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net/publication/305490642
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UISPP Commission on Flint Mining in Pre- and Protohistoric Times View project
Study of the gallo-roman occupation in the South of the Civitas Tungrorum View project
All content following this page was uploaded by Pierre Cattelain on 21 July 2016.
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Ce dernier site (fig. 2) a révélé une struc- comme à Bilzingsleben (Allemagne) ne
ture, installée en bord de rivière, montrant dépassent pas 3 m de diamètre.
un empierrement de gros galets de quartz, Si la plupart des habitats connus pour
de plus de 10 m de long sur 3,50 à 4 m cette période, encore très peu nombreux,
de large. Ce sol semble avoir été protégé sont à l’air libre, d’autres se situent en
par des branchages, probablement recou- grotte, comme à Lunel-Viel, dans l’Hérault.
verts de peaux et de végétaux, comme Là aussi, les aires d’habitat sont entourées
le suggèrent les accumulations d’objets de blocs et de murets, possèdent des
sur le pourtour, une bande périphérique foyers plats ou en cuvette, et présentent
vide de vestiges et la présence de trous parfois des trous de poteau et des traces
de piquet. Le sol intérieur était recouvert de litières.
d’une multitude de déchets de débitage Tous ces sites semblent témoigner,
de la pierre, ainsi que de galets aménagés grâce notamment à la multiplication et au
et de divers outils sur éclats. perfectionnement des foyers, d’une lente
reconquête de l’Europe par les Homo
Autour des foyers erectus ou les Anténéandertaliens, après
A partir de -450 000 ans, avec la l’hiatus provoqué par les deux premières
maîtrise du feu, l’habitat devient un peu grandes glaciations quaternaires (Günz et
plus élaboré : les huttes de branchages, Mindel), entre -600 000 et -450 000 ans.
probablement recouvertes de peaux
ou d’herbes et au sol empierré parfois Des lieux de vie diversifiés
surbaissé, s’organisent autour d’un foyer Les derniers campements acheu-
délimité par des pierres, parfois creusé léens, entre -200 000 et -120 000, mon-
en cuvette. A la périphérie des huttes, de trent très souvent, sauf dans la péninsule
gros blocs de pierre servent de calage pour ibérique, des structures de protection
les perches. A Terra Amata (fig. 3), près et de très nombreux foyers, notamment
de Nice (Alpes Maritimes, France), des dans des sites en grotte, mais également
empreintes des peaux servant à recouvrir en plein air.
le sol ont pu être décelées. Certaines de Les structures de protection restent
ces huttes peuvent atteindre 15 m de long proches de celles observées pour la pé-
sur 5 à 6 m de large, d’autres, circulaires, riode précédente : murets coupe-vent,
blocs de calage de poteaux, trous de
poteau, associées à des dallages. Des
aires d’activités bien différenciées peu-
vent également être reconnues dans et
autour de ces habitats : ateliers de taille
du silex, zones de circulation, aires de dé-
peçage du gibier, aires de repas, aires de
repos... La fouille du site du Lazaret à Nice
(Alpes Maritimes), daté de -130 000 ans, a
ainsi pu montrer l’existence de zones de
cloisonnement interne, probablement à
l’aide de peaux, et l’existence de plusieurs
Fig. 3 : reconstitution de la hutte acheuléenne de
Terra Amata à Nice (Alpes Maritimes, France). litières (fig. 4).
Extrait de J. Jelínek, 1986. Au cours de la première moitié de
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Fig. 4 : plan de la cabane acheuléenne du Lazaret à Nice (Alpes Maritimes, France). Division
topographique de l’habitation. Extrait de H. de Lumley, 1969.
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Tout semble indiquer que certains de terre brûlée; certaines d’entre elles
camps de base particulièrement impor- montrent également une ligne centrale
tants ont vu le regroupement, pour des de trous de poteau, peut-être destinés à
activités communes, peut-être saison- supporter la toiture.
nières, des petits groupes de Néander- Pendant le Gravettien, entre -27
taliens disséminés sur un territoire donné. 000 et -18 000, on assiste à une première
forme de «régionalisation» de l’architec-
Huttes et cabanes en tout genre ture. En Europe occidentale, les chasseurs
Au début du Paléolithique supérieur, de rennes et de bouquetins construisent
les derniers campements néandertaliens des huttes plus ou moins circulaires au sol
du Châtelperronien, comme à Arcy-sur- légèrement creusé, entouré d’une cein-
Cure (Yonne), restent dans la lignée des ture de blocs de pierre et de bourrelets
précédents : des huttes plus ou moins de terre qui servent de fondation à une
circulaires, dont les parois peuvent être superstructure probablement réalisée en
constituées d’ossements ou de défenses bois et recouverte de peaux. Les chasseurs
de mammouths (fig. 6). En Europe orien- de mammouths d’Europe orientale, en
tale, entre -42 000 et -30 000, dans le revanche, continuent à utiliser les osse-
Szélétien, les camps de base se situent tou- ments de grands mammifères, surtout de
jours en plein air, et les grottes n’abritent mammouths, pour renforcer les parois et
souvent que des haltes de chasse. le toit de cabanes de forme assez irrégu-
lière, vaguement circulaires. A Kostienki,
en Russie, quelques-unes de ces huttes en
fosse et des structures de stockage étaient
disposées autour d’une grande aire ovale,
marquée d’une ligne médiane de foyers,
formant ainsi un habitat complexe, proba-
blement occupé en permanence pendant
les hivers très rigoureux (fig. 7).
