Vous êtes sur la page 1sur 28

ROEBUCK, Derek: “L’arbitrage en droit anglais avant 1558”, Revue de l’arbitrage,

2002, N° 3, págs. 535 y siguientes.

L’arbitrage en droit anglais avant 1558


Derek Roebuck
Revue de l'arbitrage, 2002 - No. 3, pp. 535 - 577

Institute of Advanced Legal Studies, Université de Londres


Rédacteur en chef d'Arbitration
Professeur honoraire à l'Université de Hong Kong

Résumé ((*))

Jusqu'à la fin du seizième siècle, l'Angleterre ne disposait pas de législation ou de textes sur
l'arbitrage. Le droit était créé par les juges chargés de l'appliquer. Les registres publics
fournissent néanmoins la preuve suffisante qu'une large variété de tribunaux
reconnaissaient les clauses d'arbitrage, faisaient exécuter les sentences et nommaient des
arbitres pour les assister dans leur travail. Toutes sortes de personnes avaient recours à
l'arbitrage pour régler leurs différents conflits, non seulement en matière commerciale ou
immobilière mais également portant sur des questions ecclésiastiques, pénales, d'état des
personnes et même de responsabilité médicale. Les tribunaux rencontraient déjà une large
part des questions qui se posent à eux aujourd'hui. La pratique en Angleterre n'a pas adopté
le compromissum du droit civil mais a fait un usage régulier des clauses pénales. Le droit
de se prévaloir d'un accord ou d'une sentence pour bloquer la procédure devant le tribunal
était très "535"développé. Certes on note des évolutions au cours de cette période, mais
aucune source ne nous indique que les acteurs de ce système avaient l'intention de le
réformer.

Summary

Until the end of the sixteenth century, England had no legislation or texts on arbitration.
The law was created by the judges who applied it. The public records provide sufficient
evidence of a wide range of courts recognising arbitration agreements, enforcing awards
and appointing arbitrators to help them. All kinds of parties used arbitration to deal with
all kinds of dispute, not only about commerce and land but also about ecclesiastical affairs,
crime, status and even medical negligence. The courts dealt with many of the issues which
they face today. English practice did not adopt the Civil Law's compromissum but
regularly made use of penal bonds. The law on pleading an agreement or an award to stay
litigation was well developed. Though there is some evidence of evolution during this
period, there is none that those who operated the system thought it needed reform.

I. – Introduction

Cet article décrit comment le système juridique anglais a traité l'arbitrage dans les temps
qui ont précédé l'arrivée sur le trône d'Elisabeth I. Cette date a été choisie comme terme
parce que, postérieurement, les nouvelles méthodes de publication des recueils de
jurisprudence ont produit tellement de documents qu'ils nécessiteraient une étude séparée.
La gestion du royaume a de plus en plus reposé sur le Conseil, qui utilisait et encourageait
l'arbitrage dans tous types de litiges. La Réforme a révolutionné l'étude du droit et la
législation a commencé à intervenir pour donner au système juridique sa structure moderne.
La plupart des sources concernant cette période proviennent de documents juridiques
publics (). Une étude exhaustive, qui couvrirait les interactions pratiques de l'arbitrage avec
la négo"536"ciation, la médiation et les autres mécanismes de résolution des conflits,
demanderait l'étude d'une plus grande variété de documents produits par des marchands,
des corporations, des architectes, etc., dont beaucoup ne sont pas encore publiés. Cela
reviendrait à tenter de répondre à la vaste question suivante : de quels outils juridiques les
parties à un litige disposaient-elles pour s'assurer que leur convention d'arbitrage serait
efficace ? Ou même : comment manipulaient-elles l'ensemble de leurs techniques et de
leurs ressources : négociation, médiation, arbitrage, contentieux, sans oublier les éléments
cruciaux que sont l'influence, le pouvoir politique, la corruption et même la violence ?
Cet article pose des questions juridiques plus précises. Comment le droit anglais,
antérieurement à la Réforme, a-t-il réglé les problèmes engendrés par l'arbitrage ? Quelle a
été l'influence du système particulier qu'est l'Equity ? La Common Law avait-elle quoi que
ce soit qui ressemblait au compromissum du droit civil ? Les tribunaux encourageaient-ils
l'arbitrage ou le considéraient-ils comme une menace pour leur champ de compétence ?
Quels principes juridiques modernes existaient déjà à cette époque ? Nous n'avons pas
présumé que, entre le septième et le seizième siècle, le développement et l'élaboration des
techniques juridiques ont été constants. Beaucoup existaient déjà à l'époque des premiers
écrits de la Common Law. Certains avaient déjà l'efficacité qu'elles ont maintenant, comme
par exemple le traitement des actions en responsabilité médicale.
Le système juridique peut affecter l'arbitrage de différentes manières. La plus évidente
aujourd'hui est le contrôle que les tribunaux exercent sur l'arbitrage par leur monopole de
l'imperium des clauses compromissoires et des sentences arbitrales. Mais, dans l'histoire de
l'arbitrage, la pratique des juges consistant à nommer des arbitres pour faire une partie de
leur travail a été tout aussi importante. Les parties semblent avoir presque toujours eu leur
mot à dire (du moins pour la forme) dans leur sélection. Les arbitres nommés par un
tribunal n'en étaient pas pour autant des juges, même s'ils provenaient souvent des rangs des
avocats ou "537"même des magistrats. Ils n'agissaient pas en leur qualité officielle. Dans
tous les cas, leur champ de compétence, parfois leur pouvoir d'appréciation, étaient
différents de ceux des juges.
Une condamnation dans un procès était perçue comme une victoire par l'une des parties,
comme une défaite par l'autre, alors qu'une sentence dans un arbitrage auquel les deux
parties avaient volontairement soumis leur différend pouvait permettre à toutes deux de
conserver honneur, fierté et autorité. Les arbitres faisaient souvent des concessions au
perdant de façon à pacifier les relations par le biais d'une meilleure acceptation de la
sentence. Des questions extrêmement importantes furent soumises à l'arbitrage parce que
les parties ne pouvaient, ou ne voulaient pas, reconnaître l'autorité d'une Cour qui leur serait
supérieure. En 1177, Alphonse, Roi de Castille, et son oncle Sancho, Roi de Navarre,
revendiquaient tous les deux la souveraineté sur Buron (). Ils soumirent leurs prétentions à
Henry II d'Angleterre. Chacun plaça trois bourgs en dépôt, en gage de sa soumission à la
procédure et à la sentence. Henry II convoqua les plus hauts notables du royaume en une
assemblée qui entendit les représentants des deux parties. Par peur que leurs mots ne soient
pas compris de tous, Henry exigea d'eux qu'ils mettent leurs arguments par écrit,
vraisemblablement en latin. Après avoir entendu l'avis de l'assemblée, il décida que chacun
devait faire droit à ce que l'autre demandait et qu'Alphonse devait verser à Sancho 3 000
maravedis par an pendant dix ans.
Une convention d'arbitrage n'assurait pas systématiquement le succès de la procédure,
même lorsque l'arbitre était un roi. Par l'Accord d'Amiens de 1264, Louis IX arbitra un
litige opposant Henry IV à Simon de Montfort, mais ce dernier refusa d'exécuter la
sentence.
Au Moyen Age, il était encore plus rare qu'aujourd'hui qu'un différend devant un tribunal
supérieur allât jusqu'à une décision judiciaire (). Cela était notamment dû au fait que la
plupart "538"des affaires étaient réglées au cours de la procédure, souvent suite à un
arbitrage. On suppose que les parties étaient prêtes à risquer le trouble et le coût engendrés
par le lancement d'un contentieux pour clarifier les points de conflit et forcer leur
adversaire à prendre leur action au sérieux, sans pour autant vouloir aller jusqu'à risquer
l'humiliation d'une défaite. Les sources montrent que l'arbitrage était répandu, dans toutes
les catégories sociales et tous les milieux, et que des membres de classes différentes, même
des hommes libres et des serfs, n'hésitaient pas à se soumettre ensemble à l'arbitrage ().

2. – L'arbitrage avant la common law

Les plus anciens documents témoignent déjà de procédures répétées et donc de l'existence
de systèmes de règlement des conflits. Il se pourrait même qu'alors l'arbitrage ait été chez
les Anglo-saxons le moyen le plus commun de régler les différends (). Les sources sont peu
nombreuses, mais laissent à penser qu'une procédure incluant les tentatives d'un tiers, choisi
par les parties, de trouver un accord par la médiation, faute de quoi il imposerait sa
décision, pourrait bien avoir été très répandue, à l'inverse des contentieux allant jusqu'à une
décision juridictionnelle qui étaient assez rares.
On trouve des traces de règlement de conflits en dehors des tribunaux dès les lois
d'Aethelbert datant d'environ 602 (). Les lois de Lothaire et d'Edric, entre 673 et 688,
disposaient que : ‹ Si un homme porte une accusation envers un autre, alors, dans "539"les
trois jours après que celui-ci lui a donné une garantie, ils doivent nommer ensemble un
arbitre (saemend) › ().
Une lettre écrite au début du dixième siècle à Edouard l'Ancien, roi des Saxons de l'Ouest
(du Wessex) de 899 à 924 (), tente de justifier la revendication immobilière de l'auteur,
anonyme. Il y énonce que, du temps du Roi Alfred, le père d'Edouard, Helmstan avait volé
une ceinture et avait été banni, ce qui permit à Aethelm de revendiquer la parcelle en
question. Helmstan avait persuadé l'auteur d'intercéder auprès d'Alfred. La question fut
soumise à des arbitres dont l'auteur faisait partie. Helmstan soudoya l'auteur avec la
promesse que, si les arbitres lui permettaient de récupérer la parcelle sur la foi de son
serment, il en donnerait la propriété à l'auteur, gardant juste un usufruit à vie pour lui-
même. Cependant, à peine cela fait, Helmstan vola du bétail et fut à nouveau banni.
L'auteur prit alors possession du terrain et l'échangea, sans doute libéré de l'usufruit de
Helmstan, contre une autre parcelle appartenant à un évêque. Aethelm la revendiqua alors.
La lettre demandait au roi de confirmer que l'auteur en était le légitime propriétaire. Le fait
d'avoir à confesser une corruption ne semblait pas lui poser le moindre problème.
Cela mis à part, il n'existe pas beaucoup d'éléments qui montrent quel droit fut appliqué à la
résolution des conflits jusqu'à bien après la Conquête Normande. Le développement d'un
droit anglais de l'arbitrage n'est vraiment observé qu'à partir du treizième siècle. Dès cette
époque, les Year Books sont remplis de références à l'arbitrage et au droit. Ils commencent
au milieu du treizième siècle et disparaissent au milieu du dix-septième, supplantés par des
recueils juridiques nés au cours du seizième siècle et connus sous le nom de Nominate
Reports, parce que désignés selon le nom du rapporteur. Les Year Books recensent les
affaires des tribunaux royaux. Les Curia Regis Rolls sont les registres officiels du travail de
ces tribunaux (). Les tribunaux d'Equity ont leurs propres "540"registres tout comme les
autres juridictions nationales, locales et ecclésiastiques ().

3. – La Prolifération des Tribunaux

Pour comprendre l'histoire de l'arbitrage, il faut connaître le système complexe de tribunaux


