciments vulnérables à l'attaque de l'eau de mer sont la chaux qu'ils contiennent et
l'aluminate tricalcique C3A.

L'aluminate tétracalcique C4A, très vulnérable, est pratiquement exclu des ciments prise-mer.

L'attaque de l'eau de mer peut se faire suivant plusieurs mécanismes rapportés très sommairement ci-dessous:

a) L'attaque de la chaux contenue dans le ciment.

Lors du phénomène de la prise, c'est-à-dire au cours de l'hydratation (fixation de l'eau), les silicates donnent
naissance à des silicates hydratés et libèrent de la chaux appelée en conséquence "chaux libre" CaO.

Cette chaux libre s'hydrate elle-même pour former l'hydrate de chaux Ca(OH)2 qui est soluble dans l'eau.

Deux possibilités se présentent alors :

- l'hydrate de chaux passe en solution dans l'eau de mer sans réagir. Il en résulte un vieillissement du
mortier par accroissement de sa porosité.

- l'hydrate de chaux réagit en formant selon les cas des composés nouveaux :

o soit insolubles. C'est le cas de l'action de l'acide carbonique de l'eau de mer CO2 H2O qui forme
une couche protectrice de carbonate de calcium CO3Ca.

o soit solubles. C'est le cas de l'attaque par les chlorures et les sulfates de l'eau de mer.

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On donne ci-dessous quelques exemples de réactions possibles:

- avec l'acide chlorhydrique HCl, formation de chlorure de calcium CaCl2 soluble.

- avec le chlorure de magnésium MgCl2, formation d'un précipité Mg(OH)2 et de chlorure de calcium
soluble.

- avec les sulfates, par exemple le sulfate de sodium SO4Na2, formation soit d'un produit soluble, la
soude NaOH, soit d'un produit solide gonflant, le gypse SO4Ca 2H2O.

b) L'attaque de l'aluminate tricalcique C3A

Il peut s'agir d'une attaque directe du C3A par les sulfates de l'eau de mer pour donner du sulfo-aluminate
tricalcique ou SEL DE CANDLOT, encore appelé ETTRINGITE.

Il peut s'agir aussi d'une poursuite des réactions précédentes pour conduire à différents composés dont encore
le Sel de Candlot.

A l'état sec, ce composé se présente sous une forme poudreuse.

A l'état humide, il se présente sous la forme d'une pâte blanchâtre très caractéristique. C'est un produit très
expansif en présence d'eau. Sa détection dans une maçonnerie est donc l'indice d'une très grave attaque de la
maçonnerie, déjà profonde ou en voie d'extension.

On peut résumer très grossièrement le processus de dégradation des mortiers de la manière suivante:

A chaque fois qu'il y a production d'un produit soluble,


il y a augmentation progressive de la porosité du mortier donc altération
des propriétés mécaniques et augmentation de la surface
de contact "mortier/eau de mer".

A chaque fois qu'il y a production d'un composé gonflant il y a


désagrégation du mortier tout d'abord en parement puis, peu à peu,
au sein du massif, entraînant un gonflement de l'ouvrage pouvant
conduire à sa dislocation puis à sa ruine totale.

Le phénomène d'altération du mortier de hourdage et des joints se manifeste de plusieurs manières suivant la
nature du mal et le degré d'avancement du processus:

- désagrégation progressive du joint qui devient rêche au toucher en raison du dégarnissage du ciment
autour du sable (figure 13). Le phénomène peut se poursuivre de proche en proche en profondeur
jusqu'à la disparition totale du joint puis attaque du mortier de hourdage sous-jacent.

- apparition d'efflorescences blanchâtres ou de concrétions sur le parement (figure 14). Il s'agit de


dépôts (sels, éléments fins et notamment calcite) résultant de la cristallisation ou de l'évaporation
d'eau chargée provenant de l'intérieur du massif et indice d'une attaque interne plus ou moins
profonde.

- dans un stade ultérieur, gonflement de la maçonnerie en surface et en parement et risque de


désagrégation partielle ou totale si on laisse le phénomène se développer (figure 15).

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Fig 13 - Joint de mortier de ciment avec sable de mer contenant des coquillages. La présence des coquillages
accroît la vitesse d'altération du mortier.

Fig 14 - Concrétions sur le parement d'un quai, indice d'une attaque interne du mortier par l'eau de mer.

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Fig 15 - Gonflement latéral et vertical d'un mur de quai suite à une attaque du mortier par l'eau de mer
(génération de sels de Candlot).

III.1.3 - L'ALTERATION DE LA PIERRE ET DES JOINTS PAR REACTION ALCALI-GRANULATS

C'est une réaction entre des éléments alcalins du ciment, des adjuvants (principalement les oxydes de sodium
et de potassium) et de l'eau de gâchage et certaines variétés de silice mal cristallisée des granulats en
l'occurrence du sable, du mortier ou de la pierre de la maçonnerie elle-même.

Cette réaction alcali-granulats peut se développer de façon autonome ou en relation avec l'attaque classique du
mortier par l'eau de mer décrite ci-dessus.

On peut considérer deux cas :

- la réaction alcali-silice proprement dite. Elle se produit entre les alcalins et la silice de certaines
roches (par exemple certaines variétés de granites, de schistes, de gneiss, de quartzites,...) et conduit
à la formation de gels expansifs entraînant la fissuration du mortier, sa décomposition voire la
décomposition de la pierre en contact.

- la réaction alcali-carbonate. Cette réaction se produit avec des calcaires dolomitiques (c'est-à-dire
contenant de la magnésie). Elle conduit à la décohésion de l'interface pâte du liant-granulat par
dissolution superficielle du granulat et à la fissuration du mortier.

Ce phénomène est difficile à déceler dans sa phase initiale.

A un stade avancé, il se manifeste par l'apparition de fissures dans le mortier des joints.

Dans certains cas particuliers, lorsque les alcalins s'attaquent à la pierre, celle-ci se désagrège au contact du
joint puis peu à peu dans sa masse. Ce dernier phénomène semble cependant relativement rare pour les
ouvrages maritimes.

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III.1.4 - L'ALTERATION DE LA PIERRE DUE AU MILIEU MARIN.

L'altérabilité d'une pierre dépend essentiellement de l'altérabilité spécifique de chacun des minéraux qui la
composent, de sa structure et notamment de la dimension et de la répartition de ces minéraux .

Une roche à gros grains ou comportant des alternances de couches de duretés différentes (roches stratifiées
d'origine sédimentaire ou métamorphique) sera plus sensible à l'altération qu'une roche à grains fins et
homogènes (figure 16).

La présence d'inclusions minérales, pyrite par exemple, peut réduire les caractéristiques mécaniques et offrir
des cheminements préférentiels à tous les agents agressifs.

La solubilité de certains minéraux tels que les carbonates ou certains feldspaths peut jouer un rôle important
dans le processus d'altération.

L'altération peut aussi être favorisée par un mauvais travail de la pierre: mauvais choix en carrière, méthode
d'extraction ou de taille défectueuses provoquant en particulier une fissuration artificielle, et à des erreurs de
mise en oeuvre notamment de pose.

Fig 16 - Altération de pierres de taille dans la zone des embruns. Les pierres d'origine schisteuse sont
attaquées alors que, en partie supérieure du mur, les pierres granitiques sont intactes.

Les agents entraînant l'altération des pierres sont de plusieurs origines :

- l'environnement organique.

De nombreux organismes vivants peuvent attaquer la pierre (et a fortiori les joints de la maçonnerie).

Il peut s'agir de bactéries ou de végétaux tels que algues, lichens ou mousses. Il s'agit aussi
d'animaux marins qui sont pour la plupart aussi bien lithophages que xylophages et qui peuvent
perforer des trous de plusieurs centimètres même dans la roche dure. Citons les saxicaves,
lithodomes, berniques ...

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- l'environnement climatique.

En France la durée des périodes de gel, la fréquence des cycles gel-dégel et l'amplitude des
variations de températures ne sont pas telles que leur incidence en soit déterminante sur l'altération
de la pierre. Ces éléments interviennent plutôt comme des paramètres aggravants que déterminants.
Il convient cependant de citer le cas particulier des roches litées dont les feuillets sont disposés
verticalement, plus sensibles, toutes choses égales par ailleurs, que les mêmes matériaux dont les
feuillets sont disposés horizontalement (figure 16).

- l'environnement marin proprement-dit.

Il s'agit surtout de l'action mécanique des vagues qui, outre une dislocation de la maçonnerie, peut
provoquer une usure de la pierre notamment par abrasion en raison de la présence possible
d'éléments solides dans l'eau (sables, galets).

L'altération est relativement rare pour les granites. Pour cette roche les facteurs d'altération sont liés surtout à
la dimension des grains. L'altération se manifeste à l'origine par un changement de couleur, les zones altérées
prenant des teintes plus "chaudes" (oxydation des micas...) puis, très lentement, désagrégation superficielle
puis en profondeur de la pierre.

L'altération se manifeste plus fréquemment dans certains schistes ou dans les calcaires. Elle peut être aussi
d'origine bactérienne ou fongique. Pour les calcaires on distingue essentiellement deux maladies: l'alvéolisation
et la desquamation. Il s'agit de maladies superficielles (alvéoles ou plaques) mais qui se propagent de proche
en proche au fur et à mesure que s'élimine la partie superficielle atteinte.

III.1.5 - LA CORROSION DES ARMATURES, BARRES, CABLES OU TIRANTS D'ANCRAGE.

La corrosion des aciers est importante dans les zones où filtre l'eau de mer et ceci même si, lors de leur mise
en place, les aciers ont été préalablement enrobés d'une barbotine de ciment.

La corrosion se manifeste aussi dans la zone au-dessus du niveau des plus hautes eaux. Dans cette zone, plus
oxygénée que dans les autres parties de l'ouvrage, l'eau monte par capillarité et, en s'évaporant, elle favorise la
concentration de sels qui attaquent les aciers.

La traversée du parement par tout élément de métal est une zone délicate devant être contrôlée de près car il
peut se produire un effet "de mèche" qui favorise la pénétration des sels dans le massif au fur et à mesure que
se développe la corrosion.

Enfin tout contact acier-bois de chêne, pourtant fréquent dans les échelles, doit être proscrit à la mer. Le chêne
contient un acide, l'acide gallique, qui en présence d'eau provoque la pourriture du bois et la corrosion de l'acier
à son contact.

III.1.6 - CONCLUSION SUR LES DESORDRES LIES A L'ALTERATION DES MATERIAUX DE LA


MACONNERIE.

Bien que tous les matériaux constituant une maçonnerie puissent être l'objet de phénomènes
pathologiques, l'altération des mortiers constitue le phénomène le plus redoutable, au moins si elle
conduit à des composés gonflants.

Après s'être assuré par des études sérieuses (voir Chapitre IV) de la réalité du mal, des mesures
drastiques sont nécessaires si l'on veut sauver les parties saines du quai : enlèvement des parties
atteintes puis réfection suivant les bonnes règles de l'art.

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III.2 - LA PATHOLOGIE DUE AUX ACTIONS MECANIQUES SUR L'OUVRAGE.

Cette pathologie se manifeste le plus souvent par une déformation des profils en long et en travers de
l'ouvrage, accompagnée en général par une fissuration, voire une fracturation complète de l'ouvrage, pierres
incluses éventuellement (figure 17).

Fig 17 - Fracturation d'une digue en maçonnerie sous l'effet de tassements différentiels.

Fig 18 - Effondrement local du parement d'un ouvrage.

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Si le phénomène se poursuit les dégradations peuvent s'accentuer rapidement, notamment en fonction des
conditions de site, allant jusqu'à des décollements de parement, à l'apparition de cavités et à des
effondrements locaux (figure 18).

Les origines de ces désordres sont classés ci-dessous en deux catégories suivant que leurs manifestations
sont, soit relativement récentes (désordres à court terme), soit, au contraire, qu'il s'agisse d'une évolution très
lente, étalée sur plusieurs années voire plusieurs dizaines d'années (désordres à long terme).

III.2.1 - LES CAUSES POSSIBLES DE DESORDRES A COURT TERME.

Toute modification apportée à l'ouvrage lui-même ou à son environnement peut conduire à des désordres à
court terme.

Aussi aucune modification significative ne doit être entreprise sans analyse préalable de ses incidences
possibles.

Parmi les causes les plus courantes pour les murs de quai, on peut citer de manière non-limitative :

- Une modification de la poussée hydrostatique derrière l'ouvrage.

Ceci peut résulter de travaux divers ou tout simplement de fonctionnement défectueux des
barbacanes ou de tout système de drainage.

- Une modification des surcharges verticales sur l'ouvrage lui-même.

Lorsqu'une surcharge temporaire très importante est prévue, par exemple patins de grue, la zone de
chargement à éviter en priorité est l'arrière immédiat du quai (ceci provoquerait une augmentation de
la poussée sur l'ouvrage). Il est préférable, en règle générale, de placer les appuis directement sur
l'ouvrage lui-même ou, sinon, le plus en arrière possible.
Si l'ouvrage est en bon état et s'il n'est pas fondé sur pieux, une étude du sol support doit permettre
d'évaluer le risque encouru avec une marge d'erreur acceptable.
Si l'ouvrage est fondé sur pieux, l'estimation du risque est très difficile, pour ne pas dire impossible,
car il n'existe aucun moyen véritable d'évaluer l'état des pieux en place, ni même leur position ou leur
nombre.

- Une augmentation de la poussée sur l'ouvrage suite à un remblaiement défectueux (rebouchage de


tranchées après travaux).
Le remblai mis en place doit être frottant, si possible compacté et perméable afin de limiter la poussée
hydrostatique.
Veiller à respecter les conditions de filtre afin d'éviter la perte ultérieure de matériaux par
entraînement par les eaux en mouvement.

- Une augmentation des charges sur le terre-plein arrière notamment en cas de mise en place de
remblais permanents.
Cette opération peut entraîner une modification de la poussée sur l'ouvrage et surtout accroît le risque
de glissement en masse avec cisaillement des pieux éventuels.
Une étude géotechnique complète préalable du site est nécessaire. Cette étude ne doit pas se limiter
à l'ouvrage mais doit prendre en compte l'ensemble de la zone susceptible de glisser.

- L'enlèvement de matériaux devant l'ouvrage suite à des dragages ou à l'action du jet des hélices des
navires.
Ceci provoque une diminution de la butée devant l'ouvrage, (la plupart du temps heureusement
négligeable) et peut induire une modification des conditions d'écoulement des eaux pouvant entraîner
renard ou érosion régressive sous la fondation.
Le risque de glissement en masse, accompagné d'un cisaillement des pieux éventuels, devient
également possible.

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- La réalisation de travaux au voisinage des ouvrages.
Les procédures doivent être adaptées afin de limiter les risques. Par exemple éviter d'augmenter les
contraintes latérales sur l'ouvrage: préférer les pieux-tubes ouverts plutôt que les pieux "sabotés"...
Eviter les vibrations si les sols sont susceptibles de se liquéfier (sables lâches).
Préférer le battage au mouton à chute libre ou au marteau à cadence lente plutôt que le vibrofonçage.

III.2.2 - LES CAUSES POSSIBLES DE DESORDRES A LONG TERME.

On distingue principalement:

- Les tassements de l'ouvrage dus à la consolidation ou plus généralement à un fluage d'une couche
de sol sous-jacente.

Il s'agit généralement d'une couche de matériaux argileux soumise à un niveau de sollicitation


excessif.

- L'altération au cours du temps d'un matériau support d'ouvrage, généralement d'un matériau d'apport
(remblai immergé servant d'assise par exemple à une digue...).

Ce peut être également l'altération d'un matériau en place mis à nu par une opération de dragage.

- L'effet de fatigue dû à l'action de la houle ou du marnage.

Sont concernés surtout les matériaux sableux peu compacts saturés faiblement confinés (par
exemple situés sous le pied du talus d'un remblai immergé). Il s'agit là de phénomènes de type
liquéfaction. L'analyse de ces phénomènes est toujours difficile et nécessite des études
géotechniques complexes qu'il convient cependant d'entreprendre avant de décider d'une solution
éventuelle de confortement.