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Par la suite, après -18 000, plusieurs
campements montrent des cabanes aux
parois composées de centaines d’osse-
ments de mammouths, avec un foyer
intérieur et un foyer extérieur. En Russie,
ces cabanes sont à demi enterrées et
peuvent mesurer jusqu’à 9 m de diamètre,
alors qu’en Ukraine, elles sont construites
à même le sol et un peu plus petites (de
2,50 à 5,50 m de diamètre). Les sites ukrai-
niens de Mezine (fig. 8), Mezhirich (fig. Fig. 9 : reconstitution d’une cabane
9-10), Dobranichevka et Kiev-Kirillovsky épigravettienne de Mezhirich (Ukraine).
ont livré plusieurs de ces cabanes, particu- Extrait de J. Jelínek, 1986.
lièrement bien conservées, qui montrent
les caractéristiques suivantes : un socle de
fondation, calé dans la terre, constitué de
crânes et de gros os de mammouth; une
superstructure de perches en bois et de
défenses de mammouths soutenue par
des poteaux en bois, parfois fixés à des
piquets en os de mammouths plantés dans
le sol; une toiture en peaux maintenues
Fig. 10 : reconstitution d’une cabane
épigravettienne de Mezhirich (Ukraine).
Extrait de L.G. Pidoplichko, 1984.
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rassemblements saisonniers, dans des
grottes de taille considérable, comme
celle du Mas d’Azil (Ariège, France), à
côté d’habitats, en grotte ou en plein air,
de plus petite taille, liés à des activités
ponctuelles, telles que chasse spécialisées,
recherche et débitage du silex...
L’intérieur des habitats montre des
foyers, parfois rejetés à la périphérie
(près de l’entrée, ou à l’extérieur), et des
aires biens différenciées consacrées au
couchage, à la taille du silex, au travail
de l’os, au grattage des peaux, ainsi que
des zones de rejet.
Au Badegoulien (début du Mag-
dalénien), on voit apparaître, grâce aux
dallages en galets ou en plaquettes de
pierre parfois très bien conservés, des
plans quadrangulaires, parfois munis d’un
vestibule, à côté de plans circulaires et
ovales (fig. 11-12). Ces cabanes ou tentes
sont généralement de petites dimensions,
variant de 4 à 30 m2.
Fig. 12 : plan du dallage en galets de la tente
badegoulienne du Cerisier (Dordogne, France).
Extrait de J. Gaussen, 1980.
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foyer, cerné par une couronne d’outillage
lithique et osseux, et marqué par une
zone de rejet opposée à l’aire de repos
(fig. 13). A côté des structures simples
(fig. 14-15), il en existe qui sont doubles
ou triples (fig. 16).
A l’Epipaléolithique et au Mésoli-
thique, on peut signaler la pérennité des
petites tentes légères de plan circulaire,
ovale ou quadrangulaire, munie d’un
dallage en pierre ou d’un plancher en
branches ou en écorces.
Fig. 14 : reconstitution de la tente carrée
magdalénienne du Plateau Parrain (Dordogne,
Les maisons des sédentaires
France). Extrait de J. Jelínek, 1986.
La sédentarisation va profondément
influencer le mode d’habitat des popu-
lations qui vont adopter le nouveau
mode de vie néolithique. La fixité des
populations agro-pastorales conduira à
la pérennité de l’habitat et de ses struc-
tures. La maison, habitation à caractère
permanent définie par un toit et des murs,
est l’aboutissement d’une lente évolution
des campements des derniers chasseurs
au Proche-Orient, qui construisaient au
10ème millénaire avant J.-C. des «mai-
sons» rondes partiellement creusées dans
le sol, avec des soubassements en pierre
ou en pisé, des sols enduits lissés et une
Fig. 15 : reconstitution de la cabane toiture légère.
magdalénienne n°1 de Gönnersdorf Vers 8 000 av. J.-C., les premiers
(Allemagne). Extrait de G. Bosinski, 1979.
vrais villages apparaissent, regroupant
plusieurs maisons rondes à murs de
pierre et mobilier lourd, témoignant
de la permanence de l’habitat. Le type
et les techniques de construction ne
changent guère par rapport à la période
précédente. Toutefois, les constructions
érigées à même le sol commencent à se
rencontrer en différentes régions et le
mur maçonné entre en usage. Quelques
Fig. 16 : reconstitution d’une grande tente
magdalénienne de Pincevent (Seine-et-Marne,
siècles plus tard, à Mureybet (Syrie), des
France), abritant probablement 3 unités murs rectilignes, se recoupant plus ou
d’habitation. Extrait de A. Leroi-Gourhan, 1984. moins à angle droit, forment des divisions
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Fig. 17 : maison ronde de Mureybet (Syrie), avec division interne quadrangulaire. Extrait de J. Cauvin,1978.