avec lequel il a interagi. Guillaume le Conquérant a imposé sa personne sur l'ensemble de
son nouveau royaume, mais n'a pas plus tenté d'imposer son droit que sa langue. Il disposait
bien de ses tribunaux pour exercer son autorité sur les questions de son choix, mais n'avait
aucun monopole de juridiction. Tous les tribunaux royaux découlaient, directement ou non,
du Conseil du Roi et les souverains successifs créèrent de nouvelles juridictions à chaque
fois qu'ils en ressentaient le besoin. A compter du milieu du douzième siècle, il existait un
droit coutumier que les tribunaux royaux tentaient d'appliquer uniformément dans tout le
royaume. Mais tous les seigneurs du pays, laïcs ou non, avaient le droit et même
l'obligation d'offrir des tribunaux à leurs sujets. Il y eut alors une véritable prolifération de
juridictions (). Les documents montrent que l'ensemble des tribunaux non seulement
reconnaissaient l'arbitrage, mais avaient eux-mêmes recours à des arbitres.
Les tribunaux du Roi prirent d'abord des noms différents selon le lieu dans lequel ils
siégeaient. Coram Rege signifiait que les juges siégeaient aux côtés du Roi, où que celui-ci
se trouve. En fin de compte, cela devint le Tribunal du Banc du Roi (King's Bench) et le
Roi y vint de moins en moins souvent (). Au départ, in banco ne signifiait à Westminster
Hall que ‹ sur le "541"banc › (en Anglais : on the bench). Parce qu'il s'occupait des ‹
common pleas ›, les questions qui ne concernaient pas les intérêts du Roi, il est devenu le
Common Bench et plus tard la Court of Common Pleas (Tribunal des Plaids Communs). Ad
Scaccariam signifiait sur la table à la nappe en damier, utilisée pour la comptabilité. C'est
devenu The Exchequer (littéralement, l'échiquier). Lorsque tous les juges siégeaient
ensemble pour poser des principes généraux, il leur était plus confortable de se réunir dans
la Chambre de l'Echiquier ().
Bien avant que la Common Law ne soit un système juridique complet, les sujets du Roi
connaissaient leurs droits et savaient quelle justice ils pouvaient attendre du Gouvernement
central et ce qu'ils devaient aller chercher ailleurs. La Common Law s'est d'abord
concentrée sur les questions concernant l'ordre public, notamment les conflits immobiliers
et les infractions les plus graves. Ses exigences en matière de procédure et de preuve se
firent de plus en plus strictes, si bien que les parties préféraient soumettre leur litige à
l'arbitrage, en remplacement ou au cours du procès. Mais elles exploitèrent les nombreuses
connections entre l'arbitrage et le Chancelier et ses tribunaux. De la même façon que les
tribunaux de Common Law étaient des juridictions royales, créées à partir de la fin du
douzième siècle lorsque le besoin s'en faisait sentir, grâce au personnel à la disposition du
Roi à un moment donné, les tribunaux d'Equity étaient constitués d'officiers de même type,
voire des mêmes officiers, placés sous l'autorité du chef du Gouvernement du Roi, le
Chancelier. L'une des attributions des souverains a toujours été la prévention des querelles
entre leurs sujets. Ils exercent et exhibent leur autorité en entendant les requêtes de leurs
sujets. Ils ne peuvent pas les entendre toutes donc, dans tout le royaume, quelqu'un doit
intervenir et régler tous les problèmes, mis à part les plus sérieux. En Angleterre, dès avant
la Conquête, ce rôle était dévolu au Chancelier. Si les sujets voulaient que leur grief fût
jugé par un tribunal appliquant la Common Law, ils allaient voir le Chancelier. La
procédure commençait lorsqu'il leur fournissait ‹ a writ ›, une lettre du Roi adressée au
shérif, l'officier royal chargé d'arranger l'audience auprès du tribunal de Common Law ; le
Chancelier pouvait également, si la question entrait dans la "542"sphère de compétence des
tribunaux d'Equity, la trancher lui-même.
Si le Chancelier se saisissait de l'affaire, les règles de droit et de procédure pouvaient être
plus flexibles. Sa jurisprudence n'était pas plus influencée par le droit de l'Eglise que celle
des tribunaux de Common Law. Cependant, le Chancelier, son Roi et ceux qui venaient lui
demander son aide, étaient tous d'accord pour dire que les institutions terrestres devaient
faire en sorte que les Chrétiens agissent en accord avec leur conscience, ce que les
tribunaux de Common Law n'avaient pas le pouvoir d'exiger (). Les tribunaux d'Equity
énonçaient régulièrement qu'ils statuaient en fonction ‹ des principes de Justice et d'Equité
›, ce qui exprimait un rejet des procédures de la Common Law et non de ses règles de droit
matériel. De plus, le Chancelier pouvait préférer intervenir en tant qu'arbitre ().
Une comparaison des affaires traitées par la Chancellerie avec les conventions d'arbitrage
inscrites au dos des ‹ Close Rolls › () révèle un flot continu d'affaires soumises par les
tribunaux à la décision d'arbitres, le Chancelier lui-même jouant parfois ce rôle.
Lorsque le résultat d'un conflit devait dépendre de la réponse divine à un serment ou du
résultat d'une ordalie ou d'une bataille, aucun appel n'était possible. Mais lorsque des êtres
humains faillibles, juges et jurés, ont remplacé ces méthodes et ont commencé à examiner
les preuves et à entendre les arguments, les parties perdantes pouvaient envisager
l'hypothèse de mauvaises décisions et vouloir trouver des mécanismes pour les amender.
De plus, on a commencé à penser que l'application de règles de droit, en elles-mêmes
incontestables, pouvait produire des résultats injustes. Quel que soit leur degré de
raffinement, elles restent des lois humaines et non divines (). Mais si l'on autorisait une
certaine marge de liberté, il fallait la soumettre elle aussi à des règles. Un corps de règles,
appelé Equity, a ainsi "543"été créé : il s'agit d'un commentaire de la Common Law et ne
peut exister sans celle-ci ; on en confia l'administration à certains tribunaux (). Le plus
important d'entre eux était le Tribunal de la Chancellerie (Court of Chancery), qui était la
juridiction propre du Chancelier, et le Conseil du Roi dans ses différentes formes, qui
s'occupaient des mêmes matières que les tribunaux de Common Law mais jugeaient selon ‹
les principes de Justice et d'Equité ›.
A la fin du quinzième siècle, après une période d'instabilité, les Rois anglais furent capables
non seulement de rétablir leur autorité mais de la rendre manifeste par la création de
nouveaux tribunaux pour exécuter leurs volontés (). Parce qu'il était exercé de manière
régulière, le pouvoir royal se répandit et se renforça. La France connut la même évolution
avec l'établissement d'abord du Grand Conseil puis du Conseil Privé, encore plus puissant.
Dans ces deux pays, seules la guerre civile et la révolution ont pu y mettre fin. Le Conseil a
exercé sa juridiction au travers de ce qui fut appelé ‹ the Court of Star Chamber › et
également le Tribunal des Requêtes (Court of Requests). D'autres tribunaux voyaient
limiter leur compétence d'attribution, comme par exemple le Tribunal de l'Amirauté (Court
of Admiralty) et le Tribunal des Tutelles (Court of Wards), ou leur compétence territoriale,
comme le Conseil du Nord et le Conseil du Pays de Galles. Même si le Conseil, qu'il siège
en tant que Court of the Star Chamber ou non, s'occupait surtout des questions d'ordre
public et de lutte contre l'opposition politique, il lui restait du temps pour traiter des affaires
privées. Il avait l'habitude de nommer des arbitres en grand nombre et pour des problèmes
variés ; il le fit encore plus fréquemment entre 1550 et 1616, postérieurement à la fin de la
période étudiée dans cet article.
Tous ces tribunaux d'Equity, appliquant les ‹ principes de Justice et d'Equité ›, profitèrent
largement de la possibilité qui leur était offerte de nommer comme arbitres toutes les
personnes qu'ils estimaient adéquates, des magistrats ou des fonc"544"tionnaires de
n'importe quel tribunal ou d'autres spécialistes non-juristes. En 1382, le Chancelier, nommé
arbitre, délégua cette tâche à un fonctionnaire de la Chancellerie et à un avocat de la
Common Law(). Les tribunaux de Common Law limitaient en général leurs condamnations
à des dommages-intérêts. Ils ne pouvaient pas accorder d'injonctions de faire ni forcer les
arbitres réticents à exécuter leurs devoirs. Il n'existait aucun corps de règles ni d'équivalent
savant au receptum arbitri romain. A l'inverse, le Tribunal de la Chancellerie disposait de
tels pouvoirs et les exerçait régulièrement aux quatorzième et quinzième siècles, époque à
laquelle les problèmes issus de l'arbitrage formaient une part importante de son activité ().
Dès lors, une personne en conflit, disposant de bons conseils juridiques, avait à sa
disposition une large panoplie de techniques élaborées pour s'assurer les meilleures chances
de succès. A la fois en Common Law et en Equity, le contentieux et l'arbitrage pouvaient
être exploités, en tant qu'alternatives ou ensemble, pour arriver au résultat le plus favorable
possible ().
L'arbitrage était la seule méthode de règlement des conflits autorisée parmi les membres de
certaines organisations. L'institution à laquelle quasiment tous devaient appartenir était
l'Eglise chrétienne, dont les enseignements commandaient à tous d'éviter les contentieux.
En effet, certains auraient dit que la Bible interdisait les procès et qu'il existait des Conseils
qui menaçaient d'excommunier ceux qui refusaient de participer à une médiation ou à un
arbitrage (). Comme les tribunaux de Common Law, les tribunaux ecclésiastiques
ajournaient souvent les affaires, dans l'espoir que les parties arriveraient à un accord, sub
spe concordiae, avec ou sans l'intervention d'arbitres (). Bien que les tribunaux s'occupant
des questions spirituelles "545"fussent séparés des tribunaux royaux, il n'est pas surprenant,
sachant que l'on exigeait de tous les Anglais qu'ils soient Chrétiens, de découvrir entre eux
des liens intellectuels. De plus, les tribunaux laïcs recevaient beaucoup de demandes
émanant d'hommes d'Eglise, concernant non seulement leurs propriétés foncières, mais
également leur participation croissante au commerce. On trouve aussi trace de tribunaux
ecclésiastiques traitant d'affaires ordinaires de créances qui se trouvaient en principe en
dehors du champ de leurs compétences. Les techniques des juristes romains n'étaient pas
inconnues. L'enseignement juridique de la Rome antique n'avait pas été perdu. Un examen
approfondi des registres des tribunaux laïcs et religieux révèlerait peut-être des influences
directes ().
Il y avait beaucoup de tribunaux locaux, au niveau du comté, de la ville, du bourg et du
port. Les marchands avaient leur tribunal dans les foires et les marchés. Les propriétaires
terriens avaient leurs cours féodales. S'y soumettre et y accéder ne se faisait pas par choix
mais selon le statut de chacun. Cependant, malgré l'accessibilité des tribunaux, les sources
datant du Moyen Age montrent un usage très large de l'arbitrage, soit à l'initiative des
parties, soit sur ordre des tribunaux. Il y avait également des organisations, y compris des
corporations commerciales ou religieuses, qui exigeaient que leurs membres soumettent
leurs conflits à leur propre système de règlement ().
La ville de Londres avait ses propres tribunaux et sa propre coutume. Dans une action en
délit civil devant le Banc du Roi en 1390 (), le défendeur plaida que le demandeur avait
porté la même affaire devant le shérif de Londres : ‹ lusage de citee de Loundres est tiel qe
si ascun pleint soit parentre ascun franc homme del citee en cort le vicount et le maire puit
maunder as viscount et prendre le plee devaunt lui et en arbitrement de certeins persones ›
(la coutume de la ville de Londres est telle que si une action est placée devant le tribunal du
shérif et du maire contre un homme libre de la cité, on peut exiger que l'action "546"soit
plaidée devant le shérif et soumise à l'arbitrage de certaines personnes). Le maire organisa
un arbitrage, avec un surarbitre, avec instruction que ‹ sils ne puissent accorder ›, les
parties devraient revenir devant lui et qu'il trancherait de manière définitive. Les parties
sont allées devant un jury pour déterminer si l'arbitrage avait vraiment eu lieu.
Aucune de ces autres institutions ne pouvait créer du droit. Jusqu'en 1698 (), aucune
législation ne réglementa l'arbitrage (). Il n'y avait aucun écrit doctrinal sur le sujet avant
1694. Le droit devait être trouvé dans l'œuvre des tribunaux royaux, qui créaient parfois
expressément de nouvelles règles (). L'étude qui va suivre se limitera aux registres de ces
tribunaux. Les décisions et les opinions des juges montrent qu'ils reconnaissaient dans
l'arbitrage un allié précieux dans le rendu de la justice et étaient soucieux de l'exploiter et
de le contrôler. Les sources sont assez importantes pour nous permettre de décrire le droit et
la pratique de l'époque selon les mêmes distinctions qu'aujourd'hui, sans faire
d'anachronisme : la nomination des arbitres, leurs pouvoirs et fonctions, le droit applicable,
les méthodes de soumission à l'arbitrage, l'arbitrage comme obstacle au contentieux, et les
différents domaines du droit dans lesquels l'arbitrage intervenait.

4. – La Nomination des Arbitres

Il y a beaucoup de comptes rendus de tribunaux reconnaissant aux parties le droit de choisir


