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ETUDE DIAGNOSTIQUE

DES ‘’EAUX ET FORETS’’


(1291-2012)
AGISSONS ENSEMBLE POUR LA RENAISSANCE

D’après une recherche bibliographique


conduite par l’Inspecteur des E/F
ZOURE Ouniyida Léonard

Avril 2013
Dédicace

A Traoré Moise Alassane,

A Sagnon Pertiou,

A Ouédraogo Tinoaga Blaise et Sawadogo K. Simon

A Zongo Mathieu et Zidwemba

A Coulibaly Gaston et Somé K. Christophe,

A Coulibaly Issa et Kaboré Tambi

A Mantoro Martin et Poda Urbain

A Zampaligré Issa et Kondé Benjamin,

A Zan Tahirou et Yaméogo Mathieu…


A tous les frères d’armes qui ne sont plus de ce monde et qui depuis leur tombe, les balles
meurtrières des braconniers ou les germes de la maladie toujours dans leur chair, je demande de
comprendre les forestiers vivants et de leur pardonner leurs conduites autant meurtrières que ces
balles assassines, après tant de vies perdues et tant de sang versé.

La nature de l’homme est ainsi faite, il ne se souvient de rien jusqu’au moment où pour un
rien il se souvient de tout.

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AVANT PROPOS

Le présent document est le fruit d’une longue recherche bibliographique et de multiples


rencontres avec d’anciens fonctionnaires du corps des Eaux et Forêts et du développement rural.
Il se veut une synthèse analytique de la situation du corps des Eaux et Forêts depuis les années
de sa création à 2012. Ce document ne prétend pas avoir épluché toutes les questions relatives à
la genèse du corps ni à son état actuel des lieux encore moins aux solutions idoines devant
permettre sa réorganisation et sa redynamisation. Il reste bien entendu que de 1875 à 2012, des
informations pourraient avoir été omises par l’auteur. Il compte sur la compréhension des
lecteurs pour excuser toute imperfection de cette œuvre qui reste tout de même humaine.
Infiniment merci

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GENESE-ETAT DES LIEUX

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I. kINTRODUCTION

Le corps des Eaux et Forêts doit sa naissance au Roi Philippe II Auguste ou Philippe le
Conquérant. Il est né à Paris en l’an de grâce 1165 de Louis VII le Jeune (roi de 1137 à 1180), et
de sa troisième épouse Adèle de Champagne. Philippe Auguste est sacré du vivant de son père,
le 1er novembre 1179. En 1180, alors qu’il n’avait que 15 ans le 18 septembre, il devient roi, en
succédant à son père.1223).

Photo 1. Le Roi Philippe II Auguste ou Philippe-Auguste le Conquérant


Source : Archives bibliothèque Université Paris XII

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II. CHRONOLOGIE GENERALE
2.1. Le 13eme siècle ou le temps des gruyers

C’est au 13ème siècle qu'apparaît pour la première fois l’appellation « Eaux et Forêts », dans une
ordonnance de 1219, à la demande du roi Philippe II Auguste. On trouve pour la première fois
une ébauche d’organisation du service des Eaux et Forêts grâce à l’ordonnance du roi Philippe
IV Le Bel, en août 1291, mettant au jour les Maîtres des Forêts lors de son ordonnance
définissant leur rôle (enquêteurs, inquisiteurs et réformateurs).

2.2. Le 14eme siècle ou l’âge des Souverains maitres


Au 14ème siècle, le roi Philippe V le Long élabore en 1318 une ordonnance réglant les problèmes
des officiers des Eaux et Forêts. Par la suite, à cause de la pénurie de bois et de l’agrandissement
du royaume de France, Philippe VI de Valois crée alors la première administration forestière,
par l’ordonnance de Brunoy de 1346. Les forestiers doivent alors surveiller le domaine royal
dans les matières forestières, des eaux et de la chasse.

Le roi Charles V le Sage, fait élaborer en 1376 une ébauche de « Code forestier » traitant alors
des assiettes, de marteaux, de police et du règlement d’exploitation des bois de marine. Les
coupes sont délimitées par l’arpenteur, à la craie rouge ou noire.

2.3. Le 15eme siècle ou la forêt pourvoyeuse de richesses


Au 15ème siècle, la réglementation des forêts et des droits d’usages rapporte beaucoup d’argent au
royaume. Les forestiers sont renforcés. S’intéressant beaucoup à la chasse, Charles VI rédige une
ordonnance sur la chasse, les eaux et les forêts.

2.4. Le 16eme siècle ou l’essor de l’organisation des services forestiers

Au 16ème siècle le corps des Eaux et Forêts voit ses missions élargies. Il a désormais en charge la
surveillance des autres forêts du royaume et la réglementation de la chasse. Une ordonnance de
1516 rénove l’administration forestière et réglemente la chasse tandis que trois autres
ordonnances traitent de la conservation des forêts, dans l’intérêt public. Il s’agit des
ordonnances :
- de 1518 sur le Code Pénal Forestier ;
- de 1520 comportant des mesures autoritaires à l’égard des particuliers ;
- de 1537 relative aux hautes futaies appartenant au corps ecclésiastique.

Henri IV en 1597 instaure par un édit un Règlement Général des Eaux & Forêts. Le tiers en
réserve est rétabli et les forêts royales sont bornées et aménagées.

2.5. Le 17eme siècle ou sicle des réformes de maître Colbert

Au 17ème siècle la forêt française vit un grand chambardement. En peu de temps, les revenus de
la forêt royale se voient multipliés par 10, lorsque Colbert entreprend une grande réforme de
l’administration forestière qui dure près de 20 ans. En 1694, l’administration royale chargée des
forêts attribue aux sergents et gardes la surveillance et la police de la forêt, et aux officiers de la
maîtrise la tenue des audiences forestières.

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2.6. Le 18eme siècle ou les grands bouleversements

Au 18eme siècle vinrent la Révolution française et le Directoire. Les forêts, royales ou non, se
font piller, et les défrichements sont nombreux du fait de l’évolution de la population française.
Plus de 500 000 hectares disparaissent. L’administration forestière demande de l’aide à l’armée.
Les avancées, sylvicole et d’aménagement forestier sont considérables. Beaucoup de nobles se
mirent à étudier la forêt et son fonctionnement.

Un édit de Louis XV du 13 décembre 1719 instaurait la peine de mort contre ceux qui
allumeraient un feu en forêt et dans les bruyères. C’est ce roi qui instaura la séparation de la
police des cours d’eau (1740). Des hommes comme Buffon, Réaumur et Jacques Le Ray de
Chaumont, Grand Maître des Eaux et Forêts de France et Intendant des Invalides ont été des
forestiers de talent à cette époque. Une loi du 29 septembre 1791 sur le régime forestier instaure
la liberté totale des propriétaires. Et une autre porte création d’une Conservation Générale des
Eaux et Forêts de la France.

La Révolution fait changer toutes les empreintes de marteaux :


- Le marteau royal devient marteau de l’Etat, dont l’empreinte est BN (Bois Nationaux)
avec au milieu un faisceau de licteur surmonté d’un bonnet phrygien ;
- A la Restauration, le marteau de l’Etat, servant au martelage et balivage, est représenté
par une Fleur de Lys avec le numéro de conservation.
Puis arrive le Directoire, avec l’arrêté du Jeudi 4 avril 1793 sur l’uniforme vert des Eaux et
Forêts.

2.7. Le 19eme siècle ou la belle époque mouvementée

Le 19eme siècle est l’âge d’or des Eaux et Forêts. Sous le Consulat, quelques textes paraissent,
tantôt sur les ventes de bois, tantôt sur la restitution de biens. En 1801 paraît un décret législatif,
qui crée une nouvelle Administration Générale des Forêts, composée de 5 administrateurs, 30
conservateurs, 300 sous-inspecteurs, 500 gardes principaux et 8 000 gardes.

En 1806, sous l’Empire de Napoléon Ier :


- les cinq administrateurs des forêts sont remplacés par un Directeur général ;
- le marteau de l’État change d’empreinte pour arborer l’Aigle impérial avec le numéro de
Conservation ;
- les marteaux particuliers des agents changent aussi :
o Conservateurs (Lettre C et n° de conservation dans une empreinte hexagonale ;
o Inspecteurs (Lettre I et n° de conservation dans une empreinte pentagonale) ;
o Sous-inspecteur (Lettre SI et n° de conservation dans une empreinte octogonale) ;
o Garde Général (Lettres GG et n° de conservation dans une empreinte ronde de
diamètre max. 28 mm) ;
o Garde particulier (Lettres GP et n° de conservation sans forme déterminée) ;
o Arpenteurs un rectangle à angles coupés avec la lettre A et le n° de conservation
comme empreinte.

Dans son ordonnance du 22 janvier 1817 Louis rattache les services forestiers au Service des
Domaines. Refusant l’affaiblissement des Eaux et Forêts.

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Charles X restaure l’administration forestière avec son ordonnance du 26 avril 1824 crée une
Direction Générale. Par ordonnance du 1er décembre 1824, l’Ecole Royale Forestière de Nancy
est créée grâce au Sous-inspecteur Bernard Lorentz. En 1827 naquit le premier Code Forestier.
Sous Louis-Philippe Ier, le Ministre de la guerre créa l’ordonnance du 4 août 1831 afin d’utiliser
les Gardes forestiers deviennent Guides forestiers et appelés au front. Il commanda également 3
lois sur la forêt, dont la loi du 3 mai 1844 instituant le permis de chasse. Le marteau de l’État
sera modifié en forme de cercle avec empreinte les lettres capitales gothiques AF
(Administration Française) suivis du n° de Conservation et celui de l’Inspection (ex. AF.23.6).

