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03/08/2020 État de droit, qualité de la démocratie et gouvernance démocratique au Pérou

Droit et cultures
Revue internationale interdisciplinaire

62 | 2011-2 :
L’homogène et le pluriel
L'homogène et le pluriel

État de droit, qualité de la


démocratie et gouvernance
*
démocratique au Pérou
Rule of Law, Democratic Values and Democratic Governance in Peru
Gobierno De La Ley, Calidad De La Democracia Y Gobernabilidad Democrática En El Perú

J A T C E P C
p. 61-76

Résumés
Français English Español
Le présent article analyse la relation entre l’État de droit (rule of law), l’administration de la
justice, la qualité démocratique et la gouvernance démocratique au Pérou. Ce thème est
incontournable puisque la majorité des travaux contemporains en sciences politiques (qui
débattent et évaluent la qualité des régimes démocratiques) reconnaissent la prévalence du
système juridique – effectivité, prévisibilité, équivalence pour tous, capacité d’imposer la justice
– sur les trajectoires des régimes (O´Donnell 2004; Morlino y Diamond 2005; Levine y Molina
2007). La première section de ce travail aborde l’intérêt que présente une lecture politiste du
développement du droit et des lois ainsi que de leur impact sur la société. La seconde section
présente et questionne les diverses interprétations du concept de rule of lawdans les champs de
la qualité de la démocratie et gouvernabilité démocratique. Cette section ouvre également la
discussion sur les approches qui articulent État de droit et fonctionnement des régimes
démocratiques. La troisième et dernière section dresse la situation juridique du Pérou
contemporain.

This article analyzes the relation between the rule of law, the administration of justice,
democratic values and democratic governance in Peru. This theme is unavoidable since most
contemporary works in political science (discussing and evaluating the democratic principles of
regimes) acknowledge the prevailing role of the legal system – effectiveness, consistency, equal
protection, capacity to enforce the law – on the trajectory of regimes (O’Donnell 2004; Morlino
and Diamond 2005; Levine and Molina 2007). The first section of the present work considers
the merits of a political analysis of the development of law and laws from the standpoint of their
impact on society. The second section presents and interrogates diverse interpretations of the
concept rule of law in the fields of democratization and democratic governance. This section also

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opens a discussion of approaches to the rule of law and to the functioning of democratic regimes.
The third and final section addresses the legal situation in contemporary Peru.

El presente artículo aborda la relación entre gobierno de la ley (rule of law), administración de
justicia, calidad de la democracia y gobernabilidad democrática en el Perú. Este tema es
particularmente relevante porque la mayoría de trabajos, producidos desde la ciencia política
contemporánea, que discuten y evalúan la calidad y el desempeño de los regímenes democráticos,
reconoce el impacto que sobre ella tiene la existencia de un sistema legal efectivo, predecible,
igual para todos y capaz de proveer justicia (O’Donnell 2004, 2007; Morlino y Diamond 2005;
Levine y Molina 2007b). La primera sección de este trabajo aborda la necesidad de contar con
una mirada política del desarrollo del derecho y de las leyes; así como de su impacto sobre la
sociedad. La segunda sección de presenta y discute las maneras cómo se entiende el concepto de
gobierno de la ley al interior de los argumentos sobre la calidad de la democracia y
gobernabilidad democrática. Esta sección ofrece además una discusión sobre los planteamientos
existentes en relación con la articulación entre gobierno de la ley y las otras dimensiones
fundamentales en relación con el funcionamiento de un régimen democrático. Una tercera
sección aborda de manera específica el caso peruano y ofrece una aproximación a cuáles serían
las principales causas y consecuencias de la situación actual de la legalidad en el Perú.
Finalmente, se ofrecen algunas conclusiones generales y preliminares sobre todos estos temas.

Entrées d’index
Mots-clés : démocratie, gouvernabilité démocratique, Pérou, qualité de la démocratie, rule of
law, système juridique
Keywords : Democracy, Democratic Governance, Legal System, Peru, Quality of Democracy,
Rule of Law
Indice de palabras clave : calidad de la democracia, democracia, gobernabilidad democrática,
gobierno de la ley, justicia, legalidad, Perú

