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Gautron Jean-Claude. Les Conventions d'établissement conclues par le Sénégal avec des entreprises. In: Annuaire
français de droit international, volume 14, 1968. pp. 654-670;
doi : https://doi.org/10.3406/afdi.1968.1511
https://www.persee.fr/doc/afdi_0066-3085_1968_num_14_1_1511
Jean-Claude GAUTRON
(1) II existe un rapport évident entre le traité d'établissement, au sens général et abstrait,
et la convention d'établissement au sens particulier que nous retenons ici, dans la mesure
où celle-ci ne saurait réduire le volume et la nature des droits que toute entreprise étrangère
tient d'un traité d'établissement alors que son effet principal est d'étendre les droits et
avantages de l'entreprise étrangère, en échange de l'acceptation par celle-ci de certaines
obligations.
(2) Rapport de M. Paillere, Le contrat d'investissement dans les pays en voie de
développement, rapport du colloque juridique international de mai 1967, in Les investissements et le
développement économique des pays du tiers-monde (Pedone, 1968).
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(3) Sur les problèmes juridiques de l'investissement : dans l'ouvrage cité, outre l'article
de M. Paillère : J. Ambert : Les garanties juridiques et financières des investissements privés;
F. Luchaire : La nationalité des sociétés et le droit international du développement; voir
aussi Shawcross : Le problème des investissements à l'étranger en droit international,
R.C. A.D.I. , p. 369; Presswerk : La protection des investissements privés dans les traités
bilatéraux, Zurich, 1963; En ce qui concerne l'arbitrage : Fouchard : L'arbitrage commercial
international, 1965; Quere-Mesing : Le rôle de l'arbitrage dans l'assistance aux pays sous-
développés, Annuaire français de droit international, 1960; Arechaga : L'arbitrage entre les
Etats et les sociétés privées étrangères, Mélanges Gidel, p. 367; Ph. Kahn : Le règlement
des différends par la méthode de l'arbitrage in : Les investissements et le développement
économique des pays du tiers-monde, précité; G. P. Delaume : La Convention pour le
règlement des différends relatifs aux investissements entre Etats et ressortissants d'autres
Etats, Journal du Droit International, 1966, p. 26 et sur le même sujet, les rapports d%
MM. Reuter, Kovar, Siorat, Goldman, Lalive aux Journées d'études de Dijon, avril 1968
ainsi que le commentaire de Roulet (dans l'Annuaire suisse de droit international, 1965).
En ce qui concerne l'Afrique Noire : B. Vinay : Epargne, fiscalité, développement
(A. Colin, 1968) ; Loyrette : Les codes d'investissement, Rec. Penant, 1963, p. 139; Werwilghew :
Le régime juridique des investissements au Congo, Cahiers économiques et sociaux, 1966;
Durand-Reville et Paillère : Le régime des investissements dans les pays africains
d'expression française et à Madagascar, RJPOM, 1962, et surtout Ph. Kahn : Problèmes juridiques de
l'investissement dans les pays de l'ancienne Afrique française, Clunet, 1965, p. 338.
(4) J.O.R.S. du 31 mars 1962, n° spécial, p. 586; le Code a été modifié et complété par la
loi 65-34 du 19 mai 1965. J.O.R.S. du 5 juin 1965. Les principales modifications avaient pour
objet d'abaisser le montant minimum des investissements exigés de l'entreprise, c'est-à-dire
d'étendre à des investissements plus réduits les avantages contenus dans le Code de 1962.
(5) En 1961, la Section du Développement du Conseil Economique et Social français
suggérait aux Etats de l'Afrique de l'Ouest d'harmoniser leurs dispositions législatives et
réglementaires relatives aux investissements privés, mais en fait les Etats africains francophones
ont élaboré, au cours des années 1959-1963, une législation parallèle des investissements; les
différences ont été analysées par Ph. Kahn dans l'article déjà cité (Clunet, 1965, p. 338).