Napoléon III, restaure l’Administration Civile des Eaux et Forêts, qui est devenue une valeur
sûre, dont les compétences techniques sont connues dans d’autres pays. Il rattache en 1862 le
Service des Dunes, des Ponts et Chaussées à l’Administration forestière.

En 1870 sont nés les Chasseurs Forestiers. Les forestiers obtinrent un statut militaire en tant de
guerre et sont alors soumis aux lois militaires (loi du 27 juillet 1872 [recrutement de l’armée],
décret du 24 juillet 1873 [relatif à la réorganisation de l’armée]). Le décret du 13 mars 1875
institut un véritable corps militaire « les chasseurs forestiers ». Le décret du 2 avril 1875 [relatif
à l’organisation militaire du corps forestier] incorpore le personnel forestier dans les forces
militaires. Il existe alors des conservations, compagnies, sections et détachements forestiers.
L’instruction militaire entre alors à l’école de Nancy, et les élèves sortent avec le grade de sous-
lieutenant, et affectés dans une unité de chasseurs forestiers. C’est un officier désigné par le
ministre de la guerre qui donne cette instruction à hauteur de 7 heures par semaine. Lors de la
revue de l’armée du 14 juillet 1880, il a été distribué de nouveaux drapeaux à l’armée. Le
président de la République tenait en bonne place les chasseurs forestiers, et remit alors au
lieutenant-colonel Carraud, Inspecteur général des Eaux et Forêts, Commandant du régiment
des forestiers à Paris en 1870, un drapeau flambant neuf. Le porte-drapeau désigné est le sous-
lieutenant Panisset, garde général-adjoint des Eaux et Forêts. Ce jour là, le corps militaire des
forestiers a défilé en tête d’armée. Le décret 18 novembre 1890 oblige les élèves de Nancy à
s’engager pour 3 ans, dont une année comme sous-lieutenant dans une unité d’infanterie. Ce
décret modifie également l’organisation, distinguant alors les conservateurs, les inspecteurs, les
inspecteurs adjoints, les gardes généraux et gardes généraux stagiaires.

2.8. Le 19eme siècle ou le tournant

En 1903, le titre de Directeur général est rétabli. Un grand inventaire forestier voit le jour en
1908. Mais les deux grandes guerres prennent une importance capitale dans l’administration
forestière. La 1re compagnie de chasseurs forestiers, basée à Épinal en 1914 rassemble les
préposés forestiers âgés de 25 à 48 ans. Cette compagnie comprend 4 officiers et 220 chasseurs.
Elle a pris part aux combats dans les Vosges et dans le nord de la France.

Le 4e bureau de l’état-major de l’armée crée une commission des forêts dont le travail est
principalement de préparer par tous voies et moyens la constitution des approvisionnements des
bois de toutes espèces pour les besoins de l’armée.

En 1914, le ministre de la Défense modifie le fonctionnement des chasseurs forestiers. Les


préposés doivent avoir moins de 48 ans. Les chasseurs forestiers font partie des troupes d’élites
et en portent les signes distinctifs.

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En temps de paix, le personnel sert à assurer la continuité du service forestier et sa surveillance.
En temps de guerre, les chasseurs forestiers sont alors intégrés dans les 1re lignes, et servent de
guides et d’informateurs de l’armée. C’est pourquoi on trouve aujourd’hui sur le monument aux
morts de l’école nationale de Nancy, le nom de 96 anciens élèves, jeunes officiers, tués pendant
la Grande Guerre.

Les chasseurs forestiers furent rattachés au Génie militaire, dans le service forestier des armées
(SFA) à la demande du Général en Chef Maistre, dans son Instruction du 25 juillet 1915. Un
grand nombre de chasseurs forestiers fut décoré et l’école forestière de Nancy reçoit la Légion
d'Honneur et la Croix de Guerre 14/18. La moitié des fonctionnaires supérieurs mobilisés des
87e, 88e, 89e, et 90e promotions sont décorés de la Croix de guerre, et trois sont faits chevaliers
de la Légion d’honneur.

Les chasseurs forestiers défilèrent sur les Champs-Élysées le 14 juillet 1919 pour le défilé de la
victoire avec le drapeau qui leur avait été remis le 14 juillet 1880. Les chasseurs forestiers de
l’armée sont dissous le 3 juin 1939, et redeviennent l’Administration Civile des Eaux et Forêts.
Le drapeau est remis à la garde de l’école forestière de Nancy. Pendant soixante quatre années,
les forestiers sont restés aux côtés de leurs frères d’arme français. C’est là l’ultime
compréhension de la militarisation du corps des Eaux et Forêts dans les colonies françaises
outre-mer. C’est cela qui justifie également le port par les forestiers des mêmes formes de galons
et parements.

2.9. La page ONF

Les IVème et Vème Républiques ont élaboré plusieurs textes sur les mesures de protection de
l’environnement en général, donnant encore plus de pouvoir de constatation au personnel de
l’administration des Eaux et Forêts. Sous le Général De Gaulle, le Ministre de l’agriculture
Edgard Pisani inspire la loi du 23 décembre 1964, instaurant au 1er janvier 1966 en lieu et place
de l’administration forestière, un Etablissement Public Industriel et Commercial, l’Office
National des Forêts (EPIC/ONF).

III. CHRONOLOGIE EN AOF ET AU BURKINA FASO

3.1. En AOF

L’AOF fut créée par le décret du 16 Juin 1895. Le 4 juillet 1935, un décret fixe le régime
forestier en AOF (JOAOF du 3 Août 1935, p. 611, son rectificatif dans le JOAOF du 14
septembre 1935, p. 723) complété par le décret du 12 Avril 1954, article 23 bis (JOAOF du 8
Mai 1954, p.844), signés, Albert Lebrun Président de la République Française, Louis Rollin
Ministre des colonies, Léon Bérard Garde des Sceaux Ministre de la Justice.

Ce Décret a été le véritable précurseur du corps des Eaux et Forêts en AOF. Les services
forestiers sont énoncés en son article 8 comme suit : « Le service forestier, après entente avec
l’administrateur commandant le cercle, procède avec les représentants des villages intéressés à
une reconnaissance générale du périmètre à classer et des droits d’usage ou autres s’exerçant
sur la forêt….». Le corps des Eaux et Forêts dont il est fait cas est bien celui de l’AOF dont
l’Inspection Générale était basée à Saint-Louis puis plus tard à Dakar au Sénégal. Au Burkina

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Faso des Inspections existaient respectivement au niveau des cercles, qui sont aujourd’hui nos
chefs-lieux de régions ou de provinces.

Mais si en France dès le 3 juin 1939 les chasseurs forestiers de l’armée sont dissous, et le corps
des Eaux et Forêts redevenu une administration civile des Eaux et Forêts, il en a été autrement
dans les colonies dont l’administration forestière est demeurée un corps paramilitaire.
La raison était purement d’ordre logique. Les populations noires de l’AOF avaient une autre
logique vis-à-vis des ressources naturelles que les françaises déjà conquises à la sauvegarde de
leur environnement, parce qu’ayant déjà perçu les bénéfices actuels et futurs. La forêt étant
comprise comme un don de Dieu, et étant une divinité en elle-même avec ses esprits, son
exploitation n’était basée que sur des interdits localisées.
A l’époque les feux courants, les battues et la collecte du gibier par les pièges et autres moyens
laissant à désirer pour la survie de l’espèce, la répression et l’imposition étaient des moyens
nécessaires à l’aboutissement des objectifs coloniaux.
Des espèces étaient strictement protégées (animales comme végétales) en plus des bois sacrés
qu’entretenaient jalousement les sages. De manière souple mais quand même obligeante, des
millions d’hectares sont extraites de la pression humaine. Et n’eut été cette répression et cette
vision des ressources naturelles, l’on est en droit de se demander si de nos jours en AOF nous
aurions de la forêt et de la faune.
Dans toute l’AOF, l'application du décret du 4 juillet 1935 portant Régime Forestier des
Territoires de l'Afrique Occidentale Française nécessite la formation de plus de personnels pour
les classements et la surveillance des formations forestières, des cours et plans d’eau.
- d'une part des Gardes forestiers et des Préposés des Eaux et Forêts, le plus souvent
anciens militaires, auxquels l'on a inculqué des connaissances rudimentaires leur
permettant de remplir des missions de police, d’arpentage , de pose de bornes, de
conduite des discussions avec les autochtones pour leur arracher le oui pour le
classement, de pratique de feux précoces, de cynégétique et de pisciculture ;
- d'autre part des Contrôleurs des Eaux et Forêts, cadres moyens qui reçoivent à l'Ecole
Forestière du Banco en Côte d'Ivoire un enseignement technique et professionnel leur
permettant d'assurer la gestion des services forestiers locaux sur toute l'étendue de l’AOF.
Les années des indépendances ont été aussi celles de la création d’un certains nombre d’écoles
forestières. En 1963 au Sénégal, au Burkina Faso, au Mali, en Côte d’Ivoire, au Bénin, au Niger,
en Guinée, des écoles de cadres d’exécution ont été crées en vue de pourvoir les services
forestiers locaux en techniciens chargés d'assurer la relève des gardes et des préposés coloniaux.
Il faut noter cependant que l’Ecole forestière du Burkina a ouvert ses portes en 1953 pour la
formation des préposés avec la promotion Yéré Lassina.
Des techniciens supérieurs seront ultérieurement à l’IPR de Katibougou au Mali, à l’Ecole
forestière du Banco en Côte d’Ivoire. Les ingénieurs rejoindront l’Ecole prestigieuse des Barres
en France puis plus tard aussi dans d’autres pays (URSS, Canada, USA, Allemagnes, Belgique)

3.2. Au Burkina Faso

3.2.1. Bref historique

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Au Burkina Faso, comme dans les autres pays de l’A.O.F., les premiers personnels du corps des
Eaux et Forêts furent recrutés parmi les anciens militaires libérés de la seconde guerre mondiale.
La création du corps colonial des Eaux et Forêts précède partout celle de nos armées nationales
en AOF.