- La diminution de la portance des fondations par enlèvement des sols (érosion, affouillements,
dragages...) devant les ouvrages.

Cette diminution de portance résulte la plupart du temps d'une diminution de l'encastrement de la


fondation dans le terrain.

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III.2.3 - CONCLUSIONS SUR LES CAUSES MECANIQUES DE DESORDRES.

De très nombreux ouvrages de maçonnerie présentent des fissures ou fractures d'origine mécanique et
ceci depuis de très nombreuses années, sans que pour autant l'ouvrage soit hors service.

Ces fissures ou fractures fragilisent l'ouvrage et, suivant leur degré d'importance, elles peuvent annoncer
des désagréments plus grands à plus ou moins brève échéance.

De plus, elles sont inesthétiques.

Il est très difficile de définir a priori un seuil au delà duquel une réparation est indispensable.
Ce seuil est à déterminer au cas par cas, après étude.
On peut être assez tolérant pour les zones abritées.
Il faut être beaucoup plus vigilant pour les zones soumises à l'assaut des vagues et notamment dans les
parties saillantes du tracé des ouvrages.

En fait, la cause majeure de désordres graves, d'origine mécanique, est le GLISSEMENT EN MASSE
(grand glissement) sous l'action de chargements à l'arrière ou de terrassements intempestifs en pied
d'ouvrage.

Il faut être particulièrement vigilant pour éviter ce phénomène, surtout pour les ouvrages fondés sur
pieux.

Dès qu'une amorce de glissement en masse se manifeste, il faut, sur l'heure, supprimer l'origine possible
du mouvement (enlever les charges à l'arrière et remblayer à l'avant).

- 30 -
IV – LA SURVEILLANCE

IV.1 - PRINCIPES GENERAUX DE LA SURVEILLANCE.

On distingue trois niveaux de surveillance :

- la surveillance continue.

- la visite annuelle.

- l'inspection détaillée.

Ces trois niveaux de surveillance présentent un caractère progressif dans l'importance des moyens mis en
oeuvre.

IV.1.1 - LA SURVEILLANCE CONTINUE.

Elle concerne l'état apparent de l'ouvrage et fait appel uniquement à une observation visuelle et inopinée par
tout agent qui constatant une modification de l'ouvrage ou de son environnement (par exemple cas de
déformations anormales du profil en long, la présence d'une surcharge anormale sur le terre-plein...) la signale
au service gestionnaire par une constatation datée, reportée par écrit et qui doit être classée dans le dossier
d'ouvrage. Cette surveillance ne nécessite pas systématiquement la rédaction d'un rapport.

IV.1.2 - LA VISITE ANNUELLE.

C'est une visite programmée.

Elle est effectuée par un agent compétent éventuellement accompagné d'une équipe placée sous sa
responsabilité.

Cette visite comporte essentiellement un examen visuel de l'ouvrage et de son environnement. Si nécessaire,
elle peut être complétée par le recours à des moyens d'usage courant tel que topographie, photographie ou
mise en oeuvre de matériels de mesure simples tels que fil à plomb, nivelles, fissuromètres...

A l'issue de cette opération, l'agent responsable de la visite rédige un PROCES VERBAL DE VISITE
ANNUELLE suivant le modèle donné en ANNEXE III.

Ce procès verbal doit être visé par le responsable du Service Gestionnaire qui le complète par un avis sur l'état
de l'ouvrage et des propositions quant aux suites à donner.

Observations lors de la visite annuelle

Il convient bien entendu dans les ports à marée de procéder à l'examen à marée basse en période de vives
eaux après avoir libéré l'ouvrage au préalable (ainsi que éventuellement son terre-plein).

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On examinera successivement les points suivants :

La géométrie d'ensemble.

Toute anomalie géométrique doit être repérée par rapport au repère propre de l'ouvrage, et représentée sur la
vue d'ensemble de l'ouvrage à une échelle convenable (1/50 ou 1/100). Il est nécessaire d'en réaliser des
photographies qui seront dûment répertoriées et classées, au moins si des modifications importantes sont
intervenues depuis la précédente visite annuelle.

Dans le profil en long de l'ouvrage, on distinguera les enfoncements verticaux (généralement dus à un
tassement du sol), ou les soulèvements (presque toujours dus à des problèmes au sein de la maçonnerie).

Dans les zones les plus déformées on relèvera les profils du parement en s'aidant d'un système à fil vertical
fixé en tête à une potence réglable latéralement et tendu par une forte gueuse, surtout si l'examen se fait
partiellement ou totalement sous eau. Indiquer si la déformée correspond à un bombement ou un
décrochement. Le bombement sera généralement l'indice d'un gonflement interne de la maçonnerie. Le
décrochement, plus fréquent dans les soutènements, sera généralement l'indice d'une faiblesse mécanique de
l'ouvrage (sous l'action d'une poussée locale excessive, par exemple).

Pour les terre-pleins, repérer les anomalies de surface en indiquant leur distance à l'ouvrage. Les
enfoncements peuvent signifier soit des tassements, soit une perte de matériaux sous l'effet d'écoulements
d'eau...

Plus à l'arrière, l'apparition de flaches ou de fissures dans le terre-plein pourra signifier un déplacement latéral
du mur ou la perte de matériaux (ne pas confondre avec des fissures de retrait).

Pour les ouvrages exposés à l'assaut des vagues, il conviendra de concentrer son attention sur la partie
saillante du tracé qui est la plus sensible.

Les écoulements d'eau.

Il convient de vérifier le bon fonctionnement des barbacanes et de noter à marée basse les éventuelles venues
d'eau (localisation et intensité) dans l'ouvrage et dans le sol éventuellement découvert devant l'ouvrage. Dans
certains cas un examen de l'intérieur des barbacanes par miroir et lampe de poche peut permettre une
visualisation de l'intérieur du massif.

Les matériaux du parement.

L'examen visuel de la pierre permettra de relever toutes les anomalies ou maladies signalées plus haut
(alvéoles, plaques d'altération, perforations, fissuration...).Il pourra être complété par des tests de choc. Un
choc dur sera l'indice d'une pierre saine généralement bien liée à la masse. Un choc assourdi sera l'indice
d'une pierre altérée ou plus généralement mal hourdée.

Les fissures et fractures doivent être photographiées et relevées sur des croquis cotés en indiquant en
particulier si elles suivent les joints ou si elles englobent également certaines pierres (une fissure a une
dimension millimétrique et ne concerne pas la masse de l'ouvrage une fracture a une dimension centimétrique
et peut pratiquement traverser le profil de part en part). Leur ouverture doit être mesurée en des endroits bien
repérés, cette mesure pouvant s'effectuer à l'aide d'appareillages simples qui seront décrits plus loin. Il convient
si possible de sonder ces fissures et fractures, par exemple à l'aide d'un réglet, afin d'en mesurer la profondeur
et de se faire une idée de l'état du mortier au sein du massif.

L'examen des lèvres des fissures peut aussi être instructif car il peut révéler soit un écartement (c'est une
traction : indice d'un gonflement) soit un glissement (c'est un cisaillement: indice de tassements différentiels).

L'examen des joints est une phase importante de la visite.

- 32 -
Dans certains cas il conviendra de faire tomber localement ces joints, même en bon état (puis de les remplacer
immédiatement en respectant les règles de l'art) afin d'examiner l'état de ces joints sur la cassure ainsi que la
nature et l'état du mortier sous-jacent.

L'examen visuel permet rarement de déterminer si un mortier est de chaux ou de ciment, surtout s'il est altéré.
La réaction à l'acide ne permet pas toujours cette détermination et seule l'analyse chimique lèvera toute
ambiguïté.

Le sol et les enrochements devant l'ouvrage.

Noter les pertes de matériaux et leur localisation ainsi que toute dislocation ou changement de pente des
massifs d'enrochement de protection.

Sonder toute cavité pouvant apparaître sous l'ouvrage et notamment tout dégarnissage des pieux éventuels.
Une décompression des sols en place devant l'ouvrage peut être l'indice d'une amorce de renard (ne pas
confondre avec des dépôts récents très lâches).

Les apparaux et ouvrages annexes.

Terminer l'inspection en relevant l'état des apparaux et ouvrages annexes ainsi que l'état de glissance des
parties circulées et notamment des cales de mise à l'eau (glissance provoquée par la présence d'algues vertes,
mousses, lichens, etc.)

IV.1.3 - L'INSPECTION DETAILLEE.

L'inspection détaillée peut être périodique lorsqu'il s'agit d'étudier l'évolution de l'ouvrage au cours du temps
notamment en comparaison de son état de référence.

Elle peut aussi revêtir un caractère exceptionnel lorsqu'il s'agit par exemple de définir un nouvel état de
référence de l'ouvrage ou lorsque, à l'issue de la visite annuelle, des désordres graves ont été détectés.

L'inspection détaillée est effectuée par le gestionnaire de l'ouvrage accompagné par les spécialistes qu'il a
désignés et sur le programme que ceux-ci lui ont préalablement proposé.

Un procès-verbal d'inspection détaillée est établi à la suite de ces opérations. Il comprend les rubriques
suivantes :
1. Identification de l'ouvrage
2. Caractéristiques générales
3. Vie de l'ouvrage
4. Conditions de l'inspection
5. Constatations
6. Mesures, essais, reconnaissances effectuées
7. Documents graphiques, photographiques
8. Interprétation détaillée de toutes les observations effectuées
9. Conclusions.

Les conclusions du procès-verbal peuvent conduire à la réalisation d'études en vue d'émettre un diagnostic sur
l'état réel de l'ouvrage, d'évaluer les risques encourus si des défauts nouveaux ont été relevés puis, si
nécessaire, d' établir un projet de confortement.

L'inspection détaillée peut déboucher sur une instrumentation de l'ouvrage permettant une surveillance
continue, voire la mise en place de systèmes d'alarme.

- 33 -
IV.2 - LES MOYENS DE LA SURVEILLANCE.

En plus des moyens classiques dont il dispose couramment (topographiques, photographiques, petits matériels
de mesure tels que niveau de maçon, nivelle LPC, systèmes de suivi des fissures...), le gestionnaire de
l'ouvrage peut être amené à recourir à des moyens d'auscultation ou de mesure spéciaux que l'on va décrire ci-
dessous.

Ces moyens concernent surtout l'inspection détaillée.

IV.2.1 - LES LEVES TOPOGRAPHIQUES.

Lorsque ces levés ont pour objet d'établir l'état de référence de l'ouvrage, il est nécessaire de repérer certains
points caractéristiques de l'ouvrage au millimètre près.

Ceci nécessite la plupart du temps le recours à un spécialiste.

Le travail du spécialiste est aussi de mettre en place les repères nécessaires pour le suivi de l'ouvrage, repères
qui doivent répondre à plusieurs impératifs:

- Ils doivent être placés en des points dont les mouvements sont représentatifs des mouvements de
l'ouvrage.

- Ils doivent être matérialisés par une cible adaptée à la mesure à effectuer et leur pérennité doit être
assurée (choix d'un matériau inoxydable, fixation robuste sur l'ouvrage par scellement profond). Afin
de pouvoir être remplacée en cas de détérioration, la cible doit être repérée par des traits gravés dans
la pierre.

De plus, il faut mettre en place le ou les REPERES FIXES hors de l'emprise de l'ouvrage qui serviront de
référence pour déterminer les mouvements absolus ultérieurs (affleurements rocheux, tubes scellés au
substratum...).

IV.2.2 - LA BATHYMETRIE.

Dans la plupart des ports existent actuellement des moyens sophistiqués pour lever les fonds et effectuer
l'étude bathymétrique des sites.

Ces mesures doivent être utilisées également dans le cadre de la surveillance des ouvrages: la variation des
caractéristiques d'un chenal la puissance croissante des motorisations et les propulseurs d'étrave peuvent avoir
des conséquences importantes sur les protections ou les fondations d'un ouvrage.

Cependant il convient de ne pas négliger les moyens rustiques classiques tels que perche et sonde à plomb
bien utiles aux abords immédiats des ouvrages notamment dans l'embarras des enrochements de protection.

Pour les écho-sondeurs on utilisera des matériels dont la précision sera d'au moins 1% dans la gamme de
mesure 0/15 mètres ce qui correspond à une erreur de +/- 15 cm.

Le repérage du positionnement en plan sera effectué avec une précision de l'ordre du mètre.

Le recours au sonar latéral peut également être utile pour obtenir un relevé latéral des parties immergées des
ouvrages. Toutefois l'interprétation de ces images est assez délicate et il est prudent de les compléter par des
reconnaissances par plongeurs.

- 34 -
IV.2.3 - LES VISITES SUBAQUATIQUES PAR PLONGEURS.

L'intervention des plongeurs (plongeurs autonomes ou scaphandres lourds) est nécessaire -en particulier lors
des inspections détaillées- pour la visite des parties constamment immergées des ouvrages.

Le recours à de tels moyens implique le respect impératif du décret N° 90.277 du 28 mars 1990 publié au
Journal Officiel du 29 mars 1990 et des ses textes d'application, réglementant l'ensemble des travaux
subaquatiques.

Pour être efficace, le travail des plongeurs doit s'effectuer à partir d'un plan de travail précis bien défini à
l'avance. A ce sujet on se reportera utilement à la note de la Direction des Routes et de la Circulation Routière
en date du 25 Septembre 1978 intitulée "Recommandations pour l'exécution des visites par plongeurs
autonomes".

On en rappelle les éléments essentiels (figure 19) :

- l'inspection de la surface de l'ouvrage se fait par bande dont la largeur, qui sera fonction de la
visibilité, ne devra en aucun cas dépasser un mètre.

- tous les profils relevés et les observations seront repérés en plan et en niveau par rapport à des
repères connus.

- l'intervention fera l'objet d'un rapport indiquant :


o la nature des terrains et des matériaux observés.
o l'état de conservation des ouvrages et des éléments constituants.
o la position, l'importance et la cause possible des désordres décelés.

Ce rapport comprendra des dessins cotés établis à l'échelle 1/50 ou 1/100 et complétés en cas de découverte
de désordres graves par des croquis permettant de déterminer l'état de la partie immergée de l'ouvrage.

Dans les zones portuaires, le travail des plongeurs sera souvent limité par la turbidité de l'eau. Il est cependant
possible d'examiner ponctuellement la paroi de l'ouvrage en interposant devant celle-ci un dispositif rempli
d'eau claire.

Dans tous les cas de reconnaissance subaquatique, la prise de photographies ou mieux l'utilisation de moyens
vidéo sont recommandées avec repérage explicite de la position des vues.

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Fig 19 - Programme d'auscultation d'un ouvrage lors d'une visite subaquatique

IV.2.4 - LES DEGARNISSAGES LOCALISES DE l'OUVRAGE.

Les dégarnissages ont pour objet de mettre à nu des parties de l'ouvrage qui sont normalement cachées.

Tout dégarnissage, notamment au pied de l'ouvrage, est une opération à risque pour l'ouvrage lui même et
pour le personnel qui va devoir l'expertiser. Il ne doit donc être réalisé qu'en cas de nécessité.

Un dégarnissage doit donc être judicieusement programmé, mené correctement et surtout localisé dans
l'espace et dans le temps.

A l'issue de l'opération, il convient de remettre les choses en l'état en respectant les bonnes règles de l'art
(nature des matériaux, compacité, conditions de filtre pour éviter les entraînements ultérieurs par circulation
d'eau ...).

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On distingue deux cas (figures 20 et 21) :

• le dégarnissage à l'arrière des soutènements.

Cette opération a pour but d'étudier la géométrie et l'état de la maçonnerie, le système de drainage et le
sol à l'arrière des soutènements.

Ne pas omettre le blindage de la fouille conformément à la législation en vigueur (titre IV du décret du 8


Janvier 1965).

• le dégarnissage devant l'ouvrage.

Cette opération a généralement pour but d'examiner l'ouvrage dans sa partie fondations notamment
pour l'étude de l'état des pieux éventuels, des rideaux en palplanches...

La souille sera blindée au fur et à mesure du creusement et réalisée par les moyens habituels, à la
main, à la pelle mécanique ou à la benne preneuse.