(6) M. Seydou Sy en a donné un commentaire dans les publications du CREDILA, 1962,
n° 3.
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présentant une réelle importance pour l'économie locale; dans ce cadre, sur
délibération de la commission permanente du grand conseil, une convention
de longue durée fut passée le 11 juillet 1958 entre le territoire du Sénégal et
la Compagnie des Phosphates de Taïba, entreprise qui exploitait la principale
ressource minière du pays. En 1961, le Code minier du Sénégal, puis le Code
pétrolier, conféraient, dans des domaines particuliers, certains avantages aux
investisseurs.
Le Code de 1962 définit une politique des investissements soucieuse de
ménager les intérêts des deux parties. L'exposé des motifs du projet de Code
indiquait que le gouvernement, en échange des garanties générales ou
spéciales accordées aux investisseurs, entend maintenir certains principes de
politique économique : l'intégration des actions privées d'investissement dans
les objectifs du plan de développement, l'octroi d'avantages particuliers à
ceux des investisseurs qui acceptent de s'installer en dehors de la zone
privilégiée du Cap Vert (Dakar) et, si possible, éviter les double-emplois en
matière d'investissement tant vis-à-vis des entreprises déjà installées que
dans le cadre plus général de 1'U.D.A.O. (Union Douanière de l'Afrique
Occidentale) ou de l'U.A.M.(7).
(7) Ces principes n'ont pas été respectés car le plan n'eut jamais un caractère directif
et que, sauf exception, la rentabilité d'une entreprise exige une installation dans le Cap-Vert
(localisation de l'industrie) ; de plus les Etats africains se sont livrés à la concurrence en
matière d'investissement (et de nombreuses entreprises se sont scindées en autant d'unités
de production qu'elles disposaient de marchés). Le principe le mieux respecté fut celui qui
aboutissait à la protection des entreprises déjà installées au Sénégal.
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Sénégal, peut bénéficier des avantages du Code dès lors qu'elle envisage de
créer une activité nouvelle ou, simplement, d'opérer une extension de ses
installations déjà existantes. Dans le premier cas, il est clair que les
investissements antérieurs à la date de publication du Code ne peuvent être pris
en considération, même s'ils ont été opérés postérieurement à la date de
l'indépendance; cette disposition n'est pas dénuée de réalisme puisque l'objet
du Code des investissements consiste à inciter l'investisseur nouveau à placer
des capitaux sur le territoire et non pas à rassurer les investisseurs déjà
établis (8). Parfois, une entreprise anciennement installée a vu confirmer les
avantages qu'elle tirait d'une convention de longue durée à l'occasion de la
conclusion d'une nouvelle convention (exemple précité de la Compagnie de
Taïba). De plus, dans le second cas, en réalisant une extension de ses
installations déjà existantes, une entreprise ancienne peut bénéficier des
dispositions du Code et éviter d'être pénalisée par rapport à une entreprise
nouvelle (9). D'une façon générale, la notion d'activité nouvelle est
suffisamment large pour recouvrir tous les cas d'investissement. Encore le Code
est-il plus explicite en ce qui concerne les investissements de capitaux
provenant de l'étranger, ce qui élargit la notion classique d'investissement.
L'article 2 du Code étend le bénéfice des garanties qui y sont incluses à des
participations ou prêts en provenance de l'étranger, ainsi définis :
— les apports de capitaux, biens ou prestations à toute entreprise établie
au Sénégal, en échange de l'octroi de parts ou titres sociaux donnant droit
aux bénéfices;
— les prêts consentis par une autre personne qu'un Etat ou un
Etablissement public étranger à toute entreprise régulièrement établie au Sénégal
à condition qu'ils soient, pour 50 % au moins, remboursables à plus de cinq
ans d'échéance, que le taux d'intérêt ne soit pas supérieur au taux d'escompte
officiel, majoré de deux points et qu'ils constituent un élément déterminant
du financement de l'entreprise (ce qu'il est relativement facile de démontrer).