Tableau 1. Quelques dates de l’armée nationale du Burkina Faso


Dates Evènements de création
1895 Création de l’AOF avec le corps colonial des Eaux et Forêts avec base à Saint-Louis
1939 Création de la Gendarmerie du Territoire de Haute Volta
1960 Création de l’Armée Nationale par la loi n°74-60/AN du 03 août 1960
1960 Création du 1er Bataillon de Haute-Volta (1er BHV)
1961 Transfert de commandement aux autorités voltaïques (le 1er Novembre 1961)
1965 Création de l’Escadrille militaire, plus tard la Base aérienne
1968 Création du 2ème Bataillon de Haute-Volta (2ème BHV)
1970 Création de l’Etat Major de l’armée (EMA)
1983 l’EMA devient le Haut Commandement des Forces Armées Populaires
1985 Création des Régions Militaires
1994 Réduction du nombre des régions militaires
1995 Création de l’Etat Major de l’Armée de Terre (EMAT)
1995 Création de l’Etat Major de la Gendarmerie Nationale
1996 Le HCFAP devient l’Etat Major Général des Armées (EMGA)
1997 Création de l’Etat-major de l’Armée de l’Air (EMAA).

Ce n’est pas un fait de hasard si les galons et grades respectifs sont identiques à ceux des
militaires. Les appellations et les galons des personnels des Eaux et Forêts, même des collègues
militaires et des autres corps paramilitaires n’en perçoivent pas l’histoire, il reste entendu que ce
n’était pas un fait du hasard. Ce n’est pas parce que -comme certains le prétendent- les premiers
agents des Eaux et Forêts étaient recrutés au sein des anciens militaires, mais cela date depuis
1870. C’est en effet en 1870 que sont nés les Chasseurs Forestiers. Les forestiers obtinrent un
statut militaire en tant de guerre et sont alors soumis aux lois militaires (loi du 27 juillet 1872
[recrutement de l’armée], décret du 24 juillet 1873 [relatif à la réorganisation de l’armée).
L’organisation était la suivante :

Tableau 2. Appellations en 1870 au sein de l’infanterie française

Dénominations Grade de commandement Fonction afférente


Régiment Colonel ou Lt-Colonel Commandant de régiment
Bataillon Commandant Chef de bataillon
Compagnie Capitaine Commandant de compagnie
Section Lieutenant / Sous-lieutenant Chef de section

Tableau 3. Appellations en 1870 au sein des chasseurs forestiers dans l’infanterie française
Dénominations Grade de commandement Fonction afférente Profession

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Conservation Colonel ou Lt-Colonel Commandant de régiment Inspecteur Général
Compagnie Commandant Commandant de compagnie Inspecteur
Section Lieutenant Chef de section Garde général
Détachement Sous-lieutenant Chef de détachement Garde général/adj.

Chez les chasseurs forestiers à l’époque, les appellations distinguaient :


La fonction liée à la nomination.....…….…….……..Commandant du Régiment des Forestiers
La profession liée aux études et diplômes ……………... Inspecteur général des Eaux et Forêts
Le grade lié aux avancements dans la carrière ………...……………………Lieutenant-colonel

Exemple 1: Le Lieutenant-colonel Carraud, Inspecteur général des Eaux et Forêts, Commandant


du Régiment des forestiers de Paris en 1870.

Exemple 2 : Le sous-lieutenant Panisset, Garde général-adjoint des Eaux et Forêts, Porte-


drapeau du Régiment des forestiers à Paris en 1870.

3.2.2. Les différents schémas d’animation du corps de 1875 à 2013

Pour saisir la problématique du corps des Eaux et Forêts aujourd’hui, il faut une rétrospective
des schémas institutionnels et des hommes qui l’on animé. Né de la volonté du colonisateur
français, le corps connaitra dès sa création en AOF, une structuration paramilitaire mais avec
malheureusement un effectif très réduit, donnant ainsi un véritable embryon de corps.

Après les indépendances du fait des multiples changements institutionnels, le corps des Eaux et
Forêts ne sera pas épargné des tumultueuses ballades de ministère en ministère selon le gré des
politiques. Cette instabilité institutionnelle peut se présenter comme suit.

CONSERVATION

COMPAGNIE COMAPGNIE COMPAGNIE

SECTION SECTION

DETACHEMENT DETACHEMENT

Graphique 1. Schéma organisationnel des Eaux et Forêts en 1875-1935


Etat du commandement : Corps bien structuré et commandé avec rigueur dans la cohésion, l’esprit de
corps et la discipline depuis Dakar par des officiers coloniaux. Missions : conservation et recettes.

12
INSPECTION
GENERALE

INSPECTION INSPECTION INSPECTION

CANTONNEMENT CANTONNEMENT

POSTE FORESTIER POSTE FORESTIER

Graphique 2. Schéma organisationnel de l’AOF à 1966


Etat du commandement : Corps bien structuré et commandé avec rigueur dans la cohésion, l’esprit de
corps et la discipline depuis Dakar par des officiers coloniaux. Missions : conservation et recettes.

DIRECTION
EF et CS

INSPECTION INSPECTION INSPECTION

CANTONNEM. CANTONNEM.

POSTE POSTE
FORESTIER FORESTIER

Graphique 3. Schéma organisationnel de 1966 à 1970-75


Etat du commandement : Corps bien structuré et commandement mitigé. Emergence du syndicat avec
le début des luttes syndicales Missions : conservation et recettes.

SECRETARIATF
GENERAL

Inspection Inspection Inspection

CANTONNEMENT CANTONNEMENT

POSTE FORESTIER POSTE FORESTIER

Graphique 4. Schéma organisationnel de 1976 à 1983


Etat du commandement : Corps bien structuré mais début de la sclérose dans le commandement. Forte
action syndicale. Missions : aménagement, reboisement, recettes et sensibilisation.

13
DGEF

SEVICES DIRECT. PROJETS ET


CENTRAUX REGIONALES CONVENT.

DIRECTIONS DIRECTIONS
PROVINCIALES PROVINCIALES

SERVICES SERVICES
DEPARTEMENT. DEPARTEMENT.

Graphique 5. Schéma organisationnel 1995-2003


Etat du commandement : Corps structuré avec un commandement efficace. Action syndicale assez
marquée. Missions : Début de la double casquette d’agent de développement rural et de répression.

SG

SEVICES DIRECT. PROJETS ET CHEF DE


CENTRAUX REGIONAL. CONVENT. CORPS
E
DIRECTIONS DIRECTIONS
PROVINCIALES PROVINCIALES

SERVICES SERVICES
DEPARTEMENT. DEPARTEMENT.

Graphique 6. Schéma organisationnel 2004-2010


Etat du commandement : Corps mal structuré avec un commandement peu efficace. Action syndicale
assez marquée mais étouffée politiquement. Renforcement de la politisation. Missions : Elles restent les
mêmes sauf que rare de forestiers y font encore foi.

CAB

DNEF

SG

DIRECT. REGION. SERVICES CENT. ET


TOUS LES PROJETS

DIRECT.PROV. DIRECT. PROV

PROJETS
SERVICES DEPART.

POSTES

Graphique 7. Schéma organisationnel développement durable

14
Etat du commandement : Corps mal structuré administrativement et avec un commandement peu
efficace. Action syndicale assez marquée. Renforcement de la politisation. Accentuation des
impairs à tous les niveaux. Missions : Troubles avec plusieurs objectifs souvent non
concordants.

3.2.3. Les hommes ayant été aux destinées du corps


Pour que les forestiers prennent conscience de la nécessité de restructuration de leur corps et de
leur cohésion, il a fallu des assassinats en série dans leurs rangs. Dans le parc de Po, à Nazinga, à
Dano, à Kongolékan, à Nako…des forestiers ont versé leur sang et perdu leur vie de façon atroce
et indigne. A chaque fois ce fut suite à des traquenards ou des mauvaises approches de situation
militaires que ces camarades sont tombés dans l’exercice de leur fonction. A chaque coup le
commandement se ressaisi juste le temps des funérailles des agents car il faut noter qu’aucun
cadre supérieur n’avait encore péri. Ils ne sont pas concernés -pour la plupart d’entre eux- par la
rude épreuve de la police forestière.

