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Histoire de la Formule 1
L'histoire de la Formule 1 trouve son
origine dans les courses automobiles
disputées en Europe dans les années
1920 et 1930. Elle commence
réellement en 1946 avec
l'uniformisation des règles voulue par la
Commission sportive internationale de
la Fédération internationale de
l'automobile (FIA) et la création de la «
Formule de Course Internationale n°1 Alberto Ascari sur Maserati 4CLT/48 à Silverstone en 1949
», pour indiquer la qualité optimale,
comprimée en Formule 1[1] . Un championnat du monde de Formule 1 est créé en 1950 puis
une coupe des constructeurs en 1958 (qui devient le Championnat du monde des
constructeurs à partir de 1982).
L'évolution de la discipline est étroitement liée à celle des performances des voitures et de
la réglementation technique des compétitions. Bien que le gain du Championnat du monde
reste le principal objectif, de nombreuses courses de Formule 1 ont eu lieu sans être
intégrées au Championnat du monde (compétitions hors championnat). La dernière en date,
disputée à Brands Hatch, s'est déroulée en 1983. Des championnats nationaux ont
également été organisés en Afrique du Sud et au Royaume-Uni dans les années 1960 et
1970.
Débuts (1950-1957)
particulier qui exclut de fait toute prétention à la victoire d'une monoplace européenne[17] .
Cette course marginale du championnat disparaîtra après 1960. Une preuve de son
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caractère exceptionnel est que l'édition de 1950 des 500 miles[18] a lieu seulement quatre
jours avant le Grand Prix de Suisse[19] . Et donc les équipes de Formule 1, présentes sur le
circuit européen, ne peuvent pas la préparer et ne la disputent pas[20] .
En 1951, Juan Manuel Fangio succède à Farina au palmarès sur une évolution de l'Alfetta
158, le modèle 159. Le pilote argentin a néanmoins subi tout au long de l'année la montée
en puissance de Ferrari qui remporte sa première victoire au Grand Prix de
Grande-Bretagne[21] , grâce à l'Argentin José Froilán González[22] sur Ferrari 375[23] .
L'engagement d'Alfa Romeo en compétition automobile s'appuie sur un budget modeste,
une technologie d'avant-guerre et l'utilisation de matériel pour deux saisons (l'écurie a
remporté deux championnats avec seulement neuf blocs moteurs d'avant-guerre)[24] . Les
dirigeants d'Alfa Romeo, société désormais sous tutelle de l'état italien, comprennent que
leur monoplace est désormais dépassée et ne pourra plus s'illustrer. Après le refus du
gouvernement italien de financer le développement onéreux d'un nouveau modèle, l'écurie
choisit de se retirer sur deux succès consécutifs.
La saison 1953 débute le 18 janvier par le Grand Prix d'Argentine[31] , première épreuve
non européenne, les 500 Miles d'Indianapolis exceptés. Dorénavant chaque saison
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comptera à son calendrier au moins une épreuve disputée hors d'Europe (le Grand Prix du
Maroc fera une courte apparition en 1958 puis le Grand Prix des États-Unis entrera au
calendrier en 1959). Cette saison ressemble à la précédente, les Ferrari dominent
largement les écuries rivales. Les trois premières épreuves voient Ascari remporter la
victoire, mais dès le Grand Prix de Belgique[32] , les Maserati A6GCM de Fangio (de retour
à la compétition après son accident à Monza en juin 1952) et de son compatriote González
s'affirment comme de sérieuses concurrentes et donnent lieu à des courses plus indécises.
Le Grand Prix de l'ACF[33] , à Reims est d'ailleurs qualifié de « course du siècle »[34] ,[25] par
les observateurs présents en Champagne[35] . Il voit le jeune pilote britannique Mike
Hawthorn[36] remporter sa première victoire en championnat du monde au terme d'une
lutte de tous les instants face à la Maserati de Fangio. Après 2 heures 44 minutes de
course, Hawthorn remporte l'épreuve avec une seconde d'avance sur l'Argentin, et moins
de deux secondes sur Gonzalez qui complète le podium, Alberto Ascari quatrième ne pointe
qu'à dix secondes du vainqueur [37] . Si les Maserati ont donné du fil à retordre à la
Scuderia Ferrari, celle-ci n'en a pas moins signé six pole positions, cinq meilleurs tours en
courses et huit victoires. Les monoplaces au « petit cheval cabré » ont remporté quatorze
des seize manches des championnats 1952 et 1953, permettant ainsi à Alberto Ascari de
devenir double champion du monde de la discipline. Il gagne également neuf Grands Prix
consécutifs. Hors championnat du monde, le palmarès des Ferrari est tout aussi
impressionnant par ses vingt-deux victoires avec la Ferrari Formule 2 en 1952-1953.
Saisons 1954-1955
Saisons 1956-1957
La fin de saison voit toutefois le sport reprendre le dessus sur les polémiques à l'occasion
des deux dernières épreuves. Au Nürburgring, Fangio en pole position, se porte en tête dès
le départ et bat à plusieurs reprises le record du tour détenu par Hermann Lang depuis
1939. Il le pulvérise au quatorzième passage en tournant en 9 min 41 s 41[71] ,[72] , réalise
un grand chelem (pole position, toute la course en tête, meilleur tour en course et victoire)
et signe sa vingtième victoire en championnat du monde. À Monza, Fangio a toutes les
cartes en main pour être sacré : une arrivée dans les points lui suffit, mais Collins et Jean
Behra peuvent également être titrés. Alors que l'Argentin abandonne et que Berha est
décroché, Collins est en mesure de devenir champion du monde. Lorsqu'il rentre pour
changer ses pneus, il offre néanmoins volontairement sa monoplace à Fangio, renonçant du
même coup à ses chances de décrocher le titre, et ce malgré les froides relations
qu'entretiennent les deux pilotes[73] ,[74] .
À cause de ses rapports conflictuels avec Enzo Ferrari tout au long de la saison 1956,
Fangio rejoint Maserati en 1957. Stirling Moss par patriotisme s'engage avec Vanwall. Au
Grand Prix d'ouverture argentin[75] , les Maserati 250F monopolisent les quatre premières
places (Fangio-Behra-Menditeguy-Schell) et se positionnent d'emblée au dessus des Ferrari
801, qui ne sont en fait que l'ultime évolution du modèle Lancia D50 conçu en 1953. En
Angleterre[76] , les Maserati chutent et laissent le champ libre à la Vanwall de Tony Brooks,
pilotée par Stirling Moss qui l'a relayé suite aux ennuis de moteur de sa propre voiture.
Cette victoire à domicile de Moss et Brooks est la première d'une voiture britannique en
championnat du monde. Si Moss et les Vanwall finissent la saison en fanfare avec deux
autres victoires, ils n'empêchent pas Fangio de glaner un cinquième titre, son quatrième
consécutif[77] . Il faudra attendre Michael Schumacher pour qu'un tel record soit égalé puis
battu. Autant l'Argentin a bénéficié du concours de ses coéquipiers en 1956 (avec trois
résultats partagés), il ne doit sa nouvelle couronne qu'à lui-même en remportant quatre
Grands Prix. Deux courses symbolisent sa domination, le Grand Prix de France à Rouen où,
par dix fois, il établit le meilleur tour en course et remporte l'épreuve[78] ,[79] et le
mémorable Grand Prix d'Allemagne. Derrière Fangio en pole position, les Ferrari
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Saison 1958
La saison est endeuillée à quatre reprises puisque Pat O'Connor décède lors des 500 miles
d'Indianapolis, Luigi Musso trouve la mort lors du Grand Prix de France, qu'il avait gagné
l'année précédente, en tentant de ravir la première place à Mike Hawthorn. Peter Collins
décède sur le Nurburgring alors qu'il menait l'épreuve et Stuart Lewis-Evans se retrouve
prisonnier de sa voiture en flammes lors du Grand Prix du Maroc désormais intégré au
championnat du monde et où il s'était mis en évidence la saison précédente. Grièvement
blessé, il est rapatrié en Angleterre, mais décède six jours plus tard des suites ses brûlures.