L'utilisation sous eau de la lance à eau ou d'une aspiratrice à air comprimé, théoriquement possible
dans les sols meubles, se fera avec précaution afin d'éviter les affouillements.

Les dimensions de la souille seront à définir au cas par cas, surtout pour les soutènements, en prenant
en compte la coupe de l'ouvrage, la nature du sol, le régime hydraulique notamment en relation avec le
marnage et la sécurité probable en terme de stabilité au glissement et au renversement.

Il sera en général inutile de lui donner une longueur, (Parallèlement à l'ouvrage), de plus de un à deux
mètres dans sa pleine profondeur.

Fig 20 - Dégarnissage à l'arrière d'un mur de quai.

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Fig 21 - Dégarnissage à l'avant d'un mur de quai sur pieux.
Examen par plongeur équipé d'un système vidéo.

IV.2.5 - LES FORAGES DANS LA MACONNERIE ET LE SOL SUPPORT.

Les campagnes de sondages et d'essais sont en général complexes et onéreuses. Elles ne doivent être
entreprises qu'en cas de nécessité et elles doivent être programmées et conduites avec soin.

Le programme de sondages et d'essais doit être défini en fonction du problème posé ce qui implique une
réflexion voire, lorsque cela est possible, des analyses préalables de stabilité.

Ce programme doit être mené avec précautions lorsqu'il comporte des forages ou essais dans la structure elle-
même afin d'éviter certaines erreurs qui pourraient être préjudiciables à la bonne tenue de l'ouvrage (forage
vertical au voisinage d'un parement dégradé générant vibrations et surpressions hydrostatiques...)

Le programme doit pouvoir être modifié en cours de chantier après accord du gestionnaire de l'ouvrage et ceci
en fonction des résultats obtenus.

Avant le retrait de l'équipe de sondages on doit décider si les trous de forage doivent être rebouchés (cimentés)
ou laissés libres pour contrôles ou travaux ultérieurs.

Quant aux échantillons prélevés, notamment de maçonnerie, ils doivent être conditionnés, repérés et
répertoriés puis conservés si possible dans une carothèque et disponibles pour examen ultérieur pendant un
temps à définir.

Pour réduire les conséquences d'une dégradation ultérieure des carottes tant de sols que de maçonneries, il
est nécessaire de prendre des photographies couleur de ces carottes le plus tôt possible après leur extraction
(figure 22).

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La campagne de sondages et d'essais doit être conclue par un rapport donnant au moins les points suivants:

- les conditions générales de l'intervention précisant, en particulier, les conditions de marnage au


moment de certains essais (essais d'eau par exemple), ainsi que les références de positionnement en
plan et en profondeur,

- la description des moyens mis en oeuvre et notamment les caractéristiques des carottiers ayant été
utilisés pour les prélèvements de sols et de maçonnerie,

- les coupes de sondages habituelles et résultats d'essais.

Outre les cotes et la nature des matériaux traversés, une coupe de sondage doit donner les informations
suivantes:

• Paramètres de foration (ce qui nécessite l'amenée sur chantier de matériels complémentaires du
matériel de forage classique): vitesse instantanée d'avancement de l'outil de foration, poids et couple
sur l'outil...

• En cas de carottages, pourcentage de carottage représente en pourcentage la longueur de la carotte


par rapport à la longueur totale forée, et RQD (Rock Quality Designation : c'est-à-dire pourcentage de
récupération des éléments dont la longueur est supérieure ou égale à 10 cm.

• Incidents de foration divers tels que: perte totale de fluide d'injection, chutes d'outils de foration,
éboulements des parois, surforages... Ces incidents sont tous des indices d'une maçonnerie en
mauvais état.

Fig 22 - Photographie de carottes de maçonnerie rangées dans une caisse de bois


spécialement adaptée à cet effet.

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La réalisation pratique des forages nécessite la mise en oeuvre de moyens dont le choix dépend du problème
posé, de la nature et de l'état des matériaux rencontrés ainsi que des conditions d'accès.

Ces moyens concernent tout d'abord, les conditions d'accès de la sondeuse au point de sondage ce qui peut
nécessiter la mise en oeuvre de plate-formes en encorbellement (figure 23), de pontons ou d'engins chenillés...

L'engin de forage doit permettre la réalisation de forages inclinés.

Ceci est nécessaire dans le cas d'accès difficiles et pour des raisons techniques (par exemple étude de
l'altération progressive des mortiers de la maçonnerie en fonction de la distance au parement...).

En cas d'éboulement des parois de forage, une cimentation doit pouvoir être immédiatement entreprise.

Fig 23 - Utilisation d'une plate-forme en encorbellement pour la réalisation


de forages devant un mur de quai.

Il existe plusieurs types de forages pour la maçonnerie et le sol support de l'ouvrage :

- Les forages destructifs dans la maçonnerie.

Ces forages sont des "perçages" qui ne permettent aucun prélèvement d'échantillon. Comme ils sont
moins onéreux que les forages carottés, ils sont surtout utilisés pour traverser les zones que l'on ne
souhaite pas étudier (traversée rapide de maçonnerie saine pour accéder à la maçonnerie altérée ou
au sol de fondations...).

Ce type de forage doit être évité dans les maçonneries déjà altérées ou désorganisées car il entraîne
des efforts, chocs et vibrations importants.

- 40 -
Ces forages sont effectués au tricône, par roto-percussion (méthode OD, marteau fond de trou,
marteau fond de trou à excentrique...).

- Les forages carottés dans la maçonnerie.

C'est ce type de forage qui est recommandé pour le prélèvement des maçonneries : un carottier, muni
d'une trousse coupante adaptée, est entraîné en rotation à l'aide de tiges de forage permettant
l'injection simultanée d'eau ou de boue de forage.

Il ne faut pas que cette opération de carottage altère la maçonnerie à prélever.

Pour cela, le diamètre du carottier doit être adapté à l'état (présumé) de la maçonnerie en place :

• maçonneries en très bon état: on peut réduire les diamètres des carottiers jusqu'à 86 mm ce
qui correspond à des carottes de 58 mm de diamètre.

• maçonneries en mauvais état: utiliser des carottiers d'au moins 101 mm de diamètre
correspondant à un diamètre de carotte de 84mm.

• maçonneries en très mauvais état: utiliser des carottiers d'au moins 131 mm de diamètre
correspondant à un diamètre de carotte de 108 mm.

Ces carottiers doivent être à double enveloppe et ils doivent être le plus souvent équipés de
couronnes diamantées.

- Les forages dans le sol de fondations.

Si les sols de fondation sous l'ouvrage ne sont pas trop mous, leur prélèvement intact est possible en rotation.
On utilise alors des carottiers à triple enveloppe dont le diamètre est au moins de 80 mm.

Dans les sols les plus mous, le prélèvement en rotation est impossible. Si ce prélèvement est nécessaire on
doit utiliser la technique par piston stationnaire, éventuellement par sondage complémentaire en dehors de
l'emprise de l'ouvrage.

Si des essais pressiométriques doivent être réalisés sous l'ouvrage, et c'est le cas si l'on veut connaître la
portance du sol de fondation, le diamètre du forage est imposé (voir ci-dessous) et le prélèvement simultané de
sol intact n'est possible que si le matériau à tester est très consistant.

Les opérations de foration sont onéreuses et complexes.

Elles sont cependant indispensables pour tout diagnostic sérieux de la pathologie de la maçonnerie d'un
ouvrage.

La mise en oeuvre de moyens inadaptés peut conduire à des informations inexploitables ou à sous-estimer
l'état des maçonneries en place.

Il convient donc de solliciter l'avis de spécialistes au moment de la rédaction des marchés de sondages

- 41 -
IV.2.6 - LES ESSAIS DANS LES FORAGES.

Il est possible d'effectuer un certain nombre d'essais dans les forages destructifs ou carottés mais ceci sous
réserve que leurs diamètres soient adaptés.

• Les essais d'eau.

Il convient de considérer le forage comme un piézomètre et d'y relever le niveau de l'eau, notamment en
relation avec le niveau de la mer.

L'essai le plus couramment pratiqué pour l'auscultation des maçonneries est l'essai Lugeon.

Il consiste à isoler par des obturateurs une hauteur de forage donnée et à y injecter de l'eau par palier de
pression (figure 24).

Fig 24 - L'essai Lugeon, schéma de principe et courbe d'essai type.

On mesure pour chaque palier de pression le débit d'eau correspondant.

Un tel essai doit être mené avec précaution afin de ne pas accroître les désordres éventuels de la structure:
procéder par paliers de pression d'incréments limités (30 kPa maximum) et interrompre l'essai dès que le débit
d'eau augmente de manière significative.

Cet essai ne doit pas être entrepris au voisinage des parements de l'ouvrage car il risquerait de les faire éclater.

Les essais d'eau apportent des renseignements sur l'état de fissuration des maçonneries, sur l'importance des
vides internes éventuels, ce qui permet, en particulier, d'étudier les possibilités de confortement par injections.

• Les autres essais ou mesures dans les forages.

Pourvu que les diamètres conviennent et que les parois ne soient pas sujettes à éboulements, d'autres essais
ou mesures peuvent être réalisés dans les forages :

- Les essais pressiométriques.

Ces essais sont surtout utiles pour tester le sol de fondation et déterminer sa capacité portante.

L'intérêt des essais pressiométriques pour l'auscultation de la maçonnerie reste à démontrer.

L'essai pressiométrique nécessite un forage spécialement adapté et dont, en particulier, le diamètre


n'excède pas 66mm.

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- L'inspection par endoscopie et par caméra vidéo.

Bien que la présence de l'eau diminue la qualité des images, l'utilisation de ces méthodes peut
apporter des éléments d'appréciation concernant l'état de la maçonnerie en place, sous réserve d'une
interprétation par un spécialiste.

L'endoscopie est limitée à une profondeur de 5 à 6 mètres et la caméra nécessite un diamètre de


forage adapté.

- Les diagraphies nucléaires (sondes gamma/gamma et neutron/neutron, radioactivité naturelle).

Ces mesures permettent de compléter la reconnaissance par sondage et lever certaines ambiguïtés.

Ces types de mesure nécessitent l'intervention d'équipes de spécialistes en plus de l'équipe de


sondeurs déjà sur place.

IV.2.7 - LES AUTRES ESSAIS EN PLACE.

Suivant les cas il pourra être nécessaire d'effectuer sur les sols (sous l'ouvrage ou en dehors de son emprise)
d'autres essais tels que pénétromètres statiques ou dynamiques (notamment dans les matériaux grossiers),
essais au scissomètre dans les vases ou argiles molles...

IV.2.8 - LES ESSAIS EN LABORATOIRE.

Contrairement à la plupart des essais in situ qui sont d'interprétation quasi immédiate, les essais en laboratoire
nécessitent un délai de réalisation plus ou moins long dont il faut tenir compte lors de la programmation de
l'étude.

On distingue les essais de sols et les essais sur la maçonnerie, essentiellement les essais de mortiers.

• Les essais de sols.

Ils sont nécessaires pour l'étude des problèmes de poussée et de butée, de tassements de sols
compressibles et de stabilité d'ensemble, problèmes pour lesquels les essais in situ n'apportent que
des réponses partielles.

Ils comprennent les essais d'identification qui peuvent être effectués sur des échantillons non-intacts,
les essais de cisaillement et de compressibilité qui ne peuvent être effectués que sur des échantillons
intacts.

• Les essais sur la maçonnerie.

La résistance propre de la maçonnerie peut être évaluée par des essais de compression simple sur
carottes, ou même par des essais triaxiaux (essais à étape notamment). La difficulté est de s'assurer
de la représentativité des résultats, qualitativement (incidence de l'opération de carottage), puis, par
rapport à l'ensemble du volume de l'ouvrage (représentativité de l'échantillonnage) et enfin, par rapport
au plan de cisaillement considéré.

Les essais de laboratoire les plus courants sont les essais sur mortier qui ont pour objet principal la
recherche de sels gonflants, indices d'une attaque chimique interne.

Aucun diagnostic sérieux de l'état de l'ouvrage ne peut véritablement être porté


sans analyse des mortiers et notamment analyse chimique.

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Si une attaque des mortiers est suspectée, il convient de faire réaliser les essais suivants :

• Mesure de la compacité.

Se référer à la norme NF P 18 554 (Mesure des masses volumiques, porosité, coefficient d'absorption
et teneur en eau des gravillons et cailloux).

• Analyse chimique centésimale.

Cette analyse permet le dosage des oxydes métalliques (de calcium, de magnésium, de fer ...), des
chlorures, des sulfures, de la silice ...

L'interprétation de cette analyse est facilitée si on connaît la composition du ciment d'origine.

Cette analyse ne permet pas toujours de conclure avec certitude et elle doit donc, la plupart du temps,
être complétée par des essais spéciaux.

• Analyse pathologique complète.

Une analyse pathologique complète doit comporter également des essais spéciaux tels que examen en
fluorescence X ou diffractométrie X et étude au microscope électronique à balayage.

Prenant en compte l'ensemble des éléments dont ils disposent, les spécialistes doivent ensuite
émettre un avis sur la nature et l'importance d'une attaque éventuelle des mortiers :

- soit une attaque classique superficielle des joints.

- soit une attaque limitée à une certaine profondeur derrière le parement et conduisant à des
composants connus, non gonflants, auquel cas une réparation pourra être envisagée.

- soit à une attaque généralisée montrant dans la masse de l'ouvrage la présence de sels
gonflants (sels de Candlot...), exigeant des mesures beaucoup plus radicales.

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IV.3 L'INSTRUMENTATION.

L'importance de l'instrumentation doit être proportionnée au risque encouru et au niveau de difficulté technique
posée.

L'instrumentation peut être limitée à la mise en place de repères de tassements topographiques, de témoins de
fissuration...

Dans certains cas au contraire, elle doit être très élaborée et nécessite alors l'intervention de spécialistes.

Le choix des appareils et de leur position nécessite une étude préalable permettant de définir les phénomènes
à mesurer, leur amplitude et la durée probable de la période de mesure (figure 25).

Fig. 25 : Récapitulatif des différents types de mesure pouvant être mis en oeuvre.

Autant que l'amplitude des phénomènes, c'est en général leur évolution dans le temps que l'on veut estimer.
D'où la nécessité de mesures suffisamment précises et fidèles dans le temps.

Il faut aussi prendre en compte le risque de vandalisme pour le choix et l'implantation des appareils et
éventuellement mettre en place des dispositifs de télétransmission qui permettent de suivre à distance
l'évolution de certaines mesures qui peuvent être critiques pour l'ouvrage (transmission par téléphone ou par
voie hertzienne)...

La mise en place de dispositifs d'alarme autonomes est technologiquement possible mais elle se heurte
toujours au problème du choix du seuil d'alarme et des déclenchements intempestifs.

Dans ce qui suit on donne une liste sommaire récapitulative des appareillages les plus couramment utilisés
dans l'instrumentation des ouvrages. Certaines méthodes, classiques en ouvrages d'art, ne sont pas rappelées
car elles ne sont pas adaptées au suivi des maçonneries (extensométrie par exemple).

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IV.3.1 - LE SUIVI DE L'EVOLUTION DES FISSURES.

Il s'agit de témoins de fissuration agissant par tout ou rien (témoins au plâtre ou autres) ou, mieux,
d'appareillages spécifiques appelés fissuromètres qui permettent de quantifier les mouvements de la fissure
avec des précisions suffisantes.

Une fois les repères mis en place par un spécialiste, les relevés peuvent être effectués par un personnel non
spécialisé.

IV.3.2 - LA MESURE DES DEPLACEMENTS LATERAUX ET VERTICAUX.

Ces mesures nécessitent la définition préalable d'une base fixe de référence repérée en plan et en cote.

Si des mesures très précises sont nécessaires, cette base devra être insensible aux mouvements locaux dus
aux effets thermiques ou au marnage (un marnage de plusieurs mètres peut provoquer des déplacements
latéraux et horizontaux dont l'amplitude peut atteindre quelques millimètres et qui, suivant les sols, peut se faire
sentir à plusieurs dizaines de mètres de la rive).

Il s'agit de mesures classiques de topographie, de mesures de tassements par tassomètres ou de déplacement


latéraux par systèmes à fil invar tendus (appareils appelés distancemètres).