Tableau 4. Les hommes qui ont commandé le corps


Date Chef de corps Durée
1988-1989 Joseph Zongo 1
1989-1991 Djiri Dakar 2
1991-1992 Mantoro Martin 1
1992-1994 Sawadogo Albert 2
1994-1995 Korsaga Gérard 0,7
1995-1996 Zan Tahirou 1,4
1996-1997 Coulibaly Sambou 1
1997-1999 Yaméogo Mathieu 2, 2
1999-2002 Zouré O. Léonard 2,10
2002-2004 Soudré Yamba Félix 1, 9
2004-2006 Traoré C. Alamoussa 1, 9
2006-2009 Goungounga Justin 2,8
2009-2012 Drabo Adama 2
2012-2013 Traoré C. Alamoussa 1
2013 à 2015 ZALLE Daouda 2
2015 à 2016 Drabo Adama 1
2016 à nos jours Guigemdé Paul

3.2.4. Les causes de la léthargie du corps

3.2.4.1. Causes politico-institutionnelles

La principale cause politico-institutionnelle est la ballade institutionnelle du corps des Eaux et


Forêts. De 1960 à 2013 (53 ans), le corps aurait passé sous neuf (9) départements de tutelle soit
un changement de tutelle tous les six (06) ans selon la situation qui suit. Et qui dit changement de
tutelle dit perturbation dans les missions et dans les manières de servir. A cela il faut ajouter la
fréquence des changements de gouvernements et des remaniements ministériels. Un fait
marquant est l’année 1958, durant laquelle il eut trois remaniements ministériels en 11 mois. Ce
fut la conséquence des querelles politico-idéologiques. Le pays connaitra en effet trois

15
gouvernements de février à décembre 1958. Ce fut d’ailleurs la seul fois que le corps des Eaux et
Forêts est nommément cité dans un département ministériel. La même année le Ministère de
l’Elevage et des Eaux et Forêts, sera successivement dirigé par Monsieur Traoré Bakary (1er et
2ème gouvernement de 58) et Monsieur Palé Welté (3ème gouvernement de 58).

Tableau 5. Situation institutionnelle du corps de 1875 à 2013


Années Nom du Département de tutelle Premier organe dirigeant
1875-1935 Défense National (France) Inspection Générale
1935-1957 France Outre-mer / Colonies Inspection Générale
Février 1958 Elevage et des Eaux et Forêts Inspection Générale
Octobre 1958 Elevage et des Eaux et Forêts Inspection Générale
Décembre 1958 Elevage et des Eaux et Forêts Inspection Générale
1960-1967 Economie Nationale DGEF/CS
1967-1970 Agriculture et Elevage DGEF/CS
1970-1975 Plan, Dévelop. Rural, Environnement Tourisme DGEF/CS
1976-1982 Développement Rural DGEF/CS
1983-1987 Transports, Environnement et Tourisme Inspection Générale des EF
1987-1994 Ministère Environnement et Tourisme Secrétariat Général
1995-2001 Environnement et Eau Direction Générale des EF
2002-2010 Environnement et Cadre de Vie Secrétaire Général
2011-2013 Environnement et Développement Durable Secrétaire Général
Novembre 2014 Environnement et Ressources Halieutiques Secrétaire Général

3.2.4.2. Causes intrinsèques aux ministres et premiers dirigeants du département


Rares sont les ministres et autres dirigeants du département (Secrétaires généraux, Inspecteurs
techniques, Conseillers techniques influents…), qui n’ont pas connu de compromissions avec des
forestiers qui sont soit au devant des projets soit aux commandes de certaines directions
‘’juteuses’’. Que peut-on bien attendre comme attitude de ces ministres et dirigeants lorsque ces
genres de cadres et agents corrupteurs et serviles commettent des impairs.

Si vous avez déjà bénéficié de dessous de tables sous forme de quantités énormes de bons de
carburant ou d’enveloppes lourdement remplies de billets de banque sans que vous ne vous
inquiétiez de l’origine de l’argent qui a servi à ces dépenses.

S’il vous a été acheté et aménagé des terres agricoles à Gonsé, Sapouy et ailleurs, sans que vous
ne vous inquiétiez de l’origine de l’argent qui a servi à ces dépenses.

S’il vous a été acheté des tracteurs équipés ou des véhicules, sans que vous ne vous inquiétiez de
l’origine de l’argent qui a servi à ces dépenses.

S’il est convoyé des bovins, ovins et caprins de valeur ainsi que des balles de foins et des sacs
de tourteaux dans votre ferme sans que vous ne vous inquiétiez de l’origine de l’argent qui a
servi à ces dépenses.

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S’il est mis gracieusement à votre disposition et à celle de votre suite des chambres luxueuses
lors de vos sorties sans que vous ne vous inquiétiez de l’origine de l’argent qui a servi à ces
dépenses.

Si vous demandez des chevaux ou des bœufs à un directeur régional et qu’il les à Ouagadougou
sans que vous ne lui ayez remis aucun centime ni au début ni à la fin de l’opération, sans que
vous ne vous inquiétiez aussi de l’origine de l’argent qui a servi à ces dépenses.

Si des forestiers sont arrêtés et jetés en prison pour des prétendus détournements, faux et usage
de faux, faux en écriture publique, et qu’un ministre s’arroge le droit de faire virer le reste des
fonds à problème (plusieurs millions) dans un compte privé et sans se soucier de que sera
demain….Etc.

Alors vous êtes désormais un ministre ou un directeur, muselé, de qui le département et la Nation
ne peuvent attendre que de la figuration. Vous ne pouvez plus prétendre à un remplacement de ce
type de cadre ou d’agent, car vous avez désormais vos mains dans la gueule d’un chien. Il faut le
caresser dans le sens des poils sinon il vous mordra d’une morsure politiquement mortelle.

En réalité lorsque tels agents ou cadres vous en donne deux et que vous acceptiez, il se sert six
puisqu’il se dit désormais sous un parapluie. Aucun conseil de discipline dans ces conditions ne
se tiendra pas par manque de textes d’application mais par manque de cadres capables de se
tenir devant les accusés pour interroger et sanctionner. L’indiscipline et la pagaille au sein du
corps est avant tout dû à tout cela car ne dit-on pas que le poisson pourrit toujours par la tête.

3.2.4.3. Causes intrinsèques au corps lui même


La première cause intrinsèque au corps est l’infiltration de cadres tous azimuts sans formation
militaire de base. Dès les années 70 ont commencé à affluer des cadres forestiers. Ces cadres
sont rentrés dans le corps pas pour son aspect paramilitaire mais pour la recherche de l’emploi
surtout qu’à l’époque foisonnaient des projets financés à coup de milliards.

Ces cadres étaient particulièrement issus des grandes écoles de l’ex-URSS, du Canada, des Etats
Unis, de la France, de l’Allemagne, mais également d’universités d’Afrique (Ouagadougou,
Abidjan, Niamey, Dakar, Mauritanie, Bénin et Mali). Ils découvraient pour la première fois les
rudes épreuves du cadre paramilitaire. Si certains optèrent pour combler leurs déficits de
formation militaire et s’insérer dans le corps, d’autres par contre se sont illustrés en véritables
poisons humains pour le devenir heureux du corps.

La deuxième cause intrinsèque est liée au recrutement de candidats libres au sein de l’Ecole
Nationale des Eaux et Forêts de Dindéresso (ENEFD) et au manque de rigueur dans les enquêtes
de moralité lors des intégrations. Comme dans l’armée, des parents envoient aussi leurs rejetons
très incontrôlables et qui leur donnent des insomnies, à notre école forestière. Une fois formés et
intégrés par un test de recrutement sur mesures nouvelles, il est très difficile de distinguer la
bonne graine de l’ivraie. C’est alors que ces éléments dangereux entrent dans nos rangs. Ils ne
sont pourtant pas tous des mauvaises graines. Il existe bien dans les rangs des recrutés sur
concours directs des cas notoirement connus.

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3.2.4.4. Causes liées à la moralité des personnels

Plusieurs comportements sont sources d’impairs au sein du corps. Les plus remarquables sont :

- l’implication personnelle de forestiers dans le commerce du bois et dérivés. Des forestiers


sont aussi directement ou par prête-noms, impliqués dans la carbonisation dévastatrice de
nos formations naturelles.

- la location à des fins personnelles des forêts classées, parcs et réserves de faune, à des
orpailleurs comme mines à ciel ouvert ou à des éleveurs comme pâturages bovins.

- la coopération avec des bandits de grand chemin, soit par des prêts d’armes et/ou de
munitions, soit en jouant aux indicateurs et assistants, soit encore par des prêts de
logistique de mobilité.

- le détournement de recettes forestières ou organisation subtile et complice de coupes


illégales dans les forêts.

- le faux et usage de faux, faux en écriture publiques par falsification des carnets de
recettes ou par fabrication de carnets parallèles.

- l’abandon de poste suivi de rackets et de rançonnements des populations par voie de


polices parallèles et clandestines.

- le détournement des primes contentieuses des subalternes par les cadres responsables et
appelés à commander ces mêmes agents.

- Le bâillonnement des personnels par abus d’autorité provocant de l’hypertension


artérielle puis une désintégration de la personne humaine qui devient vite une loque au
service des maquis, des bars et d’autres gargotes.

Aucun conseil de discipline ne se tiendra dans ces conditions puisque les subalternes peuvent
dénoncer des membres du conseil eux-aussi dans la nasse et souvent aux fautes plus lourdes que
celles de l’agent appelé à la barre. C’est là la raison de l’inapplicabilité du décret sur le code de
déontologie. Le soldat est à l’image de son chef dit un adage militaire.