elles-mêmes leurs arbitres ; d'autres rapports montrent que le tribunal supervisait ce choix
ou faisait des suggestions ; et de nombreux autres écrits prouvent que le tribunal nommait
parfois lui-même les arbitres. Les tribunaux ne semblent pas avoir imposé l'arbitrage aux
parties contre leur volonté ni avoir limité leur libre choix des "547"arbitres (). Les
tribunaux arbitraux pouvaient aller d'un arbitre unique à 24 arbitres. Il était commun mais
pas obligatoire que chaque partie en nomme autant et il n'y avait aucune préférence pour les
chiffres impairs, deux, quatre, six étant normal, même si un superior était souvent ajouté,
soit pour dégager une majorité, soit pour trancher en tant que surarbitre les questions que
les arbitres initialement nommés n'arrivaient pas à régler.
Des femmes étaient souvent parties aux arbitrages, mais ne semblent jamais avoir été
nommées arbitres, même s'il n'y a aucune preuve d'une restriction expresse les concernant,
sans parler d'une disqualification telle qu'elle existait en droit romain. Il existe beaucoup
d'exemples de femmes mariées se soumettant à un arbitrage. En 1258, Pétronille intenta une
action pour récupérer des terres qu'elle avait reçues dans sa dot de la part de Marjorie qui
lui en avait ensuite repris la possession. Marjorie plaida, entre autres, l'existence d'un
accord entre elles, résultant d'une médiation ou d'un arbitrage per viros religiosos et
clericos, mais le tribunal royal rejeta ses arguments (). Dans l'affaire Stanmock v. Cherche
de 1388 (), le défendeur plaida d'abord qu'aucune action en reddition de compte ne pouvait
être intentée contre une femme. Le Juge Charlton, Président du Tribunal, semblait être de
cet avis : ‹ Brief d'accompt ne fut unqs maytenable vers un femme qar homme n'avera tiel
brief enseale en le chauncerie devers nully femme et est le folie d'un homme q'il voilleit
bailler ascuns deniers a une femme d'accompter › (un writ of account ne peut être soutenu à
l'encontre d'une femme, car la Chancellerie n'a jamais délivré de telles ordonnances,
demandées par des hommes et visant des femmes, et ce serait folie pour un homme de
mettre de l'argent en compte auprès d'une femme). Le tribunal prit tout de même le temps
de considérer la question et le défendeur finit par abandonner cet argument au profit de
l'existence d'un arbitrage, question qui fut soumise à un jury. En 1511, la loi stipulait qu'une
femme célibataire pouvait signer une clause d'arbitrage mais, si elle se mariait avant qu'ait
lieu la procédure, cela annulait la convention d'arbitrage parce que les arbitres ne pourraient
pas rendre une sentence qui lierait le mari ().
"548"
Les tribunaux royaux n'étaient pas les seuls à reconnaître l'arbitrage. Les deux plus anciens
arbitrages mentionnés dans les Curia Regis Rolls datent de 1157. Dans le premier, l'Evêque
de Salisbury avait autorisé la nomination d'arbitres. Cela fut indiqué dans les registres
cinquante ans plus tard lorsque les descendants des parties réouvrirent le conflit devant un
tribunal royal (). Au cours de la même session, un arbitrage sous la supervision du tribunal
du comté de Northumberland fut attaqué de façon similaire (). Ces affaires montrent que les
sentences semblaient régler les conflits de manière définitive entre les parties mais n'étaient
pas à l'abri de la détermination de leurs descendants à les remettre en cause.
Une affaire de 1206 () témoigne du fait que les tribunaux reconnaissaient déjà à cette
époque la liberté des plaideurs de soumettre leur conflit à l'arbitrage et de choisir leurs
propres arbitres. Le défendeur Andrew indiqua au tribunal que Humphrey et lui avaient
soumis leur litige concernant des terres (novel disseisin) à l'arbitrage d'honnêtes hommes
choisis par chacun d'eux, et concessum fuit ita quod ipsi compromiserunt in legales
homines ex utraque parte electos, qui avaient rendu une sentence qui a réglé la question en
ordonnant un échange de terres avec un tiers. Le tribunal a reconnu la sentence.
La même année, survint une affaire issue d'un conflit d'origine comptable (). Le tribunal
suspendit la procédure au profit d'un arbitrage, les parties acceptant par avance d'exécuter la
sentence. Le demandeur se soumettait à l'arbitrage de deux hommes, posuit se super, qu'il
nommait (ou deux autres choisis par lui en cas d'empêchement), le défendeur faisant de
même. Ils s'accordèrent pour soumettre leur différend à ces quatre personnes, plus une
cinquième, et une fois que chacun aurait exprimé ses arguments, ils s'engageaient à
exécuter la sentence. La phrase posuit se super était également employée pour la
soumission à un jury. Il est de ce fait parfois difficile de distinguer un jury, chargé de faire
des enquêtes et de rapporter sous "549"serment les faits au tribunal, et des arbitres nommés
pour effectuer les mêmes tâches, ou même un panel institué pour accorder les parties par la
médiation et, en cas d'échec, pour trancher la question et rapporter leur sentence au tribunal
().
Un tribunal pouvait mettre fin à une procédure arbitrale ou annuler un accord. La
Chronique de l'Abbé de Battle () raconte comment, aux environs de 1166, Henry II
demanda à ses juges de s'occuper d'un conflit entre l'Abbé de Battle et Alan de Belfou
concernant les droits de l'Abbé sur l'église de Mendlesham. Le Roi justifiait sa compétence
sur cette question ecclésiastique parce que l'église se trouvait dans un manoir royal (). Alan
fonda son action sur des documents qui étaient faux, alors ‹ qu'il était de l'opinion et du
conseil de tous les gens présents que la question serait mieux réglée par un compromis que
par un procès, componendum quam litigandum… et que la solution devait être recherchée
avec l'aide d'arbitres ›. Les parties acceptèrent de comparaître devant le tribunal du Roi
pour faire confirmer leur accord. Alan fit alors une erreur. Il suggéra qu'il souhaitait
également recevoir la cure de l'église de Brantham. Cela exaspéra le tribunal qui révoqua le
compromis signé et demanda à Alan de présenter son dossier devant lui. Des médiateurs
ont alors convaincu l'Abbé de signer un accord par lequel il s'engageait, contre l'abandon
par Alan de toutes ses demandes, à admettre Robert, le frère de celui-ci, dans l'église de
Brantham. Robert décéda avant que les formalités ne fussent toutes effectuées. Sans en
informer l'Abbé, Alan occupa alors l'église illégalement et y resta grâce au soutien d'amis
influents, jusqu'à la mort de l'ecclésiastique.
Un exemple ancien d'argument très utilisé aujourd'hui peut être trouvé dans une affaire de
1223 : le défaut de pouvoir d'un agent pour lier son principal à un accord d'arbitrage. Le
demandeur, John, plaida que Frère William et son supérieur, le Prieur de l'Hôpital de
Jérusalem en Angleterre, avaient ‹ manqué à "550"leur parole › sur une question
immobilière en n'exécutant pas une sentence. Le Prieur nia s'être soumis à l'arbitrage et
insista sur le fait que William n'avait aucune autorité pour le lier ().
Le Tribunal de la Chancellerie assurait une certaine surveillance des arbitres. Contrairement
aux tribunaux de Common Law, la Chancellerie avait le pouvoir de les convoquer par une
citation (subpoena) pour qu'ils justifient leur conduite ().

5. – Pouvoirs, Fonctions et Devoirs des Arbitres

Les sources témoignent d'arbitres nommés pour enquêter, accorder les parties, organiser
une médiation et juger. L'approche des tribunaux et l'attitude des juges étaient généralement
pacificatrice plus que normative et les solutions amiables étaient encouragées. Même si la
médiation se trouve hors de l'objet de cet article, il est important de noter que, depuis
toujours, les tribunaux nommaient des arbitres qui avaient comme mission première d'aider
les parties à se mettre d'accord et ce n'était qu'en cas d'échec qu'ils devaient trancher de
manière coercitive. En 1234 (), une partie choisit trois arbitres, l'autre en pris deux et
l'Archidiacre fut ajouté ; ces six hommes devaient œuvrer à la pacification des relations
entre les parties, tractent de pace inter eos, et s'ils ne parvenaient pas à un accord, ces six
devaient nommer un septième, tanquam superiorem, et leur arbitrage serait définitif. Si
l'une des parties ne respectait pas la date choisie pour l'audience ou refusait de se soumettre
à cette sentence, elle était condamnée à verser mille shillings nomine pene().
Le tribunal pouvait tenter de trouver un accord par la médiation. En 1202, le demandeur
porta son action en recouvrement "551"de créance devant le tribunal royal à Westminster ;
les parties furent conduites à un accord, concordati sunt, qui consistait en des paiements
échelonnés (). En 1234 (), dans un conflit entre deux abbés, le tribunal déclara que si
l'accord passé devant lui était violé, le conflit serait soumis à six arbitres nommés par
avance. Les arbitres nommés par les tribunaux d'Equity étaient souvent chargés d'organiser
une médiation et, si cette tentative échouait, devaient revenir devant la Cour et en ‹
dénoncer › le responsable.
Depuis toujours, tous les tribunaux nommaient des arbitres lorsqu'ils avaient besoin de leurs
lumières, notamment pour évaluer la chose disputée, lorsqu'il y avait des questions
comptables complexes ou lorsqu'il fallait réaliser un partage. Le tribunal royal acceptait
régulièrement que des arbitres soient nommés pour traiter la question de l'évaluation du
préjudice () ou ‹ des dommages-intérêts et autres conséquences › à donner aux délits civils
(). Le tribunal pouvait autoriser (ou exiger) que les parties aillent voir le shérif et
choisissent deux legales homines chacun et un quintus superior pour évaluer les
dommages-intérêts ().
L'affaire Bowler v Grendon en 1524 () était une action fondée sur une convention
d'arbitrage. Le conflit devait d'abord être examiné par deux hommes qui rapporteraient
ensuite à un arbitre unique. Le débiteur soutint que l'arbitre n'avait pas rendu de sentence.
Le créancier allégua que les deux experts avaient fait leur rapport et, sans soutenir que
l'arbitre avait rendu une sentence, exigea le paiement du montant de l'obligation. La
question fut soumise à un jury, mais le résultat n'est pas connu.
"552"
La sentence pouvait répartir les pertes. Le Tribunal de l'Amirauté ordonnait régulièrement
que des questions soient soumises, sous peine d'amende, à des arbitres, souvent des experts,
à qui l'on demandait d'agir en tant qu'amiables compositeurs (). De telles opérations de
partage étaient nécessaires dans les affaires d'avaries communes mais n'étaient pas limitées
à celles-ci. En 1412, le Duc de Clarence conduisit une armée en France pour soutenir les
Armagnacs contre le Duc de Bourgogne, mais une fois sur place, s'aperçut qu'il n'était pas
le bienvenu. Toutefois, une petite piraterie sembla justifiée aux yeux de marins de
Darthmouth qui volèrent un navire commercial transportant du vin appartenant à des
Bretons et le ramenèrent chez eux. Un conflit s'éleva sur la question de savoir à qui le vin
devait revenir et une partie saisit le Chancelier qui ordonna aux défendeurs de comparaître
devant lui. Ceux-ci plaidèrent, apparemment avec succès, que la question avait déjà été
réglée par voie d'arbitrage. Les parties avaient chacune nommé deux arbitres, qui avaient
partagé les biens en deux. Les défendeurs plaidèrent que les demandeurs ne pouvaient
entamer un procès parce qu'ils avaient accepté l'arbitrage et la sentence en récupérant leur
part.
Le tribunal pouvait demander aux arbitres, assumant les fonctions d'experts, d'effectuer une
visite sur site. Dans un conflit en 1235 concernant l'écoulement d'une rivière au niveau d'un
moulin (), le tribunal demanda au shérif de prendre avec lui six chevaliers ou autres liberos
legales et discretos homines de Uxborough et six de Buckingham pour découvrir la vérité
sous serment et exigea que quatre d'entre eux reviennent pour jurer qu'ils avaient bien
effectué l'enquête. Mais en fait, les parties furent autorisées à se mettre d'accord pour trois
arbitres chacune, cum septimus eligatur superior, promettant qu'elles accepteraient
l'arbitrage et la sentence et que l'écoulement de la rivière devait être modifié et rétabli
comme il était auparavant et comme il devrait être, à charge pour les arbitres d'en répartir
les coûts.
En 1308, un bail stipulait que, à l'écoulement du terme, le bailleur devait payer le locataire
pour les améliorations qu'il "553"avait faites, le montant devant être fixé par vewe de bons
gentz().