IV.3.3 - LA MESURE DES ROTATIONS.

La mesure d'une rotation peut être effectuée ponctuellement, en un point d'une structure, ou en plusieurs points
régulièrement espacés le long d'un forage traversant éventuellement la structure.

Dans le premier cas la mesure est l'information recherchée: il s'agit simplement de vérifier si un mouvement est
stabilisé et de connaître grossièrement l'amplitude du phénomène.

Cette mesure peut être effectuée par un personnel non spécialisé à l'aide d'un appareillage simple appelé
nivelle (figure 26).

Fig 26: Mesure de la rotation d'un mur de quai à l'aide de la nivelle LPC.

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Dans le deuxième cas, on cherche à déterminer la rotation (la pente) de plusieurs points d'un profil afin d'en
calculer la déformée par intégration. Si on connaît le déplacement absolu d'un point du profil, alors un simple
calage permet de connaître le déplacement absolu de l'ensemble des points du profil.

L'appareil utilisé est appelé inclinomètre.

Il est constitué d'une torpille étanche (figure 27) descendue dans un tube logement idoine, préalablement scellé
dans un forage au sein de la structure ou dans le terrain dont on veut suivre les déplacement latéraux au cours
du temps.

La torpille comporte un "pendule" de haute précision qui donne la pente par rapport à la verticale, suivant un
pas de profondeur fixé en général à 0,50 mètre.

La qualité de l'information obtenue par ce procédé est essentiellement tributaire de la qualité du scellement du
tube logement à la structure ou au terrain, ainsi que de son orientation et de sa tenue dans le temps
(corrosion).

Cette méthode est particulièrement adaptée à l'étude des déplacements de sols ou de structures dans le cas
ou il n'existe aucun point fixe en surface: le point fixe est obtenu par scellement du tube dans le substratum
indéformable sous l'ouvrage.

L'amplitude des déformations mesurables par ce procédé peut atteindre plusieurs décimètres pour une
précision de l'ordre du millimètre.

Fig 27 : Introduction de la torpille de l'inclinomètre LPC dans un tube idoine scellé dans une maçonnerie.

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IV.3.4 - LA MESURE DE LA PRESSION TOTALE DES TERRES ET DE LA PRESSION INTERSTITIELLE.

La pression totale est la pression exercée à la fois par les éléments solides et par l'eau soit au sein d'un massif
de sol (interface entre un remblai et le sol en place par exemple) soit à l'interface entre un ouvrage et le sol (par
exemple poussée sur l'arrière d'un soutènement).

Les appareils qui mesurent la pression totale sont appelés capteurs de pression totale. Ils ont une précision
théorique de l'ordre de 10 kPa, mais donnent en fait des informations tributaires de leur mise en place dans le
milieu à étudier.

Leur pose, qui nécessite parfois des terrassements importants, doit être faite par des spécialistes. De telles
mesures doivent être effectuées à bon escient car elles sont onéreuses et donnent parfois des informations
assez sujettes à caution. Ces mesures sont encore compliquées dans le cas de sols soumis à l'influence de la
marée.

La pression interstitielle (u) est la pression de l'eau dans le milieu, sol ou massif de maçonnerie.

Cette pression de l'eau se décompose en pression au repos encore appelée pression neutre et notée ue et en
surpression interstitielle notée δu :

u = u e + δu

Dans le cas de sites soumis à marnage une attention particulière doit être portée à la détermination de la
pression au repos.

La pression interstitielle est mesurée par des appareils appelés piézomètres, comportant une partie filtrante
placée au sein du milieu à la profondeur désirée et un dispositif de mesure de la pression.

On distingue les piézomètres ouverts, constitués de simples tubes crépinés, ou les piézomètres fermés dans
lesquels la partie filtrante est reliée à la surface par un tube saturé d'eau terminé par un manomètre.

Les piézomètres ouverts sont adaptés aux mesures dans les matériaux perméables.

Les piézomètres fermés sont nécessaires dans les sols qui ne sont pas perméables (argiles, vases).

La mise en place des piézomètres est effectuée soit à partir de forages soit par battage direct dans le sol et
peut présenter un certain nombre de difficultés.

Le relevé des mesures peut être effectué par un personnel non spécialisé.

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V – L'ENTRETIEN DES OUVRAGES

V.1 - ETABLISSEMENT D'UN DIAGNOSTIC SUR L'ETAT DE L'OUVRAGE

Selon la gravité des désordres on procèdera :

- à des travaux d'entretien qui permettent d'éviter la dégradation de l'ouvrage ou du moins qui limitent le
processus d'altération ;

- ou à des travaux de confortation qui ont pour objet de redonner toute sécurité à l'ouvrage en
restaurant son intégrité mécanique.

Dans ce document, on se limite à l'entretien courant des ouvrages, c'est-à-dire aux opérations qui ont pour seul
but de le maintenir dans son état de fonctionnement normal, sans en améliorer les performances.

On donne cependant, en fin de chapitre, un court aperçu des techniques qui peuvent être envisagées pour
conforter un ouvrage ou pour en augmenter les performances.

Avant tous travaux, qu'ils soient de niveau entretien ou de confortation, et a fortiori quand ces travaux
(restauration, reprise en sous-œuvre...) sont à comparer au coût d'un ouvrage neuf, la première technique à
adopter est : "la réflexion préalable" .

Il faut établir un diagnostic précis et complet, à partir de la surveillance et de l'auscultation.

On rappelle qu'une opération d'entretien, notamment une réfection des joints, et a fortiori une grosse réparation,
ne saurait être engagée que si l'on s'est assuré au préalable que la maçonnerie du parement et du massif sous-
jacent sont saines.

Une expertise ne saurait être dressée sur un ouvrage sans avoir répondu correctement et complètement à ces
interrogations.

Il importe de définir les actions à l'origine des désordres constatés pour répondre ensuite aux questions :

- La sécurité est-elle assurée ? avec quel coefficient ?

- Quels sont les risques encourus ?

- Quelle est l'origine (ou les causes) des dégradations ?

Ayant observé l'ouvrage et réalisé, si besoin, une auscultation avec prélèvement de maçonnerie et
détermination des caractéristiques mécaniques des sols, il faut procéder à diverses opérations :

- Calcul des efforts exercés sur l'ouvrage (poussée des terres, efforts dus à la mer, accostage, sous-
pression, surcharges ..).

- Vérification des diverses stabilités, externes et internes.

Les opérations d'entretien et de réparations éventuelles s'effectuent dans des conditions de site particulières:
agressivité du milieu, marnage, tempêtes...Il faut en tenir compte, non seulement dans le choix des matériaux à
utiliser (enrochements, ciments, adjuvants...), mais également dans la manière de mener les opérations.

- 49 -
V.2. - LE NETTOYAGE.

Le nettoyage des parements a pour but d'éliminer les végétaux, animaux marins, salissures ou dépôts divers,
notamment chimiques.

L'enlèvement des végétaux et animaux marins n'est nécessaire que si des questions esthétiques sont en jeu.
L'enlèvement des salissures et produits chimiques (résidus de marchandises, peintures anti fouling...) est
souhaitable car ceux-ci peuvent à terme dégrader les composants de la maçonnerie.

Le nettoyage des parties circulées (cales...) a pour but d'éliminer les dépôts glissants d'origines diverses,
dangereux pour les circulations.

Le nettoyage ne doit pas constituer une nuisance supplémentaire et doit donc, tout en restant efficace :

- préserver la pierre pour lui conserver son grain et sa surface;


- ne pas mettre au contact de la pierre des éléments susceptibles de provoquer des altérations
ultérieures (sels solubles par exemple).

Les salissures s'expliquent essentiellement par le dépôt des poussières contenues dans l'atmosphère.
Ce dépôt et l'humidité ambiante peuvent favoriser l'apparition et le développement des mousses et des lichens .
Si le support (pierres, mortier) est capillaire, l'encrassement n'est plus superficiel et les poussières ou les
mousses sont noyées, enchâssées, dans l'épaisseur.

Pour enlever les salissures, selon les cas et le degré d'encrassement on pourra procéder comme suit :

- Encrassement superficiel : lavage à l'eau douce de préférence, de manière à soulever puis décoller
les poussières sans attaque sensible du parement.

- Encrassement profond : il faut alors mettre en oeuvre des procédés abrasifs ou d'attaque chimique
(alcalins, acides ou tensioactifs) qui débarrasseront la pierre d'une partie encrassée dans la masse.
Prévoir un rinçage à l'eau douce après un traitement chimique.

Il existe de nombreux procédés de nettoyage dont les mieux adaptés sont les suivants :

- sablage à sec ;

Rapide et efficace, ce procédé redonne à la pierre sa coloration d'origine.


Il donne une surface rugueuse et attaque les joints peu résistants.
Il permet de préparer l'opération de rejointement.
Ce procédé ne nécessite pas d'eau.
Produisant des poussières, cette technique est très réglementée.

- sablage hydropneumatique ;

Ce procédé est plus utilisé que le précédent.


Rapide, efficace, peu onéreux, il redonne au parement son aspect d'origine.
Il nécessite peu d'eau et fait peu de poussière.
Cependant, ce procédé -comme le précédent- demande une main d’œuvre qualifiée.
Il détruit le calcin de la pierre (en partie) et donne une surface rugueuse.

- 50 -
- lavage à l'eau - pulvérisation et brossage ;

Ce procédé conserve la patine et le grain de surface.


Une pulvérisation intermittente permet de dissoudre les sels solubles de la pierre et évite les
efflorescences.
La qualité du travail dépend des qualifications et de l'exécution.
Ce procédé est lent ; il utilise beaucoup d'eau et imprègne la pierre avec risque d'efflorescences
ultérieures.

- lavage à la vapeur ;

Ce procédé présente les mêmes qualités que le lavage à l'eau mais il est plus efficace et plus rapide.
Il utilise moins d'eau et celle-ci pénètre moins dans la pierre.
Toutefois, ce procédé nécessite une main-d’œuvre qualifiée et un matériel important.

- nettoyage par produits chimiques ;

Les produits mis en oeuvre sont les suivants :


o les alcalins (soude, potasse) ;
o les acides et sels acides (bifluore d'ammonium) ;
o les produits tensioactifs.
Cette méthode est rapide ; elle utilise relativement peu d'eau pour terminer l'opération par un lavage à
l'eau douce.
Toutefois ces procédés attaquent les surfaces et peuvent provoquer des efflorescences.
La main-d’œuvre doit être spécialisée.
Des mesures de protection doivent être prises.

V.3 - EVACUATION DES EAUX - DRAINAGE.

L'eau et les produits qu'elle véhicule sont les causes fondamentales d'altération de la maçonnerie.
L'eau ne doit donc en aucun cas migrer à travers la maçonnerie par le réseau des joints .

En conséquence, il faut s'assurer de la présence et du maintien en bon état de fonctionnement des caniveaux
ou de réseau de collecte des eaux, leurs exutoires ou les barbacanes .

Sinon, l'eau qui ne peut s'écouler librement dans la maçonnerie va s'infiltrer de préférence par les joints, en se
chargeant de carbonates qui vont se déposer sous forme de concrétions sur les parements (calcite). Le mortier
des joints va progressivement se déliter puis disparaître.

Le nettoyage consiste à enlever la végétation et les matériaux obstruant les barbacanes et, si nécessaire, à
effectuer un soufflage sous pression à l'eau, en ayant soin de ne pas provoquer de fuites des matériaux de
remblai .

V.4 - TRAITEMENT DE LA PIERRE

Dans certains cas, l'altération de la pierre provoque une perte de ses caractéristiques mécaniques, sa
désagrégation, puis sa ruine en parement.

Si des travaux de traitement des pierres peuvent être entrepris dans certaines conditions, ou sur certains
éléments de petites dimensions, les techniques de consolidation sont encore des opérations d'exception
destinées à sauvegarder des éléments particuliers mais non des parements d'ouvrages.

Dans tous les cas, une étude approfondie est nécessaire.

- 51 -
V.5 - REFECTION DES JOINTS DE MAÇONNERIE

V.5.1 - Généralités

Dans une maçonnerie (cf. paragraphe II.1), on distingue le mortier de hourdage et le joint.

Le mortier de hourdage sert à assurer la liaison entre les différentes pierres et les moellons constituant la
maçonnerie. Ce mortier doit bien remplir l'espace et avoir une résistance mécanique suffisante tant en
compression qu'au cisaillement pour transmettre les efforts appliqués dans l'ensemble de la structure.

Le joint se rencontre en parement : Il remplit l'espace entre les pierres de parement et masque le mortier de
hourdage dont il constitue la protection. D'une épaisseur moyenne de 1 à 3cm, parfois moins (1cm voire 0,5cm)
et parfois plus, le joint est constitué d'un mortier plus riche en liant. Son rôle principal est d'assurer l'étanchéité
de la maçonnerie ainsi que la continuité du parement ; Il a également un rôle esthétique.

La réfection des joints comporte trois opérations successives:

• le déjointoiement : il s'agit du dégarnissage des joints anciens et du nettoyage des surfaces destinées
à recevoir le joint neuf (à distinguer du disjointoiement, dégradation naturelle du joint)

• le rejointoiement : il s'agit de la réalisation d'un nouveau joint.

• le ragréage du parement : afin d'éliminer les bavures et salissures résultant des opérations
précédentes.

L'entrepreneur doit soumettre à l'agrément du maître d’œuvre la procédure qu'il propose pour ces opérations et
une épreuve de convenance est recommandée, au moins pour les chantiers importants.

V.5.2 - Reconnaissance des dégradations

Avant toute opération de réfection de joints, il y a lieu de déterminer, par sondage, l'importance des
dégradations tant en superficie qu'en profondeur.

Des joints apparemment sains en surface peuvent masquer un mortier de hourdage complètement altéré et
transformé en pâte sableuse voire en sable argileux.

Par circulation d'eau, le mortier de hourdage peut avoir totalement disparu derrière un parement, visuellement,
sain et intact.

Il faudra donc sonder les joints pour s'assurer de leur état et de la connaissance du mortier sous-jacent.

- 52 -
V.5.3 - Déjointoiement

Le joint dégradé est enlevé soit manuellement, soit mécaniquement, soit encore à l'aide d'un jet d'eau sous
pression.

L'adjonction de produits nettoyants au jet d'eau est possible si l'on s'est assuré que ceux-ci n'entraînent pas de
risque pour le mortier de hourdage sous-jacent.

Les lèvres du joint doivent être dégagées sur une profondeur comprise entre trois et cinq centimètres (environ
deux fois l'ouverture du joint). Au-delà de cette profondeur, ce n'est plus le joint que l'on dégarnit mais le mortier
de hourdage.(Il est donc dangereux d'aller plus loin ).

Localement le fond des ouvertures des joints doit être sondé afin de s'assurer de l'absence de vides et de la
compacité du mortier de hourdage.

Le travail de déjointoiement doit être réalisé par petites surfaces de quelques mètres carrés pour éviter la
désorganisation de la maçonnerie. Il est souhaitable que cette opération soit suivie du rejointoiement dans la
même période de travail.

Dans la zone où le déjointoiement doit entraîner des désordres du fait de son importance et de sa profondeur,
on mettra en oeuvre un calage provisoire à l'aide de coins en bois dur au fur et à mesure du dégarnissage

V.5.4 - Rejointoiement

Dans une opération de réfection des joints, le coût de la main d'œuvre l'emporte largement sur celui des
matériaux constituant les mortiers.

Il faut donc, pour ceux-ci, rechercher la qualité maximale.

Préalablement à la réfection des joints, il convient :

- de remettre en place les pierres et moellons déchaussés,

- de reboucher les petites cavités superficielles, suivant le volume des cavités à combler derrière les
joints, on peut utiliser soit le mortier prévu pour le rejointoiement soit un micro-béton (0/8 mm)
comportant un gravillon 4/8 mm soit un béton de sable.

L'opération de rejointoiement doit ensuite suivre immédiatement l'opération de déjointoiement.

Plus que la résistance mécanique, ce sont les qualités d'adhérence, de compacité, de durabilité et de faible
retrait qui sont demandées au mortier des joints.