3.2.4.5. Causes juridiques

Assez moribond et géré par le syndicat devenu seul défenseur des droits des personnels, le corps
des Eaux et Forêts connaitra un regain de fierté au cours des années de la révolution. A la
création du Comité de Garnison de Ouagadougou (CGO) et du Conseil Révolutionnaire de
Discipline des Armées, au sein des forces armées populaires dès 1983, un officier des Eaux et
Forêts secondait le délégué de garnison et un autre secondait le Président du Comité
Révolutionnaire de Discipline des Armées (CRDA).
En 1984 les officiers des Eaux et Forêts qui étaient auprès du Haut Commandement des Forces
Armées Populaires (HC/FAP), avaient saisi l’opportunité pour résoudre une bonne fois pour
toutes les questions relatives à la formation militaire, à la tenue, aux galons et appellations.

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S’appuyant sur l’épopée du corps et sur le respect dont il jouissait auprès des FAP et avec le
concours de nos collègues militaires, le bureau CDR du corps avait sollicité et obtenu la
possibilité d’intégration des personnels forestiers dans l’armée nationale comme se fut le cas en
France au cours de la IIIème république en 1872 et comme c’est le cas actuellement dans certains
pays de la sous région. Des pourparlers furent alors engagés immédiatement avec le HCFAP
pour cette l’intégration.
Malheureusement, la tentative échouera du fait de deux oppositions qui ont coalisées par la suite
et qui ont fini par faire échec à l’initiative. La première opposition du moins insidieuse venait des
officiers farouchement hostiles au port de la tenue et à tout ce qui s’apparente au
paramilitarisme.
La seconde opposition est la réponse du syndicat à la proposition du HC/FAP qui alignait nos
agents sur la même durée de service avant la retraite (quinze ans pour les subalternes et un peu
plus pour les officiers et officiers supérieurs). Cette situation a été un bon argument au syndicat
pour conduire une campagne anti militarisation. Malheureusement quelques années plus tard les
textes de l’armée relatifs au départ à la retraite ont été relus et les durées de services revues à la
hausse. Sans exclusive les différents documents juridiques de gestion du corps peuvent être
recensés comme suit.
Le Kiti AN IV 00369/CNR/MATS/REFI/ETOUR du 14 mai 1987,
Il porte sur l’harmonisation des galons, tenues et appellations des fonctionnaires du cadre
paramilitaire.
La Zatu n°AN VI-0008 /FP.PRES du 26 octobre 1988
Elle porte sur le statut général de la fonction publique.
L’article 11 stipule que : Pour la gestion des fonctionnaires, sont constitués des cadres et
constitue un cadre, l’ensemble des corps de fonctionnaires relevant d’une même technique ou
spécialité administrative, allant du corps le moins élevé au corps le plus élevé.
L’article 12 stipule que dans chacun des cadres il est créé des corps. Constituent un corps, tous
les fonctionnaires soumis aux mêmes conditions de recrutement et ayant vocation aux mêmes
grades. Donc en ce qui nous concernait il y avait au moins cinq corps (préposés, assistants,
contrôleurs, ingénieurs des techniques et ingénieurs)
L’article 12 stipule que « les corps sont classés et répartis suivant leur niveau de recrutement,
en cinq (5) catégories subdivisées en échelles et désignées dans l’ordre hiérarchique décroissant
par les lettres A, B, C, D et E conformément à l’annexe 1 du présent statut. »
L’article 207 stipule que « Sont et demeurent en vigueur : ………. La zatu AN IV-10
CNR.TRAV. du 25 octobre 1986 portant abrogation de la loi 22 AL et ses décrets
d’application. ».
Le Kiti n° AN VII-0313/FP/MJ du 18 mai 1990

Il porte modification du Kiti AN IV-369/CNR/MATS/REFI/ETOUR du 14 mai 1987 portant


l’harmonisation des galons, tenues et appellations des fonctionnaires paramilitaires, Après
l’adoption de la Constitution, tous les corps militaires et paramilitaires avaient chacun, soit repris
ses anciens attributs, soit adopté de nouveaux, à l’exception de la Garde de Sécurité
Pénitentiaire. Ledit décret venait combler ce vide juridique en déterminant, sur la base de la loi

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n° 013-98 AN portant régime juridique applicable aux emplois et aux agents de la Fonction
Publique, les tenues et les galons des personnels de la sécurité pénitentiaire.

Le Décret 96-191/PRES/PM/FPMA/ETOUR du 11 juin 1996


Il porte sur le Statut particulier du Cadre paramilitaire des personnels du cadre des Eaux et
Forêts. Son contenu est assez bien rédigé mais toujours avec des failles permettant de se
soustraire des obligations paramilitaires et de la discipline, seules garantes de la cohésion et de la
déontologie.
La loi n°013/98/AN du 28 avril 1998,
Elle porte sur le régime juridique applicable aux emplois et aux agents de la fonction publique.
L’article 245 stipule que « La présente loi abroge toutes dispositions antérieures contraires,
notamment la Zatu n°AN VI-0008 /FP.PRES du 26 octobre 1988 portant statut général de la
fonction publique, la loi n°50-60/AN du 25 juillet 1960, ensemble et leurs modificatifs ».
Concomitamment le statut particulier des personnels du cadre paramilitaire des eaux et Forêts
est aussi abrogé.
La loi n°019-2005/AN du 18 mai 2005,
Elle porte sur la modification de la Loi n°013/98/AN du 28 avril 1998 portant régime juridique
applicable aux emplois et aux agents de la fonction publique.

Cette loi dit et c’est important, que « …………Les textes d’organisation des emplois
paramilitaires (et non corps paramilitaires) peuvent, au regard des spécificités desdits emplois,
prévoir d’autres sanctions disciplinaires. On entend par emplois paramilitaires, les emplois de
la Police nationale, des Douanes, des Eaux et Forêts et de la Garde de Sécurité Pénitentiaire.
Pour la première fois les textes ont cité nommément les emplois paramilitaires mais pas les
corps paramilitaires. »

IV. Conclusion

En parcourant l’ensemble de ces documents, il persiste un vide juridique concernant la création


de certains corps paramilitaires. Si la Police nationale et la Garde de Sécurité Pénitentiaire ont
été créés par des textes, les autres tels que la Douane et les Eaux et Forêts sont restés accrochés
aux textes coloniaux actuellement rendus caduques puisqu’abrogés.

Le ‘’Corps des Eaux et Forêts’’ subtilement remplacé par le ‘’Cadre paramilitaire des Eaux et
Forêts’’ avec des corps à l’intérieur est une vision et une démarche qui sont plus administratives
et ne désignent aucunement et de façon claire un corps paramilitaire.

Avant les indépendances les personnels des Eaux et Forêts étaient sous commandement des
cadres français affectés dans les colonies. La structuration et le fonctionnement dans l’ex-AOF
furent calqués sur le modèle français. Au cours de nos recherches aucun texte ne vise un
quelconque texte portant création d’un corps des Eaux et Forêts.

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IMPERATIFS MAJEURS

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I. INTRODUCTION
Le colonisateur en créant le corps des EF avait savamment perçu le danger que comportait le
libre accès aux ressources naturelles surtout forestières, fauniques et piscicoles tant marines que
continentales. Il décida de prévenir que de guérir et s’engagea tout de suite.
Dans les années 1935, en exportant la même vision sur les états colonisés. Il faut remarquer que
le terme environnement qui fait fureur aujourd’hui dans le langage de nos illustres experts ne
date pas de nos jours puisqu’il fut pris en compte dans le décret du 4 juillet 1935 pour justifier
l’intérêt et l’impératif à protéger notre environnement.
Si déjà en 1935 la situation était perçue par le colonisateur alors que l’incidence de la population
était encore assez insignifiante sur les ressources naturelles en termes de pression, comment
devraient se comporter les forestiers au 21ème siècle où tous les indicateurs de stabilisation de nos
ressources naturelles sont au rouge.

Organisé en corps pour la première fois en 1289 il a fallu à la France 677 ans pour créer en lieu
et place d’un corps paramilitaire des Eaux et Forêts, un Office des Forêts (EPIC) en 1966. Le
corps des Eaux et Forêts est définitivement rentré dans le domaine commercial et industriel.
Donc six siècles mis pour que les français arrêtent la ‘’protection rapprochée’’ des forêts de la
faune et des eaux, action ici appelée ‘’répression aveugle’’.

