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Qu’est-ce qu’apprendre ?

Bienvenue à « Apprendre comment apprendre » ! Je m'appelle Terry Sejnowski.

Laissez-moi vous présenter votre cerveau. Tout d’abord, un peu de chirurgie du cerveau : nous
ouvrons le crâne puis nous retirons le cerveau. Ce cerveau pèse 1,3 kg, mais il consomme dix fois
plus d'énergie par rapport à son poids que le reste du corps, c’est un organe très gourmand. C’est
le système le plus complexe de l’univers tel que nous le connaissons. Toutes vos pensées, vos
espoirs et vos peurs se trouvent dans les neurones de ce cerveau. Nous valorisons la capacité à
faire des mathématiques et à jouer aux échecs, mais cela nécessite des années de pratique pour
acquérir ces compétences et les ordinateurs le font bien mieux que nous. Ce fut une surprise de
découvrir que ce que nous faisons si bien et tenons pour acquis, comme voir, écouter, saisir un
objet ou courir, sont des problèmes bien plus complexes que nous ne le pensions, bien au-delà de
la capacité des ordinateurs les plus rapides. Cela montre que nous ne sommes pas conscients de la
façon dont notre cerveau fonctionne.

Le cerveau a évolué pour nous aider à naviguer dans des environnements complexes, et le plus
gros du travail se fait sans que nous en ayons conscience. Et nous n’avons pas besoin de savoir
comment ça marche pour survivre. Les psychologues qui étudient l’inconscient ont découvert qu’il
influence le processus de pensée, la mémoire, les émotions et la motivation. Nous ne sommes
conscients que d’une toute petite partie de l’activité du cerveau ; il nous faut donc employer des
techniques d’imagerie pour nous guider.

Voici la carte de l’activité cérébrale d’une personne au repos et immobile, allongée dans un
scanner d’imagerie du cerveau. Sur la gauche, c'est la vue latérale du cerveau, et sur la droite, une
vue en coupe médiane. Les couleurs indiquent les régions du cerveau dont les activités sont
fortement corrélées, comme le montrent les courbes de temps en bas, leur couleur correspond
aux régions du cerveau. Les zones en bleu sont très actives quand le sujet interagit avec le monde,
mais disparaissent lorsque le sujet est au repos. Les zones de couleur rouge-orange sont plus
actives lorsque le sujet est à l'état de repos. On les appelle le réseau du mode par défaut. D’autres
régions du cerveau sont aussi plus actives lorsqu’on se repose : ces zones peuvent être subdivisées
en groupes de régions ayant un modèle d’activité similaire. C’est un nouveau domaine de
recherche, très dynamique, et il faudra du temps pour distinguer et comprendre tous ces états de
repos et leurs fonctions.

Il y a un million de milliards de synapses dans le cerveau, où sont stockés les souvenirs. Autrefois,
on pensait que lorsque le cerveau atteignait sa maturité, la force des connexions synaptiques
pouvait être ajustée par l’apprentissage, mais que leur configuration ne changeait pas beaucoup,
sauf en cas de dommages cérébraux. On sait maintenant que les connexions neuronales du
cerveau sont dynamiques, et qu’elles le restent, même lorsque le cerveau est parvenu à maturité.
Avec les nouvelles techniques d'imagerie, on peut voir les connexions individuelles entre les
neurones, appelées synapses. On observe un remaniement constant : des synapses se forment,

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d’autres disparaissent. Cela soulève une énigme : avec tant de changements, comment les
souvenirs restent-ils stables pendant tant d’années ?

Voici l’image d’une branche dendritique d’un neurone qui reçoit des informations venant d’autres
neurones. Les synapses sont sur les boutons épineux de la dendrite. En haut, on peut voir une
image de la dendrite avant l’apprentissage, et en bas, la même dendrite après l’apprentissage et
une période de sommeil. Les nouvelles synapses qui se sont formées sur une même branche
dendritique sont indiquées par les flèches blanches. Ce que vous voyez ici, c'est l’intérieur du
cerveau d’un animal vivant. Cette nouvelle technique est vraiment fantastique ! Les synapses font
moins d’un micron de diamètre. En comparaison, le diamètre d'un cheveu humain est d'environ
20 microns. Cette nouvelle technique permet de voir comment l’apprentissage change la structure
du cerveau, et cela avec une résolution proche de la limite de la microscopie photonique !

Ce qui est intrigant, c'est que cela montre que l’on n’est plus la même personne après une nuit de
sommeil, ou même une sieste. C’est comme si on s'endormait avec un cerveau, et qu'on se réveille
avec un autre, mis à jour. C'est un service de loin supérieur à celui offert par Microsoft !
Shakespeare, le grand poète anglais, savait déjà cela. Voici MacBeth qui se lamente sur son
insomnie : « Le sommeil qui débrouille l’écheveau confus de nos soucis ; mort de la vie de chaque
jour, bain accordé à l’âpre travail, baume des âmes blessées, loi tutélaire de la nature, l’aliment
principal du tutélaire festin de la vie. » Ici, Shakespeare fait une analogie entre des habits tricotés
et le sommeil qui tricote ensemble les fils des expériences et des soucis du jour, puis les tisse en
une tapisserie qui est l’histoire de notre vie.

Cette semaine vous apprendrez comment utiliser votre inconscient à votre avantage, ainsi que
votre sommeil, pour faciliter l’apprentissage et la résolution de problème. Durant les leçons, vous
vous demanderez peut-être comment le cerveau réussit tout cela. Pour en apprendre davantage
sur le cerveau visitez le site « BrainFacts.org » : « BrainFacts », en un mot, « .org ». Vous y
trouverez en abondance des faits intéressants sur le cerveau et le comportement, et en particulier
sur l’apprentissage et la mémoire.

C’était Terry Sejnowski. Bon apprentissage jusqu’à notre prochaine rencontre.

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