L'année 1958 voit les débuts d'une femme en Formule 1, Maria Teresa de Filippis, sœur du
modeste pilote Luigi de Filippis. Elle contracte quatre engagements et, après avoir manqué
sa qualification au Grand Prix de Monaco, prend le départ des épreuves de Belgique, du
Portugal et d'Italie au volant d'une Maserati 250F. Elle ne reçoit le drapeau à damiers
qu'en Belgique où elle se classe dixième. L'année suivante, après une nouvelle
non-qualification à Monaco, elle quittera définitivement le Championnat du monde de
Formule 1. Son expérience ne servira pas d'exemple puisque seulement quatre autres
femmes[94] participeront à une manche du championnat du monde de Formule 1[95] : Lella
Lombardi (douze départs entre 1974 et 1976), Divina Galica (trois non-qualifications entre
1976 et 1978), Desiré Wilson (une non-qualification en 1980) et enfin Giovanna Amati (trois
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Saisons 1959-1960
Bruce McLaren, victorieux du dernier Grand Prix en 1959 remporte la première épreuve du
championnat en Argentine. C'est surtout la performance d'Innes Ireland sur la nouvelle
Lotus 18 qui marque les esprits. À la suite de cette course, le Rob Walker Racing de Stirling
Moss troque sa Cooper pour une Lotus. Cet échange trouve sa justification dès le Grand
Prix de Monaco[101] où Moss signe la première victoire d'une Lotus[102] en championnat du
monde. Les 500 miles d'Indianapolis se disputent le lendemain de l'épreuve monégasque et
sont comme d'habitude ignorés des Européens : ils seront rayés du calendrier en 1960 et il
faudra attendre la saison 2000 pour revoir des Formule 1 tourner à Indianapolis. Jack
Brabham se rappelle au bon souvenir de tous à Zandvoort, non sans avoir eu à batailler
ferme contre la Lotus de Stirling Moss. Le Grand Prix de Belgique se déroule de façon
dramatique puisque Moss est gravement blessé aux jambes durant les essais et voit la suite
de sa saison fortement compromise. En course, le lendemain, Chris Bristow du Yeoman
Credit décède sur sortie de piste tandis qu'Alan Stacey, sur Lotus officielle, trouve la mort
après avoir été heurté au visage par un oiseau. L'épreuve est remportée par Brabham qui,
suite notamment à l'absence de Stirling Moss, enchaîne trois autres succès consécutifs et
décroche le titre. Boycotté par les écuries britanniques qui jugent anachronique et
dangereux l'anneau de vitesse de Monza, le Grand Prix d'Italie est remporté, sans
concurrence, par Phil Hill qui signe la première victoire (Indianapolis 500 mis à part) d'un
Américain en championnat. La dernière course de la saison, à Riverside, voit Moss renouer
avec la victoire après son retour à la compétition à l'occasion du Grand Prix du Portugal.
Histoire de la Formule 1 12
La Lotus 25, première Formule 1 Le barème des points est à nouveau modifié, la victoire
monocoque
passant à 9 points pour valoriser le panache par
rapport à la régularité (en 1958 Hawthorn était devenu
champion du monde avec une seule victoire contre quatre pour Stirling Moss). Si les
amateurs de Formule 1 prédisent une domination insolente des Ferrari, Moss réussit
l'exploit d'imposer sa « vieille » Lotus 18 du Rob Walker Racing alors que l'équipe officielle
Lotus engage sa nouvelle 21. Dès le Grand Prix des Pays-Bas[104] , l'armada Ferrari se met
en branle, Wolfgang von Trips triomphant devant son coéquipier Phil Hill. Sur le tracé de
Spa-Francorchamps[105] , la Scuderia signe un quadruplé (Hill -von Trips -Richie Ginther -
Dès son premier engagement, au Grand Prix des Pays-Bas[122] , la Lotus 25 de Jim Clark
montre sa supériorité, mais, en manque de développement, abandonne ce qui permet à
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Graham Hill de remporter sa première victoire en championnat du monde sur BRM P57.
Clark, en pole position à Monaco, est encore trahi par sa mécanique ce qui profite à Bruce
McLaren, nouveau leader de l'écurie officielle Cooper. Le troisième rendez-vous de la
saison à Spa-Francorchamps, permet enfin à Clark de signer la première victoire d'une
monocoque en Formule 1. Au Grand Prix de France, auquel ne participent pas les Ferrari
retenues par des mouvements sociaux en Italie, Dan Gurney, profitant des nombreux
abandons, offre à Porsche son unique victoire en championnat du monde à l'occasion du
Grand Prix de France. Graham Hill et Jim Clark se partagent ensuite les victoires et si Clark
aborde la finale du championnat avec un retard de neuf points il conserve une chance réelle
d'être titré puisqu'il lui suffit de gagner pour coiffer son adversaire au poteau au bénéfice
du plus grand nombre de victoires. Auteur de la pole position, Clark prend la course en
main et à vingt tours de l'arrivée est champion du monde virtuel. Une casse moteur offre la
victoire et les titres mondiaux à Graham Hill et BRM.
Saisons 1963-1964
La concurrence ne reste pas inactive durant l'intersaison. Ainsi, en 1964, BRM, Ferrari et
Cooper reprennent à leur compte le principe du châssis monocoque, seule Brabham
conserve le principe du châssis tubulaire. Cooper, après le décès de l'espoir américain Tim
Mayer, recrute l'ancien champion du monde Phil Hill revenu du fiasco ATS pour épauler
Bruce McLaren, fidèle à l'équipe de ses débuts même s'il monte en parallèle sa propre
structure de course. Honda annonce son arrivée en cours de saison, ce qui constituera une
Histoire de la Formule 1 15
Saison 1965
Clark, de retour pour l'épreuve belge, remporte la victoire qui lui permet de prendre la tête
du championnat puis remporte successivement les Grands Prix de France, de
Grande-Bretagne, de Hollande et d'Allemagne ce qui lui assure, tout comme Lotus, son
deuxième titre mondial. En Italie, sur le rapide circuit de Monza, il est contraint à l'abandon
et laisse les pilotes BRM s'expliquer entre eux. Le jeune Jackie Stewart[130] remporte sa
première victoire en championnat devant Hill qui prend sa revanche aux États-Unis dans
une course marquée par l'absence de John Surtees. Le champion du monde en titre a été
victime d'un grave accident en Can-Am et doit observer une longue période de
convalescence. Honda se fait remarquer tout au long de la saison grâce à Richie
Ginther[131] , souvent à son avantage en qualifications, mais contraint à de nombreuses
reprises à l'abandon en course sur problème mécanique. Il inscrit le premier point d'une
Histoire de la Formule 1 17
Honda en Belgique, récidive aux Pays-Bas avant d'atteindre la consécration lors de l'ultime
course de la saison au Mexique. Honda négocie la location de la piste en exclusivité au petit
matin des premiers essais pour régler la carburation du moteur en fonction de l'altitude
élevée du circuit. Grâce à cette mise au point quasi secrète, Ginther décroche la troisième
place sur la grille (pour la quatrième fois de la saison) puis décroche sa seule victoire en
Grand Prix de Formule 1, la première d'une Honda[132] .
À Monaco, seuls Ferrari, Cooper et Brabham bénéficient d'un moteur de 3 litres, mais, sur
ce circuit où l'agilité compte plus que la puissance, Lotus et BRM conservent toutes leurs
chances malgré leurs vieux blocs réalésés. Même Ferrari préfère mettre ses œufs dans
plusieurs paniers puisque Lorenzo Bandini pilote une 246 de 2,4 litres, à la grande fureur
de John Surtees chargé de faire débuter la lourde 312 V12. S'il prend la tête de la course au
départ, il doit abandonner et concéder la victoire à Jackie Stewart sur sa BRM 2 litres. Le
temps fort de la saison a lieu à Spa-Francorchamps, en Belgique[138] où, sous des trombes
d'eau, le peloton est rapidement décimé par un carambolage, immortalisé par les caméras
de John Frankenheimer qui tourne des séquences de course pour son film Grand Prix.
Coincé dans l'habitacle de sa BRM renversée, Jackie Stewart[139] à la merci d'un incendie,
attend désespérément l’arrivée des secours alors que son coéquipier Graham Hill est allé
chercher des instruments de désincarcération dans une maison en bordure de piste. À
partir de ce jour, Stewart se lance dans une impopulaire, mais nécessaire croisade pour la
sécurité des pilotes. Les plus grands (Lauda, Prost ou encore Senna) poursuivront son
combat. Jochen Rindt prend la tête de la course, mais la victoire revient finalement à
Surtees qui, exaspéré par l'attitude du directeur sportif Eugenio Dragoni qui lui préfère
Bandini, signe sa dernière victoire en rouge et claque la porte de la Scuderia.