Il faut aussi qu'il ne soit l'objet d'aucun délavage par la marée montante ou les vagues.

- 53 -
- Techniques de rejointoiement

• Rejointoiement manuel

La réalisation des joints doit être de préférence faite à la main et hors d'eau car on ne sait pas réaliser de joints
immergés.

Les joints seront réalisés de telle sorte qu'ils permettent l'écoulement de l'eau de ruissellement.

Il convient de proscrire les joints plats ou en saillie, qui se brisent sous l'action du gel ou du mouvement de la
structure, (fig. 28) et les joints creux trop profonds > 1 cm

Fig. 28 : Type de joints à proscrire

Le Fascicule 64 du CCTG relatif aux travaux de maçonnerie d'ouvrages de génie civil préconise les joints en
creux : " Les surfaces des jointoiements seront tenues en retrait d'environ 1 cm sur le plan des arêtes des
moellons et de 5 mm sur les parements de pierre de taille ou de briques. (Fig 29)

Fig. 29 : Type de joints à exécuter

• Rejointoiement mécanique (voie humide ou voie sèche)

Cette technique consiste à reconstituer les joints par une projection de béton ou de mortier.

Elle peut être intéressante si une pénétration du mortier en profondeur est nécessaire, et si l'on s'est assuré au
préalable de l'efficacité de cette méthode.

Deux types de procédés peuvent être utilisés : le mélange humide et le mélange sec .

La projection par voie mouillée est surtout utilisée pour les rejointoiements de parement, principalement quand
les joints sont peu profonds .

Le mortier projeté par voie sèche permet une meilleure pénétration et une meilleure adhérence au support mais
il provoque d'importantes pertes de matériau par rebondissement et impose le nettoyage ultérieur et de la
maçonnerie.

Il convient de se reporter au "guide du béton projeté" (ref. E6), et en particulier à son paragraphe III-4.3.2

- 54 -
Le délavage des joints.

Le risque de délavage dû au marnage est limité par un adjuvant accélérateur de prise.

Dans les cas extrêmes (ouvrages en mer), l'utilisation de mortiers de résine peut être nécessaire. Une
protection mécanique temporaire peut être assurée dans certains cas par interposition d'une feuille de polyane
entre la maçonnerie et la mer.

Sauf cas particulier, l'utilisation de ciment prompt est interdit: l'enlèvement du cachetage au ciment prompt
provoque généralement l'arrachement des joints sous-jacents.

Il est bon de rappeler que les délavages sont normalement prévisibles et que le chantier doit être organisé en
conséquence.

V.5.5 - Les composants du mortier.

On se reportera utilement à la notice ER.PM n°93.01 du STCPMVN intitulée "Constitution des ouvrages
portuaires maritimes anciens en maçonnerie et leurs dégradations" de 1993 et à la notice ER.PM n°94.04 du
STCPMVN intitulée "Emploi des ciments à la mer".

Les composants du mortier peuvent être mixés sur le site ou livrés en sac, adjuvants inclus, et prêts à mouiller.

En fait, le mortier du joint devrait avoir une composition se rapprochant le plus possible du mortier d'origine.

Le Fascicule 64 du CCTG donne les dosages suivants en ciment par mètre cube de sable

Mortier maigre.......... 250 à 300 kg


Mortier moyen.......... 300 à 400 kg
Mortier gras.............. 400 à 500 kg

On évitera les mortiers trop riches en ciment sur les moellons calcaires car ils finissent par arracher le matériau
moins résistant qu'eux.

Le rapport pondéral Eau/Ciment doit être inférieur à 0.5 tout en conservant au mortier une bonne ouvrabilité.

Les composants du mortier doivent respecter les prescriptions ci-dessous.

• L'eau de gâchage.
L'utilisation de l'eau de mer est interdite.
Se référer à la norme NF P 18-303

• Le sable.
Une granularité 0/3 mm est conseillée (au plus 0/4).
L'utilisation du sable de mer est autorisée, à condition que celui-ci ait été au préalable lavé à l'eau
douce et qu'il ne comporte pas de coquillages.
Se référer à la norme NF P 18-301.

- 55 -
• Le ciment.
Le ciment utilisé doit impérativement répondre à deux conditions: être prise mer (PM) et avoir une
teneur en alcalins au plus égale à 0,6%, ceci afin de limiter les risques de réaction alcali-granulat. Le
ciment doit donc respecter la norme NFP 15.317 "ciments pour travaux à la mer".
La COPLA (Commission Interministérielle Permanente des Liants Hydrauliques et des Adjuvants des
bétons, mortiers et coulis) est compétente pour donner un agrément ou une autorisation de fourniture
aux ciments destinés à des usages spécifiques et non couverts par une norme NF-Liants Hydrauliques.
La marque NF-Liants Hydrauliques remplace la marque NF-VP précédemment en vigueur.
La composition du ciment retenu doit être conditionnée par l'exposition de la zone à rejointoyer: zone
immergée en permanence ou zone de marnage et d' embruns.
Les documents les plus importants pour faire le tour de la question sur l'emploi des ciments dans les
milieux agressifs sont les fascicules de documentation AFNOR :
- "Classification des environnements agressifs" publié par l'AFNOR (P18-011 de Mai 1985).
- "Guide d'utilisation des ciments" publié par l'AFNOR (P15-010 d'Août 1985)
Il est nécessaire d'effectuer des prélèvements du ciment utilisé, au moins à titre conservatoire
(prélèvement de l'ordre de 25 kg).

• Les adjuvants.
On doit s'assurer que les adjuvants retenus sont compatibles avec l'ambiance marine et qu'ils
répondent aux normes NF de l'AFNOR.
Dans certains cas, notamment dans les zones à marnage ou aspergées, l'utilisation d'adjuvants
"antidélavant" (accélérateurs de prise) est nécessaire.
Pour améliorer l'accrochage des joints, on peut utiliser un adjuvant "raidisseur".

V.5.6 - Les essais sur les mortiers.

Il n'est pas usuel d'effectuer des essais sur mortiers. Toutefois, si la nécessité s'en faisait sentir, il conviendrait
d'effectuer des essais de consistance, d'adhérence et de retrait, sous réserve d'avoir défini au préalable des
critères d'acceptation dans le marché.

V.6. - PROTECTION DES FONDATIONS PAR ENROCHEMENTS.

Le dimensionnement des enrochements destinés à la protection des ouvrages en maçonnerie est calculé à
partir de différents paramètres : la houle, les courants, les jets d'hélices, les dragages intempestifs, qui peuvent
affecter, dans le temps, leur pérennité et leur stabilité.

Les enrochements sont surtout utilisés pour la protection des fondations contre les affouillements, des ouvrages
de soutènement ou de protection non accostables (perrés, digues, jetées, épis, brise-lames, etc.) ou pour les
perrés situés sous les ouvrages accostables construits sur piles et voûtes.

A proximité d'ouvrages accostables, l'entretien des protections en enrochements est relativement difficile à
réaliser par les engins de manutention traditionnels et leur mise en place doit être effectuée avec soin.

Les enrochements peuvent être utilisés seuls ou associés avec d'autres matériaux tels que, les géotextiles, les
géomembranes, les produits bitumeux ou les gabions.

- 56 -
V.7. - APERCU SUR LES GROSSES REPARATIONS.

De grosses réparations peuvent être rendues nécessaires sur certains ouvrages, soit en raison de leur état de
dégradation, soit en vue d'une augmentation de leurs performances (augmentation des charges d'exploitation
ou augmentation du tirant d'eau devant l'ouvrage).

On présente ci-dessous les principales techniques qui peuvent être mises en oeuvre, séparément ou
conjointement.

• La restauration de la maçonnerie, consolidation, et éventuellement son étanchement par injection de


coulis, de béton de sable...(§ V.7.1)

• La reprise en sous-œuvre par micropieux. Les micropieux peuvent également participer au


confortement du massif de maçonnerie lui-même (§ V.7.2.).

• La consolidation du sol porteur par injection, en vue d'augmenter sa portance ou de combler des vides
sous l'ouvrage (§ V.7.3).

• La réduction de la poussée sur l'ouvrage par remplacement du matériau en place par des matériaux
plus adaptés, éventuellement "non-poussant", résistants à l'ambiance marine ainsi que,
éventuellement, aux agents chimiques que l'on peut rencontrer dans une zone portuaire (géotextiles,
polypropylènes...)(§.V.7.4.).

• Le rempiétement devant l'ouvrage (parois préfabriquées ou exécutées en place, rideau de


palplanches...)(§ V.7.5.).

En complément des techniques indiquées ci-dessous, des travaux risquent de nuire à l'esthétique, on peut
prévoir la réalisation d'un voile de maçonnerie ou de béton sur les parties vues des ouvrages. Ce voile peut être
exécuté en place ou préfabriqué par panneaux. Dans tous les cas, l'accrochage du voile sur la structure
existante est à étudier avec soin, notamment s'il est réalisé en béton projeté. En cas de mise en oeuvre de
panneaux préfabriqués, la concordance des joints est un problème difficile à résoudre.

V.7.1 - Injection des Maçonneries :

L'injection consiste à faire pénétrer, à partir de forages, un produit fluide capable, après remplissage des vides
du milieu traité, d'en réduire la perméabilité et/ou d'en augmenter la résistance mécanique en rétablissant le
monolithisme de la structure.

- Produits d'injection

Deux grandes catégories :

- Les coulis à base d'une suspension de ciment dans l'eau comportant trois sous-groupes :
o Suspensions instables binaires ciment-eau ;
o Coulis stabilisés ternaires ciment-argile (ou silicate de soude ou silicate de potasse)-eau
o Mortiers obtenus par incorporation d'une charge(sable, cendres volantes...)

- Les coulis chimiques faits de gels de silice et de réactifs .


Les gels de silice sont obtenus à partir d'une solution colloïdale de silicate de soude dans l'eau.
Les résines ne sont plus guère employées du fait de leur coût élevé et des progrès réalisés dans le
domaine des gels de silice et de leurs réactifs .

- 57 -
- Choix du produit d'injection

Le choix est fonction :


- de la nature du milieu à injecter : (corps de maçonnerie, sol de fondation)
- de la dimension des vides : (injection de mortier dans les cavités, injection de coulis dans les fissures)
- de la compacité du milieu : coulis fluide dans un milieu de forte compacité, coulis épais dans un milieu
de faible compacité.
- de l'agressivité de l'environnement : emploi de bétons spéciaux ou d'adjuvants en présence d'eau de
mer, de pollution chimique.

Les caractéristiques principales du coulis intéressant la mise en oeuvre et la qualité de l'injection sont :
- le pouvoir de pénétrabilité;
- la stabilité (délavage ou ségrégation) pendant la phase d'injection;
- la résistance mécanique après prise;
- la pérennité des produits injectés .

- Exécution des travaux.

Avant d'effectuer une injection on vérifie que le parement de la maçonnerie est (ou a été) remis en bon
état, notamment au niveau des joints et qu'il n'existe pas de cavités à la liaison sol-ouvrage, pouvant
favoriser la fuite de coulis .

Ensuite on réalise le forage des trous dans lesquels on met en place des injecteurs et des évents . On
injecte un coulis de ciment, ou un mortier selon les dimensions des vides . Ce sont généralement des
coulis dont le rapport pondéral Ciment/Eau varie de 0.5 à 1.5 selon la qualité de la maçonnerie .

0,5 ≤ C/E ≤ 1 ................................. Coulis très fluide


1 ≤ C/E ≤ 1,5 ................................. Coulis fluide
C/E > 1,5 ..................................... Coulis peu fluide
On procède par passes remontantes en partant de la base du mur .

La distance entre les trous est de l'ordre du mètre et le produit est injecté sous une pression de 0,3 à
0,4 MPa.

La pénétration du coulis est en moyenne de 0,50m à 1m à partir du forage.

Les quantités injectées peuvent varier de 10 à 30% environ.

Après exécution des injections, il est nécessaire de forer des barbacanes pour rétablir le drainage .

Pour de plus amples renseignements, on se reportera utilement à la notice ER QG N°86.1 d'Octobre


1986 du STCPMVN et du LCPC intitulée "confortement par injections des fondations d'ouvrages d'art".

- 58 -
V.7.2 - Reprise en sous-œuvre par micro-pieux

La solution des micropieux peut-être envisagée dans le cas d'un ouvrage à fondation superficielle ou profonde
(pieux) dont la portance du sol se révèle insuffisante.(fig. 30).

Fig. 30 – Reprise en sous-œuvre par micro-pieux

Les différents types de micropieux, leurs domaines d'application et les dispositions constructives sont décrits :

- dans le Document Technique Unifié N°13.2 Fondations profondes de Juin 1978 - Cahier 1793 de
Septembre 1982 - et Cahier 1877 de Septembre 1983 ;

- dans le Fascicule 62 titre V du CCTG de Septembre 1993 et la norme NF P 95-106 d'Août 1993.

Il est admis d'appeler micropieux un élément porteur foré d'un diamètre inférieur ou égal à 250mm.

- 59 -
V.7.3 - Consolidation du sol de fondation par injection

L'objectif de l'injection du sol de fondation est le même que pour la maçonnerie : consolidation mécanique et/ou
étanchement (fig. 31)

La gamme des coulis employés est identique à celle utilisée pour les maçonneries. Le choix du coulis doit être
approprié (en composition chimique et en consistance) aux sols rencontrés : alluvions, sables, roches
fracturées, fissurées etc. et à l'objectif recherché (consolidation et/ou étanchement).

Le dispositif d'injection comporte une centrale d'injection, une presse d'injection, une canne d'injection introduite
dans le forage munie (ou non) d'un obturateur simple ou double permettant de traiter des zones spécifiques de
terrain .

En fin de travaux, en plus des contrôles de routine effectués en cours d'exécution, des contrôles d'efficacité
seront réalisés pour vérifier que le traitement du sol répond aux buts recherchés.

Fig. 31 – Injection du sol.

- 60 -
V.7.4 - Réduction de la poussée du massif sol arrière

• Substitution du massif arrière

Quand le sol situé en arrière du mur exerce une poussée trop forte, on peut envisager de lui substituer
un matériau ayant des paramètres de résistance (c et ϕ ) plus forts et/ou une masse volumique plus
faible (remblais légers)..

Plusieurs variantes existent :


- Utilisation du "Texsol"
- Renforcement du matériau de substitution par géotextiles (fig 32)

Fig. 32 – Confortation par substitution du remblai et renforcement par géotextile.

- Mise en oeuvre du "Pneusol" technique développée par le LCPC

Cette technique est relativement lourde et ne peut donc être envisagée que pour de petits ouvrages dans
la mesure où il faut excaver sur de grandes largeurs et parfois profondément.

• Renforcement du sol par colonne de coulis de ciment.(fig 33)

Ce procédé appelé aussi "JET GROUTING" consiste à partir d'un forage de faible diamètre à
déstructurer le terrain en place par émission d'un jet d'eau et d'air, extraire une partie du terrain en place,
injecter un matériau d'apport sous forme d'un coulis de ciment

Le JET GROUTING permet de réaliser en place dans des terrains meubles des massifs résistants au
contact d'une structure existante ou dans son voisinage immédiat .Chaque colonne en "sol-ciment" à un
diamètre compris entre 0,50m et 2,50m .

Hormis le renforcement de sol, le JET GROUTING peut être employé en étanchement ou en reprise en
sous-œuvre . Cependant le dimensionnement de cette solution reste empirique et il est considéré que le
volume de sol traité et compris entre les lignes de colonnes se comporte comme un mur poids .

- 61 -
Fig. 33 – Renforcement du remblai par colonnes de sol-ciment "Jet Grouting".

V 7.5 - Rempiétement devant l'ouvrage

De façon générale, on désigne sous le nom de rempiétement (de quai), tous travaux effectués en pied d'un quai
afin de permettre une augmentation du tirant d'eau offert et/ou le renforcement de sa structure compte-tenu,
soit de nouvelles contraintes d'exploitation plus importantes, soit de son état qui ne lui permet plus d'assurer les
fonctions qui lui sont affectées .