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L’érosion importante de nos régions a
oblitéré toutes les traces d’aménagement
interne de ces habitations. On suppose
qu’elles étaient divisées en trois parties,
séparées éventuellement par des cloisons
prenant appui sur les rangées internes
de poteaux. A l’avant, un espace lumi-
neux pouvait être utilisé pour diverses
d’activités domestiques ou artisanales; au
Fig. 20 : maison danubienne en cours de
centre, une vaste surface libre de poteaux
construction. Extrait de H. Müller-Beck, 1983. accueillait la ou les cellules familiales
autour d’un ou plusieurs foyers; enfin, la
tempéré. Groupées en village (fig. 19), ces partie arrière pouvait servir au stockage
maisons montrent un plan rectangulaire, des denrées ou à la stabulation du petit
de 5-6 m de large sur 10-20 m de long. bétail. Chaque maison était entourée de
Certaines pouvaient atteindre 40 mètres fosses, qui ont servi, dans un premier
de longueur. Dans nos régions, les habi- temps, à extraire l’argile nécessaire à la
tations sont toutes orientées selon l’axe fabrication du torchis, puis ont été utilisées
des vents dominants, soit nord-est/sud- comme fosses à détritus.
ouest, de façon à offrir le moins de prise Ce type de maison, qui connaît des
aux vents et aux intempéries. L’ossature variantes régionales, évoluera relative-
de la maison était constituée de poteaux, ment peu durant les premières phases
troncs entiers ou refendus, enfoncés à du Néolithique (fig. 21). A la fin de cette
même le sol, utilisés pour former l’arma- période, l’habitat opte pour des dimen-
ture des parois ou soutenir la charpente sions réduites et un espace monocellu-
(fig. 20). Les parois étaient réalisées en
torchis posé sur un clayonnage horizon-
tal, bâti entre les poteaux régulièrement
espacés des parois. La toiture, sans doute
en chaume ou en roseau, peut-être en
tuiles de bois, reposait sur la charpente
étayée par plusieurs rangées de trois
poteaux alignés à l’intérieur de la maison.
Par ce nombre impair de poteaux et les
quelques «maquettes» de maisons en
terre cuite que l’on a retrouvées, on en
a déduit l’existence d’un toit à double
pente, assez prononcée pour favoriser
l’écoulement des eaux. De même, des
interruptions observées dans les parois Fig. 21 : évolution de la maison au Néolithique.
de certaines maisons, suggèrent que 1 : phase ancienne (Cuiry-les-Chaudardes,
l’entrée principale se trouvait sur le petit France). Extrait de B. Soudsky et al., 1982.
2 : phase moyenne (Bochum, Allemagne).
côté sud, bien exposé et protégé, et que
Extrait de A. Coudart, 1982.
des entrées latérales pouvaient exister sur 3 : phase finale (Vinca, Yougoslavie).
les longs côtés. Extrait de H. Müller-Karpe, 1968.
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Fig. 22 : agglomération de Dimini (Grèce). Extrait de S. Hood, 1969.
laire, dans lequel se répartissent toutes les tra même des applications particulières,
fonctions domestiques de la maisonnée. comme l’édification, dans toute l’Europe
Aux âges des métaux, l’amélioration des sans distinction, de monuments funéraires
techniques de fermage de la charpente mégalithiques.
libérera l’espace domestique des supports
internes de la toiture. A l’habitation prin-
cipale seront annexés d’autres petits bâti-
ments pour le stockage ou la préparation
de certains aliments. Ce type d’habitat
rural perdurera jusqu’au Moyen-Age.
A côté de cette architecture tradi-
tionnelle en Europe tempérée, basée sur
l’exploitation des ressources végétales
du milieu, va se développer parallèle-
ment une architecture de pierre, pour
édifier aussi bien l’habitat domestique
que les enceintes et les fortifications. Elle
connaîtra, par la force des choses, un vif
succès dans les régions sèches du Bassin
méditerranéen, de la Grèce (Dimini, fig.
22) à l’Espagne (notamment Los Millares).
A la fin du Néolithique, on trouvera des
constructions en pierre jusqu’en Écosse,
entre autres à Skara Brae, un village excep- Fig. 23 : plan du village de Skara Brae (Grande-
Bretagne). Chaque maison comporte des
tionnel par l’aménagement intérieur des aménagements internes en pierre : divisions,
maisons (fig. 23). L’utilisation de la pierre foyers, lits et niches de rangement.
comme matériau de construction connaî- D’après H. Müller-Karpe, 1968.
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