Histoire de la Formule 1 19
tradition de rusticité en alignant une monoplace à châssis tubulaire (BT24) alors que
quasiment toutes les équipes ont opté pour la monocoque depuis plusieurs années. Repco
Histoire de la Formule 1 20
améliore son moteur qui devient le Repco 740 (330 chevaux à 8 000 tours/minute). BRM
poursuit avec son moteur H16 installé dans la P83, moteur qui n'a pourtant qui n'a pourtant
convaincu personne, l'année précédente. Le départ de Hill laisse un vide que ne comble pas
l'arrivée de Mike Spence[141] tandis que Jackie Stewart, désormais premier pilote, s'affirme
comme un rival crédible de Jim Clark. Les transferts les plus notables sont l'arrivée de
Chris Amon chez Ferrari où il remplace John Surtees parti chez Honda. Richie Ginther
quitte les Japonais pour l'écurie Eagle AAR de son compatriote Dan Gurney tandis que
Cooper-Maserati fait appel à Pedro Rodriguez (le frère de Ricardo Rodríguez, décédé en
1962) pour seconder Jochen Rindt.
A Kyalami, pour le premier Grand Prix de la saison[142] Pedro Rodriguez remporte sa
première victoire en Grand Prix, la dernière de Cooper[143] . Absentes en Afrique du Sud,
les Ferrari débutent à Monaco[144] . Lorenzo Bandini, après avoir manqué son envol se
lance dans une tragique course poursuite derrière la Brabham de Denny Hulme et, épuisé,
heurte les barrières de sécurité : atrocement brûlé suite à l'embrasement de sa monoplace,
il décède trois jours plus tard des suites de ses blessures[145] . La Lotus 49-Cosworth débute
en fanfare à Zandvoort[146] puisque, pour sa première sortie, le révolutionnaire V8 permet à
Jim Clark de remporter la victoire. Cette saison est celle des premières : dès la course
suivante en Belgique[147] , Dan Gurney profite des soucis de Brabham et Lotus pour placer
sa Eagle-Weslake sur la première marche du podium : un an après Jack Brabham, un autre
pilote-constructeur s'impose en Formule 1. Les Brabham imposent ensuite peu à peu leur
domination et le titre se joue finalement entre Hulme (qui vient d'annoncer son départ à la
fin de la saison) et son patron. Surtees et sa Hondola RA273 jouent les trouble-fêtes en
Italie, ce qui n'empêche finalement pas Hulme de décrocher son unique titre de champion
du monde tandis que Brabham décroche son second consécutif chez les constructeurs.
Saison 1968
À Rouen[152] , toujours sous la pluie, Jacky Ickx[153] obtient sa première victoire en Grand
Prix et permet à Ferrari de renouer avec le succès après deux ans de disette. La victoire du
Belge est endeuillée par l'accident de Jo Schlesser qui débute dans la catégorie reine à
quarante ans, au volant de la nouvelle Honda Racing F1 Team RA 302. Expérimentale, avec
ses jantes et son châssis en magnésium hautement inflammable, John Surtees l'a récusée, la
jugeant trop dangereuse[154] . Sur une piste humide, Schlesser percute violemment le talus
et sa Honda s'embrase instantanément. Prisonnier, il ne survit pas à l'incendie tandis
qu'Honda se retire de la Formule 1. 1968 est la saison des premières puisqu'à Brands
Hatch, Jo Siffert[155] sur une Lotus du Rob Walker Racing signe son premier succès. Il est le
second pilote suisse (avec Emmanuel de Graffenried[156] ) à remporter une victoire en
Formule 1 (Clay Regazzoni[157] deviendra plus tard le troisième et dernier). En Allemagne,
sur un terrifiant Nürburgring recouvert de brouillard, Jackie Stewart décroche sa deuxième
victoire avec plus de quatre minutes d'avance sur son plus proche poursuivant. A Monza,
alors que Hill et Stewart abandonnent, le champion du monde Denny Hulme remporte sa
première victoire de l'année. Il récidive au Canada, la lutte pour le titre devenant de plus en
plus intense, mais Ickx est victime d'une fracture de la jambe et doit renoncer à ses espoirs.
A Watkins Glen, le débutant Mario Andretti crée la sensation en réalisant la pole position, la
victoire revenant à Stewart devant Hill tandis qu'Hulme abandonne. Au moment d'aborder
l'ultime manche, Hill est en tête du classement avec trois points d'avance sur Stewart et six
sur Hulme. Au Mexique, la bagarre à trois se transforme vite en duel puisqu'Hulme
abandonne prématurément. Contrôlant parfaitement la course, Hill s'impose et décroche
son deuxième titre mondial, sept pilotes et quatre constructeurs ont remporté un Grand
Prix.
Saison 1969
Le Grand Prix de Monaco est le théâtre d'une crise entre le pouvoir sportif et les écuries,
car, le vendredi précédent l'épreuve, la CSI décide sine-die de bannir les ailerons hauts
jusqu'à nouvel ordre. Colin Chapman et Ken Tyrrell s'insurgent et arguent que, sans leurs
appendices, les monoplaces deviendraient encore plus difficiles à conduire. La crise se
résorbe toutefois d'elle-même lorsque, le samedi, les monoplaces pourvues de moignons
d'ailerons fixés directement sur la carrosserie tournent plus vite que le jeudi avec les
ailerons hauts[161] . Pour la cinquième fois, Hill décroche la victoire en principauté et
établit un record qui ne sera égalé qu'en 1992 par Ayrton Senna. Durant le week-end, le
bureau de presse de FIAT annonce que le rapport des collaborations techniques entre Fiat
et Ferrari se transformera dans le courant de l'année par une prise de participation à
hauteur de moitié de Fiat dans le capital de Ferrari[162] . Revenu à la compétition, Jochen
Rindt domine le Grand Prix de Hollande devant son coéquipier, mais, après leur abandon,
Stewart décroche à nouveau les lauriers. Pour son Grand Prix national, Matra se fait
particulièrement remarquer avec un doublé Stewart-Beltoise. A Silverstone, à l'issue d'un
duel au sommet avec Rindt, Stewart décroche sa cinquième victoire et compte ainsi une
avance de 28 points sur son dauphin Bruce McLaren, très régulier depuis le début de
saison.
L'Écossais ne termine que second du Nürburgring où triomphe Jacky Ickx, mais prend sa
revanche en Italie en raflant la mise d'un souffle devant Rindt (80 centièmes de seconde
Histoire de la Formule 1 24
d'écart à l'arrivée) ce qui lui permet de devenir champion du monde à trois courses du
terme. La victoire de Ickx au Canada le rapproche du titre officieux de vice-champion tandis
que Rindt décroche, enfin, pour son cinquantième départ en Formule 1, sa première
victoire à Watkins Glen. Ce succès prend la forme d'une passation de pouvoir, puisque ce
même jour, Graham Hill a un grave accident qui met un terme à sa saison : le champion du
monde en titre est victime d'une crevaison lente qui provoque sa sortie de piste. Il est
éjecté de sa monoplace suite à un dysfonctionnement de sa ceinture de sécurité et se casse
les deux jambes. La manche finale, au Mexique, est remportée par Denny Hulme au volant
de la McLaren M7A.
Saisons 1970-1971
Juste avant le Grand Prix de Belgique, on apprend le décès de Bruce McLaren, victime d'un
accident à Goodwood en essayant une McLaren de Can-Am. Denny Hulme, l'autre pilote de
l'équipe, ne prend pas non plus le départ de l'épreuve suite à ses brûlures contractées dans
un accident aux essais des 500 Miles d'Indianapolis. Pedro Rodriguez offre à BRM, qui a
troqué sa livrée vert anglais pour recouvrir ses P153 à la manière des boîtes de parfumerie
Yardley, son premier succès depuis plus de quatre ans. Aux Pays-Bas, Lotus dévoile son
modèle 72 qui, avec ses radiateurs latéraux (alors qu'il était jusque-là universellement
frontal), préfigure l'esthétique des monoplaces des décennies à venir, Rindt décroche son
second succès de l'année, mais n'a pas le loisir de le fêter : au sortir de sa monoplace, il
apprend le décès de son inséparable ami Piers Courage mort dans les mêmes circonstances
que Jo Schlesser deux ans plus tôt : la de Tomaso en magnésium, légère mais sensible à
l'embrasement, s'est enflammée après une sortie de piste. Sur le podium, assailli de
désespoir, Rindt demeure impassible alors que ce Grand Prix restera certainement comme
une de ses plus belles victoires.
rentré dans le rang, Ken Tyrrell construit sa propre monoplace. En réalisant la pole
position, Stewart démontre d'emblée le potentiel de la Tyrrell 001.