6. – Questions de Droit

Les juges avaient l'habitude de créer du droit, aux Plaids Communs et au Banc du Roi, mais
en particulier lorsqu'ils siégeaient tous ensemble dans la Chambre de l'Echiquier. Ils
créaient des lois pour favoriser, faciliter et contrôler l'arbitrage. L'avocat pouvait toujours
soutenir que les arbitres ne connaissaient pas le droit lorsqu'ils avaient rendu leur sentence :
‹ et semble que les arbitrators navoient conysans del lay quant ills fieront laguard › ; mais
le tribunal n'était pas impressionné par cet argument (). Dans l'affaire Maggot v Cratford en
1382 (), le tribunal décida que le droit ne lui donnait pas le pouvoir de se pencher sur le
bien jugé d'une sentence. Les juges semblaient prêts à accepter que les arbitres aient un
pouvoir d'appréciation plus grand que celui qu'ils avaient eux-mêmes. En 1484, ils
expliquèrent () que le droit s'appliquait différemment à l'arbitrage et au contentieux des
tribunaux. Dans une affaire opposant d'un côté trois personnes et de l'autre une seule, un
arbitre pouvait statuer sur les conflits non seulement entre la personne isolée et les trois
autres prises ensemble, mais également entre chacune d'elles, à savoir entre la personne
seule et chacune des autres prise isolément. Un tribunal exigerait des plaidoiries séparées
pour chaque lien d'instance. Le Président du Tribunal du Banc du Roi insistait sur cet état
du droit et c'est la raison pour laquelle le Roi donnait des instructions spéciales aux juges
lorsqu'il y avait plus de deux parties au litige. En 1490 (), le tribunal rejeta l'argument de
l'avocat qui disait que l'arbitre n'avait pas le pouvoir de décider qu'une partie devait se
désister de son action parce que l'affaire était de la compétence exclusive du tribunal. Les
arbitres avaient ce pouvoir. ‹ Et ascuns dixerunt que ills poient aguard que jeo sera nonsue
› ; les arbitres pouvaient même débouter un plaideur de ses demandes.
"554"
Les défendeurs à une action en responsabilité civile soulevaient souvent comme moyen de
défense le fait que les parties s'étaient mises d'accord pour soumettre leur litige à l'arbitrage.
Dans l'affaire Hunt v Hadde en 1383 (), il a été jugé que les arbitres avaient bien agi en
rendant une sentence énonçant que les infractions de chaque partie envers l'autre se
compensaient. La sentence devait être rendue par écrit et présentée au tribunal (). Dans
beaucoup d'affaires, l'étape suivante consistait pour le demandeur à plaider que la
convention d'arbitrage ou la sentence avaient été obtenue sous la contrainte. Le tribunal
devait alors soumettre cette question à un jury qui déterminait qui disait la vérité. Si le jury
estimait que la sentence était valable et que la convention d'arbitrage avait été librement
signée, les débats étaient clos. Les parties ne pouvaient pas attaquer cette décision en
plaidant que le jury avait été corrompu ().
Le Tribunal des Plaids Communs devint soucieux de retirer aux arbitres la compétence
pour connaître des affaires simples portant sur la récupération d'une somme d'argent
déterminée. En 1494, on énonça que l'arbitrage ne pouvait concerner que les demandes en
compensation dans lesquelles la somme réclamée n'était pas préalablement fixée () : ‹ Le
grounde de arbitrement est dez chosez queux requiront amendes… en trespas larbitrement
saunz performans est bone plee, pur ceo que le noncertente est reduce a personell duite
dont action de dett gist bien › (le fondement de l'arbitrage se trouve dans les questions qui
nécessitent des évaluations… en matière de responsabilité civile, la sentence, même sans
exécution, est une exception valable parce qu'elle permet de liquider l'obligation, pour
laquelle ensuite une action en recouvrement de créance est possible). En 1495 (), la
distinction fut établie entre une demande concernant une dette et une demande couvrant la
dette et les arrérages. L'ensemble des juges furent d'accord que l'arbitrage n'était pas
approprié dans le premier cas, alors que cela l'était pour le second : ‹ parce que l'arbitrage a
pour objectif de changer en certitude ce qui ne l'est pas ›.
"555"
Les tribunaux se montraient énergiques dans leur prise en compte des sentences. En 1388,
ils jugèrent qu'un arbitrage dans les Cornouailles pouvait très bien être opposé à une
assignation devant un tribunal londonien (). Plus tard, des arguments très fins furent
avancés mais souvent rejetés (). Lorsque la sentence ordonnait au défendeur de payer au
demandeur 100 shillings, ce qui aurait vidé la convention d'arbitrage de sa substance,
l'avocat argumenta qu'il ne suffisait pas d'arguer de l'existence de la sentence pour s'opposer
à une action fondée sur la dette. Le défendeur devait prouver que les 100 shillings avaient
été payés ou, l'offre ayant été refusée, qu'il était toujours prêt à payer. Le tribunal rejeta cet
argument. Le paiement des 100 shillings ne faisait pas partie de la convention d'arbitrage et
constituait une obligation à part (). Les erreurs dans la façon dont l'affaire était plaidée
pouvaient être couvertes par une décision judiciaire. En 1505, une convention d'arbitrage
prévoyait soit deux arbitres soit un surarbitre ; cette incertitude fut couverte par le jugement
décidant que les arbitres avaient bien rendu une sentence ().
Dans certaines catégories d'affaires, les défendeurs avaient le droit à un jury, dans d'autres,
elles pouvaient nier leur responsabilité simplement en prêtant un serment de dénégation,
soutenu par des témoins de leur honnêteté. Dans l'affaire Doget v Whitesman en 1384, le
Juge Belknap, Président du tribunal, a clairement posé la règle : lorsque le serment de
dénégation n'est pas admis, comme c'est le cas dans la procédure de responsabilité civile,
on ne peut pas l'utiliser contre la sentence qui remplace une telle procédure. C'était
néanmoins possible dans les affaires de créances () même si en 1387, dans l'affaire Hilton v
Erghom(), il a été jugé que le serment de dénégation ne pouvait être accueilli lorsque la
sentence des arbitres avait condamné au paiement d'une somme définie. Selon des juges
statuant en 1498 dans une affaire de créances fondée sur un arbi"556"trage : ‹ le defendant
dira que nul tiel arbitrement, et uncore il puit gager son ley en mesme laction, mes le
reason fuit alledge pur ceo que cest arbiterment gist en notice del tierce person, et issint
les laies gents puissent aver conisance de cel › (le défendeur dira qu'un tel arbitrage n'a pas
eu lieu et qu'il peut toujours user du serment de dénégation dans cette action, mais la raison
alléguée est que l'arbitrage est à réaliser par une tierce personne et que les non-juristes [les
jurys] sont capables de s'en occuper) ().
Il est très intéressant de lire les cahiers de Sir John Spelman (env. 1480-1546), notamment
l'édition de J. H. Baker, sous l'entrée ‹ arbiterment › (). Le Tribunal des Plaids Communs a
discuté en 1521 la question de savoir si une action en responsabilité civile pouvait être
bloquée par une sentence condamnant le défendeur à payer 20 shillings, à la demande du
demandeur. Une majorité des juges énoncèrent que la convention d'arbitrage et la sentence
devaient être opposées, une opinion minoritaire expliquant qu'il est implicite que la
convention a été établie au même endroit que la sentence. Tous les juges, sauf un,
décidèrent que le demandeur devait plaider qu'il avait demandé le paiement car, dans le cas
où le défendeur n'avait pas payé, il pourrait choisir entre faire une action en exécution de la
sentence ou une action fondée sur l'infraction initiale. Le juge minoritaire estimait quant à
lui que la violation ‹ est determine per larbiterment et est mise en certen det, come en
accompt arbiterment est bon ple qar est mise en certen' et qu'elle ‘est transpose en rem
judicatam et fait un det dont il poit aver accion de det per que larbiterment est bien plede ›
(une action en délit civil est terminée par l'arbitrage et transformée en action en
recouvrement d'une dette fixe, comme dans l'action comptable : la sentence est une bonne
exception parce qu'elle fait que le délit civil devient ainsi chose jugée et le gagnant dispose
alors d'une créance liquide pour laquelle une action en recouvrement est possible en
plaidant la sentence de manière appropriée). Spelman en doutait, préférant penser qu'il était
toujours possible aux demandeurs qui n'avaient pas été payés de choisir entre des poursuites
sur la sentence ou sur l'infraction initiale ().
"557"
Ceux qui se soumettaient à l'arbitrage plaçaient leur confiance dans l'arbitre et ne pouvaient
pas se plaindre de ne pas avoir eu connaissance de la sentence. S'ils voulaient faire
appliquer la clause pénale dont était assortie la convention d'arbitrage, ils devaient prouver
qu'il n'y avait pas eu d'arbitrage. De plus, il revenait à la partie gagnante d'aller trouver le
perdant et de lui réclamer la somme octroyée par la sentence. Les parties étant les auteurs
de l'accord, elles auraient dû s'assurer de prévoir leurs devoirs respectifs ainsi que ceux de
l'arbitre. La convention d'arbitrage est vidée de sa substance par la sentence si elle se
conforme à ses termes. Dès lors, il faut faire bien attention au choix des arbitres : ‹ per que
est un foly que il voit issint oblige luy de estoier al arbitrement de tielz arbiterz › (parce que
ce serait folie qu'il soit d'accord pour être lié par la décision de tels arbitres) ().
Les arbitres ne devaient pas sortir du cadre de la mission qui leur avait été confiée. S'il
s'agissait de statuer sur différentes créances et qu'ils prétendaient rendre une sentence non
seulement sur ces créances, mais également sur d'autres infractions, la sentence était valide
uniquement en ce qui concernait les créances : ‹ ceo que est compris deinz lour auctorite
est bon et lauter void › (ce qui est inclus dans le champ de leur autorité est valable et le
reste est nul). Inversement, si la convention d'arbitrage visait ‹ le dit det et de toutz auterz
controversiez › (ladite dette et tout autre conflit) et que la sentence ne portait que sur les
créances, certains juges pensaient qu'elle était valable et d'autres que ‹ det per soy sanz
auterz ne gist en arbiterment entant que fuit certen › (une dette simple n'est pas matière
appropriée pour l'arbitrage car le montant est fixé). Cette dernière opinion ne semble pas
être admissible, même s'il est vrai que nous n'avons aucune preuve concluante que les
parties aient voulu que l'arbitrage ne porte que sur la créance, la clause incluant en général
l'ensemble des questions en litige entre les parties, sauf stipulation contraire expresse.
Dans une affaire de créance, relative à une facture pour la fourniture de malt, le défendeur
plaida que la sentence d'un arbitrage ‹ de ceo et auterz controversiez › le condamnait à
payer en deux versements (). Il dit qu'il avait effectué le pre"558"mier versement ‹ come
aperte per cest acquitance reciteant le dit arbiterment › (comme il est établi dans le reçu
reprenant les termes de sentence en question). Le demandeur nia et le tribunal conclut en sa
faveur. Une dette simple, c'est-à-dire qui n'est pas inscrite dans un acte authentique, entrait
dans la catégorie supérieure du fait de la sentence qui était, elle, inscrite dans un tel acte.
Mais une dette appartenant déjà à cette catégorie survivait à la sentence, sauf si l'on
prouvait que la sentence avait annulé l'obligation.
En 1411, un juge de la Chambre de l'Echiquier () utilisa un exemple tiré du droit de
l'arbitrage qui était si commun qu'il pût ainsi expliquer un problème de procédure issu d'un
tout autre contexte : ‹ Et auxi si arbitrement soit plede en bref de transgressione si soit
allegge qe fuist fait en autre counte qe lou le bref est port il serra trie en le counte ou
larbitrement est allegge destre fait › (lorsqu'un arbitrage est plaidé dans une action en délit
civil : si l'on argue l'existence d'un arbitrage qui aurait eu lieu dans un comté différent que
celui où l'action est portée, c'est dans le comté où l'arbitrage est supposé avoir eu lieu que la
question doit être réglée). Certaines règles modernes étaient véritablement banales à la fin
du quinzième siècle, comme par exemple le fait qu'une sentence rendue par un seul arbitre
sur les deux est nulle () ou qu'une fois que les arbitres ont rendu leur sentence, ils sont
functi officio, ‹ quar quaunt ilz un foitz ont fayt agarde lour power est termine › ().