II. IMPERATIFS MAJEURS


2.1. Les ‘’Eaux et Forêts’’, corps impeccablement réorganisé
L’état de santé d’une institution dépend de la volonté du premier responsable. Le corps des Eaux
et Forêts aura parcouru au moins dix (10) cabinets ministériels de 1955 à nos jours. Chaque
ministre en son temps y a apposé ses marques tantôt en phase avec les vœux des personnels,
tantôt en contradiction totale de ces vœux. Pour le moins que l’on puisse dire, c’est que la
période révolutionnaire aura été de loin celle de l’éveil du corps et de son affirmation plus que
jamais au plan national et sous régional. Des ministres se sont illustrés pour une dynamique
nouvelle du corps des Eaux et Forêts et il importe de les citer ici.
2.1.1. Anatole TIENDREBEOGO
Il a été le ministre le plus amoureux des honneurs militaires et était fier du corps des Eaux et
Forêts. Il créât ainsi la Division du Cadre Paramilitaire des Eaux et Forêts avec à sa tête un chef
de Corps qui, pour la première fois recevra le commandement aussi publiquement à la place de la
révolution devant plusieurs ministres et des corps diplomatiques. Le défilé qui a sanctionné cette
prise d’armes, sera marqué par la présence des autres corps militaires et paramilitaires. Il voulu
d’un corps paramilitaire à la hauteur de ses ambitions mais hélas les forestiers eux-mêmes en
avaient décidé autrement par leur jeu favori, équilibrisme entre paramilitaire et de
développement rural. Il est reparti laissant le corps en l’état.
2.1.2. Salif DIALLO

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Il était Ministre d’Etat, puissant politiquement et pouvait à l’époque faire rayonner le corps
comme il l’entendait. Il était aussi fier du corps mais s’était vite rendu compte que le vers était
dans le fruit. Sous lui en tout cas il y eut un véritable commandement par la création de la DGEF
avec toutes les prérogatives qui s’imposaient pour qu’un corps s’affirme aisément. En 1996 il
soutiendra avec vivacité la pépinière du corps, l’Ecole Nationale des Eaux et Forêts de
Dindéresso, qu’il a pu faire fonctionner en tant qu’Etablissement Publique de l’Etat sans s’en
référer à un statut d’érection. Il a été l’un des responsables qui s’était inquiété du port
désordonné des galons au sein du corps. Avec un entourage politique encombrant, il a fini par
jeter l’éponge et est parti sans apporter au corps le remède qu’il fallait.
2.1.3. Bongnéssan Arsène YE
Il était médecin-militaire (Médecin-Colonel) de formation et connaissait bien les attitudes à
observer pour venir à bout des dérives au sein du corps. Il a emboité le pas de son prédécesseur
avec une volonté de voir mieux émerger ce corps. Il fit également de la DGEF une structure forte
avec en plus des Directions techniques la création de la Division du Corps Paramilitaire des Eaux
et Forêts chargée des aspects militaires. Ce fut un centre névralgique du commandement avec
aussi toutes les prérogatives qui s’imposent. Malheureusement rien n’y fit car des querelles
politiques auront raison de la redynamisation du corps.
2.1.4. Laurent SEDOGO
Aussi militaire (Colonel) de formation, Laurent SEDOGO, à son arrivée avait donné tant
d’espoirs aux forestiers. Il fera organiser (les troisièmes du genre) des journées de réflexions à
Bobo-Dioulasso. Les forestiers s’attendaient à une véritable réforme du corps mais hélas le
résultat fut décevant. En finalité, ces réflexions auront eu pour seul but de faire freiner une
grogne des militaires retraités en les affectant au sein du corps. Néanmoins, à ce ministre il faut
reconnaitre le pas géant franchi avec le corps par l’élaboration du texte le plus important pour un
corps militaire ou paramilitaire, le Règlement de Discipline Générale et Code de déontologie du
Corps des Eaux et Forêts adopté en conseil des ministres par le décret n°2006-
615/PRES/PM/MECV/DEF/MFB /MFPRE /SECU du 12 décembre 2006. Ce décret en tout état
de cause aurait du résoudre les problèmes d’indiscipline généralisée qui gangrénaient le corps et
limiter les dérives identitaires auxquelles nous assistons malheureusement aujourd’hui.
Signé par le Chef de l’Etat (officier des forces armées nationales), le Ministre de la Défense, le
Ministre des Finances et du Budget, le Ministre de la Sécurité (officier supérieur des forces
armées nationales) le Ministre de la Fonction Publique et de la réforme de l’Etat et le Ministre de
l’Environnement et du Cadre de Vie (lui-même officier supérieur des forces armées nationales)
ce décret n’était pas un fruit du hasard. Chacun des signataires avait un ou des conseillers surtout
le ministre de la défense qui avait le chef d’Etat Major Général des Armées à ses côtés pour le
conseiller.
Donc, ce sont les premiers responsables politiques et militaires qui ont apposé chacun sa
signature sur ce texte. C’est donc être un véritable naïf que de croire que tous ces hommes d’Etat
vont signer aveuglément des textes sans s’en référer à des analyses préalables bien cadrées. Son
application pose problème au sein du corps et pourquoi ?
Il est donc certain que si le ministre actuel décide de faire quelque chose, ‘’des indécrottables
manœuvriers’’ demanderont de nouvelles journées de réflexion. Mais vouloir mener des
concertations autour de l’avenir de ce corps serait un autre divertissement dont l’aboutissement

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est bien connu. Les conclusions arrivent sur la table du ministre au moment où celui-ci fait ses
bagages et revoilà le corps à la case départ.
Il appartient donc aux forestiers dont le corps est à la croisée des chemins, d’être un peu plus
sérieux pour faire un véritable examen de conscience et enfin choisir entre la désagrégation
actuelle de leur identité (minée par des conduites perverses) et la réorganisation sans
complaisance de leur corps en vue de la repositionner parmi les corps en qui l’Etat peut placer sa
confiance et bâtir un véritable programme de développement et d’émergence. Ceci nous le
devons pour la simple raison que ce corps nous a été légué par des aînés qui ont bravé les rudes
épreuves de la colonisation pour arpenté les forêts à pied et risquer leur vie dans des confins de
brousses véritablement ‘’tigrées’’ de fauves et de braconniers aux pièges souvent mortels et sans
pitié.
Que les forestiers se disent bien qu’aucun Etat digne de ce nom ne peut continuer à assister
impuissant à une dangereuse dérive d’une composante de ses forces paramilitaires, militairement
formées et dotées d’armes et de munitions de guerre.

Actions
Relecture de l’organigramme avec la création d’une Direction Générale des Eaux et Forêts sous
lequel viendront les services centraux de ses missions, les services déconcentrés, les projets et les
conventions de ses missions.
Bâtir une caserne des Eaux et Forêts sur le site actuel du corps comprenant son administration,
deux mess (des sous-officiers et des officiers), deux cellules de garde à vue (pour sous-officiers
et pour officiers), un râtelier, un magasin sécurisé, une place d’armes, un parking et deux
guérites.
Application stricte et sans complaisance avec l’appui politique, du décret n°2006-
615/PRES/PM/MECV/DEF/MFB/MFPRE/SECU du 12 décembre 2006 portant Règlement de
Discipline Générale et Code de déontologie du Corps des Eaux et Forêts.
Mise de l’Ecole Nationale des Eaux et Forêts sous la DGEF comme à la Douane et à la Police
Nationale. Et mettre fin immédiatement au recrutement des auditeurs libres à l’ENEF pour éviter
l’infiltration de voyous et autres délinquants dans le corps.
Supprimer le cycle des environnementalistes à l’ENEF et créer quatre spécialisations dont :
- Economie de l’Environnement ;
- Faune et Balistique ;
- Pêche et Pisciculture continentales ;
- Génie Forestier et Mécanisation forestière.
Mettre fin aux tergiversations inutiles en invitant immédiatement et impérativement tout
personnel forestier actuel de tout grade, ne désirant pas le port de la tenue et le règlement de
discipline paramilitaire à se faire connaitre afin qu’ils soient mis sous un autre statut.

2.1.5. Résultats
Un corps renaissant avec pour seul vocation l’union et la défense de notre honneur et de nos
intérêts.

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Affirmation du corps avec une place de choix en termes de discipline, de disponibilité morale à
la défense de la nation, d’esprit de corps et de prise d’engagement pour redonner aux populations
la force de nous croire.
Respect franc et total de la déontologie et du règlement de discipline du corps qui assure un
meilleur suivi de la conduite des agents.
Confiance des autorités politiques et administratives avec la possibilité d’une meilleure dotation
du corps pour le rendre plus compétitif en termes de participation au développement économique
et social et à la préservation des ressources naturelles.

2.2. Les ‘’Eaux et Forêts’’, corps de défense économique


Pouvons-nous penser un instant que la police et la gendarmerie ne sensibilisent pas ? Lorsqu’il s’agit
d’éviter un péril éco-climato- environnemental à une Nation toute entière en protégeant par tous les
moyens légaux en notre possession, le laxisme et la malice doivent disparaitre pour laisser place à la
rigueur de la loi.
Un simple détour dans nos formations classées et dans les zones protégées, un simple détour sur les
berges de nos cours d’eau, un simple détour dans nos parcs et réserves de faune, un simple regard
sur ces camions et charrettes de la mort transportant chaque jour que Dieu fait des tonnes de bois et
de charbon de bois, une simple récréation dans nos maquis et gargotes en période de fermeture de la
chasse…et l’on se rend compte que les forestiers se mentent eux-mêmes et veulent nier leur
responsabilité première à conserver et protéger les ressources naturelles.
Il n’y a pas plusieurs manières d’être garant de quelque chose, il faut garantir sa pérennité par tous
les moyens légaux à sa disposition. Donc, la notion de la double casquette était juste pour s’aligner
derrière nos partenaires techniques et financiers et pour le bénéfice des indemnités que cela procurait
mais pas pour notre quelconque efficacité sur le terrain.
Ailleurs, on fait des ponts de passage pour animaux sur les autoroutes. Ailleurs, ce sont des avions-
citernes qui éteignent les feux de brousse. Ailleurs, ce sont des amendes fortes pour avoir uriné sur le
sol d’un jardin. Ailleurs on ne pêche pas dans une eau sans papier. Ces ailleurs-là c’est chez nos
partenaires techniques et financiers. Et nous, ne possédant pas les moyens de dissuasion et les
mêmes populations déjà enclins à la considération des patrimoines nationaux, nous complaisons
depuis des décennies à assister à la disparition quasi inéluctable du seul héritage que nous puissions
léguer aux générations futures.
Il ne faut pas vouloir d’une chose et de son contraire. Exploiter nos ressources naturelles tout en
préservant les besoins des générations futures nous impose une rigueur absolue dans leur gestion et
leur protection. Toute tendance contraire serait illusoire car suicidaire à très cours terme.
2.2.1. Actions
Nommer un homme respecté et respectable de par sa probité à la tête de l’Inspection technique des
services. C’est là que résiderait en tout sens les germes du laisser-aller, de la complaisance et du
laxisme. Sinon comment comprendre que des impairs se produisent depuis des années et que jusqu’à
présent aucun agent n’ait été sanctionné véritablement. Est-ce de la complicité passive ? Est-ce une
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lassitude face à l’inactivisme de l’échelon supérieur, dans tous les cas l’inspection générale des
services n’est pas à la hauteur de la dégénérescence morale du corps des Eaux et Forêts.
Revoir la formation des jeunes agents avec des spécialisations en sections spécialisées et d’élites pour
des interventions ponctuelles et efficaces en cas de besoin (braconnage, destruction de ressources,
agression illégales sur nos hommes, grands bandits).
Réorganiser les services déconcentrés par des regroupements là où les besoins se font véritablement.
Le saupoudrage actuel a montré ses limites car n’apporte en rien un plus à nos missions.
Cantonner des forces au niveau des points névralgiques du pays et des patrimoines (aéroports, gares
ferroviaires, gares routières, plans d’eau, berges des grands cours d’eau, formations classées et
sanctuaires).
Renforcer les moyens matériel et logistique des agents forestiers notamment en armement et
munitions adaptées afin de leur permettre d’être plus opérationnels dans les actions de protection des
ressources naturelles ;
Lutter contre les espèces envahissantes à travers un service de génie forestier bien réorganisé et doté
de moyens logistiques et humains adaptés.