Texte intégral

Introduction : une lecture politique du


droit et des lois
1 L’intérêt pour le droit et les lois est une caractéristique importante de la science
politique contemporaine auquel s’est adossée une préoccupation pour l’État de droit ou
état du droit1 dans les pays en phase de transition démocratique. L’un des aspects les
plus importants de la littérature, produite par des politologues et qui traite de ces
différents thèmes, est la conviction que le droit et les lois ne sont pas autonomes vis-à-
vis de la sphère sociopolitique. C'est-à-dire que notre compréhension du juridique, et
des institutions qui en ont la charge, peut significativement progresser si l’on procède à
son analyse politique. Même si cette thèse dépasse très largement le cadre de la science
politique contemporaine, nous considérons que les politologues ont été
particulièrement actifs dans la mise en évidence d’une série de facteurs qui participent
à la construction de cette argumentation.
2 Dans les lignes qui suivent nous passerons en revue quelques-uns de ces éléments.
3 Concernant le lien entre droit et société, une attention particulière a été accordée aux
processus historiques et sociaux de la production du droit, la façon dont le droit reflète
et influence la culture mais aussi sur le fait que les injustices et inégalités pour l’accès
aux ressources et services sont souvent renforcées par le dispositif juridique2. À propos
des lois, il a été affirmé qu’elles sont tout à la fois le principal produit de l’activité
politique et le facteur qui donne forme et contenu à l’activité politique. De manière plus
spécifique, il a été soutenu que les lois sont les instruments au travers desquels les
gouvernements exercent leurs autorité et volonté sur le peuple, qu’elles définissent la
propre organisation du gouvernement et qu’elles sont souvent la raison ou l’objet de
disputes et conflits sociaux3. Dans le cadre de ce travail, qui aspire à questionner
l’impact du rule of law sur la qualité et la gouvernabilité démocratique au Pérou, il nous
faut mentionner les recherches appliquées sur l’analyse politique du droit et des lois.

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Tout d’abord, nous signalerons les études empiriques qui portent sur la prise de
décision judiciaire4 ainsi que sur l’analyse des enjeux politiques qui influencent les
jugements rendus par les tribunaux5. Ces recherches ont notamment permis
d’apprécier jusqu’où les considérations purement juridiques entraient en ligne de
compte dans la prise de décision des juges. D’ailleurs, comme l’a suggéré Whittington et
al., un commentateur qui défendrait une position radicale n’aurait aucune difficulté à
démontrer qu’en l’absence de mécanismes de supervision et de contrôle, les juges se
comportent comme des agents politiques qui suivent leurs propres convictions
idéologiques, sont influencés par l’opinion publique, et subissent des pressions de
groupes d’intérêts.
4 Il importe également de souligner les études sur la « conscience légaliste ». Selon
Mather, ces travaux abordent les différentes façons dont les personnes comprennent,
perçoivent et expérimentent les lois mais aussi comment elles influent sur l’action
individuelle et collective. De la même manière, selon l’auteur, il existerait une
corrélation (justifiée au niveau empirique) entre la qualité des individus (genre, niveau
d’éducation, statut) et leur capacité à utiliser, à convoquer et comprendre le système
juridique. Suivant la situation des individus dans l’agencement de la stratification
sociale, les lois peuvent être qualifiées : (a) d’impartiales ou au contraire comme un
élément construisant l’ordre social ; (b) comme une ressource ou bien comme un
handicap qu’il faut affronter. Enfin, des recherches aux États-Unis abordent la relation
entre le contenu de la loi et la dimension procédurale. La thèse qui est avancée ici est
que le respect de la procédure juridique compte finalement autant voire parfois plus
que le jugement émis par les tribunaux6.
5 Pour notre part, nous considérons que de nouvelles enquêtes pourraient s’intéresser
à la nature et aux impacts des différentes instances locales de la justice ainsi qu’aux
différents types de jurisprudences (nationale et internationale). Par ailleurs, il
conviendrait de qualifier le travail des agents du système judiciaire – au-delà de la
figure du juge – et tenter d’expliciter les raisons et motivations qui poussent ou
réfrènent un citoyen à faire appel au système judiciaire7.

État de droit, qualité de la démocratie et


gouvernabilité démocratique
6 Les travaux contemporains de politologues tels Hagopian, Diamond et Morlino,
O’Donnell, sur la qualité de la démocratie et de l’État de droit sont considérés comme
des apports majeurs de la discipline pour la compréhension des dynamiques droits-
sociétés. Leonardo Morlino a fait valoir qu’une définition, même succincte, du terme
démocratie invitait, de fait, à explorer la qualité démocratique. Suite au travail de Dahl
(1997), Morlino soutient que les fondations d’un régime démocratique sont : (a) le
suffrage universel, (b) les élections libres, compétitives et récurrentes, (c) l’existence de
plusieurs partis politiques, (d) la pluralité des sources d’information. À ces quatre
principes qu’il juge élémentaires, Morlino affirme qu’il est nécessaire d’y ajouter une
appréciation des niveaux de liberté et d’égalité dont jouissent réellement les citoyens.
Autrement dit, l’analyse de la qualité de la démocratie ne s’arrête pas aux conditions
électorales du régime mais, de par son objectif de qualification, aspire à évaluer les
modalités de fonctionnement du régime. C’est pourquoi Morlino définit une démocratie
de qualité comme un régime institutionnel stable qui, au travers d’institutions et
dispositifs fonctionnant correctement, rend possibles la liberté et l’égalité entre les
citoyens. Plus précisément, l’auteur propose trois caractéristiques de la notion de
« qualité de la démocratie » :

