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Benoît Navarret – L1 Introduction à l’acoustique musicale – Université Paris 8

Une synthèse de quelques notions à connaître

1) Un phénomène « périodique » est un phénomène qui se reproduit identique à lui-même au bout d’un certain temps. Autrement dit, il est
répété. La durée de ce phénomène est appelée « période » ; elle s’exprime en secondes et se note T dans les formules mathématiques.
Pour mesurer combien de fois un phénomène périodique se répète, on a choisi d’observer ce phénomène sur une durée de une
seconde. On mesure alors sa fréquence qui indique combien de fois par seconde un phénomène (périodique) se reproduit identique à lui-
même. L’unité de la fréquence est le Hertz (dont l’abréviation s’écrit Hz). La fréquence se note f dans les formules mathématiques.
- Si ce phénomène se produit 2 fois par seconde, alors on dit que sa fréquence est de 2 Hz
- S’il se produit 20 fois par seconde, alors on dit que sa fréquence est de 20 Hz
- S’il se produit 440 fois par seconde, alors on dit que sa fréquence de 440 Hz (note perçue : La3 = A4)

Exemple : lorsqu’un diapason à branches émet une onde dont la fréquence est de 440 Hz, cela signifie que les branches de ce diapason
effectuent un mouvement qui se produit identique [approximativement] à lui-même 440 fois par seconde. Si l’on souhaite connaître la
durée d’un seul de ces mouvements, on calcule alors sa période qui est égale à 1 seconde divisée par le nombre de fois que le
mouvement des branches s’est produit par seconde (sa fréquence donc), soit ici 440.
On obtient ainsi que la période, ce qui s’écrit mathématiquement : T = 1 / f = 1 / 440 ≈ 0,002 secondes, soit environ 2 ms.

2) Un phénomène sonore (c’est-à-dire « un son ») est le résultat de la propagation de ce qu’on appelle une onde. Cette onde se propage
dans un milieu. Le milieu peut être l’air, l’eau, le métal, le bois, le boyau, le plastique, etc.. Un milieu est constitué de divers atomes qui,
groupés, forment des molécules. Par exemple, l’air est un mélange de gaz approximativement constitué de 78% de molécules de diazote,
21% de molécules de dioxygène et 1% de gaz rares.   Ces molécules ont une position d’équilibre, c’est-à-dire une position d’où elles
peuvent ne pas bouger. Lorsque toutes les molécules d’un milieu sont en équilibre, elles sont réparties de manière homogène dans le
milieu (ceci est cependant une simplification de la réalité). Or, une onde est le résultat de la propagation d’une perturbation de ce milieu
car elle implique le déplacement des molécules qui sont amenées à s’éloigner temporairement de leur position d’équilibre. On dit ainsi
que l’onde provoque un ébranlement des molécules du milieu. Ces déplacements induisent des variations de pressions au sein du milieu
(voir cours).

3) En vibrant, un instrument de musique produit des ondes qui se propagent dans un milieu (par exemple, l’air), comme dit
précédemment. La vitesse à laquelle se propagent les ondes dépend du milieu dans lequel elles se propagent : on parle alors de célérité
de l’onde (plutôt que « vitesse de l’onde »). La célérité d’une onde dans l’air est environ de 340 mètres par seconde à une température de
20° Celsius.

En prenant l’exemple de l’air comme milieu de propagation de l’onde sonore, on peut dire :

— En vibrant, l’instrument provoque une série de surpression/dépression des molécules de l’air = des molécules vont se rapprocher (zone
de surpression : forte densité de molécules) tandis que d’autres vont s’éloigner les unes des autres (zone de dépression : faible densité de
molécules).
 La forme d’onde (ou représentation temporelle) est une représentation graphique qui permet d’observer ces variations de
pressions, avec des phases de surpression et des phases de dépression. (voir compléments d’information donnés dans le cours)

— Chaque point de l’instrument qui se met à vibrer produit une onde « élémentaire », décrite mathématiquement par ce qu’on appelle
une onde sinusoïdale. En vibrant, un instrument provoque donc l’émission simultanée de plusieurs ondes élémentaires. Ces ondes vont
être différentes car toutes les parties de l’instrument ne vont pas vibrer à la même vitesse (notion de fréquence), en même temps (notion
de phase), avec la même amplitude (notion d’intensité/amplitude/niveau) ni la même évolution dans la temps de ces paramètres
(notions d’amortissement).

— Chaque onde sinusoïdale peut donc se définir par sa fréquence, sa phase, son amplitude et son amortissement. Cela signifie que deux
ondes de fréquence, de phase, d’amplitude et d’amortissement différents sont deux ondes distinctes. Au lieu de parler « d’onde
sinusoïdale », on parlera de « composante fréquentielle », de « partiels » ou d’ « harmoniques ». Ainsi, on doit dire par exemple que « le
spectre de ce son est constitué d’une composante fréquentielle de 100 Hz et d’une autre de 500 Hz ».