7. – Convention D'arbitrage,Compromissum et Clause Pénale

Il était fréquent que non seulement les sentences mais également les conventions d'arbitrage
soient établies sous la forme d'actes authentiques, des contrats signés, scellés et notifiés.
Les conventions d'arbitrage avaient la valeur de tels contrats si elles en observaient les
exigences formelles. Bien sûr, si la demande était fondée sur une telle convention, l'acte
authentique devait "559"toujours être produit. Au milieu du quinzième siècle, il était
possible de faire exécuter une sentence devant le Tribunal du Banc du Roi dans une action
en inexécution contractuelle (assumpsit), c'est-à-dire comme une obligation juridique
ordinaire (). Cependant, les sources les plus anciennes montrent que des parties à des
conventions d'arbitrage donnaient des garanties, souvent des personnes qui se portant
garantes pour eux, de respecter la convention et la sentence arbitrale (). A partir du
quatorzième siècle jusqu'à postérieurement à 1558, terme de cette étude, les parties
faisaient un usage régulier des clauses pénales (penal bonds) pour s'assurer du respect des
conventions d'arbitrage et des sentences.
Dans l'affaire Cooper v Delgod de 1312, le Juge Bereford, Président du Tribunal, refusa de
permettre à une partie de faire la preuve d'une convention d'arbitrage en prêtant serment :
cette question devait être prouvée par un acte authentique, les affirmations ne pouvaient
suffire (). Dans l'affaire Scot v Beracre de 1313, le Juge Staunton n'eut pas de telles
exigences (). La demande était fondée non seulement sur la convention d'arbitrage, mais
également sur la sentence. Selon lui, il n'était pas nécessaire d'inclure cela dans un acte
authentique, mais il était possible d'en faire la preuve par affirmation sous serment devant
un jury. Scot poursuivait Beracre pour non-paiement d'une dette de trente livres née d'une
convention d'arbitrage par laquelle les parties s'étaient liées à se soumettre à l'arbitrage de
quatre hommes, qui étaient ordiner et arbitrer et, si ces quatre n'arrivaient pas à une
sentence, d'y ajouter une cinquième personne. La partie qui n'exécutait pas la sentence
s'engageait par avance à verser à l'autre la somme de trente livres. Les arbitres avaient
délibéré et octroyé à Scot quinze livres pour l'ensemble de ses demandes. Beracre refusa
d'exécuter la sentence. Scot produisit la convention d'arbitrage qui avait été rédigée par acte
authentique. Les deux rapports contenant les arguments des cinq avocats, avec les
interventions des magistrats, sont un tableau vivant de la façon dont les choses étaient
"560"réglées. Lorsque Beracre plaida qu'il n'y avait jamais eu de sentence, les questions
furent jointes mais les parties finirent par s'arranger à l'amiable ().
L'argument fut à nouveau soulevé en 1383 dans l'affaire Welle v Thorp, une action en délit
civil (). Le défendeur se prévalut d'une sentence rendue par trois arbitres qui jugeait que les
parties étaient ‹ quittes › et que le défendeur devait payer au demandeur un penny, ce qui
avait été fait. Le demandeur plaida que ‹ accorde gist en especialte de quel il mounstre
rienz… et puis il nosa pas demurer › (l'accord doit être inclus dans un acte écrit, mais le
défendeur n'en produit aucun, donc il n'ose pas maintenir son exception) mais demanda un
jury pour décider s'il y avait eu arbitrage ou non.
A partir du treizième siècle, le tribunal du maire de Londres fit appel à des arbitres. Un
système d'enregistrement des contrats fut mis en place par un texte de loi. En 1298, un
conflit survint sur la question de savoir si la dette de Hardel à De Neville, soumise à une
telle convention, avait été payée et si le reçu de De Neville était valable (). Les parties
portèrent l'ensemble de leurs conflits à l'arbitrage de quatre honnêtes et respectables
personnes, avec possibilité d'en ajouter une cinquième si aucune sentence ne pouvait être
trouvée et les parties prêtèrent serment de respecter cet engagement. Les quatre décidèrent
que De Neville devait abandonner toutes ses demandes en échange du paiement par Hardel
d'une somme de dix marks.
Les tribunaux de Common Law continuèrent à encourager l'usage de l'équivalent anglais de
l'arbitrium ex compromisso en faisant exécuter les clauses pénales incluses dans les
conventions d'arbitrage passées par les parties à un conflit, qui promettaient ainsi de se
soumettre à l'arbitrage et d'exécuter la sentence (). En 1470, les demandes en recouvrement
de créances "561"contractuelles se heurtaient souvent à la défense consistant à dire que la
question avait été soumise à des arbitres qui n'avaient pas encore rendu de sentence ; cela
arrivait si souvent qu'il y avait des discussions doctrinales sur la question de savoir de
quelle façon ce moyen devait être plaidé (). Devant le Tribunal de l'Amirauté, les parties
transféraient souvent leur action vers l'arbitrage en application de conventions d'arbitrage
avec clause pénale ().
Les tribunaux d'Equity suivirent la pratique des tribunaux de Common Law en faisant
exécuter des engagements de se soumettre à l'arbitrage, assortis de clauses pénales. Dans
l'affaire Spynell v Taillour de 1484, trois marchands lombards entamèrent une action devant
le tribunal de la Chancellerie pour obtenir le paiement d'une dette issue d'une convention
d'arbitrage (). La formulation de l'assignation étant incorrecte, la question fut renvoyée au
Banc du Roi. On y excipa à nouveau de ses défauts et l'affaire fut de ce fait entendue par
tous les juges dans la Chambre de l'Echiquier. La dette était née de plusieurs clauses
pénales garantissant le respect de l'arbitrage. Le défendeur, l'une des parties à la convention
d'arbitrage, prétendit qu'il ne devait pas payer parce qu'il n'y avait pas eu d'arbitrage. Les
demandeurs prouvèrent l'existence d'une sentence qui condamnait une autre partie à des
paiements échelonnés. Sur cette question, un jury bilingue, composé de douze anglais et
douze étrangers, fut convoqué. Le rapport reprend la convention d'arbitrage, avec le nom
des arbitres (dont le Duc de Gloucester comme surarbitre) et également la sentence entière.
Le jury conclut que la sentence avait bien été rendue. Il évalua également le préjudice du
demandeur.
Alors que l'Equity vint plus tard libérer des parties de clauses pénales qu'elles avaient
signées, elle ne l'a jamais fait pour leur permettre d'échapper à une convention d'arbitrage.
De plus, un tel allègement n'était pas une création des tribunaux d'Equity et leur est
antérieur de plusieurs siècles. Dès 1308, le Juge Bereford, dans l'affaire Umfraville v
Lonstede(), rejeta une demande en paiement d'une pénalité parce qu'elle aurait été
"562"inéquitable, alors qu'elle était valable aux yeux de la Common Law : ‹ Ceo n'est pas
purement dette, mes une peyne, et veez par quele equite vous poez demander ceo peyne ! ›
(il ne s'agit pas simplement d'une dette mais d'une pénalité : voyons maintenant par quelle
sorte d'équité vous pouvez réclamer cette peine !). Cependant, il s'abstint de juger contre le
bénéficiaire de la clause pénale, se contentant de dire à son avocat qu'il ne lui accorderait
pas ses droits de Common Law même s'il continuait à les exiger pendant sept ans : ‹ qar le
jugement de ley ne se deit fere en la manere › (un jugement en droit ne doit pas être fait de
cette façon).
Les tribunaux d'Equity étaient désireux d'aider ceux qui n'étaient pas capables de satisfaire
aux exigences formelles les plus contraignantes de la Common Law. Ils justifiaient souvent
leur compétence par leur souci de combattre les violations du devoir de bonne foi. Le
Chancelier pouvait intervenir si une partie avait perdu la convention d'arbitrage ou avait été
persuadée à tort de la remettre à un tiers ou même, si les parties avaient fait un accord oral
et n'avaient rien pour le prouver ().
Il faut noter que la Common Law autorisait les actions pour forcer l'exécution des accords
violés comme alternative à l'action en recouvrement de la pénalité. Le droit romain ne
l'acceptait pas ().

8. – L'arbitrage Comme Obstacle au Procès

Dès 1312 (), il a fallu décider si une convention d'arbitrage pouvait être opposée pour faire
obstacle à une procédure devant un tribunal, ou si — comme il fut dit plus tard — elle était
nulle parce qu'elle ‹ évince la juridiction du tribunal › (). William "563"avait exercé une
action devant le tribunal royal par ‹ writ of entry › dans le but de récupérer des terres des
mains de John. Ils ont alors conclu une convention d'arbitrage. Néanmoins, William a
poursuivi son action et obtenu un jugement, John ne comparaissant pas. John accusa alors
William de complot, alléguant une fraude. Il produisit l'acte contenant la clause d'arbitrage
et expliqua au tribunal que, alors que la procédure était en cours, ils s'étaient mis d'accord
en dehors du tribunal pour tenter de régler la question à l'amiable : ‹ il pristent ior damour
et se mistrent par cest endenture en arbitracioun pendant qel ior damour William sui son
bref avant et recoveri sa terre tel faus aliaunce et conspiracie fist atort › (ils décidèrent de
régler leur affaire hors du tribunal et, par cet acte, se soumirent à l'arbitrage ; cependant,
William attendit pour continuer son action et récupéra ses terres ; cela était une fraude et un
complot, fait à tort). Le tribunal décida qu'il n'y avait aucune fraude à continuer une action
une fois celle-ci commencée devant un tribunal royal, même si cela constituait une
violation de la convention d'arbitrage. Une Cour puissante, incluant les Présidents du
Common Bench et du Banc du Roi, indiqua à John qu'il lui restait une action, le ‹ writ of
right ›, qui était supérieur au ‹ writ of entry › et qui pouvait lui permettre de soumettre à
jugement la véritable propriété des terres. Il ne fait aucun doute que John et ses avocats
avaient espéré éviter cette procédure laborieuse, comportant beaucoup de possibilités
d'ajournements (). Le tribunal n'avait pas jugé nulle la convention d'arbitrage, mais avait
simplement refusé d'en forcer l'exécution en prétextant qu'il ne pouvait pas arrêter un
procès en cours. A cette époque, les parties ne pouvaient pas retirer une affaire du rôle sans
une autorisation pour laquelle ils devaient payer. La décision aurait sans doute été
différente si le renvoi de l'affaire à l'arbitrage avait été fait sur l'initiative du tribunal ou si
les parties avaient acheté au tribunal leur autorisation d'aller à l'arbitrage.
Depuis toujours, il y a eu des affaires dans lesquelles une sentence était opposée à la
procédure devant le tribunal. Il a toujours été présumé que cet argument était concluant,
mais pouvait être contré par une défense consistant à dire que l'arbitrage n'avait pas eu lieu
ou que la convention d'arbitrage avait été "564"signée sous la contrainte (). Le tribunal
devait alors soumettre cette question à un jury (). De plus en plus, les juges acceptèrent que
non seulement une sentence mais également une convention d'arbitrage ou même un simple
accord prévoyant de compromettre pouvait faire obstacle à une action devant un tribunal si
la preuve de son existence était suffisante, notamment s'il existait un acte authentique.
Dans l'affaire Scalford v Clarel de 1259 (), la défense de Clarel consista à dire que l'affaire
était déjà soumise à un autre juge. Scalford répondit qu'il s'agissait d'une action différente
qui avait fait l'objet d'une convention d'arbitrage. On ne connaît pas la suite.
En 1383 (), dans l'affaire Ravenser v Middleton, une action en exécution de la convention
d'arbitrage se heurta à l'argument que le défendeur était, aux termes de la convention, prêt à
aller à l'arbitrage mais que, aucun arbitrage n'ayant eu lieu, la convention était périmée. Le
Juge Fulthorpe estima que la convention n'exigeait pas du défendeur qu'il organisât
l'arbitrage. Si le demandeur avait manqué de le faire, il devait en assumer les conséquences.
Ensuite, il fut plaidé que l'un des arbitres avait convoqué le défendeur à date fixe mais que
celui-ci n'était pas venu, à la différence du demandeur. Le défendeur nia avoir été convoqué
et soutint que, comme il n'y avait pas eu d'arbitrage comme l'exigeait la convention, celle-ci
était annulée. Le shérif dut réunir un jury pour établir si le défendeur avait été convoqué ou
non.
Waye v Melya était une affaire de violation de propriété soumise au Tribunal du Banc du
Roi en 1405 (). Isabella Waye prétendit que Melya avait usé de violence, ce que celui-ci nia
et, concernant les autres atteintes à ses terres et ses biens, celui-ci annonça qu'ils avaient pu
s'accorder grâce à la médiation d'amis pour régler leurs différends en les soumettant à deux
arbitres. Il dit que les arbitres avaient décidé que Melya devait donner à Waye un gallon de
vin et qu'elle l'avait accepté en compensa"565"tion pour toutes les atteintes subies. Isabella
nia le tout, l'accord, la convention d'arbitrage ainsi que la sentence, et la question dut être
soumise à un jury.
L'affaire De la Pole v Cok de 1422 () était une action en délit civil devant le Tribunal des
Plaids Communs. De la Pole demandait mille livres de dommages-intérêts à Cok, dont la
défense consistait à plaider une sentence par acte authentique qui mettait un terme à tous
leurs différends ‹ depuis la nuit des temps jusqu'à la date d'aujourd'hui › contre le
versement par Cok de la somme de dix livres. De la Pole plaida que son accord pour
l'arbitrage avait été extorqué par la contrainte. Cok dit que De la Pole avait apposé son
sceau sur l'acte de sa propre volonté, bien après la date à laquelle il prétendait avoir été
menacé et offrit des témoignages confirmant ce fait. De la Pole contra l'argument en
insistant sur le fait que Cok n'avait pas répondu des délits civils dont il était accusé et que la
sentence ne concernait pas cette question. La question fut ajournée afin d'être considérée
par le Banc du Roi. Les parties comparurent en personne et le tribunal délibéra avant de
rejeter la demande de De la Pole, permettant ainsi à la sentence de faire obstacle à l'action
devant le tribunal.
Il est arrivé que le tribunal ne reconnaisse pas la preuve qu'il y avait bien eu sentence,
même si les éléments avancés semblaient prouver, à première vue de manière convaincante
que le vin, objet de la condamnation, avait été bu en toute amitié par les parties. Dans
l'affaire Asser v Bradmor de 1405, étudié ci-après de manière détaillée à propos des cas de ‹
responsabilité médicale ›, le jury estima que l'histoire n'était que pure invention et octroya
des dommages-intérêts que le tribunal augmenta ().
Un tribunal d'Equity statuait généralement en faveur de la partie qui pouvait prouver que
son adversaire lançait, malgré l'existence d'une sentence arbitrale, la procédure contentieuse
en violation de son obligation de bonne foi ().
En 1490, comme indiqué plus haut (), le droit était clair : les arbitres eux-mêmes avaient le
pouvoir d'ordonner à une partie de suspendre la procédure devant le tribunal.
"566"