Lotus effectue son retour aux États-Unis, mais John Miles, bouleversé par la mort de son
coéquipier, a entre-temps mis un terme à sa carrière et est remplacé par Reine Wisell
tandis que le débutant brésilien Emerson Fittipaldi, troisième pilote Lotus, est promu
leader. Il endosse rapidement le costume qui lui est dévolu en remportant sa première
victoire en Grand Prix. Ickx terminant seulement à la quatrième place, Jochen Rindt est
sacré champion du monde des pilotes, près d'un mois après sa mort. C'est la seule fois de
l'histoire de la Formule 1 qu'un pilote est couronné à titre posthume. Au Mexique, dans des
conditions de course ahurissantes (le public a quitté les tribunes pour se masser au bord de
la piste), Ickx et Regazzoni offrent un nouveau doublé à Ferrari et s'assurent les deuxième
et troisième place du Championnat du monde des pilotes.
En 1971, la Ferrari fait figure de favorite avec sa 312
B2 toujours confiée à Jacky Ickx et Clay Regazzoni,
épaulés ponctuellement par Mario Andretti. Lotus,
championne en titre mais durement éprouvée l'année
précédente, mise sur la jeunesse d'Emerson Fittipaldi
et de Reine Wisell tandis que BRM remplace Jackie
Oliver par Jo Siffert (ex-March) pour épauler Pedro
Jackie Stewart mène la Tyrell 003 au
Rodriguez. Matra, dont les résultats ont été très
titre mondial en 1971
décevants l'année précédente, recrute également chez
March en engageant Chris Amon à la place d'Henri
Pescarolo. Jack Brabham prend enfin sa retraite et
revend son écurie à son ancien associé Ron Tauranac
qui recrute le jeune australien Tim Schenken et le
vétéran Graham Hill. McLaren a survécu à la mort de
son fondateur et Denny Hulme est épaulé, comme fin
1970, par Peter Gethin.
Sans enjeu, le Grand Prix d'Italie[163] n'en rentre pas moins dans l'histoire. Au terme d'un
longue course d'aspiration en peloton, Peter Gethin, désormais chez BRM après son
Histoire de la Formule 1 27
Saisons 1972-1973
A Monaco sous le déluge, Beltoise survole l'épreuve au volant de sa BRM : il décroche son
unique victoire en championnat du monde et s'impose avec une trentaine de secondes
d'avance sur Jacky Ickx tandis que Fittipaldi, troisième à plus d'un tour, prend seul les
Histoire de la Formule 1 28
quatre courses, mais Stewart réplique en Belgique. Comme la saison passée, le duel
Stewart-Fittipaldi cristallise tous les regards. Il se poursuit à Monaco, avec un nouveau
succès de l'Écossais, vainqueur d'un souffle devant son adversaire brésilien. Si Stewart
revient à 4 points de Fittipaldi au championnat, il égale à cette occasion le record des 25
victoires en championnat du monde de son compatriote Jim Clark.
Pour le premier Grand Prix de Suède le régional de l'étape Ronnie Peterson[170] se met en
évidence en dominant la majeure partie de la course avant de céder face au vétéran Denny
Hulme. Ce n'est que partie remise pour Peterson qui signe deux semaines plus tard, au Paul
Ricard, la première victoire de sa carrière tandis que Jackie Stewart reprend les
commandes du Championnat du monde. Jody Scheckter fait parler de lui à Silverstone en
provoquant l'un des plus grands carambolages de l'histoire de la Formule 1 qui élimine dix
pilotes. Les leaders du championnat n'échappent au chaos que provisoirement, car Stewart
part à la faute et Fittipaldi renonce sur casse mécanique. Peter Revson[171] , sur la seconde
McLaren, en profite pour signer lui aussi son premier succès dans la discipline.
Zandvoort[172] est le cadre d'un nouveau drame[173] puisqu'en début de course, l'espoir
britannique Roger Williamson, qui dispute seulement son second Grand Prix, reste
prisonnier de sa March retournée en flammes au bord de la piste. David Purley[174] s'arrête
alors pour lui porter secours en tentant de remettre la voiture sur ses roues et d'éteindre
l'incendie avec l'aide d'un petit extincteur pris des mains d'un commissaire de piste.
Lorsqu'une équipe de secouristes parvient finalement à éteindre le feu, Williamson est mort
asphyxié. 1973 correspondant au début de la généralisation des retransmissions en direct
des Grands Prix, les images du drame font le tour du monde et marquent profondément les
esprits. Victime d'un gros crash lors des essais lorsqu'il perd une roue, Fittipaldi renonce
au bout de quelques tours, sa cheville blessée le faisant trop souffrir. Facile vainqueur,
Stewart prend le large au championnat. Il signe un nouveau succès en Allemagne[175] face à
un Fittipaldi affaibli, son coéquipier François Cevert permettant, en terminant second, à
Tyrrell Racing, de signer un doublé. L'Écossais coiffe définitivement sa troisième couronne
mondiale à Monza grâce à la complicité de Ronnie Peterson qui s'impose d'un souffle
devant son coéquipier Fittipaldi, le privant ainsi de ses ultimes espoirs.
Au Canada, les rumeurs de retraite du nouveau champion du monde Jackie Stewart se font
de plus en plus vives. Cette course reste célèbre pour la première sortie en piste d'une
voiture de sécurité, laquelle provoque une confusion dans le peloton qui permet à Revson
de signer son second et dernier succès dans la discipline (il décédera l'année suivante lors
des essais du Grand Prix d'Afrique du Sud[176] ). Symbole d'une saison tragique, Watkins
Glen[177] , l'ultime course de l'année, tourne à la tragédie avec l'accident mortel de
François Cevert, successeur désigné de Stewart, sur le circuit où il avait signé son unique
victoire. En signe de deuil, Tyrrell se retire du Grand Prix et Peterson décroche son
quatrième succès de l'année. Jackie Stewart, comme on le pressentait depuis plusieurs
semaines, annonce sa retraite quelques jours plus tard.
Histoire de la Formule 1 30
Saisons 1974-1975
Comme l'année précédente, Carlos Reutemann[178] est l'homme fort du Grand Prix
d'Argentine mais, encore une fois, il cède la victoire à Denny Hulme. Complétant le podium,
Lauda et Regazzoni affichent le retour en forme de Ferrari. A l'occasion de la seconde
manche de la temporada, au Brésil, Fittipaldi s'impose pour la plus grande joie de ses
supporters et Regazzoni, en terminant deuxième, prend la tête du championnat.
Dominateur malchanceux du début de saison, Reutemann décroche enfin sa première
victoire en Formule 1 à Kyalami où Peter Revson s'est tué lors d'essais privés la semaine
précédant la course. Niki Lauda[179] remporte lui aussi la première victoire de sa carrière
en Espagne devant Regazzoni et Fittipaldi. La lutte entre le Brésilien et les pilotes Ferrari
Histoire de la Formule 1 31
se poursuit en Belgique avec une victoire du pilote brésilien qui reprend les rênes du
championnat avec 1 point d'avance sur Lauda et 3 sur Regazzoni.
Ce n'est qu'à Monaco que Ronnie Peterson, pourtant vu comme un des principaux ténors du
championnat, se rappelle au bon souvenir des amateurs de la F1. Handicapé par la nouvelle
Lotus 76 peu performante, il s'impose en Principauté sur une vieille Lotus 72 de 1970. Jody
Scheckter[180] fait à son tour son entrée dans le club des vainqueurs de Grand Prix après le
Grand Prix de Suède et effectue du même coup un spectaculaire rapprochement au
championnat en cotoyant Lauda en troisième position à 6 points de Fittipaldi. L'Autrichien
renoue avec la victoire à Zandvoort et mêne le championnat après son podium à Dijon, mais
il est alors victime d'une longue série noire (crevaison à Brands Hatch, sortie de piste en
Allemagne, casse moteur en Autriche, fuite d'eau en Italie, accident au Canada, bris de
suspension à Watkins Glen) qui lui coûte le titre. Regazzoni, très régulier depuis le début de
la saison, prend les commandes du championnat à partir du GP d'Allemagne avec 44 points,
devançant Scheckter (41 points), Lauda (38 points) et Fittipaldi (37 points).