1. Les procédures : les citoyens ont la capacité de surveiller et contrôler les


institutions étatiques suivant la logique de l’État de droit.
2. Les résultats : les citoyens se sentent pleinement satisfaits du fonctionnement
démocratique de leur régime.
3. Les contenus : les citoyens profitent de l’égalité et de la liberté.
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7 Pour chacune de ces caractéristiques, Morlino a proposé huit valeurs pour réaliser
l’analyse empirique de la qualité démocratique. Les cinq premières sont de l’ordre de la
procédure : (1) le rule of law8, (2) accountability électorale, (3) accountability
interinstitutionnelle, (4) participation, (5) compétition de l’offre partisane. La sixième
valeur correspond à l’ordre des résultats : (6) réactivité (responsiveness) qui se réfère à
la capacité du système à se mobiliser pour répondre aux attentes des citoyens.
Finalement, les deux dernières se réfèrent aux contenus : (7) la liberté, dans le sens de
l’ampliation du droit aux libertés, et (8) l’égalité, qui vise à une mise en œuvre
progressive de l’égalité dans le champ socioéconomique.
8 Pour sa part, Hagopian propose de mesurer la qualité démocratique en prenant en
compte les dimensions des droits et de la représentation. Pour le droit : (a) la protection
des droits, (b) le rule of law9, (c) la condamnation de la corruption et (d) l’égalité. Pour
la représentation : (e) la reddition des comptes, (f) la réactivité, et (g) la participation.
9 L’auteur explique que : » la qualité d’un régime démocratique n’implique pas
seulement la protection des libertés, des droits élémentaires, de la suprématie de l’État
de droit et d’un minimum d’égalité, mais aussi de gouvernements qui rendent compte
de leurs actions à d’autres agents de l’État et aux citoyens, qui prennent en
considération leurs desirata, que soit valorisée la compétition pour le pouvoir et que les
citoyens participent a la vie politique »10.
10 Tableau 1. Les valeurs de la qualité de la démocratie

Auteurs Les valeurs de la qualité de la démocratie


1) État de droit
2) Accountability électoral
3) Accountability interinstitutionnel
4) Participation
Morlino (2008)
5) Compétition partisane.
6) Réactivité (responsiveness)
7) Liberté
8) Egalité

1) Protection des droits


2) État de droit
3) Contrôle de la corruption
Hagopian (2005) 4) Égalité
5) Reddition des comptes
6) Réactivité
7) Participation

1) Dispositif électoral (élections libres, équitables et


compétitives)

Levine & Molina 2) Participation (électorale)


(2007b) 3) Accountability (horizontal, vertical et social)
4) Réactivité
5) Souveraineté
11 Pour Levine & Molina, la souveraineté renvoie à la capacité des leaders politiques à
faire preuve d’autonomie (se détacher de la dimension politicienne) dans leur prise de
décision. Contrairement à Morlino et Hagopian, ces auteurs font valoir que « l’État de
droit »11 n’est pas une dimension de la qualité démocratique, mais un processus
transversal qui va au-delà du processus politique, et qui dans son sens strict doit être
considéré comme un facteur de l’efficacité du gouvernement, indispensable selon les
auteurs pour évaluer l’exercice du gouvernement12.
12 Morlino a noté que la dimension du rule of law présuppose les qualités suivantes :
l’application d’un système légal qui garantit les droits et les libertés des citoyens ;
l’absence de violences et d’actes criminels importants ; l’absence de corruption dans les
institutions politiques, administratives et judiciaires ; l’existence d’une bureaucratie
civile, centrale et locale, une compétente efficiente et universelle dans la mise en œuvre
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des lois ; l’existence d’une force de police efficace et respectueuse des droits de
l’homme ; l’égalité d’accès pour les citoyens à la justice en cas de conflits entre
personnes privées et entre personnes privées et les administrations publiques ; la durée
raisonnable de la procédure pénale et procédure civile ou administrative, et la complète
indépendance du juge ou du jury vis-à-vis du pouvoir politique13. Hagopian s’accorde
avec Morlino sur le fait que : « plus que la capacité de l’État à faire respecter des
contrats, l’État de droit dans une démocratie signifie essentiellement deux choses :
premièrement, tous les citoyens doivent bénéficier d’un accès, la justice et les systèmes
de police. Ensuite, la constitution et la loi doivent s’appliquer indifféremment aux
fonctionnaires élus et publics »14.
13 Nonobstant, il n’existe pas de consensus sur les différentes valeurs à considérer
lorsque l’on fait usage du concept de rule of law ni sur les modalités à adopter pour
mettre en œuvre chacune d’entre elles. Par exemple, Morlino a suggéré de prendre en
compte cinq sous-dimensions : (1) sécurité individuelle et ordre civil, en tant que degré
de violence criminel-politique et interétatique ; (2) indépendance de la justice, en tant
que perception de l’indépendance judiciaire – abondance des ressources économiques
du système judiciaire – ainsi que la transparence dans les décisions de justice ; (3)
capacité institutionnelle et administrative, en tant que capacité du pouvoir exécutif et
législatif à produire des lois de qualité ainsi que le degré de professionnalisme de la
bureaucratie étatique ; (4) lutte effective contre la corruption, en tant que perception de
la corruption en terme de ressources mises à disposition du suivi anti-corruption ; et
finalement (5) les forces armées respectueuses des droits civiques par le respect des
droits de l’homme.
14 Tableau 2. Mise en œuvre du rule of law