9. – Domaines D'intervention de L'arbitrage

Les domaines dans lesquels les tribunaux autorisaient l'arbitrage étaient plus variés que l'on
pourrait a priori le penser : il s'agissait non seulement des affaires commerciales, mais
également de la propriété foncière et même des questions d'état des personnes et des
infractions graves.
Commerce. Beaucoup d'affaires nées d'opérations commerciales ont déjà été mentionnées.
Elles étaient régulièrement soumises à des auditeurs chevronnés ou des arbitres spécialisés
qui examinaient les comptes et déterminaient le solde des obligations entre les parties ().
Les marchands avaient certainement leurs propres tribunaux avant la Conquête Normande,
mais les sources les plus anciennes montrent qu'ils s'arrangeaient le plus souvent pour
soumettre leurs différends à l'arbitrage. Au tribunal de la foire de St Ives, en 1287, les
demandeurs, qui étaient anglais, sollicitèrent de la cour qu'elle les autorise à soumettre leur
conflit concernant des biens à un arbitre unique, Bartholomée d'Acre. Il semble qu'elles ne
furent pas satisfaites de la sentence par laquelle Bartholomée leur ordonnait de payer quatre
shillings au défendeur, paiement dont le tribunal ordonna l'exécution ().
Un conflit commercial, qui commença au treizième siècle entre la ville de Newcastle-upon-
Tyne et le Prieur de St Alban, trouva son apogée lorsqu'en 1512, le Conseil du Roi, réuni en
‹ Star Chamber ›, soumit à des arbitres le conflit portant sur la compétence du prieur (). En
1516, un conflit entre des artisans et des marchands produisit une émeute. Le maire de
Newcastle demanda qu'il soit soumis à l'arbitrage des juges royaux lors de leur prochaine
visite dans la ville. Lorsque l'autre partie refusa, il semble que même la Court of Star
Chamber ne put l'y contraindre ().
De la même façon que les tribunaux pouvaient nommer des jurys bilingues, certains de
leurs membres pouvant lire les docu"567"ments qui leur étaient présentés dans une langue
étrangère, des panels d'arbitres ou d'auditeurs mixtes étaient créés. En 1278, Le Roy, un
marchand flamand, réclamait cinq cents livres à un marchand de laine anglais, De Redmere,
dans une affaire qui avait été engagée en 1267 et ne devait s'achever qu'en 1284 (). William
de Norbury, un des juges royaux, fut chargé avec ‹ tout fidèle sujet que vous souhaiterez
vous associer pour cette affaire › d'enquêter, de corriger les erreurs qu'ils trouveraient et de
‹ faire justice secundum legem mercatoriam ›. Cinq marchands furent choisis. Le Roy
allégua une dette provenant d'une société de personnes qu'il avait créée avec De Redmere.
Celui-ci reconnut l'existence et les termes de la société et en fournit les statuts écrits, ce que
Le Roy ne contesta pas. De Redmere dit qu'il y avait eu une procédure antérieure devant le
tribunal du comté, qui avait conduit à une médiation et un accord réglant tous les points du
différend dans un acte authentique portant le sceau de Le Roy. Cet acte fut produit. Le Roy
nia qu'il s'agissait là de son sceau et un panel de juges l'inspectèrent. Ils conclurent que le
sceau était authentique, rejetèrent l'action de Le Roy et le firent emprisonner pour sa fausse
dénégation avant qu'il ne soit relâché du fait de son état de pauvreté. Le Roy plaida alors
que l'authenticité de l'acte ne pouvait pas être appréciée sur la base de l'inspection de son
sceau, mais uniquement en faisant appel aux témoins de l'acte, car il existait un autre
accord, que De Redmere avait subtilisé, par lequel celui-ci reconnaissait n'avoir payé
qu'une partie de ce qu'il devait. Le tribunal demanda conseil au maire et à d'autres
marchands de Lincoln, la ville où le conflit se déroulait, et ceux-ci affirmèrent que le droit
des marchands n'admettait pas la preuve d'un sceau par comparaison, mais seulement la
preuve par témoins. De Redmere accepta alors de produire l'acte et le tribunal les autorisa à
arrêter la procédure devant lui contre paiement de quarante shillings. De Redmere
s'engagea à payer la dette principale en plusieurs fois. Le Roy revint devant le tribunal du
comté pour se plaindre qu'il n'avait reçu qu'un versement. Le tribunal ordonna au shérif de
saisir les terres et les biens non seulement de De Redmere mais également de ses garants, ‹
comme il lui fut ordonné plusieurs fois ›. Une nouvelle fois, le shérif, qu'on soupçonne
d'avoir été un ami de De Redmere, dit que celui-ci n'avait aucune propriété dans son ressort.
Le tribunal condamna le shérif à une amende de vingt shillings et lui demandèrent de
"568"récupérer l'argent des mains des garants de De Redmere. Alors que l'argent n'avait
toujours pas été versé, une ordonnance royale commanda à William de Norbury et aux
autres membres du tribunal de comparaître, ainsi que le shérif, les parties et leurs garants et
il fut demandé à tous de faire en sorte que la dette soit soldée sur le champ si nécessaire,
grâce aux propriétés des garants. Ces procédures, très longues, montrent que les tribunaux
locaux et royaux, la médiation, les enquêtes, l'arbitrage et la volonté claire du
gouvernement de promouvoir le commerce extérieur et de protéger les marchands
étrangers, tout cela pouvait être remis en cause par les liens personnels entre un officier
royal, le shérif et son ami, un propriétaire terrien spéculant sur l'exportation de laine vers la
Flandre en échange de tissus et d'épices.
Le tribunal royal, siégeant à Londres en 1281, convoqua vingt-huit marchands italiens pour
leur demander comment ils pensaient payer à Hugues la Pape les six cents marks qu'ils lui
devaient. Après de longues discussions, ils se mirent d'accord pour se soumettre à
l'arbitrage de Francis d'Accorso, docteur en droit, Hugelin de Wik' et Rikemann Salvaterre.
Ils accordèrent à Hugues quatre cents marks, en versements échelonnés, pro bono pace
inter eos habenda… Cui laudo et arbitrio utraque pars acquieverunt. Les marchands
demandèrent à Hugelin et Rikemann de calculer la somme à payer par la société de chaque
marchand, ce qui incluait celle de Rikemann, et par tous les autres commerçants florentins
basés en Angleterre ou qui y viendraient plus tard. Les marchands florentins revinrent
devant le tribunal royal et critiquèrent la compétence d'un tribunal anglais pour leur
demander de répondre d'un événement qui avait eu lieu à Florence ou ailleurs à l'étranger.
De plus, ils contestaient la convention d'arbitrage ainsi que l'existence de la procédure
arbitrale, amenant les arbitres Francis et Hugelin à témoigner. Francis témoigna que les
marchands n'avaient jamais donné leur accord pour l'arbitrage et qu'il n'avait pas arbitré.
Hugelin dit le contraire. Le tribunal annula la sentence sur trois fondements. Premièrement,
l'un des juges nommés pour cette affaire était absent lorsque le tribunal prétendit faire
exécuter la sentence et le juge restant n'avait pas d'autorité propre. Deuxièmement, il y avait
un problème de droit : il n'était pas de coutume dans le pays de faire répondre quelqu'un en
Angleterre pour un fait ayant eu lieu à l'étranger. Troisièmement, les arbitres n'étaient pas
d'accord entre eux. Le jugement était donc nul et Hugues ne reçut rien.
"569"
Dix ans plus tard, le ‹ Exchequer of Pleas ›, le tribunal qui traitait les questions nécessitant
des connaissances en comptabilité, entendit la prétention de Gettus Honesti, marchand à
Lucca, qui réclamait à son agent Pelegrin de Chartres la somme de 50 000 marks que
Pelegrin avait reçu au nom de Gettus mais n'avait pas inscrit dans les comptes (). Pelegrin
nia en bloc. Pour cette raison, le tribunal ordonna au shérif de faire prêter serment en tant
que juratores inquisicionis à ‹ douze honnêtes marchands des plus grandes sociétés de
marchands › de Londres. Leurs noms nous montrent que la plupart étaient étrangers ;
Hugelin de Wik', l'arbitre de l'affaire précédente, en faisait partie. Ils témoignèrent sous
serment que Pelegrin était bien l'agent de Gettus et était obligé de lui rendre des comptes.
Des auditores furent nommés : Iterus d'Angoulême, Robert de Tadcaster, Barouncin de
Lucca et James Betolli. Gettus produisit ses comptes et Pelegrin fit remarquer qu'ils
montraient des transactions au nom de la société dans laquelle Gettus et lui étaient associés.
Parce que le tribunal estima qu'il avait besoin de plus amples informations et que la vérité
ne devait pas être cherchée au regard de la Common Law, mais de la Lex Mercatoria et de
la coutume de l'Echiquier, les auditores furent envoyés inspecter les comptes de Gettus et
de Pelegrin, le tribunal ne connaissant ni la langue de la comptabilité ni les coutumes des
marchands étrangers. On pense aussi que les avocats lombards des parties ont troublé les
juges en plaidant la distinction entre dominus negotiorum rei gestae et negotiorum gestor,
des concepts mal connus des tribunaux de Common Law.
Les auditores, Barouncin dissident, estimèrent que Pelegrin était aux ordres de Gettus et
devait lui rendre des comptes. Lorsque Pelegrin refusa, il fut incarcéré. Une ordonnance du
Roi ordonna au tribunal de le libérer sous caution et de revoir sa décision, qu'il estimait
contenir des défauts, cooptant des juges du Banc voisin et d'autres si nécessaire. A ce
moment-là, les parties, réalisant peut-être que les juges étaient déconcertés par la
complexité des comptes, demandèrent au tribunal l'autorisation de soumettre la question à
des arbitres, affirmant qu'ils avaient choisi ensemble Henry de Chartres, Gérard Sabolin et
Brache Géraud pour enquêter et déterminer les comptes entre eux, promettant que si deux
d'entre eux se mettaient d'accord "570"sur une sentence, celle-ci serait acceptée comme un
jugement, sans tenir compte de l'opinion minoritaire du troisième. Henry et Gérard se
présentèrent devant le tribunal pour dire que les comptes étaient trop complexes pour eux.
Le tribunal donna alors l'autorisation de nommer trois nouveaux arbitres, chaque partie en
nommant un, le troisième étant choisi par accord entre les parties et fiant eorum arbitri. Un
accord sur le choix des arbitres fut trouvé entre les parties qui assurèrent sur leur bonne foi
qu'elles accepteraient la sentence rendue à la majorité comme un jugement. Une date pour
présenter la sentence au tribunal fut décidée. Les arbitres prêtèrent alors serment devant les
juges quod bene et fideliter procederent. Pelegrin fut relâché et le tribunal leur demanda, à
Gettus et à lui, de présenter leurs arguments devant les arbitres.
Le jour où ils devaient initialement faire leur rapport, les arbitres demandèrent plus de
temps, ce que le tribunal leur accorda. Ils revinrent avec le tableau des comptes au tout
dernier instant du délai, le dernier jour de la session, lorsque le Tribunal de l'Echiquier était
littéralement en train de faire ses valises et que les juges cooptés du Tribunal du Banc du
Roi étaient déjà partis. Le tableau fut donc mis dans une boîte et placé sous la garde du
greffier, une date étant choisie pour le prononcé de la sentence. Au jour dit, le tribunal
demanda aux parties si les arbitres avaient entendu leurs arguments en entier et dans le
respect des règles. Ils acquiescèrent. Le tableau fut donc sorti de la boîte et lu à l'audience.
Il montrait que Pelegrin devait de l'argent à Gettus. Pelegrin dit qu'il n'était pas en mesure
de payer et fut renvoyé en prison. La sentence a été conservée en entier. Le dernier élément
que l'on a de cette affaire est une ordonnance demandant au tribunal de confier Pelegrin au
Duc de Brabant, qui avait assuré au Roi que, lorsqu'il serait de retour dans son pays avec
Pelegrin, les parties pourraient trouver un accord à l'amiable au nom de la paix et de
l'harmonie. Dans le cas contraire, le Duc promit de remettre Pelegrin en prison.
Dans ce que l'on appellerait aujourd'hui un arbitrage de qualité, les marchands de vins
soumettaient leur différend à des négociants choisis par un tiers négociant. Dans l'affaire
Costace v Fortneye, qui commença devant le tribunal du maire de Londres en 1389, les
parties ‹ se soumettent à l'arbitrage de quatre honnêtes hommes de la corporation des
négociants en vins, choisis par Robert Herry, négociant… pour enquêter… de "571"façon à
ce que, quoi qu'ils décident… les parties acceptent d'exécuter et de respecter leur sentence
›.
Propriété foncière. L'arbitrage était régulièrement, même si parfois il l'était inefficacement,
utilisé pour régler les conflits portant sur les terres féodales (), malgré ce que disait le Juge
Staunton en 1310 dans l'affaire The Prioress of Catesby v Blaston : la propriété des terres
libres ne pouvait faire l'objet de la sentence de quiconque sans une ordonnance royale ().
C'était techniquement vrai mais trompeur, car il y avait d'autres moyens d'obtenir un titre
sur une terre que l'archaïque et lourd writ of right. Une note dans les Caryll's Reports de
1508 () indique qu'il a été discuté que les terres ne pouvaient pas faire l'objet d'un arbitrage
si le conflit portait sur le titre, les droits et la possession, sauf si l'arbitrage portait
également sur la propriété mobilière : ‹ les arbitrators nont authoritie de medler ove [se
mêler de] le title de reall terre tantum, mes tiel arbiterment est voide › (les arbitres n'ont
aucune autorité pour statuer uniquement sur un titre immobilier et un tel arbitrage est nul).
Elle concluait qu'une convention d'arbitrage rédigée en ces termes aurait dû être considérée
comme nulle. Mais cet argument ne fut pas retenu. Les clauses étaient admises si les termes
‹ droits, titre et possession › étaient utilisés, voire même ‹ toutes les demandes ›.
Le rapport sur l'affaire Long v Tykhill de 1502 () décrit en détail l'arbitrage d'un conflit sur
le titre d'une terre, reprenant mot pour mot les termes de la convention d'arbitrage. Long
poursuivait Elizabeth Tykhill, veuve et exécutrice testamentaire de Ralph, sur la base de
l'engagement de Ralph de soumettre un conflit immobilier à l'arbitrage. Les arbitres avaient
conclu que les terres appartenaient à Ralph et Elizabeth ‹ aux droits d'Elizabeth pour le
reste de sa vie › puis, à sa mort, appartiendraient à Long et rendirent une sentence élaborée
et détaillée. Elizabeth se prévalut de la sentence pour se défendre dans l'action portant sur la
convention d'arbitrage. Long plaida que les arbitres avaient rendu leur sentence en défaveur
de Ralph et Elizabeth ensemble, alors qu'Elizabeth n'avait jamais souscrit personnellement
à cet arbitrage, ce qui rendait la sentence nulle "572"‹ le agard touchant le feme est
clerement voide: donques, voide en parcell et voide en tout, car un arbiterment ne poit
estre fait per parcels › (la sentence, en tant qu'elle vise cette femme, est clairement nulle
donc cette sentence est partiellement nulle, donc totalement nulle parce qu'il n'est pas
possible de dépecer un arbitrage). Mais le Juge Vavasour répondit : ‹ un arbiterment poet
estre void en parcell et en parcel bon › (un arbitrage peut être partiellement nul et
partiellement valable). On plaida également que si les arbitres statuaient en défaveur de
deux personnes, l'une d'elles n'étant pas partie à la convention d'arbitrage, l'autre n'en est
pas moins obligée de s'y conformer. La plaidoirie d'Elizabeth ne dit pas si elle avait exécuté
la sentence pour son propre compte ou en tant qu'exécutrice testamentaire de son mari. Le
tribunal jugea en faveur du demandeur et lui octroya 40 livres, avec 20 de dommages-
intérêts, à payer à partir de la succession ou à défaut à partir des biens personnels
d'Elizabeth. En revanche, ce jugement ne décidait rien concernant la propriété des terres.
Erreur médicale. L'affaire Loke v Abbot of Bourne de 1381 () fut portée devant le Common
Bench. Loke poursuivait l'abbé pour emprisonnement arbitraire, mais le réel conflit était né
de la tentative de Loke de soigner un kyste de l'abbé. Lorsqu'il échoua, l'abbé le mit en
prison durant trois jours. Loke le poursuivit pour atteinte à sa personne. L'abbé plaida que, ‹
leurs amis étant intervenus ›, les parties ‹ avaient décidé de compromettre et de se
soumettre à l'arbitrage de deux hommes qui, après avoir considéré les blessures et les
arguments des deux parties › (cela couvrait donc la responsabilité médicale et
l'emprisonnement), décidèrent que tous les points de conflit entre les parties s'éteindraient
lorsque Loke aurait payé dix marks à l'abbé et ‹ qu'ils devaient s'embrasser comme des amis
et renoncer tous deux à leurs actions futures ›. Loke ne contesta pas l'arbitrage ni la
sentence, mais insistait sur son droit de poursuivre l'abbé pour emprisonnement arbitraire.
La question fut soumise à un jury et il n'y a aucune trace du résultat.
L'affaire Asser v Bradmor de 1405 () était une action devant le Banc du Roi, née de la
tentative infructueuse de Bradmor, un médecin, de ‹ guérir convenablement › le pouce
d'Asser, blessé dans un accident. Asser dit que Bradmor avait "573"‹ exercé ses talents de
façon tellement négligente et sotte › qu'il avait perdu son pouce. Bradmor nia toute erreur et
se défendit comme suit : la question a été réglée par une sentence de deux arbitres, nommés
par les deux parties ; ils ont décidé que les parties devaient s'embrasser et Bradmor devait
donner un gallon de vin à Asser ; celui-ci avait non seulement accepté l'arbitrage et la
sentence mais il avait reçu le vin et l'avait immédiatement bu avec Bradmor. Asser nia qu'il
y avait eu convention et procédure d'arbitrage. Le tribunal ordonna au shérif de Londres de
constituer un jury de vingt-quatre citoyens et autres hommes respectables et honnêtes de la
paroisse et de la commune voisine. Le jury conclut qu'il n'y avait eu ni convention ni
arbitrage et évalua le préjudice d'Asser à soixante shillings. Le tribunal pensa que ce n'était
pas assez et augmentant le montant à quatre-vingts shillings, montant que Bradmor versa
plus tard au tribunal ().
Conflits professionnels. En 1233, le tribunal fit exécuter une sentence après que l'une des
parties eut produit ‹ un écrit › qui montrait que les arbitres avaient étudié les demandes
réciproques des deux parties, qui incluaient un conflit concernant un apprentissage et
avaient ordonné des paiements périodiques (). En 1388, un arbitrage fut soulevé pour
bloquer une action fondée sur la Loi des Travailleurs, par laquelle le demandeur dénonçait
le fait que le défendeur avait abrité un serf en fuite ().
Etat des personnes. Lorsque le Roi Jean envahit la France en 1206, Jean de Neufmarché
échappa au service militaire en Poitou en envoyant à sa place Richard de Dive. Par un
accord passé devant le tribunal du comté, Jean promit qu'à son retour, il payerait Richard de
telle manière jugée adéquate par l'arbitrage d'amis des deux parties (). Cet arbitrage devait
permettre de fixer les relations féodales entre les parties. Des questions d'état encore plus
importantes — homme libre ou serf — pouvaient être arbitrées. Dans l'affaire Bathe v
Jonet (1388) (), le demandeur plaça une action en respon"574"sabilité civile pour coups et
blessures et emprisonnement arbitraire, alléguant que les défendeurs l'avaient pris par force
et mis en prison. Leur défense était la suivante : le demandeur était le serf de leur maître et
ils l'avaient arrêté alors qu'il prenait la fuite ; le demandeur avait accepté de voir son statut
établi par voie d'arbitrage ; les arbitres avaient conclu dans leur sentence que le demandeur
devait recevoir un acte de manumission() en échange de son renoncement à toutes ses
demandes et du paiement de la somme énorme de mille livres à leur maître. Le demandeur
dit qu'il avait toujours été libre et qu'il s'était soumis à l'arbitrage du fait de la contrainte de
son emprisonnement. Les rapports faits de cette affaire témoignent de beaucoup
d'ajournements mais d'aucun jugement, même s'il semble que la sentence aurait pu être
invoquée avec succès pour bloquer l'action en violence et emprisonnement arbitraire. Cela
montre que des questions non seulement d'état des personnes mais également de violences
graves attentatoires à l'ordre public pouvaient être réglées par voie d'arbitrage.
Crimes. Beaucoup de demandes fondées sur des atteintes à la personne étaient réglées par
des arbitres. Elles contiennent des descriptions d'agressions effroyables, de blessures graves
et d'emprisonnements arbitraires. La plupart des détails étaient inclus pour que l'action entre
dans les conditions de l'assignation en délit civil. Si certains détails n'avaient pas vraiment
de relation avec des faits avérés, ce n'était pas le cas de tous.
Deux affaires de 1383 montrent que les infractions les plus graves pouvaient être réglées
par médiation et arbitrage. Dans l'affaire Hunt v Hadde(), les crimes soumis à l'arbitrage
incluaient l'incendie volontaire. Dans Malling v Arch(), l'infraction en question était une
insurrection au cours de la Révolte Paysanne. A une action en recouvrement de créance, on
opposa la contrainte. Le demandeur avait accusé le défendeur d'une série de crimes graves
pendant la rébellion mais ‹ par mediacioun dez amys entrevenauntz › avait accepté de
recevoir "575"cent marks, ce qui fut confirmé par acte authentique. La question de la
contrainte fut soumise à un jury.
En 1484, deux corporations londoniennes, les ‹ Skinners › et les ‹ Merchant Taylors ›,
étaient en désaccord pour savoir laquelle des deux devait avoir la préséance sur l'autre ().
Les émeutes et les batailles rangées entre corporations avaient conduit par le passé à des
meurtres et des exécutions. Au cours de la procession du maire sur la rivière, les
corporations firent la course avec leurs barges : il y eut des échauffourées qui se
terminèrent en un bain de sang qui engendra plusieurs morts. Le conflit fut soumis au
maire, qui décida que les corporations devaient avoir la préséance chacune à leur tour
pendant un an.
En 1548, juste à la fin de la période ici étudiée, un batelier londonien demanda au tribunal
de l'Amirauté (choix surprenant) qu'un homme de Boulogne, qui lui avait ‹ brisé le crâne ›,
le dédommage pour ce préjudice. Les arbitres estimèrent que le coup avait été donné en
légitime défense ().