Les composantes fréquentielles peuvent être des partiels (« partiel » est à comprendre comme une « partie de ») ou des harmoniques.
L'harmonique est un cas particulier de partiel. Tous les harmoniques sont des partiels en tant que « partie du contenu spectal d'un son ».
Mais seuls les partiels qui constituent un spectre harmonique peuvent être appelés « harmoniques ».
 Le spectre et le sonagramme (ou spectrogramme) sont des représentations graphiques qui permettent d’observer l’ensemble
des composantes fréquentielles d’un son. [À noter que dans le langage courant, le spectre désigne aussi l’ensemble des composantes
fréquentielles d’un son même, si l’on ne fait pas spécifiquement référence à la représentation graphique]. (voir cours)

4) Le seul son naturel dont le spectre est constitué d’une unique composante fréquentielle (= une seule onde sinusoïdale) est celui d’un
sifflement humain. Ce son est dit « pur ». Tous les autres sons de la nature sont dits « complexes » car ils sont constitués de plusieurs
composantes fréquentielles.

5) Un spectre est harmonique lorsque la valeur de fréquence de chacune de ses composantes est un multiple entier [= on multiplie par un
nombre qui n'est pas à virgule tel que 2, 3, 4, 7, 20, etc.] de la fréquence « fondamentale » (voir cours et tableau ci-après). Le spectre est
harmonique pour tout instrument dont l’excitation est « entretenue » (ex : cordes frottées, les vents, la voix). Lorsque l’excitation n’est pas
entretenue (= pour une excitation « impulsionnelle »), les spectres peuvent être quasi-harmoniques (synonyme de pseudo-harmoniques) ou
inharmoniques. Un spectre est quasi-harmonique (pseudo-harmonique) lorsque sa structuration est très similaire de celle d’un spectre
harmonique (ex : cordes pincées et frappées). Un spectre dont les caractéristiques ne répondent ni aux critères d’harmonicité ni à ceux
de quasi-harmonicité est inharmonique.

Remarque : un spectre harmonique n'a pas forcément tous les harmoniques (c’est-à-dire les harmoniques de rang pair et de rang impair).
Par exemple, le spectre du hautbois est harmonique : il comprend toutes les composantes fréquentielles d’un spectre harmonique
(harmoniques de rangs pair et impair = 1, 2, 3, 4, 5, etc.). Le spectre d’une clarinette est aussi harmonique même s’il comporte surtout des
composantes de rang impair (1, 3, 5, 7, etc.).

6) La série harmonique est une série d’intervalles musicaux commune à tout son dont le spectre est harmonique. Elle obtenue en faisant
un relevé des valeurs de fréquences de chacune des composantes fréquentielles d'un spectre harmonique ; puis, en trouvant la note de
musique équivalente à la fréquence relevée. Par exemple, si la valeur de fréquence de l’une des composantes fréquentielles d’un son est
env. 131 Hz, alors la note équivalente est un Do2 (C3). La portée suivante décrit les 20 premières note d’une série harmonique ayant pour
note fondamentale initiale un Do1 (C2).

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Benoît Navarret – L1 Introduction à l’acoustique musicale – Université Paris 8

Source : Guide de la théorie de la


musique, Claude Abromont,
Fayard/Henry Lemoine (2001)

Exemple : prenons le cas d’une série harmonique avec pour note fondamentale un Sol1 (et non un Do1 comme sur la portée ci-dessus) :
Huit premiers Fréquences des Notes équivalentes
harmoniques composantes du spectre (série harmonique)
Harmonique 8 (H8) : 8x 100 = 800 Hz  Sol4 Intervalles 2de maj sup.  fréq. x 9/8 (!!)
Harmonique 7 (H7) : 7x 100 = 700 Hz  Fa4
Intervalle 3ce min sup.  fréq. x 6/5
Harmonique 6 (H6) : 6x 100 = 600 Hz  Ré4
Harmonique 5 (H5) : 5x 100 = 500 Hz  Si3 Intervalle 3ce maj sup.  fréq. x 5/4
Harmonique 4 (H4) : 4x 100 = 400 Hz  Sol3 Intervalle 4te juste sup.  fréq. x 4/3
Harmonique 3 (H3) : 3x 100 = 300 Hz  Ré3
Intervalle 5te juste sup.  fréq. x 3/2
Harmonique 2 (H2) : 2x 100 = 200 Hz  Sol2
Harmonique 1 (H1) : [fondamental] ≈ 100 Hz  Sol1 Intervalle 8ve juste sup.  fréq. x 2