Auteurs
1) Sécurité individuelle et ordre civil
2)Indépendence judiciaire et système de justice moderne
Morlino (2008) 3)Capacité institutionnelle et administrative
4) Lutte effective contre la corruption
5) Forces armées respectueuses des droits civils

1) Élimination du désordre
2) Recours judiciaires
Hagopian (2005) 3)Perception de l’égalité juridique de groupes specifiques
4)Nombre de juges pour 100 000 habitants
5) Indice de corruption
15 Pour sa part, Hagopian a également considéré cinq sous-divisions : (1) élimination du
désordre, au travers du taux annuel d’homicide par tranche de cent mille habitants ; (2)
moyens financiers dédiés au système judiciaire, par la mise en relation du pourcentage
du budget du ministère de la Justice avec le budget global de l’État ainsi que le nombre
de juges pour cent mille habitants, (3) la justice, comme la perception de l’égalité entre
des collectifs spécifiques (femmes, pauvres, immigrés, etc.) ; (4) la corruption dans les
agences de l’État, par la perception des citoyens sur la probabilité d’avoir affaire à un
juge, un policier ou un fonctionnaire corrompu ; et finalement, (5) l’indice de
corruption, par l’indice de corruption établit par Transparency International.
16 C’est pourquoi il est possible d’affirmer que l’État de droit comprend quatre sous-
dimensions : (1) violence et criminalité15, (2) ressources dédiées au système judiciaire16,
(3) perceptions de la justice et du système judiciaire17, (4) perceptions de la
corruption18.
17 Un second thème à considérer au sein de cette section est la relation entre État de
droit et gouvernabilité démocratique. Le premier est pensé comme une des dimensions
clés de la gouvernabilité démocratique définie comme la capacité des régimes
démocratiques à garantir le bien-être de leurs citoyens et la protection de leurs droits à
travers la mise en œuvre de politiques publiques. En ce sens, il est reconnu qu’une
gouvernabilité démocratique effective requiert un État de droit tout aussi efficace. Plus
précisément, divers auteurs ont soutenu qu’il est indispensable pour garantir les droits

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des citoyens, pour responsabiliser les autorités publiques élues face à leurs obligations,
et pour répondre – à travers l’usage de la constitution et du pouvoir judiciaire – à
l’autoritarisme des gouvernements en fonction19.
18 Cette discussion a été importante pour le devenir du concept de rule of law. Pour
Mainwaring et Scully, il s’agit d’un aspect de la gouvernabilité démocratique qui est à la
fois intrinsèque et extrinsèque au régime démocratique. Elle est extrinsèque puisque
l’État de droit n’est pas une particularité des gouvernements démocratiques. Sa nature
intrinsèque est liée au fait que dans un régime démocratique, l’État de droit est
nécessaire pour s’assurer que les autorités politiques respectent les lois ainsi que pour
défendre les droits des citoyens. Tout aussi significatifs ont été les principaux résultats
empiriques sur la relation de l’État de droit avec les autres dimensions de la
gouvernance démocratique : (i) le niveau démocratique (mesuré comme l’extension et
efficacité des droits civiques et politiques), (ii) le contrôle de la corruption, (iii) la
promotion de la croissance économique, (iv) le contrôle de l’inflation, (v) la réduction
de la pauvreté, (vi) les créations d’emploi, (vii) l’amélioration de l’éducation et la
sécurité des citoyens.
19 Selon les recherches effectuées par Mainwaring et Scully dans différents pays
d'Amérique latine, on observe que les priorités du rule of law sont liées au contrôle de
la corruption, à la croissance économique, à la création d’emplois, à la réduction de la
pauvreté ainsi qu’au niveau des droits civiques des citoyens.
20 Concernant la mesure du niveau de l’État de droit20au Pérou, il est intéressant de
noter que le Pérou se situe dans le groupe des pays d’Amérique latine dont le
pourcentage est le plus faible. À la différence de l’Uruguay, du Costa Rica, du Chili et du
Panama qui semblent avoir réalisé des avancées importantes concernant l’effectivité de
leurs systèmes légaux, le Pérou partage avec l’Équateur, le Honduras, le Nicaragua, le
Paraguay, le Vénézuela et le Guatemala une situation plus contrastée21.