En Autriche, bien que seulement cinquième, le Tessinois, unique rescapé des meneurs du
championnat, consolide son avance à trois manches du dénouement. Mais, à Monza, les
Ferrari sont en déroute et, si Peterson remporte l'épreuve, Fittipaldi et Scheckter en
profitent pour combler leur retard sur Regazzoni qui, avec 46 points, ne compte plus qu'1
point d'avance sur Scheckter et 3 sur Fittipaldi. Fittipaldi, en gagnant au Canada, revient à
égalité de points de Regazzoni à la veille de l'ultime manche du championnat, Scheckter
conservant également une chance d'être titré. Watkins Glen est le cadre du dénouement du
championnat. Regazzoni sombre rapidement dans les profondeurs du classement et termine
onzième alors que la quatrième place finale de Fittipaldi lui permet de décrocher son
deuxième titre mondial des pilotes et d'offrir à McLaren son premier titre constructeur avec
huit points d'avance sur Ferrari.
La saison 1975 voit le vétéran Denny Hulme prendre enfin sa retraite et être remplacé par
Jochen Mass qui épaule Emerson Fittipaldi. Luca di Montezemolo[181] , nouveau directeur
sportif de la Scuderia voit enfin la concrétisation de la restructuration de la Scuderia
Ferrari en crise depuis près de dix ans : Niki Lauda va en effet signer cinq victoires,
décrocher le titre pilote et offrir le titre des constructeurs à son écurie.
La temporada tourne à l'avantage des pilotes locaux puisqu'en Argentine, Carlos
Reutemann, malchanceux pour la troisième fois, laisse la victoire au champion du monde en
titre Emerson Fittipaldi. À Sao Paulo, malgré une belle démonstration de Jean-Pierre Jarier
sur Shadow, Carlos Pace décroche la première victoire de sa carrière. En Afrique du Sud,
Jody Scheckter remporte à domicile la troisième victoire de sa carrière.
Une nouvelle crise a lieu dès le retour en Europe pour le Grand Prix d'Espagne à
MontJuich. En inspectant le circuit à l'issue des premiers essais, Emerson Fittipaldi
constate que les rails de sécurité ne sont pas boulonnés, mais juste posés. Les pilotes
menacent alors de se mettre en grève et les organisateurs indiquent que, dans ce cas, les
monoplaces seront saisies à titre de dédommagement. Seul le champion du monde campe
sur ses positions et annonce publiquement qu'il ne bouclera qu'un seul tour de course, à
vitesse réduite, pour protester contre l'insécurité du circuit sans toutefois nuire à son
écurie. La FIA lui promet une suspension de trois courses pour refuser de courir sur un
circuit déclaré apte par les instances fédérales. Après le premier tour du Grand Prix,
Fittipaldi rentre au stand et rejoint dans la foulée son domicile genevois où il apprend qu'au
vingt-cinquième des soixante-quinze tours prévus, Rolf Stommelen, alors en tête, a perdu
Histoire de la Formule 1 32
son aileron arrière et s'est encastré dans les barrières de sécurité ce qui a provoqué la mort
de cinq spectateurs[182] . La FIA comprend alors que l'avis des pilotes doit être réellement
pris en compte, surtout en matière de sécurité. Au départ, les deux équipiers de la Scuderia
Ferrari, Lauda et Regazzoni en première ligne, s'étaient accrochés et la victoire (au
drapeau rouge au vingt cinquième tour) revient à Jochen Mass qui signe son unique succès
dans la discipline. En marquant le demi-point de la sixième place, l'Italienne Lella Lombardi
devient la première et seule femme à inscrire son nom au palmarès du Championnat du
monde.
A Monaco, Lauda confirme le retour en force de la Scuderia en s'imposant devant Fittipaldi.
Avec deux nouvelles victoires en Belgique et aux Suède, il ravit les commandes du
championnat au Brésilien. Il creuse l'écart avec une deuxième place à Zandvoort où James
Hunt permet à l'extravagante écurie Hesketh de décrocher son premier succès. Après une
nouvelle victoire en France, il compte alors 22 points d'avance sur Reutemann et 23 sur
Fittipaldi.
A Silverstone, épreuve écourtée par une violente averse, Fittipaldi renoue avec le succès
tandis que Lauda est piégé par la pluie en vue de l'arrivée. Carlos Reutemann remporte
l'épreuve du Nurburgring où le revêtement de la piste a provoqué de nombreuses
crevaisons. En Autriche, pour la troisième fois de la saison, la course est stoppée avant
terme et, sous le déluge, Vittorio Brambilla signe son unique succès en Formule 1 sur une
modeste March. Le pilote italien effectue son tour d'honneur avec une voiture montrant les
stigmates d'un rude contact avec un muret juste après le passage du drapeau à damiers. À
Monza, Ferrari triomphe : Regazzoni s'impose tandis que Lauda, troisième derrière
Fittipaldi, s'assure de son premier titre mondial. Lauda fait par la suite honneur à sa
couronne en remportant l'ultime course de la saison à Watkins Glen.
Saisons 1976-1977
En 1977, la Formule 1 connaît une double révolution technique. Chez Lotus, Colin
Chapman invente la « voiture-aile » ou « wing car » dont le châssis, en forme d'aile d'avion
inversée, crée une dépression qui plaque la voiture au sol et lui donne une tenue de route
remarquable. De son côté, Renault innove en lançant une Formule 1 à moteur
turbocompressé, malgré des contraintes réglementaires jugées rédhibitoires puisqu’un
moteur turbo ne peut dépasser 1 500 cm de cylindrée, contre 3 000 cm pour un moteur
atmosphérique. L'arrivée de Renault en Formule 1 marque également le début de l'arrivée
massive des grands constructeurs, attirés par la médiatisation en hausse des Grands Prix.
Guy Ligier[186] engage sa marque Ligier[187] en Formule 1 à partir de 1976 avec les
soutiens de la SEITA ainsi du motoriste Matra et Jacques Laffite[188] décroche la première
victoire des Bleus au Grand Prix automobile de Suède en 1977. En froid avec la Scuderia,
Lauda signe pour la saison suivante avec l'écurie Brabham de Bernie Ecclestone au cours
de l'été puis, le titre mondial en poche, claque la porte de la Scuderia avant même les deux
dernières épreuves de la saison. Il est remplacé par le Québécois Gilles Villeneuve[189] .
Jody Scheckter remporte le championnat 1979 sur Ferrari. Patrick Depailler[193] a quitté
Tyrrell pour Ligier qui, comme Renault, aligne une deuxième voiture afin de bien figurer au
championnat des constructeurs pour lequel les deux voitures peuvent désormais marquer
des points et non plus seulement la mieux classée. Depailler est remplacé chez Tyrrell par
Jean-Pierre Jarier[194] . Dès l'ouverture de la saison en Argentine, les Ligier dominent en
remportant les deux premiers Grands Prix. Ferrari réagit et remporte quatre des cinq
courses suivantes. Au Grand Prix de France, Jean-Pierre Jabouille[195] offre à la Renault
turbo sa première victoire. Renault passe près du doublé, mais, à l'issue d'un duel d'une
rare intensité, Gilles Villeneuve (Ferrari) prive René Arnoux[196] de la deuxième place. Alan
Jones[197] et Williams[198] prennent date en fin de saison en remportant respectivement
quatre et cinq Grands Prix.