10. – Conclusion

Les sources de l'histoire de l'arbitrage en Angleterre sont nombreuses et riches. Elles


montrent un système entièrement développé et très répandu, capable à tout moment au
cours de la période étudiée de faire tout ce que les puissants de la communauté (plus tard le
Gouvernement) estimaient nécessaire dans la gestion des conflits. Ces sources remontent au
douzième siècle, traversent tout le Moyen Age jusqu'au moment où l'on commence à
discerner les débuts d'un droit moderne de l'arbitrage.
Il y a des traces d'évolution, mais surtout d'un système fonctionnant bien tout au long de
cette période et accepté à la fois par ses opérateurs et ses utilisateurs. Il avait peu
d'exigences onéreuses ou formelles. Les tribunaux ne forçaient pas les parties à aller à
l'arbitrage, mais tout le monde percevait bien ses avantages évidents. Devant les arbitres,
les serfs semblent avoir "576"été sur un pied d'égalité avec les seigneurs. Les parties
pouvaient nommer qui elles voulaient et choisissaient souvent des hommes aux
qualifications et statuts appropriés. Les tribunaux les nommaient souvent, l'exigence
minimale étant qu'ils soient de respectables et honnêtes probos et legales homines ou bouns
genz().
Tous types de questions furent soumis à l'arbitrage, y compris la propriété foncière, les
nominations ecclésiastiques, les questions d'état des personnes et les crimes graves. Les
tribunaux se servaient de l'arbitrage pour encourager le commerce international. Ils en
facilitaient l'accès dans les litiges opposant des marchands étrangers, leur évitant ainsi
l'obligation de plaider en Law French (Français juridique), la langue de procédure des
tribunaux. Ils avaient ainsi accès à des juges qui comprenaient leur langue maternelle et des
comptables qui maîtrisaient les difficultés de la comptabilité.
Même s'il n'a pas encore été découvert de preuve de l'adoption du droit ou de la pratique
romaine, une version anglaise de la clause pénale (appelée ‹ penal bond ›) avait en gros les
mêmes objectifs que le compromissum et fut d'un usage répandu pendant des siècles.
Les tribunaux de Common Law et d'Equity paraissent en général avoir bien travaillé
ensemble, offrant aux justiciables une mécanique bien huilée, apparemment avec des coûts
et des délais acceptables. Ils offraient de nombreux outils, considérés tantôt comme des
techniques à manipuler scientifiquement et tantôt comme des fourberies à condamner.
Il faut cependant méditer sur le fait que le plus vieux document dont nous disposons sur
l'arbitrage en Angleterre raconte l'histoire d'un arbitre qui, comme Eriphyle dans la
mythologie grecque (), se laissa corrompre."577"

(*)   Le présent article a été rédigé en anglais ; l'auteur et la rédaction de la Revue de