Par ces dispositions, le Code de 1962 reconnaît le phénomène de
l'assistance financière privée aux pays sous-développés qui est rarement reconnue
par des textes de droit positif (10).
En ce qui concerne enfin la personne de l'investisseur, bien que les
dispositions de la loi de 1962 s'appliquent à tous les investisseurs sans
discrimination, le Code des investissements donne une définition précise de
l'investisseur étranger. Nous dirons plus loin que cette qualification influe
(8) La garantie des investissements anciens tient à d'autres facteurs qui sont le rythme
d'amortissement et la rentabilité de l'entreprise, le droit fiscal commun, l'étendue du marché,
ainsi que pour les investisseurs étrangers les règles d'établissement, les mécanismes de
l'Union monétaire ouest-africaine et la liberté des transferts, également le bon
fonctionnement des institutions judiciaires.
(9) En outre, la détermination des installations nouvelles exige que l'on tienne compte,
dans une certaine mesure, des installations anciennes; le Code favorise ainsi le
ré-investissement.
(10) Cf. Kahn, art. préc. in Clunet, 1965, p. 349.
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(11) Au Sénégal, hormis quelques exceptions (telle la Société sénégalaise du Sud-Est), les
nationaux font partie d'un secteur commercial non organisé.
(12) Sur ce point, lire : F. Luchaire : La société étrangère dans les pays sous-développés
(in La personnalité morale et ses limites, L.G.D.J., 1960) et une étude plus récente du même
auteur : La nationalité des sociétés et le droit international du développement (in ouvrage
précité. Pédone, 1968) .
(13) En ce sens, Y. Lotjssocarn : La nationalité des sociétés dans les législations du
développement, Annales Faculté de Droit de Dakar, 1962, p. 219; en sens contraire : Kahn, art.
préc. in Clunet, 1965, p. 351 et 352.
(14) Sur ce point lire les articles de Kiss et D. Vignes sur la protection des actionnaires
(in La personnalité morale et ses limites).
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(21) L'exposé des motifs contient une analyse rapide des intérêts que présente la création
ou l'extension projetée.
(22) Décret 63-034 du 25.1.1963, J.O.R.S., 30 mars 1963.
(23) Décret du 12.4.1962, J.O.R.S., 20 avril 1962.
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(28) Dans la limite où la somme des bénéfices imposables est inférieure au montant des
investissements prévus et réalisés.
(29) A l'exception des investissements consistant en achats de matériel d'occasion ou des
bénéfices provenant de fonds pour le renouvellement de l'outillage et du matériel.
(30) II en est ainsi pour la Société Africaine de Raffinage, la C.A.P.A., la Société
Industrielle d'engrais, les phosphates de Taïba, la Société textile sénégalaise, la société « Sotiba-
Simpafric », soit la quasi-totalité des entreprises conventionnées. En l'absence d'un régime
fiscal stabilisé, les conventions d'établissement ont un contenu proche de celui des décrets
d'agrément prioritaire, et de ce fait, les investisseurs se contentent du régime de l'agrément.
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(33) La question ne présente pas un intérêt pratique évident puisque les avantages
de l'agrément prioritaire sont confirmés par la convention mais elle montre la proximité des
deux régimes institués par le Code.
(34) La Banque Nationale de Développement, société nationale, prend parfois des
participations pour le compte de l'Etat sénégalais (ex. Berliet-Sénégal) .
(35) Sur le seul plan fiscal, la convention fiscale franco-sénégalaise stipule que « le
domicile des personnes morales est au lieu du siège social statutaire » (J.O.R.S., 14.12.1968).
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(38) L'article 42 de la Convention élaborée par la B.I.R.D., précise que « faute d'accord
entre les parties, le Tribunal arbitral applique le droit de l'Etat contractant partie au différend
ainsi que les principes du droit international en la matière ».