Pour les ouvrages en maçonnerie, nous retiendrons les rempiétements types suivants :

• Rideau de palplanches métalliques

Le rideau de palplanches est battu devant le pied de l'ouvrage et ancré en tête soit sur un massif
indépendant (fig. 34), soit par liaisonnement avec l'ouvrage existant (fig. 35). Un remblaiement approprié
est réalisé derrière le rideau.

- 62 -
Fig. 34 – Rempiétement par rideau de palplanches ancré sur massif indépendant.

Fig. 35 – Rempiétement par rideau de palplanches ancré sur l'ouvrage.

- 63 -
• Paroi berlinoise

La paroi berlinoise est constituée de pieux H battus devant le pied de l'ouvrage, de plaques
préfabriquées en béton armé glissées entre les pieux et d'un ancrage en tête fixé soit sur l'ouvrage
ancien (fig. 36), soit sur un massif indépendant (fig. 37). Un remblaiement en gros béton est réalisé
derrière la paroi .

Fig. 36 – Paroi berlinoise ancrée sur l'ouvrage existant.

Fig. 37 – Paroi berlinoise ancrée sur massif indépendant.

- 64 -
• Contre mur en béton armé

Un voile en béton armé est coulé en place devant l'ouvrage ancien et ancré à celui-ci ou sur un massif
indépendant .(fig. 38)

Fig. 38 – Contre-mur en béton armé.

Les critères de choix entre les diverses solutions de rempiétement se résument en : faisabilité technique
du procédé, contraintes d'exploitation, dimensions de l'ouvrage, nature des sols rencontrés .

D'autres solutions peuvent être recherchées et notamment une combinaison judicieuse de plusieurs
techniques (exemple : pieux-palplanches).(fig. 39)

- 65 -
Fig. 39 – Rempiétement mixte pieux – palplanches.

- 66 -
ANNEXES

- 67 -
Annexe 1

BIBLIOGRAPHIE

---------------

A. MANUELS GENERAUX SUR LES OUVRAGES A LA MER.

1. LES PORTS MARITIMES


A. De Rouville, Dunod 1946.

2. MANUEL DE L'INGENIEUR DES PONTS ET CHAUSSEES


A. Debauve, Dunod 1878.

3. TRAVAUX MARITIMES - LA MER ET LES COTES


G. De Joly, 1923.

4. TRAVAUX MARITIMES
G. De Joly, CH. Laroche, PH. Watier, A. De Rouville 1939.

5. TRAVAUX MARITIMES
Tomes I et II - J.Chapon, Editions Eyrolles 1966 et 1967.

6. THEORIE ET PRATIQUE DES TRAVAUX A LA MER


M. Blosset, Editions Eyrolles 1951.

7. LES MATERIAUX DE CONSTRUCTIONS CIVILES ET DES TRAVAUX PUBLICS


Tome II, les liants. E. Marcotte - Editions Gauthier Villars, 1929.

B. OUVRAGES GENERAUX SUR LA MACONNERIE.

1. TECHNOLOGIE DE LA PIERRE DE TAILLE


Dictionnaire des termes couramment employés dans l'extraction, l'emploi et la conservation de la pierre
de taille - P.Noël,Société de Diffusion des Techniques de Bâtiment et des Travaux Publics, Rue
Lapérouze, Paris 1965.

2. TECHNOLOGIE DES MACONNERIES


A.Lootvoet, LCPC Paris, septembre 1981.

3. NOMENCLATURE DES OUVRAGES D'ART EN BETON ARME ET PRECONTRAINT ET EN


MACONNERIE
LCPC, Paris, 1976.

4. MATERIAUX DE CONSTRUCTION
Tomes I et II - G. Debes, Editions Eyrolles, 5° Edition, 1947.

C. L'ALTERATION DES MATERIAUX.

1. LES PIERRES.ALTERATIONS ET TRAITEMENTS


A. Lootvoet, LCPC Paris, février 1986.

2. RECUEIL DE MODES OPERATOIRES POUR L'ANALYSE DES CIMENTS, BETONS, SOLS ET


ROCHES,ET DES MATIERES PULVERULENTES
J. Louvier, LCPC Paris, décembre 1985.

3. NOUVEAU TRAITE DE MATERIAUX DE CONSTRUCTION


M.Duriez, J.Arrambide, Dunod 1962. Tome II Pages 77 à 142.

- 68 -
D. NORMES ET RECOMMANDATIONS.

Consulter périodiquement le REPERTOIRE DES TEXTES ET DOCUMENTS TECHNIQUES ESSENTIELS


RELATIFS AUX OUVRAGES D'ART (SETRA).

1. TRAVAUX DE MACONNERIE D'OUVRAGES DE GENIE CIVIL. C.C.T.G, Fascicule 64, Texte n°675.
Annexe à la circulaire n°82-54 du 17 Juin 1982.

2. DEFAUTS APPARENTS DES OUVRAGES D'ART EN MACONNERIE - SETRA/LCPC 1982.

3. FONDATIONS DE PONTS EN SITES AQUATIQUES EN ETAT PRECAIRE - Guide pour la Surveillance


et le Confortement. SETRA/LCPC, décembre 1980.

4. DEFINITION,CLASSIFICATION ET SPECIFICATIONS DES CIMENTS - Norme NF P 15-301, décembre


1981.

5. BETONS.CLASSIFICATION DES ENVIRONNEMENTS AGRESSIFS - Norme NF P 18-011, mai 1985.

6. LIANTS HYDRAULIQUES. GUIDE D'UTILISATION DES CIMENTS - Norme NF P 15-010, août 1985.

7. TRAVAUX D'ENDUITS AUX MORTIERS DE LIANTS HYDRAULIQUES - DTU n°26.1, Centre


Scientifique et Technique du Bâtiment. 4, Avenue du Recteur Poincaré, Paris 16°

8. GUIDE PRATIQUE POUR L'EMPLOI DES CIMENTS - Michel Adam. Eyrolles Editeur, 1976.

9. LES ENROCHEMENTS - Publication n°562620 du LCPC, 58, Boulevard Lefebvre. 75732 Paris CEDEX.

10. CONSTITUTION DES OUVRAGES PORTUAIRES MARITIMES ANCIENS EN MACONNERIE ET


LEURS DEGRADATIONS - Notice STCPMVN ER.PM n° 93.01, 1993

11. EMPLOI DES CIMENTS A LA MER - Notice STCPMVN ER.PM n° 94.04, 1994

E. GEOTECHNIQUE, INSTRUMENTATION, REPARATIONS.

1. ETUDES GEOTECHNIQUES PREALABLES A LA REALISATION DES AMENAGEMENTS MARITIMES


Notice STCPMVN n° 89.1 de septembre 1989.

2. REMBLAIS SUR SOLS COMPRESSIBLES


Bulletin de Liaison des Laboratoires des Ponts et Chaussées, Spécial T. Mai 1973.

3. HYDRAULIQUE DES SOLS


Bulletin de Liaison des Laboratoires des Ponts et Chaussées. Spécial N. Avril 1970.

4. INJECTION DES MACONNERIES


C.Bonnet, Techniques de surveillance et de réparation des ouvrages en maçonnerie.
Ecole Nationale des Ponts et Chaussées. Paris, 6-8 juin 1989.

5. OLD WATERFRONT WALLS


Management, maintenance and rehabilitation, R.N. BRAY, PFB TATHAM, 1992

6. LE BETON PROJETE
Guide de l'Association Française du Béton, 1977

- 69 -
Annexe 2

CONTENU DU DOCUMENT SIGNALETIQUE DE L'OUVRAGE.

------------

Références du Service :
Nom de l'ouvrage :
Date de mise en service de l'ouvrage :
Date de mise à jour du présent document :

1. IDENTIFICATION DE L'OUVRAGE.

- Nature de l'ouvrage.
- Maître d'ouvrage.
- Service gestionnaire.
- Statut administratif particulier de l'ouvrage (A.O.T., concession, superposition de gestion,...).
- Référence aux actes administratifs.
- Identification des gestionnaires limitrophes.
- Plan de situation de l'ouvrage.

3. CARACTERISTIQUES GENERALES PERMANENTES.

- Profil(s) type(s) de l'ouvrage.


- Localisation des repères topographiques et situation du P.M.O.pour les ouvrages linéaires.
- Description des matériaux composant l'ouvrage.
- Description des sols (étude géotechnique, localisation et coupes des sondages, essais de sols...).
- Caractéristiques hydraulique et hydrogéologique (marée, houle, nappe...).
- Photographies datées et schémas particuliers.
- Hypothèses et notes de calculs.
- Réseaux (description et localisation).

3. VIE DE L'OUVRAGE.

- Description et date des dégradations survenues sur l'ouvrage.


- Description et date des modifications et réparations de l'ouvrage.
- Modifications intervenues dans l'environnement de l'ouvrage.
- Référence des études ou investigations particulières liées à l'ouvrage et à son environnement.

4. ETAT DE REFERENCE.

- Définition de l'ETAT DE REFERENCE.


- Référence aux pièces importantes du dossier d'ouvrage.

5. CONSTATATIONS.

- Synthèse des constatations importantes depuis la date de l'état de référence.

- 70 -
Annexe 3

MODELE DE PROCES VERBAL DE VISITE ANNUELLE.

------------

Nom du Service gestionnaire :


Nom de l'ouvrage :
Date du procès verbal :

1. DOCUMENTS DE REFERENCE.

- Date de la définition de l'état de référence.


- Date de la précédente visite annuelle.
- Date de la dernière mise à jour du document signalétique.

2. CONSTATATIONS ET FAITS INTERVENUS DEPUIS LA DERNIERE VISITE OU INSPECTION.

- Nature et date des opérations d'entretien.


- Description des dégradations, mesures, réparations (dates, référence au dossier d'ouvrage...).

3. CONDITIONS DE LA VISITE.

- Date de la visite.
- Composition de l'équipe de visite.
- Autres participants.
- Moyens mis en oeuvre.
- Conditions de la visite (moyens d'accès, niveau de la marée...).

4. CONSTATATIONS LORS DE LA VISITE.

- Environnement de l'ouvrage (ouvrages voisins, terre-plein, enrochements, dragages..).


- Partie supérieure de l'ouvrage (couronnement, dallage...).
- Parement de l'ouvrage (état de surface, les pierres, les joints, les barbacanes...).
- Les fondations (si elles sont visibles).
- Les équipements de l'ouvrage (échelles, organeaux, bollards...).
- Etat des appareils de mesure éventuels et des repères de déplacements.
- Joindre les documents graphiques, plans, photo ou vidéo.

5. CONCLUSIONS.

5.1. Par l'agent ayant conduit la visite annuelle.

- Observations, suggestions et avis éventuels de l'agent.


- Propositions éventuelles pour modification du document signalétique et de mise à jour du dossier
d'ouvrage.
- Date et signature.

- 71 -
5.2. Par le responsable du service gestionnaire.

- Modification éventuelle du document signalétique et du dossier d'ouvrage.


- Définition du programme de la visite annuelle suivante.
- Avis sur l'état de l'ouvrage.
- Propositions d'interventions spécifiques:
o inspection détaillée.
o opérations d'entretien courant.
o réparations...
- Date et signature.

- 72 -
Annexe 4

GLOSSAIRE DES TERMES DE MACONNERIE.

------------

DOCUMENTATION DE BASE

1. Petit Larousse

2. Dictionnaire Technique du Bâtiment et des Travaux Publics


M. Barbier, R. Cadiergues et G. Stroskopf - Editions Eyrolles, 1979

3. Encyclopédie Pratique de la Construction et du Bâtiment


Tome II - Librairie Aristide Quillet - Paris, 1962

4. Technologie de la Pierre de Taille - Dictionnaire des termes couramment employé dans l'extraction,
l'emploi et la conservation de la pierre de taille.
Pierre Noël - Société de Diffusion des Techniques du Bâtiment et des Travaux Publics
1965 - Rue Lapérouze Paris

5. Norme Française Homologuée : NF B 10-101 Août 1973


Produits de carrière. Pierres Naturelles. Vocabulaire
AFNOR 1973

6. Shore Protection Manual.


Volume III - US Army. Coastal Engineering Research Conter - Appendix A. Glossary of Terms

7. Nomenclature des Parties d'Ouvrages d'Art en Béton Armé et Précontraint, et en Maçonnerie


Ministère de l'Equipement, SETRA, LCPC 1976

8. Maîtriser les fissurations. Mortiers et Bétons


Ministère de l'Equipement; LCPC, AFB, AFREM 1977

9. Défauts apparents des Ouvrages d'Art en Maçonnerie


Ministère des Transports. Direction des Routes 1982

10. Les Liants Organiques utilisés en Génie Civil - Notions Fondamentales. Nomenclature
Y. Mouton - Note d'Information Technique. LCPC Décembre 1976

11. Injection des Maçonneries, Christian Bonnet


Techniques de Surveillance et de Réparation des Ouvrages de Maçonnerie - ENPC 6-8 juin 1989

12. Norme Française Homologuée : NF P 18-101 Décembre 1983


Granulats-vocabulaire, définitions, classification

13. Norme Française Homologuée : NF B 10.001 Septembre 1945


Produits de carrière et de dragages-matériaux-pierres calcaires

14. Technologie des maçonneries


Lootvoet FAER 1 62 07 LCPC Septembre 1979

15. Confortement par injection des fondations d'ouvrages d'art - J.F. Corté, B. Poupelioz, E. Waschkowski
Rapport des Laboratoires, Série : Géotechnique-Mécanique des sols-Sciences de la terre
GT4 - Mai 1984 – LCPC

16. La Pratique des Ciments et des Bétons, M. Venuat - Editions du Moniteur 1976

17. Le Calcul Minéralogique - Application aux Monuments Anciens, F.X. Deloye - LCPC 1991

- 73 -
Glossaire alphabétique

A
ABRASION (ABRASION)
Usure par frottement entre deux solides de nature différente.
(voir attrition)

ADJUVANT (CONCRETE AUDITIVE)


Produit incorporé en faible quantifié au moment du malaxage d*un liant (-5% du poids de celui-ci) afin
d'améliorer certaines de ses propriétés lors de sa mise en oeuvre puis, au cours de la vie de l'ouvrage.
Ces produits font l'objet de normes NF.

ADOUCIE (surface adoucie) (BULLNOSE)


Etat de surface d'une pierre unie et très finement rayée.

AGRÉGAT (AGGREGATE)
Réunion d'éléments divers formant un tout. Nom utilisé pour désigner divers matériaux (gravier, pierrailles,
sable, etc.) destinés à la confection des mortiers et bétons.

ALCALI-RÉACTION (ALKALI-SILICA REACTION)


(voir réaction alcali-granulat)

ALCALI (ALKALI)
Hydroxyde d*un métal alcalin (soude Na20 pour le sodium et potasse, K20 pour le potassium).

ALTÉRATION (WEATHERING OU DETERIORATION)


Modification (réduction ou amélioration) des propriétés mécaniques d*un matériau pour une cause quelconque,
chimique, physique ou mécanique .
(voir dégradation)

ALVÉOLE (alvéolisation) (POCKET RECESS)


Léger creux à la surface d'une pierre dû à Inaction d'agents mécaniques ou chimiques :
- alvéole circulaire : alvéole de forme grossièrement circulaire
- alvéole vermiculaire : alvéole allongée en forme de ver.

APPAREIL (MASONRY BOND)


Maçonnerie appareillée (COURSED MASONRY)
Forme, dimension et disposition des pierres ou moellons dans un élément de maçonnerie.
Pour les maçonneries de pierres de taille, les appareils sont généralement réguliers.

ARASE (LEVEL COURSE)


Niveau auquel une maçonnerie doit être arrêtée (arasée) lors de la construction d'un ouvrage.

PIERRE D'ARASE (COPING STONE)


Pierre de hauteur différente de celles qui constituent le nom dont le rôle est de régler l'arase à l'attitude désirée.

ARMATURE (ARMOURING)
Dispositif de construction ayant pour effet de donner de la cohésion et de la résistance en traction au milieu
(voir tirant d*ancrage).

ARÈTE (EDGE 0F WALL)


Ligne d*intersection de deux faces d'un élément taillé. Par exemple, arête d*un mur.