2.2.2. Résultats
Meilleure disposition du corps à travers le pays par des services régionaux et provinciaux
adaptés et des cantonnements de forces spécialisées.
Mettre fin au saupoudrage géographique inefficace et permettant à des agents isolés libres et
prompts à commettre des impairs.
Meilleure productivité et sécurisation des agents avec une amélioration de leur performance
collective.
Fin de la double casquette et consécration aux taches de conservation, de production et de
valorisation.

2.3. Les ‘’Eaux et Forêts’’, corps de soutien à l’émergence


Le corps des Eaux et Forêts est une institution de souveraineté et doit pouvoir accompagner
utilement le gouvernement dans sa quête de l’émergence pour le Burkina Faso. Il n’est plus
indiqué de créer des institutions budgétivores sans possibilité d’apport à l’économie nationale.
L’émergence c’est aussi et avant tout celle des institutions.
2.3.1. Actions
Transformer l’Agence des Produits Forestiers Non ligneux en une Agence d’Investissement dans
les Filières Forestières et Connexes (A.I.F.C.), capable de mettre à la disposition des promoteurs
des prêts remboursables en dix (10) à douze (12) ans avec un taux d’intérêt faible de 5% comme
c’est le cas du Fonds Burkinabè pour le Développement Economique et Social (FBDES).

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Renforcer les capacités du génie forestier pour accompagner les promoteurs dans le domaine de
la mise en place d’infrastructures forestières et connexes (étangs de pisciculture, plantations,
capture et enclos en élevage d’espèces sauvages…).
Supprimer les actions folkloriques annuelles de reboisement et faire en sorte que le budget de
l’Etat injecte dans l’Agence afin de réunir assez de moyens pour satisfaire les promoteurs.
2.3.2. Résultats
Une agence dynamique et capable de faire face aux défis de la foresterie économique et au
soutien des bases de l’émergence par une implication directe dans la SCADD.
Les terres rurales du sud du pays au lieu d’être bradées par des propriétaires terriens peu
informés pourront être mises à profit pour des baux emphytéotiques avec une valeur ajoutée
certaine. Cela évitera aussi des soulèvements futurs des générations futures qui ne se sentiront
pas concernées par ce bradage actuel.

2.4. Les ‘’Eaux et Forêts’’, force d’interposition au pillage et à la


dévastation des ressources naturelles en Afrique et dans le monde

Les conflits en général sont sources de pillage et de destruction massive de ressources naturelles.
Les conflits en RDC par exemple ont provoqué la disparition de plus d’un million de
pachydermes ainsi que de nombreux primates. Les pertes sont dues aux abattages pour alimenter
les troupes ou à l’arrivée de chercheurs d’ivoire ou de bois d’œuvre qui profitent de la situation
de troubles pour commettre ces exactions sur la faune ou la flore.
Durant la crise ivoirienne également l’on a constaté une exploitation dévastatrice des grandes
teckeraies du centre et du nord dont le bois a été exporté vers l’Asie, alors que ces plantations
constituaient autrefois un rempart écologique.
Après tout conflit il ya des disettes, résultats de l’instabilité du pays et des déplacements de
populations qui ne sont chez elles que pour exploiter leurs terres. C’est après plusieurs années
qu’elles se remettent de toutes ces torpeurs avant d’envisager leur réinstallation. Durant ces
moments, les ressources naturelles paient un lourd tribut.
Les troupes qui s’interposent entre les belligérants ne tiennent pas compte de la souffrance des
ressources naturelles dont la perte est plus dramatique à court terme après le conflit. Personne ne
s’en émeut la priorité étant d’abord de faire taire les armes et ramener les uns et les autres sur la
table de négociations.
Il faut de nouveaux types de forces pour s’interposer aux pillages et à la destruction
systématiques des ressources naturelles surtout de celles dont la perte n’est pas seulement
nationale mais bien plus. Le corps des Eaux et Forêts semble le mieux placé pour accompagner
les soldats de la paix et jouer un rôle de surveillance et d’atténuateur de la destruction des
patrimoines. Il est bien entendu que le corps des eaux et forêts du Burkina Faso à lui seul ne peut
permettre la réalisation d’une telle option. Il y a lieu de conjuguer les efforts à un niveau plus
continental.

2.4.1. Actions

27
Organisation d’un Congrès Panafricain des Eaux et Forêts (COPANEF). Le mois de mars 2014
correspondra bien avec la date de création au monde du premier corps des Eaux et Forêts. Un
pays comme la France, génitrice de ce corps, pourrait être sollicitée à cet effet. Cela permettra de
poser collectivement la problématique africaine de ce corps et faire en sorte que des voies et
moyens soient trouvés pour que certains de ses personnels participent à la sauvegarde des
ressources naturelles lors des conflits armés.
2.4.2. Résultats
Création de la première tribune de concertation entre les forestiers d’Afrique et leurs homologues
du reste du monde.
Réaffirmation du rôle et de la place du corps des Eaux et Forêts qui semblent se faire noyer dans
la mode de l’environnement, alors que ce corps a tant fait pour la sauvegarde des ressources
naturelles premier maillon de l’environnement et cela souvent au prix de la vie de ses
personnels.
Célébrer pour la première fois le 795ème anniversaire des Eaux et Forêts (1219-2014) à travers
l’Afrique et le 79ème anniversaire des Eaux et Forêts au Burkina Faso, en présence du pays
géniteur.

28
CONCLUSION GENERALE
En parcourant ces quelques pages de l’histoire des Eaux et forêts et en observant nos forestiers
d’aujourd’hui, l’on est à la fois gagné par un sentiment de compassion et aussi de révolte.
Compassion lorsqu’on visite quelques postes forestiers où les agents sont laissés à eux mêmes,
utilisant leurs propres engins acquis par crédits bancaires et leur carburant, pour collecter des
recettes au profit du trésor public et contenter les supérieurs avec des béliers, des poulets ou des
enveloppes à chacune des occasions de fêtes de fin d’année, de décès et de baptême et même de
mariage. Leur précarité saute à l’œil nu et vous désarme même si leurs attitudes vous semblent
inacceptables et contre l’honneur.
Sentiment de révolte parce que dans la vie des corps tant que les premiers concernés ne
recherchent pas la cohésion et l’esprit de corps et que c’est seulement lorsqu’un cadavre est à la
morgue que chacun saisit l’occasion pour saluer l’autre juste le temps de l’oraison funèbre, il est
impossible pour les officiers de ce corps d’encadrer et de commander efficacement les hommes.
Or, les enjeux et les défis pour la sécurisation du pays sont tels aujourd’hui que l’on ne peut plus
continuer à gérer de la sorte nos corps habillés et armés. Evitons de donner au corps des Eaux et
Forêts la triste réputation qui a fini de ternir notre image auprès de notre hiérarchie.
Le corps des Eaux et Forêts, a toujours été respecté depuis sa création. La situation qu’il traverse
au Burkina Faso n’honore pas ce pays pour les raisons suivantes. Le premier étudiant à franchir
les portes de l’Ecole des Barres en France fut un burkinabè du nom de Traoré Moïse Alassane. Il
en sorti aussi major de sa promotion. Il fut ministre sous le gouvernement Sangoulé. Il a été
décoré de la Médaille d’Honneur en 2000. Il marqua son temps comme ces officiers forestiers
français cités dans ce document. Avec lui, des cadres forestiers comme Sagnon Pertiou de
Banfora ont servi des pays de l’ex-AOF avec brio et y ont laissé de très bons souvenirs de
compétence. Enfin, le Burkina Faso est une destination de choix pour le tourisme cynégétique et
de vision dont les matières premières ont été préservées grâce au don de soi de nos aînés
véritables pionniers de la conservation des ressources naturelles.
Les cadets que nous sommes aujourd’hui n’avons pas le droit de dissiper tant d’espoir et
d’admiration qu’a suscité et pourrait encore susciter le corps des Eaux et Forêts. Il nous faut être
des forestiers maîtres de nos choix et non esclaves de nos ambitions et cupidités morbides. La
recherche de l’intérêt individuel, les cloisonnements claniques et les éternelles guerres politiques
et d’écoles ne seront assurément que source de destruction de ce tissu institutionnel que nous a
confié la République et nos aînés.
L’un des comportement suicidaires des cadres des eaux et Forêts c’est que tout porte à croire que
ceux qui obtiennent une parcelle de pouvoir déploient leur génie soit pour faire plaisir au
ministre et à son proche entourage afin de garantir la pérennité du poste soit pour s’enrichir
autant que possible. Le plus souvent, ils actionnent les deux mécanismes à la fois. Mais ceux qui
choisissent aujourd’hui d’étouffer leurs talents au profit de la médiocrité, de la servilité et de la
prédation sachent qu’ils constituent pour eux-mêmes un danger futur car ils assumeront tôt ou
tard leur part de responsabilité devant l’histoire.