Pour avoir longtemps cru, à tort, qu'il parviendrait à faire revenir son pilote fétiche Alan
Jones sur sa décision de prendre sa retraite, Frank Williams[205] se trouve désemparé au
cœur de l'hiver et n'a d'autre solution que de faire confiance à Keke Rosberg[206] . Engagé
par défaut, Rosberg est propulsé premier pilote à l'issue du deuxième Grand Prix lorsque
Carlos Reutemann annonce brutalement sa retraite. Très régulier, il profite de
l'inconstance de ses concurrents (notamment les McLaren et les Renault) et des drames
affectant la Scuderia Ferrari : Gilles Villeneuve se tue en Belgique et Didier Pironi est
victime d'un grave accident aux essais du Grand Prix d'Allemagne qui met un terme à sa
carrière, pour décrocher à la surprise générale le titre de champion du monde bien qu'il ne
remporte qu'une seule course (le Grand Prix de Suisse, disputé en France sur le tracé de
Dijon-Presnois). Riccardo Paletti[207] (Osella) décède au Canada, Alain Prost[208] remporte
sa première victoire en Grand Prix et Ferrari remporte le Championnat du monde des
constructeurs et devient la première écurie titrée avec un moteur turbocompressé. Onze
pilotes (Alain Prost, Niki Lauda, Didier Pironi, John Watson, Riccardo Patrese[209] , Nelson
Histoire de la Formule 1 36
Piquet, René Arnoux, Patrick Tambay[210] , Elio de Angelis[211] , Keke Rosberg, Michele
Alboreto[212] ) gagnent un Grand Prix pour sept écuries différentes (Renault, McLaren,
Ferrari, Brabham, Lotus, Williams, Tyrrell).
Spectateurs plus qu'acteurs des luttes de pouvoir au sommet de la Formule 1, les pilotes
font entendre leur voix à l'occasion du Grand Prix d'ouverture en Afrique du Sud.
Exceptionnellement solidaires, ils entendent lutter contre le projet de réforme de la super
licence qui aurait pour effet d'anéantir leur liberté contractuelle et menacent de boycotter
la course. Malgré les pressions de la FISA et de la FOCA désormais solidaires, ils
obtiennent gain de cause. La guerre FISA-FOCA connaît un ultime avatar. Pour protester
contre les disqualifications de Piquet et Rosberg au Grand Prix du Brésil, les écuries FOCA
boycottent le Grand Prix de Saint-Marin où Brabham introduit pour la première fois les
ravitaillements d'essence pendant la course.
En 1983, les jupes latérales (éléments aérodynamiques) sont interdites pour raisons de
sécurité, sonnant ainsi l'arrêt de mort des wing-cars. A Monaco[213] , tracé lent et sinueux,
Keke Rosberg s'impose facilement et justifie son titre de champion du monde 1982[214] .
Alain Prost (quatre victoires) et René Arnoux (trois gains) impressionnent lors de l'été.
Nelson Piquet (Brabham-BMW) finit fort et devient le premier pilote champion du monde
avec un moteur turbo, en coiffant sur le fil le pilote Renault Alain Prost. La défaite est
amère pour Renault, qui a initié la révolution turbo six ans auparavant. Renault et Alain
Prost se séparent. Les moteurs turbo se généralisent, ce qui va de pair avec l'arrivée des
grands constructeurs : après Renault, Alfa Romeo et BMW[215] , c'est au tour de
Porsche[216] (via TAG) de débarquer en Formule 1. Honda arrivera l'année suivante.
Saisons 1984-1988
Comme l'année précédente, Prost ouvre la saison 1985 par une victoire au Brésil[220] , où
son seul adversaire sérieux est Michele Alboreto sur Ferrari. Au Portugal[221] , sous une
pluie diluvienne, la victoire revient au Brésilien Ayrton Senna[222] dont c'est la première
victoire dans la discipline. Auteur d'une démonstration de pilotage[223] , Senna relègue
Alboreto à plus d'une minute et tous les autres concurrents à
Histoire de la Formule 1 37
Afin de diminuer la puissance des voitures, la FISA programme l'interdiction des moteurs
turbocompressés pour 1989. Pour 1987 il est décidé de limiter leur puissance et de
réintroduire les moteurs atmosphériques avec une équivalence de cylindrée plus
avantageuse (3 500 cm, au lieu des 3 000 cm). Pour encourager les équipes à se tourner
vers les moteurs atmosphériques, la FISA crée le Trophée Jim Clark pour les pilotes, et le
Trophée Colin Chapman pour les écuries, récompenses réservées aux pilotes et écuries
équipées de moteurs atmosphériques. Lotus et Williams sortent en même temps des
Formule 1 à suspension active mais, malgré des performances encourageantes, elles
délaissent cette innovation qui réapparaîtra au début des années 1990. Au Grand Prix du
Portugal[232] , Prost remporte sa vingt-huitième victoire en Grand Prix et bat le record de
Jackie Stewart datant de 1973. Le championnat se résume à une lutte entre les deux pilotes
Williams, Nigel Mansell et Nelson Piquet. Moins régulier et victime d'un accident au Grand
Prix du Japon, le Britannique doit laisser le titre à son coéquipier.
A la fin de la saison 1987, Ayrton Senna estime que Lotus ne lui permet pas de lutter pour
le titre mondial est débarque chez Mclaren, laissant ainsi augurer une formidable rivalité
interne avec Prost. Williams n'a plus le monopole du moteur Honda qui équipe également
les Lotus en 1987 et en 1988. En 1988, les McLaren retrouvent de leur superbe en
troquant leur moteur TAG Porsche pour un moteur Honda. Les pilotes McLaren remportent
quinze des seize épreuves de la saison. Senna, avec huit succès, est sacré champion du
monde malgré un score total inférieur à celui de Prost (seuls les onze meilleurs résultats de
l'année sont pris en compte).
Histoire de la Formule 1 38
Saisons 1989-1993
Passé chez Ferrari en 1990, Prost retrouve Senna sur sa route et le duel reprend, avec en
guise de conclusion un nouvel accrochage sur le tracé de Suzuka au Japon[239] cette fois
dès le premier virage. En expédiant sciemment Prost hors piste, Senna reconquiert le titre
mondial. Au GP de Saint-Marin, l’écurie Tyrrell sort une monoplace au nez relevé pour
permettre l'écoulement de l'air sous la voiture. Cette trouvaille aérodynamique ne tardera
pas à se généraliser.
En 1991, pour valoriser le panache sur la régularité, la victoire passe de 9 à 10 points et, si
Senna remporte son troisième titre, la domination de l'écurie Williams commence. La
voiture engagée en 1992, la Williams-Renault FW14B est dotée d'une technologie très en
avance sur les autres écuries (électronique omniprésente, assistances au pilotage, boîte de
vitesses semi-automatique, suspension active, anti-patinage, ABS) et permet à Nigel
Mansell de survoler le championnat pour devenir champion du monde, Williams raflent le
championnat des constructeurs.
En 1993, Prost fait son retour en Formule 1 après une année "sabbatique" (Mansell ne
voulait pas de lui comme coéquipier) et remplace Nigel Mansell évincé de chez Williams
bien qu'il soit champion du monde en titre (pour la première fois de l'histoire du
championnat, le n°1 n'est pas attribué et le n°0 fait son apparition). Prost remporte son
quatrième titre mondial et porte le record de victoires à 51 unités avant de prendre sa
retraite à l'issue de la saison. Déjà entrevu lors du Grand Prix du Canada 1973, le safety car
(inspiré du pace-car des courses américaines) est officiellement introduit en Formule 1 par
la FIA et reçoit comme mission de neutraliser les courses en cas d’accident ou
d’intempéries sans avoir à recourir au drapeau rouge synonyme d’arrêt de la course.
D'aucuns craignent qu'il soit utilisé de manière artificielle pour relancer les courses comme
cela se fait aux États-Unis, mais la pratique montrera que la Formule 1 en fera un usage
modéré et respectueux de la logique de course.
Relativement épargnée par les accidents graves depuis plusieurs saisons, la Formule 1
connaît un week-end cauchemardesque à Imola[240] , avec les morts du pilote débutant
Roland Ratzenberger[241] , et d'Ayrton Senna, la vedette de la discipline. La FIA est
montrée du doigt et accusée d’avoir relâché sa vigilance en matière de contrôle des
performances et d'amélioration de la sécurité.
Histoire de la Formule 1 40
En 1995, la cylindrée maximale autorisée est réduite et passe de 3 500 à 3 000 cm. Michael
Schumacher, au volant d'une benetton désormais mue par un bloc Renault, décroche
facilement le titre et devient le plus jeune double champion du monde de l'histoire. Williams
et Benetton, toutes deux propulsées par le V10 Renault remportent toutes les courses de la
saison sauf une : la première (et unique) victoire de Jean Alesi, au volant d'une Ferrari. Ce
pilote d'origine sicilienne[242] ne réussira pas par la suite à se forger un palmarès à la
hauteur de son talent, mais deviendra très populaire des deux côtés des Alpes.
est parvenu à faire durer le suspense jusqu’à l'ultime course de la saison au Japon[247] .