ASSISE (assisé) (LAYER OF ASHLAR)


Rangées de pierres ou de moellons disposées horizontalement dans une maçonnerie.
On distingue les assises régulières (figure 1a) et les assises irrégulières (figure 1b).
Un moellon ou une pierre seront dits assises, s'ils sont taillés même grossièrement suivant une forme
approximativement parallélépipédique.
Un moellon qui n'est pas assisé est un moellon brut.

ATTRITION
Usure par frottement entre deux solides de même nature (voir abrasion).

- 74 -
B
BANC (BANK)
En carrière, couche de pierres limitée par deux lits de roche consécutifs.

BARBACANE (WEEP-HOLE)
Orifice pratiqué dans un mur, une dalle ou une voûte destiné à permettre l'écoulement des eaux de drainage au
massif de sol situé en arrière de l'ouvrage.

BATARD
Se dit d'un mortier dont le liant est constitué à la fois de ciment et de chaux.

BATARDEAU (COFFER-DAM) mobile (REMOVEABLE) fixe (FIXED)


Ouvrage de protection provisoire ou définitif permettant de travailler à l'air libre en dessous du niveau de l'eau.

BÊCHE
Elément d'ouvrage généralement vertical servant d'ancrage ou de parafouille pour certaines fondations.

BÉTON HYDRAULIQUE (ou BETON en abrégé) (CONCRETE)


Matériau obtenu par liaison de granulats au moyen d'un liant en présence d'eau.
Suivant les proportions des divers constituants, on distingue :
- la pâte pure de ciment : mélange d'eau et de ciment,
- les mortiers de ciments (ou mortiers) : mélange d'eau, de ciment et de sable,
- les bétons proprement dits : mélange d'eau, de ciment, de sable et de gravillon,
- les bétons cyclopéens : bétons contenant des granulats de forte dimension.

BENTONITE (BENTONITE)
Argiles colloïdales surtout formées de montmorillonite. On observe pratiquement que les grains de bentonite
absorbent de 5 à 6 fois leur volume d'eau en gonflant considérablement : 10 à 20 fois leur volume initial à l'état
sec.
La bentonite est utilisée en mélange avec l'eau et éventuellement des adjuvants stabilisateurs pour la
fabrication des boues de forage (exemple : les parois moulées).

BLOC (NATURAL STONE BLOCK)


Très grosse pierre :
- Bloc brut : morceau de pierre non travaillé, extrait du banc ou du massif.
- Bloc équarri : morceau de pierre façonné en parallélépipède rectangle.

BLOCAILLE (PELL-MELL BLOCKS)


Maçonnerie de remplissage d'un ouvrage constituée par des matériaux de taille et de nature différentes (petites
pierres, des débris de moellons, de briques, etc.) jetés pêle-mêle dans un bain de mortier.

BOSSAGE (BOSSAGE)
Saillie bombée sur une pierre.

BOUCHARDE (CHARRING HAMMER)


Marteau de tailleur de pierres à deux têtes couvertes de pointes pyramidales (les dents), plus ou moins denses
(16, 24, 64 ou 100 dents) qui sert à boucharder.

BOUCHARDÉE (boucharder) (TO BUSH-HAMMER)


Se dit d'une pierre qui comporte de nombreux points ronds de meurtrissure disposés en quadrillage empiétant
l'un sur l'autre. Cette opération est effectuée à l'aide de la boucharde.

BOULANGE (BOILING OFSAND)


Phénomène d'entraînement ascendant des particules fines de sol par une circulation d'eau autour du pied d'un
ouvrage ; de ce fait, le sol étant rendu localement plus perméable, la vitesse de percolation va augmenter d'où
un risque de création de "renard".

- 75 -
BOURRER (bourrage) (TAMPING)
Remplir (un joint) en serrant fortement.

BOUSIN (ébousiner)
Croûte peu résistante et nuisible à la tenue, qui entoure une pierre de carrière.

BOUTISSE (HEADER BOND)


Pierre moëllon ou brique dont la plus grande dimension est perpendiculaire à la façade du mur.

BRIQUE (BRICK)
Pierre artificielle à base d'argile, moulée mécaniquement sous forme de prisme rectangulaire et cuite au four.

BROCHE (broché)
Une pierre brochée comporte de longues traces creuses et parallèles entre elles, allant d'une arête à l'autre
dans une direction sensiblement à 45° de ces arêtes.

C
CACHETAGE (des fissures)
Bouchage avant injection, mais après pose des injecteurs, d'une fissure avec un produit pâteux : colle époxyde,
polyester, mastic polyuréthane ou silicone, mortier étanche...

CAISSON (CAISSON)
Ouvrage de défense contre la mer ou d'accostage (appontement ou quai) préfabriqué (totalement ou
partiellement) en acier, béton, béton armé, ou béton précontraint, de forme prismatique (cylindre ou
parallélépipède) posé sur le sol (fondation superficielle) ou fondé par havage (fondation profonde pour un
ouvrage en maçonnerie construit au dessus).

CANDLOT (sel de)


Sel expansif qui provoque la fissuration des maçonneries pouvant aller jusqu'à la désagrégation.
(voir ettringite)

CALE (SLIPWAY)
Plan incliné en maçonnerie, éventuellement de pierre sèche, que l'on trouve généralement dans les petits ports
à marée où ils servent à l'embarquement et au débarquement de personnes et de marchandises.

CARBONATATION (CARBONATION)
Action de transformation de la chaux Ca(OH)2 dessus le liant hydraté par le gaz carbonique de l'air ou dissous
dans l'eau, en carbonate de calcium CO3Ca (calcite, aragonite, vatérite).
La carbonatation provoque une perte d'alcalinité du béton et donc une dépassivation de l'acier d'armature,
favorise la pénétration des chlorures et en conséquence provoque la corrosion des aciers.

CAVITÉ (CAVITY)
Vide à l'intérieur d'un matériau ou d'une construction résultant d'une perte de matière (par opposition à fissure
ou fracture qui n'implique pas une perte de matière).

CHAUX (LIME)
Oxyde de calcium CaO.

CHAUX NATURELLE
Produit de la calcination de roches naturelles calcaires (constituées essentiellement de carbonate de calcium
C03Ca) et contenant moins de 20 % d'argile (classification de Durand Claye).

CHAUX ARTIFICIELLE (ARTIFICIAL LIMESTONE)


Produit de la calcination de mélanges reconstitués dans des proportions données de calcaire et d'argile.

CHAUX AÉRIENNE (NON HYDRAULIC LIME)


Chaux obtenue par la calcination de roches calcaires contenant moins de environ 8% d'argile.
Cette chaux fait prise en présence de l'air mais pas sous eau. On la rencontre essentiellement dans les
ouvrages les plus anciens (jusqu'au milieu du 19ème siècle) et uniquement hors d'eau.

- 76 -
CHAUX GRASSE (COMMON LIME)
C'est une chaux aérienne contenant moins de 5% d'argile.

CHAUX HYDRAULIQUE (BLUE LIAS LIME - HYDRAULIC LIME)


Chaux obtenue par calcination de roches calcaires contenant entre 8 et 20% d'argile.
Cette chaux fait prise aussi bien dans l'air que sous l'eau d'où son nom "hydraulique".
Suivant sa teneur en argile, on distingue la chaux faiblement, moyennement ou éminemment hydraulique.

CHAUX MAIGRE (LEAN QUICKLIME)


C'est une chaux aérienne contenant environ de 5 à 8% d'argile.

CIMENT ARTIFICIEL (ORDINARY PORTLAND CEMENT)


Le clinker est le produit de la calcination de mélanges reconstitués dans des proportions données de calcaires
(environ 80%) et d'argile (environ 20%).
Le ciment Portland artificiel résulte du broyage du clinker (95%) avec 5% de gypse.
Les ciments spéciaux incluent des constituants secondaires : laitier, cendres volantes, pouzzolane, etc.
Le ciment alumineux (ou fondu) est obtenu par fusion d'un mélange de roches calcaires et alumineuses
(bauxite par exemple).

CIMENT NATUREL
Produit de la calcination de roches naturelles calcaires contenant plus d'environ 20% d'argile.
Les ciments se classent en ciments à prise lente ou à prise rapide suivant leur teneur en argile.

CLAQUAGE
Fissuration ou fracturation accidentelle ou volontaire d'un milieu (généralement un sol) lors d'une opération
d'injection.

CLINOMÈTRE (CLINOMETER)
(voir inclinomètre)

CONCRÉTION (SINTERING)
CONCRÉTION CALCAIRE (CALCAREOUS SINTER)
Agrégation solide plaquée sur une paroi, constituée de dépôts provenant d'une percolation à l'intérieur de
l'ouvrage.

CONTREFORT (COUNTERFORT)
Nervure renforçant un mur de soutènement.

COPLA (Commission Permanente des Liants hydrauliques et des Adjuvants du béton).


Depuis 1990, la compétence de la COPLA est limitée à l'agrément et à l'autorisation de fourniture des ciments
destinés à des usages spécifiques et non couverts par une norme NF-Liants Hydrauliques.

COULIS (GROUT, SLURRY)


Fluide destiné à être injecté dans les sols ou dans les structures afin d'augmenter leur résistance et/ou de les
imperméabiliser.
Les caractéristiques principales d'un coulis sont :
- le pouvoir de pénétrabilité
- la stabilité pendant la phase d'injection
- la résistance mécanique après durcissement
- la pérennité.

Suivant leur composition, on distingue :


- les coulis chimiques résines, utilisés essentiellement pour le traitement des sols
- les coulis de ciment (coulis binaires) qui sont des suspensions de ciment dans de l'eau
- les coulis de ciment adjuvantes (coulis ternaires) qui sont des coulis de ciment comportant un
adjuvant
- les coulis "chargés" qui sont des mortiers comportant des matériaux inertes.

Ecoulement en masse de l'eau (courant de marée, courant au débouché d'un fleuve ou d'une rivière...).

- 77 -
COURONNEMENT (COPING)
Tout élément qui termine en partie supérieure et parfois en saillie un mur ou une partie d*ouvrage ; sur un mur
de quai, le couronnement participe à la fonction accostage des navires.

D
DÉJOINTOIEMENT (STRIKE OFF)
Opération de dégarnissage, manuelle ou mécanique, des joints anciens et des surfaces destinées à recevoir le
joint neuf.

DÉGRADATION (DECAY)
Réduction des priorités mécaniques d'un matériau ou des performances d'un ouvrage.

DÉLAYAGE (WASHING OUT)


Action de déstructuration de l'eau sur le liant hydraulique (mortier ou béton) au cours de sa mise en œuvre sous
marine ; pour éviter le délavage, on adjuvante le liant d'un plastifiant ou on utilise un béton prêt à l'emploi
adjuvanté d'un colloïde puissant.

DÉLIT
Joint naturel ou veine dans un bloc de pierre.

DÉLITER
Placer une pierre de taille dans un sens qui n'est pas celui de son lit de carrière.
Se déliter : se désagréger sous l'action de l'air humide ou de l'eau.

DÉMAIGRISSEMENT
Disposition oblique des lits ou des joints d'une maçonnerie par rapport au parement.

DÉROCTAGE (ou dérochage) (ROCK EXCAVATION)


Opération qui consiste à terrasser le rocher, quelque soit le mode de terrassement (drague à godet, pelle
mécanique sur ponton, explosif, etc.)

DESCELLEMENT (LOOSENING)
Suppression de la liaison entre un élément de maçonnerie et les éléments voisins.

DESQUAMATION (DESQUAMATION)
Altération superficielle de la pierre sous forme d'écailles. Chute des écailles.

DIFFRACTOMÉTRIE DES RAYONS X


Une des techniques d'analyse minéralogique qualitative ; la diffractométrie est un identificateur sélectif pour un
minéral ; les rayons x sont diffractés par les cristaux comme la lumière l'est par les réseaux et donnent des
phénomènes d'interférence identique ; chaque espèce cristalline donne un diagramme de diffraction
caractéristique.

DISJOINTOIEMENT (DISJOINTING)
Disparition de la liaison mécanique consécutive à l'altération ou à la disparition du matériau qui le constitue.

DISTANCEMÈTRE
Appareil destiné à mesurer l'écartement entre deux points.

DRAIN (STONE DRAIN)


Dispositif permettant de recueillir les eaux d'infiltration et/ou les eaux interstitielles.

DYNAMOMÈTRE (SPRING DYNANOMETER)


Instrument mécanique ou hydraulique permettant de mesurer les forces.

E
ÉBOUSINER (ébousinage)
Enlever le bousin de la pierre.

- 78 -
EFFLORESCENCE (EFFLORESCENCE)
Tâche blanchâtre ou colorée, pulvérulente, sur le parement d'un ouvrage, constituée de dépôts solides suite à
une percolation au sein de l'ouvrage.

EMBRÈVEMENT (SKEWNOTCH)
Assemblage oblique de deux pierres de taille.

ENROCHEMENT (ROCHFILLING)
Bloc naturel de roche.
Enrochements : empilement de blocs de roches destiné à supporter un ouvrage ou à le protéger du choc des
eaux.
Sur certains sites dépourvus de roches, on utilise des blocs artificiels en béton (cubes rainurés, accropodes,
tétrapodes, etc.).

ÉPAUFRURE (SPALLING)
Eclatement localisé de l'arête d'une pierre ou d'un béton.

ÉPI (GROYNE)
Ouvrage en enrochements, en maçonnerie... sensiblement perpendiculaire à la côte et destiné à régulariser la
sédimentation marine ou fluviale.

ÉQUARRI (SQUARED AND PARALLEL)


Taillé en forme de parallélépipède.

ÉROSION (EROSION)
Usure d'un solide par frottement de fluides (érosion éolienne, marine...).

ÉTANCHEMENT (WATER PROOFING)


Réduction (ou suppression) de la perméabilité.
Fermeture d'une brèche par où s'écoule un fluide.

ETTRINGITE "SECONDAIRE"
(voir Sel de Candlot)
Sulfo-aluminate tricalcique résultant de I'action des sulfates de l'eau de mer sur le sulfate de calcium et
l'aluminate tétracalcique hydraté du ciment. C'est un sel expansif.
L'ettringite "primaire" qui se forme au cours de l'hydratation du ciment ne provoque pas de désordres dans le
béton (réaction du gypse et de l'aluminate tricalcique de calcium).

EXSUDAT
Dépôt solide sur les parois d'un ouvrage, généralement au contact d'une fissure, résultant de l'évaporation
d'une eau ayant percolé dans la maçonnerie ou le béton.

F
FAIENÇAGE (CHECKING, CRAZING)
Réseau de fissures visible sur le parement d'un ouvrage.

FASCINE (ou fascinage) (FASCINE - WORK)


Assemblage de branchages destinés à combler les fossés, éviter les écoulements de terre...
Dans les ouvrages anciens, branchages interposés entre le sol et l'ouvrage, et destinés à réduire les
poinçonnements locaux.

FILLER (GRANULAR FILLER)


Poudre dont la dimension des grains est inférieure à 80 micromètres.
Les fillers sont des adjuvants inertes ou actifs, obtenus par broyage de roches naturelles ou non.

FINE (silice ultra-fine ou fumée de silice)


La fumée de silice est un sous-produit de l'industrie du ferro-silicium. Ce produit ajouté au ciment avec un
fluidifiant permet l'obtention de béton à très haute résistance mécanique.
La dimension de ses grains s'étend entre 50 Angstroms et 0,5 micromètres.

- 79 -
FISSURE (CRACK)
Discontinuité au sein d'un matériau ou d'une construction débouchant ou non à leur surface.
Une fissure ne partage pas complètement l'élément considéré (par opposition à fracture). Elle se caractérise
par sa morphologie et ses causes, mécaniques, physiques ou chimiques.
Morphologie d'une fissure :
- géométrie (tracé, ouverture c'est-à-dire distance entre les "lèvres" de la fissure, profondeur).
- faciès (intergranulaire, transgranulaire...).
- comportement :
o passif ou actif (variation d'ouverture).
o stable ou évolutif (variation de longueur).

L'ouverture d'une fissure a une dimension supérieure à celle des plus gros grains des granulats de la zone
endommagée par opposition à la micro-fissure dont la largeur est limitée à la dimension des plus gros grains.