État de droit au Pérou


21 Quel est l’état de l’application des lois, de l’État de droit ou de la souveraineté de la loi
dans Pérou actuel ? Rubio soutient que le droit – lois et normes juridiques – au Pérou
s’applique et ne s’applique pas. L’auteur considère qu’il serait exagéré d’affirmer que les
lois au Pérou sont supplétives et généralement non appliquées. De la même manière,
cette exigence de nuance dans l’analyse de l’État de droit au Pérou nous invite à
convenir de la fragilité de l’État péruvien comme un acteur garant de l’ordre public.
Cependant, il nous faut également reconnaître que, dans la dernière décennie, des
avancées manifestes ont été réalisées telles que l’institution du Tribunal constitutionnel
et de quelques organismes régulateurs qui traitent des droits des consommateurs ainsi
que le processus de recrutement des juges. Enfin, il ne faut pas oublier que dans toute
société, même dans la plupart des pays développés, il existe un certain niveau de
désobéissance envers la loi. Dans le cas péruvien, ce qui est constaté, c’est un niveau
élevé d’impunité envers celles et ceux qui ne respectent pas la loi22. Expliciter les
raisons de l’inapplication des lois au Pérou ou la distance qui se crée entre la norme et
les pratiques, nous renvoie ipso facto à une situation complexe. Tout d’abord, c’est une
responsabilité collective à tous les échelons de la société. Mais malgré tout, on estime
que la responsabilité principale incombe aux différents gouvernements qui se sont
succédés. En d’autres termes, la raison de l’inapplication des lois et normes au Pérou
est à chercher dans la limitation des capacités d’agir de l’État ainsi que dans l’absence
de politiques publiques adéquates pour lutter contre l’impunité et la corruption23.
Ensuite, au sein même des institutions de l’État péruvien, la responsabilité est partagée
entre le Congrès de la République, le pouvoir judiciaire, les ministères, la Cour des
comptes et la Police nationale du Pérou. Par contre, du fait que l’administration
judiciaire est un instrument essentiel de la mise en œuvre de la légalité et du contrôle
de la corruption, et que les tribunaux sont des organisations clés pour l’application du
droit, il est clair que le niveau et la qualité de l’État de droit au Pérou dépendent surtout

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de la performance du pouvoir judiciaire et de sa capacité à administrer la justice et