Symbole du manque de confiance entourant Hill, son employeur annonce en cours d'année,
avant même que l'issue du championnat ne soit connue, que son contrat ne sera pas
renouvelé pour la saison suivante. Pour la troisième fois Frank Williams se sépare du
champion du monde en titre (après Mansell en 1992 et Prost en 1993).
En 1997, Villeneuve est attendu en tant que grand
favori pour sa seconde saison dans la discipline, mais
déchante rapidement lors du Grand Prix d'ouverture à
Melbourne[248] où il est percuté au départ par Eddie
Irvine et abandonne au premier virage. David Coulthard
permet alors à McLaren de renouer avec le succès[249]
plus de trois ans après la dernière victoire d'Ayrton
Senna. Les deux manches de la temporada
sud-américaine sont plus conformes aux pronostics
avec deux victoires pour Villeneuve et permettent
également de constater la bonne tenue de la nouvelle
écurie Prost[250] qui signe grâce à Olivier Panis la
troisième place au Brésil et une probante deuxième
ligne en Argentine, dues en grande partie aux gommes
Bridgestone. Villeneuve devient champion du monde
avec sept victoires et s'impose à l'issue d'un final à
suspense sur le tracé espagnol de Jerez. Contraint à
Damon Hill
l'abandon après avoir tenté d'éperonner son adversaire
canadien, Schumacher est déclassé du championnat,
tout en conservant acquis ses points et ses cinq
victoires. Heinz-Harald Frentzen[251] (une victoire) et
Eddie Irvine[252] sont des coéquipiers laborieux. Berger,
en s'imposant en Allemagne, offre à l'équipe Benetton
Formula sa première victoire de l'après-Schumacher,
qui sera la dernière et la seule acquise sous la
nationalité italienne pour laquelle Benetton a
symboliquement opté à partir de 1996. Fin 1997, Flavio
Briatore quitte l'écurie et est remplacé par David
Richards. McLaren amorce sa reconstruction grâce à
son duo de pilotes David Coulthard (deux victoires) et
Mika Häkkinen (un succès)[253] . Celui-ci, qui semblait
maudit et suivre le même parcours que Jean Alesi, signe
Jean Todt sa première victoire après 96 départs[254] .
La victoire d'Häkkinen en 1997 (offerte par son coéquipier Coulthard) va agir comme un
déclencheur pour le pilote finlandais qui remporte huit courses sur seize en 1998, ce qui lui
permet de devenir champion du monde. Mika Häkkinen débute brillamment la saison au
volant d'une McLaren dominatrice en remportant quatre des six premiers Grands Prix.
Michael Schumacher répond présent avec six victoires, David Coulthard et Damon Hill se
contentant de quelques miettes. Suite au changement de la réglementation, la saison a vu
un spectaculaire changement d'apparence des Formule 1 dont la largeur est réduite, tandis
que les pneus slicks sont interdits et cèdent la place à des gommes rainurées pour ralentir
Histoire de la Formule 1 42
Saisons 2000-2001
Le Grand Prix du Japon[262] , extrêmement tendu entre les deux protagonistes, voit
Schumacher remporter la victoire sur le fil, Häkkinen se contentant du titre de
vice-champion[263] . Michael Schumacher, avec quatre succès lors des dernières courses,
est enfin champion avec la Scuderia Ferrari qui renoue avec le titre mondial des pilotes qui
lui échappait depuis 1979[263] . Au championnat constructeurs, McLaren et Ferrari,
séparément, marquent plus de points que toutes les autres écuries réunies. Rubens
Barrichello[264] remporte enfin son premier Grand Prix après 124 départs (ce "record" tient
toujours).
La saison 2001 voit l'anti-patinage faire officiellement sa réapparition après sept années
d'interdiction, la FIA reconnaissant ainsi implicitement son impuissance à contrôler son
interdiction. David Coulthard prend la mesure de Mika Häkkinen sur le point de mettre un
Histoire de la Formule 1 43
Saisons 2002-2004
clame son incompréhension, les pilotes sont sifflés dans leur tour d'honneur puis sur le
podium, les directeurs d'écuries et Bernie Ecclestone sont scandalisés par cette arrivée
incompréhensible. Williams-BMW termine deuxième du championnat constructeur avec une
victoire, devant McLaren-Mercedes, troisième avec une victoire également.
En 2003, la FIA change le barème des points pour prévenir le risque de désaffection du
public[259] . Davantage de pilotes sont récompensés, la deuxième place valant huit points au
lieu de six et les écarts entre les premiers sont réduits avec seulement deux points et non
plus quatre entre la première et la deuxième place. Ce changement vise à mettre fin à une
forte domination de Ferrari et de son premier pilote[259] . Le système de qualification est
également réformé, chaque pilote jouant désormais sa place sur la grille sur un seul tour
avec un ordre de passage prédéterminé. Le championnat offre un beau suspense, plus dû
toutefois à la montée en puissance des équipes chaussées de pneumatiques Michelin qu'aux
nouveaux règlements. Les quatre premières courses connaissent quatre vainqueurs
différents et Schumacher doit attendre l'Europe pour s'imposer. Fernando Alonso, qui vient
d'intègrer Renault, se montre rapidement performant et, dès la deuxième manche de la
saison, au Grand Prix de Malaisie, monte sur son premier podium après avoir décroché la
pole position : il devient le plus jeune poleman de l'histoire de la Formule 1 devant Rubens
Barrichello. Il confirme en Hongrie où il remporte son premier Grand Prix et bat le record
de précocité de Bruce McLaren établi en 1959. Il terminera la saison à la sixième place du
classement général, avec cinquante-cinq points, Michael Schumacher devançant finalement
Kimi Räikkönen de deux points et Juan Pablo Montoya (Williams-BMW) de onze. Cinq
écuries ont remporté une course, McLaren termine troisième constructeur de la saison à
seize points de Ferrari et deux de Williams.
En 2004, Schumacher et Ferrari dominent le championnat dans des proportions similaires
à celles de la saison 2002. Ils pulvérisent leurs propres records avec 148 points pour
Schumacher (4 de plus qu'en 2002), et 262 points pour la Scuderia Ferrari (41 de plus
qu'en 2002) qui relègue son dauphin BAR à 143 longueurs et Renault, troisième avec 157
points de retard. Schumacher remporte treize victoires dans la saison et bat son propre
record de onze établi en 2002, dont douze lors des treize premières épreuves. Il égale, avec
sept victoires consécutives du Grand Prix d'Europe au Grand Prix de Hongrie, la
performance d'Alberto Ascari établie entre le Grand Prix de Belgique 1952 et le Grand Prix
d'Argentine 1953. Il est sacré champion du monde pour la septième fois et porte le record
de victoire en Formule 1 à quatre-vingt-trois succès. Exceptés les deux pilotes Ferrari, seuls
Trulli, Montoya et Räikkönen ont réussi à gagner un Grand Prix, l'Italien ouvrant enfin son
compteur après 117 départs. L'ultra-domination de Schumacher et Ferrari, alors que la FIA
a tout fait pour la contenir, fait vaciller petit à petit l'intérêt du public pour la discipline[278]
.
Histoire de la Formule 1 45
En 2006, la FIA annonce qu'à compter de 2008, il n'y aura plus qu'un seul fournisseur de
pneumatiques, dans le double but de limiter les dépenses des écuries et de niveler le niveau
entre les équipes. Michelin, qui ne souhaite pas équiper l'ensemble du plateau et dont
l'engagement en Formule 1 reposait sur une concurrence sportive avec Bridgestone,
annonce son retrait à l'issue de la saison. Toujours dans le domaine des pneumatiques, et
afin de renforcer la sécurité, la FIA autorise à nouveau les changements de gommes en
cours d'épreuve. Renault et Fernando Alonso mènent vite les deux championnats. Le
champion du monde termine sur le podium lors des neufs premières courses (six victoires,
dont quatre consécutives et trois deuxièmes places) et son coéquipier Giancarlo Fisichella
remporte sa troisième course en Malaisie[284] . Si Michael Schumacher gagne sept courses,
il ne peut empêcher le jeune Espagnol d'être à nouveau couronné, tout comme Renault.