FLUAGE (CREEP) ou pour un sol (YIELD)


Le béton et le sol soumis à I'action d'une charge subissent une déformation pratiquement instantanée, élastique
et réversible, puis une déformation lente en partie réversible, appelée fluage.
Pour les bétons, ce phénomène se complique par la superposition d'autres sollicitations dues par exemple aux
retraits et aux gonflements ; pour les sols, le tassement secondaire du squelette solide correspond
principalement à la déformation visco-plastique des couches d'eau absorbée par les grains et à la réorientation
des feuillets d'argile.

FONDATION (FOUNDATION)
Partie de l'ouvrage assurant sa liaison avec le sol.
On distingue les fondations superficielles (essentiellement semelles ou radiers) et les fondations profondes
(pieux).
On introduit parfois la notion de fondations semi-profondes qui sont essentiellement les puits et les caissons.

FRACTURE (FRACTURE)
Discontinuité partageant un élément (éprouvette, partie d'ouvrage ou même ouvrage) en parties distinctes.

FRUIT (BATTER)
Inclinaison du parement d'un mur par rapport à la verticale. Lorsque l'inclinaison est dirigée vers l'extérieur, on
dit que le fruit est négatif : on dit aussi alors contrefruit.

G
GABION
Cage en treillis métallique remplie de blocs rangés à la main : l'ensemble de plusieurs gabions constitue un
dispositif de protection ou de soutènement.

GACHER (TO MIX, TO PREPARE)


Mélanger intimement des corps pulvérulents et liquides. Une gâchée est le produit de cette opération.

GÉLIVITÉ (LIABILITY TO FROST DAMAGE)


Sensibilité au gel (notamment les matériaux poreux : pierre, mortier etc.)
La gélivité d'un matériau est caractérisée par sa porosité, sa perméabilité et la nature minéralogique de ses
constituants.

GONFLEMENT (SWELLING)
Augmentation relative du volume apparent d'un matériau ou d'un ouvrage.
Les composants expansifs du ciment sont le gypse (S04Ca 2H20), la chaux libre (CaO) et la magnésie libre
(MgO).

GRAIN (d'une pierre) (GRAIN)


Eléments de la structure d'une pierre que l'on détermine à partir d'une cassure (grosseur, forme, disposition des
grains).

GRANULATS (AGGREGATE)
Ensemble de grains minéraux de dimension comprise entre 0 et 80mm destinés en particulier à la confection
des mortiers et des bétons.

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GYPSE (GYPSUM)
Sulfate de calcium hydraté (S04Ca 2H20)
Par dessication, le gypse devient du plâtre.
Le gypse (5%) est ajouté au clinker (95%) lors du broyage pendant le processus de fabrication du ciment
(CPA).

H
HAVAGE (SINKING 0F CAISSON)
Méthode de fonçage de blocs en béton destinés à constituer la fondation d'ouvrages en maçonnerie ou en
béton ; le havage consiste à déblayer le terrain au fonds d'un puits intérieur au bloc qui descend sous l'action
de son poids propre.

HOURDIR
Mettre en place le mortier afin d'assurer la liaison entre les éléments, pierres ou moellons, au sein d'une
maçonnerie.

HOURDIS (HOURDIS CEILING)


Maçonnerie grossière constituant en général le corps de l'ouvrage, par opposition à la maçonnerie du
parement.

HYDRATATION (HYDRATATION)
Fixation de l'eau de gâchage par les différents constituants de la chaux, du ciment, mortier ou béton ;
l'hydratation du ciment produit des hydrates baignés par une solution interstitielle basique.
Les réactions d'hydratation très complexes débutent dès que l'eau est ajoutée au liant hydraulique et se
poursuivent pendant la prise du matériau jusqu'à son durcissement.

HYDRAULICITÉ
Propriété d'un matériau à durcir par une réaction d'hydratation puis à conserver cette dureté malgré une
présence éventuelle prolongée à l'eau.
Indice d'hydraulicité
Nom donne par Louis Vicat au rapport argile(SiO2 + AI2O3) / chaux (CaO) pour qualifier une chaux hydraulique.

I
INCLINOMÈTRE (INCLINATION METER)
Appareil permettant de mesurer les pentes (inclinaison par rapport à la verticale).

INJECTION (INJECTION)
Procédé confortatif consistant à introduire dans un matériau poreux un fluide sous pression qui, après
durcissement, aura pour effet d'imperméabiliser et/ou d'augmenter la résistance de ce matériau.
Le produit injecté est le coulis d'injection.

On distingue différents types d'injection :


- de remplissage (comblement de cavités)
- de collage ou clavage (amélioration de la liaison entre le milieu en place et la zone comblée suite à
l'injection de remplissage).
- de serrage (densification du matériau en place).
- de consolidation (régénération des maçonneries, amélioration des caractéristiques du milieu).
- d'étanchement (réduction de perméabilité).

- 81 -
J
JOINT (JOINT)
Dispositif ou matériaux joignant deux parties initialement séparées. Par extension, discontinuité constructive
d'un ouvrage (le joint de dilatation ou de rupture).
Dans une maçonnerie on distingue plusieurs types de joints :
- joint en creux (ou creux) ........... joint en retrait par rapport au nu des pierres,
- joint gras ................................... joint sur angle d'arête plus ouvert qu'un angle droit,
- joint maigre ............................... joint sur angle d'arête moins ouvert qu'un angle droit,
- joint plein ou joint plat ............... joint plat affleurant le parement de la maçonnerie,
- joint ouvert ................................ en phase de construction, joint maintenu ouvert par des cales,
- joint délit.................................... joint sur lequel repose une pierre.

JOINTOYER (déjointoyer, rejointoyer) (TO JOINT)


Faire (défaire ou refaire) les joints d'une maçonnerie. L'opération correspondante est le (dé, re)jointoiement.

L
LACUNE (HOLE)
Absence d'un ou plusieurs éléments d'une maçonnerie.

LIAISONNEMENT (BONDING)
Enchevêtrement des matériaux assurant ou améliorant la résistance des maçonneries.

LIANT (BINDING MATERIAL)


Terme générique des substances servant à rassembler et maintenir réunis des matériaux généralement
solides.
On distingue les liants organiques (bitumes, goudrons, polymères etc.) et les liants hydrauliques (chaux,
ciments...)
Sous certaines conditions, un polymère peut être associé à un liant hydraulique.

LIBAGE (BASTAR ASHLAR)


Grosse pierre ou moellon placée dans un mur de maçonnerie suivant une assise spéciale en point d'appui
d'une charge concentrée.

LIT (ou assise) (LOWER BED 0F ASHLAR)


Faces horizontales d'une pierre d'un mur de maçonnerie perpendiculaire aux efforts de compression.

M
MAÇONNERIE (MASONRY)
Matériau composite comprenant des pierres, moellons ou briques unis ou non par un liant, le mortier.
La maçonnerie qui ne comporte pas de liant est dite de pierre sèche.

MAÇONNERIE EN LIAISON (BONDED MASONRY)


Disposition de maçonnerie telle que les joints verticaux d'un lit tombent au droit du milieu de la pierre du lit
immédiatement inférieur.

MAGISTRALE
Ligne déterminant l'alignement d'un quai.

MASSIF
Terme général évoquant l'idée d'un volume important.

MATAGE (CAULKING BY HAND)


Action de bourrer avec du mortier à peine humide des joints secs à l'aide d'une masse en bois et d'un matoir.

- 82 -
MOELLON (ASHLAR)
Petite pierre à bâtir pouvant être manutentionnée facilement par un homme.
Morceau plus ou moins régulier de pierre ; suivant la taille de leur parement, on utilise différentes
dénominations.
Classification ancienne : moellon brut ou ordinaire, piqué, smillé, têtue
CCTG fascicule 64 : moellon brut et moellon taillé : éclaté, pointé, smillé.

MOIE (HEAP OFSAND)


Cavité d'une pierre contenant de la terre.

MORTIER (MORTAR)
Mélange de chaux (mortier de chaux) ou de ciment (mortier de ciment), de sable et d'eau assurant la liaison
entre les pierres ou moellons d'une maçonnerie. On appelle mortier bâtard un mortier comprenant de la chaux
et du ciment.

MORTIER DE HOURDAGE (LEAN MORTAR)


Mortier assurant la liaison entre les pierres ou moellons au sein même du massif de maçonnerie (par opposition
au mortier des joints des parements).
Parfois appelé mortier de calage.

MUR DE SOUTÈNEMENT (EARTH RETAINING WALL)


Ouvrage en maçonnerie ou en béton, éventuellement armé destiné à retenir des terres.

N
NIVELLE (SPIRIT TUBE)
Niveau à bulle de précision permettant de mesurer la rotation d'un plan par rapport au plan horizontal.

O
OPUS INCERTUM
Empilage de moellons bruts sur mortier.

P
PAREMENT (ASHLAR FACING)
Surface latérale vue ou cachée d'un ouvrage ou d'une partie d'ouvrage.

PARAFOUILLE (CUT-OFF WALL)


Mur ou écran descendant dans le sol afin d'augmenter la longueur du cheminement des filets d'eau et donc de
diminuer les risque de "renard".

PERCOLATION (PERCOLATION, SEEPAGE)


Circulation gravitaire lente de l'eau dans un matériau ou une structure.

PERRÉ (STONE PITCHING)


Revêtement d'un talus de berge de rivière, de bord de mer, ou partie d'ouvrage d'accostage, destiné à le
protéger contre l'érosion ou les glissements superficiels.

PESON (WEIGHTINDICATOR)
Instrument électrique destiné à mesurer les forces.

PIERRE (STONE) PIERRE DE TAILLE (ASHLAR)


Morceau de roche servant à bâtir (pierre à bâtir) et dont le volume rend la manutention difficile par un homme
seul (voir moellon).
- Pierre appareillée ou pierre de taille : pierre taillée sur toutes ses faces.
- Pierre parpaigne (ou parpaing) : pierre à deux parements dont la longueur (appelée queue) est égale
à l'épaisseur du mur.
Les pierres entrant dans la composition d'un parement se distinguent en outre par leur état de surface vue.
(voir moellon).

- 83 -
PIÉZOMÈTRE
Appareil destiné à mesurer les pressions d'eau ; il est utilisé essentiellement dans les sols. Il existe deux types
d'appareils : le tube crépine et le piézomètre à volume constant.

POUZZOLANE (POUZZOLANA)
Les pouzzolanes naturelles peuvent être d'origine volcanique ou d'origine animale ou végétale (matériaux
riches en silice) ; les cendres volantes sont des pouzzolanes artificielles.

Indice de pouzzolanicité = [silice + alumine + oxyde ferrique] / [chaux + magnésie (affectées au liant)]

Q
QUEUE (ou longueur de queue) (TAIL)
Longueur d'une pierre de taille dans le sens de l'épaisseur de la maçonnerie

R
RAGRÉER (ragréage) (TO CLEANDOWN) Joints du mur (TO CLEAN UP)
Finition très soignée d'un parement d'ouvrage en supprimant d'une manière quelconque toutes les irrégularités
ou défauts qui auraient pu y subsister.

RÉACTION ALCALI-GRANULAT (R.A.G.) (alcali-réaction)


On désigne par alcali-réaction ou réaction alcali-granulat un ensemble de réactions chimiques entre certaines
formes de silice ou de silicate pouvant être présentes dans les granulats et les alcalins du béton
(Na20, K20, CaO). Ces réactions donnent naissance à des gels expansifs qui entraînent une fissuration des
ouvrages.

REDAN (STEP)
Relief en forme d'escalier. Se rencontre notamment en partie arrière des soutènements en maçonnerie.

REJET (d'une fissure) (FISSURE REJECT)


Décalage des lèvres d'une fissure perpendiculairement au plan du parement.

REMPIÉTEMENT
Travaux en avancée (ou en dessous) de l'ouvrage en vue de le conforter et/ou de le protéger.

RENARD (PIPING IN AN EARTH DAM)


(voir boulance)
Phénomène d'érosion consécutif à la mise en "boulance" de particules fines du sol en pied d'ouvrage. Des
éléments plus gros vont être entraînés tandis que l'érosion progressera de manière régressive le long d'une
digue de courant formant aussi un conduit par où l'eau s'engouffre et désorganise complètement le sol. Ce
phénomène de "renard" est en général soudain et brutal à cause de l'énergie potentielle de la charge
hydraulique qui se trouve libérée.

RÉSINE (TALL-OIL)
Liant organique de type polymère thermodurcissable ou thermoplastique ; dans le domaine de la réparation des
ouvrages en maçonnerie, on rencontre :
- produits thermoplastiques : les acryliques, les acrylamides, les styrènes acryliques, l'acétate de
polyvinyle et ses copolymères et les styrènes butadiènes.
- polymères thermodurcissables : les époxydes, les polyuréthannes, les polyesters.

- 84 -
RETRAIT (du béton) (SHRINKAGE)
Le phénomène de retrait conduit à une diminution relative du volume apparent du béton. Il existe plusieurs
types de retrait :
- retrait d'hydratation (ou de dessication interne)
- retrait d'évaporation avant prise
- retrait hydraulique après prise
- retrait thermique
- retrait sous charge (ou fluage)

Les retraits provoquent des tensions dans le béton qui conduisent à la fissuration.

RISBERME (BERM)
Elément de protection des fondations qui peut désigner :
- la face supérieure horizontale d'un talus,
- l'espace horizontal séparant la fondation d'un ouvrage de blocage de pied constitué d'un rideau de
palplanches, de gabions, etc.

S
SAILLIE (en saillie) (PROJECTING)
En débordement.

SALISSURE (DIRTY MARK, SOIL)


Dépôt superficiel d'origine extérieure à l'ouvrage, plus ou moins incrusté dans l'épaisseur de la pierre (fumées,
poussières, produits chimiques...).

SATURATION (WATER SATURATION)


Remplissage intégral des vides d'un corps par un fluide.

SCELLEMENT (FIXING, BEDDING INTO CONCRETE)


Fixation d'une pièce dans un trou au moyen d'un liant qui s'y durcit.

S.I. : Système International


Système d'unités dont l'application est obligatoire en France.
cf. Norme NF X 02.006 - Description et mode d'emploi (Octobre 1974).

SILICE (SILICA)
Dioxyde de silicium SiO2

SOCLE (BASE, MOUNTING PLATE)


Partie basse élargie d'un ouvrage formant appui.

SOMMIER (SKEWBACK)
Pièce horizontale prismatique couronnant une culée ou une pile destinée à recevoir des charges concentrées et
à les répartir.

SOUILLE (DREDGED BERTH)


Excavation au fond de l'eau dans la couche de sol superficielle devant un quai à marée.

SOUTÈNEMENT (RETAINING)
Fonction d'un ouvrage assurant le soutien des terres ou d'un matériau en vrac. L'ouvrage lui-même.

STALACTITE (STALACTITE)
Concrétion oblongue se formant vers le bas à partir d'une voûte.

STALAGMITE (STALAGMITE)
Concrétion oblongue se formant, vers le haut, à la verticale d'un écoulement en gouttes.

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T
TALOCHER (talochage)
Etendre un mortier à la main sur une surface en parement.

TALON (d'un mur) (CYMATIUM)


Partie arrière, côté terre, de la base d'un ouvrage de soutènement.

TASSOMÈTRE
Appareil destiné à mesurer les tassements d'un ouvrage ou d'un sol.

TIRANT (d'ancrage) actif ou passif (ANCHORING ROD)


Elément de construction destiné à reporter des efforts vers un milieu plus résistant (voir armature).
Les tirants comportent une armature d'acier constituée soit d'une barre unique ou d'un faisceau de barres, soit
de fils ou de torons parallèles.

TENEUR EN EAU (WATER CONTENT, MOISTURE CONTENT)


La teneur en eau est un paramètre sans dimension qui est déterminé comme étant le rapport du poids de l'eau
au poids des grains solides d'un certain volume de sol.
Elle s'exprime en pourcentage (exemple : sable de Fontainebleau : 10% ; tourbe : 200%).

TOURELLE (TURRET)
Ouvrage de signalisation maritime tronconique en maçonnerie.

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