l'arbitrage expriment leurs remerciements pour sa traduction en français à M. Adrian
Borbély (DESS Contentieux, arbitrage et MARC de l'Université Panthéon-Assas [Paris II]
et Institut supérieur d'interprétation et de traduction).
Principalement des Year Books et des Curia Regis Rolls. Une grande partie des Year Books
ont été édités et publiés dans des collections modernes, notamment par la Selden Society, la
Ames Foundation et les Rolls Series. Je me suis particulièrement appuyé sur ces versions
éditées, avec peu de références à l'édition Maynard (rééditée par Professional Books en
1979) et aucune aux manuscrits. Les références aux ouvrages de la Selden Society sont
faites uniquement par date, numéro du volume et page ; celles aux ouvrages de la Ames
Foundation par la référence du Year Book et la page. Les Curia Regis Rolls ont été rédigés
par CT Flowers et alii, Curia Regis Rolls of the Reigns of Richard I through Henry III
Preserved in the Public Record Office, London HMSO, 18 volumes 1922-1999 [ci-après
abrégé en CRR]. Il existe d'autres collections, mais aucune édition complète de ces recueils,
qui pourraient avoir débuté dès l'an 1181.
Gesta Henrici Secundi, cité dans (1991) 107 Selden Society 538-49 ; le compromis s'y
trouve reproduit dans son état original.
Dans peut-être 1 % des procès privés devant le Tribunal du Banc du Roi (Cour Supérieure
de Justice) et quelques uns aux Common Pleas : Marjorie Blatcher, The Court of King's
Bench 1450-1550, London Athlone P, 1978, p. 59 ; Margaret Hastings, The Court of
Common Pleas in Fifteenth Century England, New York Cornell UP, 1947. Les registres
des tribunaux de l'Eglise montrent peu de décisions car beaucoup d'affaires étaient réglées
auparavant, avec ou sans médiation ou arbitrage (1978-9) 95 Selden Society 55-56.
Bathe v Jonet YB 11 Richard II Ames Foundation 168, sous ‹ Status and Crime ›.
Postérieurement, en France, il y eut des formes pour ‹ la manière de convoquer un arbitrage
entre pairs ›, ‹ convocation à un arbitrage par une personne importante à l'un de ses
subordonnés › et ‹ convocation à un arbitrage par un subordonné à une personne plus
puissante que lui ›, Derek Roebuck, The Charitable Arbitrator : How to Mediate and
Arbitrate in Louis XIV's France, Oxford Holo Books, 2002, pp. 233-235 (texte en Français
p. 240 et s.) [Charitable Arbitrator].
Henry Adams, ‹ The Anglo-Saxon Courts of Law ›, in Essays in Anglo-Saxon Law, Boston
Little, Brown 1905, 23, 56 et les affaires citées par lui [Anglo-Saxon Law].
Derek Roebuck, ‹ A Short History of Arbitration ›, in Kaplan, Spruce and Moser, Hong
Kong and China Arbitration Cases and Materials, Butterworths, Hong Kong, 1994 [Short
History] xlii.
F. L. Attenborough, The Laws of the Earliest English Kings, Cambridge UP, 1922 12, 13.
D.E. Murray, ‹ Arbitration in the Anglo-Saxon and Early Norman Periods › (1961)
Arbitration Journal 193-208 [Murray].
Anglo-Saxon Law, 338-42 ; F. E. Harmer, Select English Historical Documents of the Ninth
and Tenth Centuries, Cambridge UP, 1915, 30-32 (texte), 60-63 (traduction) ; (1936) 55
Selden Society xvii.
Décrits dans (1944) 62 Selden Society 417.
Cecil Monro (ed.), Acta Cancellariae, Londres, Benning, 1847, est en grande partie trop
tardive. Aucune tentative de traiter le travail des tribunaux de l'Eglise n'y a été faite, si ce
n'est indirectement ; B. L. Woodcock, Medieval Ecclesiastical Courts in the Diocese of
Canterbury, Londres, Oxford UP, 1952 [Woodcock] ; (1978-9) 95 Selden Society.
Alan Harding, The Law Courts of Medieval England, Londres, Allen & Unwin, 1973.
L'histoire ancienne des tribunaux royaux est controversée, mais cette discussion n'est pas
importante pour notre sujet.
L'existence et les termes d'une clause d'arbitrage pouvaient être soumis à un jury au sein du
Tribunal du Banc du Roi, par ex. en 1405 dans l'affaire Wrotting v Algor (1971) 88 Selden
Society 151.
Derek Roebuck, The Background of the Common Law, Oxford UP, 2e ed., 1990
[Background], 38-40.
SFC Milsom, Historical Foundations of the Common Law, Butterworths, 2e éd., 1981, 25.
Edward Powell, ‹ Arbitration and the Law in England in the Late Middle Ages ›, (1983) 33
Transactions of the Royal Historical Society (fifth series), 49-67, 65 donne beaucoup de
références.
Il s'agit de registres de la Chancellerie, contenant les ordonnances non-publiées, les
ordonnances publiées se trouvant dans les ‹ Patent Rolls › (NdT).
Background, 67-69 ; comp. Aristote, La Rhétorique, 1.13.13.
F. W. Maitland, Equity also the Forms of Action at Common Law, Cambridge UP, 1909,
18-19 ; mais il ne mentionne jamais l'arbitrage. Je me suis servi de l'équité comme concept
général, laissant l'Equity pour le système de droit.
J. P. Dawson, ‹ The Privy Council and Private Law in the Tudor and Stuart Periods ›,
(1950) 48 Michigan LR, 393-429.
YB 6 Richard II Ames Foundation 109.
Nicholas Pronay, ‹ The Chancellor, the Chancery and the Council at the end of the
Fifteenth Century ›, in B. H. Hearder and H. R. Loyn, British Government and
Administration, Cardiff U of Wales P, 1974, pp. 87-103.
Powell 66.
Cf. Charitable Arbitrator 109 : ‹ L'Evangile et les Pères demandèrent cela aux Pasteurs,
Philip. 3, Jean. 14, Paul Rom. 12, Cor. 1, Leo. Epist. 82… Les Conciles l'ordonnèrent à
tous les Evêques … Carh 4 c26… Worms 15 c41, Agath c31… C ad 4 c31 ›.
Woodcock ; Powell 52 n 27 ; (1978-9) 95 Selden Society 3, 11 ; et les affaires citées dans
YB 6 Richard II Ames Foundation 100 fn94, 134.
Voir à ce propos les plus anciens textes : Henry de Bracton, Tractatus de Legibus et
Consuetudinibus Angliae c1250 ; L. Fowler, ‹ Forms of Arbitration ›, in S. Kutner,
Proceedings of the Fourth International Congress of Medieval Canon Law, 1972, pp. 133-
147.
Short History lii-liv.
YB 13 Richard II Ames Foundation 104-05.
9 and 10 William III c15.
Une loi de 1504 (19 Henry VII c7) autorisait les membres des corporations à porter leurs
actions devant les tribunaux royaux même si la corporation leur imposait de régler leurs
différends selon sa propre procédure.
Il y a une exception : une référence en 1485 à la sentence de deux arbitres (qui devinrent
juges par la suite), acceptée comme autorité sur un point délicat de droit immobilier, de la
prérogative du Roi (1998) 115 Selden Society 1. Cela ne pourrait pas arriver aujourd'hui.
(1910) 25 Selden Society ci.
(1941) 60 Selden Society 37.
YB 12 Richard II Ames Foundation 164-66. Le rapporteur ajoute un aparté : ‹ Query de
ista materia, qar est un estraunge matere come moy semble ›.
(1999) 116 Selden Society 618.
CRR V 46 ; (1944) 62 Selden Society 462.
Ibid ; également devant la cour seigneuriale de l'Abbé de Bec en 1289, (1888) 2 Selden
Society 21.
CRR IV 237. Murray, pp. 193-208.
CRR IV 145 ; (1944) 62 Selden Society 461. Il s'agit peut-être de la première fois qu'un
tribunal anglais envoyait un conflit comptable à l'arbitrage, ce qui devint commun par la
suite.
YB 6 Richard II 51, 31-33.
The Chronicle of Battle Abbey cité dans (1991) 107 Selden Society 493-96.
Les tribunaux royaux traitaient souvent des conflits concernant le droit de nomination dans
les églises (advowsons) et reconnaissaient le pouvoir des arbitres pour les trancher, Shepeye
v Prior of Huntingdon YB 8 Richard II Ames Foundation 51-56; et d'autres conflits
ecclésiastiques, par exemple Lichfield v Suwet YB 8 Richard II 304-08.
CRR XV 1165 284 ; également YB 11 Richard II Ames Foundation 99.
Powell 65, citant des documents manuscrits issus du Public Record Office PRO C 1/9 nos
160, 279 ; C 1/10 nos 141,337 ; C 1/16 no 260 ; C 1/33 nos 22, 327.
CRR XV 1471; également (en 1207) CRR V 55-6. Sur la médiation, YB 6 Richard II Ames
Foundation 115 (1382) ; YB 11 Richard II Ames Foundation 98-100 (1387).
Cela doit être distingué d'un engagement pris librement par les parties qui prévoirait de se
soumettre à l'arbitrage et d'exécuter la sentence, étudié plus loin.
(1949) 68 Selden Society 259 no 878.
Cerne v Middelton CRR XV 1277.
Le Breton v Savaric (1941) 60 Selden Society 19-20 (violation de propriété foncière en
1234, deux arbitres pour chaque partie et un cinquième, supérieur ; la sentence devait être
rendue à 5 ou à 3 sous serment).
Hide and Skile v Hide (1941) 60 Selden Society 45-46 (infraction contre la personne en
1267, un arbitre unique).
CRR XV 1141 (1234).
(1994) 77 Selden Society 272-73. Le rapport pose les termes de la caution en des termes
communs. La sentence pourrait ordonner un paiement échelonné, CRR XV 56 ; également
en 1233, dans l'affaire Edward v Atte Well (1987) 103 Selden Society 450-51 et (1930) 47
Selden Society 56-57.
(1894) 6 Selden Society lxix ; 90 (collision) ; 101 (salaires) ; APC XI 49.
Pour une autre affaire dans laquelle une inspection a été demandée : CRR XV 1177 ; XI
2709.
Brauneby v Cokesale (1903) 17 Selden Society 62-65, 63.
(1998) 115 Selden Society 37 (1490).
YB 6 Richard II Ames Foundation 91.
(1945) 64 Selden Society 101-02.
(1998) 115 Selden Society 37.
YB 6 Richard II Ames Foundation 227-9.
(1989) 105 Selden Society 293.
Stalyngborough v Daweson YB 12 Richard II 159-61 (1388).
(1989) 105 Selden Society 293, dans un cours donné au ‘Inner Temple’, une des sociétés
d'avocats.
(1998) 115 Selden Society 283 ; YB 10 Henry VII 4.4 (Maynard edn).
YB 12 Richard II Ames Foundation 38-9.
Par exemple même si l'avocat avait fait une erreur de procédure importante, le tribunal
l'autorisait parfois à recommencer l'ensemble de la procédure, (1999) 116 Selden Society
661, in 1515.
(1998) 115 Selden Society 220-21, 256-57.
(1999) 116 Selden Society 476.
YB 8 Richard II Ames Foundation 1-2
YB 8 Richard II Ames Foundation 325-26.
(1998) 105 Selden Society 380.
(1976) 93 et (1977) 94 Selden Society 17-19.
L'argument de savoir comment le débiteur, qui agissait sur le fondement de la convention
d'arbitrage, devait plaider l'offre de payer la somme octroyée par l'arbitre est développé
dans (1989) 105 Selden Society 66.
(1976) 93 Selden Society 18.
Fane v Prior of Tonbridge (1976) 93 Selden Society 28.
Cardycan v Brentyngham (1933) 51 Selden Society 15-20, 17 ; également en 1435 (1933)
51 Selden Society 66.
(1989) 105 Selden Society 119.
(1989) 105 Selden Society 278.
(1977) 94 Selden Society 286.
Par exemple St Leonards and Pole v Elsdon (1908) 23 Selden Society 18, 21 devant le
tribunal de la foire de St Ives en 1287. Egalement Le Roy v De Redmere in 1284 (1929) 46
Selden Society 18-27, étudiée infra dans la partie ‹ commerce ›.
(1916) 33 Selden Society 175.
(1912) 27 Selden Society 23.
Il y a une note de l'avocat du défendeur en bas du rapport, qui dit que c'est de l'usure de
forcer quelqu'un à payer vingt livres sachant que s'il ne paie pas dans un certain délai, il
devra en verser quarante. Cet argument n'a pas prévalu pour empêcher l'usage régulier des
obligations pénalement sanctionnées pour faire exécuter les conventions d'arbitrage.
YB 7 Richard II Ames Foundation 1989 2-4. La traduction et l'annotation du rapporteur
suggèrent des interprétations différentes.
(1932) 49 Selden Society 17-18.
AWB Simpson ‹ The Penal Bond with Conditional Defeasance › (1966) 82 Law Quarterly
Review 392-422. Powell 54.
(1930) 47 Selden Society xx, 99 et peut-être (1933) 50 Selden Society 13.
(1894) 6 Selden Society lxix.
(1945) 64 Selden Society 96-101.
(1904) 19 Selden Society 58-59.
Powell, citant PRO C 1/10 no 311 (contrat perdu) ; C 1/9 no 68 (convention orale) ; PRO C
1/9 nos 237, 476 (renoncement trop large).
D IV 8 2 : ‹ ex compromisso placet exceptionem non nasci sed poenae petitionem ›.
Hardwick v Wood dans (1916) 33 Selden 214 ; il y a des preuves plus anciennes d'une
convention d'arbitrage plaidée pour bloquer une procédure devant un tribunal
ecclésiastique, (1978-9) 95 Selden Society 162, 42. L'accord est mentionné autre part, par
exemple YB 8 Richard II Ames Foundation 87.
Derek Roebuck ‹ The Myth of Judicial Jealousy › (1994) 10 Arbitration International 395-
406.
Principalement à cause de la maladie, plaidée comme excuse à la non-comparution ; des
excuses similaires étaient soulevées dans les arbitrages, voir par ex. l'affaire Abbot of Cerle
de 1388, YB 12 Richard II Ames Foundation 70-71.
YB 8 Richard II Ames Foundation 325 ; voir supra sous ‹ questions de droit ›.
(1984) 100 Selden Society 53-54 ; (1987) 103 Selden Society 450-51.
(1941) 60 Selden Society 103.
YB 7 Richard II Ames Foundation 26-9.
(1971) 88 Selden Society 257-58.
(1933) 50 Selden Society 42-47.
(1971) 88 Selden Society 162-63.
Powell, citant PRO C 1/10 no 243 ; C 1/33 nos 191, 332.
(1998) 115 Selden Society 37.
Humbertstone v Hertfeld 13 YB Richard II 20-21 (1389).
(1908) 23 Selden Society 18, 21.
(1910) 25 Selden Society xciv-xcv.
(1910) 25 Selden Society ci.
(1929) 46 Selden Society xxxiii-iv, 18-27.
(1929) 46 Selden Society xxxv, 53-62, 148-50 (la sentence).
Par exemple, CRR V 56 ; (1950) 69 Selden Society 91.
(1905) 20 Selden Society 183.
Par ‹ novel disseisin › et plus tard par ‹ ejectment ›, Background 44-48.
(1999) 116 Selden Society 583.
(1999) 116 Selden Society 398-400 and 405.
(1984) 100 Selden Society 53-54.
(1971) 88 Selden Society 162.
CRR XV 56.
YB 12 Richard II Ames Foundation 37-38.
CRR V, 59.
YB 11 Richard II Ames Foundation 168.
Il s'agit d'un document donné aux hommes libérés pour qu'ils puissent prouver leur statut
(NdT).
YB 6 Richard II Ames Foundation 227-29, supra sous ‹ questions de droit ›.
YB 6 Richard II Ames Foundation 180-83 ; en latin dans le rapport ‹ per mediacionem
bonorum et legalium hominum ›.
Jennifer Lang, The Billesdon Award London Skinners' and Merchant Taylors' Companies
1984.
Fairfelde v Foster (1897) 11 Selden Society 18.
YB 8 Richard II Ames Foundation 156.
Greek Arbitration 70-71.

Vous aimerez peut-être aussi