Jenson Button[285] et Felipe Massa[286] obtiennent tous deux le premier succès de leur
carrière tandis que le débutant polonais Robert Kubica[287] , sur BMW Sauber décroche son
premier podium pour sa troisième course. Le fait majeur de la fin de saison est l'annonce du
retrait de Michael Schumacher[279] . Il tentera de partir sur un nouveau sacre et le
championnat des pilotes restera indécis jusqu'à la dernière course[288] , remportée par
Felipe Massa (Ferrari) qui devient le premier Brésilien depuis Ayrton Senna en 1993, à
remporter son Grand Prix national, Schumacher offrant un magnifique spectacle par sa
formidable remontée après une crevaison en début de course[279] .
Renouveau (2007-2008)
Les cartes sont redistribuées en 2007 avec les
transferts de Kimi Räikkönen de McLaren vers Ferrari
et de Fernando Alonso de Renault vers McLaren, les
retraits de Michael Schumacher, Jacques Villeneuve et
Juan Pablo Montoya et les débuts de Lewis Hamilton et
Lewis Hamilton au volant de la MP4-22
Heikki Kovalainen. Fernando Alonso est le seul
lors du Grand Prix automobile
champion du monde encore en activité. A l'issue du d'Espagne 2007
troisième Grand Prix de la saison à Bahreïn, les trois
pilotes en tête du championnat (Alonso, Räikkönen et Hamilton[289] ) totalisent le même
nombre de points, situation qui ne s'est produite qu'en une seule autre occasion, à l'issue
des 500 miles d'Indianapolis 1950 avec Giuseppe Farina, Juan Manuel Fangio et Johnnie
Parsons. A l'issue du Grand Prix de France 2007, les quatre pilotes en tête du Championnat
du monde (Hamilton, Alonso, Massa et Räikkönen) se sont équitablement partagés les
victoires, chacun ayant remporté deux des huit épreuves disputées : le championnat
apparaît très équilibré et disputé. Une affaire d'espionnage à l'encontre de Ferrari le
brouille alors et conduit à la disqualification de McLaren dans la course au titre
constructeur.
Histoire de la Formule 1 47
En 2008, la FIA impose un boîtier électronique unique et standardisé à toutes les voitures
du plateau et interdit à nouveau l'antipatinage (le boîtier standard permet désormais
d'éviter les tricheries en la matière) de même que l'ABS. Fernando Alonso, après une saison
cauchemardesque sur le plan relationnel chez McLaren fait son retour chez Renault où il
échange son baquet avec Heikki Kovalainen. A l'issue du septième Grand Prix de la saison
(Canada), les quatre pilotes en tête du championnat, Robert Kubica, Lewis Hamilton, Felipe
Massa et Kimi Räikkönen se sont équitablement partagés les victoires, chacun ayant
remporté deux des sept épreuves disputées (une seule, sa première en championnat du
monde, pour Kubica), le pilote polonais est le plus régulier (six fois dans les points avec une
quatrième place au pire) et occupe la première position, moins de dix points (une victoire)
les séparent. Le championnat est équilibré et disputé. Renault remporte même deux Grand
Prix et l'écurie Toro Rosso un avec la confirmation du talent de Sebastian Vettel, qui
remporte son premier succès. Avant l'ultime épreuve de la saison[290] , le Grand Prix du
Brésil 2008, le pilote Ferrari Felipe Massa et le pilote McLaren Lewis Hamilton ont
remporté cinq victoires chacun. Toutefois, Lewis Hamilton est en tête et n'a besoin que
d'une cinquième place si Felipe Massa remporte ce Grand prix. Le Britannique est sacré
champion du monde, avec un final haletant[291] .
Histoire de la Formule 1 48
Depuis plusieurs saisons, la Formule 1 souffrait d'un souci récurrent en terme de spectacle
puisque les dépassements en course étaient de plus en plus rares à cause de la traînée
aérodynamique engendrée par la voiture poursuivie. Consciente du problème, la FIA a mis
en place un groupe de travail, le « Overtaking Work Group », pour réfléchir aux
[296]
modifications réglementaires permettant d'accroître les dépassements . De nouvelles
dispositions censées augmenter les dépassements ont été édictées et l'aérodynamique des
monoplaces s'en trouve radicalement modifiée : aileron avant élargi et muni d'un flap
réglable actionnable par le pilote à raison de deux fois par tour, aileron arrière plus haut,
extracteur-diffuseur ramené au niveau de l'axe des roues et interdiction de tous les
appendices aérodynamiques disposés sur la carrosserie. Afin de compenser cette perte
aérodynamique, les pneumatiques "slick", évincés à l'issue de la saison 1999 font leur
retour[297] .
Enfin, la dernière innovation importante du réglement concerne la possibilité d'installer
dans les monoplaces un système de récupération de l'énergie cinétique au freinage, le
« KERS ». Ce nouveau système pourra emmagasiner 60 kW par tour et les restituer à la
demande du pilote pendant un maximum de six secondes, ce qui correspond à un « boost »
de 80 chevaux supplémentaires à pleine charge[298] .
Histoire de la Formule 1 49
Notes et références
[1] Pierre Ménard La grande encyclopédie de la Formule 1, Editions Chronosports, 2006 tome 1 p.22
[2] Évolution des points, par Pierre Ménard, opus cité tome 1 p.19
[3] (en) Alfa Romeo (http:/ / www. grandprix. com/ gpe/ con-alfa. html), sur grandprix.com
[4] Alfa Romeo, par Pierre Ménard, opus cité tome 1 p.103-111
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[6] Ferrari, par Pierre Ménard, opus cité tome 1 p.239-288
[7] (en) Maserati (http:/ / www. grandprix. com/ gpe/ con-maser. html), sur grandprix.com
[8] Maserati, par Pierre Ménard, opus cité tome 2 p.400-408
[9] 1950-1959 Le trèfle à quatre feuilles contre le petit cheval cabré, par Pierre Ménard, opus cité tome 1 p.23
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[11] BRM, par Pierre Ménard, opus cité tome 1 p.191-206
[12] 1894-1949 L'aube de la course, par Pierre Ménard, opus cité tome 1 p.22
[13] (en) Biographie de Giuseppe Farina (http:/ / www. formula1. com/ teams_and_drivers/ hall_of_fame/ 261/ ),
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[14] (en) Grand Prix automobile de Grande-Bretagne 1950 (http:/ / www. grandprix. com/ gpe/ rr001. html), sur
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[17] La Fabuleuse Histoire de la Formule 1, Éditions de La Martinière, 1996 p.40
[18] (en) 500 miles d'Indianapolis 1950 (http:/ / www. grandprix. com/ gpe/ rr003. html), sur grandprix.com
[19] (en) Grand Prix automobile de Suisse 1950 (http:/ / www. grandprix. com/ gpe/ rr004. html), sur
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[20] Les 500 miles d'Indianapolis 1950 et le Grand Prix automobile de Suisse 1950, par Pierre Ménard, opus cité
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[21] (en) Grand Prix automobile de Grande-Bretagne 1951 (http:/ / www. grandprix. com/ gpe/ rr012. html), sur
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[25] Ascari il più grande, par Pierre Ménard, opus cité tome 1 p.23
[26] HWM, par Pierre Ménard, opus cité tome 2 p.310-311
[27] Le changement de réglementation en 1952-1953 par Johnny Rives, L'équipe 50 ans de Formule 1, tome 1
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[28] (en) Biographie d'Alberto Ascari (http:/ / www. formula1. com/ teams_and_drivers/ hall_of_fame/ 265/ ), sur
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[29] (fr) Histoire, pilote : Piero Taruffi (http:/ / www. f1-legend. com/ histoire/ pilotes/ pil_taruffi. htm), sur
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• (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de
Wikipédia en anglais intitulé « of Formula One History of Formula One (http:/ / en.
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Bibliographie
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Liens externes
• Site officiel Championnat du Monde de F1 (http:/ / www. formula1. com)
• Site de la Fédération Internationale de l'Automobile - FIA (http:/ / www. fia. com)
• Encyclopédie wiki du sport automobile
La version du 20 juin 2008 de cet article a été reconnue comme « bon article », c'est-à-dire qu'elle
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