régler les conflits.
22 Que pouvons-nous affirmer sur la situation actuelle de l’administration judiciaire au
Pérou ? Que ce soient les spécialistes de la thématique24 ou les citoyens régulièrement
sondés sur la question25, tous décrivent ce système judiciaire comme incompétent,
inefficace, lent, arbitraire, corrompu et soumis aux intérêts politiques. Lorsque l’on
s’intéresse aux raisons qui pourraient nous aider à expliquer l’ensemble des déficiences
du système juridique péruvien, on constate que les différents acteurs impliqués dans le
mauvais fonctionnement du système judiciaire ne cessent de se renvoyer la balle. Par
exemple, les représentants de la magistrature et les juges en général ont tendance à
penser que les maux de l'administration proviennent de la nature des lois et que la faute
incombe aux législateurs. Ils pointent également du doigt le manque de ressources de
leur ministère.
23 Face à cette situation tout le monde s’accorde pour réformer l’institution judiciaire
péruvienne. Cependant les désaccords ne tardent pas à s’exprimer dès lors qu’il s’agit de
désigner qui ou quelle institution sera à même de conduire les réformes26. Sur ce point,
il convient de mentionner quelques idées clés mises en avant par Luis Pásara, un expert
de premier plan sur ces questions au Pérou. Selon Luis Pásara cela fait plusieurs
décennies que le système judiciaire est tout à fait obsolète, corrompu et soumis à la
logique politicienne. De fait, pour l’auteur, le principal problème vient du fait que
l’indépendance de la justice ne s’est jamais réalisée au Pérou. En ce sens, si l’on
considère les trente dernières années, il saute aux yeux que la magistrature a été
incapable de démontrer un minimum de compromis et de capacité à défendre le régime
constitutionnel.
24 Tout aussi révélateur est le diagnostic que l’auteur propose sur l’absence de
changement significatif concernant la réforme de la justice et l’amélioration de
l’administration judiciaire du Pérou. Pour lui, les responsables de cet immobilisme sont
les opérateurs du système judiciaire ainsi que les dirigeants politiques. Les magistrats
se sont toujours opposés à une quelconque réforme de leur secteur et ne se sont souciés
que de l’amélioration de l’allocation des ressources. Autrement dit, la magistrature,
ayant choisi l’inertie pour tenter de résister à tout changement, s’est petit à petit
paralysée. Quant au pouvoir politique, d’après Pásara, depuis les années 1980 aucun
gouvernement n’a réellement prêté attention à l’administration judiciaire. Les
principales réformes menées par le dernier gouvernement militaire et le gouvernement
Fujimori n’ont fait que fragiliser le dispositif judiciaire.
25 Conclusion, pour l’instant, bien qu’il existe des plans et des idées pour corriger les
imperfections structurelles du pouvoir judiciaire péruvien, leur mise en œuvre est
contrariée du fait de l’inintérêt de la sphère politique et de la résistance à tout
changement de la magistrature.
26 Pour compléter ce qui a été mentionné précédemment sur la situation actuelle de
l’État de droit au Pérou, nous souhaitons revenir sur plusieurs évidences empiriques. La
mise en œuvre du concept a conduit à ce que l’on fasse usage d’informations sur : (a) les
niveaux de violence et criminalité, (b) les ressources allouées au système judiciaire, (c)
les perceptions des citoyens sur la justice, (d) les perceptions des citoyens et des experts
à propos du niveau de corruption dans le pays.
27 Concernant les niveaux de violence et de criminalité, en tenant compte du taux
d’homicides pour chaque tranche de cent mille habitants, le cas péruvien révèle deux
grandes tendances. Premièrement, le taux d’homicides a considérablement augmenté
de 2001 (4.91) à 2004 (5.7). Deuxièmement, ce taux est bien inférieur à celui que l’on
observe en Colombie, au Vénézuela et en Équateur. Cela donne l’impression, du moins
jusqu’en 2004, que ce type de criminalité n’est pas l’expression principale d’une
absence de légalité dans le pays. À propos de l’allocation des ressources et des budgets
accordés au ministère de la Justice, mesurés en dépenses par habitant pour la justice et
en nombre de juges pour chaque tranche de cent mille habitants, on remarque que
l’État péruvien est, avec l’État équatorien, celui qui investit le moins dans
l’administration judiciaire : 5,6 dollars et 1,7 dollars américains par habitant pour
l’année 2000.

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28 C’est au niveau des perceptions des citoyens sur la justice et le système judiciaire que
le Pérou apparaît comme le cas le plus problématique de la région. L’État péruvien
obtient le pourcentage le plus faible pour ce qui est de sa capacité à faire appliquer les
lois. Les Péruviens sont également les plus sceptiques de la région andine sur l’égalité
des citoyens vis-à-vis de la loi. Enfin, le Pérou et l’Équateur sont les deux pays où la
confiance envers leur Cour de cassation est la plus faible. Le schéma se répète lorsque
l’on évalue la perception des citoyens sur la subordination des forces de police face aux
juges. L’indice de corruption établi par Transparency International positionne le Pérou
comme pays intermédiaire. Le pays est mieux évalué que le Vénézuela, la Bolivie et
l’Équateur mais moins bien placé que le Chili.
29 Tableau 3. Valeurs pour évaluer l’État de droit
État de droit Pérou Colombie Vénézuela Bolivie Équateur Chili

Violence et
criminalité27

Taux d’homicide pour


chaque tranche de 100
mille habitants

2001 4.91 65 32 3.74 - 1.9

2002 4.95 66 38 2.82 - 1.9

2003 4.85 63 44 - 15.07 1.8

2004 5.7 44 37 - 18.87 1.7

Ressources dédiées au
système judiciaire28

Dépenses de justice par


5.6 7 27 7.7 1.7 10.2
habitant (USD) 2000

Nombre de juges pour


chaque tranche de 100
6 9.2 4.7 7.9 6.5 3.2
000 habitants. Année
1998 / 2001

Perception sur la
justice et le système Pérou Colombie Vénézuela Bolivie Équateur Chili
judiciaire

Perception sur la 4.4 5.7 5.7 5.2 5.8 5.6


capacité de l’État à faire
appliquer les lois.
(Latinobarómetro
2008)29

Perception de l’égalité 15 34 38 25 26 25
envers la loi
(Latinobarómetro
2008)30

Confiance envers la 34.4 60.1 41.5 48 33.9 49.7


Cour de cassation
(LAPOP 2008)31

Perception de la
corruption32

Probabilité de la 58 34 60 50 47 11
corruption des forces de
l’ordre (Latinobarómetro
2008)