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BIBLIOGRAPHIE
1. 1882 : Enseignement militaire à l'Ecole nationale forestière par le Commandant Vincent
MONTIGNAULT
2. 1891 : Les forêts au point de vue militaire par l'inspecteur L. MERSEY
3. 1892 : Conseils à un jeune sous-lieutenant de réserve sortant de l'Ecole forestière par le
Lieutenant-colonel V. MONTIGNAULT
4. 1894 : Du rôle des forestiers en temps de guerre par L. BRETON
5. 1898 : L'enseignement forestier en France - l'Ecole de Nancy par C. GUYOT (p. 28-29 et
p. 236-237-238)
6. Tome 17 - p.241 à 253 – juin 1878 : les chasseurs forestiers
7. Tome 19 - p.273 – juin 1880 : compte-rendu des manœuvres militaires de mai 1880.
Participation des chasseurs forestiers -Lettre de félicitations du général
8. Tome 19 - p.365 – 1880 : les chasseurs forestiers à la distribution des drapeaux le 14
juillet 1880
9. Tome 21 - p.491 – 1882 : Annonce du décret du 22 sept. 1882 réorganisant les chasseurs
forestiers
10. Tome 30 - p.35 – 1890 : Affectation des officiers forestiers non employés dans les
compagnies de chasseurs forestiers dans les réserves des régiments de l'armée
11. Tome 33 - p.433 à 446 – octobre 1894 : Organisation militaire des chasseurs forestiers
12. Tome 36 - p.754 – 1898 : Habillement des chasseurs forestiers
13. 1899 : Guide du chasseur forestier à l'usage des agents et préposés forestiers par Daniel
BOUER
14. 1914 : Les chasseurs forestiers - cours donné aux élèves de l'école de Nancy par le
Commandant Real
15. 1916 : Livre d'or de l'administration des Eaux et Forêts : liste des forestiers de tous grades
morts pour la France de 1914 à fin 1915 et citations obtenues par les forestiers
16. 1919 - Historique de la 1ère compagnie de chasseurs forestiers - campagne 1914-1916
17. 1919 - Note du ministre de la guerre du 2 janvier 1919 n° 85/2/1 - (1 page)
18. 1949 - Le corps forestier - ses origines - son organisation - ses tâches - p. 8 et 9 (n°
spécial de la revue "Rivières et forêts")
19. 1987 - Les Eaux et Forêts du 12ème au 20ème siècle - p. 534 "L'organisation militaire de
l'administration forestière"
20. Tome 15 - p.395 – Les compagnies de Chasseurs forestiers à Lons le Saunier et Besançon
21. Tome 53 - p.16 à 24 – janvier 1914 : Les premiers chasseurs forestiers - 1814
22. Tome 53 - p.687 – 1914 : L'utilisation des chasseurs forestiers mobilisables inaptes à
faire campagne
23. Tome 53 - p.56, 172, 322 – 1916 : Le Service Forestier aux Armées
24. Tome 53 - p.80 – 1916 : Au drapeau !

30
25. Tome 60 - p.209 et 259 – 1922 : Inauguration des monuments commémoratifs de Nancy
et des barres
26. Tome 60 - p.427 – 1922 : Le monument de l’Armistice en forêt de Compiègne
27. Tome 61 - p.38 – 1923 : Les forestiers d’autrefois- 1939 - p. 550 à 556 : Remise du
drapeau des chasseurs forestiers à l'Ecole nationale des Eaux et Forêts
28. Cérémonies à l'Ecole forestière (remise des nouvelles insignes de Croix de guerre 14/18
et de la Légion d'honneur à l'Ecole en remplacement de celles prises par les allemands en
1940/44) 1947 - p. 553 à 555
29. Loi n°22-59 AL du 20 Octobre 1959, portant statut général de la Fonction Publique et les
décrets d’application subséquents notamment :
30. Le décret n° 199-FP-P du 19 novembre 1959 portant statut général de la fonction
publique.
31. Le décret n° 203-FP du 19 novembre 1959 portant classement indiciaire des corps de
fonctionnaires des administrations et établissements publics de l’Etat.
32. Décret n°564 PRES/TFP-SE du 31 décembre 1961, portant statut particulier des corps du
personnel du cadre des Eaux et Forêts.
33. Décret n° 67-114 PRES du 23 mai 1967, portant définition des secteurs ministériels.
34. Décret n°70-132 PRES-TFPP du 02 juillet 1970 portant création du corps des Agents
Techniques des Eaux et Forêts.
35. Zatu n°AN IV-11 bis CNR.TRAV. du 25 Octobre 1986 portant statut général des agents
publics du Burkina Faso.
36. La zatu AN IV-10 CNR.TRAV. , du 25 octobre 1986 portant abrogation de la loi 22 AL
et ses décrets d’application
37. Zatu n°AN VI-8 /FP.PRES du 26 octobre 1988 portant statut général de la fonction
publique.
38. Décret 96-191/PRES/PM/FPMA/ETOUR du 11 juin 1996 portant Statut particulier du
Cadre paramilitaire des personnels des Eaux et Forêts.
39. Loi n°013/98/AN du 28 avril 1998, portant régime juridique applicable aux emplois et
aux agents de la fonction publique.
40. ANYANWU J. C. (2002), « Economic and political causes of civil wars in Africa: some
econometric results », Economic Research Papers, n° 73, BAD, Abidjan.

41. COLLIER P., HOEFFLER A. (2002), « On the incidence of civil war in Africa », Journal of
Conflict Resolution 46 (1), p. 13-28.

42. MARCHAL R., MESSIANT M. (2002), « De l’avidité des rebelles. L’analyse économique de la
guerre civile selon Paul Collier », Critique internationale, n° 16, juillet.

43. BANNION I., COLLIER P. (2003), Natural Resources and Violent Conflict: Options and
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44. BRAECKMAN C. (2003), Les Nouveaux Prédateurs, Fayard, Paris.

45. HUMPHREYS M. (2003), « Aspects économiques des guerres civiles », Revue tiers monde n°
174, avril-juin.

31
46. LE BILLON P. (2003), « Matières premières, violences et conflits », Revue tiers monde n° 174,
avril-juin

47. COMMISSION POUR L’AFRIQUE (2005), « Notre intérêt commun. Rapport de la


commission pour l’Afrique », Londres.

48. COLLECTIF (2005), L’Entreprise diamantifère dans la géopolitique africaine, L’Harmattan,


Paris.

49. Loi n°019-2005/AN du 18 mai 2005, portant modification de la Loi n°013/98/AN du 28


avril 1998 portant régime juridique applicable aux emplois et aux agents de la fonction
publique.

50. Décret n°2006-615/PRES/PM/MECV/DEF/MFB/MFPRE/SECU, du 12 décembre 2006,


portant Règlement de discipline générale et code de déontologie du Corps des Eaux et
Forêts.

51. CHÂTAIGNIER J.-M., MAGRO H. (2006), États et sociétés fragiles. Entre conflits,
reconstruction et développement, Karthala, Paris.

52. La conflictualité armée en Afrique (2006) : le rôle des facteurs économiques », The European
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53. MONTCLOS M.-A. DE (2007), Guerres d’aujourd’hui. Les vérités qui dérangent, Tchou,
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Be Done about it, Oxford University Press, may.

55. GBERIE L. (2007), L’Afrique de l’Ouest : entre pierres et étincelles, l’économie politique des
diamants et la déstabilisation régionale, Document hors séries n° 9, Partenariat Afrique-Canada
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56. HUGON P., MATELLY S. (2008), Les Économies de guerre, rapport IRIS.

57. GUILLANEAU J.-C. (2009), Processus de Kimberley : le cas de la République du Congo,


Passages, FMDD, Forum mondial du développement durable.

58. JACQUEMOT P. (2009), « L’économie des conflits dans le Congo oriental », Hérodote n° 134,
La Découverte, Paris.

Observations :

Revoir l’historique en prenant en compte la Cellule militaire des Eaux et Forêts (CMEF)
qui a évolué en pour aboutir à la Division du Corps Paramilitaire des Eaux et Forêts en
1992.

Quelques forestiers toombés sous les balles des braconniers méritent également d’être
mentionnés dans le document, ce sont: OUEDRAOGO Nassisdou Boniface tué à Koubia en

32
1991; OUEDRAOGO Bakari à tué à Dano également en 1991 ; DIANDA Mahamadi tué à
Nazinga en 1992

Pour la Bibliographie du N°1 à 39, il manque les noms des auteurs de documents cités

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