La série harmonique permet de déduire les rapports de fréquences des intervalles formés par les notes de la série harmonique (intervalles
naturels différents des intervalles du tempérament égal). Voici les valeurs d’intervalles retenues, déduites de la lecture de la série
harmonique (voir portée avec les chiffres de 1 à 20) :
--- Intervalle d’octave supérieure  la fréquence est multipliée par 2
(cela signifie par exemple qu’une corde qui vibre deux fois plus vite produit une note à un intervalle d’une octave supérieure)
--- Intervalle de quinte juste supérieure  la fréquence de l’onde est multipliée par 3/2 = 1,5
--- Intervalle de quarte juste supérieure  la fréquence de l’onde est multipliée par 4/3
--- Intervalle de tierce majeure supérieure  la fréquence de l’onde est multipliée par 5/4
--- Intervalle de tierce mineure supérieure  la fréquence de l’onde est multipliée par 6/5
--- Intervalle de seconde majeure supérieure  la fréquence de l’onde est multipliée par 9/8
--- Intervalle de seconde mineure supérieure  la fréquence de l’onde est multipliée par 16/15

7) Quelques notes et leur valeur de fréquence fondamentale Remarque 1 : en connaissant les rapports de fréquences correspondant
aux intervalles musicaux, il est possible d’avoir une bonne estimation de la
Si4  ≈ 1000 Hz fréquence fondamentale des notes.
Ex : Sol1 = 100 Hz. Si l’on veut estimer la fréquence du Ré2, alors :
La3  440 Hz
Do3  ≈ 260 Hz  Il s’agit d’un intervalle de 5te juste supérieure,
 Le rapport de fréquences correspondant à cet intervalle est 3/2.
Ré2  ≈ 150 Hz On fait donc le calcul suivant : 100 x 3/2 = 100 x 1,5 = 150. La fréquence
Sol1  ≈ 100 Hz fondamentale de la note Ré2 est environ de 150 Hz.
Do1  ≈ 65 Hz
Remarque 2 : pour calculer la quinte inférieure, il faut multiplier par l’inverse
de 3/2, soit 2/3. Alors, on obtient 150 x 2/3 = 300/3 = 100 = Sol1. Ceci est
8) Tableau de synthèse Harmonicité/Inharmonicité valable pour tous les rapports d’intervalles cités (5te, 4te, 3ces, etc.)

Pas de perception
Perception Très bonne perception ou bonne perception de la hauteur des notes
de hauteur de note (cas extrême)
Instruments  Aérophones  Cordophones à cordes pincées ou  Idiophones à hauteur de note
(ici, cas des instruments  Voix frappées indéterminée
acoustiques, et non pas  Cordophones à cordes frottées  Des instruments à hauteur de note  tout instrument à hauteur de
électriques/électroniques)
 Instruments excités par frottement… déterminée note indéterminée
Mode de mise en de type ‘entretenu’ : de type ‘impulsionnel’ : de type ‘impulsionnel’ :
vibration de Excitation entretenue Excitation non-entretenue Excitation non-entretenue
l’instrument (oscillation forcée) (oscillation libre) (oscillation libre)
On injecte en permanence de On injecte durant un très bref instant On injecte durant un très bref
l’énergie à la structure de l’énergie à la structure instant de l’énergie à la structure
(une flûte à bec par ex.) (une corde frappée par ex.) (une cymbale percutée par ex.)
 cela contraint la structure à vibrer  énergie consommée librement  énergie consommée librement
d’une certaine façon avec des par la corde, sans contrainte par la structure, sans contrainte
mouvements vibratoires qui se imposée dans le mouvement MAIS imposée dans le mouvement et
répètent (= un mouv. périodique) avec un comportement vibratoire sans périodicité dans le
(voir figures nodales de Ernst Chladni) périodique (cas spécifique des mouvement
cordes qui vibrent en parties
aliquotes)
Signal périodique Signal non-périodique
Nature du signal
Ondes stationnaires Ondes stationnaires Ondes non-stationnaires
Harmonique Quasi-harmonique (pseudo-harm.) Inharmonique
Type de spectre
(Son périodique) (Son périodique) (Son apériodique)
Composantes fréquentielles = Composantes fréquentielles = Composantes fréquentielles =
multiples entiers du fondamental ± multiples entiers du fondamental spécifique à chaque son émis
Composition du + même durée pour toutes les + durées différentes des + durées différentes des
spectre composantes fréquentielles du composantes fréq. du spectre composantes fréq. du spectre
spectre
Série harmonique Série harmonique Pas de série harmonique
Vocabulaire « Harmoniques » « Harmoniques » voire « partiels » « Partiels »
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