Probabilité de la 47 34 54 30 29 18
corruption des juges
(Latinobarómetro 2008)

Probabilité de la 30 28 42 32 44 19

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corruption d’un
fonctionnaire d’un
ministère
(Latinobarómetro 2004)

Indice de la
corruption33

Transparency 3.7 3.7 1.9 2.7 2.2 6.7


International (2009)

Conclusion
30 Bien que le droit et les lois n’aient jamais été des thématiques étrangères à la science
politique contemporaine, il faut reconnaître que l’intérêt porté à la question de l’État de
droit ou souveraineté de la loi est plutôt récente. Ces concepts se sont d’ailleurs
convertis en une référence obligatoire pour celles et ceux qui étudient la qualité et
l’efficience des nouveaux régimes démocratiques des pays en voie de développement. À
tel point qu’il est devenu inenvisageable de penser que la qualité et la gouvernabilité
démocratique de ces régimes s’améliorent sans un changement radical dans la gestion
de l’administration de la justice. Cette discussion a conduit à une série de réflexions sur
la nature de l’État de droit et ses relations avec le régime démocratique. Il est admis
aujourd’hui que l’État de droit et en dernière instance l’administration de la justice, ne
doivent pas être abordés comme des questions techniques. Au contraire, ils se trouvent
liés au cœur des normes qu’un collectif se donne pour se développer et résoudre ses
conflits. Suivant la même logique, ces normes doivent être compréhensibles et
accessibles pour tous les citoyens.
31 Comme l’écrit O’Donnell, l’analyse du rule of law ou État de droit implique de se
soucier à la fois du contenu des lois, des modalités de leur application et du bien-fondé
de leur existence. L’auteur considère que l’enjeu est de développer des États de droit qui
viseraient à la promotion et la défense des droits civiques, politiques, et de l’homme.
C’est pourquoi le manque de démocratie dans un pays comme le Pérou est évidement
lié au pouvoir judiciaire et à l’administration de la justice. Aujourd’hui on se trouve
dans une situation de divorce entre la Justice avec un grand « j » et la fabrication de
résolutions juridiques « officielles ». Le Pérou est plongé dans un contexte d’impunité
totale. Nous sommes d’ailleurs particulièrement frappés par les chiffres qui tendent à
démontrer que les Péruviens sont, parmi les Boliviens, Chiliens, Équatoriens et
Vénézuéliens, les citoyens qui ont le moins confiance en leurs institutions publiques.
32 Mais alors, pourquoi ce mal-être à l’égard de l’administration judiciaire n’a-t-il pas
favorisé la constitution d’une nouvelle demande politique ?
33 C’est une question qui reste en suspens. Pour nous il ne fait pas l’ombre d’un doute
que la trajectoire de la démocratie péruvienne dépendra de la capacité du régime à
rénover la gestion de son administration judiciaire.

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Notes
* Traduit de l’espagnol par Nicolas Merveille, revu par Jacqueline Lahmani (CNRS). Dans cet
article l’expression anglaise « rule of Law» sera traduite en cohérence avec le contexte soit par
« État de droit », soit par « suprématie de la loi » (J. L.).
1 Guillermo O’Donnell (2007) différencie les concepts d’État de droit et autorité de la loi. Le
premier fait référence à un type de gouvernement qui repose sur les lois comme le Reichstag ou
l’État de droit. Le second concept, rule of law, selon l’auteur, va plus loin parce qu’il se réfère à la
capacité de faire appliquer les lois de manière effective et substantielle tout en garantissant aux
citoyens leur effectivité.
2 Mather, 2009.
3 Whittington et al. 2009.

https://journals.openedition.org/droitcultures/2603 10/12
03/08/2020 État de droit, qualité de la démocratie et gouvernance démocratique au Pérou
4 Munck, 2009.
5 Segal, 2008.
6 Mather, 2009.
7 Mather 2009, Whittington et al. 2009.
8 Morlino (2008) traduit le concept de rule of law par État de droit.
9 Tout comme Morlino, Hagopian (2005) traduit le concept de rule of law par État de droit.
10 Hagopian, 2005, p. 43.
11 Levine y Molina (2007a) a également traduit rule of law comme État de droit.
12 Levine y Molina 2007a: 25.
13 Morlino 2008: 6.
14 Hagopian 2005: 53.
15 Morlino (2008) et Hagopian (2005) considèrent principalement le taux d’homicides, même si
le premier inclut d’autres types de violence comme la violence ethnique et étatique.
16 Morlino (2008) et Hagopian (2005) prennent en compte dans ce cas tout à la fois les
ressources économiques comme le nombre de juges et leur répartition sur le territoire national.
17 Morlino (2008) et Hagopian (2005) estiment également important la perception des citoyens
sur la capacité de l’État à faire appliquer les lois, l’égalité envers la loi et le degré de confiance vis-
à-vis de la Cour suprême.
18 Morlino (2008) et Hagopian (2005) considèrent la perception des citoyens sur la corruption
des agents de l’État mais ils s’intéressent également aux politiques anticorruptions ainsi qu’à
l’effectivité des procédures judiciaires contre la corruption.
19 Mainwaring et Scully, 2010, O’Donnell 2005.
20 Les informations qui ont permis d’établir cet indicateur proviennent de l’analyse de 75
questions posées à différents experts de 26 organisations ainsi qu’au travers d’une enquête
publique.
21 Les données (matérielles) sur lesquelles se basent Mainwaring et Scully pour calculer le
niveau d’égalité des pays d’Amérique latine proviennent du travail de Kauffman et al (2008) sur
les indicateurs de gouvernance au plan mondial.
22 Rubio, 2010.
23 Rubio, 2010.
24 Pásara, 2010 ; Rubio 2010 ; De Belaúnde, 2008 ; Dargent, 2006.
25 D’après l’Institut de l’opinion publique de l’Université Catholique Pontificale du Pérou
(PUCP), en mai 2010, 79% des personnes interviewées dans la métropole de Lima ont qualifié le
pouvoir judiciaire de corrompu. 89% de ces mêmes personnes considéraient le pouvoir judiciaire
comme peu voire pas du tout efficace contre la corruption. D’un échantillon constitué d’habitants
de zones urbaines 84% des personnes ont manifesté leur méfiance à l’égard du système juridique
du pays.
26 De Belaúnde, 2008.
27 Données fondées sur l’Eighth and Ninth United Nations Survey of Crime Trends and
Operations of Criminal Justice Systems. Disponible à l’adresse suivante :
http://www.unodc.org/pdf/research/9th_survey/Cts9TrendChartExtract.pdf
28 A l’adresse suivante : http://www.justiciaviva.org.pe/informes/153a.pdf. A noter que les
données de dépense de justice pour le Pérou et la Colombie sont de l’année 2002 et le reste de
l’année 2000. Les données du nombre de juges en Bolivie, Colombie et Vénézuela datent de 1998, le
reste de l’année 2001.
29 Sur une échelle allant de 1 à 10, où 1 correspond à « l’État n’a pas la capacité à faire appliquer
les lois » et 10 correspond à « l’État a la capacité à faire appliquer toutes les lois », où se situerait
– selon vous – le Pérou ?
30 « Considérez-vous que les Péruviens sont égaux face à la loi ? ». Beaucoup, Assez, Peu ou
Rien.
31 Jusqu’à quel point avez-vous confiance dans la Cour de cassation ? (Si vous croyez que les
tribunaux ne garantissent en rien la justice, choisissez le numéro 1, si vous croyez que les
tribunaux garantissent la justice, choisissez 7).
32 « Imaginez qu’à l’un de vos amis étranger, qui ne connaît pas le Pérou, vous demandiez quelle
est la probabilité pour un policier d’arriver à corrompre un juge pour éviter la détention ? Que
dirait-il ? Aucune probabilité, impossible qu’il s’aventure sur un tel terrain, peu de probabilité,
cela dépend de la situation, il est fort probable que cela se passe, il est très probable que cela se
passe ».
33 http://www.transparency.org/

https://journals.openedition.org/droitcultures/2603 11/12
03/08/2020 État de droit, qualité de la démocratie et gouvernance démocratique au Pérou

Pour citer cet article


Référence papier
Jorge Aragón Trelles et Carlos Eduardo Pérez Crespo, « État de droit, qualité de la démocratie
et gouvernance démocratique au Pérou », Droit et cultures, 62 | 2011, 61-76.

Référence électronique
Jorge Aragón Trelles et Carlos Eduardo Pérez Crespo, « État de droit, qualité de la démocratie
et gouvernance démocratique au Pérou », Droit et cultures [En ligne], 62 | 2011-2, mis en ligne le
23 mars 2012, consulté le 03 août 2020. URL : http://journals.openedition.org/droitcultures/2603

Auteurs
Jorge Aragón Trelles
Jorge Aragón Trelles, docteur en sciences politiques de l’Université de Floride, est Professeur
invité de plusieurs universités des États-Unis. Il occupe le poste de Directeur de la filière de
sciences politiques de l’Université Antonio Ruiz de Montoya de Lima.

Carlos Eduardo Pérez Crespo


Carlos Eduardo Pérez Crespo est titulaire d’un diplôme de troisième cycle de sciences politiques
de l’Université Catholique Pontificale du Pérou. Il est professeur de sciences politiques de
l’Université Antonio Ruiz de Montoya.

Droits d’auteur

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https://journals.openedition.org/droitcultures/2603 12/12

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